Presse-toi à gauche !
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Comptes rendus de lecture du mardi 27 mai 2025


À qui appartient l'eau ?
Maude Barlow
Traduit de l'anglais
J'avais déjà lu « Vers un pacte de l'eau » de Maude Barlow il y a une quinzaine d'années. Beaucoup de chemin a été parcouru depuis pour l'accès à l'eau potable et sa protection, même s'il en reste encore beaucoup à parcourir, et c'est ce dont l'auteure rend compte dans ce récent essai. Maude Barlow nous y appelle à contrer la privatisation de cette ressource vitale par de grandes entreprises comme Veolia, Suez, Coca-Cola et Nestlé, en incitant nous-mêmes nos municipalités, nos écoles, nos collèges, nos universités et nos autres institutions à devenir des communautés bleues. Ce mouvement citoyen, né au Canada, vise à faire reconnaître le droit à l'eau et à s'assurer que la gestion des services d'eau demeure exclusivement sous la gouverne publique. Un bel effort de conscientisation pour changer notre monde et un ouvrage très intéressant pour faire le tour de cette importante question… et agir.
Extrait :
Ce livre traite d'espoir. Il raconte l'histoire de gens ordinaires qui défendent les ressources en eau de leurs communautés et protègent au sens plus large le droit à l'eau en s'assurant que cette précieuse ressource demeure à jamais un bien commun, qui ne doit pas tomber aux mains d'entreprises à but lucratif.

PoéVie
Gilbert Langevin
C'est Normand Baillargeon qui m'a amené à lire cet important poète dont il ne tarissait pas d'éloges. Gilbert Langevin est un peu oublié de nos jours et cette anthologie nous permet de mieux le connaître et l'apprécier. Sa poésie exprime beaucoup de chaleur, d'ouverture au monde, de tendresse fraternelle aussi. Vous en trouverez probablement la lecture un peu difficile, mais vous en sortirez sans doute aussi un peu… transformé.
Extrait :
Quand on fait de la peine
à son meilleur ami
quand on bafoue son frère
qu'on est jaloux de lui
on ne sait plus quoi faire
on devrait fuir d'ici
jusqu'au bout de la terre
jusqu'au bout de la nuit
chaque homme a sa misère
qui partout le poursuit
chaque homme a sa manière
de faire parler de lui
chaque homme a sa lumière
de sagesse ou de folie
chaque homme est notre frère
même s'il nous injurie
un amour millénaire
nous a donné la vie
mais pourquoi cette guerre
qui n'est jamais finie
on ne vient pas sur terre
pour se détruire ainsi
le monde est un mystère
l'homme un mystère aussi
là n'est pas mon affaire
on me l'a souvent dit
parle-nous de rivière
de neige ou de la pluie
parle-nous de ton père
ou de l'astrologie
mais laisse aux militaires
les histoires de fusil
que peuvent les colères
de notre poésie
contre les mercenaires
des forces de la nuit
nous sommes la poussière
de leur démocratie
nous les bénéficiaires
du royaume infini

Une école sans murs
Rabindranath Tagore
Versions originales en bengali
Rabindranath Tagore est le premier non-Européen à s'être mérité - en 1913 - le prix Nobel de littérature. Cette sélection de ses principaux textes sur l'éducation m'a beaucoup plu. Sa vision de ce que devrait être l'éducation, qui laisse une très grande place aux arts, à la nature et surtout à la découverte de l'autre et à la liberté, demeure dans une large mesure une excellente critique du modèle d'éducation que nous avons encore en place de nos jours. Comme il s'agit d'une sélection, les mêmes idées sont parfois exprimées dans plus d'un texte, mais ça n'enlève rien à la valeur de cette précieuse anthologie.
Extrait :
Tant que j'ai été contraint de fréquenter l'école, je l'ai vécu comme une torture intolérable. J'ai souvent compté le nombre d'années qui me séparaient du jour où je serais libre. Mes frères plus âgés avaient déjà terminé leurs études et débuté leur vie active, chacun à sa façon. Comme je les enviais lorsque, après un repas pris en hâte le matin, je trouvais, m'attendant à la porte, l'inévitable chariot qui nous emmenait à l'école. Comme j'aurais souhaité, par un quelconque sortilège, pouvoir traverser en un instant les quinze ou vingt ans me séparant de l'âge adulte. J'ai compris plus tard que ce qui pesait sur mon esprit était la pression du système d'éducation contre nature qui prévalait partout.
La Curée
Émile Zola
C'est ce roman qui a donné au mot curée son sens figuré de ruée avide pour s'emparer des biens, des places et des honneurs laissés vacants. Ayant comme trame l'enrichissement spéculatif et la dépravation des mœurs sous le Second Empire, c'est assurément l'un des romans les plus critiques de la série des Rongon-Macquart de Zola. À la suite de son mariage arrangé avec une toute jeune femme, Renée Béraud du Chatel, Aristide Rougon, devenu Saccard, commence à spéculer et à s'enrichir frauduleusement. De grands travaux transforment alors des parties entières de Paris.
Extrait :
Celui-ci ne broncha pas. La société en question venait de crouler avec un effroyable scandale. Des actionnaires trop curieux avaient voulu savoir où en était l'établissement des fameuses stations commerciales sur le littoral de la Méditerranée, et une enquête judiciaire avait démontré que les ports du Maroc n'existaient que sur les plans des ingénieurs, de fort beaux plans, pendus aux murs des bureaux de la Société. Depuis ce moment, M. Toutin-Laroche criait plus fort que les actionnaires, s'indignant, voulant qu'on lui rendît son nom pur de toute tache. Et il fit tant de bruit que le gouvernement, pour calmer et réhabiliter devant l'opinion cet homme utile, se décida à l'envoyer au Sénat. Ce fut ainsi qu'il pêcha le siège tant ambitionné, dans une affaire qui avait failli le conduire en police correctionnelle.
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Le monde regarde Gaza périr !

L'hécatombe à Gaza a atteint inconcevablement l'apogée de l'horreur, avec plus de 54 000 victimes. Hier lundi, 55 Gazaouis ont péri sous les bombardements. Les promesses de Netanyahou de ramener les otages font la « Une ». A Paris, des milliers de manifestants (es) ont appelé à l'arrêt du génocide.
De Paris, Omar HADDADO
Le Politique décide, le militaire trucide, la Résistance impavide !
A Paris, les plaisirs de la vie, l'hédonisme, l'apparat et les « éternuements des Peoples », prennent le pas sur le génocide du peuple palestinien, devenu une espèce d'indisposition itérative gâchant impromptuement les délices inassouvis du quotidien. Qu'importe si le nettoyage ethnique et ses 54 000 victimes, femmes, enfants, personnes âgées et même handicapées, se poursuit avec une complicité dégoutamment validée par une Europe vassalisée et une Amérique plus que jamais prédatrice et orgueilleusement « westernisée ».
Les bonnes causes ont encore du chemin à faire pour éveiller les cerveaux embrumés de nombre de Français (es), déviés de la réalité par le semi (bio) du racisme ambiant, les réseaux sociaux et la vie des célébrités, tel le scoop sur la torgnole, d'avant-hier, de Brigitte Macron à son époux Emmanuel.
Ou, plus pernicieux, les cavalcades xénophobes d'un Retailleau ayant fait de sa haine envers les Immigrés et les Musulmans un fonds de commerce au sein d'une majorité citoyenne dénuée de tout discernement ! Bonne prise !
L'innommable n'intéresse point la Droite ni l'Extrême Droite. Elles n'ont d'yeux que pour la Présidentielle. Les 15 613 enfants retrouvés sous les décombres, les 34 173 blessés et les 11 200 portées disparus, ne les interpellent pas.
La France aseptisée, n'a cure du constat du Centre satellitaire des Nation Unies (Unosat) qui fait état de 70% des bâtiments de l'enclave détruits ou endommagés. Elle s'en moque comme de l'an quarante des relevés de l'OMS, rappelant la réduction de la capacité d'accueil des hôpitaux à 1 800 lits. Comme elle se bat l'œil quand l'Unicef affirme que depuis le 7 octobre 2023, des centaines d'écoles ont été directement frappés et 19 universités endommagées.
Hier, dans la soirée, le Premier ministre Netanyahou avait promis de ramener tous les otages, « les vivants et les morts ». « Si nous n'y arrivons pas aujourd'hui, on arrivera demain, et si ce n'est pas demain, alors après-demain. On n'abandonne pas ! » déclare -t- il en clôturant les festivités de la Journée de Jérusalem.
Dix-neuf mois de conflit. Des milliers de vies détruites, la famine, l'exode et le trauma endémique.
Gaza n'est plus qu'un champ de ruines ! Une honte du genre humain !
Le refus, ce lundi, du Hamas d'accepter l'offre du cessez-le-feu proposée par les Etats-Unis, par la voix de son émissaire Steve Witkoff, n'a fait qu'exacerber le drame des Palestiniens.
Drame dont la Gauche française, réconciliée in extrémis, dénonce avec force : « Heureux, de voir toutes les tendances du PS rallier notre position contre le génocide à Gaza, appeler à pavoiser aux couleurs de l'Etat palestiniens sans craindre d'être traitées d'agent du Hamas ou du Hezbollah, ou d'antisémite, comme ils faisaient naguère contre nous ! » S'exclamait hier Jean Luc Mélenchon (LFI) sur son compte X.
Socialistes, Ecologistes et Communistes ont, à l'issue d'une réunion dénoncé « Un génocide caractérisé. Une politique hélas pensée, planifiée et même revendiquée », selon Olivier Faure.
Reste la voix de la rue qui ne cesse de relèver les défis.
Paris, 15 heures tapantes Place de la République, ce dimanche. Après une minute de silence en hommage aux victimes de Gaza, le 11 ème arrondissement a vibré toute l'après-midi au rythme des clameurs de milliers de manifestants réclamant un cessez-le feu immédiat. Une Jeunesse tantôt courroucée, tantôt enthousiaste plaidait avec ferveur la cause palestinienne. Le rassemblement avait fédéré citoyens (es), étudiants, travailleurs, syndicats et autres collectifs mobilisés pour la circonstance. Des représentants et leaders de chaque mouvement se sont relayés derrière le micro pour lire leurs communiqués, condamnant avec force la politique « génocidaire » de Netanyahou.
A l'unisson, la foule scandait avec rage : « Une seule solution, arrêter l'occupation ! »
Puis la voix d'une déléguée du corps médical de fuser : « Nous devons continuer jusqu'à la Libération de la Palestine ! ». Et la foule de s'égosiller d'une seule voix en guise de réponse : « Free, free Palestine ! », « Résistance, résistance, c'est la loi de l'existence ! » « Netanyahou casse-toi ! La Palestine n'est pas à toi ! » « Embargo militaire pour l'Etat génocidaire ! » Un militant de Révolution Permanente se saisit du micro et tonitrue : « Ça va Paris ? » et toute la masse humaine de rétorquer : « Ouais ! » « Est-ce qu'on va lâcher ? » et la place de s'époumoner : « Non ! ».
Les poignets brandis en l'air, tout le monde bat la mesure :
« Palestine, vivra, Palestine vaincra ! »
O.H





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L’opinion de Mgr William Barber est sans appel : « Une énorme et horrible proposition de loi, destructive et mortifère »

Amy Goodman : Le Président Trump a rendu une rare visite au Capitol pour faire pression sur les élus.es républicains.es afin que la proposition de budget mis au débat soit adoptée. Elle comprend d'énormes déductions d'impôts pour les riches, déduit brutalement le dépenses de Medicaid, le programme d'aide à l'alimentation (food stamps), y est aussi largement amputé de même que les subventions pour l'énergie propre. Un estimé avance que presque 14 millions de personnes pourraient perdre leur assurance maladie. Une nouvelle analyse du Congressional Budget Office (CBO) montre que ce projet de loi implique aussi 535 milliards de dollars de coupes dans le budget de Medicare.
Democracy Now 21 mai 2025 - https://www.democracynow.org/2025/5/21/budget_bill_medicaid_taxes
Traduction, Alexandra Cyr
Les négociations se sont poursuivies toute la nuit car un groupe de républicains.es voulaient encore plus de réductions dans les dépenses et certains.es d'entre eux demandaient un élargissement des diminutions d'impôts en augmentant les déductions des impôts et taxes locales.
Mardi, accompagné par le speaker de la Chambre, M. Mike Johnson, le Président, devant les journalistes, a louangé ce projet de loi, le plus important par son étendue selon lui dans le pays et l'a qualifié de grand, énorme et magnifique, qui offre les plus grandes baisses d'impôts de toute l'histoire américaine. Il a ajouté que c'était tout aussi incroyable pour Medicare et Medicaid.
Durant ce débat, Mme Brendan Boyle, représentante démocrate, a souligné la manière par laquelle cette proposition de loi allait déduire plus d'un demi-milliard de dollars du budget de Medicare : « C'est toute un nouvelle. Quand le Comité du budget a déclenché ce processus il y a environ trois mois, le Président Trump s'était engagé à ce qu'il n'y ait pas de coupes dans le budget de Medicare dans cette proposition de loi. Depuis que le début des discussions nous n'avons jamais parlé de Medicare. On a parlé de Medicaid mais pas de Medicare. Nous voici ici ce soir, parce que comme vous l'avez expliqué à cause de l'ampleur des déficits, de la loi Pay-As-You-Go, les appropriations budgétaires pour Medicare seraient affectées pour un total de 500 mille milliards de dollars. Les prévisions du CBO confirment 535 mille milliards de dollars dans le budget de Medicare.
Mgr William Barber nous rejoint. Il est le président de Repairers of the Breach, le fondateur et directeur du Center for Public Theology and Public Policy à Yale Divinity School. Il est aussi président associé de la Poor People's Campaign et co-auteur de White Poverty : How Exposing Myths About Race and Class Can Reconstruct American Democracy. Il a été arrêté deux fois récemment durant les manifestations dites Moral Mondays contre la proposition de loi budgétaire, devant le Capitol. Dites-nous pourquoi.
Mgr. W. Barber : Merci beaucoup Amy.
L'autre jour je parlais de cela avec Joan Baez, de comment notre époque est affreuse mais aussi comment nous sommes obligés.es de nous tenir debout. Nous avons dû affiner nos propos. Avec d'autres, j'ai été arrêté dans la rotonde (du Capitol) simplement pour avoir prié devant l'horreur de cette proposition de loi. Des personnes qui représentent des milliers, des centaines de milliers de religieux de toutes sortes ont aussi été arrêtées. Nous allons y retourner le 2 juin pour un autre Mass Moral Monday, organisé par Repairers of the Breach et 20 autres partenaires parce qu'il faut se tenir debout en ce moment. C'est une énorme et horrible proposition de loi destructive et mortifère. Il faut commencer à en parler de cette façon. Ce ne sont pas que des baisses d'impôts pour les riches, même si c'est ça aussi. Mais c'est une marche vers la mort et la destruction pour les pauvres, les personnes âgées et le jeunes de notre pays, indépendamment de leur couleur. Une des choses que nous devons faire, c'est de démêler ce qui va arriver dans les États, que vous soyez dans les Appalaches ou en Alabama. Ils mentent, disent que c'est pour lutter contre la fraude, mais ce n'est absolument pas ça. Ce sont des coupes dans des programmes qui sauvent des vies légitimement, qui sont nécessaires et pour lesquels nous nous sommes battus pendant des années.
Amy, rapidement, je veux faire comprendre aux auditeurs.rices ce dont nous parlons quand nous parlons de coupes dans le budget de Medicaid. Nous parlons d'abord de personnes à faible revenu, peu importe la race, la croyance ou la couleur. Ce sont des familles, des enfants, des femmes enceintes, des personnes âgées ou des handicapés.es. On nous parle de 500 milliards de coupes pour Medicare. Ce programme s'adresse aux personnes de 65 ans et plus. Nous parlons d'enfants atteints.es de maladies rénales et de personnes souffrant de la maladie de Lou Gehrig. Des recherches nous montrent que pour chaque million de personnes, 2,500 mourront par défaut de soins. Et nous sommes dans un temps ou déjà, 800 personnes meurent tous les jours des effets de la pauvreté et des bas salaires.
C'est une proposition de loi énorme, horrible mortifère et destructive. On doit y résister partout, dans les lieux de pouvoir, du haut de la chaire, dans les rues. Nous devons prier, nous exposer physiquement parce qu'environ 13 millions 700 mille personnes risquent de perdre leurs droits à Medicare et leur assurance maladie. Et nous savons déjà que ce genre de coupes touchera éventuellement Social Security. Car les montants ne seront pas à la hauteur. Dans une vidéo, Steve Bannon a déclaré que leur objectif est de prendre le contrôle de cinq mille milliards de dollars du budget de telle sorte qu'ils puissent contrôler en fin de course environ 70 mille milliards des actifs du gouvernement. C'est une prise énorme, une proposition de loi énorme, mauvaise, horrible, destructive et mortifère. Environ 11 millions de personnes vont perdre leur aide à l'alimentation, dont 4 millions d'enfants. Il y aura 6 mille milliards 500 millions d'investissements retirés des programmes pour une énergie verte.
Et ils disent que ces réductions d'impôts sont faites pour aider la société. Mais, l'école dont le Président se vente avec enthousiasme avoir fréquentée, la Wharton School, a déclaré que ces changements que la proposition de loi apporte au système fiscal fera que les pauvres et les personnes à faibles revenus dans le pays, subiront une baisse de revenu annuel. Elles perdront environ 1,035$ annuellement. Mais pour les biens nantis.es ce rapport démontre qu'ils et elles recevront 389,000$ de plus chaque année.
Cette énorme, mauvaise, horrible, destructive et mortifère proposition de loi, va frapper les pauvres, les personnes à faibles revenus, et finalement le pays lui-même. S'ils le font ; ils disent vouloir le faire sur dix ans. Il va y avoir une destruction massive des services de santé dans les zones rurales. Nous allons vivre les effets de ces restrictions budgétaires immorales qui font que les riches gagnent alors que les pauvres et les familles ouvrières perdent. En plus ils ne veulent pas seulement faire ces coupes pour avoir plus d'argent, mais ils veulent ajouter un autre 350 milliards de dollars pour payer les contracteurs de la défense et plus d'argent aussi pour les expulsions. Donc, avec cette proposition de budget qui porte la marque d'E. Musk et du DOGE ils en adoptent les buts. Finalement, Amy, avec un processus de réconciliation qui n'exige que 50 votes et non 60 …..
Donald Trump a dit une chose qui est vraie : C'est une énorme proposition de loi. Mais elle n'est pas grande qui signifierait bonne. C'est une grande, très grande mauvaise, horrible, destructive, mortifère et démoralisante proposition de loi qui va heurter les pauvres et les personnes à bas salaire pendant des années et des années. Et cela pourrait aussi affaiblir notre démocratie si nous laissons faire.
Juan Gonzalez : Mgr Barber, on rapporte que dans les zones rurales, beaucoup d'hôpitaux sont forcés de fermer à cause du retrait des subventions du gouvernement fédéral. Pouvez-vous en parler ? Qu'en est-il dans votre région, la Caroline du nord et dans d'autres zones rurales ? Quel impact direct résultera de tout cela ?
W.B. : Il faut se rappeler l'épisode du COVID qui a mis au jour beaucoup de problèmes dans notre système de santé. Dans de nombreux États, qui n'avaient pas étendu les bénéfices de Medicaid, beaucoup, vraiment beaucoup de personnes sont mortes qui ne l'auraient pas dû. Le taux de mortalité chez les pauvres et les personnes à faible revenu, peu importe la race, a été le même : une solide augmentation. C'était immoral, affreux.
Nous savons que quand les États n'acceptent pas d'étendre les bénéfices de Medicaid, et cette proposition de loi ferait en sorte de restreindre encore plus cette expansion, les hôpitaux ruraux ont beaucoup de mal à se maintenir. Laissez-moi vous raconter une histoire qui va vous donner une idée de ce que nous attend. Par exemple, en Caroline du nord, quand l'expansion des bénéfices de Medicaid a été refusée, j'avais rencontré une jeune femme du nom de Portia. Elle est la première personne de Belhaven en Caroline du nord, une communauté rurale, à mourir parce que l'hôpital était fermé ; l'État avait refusé d'étendre les bénéfices de Medicaire. Elle n'a pas pu survivre ; elle est morte dans le terrain de stationnement d'une école en attente qu'un hélicoptère vienne la chercher. Le médecin a déclaré que si l'hôpital avait été fonctionnel, elle aurait probablement survécu parce qu'elle aurait eu les soins à l'intérieur de ce que nous appelons « l'heure dorée ». Cette proposition de loi va encore plus loin et nous allons entendre parler de plus en plus de coupes budgétaires dans les hôpitaux, de plus en plus d'hôpitaux incapables de poursuivre leur mission et de prendre soin des gens.
Amy et Juan, je veux retourner chez-moi et trouver des gens qui vont observer comment les vies des populations seront affectées. Nous devons commencer à parler de cette proposition de loi comme d'une forme de meurtre social et politique, d'un projet social et politique de caractère mortel ; ils savent ce qu'ils font. Et si j'utilise le terme « meurtre » c'est parce qu'ils savent qu'il y aura des morts. Les études démontrent ce qui se passe quand l'accès aux soins de santé diminuent, mais ils vont de l'avant. Même en plein milieu de la nuit. Ils ne veulent pas de débats durant le jour quand les gens sont éveillés et peuvent voir ce qui se passe. Ils le font la nuit parce que c'est une énorme, grande, mauvaise, horrible, mortifère proposition de loi destructive.
J.G. : Mgr Barber, il y a des Républicains.es qui ont tardé à voter pour cette proposition parce qu'ils et elles veulent encore augmenter les coupes budgétaires. Comment pensez-vous que les gens devraient résister à ces manœuvres durant les jours à venir au Congrès ?
W.B. : Les budgets sont des documents moraux. C'est pour cela que nous convoquons les gens à nous rejoindre le lundi 2 juin, pour une messe qui sera célébrée devant la Cour suprême et le Capitol. Ce sera la messe du lundi moral. Le clergé sera en vêtements cléricaux. Il a de l'impact sur les gens et sur d'autres avocats.es de la cause. Nous devons apparaître partout et déclarer qu'il ne s'agit pas de soutient aux Démocrates ou aux Républicains.es, ou de la gauche ou de la droite ; c'est vraiment au sujet du bien et du mal.
Et cela devrait être notre préoccupation principale, car si vous acceptez qu'un tel budget passe, vous démantelez le gouvernement. Et c'est ce qu'ils cherchent : démanteler l'État, l'administration de l'État. C'est mortel et destructeur. Nous devons l'identifier comme un enjeu moral. Et nous devons mettre des visages sur ceux et celles qui seront heurtés.es, sur ce qui va se passer. J'en appelle à tous les médias, pour qu'ils mettent sur la carte des États-Unis où les diminutions de budget vont frapper, vont affecter des personnes en dehors de votre communauté et la vôtre aussi bien sûr.
Tous les élus.es démocrates et ceux et celle des républicains qui sont contre cette proposition de budget, devraient inviter des personnes touchées à occuper les galeries (de la Chambre des représentants). Elles devraient défiler dans les couloirs du Capitol pour rendre visible qui sera touché, quelles vies sont mises en jeu.
C'est un moment crucial pour les États-Unis, pour les voix morales du pays. Nous ne pouvons pas nous défiler. Si cela devient effectif, disons pendant 10 ans, ce sont 10 années où ce pays sera handicapé et blessé. C'est ce qui va se passer avec ce budget. Et il ne s'agit pas de ce qu'ils coupent il s'agit aussi de ce qu'ils financent. Ils financent des programmes qui vont apporter encore plu de mort, d'expulsion et de destruction.
Par quelque côté que vous examiniez cela, c'est une énorme, grande, horrible, mortifère, mauvaise, destructive, et handicapante proposition de loi contre laquelle nous devons nous élever de toutes les façons possibles. Personne ne doit se défiler, spécialement les leaders moraux, les pasteurs, le clergé, les imams et les rabbins qui s'occupent des gens et s'en soucient. Parce que c'est nous, particulièrement les dirigeants.es des congrégations, qui vont enterrer les morts.es, qui devront être avec les familles qui seront affaiblies par cette grande, énorme, horrible, mortifère, destructive et handicapante proposition de loi avec laquelle on veut nous assommer.
(…)
Je ne connais pas l'état d'esprit des gens quand ils se lèvent le matin, quelle mythologie est installée dans leur tête mais ce qu'on peut imaginer, c'est que la moindre des choses est d'imaginer combien de personnes vous allez heurter, combien de vies vous mettez à risque, combien vous allez en détruire, avec combien de mauvaises politiques. C'est fou. Et pour ceux et celles d'entre nous qui ne sont pas frappés.es par cette maladie il est temps de se tenir debout.
A.G. : Mgr Barber, (…) merci beaucoup d'avoir été avec nous.
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Donald Trump et l’Internationale brune

La spectaculaire victoire de Donald Trump à l'élection américaine de 2025 est un tournant historique pour les peuples du monde entier.
Tiré de Inprecor
20 mai 2025
Par Michael Löwy
Netanyahou et Trump le 7 avril 2025 à la Maison Blanche. The White House - Public Domain
On peut longuement débattre de si cette victoire est le résultat des défaillances des Démocrates – de leur absence de programme, de leur adhésion au néolibéralisme – ou d'une réaction raciste et misogyne contre Kamala Harris. Grâce à un discours associant agressivité et vulgarité verbale, utilisation systématique de mensonges et fake news, ainsi que des arguments prétendument anti-élites et anti-establishment, il a réussi à obtenir une majorité absolue du vote populaire (1). Le résultat est en tout cas désastreux pour les peuples.
Son gouvernement est la représentation directe de la haute bourgeoisie, de l'oligarchie fossile (pétrole, charbon, etc.) et du grand capital financier : jamais autant de milliardaires – dont Elon Musk est l'exemple le plus frappant – n'ont été présents au sommet de l'État américain (2).
L'élection de Trump n'est que la dernière manifestation d'une vague d'extrême droite réactionnaire, autoritaire ou néofasciste sur toute la planète : elle gouverne déjà beaucoup de pays de plusieurs continents. Parmi les exemples plus connus : Modi (Inde), Orban (Hongrie), Erdogan (Turquie), Meloni (Italie), Milei (Argentine), Netanyahou (Israël). Poutine (Russie) n'est pas très loin de ce modèle. Dans d'autres pays de l'Europe et de l'Amérique latine, ce courant n'est pas encore au pouvoir, mais n'est pas loin de la victoire. C'est bien entendu le cas de la France, où le Rassemblement national de Le Pen est un sérieux candidat au pouvoir.
Trump est sans doute le plus dangereux de ces personnages, parce qu'il se trouve à la tête de l'empire capitaliste le plus puissant, du point de vue économique et militaire. Sa victoire est aussi un formidable encouragement à cette Internationale brune en formation, que des personnages comme Steve Bannon essayent d'organiser.
Dans le cas français – mais cela vaut pour la plupart des pays européens – l'essor du néofascisme est étroitement lié au racisme d'origine coloniale, comme le montrent Ugo Palheta et les autres auteurices de l'excellent ouvrage Extrême droite : la résistible ascension (3). Mais cette analyse ne s'applique pas, ou en tout cas, pas dans les mêmes termes, pour les mouvements néofascistes de pays du Sud global (Argentine, Brésil, Inde, etc.).
Les caractéristiques des néo-fascistes
Malgré leur diversité, certains traits sont communs à la majorité, sinon à tous ces dirigeants et/ou mouvements : l'autoritarisme, le nationalisme intégral – « Deutschand über alles » et ses variantes locales : « America First », « O Brasil acima de tudo », etc. –, le racisme et la violence policière/militaire comme seule réponse aux problèmes sociaux. La caractérisation comme fasciste ou semi-fasciste peut s'appliquer à certains, mais pas à tous.
Enzo Traverso utilise le terme de « post-fascisme », en désignant à la fois une continuité et une différence. Alberto Toscano propose quant à lui, le terme de « fascisme tardif », pour mettre en évidence le changement résultant du contexte socio-économique. Miguel Urban, dans un brillant livre récent qui embrasse l'ensemble de ces mouvements (4), parle de « Trumpisme », en référence au poids du modèle américain. J'utilise plutôt le concept de « néofascisme » pour désigner à la fois la nouveauté et la ressemblance. Mais tous ces termes sont utiles pour rendre compte de ces nouvelles formations.
Fascistes ou populistes ?
Par contre, le concept de « populisme », employée par certains politologues, par les médias et même par une partie de la gauche, est parfaitement incapable de rendre compte du phénomène en question, et ne sert qu'à semer la confusion. Si dans l'Amérique latine des années 1930 jusqu'à 1960 le terme correspondait à quelque chose de relativement précis – le varguisme, le péronisme, etc. – son usage en Europe à partir des années 1990 est de plus en plus vague et imprécis.
On définit le populisme comme « une position politique qui prend le parti du peuple contre les élites », ce qui est valable pour presque n'importe quel mouvement ou parti politique ! Ce pseudo-concept, appliqué aux partis d'extrême droite, conduit – volontairement ou involontairement – à les légitimer, à les rendre plus acceptables, sinon sympathiques – qui n'est pas pour le peuple contre les élites ? – en évitant soigneusement les termes qui fâchent : racisme, xénophobie, fascisme, extrême droite. « Populisme » est aussi utilisé de façon délibérément mystificatrice par des idéologues néolibéraux pour opérer un amalgame entre l'extrême droite et la gauche radicale, caractérisées comme « populisme de droite » et « populisme de gauche », puisque opposées aux politiques libérales, à l'« Europe », etc.
Aujourd'hui et les années 30
S'agirait-il d'un retour aux années 1930 ? L'histoire ne se répète pas : on peut trouver des ressemblances ou des analogies, mais les phénomènes actuels sont assez différents des modèles du passé. Surtout, nous n'avons pas – encore – des États totalitaires comparables à ceux d'avant-guerre. L'analyse marxiste classique du fascisme le définissait comme une réaction du grand capital, avec le soutien de la petite-bourgeoise, face à une menace révolutionnaire du mouvement ouvrier. On peut s'interroger si cette interprétation rend vraiment compte de l'essor du fascisme en Italie, Allemagne et Espagne, dans les années 20 et 30. En tout cas, elle n'est pas valable dans le monde actuel, où l'on ne voit, nulle part, de « menace révolutionnaire ». Mais il y a un aspect de l'analyse marxiste du fascisme classique qui est pertinent pour notre époque : le désir de la grande bourgeoisie industrielle, financière et rurale de se débarrasser, une fois pour toutes, de l'ensemble des forces du mouvement ouvrier, politiques ou syndicales, qui imposaient certaines limites à l'exploitation. C'est ainsi qu'on a vu, par exemple en Allemagne, les partis bourgeois, de la droite ou du « centre », porter à la chancellerie du Reich, en janvier 1933, un certain Adolf Hitler qui n'avait pas réussi à obtenir une majorité dans les élections (voir à ce sujet les remarquables travaux de l'historien Johann Chapoutot) (5).
Les gouvernements ou partis de type néofasciste actuels se distinguent radicalement de ceux des années 1930, qui étaient « étatistes » et national-corporatistes du point de vue économique, par leur néolibéralisme extrême. Ils n'ont pas, comme dans le passé, des puissants partis de masse et des sections d'assaut uniformisées. Et ils n'ont pas la possibilité, au moins jusqu'à maintenant, de supprimer totalement la démocratie et créer un État totalitaire.
Si le fascisme des années 30 avait une base surtout petite-bourgeoise ou rurale, ce n'est pas le cas du néofascisme du 21e siècle, qui est implanté dans toutes les couches de la société, depuis la bourgeoisie jusqu'à la classe ouvrière. Certes, dans chaque pays la configuration sociologique du phénomène est spécifique. En France, les sondages semblent indiquer que le soutien au Lepenisme est plus fort chez les couches qui ont peur du déclassement et dans certaines franges de la grande bourgeoisie.
Les politiques d'extrême droite aujourd'hui
Comment expliquer cet essor de l'extrême droite ? On peut donner des explications propres à chaque pays, en fonction de son histoire, des forces politiques en présence, ou du rôle de la religion. Mais le phénomène est planétaire ! Il nous faut donc une explication à l'échelle mondiale. Les hypothèses proposées par la gauche – la chute de l'URSS, la crise économique de 2008, les politiques néolibérales, la mondialisation – sont pertinentes, mais insuffisantes.
Aux États-Unis, Donald Trump est en train de démanteler l'État de droit et la démocratie. On ne peut pas encore prévoir s'il réussira, et jusqu'où ira sa dérive autoritaire, raciste et xénophobe. On ne peut pas prévoir non plus si la résistance – des femmes, des immigré·es, des Afro-Américain·es, des ouvrier·es, de la jeunesse – qui a déjà commencé aux États-Unis sera capable de bloquer son offensive. Mais sa victoire signifie un changement important du rapport de forces à l'échelle internationale.
En Europe, l'extrême droite est déjà au pouvoir en Italie et en Hongrie, et participe au gouvernement en Hollande, Belgique, Suède et d'autres pays. De plus en plus influente, elle est une candidate sérieuse au pouvoir en France et (dans une moindre mesure) en Allemagne. Mais le phénomène ne se limite pas aux pays capitalistes avancées : en Inde, Modi, héritier du mouvement fasciste hindouiste des années 1930, persécute les musulmans, tandis que les États musulmans autocratiques (Iran, Afghanistan), attaquent les minorités religieuses et les femmes.
En Amérique latine aussi on trouve différentes sortes de régimes ou mouvements autoritaires. Un des plus répressifs est la dictature de la famille Ortega au Nicaragua, suivi du gouvernement de Bukele au Salvador. Mais le principal axe de l'extrême droite néofasciste se trouve dans le cône Sud. Les trois principaux exemples sont Javier Millei, déjà au pouvoir en Argentine, Bolsonaro, pour le moment neutralisé, au Brésil, et José Antonio Kast, candidat au pouvoir au Chili. Millei est le plus fanatiquement néolibéral, Bolsonaro (ou ses partisans) le plus attaché à l'héritage de la dictature, et Kast celui qui a les racines nazies (sa famille allemande). Ce que Anibal Quijano désignait comme « la colonialité du pouvoir » en Amérique latine est une piste intéressante pour comprendre ce phénomène dans les pays du continent, ainsi que, dans le cas du Brésil, les quatre siècles d'esclavage. Il faut ajouter, bien entendu, l'héritage des sanglantes dictatures militaires dans ces trois pays, entre 1964 et 1976.
Plus difficile est de comprendre l'adhésion de vastes couches populaires à ces représentants du néofascisme latino-américain : est-ce la déception par rapport aux gouvernements de centre-gauche ? Est-ce la peur du déclassement, ou la panique suscitée par l'inflation ? Est-ce une situation de crise économique et/ou politique ? Encore une fois, chaque pays à des causes spécifiques, mais le phénomène s'étend à diverses nations du continent, et n'est pas sans avoir des affinités avec Trump, qui sert d'inspiration et de modèle.
Sept caractéristiques
Malgré leurs différences, toutes ces figures de l'Internationale brune de l'extrême droite, autoritaire et/ou néofasciste, du Nord au Sud global, ont beaucoup en commun :
1) L'autoritarisme, l'adhésion à un homme fort, un chef, un Duce capable de « restaurer l'ordre »,
2) L'idéologie répressive, le culte de la violence policière, l'appel au rétablissement de la peine de mort, et à distribuer des armes à la population pour sa « défense contre les criminels »,
3) Au nom d'une prétendue « défense de la famille », le refus de l'avortement et l'intolérance envers les sexualités dissidentes (LGBTI). C'est un thème agité, avec un certain succès, par des secteurs religieux réactionnaires, souvent néo-pentecôtistes, mais parfois aussi catholiques. C'est l'aspect proprement conservateur de leur idéologie,
4) Le néo-libéralisme le plus débridé, le démantèlement des services publics, la privatisation et la marchandisation générales,
5) La haine de la gauche, des syndicats, des mouvements sociaux, notamment le féminisme, l'antiracisme et l'écologie (dénoncés comme « woke »),
6) La négationnisme de la crise climatique, le refus de mesures écologiques minimales.
7) Le racisme et/ou l'intolérance religieuse, la persécution des minorités, des immigrés, souvent aussi des femmes.
Comment lutter ?
Léon Trotsky avait proposé, au début des années 1930, une stratégie de Front unique ouvrier – incluant toutes les forces du mouvement ouvrier, révolutionnaires ou réformistes – pour résister à la montée du nazisme. L'unité de la gauche reste, encore aujourd'hui, le point de départ indispensable pour confronter l'offensive néo-fasciste.
Mais il faut aussi prendre en compte que le système capitaliste, surtout en périodes de crise, produit et reproduit constamment des phénomènes comme le fascisme, les coups d'État et les régimes autoritaires. La racine de ces tendances est systémique, et l'alternative doit être radicale, c'est-à-dire anti-systémique.
L'enjeu pour les révolutionnaires est de garder le cap sur la rupture avec le système, tout en évitant l'isolement sectaire ; de promouvoir et participer à l'unité de toute la gauche, sans tomber dans les ornières du réformisme. Dans certains pays comme le Brésil, soutenir (critiquement) des gouvernements de centre-gauche contre la menace fasciste, tout en gardant son indépendance et œuvrant à la constitution d'une force anticapitaliste. Il n'y a pas pour cela de recette magique. Dans chaque pays la configuration est différente, et c'est la tâche des révolutionnaires de trouver les modalités concrètes pour associer l'unité et la radicalité. Avec toutes ses limites, le Nouveau Front populaire français est – ou a été ? – une tentative importante de constituer une alliance antifasciste, sur un programme de rupture avec le néolibéralisme.
En 1938, Max Horkheimer, un des principaux penseurs de l'École de Francfort de la Théorie critique, écrivait « si vous ne voulez pas parler du capitalisme, vous n'avez rien à dire sur le fascisme ». En d'autres termes, l'antifasciste conséquent est un anticapitaliste.
Le 28 avril 2025
Notes
1. Voir l'entretien de Laura Camargo dans Inprecor, avril 2025, « Le discours trumpiste a entraîné un changement radical dans la façon de comuniquer des droites mondiales ».
2. Voir le brillant article de John Bellamy Foster, “The US ruling class & the Trump Regime", Monthly Review, vol 78, n° 11, April 2025. Foster décrit Trump comme un néofasciste.
3. Préface de Johann Chapoutot, Postface de Clémence Guetté, coordonné par Ugo Palheta, Paris, Éditions d'Amsterdam, 2024.
4. Trumpismos, neoliberales y utoritarios, Verso Libors, 2024.
5. Johann Chapoutot, Irresponsables. Qui a porté Hitler au pouvoir ? Paris, Gallimard, 2025.
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La guerre où le corps des femmes a perdu ses droits

La guerre à Gaza n'est pas seulement une histoire de décombres et de frappes aériennes. C'est l'histoire d'une fillette qui a ses règles sous les bombardements, de la mère qui saigne en silence et fait une fausse couche sur des sols froids ou qui accouche sous des drones.
Tiré de Mondoweiss
Par Mariam Khateeb 19 mai 2025 0
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Beit Lahia, au nord de Gaza, le 20 février 2025. (Photo : Omar Ashtawy/APA Images)
En octobre, j'ai saigné pendant dix jours sans avoir accès à une vraie salle de bain.
La maison où nous nous sommes enfuis – comme la plupart des abris à Gaza – n'avait aucune intimité. Quarante personnes dormaient dans deux pièces. La salle de bain n'avait pas de porte, seulement un rideau déchiré. Je me souviens d'avoir attendu que tout le monde dorme pour pouvoir me nettoyer avec une bouteille d'eau et des bouts de tissu. Je me souviens d'avoir prié pour ne pas tacher le matelas que je partageais avec trois cousins. Je me souviens de la honte – non pas de mon corps, mais de ne pas pouvoir en prendre soin.
En temps de guerre, le corps perd ses droits, surtout le corps féminin.
Les gros titres parlent rarement de cela, de ce que cela signifie pour une fille d'avoir ses règles sous les bombardements, des mères forcées de saigner en silence et de faire une fausse couche sur des sols froids ou d'accoucher sous des drones. La guerre à Gaza n'est pas seulement une histoire de décombres et de frappes aériennes. C'est l'histoire de corps interrompus, envahis et privés de repos. Et pourtant, d'une manière ou d'une autre, ces corps continuent.
En tant que femme palestinienne et étudiante déplacée vivant maintenant en Égypte, je porte ce souvenir corporel avec moi. Non pas comme une métaphore, mais comme un fait. Mon corps tressaille encore aux bruits forts. Ma digestion vacille. Mon sommeil se présente par fragments. Je connais beaucoup de femmes – des amies, des parentes, des voisines – qui ont développé des maladies chroniques pendant la guerre, qui ont perdu leurs règles pendant des mois, dont les seins se sont desséchés en essayant d'allaiter dans des refuges. La guerre entre dans le corps comme une maladie et y reste.
Le corps de Gaza est une carte d'interruption. Il apprend tôt à se contracter – à prendre moins de place, à rester en alerte, à réprimer le désir, la faim, le saignement. La nature publique du déplacement détruit la vie privée, tandis que la peur constante ronge le système nerveux. Les femmes qui gardaient autrefois leur pudeur changent maintenant de vêtements devant des inconnus. Les filles arrêtent de parler de leurs cycles. La dignité devient un fardeau que personne ne peut se permettre.
C'est le paradoxe de la survie : le même corps à qui l'on refuse la sécurité devient l'instrument de la résistance. Les femmes font bouillir des lentilles à la lueur des bougies, elles calment les enfants dans les sous-sols, elles bercent les mourants. Ces actes ne sont pas passifs ; Ils sont radicaux. Avoir ses règles, porter, nourrir, apaiser – au milieu de la destruction – c'est insister sur la vie.
Je reviens encore et encore à l'image de ma mère pendant la guerre. Le dos penché sur une casserole, les mains tremblantes, les yeux scrutant le plafond à chaque bruit. Elle n'a pas mangé avant que tout le monde ne le fasse. Elle n'a pas dormi avant que les enfants ne le fassent. Son corps portait à la fois l'architecture de la guerre et de la maternité. Je me rends compte maintenant à quel point son épuisement était politique – comment son travail, comme celui de tant de femmes palestiniennes, a défié la logique de l'anéantissement.
Il n'y a pas de tente pour le corps à Gaza. Pas d'espace sûr où le corps féminin peut se déployer sans crainte. La guerre nous dépouille – non seulement de nos maisons et de nos biens, mais aussi des rituels qui nous rendent humains : le bain, les règles, le deuil en privé. Mais même sans abri, notre corps perdure. Ils se souviennent. Ils résistent.
Et peut-être, dans leur persévérance tremblante, écrivent-ils l'histoire la plus vraie de toutes.
Mariam Khateeb
Mariam Mohammed El Khatib est une écrivaine, poète et militante palestinienne de Gaza. Elle étudie la dentisterie en Égypte, où elle poursuit également son travail littéraire. Ses écrits – publiés sur des plateformes telles que This Week in Palestine, We Are Not Numbers et Avery Review – explorent les thèmes de la mémoire, de la guerre et de la résistance, en particulier d'un point de vue féministe et existentiel. Elle utilise la narration comme une forme de résistance culturelle, documentant l'expérience palestinienne et amplifiant les voix de son peuple.
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Les invisibles

Depuis le 7 octobre, on trouve en Israël des dizaines de milliers de photographies affichées sur les murs. Il est impossible d'échapper à ces visages : ceux des victimes du massacre. Les mêmes images sont diffusées de manière répétitive dans les médias. Pourtant, ces médias semblent souffrir d'un angle mort : celui des victimes civiles de l'autre camp, qui restent invisibles.
Tiré du blogue de l'auteur.
Depuis le 7 octobre, on trouve en Israël des dizaines, voire des centaines de milliers de photographies — souvent de petite taille — affichées sur les murs des abribus, les kiosques, dans les stations de train… En somme, elles envahissent l'ensemble de l'espace public. Il est impossible d'échapper à ces visages : ceux des victimes du massacre, des disparus et des otages, accompagnés d'une phrase qui leur est attribuée à titre posthume.
Rien de plus naturel que cette volonté de rendre hommage aux êtres chers ou de partager la douleur de leur perte. Traumatisée, la population israélienne cherche ainsi à faire face à ce qui fut sans doute l'un des événements les plus dramatiques de l'histoire du pays. Rapidement, les portraits des otages prennent une place prépondérante, souvent réunis sur un seul panneau, tels une iconostase tragique.
Ces panneaux, accompagnés de l'inscription « Ramenez-les à la maison maintenant », sont devenus le cri de ralliement d'une société pour laquelle il est impensable d'abandonner un soldat ou un civil entre les mains de l'ennemi.
C'est sur une place située en face du musée d'art contemporain de Tel-Aviv — jouxtant également la bibliothèque principale de la ville —, rebaptisée pour l'occasion « la Place des Otages » et devenue le principal lieu de contestation contre la poursuite de la guerre, que la densité de ces portraits d'absents prend toute son importance.
La proximité du musée — ce lieu consacré à d'autres types d'images, resté fermé pendant une longue période après le 7 octobre — crée un contraste étrange avec la rupture brutale introduite par ces nouveaux visages, qui captent désormais toute l'attention des passants.De plus, pendant de longs mois, « la Place des Otages » est occupée par des monuments improvisés, touchants dans leur maladresse. Leurs auteurs, souvent anonymes, évitent toute forme de sophistication et s'adressent directement aux nombreux visiteurs qui parcourent ce lieu de mémoire.
Les mêmes images sont diffusées de manière répétitive dans les médias — télévision, journaux, réseaux sociaux — afin d'éviter que le sort des victimes ne sombre dans l'oubli. Pourtant, ces médias semblent souffrir d'un angle mort : celui des victimes civiles de l'autre camp, qui restent invisibles — sauf, parfois, dans le journal Haaretz ou sur la chaîne 13.
Les quelques tentatives de briser cette cécité ont été empêchées, les journalistes étrangers n'ayant pas le droit d'exercer leur métier. Plus grave encore, les journalistes israéliens admis à Gaza n'ont accès qu'aux activités liées au Hamas, essentiellement aux tunnels et aux dépôts d'armes. Volontairement ou non, ces reportages contribuent à justifier la prolongation d'un conflit d'une violence inouïe.
Les rares apparitions des Palestiniens à l'écran se limitent à des foules en mouvement, sans jamais s'arrêter sur la souffrance d'un individu particulier. Tout porte à croire que ces images pourraient ébranler la certitude selon laquelle le conflit armé doit se poursuivre malgré les « dégâts collatéraux ».
Ce filtrage s'explique sans doute par un réflexe de solidarité nationale et par la nécessité de refouler une réalité insupportable.
Il suffit d'écouter Eli Bar-Navi, ancien ambassadeur d'Israël en France et fervent défenseur d'une paix durable au Moyen-Orient, qui affirme comprendre que les Israéliens pleurent d'abord leurs compatriotes. Néanmoins, il est difficile d'accepter une telle invisibilisation, un tel déni, dans une société qui se revendique fièrement humaniste.
Cette situation n'est pas nouvelle. Depuis longtemps, l'image du Palestinien est pratiquement absente du regard du public juif en Israël. Devenu une menace, il n'est plus représenté comme un individu réel. Presque jamais nommé, doté d'un caractère collectif, il incarne la terreur existentielle qui étreint le protagoniste juif et l'empêche de vivre sa vie comme il l'aurait souhaité.
Des exceptions existent néanmoins, notamment lorsque des artistes cherchent à confronter le public à cette histoire en recourant à des documents dits « objectifs » : photographies, cartes, journaux… Ainsi, en novembre 2003, une exposition présentée au Musée national d'Israël à Jérusalem montra les œuvres de David Reeb, réalisées à partir de photographies prises dans les territoires par Michael Kratzman et Alex Levac. À partir de ces images, Reeb exécuta des toiles de grand format, de facture réaliste, véritables constats grandeur nature d'une réalité tragique et de ses personnages. Isolées par des parois, ces œuvres formaient parfois un story-board éclaté, une mosaïque juxtaposant deux réalités qui se côtoient sans vraiment se voir.
Sans détails, sans précision, sans virtuosité illusionniste, ces toiles semblent, malgré leur taille, peintes à la hâte, dans une urgence palpable — comme des croquis réalisés, si l'on ose dire, sur le motif. Ce sont des images d'une réalité prosaïque que le public israélien ne voit pas. Isolées, agrandies, extraites de leur contexte médiatique et projetées dans l'espace artistique, retouchées par l'artiste qui laisse visibles les traces de la matière picturale, elles acquièrent une qualité improvisée, presque maladroite.
Le travail de Reeb rappelle que, dans une société en conflit, même si tout peut être visible, tout n'est pas montrable — et encore moins regardé. Il souligne aussi que cette cécité partielle, cette forme d'autisme développée par la société israélienne, n'est plus tenable lorsqu'il s'agit de la société palestinienne.
La différence est simple mais cruciale : quand l'occupé voit sans cesse l'occupation — car elle détermine et enferme son espace vital sans alternative — l'occupant, lui, s'efforce d'oblitérer tout signe visible de cette occupation, adoptant une attitude qui lui permet de prétendre qu'elle n'existe pas, ou du moins, de n'en tenir aucun compte. L'expression camera obscura prend ici tout son sens, et ce n'est pas un hasard si une autre exposition de Reeb organisée à Tel-Aviv portait ce titre. Pour dire les choses sans détour : ce sont des œuvres créées sous occupation.
Soyons justes : ce déséquilibre visuel n'est pas l'apanage des médias israéliens. La représentation de l'Israélien, voire du Juif, dans les médias arabes n'est guère meilleure. Peut-être, un jour, un historien de l'art palestinien posera-t-il, à son tour, un regard critique sur la manière dont son peuple se représente l'« autre ». Peut-être, un jour aussi, les Palestiniens accepteront-ils l'idée que, parmi les Israéliens, certains tournent leur regard vers eux sans haine.
Itzhak Goldberg
Professeur émérite en Histoire de l'art à l'Université Jean
Monnet à Saint- Etienne`
Critique à Journal des Arts
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Une presse « objective » ne vous alertera pas sur les menaces qui pèsent sur la démocratie

Intercept : Trump poursuit une démocrate du Congrès pour avoir fait son travail. La réponse des médias : Pas grave.
Natasha Lennard (Intercept (20/05/25) : « Les organes de presse devraient... ont depuis longtemps cessé d'accorder à l'administration Trump une couverture aussi crédule ».
Tiré de la page web de FAIR
https://fair.org/home/an-objective-press-wont-alert-you-to-threats-to-democracy/
Jim Naureckas
Un article de FAIR (22/05/25) sur la défense sélective de la liberté de la presse par l'éditeur du New York Times A.G. Sulzberger (New York Times, 13/05/25) l'a décrit comme quelqu'un qui « s'accroche au faux dieu de la neutralité journalistique à tout prix ». L'article de Natasha Lennard dans The Intercept (20/05/25) sur la couverture médiatique de l'arrestation par l'administration Trump de la représentante LaMonica McIver (D-N.J.) illustre ce que nous entendons par là.
McIver, a écrit Lennard, a été accusée d'avoir « agressé » un agent de l'ICE lorsqu'elle « a tenté d'effectuer une visite de surveillance plus tôt ce mois-ci dans un nouveau centre de détention de l'ICE dans sa ville natale de Newark, dans le New Jersey ». Une telle surveillance fait partie du devoir constitutionnel des représentants et est spécifiquementautorisée par la loi dans le cas des installations de l'ICE. Lennard a noté que si cela s'était produit dans un autre pays – un pays qui n'a pas la faveur de Washington – cela aurait été rapporté, assez précisément, comme quelque chose comme : « Le régime cible les politiciens de l'opposition avec des accusations fabriquées de toutes pièces pour avoir exercé une surveillance ».
Mais comme cela s'est produit aux États-Unis, ce n'est pas ainsi que les principaux organes de presse américains, y compris le New York Times (19/05/25), l'ont rapporté. « Le représentant McIver accusé d'agression à la suite d'un affrontement à l'extérieur du Newark ICE Center » était le titre du Times à propos d'un article qui suivait le livre de style du Times. "Les deux parties ont montré du doigt des vidéos de la bagarre chaotique... pour s'accuser mutuellement d'être à l'origine de l'altercation.
Comme l'a fait remarquer le sous-titre de The Intercept, « Vous ne sauriez jamais en lisant le New York Times que les accusations contre la représentante LaMonica McIver ne sont rien d'autre qu'une attaque autoritaire. » L'article du Times n'a pas fourni le contexte selon lequel l'ICE a saisi des immigrants sans procédure régulière et les a expédiés dans des prisons étrangères enviolation des ordonnances du tribunal – un contexte essentiel pour juger si la poursuite d'un législateur qui a tenté d'enquêter sur l'agence est de bonne foi.
NYT : Le représentant McIver accusé d'agression lors d'un affrontement à l'extérieur du Newark ICE Center
« Clash » est un mot utile si vous voulez faire passer un législateur non armé pour un adversaire égal pour les commandos de la Sécurité intérieure (New York Times, 19/05/25).
Dans son essai, Sulzberger a averti que sans la liberté de la presse, les gens pourraient ne pas savoir quand leurs droits sont retirés ou que les structures démocratiques sont sapées :
Sans une presse libre, comment les gens sauront-ils si leur gouvernement agit légalement et dans leur intérêt ? Comment les gens sauront-ils si leurs dirigeants disent la vérité ? Comment les gens sauront-ils si leurs institutions agissent dans l'intérêt de la société ? Comment les gens sauront-ils si leurs libertés sont soutenues, défendues et défendues – ou érodées par des forces qui cherchent à remplacer la vérité et la réalité par la propagande et la désinformation ?
Mais si vous suivez l'approche du Times en matière de journalisme, dans laquelle vous ne devez jamais dire que quelque chose se passe si quelqu'un au pouvoir prétend que ce n'est pas le cas, alors votre public ne saura pas quand son gouvernement agit illégalement ou nie la vérité et la réalité. (« Vous ne pouvez pas simplement dire que le président ment », a déclaré la journaliste du Times Elisabeth Bumiller à un panel de DC – Extra !,1-2/05 – exprimant une règle réelle qui a été appliquéemême aux chroniqueurs d'opinion du journal.)
Les journalistes ont inévitablement, inéluctablement, des valeurs, et ces valeurs influencent nécessairement ce qu'ils communiquent à leurs publics. S'ils valorisent la démocratie, ils communiquent à leur auditoire que les arrestations de législateurs de l'opposition sont dangereuses. Si, d'un autre côté, ils accordent plus d'importance à l'apparence de neutralité qu'à toute autre chose, alors le message que les lecteurs recevront est : Qui peut le dire ?
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Sensibiliser à l’industrie de la mode rapide

La CQMMF a produit une série de vignettes visant à sensibiliser à l'industrie de la mode rapide. On y observe les mêmes mécanismes employés par les entreprises transnationales pour maximiser leur profits que dans d'autres domaines, tel que l'énergie, l'alimentation ou les mines.
Tiré de l'Infolettre de la Coalition Québécoise de la Marche Mondiale des femmes CQMMF
Seulement dans l'industrie de la mode ?
Si l'industrie de la mode rapide (fast fashion) est ici citée en exemple, nous souhaitons rappeler que les entreprises transnationales utilisent des mécanismes similaires pour maximiser leurs profits. Voici quelques exemples : décolalisation pour bénéficier des normes plus laxistes, rémunération à bas salaire, pollution de l'environnement voir destruction de l'écosystème, barrière à la syndicalisation, contexte de travail dangereux, etc.
Pour toutes les visionner cliquer sur ce lien : ici
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Leadership féminin

Renforcement du leadership féminin : 20 femmes formées dans le cadre du projet "Chanjman Bèl, Nap Fèl"
Port-au-Prince, 17 mai 2025-Du 12 au 16 mai 2025, l'organisation Refuge des Femmes d'Haïti (Ref-Haïti) a tenu une formation intensive à Port-au-Prince, dans les locaux de Housing Works Haiti, à destination de vingt femmes issues de milieux divers. Cette initiative s'inscrit dans le cadre du projet "Chanjman Bèl, Nap Fèl", appuyé par l'Organisation des États Américains (OEA) et l'Ambassade du Canada en Haïti.
L'objectif de cette formation était clair : renforcer les capacités de leadership féminin en mettant l'accent sur des enjeux majeurs tels que les violences basées sur le genre (VBG), les droits en santé sexuelle et reproductive (DSSR), la prévention du VIH, mais également l'éducation civique, le marketing social et l'entrepreneuriat féminin.
Les participantes ont bénéficié d'un cadre interactif favorisant la participation active, les échanges d'expériences, la réflexion critique et la mise en réseau. Pour les organisateurs, cette dynamique constitue une étape cruciale vers l'autonomisation des femmes à l'échelle communautaire.
Avec ce projet, Ref-Haïti et ses partenaires entendent non seulement renforcer les compétences individuelles des participantes, mais aussi favoriser l'émergence de nouvelles voix féminines engagées dans les dynamiques sociales, économiques et politiques du pays.
À travers "Chanjman Bèl, Nap Fèl", c'est une vision inclusive du changement qui prend forme : celle d'une Haïti où les femmes ne sont pas seulement bénéficiaires, mais véritables actrices du progrès.
Smith PRINVIL
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À Malen, des femmes qui luttent pour les terres et les moyens de subsistance

Dans lachefferie de Malen , au sud de la Sierra Leone, le palmier à huile est plus qu'une simple culture commerciale. Depuis des générations, les femmes de cette région dépendent de cette ressource pour se nourrir, générer des revenus et avoir une stabilité économique. Cependant, l'arrivée des plantations industrielles de palmiers à huile a bouleversé leurs moyens de subsistance traditionnels, car des multinationales comme SOCFIN Agricultural Company (SAC) accaparent les terres, souvent sans le consentement des communautés locales.
Tiré de Entre les lignes et les mots
https://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2025/04/04/larticulation-des-femmes-decvc-envoie-une-lettre-ouverte-a-hansen-sur-la-position-des-femmes-dans-la-vision-pour-lagriculture-et-lalimentation-autre-texte/?jetpack_skip_subscription_popup
Depuis 2011, la SAC, une filiale de la multinationale SOCFIN basée au Luxembourg, a acquis plus de 18 000 hectares de terres pour la production industrielle d'huile de palme dans la chefferie de Malen. Il s'en est suivi un conflit foncier acharné entre l'entreprise, les autorités locales et les communautés, qui s'est intensifié, donnant lieu à des violences, des déplacements forcés et une lutte incessante pour la justice. Au cœur de la tourmente, les femmes de la chefferie de Malen se sont organisées et luttent pour protéger leurs terres et leur mode de vie.
Jeneba Samuel : une histoire de résilience
Jeneba Samuel, veuve et agricultrice de la section Panina dans la chefferie de Malen, incarne la résilience de sa communauté. Pendant des années, elle a cultivé du riz et des palmiers à huile sur des terres héritées de feu son père, faisant vivre sa famille grâce à l'agriculture. Cependant, en 2011, sa vie a basculé lorsque le chef suprême et d'autres dirigeant·es communautaires ont vendu les terres familiales à la SAC sans son consentement.
« Ils ont pris nos terres sans nous demander notre avis », se souvient Jeneba. « Quand j'ai essayé de me battre pour les récupérer, j'ai été battue et agressée sexuellement par cinq hommes. Cela a été une expérience douloureuse, et ça l'est encore aujourd'hui. »
Jeneba a porté son affaire devant la police et la Commission nationale des droits humains, mais aucune mesure n'a été prise. En quête de soutien, elle a rejoint l'Association des propriétaires et usagers de terres de Malen (MALOA), une association créée en 2011 pour lutter contre les accaparements de terres dans la chefferie. Malgré leurs efforts, Jeneba et les autres femmes concernées n'ont pas pu récupérer leurs terres.
« Je n'ai plus rien », dit-elle. « Pas de terre à cultiver, aucune indemnité reçue de l'entreprise, aucun emploi pour ma famille ou moi-même. Nous luttons pour survivre. »
L'histoire de Jeneba est révélatrice d'un problème plus large dans la chefferie de Malen. Les femmes qui dépendaient autrefois du palmier à huile et de leurs autres cultures pour nourrir leurs familles et générer des revenus sont aujourd'hui confrontées au déplacement forcé et à la précarité économique. Les plantations de la SAC n'ont pas seulement pris leurs terres, elles ont également perturbé le tissu social et économique de la communauté.
« Les dirigeants partagent les bénéfices avec ceux qu'ils connaissent », explique Jeneba. « Les autres comme nous se retrouvent sans rien. »
Unrapport publié en 2017 par FIANBelgique fait écho aux affirmations de Jeneba. Il a révélé de graves allégations de corruption et un manque de transparence dans les opérations de SOCFIN. Les fonds destinés au paiement des loyers fonciers ont été détournés au profit des élites locales, sans qu'aucun compte ne soit rendu. Le rapport a également mis en évidence un fossé entre les promesses de SOCFIN en matière de responsabilité sociale des entreprises et la réalité. Entre 2011 et 2017, la société a annoncé qu'elle consacrerait 16,4 millions d'euros à des projets communautaires, notamment des écoles, des hôpitaux et des routes. Cependant, seuls 2,5 millions d'euros ont été effectivement déboursés.
Les femmes à la tête de la résistance
Malgré les adversités, les femmes de Malen ont fait preuve d'un courage et d'une détermination immenses. Le 21 septembre 2017, environ 150 à 200 femmes ont été bloquées par la police alors qu'elles se rendaient à Pujehun pour exiger que des mesures soient prises contre SOCFIN suites aux accaparements de terres et violations des droits humains. Les femmes, qui brandissaient des banderoles et des pancartes dénonçant les injustices, l'accaparement des terres et les arrestations généralisées, ont refusé de reculer.
« Nous avons tenu bon », raconte une participante. « Nous avons dit aux journalistes qui arrivaient sur les lieux que la paix était la voie à suivre, mais nous avons aussi clairement fait savoir que nous ne serions pas réduites au silence. »
Après plusieurs heures de confrontation, la plupart des femmes sont rentrées chez elles à contrecœur, mais six d'entre elles ont poursuivi la route jusqu'à Pujehun pour assister à une réunion de district des principales parties prenantes, qu'elles ont décrite comme une petite mais importante victoire.
Le conflit a atteint un point culminant tragique le 21 janvier 2019, lorsqu'un accrochage entre des membres de la communauté et la police et l'armée qui protégeaient les biens de la SOCFIN a tourné au drame. Deux personnes ont été tuées par balle. Dans les heures qui ont suivi, des descentes de police et de l'armée ont été menées dans les villages environnants. Des habitant·es ont été battu·es, des maisons vandalisées et des biens pillés. Des centaines de personnes ont fui leur domicile et 15 personnes ont été arrêtées, s'ajoutant ainsi à une longue liste de détentions arbitraires ciblant les militant·es de MALOA.
Dans ce contexte, une coalition d'organisations de la société civile sierra-léonaise et internationale a appelé à une action urgente.
Un appel à la solidarité et à l'action
L'appel de Jeneba est à la fois un appel à la résilience et à l'espoir. Elle exhorte ses camarades à rester fortes et à continuer à se battre pour leurs droits. « Nous ne devons pas abandonner », dit-elle. « L'avenir de nos enfants en dépend. »
Mais la lutte à Malen ne se limite pas à la terre : il s'agit de garantir un avenir durable à la communauté. Des femmes comme Jeneba Samuel sont en première ligne de cet effort et leur résilience témoigne de la force de celles qui refusent d'être réduites au silence.
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[1] Un Ejido est un terme utilisé au Mexique pour désigner une zone de terres communales utilisées pour l'agriculture dans laquelle les membres de la communauté ont des droits d'usufruit plutôt que des droits de propriété sur la terre – voir la fiche Ejido sur Wikipedia.
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