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À « propos » des « propos » de Haroun Bouazzi : Une tempête dans un verre d’eau !

Au Québec, il faut dénoncer nos « travers » en prenant soin de mettre des gants blancs, de le faire avec une voix feutrée, toute douce, exempte de la moindre tonalité un peu grave, qui ne laisse transparaître aucune prise de position un tant soit peu « ferme » et qui ne trahit surtout pas le moindre radicalisme (au sens étymologique de : « prendre les problèmes à leur « racine ») même lorsque la situation l'exige.
Ce qui fait que, autant les parlementaires (toutes orientations confondues) que les médias (sans parler des gérants d'estrade qui étalent leur médiocrité intellectuelle sur les réseaux sociaux) exigent que Haroun Bouazzi présente des excuses pour des propos soi-disant inacceptables, voire insultant, qu'il aurait tenus au sujet d'une atmosphère pour le moins « toxique » à l'Assemblée Nationale (et aussi, ajouterions-nous — à moins qu'il ne l'ait fait — dans l'espace public) qui a pour conséquence la stigmatisation de l'« Autre », entendre tous les citoyens qui n'ont pas la chance d'être des Québécois de « souche » et qui, selon les dires du gouvernement lui-même, exerceraient une pression indue sur les services sociaux, seraient responsables de la crise du logement et représenteraient une « menace » pour la survie du français au Québec.
Que faut-il de plus pour s'inquiéter de cette montée, déjà entamée depuis la fin des années 2000, du nationalisme identitaire chez nos élites, et du fait que les deux partis qui, vraisemblablement, vont se disputer la prise du pouvoir aux prochaines élections (CAQ/PQ) assument sans broncher cette vision du Québec qui érige une frontière (de façon tout à fait aléatoire) entre « Eux », les nouveaux arrivants, et « Nous », les Québécois d'origine canadienne-française ? Encore là, fidèle à notre réputation de gens « affables », ouverts aux compromis, allergiques aux « extrêmes », il faudrait dire les choses sans vraiment les dirent, dénoncer le génocide à Gaza sans mentionner que la CAQ a longtemps « refusé » d'exiger un cessez-le-feu (et qu'elle s'y est contraint sur le bout des lèvres), qu'elle accuse Québec Solidaire (QS) d'être « complice » du Hamas, que, malgré la tuerie de masse en cours en Palestine orchestrée par le gouvernement Nétanyahou, lui-même noyauté et manipulé par l'extrême-droite religieuse, il faille quand même s'assurer que, au-delà des « chicanes » politiques entre Musulmans et Juifs, ces conflits ne viennent pas entamer « la bonne marche des affaires » au Moyen orient !
C'est exactement la teneur du discours qu'a servi Martine Biron à l'Assemblée Nationale pour justifier cette décision (qui relève d'un manque flagrant de professionnalisme en matière de relations internationales et de diplomatie, étant donné les circonstances) d'installer et de maintenir une ambassade du Québec à Tel-Aviv en plein processus « sioniste » de nettoyage ethnique dans le but avoué d'instaurer le « Grand Israël » au Proche Orient, quitte à grignoter des parties de territoire souverain en Égypte, en Jordanie, au Liban, en Syrie, en Irak, en Arabie Saoudite, etc. Les « affaires » vont-t-elles pouvoir prospérer si la région s'enflamme comme elle a déjà commencé à le faire ?
N'en déplaise au Caucus de QS, aux éditorialistes du Devoir qui tentent constamment de souffle sur le chaud et le froid en même temps ou aux député(e)s à Québec qui s'évertuent à jouer les vierges offensées, l'intervention de Haroun Bouazzi se situe dans la droite ligne de la raison d'être même de la présence de QS à l'Assemblée Nationale. Le parti a vu le jour dans le contexte d'une résurgence du capitalisme sauvage en Occident, d'une sacralisation du néolibéralisme comme seule philosophie socio-économique acceptable, d'une dévalorisation grandissante de la délibération parlementaire au profit d'une concentration du pouvoir entre les mains de diverses instances décisionnelles (Exécutif, Conseil des Ministres, prérogative et veto présidentiels), du retour des mouvances d'extrême-droite dont les discours font la fortune des plate-formes numériques et de certains médias mainstream qui y voient une opportunité pour augmenter leur tirage et d'une soi-disant « crise » identitaire de la civilisation occidentale en train de perdre ses repères habituels qui l'avaient hisser au rang de modèle de démocratie à imiter.
Faut-il le rappeler, QS est un parti de « gauche », féministe, altermondialiste, écologiste, indépendantiste, qui défend un nationalisme « civique », donc inclusif, ce qui signifie qu'il s'engage à dénoncer toutes les formes de xénophobie, de racisme, de discrimination basée sur des considérations d'ordre ethnique, culturel, religieux (dont on peut observer les linéaments même dans l'enceinte « sacro-sainte » d'un parlement !) D'où son opposition à la Loi 21 (qui recèle, au regard du droit international, un aspect éminemment « discriminatoire »), son parti-pris pour la cause palestinienne — non pas parce que les Palestiniens sont des arabo-musulmans mais parce que leur État-en-devenir est occupé par un autre État, occupation déclarée « illégale » à plusieurs reprises par l'ONU, au grand fou rire d'Israël (si c'était les Juifs de Palestine qui étaient opprimés par les Arabes, QS prendrait position pour les Israélites, tout comme si c'était un autre gouvernement, disons français ou russe, que celui qui, actuellement, ne reconnaît pas le droit des « non-Juifs » à exister sur le même territoire, le jugement porté sur ce comportement anti-démocratique, colonialiste, anti-humaniste serait le même), sa dénonciation du peu d'intérêt du gouvernement de la CAQ pour la cause environnementale, soumise de plus en plus aux considérations « économiques » (au sens « néo-libéral » et « néo-capitaliste » du terme), alors qu'il règne sur la planète un « climat » de fin du monde digne de l'Apocalypse de Saint-Jean !
Donc, avis aux indécis et aux sceptiques : on est à « gauche » ou on l'est pas…
Mario Charland
Shawinigan
Diplômé en philosophie
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Haussez le salaire minimum

Voici une lettre au Ministre Boulet . Nous savons que le Ministre doit prendre sa décision pour le salaire de 2025 dans les prochaines semaines.
Monsieur le Ministre,
Pour les membres du Front de défense des non-syndiqué.e.s, il apparaît urgent de modifier la méthode de fixation du salaire minimum au Québec.
Nous demandons au gouvernement de livrer sa promesse de créer des « emplois payants » en utilisant le principal outil législatif à sa disposition pour influencer les emplois du secteur privé. Parce qu'il est urgent de permettre à des centaines de milliers de travailleuses et travailleurs de sortir de la pauvreté, le gouvernement doit annoncer un salaire minimum qui dépassera les 20 $.
L'application sans modification de la méthodologie de votre ministère résulterait en un salaire minimum de 16,60 $ pour 2025 en conservant le ratio actuel de 50,8 % avec le salaire moyen. En effet, selon les prévisions récentes, celui-ci se situera autour de 32,60 $ entre avril 2025 et mars 2026. Ainsi, il va sans dire qu'une autre augmentation d'à peine 0,75 $ ou de 1 $ l'heure ne saurait être acceptable dans le contexte actuel.
D'une part, bien que l'inflation se résorbe, les prix des produits de base ont explosé depuis la fin de la pandémie et ils ne redescendront jamais. Alors que l'inflation générale dépassait les 13 % entre septembre 2021 et 2024, le coût de l'alimentation et du logement a augmenté de plus de 20 %. Pour les travailleuses et les travailleurs pauvres, dont une plus grande part de leurs revenus doit être consacrée pour subvenir à leurs besoins essentiels, le début de rattrapage du salaire minimum (16 % sur la période) n'aura pas pu freiner leur perte de pouvoir d'achat. Pour arriver à joindre les deux bouts, bon nombre de salariés doivent avoir recours aux banques alimentaires. Parmi le nombre de personnes ayant recours aux banques alimentaires, celles occupant un emploi atteint maintenant près de 20 %1.
D'autre part, c'est très clair, le salaire minimum ne permet pas de se sortir de la pauvreté. Un grand saut s'avère nécessaire. En 2016, nous rapportions qu'une travailleuse à temps plein au salaire minimum demeurait 35 % en dessous du seuil de sortie de pauvreté. Aujourd'hui encore, le salaire minimum fixé à 15,75 $ ne permet pas de s'élever au-dessus de la pauvreté puisqu'il demeure à 32 % sous la Mesure de faible revenu.
En d'autres mots, la méthode de fixation du salaire minimum du gouvernement favorise le maintien de centaines de milliers de travailleuses et travailleurs dans la pauvreté.
Vous répondrez qu'il faut protéger les emplois. Ces craintes non démontrées empiriquement ne sont aucunement pertinentes dans un contexte où le marché du travail se porte très bien : il manque encore près de 140 000 travailleuses et travailleurs afin de pourvoir des postes vacants. Près de la moitié de ces postes exigent un diplôme d'études secondaires ou moins, et le salaire offert est en moyenne de 20,63 $2. Le taux d'emploi des 15-24 ans est toujours à un niveau supérieur à ce que l'on a connu avant la pandémie (60,2 % contre une moyenne de 57,5 % depuis 2000).
C'est la « recherche de l'équilibre » entre une rémunération équitable et la protection des emplois et de la compétitivité des entreprises qui est évoquée pour justifier la fixation de la hausse annuelle du salaire minimum. Or, cet équilibre est brisé, parce que le salaire minimum n'a rien d'équitable.
Les membres du Front de défense des non-syndiqué.e.s
Notes
1. https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/2115512/insecurite-alimentaire-record-canada-2024#:~:text=Pr%C3%A8s%20de%2020%20%25%20des%20visiteurs,ann%C3%A9e%20derni%C3%A8re%2C%20indique%20le%20rapport
2.https://statistique.quebec.ca/fr/document/postes-vacants-au-quebec/publication/postes-vacants-au-quebec-par-trimestre#remuneration
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La ville de Québec doit utiliser ses leviers pour promouvoir le logement social

Québec, le 20 novembre 2024 - La Table citoyenne Littoral Est, l'Association générale des étudiantes et étudiants du Cégep de Limoilou et le Conseil de quartier de Maizerets demandent à la Ville de Québec de mettre en œuvre tous les moyens à sa disposition pour acquérir le terrain situé au 1600 boulevard Henri-Bourassa, particulièrement à risque de gentrification, et l'ajouter à sa réserve foncière afin d'en faire du logement social et étudiant.
Le 27 septembre dernier, la Table citoyenne a appris que le promoteur Brivia affichait son terrain en vente sur le site internet de l'agence Landerz, spécialisée dans la revente rapide de terrains à haut potentiel de développement immobilier. « Ce terrain-là est situé dans un secteur stratégique du quartier Maizerets, à proximité de l'hôpital de l'Enfant-Jésus, du CLSC de Limoilou, du Cégep Limoilou, d'un éventuel projet de tramway et en face d'un projet de centre social autogéré réclamé par la communauté ! » indique Martial Van Neste, vice président du Conseil de quartier de Maizerets.
Nous y voyons un danger important de gentrification dans un quartier dont les citoyen.ne.s qui y vivent peinent déjà à se loger. Selon les chiffres du recensement de 2021 disponibles dans la carte interactive produite par la Table citoyenne Littoral Est, jusqu'à 60% de la population des secteurs avoisinants est affectée par des besoins impérieux en matière de logement. 1 ! « Le quartier est composé à grande majorité de personnes à faible et revenu modeste. Ce sont elles qui sont le plus durement touchées par la crise du logement ! Il faut à tout prix freiner la spéculation immobilière. Ce ne sont pas des logements privés dont nous avons besoin, mais plus de logements sociaux ! » ajoute Azélie Rocray, coordonnatrice de la Table citoyenne Littoral Est.
En outre, dans sa vision d'aménagement des quartiers de la Canardière publié en juin dernier, la Ville de Québec s'est donnée pour objectif de hausser l'offre de logements sociaux, communautaires et abordables de 12% à 20% répartis sur le territoire « tout en priorisant l'aire d'influence du tramway pour contrer l'embourgeoisement »2. La réserve foncière destinée au logement social et abordable de la ville de Québec est un levier 1Les besoins impérieux en matière de logement est un indice statistique utilisé lorsqu'un logement ne rencontre pas l'un des critères suivants : l'abordabilité (plus de 30% des revenus pour se loger), la salubrité et la taille. Statistique Canada 2024. 2Ville de Québec. 2024. « Vision d'aménagement : quartiers de la Canardière ». p.50-51. important pour l'atteinte de ces objectifs en mettant à l'abri de la spéculation des terrains propices au développement immobilier.
La coalition :
Conseil de quartier de Maizerets
Association générale des étudiantes et des étudiants du Cégep de Limoilou
Table citoyenne Littoral Est
Notes
1.Les besoins impérieux en matière de logement est un indice statistique utilisé lorsqu'un logement ne rencontre pas l'un des critères suivants : l'abordabilité (plus de 30% des revenus pour se loger), la salubrité et la taille. Statistique Canada 2024.
2.Ville de Québec. 2024. « Vision d'aménagement : quartiers de la Canardière ». p.50-51.
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Face à la dématérialisation, Gardons l’humain au cœur des services publics !

Montréal, le 19 novembre 2024 — Aujourd'hui, le Regroupement des groupes populaires en alphabétisation du Québec (RGPAQ) et ses membres invitent la population à joindre sa voix aux plus de 5400 signataires de la <https:/rgpaq.qc.ca/traversons#d%C3...>'>déclaration Traversons l'écran : pour que l'humain demeure au cœur des services publics ! Il est possible de signer la déclaration en ligne, mais aussi en personne !
En effet, depuis le lancement de la déclaration en avril 2024, le RGPAQ, ses membres et ses alliés se mobilisent régulièrement partout au Québec pour permettre à tout le monde de se faire entendre. Rien qu'aujourd'hui, une <https:/www.facebook.com/share/1Y2i...>'>quinzaine d'organismes dans plusieurs régions sont en action. « Alors que l'on dénonce les effets du virage numérique des services gouvernementaux, nous appliquons à nous-mêmes les solutions que nous proposons pour ne laisser personne de côté. Notamment, l'idée qu'il faut maintenir plusieurs choix d'accès ! Dans notre campagne, pour signer la déclaration, il y a un code QR et un formulaire en ligne, mais grâce aux activités sur le terrain, les deux tiers des signatures récoltées sont papier ! » indique Cécile Retg, responsable à la défense collective des droits.
La campagne s'inscrit dans une démarche plus large du RGPAQ et de ses groupes membres pour favoriser l'exercice du droit à l'information et assurer l'accès aux services pour les personnes peu alphabétisées et en situation de pauvreté. « Je ne suis pas capable d'aller faire les affaires du gouvernement en ligne […]. J'ai peur des conséquences si je fais une erreur […]. C'est humiliant pour moi de ne pas pouvoir faire mes papiers. C'est pas facile d'apprendre à utiliser les ordinateurs. Le gouvernement devrait arrêter de tout mettre sur Internet. » témoigne Claude Blain, membre du comité des participants et participantes du RGPAQ.
À l'image de monsieur Blain, de nombreuses personnes vivent des difficultés avec le numérique. Selon<https://rgpaq.sharepoint.com/:b:/s/...>'>une consultation, à laquelle ont participé 38 groupes d'alphabétisation populaire et plus de 400 personnes : 61 % des répondants vivent des difficultés pour accéder et parler à des personnes, 23 % ont des difficultés de compréhension et 16 % n'arrivent pas à prendre des rendez-vous. Les conséquences sont donc graves sur leur qualité de vie, leur santé et leurs revenus. À l'heure de la « rigueur budgétaire » où les services publics en personne seront sans aucun doute touchés, le tout numérique ne permettra pas d'économies, il y aura des coûts sociaux et humains.
À propos du RGPAQ
Le Regroupement des groupes populaires en alphabétisation du Québec<https://rgpaq.qc.ca/> (RGPAQ) représente 77 groupes<https://rgpaq.qc.ca/#nos-membres> répartis à travers le Québec. Il œuvre à la promotion et au développement des groupes d'alphabétisation populaire et de leur approche, ainsi qu'à la défense collective des droits des adultes peu alphabétisées.
Liste des alliés
https://www.aqdr.org/>
,">L'AQDR
le <https:/www.pauvrete.qc.ca/>'>Collectif pour un Québec sans pauvreté,
le <https:/fcpasq.qc.ca/>'>Front commun des personnes assistées sociales
et la https://fmpdaq.ca/>
.">Fédération des mouvements personne d'abord du Québec
– 30 –
À noter
Aujourd'hui, l'équipe du RGPAQ effectue un rallye dans le Grand Montréal pour visiter des groupes durant leurs activités de récolte de signatures. Nous publierons en direct via notre page <https:/www.facebook.com/rgpaq>'>Facebook. #traversons
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Les 4es États généraux de l’itinérance débutent ce mercredi à Québec

Québec, le 25 novembre 2024 – Du 27 au 29 novembre, plus de 450 participants se réuniront au Centre de foires de Québec pour les 4es États généraux de l'itinérance. Cet évènement phare réunira tous les acteurs concernés par la crise de l'itinérance pour co-construire une vision commune de la lutte à l'itinérance qui servira à orienter les stratégies nationales, provinciales et locales.
Sous le thème « Renversons la tendance : un devoir collectif », cet évènement rassemblera experts, chercheurs, intervenants de première ligne, personnes ayant vécu l'itinérance, représentants ministériels et élus. Parmi eux, près d'une vingtaine d'élus municipaux, provinciaux, fédéraux et autochtones, une participation qui illustre la mobilisation intersectorielle et intergouvernementale autour de cet enjeu de société prioritaire.
Une mobilisation exceptionnelle
Le Réseau SOLIDARITÉ Itinérance du Québec (RSIQ), organisateur de l'évènement, se réjouit de la diversité des participants et de l'ampleur de la mobilisation.
« Avec plus de 450 personnes engagées, dont des élus, des experts et des intervenants de première ligne, ces États généraux sont un véritable reflet de la détermination collective à mettre un terme à la crise de l'itinérance », a déclaré Boromir Vallée Dore, directeur général du RSIQ.
Briser les silos pour optimiser la réponse à la crise
Le RSIQ voit grandir la volonté d'agir des acteurs concernés par la crise de l'itinérance. Toutefois, face à l'ampleur de la tâche, ils se sentent parfois dépassés et limités dans leur capacité d'action. Trop d'initiatives restent isolées, diminuant leur impact global.
Ces États généraux visent précisément à briser ces silos. Une réponse véritablement concertée, ancrée dans une vision commune, permettra de créer un effet de levier significatif, en maximisant l'impact des actions menées sur le terrain.
Les 4es États généraux offriront un espace unique de réflexion et d'échange pour orienter les futures actions. En s'appuyant sur une approche globale, les discussions viseront à élaborer une déclaration commune. Celle-ci incarnera une vision partagée des stratégies à adopter aux niveaux national, provincial et local pour prévenir et réduire durablement l'itinérance.
Un moment charnière pour la lutte à l'itinérance
Cette édition des États généraux s'inscrit dans un contexte particulier : les 10 ans de la Politique nationale de lutte à l'itinérance du Québec. Depuis son adoption, l'itinérance a pris de l'ampleur, exacerbée par des facteurs multiples tels que le manque de logements sociaux, les inégalités économiques, et l'accès limité aux soins de santé. En 2022, plus de 10 000 personnes vivaient en situation d'itinérance visible, une augmentation de 44 % en quatre ans.
Les discussions permettront non seulement de revisiter la politique, mais aussi de réaffirmer un engagement commun face à ce phénomène complexe.
Trois axes au cœur des discussions des États généraux
1. Les droits des personnes en situation d'itinérance : Identifier les avancées en matière de droits des personnes en situation d'itinérance et leur application en lien avec la Politique nationale de lutte à l'itinérance.
2. La prévention de l'itinérance : développer une vision commune de la prévention, partager des actions préventives et porteuses, discuter des actions préventives au Québec, au Canada et ailleurs.
3. La réponse à l'itinérance, une responsabilité partagée : Faire reconnaître la responsabilité partagée en tant que composante essentielle de la prévention et de la réduction de l'itinérance et augmenter la capacité d'agir collectivement.
Pour connaitre la programmation détaillée des 4es États généraux de l'itinérance au Québec : https://itinerance.ca/eg24/programmation-eg/
À propos du Réseau SOLIDARITÉ Itinérance du Québec
Le Réseau SOLIDARITÉ Itinérance du Québec a été créé en 1998 et consiste en un regroupement de quinze concertations régionales de lutte à l'itinérance et une vingtaine de membres associés, totalisant plus de 200 organismes à travers le Québec qui visent entre autres à améliorer les conditions de vie des personnes en situation d'itinérance ou à risque de l'être.
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Les six façons par lesquelles Justin Trudeau induit la population en erreur à propos de l’immigration

Le nouveau plan de J. Trudeau sur l'immigration est une capitulation devant les Conservateurs.trices.
Syed Hussan, The Breach, 20 novembre 2024
Traduction, Alexandra Cyr
Introduction
Syed Hussan est le directeur de l'Alliance des travailleurs migrants pour le changement. Il critique ici chaque argument par lequel le Premier ministre induit la population en erreur à ce sujet.
- 1- Il s'agit d'un énorme changement
- 2- Une coupe significative en immigration. Une réduction de l'immigration permanente d'au moins 20%.
- 3- L'introduction d'une série de mesures permettant de s'attaquer aux immigrants.es temporaires.
- 4- Conséquence : une diminution des étudiants.es et de travailleurs.euses temporaires étrangers.ères.
Justin Trudeau : le nouveau plan canadien en immigration est honnête. Il diminue le nombre d'immigrants.es entrant au pays que ce soit temporairement ou de manière permanente.
S. Hussan : Ce que je J. Trudeau nous présente ici ce n'est pas un plan ; c'est une capitulation devant les Conservateurs.trices.
Il ne diminue pas le nombre de nouveaux.elles immigrants.es, il expulse 2,300 millions d'immigrants.es du pays. Il tente de justifier cette politique.
J.T. : Parlons d'immigration.
S.H. : Voici l'épreuve des faits.
1- Accepter plus d'immigrants.es ne s'est pas fait par accident. Ce fut un projet bipartisan.
J.T. : Historiquement, le plan visait les résidents.es permanents.es. Le nombre d'étudiants.es et de travailleurs de l'étranger qui était acceptés.es chaque année ne rejoignait pas la demande de l'économie.
S.H. : Depuis 2008, les gouvernements conservateurs et libéraux ont accepté plus d'immigrants.es temporaires que de permenents.es. C'est un virage intentionnel pour réduire le nombre de personnes ayant des droits et rendre les immigrants.es plus exploitables. Une récente enquête des Nations Unies rapporte que le programme des travailleurs.euses temporaires canadien sert à implanter les conditions pour une forme d'esclavage contemporain.
2- Le nouveau plan ne protégera pas les immigrants.es. Il va les rendre encore plus vulnérables.
J.T. : Beaucoup trop de collèges et universités se servent des étudiants.es de l'étranger pour assurer leur fonctionnement. Ils peuvent en exiger des dizaines de milliers de dollars supplémentaires qui ne sont demandés aux citoyens.nes canadiens.nes.
S.H. : Des droits de scolarité très élevés, des permis de travail restreints, peu d'accès à la résidence permanente sont des choix faits par le gouvernement fédéral et ceux des provinces qui permet des traitements injustes. Et ce n'est pas le nouveau plan qui change cela. Le gouvernement permet cette exploitation et puni les exploités.es.
J.T. : Il y a clairement de mauvaises personnes qui exploitent franchement les immigrants.es vulnérables avec des promesses d'emploi, de diplômes et d'accès facile à citoyenneté.
S.H. : Les plans libéraux vont mener à l'expiration de 2,300 millions de permis au cours des deux prochaines années. Cela ne va qu'empirer les conditions d'exploitation, rendre des gens désespérés et encore plus susceptibles d'être mal traités.
3- Les immigrants.es ne sont pas la variable d'ajustement de l'économie
J.T. : Comme équipe fédérale, nous aurions pu agir plus tôt, fermer le robinet plus vite.
S.H. : Les immigrants.es ne sont pas un flot continue qu'on peut arrêter à sa guise. Nous sommes des gens avec des droits, des familles, des rêves et du potentiel. On nous a promis l'égalité des droits et la justice. Le Canada arrache des millions de personnes à ce pays où ils et elles ont construit leur vie.
4- Les immigrants.es ne sont pas un poids pour le Canada. Ils et elles y contribuent massivement.
J.T. : Cette pause va donner à notre économie et à nos communautés une chance de retrouver leur équilibre.
S.H. : Le migrants.es ne sont pas un boulet pour l'économie, au contraire. Leur contribution y ajoute : leur part soutient les services publics auxquels ils et elles n'ont pas accès. La part des étudiants.es de l'étranger au PIB canadien en 2022, a été de 31 milliards de dollars. Ces personnes remplissent des fonctions critiques dans les soins de santé, de l'agriculture et les technologies formant la colonne vertébrale de beaucoup de secteurs.
5- Les immigrants.es ne sont pas à blâmer pour la crise du logement
J.T. : Notre limitation du nombre d'étudiants.es de l'étranger a déjà fait baisser le coût des loyers dans les grandes villes. Et si nous maintenons cette règle, la baisse continuera.
S.H. : Les étudiants.es de l'étranger et les travailleurs.euses temporaires ne fixent pas le coût des loyers ni ne contrôlent le stock de logements. C'est l'action des propriétaires corporatifs qui rénovent et font augmenter les prix des loyers. Les gouvernements provinciaux ont éliminé le contrôle des loyers et n'investissent pas dans le logement social. Le marché spéculatif du logement rend l'achat de maison impossible pour la vaste majorité de la population.
6- L'accès au statut d'asile au Canada n'est pas un jeu de courte échelle ; c'est un droit
J.T. : Certains.es résidents.es temporaires se tournent parfois vers notre système d'asile quand leur visa expire ; c'est une manœuvre pour rester au pays.
S.H. : Ici, J. Trudeau alimente de dangereux stéréotypes au sujet des immigrants.es et des requérants.es du droit d'asile. Rechercher la sécurité, la stabilité ou des « opportunités » n'est pas une manœuvre, c'est un droit humain fondamental inscrit dans les lois canadiennes et internationales.
J.T. : Nous faisons en sorte que le système fonctionne pour les Canadiens.nes et ceux et celles qui arrivent ici plutôt que pour les grands magasins, les chaines de restaurants, les consultants.es en immigration et les collèges tricheurs qui exploitent la situation.
S.H. : S'il veut que le système fonctionne, voici ce qu'il devrait faire :
- Cesser de prendre les immigrants.es comme bouc émissaires.
- Souligner leur contribution indispensable.
- Les protéger immédiatement des coupes à venir.
Leur garantir le statut de résidents.es permanents.es à tous et toutes. Faire cesser le règne de terreur lié aux intérêts corporatifs qui profitent de la nécessité d'assurer ses besoins de base. Et investir dans le logement, les soins de santé et les infrastructures pour tous les résidents et résidentes de ce pays, une bonne fois pour toute.
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Taxe éco-irresponsable

L'administration Trudeau annonce aujourd'hui un congé de TPS. Il peut être intéressant de voir cette taxe supprimée pendant deux mois sur certains produits mais il serait préférable de la voir abolie pour toujours sur les biens essentiels. Parmi ceux-ci nous plaçons le transport en commun.
Les <http:/www.oubliesdelautobus.sitew.ca/>'>oubliés de l'autobus ont déposé pour signature sur le site du gouvernement fédéral une pétition qui demande le retrait de la TPS sur les billets d'autocars et de trains, cette taxe ajoutant 5% à leurs prix déjà très élevés. Le groupe constate que ce choix éco-responsable est taxé quand pourtant l'utilisateur de transport collectif contribue déjà au-delà de sa juste part à construire et maintenir les infrastructures routières.
Il reste encore quelques jours pour signer la <https://www.noscommunes.ca/petition...>'>pétition e-5053 qui se lit comme suit :
Attendu que :
• Le transport est un besoin essentiel, particulièrement dans les régions éloignées des centres ;
• Les taxes sur les transports collectifs qui s'ajoutent aux prix des billets les rendent prohibitifs pour les usagers les plus démunis ;
• Les fournisseurs de service de transport collectif peinent à maintenir des horaires suffisants et des circuits universels ;
• Les services de transport collectif contribuent efficacement à la diminution des gaz à effet de serre (GES) ;
• Les citoyens qui utilisent ces services doivent être encouragés car ils collaborent à réduire la congestion et l'émission de GES.
Nous soussignés, citoyennes et citoyens utilisateurs de services de transport collectif au Canada, prions la Chambre des communes réunie en Parlement de supprimer la taxe (TPS/TVH) sur la vente de billets d'autocars interurbains et de trains de passagers.
On peut signer jusqu'au 3 décembre à https://www.noscommunes.ca/petitions/fr/Petition/Details?Petition=e-5053
(enanglais :)
Colette Provost, secrétaire du CA
Les oubliés de l'autobus
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Des groupes pacifistes appellent au retrait du Canada de l’OTAN

L'Assemblée parlementaire de l'OTAN s'ouvre aujourd'hui à Montréal et plusieurs groupes pacifistes se mobilisent pour appeler au retrait du Canada de l'alliance militaire euro-atlantique. Ces groupes dénoncent notamment la pression exercée par l'OTAN sur le Canada pour qu'il augmente ses dépenses militaires à 2 % du PIB. Ils condamnent également la complicité de l'OTAN avec Israël.
Du jeudi 22 au lundi 25 novembre, la 70e session annuelle de l'Assemblée parlementaire de l'Organisation du traité de l'Atlantique Nord (OTAN) se tient à Montréal, réunissant près de 400 délégué·es des 32 pays membres et de 25 autres pays et instances parlementaires partenaires.
22 novembre 2024 | tiré de Pivot
L'OTAN est une alliance militaire réunissant la plupart des pays d'Europe et ceux d'Amérique du Nord, qui s'engage à « défendre la liberté et la sécurité de ses membres par des moyens politiques et militaires ». Elle dit « promouvoir les valeurs démocratiques » et être « attachée à la résolution pacifique des différends ».
Mais à l'approche de son assemblée, les mobilisations de la société civile contre l'OTAN se multiplient. Plusieurs manifestations et activités de sensibilisation sont prévues cette fin de semaine, appelant au retrait du Canada de l'alliance militaire euro-atlantique.
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Le collectif Désinvestir pour la Palestine, la Convergence des luttes anticapitalistes, le collectif Échec à la guerre et le Mouvement québécois pour la paix organisent plusieurs manifestations les 22 et 23 novembre.
Le collectif Désinvestir pour la Palestine organise également un rassemblement suivi d'une performance artistique le 21 novembre.
Le Réseau pan-canadien pour la paix et la justice organise pour sa part un contre-sommet intitulé « Non à l'OTAN, oui à la paix » le 24 novembre.
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« Investir dans l'OTAN, dans la soi-disant « défense », ce n'est pas investir dans la paix, c'est investir dans la guerre, dans le militarisme et dans l'impérialisme », déclare Benoît Allard, porte-parole du collectif Désinvestir pour la Palestine.
« L'OTAN n'est pas une alliance défensive, c'est une machine de guerre, de mort, de destruction », dénonce Raymond Legault, porte-parole du collectif Échec à la guerre, en énumérant les conflits armés dans lesquelles l'OTAN s'est lancée au cours des 30 dernières années : Irak, Kosovo, Afghanistan, Libye, Syrie…
Notamment, la guerre « contre le terrorisme » initiée par les États-Unis après le 11– Septembre a causé plus de 4,5 millions de morts directes et indirectes et a créé au moins 38 millions de personnes déplacées, selon des estimations de l'Institut Watson d'affaires publiques et internationales, à l'Université Brown.
« Il faut réveiller le public, mais aussi remettre en question l'agenda de l'ensemble de la classe politique canadienne et québécoise, qui n'ose plus dire un mot contre l'OTAN », souligne Alex Tyrrell, chef du Parti vert du Québec et co-organisateur du contre-sommet.
« Ce qui construit la paix et la sécurité, c'est la solidarité entre les peuples qui se mobilisent pour la paix, pour la réduction des inégalités et des injustices. »
Benoît Allard, Désinvestir pour la Palestine
Aujourd'hui, face à l'escalade des conflits en Ukraine et au Moyen-Orient, les groupes pacifistes affirment aussi qu'il est urgent que les Canadien·nes prennent l'initiative de rebâtir le mouvement pour la paix. Ils appellent les citoyen·nes à descendre dans la rue pour manifester leur opposition à la guerre, comme ils et elles l'ont fait en 2003 contre l'invasion de l'Irak, quand 200 000 personnes avaient pris les rues de Montréal, un événement record à l'époque.
Doublement des dépenses militaires
En 2006, les ministres de la Défense des pays de l'OTAN ont convenu que les alliés consacreraient au moins 2 % de leur produit intérieur brut (PIB) au budget militaire, afin d'assurer une disponibilité opérationnelle à l'échelle de l'alliance. Lors du dernier sommet de l'OTAN, qui s'est tenu en juillet 2024 à Washington, deux tiers des alliés avaient atteint cet objectif.
Le premier ministre canadien, Justin Trudeau, a réaffirmé l'engagement du Canada à l'atteindre d'ici 2032-2033. Pour ce faire, selon la projection du Directeur parlementaire du budget, les dépenses de défense nationale devraient s'élever à 81,9 milliards $ d'ici 2032-2033, soit près du double du montant prévu pour 2024-2025, estimé à 41 milliards $.
De plus, comme convenu par les alliés de l'OTAN au sommet de Vilnius en 2023, le Canada s'engage également à consacrer 20 % de ces dépenses à l'acquisition de nouveaux équipements majeurs, y compris la recherche et le développement liés, afin d'assurer une modernisation rapide de ses capacités militaires.
« Ce n'est absolument pas nécessaire à la sécurité de la population canadienne », dénonce Raymond Legault. « L'OTAN est de très loin l'alliance militaire la plus armée dans le monde. »
En effet, les dépenses militaires de la trentaine de membres de l'OTAN représentent 55 % du total mondial, selon l'Institut international de recherche sur la paix de Stockholm (SIPRI). À elles seules, les dépenses militaires des États-Unis ont constitué 37,5 % des dépenses mondiales, soit plus que le total des neuf autres pays en tête de liste, incluant la Chine et la Russie.
« Investir dans l'OTAN, c'est investir dans la guerre, dans le militarisme et dans l'impérialisme. » Benoît Allard
« C'est inacceptable d'investir davantage dans l'armée alors qu'il y a des besoins criants ailleurs », déplore Benoît Allard.
« Ça risque d'avoir des impacts désastreux sur l'ensemble de nos politiques sociales », soutient Raymond Legault.
Les groupes pacifistes soulignent que ce n'est qu'un des nombreux exemples où les grandes puissances de l'OTAN, notamment les États-Unis, influencent voire déterminent la politique canadienne, par exemple en l'incitant à participer à des opérations militaires.
Complice d'Israël
Au cours des sept dernières décennies, les alliés de l'OTAN ont fermement soutenu Israël, y compris dans l'occupation et la colonisation illégales du territoire palestinien ainsi que dans le génocide en cours à Gaza.
« Sauf de rares exceptions, la complicité ou l'inaction des pays membres de l'OTAN, qui se contentent d'appeler à un cessez-le-feu sans la moindre sanction contre Israël, nous donne la mesure réelle de leur attachement aux droits humains et au droit international », déplore le collectif Échec à la guerre dans un communiqué.
Ce sont les mêmes puissances majeures qui avaient soutenu la création de l'État d'Israël au milieu du 20e siècle, dont des États coloniaux tels que les États-Unis et le Royaume-Uni.
En 1987, le président américain de l'époque, Ronald Reagan, avait désigné Israël comme un allié majeur non-membre de l'OTAN. Cela a permis aux pays membres de collaborer plus étroitement avec Israël, notamment en matière de recherche, de développement et de transfert d'armements.
Entre 2013 et 2022, la quasi-totalité des armes importées en Israël provenait de deux pays de l'OTAN, soit les États-Unis et l'Allemagne, selon SIPRI.
Notamment, depuis octobre dernier, les États-Unis ont fourni plus de 10 000 munitions MK-84 à Israël, un type de bombe de 2 000 livres que les forces américaines n'ont presque jamais utilisé dans des zones densément peuplées. Israël, en revanche, en a largué même dans des camps de réfugié·es.
Aujourd'hui, après plus de treize mois de génocide à Gaza, plusieurs pays de l'OTAN continuent d'armer Israël. Dans le cas du Canada, des composantes d'armement sont encore acheminées vers Israël, bien que la ministre des Affaires étrangères du Canada, Mélanie Joly, ait déclaré la suspension d'une trentaine de permis d'exportation de marchandises militaires vers Israël.
« Il faut réveiller le public, mais aussi remettre en question l'agenda de l'ensemble de la classe politique canadienne et québécoise, qui n'ose plus dire un mot contre l'OTAN. »
Alex Tyrrell, Parti vert du Québec
Benoît Allard dénonce que cette collaboration étroite en matière de défense fait d'Israël un laboratoire de l'OTAN pour le développement d'armements. « Les armements qu'Israël a expérimentés sur les Palestinien·nes seront réutilisés par les puissances de l'OTAN dans des conflits et des interventions militaires ailleurs dans le monde, mais aussi contre leur propre population civile. »
Construire la paix
Les groupes pacifistes soulignent que la défense de la sécurité dont se réclame l'OTAN ne sert que les intérêts de certains États occidentaux, au détriment de ceux des populations du Sud global.
Ils soutiennent aussi que la paix et la sécurité ne se construisent pas par les armes.
Benoît Allard fait valoir qu'en se livrant à une course à la puissance militaire, on se retrouve dans une sécurité illusoire. « Si votre voisin s'achète un fusil pour se protéger, il y a des chances que vous vous disiez que la solution est de vous acheter un plus gros fusil pour vous sentir en sécurité », explique-t-il. « Mais c'est un jeu à somme nulle. »
« L'OTAN considère les armes nucléaires comme la garantie ultime de la sécurité de ses pays membres. Ça fait en sorte qu'aucun des 32 pays membres n'a signé le traité sur l'interdiction des armes nucléaires », ajoute Raymond Legault. « C'est absolument suicidaire. Les armes nucléaires menacent l'existence de toute l'humanité. »
« Ce qui construit la paix et la sécurité, c'est la solidarité entre les peuples qui se mobilisent pour la paix, pour la réduction des inégalités et des injustices », souligne Benoît Allard. « Ce sont, par exemple, les blocages des ouvriers portuaires partout dans le monde, qui refusent que leur travail serve à transférer des armes à un état génocidaire, comme c'est le cas d'Israël. »
Selon Benoît Allard, face à la montée de l'extrême droite partout dans le monde, « c'est clair qu'on ne peut pas compter sur nos États et nos gouvernements pour freiner la marche du militarisme. Il faut qu'on le fasse par nos propres moyens, sur nos propres bases, en nous mobilisant dans la rue, sur nos milieux de travail, pour exiger la fin du financement militaire et des guerres impérialistes ».
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Discours de Bruce Katz pour Palestiniens et Juifs unis

Depuis la fondation de l'OTAN en 1949 par douze pays d'Europe et d'Amérique, les alliés euro-atlantiques ont fermement soutenu Israël, malgré son régime d'apartheid et son occupation illégale du territoire palestinien. Depuis le début de sa participation à l'OTAN, le Canada s'est mêlé à des activités pro-israéliennes et anti-palestiniennes. Un exemple frappant est celui de la visite du président israélien Reuven Rivlin à Ottawa en 2019.
22 novembre 2022 | Photo : Bruce Katz, militant pour la paix
Lors de cette visite de Reuven Rivlin à Ottawa, le premier ministre Trudeau a déclaré : « Une relation de longue date entre nos deux pays, avec une coopération étroite qui va bien au-delà des questions de sécurité. Nous sommes devenus non seulement des alliés inébranlables, mais aussi des amis chers. Des amis qui se soutiennent mutuellement dans les bons comme dans les mauvais moments. Des amis qui partagent les mêmes valeurs de paix, de liberté et d'État de droit. » Des amis dans le génocide quoi !
Les ventes d'armes entre les alliés de l'OTAN et Israël ont toujours été la priorité dans les relations entre Israël et les pays de l'OTAN et cela perdure avec le génocide à Gaza. Les alliés de l'OTAN, en particulier les États-Unis, le Royaume-Uni et l'Allemagne, sont les principaux exportateurs d'armes vers Israël, selon le rapport 2023 Trends in International Arms Transfers de l'Institut international de recherche sur la paix de Stockholm (SIPRI).
Entre 2019 et 2023, les États-Unis représentaient plus des deux tiers (69 %) de toutes les armes vendues à Israël depuis l'étranger, tandis que l'Allemagne était le deuxième plus grand fournisseur avec 30 %, selon l'Institut international de recherche sur la paix de Stockholm.
Fin avril, l'Observatoire euro-méditerranéen des droits de l'Homme a estimé qu'environ 70 000 tonnes de bombes avaient été larguées sur Gaza, couvrant une période de six mois entre le 7 octobre et le 24 avril, dépassant largement le total des bombes larguées sur Dresde, Hambourg et Londres combinées pendant la Seconde Guerre mondiale.
Il s'agit de bombes fournies en grande partie par les États-Unis avec d'autres armements sophistiqués provenant de ses alliés de l'OTAN, dont le Canada, qui continue d'expédier des armes à Israël. Le génocide qui se déroule à Gaza et les bombardements indiscriminés au Liban par Israël n'auraient pas pu avoir lieu sans le soutien des États-Unis et de leurs alliés de l'OTAN.
Alors que les États-Unis et l'OTAN menaient des guerres contre l'Afghanistan et l'Irak, Israël a signé en 2006 un Programme de coopération individuelle (PCI) dans le cadre du Dialogue méditerranéen renforcé de l'Alliance. Cela a facilité un partenariat plus étroit entre l'OTAN et Israël dans le cadre d'opérations dites « antiterroristes ». Cependant, pour les États-Unis, qui dominent l'OTAN, et Israël, les « terroristes » figurant sur leurs listes sont des groupes de libération palestiniens. Alors les groupes palestiniens dont la résistance s'avère une lutte anticolonialiste, se font taxer de « terroriste » par les pouvoirs colonialistes dont le Canada. Un exemple concret est l'ajout récent à la liste des organisations terroristes du Canada du réseau de prisonniers palestiniens, Samidoun. Il convient de noter que même si Nelson Mandela est devenu président de la République d'Afrique du Sud, libérée de l'apartheid, en 1994, Mandela est resté sur la liste des organisations terroristes des États-Unis jusqu'en 2008 !
Ces opérations dites « antiterroristes » menées par l'OTAN et Israël visent à empêcher l'autodétermination palestinienne et à saper toute tentative d'aboutir à une paix permanente au Proche Orient. Deux ans après la signature du Protocole d'entente en 2008, l'armée israélienne a lancé l'opération « Plomb durci » et pilonné la bande de Gaza, densément peuplée, avec des bombes et des munitions au phosphore blanc qui brûle la peau au contact, tuant plus de 1 000 Palestiniens et en blessant plus de 5 000 autres. Ce sont les alliés de l'OTAN qui ont fourni à Israël la majeure partie de ses armes, qui ont ciblé les Palestiniens et détruit des infrastructures civiles.
En 2014, l'armée israélienne a lancé une attaque violente appelée Opération Protective Edge contre Gaza qui a causé d'énormes dommages et traumatismes, en particulier aux femmes et aux enfants. Selon l'UNWRA, the United Nations Works and Relief Agency pour les réfugiés de Palestine au Proche-Orient, Israël a tué plus de 2 000 Palestiniens, blessé 11 000 personnes et détruit des établissements de santé, des mosquées, des écoles et des maisons en 2014. Nous notons donc que le génocide à Gaza soutenu par les alliés de l'OTAN a commencé bien avant l'actuel génocide et prend un essor encore plus destructeur avec la Nakba génocidaire à Gaza de 20023 à 2024.
Aujourd'hui, il ne reste pratiquement plus rien à Gaza. Hôpitaux, centres médicaux, écoles, immeubles résidentiels, mosquées, églises, tout est détruit. Plus de 47 000 morts officiels, plus de 100 000 blessés. 70% des morts sont des femmes et des enfants. Plus de 17 000 enfants palestiniens ont été assassinés. Le nombre de morts est bien plus élevé parce que des milliers de Palestiniens disparus, ensevelis sous les décombres laissés par les bombardements incessants israéliens, n'ont pas encore été ajoutés à la liste officielle des morts palestiniens.
En fait, plus de cent mille Palestiniens ont été tués à Gaza. Israël a provoqué une famine artificielle contre la population palestinienne sans défense, tout cela avec le soutien explicite des pays de l'OTAN.
Ce n'est que récemment que des vidéos ont été diffusées montrant les troupes israéliennes pillant ouvertement les camions d'aide humanitaire devant les Palestiniens affamés. C'est un génocide classique qui se déroule à Gaza, fabriqué en Amérique avec le soutien des alliés de l'OTAN. À cela, s'ajoute des centaines de Palestiniens en Cisjordanie occupée tués dans les pogroms de colons israéliens d'extrême droite, appuyés dans leurs exactions par l'armée de l'occupation, et quelques mille Libanais tués dans les bombardements au Liban, tout cela avec la bénédiction de l'OTAN. Le gouvernement Trudeau est complice de ce génocide et cela ne doit jamais être oublié, car il n'y a pas de prescriptions pour le crime de génocide, des crimes de guerre ou des crimes contre l'humanité.
Netanyahou et Gallant ont maintenant un mandat d'arrêts contre eux pour crimes contre l'humanité et crimes de guerre. Je pose la question suivante : Si Justin Trudeau et Mélanie Joly ont soutenu le génocide à Gaza, les crimes de guerre et crimes contre l'humanité en Cisjordanie et au Liban en soutenant le régime terroriste de Benjamin Netanyahou par le biais des armes qu''ils envoient à Israël, et le soutien politique et diplomatique qu'ils offrent au criminel de guerre Netanyahou, ne devraient-ils pas également faire l'objet d'une enquête de la Cour pénale internationale pour complicité de crimes contre l'humanité et crimes de guerre ? Je dis « oui », et PAJU exhorte des avocats du Canada qui voudraient entreprendre la cause de voir à ce que Trudeau et Joly soient poursuivis pour leur soutien militaire, politique et diplomatique inconditionnel à la campagne génocidaire à Gaza.
Canada Hors de l'OTAN. Vive la Palestine libre et indépendante, libérée des entraves et du joug du colonialisme « Otanien » et du culte de l' » Israélisme ». Oui au judaïsme, non à l' »Israélisme ». Oui à la paix, non à l'OTAN !
Bruce Katz
Coprésident
Palestiniens et Juifs unis (PAJU)
le 22 novembre 2024
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Les femmes en marche : Nouvelles d’Afrique Kenya : Renforcer la résilience féministe

Cette semaine au Kenya, les alliés du Mathare Social Justice Centre (MSJC) ont organisé une session communautaire puissante sur la violence basée sur le genre, en se concentrant sur la violence sexuelle à l'encontre des femmes et des personnes handicapées.
Tiré de Entre les lignes et les mots
https://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2024/11/17/les-femmes-en-marche-nouvelles-dafrique/?jetpack_skip_subscription_popup
La session a abordé des questions urgentes telles que la souillure, l'inceste et le viol, suscitant des discussions approfondies sur la défense du corps des femmes et la protection des personnes vulnérables. Les membres de la communauté se sont rassemblés pour aborder ces questions cruciales, en s'engageant fermement dans la lutte contre la violence.
Simultanément, dans le comté de Kisumu, le nouveau groupe Nambokana/Nyando a tenu une réunion centrée sur la construction d'une économie féministe. Cette réunion a marqué une étape importante vers l'autonomisation économique et structurelle des femmes, renforçant ainsi le leadership et la solidarité féministes au niveau local.
L'équipe kenyane a également participé activement à la production du film « Women on the March : #UntilWeAreAllFree », une plateforme dynamique qui amplifie les voix défendant la liberté, la justice et l'égalité.
Sahara occidental : Une lutte pour la justice et la souveraineté
La situation actuelle au Sahara occidental demeure une préoccupation majeure pour les défenseurs des droits des femmes et de la libération dans le monde entier. Légalement reconnu comme un territoire non autonome sous mandat des Nations unies, le droit à l'indépendance du Sahara occidental est inscrit dans le droit international, mais reste une question contestée. Sur le plan politique, la région a connu des décennies de troubles, à commencer par l'accord de Madrid de 1975, qui a vu sa partition entre le Maroc, la Mauritanie et l'Espagne.
L'exploitation par le Maroc des ressources naturelles du Sahara occidental s'est heurtée à des obstacles juridiques, la Cour européenne reconnaissant finalement la souveraineté du peuple sahraoui sur ses ressources. Cette victoire juridique pour le Sahara occidental souligne le rejet international des revendications marocaines et renforce la légitimité du Sahara occidental en tant que territoire distinct. Récemment, la Cour internationale de justice a renforcé la cause sahraouie en se prononçant contre l'accord de pêche qui incluait le Sahara occidental, symbolisant ainsi une victoire majeure dans la lutte juridique mondiale pour la souveraineté.
Zimbabwe : élargissement des réseaux de lutte agricole
Au Zimbabwe, Shanty, Martha et Caroline ont représenté la Marche Mondiale des Femmes (MMF) lors d'un rassemblement important pour le Programme Détaillé de Développement de l'Agriculture Africaine (PDDAA), ainsi que lors d'une réunion parallèle avec la FAO. L'équipe a présenté la coordination de la MMF avec les agricultrices et les jeunes, en particulier dans le domaine de l'agriculture et de la souveraineté alimentaire. Elle a également élargi le réseau pour inclure davantage d'organisations et de groupes alliés qui partagent ces priorités.
Les mises à jour de cette semaine soulignent le courage et la résilience des femmes à travers l'Afrique, travaillant sans relâche pour la justice, l'autonomisation et la vision d'une économie féministe. Des réunions locales au Kenya aux victoires internationales pour le Sahara occidental, la mission de la MMF reste claire : « Nous marchons jusqu'à ce que toutes les femmes soient libres ».
https://marchemondiale.org/index.php/2024/11/07/les-femmes-en-marche-nouvelles-dafrique/?lang=fr
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Les 12 jours contre les violences envers les femmes : la campagne 2024

Les cyberviolences genrées constituent un fléau discret, mais pernicieux touchant les femmes ainsi que les personnes issues des minorités de genre, religieuse ou en situation de handicap, et ce, dans tous les aspects de leur vie quotidienne. Avec l'essor du numérique, ces violence se multiplient et prennent des formes toujours plus variées, se manifestant dans les espaces virtuel tels que les réseaux sociaux, les jeux en ligne et les forums, mais également au sein d'échanges privés.
Pourquoi maintenant ?
Les cinq dernières années ont vu une augmentation alarmante des cyberviolences basées sur le genre. Cette montée est exacerbée par :
– La prolifération d'espaces numériques sans régulation adéquate.
– Des lois insuffisantes pour encadrer les cyberviolences, souvent inadaptées à la réalité technologique.
– Une mise en œuvre inefficace des lois existantes, aggravée par une banalisation généralisée et un manque de sensibilisation des acteurs du système judiciaire.
Les impacts de la cyberviolence
– Isolement social et peur de s'exprimer publiquement
– Détresse psychologique et perte de dignité
– Recul significatif de la participation des femme, des minorités de genre et de religion dans les débats publics et numérique
En refusant d'agir, nous normalisons...
– Le harcèlement psychologique sur les réseaux sociaux
– prolifération de discours sexistes et haineux, détruisant l'espace public numérique
– le contrôle numérique dans la sphère publique, utilisé comme outil d'oppression
Un appel à l'action
Cette campagne vise à informer les publics cibles sur les différentes formes de cyberviolences genrées, à encourager des actions collectives pour contrer ces violences et soutenir les personnes touchées, et promouvoir les initiatives des différentes organisations de l'écosystème à travers un calendrier centralisé, afin de lutter efficacement contre ces violences en ligne.
– Faire connaître les différentes formes de cyberviolences genrées.
– Encourager des actions collectives pour contrer ces violences et soutenir les personnes touchées.
– Promouvoir les initiatives des différentes organisations à travers un calendrier centralisé.
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C’est l’urgence FÉMINICIDES au Québec, qu’attendons-nous pour agir ?

Voici le communiqué de presse en lien avec l'action d'aujourd'hui tenue devant le Palais de Justice à Québec.
Québec, le 21 novembre 2024 –
À quelques jours du lancement de la Campagne des douze jours d'action contre les violences faites aux femmes, le Regroupement des groupes de femmes de la région de la Capitale-Nationale (RGF-CN) lance un cri d'alarme face à l'actuelle vague de féminicides.
Minnie Ivilla a succombé à ses blessures le 8 novembre, à la suite d'une attaque survenue en octobre à Puvirnituq. Le meurtrier, son petit-fils, avait été libéré un mois plus tôt malgré des accusations d'agression sexuelle et d'attaque à la hache. Ce meurtre de marque le 25e féminicide connu en 2024, alors que l'année n'est pas encore terminée. À ce rythme, nous atteindrons, voire dépasserons le nombre de féminicides commis pendant la pandémie en 2021, année considérée comme une année de crise sur le plan des violences envers les femmes. Dans le dernier mois, il y a eu 5 féminicides au Québec.
« Combien de femmes des Premières nations ou Inuites sont victimes de féminicides dans le silence ? Les femmes autochtones constituent le tiers des victimes de féminicides au Canada, alors qu'elles sont 5 % de la population. Nous constatons que les féminicides de femmes autochtones sont souvent moins médiatisés et davantage invisibilisés, ce qui nous porte à croire que le nombre de féminicides pourrait être beaucoup plus élevé, » souligne Élise Landriault-Dupont, co-coordonnatrice du Regroupement des groupes de femmes de la région de la Capitale-Nationale (RGF-CN).
Réunies devant le Palais de justice, les manifestantes ont voulu interpeller le gouvernement et le système de justice, qui échouent trop souvent à protéger les victimes de violence. Dans de nombreux cas de féminicides, les agresseurs étaient judiciarisés ou connus des milieux policiers. Ces meurtres auraient pu être évités.
Les meurtres de femmes et de filles sont la pointe de l'iceberg d'un continuum de violences normalisées et banalisées. Ces violences envers les femmes et les filles sont le fruit d'un rapport de domination des hommes sur les femmes. La société tolère et parfois même encourage ce type de domination, comme en témoignent les discours antiféministes et masculinistes. Phénomène très inquiétant, un récent sondage a démontré qu'au Canada, 40% des jeunes hommes entre 18 et 30 ans sont en accord avec l'affirmation que : « Le père de famille doit commander chez lui ». Les organisatrices la manifestation dénoncent fortement toute tolérance à l'égard de ce type de propos.
Pas une de plus
Devant l'urgence de la situation, le Regroupement des groupes de femmes exhorte le gouvernement et la ministre à la Condition féminine, le Ministre de la Sécurité publique ainsi que le Premier Ministre, à mettre en place un plan d'action d'urgence pour contrer les féminicides, dès maintenant !
« Il faut faire les changements nécessaires dans notre système de justice, pour que les agresseurs ne puissent plus récidiver ou poser des gestes violents en attente de leur procès. Il faut refuser de baisser les bras et d'accepter que d'autres femmes soient agressées, violentées, tuées.
Plusieurs solutions sont déjà connues, comme augmenter le nombre de places en maisons d'hébergement et en maison de deuxième étape. Au cours de la dernière année SOS Violence conjugale n'a pu trouver de places en maisons d'hébergement pour la moitié des femmes demandant de l'aide. Vivement des investissements témoignant d'une réelle volonté politique ! », scande Élise Landriault-Dupont, co-coordonnatrice du Regroupement des groupes de femmes de la région de la Capitale-Nationale (RGF-CN).
Le RGF-CN regroupe des groupes de femmes de la région de la Capitale-Nationale et travaille la défense des droits et des intérêts de toutes les femmes, l'égalité des femmes entre elles, l'amélioration des conditions de vie.
Regroupement des groupes de femmes de la région de la Capitale-Nationale – RGF-CN
info@rgfcn.org
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Causons éoliennes

C'est le titre d'une annonce de la MRC des Maskoutains qui invite les citoyens et citoyennes à une démarche participative au sujet des énergies renouvelables. À première vue, c'est une très bonne idée.
De plus, à la même page, le député de Saint-Hyacinthe-Bagot, M. Savard-Tremblay, en remet avec un texte dont le titre est « Transition énergétique : plus que jamais, Maîtres chez nous ».[1] Au moment où la désastreuse COP29 a lieu dans l'état pétrolier de l'Azerbaïdjan,[2] nous sommes comblés d'entendre toutes ces belles paroles que nous désirons si ardemment entendre ! Malgré la bonne volonté de certains intervenants, le parcours vers cette transition énergétique est parsemé d'embûches.
Malheureusement, les experts en communications des multinationales des énergies utilisent les mots de la transition énergétique comme des pièges à ours pour mousser leurs intérêts au détriment de la population. Ces experts prostituent le sens des mots. Dans mon dictionnaire, la deuxième définition de ce verbe se lit comme suit : « prostituer : 2.litt. avilir par intérêt… » [3] Avec cette désinformation systématique, est-il étonnant que bon nombre de personnes de bonne foi en viennent à perdre leur latin ? Pour se protéger de ces attrape-nigauds, il faut apprendre à analyser CE QUI N'EST PAS DIT dans chaque situation car c'est dans le non-dit que se cachent les arnaques !
À titre d'exemple, prenons le mot « renouvelable ». Comme tout le monde veut se l'approprier, les « pimps de l'information » l'utilisent à toutes les sauces. Par exemple, est-ce que faire des coupes à blanc de forêts en Colombie-Britannique pour que la multinationale DRAX produise de « l'électricité renouvelable » en Angleterre est une bonne idée ?[4] D'accord, c'est renouvelable, mais il faudra un siècle pour que la forêt se régénère ! Entre-temps, nous avons un urgent besoin de ces arbres pour capturer du carbone et fournir des matériaux de construction. De même, la bioraffinerie de Greenfield Global, à Varennes, produit de l'éthanol « renouvelable » fabriqué avec du maïs-grain pour rendre l'essence plus « verte ». Selon un article du Devoir, si on acceptait la proposition d'ajouter 15 % d'éthanol à l'essence, la quasi totalité de la production de maïs-grain du Québec serait nécessaire pour produire ce « carburant renouvelable ».[5] La question qui tue : est-ce que notre agriculture doit nourrir les automobiles ou doit-elle nourrir la population ? Reste à savoir si l'empreinte totale de ce « carburant renouvelable » (le labourage, la préparation du sol, l'utilisation d'engrais et de pesticides, la récolte, le séchage, etc) produit plus de gaz à effet de serre (GES) que son équivalent fossile !
Tout comme M. Savard-Tremblay, je grince des dents lorsque mes impôts servent à payer les 34 milliards de dollars requis pour tripler la capacité de l'oléoduc Trans Mountain. Ce pipeline a un seul but : produire plus de barils de « Western Canadian Select » qui rejetteront des millions de tonnes de GES dans l'atmosphère. Peut-on m'expliquer logiquement comment le fait d'augmenter notre production de GES avec ce pétrole contribuera à « décarboner » notre production d'énergie dans le cadre des changements climatiques ?
Alors, comme le suggère la MRC, « causons énergies » en ce début du 21e siècle. Cette conversation doit obligatoirement tenir compte du projet de loi no 69 (PL 69) présenté par le ministre Fitzgibbon et maintenant défendu par la ministre Fréchette. Ce projet de loi est touffu et difficile à comprendre. Si on le simplifie à l'extrême, on peut dire qu'il produira les effets suivants : a) il concentre le pouvoir dans les main du ministre, ce qui laisse le secteur énergétique dépendre de l'humeur politique du moment ; b) il donne le droit de vendre des actifs ou d'avoir un réseau privé, ce qui pourrait constituer un détournement d'actifs qui nous appartiennent vers des compagnies privées ; c) il concentrera les activités d'Hydro-Québec sur les terres publiques du nord tandis que les compagnies privées agiront dans les milieux habités comme sur nos terres agricoles ; d) il semble nier l'expertise d' Hydro-Québec en plus d'obliger celle-ci à acheter « à perte » de l'électricité de ces compagnies privées, ce qui, à moyen terme, hypothèquera la santé financière d'Hydro-Québec ; e) chaque éolienne devient une enclave énergétique privée, ce qui est contraire au schéma d'aménagement des municipalités et de la MRC. Dans un mémoire de 25 pages (plus les 4 annexes) présenté à la Commission parlementaire, le CCCPEM a exigé le retrait de ce projet de loi dans sa forme actuelle tout en continuant de réclamer un BAPE générique pour débattre de la transition énergétique.
Au centre-ville de Saint-Hyacinthe, nous avons un symbole d'une politique énergétique éviscérée de son sens premier. La centrale électrique située à l'extrémité du barrage Penman a été construite par Boralex durant les années 90, puis a été revendue à la compagnie ontarienne Algonquin Power. Le seul objectif d'Algonquin Power est de fournir des profits à ses actionnaires, peu importe les effets négatifs de son surturbinage sur la qualité de vie des Maskoutain·es et de tous les êtres vivants du bassin versant de la Yamaska. En période d'étiage, si la ville a « l'outrecuidance » de demander un peu de respect pour le vivant et le bien commun de ses 60 000 citoyens, cela devient une excuse « légale » parfaite pour ne pas payer de redevances. Pourtant, on a nommé cette centrale « T.-D.-Bouchard » pour honorer la mémoire de ce ministre qui a piloté la loi créant Hydro-Québec et qui est devenu son premier président en avril 1944.
Cette centrale « T-D-Bouchard » serait-elle le symbole des absurdités d'une privatisation « à la pièce » que le PL 69 semble proposer ? Serait-ce le symbole d'un cheval de Troie qui s'est donné comme mission de revenir au TRUST DE L'ÉLECTRICITÉ des années 1930 ? Est-ce que l'utilisation erronée du nom de « T-D-Bouchard » par une compagnie privée comme Algonquin Power se veut une insulte à la mémoire du père fondateur de la nationalisation de l'électricité ?
La notion de développement durable doit nécessairement inclure des composantes économiques, environnementales et sociales. Si on veut réellement « causer éoliennes », cette conversation doit ignorer les slogans faciles des « proxénètes de l'information » et aller au coeur du sujet. Au 21e siècle, l'électricité sera l'énergie primordiale de la transition énergétique. Présentement, sur l'échiquier politique continental, le Québec a « dans sa main » un atout puissant, soit LA SOURCE d'énergie du siècle à venir. Il faudrait un manque flagrant de sens stratégique pour DONNER « cette carte » à des compagnies privées comme Algonquin Power, Boralex, Innergex et tutti quanti. Si nous voulons être véritablement MAÎTRES CHEZ NOUS, nous devons nous assurer que le projet de loi no 69 n'inocule pas une mort programmée à notre symbole national. La « centrale T-D-Bouchard », située au centre-ville, est le symbole d'un slogan émasculé, et vidé de son sens véritable.[6 ] Hydro-Québec ne doit jamais être un partenaire ou un actionnaire d'une compagnie privée : MAÎTRES CHEZ NOUS veut dire qu'Hydro-Québec est le maître d'oeuvre !
Gérard Montpetit
Membre du CCCPEM
le 18 novembre 2024
1] Le Courrier de Saint-Hyacinthe, édition papier du 14 novembre 2024, page 11
2] https://www.nationalobserver.com/2024/11/18/opinion/burning-comforting-illusions-cop29-baku ?
3] Dictionnaire du français Plus, ISBN 2-7617-0508-4, page 1347
4] https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1923288/foret-exploitation-durable-arbres-ancienne
6] https://rveq.ca/replique-opinions/pl69nbsp-brader-notre-hritage-pour-un-plat-de-lentilles-
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Fondation du Mouvement Onésime Tremblay

Saguenay, Québec - le vendredi 22 novembre 2024 – Une quinzaine de personnes de différents milieux : groupes communautaires, association de retraités, syndicats et Climat Québec se sont réunies cette semaine pour jeter les bases d'un comité de suivi et de mobilisation dans la foulée du succès remporté par le colloque du 22 octobre dernier intitulé : 1926-2026, cent ans d'occupation par Alcan et Rio Tinto : le bilan s'impose.
Qui est Onésime Tremblay
Les membres ont choisi de donner le nom d'Onésime Tremblay au mouvement en l'honneur du cultivateur de Métabetchouan qui s'est battu pendant plus de trente ans contre les agissements illégaux des investisseurs et des gouvernements qui ont procédé au rehaussement permanent du lac St-Jean. Onésime Tremblay est cet homme qui, peu de temps avant de mourir et après avoir perdu ce qui était selon plusieurs la plus belle terre de la région, s'est fait offrir un chèque en blanc signé d'Alcan sur lequel il pouvait inscrire le montant qu'il désirait. M. Tremblay a refusé en disant que ce qui l'intéressait n'était pas l'argent mais sa terre. Même si ce sont de grandes bottes à chausser, notre mouvement s'inscrit dans la logique du combat d'Onésime Tremblay, celle d'une affirmation citoyenne pour le bien commun face à une multinationale toute puissante dont les agissements sont cautionnés par les pouvoirs publics et trop souvent relayés automatiquement par les médias.
« Je m'inscris, comme citoyen de la région, dans le MOUVEMENT inspiré par ONÉSIME TREMBLAY, pour retrouver notre droit de propriété sur nos ressources naturelles. Droits qui ont été usurpés en retour d'un pacte social qui n'est plus du tout respecté par Rio Tinto. Pire, le déséquilibre avec la région serait amplifié avec le projet de loi 69, dont la raison première est la privatisation de l'électricité. Pour nous c'est NON à la loi 69. » Martin Lavoie, membre et porte-parole du Mouvement Onésime Tremblay
« Nous voulons contribuer à la reprise en main de nos ressources électriques pour l'ensemble de la collectivité. Le Mouvement, Je suis Onésime, se fera le défenseur du bien commun face à l'appétit insatiable des grosses corporations. » Martine Ouellet, membre et cheffe de Climat Québec
Axes d'interventions
Dans cet esprit, les membres du mouvement ont adopté de multiples axes d'intervention : entre autres la question de l'érosion des berges du Lac St-Jean, celle du crassier des résidus de bauxite, du pouvoir d'achat des retraité(e)s et de la fiscalité municipale. Le mouvement entend aussi s'impliquer activement dans la commémoration du centième anniversaire de la tragédie du lac St-Jean en 2026. Pour s'assurer d'être entendu, le mouvement Onésime Tremblay utilisera une multitude de moyens dont les manifestations dans des endroits publics.
Projet de loi 69 de privatisation de l'électricité
À court terme, les membres du mouvement ont choisi de prioriser la lutte contre le projet de loi 69 en appuyant la mobilisation panquébécoise qui s'organise actuellement. Rio Tinto a un projet gigantesque de parc éolien de 700 à 1000 mégawatts. Ce projet de parc éolien privé c'est l'injure ajoutée à l'insulte. Déjà, Rio Tinto profite d'un privilège exorbitant avec ses barrages non-nationalisés. Ce parc éolien, assorti à la possibilité de vendre de l'électricité à des tiers, qui serait légalisée si le projet de loi 69 était adopté encourageraient Rio Tinto à se désinvestir de la production d'aluminium. L'électricité des barrages de Rio Tinto pourrait être vendue ailleurs plutôt que pour la production d'aluminium. C'est complètement contraire à l'intérêt commun de la population du Saguenay-Lac-Saint-Jean et du Québec.
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En attendant le Black Friday

Dans une rue à sens unique avec stationnement des deux côtés, ayant un seul corridor de circulation au milieu, mais assez large au besoin pour deux voitures tout en se frôlant (comme pour se garder au chaud malgré le réchauffement climatique dû en partie aux émissions des dites voitures), un livreur typique de l'ère numérique « se met sur les flashers » le temps d'aller porter un colis requérant signature. La circulation est ainsi réduite à la vitesse rampante du concombre de mer, se profilant à l'horizon la menace d'un classique bouchon de circulation inattendu un jour de semaine à 11AM. Un Montreal Special avec rage au volant on the side.
En dépassant le goulot d'étranglement après plusieurs minutes de frustration automobile, surprise, s'étalent plusieurs espaces de stationnement disponibles, tous à quelques dizaines de pieds de l'endroit de la fatidique catastrophe routière en cours. « Sapristi de livreur à m… » se disent, peut-être, les bons usagers de la route qui obéissent aux règles et ne s'expliquent pas l'ampleur de l'égoïsme sans limites dudit livreur. En effet, ce parasite paresseux a osé causer un inconvénient aux troupeaux de VUS éléphantesques qui arpentent les rues plutôt que de se stationner un plus loin et de marcher un peu. En plus, c'est bon pour la santé marcher, ne le sait-il donc pas ?
Simultanément, Jeff Bezos et autres PDG et actionnaires majoritaires machiavéliques millionnaires et milliardaires du même acabit se baladent devant des œuvres d'art de la Renaissance1 affichées dans leurs yachts tout en comptant les nouveaux millions qui s'accumulent heure par heure2 dans leurs comptes de banque en paradis fiscaux à l'abri des lois et gouvernements3.
En établissant directement ou indirectement des contraintes et objectifs de performance inhumains sur toute la longueur des chaines d'approvisionnement4, de l'extraction des ressources jusqu'à la livraison au pas de ma porte de mon gri-gri dont je n'ai vraiment pas besoin, cette nouvelle classe ploutocratique réussit à nous convaincre d'effacer l'humanité d'autrui et par le fait même à nous monter les uns contre les autres. Cette classe de milliardaires obscènes veut détourner notre attention de l'exploitation dont ils sont coupables, exploitation sur laquelle est bâtie leur opulence ostentatoire de moins en moins inhibée, le tout en nous vendant leurs valeurs entrepreneuriales et leur succès financier comme un idéal à atteindre.
En effet, bien qu'il soit vrai que ce livreur puisse tout à fait s'en foutre d'où il stationne, il est esclave des désirs de croissance débridée imposés par ces PDG aux poches et ambitions sans fond, objectifs qui sont entérinés à leur tour par la société de consommation. Ce livreur a peut-être des cibles quotidiennes de performance fixées par un algorithme, probablement irréalistes ou impossibles à atteindre, surtout s'il se stationne plus loin des destinations, devant marcher à chaque livraison. Il est exploité par des compagnies qui priorisent les travailleurs autonomes, « l'engageant » sans s'engager envers lui, afin de se dédouaner des avantages et protections qu'un emploi en bonne et due forme lui octroierait. Ce livreur est un sous-traitant, un entrepreneur, un maître de son destin tout comme Musk ou Bezos. Du moins, c'est ce qu'on voudrait nous faire croire. Il court contre la montre en tentant d'échapper au spectre d'une plainte, à une action punitive de son non-employeur ou à une mise à pied qui le guette à tout moment. Le tout afin d'à peine réussir à ne pas se noyer sous le poids des inégalités exacerbées par les maitres de l'industrie qui l'emploie5.
L'augmentation du volume de colis et les attentes en matière de rapidité de livraison, le désir et le plaisir de recevoir sa gugusse en 24 heures et la dépendance à la dopamine rapide et bon marché que le consumérisme nous procure sont à la source même de ce bouchon de circulation à Montréal un vendredi matin de novembre à deux semaines du Black Friday. Ainsi, la prochaine fois que montera la marée de la rage au volant, voulant engloutir sous son écume un livreur Intelcom qui bloque le chemin en n'ayant pas pris conscience de la primordialité des mastodontes à quatre roues, il faudrait plutôt penser à redistribuer les milliards de Bezos et ses consorts parmi ceux qu'ils oppriment et qu'ils poussent de plus en plus vers le gouffre de la misère, ou au minimum, il faudrait penser à fermer nos comptes Amazon.
Notes
1.Par exemple, un tableau de De Vinci se trouverait au bord du Yacht de Mohammed bin SalmanLe tableau le plus cher du monde sur le yacht d'un prince saoudien ? | La Presse
2. Jeff Bezos aurait généré l'équivalent de 7.9$ millions par heure en 2023 :
How Did Jeff Bezos Make $7.9 Million Per Hour Last Year ? By Embracing an Owner's Mentality ;
Jeff Bezos Made Over $7.9 Million An Hour Every Hour In 2023 — In Under 13 Minutes, He Brought In The Equivalent Of What The Typical Person Earns In A Lifetime
3. La Société de provocation de Dahlia Namian explore, entre autres, comment les milliardaires s'affairent à se soustraire des lois et de la souveraineté des pays pour se protéger eux et leurs fortunes.La société de provocation - Lux Éditeur
‘They're more concerned about profit' : Osha, DoJ take on Amazon's grueling working conditions
Amazon a aussi un pouvoir outre mesure sur les chaines d'approvisionnement et les marchés, dictant des conditions aux entreprises en aval et en amont :
Fact Sheet : Amazon's Market Power - American Economic Liberties Project
5.Des livreurs de l'ère du numérique sont souvent payés au colis, aussi peu que 1.15$ par livraison :
La précarité à votre porte
Prime Day d'Amazon : les mauvaises conditions des employés derrière ces offres alléchantes
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Palmarès 2023 : Plus intenses que jamais

Que vous l'attendiez ou non, la voilà : nous venons de publier la quatrième édition du Palmarès des déversements d'eaux usées.
Tiré de infolettre Fondation Rivières
Cette année, l'accent est mis sur l'augmentation marquée de l'intensité des déversements dans un contexte de changements climatiques.
Pour voir le classement de votre municipalité
Moins de déversements, mais plus intenses
En 2023, il y a eu 44 765 déversements d'eaux usées dans nos lacs et rivières. Oui, vous avez bien lu, près de 45 000 déversements... Ça semble énorme, mais en réalité, c'est un peu moins qu'en 2022, où on en comptait environ 53 000. De prime abord, c'est une bonne nouvelle ... Eh bien ... pas vraiment.
En fait, même si le nombre a baissé, l'intensité des déversements a augmenté de 25 %. Concrètement, ça veut dire que les déversements sont plus longs, plus fréquents, et ils arrivent souvent l'été, quand l'impact sur la qualité de l'eau est au plus fort. On a analysé les données de la Montérégie et cet été, la pluie a été presque aussi intense qu'en 2020, mais l'intensité des déversements a bondi de 41 % !
Pour voir l'évolution des déversements depuis 2017
Le ministère doit changer son indicateur}
Aujourd'hui, le gouvernement se base sur le nombre de déversements pour évaluer l'ampleur des conséquences des déversements. Mais cet indicateur ne permet pas vraiment de savoir quel est l'impact réel sur nos rivières. À Beloeil, par exemple, la qualité de l'eau à la piscine en eaux vives a mis plusieurs jours à se rétablir après la tempête Debby à cause des débordements majeurs qui se sont produits en amont tout au long de la rivière Richelieu. Ce qu'on demande, c'est un indicateur qui tienne compte non seulement du nombre de déversements, mais aussi de leur durée et de leur taille, pour mieux évaluer leur impact sur l'environnement. L'indice d'intensité, développé par la Fondation Rivières, tient compte de la durée des déversements et de la taille de l'ouvrage qui déborde.
Les déversements d'eaux usées ne sont pas juste un problème de pollution visible, ils affectent les espèces aquatiques et la biodiversité. Ils peuvent affecter la qualité de l'eau aux prises d'eau potable et compliquer les opérations de traitement et de désinfection requises pour éliminer un maximum d'éléments nuisibles à la santé. Les déversements limitent également la disponibilité de sites de baignade et les activités nautiques.
Restez à l'affût de nos communications sur le Palmarès !
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Appuyez les travailleurs et travailleuses des postes !

Postes Canada est l'une des institutions publiques les plus prisées au pays, reliant les familles, les collectivités et les entreprises d'un océan à l'autre. Postes Canada fournit de bons emplois assortis de bons avantages sociaux à des dizaines de milliers de travailleurs et travailleuses. En retour, ces emplois permettent de faire vivre des familles et de faire rouler l'économie de la région.
Nous sommes présentement en négociation avec Postes Canada. Nous luttons pour maintenir de bons emplois et un régime d'avantages sociaux solide, et pour nous assurer que les conditions de travail de nos membres demeurent sécuritaires. Nous voulons aussi la diversification des services postaux afin de préserver notre service postal public tout en répondant aux besoins modernes de la population et des collectivités.
Ensemble, donnons à Postes Canada un avenir à sa hauteur en misant sur l'innovation et la diversification des services.
Voici trois façons de nous aider :
1- Dites à Doug Ettinger, PDG de Postes Canada, que le STTP peut compter sur votre soutien, que la croissance du service postal ne se fera pas à coups de hache, et que nous devons trouver des solutions qui profitent à tous, y compris aux travailleurs et travailleuses.

2- Syndicats et alliés : vous avez besoin d'affiches ou de pancartes pour une action de solidarité ?
Voici des affiches que vous pouvez télécharger et imprimer.
Format pancarte – 22 po x 28 po
Graphiques pour réseaux sociaux
Vous avez besoin d'affiches pour votre usage personnel ?
Téléchargez cette affiche dans ses différents formats, imprimez-la et affichez-la dans une fenêtre, sur une porte ou encore sur votre boîte aux lettres. Un excellent moyen de manifester votre appui.
Graphiques pour réseaux sociaux
3- Renseignez-vous sur nos propositions de diversification des services postaux dans le cadre de notre campagne Vers des collectivités durables.
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Plusieurs milliers de personnes réunies contre le privé en santé

« C'est une véritable démonstration de force qu'on a réalisée. Que le gouvernement se le tienne pour dit : les Québécoises et les Québécois ont à cœur leur réseau public et sont prêts à se mobiliser pour le défendre », s'est exclamée la présidente de la CSN, Caroline Senneville.
Sous le thème Pas de profit sur la maladie, le rassemblement contre la privatisation du réseau de la santé et des services sociaux a réuni plusieurs milliers de militantes et militants de la CSN au Colisée de Trois-Rivières, ce samedi.
« C'est une véritable démonstration de force qu'on a réalisée. Que le gouvernement se le tienne pour dit : les Québécoises et les Québécois ont à cœur leur réseau public et sont prêts à se mobiliser pour le défendre », s'est exclamée la présidente de la CSN, Caroline Senneville.
Lors de l'événement animé par la comédienne Eve Landry, on a pu voir la rappeuse Sarahmée, le groupe Valaire et l'humoriste Christian Vanasse sur scène, en plus de la chercheuse Anne Plourde et de la Dre Élise Girouard-Chantal de Médecins Québécois pour un régime public (MQRP), qui se sont adressés à la foule.
Gabriel Nadeau-Dubois, porte-parole de Québec solidaire et Paul St-Pierre-Plamondon, chef du parti Québécois et se sont également joint à l'événement.
Un plan d'urgence
Durant cette journée électrisante, trois revendications politiques ont également été rendues publiques afin de répondre rapidement à la crise d'accès aux soins de santé.
Tout d'abord, la CSN demande au ministre de la Santé de freiner l'exode des médecins vers le secteur privé, une fois pour toutes. Pour y arriver, le ministre pourrait tout simplement signer un arrêté ministériel, comme il l'a récemment fait pour les optométristes.
La CSN demande aussi au gouvernement de cesser d'octroyer des permis de cliniques privées à but lucratif dès maintenant. Pour la centrale, rien ne justifie la propagation d'entreprises dont le seul objectif est de profiter de la maladie des gens.
Finalement, la CSN demande au gouvernement d'instaurer un moratoire sur tous les types de privatisation du travail et des tâches présentement accomplies au public. On parle d'agences de placement, de buanderies, de l'entretien des bâtiments, du transport de patients, etc.
La centrale demande au gouvernement de mettre en place ses trois revendications d'ici le 1er mai prochain, sinon elle promet de faire monter la pression.
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Lettre ouverte | Ensemble, pour l’égalité des chances dans tous les milieux

Alors que le gouvernement du Québec, après un déficit record, cherche à rééquilibrer son budget en diminuant ses dépenses, il importe de rappeler qu'investir en petite enfance, pour que chaque tout-petit développe son plein potentiel, n'est pas une charge ou un luxe, mais plutôt un choix responsable et rentable.
L'autrice est directrice du Collectif petite enfance.
Les gains sont encore plus grands lorsque l'on s'attaque d'abord aux inégalités d'accès aux services essentiels pour les enfants et leur famille. Ces inégalités découlent principalement de disparités sociales et territoriales.
Par exemple, l'édition 2022 de l'Enquête québécoise sur le parcours préscolaire des enfants (EQPPEM) confirme une augmentation de la probabilité qu'un enfant vivant dans un ménage à faible revenu soit considéré comme vulnérable dans au moins un domaine de son développement lors de son entrée à la maternelle.
De même, les enfants vivant en milieux ruraux et ceux qui grandissent dans des quartiers défavorisés ont drastiquement plus de probabilités d'avoir un parcours de vie impliquant la Direction de la protection de la jeunesse (DPJ), allant jusqu'à être deux fois plus à risque de faire l'objet d'un placement (1).
Pourtant, chaque tout-petit a une valeur inestimable pour le futur de notre société ! Ils doivent tous avoir les mêmes opportunités de s'épanouir pleinement, sans égard aux milieux où ils naissent et grandissent.
Investir dans un meilleur avenir pour tous
La 9e édition de la Grande semaine des tout-petits porte sur les inégalités sociales et territoriales vécues par les tout-petits et leur famille. Cet événement est l'occasion de se pencher collectivement sur les actions à mettre en place pour prévenir et combattre les inégalités. C'est aussi une opportunité pour encourager l'ensemble de la société à se mobiliser.
Cependant, pour assurer l'égalité des chances aux quelques 514 000 tout-petits au Québec (2).
ces politiques doivent être le reflet d'une vision ambitieuse partagée par tous les décideurs, et se traduire en moyens concrets, uniformément distribués sur l'ensemble du territoire.
Il faut notamment viser l'optimisation du réseau de la santé et des services sociaux afin qu'il offre prioritairement aux tout-petits et à leurs parents les meilleurs services qui soient, sans délai.
Il faut reconnaître l'expertise des organisations de la société civile et des organismes communautaires travaillant pour le mieux-être des enfants. Les financer conséquemment, à la hauteur des besoins, est le meilleur moyen pour joindre les familles les plus vulnérables.
Enfin, il faut impérativement développer des places en services de garde éducatifs subventionnés qui répondent réellement à la demande et qui soient de qualité.
Une société aussi riche que le Québec ne peut tolérer que les disparités territoriales et sociales aient un impact négatif sur l'avenir de ses enfants, ou autrement dit, sur son propre avenir.
L'équité étant ainsi synonyme de prospérité, agissons en conséquence.
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Stop au démantèlement de la francisation dans les centres d’éducation des adultes

Le Québec traverse une période marquée par des défis socio-économiques croissants, notamment le vieillissement de la population et une pénurie de main-d'œuvre qui mettent à l'épreuve la capacité de la province à maintenir sa vitalité économique. Face à ces enjeux, l'immigration apparaît comme une solution incontournable pour soutenir le développement et la croissance des secteurs clés de l'économie québécoise.
Outre la hausse de l'immigration, plusieurs éléments sont venus changer la donne en francisation des adultes depuis un peu plus d'un an et d'autres, à venir, auront certainement une incidence dans le quotidien du personnel enseignant de ce secteur.
Nous référons principalement à l'institution de Francisation Québec, depuis le 1er juin 2023, organisme implanté à la suite de l'adoption un an auparavant du projet de loi 96 – Loi sur la langue officielle et commune du Québec, le français modifiant la Charte de la langue française, ainsi qu'aux travaux d'harmonisation de la francisation entre le ministère de l'Éducation (MEQ) et le ministère de l'Immigration, de la Francisation et de l'Intégration (MIFI).
La FAE suit de près les questions relatives à l'immigration et à la francisation et effectue des suivis serrés au niveau :
– De l'évolution de l'immigration au Québec et du discours du gouvernement par rapport à l'immigration temporaire ;
– Des mesures qui seront prises pour diminuer l'immigration temporaire ;
– De l'application des recommandations du commissaire à la langue française pouvant avoir une incidence sur la fréquentation des cours de francisation ;
– De la présence suffisante de ressources financières visant à assurer le financement de la francisation en CSS ainsi que le soutien au personnel enseignant de ce secteur.
Ces nombreux changements, ont amené, en 2023-2024, la Fédération autonome de l'enseignement (FAE) à élargir la composition du groupe de travail en francisation à neuf membres afin que les réalités de chacun des syndicats affiliés puissent être représentées.
Le Conseil fédératif, l'instance qui gouverne les affaires de la Fédération entre les Congrès, est tenu au courant des développements par le Comité exécutif.
Mise à jour
Le gouvernement Legault a choisi de limiter les ressources allouées à la francisation dans les centres d'éducation des adultes, entraînant la fermeture de nombreuses classes et l'abolition de plusieurs postes à travers la province. En agissant ainsi, la CAQ empêche des milliers de personnes immigrantes d'accéder à des services de francisation de qualité et gaspille l'expertise d'enseignantes et enseignants.
En date du 6 novembre, 19 des 30 centres d'éducation des adultes offrant de la francisation sur le territoire FAE sont touchés. Le nombre exact reste à déterminer, mais il s'agit de quelques centaines de personnes enseignantes qui devront se réorienter.
La FAE est en contact avec ses syndicats affiliés et multiplie les représentations auprès des décideurs pour que se règle cette situation inacceptable.
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Les 12 jours contre les violences envers les femmes

Du 25 novembre au 6 décembre se déroulent chaque année les 12 jours d'action contre les violences faites aux femmes. Cette campagne est coordonnée par la Fédération des femmes du Québec (FFQ) et est organisée par le Comité 12 jours qui rassemble plusieurs groupes et organisations féministes.
Les 12 jours incluent deux dates particulièrement importantes : le 25 novembre, Journée internationale pour l'élimination de la violence à l'égard des femmes, et le 6 décembre, déclarée Journée nationale de commémoration et d'action contre la violence faite aux femmes.
Thématique 2024
Cette année, la campagne des 12 jours aborde la violence en ligne sous le thème : Ni en ligne, ni hors ligne : luttons contre les cyberviolences genrées
Les cyberviolences genrées constituent un fléau discret, mais pernicieux. Elles touchent les femmes ainsi que les personnes issues de minorités de genre, religieuses ou en situation de handicap, et ce, dans tous les aspects de leur vie quotidienne.
Avec l'essor massif du numérique, ces violences se multiplient et prennent des formes toujours plus variées, se manifestant dans les espaces publics virtuels tels que les réseaux sociaux, les jeux en ligne et les forums, mais également au sein d'échanges privés.
Cette année, les visuels ont été réalisés par Margarita Marin. Si vous téléchargez le visuel, aucune modification n'est permise et il doit être diffusé comme tel (aucun ajout de filtre, de rognage ou de logo supplémentaire).
Matériel à télécharger
– Affiche
– Facebook et Instagram (carré)
Dans le cadre de la campagne des 12 jours, la FTQ vous invite à :
– Diffuser le matériel dans vos réseaux ;
– Aimer, commenter, partager les publications et suivre le comité 12 jours sur Facebook et Instagram ;
– Utiliser les # (#12joursdaction) pour diffuser vos activités en lien avec les 12 jours.
Aussi, pour celles qui sont à Montréal, joignez-vous à nous le 6 décembre pour commémorer l'attentat de polytechnique à la Place du 6-Décembre-1989.
Pour souligner les 35 ans de l'attentat antiféministe du 6 décembre de 1989, la FTQ participera à la vigile organisée à Montréal et mettra ses drapeaux en berne du 3 au 6 décembre.
Vous souhaitez montrer votre support ?
Participez à Vigile de la FFQ et des 12 jours d'actions en l'honneur des 14 victimes de la tuerie de Polytechnique.
Ensemble, nous pouvons mettre fin à la violence faite aux femmes, en ligne et hors ligne !
Événement commémoratif du 6 décembre
Vigile de la FFQ et des 12 jours d'actions
en l'honneur des 14 victimes de la tuerie de Polytechnique
Vendredi 6 décembre, de 12 h à 13 h 30
Place du 6 décembre 1989 (au croisement du ch. Queen-Mary et de l'av. Decelles, dans le quartier Côte-des-Neiges à Montréal).
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Violences faites aux femmes : agir encore et toujours

Au cours des dernières années, les mouvements sociaux, comme #MoiAussi et #JeTeCrois, ont transformé des cris d'indignation en changements législatifs. Malgré ces avancées, la lutte pour éliminer les violences faites aux femmes demeure essentielle. Les 12 jours d'action contre les violences faites aux femmes, qui se tiennent du 25 novembre au 6 décembre, permettent de réfléchir collectivement au chemin parcouru et à celui qu'il reste à faire.
Tiré de Ma CSQ.
Lancé en 2006 par Tarana Burke, le mouvement #MeToo a été repris, des années plus tard, en 2017, dans la foulée de l'affaire Harvey Weinstein. Rapidement, le Québec a suivi le courant et s'est mobilisé autour de #MoiAussi, un mouvement qui a mené à une série de dénonciations sur les réseaux sociaux d'agressions à caractère sexuel. À cela s'est ajouté le mouvement #JeTeCrois, qui a permis d'amplifier les voix des victimes et de combattre la culture du doute, qui remet trop souvent en question le consentement des femmes et rejette sur elles la responsabilité des violences subies.
Ces mobilisations sociales ont eu une incidence positive par la mise en place de projets de loi encadrant ce type de violence. En juin 2020, le Québec a aboli le délai de prescription pour les recours civils en matière d'agressions sexuelles et de violence conjugale. L'année suivante, un tribunal spécialisé en ces matières a vu le jour, une initiative visant à rebâtir la confiance des personnes victimes envers le système judiciaire.
Des lois en évolution
Actuellement, sur la scène fédérale, le projet de loi C-332 visant à criminaliser le contrôle coercitif est en cours d'étude, une avancée potentiellement décisive pour les victimes de violence conjugale.
Au niveau provincial, le projet de loi no 73, présentement en discussion, vise à contrer le partage sans consentement d'images intimes et à améliorer la protection et le soutien en matière civile des personnes victimes de violence. En plus de proposer des moyens légaux pour exiger le retrait d'images intimes qui circulent, ce projet de loi suggère des modifications importantes à diverses lois afin d'éviter de possibles situations de victimisation secondaire (réactions négatives auxquelles la victime doit faire face lorsqu'elle parle de sa situation ou demande de l'aide). Ainsi, la réputation, les comportements sexuels passés, le délai pour porter plainte deviendront des faits présumés comme non pertinents dans toute affaire comportant des allégations de violence sexuelle ou de violence conjugale.
Une lutte collective inachevée
Il reste encore beaucoup de chemin à faire pour l'élimination des violences faites aux femmes. Rien de ce qui a déjà été obtenu ne peut être considéré comme un acquis. Certaines personnes souhaiteront faire invalider des articles de loi, d'autres utiliseront un discours rétrograde en ce qui concerne les droits des femmes. La lutte collective contre les violences envers les femmes est juste et nécessaire.
Ensemble, nous la poursuivrons afin que toutes les femmes et les filles puissent vivre dans un monde exempt de violences.
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Lock-out et négation du droit de grève dans les ports

Pourquoi Pierre Poilièvre a-t-il tant de succès auprès de l'électorat ouvrier ? Après tout, le chef conservateur ne propose aucune vraie solution aux crises du logement et du pouvoir d'achat qui affligent en ce moment les gens ordinaires. La plupart du temps, il se contente de répéter – avec sa voix teigneuse de bernache canadienne – qu'il va abolir la taxe carbone des libéraux. Il se garde bien de préciser quel sera son plan lorsque cette mesure échouera à rétablir notre pouvoir d'achat. Pourquoi la classe populaire, principalement au Canada anglais, semble-t-elle prête à accorder sa confiance à ce chef au programme brouillon, qui dirige un parti pro-patronat ?
J'ai une théorie. Durant son mandat, Justin Trudeau a souvent pris pour cible les cols bleus, imposant des lois spéciales à Postes Canada en 2018, au port de Montréal en 2021 et au CN à l'été 2024. Il vient de récidiver en forçant l'arbitrage exécutoire dans les ports de Québec, Montréal et Vancouver.
Il se pourrait que ce mépris affiché du premier ministre fédéral envers les travailleurs et travailleuses manuels nourrisse le mécontentement de l'ensemble des prolétaires, les rendant plus favorables aux discours démagogues de son adversaire. Quoi qu'il en soit, je m'entretiens de la situation dans les ports avec Patrick Gloutney, président du SCFP-Québec (affilié FTQ).
22 novembre 2024 | tiré de la lettre de l'Aut'journal
https://www.lautjournal.info/20241122/lock-out-et-negation-du-droit-de-greve-dans-les-ports
Orian Dorais : Quelles étaient vos revendications dans les ports du Québec ?
Patrick Gloutney : À Québec, le principal enjeu est l'horaire de travail. En ce moment, nos membres ont le sentiment qu'ils doivent être en stand-by 24 heures par jour, sept jours semaine, parce que les détails de leur quart de travail du lendemain ne leur sont communiqués que la veille, autour de 16h.
Autrement dit, ils doivent attendre un appel ou un texto pour savoir quelle sera leur tâche du jour suivant et combien d'heures vont être nécessaires. Souvent, on leur impose de rentrer de nuit, de faire des quarts de douze heures et/ou de travailler chaque jour pendant des semaines avant d'avoir un congé. Et la plupart de ces assignations épuisantes sont communiquées assez tardivement, je le répète. Avec tout ça, pensez-vous que la conciliation travail-famille est possible ?
Pour ce qui est de Montréal, les horaires posent là aussi de gros défis. Sur la ligne de piquetage, j'ai entendu l'histoire de deux parents qui travaillent au port de Montréal, un sur le quart de soir, l'autre sur le quart de jour. Comme c'est difficile de trouver une gardienne à trois heures du matin, le parent qui travaille de jour doit réveiller son enfant aux petites heures du matin, l'emmener au port et l'amener au parent qui termine sa nuit de travail pour qu'il rentre avec l'enfant.
Je ne comprends pas qu'en 2024 on impose des horaires comme ça, qui étaient la norme dans la deuxième moitié du XXe Siècle. Aujourd'hui, Google peut savoir que je suis assis dans quel restaurant en temps réel. On a des applications qui permettent de suivre les avions, les trains… et les bateaux ! On s'attend pas à ce que nos membres fassent du 8h à 16h du lundi ou vendredi, mais, quand même, une certaine régularité serait appréciée.
L'employeur pourrait mettre en place les mécanismes pour mieux coordonner les quarts de travail avec l'arrivée prévue des bateaux. Il ne le fait pas, mais c'est faute de volonté, pas faute de moyens technologiques et financiers. Sinon, toujours à Montréal, la sécurité d'emploi est aussi un enjeu majeur.
O.D. : Le conflit au port de Québec dure depuis très longtemps, pouvez-vous nous le résumer ?
P.G. : Les débardeurs de Québec sont sans convention depuis le 1er juin 2022 et en lock-out depuis le 15 septembre de la même année. Ça fait plus que deux ans que nos membres de Québec ne peuvent pas travailler au port. Tout ce temps, ils ont survécu sur les allocations de grève et plusieurs ont dû occuper des emplois parallèles.
Comment avoir une vie sociale ou familiale quand il faut partager son temps entre un emploi de subsistance et la ligne de piquetage ? En fait, il y a quelques semaines, nous avons même lancé le site appelé « adopte un lockouté » où les gens peuvent soutenir les grévistes. Mais, malgré les conditions difficiles du lock-out, nos membres n'ont pas flanché. La dernière offre patronale dérisoire a été rejetée à 94%.
Il faut dire qu'on est face à un employeur – l'entreprise QSL, qui gère le port de Québec – qui a tout fait pour ne pas négocier de bonne foi, allant même jusqu'à engager des scabs mieux payés que nos débardeurs. On voit que l'argent n'est pas un problème pour QSL, son entêtement est purement idéologique.
O.D. : Donc l'employeur engage des briseurs de grève impunément ?
P.G. : Nous avons dénoncé ces pratiques partout où nous pouvions. À Québec, j'ai personnellement interpellé le maire Marchand, il a refusé de se prononcer sur le conflit... Nous avons aussi fait des représentations auprès de la Caisse de Dépôt, qui est actionnaire de QSL.
Enfin, le port de Québec étant de juridiction fédérale, nous avons fait beaucoup de pressions au parlement pour qu'une loi anti-scabs soit votée à Ottawa. Quand cette loi a enfin été adoptée, au printemps 2024, nous avons cru que le vent tournait dans notre direction, mais on a appris que la nouvelle législation n'entrerait en application qu'au mois de juin 2025. Encore quelques mois d'impasse, puis le ministre du Travail nous a balancé un arbitrage exécutoire en pleine face.
O.D. : Du même coup, il a mis fin au lock-out au port de Montréal, qui n'a duré que quelques jours…
P.G. : Ce qui est particulièrement frustrant à Montréal, c'est qu'il n'y a pas eu de convention négociée depuis plus de quinze ans. Les derniers contrats ont tous été imposés, c'est ce qui s'est produit en 2021. À Montréal, l'employeur n'était même pas gêné d'offrir une hausse de 20% sur 6 ans, alors qu'il a offert 20% sur 4 ans aux débardeurs d'Halifax.
Imaginez l'ambiance au travail, quand on fait face à un mépris comme ça, en plus des problèmes d'horaire et de sécurité d'emploi. Je rappelle qu'à Québec, en 2022, nos membres se sont votés des jours de grève, mais n'ont même pas eu le temps de les utiliser avant de se faire mettre en lock-out.
À Montréal, les membres ont fait une grève partielle pendant à peine quelques jours et ont aussi été mis en lock-out. Le retour forcé au travail a suivi peu après. Nos droits à la grève et à la négociation ont été bafoués, supposément pour « sauver l'économie » ! Le gouvernement a cédé à la pression du milieu des affaires et prétend maintenant que les débardeurs offrent des services essentiels. Pardon, mais débarquer les télés que les gens commandent de l'étranger c'est pas un service essentiel.
En vingt ans de militantisme dans le monde syndical, j'ai jamais été aussi découragé. Après trente ans de lutte, on a réussi à faire imposer une loi anti-scabs au niveau fédéral, pour se faire poignarder dans le dos une saison plus tard. Est-ce que les gens de Postes Canada seront les prochains ? C'est dangereux de normaliser le recours à l'arbitrage exécutoire, Pierre Poilièvre va s'en donner à cœur joie avec ce mécanisme s'il est élu. Même s'il se présente comme un ami des travailleurs pour gagner ses élections.
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XVe Biennale de La Havane : “Que l’art s’entrecroise et qu’il tende des ponts de liaison”

“Au-delà de toutes les différences, il existe un espace de connaissances, d'expectatives et d'affections que nous partageons, nous la plupart des êtres humains. Rechercher ces ponts de liaison, ces zones communes qui nous permettront d'avancer ensemble vers un avenir plus équitable et plus durable devrait être notre principale devise ̋. Telle est la plateforme conceptuelle qu'envisagent les organisateurs de la XVe Biennale de La Havane qui se déroulera du 15 novembre au 28 février 2025.
Tiré site web Association Cuba Coopération France
https://cubacoop.org/Place-aux-arts-plastiques
Article de Thalía Fuentes Puebla et Yilena Héctor Rodríguez, Cubadebate
30 septembre 2024
Nous avons échangé avec son directeur, Nelson Ramírez de Arellano, sur le plus grand rendez-vous des arts plastiques dans le pays – un événement qui prend la ville comme scène et qui la transforme.
̶ Quelles nouveautés apporte cette édition de la Biennale de La Havane ?
La Biennale célèbre cette année son 40ème anniversaire. Nous avons décidé d'articuler quelques expositions à caractère commémoratif pour montrer des œuvres qui sont dans les collections de Cuba, comme celle de la Casa de las Américas et celle de l'institution elle-même qui organise la Biennale, le Centre d'Art Contemporain Wifredo Lam.
En outre, pour la première fois il y aura une exposition commémorative d'artistes cubains et d'œuvres qui ont imprimé une trace durable dans la mémoire de la Biennale. Avec cette exposition, qui se tiendra à la Station Culturelle des rues Línea et 18, le public pourra re-connaître beaucoup des œuvres qui ont été emblématiques de quelques-unes des éditions de la Biennale et il pourra profiter du travail d'artistes cubains qui ont grandi et ont été reconnus grâce à leur participation à cet événement au fil de ces 40 années.
Nous avons également développé un singulier travail d'étroite collaboration avec des projets socio-culturels comme Quisicuaba à Los Sitios (arrondissement de Centro Habana) et Akokán à Los Pocitos (arrondissement de Marianao), coopération dont nous espérons qu'elle transcendera les relations traditionnelles entre les artistes (créateurs) et les récepteurs (collaborateurs) et qu'ils se transformeront en co-créateurs.
̶ Quels buts poursuivez-vous avec cette plateforme conceptuelle que vous envisagez pour cette XVe édition ?
L'idée pourrait être résumée par la célèbre phrase de José Martí « La Patrie est humanité ». Depuis la première édition de la Biennale la possibilité de contribuer à la construction de lendemains meilleurs a toujours été notre force motrice.
Maintenant, plus spécifiquement dans le domaine de l'art, nous souhaitons mettre en avant la possibilité de collaboration dans les processus créatifs et de recherche relatifs à la création artistique, les politiques et les processus de médiation dans les arts et la transdisciplinarité, entendue comme cette possibilité que l'art s'entrecroise et tende des ponts de liaison entre les divers champs de la connaissance.

Œuvre de la XIIIe Biennale de La Havane. Photo : Telecubanacán
̶ La Biennale maintient-elle son objectif fondateur de défendre un concept décolonisateur ?
Par quels canaux ou espaces mettrez-vous en avant cet aspect ?
La Biennale de La Havane ne peut éviter sa nature dé-coloniale et décolonisatrice. Depuis ses débuts, le fait de s'être Instaurée comme le premier espace international pour la diffusion, la visibilisation et la promotion depuis le Sud des créations visuelles issues des zones géoculturelles identifiées aujourd'hui comme Sud Global est en lui-même un pari décolonisateur et dé-colonial.
Notre peintre le plus universel, Wifredo Lam, a défendu dans une interview l'idée que sa peinture était en elle-même un acte de décolonisation. Pour la Biennale de La Havane, actuellement, le seul fait d'exister est un acte décolonisateur.
Au-delà de cela, l'intérêt primordial de notre événement continue d'être contraire aux intérêts du capital et des centres de pouvoir néocoloniaux. Le fait que l'occident reconnaisse et fasse l'éloge des valeurs culturelles de nos peuples, inclut bien souvent une attitude paternaliste des pays qu'on appelle développés par rapport aux pays en voie de développement. La Biennale continue de lutter pour que prime la reconnaissance de nos valeurs, tout d'abord entre nous et depuis nos propres critères.
̶ Combien d'artistes y participeront et de quels pays ?
Nous aurons pour cette édition près de 240 artistes de 57 pays, une liste bien fournie à laquelle il faudrait ajouter les créateurs cubains, aussi bien ceux qui sont directement invités à l'événement que ceux qui se trouveront à y participer de façon collatérale avec des projets d'exposition, des ateliers ouverts et d'autres initiatives.
Malheureusement, nous avons très peu d'Africains et d'Asiatiques, car malgré tous les efforts décolonisateurs que nous faisons actuellement – même si cela paraît absurde – souvent la distance entre deux pays relativement proches sur la carte comme, par exemple, le Brésil et la Guinée, s'avère être dans la pratique incroyablement longue. De la même façon, il est plus facile aux artistes africains d'être présents à un événement en Europe qu'en Amérique Latine.
̶ Comment un artiste peut-il faire partie de la Biennale ? En ce qui concerne Cuba, seuls les artistes qui font partie du Conseil National des Arts Plastiques peuvent-ils participer ?
A partir des intérêts idéo-esthétiques définis dans la plateforme conceptuelle de chaque édition, l'équipe de commissaires recherche quels artistes pourraient contribuer avec leurs créations à l'élaboration de la symphonie que constitue la Biennale ; chaque artiste apporte, pour ainsi dire, un instrument, un son particulier.
Les créateurs proposent également leurs œuvres qui sont analysées par l'équipe des commissaires, mais en réalité c'est un appel à candidature ouvert. Il n'y a aucun pré-requis d'affiliation, nous ne demandons pas non plus à personne s'il appartient à une chose ou une autre.
̶ Quelle place occupe l'art jeune dans la programmation de la Biennale ?
Historiquement, la Biennale de La Havane a accordé beaucoup d'attention à l'art jeune ou émergent et tout au long de ces années elle a propulsé vers la célébrité d'innombrables artistes totalement inconnus.
Contrairement à presque tous les événements internationaux similaires qui privilégient la présence de personnages célèbres à cause de leur valeur médiatique, en d'innombrables occasions beaucoup d'artistes cubains et étrangers ont eu leur première participation à un événement de cette classe à La Biennale de La Havane.
Nous travaillons également tout près de l'Université des Arts ISA et de San Alejandro, où il a toujours existé d'importants projets d'exposition à chaque Biennale, et, en outre, étant donné l'énorme quantité et qualité de nos artistes, nous organisons un programme d'expositions collatérales en collaboration avec le Centre de Développement des Arts Visuels qui prête attention aux plus jeunes.

XIIIe Biennale de La Havana. Photo : Jorge Luis Sánchez Rivera/ Cubadebate.
̶ Quelles actions mettrez-vous en œuvre pour impliquer dans la Biennale le public moins féru en la matière ? Quelles actions avez-vous prévu pour attirer les jeunes ?
Etant donné que la médiation est l'un des sujets qui nous intéresse le plus, nous avons planifié plusieurs temps d'ateliers, des expositions dans l'espace public, parmi d'autres actions qui incluent dans leurs objectifs celui d'attirer les plus jeunes.
Nous espérons aussi avoir quelques concerts avec l'interaction d'artistes visuels qui doivent attirer l'attention du secteur le plus jeune de la société.
̶ Dans quels aspects la XVe Biennale sera-t-elle supérieure ? De quelles expériences, positives et négatives, vous êtes-vous nourris au moment d'organiser cette édition ?
Je ne crois pas que l'on puisse en aucun cas établir une claire relation de supériorité par rapport à aucune autre édition de la Biennale. Dans chacune des précédentes, l'équipe organisatrice de l'événement a été confrontée à des défis divers et les a relevés conformément aux possibilités qu'elle a eu, à mon avis toujours avec beaucoup d'intelligence et de flexibilité.
La Biennale de La Havane, à la différence de la plupart des événements similaires dans le monde, a toujours été organisée depuis le même noyau, l'équipe de commissaires du Centre d'Art Contemporain Wifredo Lam. Cette particularité a permis d'évoluer de telle façon que chaque nouvelle édition maintient un lien de continuité avec la précédente.
Il peut de faire que, pour le public, en fonction de ses goûts ou de ses préférences, une édition paraisse meilleure ou pire, mais de mon point de vue, les bases de ces jugements sont généralement assez superficielles.
Cependant, je pourrais dire que pour moi les plus mémorables ont été la troisième, la cinquième, la huitième et la douzième, mais mes raisons ne sont pas non plus suffisamment objectives parce qu'il est impossible de faire une analyse de ce type sans disposer d'une énorme quantité de données sur chaque édition de l'événement.
D'une manière générale, le plus intéressant c'est de pouvoir apprécier comment il y a une ligne de développement qui transcende même les changements de direction de la Biennale, car, bien qu'au fil des années, les directeurs aient changé et que d'une certaine façon chacun ait apposé son empreinte sur l'événement, pour l'essentiel, il n'y a pas eu un processus d'évolution par à-coups.
Aucune édition ne nie ni ne concurrence la précédente. D'une certaine façon, la Biennale est comme un organisme vivant qui s'adapte aux circonstances pour survivre. De la même manière qu'une personne ne change pas radicalement à moins qu'elle ne subisse une expérience traumatique qui suppose une mutation dans son développement, un processus de culture tel que la Biennale de La Havane a maintenu une ligne d'évolution cohérente au fil des ans.
̶ Comment voyez-vous l'état actuel des arts visuels à Cuba ?
L'art est l'un des concepts les plus subjectifs et les plus fuyants développés par l'intellect humain. Sa nature varie constamment et, bizarrement, chaque nouveau stade ajoute de la valeur au précédent.
Dans les sciences, chaque nouvelle découverte peut annuler la valeur de la découverte précédente, en art cela ne se passe pas de la même façon.

XIII Bienal de La Habana. Foto : Jorge Luis Sánchez Rivera/ Cubadebate.
Les arts visuels se sont complexifiés de plus en plus en évoluant vers des formes expérimentales et des processus de plus en plus sophistiqués, cependant, cela n'a pas enlevé de valeur aux formes plus traditionnelles.
Dans notre pays la quantité d'artistes et de public intéressé par l'art dépasse statistiquement la plupart des pays du monde.
Bien que de nombreuses personnes puissent avoir une vision très critique, je crois que, tant qu'il existera un pourcentage significatif de la population qui considère la condition d'artiste comme une aspiration de dépassement personnel et que primera chez les artistes le besoin d'être bons dans ce qu'ils font sur celui de faire de l'argent, cela supposera une très bonne santé pour les arts à Cuba.
̶ Depuis votre expérience dans le comité organisateur, comment la Biennale de La Havane peut-elle, depuis l'art, contribuer à l'amélioration de la société ?
L'existence d'un événement tel que la Biennale de La Havane dans notre pays est en elle-même une aide considérable au développement de la société.
A des périodes où les sociétés sont plongées dans la dépression à cause de coactions comme les crises économiques ou sanitaires comme le Covid-19 – comme cela s'est produit à Matanzas au début de 2022 – l'inauguration d'un événement culturel comme celui-ci est une lueur d'espoir et elle peut contribuer substantiellement à l'amélioration de la société.
Vu d'une manière plus “académique”, l'art existe et se développe dans une logique de pensée multidimensionnelle et multi-temporelle, unique en son genre. Cela lui permet de trouver des voies pour le progrès de n'importe quelle autre discipline de la connaissance totalement nouvelles et, bien souvent, inattendues
Cela lui permet de choisir, peut-être en se basant sur l'intuition, de façon heuristique, la meilleure solution sans posséder toutes les variables pour calculer le meilleur chemin. Cela peut paraître une aptitude inutile mais beaucoup de progrès déterminants dans l'histoire de l'humanité ont été possibles grâce à ces formes moins aristotéliciennes de pensée et d'analyse.
- Quelles sont les expectatives pour cette XVe édition de la Biennale ?
Nous avons des expectatives, mais nous sommes également conscients que nous sommes confrontés à beaucoup de difficultés, pas autant que lors de la XIVe édition, où nous commencions tout juste à sortir du Covid-19, alors que nous avions encore des restrictions sur la quantité de public admis dans les espaces fermés, pratiquement sans budget, mais ce sera difficile de la même façon.
A cette occasion, nous avons fait appel à la passion que ressentent les artistes cubains et étrangers pour Cuba et pour la Biennale de La Havane.
Je pourrais dire que notre plus grande expectative est que cette édition soit suffisamment cohérente avec l'histoire de l'événement et importante en elle-même pour garantir sa continuité.
Cela dépendra surtout de notre capacité à harmoniser toutes les énergies qui se mobilisent autour de la Biennale et à les faire confluer de telle sorte que les artistes sentent qu'ils ont eu l'occasion de grandir conjointement à l'événement.
URL : http://www.cubadebate.cu/especiales...
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L’usine, l’art et la torture ou les trois vies d’« Izolatsiya »

« Isolation » (Izolatsiya), le dernier film du réalisateur d'origine ukrainienne Igor Minaev, est un drame en trois actes qui frappe fort et juste.
Tiré de Entre les lignes et les mots
Un documentaire implacable réalisé par un cinéaste qui ne se définit pas comme documentariste car son œuvre de fiction témoigne d'autres cordes à son arc. Il donne ici à voir avec rigueur, sur la base d'archives et de témoignages, les métamorphoses d'un lieu qui fut tour à tour fleuron de l'industrie soviétique, centre d'art contemporain de l'Ukraine indépendante puis, jusqu'à aujourd'hui, immense centre de torture au service de l'invasion poutinienne. Unité de lieu, comme au théâtre, mais il s'agit de l'histoire réelle de l'Ukraine, des mensonges qui lui furent jadis imposés, de ses efforts d'émancipation, de la guerre qui lui est infligée.
1955 à Donetsk
Une usine de matériaux isolants (d'où son nom : « Isolation ») est mise en service et devient dans les années 1960, un centre industriel majeur du Donbass. La propagande soviétique ne lésine pas sur la glorification du bonheur ouvrier au pays du « socialisme réellement existant ». L'usine, comme beaucoup d'autres, ne survit pourtant pas à l'effondrement de l'URSS. Devenue propriété privée, Isolation finit par fermer en 1990, à l'aube de la « décennie maudite » qui voit, dans l'ex-Union soviétique, le capitalisme sauvage, ses oligarques et ses alliés mafieux annexer et ravager le tissu industriel.
2010, la renaissance artistique
La fille du dernier directeur soviétique de l'usine rachète les murs des ateliers depuis longtemps à l'arrêt et y crée un centre d'art contemporain qui acquiert rapidement une grande renommée, en Ukraine et à l'échelle internationale. Le site conserve son nom, Isolation, mais devient un formidable point de rencontre et de création d'artistes du monde entier. L'Ukraine désormais indépendante revendique et affiche sa modernité. Des quatre coins du globe convergent des sculpteurs, des peintres, des auteurs d'installations qui viennent célébrer sur place la créativité, l'hospitalité et le désir de liberté ukrainiens : le plasticien chinois (exilé) Cai Guo-Qiang, le français Daniel Buren, le père de l'école photographique de Kharkiv Boris Mikhaïlov, l'artiste multimédia mexico-canadien Rafaël Lozano-Hemmer et bien d'autres, ainsi que nombre de jeunes artistes ukrainien·nes aux talents des plus prometteurs.
2014, la terreur
En cette année d'annexion de la Crimée par Poutine et d'intenses opérations armées de déstabilisation du Donbass, pilotées par le régime russe, les séparatistes de la « République populaire de Donetsk » font main basse sur les locaux. Ils brisent, détruisent et dynamitent les œuvres qui y sont exposées, qualifiées de « dégénérées » et de « pornographiques ». Les archives filmées que montre Igor Minaev donnent un aperçu de la brutalité et de l'insondable bêtise de ce fascisme bas de plafond : sidérant ! Isolation devient, entre les mains des séparatistes et sous la supervision des services russes, un véritable camp de concentration et un immense centre de torture. On sait que, dans les territoires temporairement occupés par les troupes poutiniennes, exactions et tortures furent et sont encore monnaie courante. À Isolation, les tortionnaires agissent à une échelle inédite : les témoignages de quelques rescapé·es sont glaçants.
Un film sur la déshumanisation complète
Dans une interview pour Radio Svoboda, Igor Minaev rappelle que celles et ceux qui étaient torturé·es dans la prison d'Isolation n'étaient accusé·es que d'une chose : être ukrainiens. Dès que les forces armées ukrainiennes libèrent une ville, ajoute-t-il, « on retrouve ces terribles chambres de torture ». Il explique n'avoir pas sélectionné celles et ceux qui ont accepté de témoigner dans son film des souffrances qu'ils et elles ont endurées. Ce qui l'a le plus frappé chez ces témoins ?
Vous voyez des gens comme vous, ils sont propres, peignés, lavés, habillés, vous ne pouvez même pas imaginer qu'ils ont vécu une telle horreur, un tel cauchemar, qu'ils sont passés par un tel enfer. C'est ce qui m'a bouleversé […]. Ces gens disent tous la même chose : qu'ils sont assis dans une cellule et que tout près, il y a une chambre de torture et on y en- tend des cris si terribles que seul quelqu'un qui est écorché vif peut crier comme ça.
Stanislav Asseyez, écrivain, journaliste et blogueur ukrainien, a été enlevé en mai 2017 alors qu'il couvrait le conflit du Donbass et ce qu'il dit de sa détention à Isolation rejoint exactement ce que montre Igor Minaev. Libéré en décembre 2019 sous la pression de Reporters sans frontières, de Human Rights Watch et de l'OSCE (Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe), il a écrit « Donbass : un journaliste raconte » (Atlande, 2021). Il y raconte ses 28 mois de détention dans ce que d'anciens détenus ont surnommé « le Dachau de Donetsk ». Victime et témoin des sévices, viols et humiliations infligés aux prisonnier·ères, il se souvient que le chef de la prison d'Isolation obligeait les détenus à entonner des chants soviétiques pour couvrir les cris des torturé·es. À force d'entendre leurs hurlements, il a appris à distinguer les différentes formes de torture : pour les coups, une succession de cris ; pour les tortures à l'électricité, un cri constant. Il a été condamné à trente ans de prison dont cinq pour avoir simplement utilisé des guillemets dans ses reportages quand il mentionnait la « République populaire de Donetsk », non reconnue internationalement.
Stanislav Asseyev, une fois libéré, est retourné sur le front. Juste avant de s'engager à nouveau, il a pu assister à Kyiv à la condamnation à quinze ans de prison du principal de ses tortionnaires, Denis Kulikovsky, chef adjoint d'Isolation et sadique ultra-violent. Pour traduire en justice les auteurs de crimes de guerre, il a créé le Justice Initiative Fund. Asseyev reconnaît n'être ni taillé pour la guerre ni « fana-mili » mais avoir choisi de combattre pour que son pays « ne se transforme pas en une vaste prison ». Écrivain, il s'appuie sur l'écriture pour reprendre sa vie en main après ce qu'il a vécu. Avant d'être récemment démobilisé eu égard à son statut d'ancien captif, il disait garder une grenade sur lui pour le cas où il risquerait d'être à nouveau fait prisonnier car la mort lui semble préférable au retour dans une prison telle qu'Isolation. Asseyev a encore récemment témoigné de cette terrible guerre dans Le Monde du 26 octobre.
Le film d'Igor Minaev ne se contente pas de documenter rigoureusement les crimes commis dans les geôles de Donetsk : il montre aussi la bestialisation de geôliers ivres de toute-puissance et d'impunité. Et, plus impressionnant que tout, le courage résilient de celles et ceux qui sont passé·es par ces cercles de l'enfer.
Un cinéaste en guerre contre le mensonge
Un fil rouge relie les œuvres de fiction et les trois documentaires d'Igor Minaev : la déconstruction du mensonge. De Loin de Sunset Boulevard (2006), qui ressuscite avec brio le monde hypocrite du cinéma stalinien, mêlant glamour hollywoodien et atmosphère pesamment soviétique, à La cacophonie du Donbass (2017), réponse caustique à la Symphonie du Donbass, film de propagande de Dziga Vertov tourné en 1930, en passant par L'inondation (1995), avec Isabelle Huppert, tiré de l'œuvre de Zamiatine (auteur en butte aux censures tsariste puis stalinienne et dont l'œuvre la plus connue, Nous autres, est une dystopie sur le totalitarisme qui aurait inspiré Huxley et Orwell), Igor Minaev n'a de cesse de dénouer l'enchevêtrement des mensonges qui travestissent et la vie et l'histoire.
En juin 2023, dans le cadre de la Quinzaine de solidarité du Réseau européen de solidarité avec l'Ukraine, nous avons organisé à l'Espace Saint-Michel une projection de son précédent film, La cacophonie du Donbass, suivie d'un débat avec son réalisateur et avec le compositeur de la musique du film, Vadim Sher. Nos amis lyonnais l'ont également projeté en novembre 2023. Ce fut, pour nous, une belle découverte du talent d'Igor Minaev. Nous avons beaucoup aimé ce film qui, fondé sur de délirantes archives, montre jusqu'à quel paroxysme de réalité alternative pouvait se hisser la propagande du stalinisme haute époque : blondes pulpeuses et ouvriers radieux jubilant dans une allégresse partagée de vivre le bonheur absolu du système soviétique qui, forcément, pourvoyait à tous leurs besoins et comblait tous leurs désirs…
Le clou de cette première partie rétrospective est la triste et véridique histoire du pauvre Stakhanov, mineur érigé en héros national pour une performance (l'extraction de 102 tonnes de charbon soit quinze fois plus que ses camarades) totalement inventée. Encensé, célébré, exhibé, donné en exemple aux autres mineurs pour qu'ils tentent d'égaler sa productivité surhumaine, le malheureux Stakhanov s'y croira un temps et finira alcoolique, rejeté par tous, victime d'une imposture qui l'écrasa.
La cacophonie du Donbass fait ensuite entendre les paroles fortes des mineurs qui, à la fin des années 1980, se révoltent, mettent les apparatchiks en déroute (la peur des bureaucrates claquemurés dans leurs bureaux pendant que gronde la colère ouvrière est un régal !) et obtiennent, par leurs grèves massives et déterminées, une revalorisation de leurs salaires et de leurs conditions d'existence qui n'avaient, dans la vraie vie, rien de paradisiaque.
De la vitrine idéologique que devait être le Donbass et de sa symphonie mensongère du bonheur, il reste surtout le souvenir d'une dignité bafouée, l'expérience d'une manipulation, la déception et les duretés de la vie aggravées par la désindustrialisation puis l'invasion poutinienne. Et cette mise en scène que, pour notre part, nous avons trouvée un rien obscène où un photographe (dont le cynisme se pare d'alibis culturels) fait poser des mineurs noirs de charbon dans des tutus vaporeux.
Un artiste épris de liberté
« La liberté, a déclaré un jour Igor Minaev, ce n'est pas quelque chose que l'on peut perdre ou que l'on donne. Elle est dans votre tête : per- sonne ne peut vous interdire de penser ce que vous avez envie de penser. » Toute son œuvre en témoigne, au risque de n'être pas toujours comprise.
Après des études cinématographiques à l'Institut national du théâtre et du cinéma Karpenko-Kary à Kyiv, la carrière d'Igor Minaev a commencé à Odessa, où il a réalisé son film de fin d'études, La mouette. Dès son deuxième court-métrage, ses ennuis ont commencé : L'horizon argenté est censuré dans l'Ukraine encore soviétique et interdiction est faite à Igor Minaev d'exercer son métier de réalisateur. Deux négatifs sont brûlés sous le prétexte d'un manque de place pour stocker les bobines !
Pendant la perestroïka, l'étau se desserre et Minaev rencontre le succès avec son court-métrage pour enfants, Téléphone, qui remporte un prix au Festival international du film de Moscou.
Ses deux films suivants, des longs-métrages, Mars froid (1988) et Rez-de-chaussée (1990), sont tous deux sélectionnés à la Quinzaine des réalisateurs du Festival de Cannes.
Cinéaste, metteur en scène et scénariste, Igor Minaev estime toutefois ne pas pouvoir créer à son aise dans l'Ukraine toujours soviétisée et s'installe en France à la fin des années 1980. Il y réalise des films régulièrement primés dans des festivals internationaux (voir ci-après sa filmographie). Parallèlement à sa carrière de réalisateur, il enseigne à la FEMIS (École nationale supérieure des métiers de l'image et du son), monte des spectacles et écrit avec Olga MikhaïlovaMadame Tchaïkovski. Chronique d'une enquête (Astrée, 2014).
Sophie Bouchet-Petersen et Mariana Sanchez
Sophie Bouchet-Petersen et Mariana Sanchez sont respectivement secrétaire générale d'Ukraine CombArt et membre du Comité français du Réseau européen de solidarité avec l'Ukraine.
Filmographie d'Igor Minaev
2023 : Isolation, documentaire
2019 : La cacophonie du Donbass, documentaire
2016 : La robe bleue, Semaine de la Critique du festival de Berlin, Sélection officielle du fes- tival d'Odessa, festival de Pessac
2010 : À l'est de l'hiver, télégrammes visuels
2006 : Loin de Sunset Boulevard
2002 : Les clairières de lune
1995 : L'inondation avec Isabelle Huppert dans le rôle principal
1991 : Le Temple souterrain du communisme, documentaire
1990 : Rez de chaussée, Quinzaine des réalisateurs à Cannes
1988 : Mars froid, Quinzaine des réalisateurs à Cannes
1985 : Le téléphone, court-métrage
1980 : L'invité, court-métrage
1978 : L'horizon argenté, court-métrage
1977 : La mouette, court-métrage (film de fin d'études)
Publié dans Soutien à l'Ukraine résistante (Volume 35)
https://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2024/11/12/patrick-le-trehondat-lukraine-st-seule-ou-presque/
https://www.syllepse.net/syllepse_images/soutien-a—lukraine-re–sistante–n-deg-35_compressed.pdf
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Faïrouz pour l’éternité

Paris. Mercredi, 20 novembre 2020. La chanteuse libanaise Faïrouz, de son vrai nom Nouhad Haddad, est née le 20 novembre 1934. Elle a quatre-vingt-dix ans aujourd'hui.
par Mustapha Saha
Faïrouz signifie en arabe turquoise, le vert et le bleu, la terre, la mer et le ciel, la nature dans sa splendeur qu'elle louange sur un poème de Gibran Khalil Gibran, Aâtini Al Nay Wa Ghanni. La voix de Faïrouz s'élève crescendo, s'envole, s'insuffle de lyrisme ensorceleur. « Prête-moi ta flûte et chante. La chanson de l'existence. Les larmes attachantes. Quand pointe la pénitence. Déserte les fastueux manoirs. Habite les bois sauvages. Fuis les mortels laminoirs. Pour inaccessibles rivages. Étends-toi près d'un cépage. Bois son nectar dans ta main. Déguste ton livre page par page. Sans penser au lendemain. Offre-toi vital intermède. Endors-toi sous tranquille bouleau. Oublie le mal et son remède. La destinée n'est qu'une ligne sur l'eau » (Adaptation personnelle en français).
Faïrouz chante la Palestine génocidée, le Liban homicidé, la Terre sainte fratricidée. Elle incarne l'âme arabe, au-delà des confessions, des générations, des frontières. Elle chante pour les peuples, non pour les dirigeants. En janvier 2023, elle assène une gifle magistrale aux autorités saoudiennes au nom des droits humains. Elle refuse de s'associer au concert du siècle, regroupant, moyennant des valisettes de dollars, les stars arabes de la chanson, les libanaises Nancy Ajram et Elissa, les syriens Georges Wassouf et Assala Nasri, la tunisienne Latifa Afraoui, qui remplissent les théâtres et les stades à chaque prestation. Pendant la guerre civile libanaise entre 1975 et 1990, elle reste à Beyrouth déchiré par les roquettes. Légende vivante, elle impose le respect à toutes les parties.
Au répertoire de Faïrouz, les grands poètes, Gibran Khalil Gibran (1883-1931), Ahmed Chawki (1868-1932), Saïd Akl (1912-2014). Elle passe rarement sur scène. Son dernier concert remonte à 2011. Ses compositeurs, son époux Assy Rahbani, son beau-frère Mansour, Rahbani, son fils Ziad Rahbani dépoussièrent le folklore arabe avec des comédies musicales, des opérettes politiques, des sonorités latino-américaines, jazzy. Ils brassent allègrement mélopées traditionnelles, harmonies symphoniques, rythmes africains. S'anticipe la World Music, dès 1957, dans le légendaire concert au milieu des ruines de Baalbek, réédité, par bonheur, en 2020. En 1959, s'exacerbent les sortilèges moyen-orientaux dans Ya Maleya Ala ghossoun, sur rythmique boléro. La magie vocale de la diva s'agrémente, par la suite, d'airs de flamenco, de tango, de mambo. Les imams crient au sacrilège. L'inspiration vient peut-être du film Et Dieu créa la femme de Roger Vadim avec la danse endiablée de Brigitte Bardot. Le sex-symbol ne se montre pas. Il se vocalise. 1964, La voix de Faïrouz s'élève crescendo, s'envole, s'insuffle de lyrisme ensorceleur. Après la défaite de 1967, Chanson mythique à Jérusalem, Al Qods, La Fleur des cités. Nous reviendrons un jour, hymne de la cause palestinienne. Depuis le génocide des gazaouis et le déluge de bombes sur le territoire libanais, les internautes inondent les réseaux sociaux de chansons de Faïrouz.
En juillet 1970, Faïrouz se produit à Rabat et à Casablanca. Elle crée une chanson à la gloire du peuple marocain, jamais audiovisuellement diffusée. Il serait opportun de remettre en circulation cette rareté.
Mustapha Saha
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Faïrouz. Par Mustapha Saha.
Peinture sur toile.
La gauche veut avoir raison, la droite convoite le pouvoir
Voici une formule qui me paraît bien résumer la situation dans laquelle se trouvent les deux partis "de gauche", c'est-à-dire le Parti québécois et surtout Québec solidaire. Examinons tout d'abord certaine statistiques électorales qui sont éclairantes à ce sujet.
Lors du déclenchement de la campagne électorale provinciale de septembre 2022, Québec solidaire devançait dans les intentions de vote son adversaire péquiste de six points : il obtenait 15% et le Parti québécois un pauvre 9%. Plusieurs observateurs et analystes le croyaient en voie de disparition. Le Parti conservateur allait chercher 12.9% de soutiens. La Coalition avenir Québec, au pouvoir, trônait à 42% d'appuis.
Les résultats du scrutin en ont surpris plus d'un : le Parti québécois a récolté 14.6% des voix, talonnant Québec solidaire qui lui en a recueilli 15.4%. Le parti de gauche devançait légèrement les conservateurs qui ont raflé 11% du vote, un léger recul par rapport au sondage d'août. La Coalition avenir Québec, comme prévu, a été reportée au pouvoir avec 40.9% des voix.
Depuis, les sondages confirment la remontée fulgurante du parti dirigé par Paul Saint-Pierre Plamondon. Le dernier sondage réalisé ce mois-ci le crédite de 35% des intentions de vote, loin devant la Coalition avenir Québec qui fait désormais piètre figure avec 24% seulement d'appuis dans l'électorat. Québec solidaire piétine avec 13% d'intentions de vote et le Parti conservateur le suit avec 11% des voix.
Si un scrutin se tenait maintenant, le parti dirigé par Paul Saint-Pierre Plamondon se hisserait sans doute au pouvoir, mais peut-être à la tête d'un gouvernement minoritaire. Québec solidaire donc, piétine. Depuis plusieurs années, il patauge dans les sondages entre 13% et 15% des intentions de vote. Si les choses continuent sur cette lancée, il risque même de perdre des sièges au prochain scrutin.
Alors qu'il distançait le Parti québécois en septembre 2022, il se situe à présent très loin derrière. Il s'agit là d'un retard qui peut se révéler irrattrapable, si rien ne change au sein du parti de gauche. Qu'est-ce qui cloche ?
Tout d'abord, il n'a pas vraiment de leader, un chef rassembleur mais seulement deux co porte-paroles qui ne disposent pas de véritable pouvoir. Dans un louable souci de pureté démocratique, ses membres ont refusé de se doter d'un chef élu. Depuis la récente retraite relative temporaire mais assez longue de Gabriel Nadeau-Dubois, Ruba Ghazal se retrouve comme seule co porte-parole pour des mois. Sera-t-elle à la hauteur de de la tâche écrasante qui l'attend ? Elle se retrouve propulsée en réalité comme cheffe d'un parti dont une majorité de membres se méfient des leaders. En dépit de ses qualités de députée et de ses aptitudes pour la joute politique, il n'est pas certain que madame Ghazal puisse relever ce défi.
Les militants des partis de gauche ont souvent tendance à se méfier de dirigeants quand ceux-ci (comme l'a fait récemment Gabriel Nadeau-Dubois) veulent imprimer à leur formation un virage pragmatique, ce qui heurte leur sensibilité. Ils redoutent alors une trahison des idéaux premiers du parti.
À certains égards, Québec solidaire ressemble au Parti québécois à ses débuts (1968-1974). Le PQ avait alors un chef charismatique, René Lévesque qui était aussi un pragmatique. Il devait composer avec un parti rempli de membres dont l'intransigeance indépendantiste était notoire. C'est pourquoi l'introduction de la notion de référendum sur la souveraineté si le parti arrivait au pouvoir y a déclenché de profondes divisions. De peine et de misère, Lévesque et sa garde rapprochée ont réussi à faire adopter cette proposition au congrès d'orientation de 1974. Désormais, conquête du pouvoir et souveraineté étaient dissociés. Cette stratégie, considérée comme hérétique par l'aile intransigeante du parti, lui a cependant permis d'accéder au pouvoir en novembre 1976 et de tenir un référendum en mai 1980 sur la souveraineté. Le Parti québécois l'a perdu certes, mais il a réussi à aller chercher dans les filets du OUI un gros 40%.
La stratégie proposée par Lévesque et certains de ses lieutenants s'est donc avérée "payante", si l'on peut dire. Le tempérament de Lévesque en a fait durant un certain temps un chef vénéré mais qui s'accommodait mal toutefois des limites qu'entraîne une masse de militants et de militantes très sourcilleux d'avoir le dernier mot sur les questions de stratégie et de buts.
Néanmoins, une majorité ne fait pas toujours une vérité et il arrive qu'un dirigeant ait des intuitions stratégiques plus justes que bien des membres de la base.
Il ne s'agit pas de tomber dans le culte du chef, mais de se rendre compte qu'une direction solide et éclairée est nécessaire à n'importe quelle formation politique.
Qu'en est-il sur ce plan à Québec solidaire ? Il ne ressemble pas sur tous les plans au Parti québécois des années 1970. Par exemple, il n'a pas de chef en titre susceptible de convaincre une majorité de membres de procéder à un virage "pragmatique", comme Lévesque avait réussi à le faire en 1974. Ni Gabriel Nadeau-Dubois ni Ruba Ghazal, en dépit du respect dont ils bénéficient, n'en sont l'équivalent. Paul Saint-Pierre Plamondon non plus, mais il dirige une formation qui a longtemps exercé le pouvoir et formé l'Opposition officielle (le tout pour le meilleur et pour le pire). Elle existe depuis 1968. Le PQ a connu une montée rapide entre 1968 et 1976, alors que Québec solidaire végète, en dépit de ses quelques députés.
Pour que Québec solidaire sorte de sa relative marginalité, il faudrait que la majorité de ses membres acceptent de mettre de l'eau pragmatique dans le vin capiteux de leurs beaux principes. C'est la condition sine qua non pour qu'il sorte du ghetto électoral qui est le sien et rejoindre un électorat plus vaste. Sinon, il risque la disparition à terme. Qui aura alors gagné, sinon la droite ?
Québec solidaire préfère-t-il mourir en beauté ?
Jean-François Delisle
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Travail et droits de l’homme, le grand oxymore

A l'heure où, de manière contradictoire, l'on célèbre les vertus du travail et sa fonction émancipatrice, et que l'on déplore ses conséquences délétères sur la santé de ses pratiquants plus ou moins forcés, ce petit livre remet les pointeuses à l'heure.
Il détruit de manière systématique la valeur travail, en confrontant les réalités du monde du travail et les droits de l'homme classiques, consacrés par la Déclaration universelle des droits de l'homme et la Convention européenne des droits de l'homme et des libertés fondamentales.
Sa conclusion est sans appel : ces droits de l'homme sacralisés sont plus que mis entre parenthèses lorsqu'un travailleur est au service de son employeur. Le monde du travail est une zone de non-droit, gangrenée par des rapports de pouvoir. Le travail n'est pas libérateur, il est une souffrance injustement infligée.
Les marottes managériales y sont ramenées à leur stupidité intrinsèque : surveillance, open space, team buildings et autres inventions tordues.
Il s'agit de punk lit, d'une mauvaise foi éminemment assumée, d'ascendance libertaire, un tantinet technophobe.
"Ma libido pour le travail n'est que pure frigidité et ma faim de travail ne peut être qualifiée que d'anorexie, au dernier stade de sa morbide évolution. Il n'y a qu'un seul bon travail, celui qu'on n'exercera jamais. Déclarer sa flemme est le plus beau des aveux."
Sven Andersen
ISBN 978-2-336-47940-8 - 82 p. - 12 €
Éditions L'Harmattan. 5-7 rue de l'Ecole Polytechnique 75005 Paris
https://www.editions-harmattan.fr/
https://www.editions-harmattan.fr/catalogue/livre/travail-et-droits-de-l-8217-homme-le-grand-oxymore/76293
Sven Andersen est né en 1966. Diplômé de l'Université Libre de Bruxelles, en Criminologie
et en Philosophie, il est employé au sein d'une administration de la Communauté française
de Belgique. Ni Dieu ni Maître
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Gaslighting, traumatisme racial, whitesplaining... Estelle Depris explique le racisme aux Blancs

La Belgo-Congolaise propose des analyses et des conseils antiracistes dans un livre publié cet été, ainsi que sur son compte Instagram « Sans blanc de rien », qui réunit plus de 100 000 abonnés.
Tiré de l'Humanité
Publié le 17 novembre 2024
Estelle Depris vient de sortir Mécanique du privilège blanc. Sur son compte Instagram, Sans blanc de rien, elle s'adresse aux personnes blanches et leur explique le racisme.
Il n'y a pas assez de bancs et de tabourets, alors les lecteurs s'assoient sur les escaliers de la librairie Folies d'encre, à Montreuil. Ce sont surtout des jeunes qui sont venus rencontrer Estelle Depris, tout juste arrivée de la capitale belge pour une séance de dédicaces.
Sous la pluie francilienne, la Bruxelloise n'est pas dépaysée. « Ma communauté comporte plus de Français que de Belges », fait-elle remarquer. Devant son public ou sur Instagram, où son compte Sans blanc de rien réunit plus de 103 000 followers, la jeune femme est intarissable.
« J'ai toujours été intéressée par les questions sociales, mais je n'ai appris l'histoire coloniale de la Belgique qu'à environ 18 ans, de manière très violente », avec les images des massacres au Congo, raconte-t-elle. Le sombre passé du Plat Pays est effacé des manuels scolaires, un oubli volontaire qui constitue un terreau fertile pour la xénophobie : « Ce qui m'a frustrée, c'est ce manque d'accès aux connaissances. »
À la fin de son master, Estelle et deux de ses camarades imaginent alors un « mémoire médiatique » sous la forme d'un podcast dans lequel une jeune femme blanche découvre le racisme systémique.
Lutter contre les oppressions qu'on ne subit pas soi-même
« C'est l'ignorance blanche dont parle Charles W. Mills (philosophe jamaïcain – NDLR), reprend-elle. Il y a un véritable déni chez des personnes qui ne se sentent pas concernées par le problème, d'où l'expression “faire semblant de rien”. » Sur son compte, la jeune femme s'adresse donc directement aux personnes blanches.
Mais, plus qu'un travail de vulgarisation d'auteurs tels qu'Arun Kundnani, Toni Morrison ou Frantz Fanon, elle adapte leurs concepts et leurs analyses à l'actualité française et belge. Ainsi défilent les notions de gaslighting (manipulation visant à faire douter une personne d'elle-même – NDLR), de traumatisme racial ou de whitesplaining (explication sur le ton paternaliste donnée à des personnes subissant le racisme sur ce qui devrait être ou non tenu pour raciste – NDLR), pour lesquelles « il y a une vraie demande », affirme-t-elle.
Dans la librairie, nombreuses sont les personnes à l'interroger sur des situations personnelles, ces micro-agressions du quotidien. « La véritable solidarité politique, c'est de lutter contre les oppressions qu'on ne subit pas soi-même, leur répond Estelle Depris. Il ne s'agit pas de culpabiliser, puisque le racisme systémique biaise nos interactions et nous entrave tous, à différents niveaux. » Et comme les voix blanches sont plus écoutées que les autres, autant qu'elles servent : « Prendre la parole est un risque tout à fait minime comparé à ce qu'encourent les personnes racisées lorsqu'elles parlent. »
Pour cette fois, l'auditoire joue son rôle. C'est cette communauté « investie et hyperengagée » qui a permis à Estelle Depris de publier un premier ouvrage, un manuel intitulé Mécanique du privilège blanc. De quoi coucher ses nombreux posts Instagram sur papier.
« J'ai décidé de le faire après la mort de George Floyd (cet Africain-Américain assassiné par la police de Minneapolis le 25 mai 2020 – NDLR), se remémore-t-elle. C'était un moment très difficile pour nous tous. Quand la vidéo est sortie, mon téléphone n'arrêtait pas de vibrer. Environ 20 000 personnes se sont abonnées en une journée, beaucoup étaient blanches et se demandaient ce qu'elles pouvaient faire face au racisme et à leurs privilèges. »
« Personne n'est parfait sur les questions racistes »
La militante se sent obligée de répondre à l'appel. Elle travaille d'arrache-pied à l'écriture de son manuscrit et finance sa publication avec les précommandes de sa communauté. Cette dernière reçoit enfin son dû, l'été dernier. « Personne n'est parfait sur les questions racistes », affirme celle qui a eu la chance de grandir aux côtés d'une « vraie alliée », sa mère.
Jeune, celle-ci voit ses amies noires subir des agressions, elle fait donc tout pour protéger sa fille métisse. « Elle était en photo dans la presse parce que, en manif, elle levait un panneau ”Le racisme anti-Blancs n'existe pas », s'amuse Estelle, fière. Elle fait vraiment le taf ! »
Parler aux privilégiés pour que tous se saisissent du combat, tel est l'objectif d'Estelle
Depris. L'exploitation de classe n'efface pas les dominations racistes, « elles se superposent. Il faut qu'on arrive à décloisonner les luttes, à ne pas les hiérarchiser », argumente-t-elle, invoquant l'exemple du Nord-Kivu, en RDC. « Toutes et tous sont victimes du capitalisme, mais le viol des femmes est une arme de guerre, c'est un aspect féministe ; l'exploitation des mines, elle, soulève des problèmes environnementaux. Dans notre société, c'est pareil, on ne peut pas mener la lutte sociale sans en considérer tous les pans. »
Au risque de prolonger cette atmosphère « morose » en Belgique et en Europe, où les nationalismes percent dangereusement. « La frustration socio-économique d'une grande partie de la population a freiné les luttes progressistes, qu'il s'agisse de MeToo ou d'antiracisme, analyse la jeune femme. Beaucoup de privilégiés pensent que l'égalité leur fera perdre quelque chose. Mais personne ne perd rien ! On est tous au même niveau pour construire une société plus respectueuse, humaine et digne. »
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Celia Izoard, La ruée minière au XXIe siècle. Enquête sur les métaux à l’ère de la transition

1. La journaliste et philosophe Celia Izoard présente dans son essai La ruée minière au XXIe siècle : enquête sur les métaux à l'ère de la transition, publiée en 2024 aux Éditions du Seuil, ce qu'elle considère comme un paradoxe qui définit la société et l'économie contemporaines. Elle refuse l'idée reçue selon laquelle la simple transition des énergies fossiles aux énergies renouvelables permettrait de résoudre les maux environnementaux de notre époque. En mobilisant de nombreux exemples et statistiques, Izoard démontre l'absurdité (sur le plan environnemental) de cette « transition » écologique qui, au lieu de résoudre un problème, ne fait qu'au mieux, le déplacer, et au pire, y contribuer. Véritable monstre dans un costume d'agneau, l'industrie minière serait, selon elle, loin d'être la panacée écologique appuyée par les élites politiques et économiques partout dans le monde.
2. L'autrice commence par expliquer dans la première partie du livre ce qu'est réellement la « transition écologique ». Elle commence cette partie avec l'opposition de deux citations diamétralement opposées, mettant en exergue la tension entre, d'un côté, les élites qui cherchent à justifier une activité minière prétendument « propre » et, d'un autre côté, les spécialistes qui y voient un mensonge qui tente de justifier une activité profitable, mais fondamentalement mauvaise pour l'environnement. Izoard met dos à dos les propos des lobbys miniers et la réalité. Elle illustre d'abord l'insoutenabilité de la transition du fossile à l'électrique, celle-ci requérant des quantités colossales de métaux divers dont l'exploitation actuelle est insuffisante et devrait être décuplée au-delà de toute mesure raisonnable. Un de ses nombreux exemples, le plus évocateur à mon avis, est celui de l'électrification du parc automobile britannique. Cette transition « nécessiterait l'équivalent de deux fois la production mondiale actuelle de cobalt, les trois quarts de la production de lithium, et la moitié de la production de cuivre. » (pp. 28-30) En plus des métaux nécessaires à la production de ces voitures, il faut compter les métaux nécessaires à la production électrique par des sources dites renouvelables. La production de panneaux photovoltaïques et d'éoliennes nécessite également une grande quantité de métaux. Izoard tente de déconstruire d'un point de vue minier l'image strictement positive de la transition énergétique.
3. En plus de cette impossibilité pratique, la journaliste démontre en quoi l'industrie minière, dans ses pratiques actuelles, ne représente pas l'alternative souvent citée à l'industrie des énergies fossiles. Alors que certaines élites font la promotion de la mine dite « du XXIe siècle », Izoard démontre que la majorité des pratiques et procédé de l'industrie ont été inventés au XIXe. Elle illustre également les réalités moins connues de l'extraction minière, des montagnes de déchets qu'elle rejette à la modification du paysage en passant par les procédés énergivores et les ruptures de digues catastrophiques. Un recensement de Standard & Poor's cité par la journaliste démontre qu'il y aurait 34 820 mines dans le monde en 2024. Il est alarmant que malgré l'ubiquité de ces sites, la grande majorité des gens soient inconscients des réelles implications Guillaume Pitron, La guerre des métaux rares. La face cachée de la transition énergétique et numérique, Paris, Les liens qui libèrent, 2018, 296 pages. sociétales et environnementales des mines. Selon l'Agence internationale de l'énergie, les prélèvements d'eau par les entreprises minières auraient doublé entre 2018 et 2021 dans le monde, illustrant l'ampleur des conséquences auxquelles l'on peut s'attendre avec l'expansion du secteur minier que commanderont les nouvelles technologies. Déconstruisant ainsi le mythe écologique de la transition du fossile au minier, Izoard parle de réinvention d'un récit pour maintenir un statu quo et pour le maintien des activités d'extraction minière. [1]
4. des constats les plus forts de son argumentaire concerne l'illusion de la mine européenne propre. Selon l'autrice, des élites économiques et politiques en Europe participent à entretenir l'idée qu'il faut miner sur le continent pour des raisons de souveraineté et d'éthique. Pour elle, la mine européenne est forcément mieux réglementée que les mines dans d'autres pays. Elle répond ainsi à Guillaume Pitron qui avait écrit La guerre des métaux rares1, un essai dont le propos était entre autres, selon Celia Izoard, de rapatrier la production minière en Europe pour des soucis éthiques, géopolitiques et environnementaux.
5. illaume Pitron fait comme constat central que les pays dans lesquels les pays occidentaux vont chercher les métaux dits « critiques » ont des normes environnementales beaucoup plus faibles ou flexibles que les pays européens. En entrevue à TV5, il citait à cet effet la Chine, le Congo-Kinshasa ou la Bolivie. Le coût environnemental serait donc « aggravé » par rapport à une extraction faite aux normes européennes. Pitron fait également état de l'abondance des terres rares en Chine, comparant cette situation à celle du pétrole dans la péninsule arabique. Alors que d'autres pays ont progressivement recommencé l'exploitation de terres rares, les usines de raffinement seraient encore majoritairement en Chine, ce qui maintient le pays dans une situation de quasi-monopole. Les implications géopolitiques pour Pitron seraient très importantes, et appelées à croître à l'avenir, notamment à cause de la dépendance croissante de l'économie mondiale envers les terres rares et des ambitions politiques de la Chine. Ainsi, il conclut que l'Europe devrait relancer son industrie minière sur le continent pour maintenir une souveraineté en matière de terres rares et pour des raisons d'acceptabilité sociale, puisque l'industrie minière dans les autres pays serait plus « sale ».
6. l'aide de quelques exemples, Izoard défait cette idée reçue que les mines d'Europe sont inoffensives. Elle cite notamment l'exemple de la mine de Touro en Galicie dont le réservoir à déchets est situé près d'une falaise donnant sur un village, une pratique qui ne se ferait pas, selon elle, en Chine, au Brésil ou en Équateur. Sans contredire le propos de Guillaume Pitron sur les enjeux géopolitiques et écologiques insoupçonnés des nouvelles technologies par leur dépendance aux métaux, elle signale ce qu'elle considère être une erreur dans son raisonnement. Pitron omettrait certaines variables environnementales de son équation pour ne tenir compte que de considérations géopolitiques en faisant fi de la réalité des mines européennes selon elle. C'est ce qui expliquerait la similarité entre les constats des deux auteurs, mais la différence entre la conclusion de l'un et de l'autre. Alors que Pitron plaide pour une relance des mines d'Europe dans son ouvrage La guerre des métaux rares pour cesser de dépendre des exploitations minières étrangères, Izoard veut cesser de dépendre de l'industrie minière, qu'elle soit nationale ou étrangère. Guillaume Pitron semble cependant avoir cadré son argumentaire autour d'enjeux environnementaux dans son livre de 2021 L'enfer numérique, dans lequel il critique la transition numérique comme désastre environnemental. Son raisonnement aurait ainsi changé pour dénoncer la transition numérique, pas uniquement d'un point de vue géopolitique comme avant, mais également d'un point de vue environnemental.
7. ursuivant son analyse, Izoard veut ensuite comprendre pourquoi l'on tient à accomplir cette transition malgré ses lacunes et incohérences. Elle s'attarde ainsi aux grandes tendances sociétales et aux discours dominants. Parmi ceux-ci, le plus ancré dans le monde économique serait celui de la société « immatérielle ». Il existe une théorie de l'histoire économique stipulant que la société occidentale serait passée à une économie immatérielle à partir des années 1980 avec le développement des économies de services et des nouvelles technologies. Pour Izoard, ce discours serait tout simplement faux puisque ces services et ces technologies reposeraient sur des supports bien matériels. Par exemple, le monde numérique repose sur des centres de données énormes, des infrastructures bien physiques et énergivores pour fonctionner.
8. engouement pour ce discours de dématérialisation et d'alternative à l'économie physique et polluante serait moussé, selon Izoard, par des élites motivées par des sentiments impérialistes. Cet impérialisme, l'autrice en donne plusieurs exemples forts. D'abord, le coup d'État de 1965 du général Suharto en Indonésie, épaulé par la CIA et appuyé par une commission sur laquelle siègent des administrateurs de sociétés pétrolières et minières américaines. Cette prise de pouvoir aux dépens des communistes menés par Sukarno, éminente figure du non-alignement dans le contexte de la guerre froide, a permis notamment à une entreprise minière américaine de prendre le contrôle de l'immense mine de Grasberg. L'autre exemple est celui du coup d'État de 1973 du général Pinochet contre Salvador Allende au Chili. Ce dernier avait annoncé la nationalisation des mines de cuivre du pays sans prévoir de compensation aux entreprises qui exploitaient la mine. La CIA aida le général Pinochet à faire son coup d'État et les entreprises américaines ont maintenu le contrôle du cuivre chilien. Pour Izoard, l'impérialisme occidental aurait justifié les discours encourageant l'industrie minière.
9. oard met ainsi le doigt sur un enjeu important de cette nouvelle ruée minière : les discours évoluent, mais les motifs demeurent. Entre 2008 et 2018, un changement se serait opéré dans les discours de justification de l'activité minière. Alors que l'on parlait plus tôt d'objectifs de croissance économique pour justifier la mine, on passe alors à la nécessité d'accomplir une transition depuis les énergies fossiles vers l'électrique. Selon la journaliste, un rapport de la Banque mondiale datant de 2017 serait l'apogée de ce changement de discours. Or, ce rapport a été rédigé avec l'International Council on Mining and Metals, lobby composé des plus grandes entreprises minières. Si le discours a évolué, le motif demeure toujours le même pour Izoard : une ruée vers la création de nouveaux débouchés pour l'industrie minière. Les industries de l'armement de l'aérospatiale ainsi que la course au numérique seraient donc en réalité les bénéficiaires de cette extraction, plus que la prétendue transition.
10. autrice plonge ensuite dans une troisième partie dans un argumentaire qui diffère beaucoup des précédentes pour justifier le désir de l'humain pour l'exploitation minière. Cette troisième partie se veut beaucoup plus philosophique que les précédentes, davantage journalistiques. Izoard parle ici de cosmologie extractiviste, d'homo faber, de mythes grecs, d'alchimie, citant Paracelse, et d'autres concepts qui semblent plutôt difficiles à replacer par moments. Il devient difficile dans certains passages de relier l'argumentaire de cette partie à l'ensemble de l'œuvre. Izoard a cependant mobilisé certains arguments et exemples historiques et sociologiques qui justifient son propos et qui semblent moins ésotériques que ceux cités précédemment. Par exemple, l'exemple historique de Francis Bacon, philosophe et homme d'État anglais qui, inspiré par les mines allemandes, aurait favorisé le développement des sciences minières et de l'industrie minière en Angleterre. Dans un même ordre d'idées, Izoard revient sur Jacob Fugger, un banquier du Saint-Empire romain germanique qui aurait démarré la capitalisation de l'activité minière en Bavière. Elle illustre ainsi comment le capitalisme actionnarial s'est emparé de l'industrie minière et a démis de la propriété de cette activité économique les corporations de mineurs, qui sont alors passés au salariat. Elle en fait aussi une référence plus générale à l'émergence du capitalisme et à Weber.
11. tre la difficulté de replacer certains de ses exemples dans l'argumentaire général, il y a également un rapport incertain entre des arguments qui, bien qu'ils ne soient pas incompatibles, entrent en concurrence en l'absence de précision à ce sujet. Quelles sont les motivations réelles des humains à exploiter les mines ? Au premier degré, on pourrait penser qu'il s'agirait simplement de l'appât du gain, d'une forme d'avidité qui justifierait les risques que prennent au nom de collectivités entières quelques entreprises. Izoard parle bien de cette recherche du profit à quelques moments, notamment lorsqu'elle met en relation l'entreprise minière et le mythe d'Érysichthon. Or, sa troisième partie parle à la fois d'un désir de domination de la nature, d'une aspiration à poursuivre le travail de Dieu, d'une « religion du progrès », d'une matrice extractiviste du capital, entre autres. L'humain voudrait être se montrer supérieur à la nature en la modifiant à son image, se prétendrait divin et vouerait en plus un culte à une certaine idée qu'il se serait fait du « progrès ».
12. lia Izoard est un nom connu en France pour sa critique des nouvelles technologies et des idées s'y rapportant, notamment celle de progrès. Or, si tous les concepts précédents s'imbriquent et s'articulent de manière à créer plusieurs explications possibles pour le désir de l'humain d'exploiter les sous-sols, c'est cette critique du progrès, réel fil conducteur de l'œuvre intellectuelle de Celia Izoard, qu'il faut impérativement retenir. Pour la journaliste, il faut réfléchir aux modes de vie contemporains qui réduiraient « le donné à des ressources ». Celia Izoard transporte l'« En as-tu vraiment besoin ? », l'apophtegme emblématique du comptable vulgarisateur québécois Pierre-Yves McSween, du choix comptable personnel au choix sociétal et collectif. Cette réflexion s'articule évidemment avec les théories du renoncement, de la décroissance et de la démondialisation. Or, elle conduit spécifiquement à des questions d'ordre technologique. A-t-on réellement besoin de tous les nouveaux gadgets que présente le tout dernier téléphone cellulaire ? Izoard va encore plus loin : a-t-on réellement besoin d'un téléphone cellulaire ? Elle rappelle au passage que, bien qu'elle soit consciente que le quotidien de 2024 est adapté à l'omniprésence de ces appareils et que bien des fonctions ne sont possibles d'accomplir qu'à partir d'une connexion Internet itinérante, il est bien possible de vivre sans si la société en décide ainsi puisque presque tous n'en possédaient pas il y a à peine 20 ans. Ce changement, bien que qualifié de « retour en arrière » par plusieurs, permettrait de sortir de cette dépendance insoutenable à l'exploitation minière. Un tel changement implique forcément l'appel à une philosophie du renoncement puisque le confort matériel (peut-être opulent) devrait sans doute être reconsidéré à la lumière des ressources disponibles. Bien plus qu'une prise de conscience sur la provenance réelle et physique des supports technologiques, il faut réévaluer leur importance à la lumière des enjeux éthiques et en calculer le coût et le bénéfice. Il faut apprendre à renoncer, dit-elle.
13La quatrième partie porte sur l'avenir. Celia Izoard plaide pour un retrait des mines. Les chapitres de cette quatrième partie portent sur les combats qu'elle juge nécessaire de mener, puis sur l'avenir de cette relation entre l'industrie minière et l'environnement. Elle traite également des solutions qu'elle juge les plus pertinentes. Izoard indique d'abord où le combat qu'elle mène et le plaidoyer qu'elle porte rejoignent d'autres luttes. Le régime minier serait pour la journaliste un des piliers fondamentaux du régime capitaliste dont Marx avait critiqué l'iniquité. Le régime minier serait également un catalyseur de la crise climatique, ne permettant aucunement de faire de transition écologique. En effet, pour Izoard, l'industrie minière serait doublement polluante. Outre sa propre dépendance à l'industrie pétrolière, les équipements miniers et les transports fonctionnant aux hydrocarbures, elle poserait des risques majeurs pour les écosystèmes terrestres et marins. Au fil des paragraphes de cette partie, Izoard réinterprète le propos de son œuvre à la lumière de combats autres comme la lutte des classes ou la lutte à la crise climatique. L'exploitation minière, par les catastrophes écologiques et les abus qu'elle a décrits, serait un point de convergence de plusieurs luttes. Son ouvrage, profondément militant, appelle ainsi au ralliement de causes existantes à une cause qu'elle identifie comme la source de plusieurs autres maux. Elle appelle également, par les différentes idées reçues qu'elle déconstruit, à un rejet des alternatives qui sont proposées pour atténuer les effets de la mine. Pour Izoard, ce n'est pas à travers une meilleure gestion de l'industrie minière que l'on peut régler les problèmes environnementaux et sociaux qu'elle génère, mais plutôt en s'en retirant carrément. Par exemple, elle illustre la complexité et la presque insoutenabilité associées au fait de faire vivre des « mines urbaines » axées sur le recyclage de métaux dans les objets existants. Le recyclage, pour Izoard, ne serait qu'un commerce d'indulgences ou de temps pour les entreprises qui bénéficient de l'activité minière.
14. Elle propose ensuite quelques pistes de solutions, liste qu'elle ne prétend pas être exhaustive. Elle appelle notamment à certaines formes de désobéissance civile pour rendre moins viable l'exploitation minière par une augmentation des coûts, notamment par des blocages. Elle cite ensuite des exemples de campagnes afférentes à la solidarité internationale, une autre piste pour une prise de conscience collective. C'est surtout un appel au changement des modes de vie qu'elle lance, plaidant pour une décroissance minérale. À la lumière d'une évaluation collective des objets de notre quotidien, il devient impératif pour Izoard de renoncer à un certain confort. L'exemple qu'elle fournit est le téléphone portable. Or, contrairement à plusieurs autres appels à l'action individuelle en matière d'environnement, il s'agit bel et bien pour Izoard d'un appel à l'action collective. À l'échelle dont elle souhaite voir des changements, il devient nécessaire de faire ces choix en tant que société, et non plus simplement comme un renoncement personnel. Il s'agit de changer les manières de faire et de revenir à une certaine simplicité dans certains domaines. [2]
15. Bien qu'elles diffèrent de celles de Guillaume Pitron, les solutions qu'offre Izoard ne sont pas, à mon avis, les points les plus intéressants de l'ouvrage. Les paradoxes dans les discours publics et privés en constituent la clé de voûte. Au-delà d'une liste de constats et de solutions qui y répondent, Celia Izoard a effectué un travail de recherche dans l'espace public des éléments de discours qu'elle considère comme des idées reçues, et qui font largement consensus dans certaines sphères de la société, pour en faire ressortir les incohérences, dénoncer les comportements complaisants et, in fine, enrichir le débat public en sortant des discours actuels hégémoniques en matière d'énergie et d'environnement. À mon avis, bien qu'elle écorche au passage l'industrie minière, le plus intéressant de son essai reste la critique de l'hypocrisie des élites économiques et sociales qui mentiraient pour maintenir en place une exploitation minière pourtant insoutenable. Elle procède en brossant un portrait de l'industrie minière, mais aussi des discours dominants et des idées reçues afférentes à l'exploitation minière. C'est notamment ce qui fait l'originalité de l'ouvrage d'Izoard, versus d'autres auteurs comme Guillaume Pitron. Ce dernier fournissait, selon Izoard, un argumentaire précieux aux élites pour la relance des mines en Europe, ce qu'elle dénonce. Ce seraient à la fois les relations asymétriques au sein de l'Europe, avec une périphérie composée des PIGS (Portugal, Italie, Grèce et Espagne) où seraient relancées la plupart de ces mines, et l'inutilité de cette relance qui justifieraient un retrait des mines selon elle. La relance serait inutile parce que la transition est un mythe. La plupart des métaux extraits seraient de toute façon destinés aux industries de l'aérospatiale, de l'armement et des technologies de pointe. La course aux métaux serait une course à l'armement et au « progrès » technologique. Bien qu'elle s'exprime sur l'exemple du téléphone mobile et de son inutilité, Izoard semble éviter de se prononcer directement sur l'armement et l'aéronautique. Elle fait le parallèle avec la quête des nazis pour des minéraux destinés à l'armement à la fin des années 1930, puis explique les liens qu'entretient la Commission européenne avec les gisements ukrainiens et les entreprises d'exploitation. Elle illustre ainsi les motifs réels de l'intérêt de la Commission pour la défense de l'Ukraine, à ses yeux, sans poser son opinion aussi clairement que pour la fin des téléphones mobiles. Bien que son texte ne soit pas un traité en faveur ou non de la défense ukrainienne, cet aspect manque à son raisonnement puisque ce dernier prête facilement le flanc à des arguments plus réalistes sur la nécessité de défendre le peuple ukrainien de l'invasion russe. Évitant de tomber dans des arguments à la Jean-Marc Jancovici, cet ingénieur français qui défend l'idée de limiter à quatre le nombre de vols autorisés à un individu au cours de sa vie2, elle ne commente pas les usages aéronautiques des minéraux extraits. Elle offre ainsi une alternative au téléphone mobile sans offrir d'alternative à l'aviation commerciale ou à l'armement dans un contexte d'invasion de l'Ukraine, ce qui affaiblit quelque peu son argumentaire dans ce sens selon moi.
16. En n'offrant pas d'alternative crédible aux usages des métaux qui sont critiqués, il est possible de se demander à quel degré les idées d'Izoard relèvent de l'utopie. Il faut noter qu'elle parle peu ou pas de renoncement et de décroissance, ces mots-épouvantails qui sont largement contestés pour leur irréalisme. Ses suggestions sont sectorielles, visées, toutefois trop incomplètes pour que l'on puisse immédiatement croire en une sortie du minier. Si les constats qu'elle fait sont alarmants et nécessitent urgemment une réponse collective, il est difficile de voir comment l'on peut s'en sortir. Les méthodes qui s'accompagnent également de ce genre de renoncement à grande échelle peuvent également tenir du constructivisme rationaliste, une attitude qui, sans contrôle démocratique réel, peut facilement basculer vers la tyrannie. Si son argumentaire est crédible et convaincant, il manque toutefois des pistes crédibles qui dépassent le cadre du choix personnel (comme le téléphone mobile) pour envisager les changements nécessaires suggérés. Malgré ses lacunes, les constats et réévaluations sont nécessaires, et c'est ce que fait l'ouvrage : il lance le débat sur la transition. C'est la raison pour laquelle je ne puis qu'en recommander la lecture.
Édouard de Guise, « Celia Izoard, La ruée minière au XXIe siècle. Enquête sur les métaux à l'ère de la transition, Paris, Éditions Seuil, 2024, 344 pages. », Revue Interventions économiques [En ligne], 72 | 2024, mis en ligne le 17 septembre 2024, consulté le 24 novembre 2024.
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[1] Guillaume Pitron, La guerre des métaux rares. La face cachée de la transition énergétique et numérique, Paris, Les liens qui libèrent, 2018, 296 pages.
[2] 2 Jean-Marc Jancovici (30 mai 2023), "Il faut faire des compromis" : Jean-Marc Jancovici maintient son idée d'un quota de vols en avion, France Inter [Radio], https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/l-invite-de-8h20-le-grand-entretien/l-invite-de-8h20-le-grand-entretien-du-mardi-30-mai-2023-5670062
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