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Israël-Palestine : un naufrage médiatique (vidéo)

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31 mars 2024 | tiré de la lettre d'Acrimed

Acrimed débarque sur Blast, pour une série de vidéos de critique des médias. Premier épisode : Israël-Palestine, un naufrage médiatique (lire aussi, à ce sujet, Médiacritiques n°49).


Bienvenue dans la nouvelle émission de critique des médias de Blast en partenariat avec Acrimed. Quatrième pouvoir. Acrimed, pour Action-Critique-Médias, est une association émérite et d'utilité publique qui, depuis le milieu des années 90, analyse, critique, documente le fonctionnement des médias en France.

Vous l'aurez compris à Blast, l'objectif de sensibiliser au rôle, aux méthodes, aux pratiques et à l'influence des médias, mais aussi à leurs dérives, de dévoiler leur dépendance au pouvoir économique et politique, nous paraît à l'heure actuelle plus que jamais nécessaire. Alors, dans un paysage médiatique ultra concentré, financiarisé et durement idéologisé, amenant une extrême droitisation et un nivellement tel du champ journalistique que la valeur de l'information s'en trouve défigurée.
Ensemble, nous allons essayer d'assumer au mieux ce rôle délaissé de contre pouvoir et de faire rempart. Bref, d'opposer à la dérive et au délabrement démocratique une véritable résistance médiatique. Mets ton casque, c'est la guerre, alertait d'ailleurs Denis Robert dans un de ses derniers éditos. La guerre et les bruits ou les silences médiatiques qui l'accompagnent, à laquelle nous avons choisi de consacrer ce premier numéro, c'est celle de Gaza.

C'est un bilan de ces un peu plus de cinq mois de traitement du conflit que l'on vous propose aujourd'hui. Bien sûr, on ne peut prétendre à l'exhaustivité. L'idée ici est de s'intéresser au bruit médiatique entendu, explique l'association, comme la somme des effets de cadrage, de légitimation, délégitimation et d'imposition de problématiques à l'oeuvre dans les grands médias.

Quel a été le périmètre légitime du débat public ? Comment la communication de l'armée israélienne a-t-elle été relayée ? Comment le cadrage a-t-il favorisé les doubles standards et les compassions sélectives ?

C'est à ces différentes questions qu'Acrimed va s'intéresser. Mais la critique portera aussi sur le journalisme politique en décryptant la manière dont les positionnements des différents acteurs du champ politique français concernant la situation en Israël et en Palestine ont été commentés.

Les publications d'Acrimed concernant cette nouvelle séquence du conflit opposant Israël aux Palestiniens


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Les sous-traitants règnent aux dépens des travailleurs et usagers

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Le nouvel âge des fléaux du capitalisme. Le Covid-19 a été la pandémie la moins inattendue de l’histoire (III)

2 avril 2024, par Ian Angus — ,
« Jamais auparavant le monde n'avait été aussi clairement prévenu des dangers d'une pandémie dévastatrice » – Global Preparedness Monitoring Board, September 2020 [1] Tiré (…)

« Jamais auparavant le monde n'avait été aussi clairement prévenu des dangers d'une pandémie dévastatrice » – Global Preparedness Monitoring Board, September 2020 [1]

Tiré de A l'Encontre
27 mars 2024

Par Ian Angus

A en juger par les excuses que nous entendons pour justifier l'incapacité des gouvernements à réagir efficacement à la pandémie, on pourrait penser que le Covid-19 était un acte de Dieu, un événement naturel que personne n'aurait pu anticiper. Le président états-unien Donald Trump a déclaré qu'il était « sorti de nulle part », qu'il avait « surpris le monde entier » et que « personne n'avait jamais rien vu de tel auparavant ». Parce que c'était inattendu et imprévisible, on ne pouvait pas lui reprocher d'avoir été pris au dépourvu.

C'est tout simplement faux. Comme l'écrit l'historien Kyle Harper, « la pandémie était un désastre parfaitement inévitable ».

« Personne ne pouvait savoir qu'un nouveau coronavirus passerait de l'animal à l'homme dans le centre de la Chine à la fin de l'année 2019 et déclencherait une pandémie mondiale. Pourtant, il était inévitable qu'un nouvel agent pathogène émerge et échappe à nos systèmes de défense collectifs. Il y a fort à parier que le coupable serait un virus à ARN hautement contagieux, d'origine zoonotique, qui se propagerait par voie respiratoire. En bref, une pandémie déstabilisante était inéluctable, ses contours prévisibles, ses détails essentiellement aléatoires. » [2]

Cette attente était si largement partagée par les experts en maladies infectieuses que, deux mois seulement avant le début de la véritable pandémie, le Centre Johns Hopkins pour la sécurité sanitaire a organisé un atelier de simulation de pandémie, auquel ont participé des responsables gouvernementaux et économiques du monde entier, et qui portait sur « un nouveau coronavirus zoonotique transmis de la chauve-souris au porc puis à l'homme, qui finit par se transmettre efficacement d'homme à homme, entraînant une grave pandémie ». La maladie fictive, inspirée du SRAS, aurait tué 65 millions de personnes [3].

Le Covid-19, qui est apparu peu après le départ des participants, est causé par un coronavirus à ARN muté qui est passé des chauves-souris aux animaux puis aux humains. Il est apparenté au SRAS mais est plus infectieux. Les similitudes étaient si fortes que lorsque la véritable pandémie a éclaté, les responsables du Centre Johns Hopkins se sont sentis obligés de publier une déclaration insistant sur le fait que leur scénario était fictif et ne constituait pas une prédiction.

Accélération des zoonoses

Comme nous l'avons vu, les maladies zoonotiques – causées par des virus et des bactéries provenant d'animaux – affectent l'homme depuis longtemps. Mais quelque chose a changé dans l'Anthropocène – comme l'affirme Sean Creaven dans Contagion Capitalism, nous sommes aujourd'hui confrontés à « l'accélération zoonotique… une accélération de la fabrication de nouvelles maladies zoonotiques et la résurgence d'anciennes, ce qui entraîne une aggravation correspondante du risque de pandémie mondiale » [4]. Le Covid-19 est la manifestation la plus récente de cette menace mortelle pour la santé humaine.

Les principales pandémies zoonotiques des cinq dernières décennies ont été les suivantes :

. 1968, grippe de Hong Kong. Une nouvelle souche de grippe aviaire a été détectée pour la première fois à Hong Kong, puis s'est rapidement répandue dans le monde entier, transportée en partie par les troupes américaines revenant du Viêt Nam. Elle a tué environ 1 000 000 de personnes, principalement des personnes âgées. Des variantes subsistent encore aujourd'hui.

. 1981, Syndrome d'immunodéficience acquise (SIDA). Le virus est probablement passé des chimpanzés aux chasseurs vers 1910, mais n'a eu qu'un impact limité jusqu'à ce qu'une variante explose dans les villes congolaises à croissance rapide dans les années 1980. Se propageant ensuite à Haïti, aux Etats-Unis, puis dans le monde entier, il a tué des dizaines de millions de personnes et reste une cause majeure de décès, en particulier en Afrique australe.

. 2002, Syndrome respiratoire aigu sévère (SRAS). Un coronavirus, qui fait partie d'une famille de virus provoquant de légers symptômes de rhume, est détecté pour la première fois dans le sud de la Chine. Il est probablement passé des chauves-souris à un animal intermédiaire, puis a infecté quelque 8000 personnes dans deux douzaines de pays, tuant environ 800 d'entre elles.

. 2009, grippe porcine. Un nouveau virus grippal est apparu dans des élevages de porcs aux Etats-Unis et au Mexique, puis s'est propagé dans plus de 70 pays. Près d'un milliard de personnes ont contracté la maladie et entre 50 000 et 575 000 personnes sont mortes la première année. Contrairement à la grippe de Hong Kong, elle est particulièrement dangereuse pour les enfants.

. 2012, Syndrome respiratoire du Moyen-Orient (MERS). Un nouveau coronavirus est passé des chauves-souris aux chameaux puis aux humains en Arabie saoudite. Il s'est répandu dans une vingtaine de pays, notamment en Corée du Sud. Environ 2500 personnes ont été diagnostiquées et 850 d'entre elles sont décédées – un taux de contagion faible, associé à un taux de mortalité très élevé.

. 2012, Ebola. Jusqu'alors rare, une importante épidémie d'Ebola s'est déclarée en Guinée, au Liberia et en Sierra Leone, tuant la moitié des personnes infectées. Elle s'est propagée en Europe et aux Etats-Unis, faisant plus de 11 000 victimes. Réapparaît en République démocratique du Congo en 2018-2020, infectant 3500 personnes et en tuant deux sur trois.

. 2015, Zika. Identifié pour la première fois en 1947 en Ouganda comme une maladie rare aux symptômes bénins : pendant soixante ans, moins de 20 cas humains ont été recensés. Une version mutante est apparue au Brésil en 2015, entraînant une pandémie majeure qui s'est propagée dans plus de soixante pays, provoquant de graves malformations congénitales chez les bébés nés de milliers de femmes infectées pendant leur grossesse.

Entre 2011 et 2018, l'Organisation mondiale de la santé a recensé 1483 épidémies dans 172 pays, soit en moyenne une épidémie tous les deux jours [5]. La plupart ont été de faible ampleur et se sont terminées rapidement, mais n'importe laquelle d'entre elles aurait pu devenir une pandémie régionale, voire mondiale, si elle avait bénéficié d'une combinaison adéquate d'erreurs de copie de gènes et de conditions environnementales. Les épidémiologistes, les microbiologistes et les virologues s'accordent généralement à dire que la fréquence et l'intensité des maladies zoonotiques augmentent, ce qui signifie que de nouvelles épidémies sont plus probables que jamais.

La maladie X

En 2016, le Dr Jonathan Quick, président du Conseil mondial de la santé, a décrit la « menace gigantesque » que représente l'émergence prochaine d'un agent pathogène jusqu'alors inconnu.

« Quelque part, un virus dangereux est en train de se développer dans le sang d'un oiseau, d'une chauve-souris, d'un singe ou d'un cochon, et se prépare à passer à un être humain. Il est difficile de comprendre l'ampleur d'une telle menace, car elle est susceptible d'anéantir des millions d'entre nous, y compris ma famille et la vôtre, en l'espace de quelques semaines ou de quelques mois…

« Il pourrait naître dans une ferme industrielle du Minnesota, dans un élevage de volailles en Chine ou dans les grottes d'éléphants du Kenya habitées par des chauves-souris, c'est-à-dire dans n'importe quel endroit où des animaux infectés sont en contact avec des êtres humains. Il peut s'agir d'une variante de la grippe espagnole de 1918, de l'une des centaines d'autres menaces microbiennes connues, ou d'un virus entièrement nouveau, comme le SRAS de 2003 qui s'est propagé à l'échelle mondiale à partir de la Chine. Une fois transmis à un être humain, un virus aéroporté peut passer de cette personne infectée à 25 000 autres en l'espace d'une semaine, et à plus de 700 000 au cours du premier mois. En l'espace de trois mois, il pourrait se propager à tous les grands centres urbains du monde. Et dans les six mois, elle pourrait infecter plus de 300 millions de personnes et en tuer plus de 30 millions…

« Les scientifiques ne savent pas de quel microbe il s'agit, ni d'où il vient, ni s'il se transmet par l'air, par le toucher, par les fluides corporels ou par une combinaison de voies, mais ils savent que les épidémies se comportent un peu comme des tremblements de terre. Les scientifiques savent qu'un « grand tremblement de terre » est à venir parce que des dizaines de nouveaux tremblements de terre plus petits se produisent chaque année dans le monde entier…

« Les experts en maladies infectieuses s'accordent à dire que, dans les conditions actuelles, la question n'est pas de savoir si une superbactérie apparaîtra et créera une pandémie mondiale. La question est de savoir quand. » [6]

En 2017, la Banque mondiale a mis en garde :

« Nous savons que ce n'est qu'une question de temps avant que la prochaine pandémie ne nous frappe. Nous savons également qu'il y a de fortes chances qu'elle soit grave. Elle peut signifier la mort à petit feu, se propageant insidieusement dans les populations, sans être reconnue pendant des années, comme le VIH dans les années 1980. Elle peut aussi frapper les gens avec une violence brutale et une rapidité foudroyante, plongeant brusquement les économies nationales dans le chaos, comme l'Ebola en Afrique de l'Ouest en 2014-2015. Quel que soit son mode d'attaque, la prochaine pandémie mortelle à grande échelle ne se produira au mieux que dans quelques décennies. » [7]

En 2017 également, l'Organisation mondiale de la santé a exhorté ses pays membres à concentrer leurs efforts de R&D sur une courte liste de maladies connues qui pourraient devenir pandémiques et pour lesquelles il n'existe pas de vaccins ou d'autres contre-mesures. La mise à jour 2018 de cette liste comprenait : la fièvre hémorragique de Crimée-Congo, les virus Ebola et Marburg, la fièvre de Lassa, le SRAS et le MERS, les maladies de Nipah et henipavirales, la fièvre de la vallée du Rift et Zika. La liste se termine par la maladie X, reconnaissant qu'« une grave épidémie internationale pourrait être causée par un agent pathogène actuellement inconnu pour causer des maladies humaines ». [8]

L'OMS et la Banque mondiale parrainent un Global Preparedness Monitoring Board qui évalue et conseille les mesures nécessaires pour garantir une réponse rapide et efficace aux maladies épidémiques. Dans leur premier rapport annuel, publié deux mois seulement avant l'apparition du Covid-19 à Wuhan, les coprésidents du Conseil ont lancé un avertissement :

« La menace d'une pandémie d'un agent pathogène respiratoire à évolution rapide et hautement létale, tuant 50 à 80 millions de personnes et anéantissant près de 5% de l'économie mondiale, est bien réelle. Une pandémie mondiale de cette ampleur serait catastrophique et provoquerait des ravages, une instabilité et une insécurité généralisées. » [9]

Comme l'écrit Alex de Waal dans New Pandemics, Old Politics, « le Covid-19 a été la pandémie la moins inattendue de l'histoire » [10].

Impréparation

Dans The Challenge and Burden of Historical Time, Istvan M ?száros affirme que le système capitaliste est « incompatible avec la planification dans un sens autre que myope ». Même lorsqu'une catastrophe se profile, « la poursuite sans restriction de l'accumulation de capital, même si elle est dommageable, voire totalement destructrice », est la priorité absolue des entreprises et des Etats qui représentent leurs intérêts. L'impératif de profit a deux conséquences inévitables.

« 1. L'horizon temporel du système est nécessairement à court terme. Il ne peut en être autrement compte tenu des pressions dérégulatrices de la concurrence et du monopole et des moyens qui en découlent pour imposer la domination et la subordination, dans l'intérêt d'un gain immédiat.

« 2. Cet horizon temporel est également post festum [après le fait], c'est-à-dire qu'il n'est possible d'adopter des mesures correctives qu'une fois que le mal a été fait ; et même ces mesures correctives ne peuvent être introduites que sous une forme très limitée. » [11]

La réponse des pays les plus riches à la pandémie l'a démontré de manière puissante et tragique. Malgré des preuves scientifiques accablantes, malgré des livres et des classeurs remplis de plans détaillés et de lignes directrices stratégiques, malgré des appels répétés à investir dans la recherche sur les vaccins et à maintenir des stocks d'équipements de protection essentiels, les gouvernements du monde n'étaient absolument pas préparés à faire face au Covid-19 ou à quoi que ce soit d'autre de semblable.

En mai 2021, un groupe d'experts indépendants, nommé par l'Organisation mondiale de la santé pour évaluer l'état de préparation de la planète en cas de pandémie, a publié une évaluation sans détour :

« Il est clair pour le groupe que le monde n'était pas préparé et qu'il a ignoré les avertissements qui ont abouti à un échec massif : une épidémie de SRAS-COV-2 s'est transformée en une pandémie dévastatrice…

« Malgré les messages cohérents indiquant qu'un changement significatif était nécessaire pour assurer une protection mondiale contre les menaces de pandémie, la majorité des recommandations n'ont jamais été mises en œuvre. Dans le meilleur des cas, la mise en œuvre s'est faite au compte-gouttes…

« COVID-19 a mis en évidence un fossé béant entre des efforts limités et décousus en matière de préparation à la pandémie et les besoins et performances d'un système lorsqu'il est réellement confronté à une pandémie à évolution rapide et à croissance exponentielle. » [12]

De nombreux ouvrages et rapports décrivent les échecs flagrants des mesures prises par les pouvoirs publics pour faire face au Covid-19. Je ne répéterai pas ici cette histoire épouvantable. Mais il est important de noter qu'ils n'étaient pas seulement mal préparés – dans les décennies qui ont précédé le COVID, la plupart des gouvernements étaient impréparés [13].

« Dans les pays capitalistes avancés, les systèmes de santé publique ont été privés de financement, privatisés et vidés de leur substance au cours des quarante dernières années au profit du profit privé et du marché. Les dépenses de santé n'ont pas été orientées vers la prévention ou les soins primaires, mais principalement vers les traitements d'urgence…

« En conséquence, la plupart des systèmes de santé étaient déjà à la limite de leurs capacités de traitement des maladies avant que la pandémie n'éclate. En effet, il était considéré comme « efficace » de faire fonctionner les capacités de santé à 99%, sans aucune marge de manœuvre pour les urgences majeures. De nombreux systèmes de santé ne disposaient d'aucun stock d'équipements nécessaires aux pandémies virales, tels que des masques, des équipements de protection individuelle, des ventilateurs ou même des médicaments permettant d'atténuer l'impact du virus. Lorsque la pandémie a frappé, de nombreux systèmes de santé en Europe ont été débordés, obligeant à un « triage » et ignorant l'impact sur les établissements médico-sociaux (Ehpad). Finalement, les gouvernements ont dû imposer des fermetures drastiques. Les systèmes de santé ont alors été contraints de se concentrer sur les patients Covid-19 au détriment d'autres patients gravement malades, ce qui a entraîné des décès indirects. » [14]

Les politiciens néolibéraux ont réduit le financement de la recherche, démantelé les groupes consultatifs scientifiques et réduit à l'extrême les budgets de santé publique. Lorsque le Covid-19 a atteint les Etats-Unis, « il a trouvé un système de santé publique [qui]… pouvait à peine faire face à la maladie comme d'habitude, sans parler d'un nouveau virus à propagation rapide » [15]. Dans la plupart des pays du Sud, la situation est bien pire – les systèmes de santé déjà faibles ont été vidés de leur substance par les programmes d'austérité imposés par le Fonds monétaire international.

Comme l'a fait remarquer le groupe indépendant de l'OMS, il n'a pas été le premier organisme à recommander des changements urgents.

« Les étagères des salles de stockage des Nations unies et des capitales des Etats membres sont pleines de rapports d'examens et d'évaluations antérieurs qui auraient pu atténuer la crise sociale et économique mondiale dans laquelle nous nous trouvons. Ils sont restés ignorés pendant trop longtemps. » [16]

Aujourd'hui, nous disposons d'un autre programme visant à modifier en profondeur la manière dont les gouvernements et les institutions devraient répondre aux futures épidémies – et il a lui aussi été mis de côté. Personne, connaissant les antécédents du monde capitaliste, ne sera surpris que le programme du groupe spécial de l'OMC n'ait pas été mis en œuvre, ni même sérieusement envisagé.

Même s'il avait été accepté, le programme confirme une fois de plus le jugement de M ?száros : il s'agit d'une longue liste de mesures post festum, axées sur la réaction aux futures pandémies, et non sur leur prévention. Le proverbe de Benjamin Franklin sur « l'once de prévention qui vaut une livre de remède » ne trouve aucun écho dans les discussions officielles sur la préparation à la pandémie.

Des investissements massifs dans les soins de santé publique sont certainement nécessaires, et nous sommes admiratifs du dévouement des scientifiques et des travailleurs et travailleuses de la santé de première ligne qui s'efforcent de sauver les victimes d'Ebola, de la grippe, du SRAS-CoV-2 et d'autres virus émergents. Mais tant que les causes sociales et écologiques sous-jacentes subsisteront, la nouvelle ère des pestes se poursuivra, sans relâche et probablement de manière plus mortelle. (A suivre) (Article publié sur le blog de Ian Angus Climate&Capitalism le 26 mars 2024 ; traduction rédaction A l'Encontre)

Notes

[1] Global Preparedness Monitoring Board, “A World in Disorder : Annual Report 2020” (Geneva, September 2020), 3.

[2] Kyle Harper, Plagues upon the Earth : Disease and the Course of Human History, The Princeton Economic History of the Western World 46 (Princeton : Princeton University Press, 2021), 504.

[3] “Event 201,” accessed March 19, 2024, https://centerforhealthsecurity.org/our-work/tabletop-exercises/event-201-pandemic-tabletop-exercise.

[4] Creaven, Sean, Contagion Capitalism : Pandemics in the Corporate Age (London : Routledge, 2024). viii.

[5] Global Preparedness Monitoring Board, “A World at Risk : Annual Report on Global Preparedness for Health Emergencies” (Geneva : World Health Organization ;, 2019), 12.

[6] Jonathan D. Quick and Bronwyn Fryer, The End of Epidemics : The Looming Threat to Humanity and How to Stop It (New York : St. Martin's Press, 2018), 25.

[7] Global Preparedness Monitoring Board, “World at Risk,” 6.

[8] World Health Organization, “List of Blueprint Priority Diseases,” March 1, 2020.

[9] Global Preparedness Monitoring Board, “World at Risk,” 6.

[10] Alex De Waal, New Pandemics, Old Politics : Two Hundred Years of War on Disease and Its Alternatives (Medford : Polity Press, 2021), 14.

[11] István Mészáros, The Challenge and Burden of Historical Time : Socialism in the Twenty-First Century (New York : Monthly Review Press, 2008), 383.

[12] Independent Panel for Pandemic Preparedness and Response, “COVID-19 : Make It the Last Pandemic” (Geneva, Switzerland, May 2021), 15.

[13] I borrow the word from Alex de Waal, New Pandemics, Old Politics.

[14] Michael Roberts, “Pandemic Economics : The Global Response to Covid-19,” Theory & Struggle 122, no. 1 (June 2021) : 32–45.

[15] Ed Yong, “How Public Health Took Part in Its Own Downfall,” The Atlantic (blog), October 23, 2021.

[16] Independent Panel for Pandemic Preparedness and Response, “Make It the Last Pandemic,” 62.

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Mobilisation 6600 s’oppose à la construction de toute nouvelle route dans le secteur Assomption-sud

2 avril 2024, par Mobilisation 6600 Parc-Nature MHM — , ,
*Montréal, 26 mars 2024 –**La Ville de Montréal tient ce soir une séance publique d'information sur le prolongement du boulevard de l'Assomption et de la bretelle autoroutière (…)

*Montréal, 26 mars 2024 –**La Ville de Montréal tient ce soir une séance publique d'information sur le prolongement du boulevard de l'Assomption et de la bretelle autoroutière Souligny dans le secteur Assomption-sud. Mobilisation 6600 a appris que deux scénarios seront présentés à la population de Mercier-Hochelaga-Maisonneuve : un premier où le prolongement du boulevard de l'Assomption passerait à travers le Boisé Steinberg, et un deuxième où l'abandon du tronçon nord de la route permettrait d'épargner le Boisé.

*Or, pour la mobilisation citoyenne, il s'agit d'un seul et même scénario : le prolongement d'un accès routier vers l'autoroute 25 pour favoriser l'expansion de l'industrie portuaire et logistique. Les porte-paroles de la mobilisation seront présentes ce soir au Cégep de Maisonneuve pour présenter un scénario alternatif : aucun ajout de route supplémentaire et l'optimisation du réseau existant.

« La cohabitation entre industries et résidences, rendue difficile par l'expansion toujours croissante du Port de Montréal, commande de ne pas ajouter d'infrastructures qui favorisent une telle expansion », a affirmé Cassandre Charbonneau-Jobin, co-porte-parole de Mobilisation 6600 Parc-nature MHM. « Même si la Ville décide de préserver des espaces verts, nous n'accepterons pas que l'autoroute Souligny entre plus profondément dans le quartier pour se rapprocher de nos résidences, et vienne ajouter d'autres nuisances à la liste déjà trop longue de nuisances que les habitant.e.s subissent », a-t-elle ajouté la citoyenne, qui vit d'ailleurs dans le secteur.

« Combien de fois devons-nous répéter que la santé de la population du quartier est déjà fragilisée par les activités portuaires et la présence des industries ? La Direction régionale de la santé publique recommandait en 2019 la réduction des nuisances actuelles, pas l'ajout de nouvelles ! » a rappelé Anaïs Houde, co-porte-parole du mouvement citoyen. « Le Port de Montréal a construit une route temporaire pour permettre à ses camions de se diriger vers Souligny. Nous demandons que cette route soit pérennisée, tout simplement. Il n'y a pas besoin d'ajouter d'autres infrastructures ».

« Nous craignons que la Ville utilise l'argument la protection d'une partie du boisé pour nous faire oublier le prolongement d'une autoroute près de résidences, cela nous paraît de très mauvaise foi. Le discours des citoyen.ne.s a toujours été clair : nous ne voulons d'aucune nouvelle route dans le secteur. Nous voulons du courage politique pour un aménagement qui fait passer le vivant avant les industries » a conclut Cassandre Charbonneau-Jobin.

**À propos de Mobilisation 6600 Parc-Nature MHM**

Mobilisation 6600 Parc-Nature MHM est un mouvement citoyen qui lutte depuis 2016 pour la préservation des espaces verts, de la santé et de la qualité de vie de la population de Mercier-Hochelaga-Maisonneuve. Il revendique la création d'un Parc nature dans le quadrilatère Viau-Dickson-Hochelaga-Notre-Dame et s'oppose à l'installation de Ray-Mont Logistiques.

**Source :**Mobilisation 6600 Parc-Nature MHM

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Les magouilles parlementaires de Québec solidaire – À quelles fins ?

2 avril 2024, par Camille Popinot — ,
À la fin du mois de mars 2024, le leader parlementaire du parti au pouvoir (CAQ), le Ministre de la Justice Simon Jolin-Barrette, révélait qu'il avait conclu une entente (…)

À la fin du mois de mars 2024, le leader parlementaire du parti au pouvoir (CAQ), le Ministre de la Justice Simon Jolin-Barrette, révélait qu'il avait conclu une entente confidentielle avec son homologue de Québec solidaire (QS), Alexandre Leduc. Selon les termes de l'entente, « QS s'engageait à ce que l'adoption par bâillon du projet de loi 15 sur le système de santé soit accélérée » en échange de quoi le Gouvernement s'engageait à soumettre à l'Assemblée nationale, un peu plus tard, un projet de loi de Québec solidaire visant à améliorer la protection des ainé·es contre les évictions.

Que la CAQ conclut des accords confidentiels, y compris à l'Assemblée nationale, ne surprend personne. L'absence de transparence est l'une des marques de fabrique du Gouvernement Legault (refus de communiquer les analyses des sites proposés à Northvolt, sur les taux d'arsenic de la Fonderie Horne, les pressions sur les juristes de l'État pour valider des avis juridiques etc.).

Les députés prennent-ils les militant.es pour des andouilles ?

Ce type de "deal confidentiel" a en revanche de quoi profondément agacer les militant·es de Québec solidaire. On rappellera par exemple que le 9 décembre 2023, soit le lendemain de l'adoption « accélérée » de la loi 15, QS publiait un communiqué dans lequel les députés en charge du dossier « santé » se félicitaient de leur travail :

« Grâce au travail acharné de Guillaume Cliche-Rivard et du leader parlementaire Alexandre Leduc, Québec solidaire est parvenu à arracher trois améliorations in extremis au projet de loi 15 ».

Et le député Cliche-Rivard poursuivait, de manière convaincue, « si la CAQ nous avait laissés faire notre travail jusqu'au bout, nous aurions pu limiter les dégâts ».

À moins de supposer que le député Cliche-Rivard n'était pas au courant de l'entente conclue par son leader afin d'accélérer l'adoption du projet de loi 15 - ce qui soulèverait alors des questionnements encore plus graves sur le fonctionnement du groupe parlementaire - les deux députés de QS prennent ouvertement leurs militant·es pour des andouilles.

Sur le fond, on rappellera que le PL.15, le « 2e plus gros projet de loi de l'histoire du Québec après le Code civil », transforme en profondeur le système de santé. Il a ainsi été dénoncé par les centrales syndicales comme une réforme « bureaucratique », « managériale » qui remet en cause « profondément les relations de travail et les catégories d'emplois » et qui encourage la privatisation du système de santé.

La réforme du système de santé contre la protection des ainé.es ?

Et qu'a obtenu le leader parlementaire Alexandre Leduc en échange de ce passage en force d'une réforme qualifiée par les syndicats comme « la plus grande opération de centralisation en santé de l'histoire du Québec » ?

On ne s'attardera pas ici sur l'humiliation du leader de QS, qui a vu ses petites combines dévoilées au grand jour. Certain·es pourront partager son opinion selon laquelle il « n'est pas très élégant (…) pas digne de la fonction » d'un ministre, de trahir une magouille parlementaire ; on retiendra quant à nous le discrédit que ce type d'entente confidentielle avec la droite réactionnaire jette sur les partis de gauche en général.

Mais il convient d'insister sur le fond de ce « deal » qui a justifié d'accélérer les « dégâts » dans le système de santé.

En échange, le leader de la gauche parlementaire a donc obtenu que soit discuté à l'Assemblée nationale un projet de loi visant à protéger les ainé·es qui vivent sous le seuil de pauvreté ; sans aucune garantie, évidemment, que le texte soit adopté. Le Premier ministre, le Ministre de la justice, la Ministre de l'Habitation, ont d'ailleurs immédiatement fait savoir dans les médias qu'ils n'appuyaient pas le projet.
Et que contient ce projet de loi ? Il prévoit principalement d'élargir la protection des locataires ainé·es contre certaines évictions, en abaissant l'âge des bénéficiaires de 70 ans à 65 ans. C'est une mesure certainement bénéfique pour des ainé.es qui risquent de se retrouver à la rue ou en CHSLD et dans tous les cas complètement déraciné.es. On rappellera cependant que selon une étude réalisée par Me Benjamin Paré, le dispositif actuellement en vigueur n'a été invoqué au tribunal avec succès que par une soixantaine de locataires entre 2016 et 2022, soit dix par an. Rien d'étonnant alors à ce qu'en 2016, les députés de la CAQ les plus proches des associations de propriétaires aient également voté en faveur l'adoption de cette loi, qui ne change rien ou presque mais qui peut faire croire que l'Assemblée se préoccupe du sort des ainé·es.

Certes, les petits ruisseaux font les grandes rivières et l'abaissement de l'âge des bénéficiaires à 65 ans permettrait évidemment d'augmenter le nombre de potentiels bénéficiaires. Mais ce projet apparait très limité, très conservateur et il ne réglera en rien l'incapacité de payer les loyers des ainé·es, les fermetures de RPA, les discriminations dont sont manifestement victimes les ainé·es en matière d'accès à un logement etc.

Surtout, ce n'est certainement pas avec ce type de magouilles parlementaires et de projet de loi que Québec solidaire réussira à mobiliser à gauche et à construire une opposition crédible aux politiques réactionnaires de la CAQ, que ce soit en matière de logement ou de santé. D'autant moins quand certains députés de QS, y compris un de ses porte-paroles, s'évertuent dans le même temps à reprendre à leur compte le discours raciste du Gouvernement caquiste qui ne cesse de marteler que la crise du logement, comme la crise dans le système de santé sont le fait des étrangers, des étrangères, des migrant·es temporaires, des demandeurs et demandeuses d'asile et de leurs enfants.

Camille Popinot
31 mars 2024

Un gouvernement qui travaille à la dépossession du bien commun

2 avril 2024, par Henri Jacob, Richard Desjardins — ,
Le premier ministre du Québec, député de L'assomption, et le gouvernement de la CAQ permettent à leur superministre de l'économie, de l'innovation et de l'énergie et autres, (…)

Le premier ministre du Québec, député de L'assomption, et le gouvernement de la CAQ permettent à leur superministre de l'économie, de l'innovation et de l'énergie et autres, Pierre Fitzgibbon, de prioriser la privatisation de ressources publiques, en cédant des droits liés à la production électrique sur le territoire du Québec à des compagnies privées, alors que la CAQ n'a nullement reçu de la part de la population lors des dernières élections le mandat de céder ou privatiser partiellement ou totalement la production et la distribution de notre énergie électrique.

Autres signataires : Jacques Benoit, Gmob (Groupe Mobilisation), Michel Jetté, Gmob (Groupe Mobilisation), Louise Sabourin, Gmob (Groupe Mobilisation), Julie Robillard, Mouvement d'éducation populaire et d'action communautaire du Québec (MÉPACQ), André Bélisle, Association québécoise de lutte contre la pollution atmosphérique (AQLPA), Josée Harnois, Table régionale des organismes volontaires d'éducation populaire (TROVEP) de la Montérégie, Patricia Posadas, Prospérité sans pétrole, Rimouski, Martin Poirier, Annie Landry et Stéphane Poirier.

Le Journal de Quebec | lettre de GMOB
26 mars 2024

Le Québec peut-il oublier les effets bénéfiques pour la société québécoise tout entière du travail accompli par René Lévesque pour que la production et la distribution électriques soient nationalisées par Hydro-québec ? Et cette électricité ne doit-elle pas rester propriété du peuple québécois ?

En agissant ainsi, le gouvernement Legault met en route notre dépossession d'un bien commun national au profit d'intérêts privés.

Nous considérons que le premier ministre du Québec agit de façon antidémocratique et contre l'intérêt des institutions publiques et du peuple québécois.

PRIVATISATION

Le premier ministre du Québec, député de L'assomption, et le gouvernement de la CAQ permettent au ministre de la Santé, Christian Dubé, de privatiser la première ligne du système public de santé et entérinent la construction d'hôpitaux privés qui viendront en compétition avec le système public pour les ressources tant financières, matérielles qu'humaines.

Cette privatisation canalise lesdites ressources vers des intérêts privés au détriment de ce bien commun du peuple québécois qu'est le système public de santé. Est-ce que la CAQ a reçu le mandat, lors des dernières élections, de procéder à un tel affaiblissement du système public de santé du Québec ?

En agissant ainsi, le gouvernement Legault engendre notre dépossession d'une partie de notre réseau public au profit d'intérêts privés.

Le premier ministre du Québec, député de L'assomption, et le gouvernement de la CAQ permettent au ministre de l'environnement et de la Lutte contre les Changements climatiques, Benoit Charette, d'accepter que les règlements permettant la tenue d'un BAPE soient changés au profit de compagnies privées, sans consulter la population. Cela crée une fois de plus un déficit démocratique important dans le contexte d'une crise climatique planétaire dont plus personne ne peut nier l'existence ni les effets dévastateurs.

Ce faisant, le gouvernement Legault favorise l'exploitation abusive de territoires riches en biodiversité malgré des avis l'avertissant du danger d'extinction d'espèces animales et végétales, dans le contexte d'une crise de la biodiversité que les scientifiques reconnaissent comme la « sixième grande extinction de la vie ».

De plus, ce gouvernement, en toute connaissance de cause, permet que les normes environnementales de la Santé publique ne soient pas respectées afin de favoriser des entreprises privées. Les conséquences sont évidentes : détérioration de la santé de la population locale, chez qui on constate des décès prématurés, tout comme on constate la dévitalisation des territoires concernés. En agissant ainsi, le gouvernement Legault confirme notre dépossession d'une partie de notre territoire, de notre patrimoine naturel et de notre droit à la santé et à la sécurité au profit d'intérêts privés.

DÉPOSSESSION DE NOS DROITS

Le premier ministre du Quéde bec, député L'assomption, et le gouvernement de la CAQ permettent à la ministre de l'habitation, France-élaine Duranceau, qu'une masse critique de la population subisse des chocs économiques sous la forme d'augmentations spectaculaires des loyers, engendrant ainsi une crise sociale que l'on aurait crue chose du passé. Le gouvernement avalise, une fois de plus, une réglementation déficiente qui prive les citoyens de logements abordables ainsi que de droits qui les protégeraient d'augmentations et d'évictions abusives et de spéculateurs sans scrupules tant nationaux qu'internationaux.

En agissant ainsi, le gouvernement Legault confirme la dépossession des personnes et des familles les plus démunies d'un droit essentiel qu'est la capacité de se loger sans s'appauvrir encore plus, sans basculer dans l'indignité, sans risquer de se retrouver sans abri, et ce, au profit d'intérêts privés.

Le premier ministre du Québec, député de L'assomption, et le gouvernement de la CAQ organisent ainsi la dépossession de certains de nos droits (droit au logement, à la santé, à la sécurité) et de nos institutions publiques les plus névralgiques (énergie et santé), essentielles pour nous aider à faire face aux différentes problématiques liées aux changements climatiques. Leur « gouvernance » les amène à vendre les ressources du Québec, nous rappelant les heures les plus sombres de notre histoire.

■ Face à ces trahisons liées aux niveaux les plus névralgiques de nos institutions publiques, face à l'intention d'affaiblir, voire déposséder, nos institutions publiques au profit d'intérêts privés ;

■ Face à l'incompétence du gouvernement à protéger sa population contre des abus économiques ;

■ Face au non-respect des consensus sociaux sur la protection d'une biodiversité qui a la capacité de mitiger les effets dévastateurs des changements climatiques, et à l'attaque de nos institutions publiques si nécessaires face aux différentes crises (sociales, économiques, climatiques et de la biodiversité) dans lesquelles nous sommes plongés ;

■ Et face au fait que François Legault accélère les processus de dépossession du bien commun, tout en perpétuant un modèle économique qui est la cause de la majorité des crises actuelles ;

Nous considérons que le premier ministre du Québec agit de façon antidémocratique et contre l'intérêt des institutions publiques et du peuple québécois.

Et, pour toutes ces raisons, comme signataires de cette lettre, nous demandons la démission immédiate de François Legault.

L’hypocrisie de l’administration américaine et l’insolence israélienne

2 avril 2024, par Gilbert Achcar — , ,
Gilbert Achcar livre son analyse des positions actuelles des États-Unis, dans le contexte de l'adoption de la résolution qu'ils ont proposée au Conseil de sécurité de l'ONU. (…)

Gilbert Achcar livre son analyse des positions actuelles des États-Unis, dans le contexte de l'adoption de la résolution qu'ils ont proposée au Conseil de sécurité de l'ONU.

Tiré de Inprecor 719 - avril 2024
27 mars 2024

Par Gilbert Achcar

Il est vraiment étonnant que Washington se soit abstenu lors du vote sur la résolution adoptée lundi par le Conseil de sécurité de l'ONU. Or, cette résolution est tout à fait cohérente avec la position américaine qui rejette l'appel à un cessez-le-feu permanent. Elle appelle seulement à « un cessez-le-feu immédiat pour le mois de Ramadan » (dont une bonne moitié est déjà écoulée), ajoutant en guise de vœu pieux que cela devrait « conduire à un cessez-le-feu durable » (la résolution n'utilise pas en anglais le terme « permanent », mais « lasting » (durable), qui n'équivaut pas à une cessation définitive). Les parties qui ont rédigé la résolution ont fait un effort particulier pour utiliser des expressions et des concepts qui puissent satisfaire Washington afin que le texte réconcilie la position américaine avec la position arabe. Ainsi, la résolution condamne « toutes les attaques contre les civils et les biens civils, ainsi que toutes les violences et hostilités contre les civils, et tous les actes de terrorisme » rappelant que « la prise d'otages est interdite par le droit international ».

Hypocrisie et mensonges

La résolution était telle cette fois-ci que la Grande-Bretagne elle-même a pu voter pour elle, après s'être jusqu'à présent alignée sur la position américaine, n'osant la contredire qu'en s'abstenant une fois pendant que Washington utilisait son veto. Quant à la justification par l'administration américaine de son abstention de lundi en soulignant que la résolution ne nomme pas le « Hamas », c'est un prétexte tout à fait vain qui ne peut tromper personne, puisque la résolution ne nomme pas non plus Israël, même en parlant de la nécessité d'ouvrir la voie à l'aide internationale !

En effet, éviter les deux désignations directes constituait l'un des compromis sur lesquels repose la résolution. La vérité est que l'abstention de Washington visait à tenter d'apaiser le ressentiment de la partie israélienne afin que Washington ne donne pas l'impression de participer à un consensus du Conseil de sécurité de l'ONU sur une résolution qu'Israël rejette. Samedi dernier, le ministre des Affaires étrangères du Likoud-sioniste, Israel Katz, avait déjà accusé les Nations unies d'être devenues, sous la direction de leur actuel secrétaire général Antonio Guterres, « un organisme antisémite et anti-israélien qui protège et encourage la terreur » ! Avec cela, la politique habituelle d'Israël consistant à qualifier d'antijuive toute critique de sa politique a atteint un nouveau niveau de décadence et de vulgarité.

La préparation du massacre

Quant à l'administration du président américain Joe Biden, elle a atteint pour sa part un nouveau degré en matière d'hypocrisie. Elle continue à fournir à Israël armes et munitions, comme elle a commencé à le faire dès le début de la guerre sioniste génocidaire contre Gaza, de sorte qu'elle est devenue pleinement complice de l'assaut en cours, qui est de fait la première guerre entièrement conjointe entre les États-Unis et l'État sioniste. Tandis que Benjamin Netanyahou a annulé la visite à Washington d'une délégation conduite par l'un de ses conseillers en affaires stratégiques, le ministre de la « Défense » de son gouvernement, Yoav Galant, qui est bien sûr membre aussi du cabinet de guerre restreint formé au début de l'assaut actuel, est arrivé lundi à Washington.

Sa visite est bien plus importante que celle qui a été annulée par Netanyahou. À son arrivée dans la capitale américaine, Gallant a déclaré que ses forces armées envahiront inévitablement Rafah. Il est venu consulter l'administration Biden sur la manière de préparer l'invasion de Rafah de sorte à ce que les deux parties puissent prétendre avoir pris en compte les considérations humanitaires, devenues une question hautement sensible pour l'administration américaine.

Une position inhumaine

Il va sans dire que cette sensibilité ne découle pas d'un quelconque attachement aux considérations humanitaires elles-mêmes. Comment pourrait-elle en découler d'ailleurs alors que Washington a pleinement participé au meurtre d'environ quarante mille personnes avec des dizaines de milliers de blessé·es, dont un pourcentage élevé de blessures graves ; à la destruction de la bande de Gaza à un degré sans précédent dans l'histoire, au vu de l'ampleur des dégâts causés en quelques mois ; et au déplacement de la grande majorité de la population de la bande de Gaza vers la région de Rafah ?

Les caisses d'aide alimentaire que Washington lâche du ciel sont des gesticulations qui sont loin de disculper l'administration américaine comme elle le souhaite, puisque tous les responsables de l'aide humanitaire internationale ont confirmé qu'il s'agissait d'un moyen coûteux et inefficace pour éliminer la famine meurtrière qui se propage parmi les Gazaoui·es. Ils pointent plutôt du doigt les milliers de camions alignés du côté égyptien de la frontière, dont Israël empêche l'entrée, alors qu'il suffirait à Washington de faire pression sur l'État sioniste en le menaçant sérieusement de cesser son soutien militaire afin de l'obliger à ouvrir les portes de l'aide par voie terrestre, seule voie véritablement capable de réduire la crise humanitaire et d'empêcher la propagation de la famine et son exacerbation.

Jeux d'influence sordides

Quant au port qu'ils construisent sur la côte de Gaza, il n'est pas non plus capable de résoudre la crise. De plus, on est tout à fait en droit de s'interroger sur la véritable intention qui se cache derrière, car cela pourrait être utilisé afin d'encourager les Gazaoui·es à émigrer si les portes du Sinaï leur restaient fermées. En effet, le gouvernement sioniste-fasciste a l'intention d'achever la deuxième Nakba en déracinant une fois de plus les Palestiniens de la terre de Palestine, cette fois de la bande de Gaza. Leur intention première était de les expulser vers le Sinaï, mais le rejet de cette perspective par le régime d'Abdel Fattah al-Sisi (pour des raisons de sécurité et non pour des raisons humanitaires, bien entendu) les a amenés à envisager de les expulser vers diverses parties du monde. Ils ont établi des contacts avec plusieurs pays dans ce but, selon le propre témoignage de Netanyahu.

Récemment, des voix se sont élevées en Israël pour suggérer de concentrer les habitants de Gaza dans un coin du désert du Néguev, à la frontière égyptienne, afin que l'État sioniste puisse annexer la bande de Gaza en tant que terre de plus grande valeur, notamment en raison de sa côte. Tout cela a inquiété Washington, qui l'a poussé à inviter Benny Gantz, membre du cabinet de guerre, opposant à Netanyahou et au gouvernement du Likoud, pour discuter de la question avec lui. Washington a également reçu Gallant, qui est lui aussi un opposant à Netanyahou, mais de l'intérieur du Likoud. L'administration américaine s'inquiète du projet d'expulsion, qui contredit sa position appelant à préserver le cadre d'Oslo et à faire en sorte que « l'Autorité palestinienne » supervise à nouveau la bande de Gaza, principalement sous tutelle israélienne, qui pourrait s'accompagner du déploiement de forces régionales ou internationales.

Intertitre d'Inprecor. Publié sur le blog Mediapart.

Note de l'auteur : Ceci est la traduction de ma tribune hebdomadaire dans le quotidien de langue arabe, Al-Quds al-Arabi, basé à Londres. Cet article est paru le 26 mars en ligne et dans le numéro imprimé du 27 Mars. Vous pouvez librement les reproduire en indiquant la source avec le lien correspondant.

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Manif du jour de la Terre 2024 : reprenons le contrôle de notre avenir énergétique !

2 avril 2024 — ,
Dimanche 21 avril 2024 à 13:00 Statue de George-Étienne Cartier, Parc du Mont-Royal. La planète n'est pas à vendre, et les territoires non cédés non plus ! Le dimanche (…)

Dimanche 21 avril 2024 à 13:00

Statue de George-Étienne Cartier, Parc du Mont-Royal.

La planète n'est pas à vendre, et les territoires non cédés non plus ! Le dimanche 21 avril, rejoignez-nous pour reprendre contrôle de notre avenir énergétique.

Événement co-organisé par Pour le Futur Montréal, Attac Québec, La planète s'invite au parlement, Le chœur de la transition.

La « transition énergétique » de la CAQ, c'est privatiser Hydro-Québec, construire des méga-usines de batteries et se lancer tête première dans l'hydrogène. C'est vendre l'eau, l'électricité et les terres à petit prix en ouvrant grand la porte aux multinationales qui exploitent déjà le sud, toujours contre la volonté des populations locales. Nous ne permettrons pas. Rejoignez-nous pour exiger une transition écologique, juste, et démocratique.

Cette manif se fait en collaboration avec le Choeur de la transition - en plus des slogans habituels, nous aurons le plaisir de chanter ensemble un répertoire de chants engagés. Chacun.e est invité.e à rejoindre les choristes afin de faire entendre toutes nos voix ensemble !

🌎 21 avril 2024 - Montréal :
https://www.facebook.com/events/934588828244577
🌎 21 avril 2024 - Capitale nationale :
https://www.facebook.com/events/1449343342665697
🌎 22 avril 2024 - Sherbrooke :
https://www.facebook.com/events/431264126061443

Relations : réparer les pots cassés

2 avril 2024, par Collectif — , ,
Nous sommes des membres actuels ou anciens du comité de rédaction de Relations, revue, fondée en 1941 par un groupe de jésuites progressistes, et publiée sans discontinuité (…)

Nous sommes des membres actuels ou anciens du comité de rédaction de Relations, revue, fondée en 1941 par un groupe de jésuites progressistes, et publiée sans discontinuité depuis. Relations offre à la société québécoise une parole engagée et unique en son genre : elle pose sur les grands enjeux sociaux des regards croisés complémentaires (sociologique, philosophique, anthropologique, théologique, artistique, littéraire, militant, etc.), de croyants et non-croyants.

Le 21 mars 2024, le comité de rédaction était réuni à la Maison Bellarmin. Nos collègues à l'emploi du Centre justice et foi (CJF) qui publie la revue nous ont annoncé leur mise à pied à compter de 17 h, pour une durée indéterminée. Cette décision du conseil d'administration leur avait été annoncée deux jours avant. L'équipe était atterrée et nous aussi. Toutes les activités devaient être immédiatement interrompues, y compris la production de Relations.

Jamais le CA n'en avait évoqué la possibilité auparavant ni cherché des pistes de solutions avec l'équipe du CJF pour éviter cette mise à pied brutale. C'est d'autant plus ahurissant qu'entre l'annonce de la décision et sa concrétisation, soit 48 heures, l'équipe avait élaboré un plan d'urgence. Elle proposait de travailler encore un mois, payée à temps partiel, afin de permettre de boucler des engagements importants, dont la parution du numéro d'été, à défaut de quoi des subventions pourraient être compromises et la crédibilité morale et financière du Centre et de la revue gravement entachées, entre autres conséquences. Peine perdue.

Nous dénonçons cette décision du CA, au sein duquel siègent des jésuites, et sa brutalité envers l'équipe du CJF. Elle contrevient frontalement à l'esprit de concertation et de solidarité qui a animé toutes les activités du CJF depuis sa fondation. Cela nous semble indigne d'un CA chargé de veiller à la mise en œuvre de sa mission, et des jésuites qui l'ont soutenu. Cette mise à pied, même temporaire, menace la survie même du CJF et d'une des plus anciennes revues francophones au Québec, dont la renommée n'est plus à faire.

On a traité cette revue comme si elle n'était qu'un vulgaire bulletin. Le CA affirme espérer reprendre sa publication d'ici la fin de l'été, mais sait-il ce que signifie une telle interruption dans la production d'une revue ? On peut en douter. De multiples partenaires (auteurs et autrices, artistes correcteurs, graphistes, distributeur, subventionnaires, annonceurs, etc.) sont concernés ; l'interruption ne peut que fragiliser sinon compromettre l'existence de la revue. C'est sans parler du lectorat et des abonnés dont une bonne partie sont fidèles depuis des décennies : ils n'auront pour s'informer de la situation qu'un communiqué de presse lapidaire. Or, la rupture du lien de fidélité avec le lectorat pour une revue, dans l'univers médiatique actuel, peut être source d'une hémorragie fatale.

Chose certaine, toute la scène intellectuelle québécoise souffrira de l'affaiblissement de la revue causée par cette décision. Est-ce possible que les autorités jésuites actuelles veuillent prendre le risque de dilapider un tel héritage ?

Si le Provincial des jésuites et le CA ne reviennent pas sur la décision de mettre à pied l'équipe, nous serions amenés à nous poser de sérieuses questions sur les raisons profondes qui les motivent, les difficultés (budgétaires ou autres) ne justifiant en rien autant d'inconséquences. L'écart est scandaleux entre les souhaits exprimés et les effets réels : s'engager « à assurer un processus sans heurt » pour le personnel, alors qu'il est mis à pied de manière brutale, sans considération éthique, en contradiction flagrante avec les valeurs du Centre, et espérer, en plus, sa collaboration en vue « de redéfinir le positionnement et les priorités » de l'organisme ! Comment peut-on espérer cette collaboration si on mine en même temps l'envie des employés d'y œuvrer ?

Y aurait-il un plan politique derrière cette mise à pied ? Serions-nous en face d'un désaveu de l'héritage du christianisme social laissé par les jésuites du Québec, potentiellement lié à la création, en 2018, d'une province jésuite désormais pancanadienne ? Est-ce le fruit de pressions de donateurs importants d'œuvres jésuites à la suite d'actions, de publications, ou de prises de position du Centre et/ou de la revue ? Nous n'osons le croire.

Relations fait partie d'un patrimoine vivant trop précieux pour qu'on le laisse être fragilisé et menacé ainsi sans intervenir.

Gilles Bibeau, anthropologue, professeur émérite de l'Université de Montréal

Jean-Claude Ravet, ex-rédacteur en chef de Relations

Suivent les membres et anciens membres du comité de rédaction, co-signataires :

Élisabeth Garant, ex-directrice de Relations et du CJF
Jean Pichette, ex-rédacteur en chef de Relations
Carolyn Sharp, ex-directrice de Relations
Gisèle Turcot, ex-directrice de Relations
Catherine Caron, ex-rédactrice-éditrice à Relations
Amélie Descheneau-Guay, ex-secrétaire de rédaction de Relations
Louis Rousseau, historien, professeurs émérite de l'UQAM
Denise Couture, théologienne
Claire Doran
Marie Célie Agnant, écrivaine
Mélanie Chabot
Marie-Noëlle Ryan, Département de philosophie, Université de Moncton
Krystof Beaucaire
Alice Chipot, engagée pour les droits humains
Céline Dubé
André Beauchamp, chercheur associé au CJF
Rolande Pinard, sociologue
Guy Dufresne, politologue
Gilles Bourque, sociologue, professeur émérite de l'UQAM
Dominique Bernier
Michel Beaudin, théologien, professeur à l'Université de Montréal.
Jonathan Durand Folco
Jean-François Filion, professeur de sociologie à l'UQAM
Yves-Marie Abraham
Jacques Boucher, professeur retraité de l'UQO
Louis Gaudreau
Osire Glacier
Michaël Séguin, professeur adjoint en leadership, écologie et équité, Université Saint-Paul
Louise Boivin, chercheuse et professeure honoraire de l'UQO
Sylvie Paquerot
Marc-André Gagnon, professeur de politique publique
Vincent Greason
Normand Breault
Paul Wattez
Pierre Durocher
Guy Bourgeault
Brice Simeu

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À propos de la décision de suspendre les activités du Centre justice et foi et de la revue Relations

2 avril 2024, par Ronald Cameron — , ,
La mise à pied expéditive et sans appel de toute l'équipe de travail, en plus d'être indigne des valeurs du Centre, met également en péril la capacité du CJF de reprendre ses (…)

La mise à pied expéditive et sans appel de toute l'équipe de travail, en plus d'être indigne des valeurs du Centre, met également en péril la capacité du CJF de reprendre ses activités. Que le Centre veuille faire une pause est une chose, qu'il fasse payer à son équipe et au public qui le suit en est une autre. Le Journal des Alternatives s'associe à ceux et celles qui sont renversés et choqués par la décision, et la méthode retenue.

28 mars 2024 | tiré du journal des Alternatives

Destinataires :

Erik Oland
Provincial des jésuites du Canada,
eoland@jesuits.ca
Peter Bisson, Président par intérim du Conseil d'administration,
Centre justice et foi
pbisson@jesuits.org

Bonjour

Nous avons appris la mise en veille des activités du Centre justice et foi (CJF) et de la revue Relations, et la mise à pied de toute son équipe de travail dans un délai inacceptable. Selon le communiqué officiel émis par le conseil d'administration du CJF, « cet exercice a pour but d'assurer la pérennité de notre importante mission, ancrée dans nos valeurs profondes, c'est-à-dire la justice et la solidarité. » Nous croyons cependant que les méthodes utilisées ne respectent l'esprit de solidarité que la décision du CA prétend suivre.

Interrompre ses activités de cette manière précipitée et unilatérale compromet la crédibilité de l'organisation auprès de partenaires, publics, financiers et autres, ainsi que le lectorat de _Relations_. Nous partageons avec nos collègues d'autres organismes et publications qu'un tel dommage serait susceptible de compromettre pour de bon la pérennité du CJF.

Ensuite, la mise à pied expéditive et sans appel de toute l'équipe de travail, en plus d'être indigne des valeurs du Centre, met également en péril la capacité du CJF de reprendre ses activités. Que le Centre veuille faire une pause est une chose, qu'il fasse payer à son équipe et au public qui le suit en est une autre. Le Journal des Alternatives s'associe à ceux et celles qui sont renversés et choqués par la décision, et la méthode retenue.

La revue Relations jouit d'un prestige sans équivoque au Québec depuis 1941. Elle est aussi un espace de réflexion indépendante et libre penseur peu commun, dans un paysage médiatique qui lui confère une exceptionnalité. Aussi le travail du Centre au plan du combat contre le racisme systémique et l'islamophobie est un point d'appui dans la montée de l'intolérance.

Nous invitons donc le conseil d'administration à revoir sa décision et à ouvrir un dialogue avec ses salarié.es et ses collaborateurs-trices en vue de définir une sortie de crise qui permette à cet héritage démocratique de poursuivre son travail d'éducation citoyenne.

C'est pourquoi nous voulons nous associer à la mobilisation en cours pour que la voix du Centre et de Relations puisse être entendue encore dans l'avenir.

Solidairement,

Ronald Cameron
responsable de la rédaction
Journal des Alternatives — Plateforme altermondialiste

Gaza : des syndicats étudiants et de professeur·es d’universités québécoises se mobilisent. Que font les recteurs et les rectrices ?

Après de multiples actions étudiantes, conférences (dont certaines annulées), résolutions (dont une contestée au tribunal), grèves de la faim, les enseignant.es d'universités (…)

Après de multiples actions étudiantes, conférences (dont certaines annulées), résolutions (dont une contestée au tribunal), grèves de la faim, les enseignant.es d'universités québécoises se mobilisent à leur tour et adoptent des résolutions en soutien au peuple palestinien et pour un cessez-le-feu immédiat.

On sait notamment que le Syndicat des professeures et professeurs de l'Université du Québec à Montréal (SPUQ) a adopté une première résolution en février 2024 ; les chargé.es de cours de l'UQAM (SPPEUQAM) et de Rimouski (SUCCUQAR) ont endossé une lettre d'appui en mars 2024 ; enfin, plus récemment, le syndicat des professeur·es de l'Université de Montréal (UdM) a adopté une résolution à l'unanimité.

Ces appels de la communauté universitaire ont minimalement pour point commun d'exiger que les conseils d'administration et les directions universitaires documentent leurs pratiques et s'assurent qu'elles ne contribuent pas à encourager ou à commettre un génocide à Gaza.

Cependant, à notre connaissance, les membres des conseils d'administration, les recteurs et les rectrices Québécoises, le Bureau de coopération interuniversitaire (BCI) restent obstinément silencieux et silencieuses sur ces demandes formelles de leurs membres et sur les actions entreprises pour documenter leurs pratiques.

Le 27 mars 2024, la rapporteure spéciale des Nations Unies sur les territoires palestiniens déclarait quant à elle :

"Après cinq mois de surveillance et d'analyse de l'attaque israélienne contre Gaza, mon rapport conclut qu'il existe des motifs raisonnables de croire qu'Israël commet le crime de génocide contre les Palestiniens"

Camille Popinot
28 mars 2024

Lancement du site Internet Engagez la différence

2 avril 2024, par Table pour l'intégration et le maintien en emploi des personnes handicapées des Laurentides (TIMEPHL) — , ,
Saint-Jérôme, le 25 mars 2024 – La Table pour l'intégration et le maintien en emploi des personnes handicapées des Laurentides (TIMEPHL) est fière d'annoncer le lancement du (…)

Saint-Jérôme, le 25 mars 2024 – La Table pour l'intégration et le maintien en emploi des personnes handicapées des Laurentides (TIMEPHL) est fière d'annoncer le lancement du site Internet Engagez la différence, visant à favoriser l'intégration des personnes handicapées au marché de l'emploi.

Les employés handicapés, une richesse pour les entreprises Ce site Internet est un outil numérique d'information et de sensibilisation à l'intention des employeurs et de toutes personnes (intervenants et parents) concernées par
l'intégration socioprofessionnelle des personnes en situation de handicap.

Les personnes intéressées y retrouveront de l'information sur les thèmes suivants : les particularités relatives à chaque diagnostic, les pratiques optimales en matière d'intégration en milieu de travail, des conseils pour les employeurs et les employés qui accueillent un·e collègue présentant des limitations, les ressources partenaires et les
programmes pouvant soutenir et contribuer au maintien en emploi des personnes handicapées, des témoignages d'employeurs et d'employés présentant des limitations, ainsi que des articles de presse sur le sujet de l'inclusion en milieu de travail.

L'information offerte sur ce site Internet sera donc utile sur le plan local, régional ou national. Pour le consulter, rendez-vous à l'adresse suivante :

www.engagezladifference.quebec

Les membres de la TIMEPHL impliqués dans ce projet sont : la Direction régionale de Services Québec des Laurentides, l'Office des personnes handicapées du Québec, Dysphasie Laurentides, Intégration-Travail Laurentides, SPHERE (Soutien à la Personne Handicapée En Route vers l'Emploi), le CISSS des Laurentides, et le Regroupement pour
la concertation des personnes handicapées des Laurentides.

Nous remercions l'Office des personnes handicapées du Québec (OPHQ), ainsi que le gouvernement du Québec pour leur soutien financier, nécessaire à la réalisation du projet.

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Palestine : Une solidarité qui doit s’intensifier

La tuerie se poursuit à Gaza, Israël n'ayant de cesse de justifier ses actions comme étant des actes de légitime défense face à l'attaque du Hamas. Cette invocation de la (…)

La tuerie se poursuit à Gaza, Israël n'ayant de cesse de justifier ses actions comme étant des actes de légitime défense face à l'attaque du Hamas. Cette invocation de la légitime défense est particulièrement fallacieuse puisque le droit international est clair : la légitime défense ne peut être invoquée par une puissance coloniale contre un mouvement de libération nationale. Or Israël est bel et bien une puissance coloniale occupant illégalement des territoires palestiniens.

Se réclamer de l'Holocauste pour dire
que Dieu est avec nous en toutes
circonstances est aussi odieux que le
« Gott mit uns » qui figurait sur
le ceinturon des bourreaux.
• Emmanuel Levinas

La radicalisation droitière en Israël

Ce qui est particulièrement inquiétant en marge du massacre délibéré de toute une population civile à Gaza, c'est la droitisation que cela révèle chez la population juive israélienne. Dans un blog publié sur le site de l'Agence media Palestine, Jonathan Ofir faisait état d'une enquête publiée par l'Institut israélien de la démocratie montrant que 68% des Juifs israéliens s'opposaient au transfert de l'aide humanitaire à la population de Gaza. Dans ces circonstances il ne faut pas s'étonner du fait que des manifestants israéliens bloquent le passage des convois humanitaires près de Rafah et soient loin d'être réprimés pour ces gestes. Il en concluait que les « Israéliens ne semblent même plus se soucier de maintenir un semblant de libéralisme – ils sont passés en mode génocide ».

Cela se fait aussi lourdement sentir dans les territoires palestiniens occupés de Cisjordanie et de Jérusalem-Est. Ainsi, selon des données recueillies par des organismes de défense des droits humains, 422 personnes palestiniennes (108 mineurs) ont été tuées depuis le 7 octobre, 4690 blessées (724 mineurs), 7725 arrêtées. Les démolitions de maison se poursuivent, les raids de l'armée israélienne ont doublé depuis le 7 octobre et on a recensé 660 attaques de colons israéliens contre les Palestinien.nes. Il y a plus de 9000 Palestinien.nes détenues dans les prisons israéliennes, dont plusieurs en détention administrative (i.e. sans accusation précise et, a fortiori, sans procès). De plus Israël s'est approprié 8 000 dunums de terres palestiniennes dans la vallée du Jourdain, terres sur lesquelles le ministre des finances, Smotrich, se propose de construire de nouvelles colonies

Pendant ce temps à Gaza, le décompte macabre s'accélère. Si l'armée israélienne n'a pas encore lancée sa grande offensive contre Rafah, elle n'en poursuit pas moins ses opérations tant à Rafah que dans le reste de Gaza : ce sont encore des bâtiments civils et des hôpitaux qui sont principalement pris pour cible. Ceci sans compter la famine et les maladies liées à l'absence d'eau potable et de soins médicaux qui risquent d'accélérer le processus, de même que les morts de nourrissons et de jeunes enfants. Ainsi Gaza est passé du statut de prison à ciel ouvert à celui encore moins enviable de camp d'extermination.

Une fois de plus, Israël ignore la volonté de la communauté internationale et feint de croire que les décisions du conseil de sécurité ou celles de la Cour internationale de justice ne sont que des recommandations alors qu'elles constituent des obligations. Même si les États-Unis semblent avoir momentanément renoncé à utiliser leur droit de veto au conseil de sécurité de l'ONU, ils n'en continuent pas moins d'alimenter la machine de guerre israélienne.

Renforcer la solidarité internationale

L'expérience nous a montré que la plupart des États occidentaux continuent de soutenir, d'une façon ou d'une autre, Israël. Ce n'est que la solidarité des peuples qui peut parvenir à faire changer la donne pour la population palestinienne.

Le 23 mars, une coalition de plus de 200 organisations québécoises organisait une marche de solidarité avec le peuple palestinien. Il est à souhaiter que ce genre de coalition continue à agir ensemble pour montrer notre détermination à empêcher que le Québec et le Canada ne se fassent les complices d'un État génocidaire et maintenir une pression qui a permis que le gouvernement canadien appelle (tardivement) au cessez-le-feu à Gaza, recommence à financer l'UNRWA et révise sa politique de vente d'armes à Israël. Il semble que nous devons également redoubler d'effort par rapport au gouvernement québécois qui, non seulement a décidé d'ouvrir un bureau du Québec à Tel Aviv mais y a, après avoir longtemps menti à ce sujet, envoyé son responsable. Nous devons faire en sorte que ce bureau ferme définitivement.

Nous devons également redoubler d'efforts pour que l'aide humanitaire se rende effectivement à Gaza et qu'Israël se conforme aux décisions de la Cour internationale de justice qui a encore réitéré et notifié à Israël sa décision du 26 janvier dernier. Le parachutage de quelques denrées ou même la construction d'une jetée à Gaza ne sont que de la poudre aux yeux qui non seulement ne permet pas de nourrir adéquatement 2 millions de personnes, mais peut également s'avérer dangereuse puisque les soldats de l'armée israélienne n'hésitent pas à ouvrir le feu sur ceux et celles qui se précipitent sur les denrées.

Il importe également de remettre à l'ordre du jour le droit à l'autodétermination pour le peuple palestinien. À cet égard, il est urgent d'intensifier un peu partout à travers la planète la campagne de Boycott, Désinvestissement et Sanctions (BDS) à l'encontre de l'Israël et de sa politique d'apartheid et de colonisation par rapport au peuple palestinien. Car il n'y saurait y avoir de paix et de justice si le peuple palestinien ne peut exercer son droit à l'autodétermination.

Diane Lamoureux

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Déclaration concernant l’imposition d’un visa canadien aux mexicaines et aux mexicains

2 avril 2024, par Comité pour les droits humains en Amérique latine — ,
Suite à l'augmentation du nombre de demandeurs d'asile mexicains au Canada, le gouvernement fédéral canadien, sous la pression des États-Unis et du gouvernement provincial du (…)

Suite à l'augmentation du nombre de demandeurs d'asile mexicains au Canada, le gouvernement fédéral canadien, sous la pression des États-Unis et du gouvernement provincial du Québec, a réimposé l'obligation de visa d'entrée aux ressortissants mexicains, depuis le 29 février 2024 dernier. Cette mesure aura sans aucun doute un impact sur les personnes en quête d'un refuge et d'une vie paisible.

Tiré de Entre les lignes et les mots

C'est pourquoi les activistes et les organisations de défense des droits humains prennent position contre cette récente mesure. Ils soulignent la responsabilité du Canada dans la crise économique, sociale et de sécurité mexicaine, d'autant plus que le Mexique est l'un des partenaires commerciaux du Canada dans le cadre de l'Accord de libre-échange nord-américain.

1. La responsabilité du Canada dans la crise économique et sociale mexicaine depuis la signature de l'Accord de libre-échange nord-américain (ALENA)

Depuis la signature de l'accord de libre-échange entre les États-Unis, le Canada et le Mexique en 1994, l'économie mexicaine est en déclin, en raison de décisions commerciales et politiques imposées qui ont fait du Mexique un partenaire faible de l'ALENA. Les industries canadiennes ont bénéficié de cet accord de manière inégale pour obtenir une main-d'œuvre bon marché, sans garantir de bonnes conditions de travail aux Mexicains. De nombreuses industries mexicaines ont également été démantelées, ce qui a entraîné du chômage et une augmentation de l'économie souterraine.

La population rurale est la plus touchée par l'ALENA : la réduction des aides à l'agriculture mexicaine a entraîné la destruction des campagnes. Les meilleures terres ont été laissées aux monopoles internationaux, spécialisés dans les produits agro-exportés, qui approvisionnent le marché canadien [1]. Cette situation a eu un impact sur la souveraineté alimentaire et la nutrition de la population mexicaine. L'agro-industrie a entraîné l'épuisement des sols fertiles, la déforestation, l'accaparement des terres et la pollution de l'eau par les produits agrochimiques utilisés dans l'industrie. La pauvreté a alors explosée dans les zones rurales, faisant de la migration un moyen alternatif de survie.

Nombre de nos concitoyens ont été contraints d'émigrer dans le cadre des programmes de travailleurs étrangers temporaires (PTET) ou des programmes de travailleurs agricoles temporaires (PTAT). Les conditions d'esclavage moderne dans lesquelles ils travaillent ont été dénoncées, vérifiées et documentées [2]. Les conditions inhérentes au fonctionnement de ces programmes font qu'une personne qui souffre déjà d'exploitation au travail se retrouve dans une situation d'« illégalité », avec le risque d'être expulsée et de vivre dans un état d'isolement et de clandestinité, passant de l'exploitation à la surexploitation [3].

Toutefois, les étudiants et les travailleurs agricoles saisonniers sont exemptés de cette nouvelle mesure imposée au Mexique. Pendant la pandémie, la sécurité alimentaire du Canada a été menacée. Cela démontre la nécessité de recourir à une main-d'œuvre temporaire et précaire.

2. Dépossession, migration forcée et violence liées à l'industrie minière canadienne et au crime organisé

L'industrie minière canadienne a été l'un des principaux bénéficiaires de l'accord de libre-échange ; 74% des concessions d'exploration minière au Mexique sont aux mains de sociétés canadiennes. Les méthodes violentes par lesquelles cette industrie s'est imposée sont bien documentées. Les compagnies minières canadiennes sont responsables de nombreuses violations des droits humains, de la pollution de l'environnement, ainsi que du développement de conflits communautaires internes et de la violence liée au crime organisé. L'assassinat de Mariano Abarca à Chicomuselo, au Chiapas, en 2009, et la relation entre le crime organisé, les compagnies minières et le soutien de l'ambassade canadienne à leurs entreprises en sont des exemples. Un autre cas est celui de la compagnie minière Peñasquito dans l'État de Zacatecas, dirigée par Goldcorp, qui, pour son expansion et sa consolidation, s'est appuyée sur le crime organisé en intimidant et en déplaçant la population. Elle s'est emparée non seulement du territoire, mais aussi du patrimoine familial.

Le lobbying des compagnies minières au Mexique a permis aux entreprises de payer moins d'impôts, en partie grâce à la corruption à laquelle les fonctionnaires mexicains ont consenti. De leur côté, les institutions canadiennes chargées de la responsabilité sociale des entreprises et le bureau du médiateur des peuples, bien que conscients des violations des droits humains commises par les entreprises, agissent avec indifférence et sans prendre de mesures punitives à l'encontre de ces dernières. Tout ceci a contribué au déplacement forcé de populations entières, à la prolifération des conflits sociaux et à l'insécurité au Mexique.

3. La violence au Mexique, cause de migration forcée

Depuis 2000, le Mexique est reconnu comme l'un des premiers pays au monde à générer de la migration, et cette situation s'est aggravée depuis la guerre contre le trafic de drogue décrétée par les anciens présidents Felipe Calderón et Enrique Peña Nieto. Cette guerre et la stratégie actuelle de lutte contre l'insécurité ont fait près de 350 000 morts entre 2006 et 2021 et plus de 72 000 disparus [4]. Dans ce contexte de violence, la situation des femmes et des jeunes filles est déchirante : chaque année, plus de 3 000 femmes sont assassinées, et les violences vont des agressions sexuelles aux féminicides.

La stratégie militaire adoptée par le gouvernement pour lutter contre l'insécurité s'est traduite par la mobilisation de 150 000 soldats de l'armée et de la Garde nationale. Ces soldats, initialement actifs dans les rues, se sont convertis en bâtisseurs de grands travaux publics et en gardiens de ports et de douanes, qui font mur face aux flux migratoires. Cette situation a de redoutables répercussions sur les droits humains de la population civile, car de graves abus ont été signalés. Les organes civils chargés de punir et de contrôler les militaires restent absents.

Nous pensons que cette situation est bien connue du gouvernement canadien : celui-ci a joué le rôle de conseiller militaire dans la stratégie de guerre au Mexique. Il est pratiquement impossible, étant donné le type de relations que le Canada entretient avec le Mexique, que le gouvernement canadien ne soit pas au courant de la situation réelle dans ce pays. Le Canada la connaît parfaitement, mais se tait et se cache pour préserver ses intérêts économiques au Mexique.

D'autre part, il existe un discours faux et hypocrite selon lequel nous, Mexicains, représentons un danger pour la sécurité du Canada dû à l'arrivée des cartels. Cependant, il n'est pas fait mention des mafias canadiennes, telles que le Wolfpack, et de leurs alliances avec ces organisations criminelles, qui opèrent avec et sans visa, en utilisant des méthodes sophistiquées par le biais d'Internet [5]. On ne parle pas non plus de la grande corruption qui sévit parmi les élites canadiennes, ces acteurs principaux qui sont les grands consommateurs et qui, en fin de compte, leur permettent d'entrer, de trafiquer et d'opérer en toute impunité.

Parallèlement, l'augmentation de la traite d'êtres humains au Canada est liée aux politiques migratoires de main-d'œuvre non libre (par le biais des programmes pour les travailleurs d'outre-mer (PTET)) et à la précarité qui touche la population immigrée et migrante. Les pratiques de traite d'êtres humains, d'esclavage et de travail forcé sont liées au flux de personnes cherchant à franchir la frontière canado-américaine, ainsi qu'aux pratiques abusives subies par les migrants qui restent et travaillent au Canada. Ce dernier doit donc assumer la responsabilité directe de ce phénomène par le biais de ses politiques migratoires.

4. Le rôle des demandeurs d'asile dans la vie économique canadienne

Les demandeurs d'asile au Canada, qui ont migré de force à la recherche de meilleures conditions de vie, sont le produit de la violence, de la dépossession, de l'inégalité économique, du manque d'opportunités, de l'extraction des ressources et de l'impunité au Mexique.

Cependant, le rêve canadien est souvent terni par les conditions de vie précaires auxquelles font face les travailleurs mexicains. Ils constituent une partie essentielle de l'économie canadienne, occupant principalement des emplois considérés comme essentiels ou se trouvant à la dernière étape des chaînes de production industrielle. Leur travail est souvent effectué dans des conditions précaires, ce qui nuit à leur expression juste et à leur bien-être.

Les possibilités de travailler dans un domaine professionnel propre au travailleur sont limitées et exigeantes. Les travailleurs sont incorporés dans des emplois peu qualifiés. Leur capacité et la contribution qu'ils peuvent apporter à la société canadienne sont alors gaspillées.

En ce qui concerne la crise du logement au Canada, les Mexicains sont confrontés à des abus constants de la part des propriétaires. Par crainte de perdre leur chambre, ils ne font souvent pas valoir leurs droits. Les familles de demandeurs d'asile ne reçoivent pas d'allocations familiales pour la garde d'enfants. Celles-ci permettraient aux parents de travailler et de maintenir la sécurité et la protection de leurs enfants. En outre, les familles reçoivent des conseils juridiques inefficaces de la part d'avocats mal formés.

Ceci influe sur leur capacité à poursuivre ou à gagner un procès. Leur futur dépend des avocats : vont-ils maintenir un statut régulier avec accès à la sécurité sociale ou vont-ils devoir vivre sans statut, dans la clandestinité et sans accès aux droits fondamentaux tels que la santé, l'éducation et le travail, exposant ainsi leur vie et celle de leur famille à des abus constants ?

5. Les impacts de l'imposition du visa sur la vie des personnes et la position diplomatique du Mexique vis-à-vis du Canada

Les impacts négatifs de l'imposition du visa n'affectent pas seulement la population qui demande l'asile, mais ont également divers effets collatéraux. De plus, les conditions d'obtention du visa sont excluantes et discriminatoires, notamment au niveau de la classe sociale.

Cette imposition s'inscrit dans un ensemble de réformes de l'immigration qui perpétuent le colonialisme en Amérique du Nord. Ces réformes portent atteinte aux droits humains et restreignent l'intégration des Mexicains dans la vie économique et académique du Canada, notamment celle des nouveaux travailleurs qualifiés et des étudiants. De plus, ce visa restreint le droit au regroupement familial pour la population mexicano-canadienne.

Afin de protéger les Mexicaines et les Mexicains au Canada, nous refusons de passer sous silence la position tiède et faible du gouvernement mexicain de la Quatrième Transformation, vis-à-vis du gouvernement de Justin Trudeau. Cette politique d'indifférence et de manque de reconnaissance de la part du gouvernement mexicain envers les Mexicains, qui existent et résistent au Canada, n'est pas différente de celle des administrations précédentes. En effet, citons l'exemple du silence de l'ambassade du Mexique au Canada et des consulats mexicains qui, conformément à cette politique nationale (et préoccupés par les prochaines élections présidentielles), ne se sont pas prononcés sur la décision d'imposer des visas aux Mexicains. Ils connaissent pourtant les implications de cette mesure pour la population qui est déjà au Canada ou celle qui veut y venir, principalement pour fuir le climat de tension et de violence qui est généré avant les élections [6].

L'imposition de visas est une violation directe de la Déclaration universelle des droits humains et ne contribue pas à garantir l'équité entre les personnes de différentes nationalités ; au contraire, elle accroît les inégalités et les conditions de vulnérabilité de milliers de personnes. La demande d'asile est un droit humain et les gouvernements des pays qui peuvent offrir des conditions de sécurité et de vie digne devraient mettre en œuvre des politiques publiques qui garantissent un transit digne à travers les frontières, sans mettre en danger la vie des personnes.

C'est pourquoi nous invitons le gouvernement canadien à annuler l'obligation de visa pour les Mexicaines et les Mexicains.

Montréal, Canada – 11 mars 2024

[1] https://aristeguinoticias.com/1903/mexico/el-tlc-y-la-destruccion-de-la-economia-mexicana/
[2] https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/2008704/travailleurs-etrangers-esclavage-conditions-ferme
[3] https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/2008704/travailleurs-etrangers-esclavage-conditions-ferme
[4] https://www.washingtonpost.com/es/post-opinion/2021/06/14/mexico-guerra-narcotrafico-calderon-homicidios-desaparecidos/
[5] https://www.infobae.com/america/mexico/2021/12/15/el-wolfpack-la-alianza-criminal-entre-el-cartel-de-sinaloa-y-las-mafias-canadienses-que-cambio-el-negocio/
[6] Depuis le début du processus en novembre dernier et jusqu'au 6 mars, au moins 23 homicides de maires, de candidats, de conseillers et de politiciens inactifs ont été documentés. Parmi eux, 13 étaient candidats aux élections du 2 juin.
http://www.elfinanciero.com.mx/elecciones-mexico-2024/2024/03/06/cuantos-candidatos-han-sido-asesinados-en-el-proceso-electoral-y-quienes-son/

Signez ici :
https://docs.google.com/document/d/1GrVjzoTFAOiMDIieGUdH84MeyqfnFoi0sRWgWHjaa3E/edit

https://www.cdhal.org/declaration-concernant-limposition-dun-visa-canadien-aux-mexicaines-et-aux-mexicains/

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Nous arrivons !

2 avril 2024, par Le mouvement des femmes de la Mauricie — , ,
À la population et aux organisations de la Mauricie, nous revendiquons une société égalitaire non pas qu'en théorie, mais aussi, et surtout, en pratique. Cela signifie, entre (…)

À la population et aux organisations de la Mauricie, nous revendiquons une société égalitaire non pas qu'en théorie, mais aussi, et surtout, en pratique. Cela signifie, entre autres, une société où :

Nos filles et nos fils naissent réellement égaux

Le rose, le bleu, la douceur et la force n'ont pas de sexe ni de genre

La contraception est gratuite et les milieux de garde abondants

La charge mentale est partagée

La répartition des pouvoirs est équilibrée

Les femmes et les hommes gagnent le même salaire

Devenir infirmier ou électricienne est valorisé

Le travail non rémunéré est reconnu

Être en sécurité n'est pas un privilège

Avoir un toit et se nourrir n'est pas un combat

Chaque personne accède aux mêmes services

L'apport historique et culturel des femmes et des Premières Nations est reconnu

Tout le monde est vu, entendu, cru et soutenu

La discrimination n'existe plus

Nous arrivons de la survivance
avec le poids des luttes sur nos épaules
mais nos pas moins lourds sur la balance
nous arrivons avec nos espérances millénaires
et
nos fatigues ancestrales
nos abris nécessaires
nos silences
achevés

nous arrivons de la résistance
avec nos peines torrents
nos colères souterraines
car
dans nos archives et dans nos veines
dans nos mémoires et dans nos jours
trainent encore
la peur au ventre les plafonds de verre le vent de face

la trace

du déséquilibre

nous arrivons chargées d'urgence
avec, en bandoulière, notre sororité et nos miracles
nos miracles
d'être encore là chargées de rêves possibles

parce que nous avons le droit d'exister
entières et pleines
vivantes et souveraines
reconnues
soutenues
légitimes et puissantes
et parce que le Monde en a besoin
nous réclamons sa réparation

au cœur de l'intime jusqu'au bout du commun
le réparer toutes et tous Ensemble
des inégalités
de la brutalité
des injustices et des pillages

de la fatalité

des systèmes qui nous oppressent mais dans lesquelles nous avons marché toutes et tous Ensemble
par habitude et par défaut

parce que le passé parle au futur et qu'il lui dit que ça suffit
nous appelons la guérison
reconstruire toutes et tous Ensemble
autrement, autres mœurs

un Monde respect
un Monde nourricier
un Monde digne
des êtres qu'il enfante
à travers nous

Signature : Le mouvement des femmes de la Mauricie

Autrice : Liliane Pellerin

À la population et aux organisations de la Mauricie

Nous revendiquons une société égalitaire non pas qu'en théorie, mais aussi, et surtout, en pratique. Cela signifie, entre autres, une société où :

Nos filles et nos fils naissent réellement égaux

Le rose, le bleu, la douceur et la force n'ont pas de sexe ni de genre

La contraception est gratuite et les milieux de garde abondants

La charge mentale est partagée

La répartition des pouvoirs est équilibrée

Les femmes et les hommes gagnent le même salaire

Devenir infirmier ou électricienne est valorisé

Le travail non rémunéré est reconnu

Être en sécurité n'est pas un privilège

Avoir un toit et se nourrir n'est pas un combat

Chaque personne accède aux mêmes services

L'apport historique et culturel des femmes et des Premières Nations est reconnu

Tout le monde est vu, entendu, cru et soutenu

La discrimination n'existe plus

Aux élues et élus de la Mauricie

Nous revendiquons :

1- La reconnaissance du féminisme, de ses courants et de ses luttes, de son histoire et de ses contributions sociales, tout en reconnaissant l'intersection des oppressions

2- La reconnaissance de tous les systèmes d'oppression (par exemple, le racisme, l'hétérosexisme, le classisme, etc.) qui engendrent notamment des violences et nuisent aux conditions de vie des femmes

3- L'application de l'analyse différenciée selon les sexes et intersectionnelle (ADS+) dans les politiques, les plans d'action et les projets locaux et régionaux

4- L'obtention des données récentes à l'échelle territoriale et régionale, ventilées selon le sexe et les genres et selon différentes caractéristiques de la population (approche intersectionnelle), pour pouvoir agir adéquatement sur les enjeux d'égalité (éducation, emploi, revenu, santé, violence)

5- L'accès à un revenu couvrant tous les besoins essentiels, peu importe le travail des femmes, qu'il soit rémunéré ou pas

6- L'accès des femmes à des formations qualifiantes et à des professions d'avenir, dont les métiers à prédominance masculine

7- La valorisation des secteurs d'emploi à prédominance féminine

8- La mise en place de mesures favorisant la conciliation famille-travail-études afin de lever un frein à l'autonomie économique et à l'engagement professionnel des femmes dans les entreprises et organisations de la Mauricie

9- La reconnaissance de toutes les formes de violences faites aux femmes et la contribution à leur élimination

10- La mise en place de politiques et pratiques inclusives en s'attaquant au sexisme et à d'autres obstacles à l'égalité des sexes et des genres associés aux violences systémiques et institutionnelles vécues par les femmes dans tout type de parcours de vie

11- Le maintien et l'accessibilité des services publics de santé et d'éducation de qualité, universels et gratuits pour toutes les femmes sans discrimination, peu importe leur statut

12- Le développement et l'adaptation des services de santé et services sociaux pour les femmes afin qu'ils soient accessibles à toutes, dans tous les territoires, et culturellement sécuritaires

13- La mise en place de mesures favorisant la conciliation famille-travail-études afin de lever un frein à l'engagement politique et citoyen des femmes en Mauricie

14- La reconnaissance d'un financement à la mission adéquat et récurrent pour la TCMFM et les groupes en défense collective des droits, ainsi que pour les groupes de femmes et communautaires

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Projets de maisons d’hébergement à l’arrêt : Un dénouement des projets au cas par cas, sur fond de crise

2 avril 2024, par Regroupement des maisons pour femmes victimes de violence conjugale — , ,
Suite à la grande couverture médiatique entourant les enjeux des projets de construction de maisons d'hébergement pour femmes et enfants victimes de violence conjugale, les (…)

Suite à la grande couverture médiatique entourant les enjeux des projets de construction de maisons d'hébergement pour femmes et enfants victimes de violence conjugale, les associations de maisons considèrent avoir été entendues par le ministère des Affaires municipales et de l'Habitation. En reconnaissant que les maisons d'hébergement ne sont pas du logement social et nécessitent à ce titre des ajustements, une sortie de crise se dessine à court terme.

Un dénouement projet par projet

L'incohérence gouvernementale, qui bloquait plusieurs projets, a pu être mise en lumière dans les dernières semaines. Les projets en péril ont été étudiés en profondeur et des solutions ont enfin été approuvées. Ces ajustements sont issus de demandes faites depuis les trois dernières années en vue de répondre à la réalité des maisons d'hébergement et aux besoins des femmes et des enfants victimes de violence. Des suggestions de la Société d'Habitation du Québec ont aussi permis certaines économies.

“Si notre expertise avait été reconnue dès le début, et que les adaptations avaient été mises en place, nous aurions pu construire plus rapidement et ainsi offrir la sécurité à plus de femmes et d'enfants” se désole Maud Pontel, coordonnatrice de L'Alliance des maisons d'hébergement de 2e étape.

Malgré ces avancées, il reste du chemin à faire pour sécuriser les projets actuels et futurs. Le risque de perdre de l'argent du gouvernement fédéral demeure. “La Société d'Habitation du Québec indique avoir l'intention d'évaluer les besoins des maisons d'hébergement afin d'adapter si nécessaire les programmes de financement actuels. Cette démarche est essentielle pour éviter de vivre les mêmes problèmes avec les projets futurs” indique Louise Riendeau, coresponsable des dossiers politiques au Regroupement des maisons pour femmes victimes de violence conjugale. D'ici là, des rencontres de travail sont prévues pour ne pas ralentir les projets actuellement sur la table à dessin.

Manque de places, services saturés, féminicides : il y a urgence d'agir

Les projets de construction, retardés en raison de l'incohérence gouvernementale, ne résoudront hélas pas, à court terme, la situation d'urgence dans laquelle sont plongés les services qui viennent en aide aux femmes et aux enfants victimes de violence. “Pendant que ces projets prenaient du retard, le manque de places a continué de s'aggraver. Il va maintenant falloir mettre les bouchées doubles, autant pour la construction que pour le financement des services” insiste Mylène Bigaouette, directrice par intérim à la Fédération des maisons d'hébergement pour femmes. En plus du manque de places qui amène SOS violence conjugale à refuser 17 demandes d'hébergement par jour, les listes d'attente s'allongent pour les femmes et les enfants qui ont besoin de soutien sans être hébergés (ce qu'on appelle les services externes). Plus du tiers des maisons membres du Regroupement ne sont plus en mesure de répondre à la demande pour des activités de sensibilisation et de prévention, qui font partie intégrante de leur mission. Du côté des maisons de 2e étape, plusieurs d'entre elles pourraient d'ores et déjà constituer et former leur équipe en vue d'offrir des services temporaires, avant même d'ouvrir leurs portes.

Les maisons d'hébergement sont prêtes à augmenter leur offre de services aux femmes et aux enfants, et à discuter de solutions rapides avec le gouvernement. Pour répondre à la demande d'aide qui explose partout dans la province, les trois associations de maisons interpellent à nouveau le ministère de la Santé et des Services sociaux et le Secrétariat à la Condition féminine : il y a urgence d'agir pour maintenir le filet de sécurité.

Le meurtre de Madame Houle par son conjoint hier dans les Laurentides vient alourdir le bilan des féminicides conjugaux à 5 depuis le début de l'année au Québec. C'est à peine moins qu'à pareille date en 2021, où le Québec déplorait 7 féminicides en 7 semaines. Malgré des investissements records annoncés cette année-là par le gouvernement Legault, les deux derniers budgets de Monsieur Girard ne prévoyaient aucun argent neuf pour les maisons d'hébergement. Nous souhaitons continuer sur cette lancée afin d'obtenir un financement à la hauteur des services auxquels ont droit les femmes et les enfants victimes de violence.

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400 artistes opposés aux législations anti-trans au Canada – une lettre ouverte

2 avril 2024, par Collectif — , ,
Nous méritons tous la liberté d'être nous-mêmes, d'être en sécurité et traités avec dignité. Les personnes LGBTQ+ sont nos amis, notre famille, nos voisins et nos collègues de (…)

Nous méritons tous la liberté d'être nous-mêmes, d'être en sécurité et traités avec dignité. Les personnes LGBTQ+ sont nos amis, notre famille, nos voisins et nos collègues de travail. Mais les groupes d'extrême droite exploitent la peur et nous opposent les uns aux autres afin de créer un Canada où nous avons peur de la différence. À l'heure actuelle, ils utilisent les personnes trans comme punching-ball, mais la vérité est que cette communauté est leur bouc émissaire commode. Leur programme est le même qu'il a toujours été : permettre aux personnes au pouvoir de conserver ce pouvoir aux dépens des plus marginalisés d'entre nous.

Tiré du site de la Fondation Tegan & Sara.

Pour ceux qui vivent à l'extérieur du Canada, le pays est souvent considéré comme un refuge pour les droits de la personne. Cependant, la réalité est que le Canada n'est pas à l'abri des attaques mondiales contre la communauté trans et son accès à des espaces, des soins de santé et des libertés inclusifs. En Alberta, la première ministre Danielle Smith a ciblé les jeunes transgenres en proposant d'interdire les traitements hormonaux, les bloqueurs de puberté et la chirurgie de confirmation de genre. Quelques mois auparavant, le Nouveau-Brunswick et la Saskatchewan avaient annoncé qu'ils exigeraient le consentement des parents avant que les écoles puissent honorer les noms et pronoms choisis par les enfants de moins de 16 ans de divers genres.

Tout le monde mérite d'avoir accès à des services de santé essentiels qui les valorisent. Toute personne détenant une identité historiquement d'exclusion sait ce que signifie être traitée différemment en raison de qui elle est. Les politiques anti-trans qui s'enracinent au Canada vont au-delà de la discrimination : elles présentent un risque évident pour le bien-être mental et physique des personnes trans partout au pays.

En tant qu'artistes, nous connaissons le danger d'un environnement social et politique qui restreint l'expression, l'exploration, l'individualité et l'autodétermination. Nous voulons continuer à vivre dans un monde qui célèbre la beauté de la différence, car différence et art vont de pair. Nous croyons également au pouvoir d'utiliser nos voix pour ceux qui ne sont pas entendus.

Nous, artistes sous-signés du Canada, nous opposons à ces politiques alarmantes et destructrices et appelons le grand public à porter son attention sur un problème croissant dans notre pays. Le gouvernement ne devrait jamais se mettre entre les parents, leurs enfants et des soins de santé et des soutiens fondés sur des données probantes. Nous tendons vers une législation anti-trans de plus en plus néfaste au Canada, et nous appelons nos communautés et les décideurs politiques locaux et nationaux à mettre un terme à cette montée inquiétante de la politique anti-trans.

Déclaration préparée par le conseil d'administration de la Fondation Tegan et Sara avec le soutien de Fae Johnstone.

Sigantaires

Adam DiMarco
Aïcha Diop
Aidan Andrews
Aidan Knight
Aiden
Aileen Tolentino
Aimee Yoncé Shennel
Aisling Chin-Yee
AJ Simmons
Alan Doyle
Alanis Morissette
Alex Klipper
Alexandra Caprara
Alexandra McDougall
Alexandra Stréliski
Alexandria Maillot
Alice Astrakianakis
Alicia Elliott
Alison Perdue
Alivia Sabatino
Allie X
Allison Russell
Allyson Mitchell
Althea Thauberger
Alyssa Reid
Amanda Rheaume
Amber Dawn
Andie Angelis
Andrea Ramautar
Andy Shauf
angelica schwartz
Anhi Tran
Ann-Marie MacDonald
Anne Murray
Aquakultre (Lance Sampson)
Ariane Lessard
Arkells (Max Kerman)
Arthi Chandra
Ash Molloy
August
August Klintberg
AuntBibby (Patty Locke)
Aurora Matrix (Anton Ling)
Austra (Katie Stelmanis)
AV & The Inner City (Jenn Dahlen)
Avan Jogia
Avery-Jean Brennan
Aysanabee
Babygirl
Backxwash (Ashanti Mutinta)
badbadnotgood (Leland Whitty)
Ballsy (Isabelle Banos)
Barenaked Ladies (Jim Creeggan)
Beau Cassidy
Begonia (Alexa Dirks)
Bells Larsen
Ben Whiteley
Ben Worcester
Berry Wet La Tina (William Franco)
Bif Naked
Bilal Baig
Billy-Ray Belcourt
Blake Mawson
BLOND:ISH
Bonjay (Alanna Stuart)
Brad Labelle
Brandi Sidoryk
Breagh Isabel
Brendan Grey (Super Duty Tough Work)
breton lalama
Bridget Moser
Bruce LaBruce
Buffy Sainte-Marie
Cadence Weapon (Rollie Pemberton)
Camila Diaz-Varela
Carly Cook
Carly Rae Jepsen
Caroline Marie Brooks
Carson Bassett
Cartel Madras
Cassie Mann
Cat McCluskey
Catherine Cormier
Catherine Hernandez
Caveboy (Mint Simon)
Cayce Fischer
Cendrine Tolomio/Photofrazzle
Chad VanGaalen
Chase Joynt
Chenelle Roberts
Cherie Dimaline
Chinese Medicine (Juno Hailey)
Chris Hibbins
Chris Slorach
Christine Quintana
Chrome Harvest
Cicely Belle Blain
Claudia Kedney-Bolduc
Cobie Smulders
Colin Mochrie
Cœur de pirate (Beatrice Martin)
colleen coco collins
Connor James (June Body)
Dallas Green (Alexisonfire, City and Colour)
Dan Mangan
Dana Cutts
Danica Sommer
Daniel Macivor
Daniel Maslany
Daniel Williston
Danny Ramadan
Darcy & Jer
Daryl Hannah
David Vertesi
Dawn Langstroth
Dayna Danger
Debra McGrath
Deepa Mehta
Deirdre Logue
Derek Walz
Devery Jacobs
Devours (Jeff Cancade)
Diana Krall
Dijah Payne (DijahSB)
Dizzy (Katie Munshaw)
Donovan Woods
Dr. Syrus Marcus Ware
Dragonette (Martina Sorbara)
Drew & Linda Scott
Elise Bauman
Elisha Cuthbert
Elliot Page
Elvis Costello
ElyOtto (Elliott Platt)
Elysse Cloma
Emily Austin
Emily Hampshire
Eren Burton
Eric J. Breitenbach
Eric Johnson
Eric Lourenço (Status/Non Status, OMBIIGIZI)
Eric Svilpis
Erica Chan
Erin Corbett
Esra Firatli
Eve Parker Finley
Fariha Roisin
Farzana Doctor
Feist (Leslie Feist)
Felix Cartel (Taelor Deitcher)
Finnley O'Brien
Fortunate Ones
Fred Penner
Future Star
Gavin Howard
Gentleman Reg / Regina the Gentlelady (Reg Vermue)
George Pettit (Alexisonfire)
Georgia Harmer
Giles Roy
Ginger Emery Quaint
Grant Zubritsky
GUTMACHINE (Jazz Cook)
Hannah
Hannah Mariko Bell
Hannah Obanni
Heather Barr
Heather Rankin
Helen Young
Hollerado (Jake Boyd)
Housewife (Brighid Fry)
Hyaenas (Jen Foster and Jessie Robertson)
Iohanne Wakal - Seidhhr
Ingrid Moore
iskwē
Ivan Coyote
J Stevens
Jade Ehlers
James Daniel Baxter
Jamie Fine
Janet Porter
Jann Arden
Jarin Schexnider
Jason Collett
Jason Sikoak
Jasmyn
Jay Arner
Jeanine LeBlanc
Jen Twynn Payne
Jenn Grant
Jenn Stewart
Jennifer Daley
Jennifer LeBlanc
Jessica Wong
Jesse Locke
Jessica Delisle
Jessie Robertson
Jill Barber
Jillian Tamaki
Jim Cuddy (Blue Rodeo)
Jivesh Parasram
Jo Passed (Jo Hirabayashi)

Joel Waddell
John Greyson
Jonah Falco
Jordan Tannahill
Joseph Topmiller
JP Hoe
JULES (Jules Ozon)
Julia Little
Julianna Riolino
July Talk (Leah Fay Goldstein, Peter Dreimanis)
k.d. lang
Kai Brooks
Kai Cheng Thom
Kali Horse
Kama La Mackerel
Kara Springer
Karkwa
Karla Marx
Kate Cooper
Kathy Zaborsky
Katie Tupper
Kayla Dunbar
Kendra Lewis
Kevin Drew (Broken Social Scene)
Kimberley Brower
Kimmortal (Kim Villagante)
Kiran Rai
Kirsten Kurvink Palm (Status/Non-Status)
Kitten Kaboodle
Kristine McCorkell
Kristyn Gelfand
Kyle Brownrigg
Kyle Loven
Kym Gouchie
Larissa B
Laura Hickli
Laura Nanni
Lauren Han
Lauren S
Lauren Spencer Smith
Lee Newman
Leeroy Stagger
Leith Ross
Lena Montecalvo
Leo D.E Johnson
Lex Feathers
Lights (Lights Poxleitner-Bokan)
Lindsay Ell
Lisa Cristinzo
Lisa LeBlanc
Liz Whitbread
LongTallMart (Jorie Doucette)
loser supreme (Sam Séguin)
Louise Burns
LU KALA
Lucy DeCoutere
Lucy Niles
Luke Renshaw
Luna Nuhic
Mac DeMarco
Madeline Nielsen
Mae Martin
Margot Durling
Mariya Stokes
Mark Rendall
Mark Suknanan p.k.a Priyanka
Matt Wiewel
Matti McLean
Mark Andrew Hamilton
Max Hopkins
Mel Lefebvre
Meg Symsyk
Metric
micha cárdenas
Michael Branham
Michael Crummey
Michael DeForge
Michael Malkin
Michelle McGeough
Midnight Channel (Matty, Brandon, Stu, Drake, Gabby and Chris)
Mike Trebilcock
Mishann Lau
Mishelle Cuttler
Mother Mother (Ryan, Molly, Jasmin, Ali and Mike)
Nancy Kenny
Natasha Restrepo
Neil Young
New Chance (Victoria Cheong)
Nice Horse (Brandi Sidoryk and Katie R)
Nico Pante
Nicolette and the Nobodies (Nicolette Hoang)
nikta boroumand
Nolan Bassett
NON ULTRAS
Nova Lupton
Ol Ben (Ben Wattie)
Olivia Cox (Waxlimbs, Leverette)
Only A Visitor (Robyn Jacob)
Owen Pallett
Pantayo (Jo Delos Reyes, Michelle Cruz, Katrin Estacio)
Parlour Panther (Frankie Brave)
Paul Langlois (The Tragically Hip ; Paul Langlois Band)
Peach Pit
Peaches
Pepper Rose
Peter Kohut
Peter Mahoney (Workers Comp)
pHoenix Pagliacci
Phono Pony (Shay Hayashi)
Phouka
Pillow Fite
poolblood
PUP
Quiet Winter (Brandon Garay)
Raine Hamilton
Rahat Saini
Raylene Harewood
Rec Centre (Alex Hudson)
Rezz (Isabelle Rezazadeh)
Ria Mae
Rich Aucoin
Robert Ondzik
Rodney Diverlus
Rose Cousins
Ruby Waters
Rufus Wainwright
Ryan Hemsworth
Ryland Moranz
S. Chandra
Said the Whale (Tyler Bancroft)
Safia Nolin
Sam Tudor
Sam Weber
Samantha Epp (ZENON)
Sara Porter
Sarah Harmer
Sarah McLachlan
Sarain Fox
Scott Button
Scott Nolan
Scott White
Serena Ryder
Sharon & Bram of Sharon, Lois & Bram
Shawn Everett
Shawnee Kish
Shazia Ahmad
Shelley Butler
Shemeeka McLean
Shyam Selvadurai
Siân Alcorn
Sophie Foster
Stacey MacNevin
Starpainter (Joel Stretch)
Stars (Amy Millan, Torquil Campbell)
Status/Non-Status
Stefana Fratila
Stephen Eckert
Steven Lambke
Steven Lourenço
Stoness Verda
Sum 41 (Cone McCaslin, David Baksh/Dave Brownsound)
SuperKnova
T. Thomason
TALK (Nicholas Durocher)
Tanya Marquardt
Tara Kannangara
Tea Fannie (Tiffannie Bruney)
Ted Gowans
Tegan and Sara Quin
The Beaches
The Bros Landreth (David Landreth)
The Burning Hell (Ariel Sharratt, Mathias Korn)
The Strumbellas (Close Kicks)
Theo Jean Cuthand
Theodore Walker Robinson
Tim Baker
TOBi (Oluwatobi Ajibolade)
Tokyo Police Club (Graham Wright, Greg Alsop)
Tomson Highway , writer/musician
Tranna Wintour
Trevor Blumas (E-Prime)
Trish Salah
Tyler Lieb
Tynomi Banks
Tyson M
Vanessa Kwan
Venus Sherwood
Vivek Shraya
Wade MacNeil (Alexisonfire)
Wendy Crewson
Wild Rivers (Khalid Yassein)
Win Bower
xeon aeon - Juniper Xeon
Yolanda Bonnell
Zachary Bennett
Zaki Ibrahim
Zoe Whittall
36 ? (Taylor Cochrane, Justin Van Groningen, Mitch Cooper)
4BPM

Northvolt, austérité, etc. : On nous prend pour des valises

2 avril 2024, par Jacques Tétreault — , ,
En politique aussi. La dernière diversion de notre gouvernement provincial a été le déficit énorme qu'on nous a présenté la semaine dernière. Plusieurs analystes ont depuis (…)

En politique aussi. La dernière diversion de notre gouvernement provincial a été le déficit énorme qu'on nous a présenté la semaine dernière. Plusieurs analystes ont depuis tempéré ce déficit qui demeure un des plus élevés qui soit, mais quand même pas si énorme qu'on le prétend.

Sommes-nous en train de nous faire intégrer une période d'austérité à venir ? Après avoir baissé les impôts, envoyé des chèques aux familles et fait miroiter encore des baisses d'impôts à venir, aurons-nous la désagréable surprise de voir apparaître notre PM avec un air solennel nous affirmer qu'on n'a plus les moyens de nos ambitions ?

D'ailleurs quelles sont ces ambitions ? Passer à l'histoire pour avoir aidé à mettre en place le plus gros investissement de l'histoire avec NOTRE argent ? Avoir bafoué les règles environnementales en pleine crise climatique ? Je parle ici du projet Northvolt qui n'en finit plus de faire couler de l'encre et des énergies. Et pour cause. Comment peut-on affirmer que ce projet est le début d'une belle histoire d'implantation de filière porteuse de transition énergétique alors qu'elle a pour but de consacrer le mythe de l'auto solo ? Il n'y a rien là pour accélérer la transition énergétique, ce n'est qu'une transaction financière avec nos taxes, autrement cette compagnie ne serait pas venue chez-nous. C'est le ministre de l'Environnement qui l'a affirmé candidement.

Ce gouvernement affairiste qui actuellement est à mettre en place des projets éoliens privés au lieu de les intégrer à notre société d'État qu'est Hydro-Québec sous prétexte que nous ne possédons pas l 'expertise nécessaire. Selon le syndicat canadien de la fonction publique (SCFP) représentant les employés d'Hydro-Québec, c'est totalement faux. Nous privatisons les profits et nous socialisons les dépenses.

Ces énormes montants consacrés à l'égo de nos super ministres auraient mieux servi à la transition énergétique en subventionnant le remplacement des portes et fenêtres du territoire au complet. Il y aurait même eu des surplus pour défrayer les coûts des maisons d'hébergement pour les femmes victimes de violence, les systèmes de ventilations de nos écoles, la mise en place de réseaux de transport collectif efficaces, la construction de logements abordables et pourquoi pas la réindexation des rentes des retraités de l'État qui attendent depuis plus de 24 ans maintenant ?

Alors, on nous prend réellement pour des valises.

Jacques Tétreault
Citoyen

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Adoption du projet de loi n°41 : Une loi prometteuse gâchée par des contraintes ministérielles

2 avril 2024, par Coalition Sortons le gaz ! — , ,
La coalition Sortons le gaz ! s'inquiète des contradictions au cœur du projet de loi 41, maintenant la Loi sur la performance environnementale des bâtiments et modifiant (…)

La coalition Sortons le gaz ! s'inquiète des contradictions au cœur du projet de loi 41, maintenant la Loi sur la performance environnementale des bâtiments et modifiant diverses dispositions en matière de transition énergétique, et de certaines modifications qui y ont été apportées par rapport au projet initial. Si le gouvernement semble, d'une main, vouloir encourager l'ambition climatique des villes, ce que la coalition félicite, de l'autre, il risque de briser l'élan qui avait commencé à se manifester en faveur de la décarbonation des bâtiments, notamment grâce au soutien de la coalition.

Rappelons qu'en janvier dernier, des représentant·es de la coalition Sortons le gaz ! ont présenté à l'Assemblée nationale leur mémoire dans le cadre des consultations particulières sur le projet de loi. À cette occasion, si la coalition reconnaissait le potentiel dudit projet de loi pour accélérer la décarbonation des bâtiments, elle insistait également sur la nécessité d'un niveau d'ambition beaucoup plus élevé pour répondre efficacement à la crise climatique. Elle demandait aussi au ministre de l'Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs (MELCCFP) de ne pas restreindre l'action climatique des municipalités, pour plutôt permettre à celles qui le désirent d'instaurer des règlements plus ambitieux que les normes nationales que compte établir le gouvernement en matière de cotation et de performance environnementale. Les recommandations de la coalition ont été soutenues par plusieurs député·es de l'opposition lors de l'adoption du principe de loi.

D'emblée, la coalition Sortons le gaz ! tient à souligner positivement la modification de l'article 29 autorisant les villes à être plus ambitieuses que les futures normes nationales établies, mais dénonce le régime d'exception instauré par l'article 30. En exigeant que les règlements municipaux concernant la sortie du gaz et allant au-delà du niveau d'ambition des normes nationales soient soumis à l'approbation du ministre de l'Économie, de l'Innovation et de l'Énergie, l'article 30 entrave la liberté d'action municipale en matière de décarbonation des bâtiments. Il est impératif de souligner que cet obstacle n'a pas de fondement justifié. En effet, les municipalités possèdent les connaissances nécessaires et bénéficient d'un soutien juridique adéquat, leur permettant d'agir de manière autonome en prenant des décisions énergétiques éclairées avec toute la légitimité requise.

Plus exactement, les membres de la coalition Sortons le gaz ! considèrent que ce « superpouvoir » accordé à ce ministre restreint l'autonomie des municipalités dans leurs choix énergétiques. Les groupes sont d'avis que l'argument « de la sécurité énergétique du Québec » invoqué par le gouvernement ne tient pas la route. En réalité, il le détourne, avec l'objectif de réserver une grande partie des allocations des nouveaux blocs d'électricité à la grande industrie, au détriment de la décarbonation des bâtiments et de l'économie actuelle qui devrait pourtant être la priorité absolue. L'approche retenue par le gouvernement suscite beaucoup d'inquiétudes et de préoccupations chez la coalition, y compris en ce qui a trait au déficit démocratique entourant les prises de décisions. La coalition considère que de tels choix devraient impliquer un éventail plus large d'acteur·ices de la société.

Par ailleurs, la coalition dénonce aussi l'article 35.1, qui divise les municipalités québécoises en deux groupes distincts. Même si cet article préserve les règlements adoptés avant le 15 février 2024, dispensant ainsi certaines municipalités telles que Montréal, Prévost, Candiac et Mont-Saint-Hilaire de l'approbation ministérielle, les autres municipalités du Québec devront désormais obtenir le feu vert du ministre Fitzgibbon pour adopter des règlements plus ambitieux en matière de décarbonation des bâtiments. Ainsi, même si toutes les municipalités font face aux mêmes défis, elles n'auront désormais pas les mêmes capacités et libertés d'action.

Enfin, la coalition Sortons le gaz ! se désole du fait que le gouvernement ne profite pas de cette nouvelle loi pour encourager la rénovation des immeubles à logement mal isolés, par exemple en imposant des sanctions aux propriétaires réfractaires. La coalition souligne que les mesures incitatives telles que les subventions sont inefficaces pour faire agir les propriétaires de bâtiments locatifs. Seul le bâton de la réglementation est efficace pour améliorer leur efficacité énergétique.

Citations

Louise Morand, Regroupement vigilance hydrocarbures Québec (RVHQ) :
« Il y a un consensus chez les expert·es pour reconnaître que les solutions sont matures et facilement applicables pour décarboner rapidement le secteur du bâtiment. Les municipalités ont la volonté d'aller de l'avant pour décarboner leur territoire. Il serait navrant de voir le gouvernement faire fi de ce désir plus que légitime pour décider unilatéralement de sauvegarder des intérêts économiques liés aux hydrocarbures. »

Patricia Clermont, coordinatrice de l'Association québécoise des médecins pour l'environnement (AQME) :
« Le leadership municipal est capital dans la décarbonation du Québec, et dans le bâtiment en particulier. L'utilisation du gaz dans la vie quotidienne doit décroître y compris pour des raisons de santé humaine, actuelle et future, tout autant que par rapport à la concrétisation effective de la décarbonation. Le gouvernement doit comprendre et soutenir ces efforts plutôt que les freiner. »

Anne-Céline Guyon, analyste Climat-Énergie, Nature Québec :
« Avec ce projet de loi, le gouvernement du Québec avait l'opportunité d'enclencher un vrai mouvement de décarbonation des bâtiments, secteur responsable à lui seul de 7% des GES du Québec. Rappelons-le, les alternatives au gaz dans le bâtiment existent. Malheureusement, en dressant des barrières ministérielles inutiles, ce projet de loi ralentit l'élan des municipalités pourtant prêtes à agir. Encore une fois, on s'arrête au beau milieu du chemin. »

Andréanne Brazeau, analyste des politiques climatiques, Équiterre :
« L'esprit du projet de loi est le bon : on vient souligner l'importance de l'efficacité énergétique des bâtiments et on mise sur des outils intéressants, soit les cotes de consommation énergétique et les normes de performance environnementale. Toutefois, le caractère peu contraignant de la démarche et sa portée limitée sont à l'image des autres décisions de ce gouvernement en matière d'environnement : insuffisante et en décalage par rapport à l'urgence climatique. Les municipalités sont en marche pour sortir le gaz de leurs bâtiments, et le gouvernement n'est pas au rendez-vous pour les soutenir. »

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Grèves à la Société Québécoise du cannabis (2022-2023)

2 avril 2024, par Martin Gallié, Antoine Desbiens — , ,
Chroniques de conflits de travail, no. 1 Les chroniques des conflits de travail (CCT) consistent à documenter l'histoire, les revendications, les actions et les enjeux, (…)

Chroniques de conflits de travail, no. 1

Les chroniques des conflits de travail (CCT) consistent à documenter l'histoire, les revendications, les actions et les enjeux, notamment juridiques, de conflits du travail, passés ou présents. Par là, elles veulent contribuer à alimenter les recherches sur les pratiques de résistance et de mobilisations collectives des travailleurs et des travailleuses en lutte contre l'exploitation.

Mars 2024

La grève de la Société Québécoise du Cannabis (SQDC) fut l'une des plus longues grèves de ces dernières années, au Québec1.

Pendant 17 mois, environ 300 travailleurs et travailleuses affilié·e·s à la FTQ ont multiplié les moyens de pression, piquetés devant les succursales, en hiver comme en été, pour tenter d'obtenir une augmentation de salaire, une amélioration de leurs conditions de travail et pour lutter contre la précarité des surnuméraires. Durant toute la durée du conflit, la SQDC a tenté de diviser les syndiqué·e·s, rejeté leurs revendications, suspendu des dizaines de travailleur·euse·s pour avoir refusé de porter l'uniforme réglementaire, multiplié les procédures judiciaires et recouru à des briseurs de grève.

Cette note revient sur cette lutte, en retraçant brièvement l'émergence de la toute jeune société d'État et ses objectifs (1). Elle aborde ensuite la « bataille intersyndicale » que se sont livrées les deux plus grandes centrales syndicales (FTQ et CSN) pour tenter de syndiquer les travailleurs et travailleuses des succursales qui, à partir de 2018, s'ouvrent progressivement un peu partout au Québec (2). La partie suivante retrace de manière chronologique les principaux évènements qui ont marqué la grève (3). En conclusion, nous présenterons quelques pistes de réflexion (4).

Pour lire l'ensemble du texte sur les grèves à la Société Québécoise Du Cannabis, cliquez sur l'icône :

La gauche n’apprend pas la terrible leçon des accointances passées avec l’extrême droite !

2 avril 2024, par Yorgos Mitralias — , ,
La gauche n'apprend pas la terrible leçon des accointances passées avec l'extrême droite ! Pourquoi republier ce texte écrit et publié en 2018 ? Mais parce que, (…)

La gauche n'apprend pas la terrible leçon des accointances passées avec l'extrême droite ! Pourquoi republier ce texte écrit et publié en 2018 ? Mais parce que, malheureusement, il est aujourd'hui, encore plus pertinent qu'alors. Parce qu'en six ans, la dérive d'une partie de la gauche grecque, mais aussi européenne, vers l'extrême droite s'est accélérée, intensifiée et approfondie, la rapprochant toujours plus de sa mutation finale en l'exact opposé de ce qu'elle avait voulu devenir.

26 janvier 2018 | tiré du site Entre les lignes entre les mots

Exagérations ? Plutôt non si l'on se souvient que cette gauche non seulement ne semble pas indignée, et encore moins révoltée, par les violations systématiques des droits et libertés démocratiques les plus élémentaires dans les pays dont les régimes lui plaisent, voire qu'elle soutient (par exemple, la Russie, la Chine, la Syrie, l'Inde, la Hongrie, l'Iran,…), mais tend dernièrement à « théoriser » cette attitude en traitant ces droits et libertés démocratiques comme des « luxes »… occidentaux d'importance secondaire dont son cher « monde émergent multipolaire » n'a pas besoin. C'est ainsi, qu'au lieu de prôner l'élargissement des droits et libertés que le régime bourgeois est contraint de concéder sous la pression des luttes populaires et ouvrières, cette gauche prône la réduction, voire l'abolition de ces droits, tels que la liberté de parler et d'écrire son opinion, de créer et d'organiser des partis politiques, des syndicats ouvriers et des mouvements sociaux, etc. Quant à tous ceux qui se battent, souvent dans les conditions les plus difficiles et souvent au péril de leur vie, pour défendre ces droits démocratiques fondamentaux, non seulement cette gauche ne leur témoigne pas la moindre solidarité et leur tourne le dos, mais elle va même jusqu'à reproduire les ignobles calomnies par lesquelles les bourreaux salissent l'honneur des victimes !

Alors, tout en continuant à clamer haut et fort son antifascisme, cette gauche est en train d'emprunter des pans entiers du programme traditionnel des courants et organisations d'extrême droite, voire néofascistes : dédain, voire hostilité, à l'égard des mouvements féministes et LGBT ; climato-scepticisme conduisant souvent à dénoncer le changement climatique comme une « escroquerie de l'impérialisme » ; attribution de vertus anti-systémiques à des régimes autoritaires, policiers, voire dictatoriaux, idéalisés au nom d'un anti-impérialisme qui choisit de soutenir un impérialisme contre un autre, et sympathie affichée, voire soutien à peine voilé, à des dictateurs ou aspirants dictateurs comme Trump, présenté comme victime des complots de l'establishment, etc. etc. Et « bien sûr », toujours moins des références à la lutte des classes remplacée par des références toujours plus nombreuses et insistantes à la patrie, au patriotisme et à « l'Europe des nations », ce qui conduit presque inévitablement à faire l'éloge même….de la famille traditionnelle (« grecque orthodoxe » dans le cas de la gauche grecque !) et d'autres « valeurs » conservatrices, réactionnaires et patriarcales, qui sont censées être menacées par les ennemis de la nation prétendument assiégée, etc, etc.

Alors, puisqu'on a déjà fait l'expérience de ce genre d‘apprentis sorciers dans l'entre-deux-guerres et on se souvient des conséquences catastrophiques de leurs politiques, et puisque notre époque ressemble de plus en plus à cet entre-deux-guerres, nous choisissons de republier le texte suivant, même si nous le faisons sans la moindre illusion que cela puisse changer quoi que ce soit à notre avenir immédiat, qui s'annonce de plus en plus sombre, d'autant plus que l'extrême droite internationale élargit toujours plus son influence. Mais, nous le faisons sûr que personne n'a jamais perdu en tirant des erreurs du passé les enseignements nécessaires pour le présent et l'avenir…

Yorgos Mitralias

2024-03-19_01-fight-racism

***

Quand la gauche grecque n'apprend pas la leçon des jeux dangereux du passé avec l'extrême droite !

Point de départ et en même temps motivation du bref récit de « l'affaire Radek-Schlageter »qui suit est la situation critique créée par le comportement des dirigeants d'une partie importante de la de la gauche radicale grecque à l'égard du rassemblement d'extrême droite (contre la reconnaissance de la République de Macédoine) qui s'est déroulé à Thessalonique le 20 janvier 2018. Alors attention, car les similitudes, les coïncidences et les analogies avec la tragédie européenne de l'entre-deux-guerres sont plus qu'évidentes…

C'est le Printemps 1923 et la Ruhr, le cœur industriel de l'Allemagne, vit sous l'occupation militaire française en guise de réparation de guerre mais aussi de vengeance de la France victorieuse de la Première Boucherie mondiale, sur l'Allemagne vaincue. Comme on pouvait s'y attendre, le peuple allemand humilié, appauvri et sans emploi, résiste à l'étranger qui pille son pays et réprime à la force des baïonnettes les protestations populaires. C'est donc une vague d'émotion et d'indignation qui déferle sur l'Allemagne lorsque les autorités militaires françaises d'occupation jugent, condamnent et exécutent l'ancien combattant, dirigeant des Frei Korps d'extrême droite et nazi Albert Leo Schlageter, arrêté alors qu'il effectuait l'un de ses nombreux sabotages.

Quelques jours plus tard, à l'occasion de l'exécution de Schlageter, le dirigeant bolchevique Karl Radek prononce devant le Comité Exécutif de la III Internationale, un discours qui allait marquer l'histoire du siècle passé de manière décisive mais aussi catastrophique. Voici donc tout de suite un extrait caractéristique de ce discours, tel qu'il est reproduit dans son livre « Moscou sous Lénine » [1] par le révolutionnaire français Alfred Rosmer, présent à cette réunion en tant que cadre dirigeant de la III Internationale.

« Durant tout le discours de la camarade Clara Zetkin, j'étais obsédé par le nom de Schlageter et par son sort tragique. Le destin de ce martyr du nationalisme allemand ne doit pas être tu ni être seulement honoré d'un mot dit en passant. Il a beaucoup à nous apprendre, à nous et au peuple allemand. Nous ne sommes pas des romantiques sentimentaux qui oublient la haine devant un cadavre, ou des diplomates qui disent : devant une tombe il faut louer ou se taire. Schlageter, le vaillant soldat de la contre-révolution, mérite de nous, soldats de la révolution, un hommage sincère. Son camarade d'idées, Freks, a publié en 1920 un roman dans lequel il décrit la vie d'un officier tombé dans la lutte contre les spartakistes intitulé Le pèlerin du néant. Si ceux des fascistes allemands qui veulent loyalement servir leur peuple ne comprennent pas le sens de la destinée de Schlageter, celui-ci est bien mort en vain et ils peuvent écrire sur sa tombe « Le Pèlerin du Néant » ».

Et Rosmer se souvient et raconte ce qui s'est passé immédiatement après : « Les délégués étaient interloqués. Que signifiait cet étrange préambule ? Ce qui suivit ne l'expliquait pas ; au contraire, venait renforcer l'impression première. Poursuivant son discours, Radek évoqua une Allemagne abattue, écrasée par le vainqueur. « Seuls des fous, dit-il, pouvaient s'imaginer que l'Entente traiterait l'Allemagne autrement que l'Allemagne a traité la Russie. Schlageter est mort. Sur sa tombe, ses compagnons d'armes ont juré de continuer : contre qui ? avec qui ? ». Et Rosmer de conclure : « Seule la conclusion (de Radek) était plausible : « Nous croyons que la grande majorité des masses secouées actuellement par des sentiments nationalistes appartient non pas au camp des capitalistes mais au camp du travail. »

Quand la direction du parti met enfin un frein à la catastrophe de la « ligne Radek » et abandonne les actions communes, le mal est déjà fait, du moins en grande partie. Au lieu d'avoir été plumés, les nazis sont sortis de leur isolement et sont devenus une force politique montante presque respectable, prouvant ainsi combien clairvoyant a été non pas le communiste Karl Radek, mais plutôt le… nazi Goebbels. Pourquoi ? Mais parce que Joseph Goebbels s'était empressé d'encenser (!) le discours honteux de l'apprenti sorcier de la Troisième Internationale car il avait immédiatement compris que ses conséquences pratiques seraient désastreuses pour le KPD (le Parti communiste d'Allemagne) alors qu'il serait une véritable aubaine pour son parti nazi… [2]

Malheureusement, c'est presque une tradition du mouvement ouvrier et surtout communiste et socialiste de ne pas apprendre de ses erreurs. Et ce, non seulement à cette époque-là, mais aussi aujourd'hui, presque un siècle plus tard ! Et si dans l'Allemagne d'avant-guerre, le KPD qui appliquait aveuglement les diktats de la bureaucratie stalinienne, et qui a répété plus tard – bien qu'occasionnellement – des actions communes et ses accointances avec les nazis, pourrait profiter de la circonstance atténuante que le fascisme et le nazisme étaient un « phénomène » nouveau et jusqu'alors inconnu, que dire des apprentis sorciers de la gauche grecque d'aujourd'hui qui semblent n'avoir rien appris des expériences tragiques de l'entre-deux-guerres européen – jusqu'à présent inégalées dans leur sauvagerie et leurs conséquences catastrophiques ?

C'est ainsi que les uns, c'est-à-dire ceux du parti au pouvoir Syriza, déclarent combattre le fascisme tout en appliquant avec excès de zèle les politiques néolibérales qui le nourrissent, tandis que les autres, ceux du KKE (PC grec), se vantent de faire face à la menace nazie en suivant fidèlement l'exemple notoirement failli du parti communiste allemand et de son dirigeant d'alors, Ernst Thaelmann, rendu tristement célèbre pour sa malheureuse prédiction. « Les nazis ne resteront que six mois, puis ce sera notre tour » ! Enfin, ceux qui nous préoccupent le plus aujourd'hui, à savoir les dirigeants d'une grande partie – mais heureusement pas de la totalité – de la gauche radicale, combattent le fascisme en découvrant et en louant les « vertus » cachées – totalement inexistantes – de son public social profondément barbare et raciste Tant les uns que les autres commettent un véritable crime ! Et s'ils continuent sur la voie sans issue qu'ils ont choisie, il est presque certain que l'avenir s'annonce sombre, malheureusement, pour les injustes mais aussi pour les justes, c'est-à-dire pour nous tous…

Ainsi, au lieu de rivaliser avec l'extrême droite – fasciste ou non – pour savoir qui est le plus « patriote », le plus authentiquement grec et le plus « combattant pour la Macédoine », il serait bien mieux, même pour eux, d'unir d'urgence leurs forces dans un front antifasciste uni. Un front antifasciste uni qui dissipera la confusion actuelle, inspirera la jeunesse, redonnera confiance aux démocrates, ressuscitera les bonnes vieilles valeurs de solidarité et d'internationalisme, et enfin passera à la contre-offensive dont nous avons si désespérément besoin.

Notes

[1] Alfred Rosmer, Moscou sous Lénine, 1923 – I : Poincaré fait occuper la Ruhr :
https://www.marxists.org/francais/rosmer/works/msl/msl2301.htm
[2] Le régime nazi a donné le nom de Schlageter à des rues et à des places, à des navires et à des casernes, à des villes et à des unités militaires, tandis qu'une pièce de théâtre a été écrite à son sujet, à laquelle on attribue d'ailleurs la phrase tristement célèbre « Quand j'entends le mot culture, je sors mon revolver ». Le dénonciateur présumé de Schlageter auprès des autorités françaises a été assassiné par Rudolf Hoess, futur commandant du camp d'extermination d'Auschwitz-Birkenau, et Martin Borman, bras droit et confident d'Hitler.

Yorgos Mitralias, 26 Janvier 2018

Retour sur la révolution mexicaine (1910-1945)

2 avril 2024, par Coline Ferrant — , ,
La révolution mexicaine (1910-1945) a non seulement modifié les structures du pouvoir politique, mais a également porté la promesse de la justice sociale et du développement (…)

La révolution mexicaine (1910-1945) a non seulement modifié les structures du pouvoir politique, mais a également porté la promesse de la justice sociale et du développement économique. Via une analyse de la structure sociale du Mexique prérévolutionnaire et des luttes des classes sociales pendant le conflit armé, cet article revient sur la révolution mexicaine comme un processus contrasté de restructuration sociale.

Introduction

  • « La bourgeoisie veut les choses que la minorité scientifique n'a pas à lui donner. Le prolétariat, pour sa part, veut le bien-être économique et la dignité sociale au moyen de la prise de possession de la terre et de l'organisation sociale, ce à quoi s'opposent autant le gouvernement que les partis bourgeois1. » Début novembre 1910, le révolutionnaire Ricardo Flores Magón analysait ainsi les problèmes politiques et sociaux auxquels le Mexique faisait face. Le 20 novembre, un soulèvement armé renversa le régime de Porfirio Díaz, au pouvoir depuis 34 ans.

Parce qu'il s'agit d'un processus à la fois politique et social, il est délicat de définir temporellement la révolution mexicaine. L'historiographie s'accorde à considérer le soulèvement armé du 20 novembre 1910 comme le début, tandis que la fin est débattue. Nous utilisons la chronologie proposée par les historiens William Beezley et Michael Meyer2. La première étape est le conflit armé (1910-1920). Dans la deuxième, caractérisée par une relative stabilité politique, les leaders révolutionnaires cherchaient à changer la société (1920-1938). Dans la troisième, les leaders révolutionnaires entreprenaient la création d'une société juste par le développement économique (1938-1945).

Cet article revient sur la révolution mexicaine en tant que révolution sociale, c'est-à-dire affectant la structure sociale et les inégalités de participation politique. Nous décrivons la structure sociale du Mexique prérévolutionnaire, documentons la participation des classes sociales au conflit armé, et examinons la restructuration sociale du Mexique sur le temps long.

Structure sociale du Mexique prérévolutionnaire

Les données du recensement de 1910 permettent de décrire la structure de classes. Sur les 4,6 millions d'actifs, il y avait environ 3 millions de peones de hacienda (ouvriers agricoles), 400 000 agriculteurs et 830 hacendados (propriétaires terriens). Parmi les 15 millions de Mexicains, l'historien Jesús Silva Herzog estime ainsi à 12 millions ceux qui dépendaient directement de l'agriculture, soit 80% de la population. Le monde paysan se structurait donc en trois classes :
1. Les 830 hacendados – moins de 1% de la population – possédaient 97% du territoire national. Ils se partageaient 8245 haciendas, dont certaines se mesuraient en milliers d'hectares. Selon les États, entre 88,2% et 99,8% des habitants n'avaient aucune propriété.
2. La classe des agriculteurs est difficile à définir. J. Silva Herzog fait l'hypothèse qu'elle inclut les propriétaires de terrains dans des aires urbaines et les ouvriers agricoles proches de l'hacendado. En somme, il s'agissait d'actifs vivant de l'agriculture et formant une classe intermédiaire entre hacendados et peones.
3. Les peones dépendaient des hacendados par un lien de subordination pouvant prendre plusieurs formes juridiques. Les salaires étaient faibles et en nature. Il était courant que les peones contractent des emprunts auprès de l'hacendado, ce qui les contraignait à rester indéfiniment sur ses terres pour tenter de rembourser leur dette, constituant une situation d'esclavage de fait3.

Le secteur industriel comprenait surtout des industries traditionnelles : mines, textile, agroalimentaire. L'industrie lourde émergea à la fin du porfiriat ; elle se caractérisait par une hiérarchisation entre une bourgeoisie d'affaires et un milieu ouvrier pauvre. Enfin, le secteur tertiaire était très peu développé. Par exemple, il y avait 3000 médecins pour 15 millions d'habitants, soit 2 pour 100 0004.

Ces inégalités de classe intersectaient avec des inégalités régionales. Comme dans tout le continent, la structure sociale ne se réduisait pas à une opposition universelle entre peones et hacendados : dans Rural Guerrillas in Latin America, l'historien Richard Gott décrit des conditions variantes « non seulement de pays à pays, ou de province à province, mais de vallée à vallée »5. Les États du nord (Hidalgo, Nuevo León) et la ville de Mexico profitèrent davantage de l'industrialisation, avec l'installation d'industries lourdes comme des aciéries et des cimenteries. Les États ruraux du centre (Puebla, Oaxaca, Guerrero, Michoacán) restaient en retard de développement. Ces inégalités s'observaient aussi à l'intérieur des États. Prenons l'exemple de Tlaxcala. Dans le nord dominaient des haciendas de plusieurs milliers d'hectares où vivaient des peones. Dans le centre et le sud, les haciendas étaient moins grandes et coexistaient avec un tissu industriel et artisanal. Enfin, le bassin du fleuve Atoyac-Zahuapán était caractérisé par une agriculture davantage spécialisée et les peones résidaient en dehors des haciendas6.

Les classes sociales face au conflit armé

« Une révolution populaire bourgeoise de caractère agraire »7 : par cette belle expression oxymorique, le sociologue Jorge Martínez Ríos décrit la participation politique des classes sociales au conflit armé (1910-1920). La révolution était de caractère agraire par ses objectifs et populaire mais surtout bourgeoise par son leadership. Par exemple, le leader révolutionnaire Francisco Madero était originaire d'une riche famille d'entrepreneurs et avait étudié à HEC et à l'Université de Californie à Berkeley. Les classes populaires souffraient d'un déficit d'inclusion politique en raison d'une part du faible accès au système éducatif, et d'autre part de l'idéologie positiviste et des pratiques excluantes du porfiriat. Miguel Salvador Macedo, entrepreneur proche du régime, les décrit ainsi : seuls les scientifiques (científicos) peuvent être dirigeants politiques et sociaux parce que « la science et la morale sont hors de portée »8 des classes populaires. Le régime réprimait systématiquement les mouvements sociaux, notamment d'importantes grèves ouvrières au début du XXe siècle.

Bien que ces conditions fassent supposer une participation populaire plutôt faible, les historiens ne parviennent pas à l'évaluer validement. J. Martínez Ríos souligne : « Jusqu'à quel point furent connues les thèses agraires et ouvrières dans les grands secteurs de la population ? Nous ne le savons pas9. » Observons toutefois le développement du mouvement ouvrier, organisé par les structures syndicales. Par exemple, dès 1915, environ 100 000 ouvriers étaient membres du syndicat anarchosyndicaliste Casa del Obrero Mundial. Enfin, la participation variait selon les régions. Par exemple, la stratégie d'agitation permanente des guérillas révolutionnaires dans les États de Morelos, Guerrero, Veracruz et Puebla encouragea de nombreux paysans – y compris hacendados – à participer au conflit armé.

L'ensemble des leaders révolutionnaires reconnaissaient l'importance fondamentale du problème agraire, mais divergeaient sur la solution. Ceux originaires du nord, où la société rurale comprenait des agriculteurs cherchant à devenir hacendados, concevaient que le problème se posait en termes de productivité de la terre et de coexistence pacifique entre les classes sociales. Le centre et le sud, au contraire, étaient caractérisés par la cohabitation parfois violente de grands hacendados et de nombreux peones. Les leaders révolutionnaires qui en étaient originaires étaient plus radicaux et projetaient l'abolition du système des haciendas10.

Une restructuration sociale contrastée

Les divergences originelles des leaders révolutionnaires furent suivies, sur le temps long, de politiques sociales à l'instrumentation et aux effets contrastés. La première loi agraire fut adoptée en 1915. Ses principales dispositions furent la redistribution de la terre, notamment la restitution aux communautés indigènes des terres acquises sous le porfiriat, et la création d'un statut par la suite emblématique, les ejidos, c'est-à-dire des terrains attribués à un groupe de paysans qui en sont propriétaires collectivement mais dont le fruit des récoltes revient à chaque paysan individuellement. En vertu de la loi des Ejidos de 1920, ces paysans étaient assurés de posséder une parcelle de terre « suffisante pour produire […] le double du salaire journalier moyen de la région ». Toutefois, la réforme agraire fut instrumentée de manière incohérente selon les régions. Elle ne supprima pas le système des haciendas, bien que celles-ci ne couvraient plus qu'environ la moitié des terres agricoles après la révolution (8 millions sur 16 en 1958). Elle ne résolut pas l'aggravation de l'exode rural : selon le recensement de 1940, 1,5 million d'hectares d'ejidos étaient à l'abandon11.

Le secteur industriel bénéficia d'une politique d'investissement, notamment les industries lourdes et d'extraction et les réseaux ferroviaire et routier. Ceci favorisa la croissance économique, puis l'augmentation des ressources des gouvernements fédéral et fédérés, et finalement le développement des services publics et de l'État-providence. Le taux d'alphabétisation augmenta de 38,5% en 1930 à 56,8% en 1950 ; une classe moyenne urbaine émergeait12.

Si la société mexicaine devenait plus égalitaire par la distribution des ressources économiques et territoriales, la bourgeoisie continuait à s'approprier les ressources politiques. La culture politique restait autoritaire. Le sociologue Pablo González Casanova explique comment le système éducatif participait à son inculcation aux classes populaires : « Dans toute structure sociale il y a une éducation politique. […] Le peuple est constamment éduqué, et est éduqué de manière autoritaire où la structure du pouvoir et l'attitude des strates dominantes sont autoritaires13. » Le nouveau régime se fondait sur une alliance entre l'ancienne l'oligarchie porfiriste et une partie des classes populaires qui participèrent au conflit armé ; il fonctionnait selon une alternance de répression et de compromis.

Conclusion

Avant 1910, la société mexicaine, structurée en classes dotées de différentes ressources sociales et politiques, était profondément inégalitaire. Les leaders révolutionnaires, dont l'ancrage populaire ou non reste difficile à évaluer, s'accordaient sur la nécessité de la changer, mais divergeaient sur les manières d'y arriver. Ces divergences originelles contribuent à expliquer le caractère contrasté de la restructuration sociale entreprise par les gouvernements de la révolution. Bien que l'industrialisation et le développement de l'État-providence contribuèrent à la réduction des inégalités, la réforme agraire resta inachevée et la socialisation politique des classes populaires marquée par l'autoritarisme.

Le bilan social de la révolution mexicaine est donc à bien des égards complexe et contrasté. L'établir n'est pas neutre politiquement. Comme l'exprimait l'éditorialiste Sabino Bastidas Colinas à l'occasion du centenaire de la révolution : « La révolution est-elle bien terminée ? A-t-elle rempli sa mission ? En avait-elle ? Quel est son bilan ? A-t-elle été couronnée de succès ? La révolution s'est-elle épuisée ? S'est-elle fatiguée ? Pourquoi sommes-nous si nostalgiques de la révolution ? Reste-t-il quelque chose à faire ? Que faire aujourd'hui de la révolution mexicaine ?14 »

Coline Ferrant
Maîtresse de conférences en développement et politiques sociales (Assistant Professor in Social Development & Policy) à Habib University (Karachi, Pakistan).
coline.ferrant@ahss.habib.edu.pk

Notes
1.Adolfo Gilly, La revolución interrumpida, Mexico, Ediciones Era, 2007, p. 81.
2.William H. Beezley, Michael C. Meyer, (dir.), The Oxford History of Mexico, New York, Oxford University Press, 2010.
3.Jesús Silva Herzog, Breve historia de la revolución mexicana, Mexico, Fondo de Cultura Económica, 1960.
4.Collectif, Nueva historia general de México, Mexico, El Colegio de México, 2010.
5.Richard Gott, Rural Guerrillas in Latin America, Londres, Penguin Books, 1973, p. 573.
6.Raymond Buve, « Agricultores, dominación política y estructura agraria en la revolución mexicana : el caso de Tlaxcala (1910-1918) », Revista mexicana de sociología, vol. 52, n°2, 1989, p. 181-236.
7.Jorge Martínez Ríos, « Revolución y conciencia social en México », in Collectif, Estudios sociológicos. Sociología de la revolución, tome II, Mexico, Instituto de Ciencias de Zacatecas, 1959, p. 394.
8.Cité dans Léopoldo Zea, El positivismo en México, Mexico, El Colegio de México, 1943, p. 171-173.
9.Jorge Martínez Ríos, op. cit., p. 389.
10.Lucio Mendieta y Núñez, « Un balance objetivo de la revolución mexicana », Revista mexicana de sociología, Mexico, vol. 22, n°2, mai-août 1960, p. 529-542.
11.Isidro Fabela (dir.), Documentos históricos de la revolución mexicana. Revolución y régimen constitucionalista, Mexico, Fondo de Cultura Económica, 1960.
12.Collectif, Estudios sociológicos. Sociología de la revolución, Mexico, Instituto de Ciencias de Zacatecas, 1959.
13.Pablo González Casanova, La democracia en México, Mexico, Ediciones Era, 2004, p. 211.
14.Sabino Bastidas Colinas, « ¿Ya acabó la revolución mexicana ? », El País, 17 novembre 2009.

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L’idéaliste et le tueur dans « La fonte des glaces »

2 avril 2024, par Pierre Jasmin — , ,
Les deux co-scénaristes avaient collaboré pour le bruit des arbres mettant en vedette Roy Dupuis. Sarah aurait aussi travaillé sur le beau film sur un réfugié syrien fondateur (…)

Les deux co-scénaristes avaient collaboré pour le bruit des arbres mettant en vedette Roy Dupuis. Sarah aurait aussi travaillé sur le beau film sur un réfugié syrien fondateur d'une chocolaterie Du chocolat pour la paix, chocolaterie et film célébrés par la cheffe du Parti Vert, Elizabeth May. Elle en a offert une barre à Joe Biden lors de sa visite à Ottawa : il semblait y tenir vraiment, sensible au slogan la paix, un morceau à la fois, malgré sa dureté envers les Palestiniens.

Par Pierre Jasmin, artiste pour la paix

« La fonte des glaces » : voici une œuvre remarquable, tant par son scénario serré servi par des dialogues courts et punchés, que par le jeu de son héroïne Christine Beaulieu, dans un rôle physiquement exigeant qu'aucune autre comédienne n'aurait pu assumer. Vous avez droit de soupçonner subjective la critique de celui qui l'ayant choisie artiste pour la paix de l'année 2020 est sensible au scénario d'une idéaliste en butte à un système carcéral rigide, comme les APLP le sont face aux gouvernements, aux médias officiels et à l'armée.

Mais on trouvera vite des raisons d'adorer ce film avec son adéquation symbolique d'images de glace sur le St-Laurent que chevauche en canot la lutte solidaire de prisonniers sous la supervision de leur monitrice, leur inculquant ainsi, sans bla-bla moralisateur, la vigueur et l'entraide en équipe d'un sport dont tous sortent vainqueurs. De telles sorties qui exigent des moyens de surveillance et d'équipements exceptionnels suscitent la jalousie des « screws » traditionnels, préférant la discipline astreignante d'exercices punitifs en vase clos. Ceux qui ont connu la prison y verront soit une facilité, soit au contraire l'honnêteté du scénario, qui utilise en moteur de contraste idéalisant l'héroïne, l'hargneuse description de gardiens de prison répressifs, tel le regretté Pierre Falardeau dans un de ses chefs d'œuvre, le party (1990), où l'art interprétatif de Lou Babin ouvrait finalement les cœurs endurcis avec la chanson mythique de Richard Desjardins le cœur est un oiseau.

Une actrice à l'engagement imperturbable

L'héroïne du film, Louise Denoncourt, a la force constante, d'une part d'encourager ses prisonniers à s'ouvrir par une sorte de musicothérapie collective primaire mais efficace, et d'autre part, de faire face, sans jamais broncher, à leurs caprices ou dures récriminations, alors qu'ils ont à leur passif une ou des morts violentes, d'où un suspense continu avec une tension qui ne se relâche jamais. Les téléspectateurs/trices de la série cinquième rang qui vient d'achever sa cinquième et dernière année réussie constateront non sans frémir que son papa, un ex-policier rendu dépressif par la mort accidentelle de sa femme, la mère de Louise, est joué par Marc Béland qu'on présente d'abord en proie à une fascination morbide pour la thèse d'un assassinat.

La police ayant conclu à un simple accident, cela suffit à la pragmatique Louise, jusqu'à ce qu'elle rencontre un meurtrier coupable de 21 assassinats commandés, y compris possiblement celui-là, interprété par Lothaire Bluteau venant d'intégrer l'équipe privilégiée supervisée. S'ensuit un intense duel psychologique dont l'issue n'est pas forcément à l'avantage du meurtrier à la solde des Hells, joué par l'acteur charismatique de l'excellent JÉSUS DE MONTRÉAL de Denys Arcand, il y a trente-cinq ans.

Leur face à face est montré avec rigueur, sans la complaisance d'une multitude de films français en milieux carcéraux récompensés par le Festival de Cannes. Mais ce film féministe trop authentiquement québécois risque de passer à la trappe, à moins d'une gymnastique périlleuse de sous-titres nécessitée par les acteurs très bien recrutés pour leur proximité représentative avec de réels prisonniers au langage coloré et populaire.

L'engagement des femmes, le désengagement des hommes

Le Nouvel Obs, qui vient cette semaine de reprendre son nom mythique, révèle le résultat d'un sondage français selon lequel, dans la génération des 18 à 24 ans, les femmes seraient très à gauche à 11,3% (les hommes seulement à 2,6% !) et plutôt à gauche à 21% (les hommes à 17,9%). Effectués au Canada et aux États-Unis, des sondages similaires obtiendraient sans doute des résultats semblables, compte tenu de l'offensive répugnante des droites contre l'interruption de grossesse assistée, contre les garderies et les maisons de femmes battues « trop coûteuses », contre les transgenres et le wokismei.

Sans tracer de parallèle étroit, j'ai donc préféré « la fonte des glaces » à « l'Hôtel silence », un film de Léa Pool, où l'extraordinaire acteur Sébastien Ricard, engagé dans la vraie vie, joue un homme désengagé qui ne retrouvera une motivation à vivre, un peu trop prévisible, qu'en côtoyant une population résiliente dont une mère exemplaire jouée par Lorena Handschin survivant péniblement à une guerre de cinq ans. L'homme se raccrochera finalement et sereinement à l'amour de sa mère et de sa fille aimée qui n'est pas de lui.

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Aya Nakamura, l’artiste francophone la plus écoutée au monde

2 avril 2024, par Nicolas Beau — , ,
Aya Nakamura, chanteuse franco-malienne à l'aura internationale – elle est l'artiste francophone la plus écoutée au monde –, a été la cible de propos racistes de la part de (…)

Aya Nakamura, chanteuse franco-malienne à l'aura internationale – elle est l'artiste francophone la plus écoutée au monde –, a été la cible de propos racistes de la part de membres de l'extrême droite, suscitant l'ouverture d'une enquête par le parquet. « The Conversation » dresse un portrait de cette grande artiste.

Tiré de MondAfrique.

Cette polémique enfle depuis quelques semaines après une déclaration d'Emmanuel Macron concernant la participation de la chanteuse plusieurs fois primée (dont les Victoires de la musique 2024) à la cérémonie d'ouverture des Jeux olympiques où elle interpréterait une chanson d'Édith Piaf.

Cette hypothèse a suscité des réactions de la droite et de l'extrême droite, surtout du parti « Reconquête » et d'un groupuscule d'ultradroite « Les Natifs » qui a déployé une banderole : « Y'a pas moyen Aya, ici c'est Paris, pas le marché de Bamako », faisant référence au refrain de sa chanson phare, « Djadja ».

Un sondage réalisé le 10 mars par Winimax RTL révèle que 63 % des Français seraient opposés à l'idée que la chanteuse puisse interpréter Édith Piaf lors de la cérémonie d'ouverture des JO. Les arguments avancés sont les suivants : les Français n'aiment pas ses chansons (73 %) ; elle ne représente pas la musique française (73 %), et encore moins la jeunesse (60 %). D'autres Français déplacent la polémique sur le terrain linguistique ; c'est le cas du député RN du Nord, Sébastien Chenu qui considère qu'Aya Nakamura ne valorise pas la langue française ou de Marion Maréchal qui déclare qu'elle « ne chante pas en français. Ce n'est ni notre langue ni notre culture. »

Pourtant, le premier titre de la chanteuse, « Djadja », sorti en avril 2018, est devenu le « tube de l'été » en traversant les frontières belges, suisses, autrichiennes, allemandes, etc.

La chanson « Djadja », 2018, a cumulé 951 millions de vues sur YouTube.
Aux Pays-Bas, « Djadja » a pris la tête des ventes, ce qui était une première depuis 1961 où Édith Piaf avait réussi cet exploit avec « Je ne regrette rien ». Le clip de « Djadja » a cumulé 951 millions de vues sur YouTube. Depuis, la chanteuse a atteint plus de 9 millions d'auditeurs par mois et est l'artiste française la plus écoutée sur Spotify.

Pourquoi Nakamura ne peut donc pas, selon certains, « représenter la France » aux JO ? Maltraiterait-elle à ce point la langue française ?

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Galerie d’affiches en solidarité avec les femmes palestiniennes

2 avril 2024, par capiremov.org — ,
Pour la fin immédiate du génocide, nous avons publié 44 affiches de 17 pays pour la défense de la vie et du territoire des femmes palestiniennes. Le 8 mars est la Journée (…)

Pour la fin immédiate du génocide, nous avons publié 44 affiches de 17 pays pour la défense de la vie et du territoire des femmes palestiniennes. Le 8 mars est la Journée internationale de la femme. En cette année 2024, nous revenons au sens internationaliste de cette date pour exprimer la lutte des femmes pour la fin du génocide en cours en Palestine.

07/03/2024 |
Par Capire

Chaque année, depuis plus d'un siècle, nous nous mobilisons ce jour-là pour faire avancer dans les rues, les réseaux et les jardins la lutte féministe pour la construction d'un nouveau monde sans racisme, patriarcat, pauvreté, faim, guerres et colonialisme. Partout dans le monde, les femmes construisent à plusieurs mains les alternatives concrètes pour la construction de ce monde de paix que nous voulons, sans violence, avec la souveraineté alimentaire et une économie centrée sur la durabilité de la vie.

La liberté des femmes n'est possible qu'avec l'autodétermination des peuples. Tant que la Palestine ne sera pas libre, aucune femme ne sera vraiment libre.

En ce 8 mars 2024, nous nous joignons aux voix des femmes et des personnes dissidentes de genre du monde entier qui s'unissent en solidarité avec le peuple palestinien. Capire, avec ALBA Mouvements, l'Assemblée Internationale des Peuples (AIP) et le collectif Utopix, a lancé un appel international à des affiches en solidarité avec les femmes palestiniennes. Cette galerie est le résultat de cet appel, qui montre comment l'art est capable de renforcer la solidarité et les alliances internationalistes.

Ce sont 44 affiches de 17 pays de toutes les régions du monde : Pologne, Inde, Venezuela, Brésil, Afrique du Sud, Suisse, Suède, Kenya, Zimbabwe, Italie, Colombie, Chine, Porto Rico, État espagnol, Guatemala, Philippines et Tunisie. Elles montrent comment les femmes sont les premières victimes de la crise capitaliste et du génocide en cours. Mais elles sont aussi les protagonistes de l'union et de la lutte contre l'impérialisme.

Depuis 1947, et plus profondément depuis octobre 2023, nous assistons à un génocide. Poussés par de sordides intérêts économiques, les pays du Nord global soutiennent l'assaut militaire de l'armée colonialiste israélienne à Gaza et en Cisjordanie – ou choisissent de garder le silence face au massacre, ce qui signifie également être complice.

Les attaques militaires totalisent plus de 30 mille morts. Les chiffres du Ministère de la santé de Gaza indiquent qu'au moins 25 000 de ces victimes sont des femmes et des enfants. Face à l'expansion génocidaire de la guerre d'Israël, les Palestiniennes et les Palestiniens du monde entier, les militants des mouvements sociaux, féministes, anti-impérialistes et antiracistes exigent un cessez-le-feu immédiat dans la bande de Gaza, la reconnaissance de la souveraineté palestinienne et une solution pour les personnes qui ont vu leurs familles et des villes entières bombardées sous leurs yeux.

[-* La lutte palestinienne continue, car c'est la base de ce que signifie être palestinien. Comme nous l'a dit la militante palestinienne Yasmeen El-Hassan en mai 2023, « il n'y a qu'une seule maison, nous ne sommes qu'un seul peuple et c'est ce qui guide notre lutte. Nous sommes les natifs de cette terre. Cela signifie que nous sommes leurs gardiens ». Abeer Abu Khdeir, de la Marche Mondiale des Femmes, renforce la relation directe du peuple palestinien avec sa terre en préconisant que « nous avons le droit de nous battre partout dans le monde, parce que notre terre est occupée ». « Cette terre n'est pas israélienne, c'est notre terre », a-t-elle déclaré.Leila Khaledc'est aussi un exemple de la résistance palestinienne en disant que « ils ont peur, parce que les Palestiniens sont unis par l'espoir de réaliser leurs rêves par la lutte ».->https://capiremov.org/entrevista/abeer-abu-khdeir-as-forcas-israelenses-estao-atacando-a-palestina-sem-parar/]

Autour du monde, nous avons radicalisé notre espoir dans la lutte pour le droit du peuple palestinien à son territoire et à l'autodétermination. Nous continuerons à marcher jusqu'à ce que la Palestine soit libre !

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La Worker Writers School

2 avril 2024, par Worker Writers School — , ,
La Worker Writers School (1) soutient les écrivains issus de l'une des populations les plus omniprésentes et pourtant les moins entendues de la ville de New York : les (…)

La Worker Writers School (1) soutient les écrivains issus de l'une des populations les plus omniprésentes et pourtant les moins entendues de la ville de New York : les travailleurs à bas salaires. Mark Nowak, poète et ancien syndicaliste, a fondé l'institut dans une usine Ford en 2011. La plupart des participants sont affiliés à des organisations syndicales progressistes comme Domestic Workers United (2), Haitian Women for Haitian Refugees (3), la Taxi Workers Alliance (4), le Worker Justice Center (5), le Laundry Workers Center (6), le Retail Action Project (7), la Damayan Migrant Workers Association (8) et le Restaurant Opportunities Center (9).

Lors d'ateliers d'écriture mensuels, des chauffeurs de taxi, des aides ménagères, des vendeurs ambulants, des ouvriers du bâtiment, des employé.e.s de restaurants, des aides-soignantes à domicile, des femmes de ménage, des manucures de salons de beauté et des caissières de magasins de détail, entre autres, se réunissent pour réimaginer leur vie professionnelle à travers la poésie. Le programme finance également une retraite d'écriture annuelle pour les étudiants du nord de l'État de New York et une assemblée pédagogique d'automne pour les écrivains, les universitaires, les travailleurs et le grand public de la ville de New York. Plus largement, le programme nourrit de nouvelles voix littéraires directement issues de la classe ouvrière mondiale et inspire de nouvelles tactiques pour le changement social de la classe ouvrière.

Source première : https://theintercept.com/2024/03/30/pen-america-festival-boycott-israel-palestine/

(1) https://pen.org/worker-writers-school/

https://twitter.com/workerwriters

(2) https://www.domesticworkersunitednyc.org

(3) https://haitianrefugees.org

(4) https://www.nytwa.org/

(5) https://www.wjcny.org/

(6) https://www.lwcu.org/

(7) https://www.retailactionproject.org/

(8) https://www.damayanmigrants.org/

(9) https://rocunited.org/

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Reconnaissance et condamnation du massacre des Algériens le 17 octobre 1961

2 avril 2024, par Omar Haddadou — , ,
Une nouvelle génération de Députés brise l'omerta dans l'hémicycle. Le combat contre les nostalgiques de la colonisation ne fait que commencer. La résolution reconnaissant et (…)

Une nouvelle génération de Députés brise l'omerta dans l'hémicycle. Le combat contre les nostalgiques de la colonisation ne fait que commencer. La résolution reconnaissant et condamnant le massacre du 17 octobre 1961 à Paris, a été adoptée. Sabrina Sebaihi et ses collègues s'en félicitent.

De Paris, Omar HADDADOU

Comble de la traitrise, c'est d'écrire l'Histoire à sa guise !

Le chemin biaisé de la mémoire a donné du fil à retordre aux Historiens et aux peuples de débusquer le réel. La Gauche, notamment les groupes Ecologiste et Renaissance, menés par les Députées baroudeuses, Sabrina Sebaihi et Julie Delpech, a dû ferrailler ferme pour que la République regarde son passé en face.

La chape de plomb sur le massacre des manifestants Algériens (es), le 17 octobre 1961 à Paris, faisant plus de 200 morts, sous l'autorité du sinistre Préfet Maurice Papon, auteur de l'injonction : « Pour un coup reçu, vous en donnez 10 ! » se dissipe au fil des témoignages poignants.

En donnez 10 ! sous-entend « Tuez 10 ! ».

Aujourd'hui, l'outil de communication et sa force de frappe, contribuent activement et massivement à la prise de conscience des jeunes sur le passé colonial. La classe politique et l'Exécutif n'ont plus la main sur l'orientation de l'Histoire des peuples. Mais la responsabilité de l'Etat sous Vichy et l'enseignement de cet infâme épisode dans les manuels scolaires, restent comme des trous béants dans l'espace régalien.
Ramener la réalité à sa vraie dimension, tel est à présent le crédo de la Gauche française.

Un élan qui ulcère viscéralement l'opposition. En témoigne la résolution « condamnant la répression meurtrière et sanglante » des manifestants Algériens (es) le 17 octobre 1961, adoptée ce jeudi à l'Assemblée nationale à 67 contre 11 voix.
A la tribune, Sabrina Sebaihi, ne mâchait pas ses mots : « Il ne faut rien céder à ceux qui veulent écrire l'Histoire pour se racheter une conscience. On a voulu jeter un voile pudique sur cette part de notre Histoire » s'indigne -t-elle, avant de s'offusquer des officiers sanguinaires français, honorés sur la place de Paris.

Et la Députée Julie Delpech de la relayer : « Un voile d'omission a tenté de couvrir l'ampleur de cette tragédie. Le souvenir de cette journée reste gravé dans notre mémoire ».

Les Elus (es) dressent des rapports et des bilans glaçants.

Des constats battus en brèche, avec insolence et un condensé de racisme, par le Député du RN (Rassemblement national) : « Oui le FLN était un mouvement terroriste (hués), comme le HAMAS l'est aujourd'hui. En proposant cette résolution, vous (La Gauche) placez vos pas sur ceux d'Emmanuel Macron ! ».

En position de force, l'Homme devient l'oublieux de ses martyres d'hier. Les Algériens (es)des deux rives graveront dans le marbre le postulat suivant :
Les oppressés du III Reich sont devenus leurs oppresseurs ! Ironie de l'Histoire, une Légion d'Honneur leur est décernée.
Le carnage prémédité du 17 octobre a été sciemment couvert par les autorités de l'époque. Ni le Général de Gaule, ni le Premier ministre Michel Debré, ne reconnaitront la responsabilité de l'Etat. Ils se garderont même de pointer du doigt Maurice Papon, sommé à accomplir la sale besogne, celle d'étouffer impitoyablement la mobilisation pacifique des Indépendantistes algériens dans un bain de sang. Oui ? On a laissé faire le Préfet de police qui impudemment tonnait : « Mais la France tant que j'aurais un souffle, je n'y laisserai pas faire ! ».

Les « Français Musulmans d'Algérie », comme les nommait l'occupant, aspirant à l'autodétermination avaient répondu à l'appel du Front de Libération National (FLN).

Plus de 40. 000 Algériens et leurs familles, partis de la banlieue Est, se rassemblent à Paris pour protester contre le couvre-feu.
Le dispositif des CRS et des gendarmes (10.000), appelé ironiquement « Comité d'accueil », les prend en tenaille. On dénombre 12.000 arrestations. La répression est innommable ! Sur le pont de Neuilly, les Algériens (es) sont jetés dans la Seine et meurent par noyade. D'autres, dont des enfants et des femmes, seront criblés à bout portant de balles. Un grand nombre échappant à la mitraille, fera les frais de la ratonnade. S'en suivront des rafles et des internements dignes de la seconde Guerre mondiale.

Ceux qui ont l'Algérie en travers de la gorge, osent l'ineptie : « Nous n'avons pas à rougir de la Police nationale ! » meuglait le nostalgique de « l'Algérie française », Jean-Louis Arajol, Secrétaire Général du Syndicat de Police. Réclamant une revanche sur le FLN avec une police chauffée à blanc, Maurice Papon aura accompli la tâche exécrable de faucheur de vies, validant le Crime d'Etat.

Les auteurs de ce massacre ne seront jamais poursuivis en Justice !

O.H

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Gaza : derrière les massacres, les profiteurs de guerre

2 avril 2024, par Nick French — , ,
Certains y verraient une première inflexion. Tandis que le Canada décrète la fin des exportations d'armes vers Israël, les États-Unis portent au Conseil de sécurité de l'ONU un (…)

Certains y verraient une première inflexion. Tandis que le Canada décrète la fin des exportations d'armes vers Israël, les États-Unis portent au Conseil de sécurité de l'ONU un projet de résolution pour un « cessez-le-feu immédiat ». Après plus de cinq mois d'un conflit où les tueries de civils se sont produites à un rythme inédit au XXIè siècle, le temps de l'impunité est-il terminé pour Israël ?

21 mars 2024 | tiré de la lettre Le Vent se lève

Si l'opinion publique des pays nord-américains et européens semble chaque jour davantage en faveur d'une condamnation des bombardements israéliens, des intérêts économiques veillent à la préservation d'une bonne entente avec le gouvernement de Benjamin Netanyahu. Au-delà des producteurs d'armes, qui profitent directement de la situation, une nébuleuse d'acteurs a intérêt au maintien du statu quo [1].

Les bombardements israéliens sur Gaza ont coûté la vie à plus de 30 000 Palestiniens – selon les chiffres officiels acceptés par les institutions internationales -, dont la grande majorité sont des civils. Parmi eux, au moins 19 000 femmes et enfants. Tandis que les représentants israéliens multipliaient les appels à l'épuration ethnique, l'Afrique du Sud portait une accusation de « génocide » contre Israël devant la Cour internationale de justice (CIJ). Le 26 janvier, celle-ci statuait : il existe un « risque génocidaire », Israël pourrait enfreindre la Convention des Nations Unies sur le génocide. Les États qui le soutiennent militairement pourraient en être complices.

Les semaines suivantes, le gouvernement américain (ainsi que la grande majorité des européens) est demeuré un appui constant de Benjamin Netanyahu, malgré des déclarations inquiètes quant au sort des civils de Gaza. Son projet de résolution à l'ONU appelant à un « cessez-le-feu immédiat » marque peut-être un premier changement d'orientation – après cinq mois d'un soutien de facto inconditionnel.

« Je pense réellement que nous constaterons un bénéfice causé par la hausse des commandes sur l'ensemble de notre portefeuille. »
Greg Hayes, PDG de l'entreprise d'armement RTX, le 24 octobre, à propos des bombardements à Gaza

Entre-temps, l'administration Biden aura requis 14,3 milliards de dollars d'équipement militaire pour Israël – en plus des 3,8 milliards de dollars d'aide que les États-Unis concèdent déjà annuellement. Ce montant a été bloqué par le Congrès, mais Joe Biden l'a contourné à deux reprises en décembre 2023, pour imposer des ventes d'armes à Israël d'une valeur de plus de 200 millions de dollars.

De longue date, les opérations israéliennes sur Gaza sont une aubaine pour de nombreuses entreprises de défense basées aux États-Unis. Et elles ne s'en cachent pas. Selon Molly Gott et Derek Seidman, rédacteurs pour le média d'investigation Eyes on the Ties, cinq des six plus importants producteurs d'armes au monde sont basés aux États-Unis. Il s'agit de Lockheed Martin, Northrop Grumman, Boeing, General Dynamics et RTX (anciennement Raytheon). Sans surprise, elles ont vu leur cour en Bourse atteindre des sommets lorsque les bombardements israéliens sur Gaza ont commencé. Le lendemain des attentats du 7 octobre, il avait augmenté de 7 %.

Et les dirigeants de ces entreprises s'en sont publiquement réjouis. Évoquant le conflit lors d'une réunion datant du 24 octobre, le PDG de RTX, Greg Hayes, déclarait : « Je pense réellement que nous constaterons un bénéfice causé par la hausse des commandes sur l'ensemble de notre portefeuille. ». Le lendemain, le Directeur financier et Vice-président exécutif de General Dynamics, Jason Aiken, répondait à une question concernant les opportunités pour son entreprise : « La situation en Israël est terrible […] Mais si l'on considère le potentiel en termes de hausse de la demande, c'est probablement du côté de l'artillerie que cela aura lieu ».

Il ne fait aucun doute que ces armes sont directement utilisées pour commettre les crimes dont sont victimes les Palestiniens dans la bande de Gaza, ainsi que l'a rapporté Stephen Semler dans Jacobin. Elles incluent des missiles Hellfire, des obus d'artillerie et des fusils d'assaut, mais aussi du phosphore blanc, que Semler décrit comme « une arme incendiaire, capable de brûler à travers la chair, les os et même le métal ». Ce matériau est interdit d'utilisation à proximité des civils par le Protocole III des Conventions de Genève – et l'armée israélienne l'a utilisé à plusieurs reprises.

Mais au-delà des fournisseurs militaires, de nombreuses sociétés américaines ont d'importants investissements en Israël, et profitent directement du conflit – et de l'occupation de la Cisjordanie.

AU-DELÀ DE L'ARMEMENT

Parmi les entreprises basées aux États-Unis qui ont été visées par les campagnes de boycott, on trouve notamment l'entreprise d'informatique HP, le pétrolier Chevron et la société immobilière RE/MAX. HP fournit du matériel informatique à l'armée et la police d'Israël, ainsi que des serveurs à l'Autorité israélienne de l'immigration et de la population – une entité qui possède un rôle central dans l'occupation de la Cisjordanie, et le maintien d'un régime inégalitaire que de nombreuses associations et institutions onusiennes décrivent comme une forme d'apartheid.

Le géant de l'énergie Chevron extrait quant à lui du gaz revendiqué par Israël en Méditerranée orientale, et fournit à l'État israélien des milliards de dollars, afin de payer des licences de gaz. De plus, Chevron est impliqué dans le transfert illégal de gaz égyptien vers Israël, via un pipeline traversant la zone économique exclusive palestinienne à Gaza. Et potentiellement partie prenante du pillage, par Israël, des réserves de gaz palestiniennes en mer au large de la bande de Gaza – un crime de guerre en droit international.

En 2017, un rapport du Centre de recherche sur les entreprises multinationales (CREM), basé à Amsterdam, détaillait le rôle de la société Noble Energy dans la violation des droits des Palestiniens, en lien avec l'extraction de gaz en Méditerranée orientale – l'entreprise a été acquise par Chevron en 2020. Outre sa participation au blocus, qui empêche les autorités de Gaza d'avoir accès aux petites réserves de gaz au large de ses côtes, le CREM rapporte que ses activités d'extraction dans les champs gaziers israéliens pourraient également épuiser les réserves palestiniennes de gaz…

Les pétroliers ExxonMobil Corporation et Valero ne sont pas en reste par rapport à Chevron, et fournissent sans relâche du carburant aux bombardiers israéliens

« En ne faisant aucun effort pour s'assurer du consentement des Palestiniens, Noble Energy a manqué de se conformer aux Principes directeurs de l'OCDE pour les entreprises multinationales et aux Principes directeurs des Nations-unies relatifs aux entreprises et aux droits de l'homme ». Le rapport poursuit : « L'entreprise a également pu contribuer à la violation du collectif à l'autodétermination. Si le gaz naturel palestinien était effectivement drainé […], on pourrait soutenir que Noble Energy a participé à un acte de pillage, en violation du droit humanitaire international et du droit pénal. »

RE/MAX commercialise quant à elle des propriétés dans les colonies israéliennes en Cisjordanie. Et a continué à le faire après les attentats du 7 octobre, alors que la violence des colons israéliens ne cessait de s'accroître.

D'autres entreprises américaines ont été désignées les mouvements de boycott : Intel, Google/Alphabet, Amazon, Airbnb, Expedia, McDonald's, Burger King et Papa John's, etc. Si leur affichage garantit des campagnes efficaces, elles ne sont que la partie émergée de l'iceberg. L'American Friends Service Committee (AFSC) maintient une liste plus complète des entreprises impliquées dans l'occupation de la Cisjordanie.

Parmi les cas particulièrement flagrants de complicité dans le processus de colonisation figure Caterpillar Inc., le géant de la construction, dont le bulldozer blindé D9 est fréquemment utilisé par l'armée israélienne pour détruire des maisons, des écoles et d'autres bâtiments palestiniens – ainsi que dans des attaques contre Gaza. En 2003, l'activiste américaine Rachel Corrie a été écrasée par l'un de ces bulldozers, « alors qu'elle tentait de défendre une maison palestinienne d'une démolition alors que la famille était encore à l'intérieur », selon l'AFSC.

Les pétroliers ExxonMobil Corporation et Valero ne sont pas en reste par rapport à Chevron, et fournissent sans relâche du carburant aux bombardiers israéliens. Motorola Solution Inc., l'entreprise de communications et de surveillance, fournit depuis longtemps la technologie de surveillance qu'Israël utilise pour surveiller les Palestiniens de Cisjordanie et sur les checkpoints de Gaza. La société de voyages et de tourisme TripAdvisor, quant à elle, est impliquée dans l'occupation d'une manière plus banale : comme Airbnb, elle fait office d'agent de réservation pour des propriétés dans des colonies et sur le plateau du Golan.

Selon le Bureau des représentants américains au commerce, en 2022, les États-Unis ont exporté pour pas moins de 20 milliards de dollars de biens et services vers Israël – soit 13,3 % des importations totales de ce dernier. Israël a exporté pour 30,6 milliards de dollars vers les États-Unis, un chiffre qui représente 18,6 % de toutes ses exportations. Le commerce et les investissements américains en Israël jouent un rôle significatif dans son économie israélienne, et constituent potentiellement un levier majeur.

Si le projet de résolution onusienne pour un cessez-le-feu porté par Joe Biden semble marquer une première inflexion diplomatique, nul doute que de puissants acteurs n'ont guère intérêt à cette issue pacifique.

Note :

[1] Article originellement publié par notre partenaire Jacobin sous le titre : « The Obscene US Profiteering From Israeli War and Occupation ».

Les femmes du coin de la rue. Corps à corps avec la précarité

2 avril 2024, par Coline Cardi , Patricia Bouhnik — , ,
Préface de Coline Cardi : « Jusqu'à l'os » au livre de Patricia Bouhnik : Les femmes du coin de la rue. Corps à corps avec la précarité Tiré de Entre les ligne s et les (…)

Préface de Coline Cardi : « Jusqu'à l'os »
au livre de Patricia Bouhnik : Les femmes du coin de la rue. Corps à corps avec la précarité

Tiré de Entre les ligne s et les mots
https://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2024/03/29/preface-de-coline-cardi-jusqua-los/
Avec l'aimable autorisation des Editions Syllepse

« Depuis toujours, sortir de sa cage a été accompagné de sanctions brutales […] C'est l'idée que notre indépendance est néfaste qui est incrustée en nous jusqu'à l'os1. »

Ce livre est une invitation au voyage dans les territoires obscurs de Paris, dans les plis et replis de la ville, dans les marges, les franges, les « angles morts » de l'espace public. Il est une invitation à regarder et à entendre celles qu'on ne veut pas voir : les femmes pauvres, jeunes ou vieilles, désaffiliées, qui vivent avec ou dans la rue. Trop souvent rendues muettes, réduites à des ombres, à des figures sombres et déviantes du féminin. Femmes « infâmes », a priori peu respectables, il s'agit de leur redonner forme et voix. Au-delà de la diversité de leurs trajectoires et de leur quotidien, « leur point commun, écrit Patricia Bouhnik, c'est l'absence de place, de qualités reconnues, de droits et de ressources ». Il s'agit alors de restituer une part à ces sans-part2, de rendre compte de la capacité de celles qu'on juge incapables, de compter les incomptées, rejetées aux bords de la ville comme du politique.

Les « vies périphériques, infimes et méprisées3 », quand elles se déclinent au féminin, continuent d'être « reléguées aux oubliettes ». Chercher à en rendre compte suppose alors d'explorer les « silences de l'histoire4 », de documenter les processus historiques et contemporains d'invisibilisation, voire de disparition – ces processus qui conduisent à ne plus voir ces femmes, à ne plus vouloir les voir.

Il faut remonter au 19e siècle, ce moment où les frontières de genre et les frontières de l'espace urbain sont politiquement redessinées et progressiment incorporées. La ville du 18e siècle, rappelle Arlette Farge, est bruyante, bouillonnante et marquée par la forte présence des femmes issues des milieux populaires5. Le 19e siècle opère un « grand nettoyage ». Les politiques hygiénistes contribuent à vider les rues des « indésirables », les plus pauvres, relégué.es aux marges, associé.es au risque. Dans cette ville moderne décrite par Georg Simmel ou Walter Benjamin, seuls sont autorisés les modèles du flâneur et de la flâneuse : ils « incarnent et portent ostensiblement un modèle de comportement auquel les membres des classes bourgeoises vont adhérer et dans lequel ils vont se reconnaître ». Cette nouvelle police de l'espace public et de la précarité est aussi une police du genre : les femmes qui occupaient les rues et les centres sont désormais assignées à la sphère « privée », à des fonctions de mères et d'épouses. « Ce siècle d'effacement d'une partie des femmes s'est accompagnée de la catégorisation et de la disqualification des contrevenantes : mendiantes, prostituées, vagabondes », rappelle Patricia Bouhnik.

Les pandémies, et celle, plus récente, de la Covid-19, n'ont fait qu'accélérer encore le processus. Les mesures de confinements ont crûment mis en lumière les inégalités sociales et les vulnérabilités. Elles ont aussi conduit celles et ceux qui vivent avec, de, ou dans la rue, à se cacher encore davantage. Et les femmes, là encore, ont payé le plus lourd tribut : dans les logements, elles ont assuré l'ensemble des tâches éducatives et domestiques. La coexistence des sphères d'activité pour les deux sexes aurait pourtant pu donner lieu à des configurations inédites et plus égalitaires. Au-dehors, les « femmes contraintes de vivre à la rue, d'y traîner, d'y stationner, faute d'espace et de ressources, sont toujours là, avec la nécessité de se faire plus discrètes que jamais ». Les glaneuses ne peuvent plus glaner, celles qui vivent de la prostitution ou de la mendicité sont obligées de se cacher davantage. Les modifications architecturales récentes liées à l'organisation des Jeux olympiques, couplées aux lois répressives sur l'immigration et les usages de drogues, repoussent les précaires, exilées, racisées, encore plus loin dans les coulisses de l'espace public urbain. Dans ce contexte, rester invisibles est un principe de survie : il ne faut pas donner prise. S'abriter du stigmate pour ne pas « faire tache dans le paysage ». Éviter les contrôles policiers. Se protéger des violences masculines, omniprésentes.

On compte trop peu les mortes à la rue et les sciences sociales ont joué un rôle dans ce processus de disparition. Ce livre oblige à en prendre la mesure. En dehors de la question prostitutionnelle, les recherches sur la dimension genrée des formes contemporaines de la désaffiliation et des modes de présence et d'existence dans les marges de l'espace public et urbain, sont récentes. Dans les travaux de sociologie urbaine ou de sociologie de la déviance, « le coin de la rue » a, pour l'essentiel, jusque-là désigné, un lieu de sociabilité masculine et de construction de masculinités populaires. On pense, bien sûr, à l'ouvrage de William Foote Whyte, Street Corner Society (1 943), auquel le titre de ce livre fait explicitement référence6. On n'y croise que des hommes, « des femmes ont pourtant toujours été là, au coin de la rue, à la fois diverses, cachées et proches ». Il s'agit dès lors de rompre avec cette forme d'aveuglement pour repenser ces espaces, en s'attardant sur les trajets, les trajectoires et le quotidien de femmes qui, elles aussi, les traversent, les habitent parfois. Cet ouvrage propose une cartographie nouvelle de la ville et de ses marges. « Je suis partie de ces disparitions-là pour tisser le fil des histoires, recouper les contextes et déterminants et tenter de restituer la force des expériences et capabilités engagées », écrit Patricia Bouhnik.

Rendre compte de ces « composantes silencieuses et masquée de la vie sociale », demande du temps : dix années de rencontres et d'échanges, d'« équipées ethnographiques » avec une trentaine de femmes qui vivent dans la rue, dans les quartiers du nord-est de Paris et de l'autre côté du périphérique. Prendre le temps, c'est aussi accepter d'être mise à distance, c'est attendre d'être autorisée, de respecter les distances imposées, c'est parler de soi, de ses trois enfants notamment, de sentir et de ressentir, les odeurs, le froid, de se retrouver parfois dans des formes d'incertitude morale. C'est les suivre dans les kilomètres parcourus au quotidien sans jamais s'imposer. Ou encore rester assise avec elles, sur un banc, à même le sol, dans une tente ou dans une ancienne boutique de vêtements où se retrouvent des femmes vieilles et pauvres – mosaïque de petits mondes.

Rendre compte de ces existences fragiles c'est aussi nommer ces femmes. Les catégories de l'action publique ou de l'analyse sociologique n'y suffisent pas. Les nommer, c'est les reconnaître, les identifier, leur redonner un prénom propre : Josiane, Monique, Solange, Cathy, Brigitte, Riyina, Awa, Farhia, Houda, Anita, Marie, Louise, Violette, Jenny, Coralie, Corinne, Océane, Pauline, Anita, Halima, Yuan, Iny. Leur redonner corps aussi. « Vous avez un mètre dans la tête », dit Solange à Patricia. En leur donnant forme et figure, l'écriture nous oblige à voir les corps et les manières d'occuper l'espace, au-delà des « marques d'infamies à même la peau ». Elles sont blondes, brunes, les cheveux déjà gris, noires, blanches, ridées, décharnées, rondes, en pantalon le plus souvent, les yeux rendus hagards par la prise de crack, ou au contraire toujours à l'affût. Certaines s'efforcent de prendre soin de ce corps, d'autres, au contraire, s'attachent à gommer tout signe de féminité, préfèrent ne pas se laver : l'odeur permet de tenir les autres à distance. Lutter s'apprend par corps.

En traçant ces portraits, ces « vies précaires au bord du monde commun », Patricia Bouhnik repense les processus de désaffiliation et de discrimination en articulant rapports de genre, de classe, de race, d'âge et de sexualité. Ces trajectoires de précarisation sont marquées par des mises à l'écart successives : ruptures familiales ou conjugales, perte d'emploi, placement des enfants, exil, expulsions. Les violences de genre y jouent un rôle central, dans les espaces domestiques comme à la rue. Elles n'ont pas osé porter plainte ou la police n'a pas voulu les entendre. Certaines ont frôlé la mort, elles ont réussi à partir, s'appauvrissant encore. D'autres vivent ces violences au quotidien, taillent une pipe contre une dose de crack. Le déclassement se mesure aussi à des formes successives de dépouillement. Partie avec trois valises dans lesquelles Cathy a rangé son passé, il ne lui en reste plus qu'une aujourd'hui. La vie entière de Coralie tient quant à elle dans un sac à dos. Awa et Fahria n'ont plus de sac du tout.

Leur rapport aux institutions est marqué d'ambivalences. Certaines, migrantes, réfugiées et sans papiers, sans droits et sans ressources, fuient les contrôles policiers. Pour les autres, c'est la crainte des services sociaux qui domine : éviter à tout prix le stigmate de « mauvaise mère » quand elles ont encore leur enfant à charge. Accepter de l'aide, c'est aussi prendre encore le risque d'être violentée, cette fois dans les centres d'hébergement mixtes, tant les structures liées au sans-abrisme n'ont pas été pensées pour les femmes. Aller à la rencontre des « filles du coin de la rue » suppose alors de donner des gages : Patricia Bouhnik leur rappelle régulièrement n'être ni travailleuse sociale, ni policière, ni bénévole dans une association.

Au sens strict du terme, ces femmes ne constituent pas une « population » ni un tout homogène. Toutes ne sont pas logées à la même enseigne, « leurs histoires et leurs modes d'inscription dans la ville sont disparates ». Là est une des grandes forces de cet ouvrage : il souligne les différences pour montrer comment le quotidien de la précarité est lui-même traversé par des inégalités, les rejoue même. Pour négocier leur place, pour ne pas perdre complètement la face, les femmes rencontrées tâchent sans cesse de se distinguer, de mettre à distance les stigmates. Elles mobilisent des figures féminines repoussoirs auxquelles il ne faudrait surtout pas être assimilées. Monique évite celles qu'elle considère comme « sans dignité ». Louise ne veut pas « passer pour une marginale ». Entretenir ces distinctions est vital. Cela fait partie des « microstratégies » qui « misent sur une habile utilisation du temps, des occasions qu'il présente et aussi des jeux qu'il introduit dans les fondations d'un pouvoir7 ». Pour les saisir, le regard sociologique se concentre sur l'infiniment petit, le difficilement dicible – condition nécessaire pour comprendre les capacités des « incapables ».

Patricia Bouhnik met ainsi en évidence l'important travail déployé par ces femmes pour survivre. Non marchand, non reconnu, invisible, il s'agit bien d'un travail. Que Ryana nomme d'ailleurs comme tel. Il concerne le corps au premier chef. Corps-ressource, il est aussi toujours menacé. Pour ne pas subir de violences supplémentaires, il s'agit de déployer des techniques, d'intérioriser de nouveaux codes corporels, d'être au monde. On les perçoit dans les manières de se vêtir, de parler, de se mouvoir, d'affirmer un possible usage de la violence pour se défendre. Le corps peut aussi constituer une monnaie d'échange. Il faut alors payer de sa personne, « la norme de domination et de servitude volontaire est pratiquée ici à l'amiable ». Pour d'autres, en prendre soin est un moyen de se maintenir dans un état de « femmes respectables8 ». Dans ce contexte, les atteintes corporelles et la maladie sont lourdes de conséquences : elles constituent un risque supplémentaire de déclassement pour ces femmes qui, par ailleurs, ont très peu accès aux soins.

Ce travail désigne aussi les systèmes de débrouille et de survie mis en place pour trouver des ressources mentales et matérielles pour soi et pour les autres. Travail au noir, services sexuels, ramassage d'objets dans les rues pour les revendre ensuite, vols, constituent le travail d'« interstices » . Il désigne également les manières d'habiter : les places choisies sur le trottoir, les tentes ou les caravanes sont savamment aménagées. Ces intérieurs parfaitement rangés permettent, malgré tout, de construire une forme de « chez-soi ». Comme ailleurs, le travail est aussi domestique et de care : « Les mères et les sœurs, dans ces configurations de précarité et de malheur quotidiennes, se trouvent en première ligne pour supporter les charges et se sacrifier pour la famille. » Même placés, les enfants restent omniprésents dans l'esprit de leur mère.

Les capacités des « incapables » se logent, enfin, au cœur des solidarités et des jeux d'interdépendance mis en place – formes fragiles et nécessaires de sororité quand il s'agit, ensemble, de « faire corps ». Au final, ce livre est politique : il rappelle avec force que les « filles du coin de la rue » font partie du monde commun.

Coline Cardi9

Patricia Bouhnik : Les femmes du coin de la rue. Corps à corps avec la précarité

https://www.syllepse.net/les-femmes-du-coin-de-la-rue-_r_22_i_1067.html

1. Virginie Despentes, King Kong Théorie, Paris, Grasset, 2006.
2. Jacques Rancière, Aux bords du politique, Paris, Le Seuil, 1990.
3. Michel Foucault, « La vie des hommes infâmes », dans Dits et écrits III, Paris, Gallimard, 1994.
4. Michelle Perrot, Les femmes ou les silences de l'histoire, Paris, Flammarion, 1998.
5. Arlette Farge, Vivre dans la rue à Paris au 18e siècle, Paris, Gallimard/Julliard, 1979.
6. William Foote Whyte, Street Corner Society : The Social Structure of an Italian Slum, Chicago, University of Chicago Press, 1943 (traduction française : Street Corner Society, Paris, La Découverte, 1995).
7. Michel de Certeau, L'invention du quotidien, t. 1 : Arts de faire, Paris, Gallimard, [1980] 1990, p. 63.
8. Beverley Skeggs, Des femmes respectables : classe et genre en milieu populaire, Marseille, Agone, 2015.
9. Sociologue, maîtresse de conférences à l'Université Paris 8 et chercheuse au Cresppa/CSU. Ses travaux portent sur la dimension genrée du contrôle social et de la régulation, notamment au travers des figures de la « délinquante » et de la « mauvaise mère ». Elle a codirigé, avec Geneviève Pruvost, l'ouvrage Penser la violence des femmes (Paris, La Découverte, 2012).

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