Presse-toi à gauche !
Presse-toi à gauche ! propose à tous ceux et celles qui aspirent à voir grandir l’influence de la gauche au Québec un espace régulier d’échange et de débat, d’interprétation et de lecture de l’actualité de gauche au Québec...

Une crise féministe à QS

Québec solidaire (QS) est à la croisée des chemins. Parmi les multiples sujets en discussion, c'est la place qu'occupe le féminisme dans le parti qui me paraît le plus négligé. Or, Québec solidaire ne saura résoudre cette crise sans une introspection féministe.
Tiré de Facebook
https://www.facebook.com/search/top?q=alexa%20conradi
Rappelons que QS a été fondé, partiellement, par des féministes voulant transformer la politique. En l'an 2000, dans le cadre de la Marche mondiale des femmes, des féministes étaient mobilisées pour contrer les inégalités créées par le néolibéralisme patriarcal et la violence à l'égard des femmes. Le gouvernement provincial de l'époque n'a pas pris au sérieux cette mobilisation sans précédent, une attitude qui a été reçue comme une gifle. Au point où, lors du rassemblement final de la Marche, Françoise David, alors porte-parole, s'est demandé si nous, les féministes, devions entreprendre des actions de désobéissance civile ou bien fonder un parti politique féministe de gauche pour enfin être entendues.
J'étais parmi les centaines qui ont opté pour la création d'un parti politique féministe. Non pas pour remplacer un mouvement féministe contestataire et autonome, mais pour transformer le paysage politique de manière à ce que les ambitions féministes soient mieux accueillies. Si le pouvoir nous marginalise, changeons le pouvoir !
En créant un parti né de la fusion entre deux organisations aux cultures différentes, soient Option citoyenne, associée davantage aux féministes, et l'Union des forces progressistes, associée davantage à la gauche politique, nous avions deux défis féministes à relever : implanter une culture et des pratiques féministes au sein du nouveau parti et éradiquer le sexisme de la politique. L'objectif de tout cela était de donner leur juste place aux analyses féministes dans les politiques économiques, écologiques, en éducation, en développement régional, en santé et dans les rapports avec les Premiers Peuples, etc. C'était l'heure de décloisonner le féminisme, pour le voir réellement comme un projet de société.
Force est de constater que ces défis demeurent d'actualité. Malgré certains progrès, QS semble traverser une crise quant à son engagement féministe et la politique demeure conservatrice et inégalitaire.
On aurait pu penser qu'un parti féministe ferait mieux. Or, les théories féministes portant sur le fonctionnement des institutions nous rappellent qu'il n'y a rien de naturel à vouloir fonctionner de manière féministe dans un milieu marqué historiquement par des rapports sociaux patriarcaux. Chercher à faire autrement implique un travail et une vigilance soutenus, car l'indifférence et la résistance se manifestent à tous les niveaux. Sans un effort important et continuel, le « naturel », c'est-à-dire l'appris, revient au galop. Les hommes reprennent vite la place qu'ils pensent leur être due par leur socialisation.
Même si Québec solidaire se veut féministe, la gauche manque historiquement de pratique en ce domaine. Sa culture institutionnelle (ses analyses, ses pratiques, ses priorités) a longtemps été définie en l'absence d'une pensée féministe. Ce n'est pas en se déclarant féministe que l'on élimine les tendances antiféministes ou l'indifférence au féminisme dans ses rangs. Vouloir être féministe en tant qu'organisation implique de se donner des moyens constants pour que le savoir, l'analyse et les pratiques féministes rayonnent partout. Les hommes comme les femmes doivent porter cette responsabilité.
Analyser en féministes
Trop souvent, on laisse aux expertes du féminisme le soin de faire les analyses ou de signaler les enjeux. Cela peut conduire à une situation où les autres ne développent tout simplement pas ce savoir. Combien de fois voit-on paraître la simple énonciation « et c'est bien pire pour les femmes et les personnes racisées » dans un texte ? Ou encore : on réduit les enjeux féministes à des thématiques de la condition féminine. Pourtant, le féminisme est bien plus que ça. C'est une réflexion critique sur toutes les sphères de la société.
Décider en féministes
L'exercice du pouvoir, vu par le féminisme, est collectif. Par définition, il faut refuser les boys clubs, la concentration du pouvoir et des équipes homogènes. Le processus est souvent vu comme aussi important que le résultat. Vouloir aller trop vite ou miser surtout sur l'efficacité finit par créer de l'exclusion. Qui a le temps de commenter rapidement ? Qui a l'énergie de travailler toujours plus d'heures ? Qui a la confiance pour s'exprimer, avant d'écouter ?
Écouter en féministes
Agir en tant que féministe implique de développer sa capacité d'écoute féministe, c'est-à-dire d'entendre les voix des personnes les plus affectées par le patriarcat, soient les femmes et les minorités de genre. Cela implique également que les hommes ne se pressent pas pour prendre la parole en premier et qu'ils acceptent de ne pas toujours définir les termes de discussion. Écouter en féministe, c'est être attentif.ve à la manifestation des rapports sociaux inégaux et les contrer.
C'est cette qualité qui manque dans le débat actuel. J'ai l'impression que l'on passe à côté des critiques à caractère féministe nommées par Émilise Lessard-Therrien, la Commission nationale des femmes du parti et par Catherine Dorion. En effet, dans le débat actuel, autant Gabriel Nadeau-Dubois que les signataires de plusieurs textes collectifs circulant dans les médias tendent à marginaliser cet enjeu en s'y référant seulement au passage. Continuer dans ce sens serait une erreur de taille, car les crises se répéteront.
Transformer en féministe
Le féminisme noir nous enseigne beaucoup sur les enjeux de la respectabilité. Souvent, au nom du pragmatisme et de la raisonnabilité, on va sacrifier les revendications et les besoins des personnes (dont les femmes noires) pour ne pas déranger. Un parti féministe intersectionnel va assumer le fait de déranger. On ne peut agir en tant que féministe sans se confronter au fait que ni la société, ni la politique sont toujours prêtes à recevoir la critique ou de nouvelles idées.
En tant qu'acteur de changement social, Québec solidaire se doit d'incarner ce à quoi il aspire. Cela se traduit par un engagement féministe clair sur le plan des pratiques, de la culture et des positions. Cela doit se voir et se sentir, même si la norme de la politique au Québec n'est pas à la même place. C'est en incarnant et en pratiquant la différence, notamment féministe, que QS va élargir le champ des possibles. C'est en acceptant d'être hors norme que QS pourra donner de l'espoir dans une époque plutôt inquiétante vu les tendances guerrières, écocidaires, intolérantes et inégalitaires qui se manifestent en ce moment."
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Rio Tinto demande encore plus de privilèges : trouvez l’erreur !

Dès le lendemain, l'éditorialiste du Quotidien Marc Saint-Hilaire parlait de « répercussions majeures ». Un article du Devoir déterrait un dossier qu'on pensait clos en soulignant à gros traits que le nouveau dépotoir de boues rouges est prévu sur une colline. Un article de Radio-Canada titre Les députés provinciaux convoquent RTA à une rencontre au sommet. Les mots ont un sens. Convoquer, ce n'est pas demander encore moins inviter. C'est assez rare, venant des élus jouant généralement le rôle de collaborateur de RTA. Il faut en mesurer la signification symbolique.
Par Martine Ouellet, cheffe de Climat Québec
En réaction de « contrôle des dommages », la multinationale a repoussé à 2030 l'aménagement de son nouveau dépotoir de boues rouges, a tenté de minimiser la construction de son parc éolien en indiquant en être qu'à l'étape d'évaluation des vents et a fait miroiter, encore une fois, le mirage Elysis.
Privilèges disproportionnés de Rio Tinto
Dans les faits, Rio Tinto continue de demander des privilèges et non les moindres. Le dernier en date et il est de taille : un parc d'éoliennes d'une capacité de 700 à 1000 MW dans le secteur de Chutes des Passes. On comprend maintenant le départ précipité d'Yvan Vella et son remplacement par Jérôme Pecresse qui vient d'Energie Alstom et General Electric Énergies renouvelables. Si on se fie à l'estimation d'Hydro-Québec, on parle d'un territoire de près de une fois et demie celui de l'île de Montréal. Rio Tinto contrôle déjà tout le territoire du bassin versant du lac Saint-Jean avec tous les inconvénients qu'on connait pour les riverains, est-il avisé d'en rajouter ?
Le pacte social de la nationalisation de l'électricité a permis à Alcan de conserver la propriété de ses barrages de 3 000 MW au début des années 60 auxquels s'est ajouté 200 MW ce qui équivaut à des subventions déguisées de plus de 700 millions de $ par année. Faut-il le rappeler, ce privilège était accordé à l'Alcan en retour du maintien d'un très grand nombre d'emplois et d'un engagement pour la transformation de l'aluminium. Or les emplois sont passés de 12 000 à 3 500 en 60 ans et les lingots sont toujours exportés sans transformation. Il est tout à fait normal de (re)questionner les énormes privilèges consentis en regard des échecs retentissants.
Alors que le gouvernement devrait se développer un rapport de force face à Rio Tinto, il se complait dans une attitude collaborationniste nuisible au bien commun. Avec l'offensive tous azimut de la CAQ sur la production d'électricité éolienne privée et la volonté avouée de Fitzgibbon de changer la loi pour permettre aux producteurs privés de vendre à leurs voisins, les nouvelles demandes de Rio Tinto viennent élargir dangereusement la brèche du modèle de monopole d'électricité. Hydro-Québec a pourtant fait le succès énergétique, économique, environnemental et social du Québec. Rio Tinto fait partie de l'équipe d'affairistes qui veut accélérer la privatisation d'Hydro-Québec par la porte d'en arrière afin de s'accaparer la richesse liée à cette ressource indispensable.
Aluminium pas si « vert »
Rio Tinto, avec la complicité du gouvernement, joue à fond la carte de l'écoblanchiment avec « l'aluminium vert ». Cette étiquette sort fortement amochée de l'émission Enquêtes qui s'est beaucoup concentrée sur la question de la bauxite. Reste la carte Elysis. RTA tout comme la CAQ en use et en abuse. Il faut aussi comprendre que cette technologie risque d'être encore plus énergivore d'où les demandes de MW supplémentaires. Tous les nouveaux MW qui seraient engloutis dans Elysis, ne pourraient pas servir à remplacer le gaz et le pétrole. Quelle serait la meilleure utilisation de nos MW pour la décarbonation ? Elysis et produire encore plus de lingots d'aluminium exporté sans transformation avec des coupures d'emploi ou mettre fin au gaz et au pétrole ?
De plus, les retards d'Elysis ne font que s'additionner ce qui laisse croire qu'il y a très loin de la coupe aux lèvres. Dans un article du journal Le Monde du 10 mars dernier portant sur la nécessaire conversion de Dunkerque, la plus grande aluminerie d'Europe, son porte-parole y aborde la question de la technologie des anodes inertes et souligne qu'il est question de R&D sur un horizon d'une dizaine d'années. Cela démontre l'ampleur de l'incertitude. Ici, pour Elysis, après 160 millions de dollars en subvention, on en parle maintenant pour 2035 et encore. La technologie Elysis ressemble de plus en plus à une fuite en avant qui pour détourner notre regard de la réalité. La réalité c'est qu'une multinationale étrangère milliardaire jouissant de privilèges déjà immenses, veut maintenant profiter de la conjoncture politique pour en rajouter.
Face à l'instrumentalisation de la crise climatique de la part de la CAQ pour justifier une opération sans précédent de privatisation de l'électricité qui agira comme un cancer pour attaquer Hydro-Québec, nous pensons que seule la société civile peut freiner les ambitions affairistes de détournements de fonds publics, d'accaparement de notre territoire et de dilapidation de notre héritage collectif.
— Martine Ouellet, cheffe de Climat Québec, ancienne ministre des Ressources naturelles et ancienne gestionnaire chez Hydro-Québec
SOURCE :
climat.quebec
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L’instrumentalisation de l’antisémitisme contre le peuple palestinien et ses défenseurs

Face à l'horrible spectacle de la destruction de Gaza, le mouvement mondial dénonçant cette guerre génocidaire constitue l'une des rares lueurs d'espoir. Mais sous prétexte d'accusation d'« antisémitisme », l'élimination du peuple palestinien s'accompagne désormais d'une tentative d'anéantissement par la criminalisation de la défense des droits des Palestiniens.
Tiré de Yaani
Par Gilbert Achcar, professeur en études du développement et relations internationales à la School of Oriental and African Studies (SOAS) de l'université de Londres.
Mobilisation étudiante à l'université de Genève.
La mobilisation de la jeunesse dans les universités américaines, s'étendant à d'autres pays, a provoqué de telles réactions des milieux pro-israéliens qu'elles ne font que confirmer son importance, qu'il ne serait pas exagéré de qualifier d'historique. En effet, l'émergence d'un mouvement de masse favorable à la cause palestinienne dans les pays occidentaux, en particulier au sein même de la superpuissance sans laquelle Israël ne serait pas en mesure de mener la guerre génocidaire actuelle, constitue une évolution très inquiétante aux yeux du lobby pro-israélien. Cela menace d'instaurer parmi la nouvelle génération un rejet de la barbarie sioniste qui égale le rejet de la barbarie impériale américaine il y a plus d'un demi-siècle, qui fut l'un des principaux facteurs ayant poussé Washington à mettre fin à son agression contre le peuple vietnamien et retirer ses forces de son pays en 1973.
Une prétendue haine des juifs comme seule grille d'analyse
Ce précédent historique est fortement présent dans l'esprit des partisans d'Israël dans les pays occidentaux, car tous ces pays ont connu le mouvement contre la guerre du Vietnam qui a même joué un rôle de premier plan dans la vague mondiale de radicalisation politique de gauche du mouvement étudiant à la fin des années soixante. La sonnette d'alarme a donc sonné dans les milieux sionistes et chez leurs partisans, les incitant à lancer une campagne violente contre le mouvement de solidarité avec le peuple palestinien, cherchant à le faire taire par divers moyens répressifs, de la violence idéologique à la violence policière, accompagnée de violence juridique.
Ces efforts d'oppression ne sont, bien sûr, pas nouveaux. Ils font partie d'une guerre idéologique qui a commencé dès le début du projet sioniste et s'est intensifiée au fur et à mesure de sa mise en œuvre en Palestine sous les auspices du colonialisme britannique. La bataille atteignit son apogée au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, lorsque les Nations Unies, nouvellement créées à l'époque sous l'hégémonie des pays du Nord, ont examiné la question de la partition de la Palestine et de l'octroi au mouvement sioniste du droit d'y établir son État. À ce stade, l'effort sioniste dans la « guerre des récits » se concentra sur la représentation du refus des Palestiniens de l'établissement d'un État sioniste sur la majeure partie de leur territoire national comme s'il était inspiré par un « antisémitisme » semblable à la haine des Nazis envers les Juifs et en représentant la continuation. Ils présentèrent ainsi la mainmise sioniste sur la majeure partie de la terre de Palestine en 1948, accompagnée du déracinement de la plupart de ses habitants autochtones, comme la dernière bataille contre le nazisme, déformant et déguisant ainsi la réalité de cette usurpation, qui était en fait le dernier épisode du colonialisme de peuplement.
Au fil du temps, la propagande sioniste est devenue plus fervente en accusant toute personne hostile au projet sioniste de haine contre les Juifs et de continuation du nazisme. Deux exemples, parmi d'autres, sont Gamal Abdel Nasser, puis Yasser Arafat, tous deux présentés par cette propagande comme des homologues d'Adolf Hitler. Cette équation atteignit le comble de l'absurdité et du grotesque dans la réponse que fit Menahem Begin, leader du parti Likoud dont les origines fascistes sont bien connues, et Premier ministre israélien lors de l'invasion du Liban par l'armée sioniste en 1982, à Ronald Reagan, alors président des États-Unis, qui, dans une lettre à Begin, avait exprimé son inquiétude quant au sort de la population civile de Beyrouth assiégée. Dans sa réponse, Begin écrivit : « En tant que Premier ministre, je me sens le pouvoir de donner des instructions à une vaillante armée faisant face à “Berlin” où, parmi des civils innocents, Hitler et ses hommes de main se cachent dans un bunker profondément enfoui. »
Redéfinir l'antisémitisme pour défendre l'image d'Israël
Le zèle de la propagande sioniste s'est accru dans le recours aux accusations d'antisémitisme et aux comparaisons avec le nazisme, à mesure que l'image de l'État d'Israël s'est dégradée dans l'opinion publique internationale, et en particulier dans l'opinion publique occidentale. Le fait est que cette image s'est progressivement détériorée à mesure que l'État d'Israël est passé du mythe d'un État rédempteur de l'extermination des Juifs par les Nazis et gouverné par les pionniers d'un rêve socialiste dirigés par un « parti ouvrier », à la réalité d'un État militariste expansionniste, gouverné par l'extrême droite. Cette transformation d'image s'est accélérée avec l'occupation israélienne du territoire libanais (1982-2000) et la répression de la première Intifada dans les territoires occupés de 1967, qui atteignit son apogée en 1988, puis plus tard avec les attaques sanglantes et destructrices répétées contre la bande de Gaza, à commencer par le « massacre de Gaza » en 2009.
Alors que l'image de l'État d'Israël déclinait, la propagande de ses partisans s'est concentrée sur le rejet de toute critique radicale à son encontre en l'accusant d'antisémitisme. En 2005, certains cercles pro-israéliens formulèrent une définition de l'antisémitisme qui incluait des « exemples » tels que les « comparaisons entre la politique israélienne contemporaine et celle des Nazis ». En d'autres termes, cela signifie que la comparaison par les sionistes de plusieurs de leurs ennemis arabes avec le nazisme est acceptable, tout comme la comparaison entre n'importe quel État et le nazisme, à l'exception de l'État d'Israël, dont la comparaison avec le nazisme constitue une forme d'antisémitisme simplement parce qu'il est « juif ». La définition donne aussi comme exemple « que l'existence de l'État d'Israël est le fruit d'une entreprise raciste ». Autrement dit, qualifier de raciste tout projet qui vise à créer un État sur la base d'une discrimination raciale ou religieuse est acceptable, à l'exception du projet de « l'État juif », pour lequel cette étiquette est taboue.
En 2016, l'Alliance internationale pour la mémoire de l'Holocauste (IHRA) faisait sienne cette définition, avant de lancer une campagne dans divers pays occidentaux, les appelant à l'adopter officiellement afin d'étouffer les critiques du sionisme. La campagne réussit à convaincre les parlements de pays comme l'Allemagne et la France d'adopter la définition. Elle aboutit même à une tentative visant à amener l'Assemblée générale des Nations Unies à adopter la même définition. Cette tentative a cependant échoué, surtout après que la Rapporteuse spéciale sur les formes contemporaines de racisme eût déconseillé en octobre 2022 l'adoption de la définition de l'IHRA. Bien sûr, la ferveur parmi les partisans de l'État d'Israël est revenue et a atteint des formes frénétiques devant l'escalade actuelle de la condamnation mondiale de la guerre génocidaire que l'État sioniste mène à Gaza depuis sept mois.
Antisémites et pro-israéliens
Les États-Unis étant eux-mêmes un théâtre majeur de cette condamnation, notamment de la part de la jeunesse étudiante comme souligné au début de cet article, la Chambre des représentants du Congrès américain a adopté le 1er mai un projet de loi, présenté par un représentant républicain en octobre de l'année dernière, appelant à l'adoption de la définition de l'IHRA comme base pour « l'application des lois fédérales anti-discrimination concernant les programmes ou activités éducatives et à d'autres fins ». 320 représentants ont voté en faveur de ce projet de loi, et 91 contre. 133 représentants du Parti démocrate se sont joints aux républicains pour voter en faveur du projet de loi, tandis que 70 représentants démocrates et 21 représentants républicains ont voté contre (avec 18 abstentions). S'il était normal que des représentants de la gauche démocrate votent contre le projet de loi pro-israélien, il fut très étrange de voir des représentants de l'extrême droite républicaine le rejeter également, y compris la réactionnaire furibonde Marjory Taylor Greene, la plus extrémiste des partisan.e.s de Donald Trump – au point que celui-ci semble presque modéré comparé à elle.
N'allez pas penser que les fanatiques de la droite républicaine se sont opposés à l'effort visant à réprimer le mouvement dénonçant la barbarie israélienne en raison de leur attachement à la liberté d'expression. Ce sont les partisans les plus enthousiastes de l'État sioniste, encore plus depuis que le gouvernement de ce dernier inclut des personnes qui, comme eux, appartiennent à la droite extrême. Ils sont également favorables à la suppression de la liberté d'expression chaque fois qu'elle concerne des opinions qu'ils abhorrent, et ils appellent frénétiquement à une escalade de la répression contre les étudiants qui s'opposent à la guerre génocidaire d'Israël. La raison de leur opposition au projet de loi réside simplement dans leur fidélité à l'antisémitisme traditionnel, qui a longtemps inspiré une partie importante des partisans du sionisme. Ces antisémites partagent le point de vue du sionisme selon lequel l'État d'Israël est la seule patrie des Juifs, tout en détestant la présence des Juifs dans leur pays (comme ils détestent la présence des musulmans).
L'un des arguments antisémites traditionnels pour justifier l'hostilité à l'égard des Juifs étant de les rendre collectivement responsables du « meurtre du Christ », sous prétexte que les Évangiles accusent une foule juive d'avoir condamné à mort le Christ, et alors que les exemples d'antisémitisme donnés par la définition de l'IHRA incluent « l'affirmation selon laquelle les Juifs auraient tué Jésus », les Républicains qui ont voté contre le projet de loi ont justifié leur position non pas par le fait qu'il empêcherait la critique du sionisme et de son État, ce qu'ils saluent bien sûr, mais par leur crainte qu'il prohibe les positions antisémites traditionnelles s'il venait à être transformé en loi. C'est pourquoi les partisans les plus enthousiastes de l'État « juif » se sont opposés à la restriction de la liberté des véritables haïsseurs des Juifs. Faut-il pleurer, faut-il en rire ?
Article en arabe : https://daraj.media/120421/
Article en anglais : https://daraj.media/en/120444/
Gilbert Achcar est notamment l'auteur de Les Arabes et la Shoah. La guerre israélo-arabe des récits (2009), où il réfute les tentatives qui visent à décrire la position arabe comme inspirée par le nazisme. Nous vous invitons également à lire son autre article dans Yaani où il réfute les mêmes accusations concernant l'opération « déluge d'Al-Aqsa » : « Gaza : le 7 octobre en perspective historique ».
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Vont-ils écraser le plus grand mouvement étudiant depuis le Vietnam ?

En l'espace de quelques jours, des dizaines de campements de solidarité avec Gaza ont vu le jour sur plus d'une centaine de campus universitaires à travers les États-Unis. Il s'agit du plus grand mouvement étudiant depuis les manifestations anti-guerre qui ont envahi les universités américaines dans les années 1960.
6 mai 2024 Source : Jewish Voices for Peace
Au fur et à mesure que les campements s'érigent dans tout le pays, les étudiant·es appellent pacifiquement à se désinvestir de l'oppression exercée par Israël sur les Palestinien·nes. En réponse, de nombreuses administrations scolaires invitent la police sur les campus pour réprimer violemment les étudiant·es.
Depuis plus de six mois, des dizaines de milliers de Juifs et de Juives et d'innombrables autres personnes de conscience se sont battu·es pour mettre fin au génocide qu'Israël commet contre les Palestinien·nes de Gaza. Nous continuons à exiger que l'administration Biden mette fin à son soutien à l'armée israélienne.
Le plus grand mouvement étudiant anti-guerre depuis le Vietnam
Alors que le mouvement en faveur d'un cessez-le-feu prend de l'ampleur, des milliers d'étudiant·es à travers le pays se sont organisés pour demander à leurs universités de couper les liens avec le régime d'apartheid israélien. Plus d'une centaine de campements de solidarité avec Gaza ont été établis sur les campus à travers le pays, se réappropriant l'espace en tant que « zones libérées » et universités populaires pour Gaza ». Les sections étudiantes de Jewish Voice for Peace ont participé à l'organisation d'au moins 47 de ces campements.
À l'université de Chicago, les étudiant·es ont créé l'« université populaire pour Gaza » sur la cour principale du campus de l'université de Chicago. Des panneaux peints portant les messages « Disclose, divest, and repair » et « In solidarity with Gaza forever » ont été érigés autour du campement. À l'université du Minnesota, des centaines d'étudiant·es protestataires ont planté des dizaines de tentes lundi, se donnant la main pour protéger le campement après avoir été menacés d'arrestation.
Et ainsi de suite, dans plus d'une centaine de campus à travers le pays.
En réponse à ces manifestations pacifiques d'étudiant·es contre la guerre et le génocide, de nombreuses administrations scolaires ont invité la police à pénétrer sur le campus pour y mener des actions de répression violentes.
Répression violente à l'Université de Columbia et au City College
À l'université de Columbia, les négociations ont échoué et l'université a commencé à prononcer de nouvelles suspensions lundi. En réaction, des centaines d'étudiant·es et de professeur·es de Columbia ont occupé le Hamilton Hall, l'un des bâtiments occupés par les étudiant·es manifestant contre la guerre en 1968. Les professeur·es ont joint leurs armes à celles des étudiant·es pour protéger les manifestants à l'intérieur.
Les étudiant·es ont rebaptisé le bâtiment occupé « Hind's Hall », en hommage à Hind Rajab, 6 ans, assassinée avec sa famille par l'armée israélienne à Gaza. Pendant des heures, Hind s'est vidée de son sang alors que les forces israéliennes tiraient sur les ambulances qui tentaient de l'atteindre.
Mardi soir, l'administration de Columbia a de nouveau fait appel à la police contre ses propres étudiant·es. Alors que les étudiant·es journalistes étaient confiné·es dans le Pulitzer Hall et qu'on leur disait qu'elles et ils seraient arrêté·es si elles et s'ils le quittaient, des centaines de policiers de la police de New York en tenue anti-émeute ont envahi le campus de Columbia pour disperser par la force le campement et déloger les étudiant·es qui occupaient le Hind's Hall. Les policiers ont déployé un véhicule blindé pour entrer dans Hind's Hall et ont brutalisé les dizaines d'étudiant·es protestataires qui ne faisaient rien d'autre qu'occuper pacifiquement un bâtiment sur leur propre campus.
Une vidéo montre un manifestant jeté dans les escaliers ; une autre montre des policiers entrant dans le Hind's Hall, armes au poing, pour affronter les étudiant·es manifestant·es non armé·es qui se trouvaient à l'intérieur. À quelques kilomètres de là, des dizaines de policiers ont été déployés dans le cadre d'un raid simultané visant à réprimer les manifestant·es à CCNY, où la police a également fait un usage excessif de la force à l'encontre d'étudiants pacifiques, procédant à des dizaines d'arrestations. Dans toute la ville, des centaines de manifestant·es ont été arrêté·es.
À l'antenne, un journaliste étudiant de la station de radio de Columbia a retenu ses larmes en apprenant que le président de Columbia, Minouche Shafik, avait demandé à la police de New York de rester sur le campus jusqu'à la fin de l'année scolaire.
Violente répression à l'UCLA
À l'UCLA, l'organisation pro-apartheid Stand With Us a financé des dizaines de milliers de dollars pour faire venir des agitateurs sionistes sur le campus, où ils ont encerclé des étudiant·es manifestant·es pacifiques et les ont empêchés de partir. Dans une vidéo, on voit une femme brandissant un drapeau israélien crier aux étudiant·es : « Allez en Palestine. J'espère qu'ils vous violeront ».
Mardi soir, des vigiles sionistes masqués venus de l'extérieur du campus ont tenté de démolir le campement des étudiant·es. Ils ont frappé les étudiant·es avec des battes, jeté des briques, aspergé de gaz lacrymogène et tiré des feux d'artifice sur les manifestants, le tout sous les yeux de la police de Los Angeles. Plus tard dans la nuit, des journalistes étudiant·es de l'UCLA qui marchaient sur le campus ont été suivi·es et agressé·es par des contre-manifestant·es sionistes.
Violente répression dans tout le pays
Alors que des dizaines de campements sont érigés à travers le pays, les étudiants·e qui appellent pacifiquement au désinvestissement de l'oppression des Palestinien·nes par Israël sont confrontés·e à une répression de plus en plus violente de la part de l'État.
Des policiers en tenue anti-émeute ont été appelés pour nettoyer les campements par la force, et plus de 1 000 étudiant·es ont été arrêté·es au total. Des vidéos prises lors de descentes de police ont montré des étudiant·es et des professeur·es jeté·es au sol, menotté·es, bousculé·es, battu·es et traîné·es par des policiers militarisés.
Dans tout le pays, les policiers utilisent des sprays au poivre, des balles en caoutchouc, des grenades assourdissantes et des gaz lacrymogènes contre des étudiant·es, dont beaucoup sont encore adolescent·es, à la demande des administrateurs universitaires qui prétendent se soucier de leur sécurité. À l'université d'État de l'Arizona, des vidéos ont montré des policiers en train d'enlever les hijabs de manifestantes musulmanes. À Tulane, la police montée a traversé le campement des étudiant·es.
Les agitateurs pro-israéliens font également tout ce qui est en leur pouvoir pour salir les manifestant·es et faire fermer les campements par la force. Lorsqu'un homme brandissant un drapeau israélien s'est présenté au campement de solidarité avec Gaza de l'université de Northeastern et a crié « tuez les juifs », l'université a fait arrêter 100 étudiant·es protestataires pro-palestinien·nes en réponse. L'administration de Northeastern a justifié la répression dans une déclaration citant cette menace antisémite – en négligeant de préciser que c'était un provocateur pro-israélien qui avait proféré cette menace.
Il est clair que la seule violence qui se produit sur les campus américains est perpétrée par l'État et les agitateurs sionistes. Pourtant, les médias américains et les politiciens pro-génocide se sont donné beaucoup de mal pour dépeindre les manifestations pacifiques d'étudiant·es contre la guerre comme des foules violentes et antisémites, afin de justifier la répression de plus en plus brutale du droit de manifester.
Nous pouvons gagner – lorsque nous nous organisons.
Les tentatives de dénigrement du plus grand mouvement étudiant anti-guerre depuis le Vietnam ne nous détourneront pas du travail urgent à accomplir : mettre fin au génocide à Gaza. Les Palestinien·nes creusent avec leurs mains pour déterrer les corps de leurs proches enveloppé·es dans du plastique et jeté·es dans des fosses communes à l'extérieur des hôpitaux Nasser et Al-Shifa, certain·es d'entre elleux ayant les mains liées, d'autres étant toujours reliés à des canules. Concentrez-vous.
Nos mouvements continuent d'être inspirés par la fermeté de ces étudiant·e courageuses/ourageux face à la violence de l'État et aux attaques incessantes contre leur personne.
Parce que lorsque nous nous organisons, nous voyons des résultats. Lundi, après cinq jours consécutifs de manifestations, les étudiant·es de Northwestern ont obtenu une série de concessions de la part de leur université, notamment une plus grande transparence sur les investissements de l'école. À New York, plus de 90% des étudiant·es de Barnard ont voté en faveur du désinvestissement de l'apartheid israélien, et à Rhode Island, les étudiant·es ont réussi à faire pression sur les administrateurs de l'université Brown pour qu'ils organisent un vote sur le désinvestissement.
Notre solidarité est plus forte que celles et ceux qui cherchent à nous diviser et à nous dresser les un·es contre les autres. Mais notre travail ne fait que commencer. Près de sept mois après le début du génocide perpétré par le gouvernement israélien, nous continuons à nous battre pour obtenir un cessez-le-feu permanent. Alors que les étudiant·es de tout le pays tiennent bon et intensifient leurs tactiques face à la violence croissante de l'État, il est essentiel que nos mouvements maintiennent l'élan que nous avons créé.
Soutenez les étudiant·es qui protestent contre le génocide.
Les étudiant·es font l'objet d'une répression de plus en plus violente pour avoir manifesté pacifiquement. Voici trois façons de les soutenir :
Suivez les principales organisations étudiantes sur les médias sociaux et diffusez largement leurs alertes et leurs demandes.
Soyez prêt·es à vous rendre sur place lorsque les étudiant·es ont besoin de renforts communautaires et à apporter le matériel demandé.
Soyez attentifs aux demandes de soutien financier émanant de manifestant·es confronté·es à la répression étatique et institutionnelle.
Jewish Voice for Peace, 2 mai 2024
Traduit avec
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Transition énergétique : quand les multinationales rançonnent les États grâce aux traités internationaux

Dès l'indépendance des anciennes colonies européennes, les grandes entreprises extractivistes ont mis en œuvre des mécanismes pour y préserver leurs intérêts économiques. Depuis quelques décennies, ce processus touche aussi les pays européens qui tentent de réaliser leur transition énergétique. Le cas du Traité sur la Charte de l'Énergie, dont l'Union Européenne vient de sortir, constitue ici un cas d'école. Par Nick Dearden, traduit par Pierra Simon-Chaix et édité par William Bouchardon [1].
3 mai 2024 | tiré de la lettre Le Vent se lève (LVSL) | Photo : Manifestation des Amis de la Terre à Londres pour la sortie du Traité sur la Charte de l'Energie en 2023. © Global Justice Now
utm_source=sendinblue&utm_campaign=Newsletter_Derniers_Articles&utm_medium=email 03 mai 2024
Alors que la lutte contre le changement climatique accuse un immense retard, un récent vote du Parlement Européen est venu apporter une petite lueur d'espoir. Le 24 avril dernier, celui-ci a en effet validé la sortie de l'Union européenne du traité sur la Charte de l'énergie (TCE), demandée par plusieurs pays-membres dont la France. Le Royaume-Uni pourrait bientôt suivre, le gouvernement conservateur ayant annoncé son futur retrait en février dernier.
Ce traité climaticide est un legs d'une autre époque. Sa rédaction remonte aux années 1990, à une période où il s'agissait de préserver les intérêts énergétiques occidentaux dans les pays de l'ex-Union soviétique. Le cœur de ce traité est un mécanisme de règlement des différends entre investisseurs et États, via un tribunal d'arbitrage privé. Celui-ci permet aux sociétés et aux investisseurs transnationaux de poursuivre des gouvernements qui imposeraient des modifications réglementaires susceptibles d'attenter à leurs profits.
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Cela fait à présent plusieurs décennies que sont inscrites des clauses relatives au mécanisme de règlement des différends entre investisseurs et États dans les accords de commerce et d'investissement. Ces dispositions demandées par les magnats du pétrole et les financiers voient le jour dès les années 1950 : à mesure que les pays du Sud global se libéraient des jougs coloniaux et que des gouvernements issus des mouvements de libération nationale y prenaient le pouvoir, les dirigeants de grandes entreprises occidentales s'inquiétaient de la protection de leurs intérêts économiques.
La nationalisation du pétrole iranien en 1953 a marqué une rupture. Si les États-Unis et le Royaume-Uni ont alors organisé un coup d'État pour renverser le gouvernement iranien, il devenait évident que cette méthode n'était pas viable à long terme. Il valait mieux créer une série d'obligations juridiques. De fait, selon les mécanismes de règlement des différends entre investisseurs et États, si un gouvernement s'approprie les actifs d'une entreprise étrangère, celle-ci a la possibilité de contourner le système judiciaire national et de se tourner directement vers l'arbitrage international.
Ainsi, avec ce système fonctionnant dans l'opacité la plus totale, sans véritable juge chargé de peser les différents intérêts, sans possibilité de faire appel et avec tout le poids du droit international pour faire appliquer les verdicts, les entreprises ont instauré leur propre système judiciaire unilatéral.
Avec ce système fonctionnant dans l'opacité la plus totale, sans véritable juge chargé de peser les différents intérêts, sans possibilité de faire appel et avec tout le poids du droit international pour faire appliquer les verdicts, les entreprises ont instauré leur propre système judiciaire unilatéral.
Dans les années 1990, alors que l'Union soviétique s'effondre, les opportunités offertes aux entreprises occidentales sont légion, mais les sociétés se refusent à courir le risque que de nouveaux gouvernements puissent remettre en cause leur business. Le traité sur la charte de l'énergie a alors été conçu pour supprimer ce risque et enclencher des réglementations durablement favorables aux entreprises. Ce que les pays occidentaux n'ont alors pas réalisé, c'est qu'ils allaient à leur tour devenir la proie de ces tribunaux d'arbitrage.
APRÈS LE SUD GLOBAL, L'OCCIDENT PRIS POUR CIBLE
À l'orée des années 2000, les entreprises se sont rendu compte que la menace la plus criante n'émanait pas de gouvernements souhaitant nationaliser leurs plateformes pétrolières, mais plutôt de mesures pour le climat, considérées à travers l'Europe comme une nécessité de plus en plus criante. Les juristes ont alors travaillé sans relâche pour multiplier les affaires susceptibles de relever du TCE.
Les procédures visant des pays souhaitant adopter des mesures environnementales ambitieuses et abandonner l'exploitation des énergies fossiles se sont rapidement multipliées. Des entreprises allemandes du secteur du charbon ont ainsi poursuivi les Pays-Bas, qui tentaient d'abandonner le charbon. La Slovénie a été poursuivie pour son interdiction de la fracturation hydraulique, une technique d'extraction du gaz de schiste désastreuse pour l'environnement et l'eau. Le Danemark fut quant à lui ciblé pour sa taxe sur les superprofits tirés du pétrole.
Et ce n'est pas tout : les entreprises n'engagent pas uniquement des poursuites pour récupérer l'argent déjà investi dans les projets. La plupart du temps, elles ont d'ailleurs déjà reçu des compensations pour les frais engagés. En réalité, les réclamations sont bien plus importantes et concernent des profits qu'elles auraient réalisés à l'avenir, et qui sont soi-disant perdus.
L'entreprise britannique Rockhopper a ainsi attaqué l'Italie lorsque des manifestations ont forcé le gouvernement à interdire l'exploitation pétrolière au niveau de la côte Adriatique, une zone que l'entreprise espérait exploiter. La compensation réclamée par Rockhopper s'est élevée à 350 millions de dollars, sept fois plus que l'investissement engagé pour la seule exploration, le gisement n'ayant jamais été mis en exploitation ! La société a par la suite annoncé qu'elle investissait dans un nouveau projet au large des îles Malouines, détenues par le Royaume-Uni. Ainsi, le traité sur la charte de l'énergie ne se contente pas de faire supporter le coût de l'action climatique du secteur privé au secteur public, il contribue activement à faire perdurer l'économie fossile.
Nombre de ces affaires s'apparentent à des tentatives de punition des gouvernements qui prennent des décisions en réaction à des manifestations et à des campagnes orchestrées contre des projets d'extraction impopulaires. Partout dans le monde, des affaires portées devant le mécanisme de règlement des différends entre investisseurs et États visaient spécifiquement à reprocher aux gouvernements de ne pas avoir déployé suffisamment d'efforts pour réprimer les mouvements de protestation menaçant les intérêts de capitalistes étrangers.
Les militants du monde entier ont alors réalisé l'obstacle à la souveraineté populaire posé par le traité sur la charte de l'énergie. Des personnalités politiques de toutes obédiences ont appris avec étonnement l'existence du traité sur la charte de l'énergie et se sont horrifiées de la manière dont celui-ci empiète si fondamentalement sur la souveraineté. Des campagnes d'information et l'interpellation des élus sont parvenus à convaincre des gouvernements très divers, allant de la coalition de gauche en Espagne au parti très droitier Droit et Justice en Pologne, de sortir de ce pacte sur l'énergie.
Le traité sur la charte de l'énergie ne se contente pas de faire supporter le coût de l'action climatique du secteur privé au secteur public, il contribue activement à faire perdurer l'économie fossile.
En 2023, neuf pays, dont l'Italie, la France, l'Allemagne et les Pays-Bas, ont tous annoncé leur retrait du TCE. Pour eux, celui-ci constitue désormais un danger évident et imminent face à la nécessité impérative de réorienter leur économie en réalisant la transition énergétique, puisqu'il y ajoute des obstacles juridiques et contribue à siphonner l'argent nécessaire à un processus déjà ardu.
Un problème demeure néanmoins. Le traité sur la charte de l'énergie comporte une « clause de survie » indiquant que des recours judiciaires peuvent être lancés jusqu'à vingt ans après le départ d'un Etat. Une frénétique activité diplomatique a commencé dans l'Union européenne (UE) pour tenter d'abroger cette clause. Finalement, les gouvernements des États-membres se sont dit qu'ils avaient intérêt à quitter le traité ensemble, de façon coordonnée, afin de signer ensuite un accord empêchant les différents qui pourraient les opposer, ce qui permet à minima de limiter les risques.
LA PARTICULARITÉ DU CAS BRITANNIQUE
Une fois sorti de l'UE, le Royaume-Uni s'est mis à voir les choses sous un jour nouveau. Sa classe politique y reste convaincue des vertus du marché et souhaite faire du Brexit une opportunité pour signer de nouveaux traités de libre-échange avec le reste du monde, bien que peu aient vraiment abouti. Le gouvernement conservateur a même probablement voulu profiter de la sortie de l'UE du traité pour devenir le dernier bastion de protection des investisseurs en Europe et ainsi attirer davantage d'investissements. En annonçant son intention de « maximiser » l'exploitation des réserves d'énergie fossile de la mer du Nord en accordant de nouveaux permis, le Premier ministre britannique Rishi Sunak tente clairement de provoquer une guerre culturelle contre la gauche qui réclame la fin progressive des champs pétro-gaziers.
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Quelle que soit sa détermination, la réalité finira par le rattraper. Depuis que Joe Biden est devenu le président des États-Unis, il est de plus en plus évident que le changement climatique appelle un plus grand interventionnisme de l'Etat dans l'économie. Une course est lancée entre les grandes puissances, abondée par l'argent public, en vue de construire les industries « vertes » de demain.
Sur ces questions, le Royaume-Uni est loin derrière. Alors qu'une partie du monde des affaires, majoritairement les entreprises d'énergies fossiles et une partie du secteur financier, soutient le traité sur la charte de l'énergie, une autre partie est en train de réaliser que le laissez-faire du gouvernement britannique risque de saper durablement leur compétitivité. Tandis que l'Union européenne commençait à sortir du traité sur la charte de l'énergie, les syndicats de l'industrie, une partie du monde des affaires et même quelques parlementaires conservateurs ont commencé à s'inquiéter à l'idée que le Royaume-Uni puisse se trouver confronté à des obstacles plus importants que ses voisins européens pour effectuer sa transition écologique. Des tensions ont commencé à se faire sentir au sein du gouvernement et son approche est graduellement passée d'un soutien inconditionnel (en 2023) à la reconnaissance que les coûts encourus à demeurer signataire du traité étaient tout simplement trop élevés (en février dernier).
Alors qu'une partie du monde des affaires, majoritairement les entreprises d'énergies fossiles et une partie du secteur financier, soutient le traité sur la charte de l'énergie, une autre partie est en train de réaliser que le laissez-faire du gouvernement britannique risque de saper durablement leur compétitivité.
Si le revirement du gouvernement doit beaucoup aux pressions du monde des affaires, cela ne remet aucunement en cause le rôle central joué par les pressions militantes. Ainsi, c'est uniquement grâce aux actions menées durant des dizaines d'années par le mouvement climat que l'action climatique est à présent considérée comme une nécessité. Si l'indispensable transformation économique est encore loin, le peuple a, sur ce sujet, vaincu les partisans de la mainmise du marché. Sans l'action de nombreux militants durant quatre ans, allant des franges les plus modérées au mouvement Extinction Rebellion (XR), l'UE et le Royaume-Uni seraient toujours signataires du TCE.
UNE VICTOIRE QUI POURRAIT EN ENTRAÎNER D'AUTRES
Bien sûr, ces annonces récentes ne sont qu'une première étape, à savoir la suppression d'un obstacle structurel à la transition énergétique. Elle est cependant importante. Le retrait du Royaume-Uni pourrait bien sonner le glas du traité sur la charte de l'énergie dans son ensemble ; celui-ci est à présent considéré comme un mort-vivant et ne sera regretté que par ceux qui profitent de la destruction de la planète. Par contrecoup, cette annonce signifie aussi la suppression d'un élément certes mineur, mais prééminent, de notre économie néocoloniale abandonnée à la main invisible du marché.
Ceux qui ont le plus souffert du système de mécanisme de règlement des différends entre investisseurs et États vivent dans le Sud global. Dans de nombreux accords commerciaux, ce mécanisme est utilisé pour intimider et exploiter les pays d'Asie, d'Afrique et d'Amérique latine. Le Honduras et la Colombie sont par exemple actuellement confrontés à des demandes d'indemnisations extravagantes, alors qu'ils se contentent d'essayer de protéger les intérêts de leurs citoyens face à un capital vorace.
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S’unir pour gouverner autrement

Depuis 2006, les occasions de trébucher ont été quotidiennes, entre les pièges du jeu médiatique et la nature des institutions dans lesquelles nous avons choisi d'entrer. Malgré de nombreux obstacles, l'ascension promise par les solidaires s'est tranquillement concrétisée et Québec solidaire est devenu une organisation irremplaçable pour la gauche québécoise.
Le départ d'Émilise est un choc pour l'ensemble de notre parti et une perte immense. Son départ, suivi de celui de membres de la direction, soulève des questionnements profonds pour notre organisation.
Cette crise met au jour la nécessité pour notre parti de mener les débats pour nous entendre sur notre vision d'une gauche prête à gouverner sans renoncer à elle-même, sur nos objectifs et sur les moyens à déployer pour réussir. Ce besoin ne s'est jamais fait aussi pressant. Pour affronter cette tempête, il est important de se rappeler pourquoi notre projet politique est essentiel et décider comment adresser ces questionnements fondamentaux.
Une histoire qui dépasse notre seul parti
Québec solidaire s'inscrit dans une longue tradition au Québec de luttes, de défaites, mais aussi de victoires face au saccage de nos services publics, à la destruction de nos tissus sociaux et de nos milieux de vie. Ce Québec rêve d'une société plus juste, égalitaire et solidaire.
QS a permis de faire cheminer des idées dans la société et de faire la démonstration que les partis traditionnels sont incapables de proposer des solutions aux crises que nous traversons. QS a imposé des débats jusque-là ignorés par la classe politique. Pensons aux questions d'inégalité de classe, de féminisme, d'antiracisme et d'écologie.
QS n'a pas accompli ce travail seul, mais accompagné et porté par des mouvements sociaux. Notre lien avec la rue est historique et ce lien devra être encore plus important si nous voulons prendre le pouvoir. Sans l'appui et la participation active de mouvements sociaux forts, la gauche solidaire ne peut aspirer à gouverner.
En plus des questions de fond, notre parti se distingue par la forme de son organisation. Contrairement aux autres partis, QS s'est construit sur une culture démocratique ancrée dans notre volonté de donner la voix au peuple. Pour incarner cette culture démocratique, nous nous sommes doté·e·s d'une structure à l'image de nos convictions. C'est pourquoi encore aujourd'hui nous avons un co-porte-parolat qui implique une direction collective et un partage de responsabilités égal entre une femme et un homme.
C'est grâce à notre message et à cette façon de faire que nous avons su convaincre des dizaines de milliers de Québécois·e·s de nous rejoindre. Rompre avec notre héritage non-conformiste ne saurait profiter ni à notre parti, ni au Québec.
La force de notre ADN hybride
L'aventure de QS est celle de gens très différents qui s'assoient à la même table et qui aspirent ensemble au renversement du dogme de la résignation. À notre fondation, lorsqu'Option Citoyenne portée par Françoise a fusionné avec l'UFP d'où venait Amir, nous avons choisi d'additionner nos forces. Cette volonté profonde de changer les choses nous a amené·e·s à travailler ensemble et à réconcilier des discours jusque-là parallèles. Ceux et celles qui pensent aujourd'hui que certains d'entre nous n'ont pas leur place au sein de la grande famille solidaire se trompent. L'histoire de notre parti nous montre que QS a puisé sa pertinence dans sa capacité à rallier les gens, pas à les diviser. Notre mouvement doit s'élargir, notre organisation doit continuer d'accueillir ceux et celles qui ont envie de changement.
Le départ de notre première porte-parole issue de la ruralité est un signal d'alarme. Sa démission nous rappelle l'importance d'apporter des changements à certaines de nos pratiques organisationnelles pour leur plein réancrage féministe et démocratique. Nous avons besoin de revoir nos façons de concevoir et d'exercer le pouvoir à l'intérieur même de notre parti, pour qu'il soit mieux partagé, plus inclusif, afin de se faire plus créateur.
Un projet possible et nécessaire
Cela a le mérite d'être clair, nous avons besoin de changements pour passer à la prochaine étape. Ces changements passent notamment par le renouvellement de notre ancrage dans les mouvements sociaux et par notre détermination à mener et remporter des batailles d'idées dans le débat public. Si nous voulons engranger de nouvelles victoires électorales, il nous faudra également une bonne dose de réalisme pour saisir les rapports de force et travailler à les changer à notre avantage, faute de quoi nos efforts seront anéantis. Ce travail peut et doit se faire sans jamais perdre de vue nos objectifs de transformation de la société.
Pour faire rêver le Québec, nous devons lui proposer un projet rassembleur. Nous devons créer les conditions de convergence entre les différentes tendances qui composent notre parti, pas en évacuer l'une au profit de l'autre. À Québec solidaire, on est à la fois rêveur et lucide, réaliste et audacieux.
La gauche n'a pas le luxe de se diviser. Nous sommes plus forts lorsque nous luttons ensemble malgré nos différences. Oui, nous devons aspirer à plus qu'être un parti de gouvernement, mais nous devons aspirer à gouverner autrement.
Premiers et premières signataires :
Victor Beaudet-Latendresse, membre du comité de coordination nationale
Maïka Sondarjee, membre du comité de coordination de Hull
Haroun Bouazzi, député de Maurice-Richard
Royse Henderson, membre du comité de coordination nationale pour la Commission nationale des femmes
Amir Khadir, ancien porte-parole et député de la circonscription de Mercier de 2008 à 2018
François Saillant, membre fondateur et ex-membre du comité de coordination nationale
Émilie Poirier, ex-membre du comité de coordination nationale
Benjamin Gingras, candidat solidaire dans Abitibi-Est en 2022 et membre du comité de coordination nationale pour la Commission nationale autochtone
Kenza Sassi, ex-membre du comité de coordination nationale et candidate dans Orford en 2022
André Frappier, ancien président et co-porte-parole de Québec solidaire
Élisabeth Germain, candidate dans Charlesbourg en 2018
Alexandre Legault, candidat solidaire dans Brome-Missisquoi en 2018 et 2022
Pour voir les autres signataires :
Signez la lettre en remplissant le formulaire ci-dessous.
https://docs.google.com/document/d/168oC_vDoH-Km-Z4KTlkwqza_HtpLuZOygsGeFv6bBvA/edit?usp=sharing

Feux de forêts : la qualité de l’air, une priorité

Le Ministère de l'Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs a publié cette semaine un rapport intitulé « Influence des feux de forêt de l'été 2023 sur la qualité de l'air au Québec ». Il indique notamment que pour la première fois, les feux de forêts qui sévissaient au Québec ont fait dépasser le seuil de 1000 microgrammes « même dans des conditions de suivi industriel, très près d'usines ».
De plus, c'est l'ensemble du Québec qui a été touché par la dégradation de la qualité de l'air, aucune région n'a été épargnée, sur une période beaucoup plus longue que les autres années.
Dans cet article, la Dre Johanne Elsener, membre de l'AQME, souligne les problèmes de santé qui ont prévalu en 2023, et qui risquent de continuer à le faire, désormais. Elle préconise aussi la gratuité du transport collectif et de faire diminuer la vitesse des véhicules motorisés sur les autoroutes urbaines lorsque des incendies de forêt font rage.
Dans un contexte de changements climatiques et alors que la saison des feux débute justement déjà en Colombie-Britannique et en Alberta, nous continuons, à l'AQME, avec notre Cadre de référence sur l'air, nos plaidoyers pour que le Gouvernement du Québec révise les normes québécoises de la qualité de l'air afin d'atteindre les recommandations de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) et adopte une Stratégie nationale de l'air sain qui prenne en compte les nouvelles réalités climatiques.
Afin que nos outils collectifs pour nous informer de la qualité de l'air ne nous donnent pas un faux sentiment de sécurité et nous permettent plutôt de nous adapter le mieux possible aux saisons des feux de forêts et aux changements climatiques dans lesquels ils s'inscrivent, c'est urgent !
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La suite des choses pour notre parti

Le départ d'Émilise Lessard-Therrien a suscité de nombreuses émotions et réactions et a soulevé des questionnements importants au sujet du fonctionnement et de l'avenir de Québec solidaire. Notre parti vit des moments difficiles. Aujourd'hui, nous - Christine, Roxane et Gabriel - nous exprimons d'une seule voix pour détailler la réponse du parti à cette crise.
6 mai 2024 | Lettre
Émilise a été claire dans son texte : son départ est lié à des problèmes dans notre organisation. Il faut tirer des leçons de cet échec collectif, dans lequel nous prenons notre part de responsabilité.
Ce processus de bilan est essentiel. Nous sommes ouvert·es aux remises en question et serons mobilisé·es pour changer les choses. Il ne faut pas qu'un tel échec se reproduise.
Dès le lendemain de la démission d'Émilise, Roxane Milot, présidente du parti, et Myriam Fortin, directrice générale, ont donc débuté un processus de bilan afin de comprendre les raisons profondes de la situation actuelle. Un plan d'action sera par la suite élaboré pour faire mieux à l'avenir.
Des constats seront tirés, les actions entreprises par le Comité de coordination national suite à la parution du livre de Catherine Dorion seront réétudiées, les réflexions d'Émilise seront examinées et des consultations seront entreprises pour trouver des solutions collectivement.
L'égalité entre les femmes et les hommes n'est jamais acquise. Les partis, comme toutes les organisations, doivent constamment rester vigilants pour que la place et la voix des femmes soit reconnue et mise en valeur de manière égalitaire. Il est normal que le départ de notre porte-parole féminine fasse ressurgir ces préoccupations. Nous souhaitons entendre les membres du parti sur cette question. Des rencontres avec les élues solidaires de nos instances auront lieu prochainement et le comité d'éthique sera mis à contribution. Les associations locales et autres instances du parti seront également conviées à une rencontre cette semaine, afin d'échanger sur la situation et, surtout, de partager des pistes de solutions.
Un plan d'action sera par la suite présenté au Conseil national de Saguenay. Nous allons en discuter ensemble et nous aurons une réflexion collective pour préparer l'avenir de notre organisation. Nous souhaitons que les militant·es et les élu·es nous alimentent dans ces réflexions, en proposant des pistes de solutions concrètes pour améliorer le fonctionnement de notre parti et faire en sorte que chacun·e puisse y trouver un espace sain d'engagement politique. Nous devons sortir grandi·es de cette situation douloureuse.
En parallèle de ces changements dans l'organisation, certains débats politiques sont devenus incontournables. Il faut le reconnaître : plusieurs des débats qui ont secoué Québec solidaire depuis 2022 sont le fruit de désaccords politiques qui doivent être tranchés démocratiquement. Que devons-nous faire pour que Québec solidaire passe à la prochaine étape ?
Il faut clarifier nos attentes envers nos porte-paroles et préciser nos objectifs stratégiques d'ici 2026 et au-delà. Les crises du logement, du coût de la vie et des changements climatiques nous imposent une responsabilité urgente : construire un mouvement politique qui pourra former rapidement un gouvernement et changer les choses en profondeur au Québec.
Comme Gabriel Nadeau-Dubois l'a rappelé en point de presse mercredi, trois grands chantiers étaient déjà en cours pour finaliser les bilans de la dernière élection et préparer notre plan de match pour 2026 : l'adoption de la Déclaration de Saguenay (issue de notre tournée des régions), la possible modernisation du programme et la révision de nos statuts nationaux. Ces trois rendez-vous démocratiques sont essentiels pour continuer à faire grandir Québec solidaire et ils étaient prévus de longue date. Le départ d'Émilise, et les questionnements qui ont ensuite émergé, ne font que les rendre plus pertinents.
Dans les derniers jours, la notion de « parti de gouvernement » a beaucoup fait réagir. Mais qu'est-ce qu'un parti de gouvernement ? Il est important pour nous de vous partager les grandes lignes de la vision que nous portons. Visionnez l'entrevue de Gabriel Nadeau-Dubois avec Paul Larocque au sujet de notre vision pour en savoir plus.
Visionner l'entrevue
D'abord, entendons-nous sur l'objectif. Nous sommes un parti indépendantiste de gauche et nous voulons changer les choses au Québec – les changer en profondeur. Le travail que nous faisons face au gouvernement est remarquable, mais la vision ambitieuse de Québec solidaire ne pourra pas se réaliser à partir des banquettes de l'opposition. C'est notre raison d'être et pour y arriver, il faut être au pouvoir.
Un parti de gouvernement, c'est un parti qui fait des choix, des choix difficiles, mais faits collectivement. Nous devons arriver aux élections de 2026 avec un plan pour un gouvernement qui aura 4 ans pour changer les choses au Québec. Le pragmatisme n'est ni un renoncement ni une trahison de nos idéaux, bien au contraire. C'est un exercice de clarification et de priorisation. Une gauche pragmatique dresse la liste des urgences, dresse la liste de ses politiques, et fait un vrai travail de priorisation. Prioriser maintenant est une condition pour pouvoir tenir parole une fois élu. C'est un engagement envers les Québécois·es. C'est aussi une façon de se donner collectivement une feuille de route et de ne pas décevoir nos membres lorsque nous prendrons le pouvoir et débuterons nos réformes.
Cette volonté de former rapidement un gouvernement n'implique pas de tourner le dos aux mouvements sociaux et aux luttes citoyennes. Nous pouvons devenir une alternative crédible tout en enracinant notre action politique et parlementaire dans les mobilisations sociales, que ce soit celles des locataires précaires, des femmes de nos services publics ou des producteurs et productrices agricoles.
C'est la motivation derrière plusieurs des propositions qui seront débattues lors de notre Conseil national des 24, 25 et 26 mai à Saguenay. Lors de ce Conseil national, c'est vous qui trancherez ces questions importantes. D'ici là, c'est aussi à vous d'en débattre dans vos Assemblées générales. Nous avons hâte de vous entendre.
Consulter le cahier de propositions du Conseil national
Aux solidaires qui craignent que nous devenions un parti comme un autre, nous vous entendons et nous vous invitons à faire un pari : celui que notre parti forme un gouvernement différent, un gouvernement comme aucun autre dans les 50 dernières années de l'histoire du Québec. En se mettant au travail maintenant, on se donne les moyens d'y arriver.
Le Québec a besoin d'un gouvernement solidaire, pas dans 30 ans ni dans 20 ans, mais maintenant. La crise du logement n'attendra pas, la crise climatique n'attendra pas, la crise dans nos services publics n'attendra pas. Nous avons besoin d'un parti qui rend les gens fiers de se dire solidaires et qui fait de nous une option crédible pour remplacer François Legault en 2026.
Nous basons nos actions sur la confiance en notre parti et l'espoir d'en sortir encore plus fort·es. Nous devons sortir grandi·es de ce moment difficile.
Nous vous remercions pour votre appui,
Christine Labrie
Porte-parole par intérim
Roxane Milot
Présidente
Gabriel Nadeau-Dubois
Porte-parole
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Messages de Christine Labrie sur la place des femmes à Québec solidaire

Depuis ses tout débuts, Québec solidaire a mis de l'avant le féminisme comme une de ses valeurs fondatrice. Les membres ont continuellement innové sur le plan des pratiques féministes, par exemple en présentant des candidatures paritaires depuis 2006, en mettant en place des micros séparés, l'alternance des tours de parole, ainsi que des services de garde gratuits dans ses instances. Québec solidaire a également fait le choix d'avoir deux co-porte-paroles, afin d'assurer la parité à la direction du parti, et également dans notre présence au sein de l'espace public.
Au fil du temps, nos pratiques ont permis à des milliers de femmes de faire leur place en politique. C'est mon cas, c'est le cas de mes collègues députées, Manon, Ruba et Alejandra, c'est le cas des femmes qui exercent leur leadership à tous les niveaux de notre parti, dont notre présidente, notre directrice générale et les cadres qui coordonnent nos équipes à l'Assemblée nationale et à la permanence, dont sept sur neuf sont des femmes. C'est le cas de militantes partout sur le territoire du Québec, qui gagnent confiance sur la pertinence de leur voix en politique en s'engageant avec nous.
Cependant, au cours des dernières années, il y a eu plusieurs témoignages de femmes démobilisées qui déploraient le manque de soutien et d'écoute envers les femmes au sein de notre parti. Il y a également eu de grandes tensions sur les questions de parité, en particulier concernant les investitures et les élections partielles. Le départ d'Émilise s'ajoute à ces signaux préoccupants, comme le souligne d'ailleurs la récente lettre de la Commission nationale des femmes (CNF). Ce sont tous de tristes rappels que l'égalité entre les hommes et les femmes n'est jamais acquise, même au sein d'une organisation qui en a fait une de ses valeurs phares.
Ces dénonciations appellent à l'action, car nous ne pouvons tolérer que des femmes s'épuisent à défendre les principes féministes au sein de notre organisation, ou sentent que leur voix n'est pas prise au sérieux. J'invite les femmes ayant vécu des situations qui ne répondent pas à leurs attentes en matière de pratiques féministes à écrire au comité d'éthique à l'adresse suivante : ethique@quebecsolidaire.net De plus, le Comité de coordination national demandera l'élaboration d'un diagnostic interne sur le climat de la militance et de la place des femmes au parti, en collaboration avec la CNF et le comité d'éthique. Nous souhaitons dans les prochains mois identifier et mettre en place de meilleures pratiques féministes dans le fonctionnement de Québec solidaire, et vous serez invité.e.s à collaborer à cette réflexion.
Nous fixons la barre haute dans la société, et nous avons la responsabilité de fixer la barre haute au sein de notre parti. Nous avons du travail à faire pour améliorer l'expérience des femmes qui militent à Québec solidaire. Or, la responsabilité de veiller au respect des meilleures pratiques féministes et à leur constante amélioration ne peut pas retomber sur les épaules de la CNF et de la porte-parole femme à elles seules. Cette responsabilité est collective.
J'ai choisi notre parti parce que je suis féministe. Vous m'avez vu saisir toutes les occasions comme députée pour dénoncer et mettre en lumière les injustices vécues par les femmes, et proposer des solutions pour y remédier. Forte de votre confiance, ça sera ma mission, comme porte-parole par intérim de notre parti, de m'assurer que les femmes ont non seulement le goût de venir militer à Québec solidaire, mais qu'elles ont aussi le goût d'y rester. Ce n'est pas une mince tâche, et je n'y arriverai pas seule. Je compte sur vous.
Christine Labrie
Porte-parole par intérim
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Plus que jamais, nous avons besoin d’un gouvernement solidaire

Presse toi à gauche publie cette lettre mais tient à souligner son désaccord avec le projet proposé par Gabriel Nadeau Dubois. Notre analyse de la situation ne pose pas la nécessité de devenir un parti de gouvernement ni de changer le programme du parti. Nous nous situons dans la nécessité d'un réel débat sur la démocratie dans le parti, la remise en question des pôles de pouvoir, le délestage du féminisme, la droitisation du programme. Nous tenons compte des propos de Catherine et d'Émilise.
Mais nous pensons qu'un réel débat oblige à bien connaître les différentes positions. C'est pourquoi nous publions ce texte.
« Nous croyons non seulement que Québec solidaire peut prendre le pouvoir, mais qu'il doit former le gouvernement », écrivent les signataires.
Milan Bernard, Élodie Comtois, Ludvic Moquin-Beaudry et Josée Vanasse
Les auteurs sont respectivement ancien candidat dans Gatineau (2018) et ancien membre de la Commission politique (2020-2023) ; militante solidaire dans Gouin et ancienne membre de la Commission politique, responsable culture (2020-2022) ; militant solidaire dans Sainte-Marie–Saint-Jacques et ancien responsable national aux élections (2016-2018) ; militante de Québec solidaire depuis 2006, première attachée politique d'Amir Khadir et directrice de plusieurs campagnes électorales, dont celles de Mercier en 2008 et Rosemont en 2018. Ils cosignent cette lettre avec 76 autres militants.*
Les dernières semaines ne furent pas de tout repos pour Québec solidaire (QS). Le départ de notre co-porte-parole Émilise Lessard-Therrien et les circonstances qui y ont mené sont tristes et regrettables. Nous souhaitons de tout coeur qu'elle se remette sur pied et qu'elle nous revienne en santé. Sa voix est indispensable au succès de notre parti.
Nous souhaitons aussi que Québec solidaire continue à faire les efforts nécessaires pour éliminer les obstacles structurels à la participation des femmes. Nous sommes convaincus que le comité de coordination national actuel, mené par notre présidente, Roxane Milot, épaulée par la directrice générale du parti, Myriam Fortin, et incluant nos deux porte-parole, est à la hauteur de la situation. Ces personnes ont notre pleine confiance.
On a vu éclore au grand jour certains questionnements au sein de notre parti, portant sur la manière de réaliser notre projet de société. Pourtant, sans nier l'importance de cette tension, nous remarquons que la gravité de la situation a été quelque peu exagérée. Plusieurs observateurs de la joute politique ont présenté ces débats comme radicalement nouveaux ou complètement polarisés. Nous sommes en désaccord.
Ces débats ne sont pas nouveaux ; non seulement ils précèdent l'arrivée de Gabriel Nadeau-Dubois comme porte-parole masculin, mais on les retrouve dans plusieurs autres partis de gauche à travers le monde, et ce, depuis des décennies. Depuis 2018, ces questionnements ont généré de plus en plus d'écho à mesure que Québec solidaire devait gérer sa croissance. Or, les différentes visions qui s'expriment ne sont pas incompatibles. Nous avons tous et toutes différentes sensibilités, mais nous savons que c'est ensemble, rassemblés, que nous pouvons mieux les exprimer.
Force politique incontournable et inédite dans notre histoire, Québec solidaire est le plus important instrument que la gauche québécoise a créé pour réaliser son projet de transformation sociale et d'émancipation nationale et populaire.
Nous croyons non seulement que Québec solidaire peut prendre le pouvoir, mais qu'il doit former le gouvernement. C'est une condition nécessaire pour mettre de l'avant notre projet de société rassembleur et novateur, et rompre avec les cycles de dépossession, de déconstruction et de division mis en place par les partis traditionnels.
Pour accomplir cet objectif, nous avons entrepris une modernisation du parti pour nous assurer que notre instrument est adapté à l'ampleur de la tâche. Il n'est nullement question de diluer ce qu'est Québec solidaire. Il s'agit plutôt de se concentrer sur l'essentiel et les urgences ; de canaliser nos forces et nos énergies dans la construction de nouvelles majorités sociales afin de prendre le pouvoir. Voilà ce qu'impose le fait d'être un « parti de gouvernement », les pieds bien plantés dans les mobilisations et les préoccupations des gens et des peuples du Québec, afin que nos aspirations collectives deviennent réalité.
Cette modernisation n'est pas l'oeuvre d'une seule personne. C'est un processus s'inscrivant dans les traditions démocratiques de Québec solidaire, avec des décisions prises par les délégués des associations de circonscriptions, des mandats confiés à diverses instances exécutives avec l'imputabilité qui y est associée, et suivant de larges consultations à travers les régions du Québec.
Par exemple, la Déclaration de Saguenay est le fruit d'une grande tournée, menée en collaboration avec les associations locales. Le résultat final de cette modernisation reste encore à déterminer, mais une chose est sûre, ce sera le produit de la démocratie participative de Québec solidaire. Nous parions que nous saurons éviter le faux dilemme qui consiste à choisir entre la marginalité d'une part et la trahison de nos idéaux et le social-libéralisme d'autre part. Notre imagination est plus puissante que cela : nous déterminerons ensemble la manière de passer à la prochaine étape.
Les solidaires ne seront jamais comme les autres, même au pouvoir. Nous sommes fougueux, audacieux, incisifs et ambitieux, toujours de colère et d'espoir. C'est dans ces caractéristiques que se trouvent la clé de notre victoire et le reflet de notre authenticité.
Former le gouvernement ne signifie en rien renoncer à l'ancrage solidaire dans les mouvements sociaux. Cet ancrage est aussi nécessaire que la victoire électorale pour mettre en oeuvre notre projet. Cela s'est notamment déployé depuis 2018 par de nombreux efforts de mobilisation de terrain, pour les luttes environnementales, dans les actions sur le logement et contre le Far West des claims miniers, de même que par la présence constante de membres de l'aile parlementaire dans les luttes citoyennes : dans la rue, sur les lignes de piquetage, avec ceux et celles que l'on réduit au silence.
L'état du monde et du Québec est grave. Les gouvernements successifs libéraux, péquistes et caquistes et leurs alliés à Ottawa ont ignoré la crise climatique, démantelé les services publics et attaqué les droits fondamentaux des Québécoises et des Québécois. Sur trop d'enjeux, ils ont fait reculer le Québec. Plus que jamais, nous avons besoin de Québec solidaire pour répondre aux crises multiples qui affligent le Québec.
Nous, membres de Québec solidaire, avons pris la résolution en instance nationale de préparer l'élection du premier gouvernement solidaire. Tous les jours, nos élus et des dizaines de bénévoles travaillent d'arrache-pied pour y arriver et nous rendre des comptes en même temps. Ces personnes méritent notre confiance et notre soutien. C'est ensemble que nous arriverons à la victoire
Ensemble, construisons le Québec de demain. Donnons-nous un gouvernement solidaire.
*Ont cosigné cette lettre : Monique Moisan, membre fondatrice de Québec solidaire et ancienne responsable nationale de la formation (2012-2014) ; Ghislain Pelletier, membre fondateur de Québec solidaire, ancien membre du comité de coordination national et ancien membre du comité de coordination de Mercier ; Katy Borges, coordonnatrice de l'association régionale de Montréal de Québec solidaire ; Simon Mongeau-Descôteaux, militant solidaire dans Sherbrooke, responsable du pointage dans Sherbrooke (2022) et membre du comité de coordination de Sherbrooke depuis 2023 ; Martin Godon, responsable du comité de coordination de Marie-Victorin ; Stéphane Morin, fier militant de terrain dans Gouin ; Annie Pouliot, membre fondatrice, Québec solidaire Montmorency ; Chantal Plamondon, militante dans Sainte-Marie–Saint-Jacques ; Vincent Courteau-Hébert, militant solidaire dans Gouin et membre de l'équipe des communications de la campagne de 2022 ; Joëlle Naud, militante de Québec solidaire, responsable des bénévoles pour Laurier-Dorion (2018) et responsable du Jour J pour Verdun (2022) ; Anne B-Godbout, candidate dans Terrebonne (2018) et LaFontaine (2022) ; Chloé Domingue-Bouchard, militante solidaire dans Gouin et ancienne membre de la commission politique, responsable éducation (2020-2022) ; Philippe Lapointe, militant solidaire dans Gouin et ancienne membre de la commission politique, responsable travail (2020-2022) ; Stéphane Thellen, ancien candidat (2008) et membre du comité de coordination dans Huntingdon ; Philippe Jetten-Vigeant, ex-candidat dans Iberville (2018 et 2022) ; Mario Jodoin, membre de la commission thématique sur l'économie, la fiscalité et la lutte à la pauvreté depuis 15 ans ; Pierre-Paul St-Onge, secrétaire général de 2013 à 2016, candidat en 2012, 2014 et 2018 ; Kévin St-Jean, militant dans Portneuf et ancien candidat dans Les Plaines (2018) ; Pierre Alarie, membre fondateur, militant dans Anjou–Louis-Riel et Hochelaga-Maisonneuve ; Anne-Marie David, responsable à la liaison avec les associations de 2016 à 2020, ex-coordonnatrice de QS Montérégie et présentement co-coordonnatrice de QS Verchères ; Léonie Thibault Rousseau, co-coordonnatrice de QS Verchères, étudiante au baccalauréat en géographie environnementale ; Jordan Raymond, militant solidaire dans Johnson ; Julie Dionne, responsable des élections au comité de coordination national ; Barbara Gagnon, responsable des communications dans Sherbrooke ; Steve McKay, militant solidaire dans Saint-François ; Marie-France Hétu, militante solidaire dans Sherbrooke ; Chantal Dubuc, militante solidaire dans Johnson ; Siham Zouali, militante solidaire dans Sainte-Marie–Saint-Jacques ; Simon Richer, bénévole dans la partielle Gouin (2017), responsable des communications au comité de coordination de Laurier-Dorion (2017-2018), responsable de l'accueil pour Laurier-Dorion (2018), bénévole pour Verdun (2022) ; Sophie Brochu, militante solidaire ; David Touchette, candidat dans LaFontaine (2018) et candidat dans Westmount–Saint-Louis (2022) ; Pierre Gauthier, porte-parole masculin de QS Verdun ; Lauréline Manassero, militante depuis 2014 et porte-parole femme de QS Marie-Victorin ; Amélie-Hélène Rheault, militante depuis 2006, anciennement membre de QS Estrie, membre du comité de coordination de QS Saint-François ; Marie Bélanger, cofondatrice de QS Verchères et militante dès la fondation de QS ; Catherine Ladouceur, militante solidaire dans Saint-François ; Claude Lefrançois, candidate dans Laporte aux élections de 2018 et de 2022 ; Gilles Sabourin, coordonnateur de l'association de Laporte ; Pierre-Luc Lavertu, candidat dans Saint-Jean en 2022 ; Christian Montmarquette, membre fondateur et militant de Québec solidaire depuis ses origines ; Jean-Léon Rondeau, militant solidaire dans Laporte ; Blanche Paradis, membre fondatrice de QS, ancienne responsable de la commission nationale des femmes et ancienne membre du comité de coordination nationale de Québec solidaire ; Myriam Leduc, membre des comités de direction de campagne dans Gouin en 2017 et Laurier-Dorion en 2018, codirectrice de campagne dans Verdun en 2022 et militante solidaire dans Mercier ; Manon Blanchard, co-porte-parole de QS Taillon, membre fondatrice et candidate dans Taillon ; Pierre Parker, coordonnateur de QS Verdun ; Luc Harbour, représentant officiel de QS Sherbrooke ; Anne Blouin, responsable des communications de l'association de QS Verdun ; Maïté Girard-English, militante solidaire dans Pontiac ; Nadine Beaudoin, co-organisatrice du congrès de fondation et coordonnatrice générale du parti 2006-2023, directrice des élections générales de 2008 à 2022 ; Gaétan Châteauneuf, co-organisateur du congrès de fondation de Québec solidaire, ex-porte-parole de l'association de QS Bourget (Camille-Laurin), candidat dans Bourget (Camille-Laurin) en 2014, secrétaire général de 2016 à 2020 au comité de coordination national, représentant officiel par intérim de l'association de QS Bertrand ; Ginette Langlois, militante au comité de coordination de QS Montérégie ; Mike Owen Sebagenzi, co-coordonnateur du Réseau militant jeunesse, militant dans Hull, candidat dans Pontiac en 2022 ; Maxime Larue, responsable à la mobilisation au comité de coordination national (2019-2023) ; William Lemieux, bénévole de campagne dans Blainville (2022), responsable aux communications du comité de coordination de Blainville (2023) ; Joëlle St-Arnault, responsable des bénévoles de QS Laporte ; Jacques Tanguay, représentant officiel de QS Laporte ; Danielle Champagne, militante solidaire dans Laporte ; Pascal Lavoie, militant solidaire dans Sainte-Marie–Saint-Jacques ; Nora Robichaud, militante solidaire dans Maurice-Richard ; Bernard Gauvin, ex-coordonnateur de QS Maurice-Richard ; Philippe Badenas, militant solidaire dans Maurice-Richard ; Thomas Poulin, militant depuis 2012, ancien membre du comité de coordination de Gouin, Porte-Parole du comité de coordination de Gaspé ; Geneviève Fortier-Moreau, membre du comité de coordination de Verdun et ex-candidate en 2012-2013-2014 dans Viau ; Brian Harvey, militant solidaire dans Abitibi-Ouest ; Suzanne Brais, militante solidaire dans Abitibi-Ouest ; Émile Bellerose-Simard, candidat dans Masson en 2022 ; Véronique Painchaud, militante solidaire dans Berthier ; Isabelle Gonthier, militante solidaire dans Mercier, ancienne attachée au bureau d'Amir Khadir et employée aux campagnes électorales de 2007 à 2022 ; Jérémie Vachon, militant solidaire ; Julien St-Pierre, militant solidaire dans Richmond ; Mathieu Sabourin, militant solidaire ; Michael Ottereyes, militant autochtone, ex-candidat dans Roberval ; Nika Deslauriers, militante depuis 2006, attachée politique d'Amir Khadir de 2011 à 2017 et présidente de Québec solidaire de 2017 à 2021 ; Jean-Bernard Rose, militant dans Sainte-Marie–Saint-Jacques ; Véronique Tessier, membre solidaire dans Taschereau ; Jordan Larochelle, membre du comité de coordination dans Hull.
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