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En Israël, la gauche anti-guerre s’ouvre un chemin - Un entretien avec Uri Weltmann de Standing Together

Omdim be'Yachad-Naqef Ma'an, ou Standing Together (Debout Ensemble), est un mouvement social israélien judéo-arabe qui lutte contre le racisme et l'occupation, pour l'égalité et la justice sociale. Dans cet entretien, Uri Weltmann, coordinateur national du mouvement, parle de la progression du mouvement pour la paix en Israël, de la manière dont les militants affrontent les extrémistes de l'extrême droite qui tentent d'empêcher l'aide humanitaire d'atteindre la bande de Gaza, et des récentes percées électorales de la gauche.
Tiré d'Europe solidaire sans frontière.
Federico Fuentes - Comment le mouvement pacifiste en Israël a-t-il évolué depuis le 7 octobre ? Peut-on dire qu'il est en train de faire évoluer l'opinion publique et qu'il sape les efforts de guerre du Premier ministre Benjamin Netanyahou ? et quel rôle joue « Debout ensemble »au sein de ce mouvement ?
Uri Weltmann - Après le 7 octobre, la police israélienne a limité le droit des gens à manifester et à exercer leurs libertés civiles. Il était presque impossible d'obtenir un permis de manifester. Ainsi, en octobre et novembre, la plupart des actions entreprises par le mouvement pour la paix - y compris « Debout ensemble » - n'étaient pas des manifestations, des piquets ou des rassemblements. Au lieu de cela, nous avons accroché dans les rues des pancartes sur lesquelles était écrit « Seule la paix apportera la sécurité » et nous avons organisé des conférences d'urgence judéo-arabes dans deux douzaines de villes à travers Israël, au cours desquelles nous avons exprimé la nécessité de suivre une autre voie que celle du gouvernement.
Ce n'est qu'en décembre que sont apparues des possibilités d'organiser des manifestations de plus grande ampleur. C'est alors que « Debout ensemble » a rassemblé des centaines de personnes lors d'un rassemblement à Haïfa le 16 décembre et un millier d'autres lors d'un rassemblement à Tel-Aviv le 28 décembre. En janvier, nous avons organisé notre première marche contre la guerre, pour laquelle une coordination de plus de 30 mouvements et organisations pacifistes a mobilisé des milliers de personnes.
Les manifestations les plus récentes et les plus importantes à ce jour ont eu lieu début mai, avec des orateurs palestiniens et juifs et des milliers de personnes qui ont défilé à Tel-Aviv sous le slogan « Arrêtez la guerre, ramenez les otages ». L'un des orateurs était Shachar Mor (Zahiru), dont le neveu est aux mains du Hamas à Gaza. Il a vivement critiqué le cynisme de Nétanyahou et de ses alliés et a appelé à la fin de la guerre pour ramener les otages. Avivit John, survivant du massacre du kibboutz Beeri, où de nombreux civils ont été assassinés le 7 octobre, a déclaré à la foule que, bien qu'il ait perdu des amis et des membres de sa famille dans l'attaque du Hamas, il ne voulait pas que nous tous, en tant que société, perdions également notre humanité. Il a appelé à la fin de la guerre, à la reconnaissance de l'humanité qui est commune aux Israéliens et aux Palestiniens, et au retour des otages.
Parallèlement aux manifestations organisées par le mouvement pacifiste, il y a eu un mouvement de protestation plus large appelant au retour des otages, qui, au fil du temps, a adopté une ligne explicitement anti-guerre. Dans les premiers mois qui ont suivi le 7 octobre, des parents et des amis des otages ont organisé des manifestations pour sensibiliser l'opinion à leur détresse, dans le but de faire pression sur le gouvernement. Il y a deux mois, cependant, ce mouvement a pris un virage à gauche en s'associant à des organisations anti-Netanyahou et en annonçant publiquement qu'ils étaient parvenus à la conclusion que Netanyahou et son gouvernement constituaient un obstacle à un accord de cessez-le-feu qui pourrait faciliter la libération des otages. Selon eux, ce qu'il faut, c'est un mouvement de masse pour forcer le gouvernement à partir et la tenue d'élections anticipées.
Il y a quelques semaines, alors que les négociations entre Israël et le Hamas semblaient sur le point d'aboutir à un accord, ce mouvement de protestation s'est ouvertement prononcé en faveur de la fin de la guerre en échange du retour des otages. Ils ont organisé l'une de leurs grandes manifestations du samedi à Tel-Aviv - à laquelle ont participé des dizaines de milliers de personnes - avec pour mot d'ordre « Otages, pas Rafah », et ont fait reprendre le chant « Kulam Tmurat Kulam » (en hébreu : « Libérez-les tous, en échange de tous »), un appel à la libération des milliers de prisonniers palestiniens détenus dans les prisons israéliennes en échange de la libération des otages israéliens retenus par le Hamas.
Ce vaste mouvement de protestation a modifié le climat politique en Israël : les partis de droite et d'extrême droite qui composent la coalition de M. Netanyahu perdent du terrain parmi la population. Alors qu'ils avaient remporté 64 des 120 sièges de la Knesset (parlement israélien) lors des élections de novembre 2022, ils n'obtiendraient aujourd'hui, selon les derniers sondages, qu'entre 45 et 52 sièges. Cela constitue un problème pour M. Netanyahou, car cela signifie non seulement qu'il serait démis de ses fonctions, mais aussi que son procès pour corruption reprendrait et qu'il pourrait se retrouver en prison. Il a donc un intérêt politique et personnel à ce que la guerre contre Gaza se prolonge et s'étende, conformément aux exigences de ses partenaires de la coalition d'extrême droite. Il sait qu'un accord sur les otages a toutes les chances de signifier la fin de la guerre. Et que la fin de la guerre signifiera le renversement de son gouvernement de coalition et la convocation d'élections anticipées, avec pour conséquence une défaite politique et une possible perte de sa liberté personnelle. C'est cette analyse qui a conduit le grand mouvement de protestation en faveur du retour des otages à réaliser que Netanyahou est un obstacle à écarter et pas un simple acteur du dossier qu'il s'agirait de convaincre.
Les membres de « Debout Ensemble » sont intervenus dans ces manifestations de masse - à Tel Aviv, Haïfa, Jérusalem, Beer Sheva, Kfar Sava, Karmiel et ailleurs - en insistant sur le fait que le retour des otages sains et saufs doit s'accompagner de la fin de la guerre et de l'assassinat de civils innocents à Gaza. En outre, notre message est que la sécurité à long terme des deux peuples ne sera pas assurée par la guerre, l'occupation et le siège. Au contraire, nous exigeons la fin de l'occupation et une paix entre Israël et la Palestine qui reconnaisse le droit de tous à vivre dans la liberté, la sécurité et l'indépendance. Il y a des millions de Juifs israéliens dans notre pays et aucun d'entre eux ne partira. Il y a également des millions de Palestiniens dans notre pays et aucun d'entre eux ne partira. Tel doit être le point de départ de notre politique si nous voulons imaginer un avenir de justice, de libération et de sécurité.
« Debout ensemble » a constitué la « Garde humanitaire » pour riposter aux tentatives de l'extrême droite de bloquer les convois d'aide à destination de Gaza. Que pouvez-vous nous dire de cette initiative ?
À la mi-mai, des images et des vidéos de colons violents et extrémistes, connus sous le nom de « Jeunes de la colline », qui attaquaient des camions au point de contrôle de Tarqumia - le principal point de passage reliant le territoire palestinien occupé de Cisjordanie à Israël - transportant de la nourriture et d'autres produits d'aide humanitaire vers la bande de Gaza assiégée, ont cristallisé l'attention. Les chauffeurs de camion palestiniens ont été battus et ont dû être hospitalisés, les sacs de farine et de blé ont été éventrés et les camions incendiés. Ces agressions violentes ont attiré l'attention des médias locaux et internationaux, notamment parce qu'elles se sont déroulées sous les yeux de soldats et de policiers israéliens qui n'ont rien fait pour les empêcher.
En réaction, "Debout ensemblez a annoncé la constitution de la Garde humanitaire, une initiative destinée à rassembler des militants pour la paix de tout Israël afin de constituer une barrière physique entre les colons extrémistes et les camions, de consigner ce qui se passait et d'obliger la police à intervenir. À ce jour, plus de 900 personnes se sont portées volontaires pour y participer. Chaque jour, des dizaines de personnes viennent de Jérusalem et de Tel-Aviv pour se rendre au point de contrôle. Notre présence protectrice au point de contrôle de Tarqumia a permis le passage en toute sécurité de centaines de camions au cours des deux premières semaines, ce qui a permis de livrer des tonnes de nourriture à la population civile de la bande de Gaza où une famine grandissante et une catastrophe humanitaire sont en train de se produire.
Le premier jour où j'y étais, la police a été obligée de repousser les colons et de laisser passer les camions, dont les chauffeurs klaxonnaient en signe de soutien. Les colons semblaient visiblement dérangés par notre présence et par le fait que nous étions plus nombreux qu'eux. Ils ont quitté le poste de contrôle, mais nous avons appris par leur groupe WhatsApp qu'ils se regroupaient sur la route pour attaquer les camions avant qu'ils n'atteignent le poste de contrôle. Lorsque nous sommes arrivés au carrefour où ils se tenaient, nous les avons trouvés en train de piller un camion, de détruire des colis de nourriture et de les jeter sur le bas-côté de la route. Ce n'est qu'à notre arrivée que la police les a éloignés à contrecœur, permettant au camion saccagé de repartir. Nous avons récupéré la nourriture pour la mettre dans les camions suivants. Nous consignons également les attaques des colons et déposons des plaintes, ce qui a entraîné l'arrestation de certains d'entre eux par la police.
Nous considérons la Garde humanitaire à la fois comme un moyen d'exprimer notre solidarité avec la population de la bande de Gaza et comme un élément dans la lutte que nous menons pour la définition du caractère de notre société : nous refusons que la société israélienne soit façonnée en fonction des critères moraux des fanatiques d'extrême droite qui déshumanisent les Palestiniens et promeuvent une politique de mort. « Debout ensemble », en tant que mouvement, est enraciné dans la société israélienne, avec toutes ses complexités, et œuvre pour susciter des changements dans l'opinion publique et organiser les citoyens juifs et palestiniens d'Israël afin de construire une nouvelle majorité au sein de notre société, une majorité qui nous permettra d'avancer vers la paix, l'égalité, et la justice sociale et climatique.
L'Organisation des Nations unies (ONU) a récemment voté en faveur d'une revalorisation du statut de la Palestine au sein de l'organisation, tandis que certains gouvernements européens ont officiellement reconnu l'État palestinien. Les États-Unis ont même refusé de fournir à Israël des bombes pour attaquer Rafah. En Israël, a-t-on le sentiment de perdre une partie du soutien international et quel est l'impact de cette évolution sur le jugement de l'opinion publique à l'égard du gouvernement ?
Le vote de l'ONU pour donner plus de droits aux Palestiniens au sein de cette institution, ainsi que la décision de l'Espagne, de la Norvège et de l'Irlande de reconnaître formellement l'Etat palestinien, sont des étapes diplomatiques importantes pour renforcer la légitimité internationale de la lutte pour la libération et le droit à un Etat palestinien. Je suis convaincu - et il existe un large consensus international sur ce point - que les résolutions des Nations unies constituent la meilleure base pour permettre aux Palestiniens de gagner leur droit à l'autodétermination nationale, par le biais de la création d'un État indépendant avec Jérusalem-Est comme capitale et la ligne verte (la frontière avant le 4 juin 1967) comme frontière entre les États de Palestine et d'Israël. Un tel accord de paix devrait inclure le démantèlement de toutes les colonies israéliennes en Cisjordanie occupée, qui sont illégales au regard du droit international ; une solution juste et consensuelle pour les réfugiés palestiniens sur la base des résolutions des Nations unies ; la démolition du « mur de séparation » construit au début des années 2000 ; et la libération des prisonniers palestiniens détenus dans les prisons israéliennes, y compris les plus de 3 600 « détenus administratifs » qui restent en prison sans inculpation, procès ou condamnation, dans certains cas depuis de nombreuses années.
En Israël, les grands médias présentent cette évolution de l'opinion publique étrangère et les développements diplomatiques comme étant prétendument dirigés contre tous les Israéliens. La classe politique israélienne tente de faire l'amalgame entre le gouvernement et l'État, d'une part, et les citoyens ordinaires, d'autre part, et présente les critiques internationales dirigées contre la façon dont le gouvernement Nétanyahou agit à Rafah comme des critiques dirigées contre tous les citoyens israéliens, tandis que les accusations de crimes de guerre portées contre Nétanyahou et d'autres hauts responsables sont présentées comme des accusations dirigées contre l'ensemble des Israéliens. Cela a pour effet de pousser les gens à faire bloc autour du gouvernement de Netanyahou, de sorte que même les personnes qui critiquent ses agissements ou qui cherchent une alternative politique se rangent à ses côtés contre le tribunal de La Haye.
Cela montre à quel point il est important de créer un espace au sein de la société israélienne pour la critique des politiques de ses dirigeants. Si toutes les critiques proviennent de l'extérieur, ou si les critiques confondent le peuple et le gouvernement, l'effet sera de combler, plutôt que d'élargir, le fossé entre la majorité du peuple et les dirigeants actuels.
En pleine guerre, des élections locales ont eu lieu et, pour la première fois, « Debout Ensemble » a réussi à être représenté dans les conseils municipaux de Tel Aviv et de Haïfa. Que pouvez-vous nous dire de ces résultats et de leur importance pour la construction d'une nouvelle gauche en Israël ?
Le 27 février, des élections locales ont eu lieu en Israël. Initialement prévues en octobre, elles ont été reportées en raison de la guerre. Ces élections, qui ont lieu tous les cinq ans, déterminent la composition des conseils municipaux. Dans les mois qui ont précédé les élections, deux nouveaux groupes d'action municipale, tous deux proches des idées de « Debout ensemble », ont été créés à Tel Aviv et à Haïfa en vue de prendre part à ces élections.
À Tel-Aviv, dans le mouvement « ville violette », conduit par Itamar Avneri, membre de la direction nationale de « Debout ensemble », se retrouvent des gens divers parmi lesquels les jeunes urbains sont majoritaires, autour des questions de logement et de justice climatique. En septembre, il s'est associé à d'autres secteurs de la gauche, tels que le parti communiste, un mouvement environnemental local et quelques activistes communautaires pour former une coalition électorale appelée « La ville c'est nous tous ». Cette alliance a obtenu 14 882 voix (7,6 %) et a remporté 3 des 31 sièges du conseil municipal. Avneri, qui était troisième sur la liste , a été élu conseiller municipal.
À Haïfa, le mouvement « La majorité de la ville », conduit par Sally Abed, membre de la direction nationale de « Debout ensemble », s'est présenté aux élections et a obtenu 3 451 voix (3 %), ce qui a permis de faire élire Sally Abed comme la seule femme membre du conseil municipal. C'était la première fois qu'une femme palestinienne était à la tête d'une liste pour le conseil municipal de Haïfa. La liste comptait également parmi ses candidats Orwa Adam, un militant palestinien ouvertement homosexuel, une première dans l'histoire électorale israélienne.
Les deux listes étaient judéo-arabes, et, bien qu'indépendantes de « Debout Ensemble » sur le plan organisationnel, juridique et financier - comme l'exigent les lois électorales -, elles ont été publiquement reconnues comme étant en accord avec notre « étiquette » politique. Ces expériences réussies de mobilisation électorale organisée par en bas sont importantes pour la construction d'une nouvelle gauche populaire et viable en Israël, enracinée dans nos communautés, avec une orientation internationaliste et ancrée dans les valeurs socialistes. Dans les années à venir, c'est le principal défi auquel sont confrontés tous ceux qui espèrent voir une gauche combative en Israël, capable à la fois de défier l'hégémonie de la structure institutionnelle et des forces en place et de gagner en puissance sur la base d'un projet politique en rupture avec l'existant.
• Traduit de l'espagnol pour ESSF par Pierre Vandevoorde avec l'aide e DeepL.
Une correction a été introduite le 7 juin 2024 dans cette phrase : « Il [Nétanyahou] sait qu'un accord sur les otages a toutes les chances de signifier la fin de la guerre. »
Source Nueva Sociedad. MAYO 2024.

Les organisations syndicales québécoises, canadiennes et internationales soutiennent-elles les affidés de Vladimir Poutine ?

Aussi importante que soit cette question pour connaitre l'orientation politique des directions syndicales, il est difficile d'y répondre clairement. Disons simplement que les organisations syndicales internationales ne brillent pas par leur transparence tandis que les enjeux de solidarité internationale sont secondarisés au sein des syndicats nationaux.
En juin 2024, ont lieu les élections des représentant·es des travailleurs et des travailleuses au Conseil d'administration de l'Organisation Internationale du Travail (OIT). Cette organisation tripartite (composée de représentant·es gouvernementaux, d'employeurs et de travailleur·ses) est notamment responsable de l'adoption des normes minimales en droit du travail. À titre d'exemple, la question de la légalité internationale du droit de grève est aujourd'hui l'une des questions les plus discutées en son sein. Il s'agit donc d'une organisation qui joue un rôle important pour la classe ouvrière, d'où l'importance de bien choisir ses représentant·es.
Ce sont les délégué·es des travailleurs et travailleuses de chaque pays membres à l'OIT qui votent pour les 33 membres du Conseil d'administration qui représentent les intérêts des travailleurs et des travailleuses : 14 membres permanents et 19 adjoint·es auxquels s'ajoutent 19 remplaçant·es. Aussi, pour préparer l'élection, la Confédération Syndicale Internationale (CSI), première organisation syndicale internationale au monde, a nommé un Comité de sélection mondial, composé de huit membres, à savoir les principaux dirigeants de la CSI et ceux des différentes confédérations régionales (Asie-Pacifique, Afrique, Europe, Amériques). Le comité a été chargé de dresser trois listes indicatives (pour les postes permanents, adjoints et remplaçants) des candidat·es. Ces listes sont ensuite communiquées aux délégué·es de l'OIT avant le vote pour leur indiquer le nom des candidat·es qui ont reçu l'appui de la CSI.
Lors de sa dernière réunion cependant, le Comité de sélection de la CSI n'a pas réussi à se mettre d'accord sur l'ensemble de la liste des 19 membres adjoints. Plus précisément, la proposition de laisser le 19e siège vacant « a fait l'objet d'une discussion », considérant que ce poste sera alors probablement pourvu lors du vote à l'OIT par un représentant du FNPR, la Federation of Independent Trade Unions of Russia (FNPR), la principale centrale syndicale Russe (voir document joint). Et finalement, avec 6 votes pour, un vote contre et une abstention, le Comité de sélection a choisi de laisser ce siège vacant. Seule la secrétaire générale du Conseil régional paneuropéen, Esther Lynch a voté contre, « sur la base du mandat clair de sa région de ne pas laisser de place susceptible d'être occupée par un candidat de la FNPR (Russie) ».
Rafael Freire, secrétaire général de la Confédération syndicale des Amériques (CSA) - laquelle compte parmi ses membres le Congrès canadien du travail (dont la FTQ), la CSN et la CSD - s'est quant à lui abstenu au motif « que sa région avait une proposition favorable à l'inclusion d'un représentant de l'organisation de travailleurs la plus représentative de la Fédération de Russie dans la liste de la CSI ».
Certes, il ne s'agit là que d'un vote indicatif du Comité de sélection mondial de la CSI puisque ce sont les délégué·es des travailleurs et des travailleuses à la Conférence internationale du travail de l'OIT qui au final éliront, le 9 ou 10 juin prochain, les représentant·es de leur choix au Conseil d'administration de l'OIT . Reste que cet appui à la FNPR est fortement dénoncé par celles et ceux qui sont attaché·es à la solidarité syndicale internationale .
Ce soutien est d'abord complètement aberrant puisque le Conseil d'administration de l'OIT a fermement condamné l'agression de l'Ukraine et mis fin à sa coopération avec la Russie. De surcroît, la CSI elle-même a suspendue la participation de la FNPR à ses activités depuis mai 2022 –suite à une commission d'enquête du Conseil général - en raison de son indéfectible soutien à Vladimir Poutine et à son « opération spéciale » en Ukraine.
Ainsi, aussi incohérent que cela puisse paraitre, des dirigeant·es de la CSI appuient maintenant la candidature à l'OIT d'un membre qu'ils et elles ont suspendu au motif qu'il violait ses statuts et notamment l'engagement selon lequel : « La Confédération proclame le droit de tous les peuples à l'autodétermination et à vivre libres de toute agression et de tout totalitarisme sous un gouvernement de leur choix ».
Mais ce soutien est aussi honteux quand on sait que la FNPR s'est ouvertement engagée à soutenir l'effort de guerre en Ukraine , qu'elle s'accapare les biens syndicaux ukrainiens dans les territoires occupés, que ses délégués ovationnent Vladimir Poutine venu faire le discours d'ouverture de son dernier congrès, confirmant de facto sa complète soumission et sa complicité avec le régime poutinien. Cet appui constitue une trahison non seulement à l'égard des centrales syndicales ukrainiennes qui appellent vainement à la solidarité internationale et à l'exclusion du FNPR mais également à l'égard des travailleurs et des travailleuses russes membres de la Confédération du travail russe (KTR-la seconde centrale russe) qui ont courageusement pris position contre la guerre.
Pour expliquer ce soutien, certains font valoir, plus ou moins ouvertement, des arguments de « realpolitik », il s'agirait de s'opposer à l'impérialisme « occidental », ou encore des arguments organisationnels et de représentativité : la FNPR serait l'une des plus importantes centrales syndicales, elle compterait pour 17% des membres de la CSI, sa suspension aurait d'importantes répercussions organisationnelles et financières pour la CSI, etc.
Mais quelle peut-être la contribution à la lutte contre l'impérialisme ou pour l'émancipation internationale des travailleurs et des travailleuses d'une organisation syndicale, quand bien même serait-elle la plus importante du monde, qui soutient ouvertement une guerre d'agression, nie le droit des peuples à disposer d'eux-mêmes, appuie des oligarques et des dirigeants racistes, sexistes, homophobes et qui répètent à qui veut l'entendre que l'Ukraine n'existe pas ?
Localement, au Québec comme au Canada, il est temps de se demander ce que votera le ou la représentant·e des travailleurs et des travailleuses canadien·nes à l'OIT [1]. Mais à ce jour, nous ne savons pas qui y participera tandis que les centrales syndicales québécoises comme le Congrès canadien du travail, contrairement à d'autres organisations, n'ont toujours rien communiqué sur le sujet.
Martin Gallié
Le 7 juin 2024.
[1] Nous ne connaissons que les représentant·es syndicaux à l'OIT de 2023 ; à noter qu'il y avait alors des représentant.es de la FTQ, de la CSN et de de la CSQ : https://www.ilo.org/wcmsp5/groups/public/---ed_norm/---relconf/documents/meetingdocument/wcms_882714.pdf)

Ensemble pour Gaza et la Palestine

Alors que des mandats d'arrêt sont en discussion à la Cour pénale internationale. la coalition du Québec Urgence Palestine appelle à signer une nouvelle déclaration pour exiger des sanctions contre Israël. Elle invite aussi à une nouvelle manifestation à Montréal, le samedi 8 juin, à 14 h. On peut retrouver le texte de la déclaration ici, que nous publions ci-dessous. Pour l'appuyer, il suffit d'envoyer un courriel à urgencepalestine.qc@gmail.com
Ensemble pour Gaza et la Palestine : exigeons des sanctions contre Israël !
Depuis octobre 2023, les bombardements incessants, les ordres d'évacuation répétés et le blocus impitoyable d'Israël ont réduit en ruines la bande de Gaza et plongé sa population entière dans des conditions d'errance, de famine, d'insalubrité, d'épuisement, de traumatismes et de deuils. 70 % des infrastructures civiles ont été détruites, 35 562 personnes (civiles) tuées, 10 000 ensevelies sous les décombres, 79 652 blessées. (en date du 20 mai 2024)
Le secrétaire à la Défense Lloyd J. Austin III rencontre le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et le ministre de la Défense Yoav Gallant à Tel Aviv, Israël, le 13 octobre 2023.
Le 6 mai, Israël a refusé un accord de trêve négocié, que le Hamas venait d'accepter. Défiant toutes les mises en garde, Israël a amorcé son offensive annoncée contre la ville de Rafah, refuge ultime de 1,5 million de Palestinien.nes. Déjà 800 000 personnes ont été forcées de fuir Rafah vers des secteurs déjà ravagés, plus difficiles à rejoindre pour l'aide humanitaire et sans infrastructure pour les accueillir.
Jusqu'où ira l'odieuse complicité du Canada ?
Pendant des mois, le Canada s'est contenté de soutenir le droit d'Israël de se défendre, droit qui n'existe pas en droit international pour une puissance occupante. D'octobre à décembre 2023, il a autorisé un montant record d'exportations militaires vers Israël. Il a prétendu qu'il ne s'agissait que d'équipements militaires « non létaux », mais n'a fourni aux médias que des documents lourdement caviardés. Puis il a annoncé qu'il n'en autoriserait plus, mais qu'il allait respecter les ententes déjà signées… alors que la Cour internationale de Justice (CIJ) a statué, le 26 janvier, qu'il était plausible qu'Israël commette des actes de génocide à Gaza !
Avec l'accumulation des horreurs commises par Israël, le Canada a exprimé des « préoccupations » et finalement demandé un cessez-le-feu. Le 12 février, la ministre des Affaires étrangères, Mélanie Joly, a dit qu'une invasion militaire de Rafah serait « totalement inacceptable ». Mais pendant près de trois mois, le Canada n'a rien fait pour l'empêcher. Au contraire, il a continué de soutenir Israël. Le 10 mai, l'Assemblée générale des Nations Unies votait à une écrasante majorité en faveur de l'admission de l'État de Palestine à l'ONU. Le Canada, lui, s'est abstenu. Un « changement fondamental » de politique, selon Justin Trudeau !
Des sanctions contre Israël sont urgentes
Toutes les vies humaines sont sacrées. Toutes les violations des droits humains doivent être dénoncées, et les responsables répondre de leurs actes. L'inaction du Canada est odieuse et contraire à ses obligations internationales. Nous exigeons des sanctions sévères envers Israël, à commencer par un embargo sur tout matériel militaire. Les relations bilatérales privilégiées avec Israël, dont l'accord de libre-échange, doivent aussi être remises en question : continuer, comme si de rien n'était, n'est pas une option. Poursuivre la mise en place d'un bureau du Québec à Tel-Aviv, sous prétexte que la décision avait été prise avant octobre 2023, est une honte ! Les sanctions doivent être maintenues tant qu'une solution juste et durable n'aura pas été mise en place, concrétisant le droit du peuple palestinien à l'autodétermination et l'égalité des droits en terre de Palestine. Nous appelons la population québécoise à se méfier des tentatives occidentales — États-Unis en tête et le Canada derrière ! — d'imposer une solution « à deux États », dont l'un, palestinien, n'aurait aucune viabilité.
IL N'EST PAS ANTISÉMITE DE DÉFENDRE LES DROITS DU PEUPLE PALESTINIEN !
Journée d’étude : l’antisémitisme instrumentalisé - Conclusions par Gilbert Achcar
Conclusions par Gilbert Achcar [University of London] introduit par Mateo Alaluf [Institut Marcel Liebman]
Samedi 2 mars 2024 (9h30-18h, Université libre de Bruxelles) – Journée d'étude L'antisémitisme, instrumentalisé, ou comment une lutte essentielle est détournée pour une mauvaise cause.
En ce moment, la noria des crimes contre l'humanité commis par Israël contre le peuple palestinien dépasse l'imaginable. Le capital de sympathie dont pouvait encore bénéficier l'État hébreu est en train de s'éroder, y compris dans l'opinion européenne qui lui était particulièrement favorable.
Pour restaurer son image, la riposte est particulièrement perverse : critiquer vigoureusement Israël serait la forme contemporaine de l'antisémitisme. Et l'Europe se prête à la manœuvre ! Des actions et des manifestations pacifiques sont interdites. De grandes associations de défense des droits humains, comme Amnesty International, Human Rights Watch ou la FIDH, se voient qualifiées d'antisémites, hier pour avoir documenté l'apartheid infligé au peuple palestinien, aujourd'hui pour avoir dénoncé un risque de génocide. Aux yeux des relais de la propagande israélienne, même le gouvernement belge n'échappe pas à l'opprobre tandis que l'extrême droite se frotte les mains.
Programme détaillé
9h30 | Accueil et présentation générale : Pourquoi cette journée ? – Mateo Alaluf [Institut Marcel Liebman], Simone Susskind [Actions in the Mediterranean] et Inès Taraft [Cercle du Libre Examen]
10h00 | Panel 1 : Antisémitisme et sionisme : adversaires ou complices ? – Nitzan Perelman [Université de Paris Cité] et Esther Benbassa [EPHE, Sorbonne]. Animation : Cécile Piret [ULB]
11h30 | Panel 2 : IHRA et déclaration de Jérusalem : la querelle des définitions – Patrick Charlier [UNIA] et François Dubuisson [ULB]. Animation : Florence Delmotte [FUSL]
13h30 | Panel 3 : Qui donne le ton en Europe : Allemagne, France…Belgique ? – Sonia Combe [Centre Marc Bloch, Deutsch-Französisches Forschungszentrum für Sozialwissenschaften], Henri Goldman [UPJB], Dominique Vidal [journaliste et essayiste]. Animation : Gregory Mauzé [ABP]
15h30 | Panel 4 : Géopolitique, antisémitisme, islamophobie – Sadia Agsous Bienstein [ULB et Sorbonne Nouvelle Paris 3], Sylvain Cypel [journaliste, Orient XXI] et Reza Zia-Ebrahimi [King's College London]. Animation : Julien Truddaïu [Bruxelles Laïque]
17h | Synthèse et conclusions – Gilbert Achcar [University of London]
17h30 | Visite commentée de l'exposition de photographies – « Palestine, de la Nakba 1948 à la Naksa 1967 à aujourd'hui »
Journée d'étude co-organisée par l'Institut Marcel Liebman, l'Union des progressistes juifs de Belgique (UPJB), l'Association belgo-palestinienne (ABP), Bruxelles-Laïque, le Cercle du Libre Examen et Actions in the Mediterranean.

Élections en Catalogne : une analyse des résultats

Selon Carles Riera de la CUP [1], il s'agit sans aucun doute de mauvais résultats en termes d'agenda indépendantiste et social. Une réflexion collective est nécessaire pour faire face aux temps à venir et promouvoir un agenda social et national propre au pays.
"Le soutien explicite à l'indépendance est en déclin depuis des années. Nous pensons que cela est dû principalement au fait que le Parlement de Catalogne a été complètement déchu de sa souveraineté. C'est devenu une branche à Madrid, bien loin de l'époque où l'ordre du jour était fixé par le Parlement.
En bref, nous devons miser sur notre propre agenda, qui circule à la fois dans la rue et dans notre Parlement. Pour obtenir des droits, améliorer les conditions de vie des travailleurs et travailleuses, pour un changement radical du modèle de lutte contre le changement climatique et pour une solution démocratique au conflit par l'exercice de l'autodétermination. Parce que lorsque l'indépendance a été la plus forte, c'est dans la rue, menée de manière transversale.
Que fera la CUP ?
Nous prenons bonne note de ces résultats et pensons par conséquent qu'un exercice de réflexion est nécessaire au niveau des pays. En interne, nous avons déjà commencé il y a quelques mois le processus Garbí qui concerne notre processus de débat stratégique et organisationnel pour le nouveau cycle politique, avec la participation de nos militants et ouvert aux personnes et aux groupes qui sympathisent ou souhaitent contribuer à ce débat.
C'est un processus de débat ouvert sur l'avenir stratégique de l'organisation et de la lutte anticapitaliste et qui, maintenant, atteint la dernière phase : « une phase de réflexion et d'autocritique pour parvenir à un consensus et définir une ligne claire de stratégie politique ». Le Processus Garbí a débuté en octobre dernier, avec un Congrès national, cinq débats nationaux thématiques et une vingtaine de réunions ouvertes territoriales et locales et culminera avec une Assemblée nationale le 21 septembre de cette année. "
Des élections anticipées
La convocation des élections a été anticipée par rapport au terme naturel de la législature, après que le Parlement ait rejeté le projet de loi de finances pour 2024 proposé par le gouvernement minoritaire de Pere Aragonès (ERC), indépendantiste de gauche arrivé au pouvoir en 2021 avec le soutien d'une coalition de partis favorables à l'indépendance.
Cela concernait l'autorisation de construction d'un complexe hôtel-casino Hard Rock Cafe Le 13 mars, le Parlement repousse le projet de loi de finances en adoptant une motion de rejet par 68 voix pour et 67 voix contre. Pere Aragonès réunit aussitôt une séance extraordinaire du Conseil exécutif du gouvernement catalan. À l'issue de cette réunion, il annonce la dissolution du Parlement et la convocation d'élections anticipées pour le 12 mai suivant.
La CUP s'est positionnée contre le projet Hard Rock, une macro complexe de loisirs que Hard Rock Entertainment World projetait de construire entre Vila-seca et Salou (Tarragone) qui aurais inclus de nouvelles extensions du port, de l'aéroport, des circuits de F1 au prix de 2.000 millions d'euros, montant qui selon la CUP devrait être investi dans la défense de la santé et de l'éducation publique.
Les résultats électoraux
Les socialistes ont obtenu 42 sièges au Parlement de Barcelone - qui en compte 135 au total -, avec 27,9 % des voix. Ils sont loin devant Junts, le parti indépendantiste de droite de Carles Puigdemont (35 sièges et 21,62 % des voix), et la gauche républicaine ERC (20 sièges et 13,68 %). A la gauche du PSC, les Comuns auront six députés et les anticapitalistes indépendantistes de la CUP quatre, Laia Estrada, Laure Vega, Pilar Castillejo et Dani Cornellà.
A droite, le Parti populaire obtient 15 élus en récupérant l'espace électoral de Ciutadans (version catalane du Ciudadanos espagnol) qui disparaît du Parlement. Vox se maintient à 11 sièges et la nouvelle force xénophobe d'extrême droite indépendantiste Aliança catalana fait son entrée avec deux élus.
L'analyse de la CUP
La CUP s'inquiète du paysage politique auquel le pays est confronté après les élections des 12 derniers mois : "ce sont des résultats négatifs pour l'agenda indépendantiste et social". Les anticapitalistes considèrent que les politiques développées ces dernières années ont contrecarré les attentes du peuple générées par les assauts générés par le mouvement Indignada et le tsunami démocratique : "Nous avons essayé d'arbitrer dans une lutte permanente entre "ERC et Junts qui s'est révélée sans issue, mais nous sommes désolés et assumons la responsabilité de cette frustration".
C'est ce qu'a expliqué la députée Laia Estrada, laquelle a annoncé que dans ce contexte la CUP entamera une phase de rencontres avec diverses entités, mouvements sociaux et populaires, afin d'analyser conjointement la situation dans laquelle se trouve le pays : « Nous voulons analyser comment nous y sommes arrivés et partager avec ces entités et mouvements des propositions et des défis qui passent par la récupération de notre propre agenda national, faire de la politique à partir d'ici et légiférer en faveur du peuple et reconstruire un large mouvement indépendantiste ".
En Catalogne, il y a un reflux de la mobilisation, et un affaiblissement du mouvement indépendantiste en raison de la capitulation d'ERC et de Junts, qui ont mis le cap sur l'autonomisme et les pactes pour l'investiture de Sánchez. Ils négocient avec le PSOE, qui ne diffère du PP que par la tactique de la répression, puisqu'ils coïncident avec la stratégie de maintien de l'unité de l'Espagne et de liquidation de l'autodétermination.
Le problème ne réside pas dans la mobilisation populaire, mais dans la politique des directions majoritaires qui la freine et/ou la détournent. En ce sens, l'alignement sur les politiques bourgeoises, qu'elles soient espagnoles ou catalanes, affaiblit le courant politique de la classe ouvrière. Il est fondamental de construire une nouvelle direction révolutionnaire et cohérente qui pourra avoir une influence décisive parmi les masses laborieuses.
Référence :
CUP Candidatura d'Unitat Popular, https://cup.cat/
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[1] Candidature d'unité populaire (CUP) (en catalan : Candidatura d'Unitat Popular), est un parti politique indépendantiste catalan anticapitaliste.

M. Poilievre ne dira pas où il en est concernant la hausse de l’impôt sur les gains en capital

Les conservateurs adorent leur slogan vide de sens « Ax the taxe », mais quelle est la position de Pierre Poilievre sur une taxe potentiellement populaire sur les super-riches ?
30 mai 2024 | tiré de Rabble.ca | Photo : Pierre Poilievre au congrès du Parti conservateur de 2023 avec un grand drapeau canadien en arrière-plan.
par Karl Nerenberg
Le chef conservateur Pierre Poilievre est peut-être en tête des sondages et fait des gains avec des promesses simplistes de « supprimer la taxe » et de « se débarrasser des gardiens de la réglementation », mais il déçoit certains qui pourraient autrement favoriser les Conservateurs.
Qui sont ces malheureux ? Ils représentent un segment important de la communauté d'affaires canadienne – et leurs acolytes bruyants, les médias grand public.
Et pourquoi sont-ils malheureux ?
C'est parce que si Poilievre est farouchement opposé aux taxes, en principe, et surtout à la taxe carbone, il y a une hausse de taxes sur laquelle le chef conservateur a maintenu une position résolument évasive.
Il s'agit de l'augmentation de l'impôt sur les gains en capital que les Libéraux ont incluse dans leur dernier budget.
En avril dernier, la ministre des Finances, Chrystia Freeland, a annoncé une hausse d'impôt sur les gains en capital de plus de 250 000 $ pour les particuliers et sur tous les gains en capital pour les sociétés. Ces augmentations entreront en vigueur le 24 juin.
Les gains en capital sont des bénéfices tirés de la vente d'actifs. Il peut s'agir de biens (à l'exception d'une résidence principale, dont la vente n'est pas imposée) et d'actions des sociétés.
À l'heure actuelle, les particuliers et les sociétés canadiennes ne paient de l'impôt que sur 50 p. 100, soit la moitié, de ces gains.
Les nouvelles règles signifient que les sociétés paieront de l'impôt sur les deux tiers de leurs gains en capital.
Les particuliers paieront de l'impôt sur les deux tiers des gains en capital supérieurs à 250 000 $. Jusqu'à 250 000 $, le taux d'inclusion des gains en capital, pour les particuliers, restera de 50 %.
De nombreux Canadiens, même modestes, réalisent des gains en capital au cours d'une année donnée, le plus souvent par la vente d'actifs dans leur portefeuille de placements de retraite ou par la vente d'une maison de vacances ou d'une autre propriété.
Cependant, seule une infime proportion réalise plus d'un quart de million de dollars de gains en capital en une seule année.
Le gouvernement Trudeau estime que moins d'un pour cent des Canadien-ne-s seront touchés par l'augmentation du taux sur le gain en capital. Mais les recettes pour le gouvernement seront importantes, de l'ordre de 7 milliards de dollars.
C'est un changement important. Pour ne citer qu'un exemple de ce que 7 milliards de dollars signifieraient en termes de dépenses gouvernementales : cette somme représente environ cinq fois l'allocation fédérale annuelle pour Radio-Canada.
Forte résistance des grandes entreprises
La communauté d'affaires et autres critiques de l'augmentation de l'impôt sur les gains en capital contestent les chiffres du gouvernement Trudeau.
Une équipe de six groupes d'affairistes, allant de la Chambre de commerce du Canada à l'Association canadienne des producteurs de canola, a envoyé une lettre ouverte à la ministre des Finances. Ils affirment qu'un-e Canadien-ne sur cinq sera « directement touché » par les nouvelles règles sur les gains en capital au cours de la prochaine décennie.
Ces groupes ne disent pas comment ils sont arrivés à ce chiffre, mais mentionnent que les nouvelles mesures fiscales « menacent les plans de retraite de millions de Canadiens qui ont basé leurs plans sur le produit de la vente d'un chalet familial ou d'une petite entreprise ».
En lisant cet argument, on pourrait imaginer que le gouvernement prévoyait confisquer 100 % des revenus de ces ventes.
La vérité, bien sûr, c'est qu'après le 24 juin, les Canadien-ne-s qui vendent leur chalet ne paieront encore de la taxe que sur la moitié du premier quart de million qu'ils réaliseront en sus du prix d'achat initial. Je le répète, ils devront payer des impôts sur les deux tiers de leurs bénéfices uniquement sur la partie excédant 250 000 $.
Pas si mal.
Si vous avez un chalet à vendre, vous pouvez toujours faire un bon profit, dont une bonne partie sera à l'abri de l'impôt. En revanche, si vous subvenez à vos besoins et à ceux de votre famille en travaillant pour gagner votre vie, plutôt que de vendre des actifs, vous devez payer des impôts sur 100 % de vos revenus.
La lettre des entreprises commerciales à la ministre des Finances semble exagérer considérablement le risque financier pour les propriétaires de chalets de la classe moyenne. Mais c'est de bonne guerre.
Il est plus facile de se peindre comme des gens ordinaires qui ont des maisons de campagne à vendre que comme membres de la classe des investisseurs, pour qui 250 000 $ de gains en capital serait un montant dérisoire.
Les auteurs de la lettre utilisent un argument différent pour convaincre le gouvernement d'épargner ces investisseurs aux poches profondes.
Ils disent que la question centrale n'est pas les profits de certaines personnes (très riches). Ce qui est en jeu, disent-ils, est beaucoup plus grand et plus important.
La question centrale est – et on le comprend – l'économie.
Le Canada ne peut pas se permettre ces taxes supplémentaires, écrivent les gens d'affaires dans leur lettre, parce qu'elles rendront ce pays « moins compétitif et moins innovant ».
Puis la lettre va plus loin et devient dramatique, voire mélodramatique.
Elle prévient qu'« à un moment où nous luttons déjà de toute urgence pour relancer la productivité à la traîne de notre pays, l'augmentation des impôts sur les investissements productifs et l'étranglement du potentiel canadien auront des répercussions profondes, durables et potentiellement irréversibles ».
Comprenez cela, vous qui taxez et dépensez, les Libéraux et les Néo-démocrates.
Vous pensez que vous introduisez une modeste mesure fiscale qui fera pencher la balance un tout petit peu plus loin des riches et des ayants droit vers les gens qui travaillent pour gagner leur vie.
Eh bien, pas si vite.
Cette modeste augmentation d'impôt causera des dommages irréversibles et permanents à l'économie canadienne – c'est du moins ce que nous disent les lobbyistes des milieux d'affaires, bien qu'ils ne nous fournissent ni faits ni chiffres pour étayer leur affirmation.
Où est Pierre ?
Certains commentateurs, comme John Ivison du National Post, ont exhorté Pierre Poilievre à rester fidèle à son identité anti-fiscale. Le chef conservateur devrait sortir de son silence et critiquer sans ambiguïté l'augmentation de l'impôt sur les gains en capital.
Et si, par hasard, Poilievre craignait que la nouvelle mesure fiscale visant les plus riches des riches soit populaire auprès de la plupart des Canadien-ne-s, Ivison souligne que certains sondages « indiquent que les électeurs n'ont pas été dupés par l'argument sur l'équité du gouvernement » – un argument qu'Ivison décrit comme « un flagrant vol d'argent destiné à financer des dépenses effrénées ».
Poilievre pourrait voir d'autres données des sondages qui racontent une histoire différente – ou il ne veut pas diluer son image populiste soigneusement conçue de défenseur du petit peuple.
Tôt ou tard, Poilievre devra montrer ses couleurs sur la question des gains en capital. Les Libéraux ont habilement retiré cette mesure du budget de 2024. Il y aura un vote autonome sur l'impôt sur les gains en capital, peut-être avant l'ajournement de la Chambre pour l'été.
Mais même si les Conservateurs se bouchent le nez et votent pour l'augmentation d'impôt – comme ils l'ont fait pour l'initiative du NPD visant à interdire les briseurs de grève dans les lieux de travail sous réglementation fédérale – beaucoup craignent ce que l'équipe de Poilievre fera si elle prend le pouvoir après les prochaines élections.
Parmi ceux-ci se trouvent les Conservateurs de l'Ontario de Doug Ford.
Selon certaines informations, le premier ministre Ford et ses collègues envisagent sérieusement la tenue d'élections anticipées, qui auraient lieu avant les élections fédérales, maintenant prévues pour l'automne 2025. La dernière élection ontarienne a eu lieu en 2022, et la prochaine n'est pas officiellement prévue avant 2026.
Il semble que les Conservateurs de l'Ontario soient tentés de déclencher un vote dans les mois à venir parce qu'ils craignent qu'un gouvernement Poilievre n'amorce des coupes profondes et impopulaires dans les transferts fédéraux pour la santé, les services sociaux et l'éducation.
Ford et son équipe craignent également qu'un gouvernement conservateur fédéral n'annule des milliards de dollars de subventions que le gouvernement fédéral et celui de l'Ontario ont promis pour de grands projets d'énergie verte, comme une usine de batteries pour véhicules électriques à Windsor.
Il semble qu'un bon nombre de Canadien-ne-s – même certain-e-s qui, aujourd'hui, disent aux sondeurs qu'ils voteront Conservateur – partagent les appréhensions de Ford quant aux véritables intentions de Poilievre.
La société de sondage Abacus montre une grande avance l'avance de l'équipe Poilievre dans les intentions mais, paradoxalement, également qu'il y a beaucoup d'inquiétude, voire de crainte, sur ce que les Conservateurs pourraient réellement faire une fois élus.
Les électeurs, malheureusement, semblent être d'accord avec l'élimination de la taxe sur le carbone. Et ils ont une vague impression que les Conservateurs feront quelque chose pour augmenter l'offre de logements. (Les Conservateurs n'ont pas encore dit avec précision comment ils feront construire plus de maisons.)
Mais d'autres initiatives politiques potentielles – qui pourraient motiver la base conservatrice – ne sont généralement pas populaires auprès de l'ensemble des Canadiens.
Il s'agit notamment de la réduction des budgets de la partie canadienne-anglaise de Radio-Canada, de la fin des régimes d'assurance-médicaments et de soins dentaires, de la réduction du programme national de garde d'enfants et de la restriction de l'accès à l'avortement et aux services de santé reproductive.
De plus, même si les Canadien-ne-s n'aiment pas la taxe sur le carbone, ils disent aux sondeurs qu'ils veulent que leurs gouvernements prennent des mesures concrètes et efficaces pour lutter contre les changements climatiques. Les Conservateurs n'ont pas encore présenté quoi que ce soit qui ressemble à un plan de lutte aux changements climatiques.
Poilievre s'en tire avec des slogans simplistes et des promesses sans substance depuis plusieurs mois maintenant.
Le vote à venir sur les gains en capital sera une occasion où il ne pourra pas s'appuyer sur la rhétorique et devra dire définitivement où il se situe.
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Sur la capitulation des médias de CBC face à HonestReporting Canada (HRC)

Il y a un peu plus d'un mois, le Jewish Faculty Network (JFN) et l'Institut canadien de politique étrangère (ICFC) ont soulevé des préoccupations concernant la censure de l'émission de musique autochtone Reclaimed de Jarrett Martineau de CBC. Martineau a fait jouer une chanson intitulée « River 2 the Sea » et a exprimé sa « solidarité sonore » avec le peuple de Palestine. Sous la pression, l'épisode a disparu du site Web de la série.
27 mai 2024 | tiré de Canadian Dimension | Photo : Lorna Taylor/Flickr
https://canadiandimension.com/articles/view/on-cbc-media-capitulation-and-honest-reporting-canada
Nous savons que CBC était sous pression en raison de la campagne d'HonestReporting Canada (HRC), un organisme de surveillance des médias pro-israélien, qui a émis une « alerte action » à ses 60 000 abonné-e-s à l'infolettre lors de la diffusion de l'émission, et a revendiqué la victoire lorsque l'émission a été supprimée.
L'émission est discrètement revenue sur le site Web, mais l'expression de Martineau, « solidarité sonore », a été supprimée avec le titre de la chanson. Malgré le fait que près de 20 000 lettres aient été envoyées par des Canadien-ne-s préoccupés par la censure – une réponse déclenchée par les efforts de résistance de la PNJ et de la FCPI – CBC n'a publié aucune explication ou excuse pour le retrait de l'émission, et n'a inclus aucune déclaration de clarification concernant les modifications apportées à la version rétablie. Ils n'ont pas non plus reconnu l'indignation qui a découlé de leur censure.
Pourquoi la campagne de pression du HRC a-t-elle fonctionné, alors que celles du JFN et de CFPI n'ont pas fonctionné ?
Il y a deux points importants à retenir de cette situation, qui s'est répétée contre différentes cibles du CDH depuis le 7 octobre 2023. La première est que les plaintes et les campagnes de pression de HRC visant CBC ne concernent pas l'intégrité journalistique, mais portent plutôt des accusations d'antisémitisme si les médias s'écartent des points de vue de l'État israélien.
Deuxièmement, ces attaques du HRC sont des attaques collatérales qui sont basées sur une poussée plus large et conservatrice afin de privatiser les infrastructures sociales comme la CBC. Par conséquent, nous devons défendre la nécessité d'institutions médiatiques publiques tout en exigeant une réforme radicale, sinon nous tomberons dans le populisme régressif de la droite.
Responsabilisation vs campagnes de pression
Les plaintes du HRC concernant l'épisode de Reclaimed illustrent une pratique de campagne et d'appels à la censure que le HRC a intensifiée depuis le 7 octobre 2023. Il réfute toute donnée sur le nombre de morts ou les dégâts des bombardements israéliens à moins qu'elle ne soit publiée par Israël. Il réfute tout reportage axé sur les bombardements israéliens de Gaza, à moins qu'il ne soit encadré par le nombre de morts israéliens le 7 octobre. Il qualifie toute critique d'Israël d'antisémite et toutes les manifestations contre le bombardement israélien de Gaza d'affiliées au Hamas et approuvant donc l'attaque du 7 octobre. L'analyse de l'occupation militaire et du statut colonial d'Israël, ou les questions sur la légitimité d'Israël en tant qu'État ethno-nationaliste, se heurtent à un déni fondé sur l'affirmation selon laquelle le peuple juif est indigène à Israël, donc irréprochable.
Le CDH suit ouvertement cette direction d'Israël lui-même, s'engageant à agir comme « l'épée et le bouclier » du pays dans le paysage médiatique du Canada, tout en prétendant fonctionner avec autonomie et objectivité. Comment le HRC peut-il plaider avec véhémence pour Israël, alors qu'il prétend également être une « organisation populaire indépendante promouvant l'équité et l'exactitude dans la couverture médiatique canadienne d'Israël et du Moyen-Orient » ? Sa mission n'est pas seulement de défendre Israël ; son personnel est intégré à l'État israélien. Par exemple, l'un des membres est un ancien directeur exécutif de Hasbara Fellowships Canada, une organisation coparrainée par le ministère israélien des Affaires étrangères, dont la mission déclarée est de former et de soutenir les militant-e-s sionistes sur les campus universitaires en les envoyant en voyage en Israël.
La raison d'être de HRC, alignée sur l'État, ne devrait pas être considérée comme l'objectif des organisations médiatiques et des radiodiffuseurs canadiens. L'expression « River 2 the Sea » sur Reclaimed a été qualifiée d'antisémite par HRC, dépeignant ainsi Martineau avec le même pinceau. Mais le CDH est loin d'être la seule et ultime autorité détentrice du sens à donner à cet appel à la libération largement mobilisé, et s'en remettre à sa définition a de graves implications et conséquences pour les journalistes et la façon dont les informations sont rapportées.
Récemment, The Breach a publié un article d'un dénonciateur de CBC, écrit sous un pseudonyme comme rempart contre les menaces omniprésentes à l'emploi et à la recherche d'emploi qui ont été lancées contre les personnes qui critiquent Israël. L'auteur raconte qu'il y a eu 19 incidents distincts de HRC ciblant des journalistes de CBC au cours d'une période de six semaines dans la foulée du 7 octobre. En outre, elle note que HRC a revendiqué la responsabilité du licenciement de deux journalistes palestiniens dans d'autres médias, et fait des remarques sur « l'effet dissuasif » de ce pouvoir.
Elle écrit : « Les animateurs et les collègues seniors citent fréquemment la menace de plaintes comme raison de ne pas couvrir Israël-Palestine », et note que les journalistes seraient appelés à rendre des comptes pour leurs reportages sur la base des allégations de partialité du HRC, y compris au moins un cas dans lequel un travailleur précaire a vu son contrat résilié prématurément.
Bien que les campagnes du HRC contre CBC aient considérablement augmenté depuis le 7 octobre, ces efforts sont bien antérieurs à la guerre actuelle à Gaza. En juin 2022, une étudiante journaliste palestinienne, Rahaf Farawi, a publié un article sur les expériences des journalistes de CBC avec « l'exception palestinienne » et a trouvé une tendance qui fait fortement écho à celle décrite dans le récit du lanceur d'alerte de The Breach.
Farawi a rapporté que CBC s'attend à une réaction négative pour avoir présenté des voix palestiniennes dans sa couverture. Un journaliste de CBC lui a dit : « Cela dégénère immédiatement aux plus hauts niveaux, et ils doivent s'en occuper. Il y a beaucoup de crainte de réactions négatives de la part du lobby pro-israélien, [en particulier] des gens d'HonestReporting ». En conséquence, comme l'indique l'article, si les plaintes n'étaient pas traitées de manière satisfaisante, le HRC soumettait la situation à un examen public du bureau du médiateur.
Le HRC n'intervient pas seulement dans la nature de la couverture, mais détermine ce qui sera couvert lorsqu'il s'agit d'Israël-Palestine par un mécanisme d'autocensure qu'il infiltre dans ses cibles. Un autre journaliste a déclaré à Farawi : « Il est dit de manière assez flagrante : « Oh, si nous faisons cela, les gens d'HonestReporting vont s'en prendre à nous »... Cela ne veut pas dire qu'ils voient toujours cela comme un obstacle. Mais c'est clairement dans leur esprit. Cette notion de savoir si nous avons la capacité et les ressources nécessaires pour faire face à ce contrecoup dès maintenant. Ou peut-être que nous ajoutons une autre voix pour citer, entre guillemets, et équilibrer le tout ?
Intégrité dans les rapports
CBC n'a pas tardé à répondre à l'article du dénonciateur dans The Breach. Le lendemain, Brodie Fenlon, directeur général et rédacteur en chef de CBC News, a publié un billet de blogue affirmant que les « conclusions générales de l'article ne sont pas vraies ». Pourtant, la réponse de Fenlon donne l'impression d'un exercice de contrôle des dommages en matière de relations publiques, ne répondant pas aux principales préoccupations du lanceur d'alerte, y compris l'impact substantiel du HRC sur les opérations de la salle de rédaction.
Au lieu de cela, il a recours à une version de l'argument douteux des « deux côtés » qui ignore toute asymétrie entre ceux qui donnent et subissent de la domination coloniale et de l'occupation militaire, associée à des remarques sur la complexité et le caractère litigieux des questions censées les mettre à l'abri de la couverture critique.
Il écrit : « Notre couverture de cette histoire ne pourra jamais satisfaire les attentes de tout le monde parce que l'histoire elle-même est si personnelle et divisive. » Pourtant, satisfaire les attentes du public ne devrait pas être le mandat du journalisme. L'objectif devrait être la recherche de la vérité, aussi inconfortable que cela puisse mettre certains mal à l'aise, et même en dépit de ce que ressent la majorité des gens.
Les changements qui doivent être apportés à CBC/Radio-Canada pourraient donc l'être d'une manière qui ne contribue pas à la réaction de la droite contre les institutions publiques qui demandent de cesser de financer CBC/Radio-Canada, mais de l'obliger à respecter des normes plus élevées d'intégrité journalistique.
La capitulation répétée de CBC à un groupe de défense pro-israélien très biaisé comme HRC prend place dans le contexte plus large du populisme de droite en hausse au Canada aujourd'hui. Selon un marché implicite perçu, la décision de CBC d'apaiser les défenseurs d'Israël est un compromis pour une désescalade des menaces existentielles contre le radiodiffuseur public. Pourtant, CBC fait une grave erreur de calcul.
Malgré ses nombreuses capitulations devant HRC, mises en évidence par l'affaire Martineau, les révélations du lanceur d'alerte et l'enquête de Farawi avant le 7 octobre, CBC est toujours accusée par la plupart des politiciens conservateurs d'être désespérément injuste dans sa couverture d'Israël. La conclusion à tirer est qu'aucun apaisement ne sera jamais suffisant. L'apaisement est une illusion. Le cri de ralliement répété à l'infini pour « arrêter de gaspiller l'argent des contribuables » sur une institution de presse prétendument de gauche et intraitable fonctionne pour la droite comme un instrument beaucoup trop précieux pour galvaniser sa base.
Cela devrait fournir une raison suffisante pour que CBC mette fin à sa politique efficace du pire des deux mondes et cesse de s'incliner devant les forces de censure pro-israéliennes. Mais ce combat ne concerne pas seulement Israël et la Palestine. Dans l'attaque du HRC contre Martineau, ils n'ont pas seulement attaqué sa solidarité avec les Palestiniens, mais sa critique du Canada en tant qu'État colonial. La garantie plus large de la perte de cette bataille avec le CDH est la somme des luttes pour la justice dans toute la société. La droite ne s'arrêtera pas à la Palestine. Mais c'est le test décisif actuel contre le racisme au Canada aujourd'hui.
Jonah Corne est professeur agrégé au Département d'anglais, de théâtre, de cinéma et de médias de l'Université du Manitoba, où il est coordonnateur du programme d'études cinématographiques.
Shiri Pasternak est professeure au département de criminologie de l'Université métropolitaine de Toronto.
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Le Festival de la décroissance conviviale dans la forêt Steinberg

On connaît l'organisation citoyenne Mobilisation 6600 du quartier Hochelaga Maisonneuve à Montréal pour sa lutte acharnée pour la transformation en parc nature de l'immense friche L'Assomption, assemblage contigu de plusieurs composantes (l'ancienne cour de triage du CN devenue une mini-forêt poussant à travers les rails, l'ancienne usine Canadian Steel Foundries achetée par Raymond Logistique qui a rasé la forêt naissante pour une plateforme de containers, la « forêt Steinberg » devenu emboisée depuis longtemps avec ses milieux humides vestiges du ruisseau Molson et le petit boisé Vimont devenu la forêt enchantée des enfants).
Depuis des années de lutte sans relâche, Mob6600 a créé des liens avec d'autres groupes menant des combats semblables et avec le mouvement écologique dans son ensemble. Son noyau militant s'est intéressé à la théorie écologique, à l'analyse des luttes écologiques et à leur stratégie. Telle était la raison d'être du Festival de la décroissance conviviale organisé dans la forêt Steinberg sur toute la journée du samedi 1er juin. La cinquantaine de gens y participant ont écouté et discuté avec des militants et militantes du groupe de recherche Polémos, de l'IRIS, de Rage climatique, de Travailleuses et travailleurs pour la justice climatique (TJC) et de Mob6600. Ont clos la journée des conférences de Yves-Marie Abraham de Polémos à propos de « l'esquisse géographique d'un monde post-croissance » et de Dalie Giroux sur les « figures de gratuité » que j'ai ratées pour cause d'un vieux corps qui demandait son dû.
Incompatible avec le capitalisme, la décroissance exige quel mode démocratique ?
Louis Marion de Polémos a théorisé la décroissance comme signifiant produire moins, partager plus et décider ensemble. La décroissance implique une sortie du capitalisme du simple fait du partage et de la décision collective. Plus fondamentalement, aurait-t-il pu préciser, la croissance est inhérente au capitalisme. La compétitivité entre capitaux, aujourd'hui titanesque, conduit inéluctablement à leur accumulation par leur nécessaire réalisation en argent sonnant afin de recommencer à une plus grande échelle un cycle sans fin faute de périr par la banqueroute. Tel est le fondement de la consommation de masse, de la course aux armements et de plus en plus de la gargantuesque ingénierie de la résorption des GES. Dans une société de décroissance, la relation entre les gens primera sur celle vis-à-vis les choses dont la propriété combinera des droits conjoints tout en éliminant le droit de nuire implicite à l'exclusive propriété capitaliste.
Les choix politiques du décider ensemble s'élargiront à l'économie et à la technique. C'est là la planification démocratique. Reste en suspens les formes de la démocratie. Le conférencier récuse l'anarchie car même l'organisation confédérative ne règle pas la question clef de l'arbitrage entre base et sommet. L'État demeurerait nécessaire car il faudra que les experts éclairent les assemblées délibératives. Il me semble qu'il y a ici un danger d'un platonicien « gouvernement des sages » manipulateur. Ne serait-ce pas la dynamique de l'affrontement des partis qui aurait la capacité de corriger les erreurs des décisions collectives en autant que la dictature de quelque sage ne vienne la contrer ? Faire l'hypothèse que les assemblées populaires ne puissent adéquatement prendre en compte les intérêts des générations futures et de la nature ne révèle-t-il pas un préjugé de « sage » ? On peut penser que la sagesse collective sans cesse réajustée résultera en davantage de services publics et d'agriculture biologique et beaucoup moins d'énergivore production matérielle assise sur la sobriété, la consommation collective, la durabilité et la réparabilité.
Les mythiques croissance verte et économie circulaire contournent la difficulté
Ambre Fourrier aussi de Polémos a tâché de déboulonner les mythes de la croissance verte et de l'économie circulaire. Toutes les études démontrent que le découplage absolu entre croissance du PIB et croissance des GES sur le long terme et pour une proportion significative de la population mondiale est inexistant, y compris pour le « modèle » norvégien, malgré la croissance du rapport services versus produits tangibles, la prétention à l'intégration des externalités dans les coûts de production et surtout la légende urbaine de l'innovation technologique substituant l'immatériel au matériel. En plus, il faudrait mesurer le découplage non seulement par rapport aux réducteurs GES mais à l'incommensurable biodiversité. Il n'y a là rien de surprenant puisque le capitalisme prédateur ne se distingue pas par la rareté des produits mais par un trop-plein consumériste accaparé par certains, le 1%, le 10% et même jusqu'à un certain point le 40% de la dite classe moyenne, aux dépens de la majorité d'où l'apparence de rareté.
Si l'économie circulaire demeure une solution en dernière instance, elle est une fausse solution de prime abord. La production de masse et celle d'armements, circulaire ou non, reste un problème à résoudre. La minimisation des coûts pour fabriquer un produit technologiquement complexe (plastique, batterie) n'en fait pas un produit inhéremment ni facilement recyclable ni sans production minimum de déchets au cours de son processus de production, et ni durable. Tant le recyclage du produit final que celui des déchets, en autant qu'ils sont possibles, en deviennent énergivores et polluants. Le conte de fées de l'économie circulaire tricote une liaison fantaisiste avec le mode de production autochtone tout en permettant de dépolitiser l'économie c'est-à-dire de justifier le statu quo du tout marché et la prééminence des entreprises maîtresses du processus. Le recyclage n'est-il pas une invention de l'industrie du plastique ? Il ignore le principe scientifique de l'entropie qui prouve l'inéluctabilité de la dégradation de la production matérielle. Il reste silencieux sur la rigidité des filières du recyclage face au continuel changement des produits finaux, conséquence réellement existante de l'innovation technologique compétitive du capitalisme.
La coalition décroissanciste a besoin de la lutte des classes pour vaincre
Colin Pratte de l'IRIS a été frappé par l'absence de la référence à la lutte des classes de la part des penseurs de la décroissance tout en constatant la grande méfiance du monde du travail vis-à-vis cette idée. Il y voit deux explications. Le point d'entrée de la compréhension de la réalité des penseurs de la lutte des classes est le monde du travail où traditionnellement a été confinée la lutte des classes. Les tenants de la décroissance appréhendent plutôt la réalité par le biais des conditions d'existence, de la reproduction sociale, de l'écosphère. En résultent deux imaginaires opposés conduisant les uns vers le monde prométhéen du productivisme et les autres vers l'idéalisation du bucolisme. L'écosocialisme a beau tenter une réconciliation des deux imaginaires, il n'en découle pas la disparition de la méfiance ouvrière vis-à-vis le décroissancisme.
Cette contradiction a engendré une alliance de classe particulière, celle des intellectuels organiques de l'écologie avec la catégorie sociale des personnes exclues du système, en particulier les autochtones et les paysans surtout dans les pays dépendants, mais aussi le peuple travailleur en tant que villageois et résident de quartiers. Toutefois, sans l'apport de la classe ouvrière organisée sur les lieux de travail, cette alliance ne saurait remporter de victoires stratégiques pour lesquelles il faut un mouvement gréviste touchant l'appareil productif d'où origine le profit. Après tout, les millionnaires du monde, soit le 1%, grèveront au rythme actuel 75% du budget carbone restant pour ne pas hausser de façon pérenne de 1.5°C la température terrestre par rapport à l'époque préindustrielle. La lutte climatique est donc une lutte de classe. Ce sont ces millionnaires et milliardaires qui imposent cette consommation de masse qui, même réduite au seuil de pauvreté, ferait que l'ensemble de la population québécoise consommerait quand même deux fois plus de ressources naturelles que le minimum requis.
Comment convaincre le prolétariat organisé d'entreprendre cette lutte pour la survie de l'humanité mais qui paraît dans l'immédiat menacer son niveau de vie et même son emploi ? C'est la question que le conférencier a posé aux petits ateliers de quinze minutes après sa conférence. On a proposé des nationalisations, en particulier de Northvolt, le recyclage des emplois, le revenu de base garanti, le revenu maximum, même le rationnement comme lors de la Deuxième guerre mondiale. A aussi été proposée la baisse du temps de travail tout en expliquant que baisse du niveau de vie n'équivaut pas à baisse du niveau de bien-être si, par exemple, le prolétariat habite des logements collectifs de qualité dans des « quartiers 15 minutes » desservis par une infrastructure adéquate de transport actif et de transport en commun gratuit et fréquents jusqu'au moindre village.
Mobiliser tous les niveaux politiques et entreprendre la conquête des syndiqué-e-s
Cette deuxième conférence s'est terminée par un panel de militantes et militants de Rage climatique, des TJC et de Mob6600. On a constaté des modes d'organisation fort différents allant du mode anarchiste sans adhésion formelle ni mécanisme de fonctionnement collectif, sans même de direction élue, de Mob6600 jusqu'à celui démocratique traditionnelles des TJC en passant par celui en comités de travail, particulièrement sur Northvolt, de Rage climatique avec décision consensuelle en assemblées générales. Mob6600 pratique la diversité des tactiques pour s'adapter aux divers niveaux politiques allant de pétitions à des blocages en passant par des manifestations et une abondance d'activités culturelles qui sont presque sa marque de commerce. Rage climatique, constatant l'insuffisance du BAPE pour arrêter Northvolt, participe et pousse au blocage.
TJC, pour gagner les syndicalistes de l'éducation, secteur plus favorable aux luttes climatiques, mise sur la discussion lors des assemblées syndicales pour soit inclure une clause climatique dans les conventions ou initier une campagne « Sortir du gaz » des lieux de travail. Dans les milieux syndicaux plus difficiles à pénétrer, il faut miser sur le respect mutuel entre collègues et sur la rigueur démocratique des assemblées. Une travailleuse de Bombardier, membre des TJC à cause de l'avenir de son enfant, sera plus écoutée par ses collègues comme elle impliqués dans la fabrication de jets privés, peut-être le pire produit anti-climat qui soit. Le projet TJC d'états généraux sur l'éducation vise à poser la question cruciale de la formation de la jeunesse pour s'adapter au monde tel qu'il est ou pour le transformer de fond en comble. Plus fondamentalement se pose la question de la possibilité de transformer une organisation syndicale fort bureaucratisée ou la contourner.
Il y a loin de la coupe aux lèvres surtout quand dérape le soutien politique
Comment Mob6600 peut-il vaincre la grande coalition étatique-patronale du Port de Montréal sous juridiction fédérale et avec un conseil d'administration à majorité patronale, de Raymond Logistique, du gouvernement québécois et de la Ville de Montréal sans l'appui proactif jusqu'à la grève du syndicat des débardeurs et de la gent étudiante du Cégep Maisonneuve ? Comment Rage climatique peut-il arrêter la transnationale Northvolt ou changer sa vocation, celle-ci étant appuyée par les transnationales de l'automobile avides de batteries et étant soutenue par de les subventions milliardaires d'Ottawa et de Québec ?
Un peu au bout du rouleau lors de ce panel final, je n'ai pas été assez prompt pour souligner le grand oublié de la discussion soit la promotion de la décroissance sur la scène proprement politique ce qui devrait être la responsabilité de Québec solidaire. Bien que le comité de coordination élargi de la circonscription d'Hochelaga-Maisonneuve de Québec solidaire, où se situe la forêt Steinberg, ait proposé l'amendement d'ajouter au nouveau simili-programme Solidaire, dite Déclaration de Saguenay, la promotion de « la décroissance de la surproduction », celui-ci fut battu. De même fut défait l'amendement que l'usine Northvolt donne la priorité à la production de batteries pour le transport en commun alors que l'on sait que selon l'IRIS « [l]'Agence internationale de l'énergie prévoit qu'en 2030, 90 % des batteries produites dans le monde alimenteront des automobiles individuelles et seulement 3,5 % propulseront des autobus. »
Jusqu'où ira le recentrage centregauche à la NPD du grand parti de la gauche québécoise ?
Marc Bonhomme, 3 juin 2024
https://www.marcbonhomme.com
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Transition énergétique ou militaire ? La subvention par l’armée américaine d’un projet de mine de graphite près de Montréal provoque la colère de la société civile

Du jamais vu au Québec. Le financement de la minière Lomiko Metals par le Département de la Défense des États-Unis provoque la consternation au sein de la population locale opposée au projet La Loutre.
Le 16 mai dernier, le Département de la Défense des États-Unis (DoD) a annoncé qu'il finançait la minière Lomiko Metals Inc. (Lomiko) à la hauteur de 8,35 M $US pour développer son projet de mine à ciel ouvert de graphite au Québec dans la Petite-Nation, au cœur de la zone récréotouristique du triangle Montréal/Ottawa/Mont-Tremblant. Le ministère fédéral canadien de l'Énergie et des Ressources naturelles ajoute également une subvention de 4,9 M $CAD. Ce projet ne bénéficie d'aucun appui des populations et organisations locales. Celles-ci, soutenues par plusieurs groupes environnementaux nationaux, dénoncent vivement cette ingérence américaine dans l'appropriation du territoire québécois à des fins militaires. Le 6 août 2023, 450 personnes ont manifesté dans les rues de Lac-des-Plages contre ce projet minier. Des dizaines de pancartes contre l'activité minière sont affichées partout dans la région.
Depuis des années, sans en faire la démonstration, Lomiko Metals fait la promotion de ce projet minier comme étant essentiel à la transition énergétique et à l'électrification des transports. L'investissement massif d'intérêts militaires étrangers avant même la réalisation des évaluations environnementales constitue aujourd'hui un retournement majeur pour la vocation du projet et un choc pour la population.
Vers une militarisation généralisée du sous-sol du Sud du Québec ?
Le projet de mine à ciel ouvert La Loutre de Lomiko n'est pas le seul à provoquer des levées de boucliers dans le Sud du Québec où un boom minier fait rage depuis 2020. Que ce soit en Outaouais, dans les Laurentides, dans Lanaudière ou en Mauricie, des municipalités et des communautés locales considèrent l'industrie minière comme une menace environnementale et sociale et non comme une solution.
La subvention par ce même DoD des États-Unis d'un projet de mine de cobalt de la minière Fortune Minerals dans les Territoires du Nord-Ouest fait craindre que des projets équivalents en phase exploratoire reçoivent le même traitement de faveur au détriment du consentement des gens de la Mauricie et de Lanaudière, notamment.
Québec complice ?
Dans un monde de plus en plus en conflits, il est établi depuis longtemps qu'une part importante des minéraux supposément critiques et stratégiques du Québec est convoitée pour alimenter la course aux armements. Durant l'étude des crédits du Ministère québécois des Ressources naturelles et des Forêts (MRNF) le 25 avril dernier, la ministre Maïté Blanchette Vézina a clairement indiqué son objectif de « développer une filière et une chaîne d'approvisionnement en énergie pour la transition du gouvernement américain ».
Nous sommes étonnés de constater que l'entente de mentionne aucunement la participation du gouvernement du Québec. Il y a lieu de se demander si le gouvernement du Québec a été consulté et s'il a donné son accord. Dans tous les cas, il est clair que les gouvernements impliqués n'ont aucunement considéré la volonté de la population locale.
Citations
« Avec cette annonce combinée du gouvernement canadien et du Département de la Défense des États-Unis, comme élus, ce qu'on perçoit, c'est que ce qui était déjà un refus social de ce projet minier est en train de se transformer en colère sociale. Plus que jamais nos citoyens ressentent qu'on ne tient absolument pas compte d'eux », David Pharand, Maire de Duhamel, co-porte-parole de l'Alliance Municipalités de Petite-Nation Nord en matière de relations auprès du gouvernement et des médias
« Il importe peu à l'armée américaine que le territoire choisi pour approvisionner ses activités militaires soit un lieu habité et un joyau de nature en périphérie de Montréal et Ottawa. On assiste ici au sacrifice d'une région entière et de sa population. D'autres suivront », Louis St-Hilaire, président du Regroupement de Protection des Lacs de la Petite-Nation et porte-parole de la Coalition QLAIM
« Ottawa et Washington, avec la complicité de Québec, sont prêts à sacrifier la Petite-Nation pour faire la guerre. Sacrifice et guerre sont des mots qui vont bien ensemble. Mais ça ne change rien, les gens d'ici vont continuer de se défendre et de tout faire pour empêcher ce projet », Claude Bouffard, coordonnateur du Comité citoyen d'opposition au projet minier La Loutre
« Mentir aux amis écologiques des zones récréotouristiques que le sacrifice de leurs terres servira la transition vers les énergies renouvelables pour sauver la planète, est honteux, alors qu'on fait le contraire, en soutenant le militarisme qui en accélère la destruction », Pierre Jasmin, secrétaire général des Artistes pour la paix
« Militariser un projet minier nocif et rejeté par la population avant même de procéder à une évaluation environnementale est un acte de violence inouï du système envers les gens et la nature que nos gouvernements sont censés défendre et non attaquer », Rodrigue Turgeon, avocat, co-porte-parole de la Coalition Québec meilleure mine
« L'ingérence frontale de l'armée américaine confirme ouvertement le détournement de la propagande de ‘‘transition énergétique'' de la politique canadienne de mise en valeur des minéraux au profit d'une vocation essentiellement militaire », Jamie Kneen, coresponsable du programme national, MiningWatch Canada
« Dans le sillon de tous ces projets miniers se trouvent systématiquement des lacs, des rivières et des sources d'eau souterraines sacrifiées. Cette réalité est déjà très préoccupante, mais de constater que ces sacrifices seront faits pour le compte de la militarisation américaine, c'est tout simplement inadmissible. Nos gouvernements doivent comprendre la gravité des enjeux et agir en conséquence », Rébecca Pétrin, directrice générale, Eau Secours.
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Une manif festive et militante pro-choix en riposte à la manif pro-vie organisée devant l’Assemblée nationale

Le Comité riposte (coalition initiée par la Fédération du Québec pour le planning des naissances et ralliant des groupes communautaires, des organisations populaires et des syndicats) a réussi son pari : organiser une importante manif nationale pro-choix en riposte à la manif pro-vie organisée devant l'Assemblée nationale le premier juin 2024.
Les médias se sont attardés sur l'action dérangeante tenue avant le départ de la manif et visant à perturber le rassemblement pro-vie sur le site du Parlement. Les policiers ont imposé leur ordre et distribué des contraventions.
Mais la manif a débuté à 13h30, après de nombreuses prises de parole, et a regroupé plus de 1000 femmes venues de partout au Québec.
Il y avait du soleil, de la chaleur, beaucoup de slogans et des batucadas pour marquer le tempo. C'était une belle manif militante et festive.
PTAG présente dans la vidéo ci-dessous les interventions des militantes féministes faites avant le départ de la manifestation. Elles expliquent l'importance et les enjeux de cette manifestation pour la défense du droit à l'avortement au Québec.
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