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À +2 °C, trois fois plus de régions seront touchées par des chaleurs insoutenables

11 février, par Magali Reinert — , ,
Avec un réchauffement de 2 °C, la part du globe concernée par des pics de chaleur dangereux pour les humains sera trois fois plus étendue qu'aujourd'hui, selon une étude. Une (…)

Avec un réchauffement de 2 °C, la part du globe concernée par des pics de chaleur dangereux pour les humains sera trois fois plus étendue qu'aujourd'hui, selon une étude. Une hausse attendue pour le milieu du siècle.

Tiré de Reporterre
6 février 2025

Par Magali Reinert

Des volontaires sprayent de l'eau sur les gens pour lutter contre la chaleur en mai 2024, à Hyderabad, au Pakistan, où il faisait entre 46 et 48 °C. - © Jan Ali Laghari / ANADOLU / Anadolu via AFP

Notre planète va devenir de plus en plus inhabitable à cause des vagues de chaleur. Selon une nouvelle étudepubliée le 4 février 2025 dans Nature Reviews Earth and Environment, les risques liés aux stress thermiques vont s'étendre fortement dans les décennies à venir.

Aujourd'hui, les régions du monde où des adultes en bonne santé sont en danger lors d'un épisode caniculaire représentent à peine 2 % des terres continentales. Une proportion qui passerait à 6 %, soit environ la surface des États-Unis, avec un réchauffement de 2 °C (par rapport à la température de l'ère pré-industrielle) attendu au milieu du siècle.

Un tiers des terres dangereuses pour les plus de 60 ans

Les risques sont encore plus critiques pour les personnes de plus de 60 ans : la proportion de régions dangereuses pendant les canicules passerait d'un cinquième des terres émergées aujourd'hui à un tiers, sous un climat à plus 2 °C par rapport à l'ère préindustrielle.

Et avec une hausse globale de température de 4 °C, ce serait alors 60 % de la surface émergée du globe qui pourrait connaître des pics de chaleur mortels pour les plus âgés, toujours selon l'étude.

En Europe, les vagues de chaleur de 2003 et 2022 avaient causé à chaque fois plus de 60 000 décès. Elles avaient contribué à la prise de conscience des effets mortels du changement climatique sur les plus âgés.

« Les personnes les plus fragiles ne seront plus les seules personnes à risque »

« Cette étude montre que les personnes les plus fragiles ne seront plus les seules personnes à risque en cas de pic de chaleur et que les stress thermiques vont devenir une question de santé publique globale », commente Benjamin Sultan, climatologue à l'Institut de recherche pour le développement.

Pour identifier ces zones à risques, les chercheurs ont regardé les projections des chaleurs extrêmes sous un climat à plus 2 °C, et en particulier là où les conditions de chaleurs et d'humidité atteignent un seuil critique pour la vie humaine. Autrement dit, le seuil au-delà duquel notre organisme devient incapable de réguler la température corporelle si certaines précautions ne sont pas prises, comme une bonne hydratation.

Les zones de seuils de réchauffement incompensables (au-delà desquels la température du corps s'élève de manière incontrôlable) à droite, mortelles à gauche, pour les jeunes adultes (en haut) et le reste de la population adulte (en bas). © Nature Reviews Earth & Environment

L'Afrique subsaharienne et l'Asie du Sud seront particulièrement touchées, selon l'étude. « Comme on l'a vu en 2024, l'humidité très forte avant la mousson aggrave fortement l'effet des pics de chaleur. Aux Philippines, la température est montée à 39 °C en avril et la température ressentie à cause de l'humidité était de 45 °C », dit Benjamin Sultan. Car le stress thermique n'est pas lié qu'à la température mais aussi à l'humidité de l'air.

Avec un fort taux d'humidité, le corps transpire moins, ce qui limite le refroidissement de l'organisme lié à l'évaporation de l'eau. « Les périodes avant la mousson seront critiques dans les régions intertropicales, même avec des températures moins fortes que dans d'autres régions », dit le chercheur.

Chaque dixième de degré compte

Premier auteur de l'étude, Tom Matthews du King's College London souligne l'importance de ces résultats pour évaluer le coût de l'inaction climatique. Un message déjà largement repris par la communauté scientifique. Chaque année, plus d'une centaine de scientifiques du monde entier publient dans la revue médicale Lancet un décompte sur les effets du changement climatique sur la santé. Selon la dernière édition de novembre 2024, la mortalité liée au pic de chaleurs chez les plus de 65 ans a plus que doublé à cause du changement climatique en 2023.

« Il est important de rappeler que chaque dixième de degrés gagné réduit la population exposée. Une baisse de 2,7 °C à 1,5 °C de réchauffement global permettrait, selon les derniers travaux du Giec, de diviser par cinq la population exposée à des chaleurs extrêmes », insiste Benjamin Sultan.

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Portrait d’ensemble

11 février, par Bruno Marquis — ,
Nous avons tort d'aborder de façon isolée les nombreux défis qui se posent à nous en matière d'environnement. Le réchauffement climatique, la montée des océans, la (…)

Nous avons tort d'aborder de façon isolée les nombreux défis qui se posent à nous en matière d'environnement.

Le réchauffement climatique, la montée des océans, la pollution de l'air, la contamination des sols, des eaux, la destruction des forêts et des milieux naturels, les sécheresses, la désertification, la disparition accélérée des espèces animales et végétales, les conséquences environnementales (et éthiques) de la consommation carnée et de l'agriculture et de la pêche intensive, la surabondance des déchets, sur terre, sur les rives des cours d'eau, dans l'océan, les échecs (cachés) du recyclage, l'incapacité de disposer des déchets nucléaires, leur prolifération, la pollution spatiale avec des volumes en perpétuelle croissance de débris spatiaux en orbite, et j'en passe, sont tous liés les uns aux autres, plutôt de près que de loin, et la conséquence d'un même aveuglement nourrit par la croissance sans fin du capital. En faire et communiquer le portrait d'ensemble permettrait beaucoup mieux, à coup sûr, d'ébranler les consciences.

Il y a longtemps que la crise climatique se prépare et que nos problèmes environnementaux s'amplifient et nous conduisent à des catastrophes. S'attaquer à ces problèmes sans vue d'ensemble, avec des mesures de substitution, en défendant la croissance sans fin des profits, permettait jusqu'ici à nos oligarchies (appelons-les par leur nom) de les ignorer tout en laissant croire qu'on leur accordait l'importance voulue. Et aux populations du monde, tenues à l'écart des discussions, souvent occupées ailleurs, de les ignorer ou, pis encore, de les nier.

Une parenthèse ici, à ce sujet, pour dresser le portrait de cette autre forme de pollution, celle des consciences, pour que nous sachions bien à quoi nous en tenir. Selon les données colligées par l'Observatoire international Climat et Opinions Publiques, et pour ne nous en tenir qu'aux changements climatiques, au Canada, 65 % des gens sont d'avis qu'ils sont bel et bien d'origine humaine, 24 % ne savent pas ou sont d'avis qu'ils sont d'origine naturelle, et 11 % qu'il n'y a tout simplement pas de changements climatiques. Comme on le devine, ces chiffres sont encore plus navrants aux États-Unis, où 52 % des gens sont d'avis qu'ils sont bel et bien d'origine humaine, 31 % ne savent pas ou sont d'avis qu'ils sont d'origine naturelle, et 17 % qu'il n'y a tout simplement pas de changements climatiques.

Rétablir les liens

Rétablir les liens entre les différentes formes de pollutions en offrant une vue d'ensemble de la dégradation de notre environnement aura l'effet d'un coup de massue pour plusieurs et nous fera envisager, je l'espère , cette nécessaire décroissance dont j'ai parlé dans une précédente chronique ; une nécessaire décroissance de la population, mais bien sûr aussi des activités industrielles et d'extraction, de la production et de la consommation.

L'extraction du pétrole et des matières premières, par exemple, pollue l'eau et dégrade et pollue les sols ; elle nécessite souvent la déforestation et produit des gaz à effets de serre responsables du réchauffement climatique ; elles sont à la fois la cause et la conséquence d'une consommation grandissante, de la surconsommation, qui entraîne la croissance des parcs automobiles, des flottes aériennes et navales, des transports et échanges par voies terrestre, maritime et aérienne, augmentant du coup la production de gaz à effets de serre, l'étalement urbain, la destruction des milieux naturels et la disparition des espèces animales et végétales ; une quantité ahurissante de déchets aussi, dont de dangereux déchets radioactifs et persistants dans l'environnement. Sans compter tout ce que j'ai mentionné plus haut... Sans compter non plus que cette approche productiviste, capitaliste, inégalitaire, entraîne des conflits, des guerres elles aussi destructrices de notre environnement. On n'en sort pas ! À moins de changer de cap…

Dans son excellent essai « Faire que ! », l'auteur Alain Deneault, aborde la question « quoi faire ? », que nous nous posons tous devant l'étendue des défis environnementaux, mais il le fait en déplaçant progressivement la question vers un mode d'action – « faire que » – quant à ce que nous devons faire et que nous serons amenés à faire pour changer la donne. Il nous explique que nous devrons de toute manière nous adapter aux changements climatiques et à la destruction de nos environnements et que nous le ferons nécessairement – et le plus tôt sera le mieux – en réorganisant nos activités au niveau local, dans un environnement de nécessaire décroissance.

Dans « Moins ! La décroissance est une philosophie », le philosophe japonais Kohai Saito en appelle aussi – et le plus tôt sera le mieux encore une fois – à un changement de paradigme, à cette remise en cause du capitalisme et de la poursuite d'une croissance économique illimitée, affirmant qu'il « n'y a pas de solution à la crise écologique dans le cadre du capitalisme ».

Les précurseurs et défenseurs de la décroissance sont nombreux. Dans leur ouvrage « Aux origines de la décroissance », les auteurs Cédric Biagini, David Murray et Pierre Thiesset en font une excellente recension en nous présentant les vues de cinquante penseurs aux origines de cette conception du vivre ensemble. On y retrouve entre autres des intellectuels comme Günther Anders, Hannah Arendt, Georges Bernanos, Murray Bookchin, Albert Camus, Jean Chesneaux, Guy Debord, Lanza del Vasto, Michel Freitag, Gandhi, Patrick Geddes, André Gorz, Alexandre Grothendieck, Michel Henry, Aldous Huxley, Ivan Illich, Rabindranath Tagore, Henry David Thoreau, Léon Tolstoï et Simone Weil.

État des lieux

Voici ce qui pourrait contribuer sommairement à un tel portrait d'ensemble.

Réchauffement climatique
– L'Organisation météorologique mondiale confirmait dans un communiqué émis le 10 janvier que 2024 a été l'année la plus chaude jamais enregistrée, avec une température supérieure d'environ 1,55 °C aux valeurs préindustrielles. Le communiqué mentionne que les dix dernières années, de 2015 à 2024, ont été les plus chaudes jamais enregistrées ; que l'année 2024 a probablement été la première année civile où la température moyenne mondiale a dépassé de plus de 1,5 °C la moyenne de la période 1850-1900 ; que l'année 2024 se distingue par des températures exceptionnellement élevées à la surface des terres et des mers et une chaleur océanique intense ; et que l'objectif de température à long terme figurant dans l'Accord de Paris n'est pas devenu inaccessible mais qu'il est gravement compromis.

Nappes phréatiques
– Le niveau des nappes phréatiques baisse de plus en plus rapidement dans le monde entier selon des données recueillies par le Swiss Science Today en janvier 2024. Elle s'est accélérée au cours des années 2000. Les réserves d'eau souterraine diminuent particulièrement vite dans les régions arides du monde où l'agriculture pompe l'eau du sol, comme la Californie, la Méditerranée et l'Iran.

Contamination des sols
– Dans une entrevue accordée en février 2024, l'agronome, biogéochimiste au Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement (CIRAD) et spécialiste de la contamination des sols agricoles, Matthieu Bravin, explique que de récents inventaires réalisés à l'échelle mondiale ont dénombré plus de 350 000 substances susceptibles d'être émises dans l'environnement et de devenir ainsi des contaminants. Et parmi ces substances, seuls 6 % ont fait l'objet d'études scientifiques ces cinquante dernières années, que ce soit sur leur toxicité ou leur accumulation dans l'air, l'eau ou le sol.

Déforestation
: Selon les données publiées en novembre 2024 sur le site Web notre-planète.info, la déforestation récente se concentre au Brésil, en Indonésie, en Bolivie et en République Démocratique du Congo. La tendance est particulièrement préoccupante en Asie : alors qu'en 2022, la région avait réduit la déforestation de 16 % par rapport à la période de référence 2018-2020, elle a augmenté de 13 % en 2023. Entre 2015 et 2023, la perte de forêt a augmenté de 351 %.

Déchets : Selon un rapport publié par Statista en mars 2022, l'humanité génère près de deux milliards de tonnes de déchets solides municipaux chaque année, soit suffisamment pour remplir 822 000 piscines olympiques. En valeur absolue, c'est la Chine qui produit le plus de déchets municipaux avec 395 millions de tonnes par an, suivie par les États-Unis avec 265 millions de tonnes. Les États-Unis se classent toutefois bien plus haut lorsque l'on considère la quantité annuelle générée par habitant, avec environ 812 kg par résident américain. Le volume de déchets généré sur Terre est amené à augmenter à mesure que la population mondiale continue de croître et devient plus riche et consomme davantage. La Banque mondiale estimait que la production mondiale de déchets devrait augmenter de 70 % entre 2016 et 2050.

Recyclage du plastique
– Le Monde diplomatique relevait dans un texte de Mohamed Larbi Bouguerra publié dans son édition de novembre 2024, la véritable escroquerie du recyclage du plastique à l'échelle mondiale, une mesure inefficace et dilatoire mise en place pour permettre aux multinationales du secteur pétrolier de poursuivre leurs activités lucratives - sans trop se soucier de l'environnement.

Déchets radioactifs
– Selon un texte publié l'an dernier par la Fondation David Suzuki, l'industrie nucléaire prétend que le stockage de déchets hautement radioactifs dans des dépôts géologiques profonds est sûr, et qu'il s'agit du moyen le plus sécuritaire d'éliminer des quantités croissantes de déchets, sauf que jusqu'à présent, un seul site a depuis peu été approuvé – le site d'Onkalo en Finlande – malgré plus de quatre-vingt ans de production de déchets nucléaires.

Milieux naturels – Selon le World Widlife Fun, la dégradation et la destruction des habitats naturels sont aujourd'hui les principales menaces au regard de la biodiversité de la planète. Fragmentés, pollués, diminués, les écosystèmes naturels souffrent de l'expansion des activités humaines intensives comme la déforestation, l'urbanisation, le surpâturage ou la pêche non durable.

Disparition des espèces animales et végétales – Dans un article paru dans dans Statista en octobre, Tristian Gaudiot explique que la biodiversité de la planète poursuit son déclin. Sur les 163 040 espèces répertoriées en début d'année, 45 321 pourraient disparaître de la surface de la Terre dans un avenir proche, soit 28 % du total des espèces étudiées. Les cycadales – des plantes visuellement proches des palmiers et des fougères – sont le groupe le plus menacé, avec plus de 70 % d'espèces en voie d'extinction. La dégradation de la biodiversité est aussi particulièrement importante au niveau des écosystèmes aquatiques. Le taux d'espèces menacées atteint ainsi 41 % chez les amphibiens et plus de 35 % chez les requins, les raies et les récifs coralliens.

Sources : Alloprof, Aux origines de la décroissance (Cédric Biagini, David Murray et Pierre Thiesset), Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement (CIRAD), Faire que ! (Alain Deneault), Fondation David Suzuki, Fondation Jean Jaurès, La revanche de la nature (Aymeric Caron), Le Devoir, Le Monde diplomatique, Notre-planète.info, Observatoire international Climat et Opinions Publiques, Organisation météorologique mondiale, Presse-toi à gauche, Statista, Ski-se-Dit, Swiss Science Today, World Widlife Fun (WWF).

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Un nouveau concept écologique : "L’humanicide"

11 février, par Michael Löwy — , ,
Le droit international n'a pas encore intégré l'écocide, et il est peu probable qu'il le fasse pour l'humanicide. En attendant, il est urgent d'agir, ici et maintenant, pour (…)

Le droit international n'a pas encore intégré l'écocide, et il est peu probable qu'il le fasse pour l'humanicide. En attendant, il est urgent d'agir, ici et maintenant, pour arrêter la course à l'abîme. L'humanicide n'est pas inévitable, on peut encore l'empêcher. Mais le temps se fait court...

Billet de blog 28 janvier 2025

Un nouveau concept écologique : l'humanicide"

Le Institute and Faculty of Actuaries (IFoA) de l'Exeter University (Royaume-Uni) vient de publier en janvier 2025 son nouveau rapport sur le changement climatique, intitulé "Current climate policies risk catastrophical societal and economic impacts". Ce document, d'une teneur scientifique indiscutable, a suscité beaucoup de commentaires dans la presse, qui se transmettent, presque exclusivement, à une des prédictions du document : la possibilité, dans le pire scénario, qu'à partir des années 2050 le PIB planétaire tombe à 50% de son niveau actuel. Pour les medias mainstream, en effet, le PIB est le seul critère qui compte, la mesure de toutes les choses.

Pour ceux qui, comme le philosophe humaniste grec Protagoras (Ve siècle AC), pensent que "l'être humain est la mesure de toutes les choses", le rapport de l'IFoA contient une autre information, mille fois plus importante et inquiétante : dans le scénario du pire - la température monte à 3° au-dessus de l'époque préindustrielle - la mortalité humaine pourrait atteindre la moitié de l'humanité, autour de 4 milliards d'êtres humains, victimes de la faim, du manque d'eau, des maladies, des catastrophes "naturelles" (incendies, inondations, etc.), des conflits.

On peut considérer le rapport de l'IFoA trop pessimiste ou trop optimiste, mais il donne une idée approximative de l'ordre de grandeur des risques encourus avec le changement climatique. Et pas dans un siècle : dans quelques décennies.

On connaît en droit international le concept d'écocide : la destruction ou l'endommagement irrémédiable d'un écosystème par un facteur anthropique, notamment par un processus de surexploitation de cet écosystème, intentionnelle ou non (je reprends la définition de Wikipédia). On connaît aussi, bien entendu, celui de génocide : un crime consistant en l'élimination concrète intentionnelle, totale ou partielle, d'un groupe national, ethnique ou encore religieux, en tant que tel.

Je pense qu'il faudrait maintenant introduire un nouveau concept dans la réflexion sur le droit international : l'humanicide, l'extermination concrète, totale ou partielle, de l'humanité en tant que telle. Certes, elle n'est pas intentionnelle : les criminels ne planifient pas l'humanicide, ils sont simplement indifférents aux conséquences humaines de leurs actions. Conduisant leurs pratiques en fonction d'un seul critère - la maximisation du profit - ils sont les responsables du changement climatique. Qui sont eux ? L'oligarchie fossile - les formidables intérêts liés au pétrole, au charbon et au gaz , incluant non seulement l'exploitation des ressources fossiles, mais aussi l'industrie automobile, la pétrochimie et des nombreuses autres branches de la production capitaliste, incluant les banques qui les financent - ainsi que leur expression politique : les gouvernements négationnistes ou inactifs. Donald Trump n'est que le dernier exemple, à la fois grotesque et brutal, d'un refus de toute mesure, même la plus minimale, pour empêcher ou limiter le réchauffement global.

L'association Attac utilise le concept de "criminalité climatique en bande organisée", pour désigner les responsables des catastrophes climatiques meurtrières partout dans le monde aujourd'hui. Mais si les prévisions de l'Exeter University se confirment, on se trouvera confrontés à un degré de "criminalité climatique" d'une nature infiniment plus grave.

Le droit international n'a pas encore intégré l'écocide, et il est peu probable qu'il le fasse pour l'humanicide. En attendant, il est urgent d'agir, ici et maintenant, pour arrêter la course à l'abîme. L'humanicide n'est pas inévitable, on peut encore l'empêcher. Mais le temps se fait court...

Michael Löwy

Varisheh Moradi : « La résistance, c’est la vie »

IRAN – Dans une lettre envoyée depuis la prison d'Evin, activiste kurde condamnée à mort, Varisheh Moradi déclare que son cas représente une lutte plus large contre la (…)

IRAN – Dans une lettre envoyée depuis la prison d'Evin, activiste kurde condamnée à mort, Varisheh Moradi déclare que son cas représente une lutte plus large contre la répression de l'État en Iran et ajoute : « Je veux renverser le destin qui se répète toujours. La résistance, c'est la vie » (le célèbre slogan kurde « Berxwedan Jiyan e ».

Tiré de Entre les lignes et les mots

Dans une lettre envoyée depuis la prison d'Evin à Téhéran, la travailleuse humanitaire iranienne Varisheh Moradi, condamnée à mort, a déclaré que son cas représente une lutte plus large contre la répression de l'État en Iran.

« Pour nous, les femmes combattantes emprisonnées, cette sentence ne concerne pas seulement moi et mes codétenues : elle représente un verdict contre une société entière », écrit Moradi.

Bien qu'elle soit condamnée à mort, la lettre de Moradi suscite une certaine résistance, soulignant le soutien national et international croissant en faveur de l'abolition de la peine de mort en Iran.

Elle a souligné que les récentes frappes au Kurdistan témoignent d'une résistance civile généralisée contre le régime.

« La société nous soutient, et cette solidarité est une expression puissante de la lutte civile en cours contre la tyrannie du régime en Iran », écrit Moradi.

Moradi a été condamnée à mort en novembre par le tribunal révolutionnaire de Téhéran pour « rébellion armée ».

Ses ennuis judiciaires ont commencé le 1er août 2023, lorsque les forces de sécurité du renseignement l'ont enlevée alors qu'elle voyageait de Marivan à Sanandaj.

Selon l'organisation de défense des droits humains, Hengaw, Moradi a subi de graves tortures au centre de détention du département du renseignement de Sanandaj, notamment au cours d'un incident au cours duquel elle aurait vomi du sang et perdu connaissance.

Après avoir passé cinq mois en isolement dans le quartier 209 de la prison d'Evin, contrôlé par le ministère du Renseignement, Moradi a été transférée dans le quartier des femmes en décembre 2023.

Voici sa lettre :

« J'ai été condamnée à mort, et nous aussi. Pour nous, les femmes combattantes emprisonnées, cette sentence ne concerne pas seulement moi et mes codétenues : elle représente un verdict contre toute une société.

C'est le rêve du régime pour nous tous : supprimer (lire : exécuter) toute la communauté. Mais, sans aucun doute, il rencontrera une résistance. Le soutien national et international à l'abolition de la peine de mort s'est accru et nous a apporté un soutien considérable.

Nous n'avons pas cédé aux accusations et aux pressions infondées imposées par l'appareil de sécurité, et nous avons résisté. La société nous soutient, et cette solidarité est une puissante expression de la lutte civile en cours contre la tyrannie du régime en Iran. La récente grève du peuple du Kurdistan est un autre exemple de cette résistance commune, et elle mérite d'être saluée.

En prison, parce que la lutte est active et de première ligne, et parce qu'elle concerne directement tout le monde, les questions de fond prennent naturellement le pas sur des questions comme les appartenances politiques ou nationales, qui occupent une place secondaire. Il s'agit d'une véritable résistance contre les tentatives de marginalisation des questions fondamentales des détenus.

Une résistance remarquable se poursuit contre le déni et la violation des droits humains dans les prisons iraniennes. Nous, les femmes, avons entrepris cette résistance, d'une part en raison de l'oppression aggravée à laquelle nous sommes confrontées dans le système patriarcal et misogyne actuel, et d'autre part en raison de notre détermination inébranlable à obtenir la liberté.

Chaque mardi, la campagne « Non aux exécutions » se déroule dans plusieurs prisons iraniennes, un acte fédérateur qui met en lumière l'essence fondamentale et humaine de notre lutte. Il s'agit d'une revendication collective visant à mettre en avant le droit à la vie et à demander l'abolition de la peine de mort en Iran. Ces « mardis non aux exécutions » représentent la solidarité humaine contre les exécutions commanditées par l'État, qui sont utilisées comme un outil pour instiller la peur et la terreur dans la société.

Cette oppression est le résultat d'un système débridé qui a pour objectif de mener le monde vers la destruction et d'éroder l'essence même de l'humanité. L'humanité, le cœur de notre existence commune, est ce pour quoi nous luttons. Notre lutte n'est pas seulement la nôtre : elle est menée au nom de toute l'humanité, de toute la société et pour la défense de notre nature collective.

En tant que « femmes combattantes emprisonnées », notre rôle nous donne la force de parler des revendications de toute une société. Adopter une position de principe donne aux chercheuses de vérité sociale le pouvoir de lutter pour elle. C'est cette « vie libre » qui doit remplacer la « fausse vie », que nous devons transformer et nous l'avons transformée.

Le système patriarcal qui domine le monde, dans toutes ses dimensions, est fondamentalement en contradiction avec l'essence de l'existence humaine et avec l'humanité elle-même. Il constitue, par essence, un défi à la vie. Nous avons redéfini ce système, nous libérant de ses interprétations sexistes, classistes et dogmatiques, pour nous concentrer plutôt sur la vérité de son existence.

Depuis des millénaires, ce système s'est écarté du chemin de l'humanité, s'attaquant aux femmes – et, par extension, à la vie elle-même – avant de soumettre les hommes et plus tard d'agresser la nature. Le but ultime de ce système ? Le profit maximum. Une cupidité alimentée par un esprit déformé.

Et quelle est la réponse ? Sans aucun doute, la résistance. C'est là que réside le point de divergence : certains s'intègrent au système, cherchent à obtenir leur part et justifient son existence, tandis que les esprits libres et les libertaires s'opposent et tentent de corriger le cours des choses.

Tout au long de l'histoire, ces assoiffés de liberté ont cru en une vie en harmonie avec la nature, mère de toute vie. Ils ont adapté leurs croyances aux conditions de leur époque et au pouvoir auquel ils étaient confrontés, luttant avec détermination pour atteindre leur but ultime : une vie humaine. Une vie bonne, vraie, belle et libre.

Nos prédécesseurs, chacun dans leur domaine intellectuel, ont cherché à définir le problème et à lutter pour le résoudre. Ils ont parfois fait face à l'oppression par la foi, parfois par le raisonnement philosophique, parfois par l'expression littéraire, et parfois par des arguments fondés sur la classe sociale.

Dans tout cela, les femmes ont toujours été présentes, toujours parmi les opprimées, toujours parmi les victimes. Pourtant, elles ont rarement été le sujet central de ces luttes – elles n'étaient qu'une partie périphérique du récit de l'oppression, plutôt que ses principales victimes.

Aujourd'hui, nous avons laissé derrière nous les vieux paradigmes. Nous pensons que le défi le plus crucial de la vie contemporaine est la question du genre à laquelle nous sommes confrontés. Ce n'est qu'une fois que l'inégalité entre les sexes sera résolue que d'autres défis auront une chance d'être relevés. Le système épistémologique dominant s'efforce sans relâche de déformer et de détourner le problème central et d'éviter les vraies solutions. Mais ce siècle est le siècle des femmes, et les femmes ont acquis la force intellectuelle et pratique de lutter pour leurs droits. Les progrès de la technologie et de la science sont également devenus des alliés de tous les combattants de la liberté, y compris les femmes.

Les femmes, armées de nouvelles connaissances scientifiques et d'une volonté forgée par le besoin de libération et de liberté, ont fait des progrès considérables dans la lutte pour l'égalité. Des efforts des femmes penseuses, scientifiques, écrivaines et artistes aux femmes ordinaires qui tentent de vivre dans la dignité et de ne pas être considérées comme des marchandises. Ces gains collectifs constituent une base solide pour faire avancer la liberté.

Les femmes kurdes ne sont pas en reste dans cette lutte. S'appuyant sur leur riche héritage culturel et social, elles ont participé à cette « lutte pour la vie » et ont contribué à enrichir la résistance et la solidarité. Aujourd'hui, les femmes kurdes sont devenues des symboles de la lutte et de l'effort féminins.

Le 26 janvier marque l'anniversaire de la libération de Kobané des forces de l'EI, un événement largement reconnu comme « le début de la fin de l'EI ». L'aube qui a suivi cette obscurité a apporté les premiers rayons de lumière. Les femmes kurdes, au vu et au su du monde, ont participé à cette guerre et ont défié le paradigme patriarcal. Elles sont allées encore plus loin et sont devenues les commandantes du combat. Elles se sont battues comme des phares de lumière et d'espoir contre l'obscurité et l'oppression et ont montré la puissance de la lutte déterminante du siècle – le « défi des femmes ».

J'ai personnellement participé à la guerre de Kobané pendant cette période et j'ai subi des blessures qui me font encore souffrir aujourd'hui. Cette douleur me rappelle constamment le prix que j'ai payé pour l'humanité. Peut-être que cela satisfait un peu ma conscience de savoir que j'ai, dans une certaine mesure, rempli mon devoir envers l'humanité.

Je suis un camarade de ceux qui, après une vie de lutte, ont dit au moment de leur martyre : « Écrivez sur ma pierre tombale que j'ai quitté ce monde en étant encore redevable à mon peuple. » D'eux, j'ai appris que lutter pour la vérité et l'humanité est une dette que chacun de nous doit payer, sans rien attendre en retour.

Chaque fois que la victoire de Kobané est célébrée, la joie et la fierté qui naissent de cette attitude digne renouvellent ma détermination. L'une des accusations portées contre moi aujourd'hui est d'avoir résisté aux ténèbres. Je suis l'ami de ceux qui ont sauvé l'humanité. Cette vérité simple mais profonde met en évidence de quel côté se trouvent ceux qui m'accusent.

Le système patriarcal ne peut tolérer la résistance des femmes, et encore moins leur victoire et leurs célébrations contre une force obscure et anti-humaine. Nous avons été les premières à reconnaître le danger qui menaçait l'humanité et nous y avons fait face sans hésitation, ce qui a permis à l'humanité de remporter une victoire significative. Aujourd'hui, elles cherchent à se venger de leur défaite de diverses manières.

Ce moment est particulièrement significatif car il coïncide avec la conclusion du centenaire des plans conçus pour notre région. Nous sommes les héritiers blessés de Sykes-Picot, les enfants d'un peuple qui a subi jusqu'au plus profond de lui-même l'oppression de Lausanne. Nous avons été pendus à des cordes, tués par toutes sortes d'armes, soumis à des attaques chimiques et avons vécu le génocide dans tous les recoins de notre patrie fragmentée. Et maintenant, accablés par une multitude de problèmes politiques et sociaux, nous sommes entrés dans l'ère de la technologie et de l'intelligence artificielle.

Mais nous sommes résolus à ce que, dans ce siècle, non seulement nous prévenions le génocide physique, mais nous définissions aussi le « génocide culturel » et le combattions de toutes nos forces. « Femme, vie, liberté » est notre slogan et une manifestation symbolique de notre paradigme idéologique – un paradigme qui aborde directement les questions fondamentales du monde et de l'humanité d'aujourd'hui.

Ce paradigme refuse de se limiter aux frontières nationalistes, sexistes ou de classe. Il cherche à aborder les problèmes de manière globale et avec une perspective élargie. De nombreux problèmes étant devenus mondiaux, la mondialisation de la lutte est l'approche la plus logique. Certains problèmes sont communs à toute l'humanité, il est donc naturel que notre combat soit fondé sur des valeurs communes.

Femme, Vie, Liberté reflète les aspirations universelles de la plupart des habitants de cette planète : une vie libre et démocratique. C'est pourquoi le monde soutient les femmes emprisonnées. Le monde, témoin de notre combat pour les valeurs universelles, est à nos côtés. Et nous, à notre tour, continuerons à avancer sur cette voie.

La région est en train de se remodeler. De nombreuses forces dessinent la carte politique et sociale de la région. L'absence de volonté populaire dans cette nouvelle configuration est flagrante. Maintenant que les forces populaires ont gagné en force et sont en mesure de s'exprimer, il faut renforcer ce front : le front de la société et du peuple. La région est empêtrée dans de nombreuses compétitions et conflits, et parallèlement à cela, d'importantes stratégies sont proposées. Il est essentiel que cette lutte passe également par la recherche de solutions aux problèmes sociétaux.

Notre problème n'est pas personnel. Être emprisonné et risquer la peine de mort sur le chemin de la lutte politique et sociale fait partie intégrante du parcours. Par conséquent, nos réflexions et nos actions concernant la résolution des problèmes politiques et sociaux s'inscrivent dans ce contexte.

C'est ainsi que nous donnons un sens à notre vie. Nous quittons le moule individualiste pour nous fondre dans le collectif, en poursuivant un objectif collectif. Le concept de « nation démocratique » est la thèse et la doctrine qui incarnent tous ces objectifs. Dans le cadre de cette solution, les besoins de toutes les personnes et de toutes les classes sociales sont satisfaits. C'est une solution qui profite à tous et ne nuit à personne. C'est la voie par laquelle nous pouvons donner un sens à la vie.

Je crois que la vie ne doit pas être vécue avec un sens ou une transcendance. De nombreux projets visant à donner un sens à la vie ont fait l'objet d'attaques hostiles et les pionniers de ces efforts ont sacrifié leur vie pour atteindre leurs objectifs. Cependant, ces sacrifices n'ont pas instillé la peur mais ont plutôt créé l'espoir de continuer la lutte et la vie. Moi aussi, j'ai emprunté ce chemin et j'ai fait face à ma situation actuelle.

Lors de mon interrogatoire, le même interrogateur qui avait interrogé Farzad Kamangar s'est assis devant moi et m'a dit qu'il y a 15 ans, Farzad était resté assis au même endroit mais n'avait rien pu faire et s'était créé la mort. Je lui ai dit que si je suis assis ici aujourd'hui, c'est le résultat des efforts et de la lutte de Farzad. Farzad, par sa mort, a tracé pour nous le chemin d'une « vie qui a du sens ».

Il nous a redonné la vie. Si un Farzad a été pendu, des centaines d'autres ont suivi son chemin. Car Farzad, Shirin, Farhad, Soran et nous tous croyons que chaque pas sur le chemin de la liberté peut être une épreuve, et qu'en sacrifiant notre vie pour la liberté, nous sortons victorieux de cette épreuve.

Aujourd'hui, je pense plus à notre lutte qu'à ma condamnation, à mon peuple, au peuple et aux jours qui attendent notre région. La lutte est notre préoccupation principale, et notre condamnation n'en est qu'une partie. Le soutien que nous apportons et l'opposition à notre condamnation font partie de la lutte précieuse que l'humanité mène pour une vie humaine, noble, belle, juste et libre.

Sur ce chemin, le principe directeur de ma lutte est le suivant : « Je veux renverser le destin qui se répète toujours dans les pièces tragiques de la vie en faveur de la liberté. Dans cette pièce intitulée Vérité, qui ne peut être achevée que par la lutte, le destin échouera cette fois-ci. »

Femme, vie, liberté
La résistance, c'est la vie
Une prisonnière condamnée à mort –
Quartier pour femmes de Varisheh Moradi, prison d'Evin

28 janvier 2025
Via Iran Wire
https://kurdistan-au-feminin.fr/2025/01/30/varisheh-moradi-la-resistance-cest-la-vie/

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Rapport de janvier 2025 : Les femmes à l’avant-garde des manifestations en Iran

Le mois de janvier 2025 a été marqué par une vague de protestations dans tout l'Iran, les femmes jouant un rôle de premier plan. Tiré de Entre les lignes et les mots (…)

Le mois de janvier 2025 a été marqué par une vague de protestations dans tout l'Iran, les femmes jouant un rôle de premier plan.

Tiré de Entre les lignes et les mots
https://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2025/02/06/rapport-de-janvier-2025-les-femmes-a-lavant-garde-des-manifestations-en-iran/?jetpack_skip_subscription_popup


Une vague de résistance en Iran

De Téhéran à des villes plus petites comme Sanandaj et Ilam, des femmes de tous âges sont descendues dans la rue pour réclamer la justice, une aide économique et la fin de la discrimination. Leur présence a été frappante, démontrant une résistance inébranlable face à une répression croissante.

Télécharger le rapport


La fréquence et l'ampleur des manifestations

Les manifestations n'étaient pas des incidents isolés, mais un phénomène quasi quotidien tout au long du mois. Les informations indiquent que des manifestations ont éclaté dans de nombreuses provinces, notamment à Téhéran, au Khouzestan, au Kurdistan, à Ispahan, à Gilan, au Khorasan du Sud, à Mazandaran, à Fars, en Azerbaïdjan de l'Est, en Azerbaïdjan de l'Ouest, à Ilam et à Hormozgan.

Les femmes ont participé à des manifestations planifiées ou spontanées, reflétant le mécontentement croissant à l'égard des politiques du régime iranien.

Parmi les groupes les plus actifs figuraient les enseignantes, les travailleuses du secteur de la santé, les retraitées et les étudiantes. Les retraités, en particulier ceux du secteur des télécommunications, ont organisé des manifestations hebdomadaires dans de nombreuses villes, tandis que les enseignants et les infirmières ont organisé des sit-in et des manifestations de rue pour réclamer des salaires équitables et le respect des promesses du gouvernement.

Les protestations ont été particulièrement importantes parmi les enseignants retraités de la classe 2023, qui ont organisé des manifestations hebdomadaires pour réclamer leurs prestations non payées. Le régime iranien n'a cessé d'ignorer leurs demandes, ne leur laissant d'autre choix que de descendre dans la rue. Nombre de ces retraités se rendent à Téhéran depuis différentes villes et ont formé un mouvement de protestation très organisé et persistant.

Les principales revendications

Les revendications des manifestants sont diverses mais interconnectées. Les difficultés économiques sont restées au premier plan, les femmes réclamant une augmentation des salaires, des pensions reflétant l'inflation et la fin de la corruption du gouvernement. Beaucoup ont également réclamé des libertés politiques, dénonçant la répression permanente du régime à l'encontre des activistes et les arrestations arbitraires de manifestants.

Les manifestants ont notamment demandé l'abolition des lois discriminatoires, y compris les restrictions sur les codes vestimentaires et les possibilités d'emploi.

Au-delà des griefs économiques, de nombreux manifestants ont souligné que le peuple iranien reconnaissait le régime comme son principal oppresseur. Les manifestations ont également été alimentées par la frustration suscitée par la politique étrangère du régime iranien, de nombreux citoyens condamnant l'agenda guerrier du régime alors que l'économie nationale s'effondre. Le sentiment dominant parmi les manifestants est que le véritable changement ne peut venir que d'une mobilisation massive dans les rues.

Aperçu des manifestations en Iran

Le 6 janvier 2025, les éducateurs retraités de l'année 2023 ont organisé un grand rassemblement de protestation après que 16 mois se soient écoulés sans qu'ils aient reçu 60% de leur prime de retraite (gratification de fin de service). Au cours de la manifestation, les retraités ont scandé : « L'éducateur est réveillé, il en a assez des discriminations – avec toutes ces ressources, la condition de l'Iran est ruinée – Nos revenus sont dans la gueule du dragon – Iran, le pays des hauts revenus, qu'est-ce que tu es devenu ? »

Peu après, les forces de sécurité de l'État ont tenté de disperser la manifestationpacifique en utilisant du gaz poivré. Cette agression a mis en péril la sécurité physique de plusieurs enseignants retraités, qui réclamaient le paiement de leurs prestations dues depuis longtemps.

En réponse, ils ont scandé : « S'il y avait une justice, aucun enseignant ne serait ici ».

Les enseignants retraités ont organisé des manifestations similaires dans 15 autres villes, avec les femmes en première ligne.

Le 27 janvier 2025, des groupes de retraités de la Compagnie des télécommunications ont organisé des rassemblements de protestation – au moins dans les provinces de Téhéran, Zanjan, Kermanshah, Ispahan et Ilam – en réponse à l'absence de réponse des autorités à leurs revendications professionnelles et à leurs besoins de subsistance.

À Téhéran, les manifestants sont descendus dans la rue en scandant : « Notre ennemi est ici même ; ils mentent lorsqu'ils disent que l'ennemi est l'Amérique ».

À Ilam, les retraités protestataires ont souligné dans leurs slogans la nécessité d'appliquer les réglementations en matière de protection sociale. A Kermanshah, ils ont déclaré : « Un retraité éveillé en a assez de l'oppression et de la coercition ».

En outre, à Ispahan et à Zanjan, les manifestants ont crié : « Ne tardez pas plus longtemps – résolvez notre problème maintenant. »

Slogans de défi

Les slogans scandés par les manifestants révèlent la profondeur du mécontentement du peuple iranien à l'égard du régime : Nous n'avons vu aucune justice, seulement des mensonges à n'en plus finir

– Ô Dieu de la justice, décapite ceux qui commettent l'injustice.
– Ni le parlement ni le gouvernement ne se soucient du peuple
– Notre ennemi est ici même ; ils mentent lorsqu'ils disent que l'ennemi est l'Amérique.
– Aucune nation n'a jamais connu autant d'injustice.
– Assez de bellicisme, notre table reste vide.
– Le siège du commandement des télécommunications de l'imam nous a privés de nos droits.
– Nous disons que les salaires sont trop bas, mais le prix du pain augmente.
– Lâchez les foulards, maîtrisez l'inflation
– Iran, terre de richesses, qu'es-tu devenu ?
– Si un seul acte de détournement de fonds était pris, notre problème serait résolu.
– Les retraités sont réveillés et en ont assez de l'oppression.

Ces chants signifient que l'on est passé de griefs purement économiques à des appels plus larges en faveur d'un changement systémique. Les femmes manifestantes, souvent en première ligne, ont clairement indiqué qu'elles n'étaient pas simplement en quête de réformes, mais une transformation fondamentale du paysage politique iranien.

La réponse du régime : Répression et intimidation

Le régime iranien a réagi en intensifiant la répression, déployant des policiers anti-émeutes et des agents en civils pour disperser les rassemblements. Des rapports en provenance de Téhéran et d'Ispahan ont confirmé l'utilisation de gaz lacrymogènes et des arrestations massives, de nombreuses femmes étant détenues puis libérées sous caution et sous la menace. Les forces de sécurité tentaient également de freiner la mobilisation en ligne en restreignant l'accès aux applications de messagerie et aux réseaux sociaux fréquemment utilisées par les militants.

Malgré ces mesures, les manifestations se sont poursuivies. Les femmes, sans se laisser décourager par les menaces, ont trouvé de nouveaux moyens de s'organiser, notamment des manifestations éclair et des actions coordonnées dans différents quartiers afin de submerger les forces de sécurité.

Le sentiment croissant de solidarité entre les manifestants s'étend au-delà des rues, puisque les manifestations à l'intérieur des prisons ont également fait écho aux mêmes slogans. Les manifestants à l'intérieur et à l'extérieur des murs des prisons partagent une cause commune, ce qui renforce encore l'unité et la détermination du mouvement.

Le rôle croissant des femmes dans le mouvement de protestation iranien
Le mois de janvier 2025 a renforcé le rôle crucial des femmes dans la résistance iranienne. Qu'il s'agisse de mener des chants ou de faire face aux forces de sécurité, les femmes ont consolidé leur place au cœur de la lutte pour la justice et la liberté. Leur participation massive envoie un message clair : Les femmes iraniennes refusent d'être réduites au silence.

Leurs voix se faisant de plus en plus fortes, il devient impossible d'ignorer les appels au changement.

https://wncri.org/fr/2025/02/04/les-femmes-a-lavant-garde-en-iran/

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8 mars 2025 : grève féministe !

Avec les femmes du monde entier, pour les droits des femmes, toutes en grève féministe et en manifestations ! Stop à l'extrême droite, à la droite réactionnaire, au (…)

Avec les femmes du monde entier, pour les droits des femmes, toutes en grève féministe et en manifestations !

Stop à l'extrême droite, à la droite réactionnaire, au gouvernement et à sa politique libérale et autoritaire !

Tiré de Entre les lignes et les mots
https://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2025/02/10/8-mars-2025-greve-feministe/?jetpack_skip_subscription_popup

Le 8 mars, journée internationale de mobilisation pour les droits des femmes, nous appelons à la grève du travail, des tâches domestiques, de la consommation. Sans les femmes, tout s'arrête ! Nous sommes déterminées à lutter, à faire entendre nos voix pour obtenir l'égalité.

Solidaires avec les femmes du monde entier !

Afghanes, Iraniennes, Palestiniennes, Soudanaises, Kurdes, Ukrainiennes, nous sommes solidaires de toutes celles qui encore aujourd'hui sont emmurées, exécutées, qui font face à des bombardements massifs, au génocide, à l'exode, sont victimes de viols de guerre, peinent à nourrir leur famille et elles-mêmes, de toutes celles qui se défendent farouchement pour recouvrer ou obtenir leur liberté et leurs droits, qui sont confrontées aux conflits armés, aux régimes fascisants, réactionnaires, théocratiques et colonialistes.

Nous sommes solidaires des femmes et des populations subissant de plein fouet les conséquences dramatiques du changement climatique, aggravé par les politiques productivistes et capitalistes.

Non à l'Extrême Droite !

Les idées d'extrême droite qui prônent la haine de l'autre, le racisme, la misogynie, les LGBTQIA+ phobies, le validisme, se banalisent, et sont aux portes du pouvoir, voire y accèdent partout dans le monde, à l'image de Trump aux États-Unis… Les femmes, les minorités de genre, les migrant·es en sont les premières cibles.

En France, nous dénonçons les propos racistes du ministre de l'intérieur, nous exigeons la régularisation et l'ouverture des guichets pour que tou·te·s les immigré·es puissent rester ici. Nous refusons l'abrogation du droit du sol à Mayotte et la remise en cause de l'Aide Médicale d'État.

Nous voulons vivre et pas survivre !

Les différents gouvernements ne font rien contre les inégalités salariales et les bas salaires qui touchent particulièrement les femmes (62% des personnes payées au SMIC sont des femmes). Quant aux mères isolées touchant le RSA, elles sont confrontées à de multiples difficultés pour trouver un emploi (problème de garde d'enfants, de transports…). Particulièrement touchées par la crise du logement cher, les femmes sont majoritaires parmi les personnes expulsables et sont de plus en plus nombreuses à vivre dans la rue. Les femmes sont majoritaires parmi les 9 millions de personnes qui vivent sous le seuil de pauvreté !

Nous exigeons l'abandon de la réforme du RSA, qui oblige les bénéficiaires à faire 15h de travail forcé, gratuit et sans contrat !

Nous exigeons l'abrogation des réformes sur l'assurance chômage restreignant les droits des chômeur·ses.

Rémunérons le travail à sa juste valeur, à salaire égal entre femmes et hommes !

Pour l'égalité salariale, du temps pour vivre, des salaires et une retraite décente !
Le gouvernement n'a aucune volonté de réduire les inégalités salariales, de 27% en moyenne entre les femmes et les hommes. La transposition de la directive européenne sur la transparence salariale vise à renforcer l'application du principe d'une même rémunération « pour un même travail ou un travail de valeur égale ».

Nous exigeons la transposition immédiate de cette directive, la revalorisation salariale des métiers féminisés (éducation, soins, nettoyage…)., l'interdiction du temps partiel imposé, la transformation des CDD en CDI et la réduction du temps de travail avec embauches correspondantes.

Nous nous battons pour l'abrogation de la réforme Macron des retraites, et pour une réforme des retraites favorable aux femmes, la retraite à 60 ans avec une réduction du nombre d'annuités.

Des Services publics au service de nos besoins !

Malgré la paupérisation croissante et le manque crucial d'aide publique sur les territoires, le gouvernement Bayrou va continuer le démantèlement des services publics de la Santé, de l'Éducation, du Logement…. Les femmes en seront doublement pénalisées : parce qu'elles sont majoritaires dans la fonction publique, et qu'elles devront se substituer aux services de la petite enfance et de la prise en charge de la dépendance.

Nous exigeons un service public national de l'autonomie tout au long de la vie, à la hauteur des besoins, avec les moyens correspondants, sans oublier une prise en charge réelle du 4ème âge.

Nous exigeons la création d'un vrai service public de la petite enfance pour en finir avec les crèches privées à but lucratif et les maltraitances liées aux économies de personnels dans ces structures. Nous sommes opposées à la recommandation de la Cour des comptes de développer « la garde parentale, moins onéreuse pour les finances publiques » qui n'est qu'une incitation au retour des femmes à la maison.

Pour un réel partage du travail domestique !

Nous ne pouvons nous satisfaire que rien ne bouge dans la répartition des tâches au sein des couples et ce depuis des années. Cette inégalité dans la répartition du travail domestique se traduit par des inégalités dans la sphère professionnelle et est l'un des facteurs des inégalités salariales et patrimoniales. Nous dénonçons le mirage des « nouveaux pères » car les femmes en font toujours beaucoup plus que les hommes, qui de fait prennent plus souvent les tâches valorisantes, en laissant les tâches ménagères à leur compagne. C'est tout l'enjeu d'une éducation non sexiste qui puisse permettre d'en finir avec les stéréotypes de genre.

Notre corps nous appartient !

L'inscription dans la constitution de l'IVG ne doit pas masquer les obstacles liés au manque de moyens du service public de la santé pour recourir à l'IVG.

Nous réclamons la réouverture des plus de 130 centres d'interruption volontaire de grossesse fermés.

Nous dénonçons les offensives réactionnaires qui s'en prennent aux droits des personnes LGBTQIA+ qui veulent limiter le droit de vivre librement son orientation sexuelle et son identité de genre. Nous exigeons une transition libre et gratuite pour toutes et tous.

Nous dénonçons les offensives transphobes réactionnaires, notamment les propositions de loi qui remettent en cause toute possibilité de transition des mineur·es, et nous demandons la fin des mutilations et des traitements hormonaux non consentis.

Femmes handicapées, nous subissons toutes les violences. Privées de nos droits à l'autonomie, à l'éducation, à l'emploi, aux soins et à la procréation. Nous voulons notre indépendance économique, l'accessibilité universelle à l'ensemble des lieux et bâtiments.

Halte aux violences sexistes et sexuelles !

Le procès des 51 violeurs de Gisèle Pélicot a rappelé que les violeurs sont des hommes ordinaires, et que la culture du viol persiste dans les différentes strates de la société. La nomination de Darmanin mis en cause pour des violences sexistes et sexuelles comme garde des sceaux est une véritable provocation.

Nous continuons à compter nos mortes car il n'y a aucune volonté politique de lutter contre les violences faites aux femmes et aux enfants.

Pour lutter contre les violences sexistes et sexuelles, dont les violences obstétricales et gynécologiques, nous voulons une loi-cadre intégrale qui mette en avant prévention, éducation, protection, accompagnement, sanction et garantisse les moyens pour la prise en charge de l'ensemble des victimes, femmes, enfants et minorités de genre. Les plus touchées par les violences sexistes, dont les violences économiques, sont celles qui souffrent déjà de multiples oppressions : femmes victimes de racisme, migrantes, sans papiers, femmes précarisées, en situation de handicap, femmes lesbiennes et bi, femmes trans, femmes en situation de prostitution et celles victimes de l'industrie pornocriminelle. Nous demandons la mise en place d'actions concrètes pour lutter contre toutes les violences sexistes et sexuelles, protéger les victimes et combattre les réseaux de traite prostitutionnelle et de proxénétisme.

Nous exigeons les 3 milliards nécessaires pour lutter contre les violences sexistes et sexuelles.

Nous refusons que les enfants violé·es, maltraité·es, incesté·es continuent le plus souvent à être abandonné·es à leur sort !

Pour l'éducation, pour les enfants, l'Éducation à la Vie Affective Relationnelle et Sexuelle pour toutes et tous maintenant !

Le dernier rapport du Haut conseil à l'égalité note que le sexisme progresse chez les adolescents et les jeunes hommes. Nous dénonçons fermement les attaques portées par le précédent gouvernement contre le projet de programme d'éducation à la vie affective, relationnelle et sexuelle (EVARS) reprenant les propos des associations réactionnaires de parents qui y sont farouchement opposées. Nous exigeons l'adoption et la mise en place immédiate du projet de programme EVARS, dans la continuité des lois votées pour l'éducation à la sexualité à l'école. L'EVARS aide à déconstruire les stéréotypes, à comprendre les inégalités, à comprendre l'injustice des dominations qui s'exercent par les hommes sur les femmes, à prendre conscience de son corps et de son intimité et à respecter l'autre et soi-même.

Mobilisées tous les jours contre le patriarcat, les politiques libérales et autoritaires et contre l'extrême droite.

Le 8 mars, nous manifesterons, nous serons en grève féministe.

Nous serons en grève sur nos lieux de travail (santé, commerce…), en grève du travail domestique et en grève de la consommation !

Quand les femmes s'arrêtent, tout s'arrête !

Signataires et soutiens

Premières signataires de l'appel
ActionAid France, AFRICA93, APEL-Égalité, Association Panafricaniste des Droits Civiques des femmes, Attac France, CGT, Collectif Faty KOUMBA : Association des Libertés, Collective des mères isolées, Droits de l'Homme et non-violence, FAGE, Féministes Révolutionnaires Paris, Femmes Egalité, Fondation Copernic, Force Féministe (57), FSU, Fête des 3 Quartiers ( F3Q), Genre et altermondialisme, HFE /Handi Femme Epanouie, Handi-Social, Las Rojas Paris, Le Planning familial, Le Planning Familial 94, Ligue des Femmes Iraniennes pour la Démocratie-LFID, Mouvement des Femmes Kurdes En France, Mouvement de la Paix, Organisation de Solidarité Trans (OST), Stop aux Violences Obstétricales et Gynécologiques France ( Stop-Vog ), UNEF le syndicat étudiant, Union Etudiante, Union syndicale Solidaires, Union des femmes Socialistes (SKB)

En soutien
APRES, Égalités, ENSEMBLE !, Gauche démocratique et sociale GDS, Gauche Ecosocialiste (GES), Génération.s, La France insoumise, Mouvement jeunes communistes de France, NPA-l'Anticapitaliste, NPA – Révolutionnaires, Parti Communiste Français, Parti Communiste des Ouvriers de France (PCOF), Parti de Gauche, PEPS 31, Révolution Écologique pour le Vivant (REV), Union Communiste Libertaire

Télécharger l'appel : Appel 8 mars 2025 (1)

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L’ère du néofascisme et ses particularités

11 février, par Gilbert Achcar — ,
Chaque jour qui passe, et à un rythme accéléré ces dernières années, il devient de plus en plus évident que nous assistons à une nouvelle ère de montée de l'extrême droite à (…)

Chaque jour qui passe, et à un rythme accéléré ces dernières années, il devient de plus en plus évident que nous assistons à une nouvelle ère de montée de l'extrême droite à l'échelle mondiale, similaire à l'ère de la montée des forces fascistes entre les deux guerres mondiales du XXe siècle.

Tiré du blogue de l'auteur.

Gilbert Achcar
Professeur, SOAS, Université de Londres

L'appellation « néofascisme » a été utilisée pour désigner l'extrême droite contemporaine, qui s'est adaptée à notre époque parce qu'elle était consciente que la reproduction du modèle fasciste observé au siècle dernier n'était plus possible, dans le sens où il n'était plus acceptable pour la majorité des gens.

Le néofascisme prétend respecter les règles fondamentales de la démocratie au lieu d'établir une dictature pure et simple comme l'a fait son prédécesseur, même lorsqu'il vide la démocratie de son contenu en érodant les libertés politiques réelles à des degrés divers, selon le niveau de popularité réel de chaque dirigeant néofasciste (et donc de son besoin ou non de truquer les élections) et du rapport des forces entre lui et ses adversaires. Il existe aujourd'hui un large éventail de degrés de tyrannie néofasciste, allant du despotisme quasi-absolu dans le cas de Vladimir Poutine à ce qui conserve encore un espace de libéralisme politique comme dans les cas de Donald Trump et de Narendra Modi.

Le néofascisme diffère des régimes despotiques ou autoritaires traditionnels (tels que le gouvernement chinois ou la plupart des régimes arabes) en ce qu'il se fonde, comme le fascisme du siècle dernier, sur une mobilisation agressive et militante de sa base populaire sur une assise idéologique similaire à celle qui caractérisait son prédécesseur. Cette assise comprend diverses composantes de la pensée d'extrême droite : fanatisme nationaliste et ethnique, xénophobie, racisme explicite, masculinité affirmative et hostilité extrême aux acquis des Lumières et aux valeurs émancipatrices.

Quant aux différences entre l'ancien et le nouveau fascisme, les plus importantes d'entre elles sont, premièrement, que le néofascisme ne s'appuie pas sur les forces paramilitaires qui caractérisaient l'ancienne version – non pas dans le sens qu'il en est dépourvu, mais qu'il les maintient dans un rôle de réserve dans les coulisses, lorsqu'elles existent – et, deuxièmement, que le néofascisme ne prétend pas être « socialiste » comme son prédécesseur. Son programme ne conduit pas à l'expansion de l'appareil d'État et de son rôle économique, mais s'inspire plutôt de la pensée néolibérale dans son incitation à réduire le rôle économique de l'État en faveur du capital privé. Cependant, la nécessité peut le faire aller dans la direction opposée, comme c'est le cas avec le régime de Poutine sous la pression des exigences de la guerre qu'il a lancée contre l'Ukraine.

Alors que le fascisme du XXe siècle s'est développé dans le contexte de la grave crise économique qui a suivi la Première Guerre mondiale et a atteint son apogée avec la « Grande Dépression », le néofascisme s'est développé dans le contexte de l'aggravation de la crise néolibérale, en particulier après la « Grande Récession » qui a résulté de la crise financière de 2007-2008. Alors que le fascisme du siècle dernier s'est emparé des hostilités nationales et ethniques qui prévalaient au cœur du continent européen, dans le contexte des pratiques racistes abjectes en cours dans les pays colonisés, le néofascisme s'est épanoui sur le fumier d'un ressentiment raciste et xénophobe contre les vagues croissantes d'immigration qui ont accompagné la mondialisation néolibérale ou qui ont résulté des guerres que celle-ci a alimentées, en parallèle avec l'effondrement des règles du système international. Les États-Unis ont joué un rôle clé dans l'échec du développement d'un système international fondé sur le droit après la fin de la Guerre froide, plongeant ainsi rapidement le monde dans une Nouvelle Guerre froide.

Le néofascisme peut sembler moins dangereux que son prédécesseur parce qu'il n'est pas fondé sur des apparences paramilitaires et parce que la dissuasion nucléaire rend improbable une nouvelle guerre mondiale (mais pas impossible : la guerre en Ukraine a rapproché le monde de la possibilité d'une nouvelle guerre mondiale plus que tout autre événement depuis la Seconde Guerre mondiale, même par rapport au plus fort de la Guerre froide au temps de l'URSS). La vérité, cependant, est que le néofascisme est plus dangereux à certains égards que l'ancien. Le fascisme du XXe siècle s'appuyait sur un triangle de puissances (l'Allemagne, l'Italie et le Japon) qui n'avaient pas la capacité objective de réaliser leur rêve de domination mondiale, et étaient confrontées à des puissances économiquement supérieures (les États-Unis et la Grande-Bretagne), en plus de l'Union soviétique et du mouvement communiste mondial (ce dernier a joué un rôle majeur dans la lutte politique et militaire contre le fascisme).

Quant au néofascisme, sa domination sur le monde augmente, sous l'impulsion du retour de Donald Trump à la présidence des États-Unis sous une forme beaucoup plus conforme au néofascisme que lors de son premier mandat. Ainsi, la plus grande puissance économique et militaire du monde est aujourd'hui le fer de lance du néofascisme, avec lequel convergent divers gouvernements en Russie, Inde, Israël, Argentine, Hongrie et dans d'autres pays, tandis que la possibilité que des partis néofascistes arrivent au pouvoir dans les principaux pays européens (en France et en Allemagne, après l'Italie, et même en Grande-Bretagne) se profile à l'horizon, sans parler des pays de second rang d'Europe centrale et orientale en particulier.

S'il est vrai que la possibilité d'une nouvelle guerre mondiale reste limitée, notre monde est confronté à une perspective qui n'est pas moins dangereuse que les deux guerres mondiales du XXe siècle, à savoir le changement climatique qui menace l'avenir de la planète et de l'humanité. Le néofascisme pousse le monde vers l'abîme avec l'hostilité flagrante de la plupart de ses factions aux mesures écologiques indispensables, exacerbant ainsi le péril environnemental, surtout au moment où le néofascisme a pris les rênes du pouvoir sur la population la plus polluante du monde proportionnellement à son nombre : celle des États-Unis.

Traduit de ma tribune hebdomadaire dans le quotidien de langue arabe, Al-Quds al-Arabi, basé à Londres. Cet article est d'abord paru en ligne le 4 février. Vous pouvez librement le reproduire en indiquant la source avec le lien correspondant.

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Démondialisation de crise

11 février, par Pierre Rousset — , ,
La mondialisation heureuse (pour le Capital) appartient à un passé déjà lointain. La crise de la démondialisation lui a succédé, ouvrant un espace aux conflits géopolitiques (…)

La mondialisation heureuse (pour le Capital) appartient à un passé déjà lointain. La crise de la démondialisation lui a succédé, ouvrant un espace aux conflits géopolitiques entre États et à des replis protectionnistes partiels.

Hebdo L'Anticapitaliste - 739 (30/01/2025)

Par Pierre Rousset

Crédit Photo
Wikimedia Commons

Cependant, on ne se libère pas facilement des interdépendances tissées par la formation d'un marché mondial unique et l'internationalisation des chaînes de production. Elles sont toujours vivaces, alors que d'autres enjeux s'invitent à l'attention des gouvernants, comme les guerres et le réchauffement climatique.

Rapport de forces avec les USA

Les premiers signaux envoyés par Donald Trump sont ambivalents. Il a nommé à des postes clés de farouches opposants à Pékin, mais a suspendu l'interdiction de TikTok. Et que penser de la place de « président bis » que semble occuper Elon Musk, ce grand investisseur et soutien de Xi qui a proposé un plan de règlement de la question taïwanaise au profit de Pékin (l'homme le plus riche du monde s'accorde tous les droits d'ingérence) ? Xi Jinping doit avoir bien du mal à prévoir si un deal sera souhaitable et possible avec Trump – pour une fois on le comprend. Est-ce un signe si sa politique reste très prudente sur le front des monnaies ? Les temps étaient mûrs pour renforcer le rôle international du yuan, il n'en profite pas pour l'heure. Le bras de fer technologique et commercial entre les deux puissances est engagé, il pourrait aboutir à l'imposition au monde d'un duopole sino-étatsunien ou, inversement, à des affrontements armés.

Les États-Unis restent dominants sur le plan militaire, ainsi que pour les semi-conducteurs de pointe. Ils exigent que le champion néerlandais des puces d'intelligence artificielle, Nvidia, renonce à livrer ses produits haut de gamme à la Chine. En dépit de subventions massives à la recherche, les entreprises chinoises semblent incapables de combler leur retard en ce domaine crucial. Du coup, Pékin menace de bloquer l'exportation vers les États-Unis de plusieurs métaux essentiels à la production des semi-conducteurs (gallium, germanium…). Vous avez dit interdépendance ?

Entre l'Europe de l'Ouest et Poutine

L'influence chinoise s'étend notablement de l'Afrique à l'Amérique latine, mais cela ne saurait remplacer les liens avec les pays capitalistes développés. Or, l'accès aux États-Unis devrait se restreindre. En conséquence, Xi Jinping pourrait se tourner vers l'Europe de l'Ouest, l'Australie, la Corée du Sud — mais il y a la guerre en Ukraine de son copain Poutine, allié à la Corée du Nord ! Est-ce le moment de sacrifier cette amitié indéfectible ? Difficile alors qu'avec le réchauffement climatique, les régions polaires s'ouvrent à l'exploitation et aux communications maritimes. Pékin n'est pas un pays riverain de l'Antarctique et a besoin de Moscou pour participer au grand jeu stratégique engagé dans cette région, à l'heure où Donald Trump veut prendre possession du Groenland !

Le sort du monde dépend pour une part de dirigeants comme Donald Trump et Xi Jinping, ce qui n'a rien de rassurant. Au chaos par en haut, opposons donc l'internationalisme par en bas.

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Trump menace surtout ses alliés

11 février, par Michel Rogalski — , ,
Élu, et bien élu, Donald Trump s'installe au sommet de la première puissance mondiale. Débarrassé de ses adversaires démocrates qui terrassés, se retrouvent sans chef et sans (…)

Élu, et bien élu, Donald Trump s'installe au sommet de la première puissance mondiale. Débarrassé de ses adversaires démocrates qui terrassés, se retrouvent sans chef et sans programme. Car ils ont plus perdu que lui même n'a gagné. Arrivé au pouvoir dans des conditions beaucoup moins impréparées que la première fois, il a à ses côtés des équipes qui ont mis quatre années à peaufiner leur programme, rêvent de l'appliquer sans tarder et ont acquis une expérience en matière de gestion gouvernementale.

Tiré de :La chronique de Recherches internationales

Il a depuis longtemps identifié ses ennemis et n'entend pas perdre de temps à s'en débarrasser. Il a prévenu, des têtes allaient tomber et il allait détricoter prestement toutes les décisions prises durant le mandat Biden. Qu'importe si des recours en justice bloqueront en partie ses actes. Cela ne freinera pas son ardeur.

On ne peut se dispenser d'évoquer le souvenir de l'alignement des astres qui avait accompagné au début des années 80 l'élection de Ronald Reagan et de Margaret Thatcher que beaucoup considèrent comme le début d'une nouvelle ère à partir de laquelle s'était propagée la vague néolibérale mondialisée qui avait balayé la planète et mis en avant la thématique de la révolution conservatrice reprise en partie par Trump et son équipe. Mais le contexte n'est plus le même.

À l'époque la domination américaine sur le monde n'était pas contestée. Quarante ans plus tard, les États-Unis n'ont plus ce pouvoir. Entretemps, certes l'Union soviétique et ses alliés se ont effondrés, mais la Chine dès les années 2000 et son adhésion à l ‘OMC a émergé et est devenue rivale systémique. La guerre d'Ukraine et plus encore celle d'Israël a fait apparaître l'isolement de l'Occident et a révélé un « Sud global » certes disparate mais ayant en commun la volonté de ne pas apparaître alignés sur la première puissance mondiale. Bref, les États-Unis ne peuvent à eux-seuls prétendre façonner le monde ou y dicter leur loi. Leur hégémonie se limite désormais au petit monde, celui qu'on appelle l'hémisphère occidental.

Et c'est dans cet espace-là que désormais ils peuvent prétendre ambitionner de faire bouger les lignes. Leurs slogan « America first » ou « Make America Great Again », au-delà de leur portée électorale non-négligeable, ne vise en réalité qu'à maintenir un chef de filât reconnu par leurs alliés, mais très peu au-delà. Garder leur place au sein de leur camp, voilà leur ambition, même si, sujet non-invoqué, la dégringolade profonde est celle de l'Occident. En son temps l'inflexion d'Obama vers le « pivot asiatique » avait déjà anticipé cette posture poursuivie par le premier mandat de Trump à travers sa politique d'affrontement commercial.

Les chiffres sont impitoyables et sans appel. Tout d'abord le poids des pays occidentaux dans l'économie mondiale s'est affaibli au fur et à mesure que la mondialisation progressait. Cette perte d'influence s'est traduite pour les pays du G-7 par un passage de 50 % à 31 % du PIB mondial des années 1980 à aujourd'hui. Ce sont les pays non-occidentaux notamment les Brics (Brésil, Russie, Inde, Chine) qui en bénéficièrent, en particulier la Chine. Aujourd'hui le noyau dur des Brics a déjà dépassé la production des pays du G7. Les États-Unis sont dans l'incapacité d'agir contre cette tendance lourde et ils se retournent contre leurs alliés traditionnels qu'ils espèrent pouvoir affaiblir à leur profit.

Car c'est bien sur eux que pèsera le poids principal des mesures annoncées telles qu'elles transparaissent dans les décrets présidentiels en cours de signature.

Mais dans l'ordre interne, il y a d'abord tout ce qui relève du règlement de compte – voire de la vengeance – réservé aux adversaires et les arrangements offerts aux amis. Les charrettes ont donc commencé et il a été annoncé que le critère essentiel désormais retenu serait celui de la loyauté, manière de contrer ce qu'il appelle « l'État profond ». Les « persécutés » par Biden seront amnistiés. Une large place sera accordée aux fidèles soutiens, surtout à ceux qui n'auront pas oublié de manier le carnet de chèques de façon généreuse pour abonder la campagne, notamment ceux qui sont désignés comme des oligarques souvent appuyés sur les Gafam, bref une dizaine de milliardaires.

Dans son discours d'adieu, Joe Biden alla jusqu'à déclarer : « une oligarchie prend forme en Amérique faite d'extrême richesse, de pouvoir et d'influence qui menace déjà notre démocratie entière, nos droits élémentaires, nos libertés, et la possibilité pour chacun d'avoir une chance équitable de s'en sortir ». Constat lucide mais concernant une situation qu'il avait peut-être laissée se développer lui-même. Car il est un peu tard pour découvrir la montée des « multimilliardaires, des super, ultra-riches, les personnes les plus fortunées de la planète qui commencent à contrôler tout le système, des médias à l'économie ».

Mais l'obsession migratoire est le domaine où le nouveau président a dégainé le plus vite et, fait nouveau, a militarisé le sujet en mobilisant la garde nationale. D'emblée blocage des frontières, en particulier celle du Mexique et expulsion de migrants en situation irrégulière – estimés par lui-même à 11 millions - ont été mise en œuvre, avec plus ou moins de succès. Les recours en justice et refus des pays d'admettre leurs ressortissants ont grippé le processus. Un bras de fer s'est engagé d'où il est ressorti largement gagnant face à la Colombie, au Brésil, et au Guatémala. Les pays concernés viendront eux-mêmes chercher leurs ressortissants. Les menaces d'élévation de droits de douane ont joué leur plein effet. Mais il faudra néanmoins construire de nombreux centres de rétentions – utiliser à nouveau Guantanamo – pour amorcer un tel processus qui est engagé et marquera tout au long le deuxième mandat. Le droit du sol est menacé malgré son inscription dans la Constitution.

Dans l'ordre international, le discours est radical et concerne essentiellement ses alliés. Les marges de manœuvre face à la Chine sont réduites, tant à cause du rapport de force que des intérêts que certains des oligarques qui le soutiennent partagent avec celle qui constitue pour eux à la fois un fournisseur et un débouché non-négligeable. Le rapport à la Russie et au-delà l'implication américaine dans la guerre d'Ukraine reste le plus difficile à cerner. Les déclarations ne sont guère nombreuses et il n'est pas certains qu'une posture soit encore élaborée. Le sentiment qui prévaut n'est pas escalatoire, mais l'on sent bien que ce conflit a pour l'instant fabriqué deux gagnants – la Chine et les États-Unis – et deux perdants – la Russie et l'Europe, y compris l'Ukraine. La logique voudrait qu'on laisse s'essouffler les belligérants en participant le moins possible aux frais. Le cas israélien fait exception tant les deux États sont liés par des liens d'une extrême intensité. Les États-Unis et d'une façon générale l'Occident ont laissé Israël faire le sale boulot, c'est-à-dire mener sa guerre régionale et accumuler victoire sur victoire – Hamas, Hezbollah, Syrie, Iran – en fournissant armes, logistique, présence militaire de la 6éme flotte, et argent sans compter.

L'accord de cessez-le-feu qui reprend pour l'essentiel le plan Biden d'il y a plusieurs mois a maintenant une double paternité puisque Trump le revendique également. Pour qu'il ait fini par être entériné par Nétanyahou, il a bien fallu qu'il comporte des contreparties non publiques : connivence sur la poursuite de la colonisation de la Cisjordanie, dispersion de la population de Gaza en Jordanie ou en Égypte et/ou fourniture d'armes très offensives pour détruire le dispositif nucléaire iranien. Les milieux sionistes-chrétiens évangéliques très influents dans l'entourage de Trump pèseront de toutes leurs forces pour continuer à amarrer durablement Israël aux États-Unis. Le premier chef d'État à se rendre à Washington sera Benjamin Nétanyahou.

Mais l'essentiel des mesures envisagées concernent les pays alliés des États-Unis. Le Canada, le Mexique, Panama, le Groenland, l'Europe sont déjà ciblés sous des prétextes parfois fantaisistes. Trump propose ainsi au Canada de devenir le 51ème État américain proposant de réduire la fiscalité et les droits douaniers alors que les trois pays d'Amérique du Nord constituent un bloc commercial – l'Alena -, d'annexer le Groenland pour raison de sécurité, de s'en prendre aux pays de l'Otan accusés de ne pas augmenter leurs dépenses militaires et menacés d'être privés du parapluie militaire américain. Il espère trouver en Europe même des complices comme l'Italie ou la Pologne qui relaieraient ses menaces et introduiraient le désarroi et la désunion et n'hésite pas à encourager là où il le peut la montée des forces d'extrême droite. Il faut ajouter à ce sombre tableau le retrait annoncé de l'Accord de Paris sur le climat ainsi que celui de l'Organisation Mondiale de la Santé ou l'arrêt pendant au moins 90 jours de tous les programmes d'aide à l'étranger en ménageant l'Égypte et la Jordanie, mais pas l'Ukraine.

Il est peu sûr qu'un programme aussi ambitieux puisse se réaliser sans réactions des cibles visées qui ne manquent pas de moyens de rétorsions. Trump n'a pas compris qu'une position hégémonique suppose des faux frais qu'on ne peut supprimer sans perte de l'influence du soft power.

Cette chronique est réalisée en partenariat rédactionnel avec la revue Recherches internationales à laquelle collaborent de nombreux universitaires ou chercheurs et qui a pour champ d'analyse les grandes questions qui bouleversent le monde aujourd'hui, les enjeux de la mondialisation, les luttes de solidarité qui se nouent et apparaissent de plus en plus indissociables de ce qui se passe dans chaque pays.

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Des théories pour saisir l’insécurité alimentaire

11 février, par Lopkendy Jacob — ,
Commun à tous les phénomènes, des théories proposent toujours des explications à ces derniers. L'insécurité alimentaire ne fait pas exception. Plusieurs théories concourent ou (…)

Commun à tous les phénomènes, des théories proposent toujours des explications à ces derniers. L'insécurité alimentaire ne fait pas exception. Plusieurs théories concourent ou tentent d'expliquer le fond de ce phénomène. Parmi ces théories, trois d'entre elles qui bénéficient d'une solide réputation auprès des communautés scientifiques sont passées en revue.

La théorie de Robert Malthus

Du point de vue historique, la première théorie qui propose une certaine explication jugée cohérente au phénomène de l'insécurité alimentaire a été élaborée par Thomas Robert Malthus en 1798 (Azoulay et Dillon, 1993). D'après cette théorie, expliquent les auteurs, l'inexistence des denrées alimentaires suffisantes est la première cause de l'insécurité alimentaire. Dans une telle dynamique, pour contre carrer ce phénomène il suffit d'augmenter le niveau de la production. Cette théorie est à la base de la première définition de la sécurité alimentaire proposée par la FAO au cours des années 70. À travers cette assertion Malthus semble donc inscrire la sécurité alimentaire dans la dynamique de la territorialité, c'est-à-dire la sécurité alimentaire des personnes dépend de la disponibilité des aliments dans la communauté au quelle évoluent ces personnes. La vision de la territorialité qui est dégagée dans l'analyse de Malthus précède bien ce dernier. Car, selon Vertus Saint-Louis (2003), les grands fleuves ont été déjà perçus pour accrocheurs des grandes civilisations parce qu'ils ont été à la fois des voies de communication naturelles et des lieux de naissance des grandes agricultures ; population et alimentation sont liées. C'est dans cette optique que, selon l'historien, Hérodote a qualifié l'Égypte un don du Nil.

Toutefois la théorie de Malthus est bien étudiée, il en résulte qu'une fois que la production agpri augmente, automatiquement la faim décroit ou disparaît. Donc, un lien étroit est déduit entre la production agricole et la satisfaction du besoin de se nourrir, en décelant cette théorie. Mais même si qu'il y ait un lien étroit entre la production agricole (disponibilité des aliments) et la satisfaction du besoin de se nourrir (finalité), le lieu de consommation des aliments ne devrait pas forcement le lieu de la production, comme dans les systèmes agraire traditionnels où un lien était établi entre le champ et l'assiette. D'ailleurs la Banque Mondiale, se basant sur le coût d'opportunité et les avantages comparatifs, grâce au marché international, elle encourage à l'État des pays sous-développés de se concentrer sur la réduction des inégalités sociales au lieu de produire localement, pour pouvoir lutter contre l'insécurité alimentaire (Courade, 1989).

En clair, le marché international est là pour satisfaire la demande alimentaire. Autrement dit, la disponibilité des aliments peut être assurée par le marché. Cependant, la Banque Mondiale, à travers sa proposition, semble ignorer quelques réalités. S'appuyant totalement sur l'approvisionnement à l'échelle international, c'est ignorer que les grandes puissances peuvent se servir de l'arme alimentaire pour torpiller les petits pays. Car pour Stéphanie Rivoal (2015), l'alimentation peut transformer en une arme de nature économique, politique et de guerres avec des effets divers. Également, l'alimentation peut être un moyen pour enrichir les producteurs agricoles étrangers au détriment des agriculteurs locaux. Mais encore, c'est banaliser les grands chocs économiques internationaux qui peuvent provoquer la flambée des prix des produits agroalimentaires. C'est ce qui se passait en 2008 (Soha, 2010).

Comparant la base de l'énoncé de la Banque Mondiale avec la théorie de Malthus, la deuxième semble être favorable à la souveraineté alimentaire portée par la via Campesina en 1996. Car la fédération des organisons paysannes définit la souveraineté alimentaire comme étant « le droit des peuples à une alimentation saine, dans le respect des cultures, produite à l'aide de méthodes durables et respectueuses de l'environnement, ainsi que leur droit à définir leurs propres systèmes alimentaires et agricoles » (Gasselin, Jarrige et al., 2020 : 9). Dans la logique de la souveraineté alimentaire, la petite agriculture familiale est privilégiée afin de finir avec la dépendance alimentaire des pays du Sud (Alahyane, 2017). Néanmoins, la disponibilité des aliments locaux ne garantit pas la sécurité alimentaire, elle peut être seulement considérée comme une étape dans la sécurité alimentaire. Étape, parce qu'il pourrait avoir de production suffisante dans une communauté alors que la faim progresse dans cette même communauté, du fait que tout le monde n'est pas producteur. Car ceux qui ne sont pas producteurs, ils pourraient ne pas avoir un accès suffisants aux aliments faute de moyens financiers. Et ceux qui sont des producteurs pourraient eux-mêmes ne pas avoir assez de moyens financiers pour compléter leurs diètes alimentaires. Une telle situation a été observée au Mali à Sikasso, où la production agricole est au top, par contre selon Dury et Bocoum (2012) cité par Emmanuel Lankouande et al. (2020), la région connait une malnutrition infantile élevée. La question ne tourne pas seulement autour de la question de la disponibilité des aliments, mais également autour de celle de l'accessibilité aux aliments et d'autres paramètres.

La théorie de Amartya Sen

Selon Piguet (2010), Escheir est l'un des premiers à évoquer la question accès aux aliments. Il l'a appelé la partie gauche de « l'équation alimentaire ». Suivant l'auteur, la croissance de la production des biens alimentaires ne peut pas résoudre automatiquement le problème de la faim, bien qu'important. Il s'agit avant tout d'une question d'accès. Dans ce débat Amartya Sen s'est inscrit dans la même logique. Ainsi, explique-t-il que le fond de la question de la problématique de la faim n'est pas dans la disponibilité totale des aliments, mais dans l'accessibilité des personnes aux aliments. Donc l'existence des aliments sur le marché (disponibilité) n'a aucun sens pour la population dans la mesure où elle n'a pas les moyens financiers pour se procurer de ces aliments. C'est pourquoi il évoque la notion de capabilités (Sen 1981), cité Edmond Lankouande et al. (2020). Néanmoins, la notion de capabilités apparaîtrait un peu flou. Donc pour élucider cette notion, Sen (1985) a expliqué les capabilités par les rapports existants entre l'accès aux aliments (moyens financiers), rendement nutritionnels (âge, sexe, préférence alimentaire), des conditions environnementales, le niveau d'éducation, les caractéristiques sanitaires, cité Edmond Lankouande (2020).

La deuxième définition de la sécurité alimentaire élaborée par la FAO en 1996 trouve ses racines dans cette fameuse théorie de Sen.

Suivant les analyses de Emmanuel Bénicourt (2006), la théorie de Sen a donc lié le phénomène de l'insécurité alimentaire au manque de pouvoir des populations pour réaliser certains accomplissements. C'est une sorte de déficit de libertés de la part des individus qui sont incapables de réaliser cet accompagnement, celui de nourrir. Cet état de fait se réfère à une dynamique du sous-développement, car dans la logique de Sen, suivant le même auteur, le développement est perçu comme la réalisation d'une vie meilleure. C'est pourquoi Sen concentre sa définition du développement sur la notion de « fonctionnement ». De cette manière il évoque la capacité des personnes à réaliser certaines actions ou certains types d'états dont être bien nourri, être libre de la morbidité, être mobile, etc. En général, ces états sont appelés « le fonctionnement » des personnes. Suivant cette logique, les personnes sont libres pour choisir et réaliser ses « fonctionnements » en se basant sur des droits dont disposent ces dernières.

Toutefois pour Vertus Saint-Louis (2003) la question alimentaire tourne autour de la politique, en substance il porte à déduire que la théorie de Sen explique la vulnérabilité alimentaire des populations comme étant la résultante des actions politiques, parce que ce sont des actions politiques à travers des politiques publiques qui permettront aux citoyens de réaliser ou non certains accomplissements qui impliquent les multiples dimensions de la vie des personnes. D'ailleurs pour Patrick Hassenteufel (2014), inaction publique vaut action publique en sociologie politique. Fort de cette approche, la sécurité alimentaire peut-être insérée dans la grille des états ou actions assimilées au bien-être et que certaines personnes sont incapables de réaliser, parce que des bases ne sont pas jetées suivant des stratégies de développement.

Certes la théorie de Sen explique l'insécurité alimentaire par l'inaccessibilité des personnes aux aliments, elle assimile donc cette situation d'inaccessibilité à l'incapacité des personnes à réaliser certains fonctionnements dont celui de se nourrir, mais elle n'explique pas réellement les facteurs qui sont responsables cet état d'incapacité. C'est ce qui fait la limite de cette théorie et que peut expliquer la théorie dynamiste de Georges Balandier.

La théorie dynamiste de Georges Balandier

La théorie de Georges Balandier décrit la dynamique sociale comme un tout qui comprend des dynamismes internes et externes et qui sont responsables de certaines réalités dans des sociétés. Selon la dynamique interne tous les changements viennent de l'intérieur même de la communauté. Ils actualisent ce qui existe déjà sous forme latente, recouverte et cachée, parfois refoulée. Quant à la dynamique externe, elle est caractérisée par les forces venant d'autres systèmes et qui pèsent sur le système intérieur jusqu'à le dominer et détruit sa propre régulation. En ce sens, le système extérieur impose une régulation étrangère du système intérieur. Cela est possible inévitablement par le contact du système intérieur avec une autre société qui provoque une dynamique de prise de conscience de certaines lacunes ou différences, une aspiration vers quelque chose d'autres. Donc, la dynamique du dedans apparaît continuellement confrontée à une dynamique du dehors, par contre il est possible que ce qui semble être imposé par la dynamique du dehors soit en réalité des mécanismes internes qui jusqu'alors n'étaient pas perçus (Defour, 1994), cité par Jambere Bajoje (2011).

Par conséquent, au sujet de l'insécurité alimentaire, dans le temps les systèmes agraires traditionnels avaient un étroit lien avec l'alimentation des populations, c'est-à-dire la sécurité alimentaire des populations étaient inévitablement assurée par la production locale. Or dans la dynamique de la globalisation et de la mondialisation, l'alimentation des peuples tend vers son uniformisation à travers la logique de marché, un état de fait imposé de l'extérieur pour sécuriser l'alimentation des populations et que subissent les systèmes agraires locaux. Ce lien entre la production agricole locale et la consommation alimentaire est désormais dissout parce que la dynamique externe participe à la destruction des systèmes agraires traditionnels qui sont de la dynamique interne. De ce fait, l'insécurité alimentaire observée dans des régions du monde pourrait être perçu comme le résultat de la marchandisation de l'alimentation qui est imposée par la dynamique du dehors.

Néanmoins, cette fameuse théorie de Balandier ne prend pas en compte l'interdépendance des systèmes, où les uns ne sont pas responsables la faiblesse des autres, ce qui peut amener à la domination des uns sur les autres.

Le point sur ces théories

En effet, les trois théories analysées nous portent à comprendre que, du point de vue théorique, les manières d'appréhender l'insécurité alimentaire ont évolué au cours du temps. Également, elles nous permettent de comprendre le fondement des diverses approches issues de l'insécurité alimentaire et de la sécurité alimentaire. Toutefois chacune de ces théories a leurs limites. Ainsi, la première théorie néglige l'homme dans sa totalité. La deuxième théorie, à savoir la théorie d'Amartya Sen, appréhende l'homme dans sa dimension plus ou moins complète, mais n'explique pas les facteurs réels qui provoquent l'incapacité des populations à accéder à l'alimentation. Et, la troisième théorie explique les facteurs qui impliquent l'inaccessibilité des populations à l'alimentation, alors qu'elle ne met pas en cause l'interdépendance des systèmes.

Après avoir analysé ces théories qui tentent d'expliquer le phénomène de l'insécurité alimentaire, en dépit de leurs limites, la théorie de Sen me semble plus convenable pour pouvoir mieux analyser et expliquer ce phénomène. Car à travers cette théorie, les problèmes du développement peuvent être abordés comme des défis ou des obstacles à la sécurité alimentaire ou le bien-être et la liberté en général.

Lopkendy JACOB

Ingénieur-Agronome (FSAG/UNEPH), Maîtrisant en Sciences du Développement
(FE/UEH).

Quelques références

Alahyane, S. (2017). Souveraineté alimentaire ou le droit des peuples à se nourrir eux-mêmes. In Politiques Étrangères. P. 167-177.

Azoulay, G. et Dillon J. (1993). La sécurité alimentaire en Afrique : Manuel d'analyse et d'élaboration des stratégies. In Tiers-Monde, tome 35, N°139.

Gasselin P., Jarrige F. et al. (2020). La souveraineté alimentaire. Concept et conditions d'une mise en œuvre durable. 35 p.

Bénicourt, E. (2006). Amartya Sen : Une nouvelle ère pour le développement ? Réponse à Alexandre Bertin. In Revue du Tiers Monde, No 186. Édition Armand Colin. P. 443-447.

Hassenteufel, P. (2014). Sociologie politique : L'action publique. 2ème Édition Armand Colin. 311 p.

Lankouande, E. et Sirpe, G. (2020). Analyse dimensionnelle de la sécurité alimentaire et nutritionnelle : Approche des capabilités. Documents de recherche de l'observatoire de la francophonie économique (DROPE) No 8. 17 p.

Rivoal, S. (2015). L'arme alimentaire. In géo-économie, No 73. P. 9-27.

Vertus, S. (2003). Système colonial et problèmes d'alimentation : le cas de Saint-Domingue au XVIIIème siècle. Les Éditions du CIDIHCA, Montréal. 231 p.

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