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Lettre ouverte | Que vaut la vie des femmes ?

3 décembre 2024, par Collectif — , ,
La violence conjugale continue de faire des ravages au Québec. Alors que l'année 2024 n'a pas encore touché à sa fin, ce sont déjà 20 femmes qui ont perdu la vie aux mains de (…)

La violence conjugale continue de faire des ravages au Québec. Alors que l'année 2024 n'a pas encore touché à sa fin, ce sont déjà 20 femmes qui ont perdu la vie aux mains de leurs conjoints ou ex-conjoints, comparativement à 15 en 2023.

Ce bilan alarmant est une sirène qui sonne pour la mise en place d'actions concrètes et efficaces, notamment pour protéger les victimes de la précarité salariale.

Leur octroyer jusqu'à 10 jours d'absence rémunérés constituerait un geste fort en ce sens, mais le gouvernement du Québec trouve encore des excuses pour maintenir le statu quo.

Insuffisant

Malgré les revendications de plusieurs acteurs sociaux et syndicaux appuyés par des partis d'opposition, la Loi sur les normes du travail au Québec n'accorde que deux jours de congé payé aux travailleurs pour différents motifs (maladie et responsabilité familiale), ce qui n'en laisse pas réellement pour une victime de violence conjugale. C'est à l'évidence insuffisant pour offrir aux victimes (et à leurs enfants !) le temps requis pour aller chercher l'aide nécessaire.

Le gouvernement fédéral, quant à lui, offre dix jours de congé rémunéré aux personnes salariées de la fonction publique victimes de violence familiale depuis 2019, tandis que plusieurs provinces canadiennes prévoient de trois à cinq jours de congé. Pourquoi le Québec, pourtant reconnu pour son avant-gardisme en matière de politiques sociales, tarde-t-il à emboîter le pas ?

En dépit des pétitions, manifestations et autres rencontres politiques avec le ministre du Travail, nous essuyons toujours un refus sous prétexte que le cadre législatif québécois protégerait déjà suffisamment les victimes, notamment grâce au régime d'indemnisation prévu à la Loi visant à aider les personnes victimes d'infractions criminelles et à favoriser leur rétablissement (LAPVIC).

Pourtant, cette dernière vise à indemniser la victime d'un acte criminel qui serait dans l'incapacité de travailler. Elle ne lui permet donc pas de demeurer à l'emploi tout en prenant des dispositions immédiates et concrètes pour fuir une situation de violence.

Coûts

Autre excuse ? Cette mesure serait trop coûteuse pour les employeurs du Québec. Cet argument, qui a notamment été utilisé plus tôt cette année pour rejeter un amendement visant à inclure ces congés rémunérés dans la Loi sur les normes du travail, a de quoi faire sourciller. Si, comme le prétendent les élus caquistes, l'écosystème législatif québécois protège si bien les victimes, il ne devrait pas y avoir lieu de s'inquiéter des coûts supplémentaires !

La réalité, comme l'indique le nombre de féminicides, de maisons d'hébergement au maximum de leur capacité et d'appels à l'aide, est hélas qu'il y a loin de la coupe aux lèvres pour contrer la violence conjugale au Québec. Notre gouvernement aurait-il alors l'odieux de faire passer des intérêts économiques avant la vie des femmes ?

De nombreuses avancées, comme la création des tribunaux spécialisés, ont indubitablement été faites ces dernières années au Québec pour contrer les violences genrées. Il serait cependant irresponsable de la part du gouvernement de se reposer sur ses lauriers. Nous l'exhortons donc à agir avec détermination pour créer les conditions propices pour permettre aux victimes de reconstruire leur vie en toute sécurité et entamer un processus de guérison. Pour ce faire, leur offrir, au même titre que d'autres juridictions au Canada, la stabilité financière nécessaire serait non seulement une avancée significative pour toutes les femmes du Québec, mais aussi une réponse juste et nécessaire à un fléau qui nous concerne toutes et tous.

Pour l'Intersyndicale des femmes

Françoise Ramel, vice-présidente, secteur sociopolitique, solidarité et co-responsable condition féminine, Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec (FIQ)

Sandra Etienne, vice-présidente, Alliance du personnel professionnel et technique de la santé et des services sociaux (APTS)

Nadine Bédard-St-Pierre, première vice-présidente, Centrale des syndicats du Québec (CSQ)

Sophie Ferguson, deuxième vice-présidente, Syndicat des professionnelles et professionnels du gouvernement du Québec (SPGQ)

Johanie Dupras Renaud, responsable provinciale à la condition féminine, Centrale des syndicats démocratiques (CSD)

Annie-Christine Tardif, vice-présidente à la vie professionnelle, Fédération autonome de l'enseignement (FAE)

Yannick Giroux, troisième vice-présidente, Syndicat de la fonction publique du Québec (SFPQ)

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Le « wokisme » et le PQ : à droite sans complexe !

3 décembre 2024, par Yves Bergeron — ,
La prochaine élection se tiendra dans moins de deux ans mais le PQ prend toutes les mesures pour adapter son discours afin de consolider sa première place dans les sondages et (…)

La prochaine élection se tiendra dans moins de deux ans mais le PQ prend toutes les mesures pour adapter son discours afin de consolider sa première place dans les sondages et de rafler la mise en octobre 2026. La tendance clairement à droite des récents résultats électoraux dans plusieurs pays occidentaux montrent une tendance de fond. Les formations politiques misant sur les discours racistes et/ou islamophobes progressent. La direction péquiste s'y adapte en doublant la CAQ sur sa droite quitte à « tirer dans le fond de la chaloupe » de la construction du bloc indépendantiste.

Cibles d'attaques répétées, des mouvements marqués à gauche se voient affublés par la droite et l'extrême-droite de l'épithète de « wokes ». Pourtant, aucun des mouvements contestataires ne se définit lui-même comme « woke ». À l'origine utilisé par des afro-américains pour faire campagne contre le racisme ambiant aux Etats-Unis, il encourageait à s'affirmer politiquement (1). Ce fut cependant aux lendemains du meurtre du jeune afro-américain Michael Brown aux mains d'un policier blanc et la formation de Black lives matter que la formule a pris l'ampleur qu'on lui connaît aujourd'hui. La réaction à droite fut rapide. Le « wokisme » devient la posture à condamner, à criminaliser s'il le faut. Toute affirmation, article, recherche ou prise de parole dénonçant le racisme, le sexisme, les attaques contre les communautés LGBTQ sont dorénavant mis au ban sans appel.

Paul St-Pierre-Plamondon prend la balle au vol et affuble Québec solidaire du titre de « woke ». La sortie d‘Haroun Bouazzi à propos de la construction du racisme en serait la plus récente démonstration. Après François Legault, lui aussi grand inquisiteur du wokisme de la gauche, PSPP tire à boulets bleus sur tout ce qui remet en cause la cohésion de la « nation » québécoise. Et tout comme Legault, il résume tous les problèmes sociaux vécus au Québec par une immigration débridée, qui dépasserait la capacité d'accueil du Québec. Ainsi, le discours trumpiste et plus généralement des gouvernements néolibéraux qui veulent construire des murs contre l'immigration trouve ainsi des échos au PQ.

Le débat a pris une deuxième vitesse alors que la chroniqueuse Rima Elkouri de la Presse+ y allait d'une charge contre les propos de PSPP l'accusant de « jeter encore plus d'huile sur le woke » et qualifiant « d'insidieuse stratégie » la construction d'épouvantail pour désigner « l'autre ». Rappelant comment le terme fut utilisé par différentes mouvances de droite et d'extrême-droite pour disqualifier plusieurs revendications et mobilisations initiées par la gauche, Elkouri mentionne une étude portant sur le rôle des chroniqueurs de Québecor dans cette construction. Or, Québecor est étroitement lié au PQ, son PDG ayant été aussi chef de la formation politique.

La réplique ne tarda pas. Ce lundi, la présidente du PQ Catherine Gentilcore, future candidate du PQ dans Repentigny, accuse Rima Elkouri de wokisme. Par un ensemble d'associations douteuses (elle fait appel à Obama, à Kamela Harris et même à Bernie Sanders), elle prétend que le PQ n'est pas de cette mouvance qui fait de l'immigration un épouvantail. Que le PQ est de tous les enjeux sociétaux. Elle dénonce l'utilisation « de certains concepts de la gauche radicale qui se sont imposés à coup de procès d'intention et d'intimidation idéologique de toute personne osant les critiquer. » Nous pourrions rappeler à madame Gentilcore qu'on vient d'expulser un membre de son exécutif, monsieur Vincent Boulay, parce qu'il a osé critiquer la politique identitaire de son parti.

Le PQ des années 1970 était un parti qui tentait de construire des alliances avec les différentes communautés culturelles. Le travail du député Gérald Godin fut à ce titre exemplaire. Si le PQ fut dans le passé un parti aux approches positives en matière d'accueil des immigrant.e.s, on pourrait accorder un peu de crédibilité à leurs déclarations. Mais il est utile de rappeler que l'embellie fut de courte durée et que le PQ abandonna cette orientation au tournant de années 2000 et il a été maître d'oeuvre de la mise au rancart des COFI (Centre d'orientation et de formation des immigrants) et de leur fermeture alors que tous convenaient que ces organismes étaient un exemple à suivre et à multiplier pour l'accueil et l'intégration des immigrant.e.s.

Plus récemment, la publication de « Pour un Québec libre de ses choix », sa politique portant sur l'immigration, révèle le côté sombre de cette formation. Réduction radicale des seuil d'immigration, vision utilitariste des migrant »e.s, exigences excessives concernant la connaissance du français, tous les problèmes sont réduits à un seul enjeu : l'immigration. Le gouvernement fédéral est montré du doigt comme coupable de la situation actuelle, plaçant le Québec dans une position vulnérable dans la défense du français. Et puis tout y passe : les services publics sont victimes des surplus en immigration, la crise du logement y est attribuable, le marché du travail est dépendant d'une main d'oeuvre importée et tutti quanti. Bref, l'immigration massive serait facteur de « déstabilisation du climat social ».

Pour motiver cette politique restrictive, on évoque les limites de la « capacité d'accueil du Québec ». Or, sans définir cette « capacité », en quoi est-elle insuffisante et que s'engage-t-on à faire pour améliorer la situation ? On ne va nulle part. La présentation de PSPP complète le tableau en qualifiant d'avance les contre-propositions de « militantisme » et de « clivages idéologiques ». Bref, une brochette d'explications faciles et de clichés qui prétendent répondre aux enjeux en s'inspirant des situations vécues par plusieurs pays européens (p. 39 et suivantes du document Pour un Québec libre de ses choix).

Le discours de Jacques Parizeau en 1995 sur les « votes ethniques » a causé une rupture et fourni des munitions aux adversaires de l'option indépendantiste. Puis ce fut le virage déficit zéro de Lucien Bouchard qui a concrétisé la rupture avec la gauche péquiste et recentré l'orientation péquiste vers un nationalisme davantage identitaire. Les pressions à droite sont devenues plus importantes avec la formation de l'ADQ, puis de la CAQ. L'accession au pouvoir de cette dernière a presque entraîné la disparition du PQ, réduit à une députation de 4 élus en 2022. La formation politique a choisi de se reconstruire autour d'un discours identitaire qui tient davantage de la mentalité d'assiégés que d'une politique émancipatrice pour tous et toutes.

Les engagements de Donald Trump sur les expulsions massives de migrant.e.s soulève aussi des questions sur les conséquences pour le Québec et le Canada. La CAQ exige le renforcement des frontières. Le PQ lui emboite le pas en déplorant la porosité de la frontière Québec-Etats-Unis et craint l'arrivée de « millions aux frontières ».

Tout cela nous confirme que le PQ est un parti caméléon qui prend la couleur qui lui permettra, croit-il, de revenir au pouvoir. Dans ce contexte, les récents discours sur la tenue d'un référendum lors du prochain mandat péquiste ne sont que des leurres. Sans l'apport et la mobilisation de communautés culturelles, l'option indépendantiste n'a aucune chance de devenir majoritaire. Il sera facile aux fédéralistes de peindre les indépendantistes de la couleur du racisme et de l'intolérance. Au contraire, la construction d'un bloc indépendantiste passe par une politique d'accueil et d'intégration émancipatrice et qui implique ces communautés dans la définition et la construction d'un Québec indépendant.

Notes

1- Voir le document de Vox

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Et si la direction de QS avait réagi autrement !

3 décembre 2024, par Pierre Mouterde — ,
Beaucoup l'ont écrit et ré-écrit avec raison : ce qu'a affirmé le député de Maurice Richard et membre de Québec solidaire, Haroun Bouazzi, n'a en soi rien de scandaleux ou (…)

Beaucoup l'ont écrit et ré-écrit avec raison : ce qu'a affirmé le député de Maurice Richard et membre de Québec solidaire, Haroun Bouazzi, n'a en soi rien de scandaleux ou d'iconoclaste. Et comparativement à ce qu'ont pu déclarer certains ministres de la CAQ vis-à-vis de l'immigration (1), il ne mérite aucunement ce clouage au pilori, cet hallali parlementaire dont, au travers d'un feu d'artifice de motions vindicatives, il a été victime, mettant les forces de gauche et en particulier Québec solidaire, une fois de plus en bien mauvaise position.

Il est vrai que deux semaines auparavant, le 2 novembre 2024, au gala d'excellence de la Fondation Club avenir, Haroun Bouazzi avait cherché à sa manière à mettre en lumière quelques-uns des mécanismes propres au racisme, expliquant qu'« il n'y a pas de races humaines" et que la race est construite par la société qui "crée une catégorie à laquelle on assigne une culture qui par définition, est dangereuse, qui est inférieure".

Il est vrai aussi qu'il avait ajouté : "nous voyons malheureusement —et Dieu sait que je vois ça à l'Assemblée nationale tous les jours— la construction de cet Autre, et cet Autre qui est maghrébin, qui est musulman, qui est noir, qui est Autochtone, et de sa culture qui, par définition, serait dangereuse ou inférieure". Le tout, pour montrer comment les actions posées par les membres du club avenir dont il célébrait le travail, permettaient "de casser la construction de ces mécanismes du racisme".

Tout le monde en conviendra cependant facilement. Au-delà même de la manière dont elles ont été formulées, les dénonciations d'Haroun Bouazzi renvoyaient à l'évidence à un éléphant dans la pièce : ce climat anti-immigrant qui n'échappe à personne au Québec et que le gouvernement de la CAQ ainsi que certaines élites médiatiques et politiques de la belle province (dont Paul Saint Pierre Plamondon du Parti québécois !), n'ont cessé d'alimenter au cours des dernières années.

Ils ont repris là une technique qui fait fortune un peu partout au monde : celle de brandir à la vindicte publique « un bouc-émissaire » —celui des immigrants— espérant rallier derrière eux tous ceux et celles qui, désorientés et déstabilisés par les multiples crises dont notre époque est friande, croient trouver là la raison et le remède aux peurs et exaspération souterraines qui les hantent.

Certes, les dénonciations d'Haroun Bouazzi devraient être replacées dans leur contexte, puisqu'il parlait aux siens et devant un public de convaincus. Elles restaient malgré tout —comme le rappelle Simon Jodoin (2)— bien générales et tendaient à viser "personne et tout le monde à la fois", laissant ainsi bien des marges de manoeuvre à ses adversaires politiques pour tenter de le discréditer.

Et justement, c'est ce sur quoi je voudrais m'arrêter ici : les manières de réagir et les positions prises par les deux porte-parole de QS, Ruba Gaza et Gabriel Nadeau-Dubois pour faire face à la situation et réagir aux déclarations d'Haroun, ont été... totalement contre-productives.

La responsabilité de Québec solidaire

Plutôt que de se servir des dires du député de Maurice Richard comme d'une occasion positive pour faire ressortir haut et fort l'existence de discriminations sociales pesant sur les immigrants ainsi que l'incurie dont fait preuve à ce propos une assemblée nationale gagnée très majoritairement aux idées néolibérales de droite, ils ont tout simplement plié l'échine devant la pression médiatique.

Et plutôt que de prendre la défense de leur camarade de parti et d'en profiter pour dénoncer fortement cette peur de l'autre que manipulent sans vergogne certains politiciens du Québec, ils ont choisi de jouer le jeu du politiquement correct.

Ils se sont clairement désolidarisés de lui, en prenant « de facto » le parti de ses adversaires politiques : l'une jugeant ses propos « franchement maladroits et exagérés » ; l'autre exprimant son désaccord à des propos jugés « clivants ». Résultat : à leur insu ils ont renforcé ce préjugé -en passe de devenir aujourd'hui si commun— voulant que la source du problème réside, non pas dans certaines politiques gouvernementales néolibérales et conservatrices, mais comme par hasard... dans les dires d'un député issu de l'immigration.

Plus encore, ils se sont employés, à réduire la portée de la motion de soutien à Haroun Bouazzi qui avait été amenée sur le plancher du congrès de QS par la gauche du parti et votée avec succès. Ils ont placé ainsi QS dans une position mi figue-mi raisin qui, plutôt que de donner l'impression de défendre haut et fort les principes de la justice et de l'égalité sociale –les bannières mêmes de la gauche—, l'ont conduit à coller au consensus en vigueur des élites politiques. Un consensus voulant que l'assemblée nationale provinciale –création pourtant du colonialisme britannique et dirigée par un parti clairement orienté à droite— ne puisse paraître dans cette affaire qu'au dessus de tout soupçon.

Il est vrai qu'il y a là – avec la question du racisme— un chantier collectif de réflexion à approfondir à propos duquel la direction de QS a accumulé bien de retard et qui dans ce cas là aurait pu l'aider à clarifier les choses et à remettre les adversaires d'Haroun à leur place. Qu'en est-il du racisme ordinaire, du racisme systémique ? Doit-on ou non politiquement le distinguer de la xénophobie ou de la peur de l'autre ? D'autant plus qu'a fini par s'imposer dans certains cercles une conception culturaliste du racisme très en vogue, mais succincte et imprécise, tendant à minimiser les nuances et acquis d'une tradition de gauche bien vivante (Angela Davis, Frantz Fanon, etc.) qui s'est toujours acharnée, parce qu'elle gardait en tête l'objectif de faire avancer stratégiquement la cause générale de l'égalité sociale, à tenir soigneusement compte du contexte économique, social et politique comme des acteurs précis que l'on choisissait de dénoncer.

Et si, comme chacun le sait, dénoncer quelqu'un comme étant raciste, équivaut à une condamnation toujours forte et explosive dont il faut savoir politiquement mesurer la portée comme l'efficacité véritable, cela ne devrait nullement empêcher de s'employer à trouver les moyens les plus adéquats pour rallier à la cause de l'anti-racisme de larges secteurs de la population.

Il aurait été ainsi facile, en s'en tenant fermement aux acquis programmatiques de QS et en n'ayant pas peur d'aller à contre-courant, de prendre une tout autre position qui aurait en contre-partie rassuré bien des progressistes du Québec sur les capacités de QS à incarner une véritable alternatives aux multiples crises que nous traversons.

En se jouant de l'imprécision même des propos d'Haroun, les deux porte-paroles de QS auraient pu profiter de l'occasion pour reprendre l'initiative et dénoncer les politiques gouvernementales de la CAQ en disant en substance : « ce que nous comprenons de ce qui a été dit par Haroun et que nous partageons entièrement, c'est l'odieux de déclarations récurrentes qui tendent à mettre sur le dos des immigrants des maux sociaux bien réels (pénurie de logement, crise des services publics, recul du français, crise de la DPJ, etc.), mais dont seul le gouvernement de la CAQ –et non pas l'immigrant— est le responsable de par des politiques littéralement schizophréniques. »

« Car c'est lui qui d'un côté a cautionné, dans le sillage de ses orientations néolibérales excluant tout véritable contrôle public, l'arrivée au Québec d'une main-d'oeuvre bon marché, captive et dénuée de tous droits effectifs ; tout en stimulant de l'autre côté un nationalisme identitaire étriqué alimentant la peur de l'autre et la méfiance de l'étranger. Renforçant plus encore les sources d'inégalités, de divisions et d'intolérances qui traversent la société québécoise d'aujourd'hui et qui conduisent tout droit au racisme ! Et le scandaleux est bien là : qu'une grande majorité des députés de l'assemblée nationale aient fermé les yeux à ce propos et se soient drapés dans une hypocrite bonne conscience, alors que partout, comme on le sait, les idées de l'extrême droite populiste gagnent du terrain. »

Et si dénoncer une telle hypocrisie aurait assurément heurté un certain « establishment » conservateur québécois, elle aurait par contre permis de rassembler derrière QS tous ceux et celles qui cherchent sourdement, mais de manière encore si dispersée, une alternative cohérente aux politiques sans issues de la CAQ. Une alternative qui permettrait de faire face aux défis de l'égalité sociale et de la transition écologique mais aussi à celui de co-construire avec les nouveaux arrivants une société du Québec qui puisse être un peu plus souveraine et démocratique, en somme maîtresse de ses conditions de vie et de destin.

Assurément ceux-là sont bien plus nombreux qu'on le pense. Et, plutôt que de rêver aux gains incertains d'un hypothétique recentrage politique, c'est à eux qu'aurait dû d'abord penser la direction actuelle de QS.

Pierre Mouterde
Sociologue, essayiste
Québec, le 2 décembre 2024

(1) Voir notamment cette fameuse déclaration du ministre Jean Boulet : 21 septembre 2022 : 80 % des immigrants « ne travaillent pas, ne parlent pas français, ou n'adhèrent pas aux valeurs de la société québécoise ». Voir aussi les déclarations de François Legault, le 10 juin 2024 : « Depuis deux ans, l'augmentation [des immigrant·es temporaires] fait qu'on a besoin de 120 000 logements de plus, juste depuis deux ans. [Mais] quand on regarde toutes les constructions, […] il y en a eu 90 000 depuis deux ans. On voit que 100 % du problème de logement vient de l'augmentation du nombre d'immigrants temporaires. »
(2) Voir Vaste programme https://vasteprogramme.ca/2024/11/21/haroun-bouazzi-le-racisme-et-lassemblee-nationale/

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Manifs le 8 décembre : bloquons le projet de loi 69 !

3 décembre 2024, par Martine Ouellet — ,
Le projet de loi 69 de privatisation de l'électricité de la CAQ est un véritable coup de force des lobbys de la privatisation des services publics. C'est carrément un (…)

Le projet de loi 69 de privatisation de l'électricité de la CAQ est un véritable coup de force des lobbys de la privatisation des services publics. C'est carrément un détournement de la transition énergétique couplé d'une vaste campagne de désinformation concernant une pénurie d'électricité. Cette pénurie a été créée de toute pièce par des décisions de la CAQ : 1 : les deux récents contrats d'exportation d'électricité aux États-Unis qui seront à perte pour les contribuables et : des énormes rabais sur l'électricité industrielle déjà pas chère, pour attirer les carnivores électriques de la planète. Il n'est pas trop tard pour faire marche arrière et conserver notre précieuse électricité pour sortir le gaz et le pétrole de notre équation énergétique et ainsi opérer une véritable décarbonation sur le territoire québécois.

Le projet de loi 69 vise à privatiser l'électricité du Québec

1. La privatisation par l'autoproduction ce qui viendrait légaliser le projet illégal de TES Canada/Power corporation en Mauricie (800 MW d'éolien privé pour produire de l'hydrogène ce qui est du pur gaspillage d'électricité)

2. La privatisation de barrages publics jusqu'à 100 MW

3. La privatisation de la distribution d'électricité

4. La privatisation par l'actionnariat en créant une nouvelle personne morale privée comme les projets éoliens Éolien des neiges et le projet de 3 000 MW au Lac St-Jean annoncé par Sabia

5. La privatisation par l'obligation faite à HQ de transporter l'électricité privée

6. La privatisation par la légalisation de la vente d'un privé à un autre privé

7. En poursuivant la stratégie de privatisation de la production éolienne qui a déjà coûté, au bas mot, 6 milliards de dollars aux consommateurs selon l'IREC

Ce serait le retour aux fiefs privés d'électricité d'avant la nationalisation de l'électricité, avec tous leurs effets pervers. Ce serait le début de la fin d'Hydro-Québec qui a été et est toujours une réussite extraordinaire en termes social, environnemental et économique.

Comment bloquer le PL 69

La CAQ opère avec le PL 69 un détournement hypocrite de la transition énergétique. Les oppositions ont l'opportunité de les bloquer en flibustant le PL 69. Ils doivent se retrousser les manches et faire de l'obstruction systématique au PL 69. Et comme le gouvernement peut utiliser le bâillon, mais seulement une seule fois par session, les oppositions doivent également flibuster un 2e voire un 3e projet de loi auquel la CAQ tient absolument afin que le bâillon soit utilisé sur cet autre projet de loi plutôt que sur le PL 69. Les oppositions doivent dire à la CAQ : Abandonnez le PL 69 si vous voulez que votre projet de loi préféré passe.

Mobilisons-nous

Des groupes de divers horizons, syndicaux, citoyens, communautaires, environnementaux et politiques et ce à travers tout le Québec collaborent pour faire bloquer le projet de loi 69 à l'Assemblée nationale afin de stopper la privatisation de l'électricité.

Joignez-vous à nous pour faire pression sur les oppositions afin qu'elles se donnent les moyens de bloquer l'opération de dépossession sournoise de notre territoire auquel se livre la CAQ avec la complicité de Michael Sabia, un expert de la privatisation des services publics, qu'elle a elle-même nommé à la tête d'Hydro-Québec.

Martine Ouellet, ing. MBA
ancienne cadre d'Hydro-Québec,
ancienne ministre des Ressources naturelles

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Le programme PAFI, vous connaissez ? PAFI pour programme d'aide financière à l'investissement.

Libre-échange : Le Canada panique

3 décembre 2024, par Pierre Dubuc — , ,
L'élection de Trump, avec la perspective de tarifs sur les exportations canadiennes et surtout la renégociation de l'ACEUM, l'Accord de libre-échange Canada/États-Unis/Mexique, (…)

L'élection de Trump, avec la perspective de tarifs sur les exportations canadiennes et surtout la renégociation de l'ACEUM, l'Accord de libre-échange Canada/États-Unis/Mexique, provoque la panique dans les milieux d'affaires et politiques canadiens.

22 novembre 2024 | tiré de l'Aut'journal

Doug Ford, le premier ministre de l'Ontario, a été le premier à exiger que l'accord à trois soit remplacé par un accord à deux, Canada/États-Unis, laissant le Mexique sur le carreau. L'Alberta a donné publiquement son accord et, selon Ford, toutes les provinces et les territoires, consultés lors d'un entretien téléphonique, appuient son idée.

En fait, l'équipe de Donald Trump a déjà déclaré qu'on n'imposerait pas de tarifs à l'importation de pétrole et de gaz naturel de l'Alberta et la proposition de Doug Ford peut se résumer à un accord Ontario/États-Unis pour préserver les intérêts de l'industrie automobile de sa province, car les milieux d'affaires et les politiciens canadiens-anglais ont fait savoir publiquement qu'ils sont prêts à sacrifier la gestion de l'offre en agriculture dans d'éventuelles négociations, ce qui affecterait principalement le Québec. Le gouvernement Legault n'a pas rendu public l'argumentaire qui l'a amené à appuyer la proposition de Doug Ford.

À Ottawa, Chrystia Freeland, la ministre des Finances, chargée des relations économiques à venir avec le Canada, n'a pas écarté la proposition de Doug Ford. Mme Freeland s'est dite « grandement préoccupée » par le fait que la Chine utilise le Mexique pour accéder aux marchés nord-américains.

Mais les milieux d'affaires étaient plus prudents. Dennis Darby, président de l'association Canadian Manufacturers & Exporters s'est dit mécontent de voir le Canada répondre à l'élection de Trump en discutant sur la place publique de l'idée d'abandonner l'accord trilatéral avec le Mexique et les États-Unis. Il a souligné que plusieurs entreprises avaient des investissements dans les trois pays.

Flavio Volpe, président de Canada's Automative Parts Manufacturer's Association a déclaré que les États-Unis et le Canada avaient besoin du Mexique pour concurrencer la Chine.

La présidente du Mexique Claudia Sheinbaum a déclaré que la proposition de Doug Ford « n'avait pas de futur », en rappelant que, lors de la dernière ronde de négociations, le Mexique a demandé à ce que le Canada demeure dans l'accord, alors que les États-Unis étaient prêts à conclure une entente avec le Mexique et à larguer le Canada.

Des propos confirmés par le négociateur américain Robert Lighthizer dans son livre No Trade Is Free. Changing Course, Taking On China, and Helping America's Workers (Broadside Books, 2023). Pour contextualiser les négociations futures, nous reproduisons le résumé du livre de Lighthizer.

Un rappel important

La mise sur pied du comité du Cabinet présidée par Chrystia Freeland pour se préparer à braver la tempête en matière de commerce et de libre-échange à la suite de l'élection de Donald Trump est une sage décision car, lors de la renégociation de l'ALENA, le Canada s'est fait rouler dans la farine, comme en témoigne le compte-rendu qu'en fait le négociateur américain Robert Lighthizer dans son livre No Trade Is Free. Changing Course, Taking On China, and Helping America's Workers (Broadside Books, 2023). L'initiative fédérale est d'autant plus pertinente que Lighthizer fait partie du comité chargé de l'élaboration du programme économique d'une nouvelle administration Trump.

Originaire de l'Ohio, Lightizer s'est opposé dès le départ au libre-échange entre le Canada, le Mexique et les États-Unis, jugeant que cela se traduirait par la perte de centaines de milliers d'emplois dans son pays. Au plan international, il s'est prononcé contre l'adhésion de la Chine à l'Organisation mondiale du commerce et à cette idée d'un marché mondial bénéfique pour tous qui s'est imposée au lendemain de la chute du mur de Berlin.

La montée en puissance de la Chine disputant les marchés mondiaux aux États-Unis a confirmé ses appréhensions. C'était comme si les États-Unis s'étaient endormis avec « la fin de l'histoire » de Fukuyama pour se réveiller avec « le choc des civilisations » de Samuel Huntington. Lightizer a présidé, en tant que Représentant des États-Unis pour le commerce, au plus important changement de stratégie économique de l'histoire des États-Unis en imposant à la Chine et à d'autres pays des tarifs douaniers protectionnistes.

Un bilan négatif de l'ALENA

La plus grande partie de son livre est consacrée aux négociations avec la Chine, mais deux chapitres traitent du renouvellement de l'ALENA. Le bilan qu'il a fait de l'accord est totalement négatif. Les États-Unis ont perdu 700 000 emplois au profit du Mexique. La prédiction de ses promoteurs selon laquelle se créerait au Mexique une classe moyenne avec des salaires qui se rapprocheraient des salaires des travailleurs américains ne s'est pas matérialisée. Pire encore, le pouvoir d'achat tout de même accru des Mexicains s'est traduit par l'achat de biens fabriqués non pas aux États-Unis, mais en Chine, conséquence de l'adhésion de ce pays à l'OMC. De plus, souligne-t-il, l'exportation de grains américains au Mexique a eu un effet dévastateur sur les secteurs agricoles mexicains à forte densité de main-d'œuvre, alimentant l'émigration vers les États-Unis.

Trump a qualifié l'ALENA de « pire accord jamais négocié » et a promis, lors de la campagne électorale de 2016, d'y mettre fin. Lightizer l'a plutôt convaincu de le renégocier, son abolition aurait été catastrophique.

Le principal problème avec l'ALENA pour les États-Unis concernait la fabrication de voitures au Mexique. Au départ, les Trois Grands de l'automobile n'avaient transféré au Mexique que l'assemblage de voitures économiques. Mais, progressivement, les opérations à haute valeur ajoutée comme la fabrication de moteurs et de transmissions ont franchi la frontière.

Plus troublant encore pour Lightizer, le Mexique servait de porte d'entrée pour les composantes produites à l'extérieur des pays de l'ALENA. En théorie, une voiture devait avoir 65% de contenu nord-américain pour se qualifier pour être exemptée de tarifs douaniers. Mais le Mexique ayant signé des ententes de libre-échange avec d'autres pays, des composants (électroniques, etc.), inexistants lors de la ratification de l'Accord, étaient considérés comme « pièces d'origine » d'Amérique du Nord, même s'ils étaient produits en Allemagne, en Corée du Sud, au Japon ou en Chine, si bien qu'une voiture pouvait se qualifier avec 50% de son contenu provenant de l'extérieur de l'Amérique du Nord. De plus, de 1997 à 2014, neuf des onze usines de voitures construites en Amérique du Nord l'ont été au Mexique.

Lightizer proposa de hausser le contenu régional de 65 à 85% – on s'entendra sur 75% – tout en éliminant les passe-droits. De plus, 70% de l'acier et de l'aluminium devaient être produits en Amérique du Nord. Le Mexique était aussi sommé de réformer son code du travail en y inscrivant l'obligation d'un vote secret pour la reconnaissance syndicale, l'élection des dirigeants et l'approbation des conventions collectives et d'accorder un salaire minimum de 16$ de l'heure, le tout pour mettre fin à une concurrence déloyale avec les travailleurs américains.

Dans le cas du Canada, la cible identifiée par Trump était la gestion de l'offre des produits laitiers qui protégeait le marché canadien et permettait au Canada de concurrencer les États-Unis sur les marchés étrangers. L'accès au marché canadien pour les produits laitiers américains était notre principale priorité à l'égard du Canada, affirme Lightizer.

Il y avait d'autres irritants. Par exemple, l'exemption culturelle – une relique de l'ALE Reagan-Mulroney – qui avait pour but de protéger le caractère bilingue du Canada et d'apaiser les séparatistes québécois, selon Lightizer. Elle avait été utilisée pour exclure des entreprises américaines, comme la diffusion des publicités américaines lors du Super Bowl au Canada. Lightizer reconnaît qu'il n'a pas réussi à se débarrasser de cette exception culturelle, mais se console avec l'inscription dans le nouvel Accord d'un amendement qui permet aux entreprises américaines d'imposer unilatéralement des mesures punitives contre le Canada.

Lightizer voulait éliminer la clause – tant honnie par les progressistes – qui permettait aux entreprises de poursuivre des gouvernements étrangers. Selon lui, elle était devenue une police d'assurance gratuite contre les risques politiques pour les compagnies qui désiraient transférer des emplois américains dans d'autres pays. Au Congrès, les Républicains protestèrent et Paul Ryan, le Speaker de la Chambre des représentants, déclara que le nouvel Accord ne serait pas adopté sans le maintien de cette clause.

Mais Lightizer avait l'appui de Trump et, après consultation, il s'est avéré que les seules bénéficiaires étaient les pétrolières et les gazières ayant des investissements au Mexique. Le président Nieto avait ouvert le marché des hydrocarbures aux compagnies étrangères et celles-ci craignaient un retour en arrière avec un nouveau gouvernement et de futures expropriations. Le compromis trouvé fut de restreindre la clause à ces seuls investissements.

La stratégie de négos de Trump

Lightizer raconte que la stratégie canadienne – et dans une certaine mesure celle du Mexique – était de le contourner en privilégiant des activités de lobbyisme auprès des membres du Congrès dans l'espoir qu'ils feraient des pressions sur les négociateurs américains pour qu'ils laissent tomber leurs demandes, leur menace de se retirer de l'Accord, voire l'ensemble de l'exercice. Une série d'événements allaient modifier la dynamique.

Premièrement, Trump décida d'imposer des tarifs sur l'acier et l'aluminium. Au départ, le Mexique et le Canada en furent exemptés. Mais à la condition qu'ils n'en profitent pas pour inonder le marché américain de leurs produits, remplacés par des produits de substitution en provenance d'autre pays. Quand il est apparu qu'ils ne restreignaient pas leurs exportations, Trump leur a imposé des tarifs.

Deuxièmement, Trump instaura une enquête sur les importations de voitures en provenance des deux pays en invoquant des pouvoirs relatifs à la sécurité nationale, ce qui lui aurait permis de hausser les tarifs sans aucun plafond. Une telle politique aurait été catastrophique pour le Canada et le Mexique.

Comme troisième élément, Lightizer cite le Sommet du G-7 à Charlevoix. Pour forcer la main à l'administration Trump, le gouvernement Trudeau a publié avant le Sommet une déclaration laissant faussement entendre que les négos étaient rendues à leur stade final et qu'un Accord serait bientôt annoncé. Lightizer a rapidement démenti l'information dans un communiqué.

Puis, Trudeau s'est permis de critiquer les tarifs sur l'acier et l'aluminium, lors de la conférence de presse clôturant le Sommet. Trump, qui avait déjà quitté Charlevoix, a réagi par tweet reniant sa signature sur la déclaration finale. Un de ses proches conseillers a déclaré qu'il y avait « une place en enfer pour Trudeau. » Selon Lightizer, les relations entre le Canada et les États-Unis n'avaient jamais été aussi mauvaises depuis la guerre de 1812.

Un Accord États-Unis – Mexique

Les négociations ont par la suite fait une pause dans l'attente du résultat des élections mexicaines qui se sont conclues par l'arrivée au pouvoir d'Andrés Manuel Lopez Obrado (AMLO). La stratégie américaine a alors consisté à ne négocier qu'avec le Mexique. Une entente est intervenue sur l'industrie automobile garantissant un contenu de valeur régionale, un code du travail mexicain amendé et un salaire minimum de 16$.

La clause sur la protection des investissements étrangers dans les hydrocarbures a été plus difficile à conclure, mais l'interdiction d'expropriation des installations privatisées a été obtenue en échange de l'inclusion dans l'Accord d'une déclaration de principe à saveur nationaliste pour satisfaire le gouvernement mexicain.

Un Accord États-Unis – Mexique a donc été proclamé le 27 août, soit quelques heures avant le délai prévu pour son adoption par le Congrès. Le Canada a été invité à s'y joindre, mais en laissant clairement entendre que les deux pays étaient disposés à aller de l'avant sans le Canada. Un délai de 30 jours était prévu avant que le texte définitif soit étudié par le Congrès, soit le 30 septembre.

Ce n'est que le 18 septembre que les communications rompues depuis Charlevoix ont été rétablies. Le Canada a bonifié son offre sur les produits laitiers et le nouveau texte a été adopté à 23:59 la veille du 30 septembre.

La négociatrice canadienne, Chrystia Freeland

Au Canada, les médias ont encensé la ministre Chrystia Freeland responsable des négociations. C'est un autre son de cloche que laisse entendre l'ex-ministre des Finances Bill Morneau dans son livre Where To From Here. A Path to Canadian Prosperity (ECW, 2023). Après avoir affirmé que si le Canada et les États-Unis « bénéficient de l'intégration de leurs économies, les Canadiens doivent se rappeler que d'aucune façon cela n'est un partenariat égalitaire ». Nous pouvons, poursuit-il, avoir des désaccords avec plusieurs politiques commerciales américaines, mais la meilleure attitude est de ne pas importuner les dirigeants américains. Puis, il raconte que c'est exactement ce qui s'est produit durant son mandat en citant une intervention de Chrystia Freeland.

Bil Morneau avait développé une excellente relation avec Steven Mnuchin, le Secrétaire au Trésor américain, au point d'avoir été invité à son mariage. Mais cette amitié a été rudement mise à l'épreuve lors de la renégociation de l'ALENA. Il cite un discours de Chrystia Freeland, alors ministre des Affaires étrangères, en juin 2018, lors de la réception du prix « Diplomat of the Year » de la revue Foreign Policy. Exaspérée par l'imposition de tarifs douaniers sur l'acier et l'aluminium canadiens, elle a alors déclaré : « Vous pouvez croire aujourd'hui que votre importance vous permet de marcher main dans la main avec vos adversaires traditionnels et être assurés de gagner, mais, si l'histoire nous enseigne quelque chose, c'est qu'aucune nation n'est éternelle. »

Quelques jours après ce discours, Morneau reçoit un appel d'un Mnuchin irrité. « Comment vous sentiriez-vous si j'étais honoré par de gens qui s'opposent à votre gouvernement, que j'irais à Ottawa pour recevoir ce prix et que je prononcerais un discours qui vous critiquerait vous et votre gouvernement, et qu'après coup je retournerais à Washington sans vous en avoir parlé ? Est-ce que vous pensez que notre relation serait la même ? »

Dans son livre, Lightizer couvre d'éloges Chrystia Freeland et va jusqu'à affirmer qu'il la voit comme future première ministre du Canada. Il mentionne discrètement au passage qu'il lui a arraché une clause majeure qui assure un droit de veto des États-Unis sur tout accord de libre-échange du Canada avec un pays non démocratique (lire : la Chine). Parions qu'il serait heureux de la retrouver à la table des négociations advenant une renégociation de l'Accord à la suite de la réélection de Trump.

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France : Censurons le gouvernement et le patronat !

3 décembre 2024, par Fabienne Dolet — ,
Alors que le budget concocté par Barnier avait fait l'objet de nombreux amendements à l'Assemblée nationale, il est désormais revenu, le 25 novembre, dans sa version initiale (…)

Alors que le budget concocté par Barnier avait fait l'objet de nombreux amendements à l'Assemblée nationale, il est désormais revenu, le 25 novembre, dans sa version initiale devant le Sénat. Selon le rapporteur général de la commission des finances, Jean-François Husson (LR), « on est dans la grande urgence ».

27 novembre 2024 | Hebdo L'Anticapitaliste - 731 (28/11/2024)

Pourtant, le Sénat ne devrait pas voter le projet de loi de financement tel que le gouvernement l'a conçu. Près de 2 000 amendements sont au menu, issus pour partie des débats à l'Assemblée. Et les négociations entre les sénateurs, majoritairement issus du centre et de la droite, et le ­gouvernement battent leur plein.

Tractations au Sénat

Le Sénat veut notamment préserver les collectivités locales et faire baisser les coupes prévues de 5 à 2 milliards d'euros. Ce que le gouvernement avait commencé à envisager sous l'effet de la grogne des éluEs locaux, en procédant l'atténuation des coupes de 0,5 point pour les départements le 15 novembre. Quand 70 % des budgets des départements sont des missions sociales (aide sociale à l'enfance, AAH, RSA…), c'est une dégradation majeure des services publics qui s'annonce.

Autre sujet sur la table cette semaine : la taxe sur l'électricité serait abaissée finalement, tandis que celle sur le gaz, augmentée ! Un effet de vases communicants sans effet réel. Les coupes sont là même si le gouvernement Barnier essaye de négocier chaque millier d'euros.

Si le gouvernement continue de privilégier tout ce qui peut sauver « la compétitivité » et de détruire ce qu'il reste aux classes populaires pour ne pas sombrer, il doit aussi composer avec la volonté des sénateurs de ramener les suppressions de postes dans l'Éducation nationale de 4 000 à 2 000. Le ministre du Budget, Laurent Saint-Martin, contraint, explique que le déficit pourrait dépasser la barre fatidique des 5 % du PIB…

Sur le plan de la santé, pas de petit recul prévu. Baisse de la prise en charge des consultations médicales et des médicaments, report de l'augmentation des pensions des retraitéEs, augmentation des jours de carence dans la Fonction publique sont toujours à l'ordre du jour. Ces mesures vont continuer d'appauvrir et de dégrader les conditions de vie des plus fragiles et tirer l'ensemble du salariat vers le bas.

Licenciements

Ce budget, qui est un énième coup de massue contre les classes populaires, s'inscrit dans une situation où le patronat jette des milliers de personnes à la rue. Il est d'autant plus criminel socialement qu'il vient s'ajouter à l'offensive du patronat qui, pour maintenir ses profits dans le cadre de la concurrence mondiale, a engagé une véritable saignée dans l'emploi industriel.

Depuis le début de l'année, 150 000 emplois directs et indirects ont été supprimés, et cela va continuer. Des plans de licenciements qui ont lieu dans des secteurs parfaitement rentables, gavés d'argent public : 500 millions d'euros de crédit impôt compétitivité emploi pour Auchan entre 2013 et 2018.... Après Vencorex, Airbus, Michelin et tant d'autres, c'est au tour d'Arcelor Mittal d'annoncer la fermeture de deux sites à Reims et Denain, condamnant 135 ­personnes au chômage.

Mobilisation générale !

Les logiques parlementaires ne suffiront pas, ni contre le ­budget d'austérité, car il existe un arsenal législatif qui permet l'application du budget précédent sous forme de « loi spéciale », permettant une gouvernance par ordonnances et la mise en place d'un gouvernement technique, ni pour maintenir et reconvertir les emplois.

Les batailles locales qui viennent de commencer doivent pouvoir s'unir. Dans la fonction publique, une large intersyndicale appelle à une journée de grève le 5 décembre. Sur le front de la défense de l'emploi, la journée nationale appelée par la CGT le 12 décembre doit permettre de faire converger les résistances. Dans la SNCF la mobilisation continue avec l'appel à une grève reconductible à partir du 11 décembre. Et pour défendre également les travailleurEs sans-papiers, menacés par les politiques de plus en plus répressives, nous serons également dans la rue le 14 décembre.

Pour faire de ces échéances un succès nous avons besoin de mettre toutes nos forces dans la bataille. Le NPA a interpellé les organisations du mouvement ouvrier pour agir conjointement face à la vague de licenciements et de suppressions d'emploi. Une telle mobilisation unitaire, comme celle qui s'est constituée en juin autour du Nouveau Front populaire, est plus que jamais nécessaire pour faire reculer le gouvernement, le patronat et l'extrême droite et imposer des mesures d'urgences sociales et écologiques.

Fabienne Dolet

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Le cessez-le-feu au Liban n’est pas une « victoire divine »

3 décembre 2024, par Gilbert Achcar — , , ,
La situation actuelle et l'accord de cessez-le-feu qui a été négocié à petit feu pendant des mois et à feu très intense ces dernières semaines sont très différents de ce qu'ils (…)

La situation actuelle et l'accord de cessez-le-feu qui a été négocié à petit feu pendant des mois et à feu très intense ces dernières semaines sont très différents de ce qu'ils étaient en 2006.

27 novembre 2024

Gilbert Achcar
Professeur, SOAS, Université de Londres
Mediapart

L'accord de cessez-le-feu entre Israël et le Liban pourrait-il être une nouvelle « victoire divine » ? C'est ainsi que l'accord qui a mis fin à l'agression israélienne contre le Liban en 2006 avait été caractérisé par le Hezbollah. Le parti avait alors affiché ce slogan sur d'énormes panneaux d'affichage ornés d'une photo de son secrétaire général, Hassan Nasrallah, dans un jeu de mots clair, le slogan pouvant être lu à la fois comme victoire attribuée à Dieu et comme victoire menée par Nasrallah, dont le nom en arabe signifie « la victoire de Dieu ». Indépendamment de cette prétendue divinité, la revendication de la victoire faisait sens, en effet, en 2006, lorsque l'assaut d'Israël n'avait pas réussi à porter un coup décisif au parti, qui lui avait opposé une résistance farouche. L'État sioniste a été contraint d'arrêter son agression en s'appuyant sur une résolution internationale, la résolution n° 1701 du Conseil de sécurité de l'ONU, qui n'offrait aucune garantie réelle pour sa mise en œuvre – ne serait-ce que celle de sa première clause, qui appelait au retrait des forces du parti au nord du fleuve Litani, sans parler de la clause réaffirmant la résolution 1559 (2004) du Conseil de sécurité de l'ONU appelant au désarmement du Hezbollah – la seule organisation qui avait refusé de désarmer au Liban après 1990 au nom de la résistance à l'occupation israélienne.

Le parti a été en mesure de guérir les blessures de la guerre de 2006, qui avait fait plus d'un millier de victimes et occasionné des destructions généralisées dans les zones dominées par le parti, conformément à ce qui a été connu plus tard sous le nom de « doctrine Dahiya ». Le financement iranien permit au Hezbollah de verser des indemnisations pour les vies et les biens, tout comme l'armement fourni par l'Iran lui permit non seulement de compenser ses pertes d'équipement militaire, mais aussi d'augmenter considérablement sa puissance de feu, tant en quantité qu'en qualité, afin d'acquérir une capacité dissuasive contre l'État sioniste. Comme on sait, la force militaire du parti et le soutien prodigué par l'Iran augmentèrent ultérieurement par suite de son intervention en Syrie pour soutenir le régime d'Assad et de sa transformation de fait en une division de la Force Qods – l'aile des Gardiens de la révolution islamique d'Iran spécialisée dans les opérations à l'étranger – chargée de missions militaires qui se sont étendues à l'Irak et au Yémen.

La situation actuelle et l'accord de cessez-le-feu qui a été négocié à petit feu pendant des mois et à feu très intense ces dernières semaines sont complètement différents de ce qu'ils étaient en 2006. La première différence, et la plus importante, est que le coup que les forces armées sionistes ont pu infliger au parti est beaucoup plus grand aujourd'hui qu'il ne l'était en 2006, même s'il n'est pas fatal. Israël ne se fait pas d'illusions, de toute façon, sur le fait qu'il peut éliminer le parti en le bombardant simplement, puisque le Liban offre divers abris locaux et régionaux – contrairement à la bande de Gaza, qui est restée une grande prison malgré le réseau de tunnels creusés par le Hamas.

L'offensive lancée par les forces armées sionistes au Liban il y a deux mois et demi, en commençant par l'explosion des appareils de communication aux mains des cadres du Hezbollah, lui a permis de décapiter le parti en tuant la plupart de ses dirigeants et de se concentrer sur la destruction de ses capacités et infrastructures militaires beaucoup plus efficacement qu'il ne l'a fait il y a dix-huit ans, et ce grâce à des renseignements plus efficaces bénéficiant des évolutions technologiques réalisées ces dernières années. Le Hezbollah sortira de cette guerre épuisé au-delà de toute comparaison avec ce qui lui était arrivé en 2006, et sa capacité à reconstruire sa force, sans parler de l'amplifier, sera fort limitée par rapport à ce qui avait suivi cette année-là.

Comme l'a récemment déclaré l'ambassadeur d'Israël aux Nations Unies, ils ont appris les « leçons de 2006 et de 1701 », au sens que cette fois-ci, les Israéliens seront soucieux de vérifier le retrait complet des forces du Hezbollah au nord du fleuve Litani, ainsi que d'empêcher l'Iran de réarmer le parti à travers le territoire syrien. Ils ont exigé une garantie officielle des États-Unis au sujet de ces deux questions, tout en préservant leur liberté de frapper tout mouvement qui contredirait l'accord, à l'instar de la liberté qu'ils s'octroient de frapper les mouvements iraniens sur le territoire syrien. Il a même été question qu'Israël demande à la Russie de coopérer dans ce domaine, dans l'esprit de l'accord entre les deux États, en vertu duquel les avions et systèmes de défense aérienne russes déployés sur le territoire syrien n'interceptent pas les attaques menées par l'armée de l'air israélienne sur ce même territoire.

De plus, la capacité du Hezbollah à panser les plaies de sa base populaire et de son environnement sera plus faible cette fois-ci, non seulement parce que les blessures d'aujourd'hui sont plus grandes qu'elles ne l'étaient en 2006 (plus de trois fois le nombre de morts, environ quatre fois le nombre de blessés et un nombre de destructions beaucoup plus important), mais aussi parce que les capacités financières de Téhéran sont relativement plus faibles aujourd'hui qu'elles ne l'étaient en 2006 avant que les États-Unis ne durcissent les sanctions contre lui. Cela s'ajoute aux problèmes qui entraveront probablement la capacité de Téhéran à transférer des fonds au parti comme il l'avait fait il y a dix-huit ans.

Enfin, l'État sioniste mise sur les efforts de Washington, en coopération avec Paris, pour changer de manière décisive la carte politique libanaise dans la période à venir, en renforçant les forces armées libanaises régulières tout en empêchant le parti de reconstruire sa force, afin d'atteindre un point où les premières pourraient imposer le désarmement du second, fût-ce par accord politique ou par la force. La restauration des institutions étatiques libanaises, en particulier l'élection d'un nouveau président et la nomination d'un nouveau gouvernement, constituera une étape fondamentale sur cette voie. Il est bien connu que Washington fait pression pour l'élection de Joseph Aoun, l'actuel commandant des forces armées libanaises, à la présidence.

Que les choses aillent dans cette direction relativement aisément, ou que l'affrontement des visées conduise à un nouveau cycle de guerre par procuration sur le sol libanais, cette fois entre l'Iran d'un côté et les États-Unis et Israël de l'autre, dépendra à la fois de l'Iran et des États-Unis. Tout le monde a remarqué comment Téhéran – après avoir insisté sur le rejet par le Hezbollah d'un cessez-le-feu au Liban avant un cessez-le-feu à Gaza (cela était en fait un prétexte pour maintenir le parti engagé dans la guerre, en prévision d'une escalade de l'affrontement entre Israël et l'Iran) – a changé de position et a donné au parti son feu vert pour abandonner la condition préalable de Gaza. Certains pensent que la raison de ce changement est le succès de l'attaque sioniste contre le Hezbollah et la prise de conscience par Téhéran que le passage du temps signifie un affaiblissement supplémentaire des capacités du parti, tandis que d'autres pensent que c'est la crainte de Téhéran de la participation de Washington à une prochaine attaque israélienne contre lui, et contre ses capacités nucléaires en particulier, par suite du retour de Donald Trump, son ennemi juré, à la Maison Blanche.

Si cette dernière estimation est correcte et que Téhéran cherche à conclure un « deal » avec Trump, alors le prix à payer sera que Téhéran recommande à ses auxiliaires régionaux, principalement le Hezbollah, de s'engager dans la construction de l'État local au lieu de chercher à construire un État parallèle, en plus de son acceptation de renoncer à son uranium hautement enrichi et de renforcer le contrôle de ses installations nucléaires. Si ce pari échoue, cependant, le Liban et toute la région se dirigeront vers de nouvelles étapes de violence, et le cessez-le-feu au Liban ne sera rien de plus qu'une trêve temporaire dans une confrontation multiforme qui a commencé il y a près de quarante ans avec la fondation du Hezbollah, ou même six ans plus tôt avec la naissance de la « République islamique ».

Traduit et adapté de ma tribune hebdomadaire dans le quotidien de langue arabe, Al-Quds al-Arabi, basé à Londres. Cet article est paru le 26 novembre en ligne et dans le numéro imprimé du 27 novembre. Vous pouvez librement le reproduire en indiquant la source avec le lien correspondant.

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Près d’un millier de personnes manifestent contre les coupures dans les services de francisation.

3 décembre 2024, par PTAG ! — , ,
Le samedi, 30 novembre dernier, c'est près d'un millier de manifestant-es qui scandaient dans les rues de Québec leur indignation face aux coupures que le gouvernement Legault (…)

Le samedi, 30 novembre dernier, c'est près d'un millier de manifestant-es qui scandaient dans les rues de Québec leur indignation face aux coupures que le gouvernement Legault est en train de faire dans les services de francisation offerts dans les centres d'éducation des adultes. Enseignant·es, élèves et parents manifestaient pour réclamer le maintien des services de francisation dans le réseau scolaire.

Alors que le gouvernement de la CAQ se prétend le défenseur de la langue française, il coupe en francisation. C'est complètement illogique ont crié haut et fort les manifestant·es. C'est également dramatique, pour les personnes laissées sans soutien face aux problèmes que ces immigrant-es rencontrent pour participer à la société québécoise. La francisation, pourtant, facilite l'accès au marché de l'emploi et l'accès aux services sociaux pour les nouveaux arrivants. Sans compter que ce sont des centaines d'enseignant-e-s qui ont développé une précieuse expertise en francisation qui risquent d'être licencié·es. Les personnes présentes à la manifestation sont bien décidées à ne pas baisser les bras et déjà de prochains rendez-vous sont prévus pour continuer la lutte.

PTAG publie ici la vidéo des interventions de Martin Hogue, président du Syndicat de l'enseignement des Deux-Rives, d'Étienne Grandmont et Sol Zanetti, députés de Québec solidaire, de Pascal Paradis du Parti Québécois, de Jackie Smith, cheffe de Transition Québec et de François Bernier, président du Syndicat de l'enseignement de la région de Québec. Ces responsables politiques et syndicaux ont apporté leur soutien aux revendications en défense des services de francisation et promis de demeurer solidaires de cette lutte essentielle pour les immigrant·es du Québec.

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Des groupes communautaires dénoncent le budget du SPVM

3 décembre 2024, par Collectif — , ,
La violence, ça suffit ! Des groupes communautaires exigent que les fonds publics soient utilisés pour répondre aux besoins des montréalais·es et non pour la répression (…)

La violence, ça suffit ! Des groupes communautaires exigent que les fonds publics soient utilisés pour répondre aux besoins des montréalais·es et non pour la répression

Montréal, le 29 novembre 2024 – Des groupes communautaires appellent les Montréalais·es à se faire entendre lors de l'étude publique du budget du SPVM qui aura lieu le vendredi 29 novembre. Les groupes soulignent que le SPVM a encore une fois dépassé son budget de plusieurs dizaines de millions de dollars cette année - des sommes qui, selon eux, seraient mieux utilisées pour répondre aux besoins des Montréalais·es et résoudre des problèmes sociaux.

Dans un document soumis à la consultation budgétaire de la Ville, le SPVM a révélé qu'il dépassera son budget de 54 millions de dollars cette année. Ce dépassement s'inscrit dans une tendance plus longue, propre au SPVM. Au cours des cinq dernières années, le SPVM a en moyenne dépassé son budget de 40 millions de dollars par année. Aucun autre grand service de police au Canada ne dépense autant. L'exemple le plus proche est celui du Service de police de Calgary, qui dépasse son budget de 0,45 million de dollars par
année, soit plus de 100 fois moins.

Au cours de la même période, le budget du SPVM a augmenté rapidement. Depuis 2019, le SPVM a reçu plus de 170 millions de dollars de nouveaux fonds. Pour 2025, il demande une autre augmentation.

Les groupes communautaires affirment que cet argent servira majoritairement à financer des actes de violence contre les Montréalais·es, y compris des violations systématiques de leurs droits civils et humains.

« Le profilage racial et la violence policière nuisent profondément aux communautés Noires de Montréal depuis des générations, » dit Kassandra Kernisan, directrice générale du DESTA Black Community Network. Au lieu d'augmenter le financement d'un système qui cible de manière disproportionnée les Noirs et les personnes racisées, la ville devrait
investir en priorité dans les programmes communautaires, le logement et les opportunités qui favorisent l'équité et qui enrichissent nos communautés.
»

Les groupes soulignent également que le financement de la police a augmenté parallèlement à l'aggravation de la crise du logement, la police étant appelée à s'occuper des symptômes de la crise. Ils notent que la police est régulièrement appelée à expulser les personnes en situation d'itinérance des campements, ce qui constitue une « violation des droits de la personne », selon la Commission canadienne des droits de la personne.

« Faute d'hébergement adéquats, plusieurs personnes en situation d'itinérance doivent s'organiser en campements pour se soutenir mutuellement et se protéger des intempéries, note Clara du FLIP. Nous savons que les campements ne sont pas idéaux, mais plutôt que de financer des solutions à la crise du logement ou des ressources adaptées, la Ville
paie de plus en plus cher la police pour qu'elle les exproprie et les
harcèle partout dans la ville. »

En cette année de manifestations historiques de solidarité avec la Palestine, la police a également utilisé les ressources massives dont elle dispose pour réprimer les militant·es et les membres de la communauté par le biais d'actions telles que des agressions physiques, des gaz toxiques, des arrestations arbitraires, une surveillance illégale, des abus verbaux
et des humiliations, ainsi que de nombreuses autres violations des droits civils.

« Sur les campus, nous avons assisté à une intensification de la brutalité policière suite au mouvement étudiant pro-palestinien, dit Zaina Karim, une organisatrice étudiante à McGill. Même les petits rassemblements pacifiques sont maintenant ciblés par une force policière écrasante. Le SPVM a dépensé des sommes inimaginables en gaz lacrymogènes, en matériel de surveillance et en équipement anti-émeute pour brutaliser des jeunes qui se mobilisent contre un génocide sur leur propre campus. »

Les groupes appellent les Montréalais·es à assister à la présentation du budget du SPVM vendredi à 12h30 et à exprimer comment iels préféreraient voir cet argent dépensé.

Les groupes sont d'avis que l'argent de leurs impôts ne devrait pas être utilisé à ces fins violentes, autoritaires et antidémocratiques, mais plutôt pour répondre aux besoins pressants des Montréalais·es. Les groupes constatent que la ville a besoin de financement pour des logements abordables, des services communautaires accessibles, des opportunités pour les jeunes, des transports en commun et des infrastructures fonctionnelles. La sécurité publique, les groupes expliques, ne peut venir que de la
satisfaction des besoins de tous, et non de la violence infligée aux membres vulnérables de la communauté.

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Ma place au travail assiste au dépôt de sa pétition pour la qualité éducative à l’Assemblée nationale

3 décembre 2024, par Ma place au travail — , ,
Crise dans les services de garde : Ma place au travail assiste au dépôt de sa pétition pour la qualité éducative à l'Assemblée nationale Québec, le 28 novembre 2024 – (…)

Crise dans les services de garde : Ma place au travail assiste au dépôt de sa pétition pour la qualité éducative à l'Assemblée nationale

Québec, le 28 novembre 2024 – Aujourd'hui, l'organisation Ma place au travail, accompagnée de parents et d'alliés, se rend à l'Assemblée nationale pour assister au dépôt officiel de sa pétition sur la qualité éducative dans les services de garde éducatifs à l'enfance. Lancée en réponse au rapport accablant de la Vérificatrice générale du Québec sur le sujet, cette initiative appelle le gouvernement à prendre des mesures
concrètes, ambitieuses et urgentes pour adresser la situation.

Six mois après la publication du rapport révélant que près de 30 % des services de garde évalués n'atteignent pas les normes minimales de qualité éducative, le ministère de la Famille n'a toujours pas présenté au public de plan d'action pour répondre aux recommandations de la Vérificatrice générale.

Au cours des dernières semaines, une série de faits troublants sur la santé du réseau ont aussi été dévoilés, notamment le fait que 10 000 éducatrices ont quitté la profession au cours des trois dernières années. Leur départ prive le réseau d'un pilier essentiel pour garantir des milieux de garde sécuritaires, sains et de qualité pour les tout-petits. C'est d'autant plus inquiétant que l'an dernier, sur les 10 831 postes pourvus d'éducatrices,
69% sont non qualifiées.

Cette pétition s'inscrit dans une mobilisation continue de l'organisme, incluant des actions telles que la remise d'un volumineux cahier de témoignages de parents et de personnes éducatrices aux représentants des dossiers Famille de l'Assemblée nationale, démontrant leurs inquiétudes et leur volonté que les choses changent. Parmi les demandes prioritaires,
l'organisme souligne également l'importance d'un meilleur accompagnement des parents et des enfants dans le processus de plaintes.

Portée par le député Joël Arseneau, député des Îles-de-la-Madeleine et porte-parole du troisième groupe d'opposition pour la famille et en matière de CPE, la pétition a recueilli, en seulement 4 semaines, près de 4 000 signatures.

Marylin Dion, directrice générale et porte-parole de Ma place au travail, souligne : « Les parents nous disent qu'ils sont inquiets, et ils ont raison de l'être. Étant donné que la pénurie de places en services de garde est toujours aussi importante, les parents n'ont pas toujours le luxe d'être exigeants dans leur choix de service de garde, puisqu'ils n'ont,
justement, que trop peu de choix. Ce que nous demandons aujourd'hui, c'est un véritable engagement de la part du gouvernement pour assurer la qualité éducative dans nos services de garde. Le temps presse. Si rien n'est fait, nous risquons de voir des milieux de garde de plus en plus fragilisés, au détriment de nos tout-petits, qui méritent un départ solide dans la vie. »

Avec cette démarche, Ma place au travail veut rappeler que le Québec, autrefois un modèle en petite enfance, doit agir pour redonner confiance aux familles et assurer à chaque enfant un milieu éducatif de qualité où il peut s'épanouir pleinement.

À propos

Ma place au travail est un organisme à but non lucratif assurant une veille de l'offre proposée aux familles en matière de services de garde et intervient auprès des instances gouvernementales afin que chaque parent qui le désire puisse avoir accès à une place de qualité et subventionnée pour son enfant. L'organisme vise à faire connaître les difficultés bien réelles que les familles rencontrent dans leurs recherches d'un milieu de garde, et
ce, tous types de milieux confondus. Ma place au travail expose régulièrement les répercussions de la pénurie sur la vie personnelle, professionnelle et financière des parents.

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Montréal : le travail comme vecteur d’intégration pour les femmes immigrantes

3 décembre 2024, par Charline Caro — , ,
À Montréal, des entreprises d'économie sociale accompagnent les nouvelles arrivantes dans leur insertion sur le marché de l'emploi québécois. Tiré du Journal des (…)

À Montréal, des entreprises d'économie sociale accompagnent les nouvelles arrivantes dans leur insertion sur le marché de l'emploi québécois.

Tiré du Journal des ALternatives

Par Charline Caro -22 novembre 2024

Photo :Les employées des Filles Fattoush à l'œuvre dans la cuisine de l'entreprise - Crédit : Charles Briand

À travers des formations professionnalisantes, les participantes accroissent leur employabilité, socialisent et prennent confiance en elles, dans un contexte qui leur est parfois défavorable.

En franchissant la porte de Petites Mains, on est immédiatement accueilli par une atmosphère de travail vivante et chaleureuse. Des personnes de diverses origines s'activent, qu'il s'agisse de tâches culinaires, artisanales, ou administratives. Petites Mains est l'une des entreprises d'insertion sociale montréalaises destinées aux femmes immigrantes, leur offrant des formations rémunérées en restauration, en couture et en administration. Autre acteur clé de l'insertion, Les Filles Fattoush, qui emploie des nouvelles arrivantes syriennes pour son service de prêt-à-manger. Ces initiatives sont nées du constat que le travail est un vecteur d'intégration majeur pour les personnes immigrantes, mais qu'il leur demeure difficile d'accès.

La difficile recherche d'emploi

« Ce n'est pas facile de trouver un emploi immédiatement. Peu importe les qualifications, on se retrouve souvent dans des emplois difficiles comme le nettoyage ou la plonge. » Jeyashri, enseignante de profession au Sri Lanka, a immigré au Canada il y a une dizaine d'années. Comme d'autres nouveaux et nouvelles arrivant·es, elle a été confrontée à de nombreux obstacles pour intégrer le marché du travail québécois.

Sur le plan structurel, le manque de reconnaissance des diplômes étrangers est un premier obstacle à la recherche d'emploi. « On accueille des comptables, des architectes, des ingénieures », relate Adelle Tarzibachi, co-fondatrice des Filles Fattoush. Les nouvelles arrivantes qualifiées n'ont pas toujours le goût de « retourner aux études à un certain âge, et veulent juste trouver un emploi. » Malgré des carrières parfois remplies, le manque d'expérience au Québec peut également être un frein pour les employeurs. Les personnes immigrantes peuvent ensuite souffrir d'une méconnaissance des codes du marché du travail local, et d'un manque de contacts.

Jeyashri, une des participantes de l'atelier de couture de Petites Mains – image fournie
Une autre barrière courante est la maîtrise de la langue française, requise dans la plupart des secteurs. Après quelques mois en tant qu'éducatrice de la petite enfance, Jeyashri a dû quitter son emploi, car « la communication en français était devenue indispensable, bien que l'environnement de travail soit anglophone. »

« J'ai remarqué que les femmes ont encore plus de difficultés à trouver un emploi », remarque Adelle Tarzibachi. Pour les nouvelles arrivantes en particulier, certains défis s'additionnent, tels que la nécessité de concilier la vie familiale et professionnelle. La charge liée à d'éventuels enfants nécessite que les « heures de travail soient accommodées », appuie la co-fondatrice des Filles Fattoush.

La recherche d'emploi des femmes immigrantes est ainsi obstruée par des enjeux de natures diverses. Le travail est pourtant un vecteur d'intégration essentiel, puisqu'il amène la socialisation, l'indépendance financière, la francisation ou encore la confiance en soi. Les entreprises d'insertion sociale tentent d'accroître l'employabilité de leurs participantes en vue de favoriser leur adaptation à leur nouveau lieu de vie.

Les entreprises montréalaises d'insertion

Jeyashri a rejoint la fabrique de couture de Petites Mains dans le but de trouver par la suite « un meilleur emploi ». L'objectif premier de cette entreprise d'économie sociale est en effet de développer l'employabilité de ses usagères, à travers une formation de six mois à la couture industrielle. Maîtrise des machines à coudre, confection d'articles textiles, contrôle qualité… l'organisme vise à professionnaliser ses participantes. Le tout à travers une réelle entreprise de couture qui répond aux commandes de différents clients. Lors de la visite du Journal des Alternatives, des T-shirts pour les pompiers de Montréal étaient en train d'être confectionnés.

Pour celles qui préfèrent les secteurs de la cuisine et de la restauration, Petites Mains dispose d'un café-traiteur et d'une formation similaire. C'est également le cas des Filles Fattoush, dont l'entreprise de prêt-à-manger emploie et forme de nouvelles arrivantes syriennes à la cuisine professionnelle. « Avoir une expérience dans le domaine, ça aide beaucoup », estime Adelle Tarzibachi.

S'intégrer par le travail

Ces organismes contribuent toutefois à une intégration qui dépasse le seul cadre professionnel. Les usagères de Petites Mains apprécient le côté humain de la formation, qui leur permet de socialiser avec les autres participantes et les employé·es québécois·es. Une opportunité de se faire un réseau amical et professionnel. « C'est la première fois que je rencontre autant de gens différents. C'est très intéressant […] et enrichissant », nous confie Jeyashri.

L'insertion professionnelle est également un moyen d'apprendre la langue française pour celles qui ne la parlaient pas. Petites Mains accueille des cours de francisation du gouvernement, en plus d'être un lieu d'échanges francophones. Jeyashri a appris le français dans le but d'intégrer l'organisme, où elle continue aujourd'hui de le perfectionner. « C'est un endroit parfait pour m'adapter au milieu de travail au Canada tout en améliorant mon français », estime-t-elle.

Chez les Filles Fattoush, les employées syriennes peuvent alterner entre l'arabe et le français, la co-fondatrice et la directrice générale étant respectivement d'origine syrienne et québécoise. Les relations avec la clientèle du prêt-à-manger permettent également aux employées de communiquer dans la langue locale. « Même si elles ne parlent pas à 100 %, elles sont au moins dans un environnement où elles sont obligées de pratiquer », relate Adelle Tarzibachi.

Enfin, avoir une formation et un emploi apporte de la confiance aux nouvelles arrivantes. « Le travail, c'est comme un boost, un espoir », confie la co-fondatrice des Filles Fattoush. « C'est quand même une très grande fierté pour elles » de s'accomplir sur le plan professionnel. Jeyashri confirme cette impression, se sentant « poussée vers le haut » par sa formation à la fabrique de couture, qu'elle estime être un soutien moral très important. « C'est ce dont les femmes immigrantes ont besoin, je pense. »

https://petitesmains.com

https://lesfillesfattoush.com

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Lettre à la directrice du Palais Montcalm à propos de la présence d’artistes sionistes à la programmation

3 décembre 2024, par Collectif de Québec pour la paix — , , ,
Qu'est-ce que le Directeur de la programmation M. Nicolas Houle et la Direction du Palais Montcalm ont pu penser en invitant un sioniste notoire à venir performer dans NOTRE (…)

Qu'est-ce que le Directeur de la programmation M. Nicolas Houle et la Direction du Palais Montcalm ont pu penser en invitant un sioniste notoire à venir performer dans NOTRE Maison de la Musique dans le contexte de guerre actuel ?

26 novembre 2024, à Québec

À : Directrice du Palais Montcalm, Sylvie Roberge (sylvie.roberge@palaismontcalm.ca) et Programmateur, Nicolas Houle (nicolas.houle@palaismontcalm.ca)

De : Collectif de Québec pour la paix*

Objet : Lettre à une salle de spectacle amie

L'art en général, et la musique en particulier, est un langage universel qui nous permet de transcender nos différences et les barrières linguistiques, voire idéologiques. Par sa beauté, sa pureté et son appel à l'âme, elle nous unit dans notre humanité.

Mais la même chose ne peut pas être appliquée aux artistes, qui, elles/eux, peuvent épouser et incarner autant la beauté et la grandeur que la laideur et le mépris. C'est, malheureusement, le cas de Enrico Macias. Malgré la beauté de son art, on ne peut pas faire abstraction des positions du chanteur sur le génocide qui a lieu en ce moment en Palestine.

Bien sûr il a le droit d'aimer et de défendre l'État d'Israël, mais quand il donne son appui à l'armée israélienne et affirme qu'il faut « dégommer » les Palestinien-nes, les éliminer, c'est un appel au génocide. Il a même appelé à éliminer physiquement un parti politique français à la télévision. Rappelons que la Cour pénale internationale (CPI) vient d'émettre des mandats d'arrêt contre le premier ministre israélien, Benyamin Netanyahou, ainsi que son ancien ministre de la Défense, Yoav Galant, et ce, pour Crimes de guerre et Crimes contre l'Humanité.

Les positions de Enrico Macias sont simplement indéfendables et moralement inacceptables, et elles n'ont pas leur place dans notre société, et encore moins la personne qui les profère ne devrait pas avoir l'honneur d'une scène aussi respectable que celle du Palais Montcalm. Imaginons pour un instant le même discours tenu par un artiste appelant la Russie à faire un nettoyage ethnique en Ukraine, ça soulèverait, avec raison, notre indignation, et il ne sera certainement pas reçu avec honneur, même qu'on jugerait qu'il mériterait l'opprobre public.

Cette lettre n'est en aucun cas une attaque contre les Israélien-nes en général, mais contre les promoteurs du sionisme génocidaire en marche. C'est aussi un rappel de l'humanité des Palestinien-nes, qui subissent en ce moment un génocide abjecte, entre autres crimes.

La question que nous nous posons est simple : est-ce que, pour la direction du Palais Montcalm, la vie de ces personnes qui subissent tant d'horreurs ont si peu de valeurs ? Ont-ils aussi accepté l'idée, mise de l'avant par certains politiciens israéliens, que ces dizaines de milliers de Palestinien-nes massacrés, dont 6 000 femmes et 11 000 enfants (réf. Oxfam) sont des animaux, des sous-humains ? On ose espérer que cette direction prendra ses distances, publiquement, des propos inacceptables du chanteur, la réputation de l'institution est en jeu.

Qu'est-ce que le Directeur de la programmation M. Nicolas Houle et la Direction du Palais Montcalm ont pu penser en invitant un sioniste notoire à venir performer dans NOTRE Maison de la Musique dans le contexte de guerre actuel ? N'ont-ils pas tenu compte du génocide en marche, en dépit des exhortations des instances de l'Organisation des Nations-Unies ? Nous espérons que vous saurez reconnaître votre erreur et prendre des moyens appropriés pour y remédier.

« Mise à jour / clarification du Collectif de Québec pour la paix - 27
novembre 2024 :

Nous avons eu une conversation cordiale et franche avec la direction du
Palais Montcalm. Cette prestation ne fut pas organisée par le Palais
Montcalm, mais plutôt par un promoteur privé à l'été 2023, donc avant
l'attaque du Hamas et les Crimes contre l'Humanité perpétrés contre la
population civile de Gaza et qui continuent à l'heure actuelle. Nous
espérons une plus grande prudence à l'avenir et nous invitons tout le monde
concerné à se dissocier des suggestions criminelles de M. Macias et à
défendre les droits collectifs et individuels de tous les peuples
concernés, et évidemment le Droit international humanitaire. Aussi, rien
n'indique que des propos haineux seront tenus lors du spectacle, si on en
juge par une prestation récente à Montréal. »

Sources :

Enrico Macias appelle à « dégommer » LFI « physiquement », la justice saisie
https://www.youtube.com/shorts/uxDFepb0elI

Enrico Macias appelle à « dégommer » les Palestinien.nes :
https://www.tiktok.com/@djojolabelette/video/7298222339924184353

Enrico Macias donne son corps et son âme à Tsahal et Israel
https://www.youtube.com/watch?v=zSpjDyUOAwc

"We are fighting human animals” said Israeli Defence Minister Yoav Gallant https://www.youtube.com/watch?v=ZbPdR3E4hCk

Important résumé par Oxfam sur la réalité des actions militaires israéliennes à Gaza (octobre 2024) https://oxfam.qc.ca/un-an-conflit-gaza/

Source : Collectif de Québec pour la paix

Le Collectif de Québec pour la paix est né de coalitions régionales (à Québec) en 2002 dénonçant d'abord des attaques militaires en territoires palestiniens et organisant ensuite de nombreuses manifestations importantes contre l'invasion de l'Irak en 2003. Depuis, entre 2002 et 2024, le Collectif a organisé de nombreuses activités (conférences, discussions, assemblées citoyennes d'organisation, manifestations, etc.) pour demander la fin de diverses occupations militaires et situations d'oppression armée.
https://paix.reseauforum.org

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Vive la sécurité alimentaire !

3 décembre 2024, par Claude Saint-Jarre — , ,
Le Champ d'actions Collectif en sécurité alimentaire de Sherbrooke a organisé, le 7 octobre dernier à l'Aréna Julien-Ducharme, une journée complète de conférences et de (…)

Le Champ d'actions Collectif en sécurité alimentaire de Sherbrooke a organisé, le 7 octobre dernier à l'Aréna Julien-Ducharme, une journée complète de conférences et de discussions sur le thème de la sécurité alimentaire. Cet événement a réuni environ 80 participants. Voici un résumé de ma participation à cette activité.

Tiré du Journal Entrée Libre
https://www.entreelibre.info/vive-la-securite-alimentaire/

Date : 1 décembre 2024
| Chroniqueur.es : Claude Saint-Jarre

Contexte et enjeux de la sécurité alimentaire

Cette rencontre avait pour objectif de contribuer à éliminer toute forme de vulnérabilité alimentaire, alors que près de 13 % de la population de notre région vit dans l'insécurité alimentaire. Bien que le manque de nourriture soit un problème bien réel, Estelle Richard, dans son livre Pour en finir avec le gaspillage alimentaire, estime que nous jetons plus de 50 % de la nourriture produite, ce qui génère des quantités significatives de gaz à effet de serre, préoccupant ainsi les climatologues.

Les causes de cette insécurité sont multiples, notamment le libre-échange, qui met en difficulté nos maraîchers locaux.

Initiatives pour lutter contre le gaspillage alimentaire

Le glanage, par exemple, fait partie des initiatives pour réduire le gaspillage. Le projet Glanage Sherbrooke a même lancé une bière de la sécurité alimentaire, produite à partir de petits fruits pour financer ses activités.

Les cuisines collectives jouent également un rôle important. Elles visent à partager des connaissances culinaires et des pratiques innovantes pour préparer des repas à la fois sains et savoureux. À Sherbrooke, Le Blé d'Or est un bel exemple de ce type d'initiative.

Programmes et projets inspirants

J'ai aussi découvert le projet Cantine pour tous, un programme qui s'inscrit dans le Programme alimentaire scolaire universel du Québec. Ce projet nourrit chaque matin 87 000 enfants à travers la province, avec 33 membres répartis dans 12 régions, dont 4 en Estrie. Une belle réussite qui mérite d'être saluée !

Ateliers de réflexion et priorités locales

L'après-midi a été consacré à des ateliers où, par tables, nous avons partagé nos idées et priorités pour améliorer la sécurité alimentaire de manière durable et accessible pour tous. Chaque groupe était invité à proposer son coup de cœur. Notre table a suggéré la création de maisons de quartier dédiées à la littératie alimentaire — un concept qui englobe l'éducation, le soutien, et des pratiques concrètes pour nourrir à la fois le corps et l'esprit.

Contributions locales et engagements politiques

Madame Audet, représentante de la Ville de Sherbrooke, a présenté les efforts entrepris dans le cadre du PDZA (Plan de Développement de la Zone Agricole) et du PDCN (Plan de Développement d'une Communauté Nourricière) pour renforcer notre système alimentaire local.

De son côté, Jessica Dufresne, docteure en droit, a évoqué l'idée ambitieuse de faire reconnaître le droit à l'alimentation. Elle a également mis en lumière le réseau des cuisines collectives du Québec.

Madame Colin, quant à elle, a partagé avec enthousiasme les réussites des Complices alimentaires de la Montérégie Ouest. Grâce à leur travail acharné, ils ont réussi à récupérer 72 tonnes d'aliments, soit l'équivalent de six autobus scolaires remplis de denrées sauvées. Leur objectif est d'atteindre 125 tonnes, un défi qui dépendra de la gouvernance innovante qu'elle sait mettre en place.

Une dynamique locale porteuse d'espoir

Depuis des millénaires, la quête de la sécurité alimentaire est ancrée dans nos sociétés. Ici, à Sherbrooke, je perçois une réelle compétence, un engagement sincère, et un fort esprit d'entraide et de solidarité.

Monsieur Boutin, directeur de la Grande Table, a annoncé qu'une nouvelle journée de discussions se tiendra en janvier, avec l'ambition de faire avancer les initiatives et d'envisager la création d'une Charte de l'alimentation pour Sherbrooke.

Initiatives complémentaires

Enfin, les 7 et 8 novembre, un radiothon organisé par CFAK a permis de récolter des fonds pour Moisson Estrie. De plus, un balado sur la sécurité alimentaire, avec des intervenants locaux, est disponible dans l'émission À nous le futur.

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Au Canada, les Wet’suwet’en veulent sauver les forêts au nom des “générations futures”

3 décembre 2024, par Erica Gies — , , ,
La Première Nation Wet'suwet'en lutte pour reprendre possession de forêts anciennes de Colombie-Britannique que les autorités se sont appropriées et louent sans son accord à (…)

La Première Nation Wet'suwet'en lutte pour reprendre possession de forêts anciennes de Colombie-Britannique que les autorités se sont appropriées et louent sans son accord à des entreprises forestières, rapporte “The Guardian”, qui les a accompagnés sur le terrain. Un article publié à l'occasion de la campagne “Changez leur histoire” d'Amnesty nternational.

Tiré de Courrier international. Publié à l'origine dans The Guardian.

Guidés par David DeWit, un des chefs du peuple wet'suwet'en, nous avons survolé des carrés de terres déboisées et des plantations de conifères de différentes teintes de vert dans le centre-nord de la Colombie-Britannique. Les repères sur la carte de David DeWit, qui a retracé les sentiers ancestraux de son peuple, correspondaient à des marques visibles du sol : des cercles gravés dans les arbres, preuve s'il en est de la longue histoire des Premières Nations dans la région.

L'hélicoptère s'est approché de Caas Tl'aat Kwah (également connu sous le nom de “Serb Creek”), un bassin-versant de 15 000 hectares. La forêt s'est alors transformée en une dense étendue d'un vert profond, entrecoupée de zones humides vert-jaune où serpentent des cours d'eau bleu turquoise. “Nous voulons préserver tout cela pour les générations futures, explique Charlotte Euverman, la meneuse de la lutte des Wet'suwet'en pour la défense de ces terres, où se tiennent des festins traditionnels. Nous devons au moins leur laisser cela.”

Comme la plupart des Premières Nations de la région, les Wet'suwet'en n'ont jamais signé de traité avec le gouvernement canadien ou provincial, et pourtant ce dernier s'est approprié ces terres et les loue désormais à des entreprises forestières. Aujourd'hui, en Colombie-Britannique, il ne reste plus que 20 % des forêts anciennes de la région [c'est-à-dire des forêts âgées de plus de 250 ans].

150 000 km2 de terres brûlées

En 2020, après plusieurs décennies de mobilisation, la province a publié un rapport [intitulé Examen stratégique des forêts anciennes] qui signalait qu'environ un quart des forêts anciennes restantes étaient exposées à un risque élevé de déboisement. Elle recommandait alors de cesser l'exploitation forestière de ces terres en attendant de décider de leur sort. Pourtant, à ce jour, les activités d'exploitation ont été reportées dans moins de la moitié de ces zones à haut risque.

Aujourd'hui, Caas Tl'aat Kwah est au cœur d'un débat sur le domaine de compétence des Premières Nations, la perte et la protection de la biodiversité, et le rôle joué par l'exploitation forestière industrielle dans l'intensification des feux de forêt au Canada, qui ont des répercussions dans le monde entier. Durant l'été 2023, plus de 150 000 km² de terres ont brûlé dans tout le pays, un record absolu. Ces incendies ont dégagé de la fumée à travers tout le continent américain et ont entraîné une pollution atmosphérique jusqu'en Europe et en Chine.

Avec ce vol en hélicoptère, Sandra Harris a enfin pu se rendre à Caas Tl'aat Kwah, car la zone n'est pas encore accessible par la route. C'était une grande première pour cette membre des Premières Nations dont l'arrière-grand-père, Jack Joseph, possédait jadis une cabane dans la région. Le pilote a posé l'hélicoptère sur une prairie marécageuse et David DeWit, qui dirige le Bureau des Wet'suwet'en [un organe chargé de gérer certaines questions territoriales et sociales], nous a guidés à travers les arbres jusqu'à une cabane plus récente, où il a accroché une photo encadrée de Jack Joseph.

Les dégâts de l'exploitation forestière

Selon certaines idées reçues, l'augmentation de la gravité des incendies ne serait pas seulement due au réchauffement climatique, mais aussi à la croissance dense des forêts permise par la lutte contre les incendies. La solution longtemps défendue a alors été de réduire la “charge en combustible” des forêts par des coupes rases et des brûlages dirigés, [sorte de débroussaillages par de petits incendies volontaires, qui permettent d'assainir la forêt]. Cependant, de plus en plus de scientifiques affirment que cette approche néglige le rôle de l'exploitation forestière industrielle dans l'intensification des feux de forêts – ces activités détruisent les écosystèmes complexes qui stabilisent le cycle de l'eau.

Le déboisement d'une zone assèche énormément la terre, et les entreprises forestières laissent souvent derrière elles des tas de copeaux très secs et inflammables. Bien que la Colombie-Britannique exige des entreprises forestières qu'elles replantent des arbres dans l'année suivant la coupe, ces jeunes plantations restent extrêmement inflammables.

Une étude scientifique a étudié 1 500 incendies qui se sont produits dans les États de l'ouest des États-Unis sur une période de trente ans. Elle montre que les forêts protégées avec une forte densité de croissance ont été moins touchées par les incendies que les forêts soumises à l'exploitation forestière intensive. Une autre étude a conclu que les forêts plantées à la suite de l'exploitation forestière “étaient un élément majeur de la gravité des feux de forêts”, contrairement aux forêts anciennes et denses. Enfin, une dernière a constaté que la coupe rase était un des principaux facteurs à l'origine des “incendies fréquents et de grande ampleur”.

Aucun droit de veto

Les flancs des montagnes qui s'élèvent à partir des zones humides de Serb Creek abritent un écosystème de cèdres, de pruches du Canada, d'épinettes d'Engelmann et de sapins subalpins, avec des arbres parfois vieux de 350 ans. D'après la province, le bassin-versant relève de la compétence du British Columbia Timber Sales (BCTS), la branche commerciale du ministère des Forêts.

En vertu du plan pour les forêts anciennes de 2020, les Wet'suwet'en ont fait savoir au BCTS qu'ils étaient favorables au report des activités d'exploitation forestière, ce que le ministère des Forêts a reconnu dans une lettre en 2023.

Cependant, de récentes cartes dévoilées par l'organisation [de protection de l'environnement] Sierra Club BC ont révélé que le BCTS avait déjà cartographié une partie de la région pour d'éventuelles coupes d'arbres. Le ministère des Forêts n'a pas souhaité nous accorder d'interview, mais son représentant nous a répondu par courriel :

  • “Les reports [d'exploitation] seront maintenus tant qu'une stratégie de gestion à long terme des forêts n'aura pas été mise en œuvre.”

Ces dernières années, la Colombie-Britannique et le Canada ont tous les deux adopté la Déclaration des Nations unies sur les droits des peuples autochtones (DNUDPA), qui requiert leur “consentement préalable, libre et éclairé”. Pourtant, ils n'ont pas accordé de droit de veto aux Premières Nations concernant les projets développés sur leurs terres.

“Les feux de forêts continuent”

Les populations locales sont préoccupées par la possibilité que le BCTS décide un jour d'exploiter Caas Tl'aat Kwah. Le porte-parole du ministère a répondu à ces inquiétudes : “Si les reports temporaires sont levés […], le BCTS […] organisera toute exploitation forestière potentielle en veillant à préserver la biodiversité, la faune, la richesse culturelle et les possibilités de loisir dans la région.”

D'après Sandra Harris, un des principaux défis auxquels est confronté son peuple est le fait que la ligne politique de la province change tous les quatre ans, à chaque nouveau gouvernement, alors que les lois wet'suwet'en restent inchangées. “Nos histoires nous aident à connaître nos lois et à comprendre nos responsabilités. Ça, ça ne change pas”, ajoute-t-elle.

Jens Wieting, responsable de la campagne de protection du climat et de la forêt pour le Sierra Club BC, a vu “d'innombrables exemples” de cette réalité. Il explique :

  • “Quand une [Première] Nation réussit à s'opposer à l'exploitation forestière, elle doit reprendre cette lutte quelques années après, et parfois elle perd.”

David DeWit doute que le plan de la province pour les forêts anciennes suffise à protéger la région, et souhaite que les Wet'suwet'en assurent la protection de Caas Tl'aat Kwah en accord avec leurs propres traditions. Les membres de Kwen Bea Yex [littéralement, la “Maison près du feu”, une des maisons wet'suwet'en, à qui reviendrait cette responsabilité] pourraient alors décider que la région est indispensable sur les plans culturel et écologique, et y interdire toute exploitation forestière, résume-t-il. Cette maison devrait obtenir l'accord de son clan, puis de tous les autres clans, et l'accord serait ratifié par un grand festin.

Mais, en attendant, les feux de forêt continuent. En août 2024, 353 incendies se sont déclarés en Colombie-Britannique, dont un “particulièrement important” sur le territoire des Wet'suwet'en. Pour Sandra Harris, le racisme et le colonialisme ont laissé des plaies profondes, mais David DeWit reste optimiste : “En soignant la terre, nous nous guérirons nous-mêmes.”

Erica Gies

La Première Nation Wet'suwet'en

Pour s'être opposés, en 2020, à un projet de gazoduc sur leurs terres ancestrales de Colombie-Britannique, plus de 75 militants pour les droits fonciers des Wet'suwet'en ont été arrêtés par les autorités canadiennes. Une vingtaine d'entre eux font l'objet de poursuites pénales depuis 2022, et trois ont été déclarés coupables d'outrage criminel en 2024. D'autres sont victimes de surveillance ciblée, de harcèlement et d'intimidation. Amnesty International demande la fin de telles pratiques, menées contre des militants qui défendent leur territoire pacifiquement.

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Le Canada ne respecte pas la Journée internationale de solidarité avec le peuple palestinien : CJPMO

3 décembre 2024, par Canadiens pour la paix et la justice au Moyen-Orient (CJPMO) — , ,
Montréal, 29 novembre 2024 - En cette Journée internationale de solidarité avec le peuple palestinien, Canadiens pour la justice et la paix au Moyen-Orient (CJPMO) considère (…)

Montréal, 29 novembre 2024 - En cette Journée internationale de solidarité avec le peuple palestinien, Canadiens pour la justice et la paix au Moyen-Orient (CJPMO) considère que le gouvernement Trudeau a fait preuve d'une négligence totale en termes de soutien à la vie, aux moyens de subsistance et aux droits du peuple palestinien.

Source

CJPMO demande depuis longtemps au gouvernement canadien de prendre des mesures immédiates pour mettre fin au génocide israélien à Gaza et à l'annexion de la Cisjordanie, qui visent à détruire le peuple palestinien. CJPMO demande au Premier ministre Trudeau de soutenir pleinement les efforts internationaux visant à tenir Israël responsable, notamment par le biais de la Cour pénale internationale et de la Cour internationale de justice, et d'imposer une série de sanctions visant à mettre fin immédiatement aux actes criminels d'Israël.

« Depuis 1948, l'avenir de la Palestine n'a jamais été aussi incertain », a déclaré Thomas Woodley, président de CJPMO. « Le droit du peuple palestinien à l'autodétermination est attaqué de toutes parts, tandis que les ministres israéliens discutent ouvertement de l'effacement complet du peuple palestinien. Il est temps que le Canada adopte une position honnête en faveur du droit international, qu'il défende la vie et les droits du peuple palestinien et qu'il cesse de donner la priorité à ses relations diplomatiques et économiques avec un État génocidaire », a ajouté M. Woodley.

Depuis plus d'un an, Israël mène à Gaza une guerre génocidaire qui a conduit le territoire au bord de l'anéantissement. Israël a ignoré les ordres de la CIJ d'empêcher les actes génocidaires à Gaza, alors que la CPI a accusé le Premier ministre israélien Netanyahu et l'ancien ministre de la défense Gallant d'avoir sciemment et délibérément « créé des conditions de vie calculées pour entraîner la destruction d'une partie de la population civile à Gaza ». Le ministre israélien des finances, M. Smotrich, a déclaré cette semaine qu'il était possible « d'occuper Gaza et de réduire la population de moitié en l'espace de deux ans » et considère cela comme un précédent pour le dépeuplement de la Cisjordanie. Entre-temps, les propositions visant à annexer officiellement des parties de Gaza et de la Cisjordanie sont susceptibles d'obtenir le feu vert de la future administration Trump.

Malgré les horreurs du moment, l'année écoulée a vu les institutions du droit international offrir une lueur d'espoir que les dirigeants israéliens puissent un jour être tenus pour responsables. L'affaire contre Israël devant la CIJ pour crime de génocide, l'avis consultatif de la CIJ selon lequel Israël doit mettre fin à sa présence illégale dans le territoire palestinien occupé, et les mandats d'arrêtde la CPI contre Netanyahou et Gallant pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité, offrent tous de modestes perspectives de justice et de soulagement. Cependant, CJPMO note que ces jugements et décisions n'arrêteront pas Israël à eux seuls, mais qu'ils nécessitent que la communauté internationale les applique et agisse en conséquence. « Le Canada doit agir pour s'assurer que le droit international s'applique à tous, et compléter cette action en soutenant les appels de la société civile canadienne en faveur de sanctions et d'embargos contre Israël », a ajouté Mme Woodley.

En cette journée de solidarité, CJPMO exhorte le gouvernement canadien à répondre à l'urgence du moment en prenant les mesures suivantes :

Imposer des sanctions aux dirigeants politiques et militaires israéliens pour crimes de guerre, crimes contre l'humanité et génocide ;
Imposer un embargo complet sur les armes dans les deux sens en utilisant la Loi sur les mesures économiques spéciales (LMES),
Exprimer un soutien total aux mandats d'arrêt de la CPI et promettre de coopérer activement avec la Cour pour l'arrestation et la poursuite de Netanyahu et Gallant ;
Exprimer un soutien total à la plainte pour génocide déposée par l'Afrique du Sud contre Israël devant la CIJ ;
reconnaître l'État de Palestine
aligner ses votes sur les droits de la personnes des Palestiniens et soutenir les initiatives visant à suspendre la participation d'Israël à l'Assemblée générale des Nations unies.

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Victoire ! La Cour fédérale confirme la fin du statut d’organisme de bienfaisance du FNJ

3 décembre 2024, par Voix juives indépendantes — , , ,
Vendredi dernier, le 8 novembre, l'appel du Fonds national juif (FNJ) du Canada contre la décision de l'Agence du revenu du Canada (ARC) de révoquer son statut d'organisme de (…)

Vendredi dernier, le 8 novembre, l'appel du Fonds national juif (FNJ) du Canada contre la décision de l'Agence du revenu du Canada (ARC) de révoquer son statut d'organisme de bienfaisance a été sommairement rejeté par la Cour fédérale. Il s'agit de la première grande bataille perdue par le FNJ dans sa tentative de renverser la décision historique de l'ARC du mois d'août dernier.

Source

13 novembre 2024

Depuis sa création, le FNJ Canada est un pilier fondamental de la complicité canadienne dans le nettoyage ethnique israélien du peuple palestinien et le vol des terres palestiniennes. Le FNJ a été un moteur de la colonisation et de l'occupation sionistes avant même la création d'Israël, grâce à sa mission déclarée de « racheter la terre d'Israël pour le peuple juif ». Cette « rédemption » signifiait en réalité le déplacement forcé de masse et le nettoyage ethnique des Palestiniens. Le JNF poursuit depuis longtemps son objectif de « faire fleurir le désert » par l'expropriation de terres, ouvrant ainsi la voie à l'expansion de la colonisation sioniste. Malheureusement pour le JNF, le peuple palestinien a toujours habité ces terres et résiste encore aujourd'hui à l'effacement de sa présence et de son histoire par Israël.

FNJ Canada a participé à plusieurs grandes campagnes de « reboisement » sur des terres palestiniennes occupées. Cette action a été menée en totale contradiction avec le droit canadien et international, utilisant l'environnement comme arme pour déplacer les Palestinien.ne.s et assurer la consolidation du contrôle d'Israël sur les terres palestiniennes.

L'un des projets d'écoblanchiment les plus tristement célèbres du FNJ Canada est le parc Ayalon Canada, situé en Cisjordanie occupée. Bernard Bloomfield, de Montréal, alors président du FNJ Canada, a mené une campagne en 1972 pour collecter plus de 15 millions de dollars au sein de la communauté juive canadienne afin d'assurer l'établissement du parc. Pour créer le parc, trois villages palestiniens – Imwas, Yalu et Deir Aiyub – ont vu leurs terres confisquées et leurs habitants expulsés. L'un des survivants, le Dr Ismail Zayid, deviendra par la suite une voix puissante au Canada pour dénoncer la complicité du FNJ Canada dans les crimes commis par Israël.

Pour les défenseur.euse.s palestinien.ne.s des droits de la personne, la défaite judiciaire du FNJ est une victoire importante. FNJ Canada ne peut plus délivrer de reçus fiscaux pour les dons de bienfaisance et devra donc mettre fin à ses activités. L'ARC a également reconnu que FNJ Canada violait les normes juridiques canadiennes et internationales, dont une grande partie était résumée dans la plainte déposée par VJI en 2017.

Bien qu'il s'agisse d'une victoire importante et d'un couronnement pour VJI et le mouvement de solidarité avec la Palestine plus largement, la lutte pour assurer la fin de la complicité du FNJ est loin d'être terminée. FNJ Canada dispose encore de plusieurs voies juridiques pour contester la décision de l'ARC – notamment en faisant appel de la décision devant la Cour d'appel fédérale. Pendant ce temps, le FNJ en Israël continue d'accaparer des terres palestiniennes en Cisjordanie et de financer des projets liés à la violence des colons. Tout en continuant à lutter contre l'exploitation du secteur caritatif pour financer l'apartheid israélien, nous demandons au Canada d'aller au-delà de la révocation du statut et de sanctionner directement le FNJ en Israël.

Dans les prochains mois, le FNJ Canada aura la possibilité de céder à l'ARC ses actifs restants (évalués à environ 31 millions de dollars en 2023) ou de les donner à un autre organisme de bienfaisance agréé. Compte tenu de la conduite antérieure de la FNJ Canada et de la manière dont des organismes de bienfaisance similaires se sont départis de leurs actifs lorsque leur statut a été révoqué, il est possible qu'elle s'efforce de transférer ses fonds à une organisation qui se livre à des pratiques tout aussi préjudiciables à l'égard des Palestinien.ne.s – et il en reste encore beaucoup de ce type d'organisations actives au Canada.

Comme le détaille notre rapport le plus récent, co-publié par Just Peace Advocates et le Dr. Miles Howe, des millions de dollars des contribuables canadien.ne.s continuent de financer le nettoyage ethnique, l'occupation, l'apartheid et le génocide israéliens par le biais de dons « caritatifs ». Le Canada a clairement l'obligation légale, en vertu du droit international et ainsi que du droit interne Canadien, de mettre fin à cette complicité.

C'est pourquoi nous demandons à tous les Canadien.ne.s d'écrire dès maintenant à l'Agence du revenu du Canada, à la ministre du Revenu national, Marie-Claude Bibeau, et à d'autres député.e.s pour leur demander de suspendre immédiatement le statut d'organisme de bienfaisance des organisations qui se rendent complices de crimes de guerre et de crimes contre l'humanité, et de les poursuivre en justice en vertu du Code criminel.

Nous devons poursuivre notre lutte pour que, comme l'a déclaré la députée néo-démocrate Niki Ashton, pas un centime de l'argent des contribuables canadiens ne serve à financer un génocide.

Pas d'allègements fiscaux pour les crimes de guerre en Palestine !

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La violence à Montréal reflète celle de l’OTAN

3 décembre 2024, par Pierre Jasmin — , ,
Poilièvre a blâmé Trudeau d'avoir assisté à « un spectacle artistique de Taylor Swift pendant que Montréal brûlait » (sic). Par Pierre Jasmin, secrétaire des Artistes pour (…)

Poilièvre a blâmé Trudeau d'avoir assisté à « un spectacle artistique de Taylor Swift pendant que Montréal brûlait » (sic).

Par Pierre Jasmin, secrétaire des Artistes pour la Paix
et Izabella Marengo, participante le 24 novembre au Contre-sommet vs l'OTAN

MONTRÉAL BRÛLE-T-ELLE ?

La mairesse de Montréal Valérie Plante et son chef de police Fady Dagher ont très bien défendu le 25 novembre la réputation de leur ville en disant avoir contrôlé la violence en ciblant les casseurs qui « ont fait vendredi ce que font depuis toujours les casseurs, c'est-à-dire confisquer une autre cause ». Il s'agissait de la cause anti-OTAN chère à des protagonistes non-violents, tel Échec à la guerre qui était alors dans la rue.

La violence n'est pas que dans les hyperboles conservatrices lassantes, elle est surtout dans la répression absurde par notre classe politique et médiatique des références à la réalité d'un GÉNOCIDE, le plus monstrueux depuis l'Holocauste de la 2e Guerre mondiale ! Et c'est ce qui exaspère les pauvres Palestiniens et leurs alliés tel Haroun Bouazzi (i), qui doivent subir jour après jour cette énorme injustice tant gouvernementale que médiatique qui ose taire la mort de 55 000 de leurs compatriotes à 70% femmes et enfants, rappelons-le en cette Journée contre la violence faite aux femmes, par des machos fascistes armés ! Combien de temps encore nos médias vont tenter de cacher ce génocide perpétré à Gaza, débordant en Palestine et au Liban, exécuté par Tsahal aux ordres de Nétanyahou, surtout après sa dénonciation mondiale par la Cour Internationale de Justice de l'ONU (en janvier) et, enfin !, depuis jeudi, par sa Cour Pénale Internationale (ii) ?

NOTRE CONTRE-SOMMET AUX PROPOS BRÛLANTS DE VÉRITÉ

Comme l'a bien dit la coordonnatrice du Réseau pancanadien pour la Paix et la Justice Janine Solanki, venue de Vancouver pour animer avec Azza Rojbi le Contre-sommet vs l'Assemblée parlementaire de l'OTAN, avec son slogan reproduit sur plusieurs banderoles Non à l'OTAN, oui à la paix, que signifient les dérapages des Trudeau, Poilièvre et autres maquilleurs professionnels ? Ils sont un signe évident de leur désespoir à voir la réalité mondiale leur échapper complètement. En a fait foi la teneur des discours des deux principales oratrices du contre-sommet, Medea Benjamin et Sevim Dagdelen présentées ci-haut, qui ont de plus en plus l'écoute de l'ONU. Le professeur Jeffrey Sachs, qui dirige et enseigne à l'Institut de la Terre de l'université Columbia, est justement consultant spécial auprès du secrétaire général des Nations unies António Guterres. Ce dernier a pu constater à Bakou, avec la fin abrupte de la COP29 dans la nuit du 23 au 24 novembre, combien les pays de l'OTAN, si prêts à gaspiller des centaines de milliards de $ de plus dans leurs guerres en Ukraine et au service du criminel Nétanyahou, se voient condamnés par le Sud-Global entier (sans compter les autres pays du BRICS), pour leur avarice coupable dans un sommet qui a illustré la détérioration écologique du monde. Les Artistes pour la Paix souffrent avec les habitants menacés d'être engloutis par la montée des eaux ou d'être meurtris par des feux de forêts incontrôlables.

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Déclaration du contre-sommet anti-OTAN à Tio’tia :ke/Montréal – 24 novembre 2024

3 décembre 2024, par Artistes pour la paix — , ,
Nous nous engageons à rassembler d'autres Canadiens et Canadiennes partageant les mêmes objectifs de paix lors de piquets de grève, rassemblements, manifestations, campagnes (…)

Nous nous engageons à rassembler d'autres Canadiens et Canadiennes partageant les mêmes objectifs de paix lors de piquets de grève, rassemblements, manifestations, campagnes épistolaires et sur les médias sociaux, en activant un lobbying citoyen persistant auprès des députés/députées et lors d'élections pour que le gouvernement canadien se retire de l'OTAN et crée une nouvelle politique étrangère indépendante et pacifique pour le Canada.

Alors que :

• Le Canada est parmi les membres fondateurs de l'alliance militaire nommée l'Organisation du Traité de l'Atlantique Nord (OTAN) crée en 1949 ;

• l'OTAN est une alliance militaire offensive dominée par les États-Unis, qui empêche le Canada d'exercer sa souveraineté et le contrôle civil domestique de sa politique étrangère et de ses forces armées ;

• l'OTAN ne respecte pas respecté l'article 1 de sa charte « de régler tout différend international dans lequel elle pourrait être impliquée par des moyens pacifiques de telle manière que la paix et la sécurité internationales ne soient pas mises en danger » ;

• l'OTAN a lancé des interventions illégales – sans rendre de comptes – contre la Yougoslavie en 1999, l'Afghanistan en 2001 et la Libye en 2011, qui ont toutes provoqué des morts massives de civils, la destruction d'infrastructures, une crise de personnes réfugiées sans précédent dans l'histoire de l'humanité et une dégradation de l'environnement naturel, avec des mines terrestres, de l'uranium appauvri et des armes à sous-munitions ;

• l'OTAN et ses pays membres ont provoqué le conflit actuel en Ukraine

a) en s'étendant sur 800 km vers l'est en direction de la Russie, malgré les promesses contraires faites à M. Gorbatchev lors de la chute du mur de Berlin ;

b) en soutenant à Kyiv la junte Banderite installée par un coup d'État inspiré par les États-Unis en 2014 contre le gouvernement démocratiquement élu Ianoukovitch ;

c) en armant au mépris de l'ONU et des Traités de Minsk le gouvernement putschiste dans sa guerre contre la région russophone du Donbass ;

d) en sollicitant activement l'adhésion à l'OTAN de l'État ukrainien auparavant neutre ;

• l'OTAN s'est constamment opposée aux luttes de libération nationale de l'après Seconde Guerre mondiale, entre autres, dans les pays du Sud et aide. L'Alliance contribue actuellement au génocide à Gaza par Israël, partenaire stratégique de l'OTAN ;

• l'OTAN a au Canada terrorisé les Innus du Labrador-Nitassinan pendant un demi siècle (1955 – 2005) avec ses vols d'entraînement de chasseurs à réaction à basse altitude pour lesquels la Nation Innue a été impactée mais n'a jamais été rémunérée ;

• selon le rapport sur les dépenses de défense de l'OTAN, les dépenses militaires du Canada sont passées de $ 20 milliards en 2014 à $41 milliards en 2024 (et, selon le directeur parlementaire du budget, devraient doubler d'ici 2032), ce qui détournerait le financement des programmes sociaux et de l'action climatique (COP29, GIECC...) ;

• tout au long de l'année, l'OTAN participe à des exercices-opérations impliquant des dizaines de milliers de soldats, de véhicules, de frégates, de porte-avions et d'avions
supersoniques ayant un fort impact négatif sur le climat et l'environnement ;

• l'OTAN s'appuie sur la doctrine dangereuse MAD-Mutual Assured Destruction, sans
remettre en question un premier recours à l'arme nucléaire (alors que la Chine et d'autres pays l'ont exclu) ;

• les 32 pays adhérents de l'OTAN, dont le Canada, ont refusé, par complicité militariste, d'adhérer au Traité sur l'Interdiction des Armes Nucléaires ratifié par 73 pays de l'ONU et signé par 50 autres (ICAN.org) ;

• le Canada dirige la présence avancée renforcée de l'OTAN, un groupement tactique sis en Lettonie qui envenime le conflit avec la Russie, et maintient aussi une flotte de chasseurs à réaction en Roumanie ;

Nous, participants au Contre-Sommet à Montréal le 24 novembre 2024, appelons le gouvernement Trudeau du Canada à :

1- se retirer de l'OTAN et d'exercer une politique étrangère qui mette de l'avant la paix, le désarmement et la solidarité internationale ;

2- cesser d'alimenter la guerre en Ukraine et rechercher plutôt une fin négociée au conflit ;

3- réduire drastiquement les dépenses militaires en rejetant les 2% du PIB prescrits par l'OTAN et en consacrant les milliards économisés aux programmes sociaux et environnementaux, ainsi qu'à la réconciliation avec les peuples autochtones ;

4- mener des consultations publiques sur une nouvelle politique étrangère post adhésion à l'OTAN, qui soit non pas basée sur le rôle traditionnel du Canada de soutenir l'expansion des empires britannique et américain, mais plutôt sur la paix, la justice climatique, le désarmement et la coopération internationale ;

5- cesser tout soutien à la politique génocidaire d'Israël à Gaza, ainsi qu'aux agressions de Tsahal au Liban et en d'autres pays d'Asie occidentale en :

a) suspendant immédiatement toutes les relations diplomatiques et commerciales avec Israël jusqu'à ce qu'Israël reconnaisse l'État palestinien avec ses pleins droits ;

b) appuyant la cause de l'Afrique du Sud à la Cour Internationale de Justice - ONU en respectant les ordonnances et les lois en force qui interdisent le soutien au génocide ;

c) supprimant le statut d'organisme de bienfaisance des organismes canadiens qui collectent des fonds pour l'État d'Israël par l'application des lois actuelles ;

d) appliquant strictement le Traité de Commerce des Armes de l'ONU qui lie 130 États, par un embargo bidirectionnel total sur les armes d'Israël ;

e) soutenant les résolutions pro-palestiniennes à l'Assemblée générale des Nations Unies ;

f) et en fermant le bureau de Québec à Tel-Aviv ;

6- retirer les troupes canadiennes de la Lettonie et les chasseurs à réaction de Roumanie ;

7- signer et ratifier le Traité sur l'Interdiction des Armes Nucléaires (UNIDIR-ONU) et faire pression sur d'autres puissances pour le désarmement.

Nous nous engageons à rassembler d'autres Canadiens et Canadiennes partageant les mêmes objectifs de paix lors de piquets de grève, rassemblements, manifestations, campagnes épistolaires et sur les médias sociaux, en activant un lobbying citoyen persistant auprès des députés/députées et lors d'élections pour que le gouvernement canadien se retire de l'OTAN et crée une nouvelle politique étrangère indépendante et pacifique pour le Canada.

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La Marche Mondiale des Femmes : une force féministe pour transformer le monde !

3 décembre 2024, par Secrétariat international de la Marche mondiale des femmes. — ,
En 2023, nous avons célébré le 25ème anniversaire de la première Rencontre Internationale de la Marche mondiale des femmes, notre mouvement d'action féministe qui a vu le jour (…)

En 2023, nous avons célébré le 25ème anniversaire de la première Rencontre Internationale de la Marche mondiale des femmes, notre mouvement d'action féministe qui a vu le jour en octobre 1998 à Montréal, au Québec. Nous sommes devenues un mouvement social international-féministe, anticapitaliste et anti-impérialiste enraciné dans les luttes et contextes locaux, lié à la lutte des classes. Nous sommes aujourd'hui organisées en coordinations nationales dans 61 pays.

Tiré du site de la Marche mondiale des femmes

Nos valeurs et actions visent un changement politique, économique et social pour une transformation radicale du monde. Ces valeurs sont axées sur la mondialisation de la solidarité, l'égalité entre les femmes et les hommes, entre les femmes elles-mêmes et entre les peuples, le respect et la reconnaissance de la diversité entre les femmes et la force des alliances entre les femmes et avec d'autres mouvements sociaux progressistes.

Aujourd'hui, l'avancée de nouvelles formes de colonialisme, de racisme, de misogynie, d'accumulation par dépossession et les impacts du changement climatique nous obligent à développer de nouvelles formes de résistance et à forger des alternatives en mesure de soutenir les luttes des femmes et les possibilités de solutions transformatrices.

Lors de la 13ème Rencontre Internationale en 2023, quatre domaines d'action ont émergé, inspirés par les luttes locales des femmes, autour desquels la MMF entend approfondir son analyse et renforcer son action jusqu'en 2025 :

*La défense des biens communs contre les entreprises transnationales

*L'économie féministe basée sur la viabilité de la vie et la souveraineté alimentaire

*L'autonomie au regard du corps et de la sexualité

*La paix et la démilitarisation

Nous œuvrons pour renforcer l'analyse, les pratiques et les secteurs du mouvement féministe en vue d'un changement structurel, de l'égalité et de l'autonomie réelles de toutes les femmes.

Tous les cinq ans, une action internationale de la Marche mondiale des femmes nous appelle et nous mobilise toutes, reliant nos processus d'organisation et nos luttes au niveau local à la force mondiale du féminisme en mouvement.

Les actions internationales sont des moments de construction et d'expression de notre synthèse politique, lorsque nous présentons nos dénonciations et nos propositions articulées aux niveaux local, régional et international. Notre résistance avance avec nos propositions et nos pratiques de construction de la force, d'auto-organisation des femmes, du féminisme comme axe d'alternatives systémiques.

En 2025, du 8 mars au 17 octobre, nous marcherons dans le monde entier contre les guerres et le capitalisme et pour le « buen-vivir » et la souveraineté de nos corps et de nos territoires.

La 6ème Action Internationale débutera au Sahara Occidental le 8 mars avec des marches et des actions simultanées dans le monde entier et se terminera par un rassemblement international au Népal le 17 octobre.

Nous lions notre lutte contre les sociétés transnationales à la lutte pour la justice sociale en organisant une semaine, laquelle débutera le 24 avril, lors de la journée de solidarité féministe contre les sociétés transnationales, et s'achèvera le 1er mai.

Rejoignez la Marche mondiale des femmes

Vous êtes un groupe de femmes ou un comité de femmes dans un groupe mixte et souhaitez rejoindre à la Marche mondiale des femmes ? Vous pouvez contacter le

Secrétariat international de la Marche mondiale des femmes.

Kızılırmak Cad. No:13/8 Kavaklıdere 06420 – Ankara – Turquie
Tél : +90 533 138 60 73
Courriel : info@marchemondiale.org
Site Web : www.marchemondiale.org

NOUS RÉSISTONS POUR VIVRE, NOUS MARCHONS POUR TRANSFORMER !

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Antiféminisme, ou la chasse aux sorcières

3 décembre 2024, par Lina Al khatib — , ,
La diffusion du documentaire ALPHAS sur Télé-Québec, combinée à la conférence de l'UPOP sur l'antiféminisme et le masculinisme, met en lumière un phénomène sociétal préoccupant (…)

La diffusion du documentaire ALPHAS sur Télé-Québec, combinée à la conférence de l'UPOP sur l'antiféminisme et le masculinisme, met en lumière un phénomène sociétal préoccupant : la résurgence d'un discours antiféministe dans l'espace public québécois. Ce retour du bâton contre les avancées féministes ne se limite pas au Québec, mais semble s'inscrire dans une dynamique mondiale.

Tiré de Journal des Alternatives
https://alter.quebec/antifeminisme-ou-la-chasse-aux-sorcieres/?utm_source=Cyberimpact&utm_medium=email&utm_campaign=JdA-PA-2024-11-27

Par Lina Al Khatib -21 novembre 2024

Photo :Manifestation du 8 mars 2020 à Paris lors de la Journée internationale des droits des femmes (CC BY 2.0 par Jeanne Menjoulet)

Doit-on normaliser l'antiféminisme ?

Le visionnement d'ALPHAS témoigne le réveil d'une bête longtemps restée en sommeil. Ce documentaire aurait presque mérité d'être diffusé en noir et blanc, tant il fait écho à des débats d'un autre âge. Je suis stupéfaite de constater, en 2024, la résurgence d'un débat public qui semble tout droit sorti d'un livre d'histoire. Aussi hallucinant que cela puisse paraître, certains hommes continuent de promouvoir des rôles genrés stricts, où l'homme est cantonné à celui de « provider » (pourvoyeur) et la femme à celui de « nurturer » (nourricière). Simon Coutu a fait preuve d'un grand sang-froid face à des individus qui veulent éduquer une future génération d'hommes qui écraseront les femmes de tout genre.

Au nom de la liberté d'expression, doit-on normaliser un discours dégradant et misogyne ? La question a été ressassée sur les divers plateaux télés ces dernières semaines. La réponse est pourtant claire : non. Alors que les hommes traversent ce que le professeur Francis Dupuis-Déri qualifie de « crise de la masculinité », la légitimation de l'antiféminisme dans l'espace public constitue un danger croissant. Ce discours, sous couvert de liberté, menace les progrès réalisés en matière d'égalité des genres et risque de nourrir davantage les tensions sociales. Le documentaire le montre bien : ces pseudo-influenceurs ont déjà touché une partie de la jeune génération d'hommes, en quête de projet personnel. Il est temps de renvoyer ces hommes-là où ils doivent rester : la salle de sport.

Antiféminisme, synonyme de conservatisme ?

Coïncidence, le sujet de la conférence UPOP du 13 novembre dernier était « Antiféminisme et masculinisme : Anatomie d'une idéologie ». La rencontre entre la rhétorique populaire et académique s'inscrit dans un panorama d'avis diversifiés qui reflètent la complexité de cet enjeu contemporain. À UPOP, Diane Lamoureux a mis un point d'honneur à définir l'antiféminisme et le masculinisme. La professeure émérite de l'Université de Laval conçoit l'antiféminisme comme une opposition au féminisme et à ses objectifs de transformation des rapports sociaux. Le mouvement a pris ses racines dans les idéologies misogyne (mépris ou haine des femmes, souvent confondues avec l'antiféminisme) et sexiste (système sociétal structurant les inégalités entre hommes et femmes).

Pour Diane Lamoureux, la tuerie de Polytechnique en 1989 constitue un tournant marquant dans l'histoire de l'antiféminisme au Québec. Cet acte de violence a exposé la virulence des discours antiféministes. Pourtant, la reconnaissance publique de cet événement comme un acte antiféministe a été longue et difficile, illustrant la réticence à aborder de front la violence inhérente à l'antiféminisme.

L'antiféminisme s'inscrit naturellement dans le cadre du discours conservateur. Diane Lamoureux propose une analyse des caractéristiques fondamentales du conservatisme, mettant en lumière les liens étroits entre ces deux courants. Le conservatisme repose sur des principes tels que la valorisation des hiérarchies sociales, la méfiance envers les transformations rapides et une forte adhésion aux traditions. Il s'oppose à l'individualisme, privilégie une liberté encadrée par des normes morales, et accorde une importance centrale à la propriété privée.

Mais ce qui rattache fondamentalement les deux courants, c'est leur vénération du modèle familial traditionnel. Ce lien, mis en évidence par Diane Lamoureux, explique à la fois le combat mené contre l'avortement et l'opposition aux unions homosexuelles sur les deux fronts. Alors que le monde change et évolue vers une reconnaissance accrue des diversités familiales et des droits individuels, les antiféministes et les conservateurs s'accrochent à une nostalgie idéalisée d'un passé où les rôles genrés étaient rigides et incontestés.

Un phénomène international ?

Qu'en est-il du reste du monde ? La haine des féministes est-elle aussi présente ? Il serait pertinent d'effectuer un parallèle entre le conservatisme, qui nourrit les discours antiféministes, et l'autoritarisme qui impose sa vision masculiniste rigide. Tandis que le conservatisme véhicule des valeurs traditionnelles, l'autoritarisme agit de manière coercitive pour légitimer un contrôle accru sur les femmes. On pourrait presque dire qu'il en est le grand frère dans ce sens, amplifiant et imposant, par la force ou la contrainte, les principes que le conservatisme diffuse de manière plus insidieuse.

Le paysage international est inquiétant, entre Milei en Argentine qui affiche publiquement ses positions anti-avortement, les talibans qui interdisent les femmes de parler entre elles et l'Iran qui continue d'emprisonner les femmes au nom des mœurs. Le degré d'autoritarisme peut varier, mais le constat est universel : les femmes sont systématiquement les premières victimes des régimes autoritaires. Des exemples de répression féminine, je pourrais en citer plein. Mais le fondement même de ces politiques autoritaires découle de l'absence des femmes dans la sphère politique. Cette exclusion favorise un monopole masculin des décisions, où les droits des femmes ne sont ni représentés ni défendus. Au 1er octobre 2024, seulement 30 femmes occupaient le poste de cheffe d'État ou de gouvernement dans 29 pays, soit une proportion de 15,5 % des 193 États membres des Nations Unies

Les femmes sont alors perdantes dans les deux hémisphères. Au Nord, elle est confrontée à la montée de politiciens extrémistes qui exploitent sa dévalorisation pour mobiliser un électorat conservateur et populiste. Au Sud, ses droits fondamentaux sont constamment remis en question, oscillant au gré des régimes autoritaires qui jouent au yoyo avec des acquis essentiels. Dans les deux cas, elle devient l'otage de systèmes qui capitalisent sur leur marginalisation pour renforcer leurs idéologies et asseoir leur pouvoir.

Bien que la diffusion d'ALPHAS ait rouvert des blessures profondes, je garde l'espoir de voir émerger une prise de conscience collective. Ce documentaire, en mettant en lumière des réalités souvent ignorées ou minimisées, a le potentiel de provoquer un électrochoc et d'inciter chacun à réfléchir aux implications des discours misogynes et des dynamiques de pouvoir inégalitaires. C'est dans ces moments d'inconfort que naissent les transformations les plus profondes.

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Ni en ligne, Ni hors ligne, luttons contre les cyberviolences genrées

3 décembre 2024, par Fédération des femmes du Québec — , ,
Les cyberviolences genrées constituent un fléau discret, mais pernicieux, touchant les femmes, les personnes 2ELGBTQI+, les femmes voilées et les femmes en situation de (…)

Les cyberviolences genrées constituent un fléau discret, mais pernicieux, touchant les femmes, les personnes 2ELGBTQI+, les femmes voilées et les femmes en situation de handicap, dans tous les aspects de leur vie quotidienne.

Avec l'essor massif du numérique, ces violences se multiplient et prennent des formes variées, se manifestant dans les espaces publics virtuels tels que les réseaux sociaux, les jeux en ligne et les forums, ainsi qu'au sein d'échanges privés.

Pourquoi maintenant ?

Les cinq dernières années ont vu une augmentation alarmante des cyberviolences basées sur le genre, exacerbée par plusieurs facteurs clés :

Prolifération d'espaces numériques non régulés : Les plateformes en ligne, sans régulations adéquates, permettent à la violence de se propager librement. Entre 2016 et 2020, les discours racistes, sexistes et intolérants sur les plateformes en ligne ont augmenté de 600 % au Canada, ce qui démontre une dérive inquiétante des espaces numériques.
YWCA Canada (2022), Bloquons La Haine : Rapport national

Lois insuffisantes et inadaptées :

Les lois encadrant les cyberviolences sont souvent insuffisantes et mal adaptées aux défis de l'ère numérique. De plus, leur mise en œuvre est souvent inadéquate en raison d'un manque de formation et de sensibilisation des acteurs du système judiciaire, qui ne prennent pas toujours ces violences au sérieux.

Ce déficit de réaction, combiné à d'autres failles dans le système de justice, crée un climat d'impunité, où les cyberviolences sont banalisées et se multiplient sans conséquences. Ainsi, une normalisation de ces comportements violents s'installe aggravant la situation.

Statistiques : l'ampleur des cyberviolences genrées

Les chiffres suivants illustrent l'ampleur des cyberviolences basées sur le genre et leur impact disproportionné sur les femmes et les personnes issues de diverses identités de genre, en particulier celles confrontées à des discriminations croisées :

60 % des jeunes femmes et des personnes de diverses identités de genre au Canada sont victimes de haine en ligne au moins une fois par mois, et certaines y font face quotidiennement. Cette réalité est également observée à l'échelle mondiale, avec des conséquences psychologiques graves pour les victimes. – YWCA Canada (2022), Bloquons La Haine : Rapport national

Entre 74 % et 80 % des victimes de harcèlement criminel en ligne, ainsi que 71 % à 91 % des victimes de publication non consensuelle d'images intimes, sont des femmes. Ces chiffres montrent l'ampleur du problème, particulièrement pour les femmes dans le cyberespace. – Conseil du statut de la femme (2022). L'hostilité en ligne envers les femmes.

En outre, les groupes les plus vulnérables à ces violences sont souvent ceux à l'intersection de plusieurs formes de marginalisations, comme les femmes racisées, les personnes 2ELGBTQI+, les personnes en situation de handicap et les minorités religieuses.

Par exemple, selon le Rapport National intitulé Bloquons La Haine de YWCA Canada publié en 2022 :

Les personnes racisées au Canada sont trois fois plus susceptibles d'être victimes de haine en ligne que leurs homologues non racisés.

Les jeunes en situation de handicap sont 70 % plus susceptibles d'être victimes de haine en ligne, tandis que les jeunes des communautés 2SLGBTQIA+ et autochtones sont environ 60 % plus susceptibles d'être ciblés.

Les impacts de la cyberviolence

Les cyberviolences ont des conséquences profondes, souvent invisibles, qui affectent le bien-être psychologique et social des victimes, ainsi que leur liberté d'expression :

Isolement social :
La peur d'autres agressions incite les victimes à se retirer des espaces numériques. 41 % des femmes de 15 à 29 ans aux États-Unis s'autocensurent pour éviter le harcèlement en ligne, limitant ainsi leur capacité à s'exprimer librement. Conseil du statut de la femme (2022). L'hostilité en ligne envers les femmes

Détresse psychologique :
La peur constante et le harcèlement en ligne conduisent à des troubles tels que l'anxiété, des troubles du sommeil, une perte de confiance en soi et un sentiment général d'impuissance. Les victimes au Québec rapportent également une détérioration de leurs relations sociales et une atteinte à leur réputation, dont la réparation est difficile en raison de la durabilité des contenus dans le cyberespace.
Ministère de la Famille et Ministère de la Sécurité publique, 2015

Réduction de la participation publique :
De nombreuses femmes et minorités de genre se limitent dans leur engagement en ligne de peur des attaques, ce qui aggrave le déficit de diversité et d'inclusivité dans les débats publics.
Conseil du statut de la femme (2022). L'hostilité en ligne envers les femmes

En refusant d'agir, nous normalisons

L'inaction face aux cyberviolences crée une normalisation de comportements dangereux et destructeurs dans l'espace numérique. En refusant d'agir, nous permettons :

Le harcèlement systémique :
Le manque de régulation et de mesures dissuasives permet à ces comportements de se multiplier sans conséquences.

La prolifération de discours sexistes et haineux :
La tolérance de ces discours détruit l'espace public numérique, le rendant hostile et dangereux pour de nombreuses personnes.

Le contrôle numérique dans la sphère privée :
Les violences en ligne s'infiltrent également dans la sphère privée, devenant un outil d'oppression.

Un système défaillant

Les législations actuelles sur les cyberviolences sont inadaptées et les structures de soutien sont souvent insuffisantes pour répondre efficacement aux besoins des victimes. L'absence de mesures dissuasives et le manque de sensibilisation dans le système judiciaire créent un climat d'impunité qui encourage la multiplication des agressions.

Les données des corps policiers, recueillies entre 2015 et 2020, montrent qu'une majorité des personnes présumées auteures des infractions commises envers des femmes sont de sexe masculin. Cette proportion atteint jusqu'à 85 % pour les infractions liées à la publication non consensuelle d'images intimes et au harcèlement criminel.
Conseil du statut de la femme (2022). L'hostilité en ligne envers les femmes

Un appel à l'action pour les 12 jours d'action

Cette campagne vise à informer le public sur les différentes formes de cyberviolences genrées, à encourager des actions collectives pour contrer ces violences et soutenir les personnes touchées, promouvoir les initiatives des différentes organisations de l'écosystème à travers un calendrier centralisé afin de lutter efficacement contre ces violences en ligne.

Ensemble, nous pouvons faire la différence.

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Le ministère de la Santé et des Services sociaux ne reconnait pas le travail des centres de femmes en violence

3 décembre 2024, par L'R des centres de femmes du Québec — , ,
Le printemps dernier, un appel de projets a été lancé pour mieux répondre aux besoins des victimes et des auteurs de violence sexuelle et conjugale. L'occasion aurait été (…)

Le printemps dernier, un appel de projets a été lancé pour mieux répondre aux besoins des victimes et des auteurs de violence sexuelle et conjugale. L'occasion aurait été excellente pour soutenir le travail des centres de femmes en violence. Pourtant, sur l'ensemble des projets déposés, tous ceux des centres de femmes ont été refusés !

Une gestion budgétaire déficiente et excluant les centres de femmes

Les annonces des refus soulignaient que, si tous les projets déposés avaient été acceptés par l'ensemble des organismes œuvrant ou non en violence, une dépense de 104 M$ aurait été nécessaire, or il n'y avait que 18 M$ de disponible. Bien que le site annonce une dépense de 13 635 667 $ pour l'ensemble des projets retenus. Qu'en est-il du 4 364 333 M$ restant ?

L'apport des centres de femmes du Québec en violence

Les centres de femmes œuvrent en violence depuis plus de 40 ans, voire 50 ans pour certains d'entre eux. Ils sont parmi les ressources que les femmes fréquentent lorsqu'elles se sentent prises par des évènements de leur vie, afin de l'améliorer. Dont les violences faites aux femmes.

La beauté de ces ressources, c'est que personne ne peut savoir pourquoi une femme va dans un centre de femmes. Elle peut y aller pour boire un café, avoir du soutien pour ses démarches d'emploi, parler de ses petits-enfants, de ses parents vieillissants. Elle peut y aller aussi pour partager ses idées pour changer le monde et s'impliquer dans une action collective pour défendre ses droits.

Les femmes fréquentent leur centre de femmes aussi parce que parfois, elles vivent des violences

Si la violence qu'une femme vit est conjugale et qu'il n'est pas dans ses choix de quitter son domicile, le centre de femmes peut la soutenir. Elle y trouvera d'autres femmes pour en parler, des ateliers pour améliorer son estime de soi, des intervenantes pour faire un plan avec elle et pour assurer sa sécurité si la violence s'exacerbe. Notre intervention est féministe et intersectionnelle ; on s'adapte aux réalités des femmes.

Masculinistes et féminicides en expansion au Québec

À l'heure où les féminicides se multiplient et où les discours haineux des masculinistes prennent de plus en plus de place dans l'espace public, il semble inapproprié de faire de telles coupures sur la base d'une méconnaissance du travail des centres de femmes en violence. Ce sont les femmes qui en paieront le prix !

Les 12 jours d'action contre les violences faites aux femmes

En ces 12 jours d'action contre les violences faites aux femmes, L'R des centres de femmes du Québec veut porter à l'attention du ministre responsable des Services sociaux, M. Carmant, et de la ministre responsable de la Condition féminine, Mme Biron, que les centres de femmes, dans leur mission de redonner du pouvoir à celles-ci, travaillent nécessairement en violence. Une reconnaissance financière en ce sens est attendue !

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Pierre Poilievre, l’ami des travailleuses et des travailleurs ? L’épreuve des faits

3 décembre 2024, par Institut de recherche et d'informations socio-économiques (IRIS) — , ,
Ce texte est tiré du Monde ouvrier, journal de la FTQ, dont le dossier du numéro d'hiver 2025 porte sur les élections fédérales à venir. Il s'agit d'une étude de l'IRIS portant (…)

Ce texte est tiré du Monde ouvrier, journal de la FTQ, dont le dossier du numéro d'hiver 2025 porte sur les élections fédérales à venir. Il s'agit d'une étude de l'IRIS portant sur les rapports du parti de Pierre Polièvre au mouvement ouvrier et à la classe elle-même.

Tiré du Monde ouvrier numéro 149 hiver 2025.

Pierre Poilièvre se présente régulièrement comme le défenseur de la classe ouvrière face à des élites libérales déconnectées – un classique du programme populiste, stratégiquement mobilisé à droite.

Le Congrès du travail du Canada (CTC), auquel est affiliée la FTQ, a de son côté dénoncé la « fraude » aux travailleuses et travailleurs que constitue Pierre Poilievre. Ses pratiques politiques parlent pour lui.

Le chef conservateur défend-il vraiment les intérêts des travailleuses et travailleurs ? Une analyse de la plateforme politique du Parti conservateur du Canada (PCC), adoptée en septembre 2023, illustre les risques réels que celle-ci pose pour les intérêts socioéconomiques des travailleuses et travailleurs canadiens et pour la liberté syndicale.

La compétence est partagée entre Québec et Ottawa en matière de droit du travail. Le Parlement du Canada légifère sur les relations de travail dans les secteurs d'activité qui relèvent de sa compétence, soit les banques, les entreprises de transport maritime et aérien, les entreprises de radiodiffusion et de télédiffusion comme Radio-Canada, mais aussi la plupart des sociétés d'État fédérales ainsi que les ministères et autres organismes du gouvernement fédéral.

Le PCC face aux droits du travail

La plateforme politique du PCC insiste sur la protection des libertés individuelles avant tout ; cela fait craindre que les droits et libertés collectives en ressortent érodés.

Les conservateurs proposent de rendre l'adhésion syndicale facultative, remettant ainsi en question la formule Rand, qui garantit le paiement obligatoire des cotisations syndicales pour toutes les personnes salariées d'une unité de négociation. Cette mesure pourrait affaiblir les syndicats, limitant leur capacité à défendre efficacement les membres et menant potentiellement à des conditions de travail défavorables.

Le PCC insiste aussi sur « l'obligation des syndicats de […] ne pas sanctionner les travailleurs qui ne participeraient pas ». Pourtant, légalement, les travailleuses et les travailleurs sont déjà libres de participer ou non aux activités licites de leur syndicat. Cette formule mystérieuse reviendrait-elle, par exemple, à reconnaître à des travailleuses et travailleurs le droit de ne pas participer aux grèves votées ? Ou cela signifie t-il que le PCC pourrait bloquer ou réviser la très récente loi contre les briseurs de grève ? C'est à suivre.

Sans surprise, en matière d'emploi, le PCC souhaite faciliter le cumul emploi-retraite pour les plus de 65 ans par la mise en place d'incitatifs fiscaux. Au Québec, une idée similaire a la faveur de la CAQ. Or, selon toute vraisemblance économique, cette liberté nouvelle devrait contribuer à l'appauvrissement des aînés comme cela se produit dans l'Union européenne (UE), où des législations similaires ont été adoptées. Le taux de pauvreté des personnes retraitées y est en constante hausse (de 12 % en 2014 à plus de 16 % en 2022, pour toute l'UE).

La liberté économique contre la protection sociale

Les autres propositions de Poilièvre se résument à une défense classique de la liberté économique individuelle, à un soutien au secteur privé et à la libre compétition économique, et plus généralement à une réduction drastique des services publics. Le PCC s'en dit « convaincu » : « un dollar dans la main d'un citoyen canadien vaut mieux qu'un dollar dans la main d'une bureaucratie gouvernementale. […] la réduction des impôts et de l'ingérence de l'État dans l'économie se traduira par une augmentation du pouvoir d'achat des Canadiens […] ».

Les prochaines élections fédérales peuvent avoir lieu à tout moment, au plus tard en octobre 2025. « Si la tendance se maintient », Pierre Poilièvre pourrait former un gouvernement majoritaire en 2025. Au regard des enjeux profonds qui traversent le monde du travail – crise environnementale, crise de sens du travail et pénuries de maind'oeuvre –, il s'agit d'un programme au mieux limité, au pire inquiétant, aligné sur la politique antisyndicale de son prédécesseur, Stephen Harper.

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Santé Québec : un chaos annoncé

3 décembre 2024, par Confédération des syndicats nationaux (CSN) — , ,
Centralisation, privatisation, austérité… voilà les ingrédients d'un vieux remède maintes fois servi au réseau public et n'ayant jamais amélioré son état ! À quelques jours (…)

Centralisation, privatisation, austérité… voilà les ingrédients d'un vieux remède maintes fois servi au réseau public et n'ayant jamais amélioré son état !

À quelques jours du 1er décembre, date à laquelle Santé Québec deviendra l'employeur unique des salarié-es du réseau public de la santé et des services sociaux, la Confédération des syndicats nationaux (CSN) constate que la naissance de l'agence de gestion s'accompagne d'un nuage d'incertitude, d'improvisation… et de coupes budgétaires imposées par le gouvernement.

« Il n'y a personne, que ce soit parmi le personnel, les organismes communautaires, les chercheurs ou les représentants des patients, qui croit vraiment que cette réforme-là va améliorer les services ou le réseau », explique la présidente de la CSN, Caroline Senneville. « Les Québécoises et les Québécois non plus ne le pensent pas, en grande majorité. Cette réforme, comme celles qui l'ont précédée, c'est plus de centralisation et plus de privatisation. La CAQ ne fait que répéter les erreurs du passé. »

De plus, le tout se déroule alors que le gouvernement impose une cure d'austérité aux soins de santé et aux services sociaux. Sans aucune transparence, des objectifs de coupes totalisant au moins 1,5 milliard $ ont déjà été identifiés.

Comme les autres réformes hyper centralisatrices imposées ces 20 dernières années, celle-ci s'accompagne d'une ronde de compressions budgétaires, avec pour conséquence assurée un secteur public encore plus mal en point. Par le fait même, le privé poursuivra son essor pour occuper l'espace laissé vacant par le secteur public.

Centralisation, privatisation, austérité… voilà les ingrédients d'un vieux remède maintes fois servi au réseau public et n'ayant jamais amélioré son état !

Des choix politiques de la CAQ

Dès lundi, Santé Québec devra jongler avec les nombreux cadeaux empoisonnés que lui lègue le gouvernement. Des commandes d'austérité aux retards de paiements de l'équité salariale en passant par le gel d'embauche, c'est bien le gouvernement de la CAQ qui a fait tous ces choix politiques. Pour la CSN, agence ou pas, le gouvernement devra répondre de ses choix.

« Depuis que le ministre a annoncé sa réforme centralisatrice, nous avons soulevé les problèmes qui nous attendent et nous avons des pistes de solutions. Or, le ministre fonce sans nous écouter et sans nous parler, déplore le président de la Fédération de la santé et des services sociaux, Réjean Leclerc. Présentement, Santé Québec nage dans l'improvisation complète et l'employeur n'a pas de réponse à nos questions. Il y a 350 000 personnes qui se demandent ce qui va changer ou pas pour elles à compter de lundi et elles n'ont aucune réponse. Leurs gestionnaires eux-mêmes n'en savent souvent rien. C'est inadmissible. »

Responsabilité gouvernementale

« Le gouvernement joue un jeu dangereux », renchérit la vice-présidente de la Fédération des professionnèles, Jessica Goldschleger. « Notre réseau public de la santé et des services sociaux n'est pas un jouet qu'on peut s'amuser à démolir et à rebâtir. Les conséquences de cette improvisation peuvent être désastreuses, non seulement sur le plan financier, mais également sur le plan humain. Le gouvernement aura beau tenter de refiler la responsabilité de cet échec aux dirigeants de Santé Québec, le personnel du réseau et la population québécoise ne sont pas dupes. Nous savons très bien que c'est lui qui en est véritablement responsable. »

Pour un réseau vraiment public

Rappelons que la CSN propose un plan d'urgence pour stopper l'hémorragie vers le privé :

en mettant fin à l'exode des médecins vers le secteur privé ;

en cessant d'octroyer des permis de cliniques privées à but lucratif ;

en décrétant un moratoire sur tous les projets de privatisation du travail et des tâches effectués par le personnel du réseau public.

« À la CSN, nous continuerons de travailler sans relâche pour assurer des emplois et des services de qualité dans le secteur public », conclut Caroline Senneville. « Pour nous, c'est très clair : Pas de profit sur la maladie ! »

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Désespérances d’idéaux déchus

3 décembre 2024, par Pierre Jasmin — , ,
La Mère Courage du film étreignant son fils cadet, croyant lui épargner le sort de ses aînés Meryam Joobeur nous offre un long métrage de 118 minutes d'une très grande (…)

La Mère Courage du film étreignant son fils cadet, croyant lui épargner le sort de ses aînés Meryam Joobeur nous offre un long métrage de 118 minutes d'une très grande intensité dramatique dont on se remettra à grand peine, surtout dans cette ère trumpienne de génocide palestinien.

Par Pierre Jasmin, artiste pour la paix

Nos idéaux battus en brèche par le capitalisme décadent triomphant dans les laideurs télévisuelles de héros violeurs nous font revivre une chute abrupte d'idéaux tellement forte qu'elle me ramène à un monde théâtral auquel j'avais collaboré à Vienne, un mois avant mon année à Moscou en 1978 : je contribuai alors à la pièce Grandeur et décadence de Mahagonny de Kurt Weil et Bertold Brecht, qui préfigurait à sa première en 1930 l'arrivée obscène du nazisme.

Grâce à l'art exigeant et poétique de la fabuleuse réalisatrice tunisienne établie à Montréal, Là d'où l'on vient raconte un retour d'idéal déchu, qu'on devine être le Djihad islamique entrepris par deux frères, dont le désespoir si noir ne saurait être accablé davantage par quelque jugement que ce soit : se dégage, en un enchaînement de dérapages, le rachat entrevu de leurs âmes pourtant alourdies de meurtres, cette fois à la manière de Robert Bresson.

Les images magnifiquement cadrées avec d'innombrables gros plans, dans des paysages de prairies et de bords de mer tunisiens hantés par des comédiens dévorés par leurs personnages, nous plongent dans le sujet éternel de la dévastation guerrière, rarement aussi magistralement exploitée, y compris par une musique lancinante, mais pas par des violences de champs de bataille. Madame Joobeur porte son regard aiguisé sur les hommes intérieurement déchirés.

La grande majorité de nos politiciens jugent les immigrants avec arrogance, morgue et insensibilité, les envisageant au mieux comme des contributeurs à la petite économie commerciale. Quant à leur passé, on préfère ignorer leurs parcours parsemés d'embûches, que le film Io, Capitano avait choisi d'illustrer d'une façon épique avec deux acteurs flamboyants. Tout le contraire dans ce film humble où les acteurs quoiqu'éteints réussissent inexplicablement à faire vivre ce nouvel exemple magique de l'art cinématographique féminin : on pense à Mariloup Wolfe dans Jouliks, à Barbeau-Lavalette dans Chien blanc, à Maryse Legagneur dans Le dernier repas ou au tandem Danielle Trottier-Fabienne Larouche dans Cœur battant pour leurs explorations implosives de l'intimité, ici le huis-clos implacable de réfugiés dans leur propre pays, prostrés dans la désillusion de retour d'un exil qu'on devine entrepris par l'illusion d'une croisade religieuse genre Daesh.

Mais la réalisatrice ne porte jamais de jugement, elle se contente de témoigner des douloureux ravages d'un milieu d'extrême-pauvreté rurale avec des bergers bien différents de celui volontaire sympathique du film de Deraspe. Ceux de Joobeur sont acculés à la dure, très dure tâche de survie élémentaire. Nous contemplons, proies médusées, les tensions intrafamiliales insoutenables qu'une femme que j'ai appelée Mère Courage dans un élan brechtien, tente de calmer, en cherchant fermement à réconcilier un mari aux rigides principes traditionnels avec ses trois fils encore en vie, le plus jeune encore dans les jupes de sa mère aimante.

Mais l'un d'entre eux a ramené de Syrie une femme non musulmane pourtant vêtue d'une burka pour échapper aux regards inquisiteurs qui veulent pour la plupart la juger, une trop infime minorité cherchant à comprendre et à aimer l'étrangère impie. On s'achemine alors, inexorablement, vers un dénouement qu'on pressent sacrificiel. Ainsi, l'œuvre de Meryam Joobeur fait office de miroir embarrassant et inversé pour notre société hypnotisée par le faux glamour américain.
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Le grand basculement

3 décembre 2024, par Jean-François Delisle — , ,
Le présent épisode de l'interminable conflit israélo-palestinien met en lumière un phénomène inédit ou du moins sa relative généralisation : une coupure croissante entre les (…)

Le présent épisode de l'interminable conflit israélo-palestinien met en lumière un phénomène inédit ou du moins sa relative généralisation : une coupure croissante entre les opinions publiques occidentales sympathisantes envers les Palestiniens d'une part, et d'autre part les classes politiques d'autre part, celles-ci toujours fondamentalement sionistes. Malgré cela, elles se sentent désormais obligées de prendre une certaine distance vis-à-vis de leur protégé israélien, comme en témoigne la volonté que plusieurs (dont Ottawa) affichent d'appliquer le mandat d'arrêt lancé contre deux hauts responsables israéliens : Benyamin Netanyahou, premier ministre et l'ancien ministre de la défense, Yoav Gallant. En principe, ces derniers ne peuvent remettre les pieds dans ces pays sans être appréhendés et déférés devant la Cour pénale internationale. Le gouvernement américain, indéfectible allié de l'État hébreu est un des rares à s'y opposer.

À long terme, ce retournement actif d'une ampleur inédite d'une bonne partie des populations occidentales en faveur d'une paix juste et honorable entre les deux parties en conflit peut éroder l'appui que leurs gouvernements apportent à Israël. En effet, les populations occidentales s'impatientent sérieusement devant l'ampleur et la durée de la contre-offensive du cabinet Netanyahou à l'endroit du Hamas à Gaza et le Hezbollah au Liban-Sud.

Même si la majorité des classes politiques occidentales conservent encore une bonne marge de manoeuvre dans leurs relations avec Israël, elles ne pourront pas ignorer indéfiniment le sentiment de leurs administrés. Seul le gouvernement américain maintient un soutien sans failles à son allié du Proche-Orient. Avec l'installation de Donald Trump à la Maison-Blanche le 20 janvier prochain, ce soutien ne s'effritera sans doute pas, malgré sa volonté déclarée de mettre fin aux conflits qui déchirent le Proche-Orient. Il reste à connaître son plan pour régler le noyau dur de ces conflits, c'est-à-dire l'affrontement continuel entre Israël et la Palestine. Il présentera sans doute un plan tordu, mais que le réalisme le plus élémentaire obligerait le nouveau président à modifier quelque peu en faveur des Palestiniens. Au pire, la situation continuera à se dégrader et peut-être à aboutir à une embrasement régional. Au mieux, les Palestiniens y gagneront éventuellement un début de véritable autonomie sur la majeure partie de la Cisjordanie et sur Jérusalem-Est. La partie s'annonce rude.

Même les politiciens américains commencent à être divisés là-dessus. Par exemple le sénateur indépendant du Vermont Bernie Sanders a présenté des résolutions pour restreindre la vente d'armes à Israël et contre une aide de 21 milliards de dollars à l'État hébreu. Lors du dernier débat là-dessus au Sénat le 19 novembre dernier, entre 17 et 19 membres du Parti démocrate l'ont suivi (sur 51 membres) Même si une majorité a voté pour la vente de ces armes, une minorité non négligeable menée par un tête d'affiche de la gauche s'y est donc opposée. Il est notoire que l'aile progressiste du Parti démocrate est mal à l'aise devant le conflit depuis au moins janvier. Ce n'est peut-être que le début d'un mouvement susceptible d'aller croissant, qui sait ?

Par ailleurs, rien ne permet de penser que la population américaine dans son ensemble se distingue des autres populations occidentales sur ce problème. Après tout, il s'est produit des manifestations d'envergure sur plusieurs campus au printemps dernier en soutien à la cause palestinienne. Elles reprendront peut-être si la guerre là-bas s'éternise et que continueront de s'accumuler les victimes palestiniennes et libanaises.

En tout état de cause, celle de la Palestine a beaucoup gagné en légitimité auprès des Occidentaux. Les organisateurs du Hamas à Gaza ont donc gagné leur pari improbable de remettre au premier plan sur la scène internationale la cause de leur peuple. À l'opposé, le cabinet Netanyahou a commis une grave erreur politique en lançant une contre-offensive vengeresse démesurée. Il s'est aliéné certains de ses soutiens internationaux qu'il croyait acquis. Le coût humain de sa guerre contre Gaza et son obstination à la poursuivre l'ont discrédité auprès d'une bonne partie des opinions publiques occidentales et par ricochet, de leurs gouvernements, du moins jusqu'à un certain point.

Ce n'est certes pas la première fois que des opérations militaires israéliennes font beaucoup de victimes parmi les Palestiniens, mais cette fois la coupe déborde. Il s'agit peut-être de l'erreur de trop commise par le gouvernement de ce pays... la suite des événements nous le dira.

Jean-François Delisle

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« Alliances terrestres », le film qui retrace la lutte contre l’A69

3 décembre 2024, par Justin Carrette — ,
Dans son documentaire, Isabelle Haelvoët raconte l'histoire de la lutte contre l'autoroute A69, qui doit relier Toulouse à Castres. Militants, paysans et scientifiques parlent (…)

Dans son documentaire, Isabelle Haelvoët raconte l'histoire de la lutte contre l'autoroute A69, qui doit relier Toulouse à Castres. Militants, paysans et scientifiques parlent de leur combat pour sauver les terres menacées par l'autoroute.

Tiré de Reporterre

Photo : Alexandra, la dernière habitante sur le tracé de l'autoroute A69, a quitté son domicile de Verfeil le 16 septembre 2024, après de longues négociations. - © Antoine Berlioz / Hans Lucas / Reporterre

Des militants perchés dans les arbres, des recours juridiques, des zad, une commission d'enquête, des projets alternatifs… Depuis presque deux ans et le début des travaux de l'A69 , qui doit relier Toulouse à Castres, la lutte contre cette infrastructure bat son plein dans le Tarn et en Haute-Garonne.

Largement médiatisée à l'échelle nationale, notamment grâce aux trois grands rassemblements organisés près de Castres à l'appel des Soulèvements de la Terre, la lutte contre l'A69 revêt plusieurs formes, plusieurs modes d'action et rassemble de multiples collectifs ou associations. C'est justement cela qu'Isabelle Haelvoët, réalisatrice du documentaire Alliances terrestres, a voulu raconter dans ce film de 89 minutes.

Le titre du documentaire reflète une réalité essentielle : la création d'alliances entre des acteurs variés — militants, paysans, scientifiques et citoyens — unis par une même volonté de protéger ce territoire et ses ressources. La réalisatrice illustre avec sensibilité la solidarité qui se construit dans la résistance, malgré les tensions et les pressions exercées par les préfectures et les forces de l'État.

Le film célèbre ainsi l'intelligence collective et l'ingéniosité déployée pour faire face à des moyens disproportionnés mis en œuvre par l'État. Des militants plus radicaux dans les zad luttent ainsi aux côtés de citoyens, des grimpeurs et grimpeuses s'allient à des scientifiques… Le documentaire est une ode à la complémentarité des modes d'action.

Force de la lutte

Au cœur du documentaire, bien entendu, l'autoroute A69. Un projet qui symbolise l'affrontement entre deux visions du monde. D'un côté, celle d'un développement économique basé sur la bétonisation, la croissance et l'expansion routière ; de l'autre, une conception plus collective, respectueuse des écosystèmes et des modes de vie locaux.

Le documentaire met en avant les conséquences directes de ce projet : destruction de terres agricoles, fragmentation des habitats naturels et impacts écologiques durables. Les images des paysages menacés, entrecoupées de témoignages poignants, soulignent l'absurdité de ce projet au regard des défis climatiques actuels. Isabelle Haelvoët s'appuie sur ses propres images, mais également sur des archives ou des vidéos tournées par des militants.

Le documentaire ne se limite pas à la simple dénonciation d'un projet d'infrastructure controversé, mais propose une réflexion approfondie sur les enjeux environnementaux, sociaux et humains qui en découlent. À travers un récit poétique et documenté, il donne une voix à celles et ceux qui s'élèvent contre ce projet et, plus largement, contre une logique productiviste menaçant nos écosystèmes.

Alternant entre des plans larges des paysages menacés et des scènes plus intimes de rassemblements, la réalisation joue sur une dualité entre la fragilité de la nature et la force de la lutte. Aux scènes d'arbres abattus et de zones terrassées par d'énormes machines viennent s'opposer celles de liesse collective entre militants. Le film est ponctué par des lectures poétiques, presque méditatives, tirées du livre de l'économisteGeneviève Azam Lettre à la Terre — Et la Terre répond.
Hymne à la résistance

Ce documentaire dépasse également le cadre d'un simple combat local, pour s'inscrire dans une réflexion globale. On retrouve ainsi tout au long du film la sociologue Geneviève Pruvost, qui évoque la nécessité de « repolitiser notre quotidien » et revient sur les notions de subsistance et de liberté avec un éclairage écoféministe. Des ponts sont également établis avec d'autres luttes pour la préservation du vivant, notamment le mouvement Chipko, né en Inde dans les années 1970 et porté par l'écoféministe Vandana Shiva, ou plus récemment la défense de la forêt de Hambach, en Allemagne.

Le tournage du documentaire s'est poursuivi jusqu'à fin mars dernier, et la victoire provisoire des militants sur le site de la Crem'Arbre qui ont obtenu une trêve pour l'abattage des arbres. Quelques mois plus tard, la zone fut rasée, mais d'autres occupations se multipliaient partout le long des 53 km de tracé, entraînant une répression toujours plus intense à l'encontre des militants.

Le film d'Isabelle Haelvoët est finalement un hymne à la résistance, où se relaient des citoyens, scientifiques, militants aguerris, sociologues ou agriculteurs. La lutte est un moyen, comme ils le confient, de s'émanciper, de passer du désespoir à l'action collective, de se rassembler et d'espérer construire un monde plus respectueux des êtres humains et de la nature.

Le documentaire est régulièrement projeté partout en France, souvent accompagné d'une discussion à l'issue de la projection. Les projections sont à retrouver ici.

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Note aux PEUPLES Haitiens.

Ce dimanche 01 décembre 2024 La FEDOFEDH invite la population à se mobiliser pour leurs droits et la sécurité. FEDOFEDH rappelle à chaque Haïtienne et Haïtien que le 10 (…)

Ce dimanche 01 décembre 2024

La FEDOFEDH invite la population à se mobiliser pour leurs droits et la sécurité.
FEDOFEDH rappelle à chaque Haïtienne et Haïtien que le 10 décembre, Journée internationale des droits humains, est bien plus qu'un simple symbole. C'est un appel à l'action, un rappel que la paix, la justice et la sécurité ne peuvent exister sans notre mobilisation collective.

L'insécurité croissante menace nos familles, nos rêves, et notre avenir. Nos enfants ne peuvent apprendre dans la peur, nos pères de famille désespèrent de nourrir leurs proches, et nos femmes subissent des violences sans recours. Mais cette réalité peut changer si nous décidons d'agir.

Le bien-être de nos familles dépend de notre engagement. Organisons-nous pour exiger des solutions concrètes des autorités, travaillons ensemble pour créer des communautés solidaires où chacun est protégé. Chaque action compte : élevez votre voix, rejoignez des initiatives locales, et refusez de céder à la peur.

Au cours de cette semaine, en pleine campagne des 16 jours d'activismes, une femme nourrice a reçu une projectile au sein chez elle, au moins 5 femmes enceintes sont morts a cause des problèmes de médecins, des centaines de PVVIH dans les régions n'ont pas accès à leurs médicaments à cause de l'insécurité, des enfants ne peuvent plus se rendre à l'école car leurs écoles servent d'abri pour les déplacés. Fort de tout cela, nos dirigeants se battent pour plus de pouvoirs, ils renforcent leur sécurité et celle de leur famille avec le peu de policier qui nous reste. Les soldats étrangers, sont pour la plupart affectés à des VIP.

Le 10 décembre, ne soyons pas spectateurs. Soyons les acteurs d'un changement durable, pour nous et pour les générations à venir. La sécurité et la dignité sont des droits, mais elles ne deviendront réalité que si nous nous battons ensemble.

Personne ne viendra nous sauver, nos dirigeants et nous sommes deux lignes droites qui ne se rencontreront jamais si on ne les force pas se tourner vers nous.

Avril à Décembre 2024 : quel bilan pour un CPT de 9 conseillers presidents ?

Depuis 2016, presque 10 ans sans élection ? Dans quel pays dans le monde avons-nous déjà entendu ces bêtises ?L'impunité et la justice n'ont jamais été invitée à une même fête.
FEDOFEDH – Ensemble, bâtissons une Haïti sûre et prospère.

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« Rabia » de Mareike Engelhardt

3 décembre 2024, par Samra Bonvoisin — , ,
Que s'est-il passé dans la tête de Jessica et de Laïla, deux amies parties tout soudain de France pour gagner Raqqa en quittant sans prévenir leur travail et leur famille ? (…)

Que s'est-il passé dans la tête de Jessica et de Laïla, deux amies parties tout soudain de France pour gagner Raqqa en quittant sans prévenir leur travail et leur famille ? Rabia, premier long métrage, très documenté au réalisme halluciné, nous plonge dans le quotidien d'une ‘madafa', une maison regroupant exclusivement les femmes étrangères, célibataires ou veuves, destinées au mariage.

Tiré du site Le café pédagogique

27 novembre 2024
Lecture suggérée par André Cloutier

En choisissant de représenter au cinéma la ‘madafa' de sinistre mémoire (jamais photographiée ni filmée à l'époque), suggérant le huis clos d'un lieu d'enfermement, d'oppression et de conditionnement à la soumission des femmes, un espace étouffant dirigé d'une main de fer par une femme fanatique, la réalisatrice Mareike Engelhardt, tente de répondre à la question initiale et en soulève bien d'autres, intimes et universelles. Elle en formule la portée en ces termes : « Ce n'est pas un film sur l'islam, sur le djiadisme mais sur l'embrigadement de masse, les mécanismes de déshumanisation… ». D'où vient, en effet, que Jessica puisse choisir la voie des bourreaux ?

Aux origines de la fiction, contexte historique, témoignages, expertises

C'est à la suite de la prise de la ville de Raqqa en 2014 que l'Etat islamique impose la charia à tous les habitants et lance un appel à venir de toutes parts soutenir la création d'un ‘Califat'. Alors que Daech (autre appellation de l'organisation terroriste islamiste) conforte son emprise sur Raqqa dans la Syrie en guerre, des milliers de jeunes radicalisés (en quelques mois pour certains) venus du monde entier, issus de milieux divers, rejoignent ce ‘pays' idyllique dans l'illusion d'un engagement total et la promesse d'une nouvelle vie.

Des filles, parfois très jeunes, en perte de sens, partent en cachette de leurs parents vers une terre inconnue, aveuglées par l'absolutisme de leur croyance. Un imaginaire romanesque (allant jusqu'à désirer pour époux un combattant du Djiad) et un embrigadement idéologique tels que certaines n'en sont jamais sorties, même celles qui sont revenues dans leur pays d'origine.

Le caractère totalitaire de cette folle entreprise criminelle, et l'implication singulière des femmes en son sein, conduisent la cinéaste à une investigation approfondie devant ce qu'elle nomme ‘l'incompréhensible'. Rencontres avec des femmes ayant séjourné un certain temps à Raqqa auprès de l'Etat islamique et demeurant, après leur retour, remplies de haine de l'autre et d'esprit de vengeance, présence aux audiences des procès de e certaines filles au Tribunal de Paris, recoupements des informations concernant le statut et le mode de vie des femmes dans les ‘madafas', enquête sur la personnalité de la tristement célèbre Fathia Mejjaati (dite Oum Adam), dominatrice rigoriste et sadique, toujours en fuite aujourd'hui, laquelle a inspiré le personnage de Madame (magistralement interprétée par la grande Lubna Azabal), recours à l'expertise de deux spécialistes du djihadisme féminin, Céline Martelet et Edith Bouvier, lesquelles ont enrichi par leurs connaissances le travail des comédiennes durant la préparation. Sans oublier les confrontations encadrées avec d'anciennes ‘pensionnaires' de ces lieux d'enfermement et d'endoctrinement.

Du soleil radieux aux ténèbres, esthétique de la lumière, partis-pris

Dans l'avion qui les emporte vers Raqqa, Jessica (Megan Northam, comédienne impressionnante par sa présence et la puissance de son jeu) et Laïla (émouvante incarnation de Natacha Krief) contemplent au dessus des nuages blancs le soleil éclatant, avec des sourires radieux et des rires de petites filles, elles font des allusions au paradis qui les attend. Les nuages se fondent ensemble en une masse crémeuse envahissant tout notre champ de vision.

Puis, avant l'atterrissage, les nuages changent de couleur. Et nous entrons avec elles dans une maison en forme de forteresse et décelons vite les premiers signes d'un cadre d'asservissement, des signes que nos deux copines enthousiastes ne voient pas.

Ainsi suivons-nous les rituels imposés à l'intérieur de cet étrange gynécée : les femmes entre elles, sur ordre, sont peu à peu dépouillées de leur ancienne identité (et de leurs vêtements d'origine) pour être préparées à la fois psychologiquement à la soumission aux préceptes et aux interdits religieux édictés par l'état islamique ; et physiquement (changement de sous-vêtements pour une semi-nudité aguicheuse et maquillage, bientôt masqués sous un voile recouvrant corps et chevelure) pour devenir des objets sexuels à la merci des pulsions des guerriers et futurs époux ; des maris qu'on leur choisit pour une rencontre de quelques heures lors d'un retour du front.

Un premier contact qui peut se transformer, après quelques préliminaires (enlève ton voile ! Veux-tu des enfants ? Aimes-tu les abricots ?), en tentative de viol comme Jessica en fait la précoce expérience.

Une épreuve marquante qui la conduit à repousser brutalement l'agresseur et à s'échapper. Prélude cependant à un retournement majeur. Au lieu de sortir de son aveuglement, progressivement elle passe dans le camp de la dominatrice, adepte des châtiments corporels, des diktats humiliants et autres injonctions au respect de la supériorité masculine, violences conjugales comprises ; une maîtresse fanatique et manipulatrice qui la forme pour que celle-ci devienne à son tour une arme de dressage des nouvelles arrivantes.

Au fil du temps, dans une atmosphère de guerre dont le champ de bataille (et les morts) reste hors champ comme les violences physiques faites aux femmes à l'intérieur sont exclues du cadre même si nous en entendons les coups et les cris étouffés, le blanc du ciel au dessus de la forteresse et la blancheur ocre du lointain sans hommes en armes visibles disparaissent de plus en plus.

Dominent alors les lumières indirectes et voilées descendant des fenêtres et les lueurs tamisées des espaces intérieurs de la madafa jusqu'aux appartements de Madame un temps plus lumineux et spacieux. Avant que de clairs-obscurs en lumières biaisées au cœur de ce lieu dont il est interdit de sortir sous la clarté des étoiles, la forêt de voiles noirs, ceux des femmes opprimées, se fondent dans le noir des bombardements annonciateurs de la chute de Raqqa, jusqu'à l'entrée dans les ténèbres.

Espace mental de Rabia et questionnement universel

Avec Agnès Godard, la directrice de la photographie, et Daniel Bevan pour le décor, la cinéaste crée ainsi un espace mental favorable à la figuration de la ‘révolution' intime qui se produit chez Jessica, devenue Rabia à la faveur de ce basculement dans le camp des bourreaux. La réalisatrice tente par cette recherche formelle de nous donner accès, sans complaisance, à la trajectoire de Rabia et d'autres femmes qui lui ressemblent dans le rapport maîtres.ses/esclaves, dans la relation ambigüe à la domination.

Mareike Engelhardt revendique son origine allemande et son appartenance à ‘la dernière génération qui a connu ceux qui ont participé à l'un des pires crimes de l'humanité'.
Tout en refusant clairement les raccourcis entre le terrorisme islamiste et le nazisme, à partir d'une histoire imaginée avec le scénariste Samuel Doux, la fiction tranchante qui glace le sang nous contraint à une réflexion profondément dérangeante à laquelle la cinéaste nous incite ainsi : ‘Qu'est-ce qui fait qu'au cours d'une vie on bascule du mauvais côté ? Comment est-ce possible de se faire absorber par un système qui nous enlève notre humanité ? Et surtout, pourquoi les gens y restent-ils ?'.

La dernière scène du film voit Jessica/Rabia, un enfant dans les bras, se réduire à une silhouette lointaine et minuscule, sur le point de se confondre avec le sol aride d'une terre sans vie.

Samra Bonvoisin

« Rabia », film de Mareike Engelhardt-sortie le 27 novembre 2024

Festivals et Prix 2024 : FFA, Angoulême (Compétition), Deauville (Prix d'Ornano-Valenti), Valenciennes (Prix du Jury), War on screen (Prix du Public), Arte Mare (Prix du Public et Mention Spéciale Jury jeune), Effervescence de Mâcon (Prix du Public).

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Jour sombre pour le système public de santé et des services sociaux au Québec

3 décembre 2024, par Coalition des Tables régionales d'organismes communautaires (CTROC) — , ,
Saint-Lin-Laurentides, le 1ᵉʳ décembre 2024 - La Coalition des Tables Régionales d'Organismes Communautaires (CTROC) partage ses vives inquiétudes face à l'entrée en fonction (…)

Saint-Lin-Laurentides, le 1ᵉʳ décembre 2024 - La Coalition des Tables Régionales d'Organismes Communautaires (CTROC) partage ses vives inquiétudes face à l'entrée en fonction officielle de la nouvelle société d'État, Santé Québec.

À compter du 1ᵉʳ décembre, cette instance devient responsable de gérer les activités du réseau public de la santé et des services sociaux sous l'égide de Mme Geneviève Biron alors que le ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS) en déterminera le orientations.

Rappelons que l'entrée en poste de Mme Biron en mai dernier a été vivement critiquée, notamment en raison de ses liens étroits avec l'industrie privée de la santé, de sa méconnaissance du réseau public et les enjeux qui en découlent, ainsi que de son manque d'expérience en matière de gestion d'une telle mégastructure.

La mise en place de Santé Québec entraîne la fusion d'une trentaine d'établissements du réseau public, qui devient ainsi le plus gros employeur du Canada avec ses 350 000 personnes salariées. Cette nouvelle structure engendrera inévitablement un changement de culture organisationnelle dont il est difficile à ce moment-ci d'en évaluer les impacts. Cependant, il va de soi que plus les structures sont imposantes et centralisées, plus l gestion est hiérarchisée et entraîne un risque de déshumanisation éloignée de la réalité du terrain.

De surcroît, la réforme Dubé ouvre grand la porte à la privatisation et à la marchandisation de la santé et des services sociaux. Le ministre de la Santé affirme que l'ouverture au privé est la solution aux problèmes d'accessibilité alors que l'on sait qu'il est en bonne partie à l'origine de ces difficultés. Le gouvernement Legault choisit consciemment d'orchestrer un système où l'État subventionne des compagnies privées pour qu'elles dispensent des soins alors que celles-ci coûtent plus cher, privent le réseau public de main-d'œuvre, contribuent à l'effritement des services publics et entravent l'accès gratuit et universel aux soins.

Dans le cadre de cette réforme, les organismes communautaires autonomes sont aussi vus comme une partie prenante du réseau de la santé et des services sociaux alors qu'ils sont des entités autonomes. Leur sous-financement chronique et l'accroissement notoire des demandes d'aide auxquelles ils font face fragilisent déjà le mouvement communautaire depuis plusieurs années. Dans le contexte d'une société d'État, l'instrumentalisation des organismes communautaires risque de s'accroître et de se cristalliser, les rendant ainsi plus vulnérables aux velléités du gouvernement.

Alors que le salaire des gestionnaires de Santé Québec a récemment été augmenté de 10% dans un contexte d'équilibre budgétaire imposé, où le déficit à résorber en santé pourrait atteindre 1,5 milliard de dollars, la CTROC appréhende l'impact sur les services publics, les programmes sociaux et les organismes communautaires.

Rappelons que les besoins exprimés par plus de 3 000 organismes communautaires
intervenant en santé et services sociaux s'élèvent à 830 M$ en financement à la mission globale en 2024-2025.

Quels sont les engagements que l'État est prêt à prendre afin de préserver l'autonomie et les pratiques du mouvement communautaire autonome en santé et services sociaux ?

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