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Panama : Stop attaques contre Suntracs

5 mars 2024, par IBB (Internationale des travailleurs du Bâtiment et du Bois) — , ,
Action conjointe avec l'IBB (Internationale des travailleurs du Bâtiment et du Bois), il concerne une fédération syndicale internationale regroupant 361 syndicats libres et (…)

Action conjointe avec l'IBB (Internationale des travailleurs du Bâtiment et du Bois), il concerne une fédération syndicale internationale regroupant 361 syndicats libres et démocratiques, représentant un total de 12 millions de travailleurs dans les secteurs de la construction, des matériaux de construction, du bois, de la sylviculture et des secteurs connexes dans 115 pays. La mission principale de l'IBB est de sauvegarder et de promouvoir les droits des travailleurs afin d'améliorer leurs conditions de travail et de vie, en affirmant que les droits syndicaux sont intrinsèquement des droits de l'homme, enracinés dans les principes d'égalité, de solidarité et de démocratie.

Tiré de Entre les lignes et les mots

L'Internationale des travailleurs du Bâtiment et du Bois (IBB) et LabourStart vous demandent instamment de vous joindre à nous pour exiger du gouvernement panaméen qu'il respecte la liberté d'association et cesse de persécuter les syndicats. SUNTRACS, le Sindicato Único Nacional de Trabajadores de la Indústria de la Construcción y Similares de Panamá, et ses dirigeants, sont objet de persécutions, de répressions et d'intimidations de la part des autorités panaméennes en raison de leur rôle de premier plan dans les manifestations qui ont fait échouer l'octroi d'une concession minière de 40 ans à la société transnationale First Quantum Minerals. La politique d'extraction aurait provoqué de graves dommages sociaux et environnementaux. En raison de ces manifestations, les syndicalistes sont accusés à tort de terrorisme.

Les dirigeants de SUNTRACS, Saúl Méndez, Secrétaire Général, Jaime Caballero, Secrétaire aux Relations Extérieures, ainsi que le dirigeant de la comarca Toribio García et l'enseignant Diógenes Sánchez sont poursuivis par le Ministère Public, accusés d'avoir commis des crimes contre la liberté et l'ordre économique au détriment de la société panaméenne. En outre, le 13 novembre, l'entreprise publique Caja de Ahorros a fermé les comptes bancaires de SUNTRACS, dans le cadre d'une action délibérée visant à entraver le droit de manifester et l'exercice de la liberté d'association, ce qui a entraîné une ingérence illégale de l'État dans la vie syndicale sur la base de fausses accusations de terrorisme.

Le syndicalisme n'est pas un crime ! Les syndicats ne devraient pas être criminalisés pour leur mobilisation en faveur de la défense des droits sociaux et environnementaux !

Nous demandons au gouvernement panaméen de mettre fin immédiatement à la persécution de SUNTRACS et de respecter la liberté d'association !

Vous pouvez nous aider ! Saisissez votre nom et votre adresse électronique et cliquez sur « Envoyer le message » au bas de cette page.

https://www.labourstartcampaigns.net/show_campaign.cgi?c=5385

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Burkina Faso : une école des mamans pour lutter contre la mortalité maternelle

5 mars 2024, par Amélie David — , ,
La sage-femme spécialisée en soins obstétricaux et gynécologiques, Agnès Hien, a fondé une « école des mamans » dans la capitale du Burkina Faso, Ouagadougou. Malgré les (…)

La sage-femme spécialisée en soins obstétricaux et gynécologiques, Agnès Hien, a fondé une « école des mamans » dans la capitale du Burkina Faso, Ouagadougou. Malgré les réticences des premières années, de plus en plus de femmes, et leurs maris, viennent s'y préparer à l'accouchement.

Tiré de Journal des Alternatives
https://alter.quebec/burkina-faso-une-ecole-des-mamans-pour-lutter-contre-la-mortalite-maternelle/?utm_source=Cyberimpact&utm_medium=email&utm_campaign=JdA-PA-2024-02-29
Par Amélie David -27 février 2024

crédit photo : Amélie David

« Allez ! On lève les jambes… » Sur une musique rythmée, un groupe de six femmes enceintes suivent avec attention les instructions d'Agnès Hien, sage-femme burkinabè. Après les cours théoriques sur la gestion des douleurs ou l'allaitement,

place à la séance de sport. « Tu es fatiguée, tu veux que bébé sorte…lance Agnès Hien à sa classe. On lève les bras et un, deux, trois… » L'école des mamans a ouvert ses portes en 2020 à Ouagadougou.

Agnès Hien a créé cette structure après être revenue d'une mission au Maroc, où elle a découvert les bienfaits de l'accompagnement des futures mamans. « Je suis sage-femme depuis 20ans et j'ai vu comment, ici au Burkina Faso, elles souffrent pendant l'accouchement ici au Burkina Faso. Depuis de nombreuses années, cela me trottait dans la tête d'améliorer leur préparation à l'accouchement », expose la sage-femme, qui a créé cette école particulière avec ses fonds personnels et l'aide de ses proches.

Une réduction de la mortalité toujours insuffisante

D'après un rapport de l'Organisation mondiale de la Santé (OMS)de 2017, le niveau de mortalité maternelle au Burkina Faso est de 330décès pour 100000 naissances dans le pays. Dans une étude intitulée La lutte contre la mortalité maternelle au Burkina Faso est-elle adaptée pour réduire les trois retards ?parue dans la revue Santé publique, Issiaka Sombié explique qu'au Burkina Faso : « Le ratio de mortalité maternelle a connu une réduction passant de 727 à 371 pour 100000 naissances vivantes entre 1990 et 2015. Cette amélioration a cependant été jugée insuffisante, car n'ayant pas permis d'atteindre les Objectifs du millénaire pour le développement. »

Agnès Hien a elle-même été confrontée à cette triste réalité. « Une femme est décédée en couche alors que ce décès était évitable, si seulement elle était arrivée plus tôt… », soupire-t-elle toujours la professionnelle. Dans ces cours, la professionnelle de santé sensibilise aussi ses patientes-élèves à la connaissance de leur propre corps, de leurs besoins et de leurs attentes. « Donner la vie, c'est important. Quand une personne arrive à accoucher sans problème, je suis heureuse », continue la sage-femme qui accompagne parfois ses patientes jusque dans la chambre d'hôpital.

C'est le cas de Laurette Nikiema, une élève à l'école des Mamans, qui a été assistée d'Agnès Hien pour mettre au monde son premier enfant. Pour sa deuxième grossesse, elle est revenue suivre des cours de préparation à l'accouchement. « Je viens ici pour apprendre à mieux gérer la douleur et prendre soin du bébé après…Et puis les séances de sport sont très bénéfiques…ça te fatigue dans le bon sens et, ensuite, tu es prête pour la compétition ! », déclare la jeune maman dans un rire.

Comme elle, les autres élèves aimeraient que l'approche d'Agnès Hien se démocratise et que de plus en plus de Burkinabè rejoignent les bancs de son école. « Il faut vraiment oser venir. Bien souvent, les femmes ne voient que la douleur, mais un accouchement peut se passer autrement si on est bien préparé », ajoute Elsa Kaboré, enceinte de huit mois.

Avoir les partenaires présents et aller dans les campagnes

Les débuts de l'aventure de l'école des mamans ont été difficiles. Agnès Hien attribue ça à des idées arrêtées sur la maternité et l'accouchement. « Il ne faut pas que les gens pensent que c'est juste une histoire de Blancs… » Aujourd'hui environ 200 futures mamans suivent les cours de l'école. Parfois, elles sont accompagnées par leurs partenaires. « En général, les maris financent, explique Agnès. Mais n'accompagnent pas assez, il faut changer cela. »

Autre défi à relever pour la sage-femme : celui des moyens matériels financiers pour aller dans les zones les plus reculées du Burkina Faso. Cette année, elle s'est rendue auprès des populations rurales pour donner quelques séances où des Personnes déplacées internes (PDI) ont pu participer. « Mais il faut y aller plus souvent, car c'est là qu'il y a le plus de mortalité maternelle. »

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Sénégal : Les calculs électoraux de Macky Sall

5 mars 2024, par Paul Martial — , ,
La Cour constitutionnelle vient d'infliger un cinglant démenti à Macky Sall en refusant d'avaliser la prolongation de son mandat présidentiel. Cela ne l'empêche nullement de (…)

La Cour constitutionnelle vient d'infliger un cinglant démenti à Macky Sall en refusant d'avaliser la prolongation de son mandat présidentiel. Cela ne l'empêche nullement de continuer ses manœuvres.

Tiré d'Afrique en lutte.

La famille libérale a fait taire ses divergences pour préparer un coup tordu. Le parti du président, l'Alliance pour la République (APR), et le Parti démocratique sénégalais (PDS) ont voté la mise en place d'une commission d'enquête visant deux juges du Conseil constitutionnel accusés de corruption.

Préserver le régime
En cause, l'interdiction pour Karim Wade, leader du PDS, de se présenter du fait de sa double nationalité franco-sénégalaise.

Saisissant ce prétexte, Sall avait différé les élections. Aussitôt la coalition libérale votait une loi repoussant les élections à la mi-décembre 2024 et prolongeant le mandat présidentiel. Chacun y trouvait son compte : le PDS pour tenter de remettre en selle son candidat, et le camp présidentiel pour affiner son plan électoral au vu de prévisibles résultats médiocres du Premier ministre Amadou Ba.

Leur but est de construire une coalition libérale visant au second tour à faire barrage à Bassirou Diomaye Faye, le candidat de substitution d'Ousmane Sonko. Si les deux dirigeants nationalistes sont en prison, Faye conserve son éligibilité, contrairement à Sonko, et semble être un des favoris de ce scrutin.

Manœuvres en tous genres
Au vu de leur position sur les coups d'État au Mali, au Burkina Faso et au Niger, les puissances occidentales ne pouvaient pas faire moins que de prendre leurs distances avec les manigances de Macky Sall. Certainement sensible à cette situation, la Cour constitutionnelle, dans son rendu du 15 février, déclare que le président ne peut aller au-delà de la fin de son mandat, soit le 2 avril, et enjoint les autorités à organiser les élections dans les plus brefs délais. Macky Sall a déclaré qu'il respecterait cette décision. Depuis, plus rien… ou plutôt si, l'ouverture d'un dialogue national qui s'accompagne de la libération de quelques centaines de prisonniers politiques sur plus d'un millier. Cette concertation nationale risque d'être une gageure entre celles et ceux qui souhaitent le maintien de la liste des candidats et celles et ceux qui ambitionnent la présence de Wade aux élections. Elle peut être aussi l'objet d'un marchandage, avec en ligne de mire la libération de Bassirou Faye voire d'Ousmane Sonko.

La plupart des candidats refusent ce dialogue et exigent une date pour le scrutin présidentiel. Même position pour la coalition « Aar Sunu Élection » (Protégeons notre élection) organisatrice d'une manifestation samedi dernier rassemblant des milliers de personnes. Il est clair que Macky Sall est prêt à aller jusqu'au bout pour maintenir en place ce régime. Il n'a pas hésité à réprimer dans le sang les manifestations, emprisonner les opposantEs, fermer des médias, couper internet et dissoudre le PASTEF (Patriotes africains du Sénégal pour le travail, l'éthique et la fraternité), le parti de Sonko. Il a plongé le pays dans une grave crise politique et tente de continuer dans la même voie pour protéger une élite soucieuse de son seul avenir.

Paul Martial

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Conséquences de la guerre au Soudan et de l’instabilité au Niger : El Koufra, nouveau carrefour migratoire sahélo-maghrébin

5 mars 2024, par Mourad Sellami — , , ,
Le porte-parole du Conseil municipal d'El Koufra, Abdallah Souleymane, joint au téléphone par El Watan, a déclaré que « la situation des réfugiés soudanais est confuse (…)

Le porte-parole du Conseil municipal d'El Koufra, Abdallah Souleymane, joint au téléphone par El Watan, a déclaré que « la situation des réfugiés soudanais est confuse puisqu'ils entrent en ville de manière désordonnée, ce qui empêche le Conseil municipal d'évaluer les besoins de manière rationnelle, même après avoir introduit la carte de réfugié ».

Tiré d'El Watan.

Abdallah Souleymane a déploré « l'absence de statistiques fiables concernant le nombre de réfugiés, faute d'organisme de prise en charge et en raison de l'effritement des arrivants dans les champs et les demeures délaissées entourant l'oasis d'El Koufra, en plus des nombreux départs vers Sebha, Benghazi et Tripoli ».

Le responsable municipal a toutefois avancé le chiffre de « milliers », très loin des 400 000 réfugiés annoncés par le président du programme de lutte contre la migration irrégulière, Malek Dijaoui, dont l'organisation assure que « le chiffre réel de Soudanais ayant fui leur pays vers la Libye avoisinerait le million ».

Les Soudanais ne sont plus uniquement à Sebha, El Gatroun ou El Koufra au Sud libyen où leurs nouvelles ne sont pas très médiatisées, hormis quelques vidéos à travers les réseaux sociaux. Beaucoup de Soudanais sont déjà montés au Nord et encerclent depuis plusieurs jours le siège du Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (UNHCR) à Tripoli, pour obtenir des cartes de réfugiés leur permettant d'être pris en charge par les Nations unis.

Pour faire les 1800 kilomètres séparant El Koufra de Tripoli, ces colonnes de Soudanais ont bénéficié de complicités diverses parmi les forces sécuritaires contrôlant les axes routiers qu'ils soient à l'Est, sous le contrôle de Khalifa Haftar, ou à l'Ouest, sous le contrôle des forces du gouvernement d'Union nationale.

« Il suffit de payer pour passer. Cela est valable aussi bien pour la traversée des frontières que pour aller vers le Nord », assure-t-on sous couvert de l'anonymat. « Il y aurait même des traversées sécurisées vers l'Italie moyennant 2000 euros », ajoute la même source.

Soucis

Abdallah Souleymane déplore la situation difficile vécue par les Soudanais pour arriver à El Koufra et y survivre. « La ville soudanaise la plus proche se trouve à près de 700 kilomètres, c'est le troisième choix possible après le Tchad et l'Egypte. Certains préfèrent la Libye et les Libyens parce que les conditions matérielles sont meilleures », ajoute le porte-parole du Conseil municipal d'El Koufra. Souleymane regrette, néanmoins, les moyens limités de la commune isolée dans le désert et très éloignée des autres villes libyennes, ce qui rend davantage difficile son approvisionnement en besoins élémentaires de vie.

Le porte-parole de la commune ne cache pas non plus ses soucis sécuritaires puisque « des criminels et des terroristes peuvent filtrer parmi ces colonnes désordonnées de réfugiés et en l'absence d'un véritable contrôle à la frontière ou d'un quelconque recensement fiable à l'accueil ici ».

Il est utile de rappeler que l'oasis libyen d'El Koufra, au Sud-Est libyen, est considéré comme l'entrée africaine de la Libye et la plaque tournante nord de la migration clandestine, en opposition avec la ville nigériane d'Agadez, carrefour sud des migrants irréguliers subsahariens.

El Koufra se trouve, certes, à 1500 kilomètres au nord-est d'Agadez mais à quelques centaines de kilomètres des frontières soudanaises et tchadiennes. El Koufra se trouve donc à proximité immédiate des turbulences, puisque c'est la province soudanaise de Darfour qui la côtoie au Soudan.

Et bien que distante respectivement de 1000 et 1800 kilomètres des principales villes libyennes de Benghazi et Tripoli, l'oasis d'El Koufra est un passage obligé pour les migrants, plus que Sebha, capitale de la province Fezzan du Sud libyen et distante de plus de 900 kilomètres vers l'Ouest.

Les colonnes de rescapés de la guerre du Soudan et de migration irrégulière d'Ethiopie et d'Erythrée chutent à El Koufra, la petite localité confrontée à un défi humanitaire croissant.

Tunis
De notre correspondant Mourad Sellami

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Human Rights Watch accuse le Burkina Faso d’enlèvements d’opposants

5 mars 2024, par MondAfrique — , ,
La junte au pouvoir au Burkina Faso organise l'enlèvement d'activistes de la société civile et d'opposants politiques « dans le cadre de sa répression de la dissidence (…)

La junte au pouvoir au Burkina Faso organise l'enlèvement d'activistes de la société civile et d'opposants politiques « dans le cadre de sa répression de la dissidence pacifique » accuse Human Rights Watch dans un communiqué diffusé le 28 février.

Tiré de MondAfrique.

Depuis fin novembre 2023, précise Human Rights Watch, « des hommes non identifiés ont enlevé au moins six activistes et membres de partis d'opposition dans la capitale, Ouagadougou, dans ce qui semble constituer des disparitions forcées. »

« Les autorités burkinabè ont recours à des méthodes de plus en plus brutales pour punir et réduire au silence les personnes perçues comme des détracteurs et des opposants », a déclaré Ilaria Allegrozzi, chercheuse senior sur le Sahel au sein de l'ONG de défense des droits humains. « Les autorités devraient enquêter de toute urgence et de manière impartiale sur tous les enlèvements, les disparitions forcées et les conscriptions abusives, et remettre en liberté les personnes injustement détenues ».

Un mode opératoire identique
Le 20 février 2024, des hommes armés en tenues civiles ont enlevé Rasmané Zinaba, un membre du Balai Citoyen, à son domicile à Ouagadougou. « Au moins quatre hommes en armes sont venus le chercher entre 6h15 et 6h30 du matin », a affirmé un membre du Balai citoyen à Human Rights Watch. « Ils l'ont emmené à bord d'un véhicule civil ».

Le lendemain, ce fut le tour de son collègue Bassirou Badjo, enlevé au ministère des Affaires humanitaires. Ce jour-là, le Balai citoyen a publié une déclaration condamnant les enlèvements et exigeant la libération immédiate de ses membres. Les familles de ces hommes et le Balai citoyen ont porté plainte auprès de la police mais cette démarche n'a connu aucune suite.

Un peu plus tôt, dans la nuit du 24 au 25 janvier, des hommes non identifiés ont enlevé, à l'aéroport international de la capitale, Guy Hervé Kam, avocat de premier plan et coordinateur du mouvement politique Servir et non se servir (SENS). Dans les heures suivantes, le mouvement a publié un communiqué affirmant que « des hommes en civil se présentant comme des membres des services nationaux de renseignement du pays » avaient appréhendé Guy Hervé Kam et l'avaient emmené en voiture vers une destination inconnue.

Un mois plus tôt, le 24 décembre 2023 vers 18h30, Ablassé Ouédraogo, 70 ans, ancien ministre des Affaires étrangères du Burkina Faso et président du parti d'opposition Le Faso Autrement, avait également été pris à son domicile à Ouagadagou par « des individus qui se sont présentés comme étant des éléments de la police nationale ».

Avant lui, le 1er décembre, c'est Daouda Diallo, éminent défenseur des droits humains et secrétaire général du Collectif contre l'Impunité et la Stigmatisation des Communautés (CISC), qui avait été emmené de force en sortant du service des passeports du gouvernement, après y avoir rencontré des agents pour renouveler son passeport. On ignore toujours où il se trouve.

Le même sort avait été réservé le 29 novembre à Lamine Ouattara, un membre du Mouvement burkinabè des Droits de l'Homme et des Peuples (MBDHP).

La conscription forcée

Début novembre, les forces de sécurité burkinabè, s'appuyant sur une loi d'urgence de vaste portée, avaient notifié à au moins une douzaine de journalistes, d'activistes de la société civile et de membres de partis d'opposition, dont Daouda Diallo, Ablassé Ouédraogo, Rasmané Zinaba et Bassirou Badjo, qu'ils seraient enrôlés pour participer aux opérations de sécurité du gouvernement.

Le 18 février, Ablassé Ouédraogo et Daouda Diallo sont apparus dans une vidéo postée sur les réseaux sociaux, en tenue de camouflage militaire, munis de fusils d'assaut kalachnikov et participant à des exercices militaires, probablement dans une zone de conflit. Human Rights Watch n'a pas été en mesure de vérifier l'authenticité de cette vidéo. Les autorités n'ont jamais fourni la moindre information à propos du lieu où se trouvent Ablassé Ouédraogo et Daouda Diallo ou à propos des autres personnes récemment enlevées.

Les autorités militaires de transition ont affirmé que les ordres de conscription émis en novembre étaient autorisés dans le cadre de la mobilisation générale décrétée le 13 avril 2023, qui s'inscrit dans un plan de reconquête des zones tombées aux mains des groupes armés islamistes, soit environ la moitié du territoire national. Ce plan vise à créer un « cadre juridique, légal à l'ensemble des actions à mettre en œuvre pour faire face » aux insurgés et il donne au Président des pouvoirs étendus pour combattre l'insurrection, notamment celui de réquisitionner des personnes et des biens et de restreindre les libertés publiques. Cependant, des organisations de la société civile nationale, des organisations de protection des médias, des syndicats et des organisations internationales de défense des droits humains ont fermement condamné le décret de mobilisation générale, arguant qu'il a été utilisé pour réduire au silence la dissidence pacifique.

« Si les gouvernements sont effectivement habilités à conscrire des membres de la population civile âgés de plus 18 ans à des fins de défense nationale, la conscription ne devrait avoir lieu que si elle a été dûment autorisée et est conforme à la loi nationale. La loi de conscription doit respecter des normes d'équité dans la répartition de la charge du service militaire. Elle doit être appliquée de manière à ce que le conscrit potentiel soit informé de la durée du service militaire et qu'il ait la possibilité de contester l'obligation de servir à ce moment-là. La conscription doit aussi être effectuée selon des normes conformes aux principes de non-discrimination et d'égalité devant la loi », martèle Human Rights Watch.

Des conscriptions illégales, selon un tribunal

Le 6 décembre, un tribunal de Ouagadougou saisi par une plainte du journaliste Issiaka Lingani et des activistes du Balai citoyen Bassirou Badjo et Rasmané Zinaba, qui avaient reçu des notifications de conscription en novembre, avait déclaré que ces conscriptions étaient illégales, violaient leurs droits à la liberté d'expression et de déplacement et constituaient un risque pour leur intégrité physique, avant d'ordonner leur suspension. Guy Hervé Kam, l'avocat enlevé en janvier, était l'un de leurs défenseurs.

Des activistes des droits humains et des journalistes ont déclaré à Human Rights Watch qu'ils évitaient de s'exprimer publiquement sur la junte de peur d'être conscrits. « Nous sommes paralysés par la peur », a déclaré un membre du SENS le 26 janvier. « Même organiser une conférence de presse, l'un de nos droits les plus fondamentaux, devient un acte héroïque ». Un défenseur des droits humains basé dans la région du Sahel a déclaré : « Un journaliste m'a appelé pour que je commente une récente attaque par des combattants islamistes armés présumés dans la ville d'Essakane. Je lui ai dit : ‘Voulez-vous que je sois conscrit ?' Exprimer votre opinion sur la situation du pays en matière de sécurité peut vous envoyer directement au front, c'est la réalité ».

« Depuis le coup d'État d'octobre 2022, la junte militaire du Burkina Faso réprime de plus en plus la dissidence pacifique et les médias, réduisant l'espace civique dans le pays. Les journalistes nationaux et internationaux, ainsi que les membres de la société civile, subissent de plus en plus d'actes de harcèlement, de menaces et d'arrestations arbitraires », écrit Human Rights Watch.

L'organisation rappelle à cette occasion que « le Burkina Faso est un État partie à la Convention internationale pour la protection de toutes les personnes contre les disparitions forcées », en vertu de laquelle « un État commet une disparition forcée lorsque les autorités gouvernementales ou leurs agents détiennent une personne tout en refusant de reconnaître la privation de liberté ou en dissimulant le sort de la personne ou le lieu où elle se trouve, ce qui la soustrait à la protection de la loi. »

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Algérie – République arabe sahraouie démocratique

5 mars 2024, par Yazid Ben Hounet — , ,
Près d'un demi-siècle d'exil, une pandémie, la reprise du conflit armé (novembre 2020)4, l'inflation des prix en Europe et en Afrique du Nord, la réduction des moyens alloués (…)

Près d'un demi-siècle d'exil, une pandémie, la reprise du conflit armé (novembre 2020)4, l'inflation des prix en Europe et en Afrique du Nord, la réduction des moyens alloués par les ONG internationales, impactent négativement les conditions de vie des Sahraouis. La vie ici est devenue encore plus pénible. Pourtant les Sahrouis conservent leur dignité et, par-dessus tout, l'espoir de libérer leur patrie.

Smara, campement de réfugiés sahraouis.

Mohamed S., assis, fixe la pièce. L‘âge, ses problèmes de tension et la lumière l'accablent. Il me parle d'une voix gracile. Il est né en 1950 à Laayoune, en territoire actuellement occupé par le Maroc. Son épouse, Maglaha, est native d'Oum Drayga, située plus au sud, à l'intérieur des terres. Tous deux ont fui leur foyer, et l'occupation, en 1975. Mohamed a rejoint le front Polisario et la famille s'est installée à Smara, le plus grand des camps réfugiés, à proximité de Tindouf (Sud-Ouest algérien). Ils habitent une petite maison en parpaings, construite juste à coté de leur tente. Près de cinquante années d'exil et de volonté de retour se retrouvent matérialisés par ces deux abris : la tente qui représente leur identité originellement nomade, leur provenance, le Sahara occidental, et la possibilité du retour. La maison, rustique, qui matérialise la fixation, et ce presque demi-siècle passé dans les camps.

« Allah yarham shuhadâ ! »1

Mohamed S. avait trois frêres. Il n'en a plus qu'un, blessé, habitant le camp de réfugiés de Laayoune. Son grand frère, Mukhtar, est mort au combat en 1977. Un autre frère, Hama, est décédé au front l'année suivante. Un oncle du côté paternel et deux du coté maternel figurent également parmi les martyrs de la famille proche. Son épouse a, elle, perdu deux frères en 1976, et un autre tout récemment en décembre 2020, lors de la reprise du conflit armé. Trois frères morts en martyrs : « Allah yarham shuhadâ ! ».

Cela fait tout juste quatre jours que je réside dans le camp de Smara. Outre les salutations d'usage – « Salam ‘alaikum » – je me rends compte que la formule que j'utilise le plus est bien celle-ci : « Allah yarham shuhadâ ! » Non pas par envie, mais c'est bien la seule qui s'impose quand j'écoute les Sahraouis me narrer leurs propres histoires. Presque toutes les personnes que je rencontre ont un ou plusieurs shahid (sg.)/shuhadâ (pl.) parmi leurs proches. Je saisi, ici, l'ampleur des sacrifices consentis par ce peuple. En raisonnance, je ne peux m'empécher de penser à ceux des Algériens.

Je les écoute. Un autre constat s'impose. Les Sahraouis savent très bien pourquoi ils luttent. Encore faut-il daigner les écouter, leur donner la parole. Pour leurs droits inaliénables, pour leurs terres, pour leur patrie, pour leur liberté et l'indépendance. Certes. Mais plus encore. Il ne s'agit pas, pour eux, de vains mots, de belles idées ou de quelconques utopies. Chaque martyr les rappelle personnellement, familialement et communautairement à leur « juste cause ».
Ici, je saisi encore davantage leurs liens profonds avec l'Algérie. On me témoigne, en tant qu'Algérien, un fort sentiment de fraternité. Non pas simplement une reconnaissance en raison du soutien que le pays leur apporte. Cela va plus loin encore. Ils connaissent très bien et s'identifient pleinement à l'histoire et aux positions du pays « au million et demi de martyrs », comme je l'ai souvent entendu ces derniers jours.

La presse francaise – qui invisibilise très souvent les Sahraouis – a ses formules. Le lecteur y apprend que le « Polisario est un mouvement indépendantiste, soutenu par l'Algérie », formule lapidaire qui rend opaque l'occupation illégale du Maroc sur le Sahara occidental2 et qui joue sur le ressenti à l'égard de l'ancienne colonie, l'Algérie. Le lecteur y apprend par contre rarement, si ce n'est jamais, que les Sahraouis ont un Etat – la République arabe sahraouie démocratique – qui plus est membre de l'Union Africaine depuis 1982.

« La République arabe sahraouie démocratique (RASD) » : mots employés sans ambage et de manière évidente par le représentant oficielle de l'Afrique du Sud, Dr. Sello Patrick Rankhumise, le 27 février 2024 en s'adressant aux autorités et aux membres de la population sahraouie, dans le camp refugié de Smara. Son discours de soutien a eu lieu à l'occasion du 48e anniversaire de la proclamation de la RASD3, en présence de Brahim Ghali, son président. L'Afrique du Sud : un autre grand pays africain, parmi les nombreux soutiens de la cause sahraouie, comme on oublie bien souvent de le préciser dans les ex-puissances coloniales.

Près d'un demi-siècle d'exil, une pandémie, la reprise du conflit armé (novembre 2020)4, l'inflation des prix en Europe et en Afrique du Nord, la réduction des moyens alloués par les ONG internationales, impactent négativement les conditions de vie des Sahraouis. La vie ici est devenue encore plus pénible5. Pourtant les Sahrouis conservent leur dignité et, par-dessus tout, l'espoir de libérer leur patrie.

En vérité, ici à Smara, je me rends compte également à quel point le peuple sahraoui soutient l'Algérie de la plus sincère des manières. Celle qui ne se monnaye pas. Moralement, spirituellement, en la rappelant à sa propre histoire, à ce quelque chose de sacré qui est le fondement de l'Algérie et de ces pays qui, comme l'Afrique du Sud et la Palestine6, savent quel est le prix de la liberté : « Allah yarham shuhadâ ! »
.
Ici, je repense encore plus régulièrement et plus intensément à ce dernier témoignage de Frantz Fanon (1961) :

« Nous ne sommes rien sur cette terre, si nous ne sommes d'abord les esclaves d'une cause : la cause des peuples, la cause de la justice et de la liberté. Et je veux que vous sachiez que même au moment où les médecins avaient désespéré, je pensais encore, oh dans le brouillard, je pensais au peuple algérien, aux peuples du Tiers-Monde et, si j'ai tenu, c'est à cause d'eux »*.

Plus que des impressions, j'ai acquis, à Smara, une certitude : l'Algérie est une nation indépendante soutenue par un peuple en lutte.

Qu'elle le demeure en n'oubliant surtout pas les Sahraouis !

Mercredi 28 février

Yazid Ben Hounet

* Lettre de Fanon envoyée peu de temps avant sa mort à son ami Roger Taïeb.

Notes
1. Littéralement : « Dieu accorde la miséricorde aux martyrs ! ».
2.Des mouvements indépendantistes pouvant en effet exister au sein de pays aux frontières légalement reconnues, dans des territoires non occupés
3. https://saharainfos.blogspot.com/2024/02/en-images-la-fete-nationale-sahraouie.html
4.https://www.thenewhumanitarian.org/news-feature/2023/02/01/Western-Sahara-Morocco-Polisario-Sahrawi-UN
5. https://saharainfos.blogspot.com/2024/02/ezza-bobih-des-milliers-de-refugies.html
6.https://lundi.am/Genocide-en-Palestine

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8M au Chili : La coordinatrice féministe classiste appelle à une journée de protestation dans tous les territoires

5 mars 2024, par La coordinatrice féministe classiste — , ,
Notre appel est de lutter l'indépendance de classe, de nous organiser dans tous les territoires, d'avancer dans la combativité, de construire des organisations féministes et (…)

Notre appel est de lutter l'indépendance de classe, de nous organiser dans tous les territoires, d'avancer dans la combativité, de construire des organisations féministes et populaires qui répondent aux besoins réels et immédiats de notre classe.

29 février 2024 | tiré de Rébellion

Ce 8 mars, nous appelons à la tenue de journées de protestation dans tous les territoires contre ce système politique et économique qui continue de rendre nos vies précaires, contre cette démocratie qui continue de sentir la dictature et la guerre ; et contre le régime patriarcal qui continue de perpétuer la violence contre nos corps, nos vies et nos communautés.

Camarades, nous sommes dans un moment politique de grande incertitude. Alors que les hommes d'affaires et les partis tentent de parvenir à un accord pour gérer la crise actuelle que nous traversons, en ne protégeant que leurs intérêts ; tandis que les féministes libérales tentent de continuer à institutionnaliser nos luttes ou de les réduire à quelques droits ; Nous avons au fond l'énorme tâche de nous retrouver et de nous retisser pour affronter ensemble ce régime de mort. C'est pourquoi, ce 8 mars, nous appelons à la désobéissance et à la rébellion, à descendre dans la rue et à déployer de manière créative différentes méthodes de lutte qui améliorent la vie des peuples et de leurs communautés, des femmes, des dissidents, des enfants et de toute la classe ouvrière.

La Journée internationale de la femme travailleuse nous oblige à regarder les conditions actuelles que nous vivons, où nous sommes toujours maintenues en esclavage dans un travail salarié avec des conditions de travail de plus en plus précaires, des salaires misérables et sans parler des garanties sociales minimales qui nous permettent de protéger notre sécurité, notre santé et notre éducation. Alors que dans le secteur privé, dans des millions de foyers, nous continuons d'être victimes d'exploitation dans le cadre du travail domestique et des soins, souvent dans des conditions de violence physique, sexuelle et économique. En tant que femmes et dissidentes, nous continuons à prendre soin du peuple, nous continuons à développer des tâches fondamentales pour que tout l'appareil productif soit possible, et il est temps d'élaborer des stratégies qui peuvent mettre fin à ces abus, confronter les patrons et proposer des alternatives pour politiser les soins et socialiser le travail domestique.

Nous dénonçons l'inefficacité de l'État en matière de protection des femmes et des dissidents, pour nous ils continuent d'être un élément perpétuel et complice de la violence qui nous harcèle, nous viole, nous tue et nous emprisonne chaque jour, ainsi que les médias, l'éducation sexiste et coloniale et les appareils répressifs. En tant que féministes autonomes et classistes, nous ne croyons qu'au pouvoir de notre organisation pour faire face à cette vague de violence, de féminicides et de crimes haineux contre la population LGTBQ+. L'État ne s'occupe pas de nous, nos camarades prennent soin de nous, et c'est pourquoi il est urgent d'élever la légitime défense. Que l'amour profond pour notre classe, pour nos filles/fils, nos mères et nos grands-mères nous pousse à descendre dans la rue et à lutter pour une vie digne, qui nous permette de nous épanouir pleinement.

L'histoire nous a montré que la seule façon d'avancer vers la conquête de notre émancipation est la lutte organisée et autonome. Nous ne sommes pas dupes des fausses histoires des puissants qui, alliés aux féministes libérales, cherchent à apaiser notre lutte, à nous rendre léthargiques avec des promesses de lois qui n'arrivent pas et si elles arrivent, ce ne sont que des patchs très éloignés des changements structurels dont nous avons besoin. Nous ne faisons pas confiance à l'État ni aux gouvernements en place, et encore moins à leur démocratie, qui, lors des honneurs qu'ils ont rendus à l'assassin de Piñera, nous a montré très clairement que la torture, les mutilations, la violence politique et sexuelle sont une partie fondamentale de ce régime. Boric et ses marionnettes serviles au pouvoir, avec leurs discours froids, maintiennent et aiguisent les lois répressives, criminalisant les protestations légitimes, emprisonnant et assassinant ceux d'entre nous qui décident de se soulever et de se rebeller contre ce système. À bas la loi anti-OPA, à bas la loi sur la gâchette !

Nous sommes solidaires des peuples d'Amérique latine et du monde qui se rebellent aujourd'hui contre la domination capitaliste, le colonialisme et l'impérialisme. Nous soulignons la lutte des peuples frères de Palestine, d'Argentine, d'Équateur, du Pérou, du Salvador, de Bolivie, qui vivent aujourd'hui les conséquences désastreuses de la cupidité et de la cruauté de ce système capitaliste, patriarcal et colonial.

Notre appel est de lutter pour notre indépendance de classe, de nous organiser dans tous les territoires, d'avancer dans la combativité, de construire des organisations féministes et populaires qui répondent aux besoins réels et immédiats de notre classe. Avançons dans l'articulation et l'union de nos luttes, dans la construction de l'autonomie populaire, pour continuer à construire des assemblées, des cordons d'économie solidaire, des réseaux d'approvisionnement, de communication et d'éducation populaire et féministe, pour continuer à lutter pour l'habitat et un logement décent, pour continuer à dénoncer le vol des AFP et à lutter pour la sécurité sociale ; continuer à défendre la terre contre l'exploitation forestière et l'extractivisme ; de continuer à construire et à lutter pour la production et la reproduction d'une vie digne pour nos peuples.

  • Que ce 8 mars soit celui de la lutte, pour soulever la protestation populaire dans tous les territoires !
  • Face à sa démocratie corrompue, meurtrière et libérale ; Ce 8 mars, organisation, unité et lutte populaire !
  • Face à la crise capitaliste, patriarcale et coloniale ; résistance féministe, ouvrière et populaire !
  • Si vous n'avez pas les moyens d'acheter du pain, vous qui travaillez, vous vous battrez !
  • S'ils s'obstinent à nous tuer, le moyen est de se rebeller !
  • Contre la double exploitation, comme la rébellion !
  • Liberté aux prisonniers politiques mapuches, à la révolte et aux subversifs ! Démilitarisation des Wallmapu maintenant !
  • Liberté immédiate pour les enfants de Katty Hurtado et Nabila Rifo !
  • Nous nous défendrions aussi !

Coordonnatrice féministe classiste

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La démonstration de force de l’extrême droite brésilienne

5 mars 2024, par Valério Arcary — , ,
La mobilisation de dimanche montre que le rapport de force social ne s'est pas inversé. Le pays reste fragmenté et l'extrême droite pèse toujours plus lourd dans la partie (…)

La mobilisation de dimanche montre que le rapport de force social ne s'est pas inversé. Le pays reste fragmenté et l'extrême droite pèse toujours plus lourd dans la partie politiquement active de la société.

Tiré de Inprecor 718 - mars 2024
28 février 2024

Par Valerio Arcary

"Se mettre en route tout de suite, c'est la moitié de l'action. Pense lentement. Agis vite". (sagesse populaire grecque).

La mobilisation du dimanche 25 février a été énorme. Soyons rigoureux, elle a été Immense. Elle a été étonnante, tant sur le plan quantitatif que qualitatif. Le Bolsonarisme a fait descendre plus de 100 000 personnes très exaltées dans les rues pendant plus de trois heures, sous une chaleur étouffante. La composition sociale n'était pas surprenante : il s'agissait de la classe moyenne blanche, d'âge moyen, furieusement anticommuniste, entraînant des secteurs évangéliques populaires. Mais l'ampleur et l'ardeur l'étaient.

L'uniforme des maillots jaunes de la CBF(Confédération Brésilienne de Foot), les innombrables drapeaux israéliens, la haine de Lula, le ressentiment de la défaite électorale, l'adhésion explicite au projet de coup d'État, l'excitation suscitée par le discours émouvant de Michelle (la femme de Bolsonaro), l'adulation du chef, l'excitation suscitée par l'extrémisme de Silas Malafaia (un écrivain évangéliste brésilien, dirigeant des Assemblées de Dieu Victoire en Christ) , l'ensemble mi accablant et apocalyptique. Le moral des néo-fascistes était au beau fixe. Ils sont descendus dans la rue pour se battre. L' Avenue Paulista (av. centrale de Sao Paulo) n'était peut-être que le début d'une campagne. L'élan de ce dimanche devrait alimenter de nouvelles manifestations.

En force

Ils n'ont pas réagi lorsque Jair Bolsonaro est devenu inéligible, alors qu'il était très acculé, mais aujourd'hui ils reviennent en force. Ils ont occupé l'avenue Paulista dans la plus grande manifestation depuis le 7 septembre 2021, lorsqu'il était président. Mais dans un contexte incomparablement plus difficile : une avalanche de preuves a été recueillie par la police fédérale depuis la confession récompensée de Mauro Cid (lieutenant colonel qui était l' aide de camp de Jair Bolsonaro), confirmant son engagement dans la préparation d'un coup d'État.

La présence de quatre gouverneurs – Minas Gerais, Santa Catarina, Goiás et pas moins que Tarcísio de Freitas (gouverneur de Sao Paulo, ex ministre du gouvernement Bolsonaro) –, de plus d'une centaine de députés fédéraux, de centaines de maires, dont celui de São Paulo, ainsi que d'innombrables conseillers municipaux, montre qu'ils disposent d'un énorme soutien institutionnel. Ils se sont sentis victorieux.

Solidaires entre eux

Cette volonté de solidarité publique inconditionnelle semble étonnante, un dangereux calcul des risques, alors qu'il est probant que l'enquête sur les crimes de Jair Bolsonaro, et de son cercle de généraux quatre étoiles, a déjà recueilli des preuves irréfutables de culpabilité. Mais ils étaient tous là. Pourquoi étaient-ils là ? Parce que leur destin est indissociable de celui de Jair Bolsonaro. Tous ceux qui se sont rendus à l'Avenue Paulista, sur le terrain et sur la scène, étaient complices du coup d'État. Le cri qui les a unis est le suivant : n'arrêtez pas Jair Bolsonaro. Ne nous y trompons pas, nous l'avons bien entendu. Ils en sont sortis renforcés.

L'étau policier-légal autour de Jair Bolsonaro s'est resserré depuis l'opération de la maison d'Angra dos Reis (résidence de Bolsonaro) à la mi-janvier et, un mois plus tard, lorsqu'elle a touché les généraux, et l'extrême droite a décidé de passer à la contre-attaque. Pourquoi maintenant ? Parce qu'ils étaient convaincus qu'ils allaient réussir. Ce n'était pas seulement un appel à leur base sociale pour "prendre une photo". C'était une démonstration de force dans une situation défensive. Quels sont leurs objectifs ? Il ne veut pas être arrêté, alors il a déguisé son chantage avec la formule d'Amnistie.

Une menace de grande ampleur

Jair Bolsonaro a montré ses dents pour prouver que, si nécessaire, il sait mordre. Il a menacé la Cour suprême et le gouvernement, soutenu par la force des réseaux sociaux, de la rue et du Congrès. Il veut avoir la garantie que la légalité de son mouvement sera préservée. La pièce maîtresse de la tactique, pour ceux qui hésiteraient ou douteraient encore, c'est : la prison pour Jair Bolsonaro et les généraux putschistes (souligné par nous).

Diminuer l'impact du rassemblement de l'ultra-droite, dans la veine « négationniste » d'une partie de la gauche – qui dit que la manifestation ne « change rien » et qu'Alexandre de Moraes « ne va pas reculer » (A. de Moraes est le Président du Tribunal Supérieur Electoral du Brésil) – n'est pas qu'une superficialité. Ce n'est pas seulement une analyse biaisée des objectifs de Jair Bolsonaro. C'est un résumé de la myopie stratégique. Ce n'est jamais « tout ou rien » et « maintenant c'est tout de suite » dans la lutte sociale et politique. La lutte contre le bolsonarisme sera un processus complexe et peut-être un long processus de lutte politico-idéologique qui a une dimension internationale et dont l'issue reste incertaine.

Accumulation de forces

Sous-estimer la force sociale de choc des néo-fascistes est une erreur d'analyse et une faute tactique, car cela nous désarme pour la nécessité de construire des mobilisations de masse les 8 (Journée internationale des femmes) et 24 mars (Journée de mobilisation nationale en défense de la démocratie). Elle ne fait qu'entretenir l'hibernation actuelle du peuple de gauche et des directions majoritaires. Ne servent pas non plus les conclusions « psychologisantes » qui prétendent expliquer l'initiative de mobilisation parce que Jair Bolsonaro a « peur » d'être arrêté. Se moquer de l'ennemi est légitime, et même amusant, mais ce n'est pas sérieux. Jair Bolsonaro est un monstre avec l'« instinct » de pouvoir, mais il a encore de la force. Il est blessé, acculé, sur la défensive, mais pas moins dangereux.

Son arrestation serait une défaite, mais pas irréversible, s'il parvient à préserver l'influence de masse qu'il a conquis. La ligne du discours était une manœuvre pariant sur la possibilité d'élargir les alliances avec la droite libérale. Nous savons déjà qu'il existe une position consolidée dans des fractions de la bourgeoisie libérale, qui a défendu la troisième voie aux élections, qui dénonce Alexandre de Moraes pour les « excès » des longues peines de prison contre les « fauteurs de troubles » du 8 janvier (08/01/23, le soulèvement des manifestants à Brasilia, Place des trois pouvoirs, contre l' élection de Lula).

Amnistie, pacification politique et défense de la légitimité de l'extrême droite comme courant électoral ont été les étendards de Jair Bolsonaro dans l'Avenue Paulista. Il explore une brèche délicate. Il ne peut être condamné sans que les généraux aux quatre étoiles qui l'ont soutenu jusqu'au bout ne soient eux aussi emprisonnés. Au Brésil, les généraux putschistes n'ont jamais été jugés et condamnés.

Faire face, dans l'unité

L'ultra-droite opère un virage tactique ou un repositionnement politique depuis sa défaite électorale et, surtout, depuis l'échec du soulèvement du 8 janvier dernier. Son projet est de garantir une présence légale au "mouvement" pour assurer son droit à participer aux élections de cette année, et d'accumuler des forces pour se présenter avec Jair Bolsonaro à la présidence en 2026, comme Donald Trump est en train de le faire cette année aux États-Unis. Même s'il est arrêté, et donc qualitativement affaibli, Jair Bolsonaro veut être candidat. La manifestation obéit au calcul qu'il a la force sociale et politique d'essayer d'échapper à la prison. Jair Bolsonaro veut négocier, mais en position de force.

La situation a placé entre les mains de la gauche le défi de la lutte pour l'arrestation de Bolsonaro et des généraux putschistes. Le plus grand danger serait maintenant la division de la gauche. La gauche ne peut pas reculer sur la position « No Amnesty » sans qu'une démoralisation irréparable ne nous atteigne… Ceux qui affirment que la lutte pour l'arrestation de Jair Bolsonaro est un piège, parce son entrée en prison le rendrait « martyr », se trompent.

Un combat déterminant

La base sociale de Bolsonaro comporte plusieurs couches. Il y a un « noyau dur », environ 10 % de néofascistes dans le pays, soit quelque 15 millions de personnes, qui est inexpugnable. Mais une sympathie moins idéologique pour l'extrême droite atteint davantage : 15 %, voire 20 %. L'impact des procès érodera les sympathies de dizaines de millions de personnes, en particulier parmi les classes populaires. L'arrestation de Jair Bolsonaro ne sera pas seulement une bataille juridique. Elle ne peut reposer uniquement sur l'autorité de la Cour suprême. Il s'agira d'une campagne pour la conscience populaire. Nous ne devons jamais abandonner la partie de la classe ouvrière qui a été attirée par le bolsonarisme. La condamnation de Jair Bolsonaro et des généraux serait la plus grande victoire démocratique depuis la victoire électorale de Lula, voire depuis la fin de la dictature.

Les responsabilités de la gauche

À gauche, il faut avoir la lucidité de comprendre que le rapport de force social n'a pas changé. Le pays est toujours fragmenté, l'extrême droite a toujours plus de poids dans la partie politiquement active de la société, plus activiste sur les réseaux sociaux et aussi dans la rue. Mais le rapport de force politique a évolué favorablement du fait de la victoire de Lula aux élections. Il a évolué positivement avec la fermeté d'Alexandre de Moraes contre les putschistes. Mais rien n'est figé, et qui n'avance pas recule.

À quand remonte la dernière fois où la gauche a rassemblé autant de monde sur l'Avenue Paulista ? Le jour de la victoire de Lula en 2022 ? Le tsunami de l'éducation en 2019 ? Cela sera-t-il difficile ? La seule réponse honnête est oui. Mais le bolsonarisme ne pourra pas maintenir indéfiniment son hégémonie dans la rue et sur les réseaux. La pire des défaites, nous le savons, est la défaite sans combat. Tous les partis de gauche, les mouvements sociaux populaires des campagnes et des villes, les mouvements de femmes et de Noirs, les mouvements étudiants et culturels, les mouvements LGBT et environnementaux sont appelés à se manifester et à organiser la riposte les 8 et 24 mars.

*Valério Arcary est un professeur d'histoire de l'IFSP à la retraite. Auteur, entre autres, de Nobody said it would be easy (Boitempo). [https://amzn.to/3OWSRAc]

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Argentine. Grèves enseignantes, aéroports bloqués : une rentrée sous le signe de la mobilisation

5 mars 2024, par Julien Anchaing — , ,
Enseignants, cheminots, travailleurs des aéroports, des premiers secteurs sont entrés en bataille contre les conséquences sociales et les privatisations liées au plan (…)

Enseignants, cheminots, travailleurs des aéroports, des premiers secteurs sont entrés en bataille contre les conséquences sociales et les privatisations liées au plan d'ajustement structurel de Milei. L'extrême-gauche appelle à construire un véritable plan de bataille.

29 février 2024 | tiré de Révolution permanente | Crédit photo : Izquierda Diario
https://www.revolutionpermanente.fr/Argentine-Greves-enseignantes-aeroports-bloques-la-rentree-marquee-par-des-greves-sectorielles

Ce début de semaine de rentrée scolaire en Argentine a été marqué par plusieurs grèves importantes contre les conséquences sociales du plan d'ajustement structurel de Javier Milei. Chez les enseignants du service public, la Confédération des Travailleurs de l'Education (CTERA) a appelé ce lundi à une journée de grève dans de nombreuses provinces du pays. Les enseignants font partie d'un des secteurs les plus durement touchés par la politique austéritaire du gouvernement. Ce lundi 4 mars, une grève est aussi appelée par les différentes organisations d'enseignant qui sont réunies dans la CGT qui avait préféré ne pas suivre la journée de lundi.

Alors que plusieurs secteurs se préparent à entrer dans la bataille contre les conséquences économiques et sociales de l'austérité, les travailleurs de l'aéronautique qui s'étaient démarqués comme l'un des secteurs les plus combatifs de la grève nationale du 24 janvier dernier sont parvenus, ce mercredi, à faire annuler près de 340 vols dans tout le pays, démontrant la force des travailleurs contre les plans austéritaires et de l'union entre les plus précaires et les travailleurs titularisés. Leur bataille s'est non seulement constituée autour de la défense des salariés du secteur, mais aussi dans la lutte contre la privatisation de Aerolineas Argentinas, l'entreprise nationale de transport aérien nationalisée en 2009.

Des luttes divisées, l'extrême-gauche rappelle l'urgence d'un plan de bataille contre Milei

Les premières grèves qui touchent l'Argentine cette semaine marquent les potentialités de l'émergence d'une première avant-garde combative qui se forge dans la lutte contre le gouvernement de Javier Milei et ses plans austéritaires et de privatisation. Chez Aerolineas Argentinas, l'extrême-gauche et ses collectifs syndicaux ont particulièrement bataillé pour que la grève nationale de l'aéronautique ne soit pas seulement centrée sur la hausse des salaires face à l'inflation, mais aussi sur le rejet total de la privatisation que Milei souhaite imposer comme l'un de ses projets phares et qui bénéficierait à des entreprises comme Blackrock, intéressée par le rachat de l'entreprise.

Dans l'éducation nationale et supérieure, la discussion sur l'absence d'un plan de bataille est au cœur des enjeux alors que les différents syndicats enseignants ont appelé à des journées de mobilisation à des dates différentes. L'absence d'un plan de bataille s'explique notamment par le fait qu'une partie des directions syndicales réponde directement à sa direction kirchnériste, alors que l'ex-présidente argentine de centre-gauche s'est prononcée récemment pour une réforme du travail et de la fonction publique. Dans la Province de Buenos Aires par exemple, les salaires des enseignants viennent encore d'être négociés à la baisse avec le gouverneur de la province, Axel Kicillof, vu comme le potentiel futur candidat du péronisme pour 2027.

Du côté de l'extrême-gauche du Parti des Travailleurs Socialistes, le collectif syndical enseignant « 9 de Abril » a rappelé l'importance d'organiser au sein de chaque école, avec les familles et les élèves, des assemblées générales pour la préparation d'un plan de bataille face aux politiques austéritaires de Milei et des différents gouverneurs de province qui appliquent aujourd'hui un saut austéritaire historique.

Dans les jours et semaines à venir, Javier Milei compte relancer son plan austéritaire et préparer la négociation pour le vote, article par article, de chacune des dispositions qu'il avait prévu d'imposer lors de la présentation de la Loi Omnibus en janvier dernier. Ce vendredi 1 mars, le président argentin devrait ouvrir la rentrée parlementaire par un discours d'inauguration qui reviendra sur ses plans de guerre contre la classe ouvrière et les plus pauvres du pays. Plusieurs organisations et assemblées de quartier qui ont soutenu les grèves des enseignants et des travailleurs de l'aéronautique seront présentes ce vendredi face au Parlement pour lutter contre les plans de Milei. L'urgence est à la construction et à la consolidation des assemblées de quartier dans tout le pays afin d'unifier les secteurs qui commencent à constituer une avant-garde des luttes contre les plans austéritaires de Milei afin d'imposer un véritable plan de bataille aux directions syndicales contre le gouvernement. La bataille menée au sein des syndicats, notamment depuis les secteurs les plus précaires de la classe ouvrière comme dans la sous-traitance aéroportuaire qui ont mis au centre la lutte contre la privatisation de leur entreprise est déjà un exemple de la marche à suivre contre Milei.

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Élections aux États-Unis : un duel réactionnaire sur fond de crise du régime

5 mars 2024, par Sybil Davis — , ,
Le duel Trump-Biden est façonné par une crise du régime politique états-unien, nécessitant à la fois l'intervention du judiciaire et de la bureaucratie syndicale. La course (…)

Le duel Trump-Biden est façonné par une crise du régime politique états-unien, nécessitant à la fois l'intervention du judiciaire et de la bureaucratie syndicale. La course pour la présidence apparaît comme une lutte pour convaincre la classe ouvrière et sur quelle approche impérialiste est la meilleure pour rivaliser avec la Chine et rétablir l'hégémonie américaine. Comme à leur habitude, les Démocrates brandissent le bâton des droits démocratiques afin de rallier les électeurs mécontents.

Tiré de Révolution Permanente
26 février 2024

Par Sybil Davis

L'élection de 2024 s'annonce comme une répétition de celle de 2020, avec deux candidats incroyablement impopulaires se disputant la présidence. D'un côté, Donald Trump élimine facilement ses adversaires Républicains, avec seulement Nikki Haley encore en lice ; la base de Trump, le mouvement dit « MAGA », a pris le contrôle du Parti républicain et semble indéboulonnable, malgré les défis légaux qui planent au-dessus du candidat. D'un autre côté, le président Joe Biden est ébranlé et affaibli, faisant face non seulement à des inquiétudes généralisées concernant ses facultés mentales, mais aussi à un mouvement social pour la Palestine qui l'a surnommé « Genocide Joe ». Contrairement à 2020, la voie pour Biden de mener le mouvement aux urnes est bien plus étroite, et son statut de président en exercice plutôt que de challenger le place dans une position bien plus précaire.

Derrière cette élection se cache une crise dans le régime politique américain – un exemple de ce que le marxiste italien Antonio Gramsci a appelé la « crise organique », une crise dans laquelle les populations ne se sentent plus représentées par leurs gouvernants. Les crises organiques affaiblissent les régimes et amènent les partis politiques traditionnels à faire face à de nouveaux phénomènes politiques, tandis que les masses perdent confiance dans les partis politiques traditionnels et dans les institutions du régime. La crise organique actuelle aux États-Unis a atteint son apogée le 6 janvier 2021, après une année de crise accrue exacerbée par le COVID et le soulèvement du mouvement Black Lives Matter, puis elle s'est atténuée lorsque Biden a contenu la crise durant les premières années de son mandat. Biden, cependant, a été incapable de résoudre la crise, et, comme nous l'avions prédit au début de 2023, la crise est réapparue et joue un rôle de plus en plus important dans la politique nationale. La réémergence de Trump en est un signe.

Dans cette crise entre « représentés et représentants », où des institutions importantes du régime sont de plus en plus suspectées et perdent en légitimité, le pouvoir judiciaire et la bureaucratie syndicale jouent un rôle démesuré. Il est clair depuis un certain temps que le pouvoir judiciaire se mobilise pour arrêter – ou du moins entraver – la candidature de Trump, ce qui déstabiliserait grandement le régime si Trump revenait au pouvoir, surtout après le 6 janvier. Les diverses affaires judiciaires et inculpations contre Trump reflètent non seulement sa criminalité – quelque chose que personne qui a suivi la carrière de Trump ne peut nier – mais représentent également une tentative de retourner les masses contre Trump. Des tentatives plus osées d'interdire à Trump de se présenter aux élections – comme celles menées dans le Colorado et dans le Maine – semblent avoir outrepassé ce que permet la situation politique, et il semble de plus en plus probable que la Cour suprême ne validera pas ces exclusions du scrutin.

Dans ce sens, la crise organique et la perte de légitimité institutionnelle – y compris celle de la Cour suprême, qui a subi un sérieux revers après la décision invalidant le droit à l'avortement – à la fois alimentent et modèrent l'assaut du pouvoir judiciaire. Pour le dire autrement, la crise organique explique pourquoi nous assistons à un pouvoir judiciaire de plus en plus « bonapartiste » – agissant de manière plus explicitement politique, de sa propre initiative, sans le soutien du Congrès ou des masses – mais la crise limite également dans quelle mesure le pouvoir judiciaire peut avancer sur le terrain politique. Imaginons, par exemple, que la Cour suprême valide l'interdiction de Trump dans le Colorado. Cela déclencherait certainement une réaction intense de la part de la base de Trump et nuirait encore plus à la réputation de la justice, puisque la cour aurait simplement exclu le principal candidat du scrutin sans aucune contribution démocratique des masses.

Le pouvoir judiciaire a ses limites, mais il joue néanmoins un rôle démesuré dans la situation nationale. Cela ne se limite pas à l'offensive contre Trump. On peut également le constater dans les décisions de plus en plus politiques de la Cour suprême. L'invalidation du droit à l'avortement a été une attaque significative contre les droits démocratiques, inversant le rôle que la Cour a joué pendant une grande partie de la période néolibérale, au cours de laquelle elle avait concédé des droits démocratiques aux mouvements sociaux afin de montrer que, parce que l'État peut soutenir les opprimés, les soulèvements contre l'État sont inutiles. Mais la décision Dobbs a changé cela, révélant le rôle plus politisé du pouvoir judiciaire et sa nécessité d'agir de manière « bonapartiste », c'est-à-dire de sa propre initiative, sans le soutien des électeurs. À mesure que la crise organique s'approfondit, ce rôle politisé et bonapartiste ne fera probablement que se poursuivre.

Les bureaucraties syndicales, alliés-clé de Biden

Un autre acteur majeur de ces élections sera la bureaucratie syndicale. Comme nous l'avons écrit par ailleurs, les dernières années ont été marquées par une résurgence d'un mouvement ouvrier de plus en plus politisé. Le secteur syndical entre désormais, quoique de manière inégale, dans davantage de débats politiques, allant au-delà de la lutte pour des revendications basiques telles que des salaires plus élevés. S'appuyant sur les grèves des enseignants du début de l'ère Trump et sur l'expérience vécue par les masses avec le mouvement Black Lives Matter, les travailleurs à la base se voient de plus en plus comme étant organiquement liés à une variété de questions politiques, telles que la défense des droits démocratiques et la lutte contre les oppressions, dont les directions syndicales traditionnelles ont tenté de les dissocier. Cette nouvelle énergie dans le mouvement syndical a replacé la classe ouvrière au centre de la politique – comme on l'a notamment observé lors de la grève de l'UAW, pendant laquelle Biden et Trump ont tous deux explicitement fait du pied aux grévistes. Cela a également affecté les directions syndicales traditionnelles, les poussant à céder aux courants plus radicaux dans le cas des Teamsters et de l'UAW, et les contraignant à prendre en considération l'organisation des membres de base autour de questions politiques.

Le mouvement pour la Palestine en est un bon exemple. L'opposition massive à l'assaut d'Israël sur Gaza a contraint même les directions syndicales les plus profondément sionistes, comme celles de l'AFT et de l'AFL-CIO, à se prononcer en faveur d'un cessez-le-feu. Cela démontre que les bureaucraties syndicales ne peuvent plus agir en tant que « police de la classe ouvrière », en ignorant les demandes de leurs membres et en faisant tout leur possible pour les maintenir en ligne sans faire de concessions. Désormais, pour maintenir leur légitimité, les directions syndicales doivent politiser leurs syndicats autour de la question de la Palestine. La politisation et l'esprit de lutte croissant du mouvement ouvrier – une victoire majeure pour le phénomène de la « Génération U », observé de manière particulièrement aiguë dans des syndicats jeunes comme Starbucks Workers United – ont placé la classe ouvrière dans une position plus prépondérante. Même les médias bourgeois, qui ont l'habitude de parler simplement des classes moyennes, doivent à présent parler de la classe ouvrière. C'est le résultat direct de l'injection de militantisme par une nouvelle génération façonnée par le mouvement Black Lives Matter, une génération qui a revitalisé le mouvement ouvrier, a contribué à diriger un mouvement social pour la Palestine, et a contraint les bureaucrates syndicaux à soutenir le mouvement, même à contrecœur. Cette recrudescence de la lutte des classes a remodelé la situation politique et créé une crise pour le Parti démocrate, qu'il doit désormais contenir grâce à ses tactiques habituelles de cooptation.

Ce phénomène complète ce que les analystes politiques ont appelé le « désalignement » : la classe ouvrière ne s'identifie plus fortement au Parti démocrate. Comme nous l'avons écrit précédemment, cela crée une lutte pour le cœur et l'âme de la classe ouvrière, et les élections en sont le champ de bataille. Trump et Biden se battent explicitement pour se présenter comme les champions de la classe ouvrière et cherchent, à des degrés différents, à obtenir le soutien des syndicats.

Dans ce contexte, il est probable que les bureaucraties syndicales joueront un rôle démesuré dans la captation des travailleurs par le Parti démocrate. Puisqu'elles parviennent de moins en moins à diriger la classe ouvrière par la coercition, elles cherchent d'avantage à la diriger via des concessions idéologiques à la marge. L'UAW est un bon exemple de cela. Les dirigeants de l'UAW – notamment leur chef de file, Shawn Fain – agrémentent leurs discours de rhétorique inspirante et progressiste, publient sur les réseaux sociaux sur la continuité entre la lutte pour les droits des Noirs et l'UAW aujourd'hui, et lancent des initiatives d'organisation agressives visant à organiser les non-syndiqués. Tout cela se combine pour légitimer le leadership de l'UAW auprès des travailleurs de base, qui sont ensuite ramenés vers Biden, comme en témoigne le récent soutien de l'UAW à sa candidature.

La déclaration sur un cessez-le-feu de l'AFL-CIO est un autre exemple de ce phénomène. Malgré l'appel à un cessez-le-feu, la déclaration ressemblait en tous points aux éléments de langage de l'administration Biden. Elle a souligné la nécessité d'une solution à deux États, a dénoncé la violence « des deux côtés » et a appelé à un arrêt négocié des combats. La déclaration est donc une tentative claire d'arrêter l'hémorragie de soutiens causée par la complicité de Génocide Joe Biden à la guerre d'Israël contre Gaza. Elle prépare le terrain pour la poussée préélectorale habituelle des bureaucraties syndicales visant à mobiliser leurs membres pour soutenir le Parti démocrate. La situation, cependant, est loin d'être habituelle, et donc les directions syndicales doivent adopter une nouvelle approche, en essayant de convaincre leurs membres plutôt que de simplement les diriger.

Politique étrangère et immigration : les deux questions centrales de l'élection

Cette élection sera non seulement une bataille pour conquérir la classe ouvrière, mais aussi pour façonner la politique étrangère. Biden est devenu le porte-étendard à la fois de la guerre d'Israël contre Gaza et de la guerre en Ukraine – deux conflits assez impopulaires. À cela s'ajoute le débat, parmi les capitalistes étasuniens, sur la meilleure façon de rivaliser avec la Chine et ainsi de renverser le déclin de l'hégémonie américaine. Trump a toujours présenté une approche différente à la politique étrangère de l'establishment – favorisant une politique unilatérale avec des mesures protectionnistes et s'opposant même à l'OTAN – et il essaie d'utiliser cela pour exploiter la frustration des masses face aux constantes interventions des États-Unis dans les conflits à travers la planète. Trump et une partie des Républicains de droite avancent l'idée que la « vraie » guerre se déroule chez eux à la frontière sud et que les États-Unis ne devraient pas intervenir dans les conflits à l'étranger. Mais ce masque « anti-interventionniste » ne peut pas cacher le bilan politique de Trump en tant que président, qui rappelle qu'il était tout à fait disposé à intervenir militairement à l'étranger.

La véritable distinction entre Trump et Biden en matière de politique étrangère réside dans leur degré d'unilatéralisme. Biden préconise de s'appuyer sur des alliances internationales pour renforcer l'hégémonie des États-Unis à l'étranger et mieux rivaliser avec la Chine, tandis que Trump favorise des actions plus unilatérales qui pourraient inclure l'abandon des alliances traditionnelles – comme l'indiquent ses récentes déclarations sur l'OTAN. Les partisans de Trump sont attirés par sa politique étrangère car elle donne l'illusion d'être anti-interventionniste, et le discours America First gagne du terrain parmi ceux qui ont vu leurs conditions de vie se détériorer pendant la période néolibérale et se demandent pourquoi il y a toujours de l'argent pour les conflits à l'étranger.

L'immigration et la « sécurité des frontières » deviennent des enjeux majeurs à l'approche des élections. Trump et les Républicains s'efforcent de présenter la situation à la frontière comme une « invasion » que Biden et les démocrates n'ont pas réussi à contenir. En réalité, l'administration Biden a, de manière générale, poursuivi dans une totale continuité les politiques anti-immigration de Trump, ce qui a jeté les bases pour que les Républicains aillent encore plus loin à droite sur l'immigration. En réponse à ces attaques politiques, les Démocrates tentent de se droitiser encore d'avantage – à partir d'une position déjà très à droite – sur la question migratoire, comme l'indique le récent accord proposé au Congrès. Biden a lui-même déclaré qu'il était prêt à « fermer la frontière dès maintenant », signe supplémentaire du virage à droite du Parti démocrate sur cette question.

Un exemple frappant de la crise organique est la confrontation au Texas, où chaque gouverneur républicain, à l'exception d'un seul, s'est rangé du côté du gouverneur Greg Abbott pour résister aux tentatives du gouvernement fédéral de retirer les barbelés placés à la frontière. Trump et l'extrême droite utilisent ce conflit pour faire avancer leur position politique. À mesure que les élections se rapprochent, il semble probable que l'immigration – avec la politique étrangère et la classe ouvrière – sera l'un des axes de l'élection, alors que la campagne de Biden vire à droite dans une tentative de rivaliser avec le nationalisme explicitement anti-immigrés de Trump. La récente victoire du démocrate Tom Suozzi dans la course pour remplacer George Santos à la Chambre représente un possible modèle de la manière dont les démocrates pourraient mener une campagne de droite sur l'immigration et battre les républicains à leur propre jeu. Ce que cela signifie pour la situation politique globale, c'est que la politique en matière d'immigration évolue de plus en plus rapidement vers la droite alors que les deux partis cherchent à être « durs » sur l'immigration.

Jouer la défense des droits démocratiques et s'appuyer sur les progressistes : l'espoir des Démocrates pour novembre 2024

Si l'immigration et la politique étrangère sont les sujets vers lesquels Trump espère orienter le débat, Biden et les Démocrates espèrent recentrer la discussion sur un terrain plus solide pour eux : la protection des droits démocratiques, plus spécifiquement le droit à l'avortement. La défense des droits à l'avortement a aidé les démocrates à contenir la « vague rouge » de 2022 et à remporter certaines élections difficiles en 2023. Ils espèrent utiliser le même stratagème, comme l'indique la « tournée pour le droit à l'avortement » qui a récémment été dévoilée. Dans leurs discours, les Démocrates défendront avec véhémence les droits démocratiques – tant dans le cas spécifique de l'avortement que plus largement dans la « défense de la démocratie », dont le camp Biden parle si souvent. Ils espèrent que cela aidera à mobiliser les électeurs qui pourraient sinon rester chez eux lors des élections parce qu'ils n'aiment aucun des candidats ou s'opposent à la politique de Biden sur Israël, entre autres choses.

De 2016 à 2021, Left Voice a analysé la « guerre civile » au sein du Parti démocrate entre l'establishment et une aile progressiste de plus en plus proéminente. Dans notre analyse, nous avons cherché à souligner que l'opposition posée par les « Socialistes démocrates » du Squad était inexorablement condamnée à l'échec, étant donné leur position au sein du Parti démocrate, qui disposait de beaucoup plus de ressources et de réserves stratégiques pour les coopter dans son courant dominant. Cela est confirmé même par un simple coup d'œil à la situation politique actuelle. Après la défaite de Bernie Sanders lors des primaires démocrates de 2020, les progressistes se sont ralliés derrière Biden, et ils ont maintenu cette ligne tout au long de son mandat à la Maison Blanche. Même maintenant, alors qu'un nouveau mouvement l'accuse de génocide, des politiciens comme Alexandria Ocasio-Cortez vont sur les médias pour défendre la candidature de Biden – AOC l'a récemment qualifié de « l'un des présidents les plus efficaces de l'histoire moderne ». Dans un récent article pour le New York Times, Ezra Klein écrit que « la réalité, ces dernières années, a été que les Démocrates s'unissent et que les Républicains se désagrègent. L'establishment du Parti démocrate a tenu bon, pendant que l'establishment du Parti républicain s'est effondré ». L'establishment du Parti démocrate – qui semblait si faible après la défaite de Clinton et l'ascension du Squad – a incorporé ses contestataires dans le courant dominant, utilisant ces soi-disant socialistes comme des pions pour se connecter à l'avant-garde du mouvement et la ramener dans le giron du Parti démocrate.

Nous pouvons voir l'utilité des progressistes pour l'establishment du Parti démocrate au Michigan, un État clé pour Biden. Les électeurs de l'État, dont beaucoup sont d'origine arabe, s'opposent au soutien de Biden au génocide à Gaza. En réponse, une campagne, Vote Uncommitted, a été lancée par Our Revolution et DSA (Democratic Socialists of America), avec le soutien vocal de Rashida Tlaib, une figure clé du Squad et l'une des seules Démocrates de premier plan à avoir fortement soutenu un cessez-le-feu. La campagne exploite la colère des électeurs, et la dirige vers le Parti démocrate, encourageant les électeurs à voter lors des primaires démocratiques de l'État, mais à ne pas soutenir Biden. Cela vise à faire pression sur Biden pour qu'il change de position sur Gaza. Mais sa véritable conséquence, c'est d'encadrer le mouvement pour la Palestine afin d'en faire un simple moyen de pression sur Biden au sein du parti démocrate. Cela ramène les électeurs désillusionnés dans les primaires démocrates et ouvre la voie à Biden pour apporter de légères modifications à sa position sur Gaza tout en prétendant qu'il écoute les électeurs. Cela s'inscrit dans la ligne politique de la gauche du Parti démocrate, qui tente d'utiliser les mouvements de masse comme des campagnes de pression pour contraindre les politiciens à adopter des positions différentes sans remettre en question leur relation privilégiée avec le Parti démocrate. Bien que la campagne Vote Uncommitted soit un signe de l'opposition populaire à Biden, elle est utilisée pour coopter le mouvement pour la Palestine.

La défense des droits démocratiques par le Parti démocrate est une manœuvre politique, une mise en scène destinée à susciter un soutien. En réalité, les démocrates ont supervisé de nombreuses attaques contre les droits démocratiques fondamentaux. Ils ont dénoncé les manifestations pro-Palestine et ont contribué à ouvrir la voie à davantage d'attaques contre le mouvement. Le mandat de Biden à la Maison Blanche a vu non seulement la réduction des droits à l'avortement, mais aussi une virulente campagne anti-trans, et l'administration Biden et les Démocrates n'ont rien fait pour arrêter cela. Au contraire, ils espèrent que leurs paroles creuses inspireront les masses. Mais c'est le même cercle vicieux dans lequel le Parti démocrate nous maintient depuis des décennies. Les droits démocratiques menacés sont une aubaine pour les Démocrates, car cela rend leurs campagnes du moindre mal plus efficaces. Leur préoccupation pour la démocratie et pour nos droits sont des stratagèmes pour nous faire accepter de continuer de nous contenter d'un « moindre mal » dans l'espoir de vaincre la droite.

Nous ne pourrons pas vaincre la droite en votant lors d'une élection – il suffit de voir comment la victoire de Biden n'a pas vaincu le trumpisme. Au lieu de cela, nous devons vaincre la droite en nous organisant dans nos syndicats, sur nos lieux de travail et dans la rue pour construire un mouvement combatif. Seule cette approche peut arrêter la montée de la droite et défendre nos droits démocratiques. Plus largement, nous devons rompre le cycle du moindre mal. Nous devons construire un parti, un parti qui représente véritablement le mouvement syndical combatif, qui représente le mouvement pour la Palestine et qui représente les millions de personnes qui prennent conscience que le système capitaliste ne nous offre rien. Nous ne construirons pas ce parti en restant liés aux Démocrates, et nous ne pouvons pas le faire sans affronter les bureaucraties des syndicats et des mouvements sociaux, qui sont des alliés vitaux du Parti démocrate. Au contraire, nous construirons ce parti en nous appuyant sur nous-mêmes et en nous organisant pour affronter la droite, défendre nos droits démocratiques et construire une institution qui puisse unir toutes nos luttes.

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