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Des GES, des GES, oui toujours plus de GES !

5 décembre 2023, par Coalition Halte-Air Saint-Hubert — , ,
Longueuil, 29 novembre 2023. - La Coalition Halte-Air St-Hubert affirme que le développement du terminal Porter Airlines / DASH-L émettra bel et bien des gaz à effet de serre (…)

Longueuil, 29 novembre 2023. - La Coalition Halte-Air St-Hubert affirme que le développement du terminal Porter Airlines / DASH-L émettra bel et bien des gaz à effet de serre (GES), contrairement à ce que voudrait faire croire S-P. Diamond, le vice-président aux affaires corporatives de l'aéroport Saint-Hubert YHU.

« *Même la construction de l'aérogare, d'un hôtel de 130 chambres et l'aménagement d'un stationnement de 3000 places ne se fera pas sans émission de GES, parce qu'aucune des machineries ni aucun des camions nécessaires pour ce faire ne fonctionne à l'eau, encore moins tout le trafic routier qui découlera des 4 millions de passagers visés et du transport du kérosène qui alimentera la centaine d'avions par jour qui ne volera pas au parfum de rose * », déclare Jacques Benoit, de la Coalition Halte-Air St-Hubert.

Pour le Professeur Julien Keller de la Coalition, qui assistait à l'événement de la Chambre de commerce du Montréal métropolitain le 24 novembre dernier
<https://drive.google.com/file/d/1Ij...> ,
les déclarations du v.-p. de DASH-L sont d'ailleurs en totale contradiction avec les propos que son directeur général, M. Yanic Roy, y a tenus, à savoir que le trafic aérien sur le grand Montréal atteindrait « *30 millions de passagers en 2030, 40 millions en 2040 et 50 millions en 2050 * », et que l'aéroport de Saint-Hubert participerait au développement de ce
trafic, aujourd'hui d'environ 20 millions de passagers. Le développement de l'aéroport Saint-Hubert, selon M. Roy, s'inscrirait donc dans une politique globale d'augmentation du nombre de passagers et de vols, et non pas dans un simple déplacement de ces vols de Montréal-Trudeau (YUL) vers Saint-Hubert (YHU).

Or l'industrie aérienne repose sur le pétrole, une source majeure d'émissions de GES qui ne cessent d'augmenter : +6.7 % sur l'île de Montréal en 2021 par rapport à 2020, reprenant leur hausse interrompue par la pandémie de COVID-19.

Quant au processus de certification à l'Airport Carbon Accreditation (ACA) auquel fait référence le v.-p. de l'aéroport, cela fait bien rire M. Benoit. « *Ce « programme mondial de gestion du carbone pour les aéroports » dépend de l'ACI, l'Airport Council International, une
association de 500 aéroports à travers l'Europe. C'est comme demander aux compagnies de tabac de certifier que leurs cigarettes ne causent pas le cancer !*, déclare-t-il. « *Ce n'est pas un programme de gestion du carbone, mais seulement du greenwashing ! * » dit-il encore. « *Les seuls avions silencieux qui ne font pas de GES sont les avions en papier ! »*, ajoute-t-il.

Pour la Coalition, si le projet de développement avait d'abord été déposé avec les études probantes, pour qu'on évalue sa pertinence et sa nécessité au vu de ses impacts économiques, sanitaires et climatiques, on n'en serait pas à discuter chaque semaine d'affirmations toutes plus frivoles les unes que les autres.

« *Il serait temps que les propos du v.-p. de l'aéroport soient un plus sérieux : mener les études d'empreinte carbone, de pollutions sonores et atmosphériques du terminal pendant sa construction, c'est un peu comme si un étudiant demandait son diplôme avant d'avoir suivi les cours ! »* conclut le Prof. Keller.

La Coalition Halte-Air Saint-Hubert est un regroupement de groupes et de citoyen.ne.s qui réclame un moratoire sur tout développement de l'aéroport de Saint-Hubert
<https://www.change.org/p/pour-un-mo...> tant et aussi longtemps que le plan complet du projet, incluant les coûts publics, n'aura pas été déposé publiquement et que tous ses impacts, non seulement économiques, mais aussi sanitaires et climatiques, présents et futurs, n'auront pas été analysés et discutés sérieusement et publiquement devant les citoyen.e.s.

Pour information :

coalition.halteair@gmail.com

https://www.facebook.com/coalitionhalteairSH

instagram.com/coalitionhalteairsh/
<https://www.instagram.com/coalition...>

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Au Québec, les feuillus pourraient se déplacer vers le nord. Voici les conséquences potentielles sur le paysage forestier boréal

5 décembre 2023, par Fabio Gennaretti, Maxence Soubeyrand — , ,
Au Québec, on retrouve deux types de forêt distincts : la forêt tempérée nordique au sud et la forêt boréale au nord. Ces écosystèmes forestiers fournissent une diversité de (…)

Au Québec, on retrouve deux types de forêt distincts : la forêt tempérée nordique au sud et la forêt boréale au nord. Ces écosystèmes forestiers fournissent une diversité de services importants au fonctionnement global de la planète et de notre économie. On peut par exemple penser au stockage de grandes quantités de carbone atmosphérique, aux habitats pour de nombreuses espèces, ainsi qu'à la fourniture de matière première pour l'industrie du bois, qui est un pilier de l'économie québécoise et canadienne.

Tiré de La conversation.

Étudiant au doctorat à l'UQAT, je travaille sur le potentiel de colonisation de l'érable à sucre, du bouleau jaune et de l'érable rouge au nord de leur aire de répartition, dans la forêt boréale mixte. Ces trois espèces emblématiques des forêts d'Amérique du Nord sont d'une importance capitale au niveau économique (bois d'œuvre, fabrication de contreplaqué, pâte, ou sirop d'érable pour l'érable à sucre) et contribuent à la diversité des forêts québécoises.

La forêt mixte, entre biome tempéré et boréal

La forêt mixte est située au niveau de la zone de transition (écotone) entre les forêts boréale et tempérée.

Elle désigne la région où ces deux forêts se rencontrent, créant une zone dans laquelle les caractéristiques de ces deux types de forêts s'entremêlent. Cet amalgame se caractérise par une coexistence complexe entre les espèces feuillues tempérées et les conifères typiques de la forêt boréale.

C'est dans cet écotone que les feuillus tempérés atteignent la limite nord de leur répartition.

Un futur incertain pour la forêt boréale mixte

L'impact combiné de l'augmentation des températures (de 2 à 8 °C d'ici 2100) et de l'aménagement forestier dans la forêt boréale mixte pourrait modifier la croissance et la distribution des espèces tempérées. Les services écosystémiques fournis par ces espèces pourraient être alors altérés.

Cette transformation pourrait être profonde. Car les espèces de feuillus tempérés pourraient migrer vers le nord et même devenir des espèces dominantes au sein des peuplements de la forêt boréale mixte.

Un tel changement dans la composition forestière de la forêt boréale mixte pourrait avoir des conséquences majeures pour l'industrie forestière, les régimes de perturbations naturelles et la biodiversité associée aux espèces d'arbres dominantes dans les forêts. Cependant, l'incertitude entourant l'implication des facteurs qui influencent le succès de l'établissement et de la croissance des feuillus tempérés dans la forêt boréale mixte reste considérable.

Il est essentiel de comprendre comment la croissance et la capacité d'établissement des feuillus tempérés au sein des peuplements de la forêt mixte sont influencées par des facteurs tels que le climat, les caractéristiques du sol et les interactions de compétition entre les arbres pour obtenir une vision complète de l'avenir de la forêt boréale mixte.

Des feuillus dans la forêt boréale mixte ?

Dans le cadre de mes travaux de doctorat, nous avons tenté de modéliser les interactions de compétition entre les arbres en tenant en compte des effets des changements climatiques sur leur croissance. Ce modèle simule chaque arbre dans un peuplement. Chaque année, les arbres croissent, se reproduisent et peuvent éventuellement mourir. La croissance de chaque arbre dépend de la lumière que l'arbre reçoit, de la compétition pour les nutriments et pour l'espace, et du climat.

Dans notre étude, publiée dans la revue Ecography, nous avons exploité ce modèle pour évaluer la capacité des feuillus tempérés à s'établir au sein de peuplements de la forêt boréale mixte. Pour ce faire, nous avons procédé à la modélisation de peuplements typiques de la forêt boréale mixte, auxquels nous avons intégré des espèces de feuillus tempérés, offrant l'opportunité de coloniser ces peuplements.

Nous avons montré que les trois espèces de feuillus tempérés pouvaient coloniser le peuplement. Le bouleau jaune avait une meilleure capacité de colonisation, avec ses graines plus nombreuses et plus légères qui peuvent se disperser plus loin. L'érable rouge et l'érable à sucre présentaient quant à eux des capacités similaires pour coloniser les peuplements mixtes boréaux. Cependant, l'érable à sucre montrait une meilleure capacité à coloniser les forêts plus vieilles, en raison de sa croissance supérieure sous une canopée fermée.

La capacité d'établissement des feuillus tempérés dans la forêt boréale mixte était plus élevée dans les peuplements les plus jeunes, ainsi que dans les peuplements après une coupe totale. Par conséquent, l'aménagement forestier et les feux de forêts, en rajeunissant les paysages de la forêt mixte boréale, pourraient accélérer la migration des espèces d'arbres tempérés vers le nord.

L'augmentation des températures due aux changements climatiques ne devrait pas augmenter la capacité des feuillus tempérés à coloniser les peuplements de la forêt boréale mixte, que ce soit dans le climat actuel ou dans des scénarios de forçage climatique élevé. Cela signifie que le climat ne serait pas un facteur influençant la limite nord de répartition des espèces de feuillus tempérés, et que les changements climatiques ne devraient pas avoir d'effet immédiat sur la distribution nordique des feuillus tempérés.

Les types de sols de la forêt boréale mixte pourraient cependant être une limite à la croissance des feuillus tempérés. Dans des sols argileux, la croissance de l'érable rouge et de l'érable à sucre serait faible et ne leur permettrait pas d'être compétitifs avec les espèces déjà présentes, qui tolèrent très bien l'argile.

Les facteurs régissant la croissance des arbres tels que le climat, le sol et la compétition interagissent ensemble et peuvent rendre les prédictions concernant la distribution future des différentes espèces d'arbres très complexes.

Des effets tant positifs que négatifs

L'établissement des feuillus tempérés dans la forêt boréale mixte pourrait accroître la complexité et la diversité dans les peuplements. Cela pourrait renforcer la résistance et la résilience de la forêt boréale mixte face aux perturbations.

La présence des feuillus tempérés en forêt boréale mixte pourrait notamment atténuer les épidémies de tordeuse des bourgeons de l'épinette, car la proportion de sapins et d'épinettes serait plus faible et ces espèces seraient davantage dispersées dans les peuplements.

L'établissement des feuillus tempérés provoquera une augmentation de la proportion de feuillus dans le paysage. Ce phénomène, connu sous le nom « d'enfeuillement », est observé dans la forêt boréale mixte depuis les 100 dernières années et est principalement dû à l'aménagement forestier. Cet enfeuillement pourrait rendre les épidémies de livrée des forêts plus sévères. Cet insecte défoliateur s'attaque aux feuillus et spécialement au peuplier faux-tremble, au bouleau à papier et à l'érable à sucre.

Enfin, les régimes de feux de forêt pourraient être modifiés par les différences d'inflammabilité des feuillus et des conifères. La présence de feuillus tempérés, qui sont moins inflammables que les conifères, pourrait rallonger les cycles de feu. Cet effet positif sera cependant associé à un défi majeur pour l'industrie forestière qui aménage la forêt boréale mixte, puisque la filiale est actuellement tournée majoritairement vers les conifères.

On ne peut s'arrêter là

D'autres études de modélisation sont nécessaires pour explorer l'impact d'autres facteurs susceptibles d'influencer la capacité des feuillus tempérés à coloniser la forêt boréale mixte.

On peut notamment penser à l'impact du sol et des mycorhizes (symbiose entre les racines des plantes et des champignons) sur la germination et la croissance des arbres. Mais aussi à la prise en compte des phénomènes météorologiques, tels que les gelées tardives, qui peuvent affecter la survie et la croissance des jeunes arbres tempérés.

De plus, une modélisation à l'échelle du paysage serait bénéfique pour prendre en considération la topographie du terrain, un facteur potentiellement influent sur la capacité des feuillus tempérés à s'établir plus au nord.

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Journée mondiale de lutte contre le sida, regarder vers le passé pour définir le futur

5 décembre 2023, par Steven Ross — , ,
En 2023, la science et les diverses méthodes de prévention de la propagation du VIH permettent aux personnes atteintes du virus de vivre une vie presque normale. Bien que (…)

En 2023, la science et les diverses méthodes de prévention de la propagation du VIH permettent aux personnes atteintes du virus de vivre une vie presque normale. Bien que l'infection initialement mortelle ait été réduite au fil des ans à une maladie chronique, elle demeure toujours bien présente, tout particulièrement au sein des communautés LGBTQ+. Retour sur l'évolution du virus et perspectives des principaux intervenants dans la lutte au VIH à propos des solutions pour parvenir, une fois pour toutes, à son éradication.

Tiré de Fugues
https://www.fugues.com/2023/11/30/journee-mondiale-de-lutte-contre-le-sida-regarder-vers-lepasse-pour-definir-le-futur/?pk_campaign=L%27infolettre+de+Fugues+%231410+JEUDI+30+novembre+2023&pk_kwd=https%3A%2F%2Fwww.fugues.com%2F2023%2F11%2F30%2Fjournee-mondiale-de-lutte-contre-le-sida-regarder-vers-lepasse-pour-definir-le-futur%2F&utm_source=newsletter&utm_medium=email&utm_term=https://www.fugues.com/2023/11/30/journee-mondiale-de-lutte-contre-le-sida-regarder-vers-lepasse-pour-definir-le-futur/?pk_campaign=Linfolettre+de+Fugues+#1410+JEUDI+30+novembre+2023&pk_kwd=https://www.fugues.com/2023/11/30/journee-mondiale-de-lutte-contre-le-sida-regarder-vers-lepasse-pour-definir-le-futur/&utm_content&utm_campaign=Linfolettre%20de%20Fugues%20#1410%20JEUDI%2030%20novembre%202023

Par
Steven Ross
30 novembre 2023

Le 5 juin 1981 paraît le tout premier article faisant mention d'une infection touchant cinq hommes gais à Los Angeles. Le nom français utilisé mondialement pour identifier l'infection fatale est établi la même année par la Direction de la terminologie du gouvernement canadien : syndrome d'immunodéficience acquise (SIDA). En mars de l'année suivante, le Canada signale son premier cas de sida.

La lutte s'organise au milieu des années 1980 alors que la première Semaine de sensibilisation au sida au Canada est présentée à Toronto, tandis que la première Conférence canadienne sur le sida est mise sur pied à Montréal en 1985. En 1988, l'OMS proclame le 1er décembre Journée mondiale de lutte contre le sida, et, en 1990, le gouvernement canadien crée la première stratégie sur le VIH. Malgré l'avènement de la trithérapie, développée à Montréal au milieu des années 1990, le VIH devient tout de même la principale cause de décès dans le monde chez les personnes âgées de 15 à 59 ans en 2002.

Pour l'équipe de RÉZO, les communautés font aujourd'hui partie de l'équation pour éradiquer le virus, comme elles l'ont été dès le début du combat. L'organisme met donc en place plusieurs services adaptés qui ne jugent pas les pratiques et réalités des communautés, dont le dépistage communautaire à la Zone Rose de RÉZO.

Selon Alexandre Dumont Blais, directeur général de RÉZO : « Pour mettre fin à l'épidémie du VIH/sida d'ici 2030, l'exercice d'un leadership communautaire et politique est crucial afin de mettre les moyens reconnus à disposition des communautés affectées. Sans réserve ni barrière. »

La Maison d'Hérelle adopte une approche axée sur les déterminants sociaux, c'est-à-dire les éléments qui ont un impact direct sur la santé des gens. La directrice générale de l'organisme, Michèle Blanchard, pointe vers diverses pistes de solution concrètes : « Notre vision est qu'il faut prendre position pour l'accès au logement, à l'alimentation, et à du soutien pour demeurer indétectable et donc intransmissible. Ces bases sont pour nous la clé afin d'être des acteurs qui mettront fin au VIH. »

À la Coalition des organismes communautaires québécois de lutte contre le sida (COCQ-SIDA), on identifie cinq axes d'action prioritaires pour éliminer la transmission du VIH d'ici 2030 : le dépistage, l'adhérence aux traitements, la réduction des méfaits, les déterminants sociaux de la santé (besoins de base, droits) et les partenariats durables. Selon le directeur général de l'organisme, Ken Monteith, les acteurs communautaires ont les connaissances et les outils d'intervention qui peuvent mener à la fin de la transmission du VIH, mais les ressources sont manquantes pour les déployer adéquatement : « Ce que nous revendiquons de nos gouvernements va au-delà des questions de financement : ça nous prend en plus un engagement moral et le courage d'arrêter de mettre des bâtons dans les roues de la réponse au VIH par des lois qui éloignent les personnes des soins et fragilisent leur vie. Ça nous prend la décriminalisation de la non-divulgation du statut VIH, de la possession simple des drogues, du travail du sexe, et un accès universel à la couverture sanitaire pour toute personne sur le territoire. »

Du côté d'ACCM, on abonde dans le même sens : « Le contexte actuel de crise du logement, de crise des surdoses, d'inflation et de haine envers les communautés LGBTQ+ n'a fait qu'augmenter la précarité, la stigmatisation et les enjeux intersectionnels auxquels font face les personnes vivant avec le VIH, relate la directrice générale de l'organisation, Emilie Renahy. Force est de constater que les priorités que nous avions identifiées dans le cadre des élections municipales et fédérales de 2021 pour mettre fin à l'épidémie d'ici 2030 restent identiques : nous demandions la fin de la criminalisation de la non-divulgation du statut VIH, des drogues et du travail du sexe ; l'accès universel et la couverture de tous les services de santé, incluant les thérapies antirétrovirales, la PrEP, la PEP, le dépistage et les services de santé sexuelle. »

En plus des membres des communautés LGBTQ+, certains autres groupes ou minorités sont disproportionnellement touchés par les cas de VIH. C'est le cas notamment des personnes migrantes, rappelle Joseph Jean-Gilles, directeur général de GAP-VIES : « Nous devrons trouver une réponse adéquate au portrait accablant et inquiétant de l'infection par le VIH chez les migrants originaires de pays où la prévalence du VIH et de l'hépatite C est élevée. Un combat de tous les jours s'impose pour combattre de front la stigmatisation, la discrimination, le racisme, l'homophobie et la transphobie sous toutes leurs formes et par tous les moyens afin de contribuer à réduire les inégalités sociales en santé et en soins, ainsi que faciliter un accès universel aux soins et aux services de santé. À Montréal, éradiquer le VIH et le sida est un défi de taille et, à GAP-VIES, nous avons compris que pour atteindre cet objectif, on ne doit pas travailler de façon isolée, ce qui explique notre ancrage au quotidien dans tous les secteurs de la vie de nos populations clés qui sont très diversifiées. »

Au-delà des organismes communautaires, plusieurs acteurs privés du secteur de la santé sont mobilisés pour soutenir les personnes vivant avec le VIH et identifier les moyens les plus efficaces d'éliminer le virus.

Mentionnons à cet effet ViiV Soins de santé Canada, notamment, la seule société pharmaceutique vouée entièrement à la recherche sur le VIH/sida et à son traitement, ainsi qu'à l'amélioration de la vie des personnes touchées par le VIH/sida. L'entreprise possède une longue histoire d'engagement, en partenariat avec la communauté canadienne du VIH par le biais de son programme d'action positive pour soutenir et améliorer les initiatives communautaires qui améliorent la vie des personnes vivant avec le VIH au Canada.

Par ailleurs, du côté des efforts mis en place au niveau fédéral, le Canada est engagé dans la stratégie 95-95-95 établie par l'ONUSIDA et l'OMS afin d'aider à éliminer le virus d'ici 2030. Alors que plus de 62 000 personnes vivent avec le VIH au pays, l'objectif est d'atteindre les cibles 95-95-95 : 95 % des personnes infectées connaîtront leur statut sérologique, 95 % recevront un traitement antirétroviral continu et 95 % de celles-ci auront une suppression virale, comparativement au profil actuel qui est respectivement de 86 %, 97 % et 92 %.

Plus de 40 ans après l'apparition du VIH, les divers organismes communautaires, privés et publics sont donc toujours à pied d'œuvre pour établir les solutions les plus prometteuses afin de limiter la propagation et d'éliminer le virus de l'immunodéficience acquise.

Au moment où l'objectif semble de plus en plus près, un mot est plus que jamais de mise : espoir.

INFOS | Pour en connaître davantage sur les progrès et les actions nécessaires pour mettre fin à l'épidémie de VIH d'ici 2030, lisez le dernier rapport de l'ONUSIDA

https://www.unaids.org
À propos d'ACCM : https://accmontreal.org
À propos de RÉZO : https://www.rezosante.org
À propos de GAP-VIES : https://gapvies.ca
À propos de la Maison d'Hérelle : https://www.maisondherelle.org

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Pourquoi le pinkwashing d’Israël fonctionne-t-il autant ?

5 décembre 2023, par Zeb Zürcher — , ,
Depuis des années, les militantexs LGBTQIA+ critiquent le discours d'Israël sur les questions d'orientation sexuelle et de genre. Alors qu'il semblait y avoir une victoire – (…)

Depuis des années, les militantexs LGBTQIA+ critiquent le discours d'Israël sur les questions d'orientation sexuelle et de genre. Alors qu'il semblait y avoir une victoire – toute maigre – sur ce front, le regain des discours de soutien aux forces de « défense » israéliennes (IDF) face à une Palestine présumée homophobe est inquiétant et demande analyse.

Tiré de Gauche anticapitaliste
1er décembre 2023

Par Seb Zürcher

En 1993, la plupart des lois d'héritage britannique criminalisant l'homosexualité dans l'armée israélienne ont été révoquées, ce qui a laissé les personnes ouvertement gays et lesbiennes servir dans l'armée. Néanmoins, une division géographique au sein de l'État colonial se fait sentir, entre Tel-Aviv, bastion libéral, et le reste des zones occupées beaucoup plus religieuses et conservatrices, notamment Jérusalem.

Dès la fin des années 90, la Pride de Tel-Aviv est ainsi déjà un grand événement, largement dépolitisé comme dans une partie du monde occidental, avec un accent mis sur la fête plutôt que sur des dimensions révolutionnaires. Pour autant, des groupes tels que Black Laundry (en hébreu Kvisa Shchora) utilisent cet espace au début du 21e siècle pour visibiliser des thématiques queer et l'occupation des terres palestiniennes, en réponse à la deuxième intifada commencée en 2000.

Colonialisme aux couleurs arc-en-ciel

Ces groupes ont malheureusement peu d'échos face à la stratégie du gouvernement israélien adoptée les mêmes années. Dénommée Brand Israël en 2005, la campagne propagandiste au cœur de cette stratégie vise à redorer l'image de marque d'Israël auprès de l'Occident comme un pays moderne, cosmopolite et progressiste.

Principalement, l'idée est d'évacuer l'occupation de la Palestine le plus possible des communications internationales au profit d'aspects culturels, touristiques et festifs. Que ce soit au travers de campagnes montrant des femmes de l'IDF dans des magazines érotiques, des avancées technologiques des industries ou des spécialités culinaires.

C'est dans ce contexte que les notions identitaires sont mobilisées. Une des opérations les plus agressives de Brand Israël est de faire miroiter l'État, ici surtout Tel-Aviv, comme une des destinations les plus gay-friendly du monde. C'est un succès à une période de plus grande acceptation des identités homosexuelles (principalement masculines) dans les sociétés capitalistes, qui voient désormais les hommes gays comme un marché juteux disposant d'un certain pouvoir d'achat.

Au travers d'images aspirationnelles, Israël se crée l'image d'un pays avec de magnifiques plages pleines d'hommes musclés qu'il ne faudrait pas trop tarder d'aller rencontrer, peu importe le sort des Palestinnien.nes qui de toute façon seraient homophobes et dangereux.euses.

Fragmentation et opposition

Comme l'explique le théoricien marxiste Peter Drucker, les communautés LGBTQIA+ se retrouvent dans un processus de fragmentation dès les années 90. Si l'augmentation de la tolérance dans une partie du monde laisse découvrir à une partie des lesbiennes et des gays les joies du capitalisme, une autre partie – notamment les personnes trans, précaires et/ou racisées – se retrouve laissée sur le carreau face à un processus d'homonormalisation. Il ne s'agit plus dès lors de demander libération mais acceptation. Il devient possible de réclamer une partie du gâteau de l'exploitation capitaliste. Cela implique un glissement de la compréhension des activismes LGBTQIA+ et de leur champ d'action.

En effet, comme le dit lae chercheureuse El Chenier, ce glissement s'opère sur la notion d'identité. Un activisme basé sur la notion de libération révolutionnaire aura tendance à s'identifier avec, c'est-à-dire qu'il porte en lui une solidarité inhérente qui permet d'imaginer un changement sociétal. En revanche, lorsque l'activisme représente la protection des intérêts d'un groupe dans l'espace capitaliste, cet activisme permet au sujet d'uniquement s'identifier comme, c'est-à-dire aux autres personnes LGBTQIA+ sans réussir à étendre sa pensée sur les autres opprimé.es.

Cette fragmentation (qui n'est bien sûr pas si claire) entre un espace homonormatif et un espace révolutionnaire dans les communautés LGBTQIA+ donne ainsi lieu à des discours distincts et une incompréhension constante d'une partie du public qui a intégré un discours normatif.

Pour une grande partie des gens, si le sujet discuté par des personnes queer ne touche pas directement aux thématiques LGBTQIA+, il parait hors-sujet vu l'impossibilité de s'identifier avec mais seulement comme. Ainsi, beaucoup peuvent s'identifier aux gays en Israël, mais pas avec les Palestiniennxes sous les bombes.

Les activistes queers ont pourtant été nombreuxses à critiquer l'État d'Israël et ses campagnes de pinkwashing. Mais peut-être n'est-il pas tant surprenant que leur écho ait été au final plus limité que ce que l'on pensait.

Article initialement publié sur le site de solidaritéS le 10 Novembre 2023.

Image : Queers Against Israeli Apartheid, Edmonton Pride Parade 2011 (au Canada). Crédit photo : Kurayba ; disponible sur flickr.

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Les organismes communautaires des Laurentides craignent la réforme de santé

5 décembre 2023, par Regroupement des organismes communautaires des Laurentides (ROCL) — , , ,
Saint-Jérôme, 28 novembre 2023 - Le Regroupement des organismes communautaires des Laurentides (ROCL) s'inquiète de la nouvelle réforme du système de santé et des services (…)

Saint-Jérôme, 28 novembre 2023 - Le Regroupement des organismes communautaires des Laurentides (ROCL) s'inquiète de la nouvelle réforme du système de santé et des services sociaux, tant pour ses impacts sur les organismes communautaires que pour la privatisation accrue qu'elle entraînera.

Le projet de loi 15, qui vise à rendre le système de santé et de services sociaux plus efficace, est actuellement à l'étude en commission parlementaire. Ce projet de loi, dont les quelques 1200 articles font 308 pages, modifie 37 lois existantes et vient chambouler plusieurs pans du réseau de la santé. Dans la dernière décennie, les gouvernements successifs ont laissé la porte grande ouverte à la mise en place d'un réseau parallèle de santé privé. Le PL-15 s'inscrit dans cette lignée de réformes qui viendra une fois de plus fragiliser le caractère public du système de santé.

Pour le ROCL, l'adoption de ce projet de loi centralisateur n'améliora en rien l'accès aux soins dont la population a cruellement besoin.

La création de l'Agence Santé Québec, qui viendra du coup intégrer les CISSS et les CIUSSS dans la nouvelle structure, soulève aussi des questions pour les organismes communautaires notamment au niveau de la gestion du programme de soutien aux organismes communautaires (PSOC).

La mégastructure envisagée par le gouvernement Legault générera inévitablement un accroissement de la bureaucratisation ainsi qu'une perte des espaces démocratiques permettant d'entendre les voix citoyennes. Avec le PL-15, le gouvernement choisit d'orchestrer un système où l'État subventionne les compagnies privées pour qu'elles dispensent des soins de santé. Ce choix contribue à l'effritement des services publics et entrave l'accès gratuit et universel aux soins.

Le ROCL se questionne aussi sur la prise en compte des réalités locales ainsi que sur l'instrumentalisation des organismes communautaires en santé et services sociaux. Dans les visées du projet de loi, les organismes semblent être perçus comme une extension du système de santé plutôt que comme des entités autonomes à part entière.

Rappelons que l'autonomie des groupes communautaires demeure un rempart démocratique important de la société québécoise. “Les groupes communautaires sont souvent ceux qui mettent en lumière les iniquités sociales et proposent des solutions pour les atténuer”, explique Farah Wikarski, agente de liaison au ROCL. La détresse sociale s'accroît avec le taux d'inflation fulgurant, ce qui exerce une pression décuplée sur les groupes communautaires et se manifeste par un accroissement notoire des demandes d'aide. Farah Wikarski ajoute : “ Devant cela, le gouvernement actuel propose très peu de mécanismes structurants qui viendraient agir sur les causes des problématiques sociales, il se contente de saupoudrer des fonds vers les causes qu'il juge importantes, sans considérer les demandes de financement global et récurrent dont les groupes communautaires ont besoin depuis longtemps.”

Afin de signifier ses craintes et son mécontentement au gouvernement Legault, le ROCL a signé la lettre de la Coalition Solidarité Santéet a participé à l'envoi de lettres aux 10 députés de la région en copie conforme au bureau de François Legault. En réponse à cette campagne de lettres, le ROCL a reçu cette réponse questionnable : “Sachez également que le nombre excessivement élevé de courriels envoyés à notre adresse constitue du harcèlement. Nous préférions vous en avertir avant de devoir transmettre cette situation problématique à la Sûreté du Québec pour analyse afin de décider de la suite à donner à ceux-ci. Nous vous prions de cesser ces envois non sollicités et d'agréer nos respectueuses salutations.”

Sophie Dion, présidente du ROCL, partage sa consternation devant cette réponse préoccupante : “ Au ROCL, on est inquiet, parce qu'on a toujours considéré que l'envoi de lettres constituait un mécanisme démocratique sain pour se faire entendre. La menace de judiciariser cette tentative d'expression ne fait que confirmer les craintes que nous avions déjà concernant le mode de gouvernance du gouvernement actuel, tout comme envers le PL-15 et le recul démocratique qu'il laisse présager”.

Le ROCL est un regroupement existant depuis maintenant 30 ans constitué de près de 170 organismes communautaires autonomes qui œuvrent dans les Laurentides. Lieu de rassemblement pour les organismes de la région, il offre de la formation, de l'accompagnement et du soutien aux organismes du territoire afin de leur permettre de s'épanouir pleinement dans leurs racines communautaires. Il vise par son action, son approche et son rôle de représentation à faire rayonner l'identité des organismes communautaires autonomes et à opérer de profonds changements pour plus de démocratie, d'équité et de justice sociale.

Voir la campagne de la Coalition Solidarité Santé :
Action en cours : Lettre aux élus pour faire obstacle au PL-15 • Coalition Solidarité Santé (cssante.com)

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Le projet de loi 15 devant une opposition sociale en pleine effervescence

5 décembre 2023, par Table des regroupements provinciaux d'organismes communautaires et bénévoles (TRPOCB) — , ,
Montréal, le 1er décembre 2023._ La Table des regroupements provinciaux d'organismes communautaires et bénévoles (Table) tient à souligner la force du message d'opposition au (…)

Montréal, le 1er décembre 2023._ La Table des regroupements provinciaux d'organismes communautaires et bénévoles (Table) tient à souligner la force du message d'opposition au projet de loi 15 (PL15) transmis depuis plusieurs semaines par les mouvements sociaux.

Uniquement cette semaine, au moins quatre actions ont eu lieu, à l'initiative de différentes organisations et alliances et réunissant des groupes communautaires et des
organisations syndicales. Alors que le gouvernement risque de recourir au bâillon pour adopter le PL15, nous l'invitons à tenir compte de la voix de la population et à poursuivre l'analyse au-delà du 8 décembre.

Le 30 novembre, le Regroupement des groupes de femmes de la région de la
Capitale-Nationale [1] (RGF-CN), ainsi que le Regroupement d'éducation populaire en action communautaire des régions de Québec [2] (RÉPAC 03-12) ont tenu un rassemblement devant l'Assemblée nationale [3] pour sonner l'alarme. Des représentantes et des représentants ont souligné le manque d'écoute du gouvernement à l'égard des mouvements sociaux et des besoins de la population. « À l'instar des personnes et organisations présentes à ce rassemblement, la Table estime que le gouvernement fait fausse route. Il doit notamment cesser d'encourager la privatisation du système public de santé et de services sociaux, d'attaquer l'autonomie de la pratique sage-femme et des groupes communautaires, et cesser de refuser de reconnaître le racisme systémique présent dans le réseau » de dire Stéphanie Vallée, présidente de la Table.

Rassemblement devant l'Assemblée nationale contre le projet de loi 15

Le même jour, la Coalition solidarité santé [4], composée de syndicats, de groupes communautaires et de diverses organisations de la société civile, a lancé la déclaration « La réforme Dubé – Tout sauf santé [5] » soulignant l'absence évidente de consensus et la poursuite de l'étude détaillée du PL15 au-delà du 8 décembre, dans le cadre d'un point de presse à l'Assemblée nationale. Cette déclaration s'ajoute à une campagne de lettres demandant aux membres de l'Assemblée nationale de faire tout en leur pouvoir pour freiner le projet de loi 15.

« En octobre dernier la Table a d'ailleurs fait partie des 250 groupes, [6] associations et organisations issus des milieux communautaire, syndical, coopératif et médical ayant signé la lettre ouverte initiée par la Coalition, intitulée Réforme Dubé : une absence évidente de
consensus [7] (La Presse, 25 octobre) et elle continuera de participer au mouvement d'opposition
» poursuit Stéphanie Vallée.

Deux jours plus tôt, environ 150 féministes ont participé à une journée entière de réflexion intitulée « Les ratés de la CAQ : Perspectives féministes [8] », le 28 novembre, à l'initiative de la FSSS-CSN [9]. Provenant des milieux syndical, communautaire et universitaire, les participantes et les panélistes ont dénoncé la réforme menée par le ministre Christian Dubé, en particulier en mettant en lumière les conséquences du projet de loi 15 sur les femmes. La
rencontre a donné lieu à la création des premières étapes d'un mouvement qui prendra assurément de l'ampleur sous le titre « Font féministe de résistance et d'action politique (FFRAP) [10] ». « La Table participera au premier appel lancé à cette occasion, en invitant
les féministes du mouvement communautaire à arborer un carré mauve [11].

Le 8 décembre, jour présumé de l'adoption du PL15 sous le bâillon, sera d'ailleurs un moment important où le mouvement communautaire démontrera sa solidarité envers les travailleuses et travailleurs de la fonction publique, en participant bruyamment aux lignes de piquetage et en arborant le carré mauve » de dire Mercédez Roberge, coordonnatrice de la
Table. Panéliste durant l'événement, celle-ci a notamment présenté les articles du projet de loi compromettant l'autonomie des organismes communautaires autonomes du domaine de la santé et des services sociaux (OCASSS), ainsi que les démarches en cours pour corriger la situation.

En effet, le 8 novembre dernier, la Table [12] a fait parvenir une lettre demandant à la Commission de la Santé et des Services sociaux de reconsidérer l'adoption des articles 435 à 450 [13] du PL15. Adoptés le 4 octobre, sans que les parlementaires ne disposent de toutes les informations, ces articles obligeront les groupes communautaires à détenir un « agrément » pour obtenir du financement sous la forme d'entente de services. « Si des OCASSS se tournent vers ce mode de financement c'est en raison de l'insuffisance de leur subvention pour leur mission globale. Ainsi, même s'il ne s'agit que d'une petite
part de leurs budgets, les groupes devront se conformer aux pratiques dictées par le MSSS pour l'obtenir, ce qui est totalement contradictoire avec les exigences d'autonomie du Programme de soutien aux organismes communautaires (PSOC) qui verse la subvention pour leur mission globale.

Ayant obtenu l'appui des partis d'opposition, la Table espère que sa demande sera traitée prochainement » poursuit Mercédez Roberge. Ces actions s'ajoutent à de nombreuses autres menées ces derniers mois. La « Coalition Riposte au Plan Santé » vient d'ailleurs de relancer la diffusion des vignettes « Stoppons la machine [14] » en réaction au manque de débat démocratique entourant l'adoption du projet de loi 15.

Conçues par ses membres, soit la Coalition Solidarité Santé, le Collectif soignons la justice sociale, Head & Hands / À 2 mains, la Ligue des droits et libertés, Solidarité sans frontières et la Table des regroupements provinciaux d'organismes communautaires et bénévoles, ces
vignettes (disponibles en français et en anglais) circulent à nouveau par les médias sociaux. « Le débat public demandé dès avril lors du dépôt du PL15 n'ayant toujours pas eu lieu, il ne portera que la couleur du gouvernement de la CAQ. La santé et les services sociaux sont
trop importants pour prendre des décisions sans un vrai débat public démocratique. La Table réitère donc ce message au gouvernement : il doit stopper la machine et non adopter le PL15 sous le bâillon
» conclut Stéphanie Vallée. La Table des regroupements provinciaux d'organismes communautaires et bénévoles se joint à ce large mouvement et demande au
gouvernement de prendre acte de l'ampleur de l'opposition au projet de loi 15, et surtout, de ne pas l'adopter le sous le bâillon.

SOURCE Table des regroupements provinciaux d'organismes communautaires et
bénévoles (TRPOCB),

À propos

Fondée en 1995, la Table des regroupements provinciaux d'organismes communautaires et bénévoles [16] (TRPOCB) est formée de 44 regroupements nationaux [17], rejoignant plus de 3 000 groupes communautaires autonomes à travers le Québec. Ce sont, par exemple, des maisons de jeunes, des centres de femmes, des cuisines collectives, des maisons d'hébergement, des groupes d'entraide, des centres communautaires, des groupes qui
luttent contre des injustices ayant des répercussions sur la santé. Ceux-ci représentent les ¾ des organismes communautaires autonomes du Québec. Ceux-ci abordent la santé et les services sociaux sous différentes perspectives (femmes, jeunes, hébergement, famille, personnes handicapées, communautés ethnoculturelles, sécurité alimentaire, santé
mentale, violence, périnatalité, toxicomanie, etc.).

* Stéphanie Vallée est présidente de la Table des regroupements
provinciaux d'organismes communautaires et bénévoles. Elle est
également co-coordonnatrice de L'R des centres de femmes du Québec
[18].
* Mercédez Roberge est coordonnatrice de la Table des regroupements
provinciaux d'organismes communautaires et bénévoles [19].

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Le projet de loi 15 devant une opposition sociale en pleine effervescence

5 décembre 2023, par Nicole Nepton — , , ,
La Table des regroupements provinciaux d'organismes communautaires et bénévoles (Table) tient à souligner la force du message d'opposition au projet de loi 15 (PL15) transmis (…)

La Table des regroupements provinciaux d'organismes communautaires et bénévoles (Table) tient à souligner la force du message d'opposition au projet de loi 15 (PL15) transmis depuis plusieurs semaines par les mouvements sociaux. Uniquement cette semaine, au moins quatre actions ont eu lieu, à l'initiative de différentes organisations et alliances et réunissant des groupes communautaires et des organisations syndicales. Alors que le gouvernement risque de recourir au bâillon pour adopter le PL15, nous l'invitons à tenir compte de la voix de la population et à poursuivre l'analyse au-delà du 8 décembre.

Le 30 novembre, le Regroupement des groupes de femmes de la région de la Capitale-Nationale (RGF-CN), ainsi que le Regroupement d'éducation populaire en action communautaire des régions de Québec (RÉPAC 03-12) tenaient un rassemblement devant l'Assemblée nationale pour sonner l'alarme. Des représentant·es ont souligné le manque d'écoute du gouvernement à l'égard des mouvements sociaux et des besoins de la population. « À l'instar des personnes et organisations présentes à ce rassemblement, la Table estime que le gouvernement fait fausse route. Il doit notamment cesser d'encourager la privatisation du système public de santé et de services sociaux, d'attaquer l'autonomie de la pratique sage-femme et des groupes communautaires, et cesser de refuser de reconnaître le racisme systémique présent dans le réseau » de dire Stéphanie Vallée, présidente de la Table.

Le même jour, la Coalition solidarité santé, composée de syndicats, de groupes communautaires et de diverses organisations de la société civile, lançait la déclaration La réforme Dubé – Tout sauf santé soulignant l'absence évidente de consensus et la poursuite de l'étude détaillée du PL15 au-delà du 8 décembre, dans le cadre d'un point de presse à l'Assemblée nationale. Cette déclaration s'ajoute à une campagne de lettres demandant aux membres de l'Assemblée nationale de faire tout en leur pouvoir pour freiner le PL15. « En octobre dernier, la Table a d'ailleurs fait partie des 250 groupes, associations et organisations issus des milieux communautaire, syndical, coopératif et médical ayant signé la lettre ouverte initiée par la Coalition, intitulée Réforme Dubé : une absence évidente de consensus (La Presse, 25 octobre) et elle continuera de participer au mouvement d'opposition » poursuit Stéphanie Vallée.

Le 28 novembre, environ 150 féministes participaient à une journée de réflexion à l'initiative de la FSSS-CSN. Provenant des milieux syndical, communautaire et universitaire, les participantes et panélistes ont dénoncé la réforme menée par le ministre Christian Dubé, en particulier en mettant en lumière les conséquences du PL15 sur les femmes. La rencontre a donné lieu à la création des premières étapes d'un mouvement qui prendra assurément de l'ampleur, soit le Front féministe de résistance et d'action politique (FFRAP). « La Table participera au premier appel lancé à cette occasion, en invitant les féministes du mouvement communautaire à arborer un carré mauve. Le 8 décembre, jour présumé de l'adoption du PL15 sous le bâillon, sera d'ailleurs un moment important où le mouvement communautaire démontrera sa solidarité envers les travailleuses et travailleurs de la fonction publique, en participant bruyamment aux lignes de piquetage et en arborant le carré mauve » de dire Mercédez Roberge, coordonnatrice de la Table. Panéliste durant l'événement, celle-ci a notamment présenté les articles du PL15 compromettant l'autonomie des organismes communautaires autonomes du domaine de la santé et des services sociaux (OCASSS), ainsi que les démarches en cours pour corriger la situation.

En effet, le 8 novembre dernier, la Table faisait parvenir une lettre demandant à la Commission de la Santé et des Services sociaux de reconsidérer l'adoption des articles 435 à 450 du PL15. Adoptés le 4 octobre sans que les parlementaires ne disposent de toutes les informations, ces articles obligeront les groupes communautaires à détenir un « agrément » pour obtenir du financement sous la forme d'entente de services. « Si des OCASSS se tournent vers ce mode de financement, c'est en raison de l'insuffisance de leur subvention pour leur mission globale. Ainsi, même s'il ne s'agit que d'une petite part de leurs budgets, les groupes devront se conformer aux pratiques dictées par le MSSS pour l'obtenir, ce qui est totalement contradictoire avec les exigences d'autonomie du Programme de soutien aux organismes communautaires (PSOC) qui verse la subvention pour leur mission globale. Ayant obtenu l'appui des partis d'opposition, la Table espère que sa demande sera traitée prochainement », poursuit Mercédez Roberge.

Ces actions s'ajoutent à de nombreuses autres menées ces derniers mois. La Coalition Riposte au Plan Santé vient d'ailleurs de relancer la diffusion des vignettes Stoppons la machine en réaction au manque de débat démocratique entourant l'adoption du PL15. Conçues par ses membres, soit la Coalition Solidarité Santé, le collectif Soignons la justice sociale, À 2 mains / Head & Hands, la Ligue des droits et libertés, Solidarité sans frontières et la Table des regroupements provinciaux d'organismes communautaires et bénévoles, ces vignettes circulent à nouveau par les médias sociaux. « Le débat public demandé dès avril lors du dépôt du PL15 n'ayant toujours pas eu lieu, il ne portera que la couleur du gouvernement de la CAQ. La santé et les services sociaux sont trop importants pour prendre des décisions sans un vrai débat public démocratique. La Table réitère donc ce message au gouvernement : il doit stopper la machine et non adopter le PL15 sous le bâillon », conclut Stéphanie Vallée.

La Table des regroupements provinciaux d'organismes communautaires et bénévoles, dont L'R des centres de femmes du Québec est un membre actif, se joint à ce large mouvement et demande au gouvernement de prendre acte de l'ampleur de l'opposition au PL15, et surtout, de ne pas l'adopter sous le bâillon.

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États généraux de la presse indépendante : les débats en vidéo

5 décembre 2023, par Médiapart — , ,
Cent médias et organisations ont formulé 59 propositions pour réformer la presse et le système d'information en France. Elles ont été détaillées et débattues lors d'une grande (…)

Cent médias et organisations ont formulé 59 propositions pour réformer la presse et le système d'information en France. Elles ont été détaillées et débattues lors d'une grande réunion publique, jeudi 30 novembre à Paris, à voir en streaming vidéo.

Tiré de Médiapart.

Après deux mois de discussion et les réunions de quatre groupes de travail, les États généraux de la presse indépendante ont soumis mercredi 29 novembre 59 propositions de réforme de la presse et de notre système d'information. Cette initiative, proposée début octobre par le Fonds pour une presse libre, est une réponse aux États généraux de l'information présidentiels, officiellement lancés le 3 octobre par l'Élysée.

Cette démarche officielle nous a inquiétés à plusieurs titres. La méthode politique choisie n'est pas la bonne : nommer une commission dans des conditions obscures, selon des critères inconnus et dans le secret du pouvoir élyséen ne confère aucune légitimité ; formuler un ordre du jour vague parce que terriblement vaste, alors que les urgences s'accumulent depuis des années… ; fixer un calendrier interminable puisque cette initiative présidentielle est censée déboucher sur un rapport (un de plus ?) à l'horizon du mois de juin... Enfin, le pouvoir suprême prétendant réformer « le contre-pouvoir », cela fait sourire ou protester.

Cent médias indépendants et organisations, syndicats de journalistes (SNJ, SNJ-CGT), collectifs de journalistes (Informer n'est pas un délit, Profession pigiste, etc.), associations de défense des droits (Sherpa, Maison des lanceurs d'alerte, etc.), associations de défense de la liberté d'informer (Un Bout des médias, Fonds pour une presse libre, Acrimed, etc.), ont donc décidé de se réunir. Pour construire d'autres états généraux, ceux d'une presse indépendante au service des citoyennes et citoyens.

C'est une initiative rare, exceptionnelle même, tant il ne s'agissait pas pour ces cent participants de mettre seulement leur signature sous un texte, mais de tenter de construire ensemble, malgré leur diversité et leurs désaccords légitimes, une plateforme commune de réformes urgentes et indispensables. Pas pour nous, journalistes. Mais pour l'ensemble de nos publics, pour défendre et renforcer cette liberté fondamentale qui est le droit de savoir de chacune et chacun, celui de connaître toute information qui relève de l'intérêt public.

Une consultation en ligne a été organisée durant trois jours, du 24 au 27 novembre, pour valider ou exprimer des désaccords sur les propositions soumises. Le résultat est là : 59 propositions réunies dans un livret numérique.

Ces propositions ont été détaillées et débattues lors de la grande réunion publique organisée le 30 novembre, à Paris, à voir en streaming vidéo. Cette réunion est suivie d'événements et débats organisés les semaines suivantes en régions, à Lille, Strasbourg, Lyon, Marseille, Toulouse, Bordeaux, Nantes, Clermont-Ferrand ou Vire.

Visionner la vidéo des échanges et débats.

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Précarité des femmes sans statut

5 décembre 2023, par Samira — , ,
Samira Jasmin, militante à Solidarité sans frontière, sans papier pendant 10 ans et membre du comité des 12 jours d'action contre les violences faites aux femmes, nous offre (…)

Samira Jasmin, militante à Solidarité sans frontière, sans papier pendant 10 ans et membre du comité des 12 jours d'action contre les violences faites aux femmes, nous offre son témoignage.

« Des milliers de personnes atterrissent au Canada en quête d'une vie meilleure. On se retrouve vite rejetées par le système d'immigration qui nous ferme toutes les portes pour devenir rapidement des sans statuts.

On est heurtées par la dureté de la vie ici : on n'a pas le droit de travailler puisqu'on n'a pas de permis de travail. Si on trouve un emploi, on est exploitées à l'extrême avec des heures de travail interminables pour un salaire minable. Des conditions inhumaines qu'on ne peut pas dénoncer. Dénoncer aujourd'hui, c'est être sans emploi demain. On est vraiment considérées comme de la main-d'œuvre jetable.

On se tait et on reste tout simplement parce qu'on n'a pas d'autre choix, on a des familles derrière nous et des enfants.

On contribue à l'économie du Canada légalement ou illégalement, mais on n'est jamais reconnues, jamais remerciées d'être au premier rang du danger comme pendant la pandémie.

Si on a besoin de services de santé, sans la RAMQ, ça coûte 1000$ juste pour l'ouverture du dossier à l'hôpital et ça fait qu'on devient de plus en plus vulnérables.

On n'a pas de pièce d'identité même pour louer un appartement qui nous abrite avec nos familles et quand on trouve un logement on est une cible facile d'abus sexuels par le propriétaire.

On vit dans la peur constante d'être arrêtées et déportées.

Mon témoignage décrit à peine 1% de ce que vivent les personnes sans statut au Canada.

Un programme de régularisation inclusif et sans exception est la solution pour améliorer les conditions de vie de milliers de personnes. »

Il faut un statut pour tous et toutes.

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Déclaration populaire canadienne sur la Justice Climatique et la Paix

5 décembre 2023, par Réseau pancanadien pour la paix et la justice, Tamara Lorincz — , ,
Mettre fin aux guerres et aux combustibles fossiles : Décoloniser, Démilitariser, Décarboner Dessin de presse par Boris (Jacques Goldstyn) Artiste pour la Paix de l'Année - (…)

Mettre fin aux guerres et aux combustibles fossiles : Décoloniser, Démilitariser, Décarboner

Dessin de presse par Boris (Jacques Goldstyn) Artiste pour la Paix de l'Année - Échec à la guerre

L'humanité vit une urgence climatique exacerbée par un conflit globalisé. L'été a vu des feux de forêts faire rage à travers le Canada, entraînant destructions et déplacements de masse de communautés face à d'intenses incendies sans précédents, à des vagues de chaleur, inondations ou sécheresses, sans avoir été préparées pour affronter ces désastres climatiques. Le gouvernement canadien a failli à réduire les émissions de carbone et à adapter le pays aux changements climatiques. Le Commissaire fédéral pour l'Environnement et le Développement viable vient de rapporter par la voix du Bureau de l'Auditeur Général que le Canada ne sera pas en mesure de rencontrer sa cible de 2030 prévoyant une coupure de ses émissions carboniques d'au moins 40% par rapport à 2005.1

Le refus du gouvernement canadien d'appeler des cessez-le-feu pour les guerres qui font rage à Gaza et en Ukraine et de continuer à y envoyer des armes prolonge honteusement ces conflits, exacerbe les souffrances des populations et accélère le réchauffement climatique. Avec l'augmentation de ses dépenses et pollutions militaires, le Canada s'éloigne de ses engagements pris lors de l'Accord de Paris, avec depuis décembre 2015 une augmentation de 95% en dépenses militaires grimpées à $39 milliards, selon le rapport de l'OTAN2 sur les dépenses militaires mondiales, classant le Canada malgré sa faible population et ses frontières sûres au 14e rang le plus élevé dans le monde et au 16e rang des transferts d'armes3.

Le ministère de la Défense nationale du Canada est responsable de plus de 60 % de toutes les émissions polluantes du gouvernement fédéral.4 Le gouvernement fédéral a récemment annoncé son intention d'acheter de nouveaux avions de combat F-35 propulsés par des combustibles fossiles, ainsi que des ravitailleurs (sortes de pipelines ailés), pour des coûts exorbitants5. L'armée canadienne dépense sans compter pour une nouvelle flotte de vaisseaux de guerre, propulsés au diésel, mettant davantage en péril nos océans6. Ces systèmes d'armements enferment notre pays dans un militarisme à forte intensité de carbone pour des décennies à venir, sans aucun plan crédible de compensation écologique.
L'entraînement et les opérations de l'armée canadienne avec les États-Unis et l'OTAN intensifient le réchauffement climatique7 et accroissent les risques de guerres. Le Canada déploie régulièrement des navires de guerre aux côtés des forces marines américaines et de l'OTAN en mer de Chine méridionale. Le Canada dirige un groupement tactique de l'OTAN en Lettonie et entraîne des forces en Irak. Le Canada militarise également l'Arctique, un écosystème fragile, avec installations et exercices de l'armée de l'air et de la marine aux côtés des États-Unis dans le cadre du Commandement de la défense aérospatiale de l'Amérique du Nord (NORAD)8.

Dans son 6e rapport d'évaluation, le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC - ONU) a déclaré que « la coopération internationale est un catalyseur essentiel de mesures ambitieuses d'atténuation, d'adaptation et de résilience climatiques »9. Le Canada doit mettre fin aux guerres et aux exportations d'armes et coopérer avec tous les pays pour éviter un changement climatique catastrophique et atteindre les objectifs de développement durable des Nations Unies.10 Le Canada doit se retirer de l'OTAN et du NORAD, alliances militaires qui entravent la coopération et la paix mondiales.

La paix est à l'ordre du jour du programme thématique du sommet climatique pour la première fois en 8 ans à Dubaï. La justice climatique signifierait la fin des guerres fratricides et écocides, ainsi que la terminaison des armes, spécialement celles propulsées par des combustibles fossiles, en vue de la conversion de l'économie guerrière en économie verte.11
Le désir de paix universelle cherche à faire adopter le Traité sur l'Interdiction des Armes Nucléaires (NWPT), comme plus de 120 pays l'ont fait, à l'appel du Costa Rica.

La paix concerne à la base les défenseurs autochtones des terres et des eaux, cherchant à mettre fin au colonialisme de peuplement et au capitalisme extractiviste. Un climat de paix est atteignable par le désarmement, la démilitarisation, la consolidation de la paix environnementale, la coopération, l'entraide et la solidarité mondiales. La paix par la justice climatique est le changement transformateur nécessaire pour garantir un avenir viable.
Pour prévenir un changement climatique catastrophique, l'effondrement de la biodiversité, les famines massives et les guerres, nous adressons les demandes pressantes suivantes au gouvernement Trudeau :

1. Appeler des cessez-le-feu pour tous les conflits et appuyer des plans de paix à Gaza, en Ukraine, au Yémen, au Soudan et en République Démocratique du Congo
2. Annuler la commande de $74 milliards de F-35 propulsés par des carburants fossiles
3. Annuler la commande de drones opérés à distance par les militaires exerçant une surveillance domestique et des opérations en sols étrangers
4. Annuler la commande à $306 milliards de vaisseaux de guerre
5. Annuler la commande de $3 milliards pour des ravitailleurs
6. Mettre fin à l'exportation des armes et à toute technologie militaire
7. Mettre fin au programme de modernisation de la militarisation de l'Arctique à $38 milliards
8. Réduire et réallouer les dépenses militaires en actions et financement climatiques
9. N'investir ni dans l'énergie nucléaire ni dans les réacteurs nucléaires modulaires et adhérer au Traité sur l'Interdiction des Armes Nucléaires (NWPT)
10. Assurer une vigilance contre toutes les émissions militaires de gaz à effets de serres
11. Développer un plan national de conversion prévoyant une transition juste mais accélérée transformant les secteurs de défense (aérospatiale et autres) en vue d'une transformation radicale de notre économie de guerre en une économie verte
12. Convertir des soldats de la défense nationale en combattants contre les feux de forêts, équipés de « Canadairs » et d'expertise verte
13. Développer des systèmes non-militaires pour prévenir ou guérir les désastres naturels et civils (ruptures de pipelines, échouages de navires pétroliers, etc.)
14. Se retirer du NORAD et de l'OTAN, alliances coûteuses en pollution de carbone dirigées par l'armée américaine, la plus grande consommatrice d'énergie fossile et coupable d'avoir mené de terribles guerres pour s'accaparer des ressources naturelles
15. Investir dans la paix environnementale, dans la diplomatie et la coopération globale avec tous les pays pour protéger la planète, en respectant l'entente de Paris et en rencontrant les objectifs de développement viable de l'ONU.

Réseau pancanadien pour la paix et la justice - peaceandjusticenetwork.ca
Tamara Lorincz* - notre représentante canadienne à Dubai-COP28 le 28 novembre 2023
Traduction P. Jasmin – Artistes pour la Paix 28 novembre

* Doctorante à la Balsillie School for International Affairs (Université Wilfred Laurier-Université de Waterloo), Tamara Lorincz œuvre dans le domaine de la gouvernance mondiale - conflits et sécurité. Ses recherches actuelles portent sur les impacts de l'armée sur l'environnement et le changement climatique, les liens entre paix, développement durable et sécurité, le genre et les relations internationales, ainsi que la violence sexuelle militaire.
Diplômée d'une maîtrise en politiques internationales et études de sécurité de l'Université de Bradford au Royaume-Uni (2015), récipiendaire de la bourse Rotary International World Peace (2013-2014), Tamara a été chercheure principale pour le Bureau international de la paix (Suisse).
Membre du conseil d'administration de la Voix canadienne des femmes pour la paix et du comité consultatif international du Réseau mondial contre l'énergie nucléaire et les armes dans l'espace, membre du Groupe canadien Pugwash, membre de la Ligue internationale des femmes pour la paix et la liberté, elle est diplômée d'un LLB/JSD et d'un MBA spécialisé en droit et gestion de l'environnement de l'Université Dalhousie en 2003 (alors directrice du Réseau environnemental de Nouvelle-Écosse et co-fondatrice de l'Association du droit de l'environnement - Maritimes).

Notes
1. Commissaire à l'environnement et au développement durable au Parlement du Canada (2023)
Rapport 6— Loi canadienne sur la responsabilité en matière de carboneutralité -2030 Plan de réduction des émissions : https://www.oag-bvg.gc.ca/internet/docs/parl_cesd_202311_06_e.pdf
2. NATO Defence Expenditures Report : https://www.nato.int/cps/en/natohq/topics_49198.htm
3. Institut international de recherche sur la paix de Stockholm (2023) Tendances des dépenses militaires mondiales, 2022 : https://www.sipri.org/research/armament-and-disarmament/arms-and-military-expenditure/military-expenditure ; and Trends in International Arms Transfers, 2022 : https://www.sipri.org/sites/default/files/2023-03/2303_at_fact_sheet_2022_v2.pdf
4.Ligue internationale des femmes pour la paix et la liberté (WILPF Canada) Canada's Carbon Bootprint : https://wilpfcanada.ca/wp-content/uploads/2021/11/01-Military-Emissions-and-Military-Expenditures_Fact-Sheet.pdf
5. Directeur parlementaire du budget (2023) : « Le coût du cycle de vie du programme F-35 du Canada, une analyse financière » : https://www.pbo-dpb.ca/fr
6.Directeur parlementaire du budget (2022) : « Le coût du cycle de vie des navires de combat canadiens, une analyse financière » : https://www.pbo-dpb.ca/fr
7.Transnational Institute (2023) « Feux croisés du climat mondial : Comment les objectifs de dépenses militaires de 2 à 3 % de l'OTAN contribuent à la dégradation du climat »
8. Canada, National Defence, Arctic Security – CAF Operations and Exercises : https://www.canada.ca/en/department-national-defence/corporate/reports-publications/proactive-disclosure/secd-april-24-2023/arctic-security.html
9. Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC), 6e rapport d'évaluation : https://www.ipcc.ch/2023/03/20/press-release-ar6-synthesis-report/
10. Objectifs de développement durable des Nations Unies : https://www.un.org/sustainabledevelopment/sustainable-development-goals/
11.Campagne contre le commerce des armes (2015) Rapport « Arms to Renewables : Work for the Future » : https://caat.org.uk/publications/arms-to-renewables

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