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Pour une réelle inclusion sociale, améliorons dès maintenant les services de transport adapté !

Saint-Jérôme, le 3 décembre 2024 – Le Regroupement pour la concertation des personnes handicapées des Laurentides (RCPHL) tient à souligner la Journée internationale des personnes handicapées, qui a lieu le 3 décembre 2024 !
Regroupant plus de 40 organismes œuvrant auprès des personnes handicapées de la région des Laurentides et leurs proches, le RCPHL a comme mission la défense collective des droits des personnes vivant avec un handicap, depuis plus de 40 ans.
Cette année, le thème de cette journée « Un monde plus inclusif, j'embarque ! » nous rappelle l'importance de favoriser la participation sociale des personnes en situation de handicap.
Un des piliers favorisant cette inclusion sociale est le transport adapté, un service essentiel pour permettre l'accès aux services en santé, à l'emploi, et aux activités sociales des personnes handicapées. Rappelons que tous les individus ont le droit de se déplacer de façon sécuritaire pour participer activement à la société, se rendre à un rendez-vous médical, ou pour toutes autres activités. Pour les personnes handicapées, le transport adapté leur permet de « Vivre à part entière », un droit reconnu dans la Politique gouvernementale québécoise pour une véritable participation dans une société plus inclusive, solidaire et équitable.
Pourtant, les conditions liées aux services de transport adapté ne se sont pas améliorées au cours des dernières années. Des retards importants, un manque de prévisibilité et des problématiques récurrentes en lien avec la sécurité des usagers limitent leur autonomie, fragilisant leur participation à la vie sociale et professionnelle. Cette crise du transport adapté augmente l'anxiété et la détresse psychologique des personnes en situation de handicap et leur famille.
En cette journée importante, exigeons ensemble des engagements du gouvernement du Québec, des municipalités et des entreprises de transport afin de mettre fin aux inégalités et de garantir une réelle autonomie à toutes les personnes handicapées. L'amélioration des services de transport adapté et l'accessibilité des réseaux de transport réguliers sont les piliers fondamentaux de l'inclusion sociale.
Pour plus de renseignements relatifs à nos organismes membres et aux ressources disponibles pour les personnes handicapées et leurs proches, visitez le site handicaplaurentides.ca.
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Lettre ouverte | Que vaut la vie des femmes ?

La violence conjugale continue de faire des ravages au Québec. Alors que l'année 2024 n'a pas encore touché à sa fin, ce sont déjà 20 femmes qui ont perdu la vie aux mains de leurs conjoints ou ex-conjoints, comparativement à 15 en 2023.
Ce bilan alarmant est une sirène qui sonne pour la mise en place d'actions concrètes et efficaces, notamment pour protéger les victimes de la précarité salariale.
Leur octroyer jusqu'à 10 jours d'absence rémunérés constituerait un geste fort en ce sens, mais le gouvernement du Québec trouve encore des excuses pour maintenir le statu quo.
Insuffisant
Malgré les revendications de plusieurs acteurs sociaux et syndicaux appuyés par des partis d'opposition, la Loi sur les normes du travail au Québec n'accorde que deux jours de congé payé aux travailleurs pour différents motifs (maladie et responsabilité familiale), ce qui n'en laisse pas réellement pour une victime de violence conjugale. C'est à l'évidence insuffisant pour offrir aux victimes (et à leurs enfants !) le temps requis pour aller chercher l'aide nécessaire.
Le gouvernement fédéral, quant à lui, offre dix jours de congé rémunéré aux personnes salariées de la fonction publique victimes de violence familiale depuis 2019, tandis que plusieurs provinces canadiennes prévoient de trois à cinq jours de congé. Pourquoi le Québec, pourtant reconnu pour son avant-gardisme en matière de politiques sociales, tarde-t-il à emboîter le pas ?
En dépit des pétitions, manifestations et autres rencontres politiques avec le ministre du Travail, nous essuyons toujours un refus sous prétexte que le cadre législatif québécois protégerait déjà suffisamment les victimes, notamment grâce au régime d'indemnisation prévu à la Loi visant à aider les personnes victimes d'infractions criminelles et à favoriser leur rétablissement (LAPVIC).
Pourtant, cette dernière vise à indemniser la victime d'un acte criminel qui serait dans l'incapacité de travailler. Elle ne lui permet donc pas de demeurer à l'emploi tout en prenant des dispositions immédiates et concrètes pour fuir une situation de violence.
Coûts
Autre excuse ? Cette mesure serait trop coûteuse pour les employeurs du Québec. Cet argument, qui a notamment été utilisé plus tôt cette année pour rejeter un amendement visant à inclure ces congés rémunérés dans la Loi sur les normes du travail, a de quoi faire sourciller. Si, comme le prétendent les élus caquistes, l'écosystème législatif québécois protège si bien les victimes, il ne devrait pas y avoir lieu de s'inquiéter des coûts supplémentaires !
La réalité, comme l'indique le nombre de féminicides, de maisons d'hébergement au maximum de leur capacité et d'appels à l'aide, est hélas qu'il y a loin de la coupe aux lèvres pour contrer la violence conjugale au Québec. Notre gouvernement aurait-il alors l'odieux de faire passer des intérêts économiques avant la vie des femmes ?
De nombreuses avancées, comme la création des tribunaux spécialisés, ont indubitablement été faites ces dernières années au Québec pour contrer les violences genrées. Il serait cependant irresponsable de la part du gouvernement de se reposer sur ses lauriers. Nous l'exhortons donc à agir avec détermination pour créer les conditions propices pour permettre aux victimes de reconstruire leur vie en toute sécurité et entamer un processus de guérison. Pour ce faire, leur offrir, au même titre que d'autres juridictions au Canada, la stabilité financière nécessaire serait non seulement une avancée significative pour toutes les femmes du Québec, mais aussi une réponse juste et nécessaire à un fléau qui nous concerne toutes et tous.
Pour l'Intersyndicale des femmes
– Françoise Ramel, vice-présidente, secteur sociopolitique, solidarité et co-responsable condition féminine, Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec (FIQ)
– Sandra Etienne, vice-présidente, Alliance du personnel professionnel et technique de la santé et des services sociaux (APTS)
– Nadine Bédard-St-Pierre, première vice-présidente, Centrale des syndicats du Québec (CSQ)
– Sophie Ferguson, deuxième vice-présidente, Syndicat des professionnelles et professionnels du gouvernement du Québec (SPGQ)
– Johanie Dupras Renaud, responsable provinciale à la condition féminine, Centrale des syndicats démocratiques (CSD)
– Annie-Christine Tardif, vice-présidente à la vie professionnelle, Fédération autonome de l'enseignement (FAE)
– Yannick Giroux, troisième vice-présidente, Syndicat de la fonction publique du Québec (SFPQ)
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Le « wokisme » et le PQ : à droite sans complexe !

La prochaine élection se tiendra dans moins de deux ans mais le PQ prend toutes les mesures pour adapter son discours afin de consolider sa première place dans les sondages et de rafler la mise en octobre 2026. La tendance clairement à droite des récents résultats électoraux dans plusieurs pays occidentaux montrent une tendance de fond. Les formations politiques misant sur les discours racistes et/ou islamophobes progressent. La direction péquiste s'y adapte en doublant la CAQ sur sa droite quitte à « tirer dans le fond de la chaloupe » de la construction du bloc indépendantiste.
Cibles d'attaques répétées, des mouvements marqués à gauche se voient affublés par la droite et l'extrême-droite de l'épithète de « wokes ». Pourtant, aucun des mouvements contestataires ne se définit lui-même comme « woke ». À l'origine utilisé par des afro-américains pour faire campagne contre le racisme ambiant aux Etats-Unis, il encourageait à s'affirmer politiquement (1). Ce fut cependant aux lendemains du meurtre du jeune afro-américain Michael Brown aux mains d'un policier blanc et la formation de Black lives matter que la formule a pris l'ampleur qu'on lui connaît aujourd'hui. La réaction à droite fut rapide. Le « wokisme » devient la posture à condamner, à criminaliser s'il le faut. Toute affirmation, article, recherche ou prise de parole dénonçant le racisme, le sexisme, les attaques contre les communautés LGBTQ sont dorénavant mis au ban sans appel.
Paul St-Pierre-Plamondon prend la balle au vol et affuble Québec solidaire du titre de « woke ». La sortie d‘Haroun Bouazzi à propos de la construction du racisme en serait la plus récente démonstration. Après François Legault, lui aussi grand inquisiteur du wokisme de la gauche, PSPP tire à boulets bleus sur tout ce qui remet en cause la cohésion de la « nation » québécoise. Et tout comme Legault, il résume tous les problèmes sociaux vécus au Québec par une immigration débridée, qui dépasserait la capacité d'accueil du Québec. Ainsi, le discours trumpiste et plus généralement des gouvernements néolibéraux qui veulent construire des murs contre l'immigration trouve ainsi des échos au PQ.
Le débat a pris une deuxième vitesse alors que la chroniqueuse Rima Elkouri de la Presse+ y allait d'une charge contre les propos de PSPP l'accusant de « jeter encore plus d'huile sur le woke » et qualifiant « d'insidieuse stratégie » la construction d'épouvantail pour désigner « l'autre ». Rappelant comment le terme fut utilisé par différentes mouvances de droite et d'extrême-droite pour disqualifier plusieurs revendications et mobilisations initiées par la gauche, Elkouri mentionne une étude portant sur le rôle des chroniqueurs de Québecor dans cette construction. Or, Québecor est étroitement lié au PQ, son PDG ayant été aussi chef de la formation politique.
La réplique ne tarda pas. Ce lundi, la présidente du PQ Catherine Gentilcore, future candidate du PQ dans Repentigny, accuse Rima Elkouri de wokisme. Par un ensemble d'associations douteuses (elle fait appel à Obama, à Kamela Harris et même à Bernie Sanders), elle prétend que le PQ n'est pas de cette mouvance qui fait de l'immigration un épouvantail. Que le PQ est de tous les enjeux sociétaux. Elle dénonce l'utilisation « de certains concepts de la gauche radicale qui se sont imposés à coup de procès d'intention et d'intimidation idéologique de toute personne osant les critiquer. » Nous pourrions rappeler à madame Gentilcore qu'on vient d'expulser un membre de son exécutif, monsieur Vincent Boulay, parce qu'il a osé critiquer la politique identitaire de son parti.
Le PQ des années 1970 était un parti qui tentait de construire des alliances avec les différentes communautés culturelles. Le travail du député Gérald Godin fut à ce titre exemplaire. Si le PQ fut dans le passé un parti aux approches positives en matière d'accueil des immigrant.e.s, on pourrait accorder un peu de crédibilité à leurs déclarations. Mais il est utile de rappeler que l'embellie fut de courte durée et que le PQ abandonna cette orientation au tournant de années 2000 et il a été maître d'oeuvre de la mise au rancart des COFI (Centre d'orientation et de formation des immigrants) et de leur fermeture alors que tous convenaient que ces organismes étaient un exemple à suivre et à multiplier pour l'accueil et l'intégration des immigrant.e.s.
Plus récemment, la publication de « Pour un Québec libre de ses choix », sa politique portant sur l'immigration, révèle le côté sombre de cette formation. Réduction radicale des seuil d'immigration, vision utilitariste des migrant »e.s, exigences excessives concernant la connaissance du français, tous les problèmes sont réduits à un seul enjeu : l'immigration. Le gouvernement fédéral est montré du doigt comme coupable de la situation actuelle, plaçant le Québec dans une position vulnérable dans la défense du français. Et puis tout y passe : les services publics sont victimes des surplus en immigration, la crise du logement y est attribuable, le marché du travail est dépendant d'une main d'oeuvre importée et tutti quanti. Bref, l'immigration massive serait facteur de « déstabilisation du climat social ».
Pour motiver cette politique restrictive, on évoque les limites de la « capacité d'accueil du Québec ». Or, sans définir cette « capacité », en quoi est-elle insuffisante et que s'engage-t-on à faire pour améliorer la situation ? On ne va nulle part. La présentation de PSPP complète le tableau en qualifiant d'avance les contre-propositions de « militantisme » et de « clivages idéologiques ». Bref, une brochette d'explications faciles et de clichés qui prétendent répondre aux enjeux en s'inspirant des situations vécues par plusieurs pays européens (p. 39 et suivantes du document Pour un Québec libre de ses choix).
Le discours de Jacques Parizeau en 1995 sur les « votes ethniques » a causé une rupture et fourni des munitions aux adversaires de l'option indépendantiste. Puis ce fut le virage déficit zéro de Lucien Bouchard qui a concrétisé la rupture avec la gauche péquiste et recentré l'orientation péquiste vers un nationalisme davantage identitaire. Les pressions à droite sont devenues plus importantes avec la formation de l'ADQ, puis de la CAQ. L'accession au pouvoir de cette dernière a presque entraîné la disparition du PQ, réduit à une députation de 4 élus en 2022. La formation politique a choisi de se reconstruire autour d'un discours identitaire qui tient davantage de la mentalité d'assiégés que d'une politique émancipatrice pour tous et toutes.
Les engagements de Donald Trump sur les expulsions massives de migrant.e.s soulève aussi des questions sur les conséquences pour le Québec et le Canada. La CAQ exige le renforcement des frontières. Le PQ lui emboite le pas en déplorant la porosité de la frontière Québec-Etats-Unis et craint l'arrivée de « millions aux frontières ».
Tout cela nous confirme que le PQ est un parti caméléon qui prend la couleur qui lui permettra, croit-il, de revenir au pouvoir. Dans ce contexte, les récents discours sur la tenue d'un référendum lors du prochain mandat péquiste ne sont que des leurres. Sans l'apport et la mobilisation de communautés culturelles, l'option indépendantiste n'a aucune chance de devenir majoritaire. Il sera facile aux fédéralistes de peindre les indépendantistes de la couleur du racisme et de l'intolérance. Au contraire, la construction d'un bloc indépendantiste passe par une politique d'accueil et d'intégration émancipatrice et qui implique ces communautés dans la définition et la construction d'un Québec indépendant.
Notes
1- Voir le document de Vox
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Et si la direction de QS avait réagi autrement !

Beaucoup l'ont écrit et ré-écrit avec raison : ce qu'a affirmé le député de Maurice Richard et membre de Québec solidaire, Haroun Bouazzi, n'a en soi rien de scandaleux ou d'iconoclaste. Et comparativement à ce qu'ont pu déclarer certains ministres de la CAQ vis-à-vis de l'immigration (1), il ne mérite aucunement ce clouage au pilori, cet hallali parlementaire dont, au travers d'un feu d'artifice de motions vindicatives, il a été victime, mettant les forces de gauche et en particulier Québec solidaire, une fois de plus en bien mauvaise position.
Il est vrai que deux semaines auparavant, le 2 novembre 2024, au gala d'excellence de la Fondation Club avenir, Haroun Bouazzi avait cherché à sa manière à mettre en lumière quelques-uns des mécanismes propres au racisme, expliquant qu'« il n'y a pas de races humaines" et que la race est construite par la société qui "crée une catégorie à laquelle on assigne une culture qui par définition, est dangereuse, qui est inférieure".
Il est vrai aussi qu'il avait ajouté : "nous voyons malheureusement —et Dieu sait que je vois ça à l'Assemblée nationale tous les jours— la construction de cet Autre, et cet Autre qui est maghrébin, qui est musulman, qui est noir, qui est Autochtone, et de sa culture qui, par définition, serait dangereuse ou inférieure". Le tout, pour montrer comment les actions posées par les membres du club avenir dont il célébrait le travail, permettaient "de casser la construction de ces mécanismes du racisme".
Tout le monde en conviendra cependant facilement. Au-delà même de la manière dont elles ont été formulées, les dénonciations d'Haroun Bouazzi renvoyaient à l'évidence à un éléphant dans la pièce : ce climat anti-immigrant qui n'échappe à personne au Québec et que le gouvernement de la CAQ ainsi que certaines élites médiatiques et politiques de la belle province (dont Paul Saint Pierre Plamondon du Parti québécois !), n'ont cessé d'alimenter au cours des dernières années.
Ils ont repris là une technique qui fait fortune un peu partout au monde : celle de brandir à la vindicte publique « un bouc-émissaire » —celui des immigrants— espérant rallier derrière eux tous ceux et celles qui, désorientés et déstabilisés par les multiples crises dont notre époque est friande, croient trouver là la raison et le remède aux peurs et exaspération souterraines qui les hantent.
Certes, les dénonciations d'Haroun Bouazzi devraient être replacées dans leur contexte, puisqu'il parlait aux siens et devant un public de convaincus. Elles restaient malgré tout —comme le rappelle Simon Jodoin (2)— bien générales et tendaient à viser "personne et tout le monde à la fois", laissant ainsi bien des marges de manoeuvre à ses adversaires politiques pour tenter de le discréditer.
Et justement, c'est ce sur quoi je voudrais m'arrêter ici : les manières de réagir et les positions prises par les deux porte-parole de QS, Ruba Gaza et Gabriel Nadeau-Dubois pour faire face à la situation et réagir aux déclarations d'Haroun, ont été... totalement contre-productives.
La responsabilité de Québec solidaire
Plutôt que de se servir des dires du député de Maurice Richard comme d'une occasion positive pour faire ressortir haut et fort l'existence de discriminations sociales pesant sur les immigrants ainsi que l'incurie dont fait preuve à ce propos une assemblée nationale gagnée très majoritairement aux idées néolibérales de droite, ils ont tout simplement plié l'échine devant la pression médiatique.
Et plutôt que de prendre la défense de leur camarade de parti et d'en profiter pour dénoncer fortement cette peur de l'autre que manipulent sans vergogne certains politiciens du Québec, ils ont choisi de jouer le jeu du politiquement correct.
Ils se sont clairement désolidarisés de lui, en prenant « de facto » le parti de ses adversaires politiques : l'une jugeant ses propos « franchement maladroits et exagérés » ; l'autre exprimant son désaccord à des propos jugés « clivants ». Résultat : à leur insu ils ont renforcé ce préjugé -en passe de devenir aujourd'hui si commun— voulant que la source du problème réside, non pas dans certaines politiques gouvernementales néolibérales et conservatrices, mais comme par hasard... dans les dires d'un député issu de l'immigration.
Plus encore, ils se sont employés, à réduire la portée de la motion de soutien à Haroun Bouazzi qui avait été amenée sur le plancher du congrès de QS par la gauche du parti et votée avec succès. Ils ont placé ainsi QS dans une position mi figue-mi raisin qui, plutôt que de donner l'impression de défendre haut et fort les principes de la justice et de l'égalité sociale –les bannières mêmes de la gauche—, l'ont conduit à coller au consensus en vigueur des élites politiques. Un consensus voulant que l'assemblée nationale provinciale –création pourtant du colonialisme britannique et dirigée par un parti clairement orienté à droite— ne puisse paraître dans cette affaire qu'au dessus de tout soupçon.
Il est vrai qu'il y a là – avec la question du racisme— un chantier collectif de réflexion à approfondir à propos duquel la direction de QS a accumulé bien de retard et qui dans ce cas là aurait pu l'aider à clarifier les choses et à remettre les adversaires d'Haroun à leur place. Qu'en est-il du racisme ordinaire, du racisme systémique ? Doit-on ou non politiquement le distinguer de la xénophobie ou de la peur de l'autre ? D'autant plus qu'a fini par s'imposer dans certains cercles une conception culturaliste du racisme très en vogue, mais succincte et imprécise, tendant à minimiser les nuances et acquis d'une tradition de gauche bien vivante (Angela Davis, Frantz Fanon, etc.) qui s'est toujours acharnée, parce qu'elle gardait en tête l'objectif de faire avancer stratégiquement la cause générale de l'égalité sociale, à tenir soigneusement compte du contexte économique, social et politique comme des acteurs précis que l'on choisissait de dénoncer.
Et si, comme chacun le sait, dénoncer quelqu'un comme étant raciste, équivaut à une condamnation toujours forte et explosive dont il faut savoir politiquement mesurer la portée comme l'efficacité véritable, cela ne devrait nullement empêcher de s'employer à trouver les moyens les plus adéquats pour rallier à la cause de l'anti-racisme de larges secteurs de la population.
Il aurait été ainsi facile, en s'en tenant fermement aux acquis programmatiques de QS et en n'ayant pas peur d'aller à contre-courant, de prendre une tout autre position qui aurait en contre-partie rassuré bien des progressistes du Québec sur les capacités de QS à incarner une véritable alternatives aux multiples crises que nous traversons.
En se jouant de l'imprécision même des propos d'Haroun, les deux porte-paroles de QS auraient pu profiter de l'occasion pour reprendre l'initiative et dénoncer les politiques gouvernementales de la CAQ en disant en substance : « ce que nous comprenons de ce qui a été dit par Haroun et que nous partageons entièrement, c'est l'odieux de déclarations récurrentes qui tendent à mettre sur le dos des immigrants des maux sociaux bien réels (pénurie de logement, crise des services publics, recul du français, crise de la DPJ, etc.), mais dont seul le gouvernement de la CAQ –et non pas l'immigrant— est le responsable de par des politiques littéralement schizophréniques. »
« Car c'est lui qui d'un côté a cautionné, dans le sillage de ses orientations néolibérales excluant tout véritable contrôle public, l'arrivée au Québec d'une main-d'oeuvre bon marché, captive et dénuée de tous droits effectifs ; tout en stimulant de l'autre côté un nationalisme identitaire étriqué alimentant la peur de l'autre et la méfiance de l'étranger. Renforçant plus encore les sources d'inégalités, de divisions et d'intolérances qui traversent la société québécoise d'aujourd'hui et qui conduisent tout droit au racisme ! Et le scandaleux est bien là : qu'une grande majorité des députés de l'assemblée nationale aient fermé les yeux à ce propos et se soient drapés dans une hypocrite bonne conscience, alors que partout, comme on le sait, les idées de l'extrême droite populiste gagnent du terrain. »
Et si dénoncer une telle hypocrisie aurait assurément heurté un certain « establishment » conservateur québécois, elle aurait par contre permis de rassembler derrière QS tous ceux et celles qui cherchent sourdement, mais de manière encore si dispersée, une alternative cohérente aux politiques sans issues de la CAQ. Une alternative qui permettrait de faire face aux défis de l'égalité sociale et de la transition écologique mais aussi à celui de co-construire avec les nouveaux arrivants une société du Québec qui puisse être un peu plus souveraine et démocratique, en somme maîtresse de ses conditions de vie et de destin.
Assurément ceux-là sont bien plus nombreux qu'on le pense. Et, plutôt que de rêver aux gains incertains d'un hypothétique recentrage politique, c'est à eux qu'aurait dû d'abord penser la direction actuelle de QS.
Pierre Mouterde
Sociologue, essayiste
Québec, le 2 décembre 2024
(1) Voir notamment cette fameuse déclaration du ministre Jean Boulet : 21 septembre 2022 : 80 % des immigrants « ne travaillent pas, ne parlent pas français, ou n'adhèrent pas aux valeurs de la société québécoise ». Voir aussi les déclarations de François Legault, le 10 juin 2024 : « Depuis deux ans, l'augmentation [des immigrant·es temporaires] fait qu'on a besoin de 120 000 logements de plus, juste depuis deux ans. [Mais] quand on regarde toutes les constructions, […] il y en a eu 90 000 depuis deux ans. On voit que 100 % du problème de logement vient de l'augmentation du nombre d'immigrants temporaires. »
(2) Voir Vaste programme https://vasteprogramme.ca/2024/11/21/haroun-bouazzi-le-racisme-et-lassemblee-nationale/
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Manifs le 8 décembre : bloquons le projet de loi 69 !

Le projet de loi 69 de privatisation de l'électricité de la CAQ est un véritable coup de force des lobbys de la privatisation des services publics. C'est carrément un détournement de la transition énergétique couplé d'une vaste campagne de désinformation concernant une pénurie d'électricité. Cette pénurie a été créée de toute pièce par des décisions de la CAQ : 1 : les deux récents contrats d'exportation d'électricité aux États-Unis qui seront à perte pour les contribuables et : des énormes rabais sur l'électricité industrielle déjà pas chère, pour attirer les carnivores électriques de la planète. Il n'est pas trop tard pour faire marche arrière et conserver notre précieuse électricité pour sortir le gaz et le pétrole de notre équation énergétique et ainsi opérer une véritable décarbonation sur le territoire québécois.
Le projet de loi 69 vise à privatiser l'électricité du Québec
1. La privatisation par l'autoproduction ce qui viendrait légaliser le projet illégal de TES Canada/Power corporation en Mauricie (800 MW d'éolien privé pour produire de l'hydrogène ce qui est du pur gaspillage d'électricité)
2. La privatisation de barrages publics jusqu'à 100 MW
3. La privatisation de la distribution d'électricité
4. La privatisation par l'actionnariat en créant une nouvelle personne morale privée comme les projets éoliens Éolien des neiges et le projet de 3 000 MW au Lac St-Jean annoncé par Sabia
5. La privatisation par l'obligation faite à HQ de transporter l'électricité privée
6. La privatisation par la légalisation de la vente d'un privé à un autre privé
7. En poursuivant la stratégie de privatisation de la production éolienne qui a déjà coûté, au bas mot, 6 milliards de dollars aux consommateurs selon l'IREC
Ce serait le retour aux fiefs privés d'électricité d'avant la nationalisation de l'électricité, avec tous leurs effets pervers. Ce serait le début de la fin d'Hydro-Québec qui a été et est toujours une réussite extraordinaire en termes social, environnemental et économique.
Comment bloquer le PL 69
La CAQ opère avec le PL 69 un détournement hypocrite de la transition énergétique. Les oppositions ont l'opportunité de les bloquer en flibustant le PL 69. Ils doivent se retrousser les manches et faire de l'obstruction systématique au PL 69. Et comme le gouvernement peut utiliser le bâillon, mais seulement une seule fois par session, les oppositions doivent également flibuster un 2e voire un 3e projet de loi auquel la CAQ tient absolument afin que le bâillon soit utilisé sur cet autre projet de loi plutôt que sur le PL 69. Les oppositions doivent dire à la CAQ : Abandonnez le PL 69 si vous voulez que votre projet de loi préféré passe.
Mobilisons-nous
Des groupes de divers horizons, syndicaux, citoyens, communautaires, environnementaux et politiques et ce à travers tout le Québec collaborent pour faire bloquer le projet de loi 69 à l'Assemblée nationale afin de stopper la privatisation de l'électricité.
Joignez-vous à nous pour faire pression sur les oppositions afin qu'elles se donnent les moyens de bloquer l'opération de dépossession sournoise de notre territoire auquel se livre la CAQ avec la complicité de Michael Sabia, un expert de la privatisation des services publics, qu'elle a elle-même nommé à la tête d'Hydro-Québec.
Martine Ouellet, ing. MBA
ancienne cadre d'Hydro-Québec,
ancienne ministre des Ressources naturelles
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