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Projet Montréal, quoi en dire ?

30 septembre, par Sergio de Rosemont — , ,
Voilà je me vide le cœur, je dis ce que je pense et que je ressens. Par contre ce que j'écris dans ce texte n'est que mon opinion personnelle. La photo venant avec ce (…)

Voilà je me vide le cœur, je dis ce que je pense et que je ressens.

Par contre ce que j'écris dans ce texte n'est que mon opinion personnelle.

La photo venant avec ce texte en est une que j'avais pris le 5 novembre 2017, en sortant du local électoral de Projet Montréal Rosemont-La Petite-Patrie.

Dites-moi le 5 novembre 2017 est-ce que ça vous rappel quelque chose ?

Et oui vous avez devinez, c'est la date où "Projet Montréal" prenait le pouvoir et où "Valérie Plante" devenait mairesse.

Effectivement ce 5 novembre 2017, cette date où on croyait avoir enfin le droit à un réel changement à gauche.

Oui, une belle illusion !

Effectivement vous aviez bien lu plus haut, cette photo, je l'avais prise en sortant du local électoral de "Projet Montréal".

Et oui, j'avais participé à l'équipe d'appels pour faire sortir le vote, comme on dit.

Oui,… j'avais aidé à ma façon "Projet Montréal" à prendre le pouvoir !

J'espérais un "Vrai Changement" et non pas une "Illusion de Changement".

En ce qui me concerne, ce ne fut pas long avant que la "Désillusion" m'arrive en plein visage avec la délicatesse d'une tonne de brique reçue en pleine face.

Je parle évidemment du démantèlement du camp de sans-abris, de personnes en situation d'itinérance fait avec mépris d'une façon déshumanisante, avec la cavalerie, le poivre de Cayenne.

Quand ce démantèlement a eu lieu, sur le coup j'ai ressenti une honte d'avoir voté pour ce parti.

Oui, le genre de désillusion qui fait mal moralement.

Mais quelle magnifique illusion qu'est "Projet Montréal", n'est-ce pas ?

Un parti qui faisait en sorte qu'on le perçoive comme un parti de gauche, alors qu'il était déjà en cheminement de se diriger vers le centrisme et tranquillement vers le centre droit, et cela en espérant que personne ne s'en rende compte.

Dites-moi, "Projet Montréal" où est rendu votre projet d'un parti démocratique, permettant même le droit à la dissidence ?

Désolé, mais ce que j'ai pu constater que la seule et unique chose qu'il reste du "Projet Montréal" d'origine qui nous avait charmés et fait rêver, ce n'est que le nom !

Oui, ce 2 novembre 2025, mes 3 votes iront pour le seul parti qui à mes yeux et mon cœur est réellement démocratique, progressiste et de gauche.

Oui mes votes, que ce soit à la marie, à l'arrondissement Rosemont-La Petite-Patrie ainsi que pour le district Vieux-Rosemont iront tous pour "Transition Montréal" !

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Sergio de Rosemont
Le monde selon Sergio de Rosemont
https://alcovesergioderosemont.wordpress.com/

Québec solidaire : critiques et nouvelles propositions

30 septembre, par Bernard Rioux — , ,
Réduire le programme d'un parti de gauche à un catalogue de politiques gouvernementales et à un projet de société abstrait, comme le fait actuellement Québec solidaire dans sa (…)

Réduire le programme d'un parti de gauche à un catalogue de politiques gouvernementales et à un projet de société abstrait, comme le fait actuellement Québec solidaire dans sa discussion interne, ne peut que mener à la désorientation politique et stratégique. Une telle conception repose sur une double illusion : d'une part, que l'État québécois est un instrument neutre qu'il suffirait de réorienter pour appliquer un programme progressiste ; d'autre part, que le rôle premier d'un parti de gauche serait de préparer à gouverner dans le cadre existant, sans interroger la nature de la période historique que nous traversons ni les tâches spécifiques qui en découlent. Cette approche enferme le parti dans l'horizon électoraliste, là où il devrait d'abord se donner pour mandat de transformer le rapport de force social.

La situation actuelle n'est pas celle d'une démocratie libérale stable où il suffirait de remplacer un gouvernement par un autre. Nous vivons une crise systémique, marquée par l'effondrement écologique, la dégradation accélérée des conditions de vie, l'offensive des classes dominantes pour maintenir leurs profits et la montée mondiale de l'extrême droite. Cette conjoncture rend illusoire l'idée qu'un gouvernement de gauche pourrait, sans ruptures majeures, mettre en œuvre son programme dans les institutions actuelles. Le capital fossile, la finance et l'appareil d'État ne se laisseront pas désarmer par une alternance parlementaire. Les attaques contre tout gouvernement progressiste seraient immédiates et brutales, et elles ne pourraient être repoussées que par l'appui actif d'un mouvement populaire organisé, conscient et combatif.

Or, c'est précisément cette dimension qui disparaît lorsqu'on réduit le programme à des politiques publiques. On peut très bien imaginer un programme gouvernemental « parfait », cohérent et détaillé, mais qui resterait inapplicable faute de rapport de force. Pire encore : ce type de programme tend à produire de la frustration et de la démobilisation, parce qu'il nourrit l'illusion que le changement viendra par le haut, par le gouvernement, alors qu'il ne peut venir que par l'action collective et la confrontation avec les classes dominantes. L'histoire est riche d'exemples de partis de gauche qui, faute d'avoir tiré les leçons de la période, ont accédé au pouvoir sans se donner les moyens de transformer la société, et qui ont fini par capituler ou gérer loyalement le capitalisme.

La tâche d'un parti comme Québec solidaire n'est donc pas seulement de dire ce qu'il ferait s'il formait le gouvernement. Sa tâche centrale est d'armer la population pour les combats à venir. Cela signifie : construire un bloc populaire majoritaire capable d'unifier les luttes sociales, écologiques, féministes, autochtones, syndicales et antiracistes ; former une culture politique de rupture qui rompe avec les illusions néolibérales et les mirages d'un capitalisme « vert » ou « à visage humain » ; se doter d'une organisation militante enracinée dans les quartiers, les lieux de travail, les campus, pour faire du parti un véritable outil de lutte et non un simple véhicule électoral. Cela signifie aussi préparer la confrontation avec les forces qui s'opposeront à tout projet de transformation : les multinationales de l'énergie et des mines, les grandes fortunes, l'appareil judiciaire et policier, les médias dominants.

Dans cette perspective, le programme gouvernemental ne disparaît pas, mais il prend une autre fonction. Il ne doit pas être conçu comme un plan de gestion alternatif, mais comme un ensemble de mesures de ruptures servant de leviers pour les luttes populaires. Nationaliser démocratiquement l'énergie, les mines et les forêts, ce n'est pas seulement adopter une politique économique différente, c'est retirer à l'oligarchie le contrôle de secteurs stratégiques et placer ces ressources au service du bien commun. Réduire massivement le temps de travail, ce n'est pas seulement améliorer les conditions de vie, c'est attaquer directement la logique de profit et ouvrir un espace pour la réorganisation sociale. Lancer une Assemblée constituante et refonder les institutions, ce n'est pas simplement moderniser la démocratie québécoise, c'est donner au peuple les moyens de réécrire les règles du jeu et d'imposer sa souveraineté. De telles mesures ne sont pas de simples réformes : elles sont des points d'appui pour un processus de rupture, et elles ne pourront être mises en place qu'à condition de mobilisations massives.

La conséquence est claire : si le programme de Québec solidaire ne dit pas quelle est la nature de la période, qui sont les adversaires principaux, quelles forces sociales peuvent porter la transformation et quelles tâches doivent être assumées dès maintenant, il restera un programme suspendu en l'air. Il alimentera l'illusion que le changement peut venir d'un gouvernement bien intentionné, et il exposera le parti au risque de se perdre dans la gestion de l'existant ou de se déchirer faute de boussole commune. Au contraire, si le programme est conçu comme une stratégie de rupture, enracinée dans les luttes sociales et portée par une analyse claire de la période historique, il peut devenir un outil de combat, un instrument d'orientation pour les militants et les militantes et être un appel à l'action pour l'ensemble de la population.

Comme parti de combat, Québec solidaire doit chercher à articuler son action dans les institutions et luttes sociales extra-parlementaires pour créer un bloc populaire capable de renverser les logiques capitalistes, patriarcales, racistes et coloniales. Avec ces nouvelles propositions, il s'agit de proposer un programme qui dépasse l'approche centrée uniquement sur l'éventuelle gestion d'un gouvernement de Québec solidaire, et d'esquisser un programme d'action articulé aux luttes sociales. C'est la caractérisation de Québec solidaire comme étant également un Parti de la rue qui doit être soulignée.

Québec solidaire, ses tâches devant le double défi de la crise climatique et de l'effondrement de la biodiversité
Nouvelle proposition à la suite de la section 1.3.5.3

Québec solidaire se trouve devant un défi historique : affronter la crise climatique et l'effondrement de la biodiversité en dépassant la simple élaboration de bonnes politiques gouvernementales. Le parti doit se donner pour tâche de développer la mobilisation populaire, l'unité sociale et la prise en charge démocratique de ce combat. Pendant que le gouvernement fédéral continue de subventionner massivement les énergies fossiles au nom d'une prétendue « prospérité économique », la CAQ se présente comme « pragmatique » tout en appuyant les intérêts miniers, forestiers et fossiles et en favorisant l'expansion d'une économie extractiviste. Québec solidaire doit donc affronter simultanément Ottawa et Québec, démasquer leurs discours trompeurs et opposer un projet de société écologiste et social. Car sans une vision mobilisatrice et globale, la lutte écologique se réduit à une succession de batailles locales défensives, incapables de porter une véritable perspective de justice sociale, d'amélioration des conditions de vie, de droit à la santé, au logement abordable, au transport collectif gratuit et à une alimentation saine.

Dans cette perspective, Québec solidaire doit favoriser l'unité et montrer que défendre la biodiversité, c'est défendre les communautés populaires contre la pollution, les maladies et la précarité. Il doit s'impliquer activement dans les luttes locales — blocages, mobilisations contre les mines, la surcoupe forestière, les oléoducs et autres projets destructeurs — tout en les reliant à une vision globale de transition démocratique. Cela suppose de s'opposer à tout nouveau développement fossile et extractiviste, de planifier la sortie de ces industries et de garantir aux travailleurs et travailleuses une reconversion réelle : formation, emploi et revenu assuré. La transition ne pourra réussir que si elle lie concrètement justice sociale et justice climatique.

Cette transition doit aussi être démocratique. Québec solidaire mettra de l'avant la création d'assemblées populaires de transition écologique dans les quartiers, les régions et les milieux de travail, et défendra un véritable contrôle public et citoyen sur l'énergie, les forêts et les ressources naturelles.
Pour y parvenir, des alliances solides sont nécessaires. Les Premières Nations et peuples autochtones sont des alliés incontournables : porteurs de savoirs ancestraux, protecteurs de vastes territoires, ils luttent déjà contre l'extractivisme et pour la souveraineté territoriale. Québec solidaire doit appuyer ces luttes et reconnaître leur rôle de leadership. Le parti doit aussi reprendre à son compte la revendication syndicale d'une transition juste, avec emplois verts, reconversion planifiée et réduction du temps de travail. Il devra mettre en évidence l'impact différencié de la crise écologique, notamment sur les femmes, et valoriser les pratiques de solidarité et de care portées par le mouvement féministe. Avec le mouvement écologiste, il cherchera à construire un front large, du local au national, qui dépasse les campagnes ponctuelles pour relier les luttes territoriales, sociales et nationales. Il devra également défendre le monde scientifique et culturel, aujourd'hui attaqué par l'extrême droite, et promouvoir l'intégration des savoirs scientifiques et des mobilisations culturelles pour populariser et incarner le projet de transition.

En somme, pour Québec solidaire, la lutte écologique doit devenir l'axe central d'un projet de rupture avec le capitalisme extractiviste. Cela exige d'identifier clairement les adversaires — l'État fédéral, les gouvernements néolibéraux à Québec et le capital fossile, minier et forestier — et de construire un bloc social large et combatif. Ce bloc doit rassembler Premières Nations, syndicats combatifs, mouvements populaires, féministes et écologistes afin de placer le combat pour la vie de la planète et la justice sociale au centre de l'action politique.

Québec solidaire, un parti solidaire du mouvement syndical Nouvelle proposition à la suite de 1.4.4

À l'heure où le mouvement syndical subit une offensive sans précédent, les tâches d'un parti comme Québec solidaire ne peuvent se limiter à l'arène parlementaire : il doit s'engager activement dans la lutte. Le gouvernement canadien multiplie les attaques directes contre le droit de grève – qu'il s'agisse des cheminots, des débardeurs ou des travailleurs et travailleuses de Postes Canada – en brandissant à chaque fois la menace d'une législation spéciale pour briser les mobilisations. La volonté de restreindre le financement syndical, de contrôler l'utilisation des cotisations et d'affaiblir l'indépendance des organisations ouvrières s'ajoute à la privatisation rampante de la santé et de l'éducation, à la généralisation de la sous-traitance et à la précarisation des conditions de travail et de salaire. À cela s'ajoute le refus obstiné de réduire le temps de travail ou d'augmenter le salaire minimum, maintenant des millions de travailleurs et travailleuses dans une situation de surexploitation.

Face à ces attaques, Québec solidaire doit agir comme un parti de combat au service des luttes, et non comme un simple gestionnaire en attente du pouvoir. Cela signifie s'investir concrètement dans le mouvement syndical, en multipliant la solidarité active lors des grèves, des lockout et des mobilisations. Il s'agit de construire des bases dans les milieux de travail, publics comme privés, en favorisant l'auto-organisation, l'unité des salarié·e·s et le renforcement des structures de résistance.

Québec solidaire doit dénoncer publiquement chaque tentative de criminalisation du droit de grève, défendre le principe que les fonds syndicaux appartiennent exclusivement aux travailleuses et travailleurs, et soutenir les campagnes pour un salaire minimum décent et la réduction du temps de travail. Mais son rôle va au-delà de la dénonciation : il doit contribuer à relier les luttes dispersées, à briser l'isolement des secteurs en conflit et à populariser l'idée que la défense des services publics, des salaires et des conditions de travail relève d'un combat commun contre le capitalisme néolibéral.
Concrètement, cela passe par la mise en place de comités de solidarité syndicale dans chaque circonscription et région, capables d'appuyer les grèves, d'organiser des caisses de grève, de relayer les luttes dans l'espace public et de créer des ponts entre syndicats, mouvements populaires, féministes et écologistes. Québec solidaire doit aussi encourager la formation politique dans les syndicats, en soutenant une orientation combative et démocratique, tournée vers la mobilisation de la base plutôt que la simple négociation institutionnelle.

Renforcer le mouvement syndical aujourd'hui, c'est aussi préparer les affrontements de demain. C'est faire comprendre que la bataille pour de meilleures conditions de travail, pour des services publics accessibles et pour des salaires décents ne peut être gagnée qu'en affrontant le pouvoir des patrons et d'un État aligné sur leurs intérêts. En s'engageant aux côtés des travailleuses et des travailleurs, Québec solidaire peut contribuer à transformer les luttes syndicales en levier de changement social radical et en moteur d'une société véritablement démocratique et égalitaire.

Québec solidaire, composante militante de la lutte des femmes Nouvelle proposition à la suite de 3.4.

Le mouvement mondial des femmes a montré la voie pour combattre contre le capitalisme, le patriarcat et toutes les interrelations des différentes formes d'oppression ( hétérosexisme, capacitisme, racisme, sexisme, etc.).

Québec solidaire doit créer des liens permanents comme parti politique avec les grandes coalitions nationales du mouvement des femmes. Les militantes femmes de Québec solidaire se doivent de participer aux différents groupes femmes de leur région pour avoir accès aux discussions, aux problématiques, aux luttes que mènent les mouvements et aussi pour apporter une dimension politique et internationaliste à toutes ces réflexions.

Québec solidaire, comme parti de la rue, doit situer son action et ses mobilisations avec les mêmes objectifs. Le parti de la rue ne se substitue pas au mouvement des femmes. Il travaille avec le mouvement des femmes. Cela ne signifie pas non plus de prendre le contrôle et la direction du mouvement des femmes. Cela signifie de participer, d'être membre des groupes de femmes, de discuter les analyses et de proposer de nouvelles voies à la discussion. Le mouvement des femmes doit demeurer un mouvement pluriel, démocratique et ouvert. Québec solidaire travaille à la construction d'un tel mouvement et appelle ses membres a en faire partie.

Québec solidaire n'attendra pas de faire partie du gouvernement pour agir contre les violences faites aux femmes. Il doit dénoncer :

les discours de l'extrême droite qui veut retirer des droits aux femmes ;
les systèmes d'oppression qui tentent de cacher les féminicides en montrant comment les violences font vivre et alimentent les oppressions, particulièrement pour les femmes autochtones, les femmes noires et racisées et les personnes trans.
le sous-financement des maisons d'hébergement des femmes de victimes de violence et des centres de femmes

Québec solidaire n'attendra pas de faire partie du gouvernement pour agir contre la pauvreté des femmes en agissant sur trois aspects essentiels :

en appuyant toutes les luttes pour rendre les services publics gratuits, particulièrement en santé et en éducation, efficaces et où la population et le personnel auront son mot à dire dans des formes d'autogestion des services.
en continuant de défendre le droit à l'équité salariale.
l'autonomie économique des femmes, l'accès à un travail décent, santé-sécurité au travail, une rémunération égalitaire, des congés pour grossesse, pour maternité et pour maladies des enfants
en étant partie prenante des actions pour le droit à un logement décent et abordable. Un parti de la rue revendique la construction de milliers de logements sociaux.

Québec solidaire, une solidarité militante et active avec les Premières Nations
Nouvelle proposition à la suite de 3.5

Les luttes des nations autochtones contre l'exploitation prédatrice des grandes compagnies forestières et minières s'inscrivent dans une longue histoire de résistance au colonialisme et à la dépossession. Elles défendent les territoires de chasse et de pêche, s'opposent aux projets destructeurs, réaffirment les droits ancestraux et cherchent à bâtir des perspectives d'emplois et de développement contrôlés par les communautés elles-mêmes. Ces combats se mènent par les blocus, les manifestations, les recours juridiques et l'action collective face à un État complice des intérêts privés.

Pour Québec solidaire, la tâche n'est pas de se substituer à ces luttes ni de les réduire à des promesses électorales, mais de s'y engager comme parti de combat. Cela exige un appui public aux actions directes, la dénonciation du rôle des multinationales et des gouvernements québécois et canadiens, et la construction d'alliances réelles entre travailleurs et communautés autochtones. La division entretenue par les grandes compagnies entre forestiers, mineurs et Autochtones doit être déjouée : le véritable affrontement oppose les populations qui veulent protéger leur territoire et leurs moyens de vie aux entreprises qui les pillent.

Québec solidaire doit mettre de l'avant une perspective de transition juste qui rompe avec la logique extractiviste. Cela signifie soutenir la reconversion économique des régions dépendantes des mines et de la foresterie, valoriser les emplois durables liés à la foresterie de proximité, aux énergies renouvelables, aux services collectifs et aux projets autochtones. Mais cette transition ne peut pas être pilotée d'en haut : elle doit être construite avec les Premières Nations et les acteurs régionaux, dans une perspective de socialisation démocratique des ressources.

Québec solidaire doit affirmer sans ambiguïté que la souveraineté réelle sur les ressources appartient aux communautés concernées. Défendre les emplois et protéger les territoires ne sont pas deux tâches contradictoires, mais un même combat. La voie est celle de l'unification des luttes sociales et autochtones dans la confrontation avec le colonialisme structurel et le capitalisme extractiviste.

Être solidaires des nations autochtones, c'est aussi reconnaître pleinement leur souveraineté et leur droit à l'autodétermination. Le peuple québécois ne peut revendiquer pour lui-même ce qu'il refuserait aux autres. La cohabitation sur ce territoire implique de rompre avec l'idéologie de l'intégrité territoriale imposée par l'État québécois et d'avancer vers des relations de Nation à Nation, de Peuple à Peuple, fondées sur le respect, la confiance et la coresponsabilité écologique.

Pour un parti comme Québec solidaire, cela suppose de soutenir les revendications territoriales, de dénoncer le racisme systémique et les violences héritées du colonialisme, et de s'engager activement dans la lutte contre la pauvreté, l'exclusion et les discriminations qui frappent particulièrement les femmes autochtones. L'alliance avec les luttes autochtones n'est pas une question secondaire : elle est au cœur d'une stratégie de rupture avec l'ordre colonial et capitaliste, et d'une perspective d'émancipation commune.

La lutte contre le racisme et pour l'inclusion sur une base d'égalité des personnes migrantes Nouvelle proposition à la suite de 3.6

Québec solidaire, en alliance avec les mouvements sociaux, doit jouer dès maintenant un rôle central pour jeter les bases d'une véritable politique d'inclusion et d'intégration des personnes migrantes. Nous refusons que l'inclusion soit réduite à une série de mesures ponctuelles : c'est d'une vision globale dont nous avons besoin, fondée sur l'égalité sociale et l'extension de tous les droits économiques, sociaux et politiques.

C'est pourquoi Québec solidaire mènera des campagnes publiques vigoureuses, appuiera les mobilisations citoyennes, organisera des manifestations et des actions de solidarité concrète. Le parti soutiendra les réseaux d'entraide pour les travailleurs et travailleuses migrantes et pour les personnes sans statut. À l'Assemblée nationale, nous déposerons des projets de loi pour défendre leurs droits et arracher leur reconnaissance pleine et entière.

Pour avancer, nous agirons main dans la main avec les syndicats, les organisations féministes, les associations de jeunes, les mouvements populaires et antiracistes. Ensemble, nous construirons un front populaire capable de faire reculer le nationalisme étroit et excluant des gouvernements néolibéraux de Québec et d'Ottawa.

Notre projet est clair : l'inclusion véritable des personnes migrantesdans un Québec émancipateur, qui refuse les divisions ethniques et qui construit, par la rue et par les urnes, une société fondée sur l'égalité, la solidarité et la démocratie réelle.Concrètement, nous revendiquons pour toutes les personnes vivant au Québec des droits égaux.

Québec comme parti de la rue, doit définir être partie prenante des luttes actuelles contre les discriminations face aux personnes immigrantes et à la population racisée.

Québec solidaire et la lutte pour une majorité indépendantiste Nouvelle proposition à la suite de la section 3.7

La question de l'indépendance à la lumière de la nouvelle situation internationale, marquée par la présence d'un gouvernement autoritaire et fascisant à Washington, par l'évolution actuelle du Parti québécois et sa perspective d'un futur référendum, ainsi que par la résonance encore fragile de l'indépendance au sein de la population.

Or, la position de Québec solidaire s'articule aujourd'hui essentiellement autour de la campagne pour une assemblée constituante. Cette orientation demeure importante, mais elle ne répond pas directement à la nécessité urgente de bâtir une majorité populaire prête à se mobiliser pour l'indépendance. Il faut donc concevoir l'intervention de QS non pas seulement comme une préparation institutionnelle, mais comme un travail politique visant à ouvrir de véritables voies de construction de cette majorité.

Pour assurer le succès du processus, Québec solidaire fera connaître largement ce projet (d'Assemblée constituante par une vaste campagne d'éducation populaire et par la construction d'une grande alliance démocratique...

Construire une majorité indépendantiste au Québec exige de Québec solidaire une stratégie qui dépasse le seul cadre électoral où l'accession de QS au pouvoir ouvrirait par le fait même la route à la victoire d'une position indépendantiste. L'indépendance doit être présentée comme un projet de société concret, enraciné dans les luttes et les aspirations de la majorité populaire, et non comme une promesse abstraite ou strictement institutionnelle. La tâche centrale consiste à faire de l'indépendance la clé de la souveraineté populaire réelle, où le peuple contrôle démocratiquement ses ressources, ses institutions et son avenir collectif.

La première orientation permet de construire le soutien majoritaire à l'indépendance et de lier cette dernière à la résolution des crises multiples qui marquent notre époque : crises écologique, sociale, économique et politique. Face au pillage impérialiste et aux politiques d'austérité qui détruisent nos conditions de vie, QS doit défendre une rupture claire avec le capitalisme et l'impérialisme. Cela signifie soutenir activement les mobilisations écologistes contre les projets destructeurs, comme les oléoducs, s'opposer à la militarisation du Canada imposée par l'OTAN et Washington, soutenir les luttes autochtones pour leurs territoires et leurs droits ancestraux. Ces fronts de lutte doivent être articulés à un projet indépendantiste clair, faisant apparaître l'indépendance comme la voie pour une réorganisation démocratique et écologique de la société.

La deuxième orientation consiste à bâtir un bloc national populaire large, fondé sur la plurinationalité, la solidarité et l'égalité. L'indépendance ne doit pas être l'affaire d'une élite nationaliste, mais l'arme politique de la majorité laborieuse. QS doit porter un projet inclusif et pluriculturel, qui rejette le nationalisme ethnique, la laïcité identitaire et toute forme d'exclusion, et qui associe les luttes féministes, antiracistes, syndicales, écologistes et autochtones dans une stratégie commune. La mobilisation pour l'égalité des droits sociaux – logement, santé, éducation, travail, citoyenneté – et la régularisation immédiate des migrant·es doivent être au cœur de cette construction d'un bloc national populaire indépendantiste, afin de faire de l'indépendance un horizon de justice et d'émancipation pour toutes et tous, dans un Québec pluriel.

La troisième orientation pour la construction d'une majorité indépendantiste suppose de donner corps à une véritable souveraineté populaire : Assemblée constituante élue et plurinationale, mandats impératifs et révocables, scrutin proportionnel, budgets participatifs, autogestion dans les services publics et contrôle démocratique sur l'économie, l'énergie et l'agriculture. L'indépendance ne pourra exister sans l'élargissement de la démocratie participative et la mise en place de formes de démocratie participative qui commence à arracher le pouvoir aux élites et à le confier aux mains de la majorité laborieuse. La volonté de définir le pays ne pourra se développer que dans les combats partiels allant déjà dans ce sens.

La quatrième orientation repose sur la confrontation avec l'État canadien. L'indépendance n'est pas une réforme administrative, mais une rupture avec une structure impérialiste et coloniale. QS doit inscrire son action dans une perspective pancanadienne et décoloniale, en construisant des alliances avec les mouvements sociaux, les Premières Nations et les forces progressistes du reste du Canada. Cette démarche permettra de montrer que l'indépendance du Québec participe d'un mouvement plus large de démocratisation et de décolonisation, en opposition frontale à l'oligarchie canadienne.
Enfin, la cinquième orientation pour construire une majorité indépendantiste cherchera à inscrire l'indépendance du Québec dans une démarche cosmopolitique et internationaliste. Il s'agit de refuser tout enfermement dans un nationalisme étroit et de faire du Québec indépendant un acteur de solidarité internationale cherchant à nouer des coopérations justes et égalitaires avec les peuples en lutte à travers le monde. Un Québec indépendant doit devenir un centre de solidarité active, et non un nouvel État fermé sur lui-même.

En somme, les tâches de Québec solidaire sont claires : lier l'indépendance aux luttes sociales et écologiques actuelles, construire un bloc national populaire inclusif, instituer une véritable souveraineté populaire par de nouvelles formes démocratiques, assumer la confrontation avec l'État canadien, et inscrire le projet dans un horizon internationaliste. La construction d'une majorité indépendantiste ne résultera pas d'un pari électoral ou de la promesse d'un référendum, mais de l'auto-organisation de la majorité populaire et de sa capacité à transformer ses luttes en force politiques. C'est dans cette convergence des mobilisations et dans cette volonté collective que pourra naître une indépendance réellement populaire, socialiste et internationaliste.

Pour y parvenir, QS doit s'engager dans un plan d'action concret : lancer des campagnes populaires massives sur les enjeux sociaux et écologiques, créer des comités citoyens pour l'indépendance dans les quartiers et les milieux de travail, renforcer les alliances avec les syndicats, les associations écologistes, les groupes féministes, autochtones et antiracistes, et mettre en place des espaces permanents de coordination des luttes. C'est ainsi que pourra se forger, dans l'action et la lutte, la majorité indépendantiste capable de transformer la majorité sociale en majorité politique et de donner naissance à un Québec libre, démocratique et internationaliste.

Québec solidaire agira comme parti altermondialiste Nouvelle proposition à la suite de 3.8

Pour faire vivre concrètement l'altermondialisme, Québec solidaire ne peut se limiter à attendre d'accéder au gouvernement. Dans la conjoncture de crise sociale, écologique, économique et géopolitique, il doit assumer son rôle de parti des urnes et de la rue en travaillant à construire dès maintenant les alliances, les pratiques et les institutions capables d'ouvrir une brèche dans l'ordre impérialiste et néolibéral.

Québec solidaire doit soutenir des campagnes concrètes contre les accords de libre-échange, contre le pillage des ressources par les multinationales, et pour la souveraineté alimentaire, énergétique et culturelle.

Dans la même logique, le parti doit être un point d'appui du mouvement contre la guerre que mettent de l'avant les gouvernements impérialistes sous l'impulsion de Washington. Cela signifie intervenir activement contre la logique militariste et les budgets de guerre, dénoncer l'appartenance du Canada sur l'OTAN et exiger son retrait de ces alliances militaires et de la course aux armements que ces alliances impulsent. Québec solidaire doit organiser des campagnes populaires pour faire du Québec un territoire de paix. Il s'agit de construire, en lien avec les milieux étudiants, syndicaux et communautaires, un front antiguerre québécois capable de relier la lutte contre la guerre à la lutte pour la justice sociale et climatique.

L'ancrage féministe de Québec solidaire doit également se traduire dans le champ international et altermondialiste : soutenir les luttes des femmes contre le patriarcat et le militarisme, articuler les revendications féministes et écologistes dans des campagnes communes, et faire en sorte que la voix des mouvements de femmes et des collectifs antiracistes pèse dans toutes les mobilisations pour une mondialisation solidaire.

Agir comme un parti internationaliste et altermondialiste,cela signifie développer des réseaux de solidarité concrète avec les luttes des peuples opprimés.

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Le « programme actualisé » Solidaire, de belles paroles démobilisatrices

30 septembre, par Marc Bonhomme — , ,
La crise fondamentale du XXIe siècle est la rupture des grands équilibres de l'écosystème terrestre. Cette rupture se manifeste principalement par la rapide fuite en avant du (…)

La crise fondamentale du XXIe siècle est la rupture des grands équilibres de l'écosystème terrestre. Cette rupture se manifeste principalement par la rapide fuite en avant du réchauffement de la Terre-Mère d'un confortable Holocène qui a vu l'émergence de la civilisation vers une terre-étuve chaotique qui la fera disparaître et peut-être l'Humanité elle-même.

1. Sous son apparence tautologique, la première phrase — « Nous vivons une crise sociale et écologique qui ne se limite pas au très grave problème du dérèglement du climat », comme le restant du « programme actualisé », tente de noyer le poisson de la centralité de la crise climatique devenue la crise de la civilisation et même celle existentielle de l'humanité.

  • a. Le gaz carbonique (CO2) croît à un taux croissant avec des records annuels en 2023 et 2024. On est très loin d'une stabilisation même pas d'une croissance à un taux décroissant.
  • b. Seules les statistiques mesurant les GES directement dans l'atmosphère sont fiables (la courbe de Keeling) et non pas celles provenant des sources terrestres, soit celles officielles de l'ONU, qui ne tiennent pas compte des feux de forêt soi-disant relevant de causes naturelles. En 2023, les émissions de GES dues aux feux de forêts au Canada « ont été quatre fois plus élevées que les émissions de combustibles fossiles du pays l'année précédente » (RadioCanada). Quant aux statistiques officielles de GES, celles provenant des entreprises ne sont généralement pas contrôlées.

2. La solution anticapitaliste (« dépasser le capitalisme » du « programme actualisé ») à la crise climatique est holistique dans le sens de prendre en compte l'ensemble de la « pluricrise ». En mode anticapitaliste, la justice climatique se conjugue avec la justice sociale.

  • a. La crise du logement, qui est aussi partie prenante de celle de cherté du coût de la vie, se résout par la construction massive de collectifs logements sociaux écoénergétiques, c'est-à-dire nécessitant peu d'énergie et même aucune avec panneaux solaires, et par la mise à niveau écoénergétique des bâtiments déjà construits et récupérables.
  • b. La crise du transport (ou mobilité), aussi partie prenante de celle de la cherté du coût de la vie, se résout par le remplacement de l'auto solo par le transport actif et en commun dans le réseau routier tel qu'il est et non par de dispendieux métros et trains aériens (REM) et encore moins par l'auto solo électrique.
  • c. La crise alimentaire, aussi partie prenante de celle de la cherté du coût de la vie, se résout par le passage à l'alimentation végétarienne
  • qui réduit drastiquement la surface cultivée et par là l'importante émanation de GES, sans compter les zoonoses, due à la production carnée et laitière.
  • d. La crise forestière se résout par l'intégration décisionnelle des peuples autochtones, des régions et des travailleur-se-s dans la gestion de la forêt aux dépens du pillage par l'industrie forestière.
  • e. La crise budgétaire, plus fictive que réelle, se résout en allant puiser l'argent dans les paradis fiscaux et les poches des multimillionnaires, et par le contrôle des changes.
  • f. La crise nationale et linguistique se résout par l'indépendance pour que le peuple québécois se libère du Canada gazier-pétrolier et puisse prendre le contrôle de son épargne nationale afin d'empêcher les « grands projets » extractivistes, fédéraux comme provinciaux, et financer la transition écologique.
  • g. La crise fabriquée de l'immigration se résout par une politique d'accueil intégrant ces « travailleuses et travailleurs essentiell-e-s » dans une société donnant la priorité aux relativement peu énergivores services publics dont les transports publics et la construction de logements sociaux.
  • h. La crise de la démocratie réduisant le rôle du gouvernement à la « bonne gouvernance » se résout par l'émergence d'un parti et d'une société civile luttant pour une société écoféministe du soin et du lien qui doit « dépasser le capitalisme » et doit être autogérée pour pleinement se réaliser.

3. Le « programme actualisé » ne vise pas par son style de belles phrases peu compromettantes et par sa longueur la mobilisation immédiate du peupletravailleur. Il semble plutôt tracer les grandes lignes de l'orientation d'un éventuel gouvernement Solidaire dont l'horizon apparaît bien lointain. De par leur longueur — une centaine de pages — et par la complexité du système de numération des propositions, les documents pour le congrès de novembre sont rébarbatifs à la militance Solidaire.

Un programme long et sirupeux à remplacer par un appel court et mobilisateur

Voici à quoi pourrait ressembler un programme qui soit un appel mobilisateur centré sur la lutte climatique :

Pour une société du soin et du lien en décroissance matérielle

La crise fondamentale du XXIe siècle est la rupture des grands équilibres de l'écosystème terrestre. Cette rupture se manifeste principalement par la rapide fuite en avant du réchauffement de la Terre-Mère d'un confortable Holocène qui a vu l'émergence de la civilisation vers une terre-étuve chaotique qui la fera disparaître et peut-être l'Humanité elle-même. Cette fin du monde dit civilisé, si la tendance se maintient, a été prouvée tant par les travaux scientifiques du GIECONU que par la multiplication des réellement existantes catastrophes climatiques incommensurablement plus graves au Sud qu'au Nord. Le réchauffement se conjugue et accélère la sixième grande extinction des espèces dont les habitats disparaissent comme une peau de chagrin. Et il envenime une continuelle pollution de l'air, des eaux et des terres.

Le GIEC a établi que pour ne pas dépasser le seuil critique d'un réchauffement planétaire de 1.5°C, il faudrait réduire les gaz à effet de serre (GES) de 50% par rapport à 1990 d'ici 2030. La Déclaration de Rio sur l'environnement et le développement de 1992 stipule qu'« étant donné la diversité des rôles joués dans la dégradation de l'environnement mondial, les États ont des responsabilités communes mais différenciées ». Se basant sur les travaux du GIEC et cette Déclaration, à l'occasion de la COP26 de Glasgow, le Réseau action climat Canada, la Fédération des travailleurs et travailleuses du Québec (FTQ), Équiterre, Greenpeace, Nature-Québec, la Fondation David Suzuki et Oxfam-Québec ont requis que le Québec réduise ses GES des deux tiers d'ici 2030. Le seuil de 1.5°C est déjà en passe d'être atteint. Pourtant le gaz carbonique atmosphérique continue de s'accumuler. Pire, il le fait, selon la NOAA, en quantité annuelle moyenne croissante depuis au moins 1960, avec deux records annuels en 2023 et 2024. L'urgence climatique est d'autant plus grande pour ne pas franchir de fatidiques points de bascule.

Le croissancisme du Capitalocène génère une pluricrise menant au néofascisme

La présente ère géologique, irrémédiablement chamboulée par le genre humain, est souvent qualifiée d'Anthropocène. Elle pourrait tout aussi bien être qualifiée de Capitalocène tellement la croissance capitaliste en est la cause fondamentale. Cette croissance résulte de la compétition entre entreprises privées et États à leur service pour maximiser leurs profits afin de survivre comme entreprises ou de ne pas être vaincus comme États. En découle une accumulation de capital tendanciellement exponentielle donnant naissance à des transnationales gargantuesques dirigées par des oligarques. Cette concentration de la richesse et du pouvoir explique que les 10% les plus riches sont responsables des deux tiers du réchauffement global depuis 1990.

Cette accumulation est interrompue par des crises de plus en plus profondes et des guerres impérialistes de plus en plus dévastatrices et devenant génocidaires. Ces crises dite « pluricrise », guerres et accumulation en panne empêchent la mobilisation de la lutte pour le climat et la biodiversité tellement elles résultent en misère, inégalité, chômage, précarité, injustice, dislocation sociale et massacres. En sont d'abord frappées femmes, enfants et personnes racisées, handicapées et LGBTQ+. Faute d'alternatives et de mobilisations anticapitalistes à la hauteur ces personnes opprimées deviennent les boucs émissaires des classes moyenne et même ouvrière atomisées, désemparées et décontenancées.

C'est de ce terreau nauséabond que surgissent les fausses solutions néofascistes balayant le capitalisme néolibéral victime de ses propres contradictions. Celles-ci sont devenues évidentes avec l'austérité permanente et la concomitante accentuation répressive et guerrière depuis la Grande récession de 2008 suivie de la crise pandémique de 2020.

Les piliers de la lutte pour la justice climatique et pour la justice sociale

  • La réponse à l'hégémonie pétro-gazière du Canada et à son Quebec bashing c'est l'indépendance nationale tenant compte du droit à l'autodétermination autochtone.
  • La réponse à la crise du logement c'est le collectif logement social écoénergétique pour tout le monde et pas seulement pour les pauvres.
  • La réponse aux logements déficients c'est leur rapide mise à niveau écoénergétique par un programme public selon un code du logement tendant à l'énergie zéro.
  • La réponse à la crise de la mobilité c'est le transport en commun gratuit, partout, fréquent, confortable et électrique, et un complément d'autopartage communautaire.
  • La réponse aux transport marchand c'est la souveraineté alimentaire, les trajets courts, la sobriété et la durabilité de la consommation et le transport électrifié par rail.
  • La réponse au gaspillage c'est la garantie de la réparation accessible ou du remplacement, du bannissement de la publicité et de la mode commerciale.
  • La réponse à la ville infernale et dangereuse c'est la ville piétonnière et cyclable, de services de proximité, d'agriculture urbaine et de parcs nature.
  • La réponse à l'étalement et à la congestion urbains envahissant la campagne c'est l'interdiction de l'auto solo privé et de la maison « campagnarde ».
  • La réponse à la crise de l'embonpoint c'est l'alimentation surtout végétarienne cultivée biologiquement et disponible en produits frais et peu transformés.
  • La réponse aux croissantes pandémies dues au zoonoses c'est la préservation des forêts et zones humides d'où en finir avec l'expansive agriculture carnée.
  • La réponse aux monocultures de l'agro-industrie épuisant les sols c'est l'agriculture biologique sans additifs d'origine fossile et liée à l'urbain par des trajets courts.
  • La réponse à la mauvaise santé et au stress sont le plein emploi, le contrôle ouvrier des cadences, la baisse du temps de travail, le revenu et services minimum garantis.
  • La réponse à l'inflation c'est la totalité de la société du soin et du lien, le contrôle des loyers et des prix des aliments de base, et la gratuité de l'électricité de base.
  • La réponse à l'austérité des services publics c'est leur ample bonification quantitative et qualitative et la resocialisation des pans privatisés.
  • La réponse aux hydrocarbures et à l'énergivore croissance c'est la sobriété inhérente à la société du soin et lien et l'électrification de l'énergie et des moteurs.
  • La réponse à la fausse pénurie d'électricité c'est la suffisante actuelle production hydraulique et éolienne plus du solaire intégré aux bâtiments écoénergétiques.
  • La réponse au financement d'une société écologique c'est son implicite bon marché, la socialisation de la Finance et l'imposition des profits et du capital.
  • La réponse à la résistance du « marché » c'est l'expropriation des secteurs stratégiques tels la Finance, l'énergie, les communications, le transport, la santé.
  • La réponse aux divisifs sexisme et racisme c'est l'écoféminisme donnant la priorité aux activités du soin et du lien et aux travaux essentiels des personnes racisées.
  • La réponse à l'impérialisme génocidaire, c'est le soutien aux peuples en lutte pour leur libération par tous les moyens nécessaires y compris par les armes s'il le faut.
  • La réponse aux migrations c'est une frontière ouverte avec une politique d'accueil intégrant au sein d'une société de plein emploi écologique et socialement utile.

Marc Bonhomme, 27 septembre 2025
www.marcbonhomme.com ; bonmarc@videotron.ca

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La Caquistocratie* attaque la classe ouvrière

30 septembre, par Alix Parent — , ,
*Emprunté au grec ancien kakistos (« pire »), avec le suffixe -cratie (« gouvernement »). Le choix de la graphie est délibéré. Il vise à dénoncer la CAQ. Tiré du site web (…)

*Emprunté au grec ancien kakistos (« pire »), avec le suffixe -cratie (« gouvernement »). Le choix de la graphie est délibéré. Il vise à dénoncer la CAQ.

Tiré du site web Campagne rosa

avec la permission de l'autrice
Publié le : septembre 14, 2025 Rédigé par : Alix Parent

Depuis l'arrivée au pouvoir du gouvernement caquiste, les travailleuses et travailleurs du Québec font face à des attaques sans précédent. Déjà, en 2020, Jean Boulet, ministre du Travail, déposait le projet de loi 59. Cette très mal nommée « loi modernisant le régime de santé et de sécurité du travail » propose plutôt des reculs par rapport au régime en vigueur, notamment pour les femmes. La loi classe des secteurs à prédominance féminine comme étant à faible risque et prévoit des contraintes additionnelles au programme « maternité sans danger ». Heureusement, la mobilisation de la classe ouvrière a permis d'éviter les pires reculs.

La loi est sanctionnée en octobre 2021 (maintenant loi 27, Loi modernisant le régime de santé et de sécurité du travail) et il est prévu que les nouvelles dispositions de loi entrent en vigueur petit à petit jusqu'en octobre 2025. À cette date, toutes les dispositions et nouveaux règlements doivent être en vigueur. Pendant cette période de 4 ans, la Commission des normes, de l'équité, de la santé et de la sécurité du travail (CNESST) doit rédiger et faire approuver de manière paritaire les règlements. En d'autres termes, les organisations patronales et les organisations syndicales discutent pour obtenir un consensus. Ces mécanismes sont bien loin d'être parfaits – et plusieurs voix s'élèvent pour critiquer le déséquilibre que ça représente pour la classe ouvrière. Cependant, les principes de ce partenariat social sont très imprégnés dans la vision québécoise des relations de travail et les centrales syndicales s'y conforment.

Mais le saccage des lois du travail orchestré par le ministre Boulet – qui est, dans la vie civile, un avocat patronal – ne s'arrête pas là. En février 2025 il dépose le projet de loi 89, Loi visant à considérer davantage les besoins de la population en cas de grève ou de lock­­-out, et en avril 2025 le projet de loi 101, Loi visant l'amélioration de certaines lois du travail. Il faut souligner que d'autres projets de loi du même acabit ont été déposés par le ministre et ses sbires, mais nous nous concentrerons ici sur ces deux dernières lois.

Le projet de loi 89

Jean Boulet, employé du mois de la chambre de commerceLe ministre n'a pas consulté, ni même informé les organisations syndicales de l'imminence du dépôt du projet de loi 89. Ce projet de loi vient limiter encore plus le droit de grève et le droit d'association. Pourtant, le droit de grève est déjà très limité au Québec : seul·es les travailleuses et travailleurs syndiqués y ont accès (40%) et uniquement lorsque la convention collective est échue. Et à condition de ne pas être dans un domaine où il y a des services essentiels. Avec cette loi, le ministre va pouvoir s'immiscer dans la négociation et forcer un retour au travail sous prétexte de protéger la population. Même aux États-Unis, les travailleuses et travailleurs non syndiqués ont le droit de faire un arrêt de travail concerté si l'employeur a des pratiques abusives en tout temps.

Pour les organisations et groupes qui représentent des travailleuses et travailleurs, il n'y a qu'une réponse possible : abroger cette loi et faire campagne pour permettre à la classe ouvrière de faire grève quand elle veut !

Le projet de loi 101

Le projet de loi 101 va modifier 9 lois relatives au travail, dont les lois en santé-sécurité du travail, incluant la pourtant très récente loi 27. Ce nouveau projet de loi attaque la classe ouvrière sur plusieurs aspects. Nous n'en couvrirons que quelques-uns ici.

Et, malgré le fait que François Legault ait choisi de proroger la session parlementaire, les rumeurs vont bon train et tout laisse croire que ce projet de loi sera repris lorsque le gouvernement retournera au travail.

Prévention en milieux de travail

Les travailleuses de la santé, des services sociaux et de l'éducation auront un régime inférieur aux autres en matière de santé-sécurité du travail. En effet, leurs représentant·es en santé-sécurité auront moins de pouvoir et de temps pour faire de la prévention. Cette mesure avait été discutée et rejetée par les comités de la CNESST, car elle ouvre la porte à une discrimination systémique envers les femmes. En effet, le CA de la CNESST était arrivé à un consensus sur un règlement qui a été adopté par le conseil des ministres le 10 septembre. Toutefois, le projet de loi 101 va venir supprimer les mécanismes pour les travailleuses et travailleurs de la santé, des services sociaux et de l'éducation. La majeure partie du personnel de la santé, des services sociaux et de l'éducation sont des femmes. Cette disposition de la loi vient invisibiliser les accidents et maladies du travail qui affectent les femmes. Et quand c'est invisible, le patronat a tendance à considérer que ça n'existe pas. Une fois de plus, le ministre Boulet montre qu'il n'a pas de problème à promulguer une loi sexiste.

Amendes

Les amendes imposées (négociations de mauvaise foi, grève ou lock-out « illégal », utilisation de scabs, etc.) tant aux travailleurs et à leurs organisations que celles du patronat vont être majorées. Toutefois, le taux d'augmentation est presque trois fois supérieur pour la classe ouvrière. Il s'agit clairement d'une stratégie pour limiter le pouvoir d'action des syndicats.

Griefs et arbitrage

Les délais de griefs et d'arbitrage seront réduits, voire imposés. En effet, la loi prévoit l'obligation de référer tout grief à l'arbitrage dans les 6 mois suivant le dépôt du grief. Si ce n'est pas fait, il y a une possibilité pour qu'il soit considéré que le syndicat s'est désisté du grief. Cette disposition augmente le fardeau financier et logistique d'un syndicat, sans compter qu'il n'y a pas suffisamment d'arbitres en poste pour assumer la charge supplémentaire au Tribunal administratif du travail (TAT). La CAQ met en place un système voué à l'échec visant à paralyser les syndicats sous la paperasse.

Facilitateurs

Il y a quelques mois, la CNESST a tenté de mettre sur pied un régime de « facilitateurs » qui permettrait aux travailleuses et travailleurs qui ont contesté une décision de négocier une entente. Plusieurs organisations ont fortement critiqué cette mesure qui n'était pas forcément à l'avantage des victimes du travail. Le ministre revient à la charge en l'enchâssant dans son projet de loi. Ce système est très problématique car il place la CNESST en position de juge et parti – n'oublions pas que la CNESST doit administrer les fonds d'indemnisation pour les victimes du travail, ce qui signifie qu'elle a tout intérêt à indemniser le moins possible. De plus, si le travailleur obtient une entente, celle-ci doit rester confidentielle et ne peut être contestée. Le fait de garder les situations secrètes fait en sorte qu'un problème collectif pourrait rester individuel et empêcherait la détection d'un pattern récurrent dans les politiques de l'entreprise. L'expérience nous démontre qu'en cas de contestation, les travailleurs et travailleuses obtiennent régulièrement une meilleure indemnisation que ce que la CNESST proposait.

Mépris envers la classe ouvrière

D'une main les gouvernements successifs viennent couper dans notre filet social et de l'autre ils mettent en place des lois liberticides pour nous empêcher de contester.

Les stratégies utilisées par le ministre pour outrepasser les institutions québécoises sont flagrantes. Il vient, seul, décider du sort de la classe ouvrière et se donne le droit de gérer tout conflit de travail à sa guise et ne fait même plus semblant de respecter les travailleuses et travailleurs.

Sachant que, dans à peine plus d'un an, auront lieu les prochaines élections provinciales et que la CAQ dégringole dans les sondages, c'est à se demander si Boulet n'est pas en train de se préparer deux ou trois petites lois qui vont plaire à ses amis patronaux, ce qui va lui garantir un pont d'or pour retourner à sa pratique d'avocat patronal.

Voyant le mépris dont fait preuve le ministre du Travail envers notre expertise dans les instances paritaires, est-ce encore nécessaire d'y siéger pour se faire cracher dessus ? Est-ce que le temps que nous passons à être les pions du partenariat social ne serait-il pas mieux utilisé pour informer massivement et mobiliser la classe ouvrière contre ses attaques ?

Une chose est certaine, nous devons refuser tout recul de nos droits avec toute la force de notre solidarité.

Alix Parent

Notes et références

https://fr.wiktionary.org/wiki/kakistocratie

https://uttam.quebec/chronique-MT/MT-femmes.php

https://www.theguardian.com/business/2018/sep/18/mcdonalds-walkout-workers-protest-sexual-harassment-epidemic

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Syndrome « pas dans ma cour » : Le projet de loi 103 doit être relégué aux oubliettes

30 septembre, par Coalition Solidarité Santé , Ligue des droits et libertés – section de Québec (LDL-QC), Réseau québécois de l'action communautaire autonome (RQ-ACA), Table des regroupements provinciaux d'organismes communautaires et bénévoles (TRPOCB) — , ,
Montréal, le 25 septembre 2025. La Coalition solidarité santé, laLigue des droits et libertés, le Réseau québécois de l'action communautaire autonome (RQ-ACA) et la Table des (…)

Montréal, le 25 septembre 2025. La Coalition solidarité santé, laLigue des droits et libertés, le Réseau québécois de l'action communautaire autonome (RQ-ACA) et la Table des regroupements provinciaux d'organismes communautaires et bénévoles (TRPOCB) unissent leurs voix pour demander l'abandon du projet de loi 103 Loi visant principalement à réglementer les sites de consommation supervisée afin de favoriser une cohabitation harmonieuse avec la communauté. Elles estiment que ce projet de loi brime les droits et libertés de plusieurs manières. S'il s'attaque tout d'abord aux personnes fréquentant les sites de consommation supervisée et celles en situation d'itinérance, il constituerait un grave précédent en ouvrant la porte à une application à l'ensemble des groupes d'action communautaire autonome. Elles invitent donc le gouvernement à profiter du renouvellement de la session parlementaire pour cesser l'étude du projet de loi 103, d'autant plus qu'il a été largement rejeté durant la consultation de la Commission de la santé et des services sociaux en juin dernier.

Ces quatre organisations nationales rejoignent des milliers d'organismes communautaires et syndicaux partout au Québec. Via les organismes et les personnes qui les constituent, elles possèdent une analyse fine et réaliste des besoins de la population et partagent une même vision globale de la justice sociale.

La tendance au « pas dans ma cour » dépasse largement le fait de déplacer ce qui dérange. Cela entraîne un désengagement social en remettant en question l'existence de ce qui ne nous sert pas individuellement ni immédiatement. Le gouvernement n'assume pas ses responsabilités face à la population. Au contraire, il contribue à la montée de l'intolérance en pénalisant les personnes qui en sont victimes. Les ressources mises en place par le mouvement communautaire doivent exister pour tout le monde et être accessibles, pour les mêmes raisons que l'on paie des impôts pour des routes qu'on n'utilisera jamais, pour une école même sans avoir d'enfant en âge d'y aller ou pour qu'il y ait des hôpitaux dans toutes les régions.

Plutôt que de contribuer à la santé et au bien-être des personnes fréquentant les centres de consommation supervisée et les ressources pour personnes en situation d'itinérance, le projet de loi 103 restreindrait leurs droits en attaquant les organismes qui les soutiennent. En leur interdisant de s'implanter à moins de 150 mètres d'une école, d'un centre de la petite enfance ou d'une garderie, le projet de loi 103 éloignerait des ressources importantes des lieux où elles sont nécessaires. Il est aussi à craindre que le gouvernement applique ensuite la même médecine à d'autres groupes, et même selon des règles encore plus strictes.

Malgré son libellé, le projet de loi 103 ne favorisera pas une “cohabitation harmonieuse avec la communauté”, notamment parce qu'il retire à celles-ci la possibilité de se doter des ressources qu'elles souhaitent, là où elles les souhaitent. Il entrave la liberté d'association des groupes communautaireset nuit aux droits à la santé, à la sûreté et au secours des personnes qui les visitent, y travaillent ou y contribuent bénévolement.

Qu'il s'agisse d'un centre de consommation supervisée, d'un refuge, d'une maison des jeunes, d'un groupe militant pour la préservation de l'environnement, d'un endroit sécuritaire en cas de violence, d'un groupe soutenant les personnes assistées sociales, d'une cuisine collective ou d'un centre de femmes, aucun n'est à l'abri des conséquences de l'application du syndrome « pas dans ma cour ». Maintenant que le gouvernement s'est donné l'opportunité de faire table rase des projets de loi de la session précédente, nous lui demandons de reléguer le projet de loi 103 aux oubliettes.

Citations

« Les membres de notre coalition sont très inquiets des précédents que ça pourrait créer. Par règlement, la loi pourrait facilement s'élargir à d'autres types d'organismes qui pourraient être vus comme dérangeant, alors qu'ils sont essentiels. Des organismes communautaires, ça répond aux besoins de la population là où elle se trouve. Les en empêcher, c'est leur enlever le droit de choisir comment mieux aider leur communauté et ça entraverait aussi l'accessibilité des ressources. On comprend que des sites d'injection à proximité des écoles, ça peut faire peur, mais ces sites agissent en prévention. Ils servent entre autres à ce que des seringues ne traînent pas dans des lieux publics, comme des cours d'école, justement. Au lieu de restreindre l'action des organismes communautaires, qui peinent déjà avec leur financement limité à se trouver des locaux, le gouvernement doit investir dans ceux-ci. Il doit aussi agir en matière d'itinérance, investir dans le logement social et en santé mentale – des déterminants sociaux de la santé. Si le gouvernement agissait dans ce sens, on n'aurait pas besoin de cacher les organismes qui aident le monde le plus magané de la société » souligne Geneviève Lamarche, coordonnatrice de la Coalition solidarité santé.

« Un groupe communautaire ce n'est pas un local qu'on peut déplacer à son gré, mais une opportunité d'exercer la liberté d'association. Peu importe le nombre de kilomètres, il est inadmissible que le gouvernement décide de l'emplacement de quelque groupe que ce soit. Administré par pour et avec les personnes directement touchées, leur emplacement, leur fonctionnement et leur existence même dépendent des décisions prises collectivement par leurs membres. Or, le projet de loi 103 outrepasse les processus démocratiques des groupes et prétend soumettre les décisions qui en découlent au pouvoir arbitraire du ministre ou du voisinage. De ce fait, il entrave la liberté d'association des membres par le non-respect de leurs décisions collectives, fondement même de leur autonomie. Qui plus est, l'article 3 de la Charte des droits et libertés de la personne devrait plutôt amener le gouvernement à soutenir et favoriser la liberté d'association, en plus de consulter les personnes concernées dans la recherche de solution, afin de contribuer au droit à la santé et à la sécurité de toutes les personnes » déclare Laurence Guénette, coordonnatrice de la Ligue des droits et libertés.

« Depuis 25 ans, les relations entre l'État et le mouvement de l'action communautaire autonome sont balisées par la Politique gouvernementale de l'action communautaire, un modèle unique au monde. Or, le projet de loi 103 ouvre une large brèche. En effet, il met en péril non seulement l'autonomie, les pratiques et la démocratie internes des groupes visés, mais à terme, celles de tout le mouvement de l'ACA. Quels seront les prochains groupes communautaires visés, et conséquemment, les personnes qui les fréquentent, y travaillent ou y contribuent bénévolement ? Qui sera ensuite repoussé hors des lieux de vie des communautés pour cacher du regard des personnes dont la présence dérange dans le paysage, des situations bouleversantes, des activités et des rassemblements bruyants ou trop fréquents, ou même uniquement parce que la file d'attente déborde sur le trottoir ? » questionne Caroline Toupin, coordonnatrice du Réseau québécois de l'action communautaire autonome.

« En les forçant à s'éloigner des populations qui les fréquentent, le gouvernement nuit à leur accessibilité, mais aussi au sentiment de sécurité des gens qui s'y rendent. De plus, en englobant ces deux types de ressources dans un même projet de loi, le gouvernement propage les préjugés ambiants en donnant l'impression que toutes les personnes en situation d'itinérance ou sans-abri vivent avec un trouble de la consommation et vice-versa[1]. Les organismes communautaires autonomes du domaine de la santé et des services sociaux (OCASSS) sont les premiers visés par le projet de loi 103 et par les dérives qu'il entraînera, mais nous voulons aussi empêcher qu'il affecte tout le mouvement de l'ACA » ajoute Stéphanie Vallée, présidente de la Table des regroupements provinciaux d'organismes communautaires et bénévoles.

À propos

Coalition solidarité santé

La Coalition Solidarité Santé est un regroupement québécois d'organisations syndicales, communautaires, de groupes de personnes âgées, de personnes en situation de handicap et de personnes proches aidantes. La défense des grands principes qui constituent les pierres angulaires du réseau de santé depuis sa mise sur pied, à savoir le caractère public, la gratuité, l'accessibilité, l'universalité et l'intégralité, sont à la base de toutes les interventions de la Coalition Solidarité Santé

Ligue des droits et libertés

Depuis 1963, la Ligue des droits et libertés (LDL) a influencé plusieurs politiques gouvernementales et projets de loi en plus de contribuer à la création d'institutions vouées à la défense et la promotion des droits humains. Elle intervient régulièrement dans l'espace public pour porter des revendications et dénoncer des violations de droits auprès des instances gouvernementales sur la scène locale, nationale ou internationale. Son travail d'analyse, de sensibilisation et de promotion est primordial pour que les droits humains deviennent la voie à suivre vers une société juste et inclusive, pour tous et toutes. Comme organisme sans but lucratif, indépendant et non partisan, la LDL vise à défendre et à promouvoir l'universalité, l'indivisibilité etl'interdépendance des droits reconnus dans la Charte internationale des droits de l'homme.

Réseau québécois de l'action communautaire autonome (RQ-ACA)

Interlocuteur privilégié du gouvernement en matière d'action communautaire autonome depuis 2001, le RQ-ACA représente 78 regroupements et organismes nationaux, et rejoint au-delà de 4 500 organismes d'ACA travaillant partout au Québec pour une plus grande justice sociale. Grâce à son expertise et à celle de ses membres, il porte et amplifie la voix des organismes communautaires de tout le Québec.

Table des regroupements provinciaux d'organismes communautaires et bénévoles (TRPOCB)

Fondée en 1995, la Table des regroupements provinciaux d'organismes communautaires et bénévoles (TRPOCB) est formée de 47 regroupements nationaux, rejoignant plus de 3 000 groupes communautaires autonomes à travers le Québec. Ce sont, par exemple, des maisons de jeunes, des centres de femmes, des cuisines collectives, des maisons d'hébergement, des groupes d'entraide, des centres communautaires, des groupes qui luttent contre des injustices ayant des répercussions sur la santé. Ceux-ci représentent plus que les 2/3 des organismes communautaires autonomes du Québec. Ceux-ci abordent la santé et les services sociaux sous différentes perspectives : femmes, jeunes, hébergement, famille, personnes handicapées, communautés ethnoculturelles, sécurité alimentaire, santé mentale, violence, périnatalité, toxicomanie, etc.

[1] Le dénombrement des personnes en situation d'itinérance visible de 2022 a démontré que 53 % des personnes en situation d'itinérance ou sans-abri affirmaient vivre avec un trouble de la consommation. Quant à la toxicomanie, elle n'est évidemment pas spécifique à une classe sociale en particulier.

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Montréal et le mirage des promesses électorales

30 septembre, par Manuel Tapial — , ,
Les élections municipales approchent et, avec elles, le défilé de promesses et de grands discours destinés à éblouir un électorat trop souvent considéré comme crédule. Ce (…)

Les élections municipales approchent et, avec elles, le défilé de promesses et de grands discours destinés à éblouir un électorat trop souvent considéré comme crédule.

Ce n'est pas un hasard si, en pleine campagne, le chef de Projet Montréal, Luc Rabouin, a appelé sur les réseaux sociaux à un embargo sur les armes à destination d'Israël. Cette déclaration semble s'adresser à un électorat de plus en plus sensibilisé au génocide à Gaza.

Cependant, conquérir des voix par de simples gestes symboliques ne sera pas si facile. La mémoire politique pèse lourd : pendant son mandat, Projet Montréal a ignoré, voire marginalisé, les mouvements pro-palestiniens de la ville, tout en entretenant des relations de connivence avec les lobbys sionistes locaux. Croire qu'une déclaration sans conséquences réelles suffira désormais à convaincre paraît peu crédible.

La question de fond est claire : un candidat qui souhaite réellement s'engager pour la justice et faire preuve de cohérence face au génocide palestinien dispose d'outils politiques concrets à l'échelle municipale. Il ne s'agit pas seulement de publier des communiqués, mais de mettre en place des changements tangibles.

Des précédents existent. Des villes comme Liège (Belgique), Oslo (Norvège), Barcelone (Espagne) ou Oxford (Royaume-Uni) se sont déclarées Libres d'Apartheid. Ce modèle, connu sous le nom de Free Apartheid Cities, s'inspire d'expériences historiques comme les Villes Libres de Nucléaire ou les Zones Libres d'Apartheid pendant la lutte contre le régime sud-africain. L'idée est simple mais puissante : que les municipalités se positionnent publiquement contre l'apartheid et l'occupation israélienne, et qu'elles accompagnent cette position de mesures concrètes.

Qu'implique concrètement une Ville Libre d'Apartheid ? Entre autres :
• Ne pas conclure de contrats, d'accords ni d'achats avec des entreprises ou institutions israéliennes complices de l'apartheid ou des colonies.
• Exclure des compétitions sportives et des scènes culturelles les équipes, troupes ou événements sponsorisés par l'État d'Israël.
• Interdire dans l'espace public municipal toute publicité ou parrainage provenant d'entreprises impliquées dans les violations des droits du peuple palestinien.
• Suspendre les jumelages avec des municipalités israéliennes tant que le régime d'apartheid persiste.
• Porter une voix institutionnelle claire, en appelant les gouvernements nationaux à adopter des embargos sur les armes et des sanctions.

Voilà ce qui distingue les mots des actes. Si Luc Rabouin veut prouver un engagement réel envers la Palestine, il ne suffit pas de multiplier les déclarations électorales taillées pour faire la une. Le véritable enjeu est de démontrer que Montréal peut rejoindre un mouvement mondial pour la justice, et tourner le dos à la politique du simple clin d'œil.

Manuel Tapial, membre de Palestine Vivra.

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Élections municipales à Montréal et New York : des candidats s’affirment à gauche

30 septembre, par Charline Caro — , ,
Les campagnes municipales de Montréal et de New York battent leur plein, et voient émerger des candidatures progressistes venues défier les partis traditionnels. Tandis que (…)

Les campagnes municipales de Montréal et de New York battent leur plein, et voient émerger des candidatures progressistes venues défier les partis traditionnels. Tandis que Craig Sauvé défend une taxe sur les ultra-riches et une réforme du système électoral montréalais, Zhoran Mamdani promet d'améliorer le pouvoir d'achat des classes moyennes et populaires new-yorkaises.

Tiré du Journal des alternatives.

Les élections municipales de New York sont marquées par l'ascension inattendue d'un jeune candidat de gauche, venu renverser l'establishment politique. Zhoran Mamdani, 33 ans, ougandais d'origine, est membre de l'Assemblée de l'État de New York depuis trois mandats. Il s'est lancé dans la course à la mairie de New York, après avoir remporté la primaire démocrate, sans que personne n'ait misé sur lui. Il a notamment battu Andrew Cuomo, ténor du parti démocrate et ancien gouverneur de l'État.

« Un coup de tonnerre », titrait le New York Times à l'issue de la primaire, tant le candidat Mamdani détonne avec la « tendance centriste majoritaire au sein du parti démocrate ». Socialiste revendiqué, il centre sa campagne sur le pouvoir d'achat et la vie chère, tout en revendiquant un engagement clair en faveur de la Palestine.

« Il effraie les élites new-yorkaises et les centristes démocrates, qui voient en lui une caricature d'une certaine gauche dont Donald Trump et les républicains se délectent », pouvait-on lire dans La Presse cet été. Ça n'a pas manqué, le président des États-Unis le traitant régulièrement de « petit communiste » sur son réseau social.

Les critiques viennent aussi de certains membres de son propre parti, que le programme socialiste dérangent. La députée démocrate Lauren Gillen déclarait que « le socialiste Zhoran Mamdani est trop extrême pour diriger New York ». Andrew Cuomo, son adversaire durant la primaire démocrate, et désormais candidat indépendant, dénonce quant à lui un programme « dangereux ». Bernie Sanders, un de ses rares soutiens démocrates de poids, a condamné le faible soutien du parti à son candidat new-yorkais.

Un programme d'accessibilité financière

Zhoran Mamdani place la lutte contre la vie chère au cœur de son programme. Il souhaite notamment geler les loyers pour 2 millions de résidants, rendre les autobus gratuits, instaurer un service de garde universel, ouvrir des épiceries municipales avec des produits subventionnés, ou encore augmenter le salaire minimum de 15 à 30 dollars de l'heure d'ici 2030. Le candidat dit vouloir permettre aux classes populaires et moyenne de rester à New York, alors que l'augmentation des loyers, de l'alimentation, et des transports contraint de nombreux ménages à partir.

C'est un programme « résolument de gauche », estime le New York Times, alors que le message sur la vie chère « fait défaut de nombreux démocrates sur la scène nationale », et que le parti démocrate peine à rallier les classes moyennes et populaires depuis l'ère Obama.

Le candidat souhaite financer ces mesures sociales en taxant davantage les plus riches. Le taux d'imposition des entreprises passera de 7,5 à 11,5%, et celui des New-Yorkais gagnant plus de 1 millions de dollars sera augmenté de 2%. Il faut « taxer les 1% [des plus riches] pour les 99% [restants] », soutient-il sur ses réseaux sociaux.

Le rôle de la police remis en cause

Dans un tweet posté en 2020, Zhoran Mamdani déclarait : « Nous n'avons pas besoin d'une enquête pour savoir que le NYPD est raciste, anti-queer et une menace majeure à la sécurité publique. Ce dont nous avons besoin est de définancer le NYPD. » Largement critiqué par ses adversaires pour cette prise de position, le candidat affirme que ces critiques ne correspondent plus à ses opinions actuelles.

Sur le plan de la sécurité, le candidat veut toutefois créer un Département de la sécurité communautaire pour prévenir la violence. Si la police a « un rôle essentiel à jouer, elle ne peut pallier aux défaillance de notre filet de sécurité sociale », défend-il sur sa plateforme électorale. Le nouveau département de sécurité investira ainsi dans des programmes de santé mentale et d'intervention sociale. Il prévoit également de déployer des travailleurs sociaux dans les stations de métro pour garantir la sécurité des plus vulnérables et des passagers.

Craig Sauvé, l'outsider montréalais

À Montréal, un autre candidat inattendu vient déranger la course à la mairie avec des propositions sociales plus radicales, et une remise en cause du statu quo politique. Conseiller municipal dans l'arrondissement du Sud-Ouest depuis 2013, il l'était sous la bannière de Projet Montréal jusqu'en 2021, avant de siéger comme indépendant suite à une allégation d'agression sexuelle. Cet été, il a annoncé sa candidature à la mairie, sous les couleurs de son nouveau parti Transition Montréal.

S'immisçant dans la course traditionnelle entre Projet Montréal et Ensemble Montréal, le candidat souhaite mettre fin à l'alternance entre « deux vieux partis qui nous gouvernent depuis des décennies », est-il écrit sur son site de campagne.

Un programme plus radical ?

Contrairement à Zhoran Mamdani, Craig Sauvé est notamment en concurrence avec un parti, Projet Montréal, qui se dit « progressiste, écologiste et féministe ». Si le candidat propose des mesures marquées à gauche, elles sont moins inédites que dans le paysage politique américain et new-yorkais.

Parmi ses mesures phares, Craig Sauvé propose de taxer les ultra-riches, avec une taxe foncière sur les propriétés de luxe qui valent au-delà de 3,5 M$. Les sommes récoltées, dit-il, seront « entièrement consacrées à la lutte contre l'itinérance et l'inabordabilité des logements à Montréal ». Interrogé par TVA sur la popularité d'une telle mesure, Craig Sauvé prend l'exemple de Zhoran Mamdani : « S'il peut convaincre Manhattan de voter pour lui avec ces mêmes idées, je pense que ça peut marcher à Montréal. »

La sécurité est un autre point sur lequel le candidat Sauvé se distingue de Projet Montréal. Contrairement au parti de Valérie Plante qui a augmenté son budget, Craig Sauvé veut désinvestir du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM), afin de « s'attaquer aux causes profondes de la criminalité ». Le candidat veut notamment créer une brigade civile chargée des cas de détresse sociale, qui ne relèvent pas de la police selon lui. L'aspirant-maire souhaite également mettre fin aux « interpellations de rue arbitraires » visant les personnes noires et autochtones.

Pour le reste, si son discours est parfois plus explicite, les solutions envisagées sont semblables à celles proposées par Projet Montréal et son candidat Luc Rabouin. Sur la crise du logement, bien que Craig Sauvé dénonce le « capitalisme effréné » comme cause à la crise, il dit miser sur les logements sociaux, comme Projet Montréal, sans qu'un plan plus étoffé ait été dévoilé pour le moment.

Un changement démocratique plus que politique

Si Craig Sauvé souhaite une rupture, c'est davantage au plan démocratique. Interrogé par TVA sur les différences entre son parti et celui de Projet Montréal, il n'a rien avancé de concret, disant viser la collaboration : « On va prendre les bonnes idées de tous les partis : c'est une nouvelle manière de faire de la politique ».

En créant un nouveau parti, Craig Sauvé semble davantage chercher à élargir le débat municipal plutôt que de s'emparer du pouvoir pour opérer un tournant politique. « Je veux faire dialoguer les partis entre eux et mettre fin à la partisanerie », déclarait-il lors d'un débat entre les candidatures en septembre à l'Institut du Nouveau Monde.

Son programme défend par ailleurs une réforme électorale, avec la mise en place d'un vote proportionnel et préférentiel. L'électorat pourrait ainsi classer les candidatures selon leur ordre de préférence — comme à New York — et obtenir un conseil municipal proportionnel aux scores obtenus. L'idéal visé par Craig Sauvé, c'est « un conseil avec cinq ou six partis, menant des coalitions et des négociations entre eux », avance-t-il sur ses réseaux sociaux.

Le champ des possibles au municipal

Dans des contextes et des répertoires différents, Zhoran Mamdani et Craig Sauvé rebattent les cartes de leurs élections respectives, en profitant de la place du progressisme au municipal, plus importante qu'à l'échelle nationale.

Zhoran Mamdani, crédité de 47 % des intentions de vote, semble jouer un rôle qui sera déterminant sur le plan politique, qui plus est dans un pays dirigé par l'extrême droite. Craig Sauvé, qui affiche 7 % dans les derniers sondages, joue davantage le rôle de l'outsider, assez présent toutefois pour amener les partis traditionnels à s'adapter à sa présence et ses propositions.

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5 ans après le décès de Joyce Echaquan

30 septembre, par Bureau du Principe de Joyce — , , ,
Il y a cinq ans, le décès de Joyce Echaquan a bouleversé le Québec et éveillé les consciences. Son histoire a mis en lumière une réalité que nos Nations dénoncent depuis trop (…)

Il y a cinq ans, le décès de Joyce Echaquan a bouleversé le Québec et éveillé les consciences. Son histoire a mis en lumière une réalité que nos Nations dénoncent depuis trop longtemps.

Aujourd'hui, malgré certains progrès, beaucoup reste à faire. Les injustices que Joyce a vécues ne relèvent pas seulement du passé : elles sont encore bien présentes aujourd'hui.

Des solutions existent. Pourtant, trop souvent, des enjeux profondément humains sont réduits à des débats idéologiques ou partisans. Il faut aller plus loin.

En fin de semaine, le Bureau du principe de Joyce a tenu un colloque pour faire le point sur les avancées depuis cinq ans. Le chef de l'APNQL, Francis Verreault-Paul, y était présent et a prononcé une allocution rendant hommage à notre sœur Joyce.

Sa mémoire nous oblige à poursuivre le chemin vers des systèmes véritablement justes, sécurisants et respectueux pour toutes et tous.

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La FTQ se met en action pour la Marche mondiale des femmes !

30 septembre, par Fédération des travailleurs et des travailleuses du Québec (FTQ) — , ,
La Marche mondiale des femmes (MMF) est un mouvement collectif, vibrant et puissant où des femmes issues de toutes les régions, cultures et réalités s'unissent autour de (…)

La Marche mondiale des femmes (MMF) est un mouvement collectif, vibrant et puissant où des femmes issues de toutes les régions, cultures et réalités s'unissent autour de valeurs féministes communes. Ensemble, nous marchons pour la justice climatique et pour un monde sans pauvreté et sans violence.

Organisée tous les cinq ans, la MMF est l'occasion de faire entendre nos voix et de porter nos revendications sur la place publique. En 2025, nous en serons à la 6e édition de cette mobilisation internationale inspirée de la grande Marche du pain et des roses de 1995.

Quand ? Samedi 18 octobre 2025

Où ? À Québec – Place de l'Assemblée nationale

À quelle heure ? Départ de la marche à 12 h

Point de rencontre FTQ : Parc de la Francophonie (aussi appelé le Pigeonnier), sur Grande-Allée, entre les rues d'Artigny et la rue des Parlementaires.

Vous voulez faire partie de la délégation FTQ à la Marche mondiale des femmes ? Contactez le conseil régional FTQ de votre coin pour connaître tous les détails sur le transport disponible.

Informations générales pour la Marche mondiale des femmes

10 h : animation sur le site devant l'Assemblée nationale ;

12 h : rassemblement devant l'Assemblée nationale et départ de la marche ;

15 h : cérémonie de clôture avec prises de paroles et performances.

Pour vos questions sur place : une équipe d'accueil avec des points d'interrogation sera présente ;

à- En cas d'urgence : une équipe Santé ainsi que l'ambulance St-Jean seront sur le site d'accueil et en bordure de la marche ;

Fontaines d'eau sur le site pour remplir vos bouteilles (pas de vente de bouteille d'eau sur place) ;

Apportez des collations, il n'y aura pas de vente de nourriture sur place.

Accessibilité

Le site est accessible aux personnes à mobilité réduite ;

Des toilettes adaptées seront disponibles à trois endroits (sur le site et le long du trajet) ;

L'interprétation en langue des signes du Québec (LSQ) sera assurée ;

Zone réservée près de la scène et chaises disponibles sous le chapiteau ;

Le parcours est court et plat pour rendre l'événement convivial pour toustes ;

Transport disponible en queue de marche pour celleux qui ont besoin de repos ;

Il y aura un service d'ordre assuré par des bénévoles s'identifiant comme femmes.

Consignes de la Coordination du Québec de la Marche mondiale des femmes

Les pancartes sont bienvenues, mais merci d'éviter les grandes bannières et les drapeaux dans les airs qui pourraient bloquer la visibilité des autres organisations et obstruer le champ de vision des personnes ;

En cas de pluie, privilégiez les imperméables ou les ponchos plutôt que les parapluies, pour garder le cortège sécuritaire et fluide ;

On encourage les bouteilles d'eau réutilisables, question de diminuer l'usage du plastique. Il y aura des fontaines d'eau pour les remplir sur le site.

Les hommes alliés sont invités à prendre une posture de support aux femmes et aux personnes non-binaires pendant la marche.

Ensemble, marchons pour la justice climatique et pour un monde sans pauvreté et sans violence.

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La déclaration du Canada reconnaissant l’État de Palestine : Une reconnaissance sans effet qui nie même le droit à l’autodétermination

30 septembre, par Coalition du Québec URGENCE Palestine — , ,
Tiohtià:ke/Mooniyang/Montréal, le 23 septembre 2025 – Le dimanche, 21 septembre, le premier ministre Carney a publié une déclaration reconnaissant l'État de Palestine. Cette (…)

Tiohtià:ke/Mooniyang/Montréal, le 23 septembre 2025 – Le dimanche, 21 septembre, le premier ministre Carney a publié une déclaration reconnaissant l'État de Palestine. Cette reconnaissance s'harmoniserait « pleinement avec les principes d'autodétermination et les droits fondamentaux de la personne inscrits dans la Charte des Nations Unies ».

Mais dans les faits, elle les nie par les conditions qu'elle prescrit. De plus, elle restera sans effet car, même après deux ans de génocide, le Canada ne donne toujours aucune indication de vraiment vouloir remplir ses
obligations internationales à l'égard du peuple palestinien.

*Une autodétermination… déterminée par des puissances occidentales*

La déclaration du Canada ne fait aucune mention du cadre de référence de l'ONU, la véritable « communauté internationale », concernant la Palestine. Aucune mention des résolutions historiques de l'ONU, ni de celle du 18
septembre 2024 donnant un délai maximum d'un an à Israël pour mettre fin à son occupation et sa colonisation illégales. Aucune mention des décisions de la Cour internationale de justice, qui reconnaissait dès janvier 2024
qu'il était plausible qu'un génocide soit en cours à Gaza, ni des mandats d'arrêt émis par la Cour pénale internationale contre Benjamin Netanyahou, le Premier ministre d'Israël, et Yoav Gallant, l'ancien ministre de la
Défense d'Israël.

La déclaration du Canada fait quelques constats incriminants envers Israël mais ne lui adresse aucune demande. Elle détermine que c'est l'Autorité palestinienne – considérée comme collaboratrice de l'occupation israélienne
par bon nombre de Palestinien·nes – qui prendra les rênes de l'État palestinien, moyennant des « réformes essentielles » qu'elle s'est engagée à mener « directement auprès du Canada et de la communauté
internationale
». Elle détermine finalement que l'État palestinien sera démilitarisé.

Toutes ces questions, c'est aux Palestiniens et Palestiniennes d'en décider. Or il semble que le seul choix qu'on leur laissera sera celui de choisir, parmi des partis et des candidats qui seront jugés acceptables par
la « communauté internationale », quels seront les gestionnaires palestiniens de leur nouveau carcan néocolonial et néolibéral.

*Une reconnaissance pour tenter de sauver la face*

La déclaration d'indépendance de la Palestine a eu lieu le 15 novembre 1988. Un mois plus tard, l'Assemblée générale des Nations Unies en prenait acte et reconnaissait son droit d'exercer sa souveraineté sur son
territoire occupé par Israël depuis 1967 (Gaza, Cisjordanie incluant Jérusalem-Est).

C'est donc 37 ans plus tard que le Canada en arrive à cette reconnaissance, mais surtout après deux ans d'un génocide toujours en cours, qu'il n'a jamais reconnu comme tel, et dont il demeure complice de diverses façons
jusqu'à aujourd'hui.

Depuis quelques mois, le nouveau ton plus incisif du Canada et de certains autres pays occidentaux vis-à-vis Israël, tout comme leur reconnaissance symbolique actuelle de l'État de Palestine, ne visent qu'à tenter de faire
oublier qu'ils ont laissé Israël commettre toutes ses horreurs et qu'ils en ont été complices.

*Des sanctions à long-terme, sévères et concertées contre Israël sont nécessaires*

Aucune déclaration ne lèvera le blocus israélien, n'arrêtera le génocide et la colonisation du peuple palestinien. Aucune déclaration ne mettra fin à l'occupation militaire israélienne. Seules des sanctions à long-terme,
sévères et concertées contre Israël peuvent réalistement contribuer à atteindre ces objectifs.

Si le Canada ne veut pas demeurer complice des crimes d'Israël, c'est là le chemin à emprunter *immédiatement en déployant tous les moyens d'action politique et économique à sa disposition*, en tant qu'État.

Mais la teneur de sa déclaration reconnaissant l'État de Palestine montre que sa démarche est encore essentiellement guidée par les intérêts d'Israël et de sa propre alliance avec cet État voyou et non par le droit
international et la défense des droits du peuple palestinien. Seule une mobilisation populaire beaucoup plus grande au Québec et au Canada pourront forcer un changement de politique.

*Citation *

« Les sanctions personnelles imposées par le Canada à quelques colons et à deux ministres israéliens sont insignifiantes. Ce ne sont pas quelques individus, mais bien l'État d'Israël qui est responsable de l'occupation
militaire et de la colonisation illégales du territoire palestinien depuis 1967, et du génocide en cours depuis deux ans. C'est contre l'État d'Israël qu'un maximum de sanctions doit être appliqué immédiatement. » déclare
Raymond Legault, porte-parole de la Coalition du Québec URGENCE Palestine.

*À propos de la Coalition*

La Coalition du Québec URGENCE Palestine s'est formée en février 2024 pour rendre visible l'indignation de la société civile québécoise devant le génocide perpétré par Israël à Gaza et pour soutenir la lutte palestinienne
contre l'occupation, la colonisation et la dépossession. Elle rassemble 52 groupes syndicaux, communautaires et citoyens partout au Québec.

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La gauche devrait défendre la démocratie et non la tentative d’Ottawa de restreindre la clause dérogatoire

30 septembre, par Donal Gill — , ,
Le gouvernement fédéral intervient dans l'affaire qui traîne devant la Cour suprême concernant l'invocation préventive par le Québec de l'article 33, la clause dérogatoire de (…)

Le gouvernement fédéral intervient dans l'affaire qui traîne devant la Cour suprême concernant l'invocation préventive par le Québec de l'article 33, la clause dérogatoire de la Charte des droits et libertés, pour le projet de loi 21, Loi sur la laïcité de l'État.

Tiré de Canadian dimension.

19 septembre 2025

Dans un mémoire déposé le 17 septembre, Ottawa a fait valoir que les tribunaux devraient pouvoir interdire l'utilisation à long terme de l'article 33 pour passer outre aux droits garantis par la Charte, avertissant que des suspensions prolongées équivalent à un déni inconstitutionnel des droits eux-mêmes.

C'est une mauvaise idée. La gauche politique au Canada devrait s'opposer à tout affaiblissement de la suprématie parlementaire préservée par l'article 33. En tant que théoricien politique ayant une vision populiste de la démocratie, je soutiens que le dernier mot sur l'autorité législative doit rester entre les mains des institutions démocratiques responsables. La gauche devrait se rallier à cette cause.

La clause dérogatoire a été insérée dans la Charte lors des négociations tendues sur le rapatriement constitutionnel en novembre 1981. Pendant des décennies, les différends sur la formule d'amendement avaient bloqué tout progrès. La « magnifique obsession » de Pierre Elliott Trudeau pour une Charte des droits et libertés bien établie a été farouchement combattue par le « gang des huit » premiers ministres provinciaux, déterminés à le bloquer.

L'article 33 est apparu comme le compromis qui a permis à Trudeau de détacher les sept premiers ministres anglophones de René Lévesque et d'obtenir leur soutien pour la nouvelle Constitution. Cette clause a été proposée par le premier ministre de l'Alberta, Peter Lougheed, et négociée par le ministre de la Justice de l'époque, Jean Chrétien, dans le cadre du désormais légendaire « accord de cuisine ». Son objectif était d'apaiser les craintes des provinces qui redoutaient que la Charte ne transfère trop de pouvoirs aux tribunaux au détriment de la souveraineté parlementaire.

Les défenseurs de cette clause, comme Thomas Axworthy, conseiller principal de Trudeau, ont qualifié l'article 33 de « compromis canadien historique », établissant un équilibre entre la tradition britannique de la suprématie législative et le contrôle judiciaire à l'américaine. Les détracteurs, comme le chroniqueur Andrew Coyne, soutiennent depuis longtemps qu'elle affaiblit fatalement la Charte, en permettant aux législatures de passer outre les protections des droits à leur guise. L'ancien premier ministre Brian Mulroney partageait ce point de vue, déclarant en 1989 que l'article 33 « prend en otage [les droits individuels] » et rend la Constitution indigne de respect. Sa chute politique au milieu de réformes constitutionnelles ratées reste l'une des raisons pour lesquelles peu de politiciens aujourd'hui reprennent ouvertement cette ligne.

Ces dernières années, cependant, les penseurs conservateurs ont adopté la clause dérogatoire. Ce que Mulroney considérait comme un défaut, ils le présentent comme une garantie pour la démocratie. Leur argumentation repose sur les griefs conservateurs de longue date concernant « l'activisme judiciaire », défendus notamment par Ted Morton et Rainer Knopff dans leur ouvrage The Charter Revolution and the Court Party (2000). Aujourd'hui, des universitaires comme Geoffrey Sigalet, de l'Université de Colombie-Britannique, soutiennent que l'article 33 est non seulement constitutionnel, mais aussi essentiel pour garantir que ce sont les législatures, et non les tribunaux, qui ont le dernier mot.

Sans surprise, lorsque Ottawa a déposé son argumentation visant à limiter la portée de la clause, les voix conservatrices proches de Pierre Poilievre ont dénoncé cette initiative. Son ancien directeur de la communication, Ben Woodfinden, a averti que le fait d'accepter la position d'Ottawa déclencherait « une grave crise constitutionnelle ». Un autre ancien conseiller, Yuan Yi Zhu, a fait valoir que tout juge votant en faveur d'une restriction de l'article 33 devrait être destitué par le Parlement.

Cette division des opinions s'est durcie : la défense de l'article 33 est désormais considérée comme une cause conservatrice. Mais cela n'a pas toujours été le cas, et cela ne devrait pas rester ainsi. En 1989, le juriste de gauche Michael Mandel a publié The Charter of Rights and the Legalization of Politics in Canada (La Charte des droits et la légalisation de la politique au Canada), dans lequel il s'opposait à la Charte elle-même. Mandel avertissait que les juges non élus et les élites juridiques s'arrogeaient un pouvoir sur des droits qui devraient rester du ressort de la politique démocratique. Soulignant que le pouvoir judiciaire a toujours privilégié la propriété privée au détriment du bien public et sapé le bien-être social, il a exhorté les progressistes à normaliser l'utilisation de la clause dérogatoire afin de démystifier et de contrebalancer la Charte.

C'est un argument que je trouve convaincant. Pour que la démocratie ait un sens, le peuple doit avoir le dernier mot. Les tribunaux peuvent prétendre protéger les droits contre les « incitations sordides » de la politique partisane, mais comme l'a récemment fait remarquer la théoricienne politique Leah Downey, céder le contrôle d'institutions cruciales à des élites qui n'ont pas à rendre de comptes peut sembler sûr dans la pratique, mais est indéfendable en principe. À l'heure où le Canada est confronté à une crise du logement, à des inégalités générationnelles, à une dérive de sa politique étrangère et à une catastrophe climatique, la protection et l'extension du contrôle démocratique devraient être primordiales.

Les populistes de gauche devraient se saisir de cette question et défendre l'autorité législative du Parlement. Peu importe que les invocations de la clause dérogatoire ces dernières années par le Québec, l'Ontario et la Saskatchewan aient été faites au nom de causes illibérales et régressives. En réifiant la propriété exclusive du pouvoir de déterminer la portée et la nature des droits entre les mains du pouvoir judiciaire, la gauche accepte volontiers la dilution de son principe ostensiblement axiomatique : le pouvoir moral et politique du plus grand nombre, et non d'une minorité.

L'idée que les droits protégés par la Charte existent en dehors ou au-delà du domaine de la contestation démocratique trahit une vision tout à fait antidémocratique de la politique. La gauche ne doit jamais cautionner cela, même si l'équilibre approprié entre le contrôle judiciaire et le désordre de la souveraineté populaire exprimée par les institutions représentatives n'est pas et ne sera jamais clair ni facile à trouver. C'est le fardeau de l'autonomie gouvernementale. Il est inacceptable de renoncer à ce défi en échange du règne des technocrates ou des élites juridiques, même si la Charte a été un instrument de réforme progressiste sur certaines questions au cours des quatre dernières décennies.

Dans une déclaration publiée le matin du 18 septembre, le ministre de la Justice, Sean Fraser, a déclaré que « cette affaire va au-delà des questions immédiates dont est saisie la Cour. La décision de la Cour suprême déterminera la manière dont les gouvernements fédéral et provinciaux pourront utiliser la clause dérogatoire pendant des années ». On a l'impression que ni Fraser ni le premier ministre Carney ne mesurent pleinement à quel point cela sera incendiaire, surtout au Québec, où les cicatrices de la « nuit des longs couteaux » de Lévesque en 1981 et la réévaluation de l'ancienne clause dérogatoire en clauses de souveraineté parlementaire montrent exactement comment cela est compris dans la Belle Province.

Même si cette intervention du gouvernement fédéral ne risquait pas de provoquer une crise d'unité nationale, elle est mauvaise en soi. Mandel a fait valoir en 1989 que « la logique et l'expérience montrent que lorsque [la Charte et le gouvernement représentatif] ... s'opposent, le gouvernement représentatif est le plus souvent du côté qui mérite d'être soutenu ».

La gauche ferait bien de s'en souvenir aujourd'hui.

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Retour vers le futur — Le NPD doit relancer le débat sur le capitalisme

30 septembre, par Yves Engler — , ,
« Aucun gouvernement du CCF ne se reposera tant qu'il n'aura pas éradiqué le capitalisme et mis en œuvre le programme complet de planification socialisée qui mènera à (…)

« Aucun gouvernement du CCF ne se reposera tant qu'il n'aura pas éradiqué le capitalisme et mis en œuvre le programme complet de planification socialisée qui mènera à l'établissement au Canada du Commonwealth coopératif. » — Manifeste de Regina, 1933

https://rabble.ca/politics/canadian-politics/back-to-the-future-ndp-must-debate-capitalism-again/

22 septembre 2025

Au cours des deux mois de campagne pour la direction du NPD, nous avons remis en question les fondements de notre système économique plus que toutes les autres branches du parti au cours des dernières années. Mais notre position est profondément enracinée dans le NPD/CCF et est plus pertinente que jamais, alors que le capitalisme détruit les perspectives de survie de l'humanité.

Dans un récent article à charge me qualifiant de « gadfly perpétuel », le chroniqueur du National Post, John Ivison, a noté avec ironie : « Engler fait campagne sur un programme visant à abolir le capitalisme. » À l'extrémité la plus libérale de la presse d'entreprise, le journaliste du Toronto Star Mark Ramzy a enterré ma candidature dans un long article consacrant une attention particulière aux candidats plus favorables au capitalisme, se contentant de noter que je me présentais « à la direction sur un programme antimilitariste et anticapitaliste ». The Western Standard, Queen's Journal, Rebel, Left of the Box et d'autres m'ont tous décrit comme un candidat anticapitaliste, et des centaines de milliers de personnes ont lu ou regardé mon commentaire de lancement, mes communiqués et mes vidéos affirmant que je me présente pour remettre en cause le capitalisme. Ces derniers jours, des milliers de tracts et d'affiches intitulés « Le capitalisme ne peut pas être réparé » ont été distribués à l'occasion du lancement à Toronto d'une tournée nationale dans dix villes.

Mise à part cette récente vague de rhétorique anticapitaliste, il est remarquable de constater à quel point les cercles du NPD ont peu discuté de notre système économique, qui concentre les richesses et détruit l'environnement. Il est pourtant plus important que jamais de remettre en cause le capitalisme.

Le capitalisme est un système de domination minoritaire et de classe fondé sur la propriété privée des moyens de subsistance. Les collectifs capitalistes (les entreprises) ont socialisé le travail tout en fonctionnant comme des dictatures privées sur le lieu de travail qui centralisent le pouvoir entre les mains d'une petite élite.

Le capitalisme est une menace pour l'humanité. La nécessité pour le système de maximiser constamment ses profits et sa croissance met en péril la survie de l'humanité. Les trois dernières années ont été les plus chaudes depuis 100 000 ans et les niveaux de CO2 sont les plus élevés depuis des millions d'années. Les Canadiens ont l'un des taux d'émissions de GES par habitant les plus élevés, mais le capital canadien continue d'étendre son extraction de sables bitumineux, très émettrice de GES.

Il ne s'agit pas seulement de la crise climatique. La recherche du profit des entreprises entraîne l'extinction massive d'espèces, l'appauvrissement des sols, l'amincissement de la couche d'ozone, la perte de terres arables, l'épuisement des ressources en eau douce et d'autres crises écologiques.

Le capitalisme met en péril notre capacité à vivre sur la planète, mais il détruit également notre santé. L'impact croissant des plastiques, une invention des entreprises de la fin du XXe siècle, sur la santé en est un exemple frappant. Des chercheurs ont découvert que la plupart d'entre nous avons désormais l'équivalent d'une petite cuillère de particules de plastique dans notre cerveau.

Le capitalisme nuit également à notre santé mentale. Les messages incessants nous incitant à acheter ceci ou cela sont déstabilisants. Une quantité impressionnante de ressources et d'ingéniosité est consacrée à nous convaincre que nous avons besoin de ceci ou de cela (toujours plus) pour être satisfaits.

Tout en menant une guerre contre notre psyché, le capitalisme nous aliène de notre travail. Il dévalorise le travail, offrant une rémunération généralement moindre aux personnes qui travaillent le plus dur. Ces dernières années, le capital canadien a mené une guerre sans merci contre les organisations de la classe ouvrière, faisant chuter le taux de syndicalisation du secteur privé canadien à son plus bas niveau en 80 ans.

Alors que les capitalistes s'attaquent aux syndicats, le système concentre la richesse entre les mains d'une élite de plus en plus restreinte. La famille la plus riche du Canada, les Thompson, possède près de 100 milliards de dollars. Le Canada compte environ 75 milliardaires, qui contrôlent plus de richesses que des millions de Canadiens. Selon les données du directeur parlementaire du budget, les 1 % les plus riches des Canadiens détiennent 24 % de la richesse nette totale du pays, tandis que 53 % de toute la richesse est détenue par les 10 % les plus riches.

La concentration des richesses est une menace pour la démocratie. Grâce à leurs participations, les grands actionnaires ont un pouvoir excessif au sein du système politique. Ils achètent des partis politiques, possèdent les médias, financent des groupes de réflexion, s'organisent en groupes de pression commerciaux, entre autres. En bref, ils essaient de modeler la structure politique, culturelle et économique des sociétés à leur avantage.

Mais ma campagne ne se contente pas de critiquer le capitalisme. Elle propose une alternative.

Le capitalisme « un dollar, une voix » devrait être remplacé par la démocratie économique « une personne, une voix ». Partout où il y a du travail social, il devrait y avoir une propriété communautaire et une démocratie sur le lieu de travail.

Comme l'affirmait mon défunt oncle Allan Engler dans Economic Democracy : The Working Class Alternative to Capitalism (Démocratie économique : l'alternative ouvrière au capitalisme), le changement social nécessaire devrait « s'appuyer sur les organisations professionnelles, les mobilisations communautaires et l'action politique démocratique ; sur les acquis et les réformes qui améliorent les conditions de vie tout en remplaçant méthodiquement les privilèges des détenteurs de richesses par les droits humains, la propriété capitaliste par la propriété communautaire et les relations maître-serviteur par la démocratie au travail ». (Vous pouvez regarder la série de vidéos de mon père intitulée Economic Democracy or No Democracy — An Anti Oligarchy Manifesto, qui vise à populariser ces thèmes).

Et ces idées gagnent clairement en popularité.

Au cours des dix premiers jours de ma campagne de financement, ma candidature à la direction du NPD sur une plateforme anticapitaliste a permis de récolter plus de 55 000 dollars. De plus, nous avons plus que doublé le seuil de nomination pour participer à la course à la direction avec plus de 1 000 membres du parti, couvrant toutes les exigences régionales, d'équité et d'âge du parti, qui ont signé mon formulaire de nomination.

Bien que je remplisse les critères de nomination et financiers, il est possible que les dirigeants du parti m'empêchent de participer à la course. Mais même ceux qui n'ont pas l'intention de voter pour moi devraient rejeter ce type de manipulation antidémocratique. Tous les membres du parti, à l'exception des plus réactionnaires, devraient vouloir que le capitalisme soit à l'ordre du jour de la course à la direction du NPD.

C'est la tradition du CCF/NPD. Selon le Manifeste de Regina de 1933, l'objectif du parti est de « REMPLACER le système capitaliste actuel », tandis que le Manifeste Waffle de 1969 stipule que « le capitalisme doit être remplacé par le socialisme ».

Si je ne suis pas autorisé à participer à la course, ne vous attendez pas à ce que l'on discute beaucoup du capitalisme. Si je suis autorisé à me présenter, attendez-vous à ce que tous les candidats remettent en question ce système économique odieux d'ici la fin de la campagne.

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Peuple Xinka : Le Canada doit respecter leur droit à l’autodétermination face à une minière canadienne au Guatemala

30 septembre, par Aidan Gilchrist-Blackwood, Miriam Shaftoe — , ,
Ottawa – Aujourd'hui, deux déléguées du Parlement Xinka du Guatemala ont tenu une conférence de presse sur la Colline du Parlement pour demander au gouvernement canadien et à (…)

Ottawa – Aujourd'hui, deux déléguées du Parlement Xinka du Guatemala ont tenu une conférence de presse sur la Colline du Parlement pour demander au gouvernement canadien et à la société minière Pan American Silver, basée à Vancouver, de respecter la décision du peuple Xinka d'exiger la fermeture définitive de la mine Escobal, conformément à son droit à l'autodétermination en vertu de la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones (Déclaration des Nations Unies).

23 septembre 2025 | tiré du Journal des Alternatives

Le 8 mai, le peuple Xinka a annoncé son refus catégorique de consentir à la réouverture de la mine, à l'issue d'un processus de consultation judiciaire qui a duré sept ans. Pourtant, Pan American Silver, la société minière basée à Vancouver qui possède la mine Escobal, continue d'ignorer la décision du peuple Xinka de refuser de donner son consentement et présente de manière trompeuse le processus de consultation comme un dialogue entre la société, les autorités guatémaltèques et le peuple Xinka en vue d'une éventuelle réouverture de la mine.

« Il ne s'agit pas et il n'a jamais été question d'un processus de négociation », a déclaré Marisol Guerra, présidente de la Commission des femmes Xinkas. « Le peuple Xinka a participé de bonne foi à la consultation. Nous avons décidé que nous n'avions pas besoin de la mine ; nous avons besoin d'eau propre et abondante, de terres, de santé et de paix sur notre territoire traditionnel. »

Face au mépris flagrant de l'entreprise pour la décision des Xinkas, les dirigeantes Xinkas sont retournées au Canada pour la deuxième fois cette année afin de tirer la sonnette d'alarme sur la mauvaise foi de l'entreprise et de rencontrer des parlementaires, des dirigeants autochtones et des organisations de la société civile à Halifax, Fredericton, Toronto, Peterborough et Ottawa.

« Nous appelons les autorités canadiennes à exprimer publiquement leur soutien à notre droit à l'autodétermination et à notre décision de refuser notre consentement à la mine Escobal », a déclaré Marta Muñoz, déléguée au processus de consultation. « Le Canada doit également mettre en œuvre les lignes directrices Voix à risque en faveur de notre sécurité et de notre sûreté en tant que défenseuses de la terre, du territoire et de l'environnement. Aujourd'hui plus que jamais, nous craignons des représailles en raison de notre décision de protéger nos terres et notre eau. »

« L'aboutissement de ce processus de consultation historique intervient à un moment où les droits des peuples autochtones au Canada et dans le monde sont de plus en plus menacés par une nouvelle vague d'accélération et de déréglementation dans l'industrie minière », explique Viviana Herrera, coordinatrice pour l'Amérique latine chez MiningWatch Canada. « Pourtant, poursuivre des projets miniers contre la volonté des nations autochtones est la recette idéale pour un conflit à long terme, ce qui est exactement ce que nous observons au Canada avec les campements de résistance qui se poursuivent dans la région dite du « Ring of Fire » et les manifestations importantes contre la Loi visant bâtir le Canada au fédéral, et la Loi de 2025 pour protéger l'Ontario en libérant son économie au niveau provincial. »

La consultation ordonnée par le tribunal s'est heurtée à de nombreux obstacles, notamment la cooptation du système judiciaire du pays, ainsi que le harcèlement, les menaces et les attaques persistantes contre les dirigeants et les membres de la communauté Xinka. Il convient de noter que le dernier président du Parlement Xinka et sa famille ont fui le pays à la fin de l'année dernière, tout comme d'autres personnes qui ont quitté le pays par crainte pour leur vie.

« Le gouvernement canadien a le devoir international de protéger les droits des autochtones et la responsabilité de demander des comptes aux entreprises canadiennes lorsqu'elles enfreignent ces droits. Le gouvernement doit adopter une position ferme en faveur de l'autodétermination des autochtones en affirmant que Pan American Silver doit respecter le refus clair du consentement du peuple Xinka et fermer définitivement ses activités à la mine Escobal », a déclaré Aidan Gilchrist-Blackwood du Réseau canadien sur la responsabilité des entreprises.

« La décision du peuple Xinka est claire : la mine Escobal, propriété de la société canadienne Pan American Silver, doit être fermée. Je suis en solidarité avec leurs efforts. Nous n'accepterons jamais qu'une entreprise canadienne continue de violer les droits humains du peuple Xinka et de faire courir un grave risque environnemental aux écosystèmes situés à proximité de la mine », a déclaré Elizabeth May, cheffe du Parti vert.

Regarder la conférence de presse ici.

Pour information :

Miriam Shaftoe, MiningWatch Canada, miriam@miningwatch.ca
Aidan Gilchrist-Blackwood, Réseau Canadien sur la reddition de compte des entreprises (RCRE), agilchristblackwood@cnca-rcre.ca, +1-438-872-0401

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Les femmes se rebiffent

30 septembre, par Judy Rebick — , ,
Les travailleuses du secteur des soins sont en première ligne. Elles vont au front pour faire valoir leurs droits. Le 16 août, les agents de bord d'Air Canada ont défié un (…)

Les travailleuses du secteur des soins sont en première ligne. Elles vont au front pour faire valoir leurs droits. Le 16 août, les agents de bord d'Air Canada ont défié un employeur qui s'ingénie à ne pas vouloir laisser tomber le travail non rémunéré. Le 17 août, ces travailleuses et travailleurs ont défié la loi de retour au travail d'un gouvernement qui ne leur a même pas accordé un jour pour défendre leurs droits. Et le 6 septembre, ces membres du personnel navigant ont créé un précédent en rejetant les compromis proposés par les dirigeantes et dirigeants de leur syndicat.

Tiré de Rabble

Le 12 septembre 2025 / DE : Judy Rebick
Traduction Johan Wallengren

Toutes ces initiatives ont été décidées à la quasi-unanimité par les travailleuses et travailleurs. Cela faisait longtemps que nous n'avions pas vu une telle combativité syndicale, avec une opinion publique qui bascule du côté des mécontents. Mais que se passe-t-il ?

Ces événements m'ont personnellement rappelé une autre expérience que j'ai vécue cet été, lors d'une conférence de l'Association des infirmières et infirmiers de l'Ontario (ONA) : cela fait des décennies que je me démène au sein du mouvement syndical tout en ne voyant guère les infirmières se manifester ; et puis j'ai entendu le discours d'ouverture de la conférence de la présidente Erin Ariss dans lequel elle promettait une grande campagne à l'automne pour défendre les droits des infirmières à domicile qui, comme les hôtesses de l'air, ne sont pas rémunérées pour une partie de leur travail, et très peu pour le reste.

Cette semaine, elle a lancé la campagne en ces termes :

« Les infirmières auxiliaires en soins à domicile sont les infirmières les moins bien payées de la province, alors qu'elles sont confrontées à certaines des pires conditions de travail. Le système ne tient désormais plus qu'à un fil. En sous-effectif, soumises à de l'insécurité et sous-payées, les infirmières auxiliaires quittent le secteur, car, en évoluant dans un milieu largement féminin, elles sont confrontées à un niveau de violence stupéfiant, cinq fois supérieur à celui des infirmières dans d'autres secteurs de la santé. »

Et n'oublions pas les travailleuses et travailleurs de soutien à l'éducation de l'Ontario qui, en 2022, ont défié l'ordre de retour au travail du gouvernement de Doug Ford avec le soutien de l'ensemble du mouvement syndical, menaçant de déclencher une grève générale.

Tous ces syndicats regroupent du personnel concentré dans le secteur des soins et sont majoritairement composés de femmes et dirigés par des femmes. À l'heure où notre Premier ministre tente de nous vendre une économie basée sur l'extraction, la construction et les transports, une économie axée sur le fait pour de grandes sociétés d'engranger des bénéfices colossaux grâce à une main-d'œuvre majoritairement masculine, ces travailleuses nous rappellent ce à quoi il faut attacher la plus grande importance. Il est extraordinaire que les agents de bord aient bénéficié d'un soutien public de 66 % et que 88 % des personnes interrogées aient estimé que celles et ceux faisant ce travail devaient être rémunérés pour l'ensemble de celui-ci. Demandez à n'importe quelle personne qui a été hospitalisée ce qu'elle a le plus apprécié, et elle vous répondra que ce sont les infirmières. Dans les écoles, le personnel de soutien aide ceux qui ont le plus besoin d'assistance.

En 2025, nous sous-estimons encore massivement le travail des femmes et les soins que celles-ci prodiguent. Pourquoi les infirmières et les hôtesses de l'air sont-elles si mal payées ? Parce qu'elles font le travail que les femmes ont toujours fait, généralement sans rémunération. Sans le travail non rémunéré des femmes à la maison et leur travail sous-payé dans le monde du travail, notre économie s'effondrerait. Pourtant, lorsque notre Premier ministre ou Premier ministre provincial parle d'économie, il parle de l'ancienne économie, l'économie industrielle, sans presque jamais mentionner les gens qui prennent soin de nous et de nos enfants.

Le fait d'avoir des femmes comme porte-parole de l'industrie de l'armement et du pétrole ne constitue pas un pas vers l'égalité. Le fait que des femmes agissent pour soutenir les structures patriarcales n'est pas une victoire pour le féminisme. Mais le fait que des femmes dirigeantes syndicales soient capables de représenter une main-d'œuvre de plus en plus militante est une contribution importante de ma génération de féministes.

Dans ce que j'ai écrit, j'ai déjà souligné à quel point le Canada est unique de par le lien qui existe entre le mouvement féministe et le mouvement syndical. Lors de la lutte pour la légalisation de l'avortement, nous avons pu compter sur le soutien du mouvement syndical pour défendre la clinique Morgentaler. Grace Hartman – première femme à diriger un syndicat canadien – a été propulsée présidente du Syndicat canadien de la fonction publique en 1975. Mais ce n'est pas tout. Au milieu des années 1970, des féministes de l'Ontario et de la Saskatchewan ont créé un groupe appelé Organized Working Women (Femmes travailleuses organisées), groupe qui formait les femmes du mouvement syndical de façon à leur apprendre à participer aux congrès et qui a organisé des mouvements de solidarité féministes lorsque les femmes de l'industrie textile se sont mises en grève.

En cette période de troubles terribles où tout ce pour quoi ma génération s'est battue semble être remis en question, il me paraît logique que les travailleuses mènent la lutte et se battent pour que le travail des femmes soit valorisé et apprécié à sa juste valeur dans notre économie.

Et ce n'est pas seulement l'échelle salariale qui compte. Au terme de mon discours à l'ONA, j'ai encouragé les gens du public à venir raconter leur histoire, et les femmes qui se sont présentées ont l'une après l'autre parlé de violence sur leur lieu de travail, de coups violents infligés par un patient perturbé et du racisme et du sexisme terribles auxquels elles ont été exposées sans bénéficier d'aucun soutien ou presque. Les hôtesses de l'air parlent elles aussi de la violence à laquelle elles sont parfois confrontées. Mais malgré cela, elles continuent à servir, aider, soutenir. Elles ne devraient pas avoir à subir pareille violence et la lutte pour mettre fin au patriarcat est l'un des moyens pour y remédier. Mais leur courage, leur persévérance, leur capacité à travailler avec des personnes qu'elles n'aiment pas, voire qui leur ont fait du mal, sont une source d'inspiration et offrent des éléments de compréhension de ce dont nous avons besoin pour transformer notre société.

Dans les débuts de ma génération de féministes – que les universitaires appellent la deuxième vague –, l'un des principaux slogans était « plus de patriarcat, plus de merde ». Mais nous n'avons pas réussi à éradiquer le patriarcat. Nous avons considérablement amélioré la vie de nombreuses femmes, mais le patriarcat persiste à tous les niveaux de notre société. Les luttes des hôtesses de l'air, des infirmières et des aides-enseignantes nous montrent ce qui est vraiment important dans nos vies.

Aujourd'hui, en réclamant que le travail des femmes soit valorisé, nous exigeons que l'on cesse de considérer la recherche de profits toujours plus énormes pour les riches comme un fondement de l'économie. N'est-ce pas là ce que mesure le PIB ? Et que l'on commence à valoriser le travail des femmes, des immigrés et de tous ceux dont le travail facilite nos vies et soutient nos communautés.

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Vers une nouvelle réforme forestière plus humaine

30 septembre, par Réseau québécois des groupes écologistes — , ,
L'abandon du PL97 est une victoire à célébrer, mais pas une raison d'abandoner la mobilisation pour une réforme forestière respectueuse du vivant, des emplois en foresterie, (…)

L'abandon du PL97 est une victoire à célébrer, mais pas une raison d'abandoner la mobilisation pour une réforme forestière respectueuse du vivant, des emplois en foresterie, des activités des pourvoieries et de la souveraineté des Premières Nations.

C'est pourquoi le RQGE sera présent le 30 septembre devant l'Assemblée nationale de Québec, en support aux groupes écologistes autochtones Première Nation MAMO • MAMU First Nation et FREDA - Front de résistance écologique et de défense autochtone pour les remercier de prendre soin des territoires et de la vie qu'ils abritent.

Page Facebook de l'événement

N'oublions pas que le premier ministre Legault a décidé d'ouvrir la session de l'Assemblée Nationale le Jour de la Vérité et de la Réconciliation, un jour de commémoration national pour les milliers d'enfants autochtones enlevés de leur famille pour les placer dans d'odieux pensionnats durant plusieurs générations.

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Port de Contrecoeur : Alors que les travaux débutent, la résistance s’organise

30 septembre, par Les soulèvements du fleuve — , ,
Contrecoeur, 29 septembre 2025- Dans la dernière année, un groupe anonyme a entamé la défense du territoire contre l'expansion du port de Montréal à Contrecoeur. Afin de (…)

Contrecoeur, 29 septembre 2025- Dans la dernière année, un groupe anonyme a entamé la défense du territoire contre l'expansion du port de Montréal à Contrecoeur.

Afin de contrecarrer un des plus gros projets de privatisation et de bétonisation des berges de la province, le groupe a « armé la forêt » en plantant des barres d'acier à travers les arbres du site. Cette pratique, qui vise à empêcher la coupe sans compromettre l'intégrité des arbres, est une tactique utilisée par les écologistes depuis plus de 40 ans pour protéger les forêts.

Une opposition forte

Le groupe affirme avoir mené cette action en réponse à l'appel des Soulèvements du fleuve à se soulever contre la conteneurisation, l'accaparement du fleuve Saint Laurent, de ses berges et de ses bassins versants par les multinationales qui détruisent le territoire et méprisent les populations locales.

« Malgré une forte opposition citoyenne et ses conséquences écologiques désastreuses, Carney soutient le projet d'expansion du port de Montréal à Contrecoeur en l'inscrivant dans la liste des "grands projets d'intérêt national". Quel intérêt national à ruiner le fleuve ? Ce projet ne sert que l'industrie, nous refusons un
deuxième Northvolt. », explique un militant du groupe. « Nous avons jugé nécessaire d'enfoncer le clou quant à l'inadmissibilité du projet et de défendre le territoire face à cette expansion destructrice. »

Contrecoeur, un milieu unique

Dans le cas de Contrecoeur, la mise sur pied du monstre industrialo-portuaire prévoit, en plus de l'abattage d'une forêt mature de 20 000 arbres, le ravage de plus d'un demi-kilomètre de rives naturelles et la perte de nombreux milieux humides déjà rares dans la région. Ce projet sera construit dans l'habitat de plusieurs espèces menacées d'extinction dont le chevalier cuivré, une espèce endémique dont l'existence est confinée à une petite section du fleuve Saint-Laurent et de la rivière Richelieu. Le passage des navires accélérera également l'érosion des berges qui alarme les citoyen.ne.s depuis plusieurs décennies.

« Cela fait plusieurs années que les multinationales cherchent à transformer le fleuve en une "autoroute" à marchandises, le même fleuve par lequel transitent aujourd'hui des armes envoyées vers Israël pour massacrer le peuple palestinien. Nous nous opposons à ce que les pouvoirs économiques et politiques s'accaparent notre fleuve pour faciliter l'accélération du commerce international. Il faut briser la chaîne logistique de la mondialisation. Les habitant.e.s du territoire ont le droit de résister par tous les moyens », affirme une personne qui milite au sein du groupe.

Nous nous soulevons contre la destruction de la forêt et de la plage de Contrecoeur et pour le fleuve et celles et ceux qui l'habitent. Les Soulèvements du fleuve s'organisent contre l'exploitation extractiviste et les projets d'expansion logistique. Le ravage de tous nos milieux de vie ne se déroulera pas sous notre regard passif : la
lutte ne fait que commencer, à Contrecoeur et partout ailleurs.

Mouvement Soulèvements du Fleuve :
soulevements_du_fleuve@riseup.net

À propos des Soulèvements du fleuve :
Les Soulèvements du fleuve sont nés de la rencontre de plusieurs luttes locales disséminées sur les territoires avec comme volonté de résister au développement extractiviste. Une tentative qui rassemble de multiples groupes, initiatives et usages.

Une réponse à l'appel international des Soulèvements de la terre à rassembler les forces brutes et à s'en prendre directement à ceux qui exploitent et détruisent le vivant, à interrompre la continuité catastrophique du progrès, le rythme incessant de ses flux et la permanence des infrastructures qui le maintiennent.

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Les États généraux du syndicalisme : retour dans l’histoire

30 septembre, par Marc Comby — , ,
Des États généraux du syndicalisme sous le thème de L'union fait l'avenir ont été lancés le 31 mars 2025 par les centrales syndicales et une majorité de syndicats (APTS, CSD, (…)

Des États généraux du syndicalisme sous le thème de L'union fait l'avenir ont été lancés le 31 mars 2025 par les centrales syndicales et une majorité de syndicats (APTS, CSD, CSN, CSQ, FTQ, FAE, FIQ, SFPQ, SPGQ). Un document de réflexion circule actuellement auprès des syndicalistes. Des forums de consultations sont en cours.

Marc Comby
Archiviste et historien des mouvements sociaux

À travers ces États, le syndicalisme réfléchit sur son avenir. Il s'agit d'arrimer cette réflexion aux courants sociaux qui influent sur le développement du mouvement syndical. Les défis sont incontestables. À travers l'histoire, des questionnements ont été organisés périodiquement pour relever les nouvelles réalités et les défis du moment du monde syndical. Car, gouvernements néo-libéraux et patronat s'attaquent sans cesse aux acquis de la population laborieuse.

Faisons un retour dans le passé pour comprendre cette volonté unitaire de riposter aux gouvernements néo-libéraux et au patronat en organisant des États généraux. En 1969-1970, les colloques régionaux intersyndicaux ouvrirent une ère nouvelle dans l'intervention commune syndicale.

En ces années de la fin des années 1960, les problèmes sociaux sont multiples. Parmi eux, le chômage, des fermetures d'usines, trop de logements vétustes, un endettement élevé des familles, fragmentation des quartiers, etc. Parmi les nombreux problèmes, la lutte la plus symbolique concerne le logement quand les augmentations démesurées atteignent de 20% à 50%.

La FTQ, à son congrès d'octobre 1967, adopte une résolution en faveur d'une conférence exploratoire pouvant mener éventuellement au « regroupement des forces politiques de gauche au sein d'un parti provincial populaire ». Dans le même temps, en novembre, le Mouvement Souveraineté Association (MSA) de René Lévesque, devenu le Parti québécois (PQ) en 1968, est fondé.

Après nombre de pourparlers, les centrales syndicales adhèrent à l'idée d'une conférence regroupant les forces progressistes de changement. L'ensemble des représentants des mouvements syndical, coopératif et agricole sont convoqués pour le 18 avril 1969. L'invitation est faite de participer à une réunion « en vue d'établir un programme de travail pour organiser un colloque des forces de gauche » en s'assurant du caractère inclusif de l'événement.

Pour favoriser la participation du plus grand nombre, un colloque aura lieu dans chacune des régions. Les objectifs et le contenu des colloques sont définis en comité de travail les 5, 15 et 27 août 1969. Deux grands thèmes sont ciblés 1) La condition du salarié et du consommateur ; 2) Le salarié dans sa municipalité. Il est décidé qu'un grand colloque national devra clore les colloques régionaux.

Les travaux donnent lieu à un document majeur autour de onze thèmes : les aspects de la condition de salarié, la place du consommateur, les assurances et les caisses de retraite, les loisirs, le logement, la sécurité sociale, les partis face au développement économique, les impôts, l'endettement, l'éducation et le rôle du salarié dans les municipalités. Ces contributions ont données lieu à un volumineux rapport doté de chiffres et de données probantes en mars 1970. Les rencontres dans chacune des régions eurent lieu en avril et mai 1970. Le rapport des colloques mentionne que 2 340 personnes, dont 492 de la Fédération des travailleurs du Québec (FTQ), 850 de la Confédération des syndicats nationaux (CSN), 356 de la Corporation des enseignants du Québec (CEQ) et 411 des groupes populaires, ont pris part aux débats et délibérations.

Pour assurer une efficacité, dans chaque région, des comités régionaux de coordination seront mis sur pied. À un niveau supérieur, les centrales verraient à créer un secrétariat central et conjoint des CAP. Une tâche primordiale des CAP est de présenter des candidats salariés dans les municipalités et les commissions scolaires et de surveiller de façon étroite leurs représentants.

Au sortir de ces colloques, le principe d'un colloque provincial intersyndical est adopté par chacune des centrales dont la tenue est prévue pour le mois de septembre 1970. L'objectif est d'élaborer les politiques définies par les colloques et d'établir les moyens d'action pour les réaliser. Les attentes des délégations participantes aux colloques régionaux avaient été grandes à l'endroit de ce colloque qui n'aura finalement pas lieu. Le 29 avril 1970, le PQ obtient 23,1% des suffrages et sept élus à l'Assemblée nationale du Québec. Les forces syndicales étaient divisées quant à la nature de la participation des salarié.e.s au niveau municipale et scolaire. La montée du PQ en tant que force nationale progressiste va freiner les forces syndicales de s'unir derrière l'organisation d'un colloque provincial.

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Programme des travailleurs étrangers temporaires : Pour la fin des permis temporaires fermés

30 septembre, par Confédération des syndicats nationaux (CSN) — , ,
Partout au Canada, des organismes de la société civile exigent que le Programme des travailleurs étrangers temporaires respecte les droits et la dignité des personnes (…)

Partout au Canada, des organismes de la société civile exigent que le Programme des travailleurs étrangers temporaires respecte les droits et la dignité des personnes migrantes.

Tiré de l'infolettre En mouvement

23 septembre 2025

Alors que les voix s'élèvent pour faire annuler ou restreindre le Programme des travailleurs étrangers temporaires (PTET) du Canada, les travailleuses et travailleurs migrants et leurs allié-es s'unissent pour adresser un message aux membres du parlement : toute modification apportée au PTET et aux autres programmes relatifs à la main-d'œuvre migrante doit être fermement ancrée sur les droits de la personne.

Les travailleuses et travailleurs migrants, les organisations de la société civile, les syndicats et les organismes communautaires ont lancé des Journées d'action pancanadiennes pour exiger du gouvernement qu'il respecte la dignité et les droits des travailleuses et des travailleurs migrants en leur accordant des permis de travail ouverts, qui leur permettent de changer librement d'employeur. Actuellement, dans le cadre du PTET et d'autres programmes, les permis de travail fermés lient ces travailleuses et travailleurs à un seul employeur. Ce système favorise l'exploitation et les abus de ces travailleuses et travailleurs.

Depuis des années, les travailleuses et travailleurs migrants, les organisations communautaires, syndicales et internationales, les comités parlementaires et sénatoriaux et même un Rapporteur spécial des Nations unies tirent la sonnette d'alarme sur les méfaits des permis de travail fermés. Les politiciennes et politiciens semblent reconnaître enfin les préjudices auxquels sont exposés les travailleuses et travailleurs, mais leurs propositions ne s'attaquent pas à la cause profonde du problème : les permis de travail fermés, liés à l'employeur. Ce qu'il faut, c'est un cadre fondé sur les droits qui garantit la mobilité, la dignité et une protection égale pour tous les travailleurs et travailleuses au Canada.

Les Journées d'action pancanadiennes pour les droits des travailleuses et travailleurs migrants 2025 arrivent à un moment critique. Des chefs de partis de toute allégeance, y compris le premier ministre de la Colombie-Britannique, David Eby, et le chef de l'opposition fédérale, Pierre Poilievre, ont appelé à l'abolition du PTET, tout en continuant à proposer le recours à des travailleuses et travailleurs migrants dans l'agriculture. Cependant, le secteur principal du PTET est celui de l'agriculture et l'agroalimentaire, ce qui démontre que leurs revendications ne visent pas un changement significatif.

Les Journées d'action ont été lancées le 22 septembre sur la Colline du Parlement par une action symbolique : des travailleuses et travailleurs migrants et leurs alliés se sont entourés d'une chaîne symbolisant le confinement imposé par le permis de travail fermé, brandissant des pancartes aux citations percutantes de personnes ayant subi des abus dans le cadre du PTET. En brisant cette chaîne symbolique, les personnes participantes ont envoyé le message que le gouvernement doit protéger la dignité et la sécurité de tous les travailleurs et défendre le droit de chacun à changer librement d'emploi.

Tout au long de cette campagne de deux semaines, des sympathisantes et des sympathisants de tout le pays appelleront le gouvernement à agir, en signant des pétitions et des cartes postales, en interpellant leurs député-es, en participant à des actions de solidarité communautaires et en sensibilisant le public à travers les arts, avec des pièces de théâtre, une projection de film et des kiosques lors d'événements. La coalition à l'origine des Journées d'action pancanadienne appelle tous les responsables politiques à faire preuve de courage et de vision pour remplacer les systèmes d'exploitation par des structures qui respectent le droit de chaque personne à la sécurité, à la dignité et à un travail décent.

Contexte :
La société civile, les organismes de base et les syndicats dénoncent depuis de nombreuses années le caractère abusif du PTET et se sont mobilisés pour pousser le gouvernement à le modifier. En 2024, le Rapporteur spécial des Nations Unies sur les formes contemporaines d'esclavage a publié un rapport appelant à la fin des permis de travail fermés et à l'accès à la résidence permanente pour les travailleuses et travailleurs migrant·e·s participant au programme. En janvier 2025, Amnistie internationale a publié un rapport accablant sur les violations des droits humains subies par les travailleuses et travailleurs migrant·e·s au Canada, réclamant l'abolition des permis de travail fermés et leur remplacement par des permis ouverts, entre autres recommandations qui font écho aux positions des organisations de la société civile.

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Fermetures sauvages

30 septembre, par Confédération des syndicats nationaux (CSN) — , ,
Devant la juge Irène Zaïkoff, le procès s'ouvrira par le témoignage du président d'Amazon Canada Fulfillment Services, Jasmin Begagic. Après plusieurs objections préliminaires (…)

Devant la juge Irène Zaïkoff, le procès s'ouvrira par le témoignage du président d'Amazon Canada Fulfillment Services, Jasmin Begagic. Après plusieurs objections préliminaires et autres mesures dilatoires, c'est ce vendredi, devant le Tribunal administratif du travail, que s'ouvrira enfin le procès d'Amazon. La multinationale américaine est en effet l'objet d'un recours intenté par la CSN à la suite de la fermeture, en janvier dernier, de ses sept entrepôts situés au Québec.

Tiré de l'infolettre En mouvement

Cette décision constitue un « vaste subterfuge » visant à se soustraire de ses obligations prévues à la loi et à éradiquer toute présence syndicale au sein de l'entreprise, soutient la centrale syndicale dans sa plainte déposée le 20 février dernier. « La multinationale ne cesse pas ses activités de vente en ligne sur le territoire. Elle choisit de réorganiser ses activités dans le but d'éluder ses obligations d'employeur en vertu du Code du travail », précise la requête déposée en vertu des articles 12, 13, 14 et 53 du Code du travail.

Devant la juge Irène Zaïkoff, le procès s'ouvrira par le témoignage du président d'Amazon Canada Fulfillment Services, Jasmin Begagic, qui devra expliquer en quoi la fermeture des sept centres de distribution constitue une simple décision d'affaires qui n'a aucun lien avec la syndicalisation des employé-es de l'entrepôt DXT4, de Laval, et la campagne de syndicalisation qui était en cours dans les autres entrepôts québécois de la multinationale.

« Il est clair pour nous que la fermeture des entrepôts d'Amazon visait principalement à freiner la campagne de syndicalisation en cours et la conclusion d'une première convention collective en Amérique du Nord », affirme la présidente de la CSN, Caroline Senneville. « Après les nombreuses objections préliminaires et autres mesures dilatoires utilisées par Amazon, le procès peut maintenant aller de l'avant. Il est temps que les travailleuses et les travailleurs obtiennent justice à la suite de ces fermetures illégales à plusieurs égards. »

Une décision qui défie toute logique

« Illégale à plusieurs égards », la décision d'Amazon doit être infirmée par le Tribunal, demande la CSN au nom de nombreux plaignants.

Puisque « les agissements d'Amazon s'attaquent à l'ordre juridique québécois [et] parce que cet employeur n'hésite pas à licencier des milliers de personnes afin de donner l'exemple », la CSN demande au Tribunal d'ordonner la reprise des activités aux sept entrepôts visés par la plainte et de verser à chaque employé plus d'un an de salaire en guise d'indemnité, en plus de dommages moraux et exemplaires.

La plainte fait valoir que la décision de fermer ses entrepôts québécois est en contradiction directe avec le plan d'affaires mis de l'avant par la multinationale au cours des dernières années. Les quatre derniers centres de livraison au Québec, dont l'entrepôt syndiqué DXT4 à Laval, n'ont été établis que depuis trois ans, rappelle la CSN, à l'image des investissements massifs de la compagnie dans la stratégie du « dernier mile ».

Ces entrepôts de proximité, nécessaires à la livraison en un jour, « ne constituent pas seulement la façon la plus rapide de livrer les produits aux consommateurs, mais aussi la façon la plus économique de le faire », déclarait en octobre dernier le PDG d'Amazon, Andrew Jassy, après avoir annoncé un an plus tôt son intention de doubler le nombre de stations capables de livrer les colis le jour même.

« Rien ne laissait présager qu'Amazon choisirait, à peine trois mois plus tard, de faire un retour à un modèle de livraison par des tiers », affirme la CSN dans sa requête. Pour la centrale syndicale, « Amazon n'hésite pas à avoir recours aux mesures les plus extrêmes et à sacrifier sa rentabilité afin d'éviter l'imposition d'une première convention collective », véritable objectif d'une décision aussi draconienne.

À propos

Le 19 avril dernier, la CSN déposait une requête auprès du TAT pour représenter les
230 salarié-es de l'entrepôt DXT4 d'Amazon, rue Ernest-Cormier à Laval. Au cours des semaines précédentes, un grand nombre de salarié-es avaient rallié leur syndicat. Le 10 mai, le TAT accréditait officiellement le syndicat, reconnaissant qu'une majorité d'employé-es y avaient adhéré.

La négociation en vue d'établir une première convention collective a débuté en juillet. Le 22 janvier dernier, Amazon annonçait son intention de fermer ses sept entrepôts au Québec et de céder l'ensemble de ses opérations à la sous-traitance.

Rappelons qu'Amazon a été condamnée par le TAT pour ingérence et entraves antisyndicales à l'entrepôt YUL2 à Lachine et qu'elle subit présentement un procès du même type pour des actions similaires menées à l'entrepôt DXT4 de Laval.

Fondée en 1921, la Confédération des syndicats nationaux (CSN) regroupe 330 000 travailleuses et travailleurs des secteurs public et privé, et ce, dans l'ensemble des régions du Québec et ailleurs au Canada.

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Nouvelle offensive publicitaire des sections locales 957 et 1500 chez Hydro-Québec

30 septembre, par Syndicat canadien de la fonction publique (SCFP-Québec) — , ,
Ce lundi, deux grands syndicats d'Hydro-Québec représentant ensemble près de 9000 membres lancent une deuxième phase de campagne publicitaire et de mobilisation. Il s'agit du (…)

Ce lundi, deux grands syndicats d'Hydro-Québec représentant ensemble près de 9000 membres lancent une deuxième phase de campagne publicitaire et de mobilisation. Il s'agit du Syndicat des employé-e-s de métiers d'Hydro-Québec (SCFP 1500) et du Syndicat des technologues d'Hydro-Québec (SCFP 957). Les deux groupes sont en négociation pour renouveler leurs conventions collectives, arrivées à échéance le 31 décembre 2023.

Cette vaste phase de cinq semaines sera diffusée sur une multitude de plateformes télévisuelles et médias numériques. La pièce maîtresse est une vidéo d'animation 3D de 30 secondes qui évoque le chemin parcouru par l'électricité du barrage jusqu'au consommateur résidentiel. Ce parcours s'enlise dans un labyrinthe évoquant les problèmes qui affligent la société d'État, qui sont aussi des enjeux majeurs de la négociation en cours, notamment : privatisation, sous-traitance et mauvaise gestion.

« La privatisation est un poison à effet retardé », affirme Robert Claveau, président du SCFP 957. « Le danger est insidieux, puisque la population ne ressent pas encore les effets de cette dépendance grandissante au privé, mais dans quelques années, il sera trop tard pour revenir en arrière. Le contrôle énergétique aura échappé à l'État québécois, et donc à la population québécoise. Si l'on se souvient bien de l'entrée en politique du premier ministre Legault, la privatisation d'une grande partie d'Hydro-Québec faisait bel et bien partie de son approche politique et aujourd'hui, malheureusement, il en fait la démonstration à la population du Québec. »

Le symptôme le plus apparent de la privatisation est la sous-traitance. « Chaque chantier sous-traité représente une perte d'expertise interne accumulée au fil des décennies par les employés de métiers et les technologues, qui sont le maillon essentiel pour assurer la continuité du service », souligne Frédéric Savard, président du SCFP 1500. « La sous-traitance est censée être une solution d'efficacité, mais elle engendre des coûts plus élevés et une perte de qualité, ajoute Frédéric Savard. Il n'est pas rare que les employés syndiqués doivent reprendre le travail fait par les firmes privées. »

L'un des symptômes de la mauvaise gestion déplorée par les deux syndicats est la diminution volontaire et consciente des mesures de santé et de sécurité au travail par Hydro-Québec. Autrefois un leader mondial en la matière, Hydro-Québec a récemment assoupli les règles avec la révision de son Code de sécurité des travaux, ce qui inquiète grandement les travailleurs et travailleuses.

« Personne ne devrait risquer sa vie pour assurer la continuité du service. Chaque recul en santé et sécurité entraîne une hausse des accidents et des décès, notre histoire en fait foi. Sommes-nous vraiment prêts à revivre les années 70, quand trop d'employés perdaient leur vie au travail », de demander Frédéric Savard.

L'interférence politique chez Hydro-Québec et l'instabilité de la haute direction nuisent aussi à la gestion. « Trois PDG en quelques années, ça fragilise la cohérence et la performance de l'entreprise », souligne Robert Claveau.

Pour le SCFP, le chemin pour bâtir l'avenir énergétique du Québec est clair : « Il faut miser sur l'expertise interne, renforcer la santé et la sécurité, stabiliser la gouvernance et gérer avec rigueur, cohérence et efficience. »

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Adèle Blais dévoile FORTES, une fresque célébrant les femmes

30 septembre, par Sylvain Bérubé — , ,
Récemment, la Ville de Sherbrooke a inauguré FORTES, la nouvelle murale de l'artiste locale Adèle Blais, installée dans la ruelle Whiting, face à l'hôtel de ville et au carré (…)

Récemment, la Ville de Sherbrooke a inauguré FORTES, la nouvelle murale de l'artiste locale Adèle Blais, installée dans la ruelle Whiting, face à l'hôtel de ville et au carré Strathcona.

Tiré du Journal Entrée Libre

22 septembre 2025
| Sylvain Bérubé
Crédit image : Jessica Garneau

Cette fresque à ciel ouvert rend hommage à 11 femmes ayant marqué l'Histoire, dont les parcours sont souvent méconnus.

L'œuvre est enrichie d'une expérience immersive en réalité augmentée grâce à l'application gratuite «  Adèle Blais – Peindre l'Histoire  », qui permet aux visiteurs de découvrir les portraits, leurs biographies et des compositions musicales originales.

À propos de cette murale, Adèle Blais a déclaré : « Je suis profondément honorée et heureuse d'immortaliser 11 femmes historiques, plus grandes que nature, à leur juste valeur sur cette murale en plein cœur du centre-ville de Sherbrooke. Cette murale sera un espace où l'art, l'Histoire et la technologie s'unissent pour redonner une voix à l'autre moitié de notre récit collectif. Un projet inclusif et accessible, à la croisée des mémoires et des possibles, tourné vers un avenir plus juste. »

Réalisé avec le soutien de la Ville et de l'expert en art mural Serge Malenfant, le projet s'inscrit dans la stratégie municipale de dynamisation du centre-ville et de valorisation du patrimoine artistique de Sherbrooke. Vous pouvez admirer cette création.

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40 ans de polygamie radiophonique !

30 septembre, par Mohamed Lotfi — , ,
Un jour de septembre 1985, j'ai rencontré une radio : Radio Centre-Ville ! Devant le micro, je me suis engagé à la chérir, la protéger et l'honorer pour le meilleur et pour le (…)

Un jour de septembre 1985, j'ai rencontré une radio : Radio Centre-Ville ! Devant le micro, je me suis engagé à la chérir, la protéger et l'honorer pour le meilleur et pour le pire. À Radio Centre-Ville, la radio multiethnique et multilingue de Montréal, j'étais désormais chez moi.

Cinq ans plus tard, j'ai trahi ma promesse ! Sans quitter ma première radio, j'ai commencé à en fréquenter d'autres. Une aventure avec CKUT, une liaison avec CIBL, des escapades avec CKIA, CKRL, CHAA…

Dans les années 90 et 2000, il ne passait pas une journée sans qu'une de mes productions ne soit diffusée sur les ondes d'une des 20 radios communautaires, quelque part au Québec, puis ailleurs en Ontario, au Nouveau-Brunswick et en France.

Mon amour de la radio était trop vaste. Oui, j'ai été polygame.

Pour elle, la radio, j'ai abandonné le cinéma, à qui je venais de consacrer trois années d'études à l'Université Laval et à l'Université de Montréal. J'ai laissé tomber tous mes projets cinématographiques pour un micro, une onde.

Il y a quarante ans, j'ai rencontré la radio comme on rencontre la femme de sa vie. Enfin… plusieurs.

Plusieurs radios, mais un seul amour : celui d'une radio qui vous ressemble et vous rassemble, une radio indépendante, une radio libre, une radio communautaire.

En 1998, je n'ai pas résisté à l'appel de Radio-Canada. Deux cents reportages pour l'émission Macadam tribus, trois documentaires, des chroniques, des entrevues… À la radio publique, ma radio demeure communautaire !

C'est par elle que je suis devenu citoyen du Québec.

« Approchez, approchez, Messieurs Dames, faites de la radio ». J'habitais, en 1985, à deux pas de cette annonce. Accueilli par Richard Barrette, directeur de programmation de l'équipe francophone de Radio Centre-ville, j'ai demandé à jeter un coup d'œil sur les studios. Ça manquait d'air et de bruits. J'ai quitté le poste avec un micro et, aussitôt sur les trottoirs, je l'ai tendu aux passants avec une question : « C'est quoi un Arabe pour toi ? ». C'est ainsi qu'À toi Arabe est née. Une émission dans laquelle je me présentais aux Québécois.

De 1985 à 1990, j'y étais presque chaque jour. Il m'arrivait parfois de coucher dans ses studios. En plus de mon émission régulière, une fois par mois, j'animais une spéciale qui durait toute la nuit du samedi. La première, co-animée avec Lahssen Abbassi, nous l'avons consacrée à la situation de la femme dans le monde arabe. Annoncée depuis plusieurs jours, l'émission a commencé à minuit et demi et s'est poursuivie jusqu'à 8 h du matin. Pour nous accompagner dans cette première nuit, j'ai convoqué le personnage d'une femme féministe avant l'heure : Shéhérazade. Qui mieux que le personnage central des Mille et une nuits pour aborder un sujet aussi important : la liberté des femmes. La ligne ouverte ne dérougissait pas et moi, je jubilais.

Dans les émissions spéciales suivantes, j'ai attaqué d'autres sujets allant de la question de la langue au Québec et du rapport des immigrants avec la loi 101, jusqu'au 50e anniversaire de l'Office national du film du Canada, en passant par la poésie des poètes québécois, que j'invitais à passer la nuit avec moi devant un micro.

J'ai accueilli les Gaston Miron, Gilbert Langevin, Denise Boucher, Raoul Duguay, Gilles Carle, Michèle Lalonde, Armand Vaillancourt, Pauline Julien, des ministres, des syndicalistes, des résistants palestiniens et des sans-abris de Montréal dans le même espace radiophonique. Ma radio rassemblait le monde.

Arrivé aux Palestiniens de la première Intifada, ma radio a quitté ses studios pour émettre à partir d'un café de l'avenue du Parc, face à un public indigné et solidaire. Neuf heures d'une émission spéciale qui a donné voix aux indignations. Certaines nous parvenaient en direct de Jérusalem. Ma radio s'indignait de l'état du monde.

Un an plus tard, devant une trentaine d'étudiants du cégep Rosemont pour enseigner la radio, je n'avais pas grand-chose à leur apprendre sinon un rappel, devenu un sermon, un matraquage : « Pour garder votre radio vivante, intéressante et fondamentalement communautaire, même si vous la pratiquiez en privé ou à Radio-Canada, tendez votre micro là où ça se passe, là où ça vit ! Faites votre radio en dehors de la radio. » Ma radio donnait la parole au lieu de la prendre !

Et pour leur donner l'exemple, j'ai retrouvé la rue, micro à la main. Cette fois, je me suis arrêté dans un lieu où les itinérants de Montréal venaient faire de longues pauses. Toute la nuit d'un vendredi de Pâques 1989, j'ai animé en direct de Dernier Recours, sur les ondes de quatre radios communautaires, CINQ, CIBL, CKUT et CKRL, une fête de la parole : « Je suis un sans-abri, si ça n'apparaît pas, regardez-moi, ça va apparaître, je suis André Gauthier ». Dans ma radio, les sans-abris ont un nom et un titre : « Et je suis le roi des sans-abris à Montréal ».

Cette nuit, le roi nous faisait l'honneur de sa présence. De sa voix brûlée par l'alcool et les nuits folles, il chantait "Je louerai l'Éternel", dont le refrain est un halleluia que cet ancien alcoolique hurlait de toute son âme. Dans ma radio, les sans-voix réenchantent le monde.

Après la rue, où pouvais-je aller plus loin pour tendre mon micro ?

J'ai suivi le fil !

C'est ainsi que Souverains anonymes est née, le 11 décembre 1989. « Sur les ondes, nos voix grondent », disait un jour Nicodème. « Si je t'ai bien compris, tu es en train de me dire que nous sommes peut-être quelque chose comme une bonne nouvelle », avais-je répliqué. Dans ma radio, la nouvelle est bonne !

Ce jour-là, j'ai quitté la prison de Bordeaux avec une nouvelle et j'avais hâte de la partager avec ma femme. Après une réunion de presque une heure, on m'avait annoncé une décision : à l'unanimité, le conseil d'administration du Fonds de soutien à la réinsertion sociale des personnes incarcérées de l'Établissement de détention de Montréal avait décidé, en ma présence, que oui, je pouvais faire de la radio en prison.

Je venais de réaliser un rêve. Quelques années plus tôt, je quittais le sous-sol d'un commissariat dans ma ville marocaine, après avoir passé 18 heures à amuser mes codétenus. Théâtre et danse étaient au menu. De ce passage est née une idée, un rêve devenu quelques années plus tard un projet : s'évader par l'art et la culture. À 5000 km du sous-sol d'un commissariat marocain, le rêve devenait réalité, ma radio, une bonne nouvelle !

Arthur Fauteux était à l'époque l'administrateur de l'Établissement de détention de Montréal et le président du conseil d'administration du Fonds des détenus. Non seulement il a dit oui à la radio en prison, mais il a lui-même participé à plusieurs émissions et, chaque fois, cela a eu un impact positif sur certaines conditions de vie à Bordeaux.

Parmi les Souverains présents à cette première rencontre radiophonique, entre des détenus et un directeur de prison, il y avait Isabelle la Catholique, un Souverain de Bordeaux qui aimait s'identifier à une Souveraine espagnole. La Catholique tenait absolument à aborder la question de la bouffe :

Je l'exige, Mohamed, me disait-elle.
Mais bien sûr qu'on va en parler, mais dis-moi d'abord, tu connais Arthur Fauteux ?
Oui, je l'ai vu deux ou trois fois.
Et comment tu le trouves ?
Je le trouve beau.
Alors tu lui diras !

Arthur Fauteux s'attendait à toutes les questions sauf à celle-là : « Monsieur Fauteux, qu'est-ce que tu manges pour être aussi beau ? ». Après avoir lâché un grabd rire, le directeur de la prison a reconnu que parfois, lui-même, ne finissait pas son assiette à la cafétéria.
Cette visite a apporté aux détenus de Bordeaux un autre changement important. Tel que demandé par les Souverains, deux semaines après la visite du directeur, le médecin de l'établissement a été remplacé par un autre, plus compétent.

Un directeur de prison et des prisonniers se parlent autour d'un micro de radio. Cela s'est passé pour la première fois dans l'histoire de la radio à la prison de Bordeaux, à Montréal, le 26 mars 1992. La plupart des gars présents ce jour-là connaissaient le nom d'Arthur Fauteux comme étant l'administrateur de l'établissement. Certains le connaissaient bien en personne et l'appelaient par son prénom. Les questions étaient intelligentes, nuancées, parfois d'un humour étonnant : « Monsieur le directeur, la liberté est une maison à plusieurs portes. Laquelle tu nous ouvres ? Celle du respect ? Celle de la tolérance ? Celle de la création ? Celle de la communication ? Celle de l'amour ? Ou celle de Bordeaux ? »

Réponse d'Arthur :

«

Je vais vous ouvrir toutes les portes sauf celle de Bordeaux ! La question est bonne ! Si vous ouvrez toutes ces portes-là, celle du respect, celle de la communication, celle de la tolérance, la seule qui va retarder, c'est celle de Bordeaux, mais elle va finir qu'à s'ouvrir et elle va se refermer à jamais. Mais si vous ne misez que la porte de Bordeaux. Si vous mettez toutes vos énergies que sur la porte de Bordeaux et vous ne découvrez pas celle du respect, de la tolérance, de la communication... c'est vrai qu'elle va s'ouvrir. Mais elle va se ré ouvrir aussi !

»

Ainsi, ma polygamie radiophonique m'a emmené aux confins de la condition humaine : des prisons aux trottoirs, des cafés solidaires aux studios improvisés, des cris d'indignation aux chants d'espérance. Elle m'a porté dans les marches pour la paix, dans le refus des guerres, dans les élans de solidarité avec toutes les Intifada du monde, et plus particulièrement avec celle du peuple de Palestine.

Ma radio m'a fait faire le tour du monde dans une prison. Elle n'était pas seulement un médium, mais un passage secret vers les profondeurs de l'âme humaine, là où la parole devient survie et la radio, un acte de dignité et de résistance.

Mohamed Lotfi
25 septembre 2025

Ce texte est une mise à jour d'un chapitre, intitulé Ma Radio, de mon livre Vols de temps, Leméac, 2019.

Aujourd'hui, une seule radio continue à diffuser Souverains anonymes, CIBL 101,5 FM, tous les jeudis à 20 h. Des émissions qu'on peut aussi écouter sur ce site qui regroupe 35 ans d'archives audio et vidéo : www.souverains.qc.ca <https://www.souverains.qc.ca/>

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La Palestinienne Malak Mattar « heurte la sensibilité » du monde de l’art

L'admission de la première peintre palestinienne à la prestigieuse école Central Saint Martins of Art and Design de Londres a mis en lumière les paradoxes d'un monde artistique (…)

L'admission de la première peintre palestinienne à la prestigieuse école Central Saint Martins of Art and Design de Londres a mis en lumière les paradoxes d'un monde artistique contemporain qui se targue de provocation – mais dans des limites très établies.

Tiré d'Orient XXI.

Ma famille est affamée par Israël. » En ce début de mois de juillet 2025, alors que les élèves présentent leurs travaux de fin d'études, le panneau est immense et trône au milieu de la grande salle d'exposition de Central Saint Martins and Design, la très réputée école d'art, de mode et de design de Londres. Placée sous le panneau, l'installation de l'artiste gazaouie Malak Mattar montre un soldat israélien, une arme à la main ; un enfant gît au sol ; un chien regarde la scène, les crocs acérés, prêt à l'attaque.

Le message artistique passe immédiatement : l'urgence de la situation à Gaza est transmise comme un électrochoc. L'artiste parait avoir laissé de l'espace entre les personnages de l'installation pour que nous puissions déambuler entre eux, nous mettre — pourquoi pas — entre le bourreau et l'enfant, tenter de le protéger de l'arme à feu, du chien prêt à le dépecer.

L'installation s'inspire de l'histoire de Mohammed Bahr, jeune homme trisomique et autiste de Gaza, que l'armée israélienne a laissé se faire dépecer par un chien d'attaque avant de l'abandonner, mort, dans sa maison. Sa famille ne l'a retrouvé qu'une semaine plus tard, lorsqu'elle a pu y retourner. Sa mort d'une violence inouïe est attestée par une enquête de la BBC et racontée par la journaliste palestinienne Bisan Owda, qui rapporte les derniers mots du garçonnet : « Khalas Habibi Sibni » (« Allez mon chéri, laisse-moi »), alors que le chien le dévorait.

Un niveau dément de déshumanisation

Le projet artistique de la première peintre de Gaza à avoir étudié dans la prestigieuse institution anglaise — fière de compter parmi ses anciens élèves Alexander McQueen, Stella McCartney pour la mode, mais aussi des artistes radicaux comme Joe Strummer, l'ex-leader du groupe punk The Clash, le sculpteur Richard Deacon ou le peintre Robert Medley — semblait pourtant risquer de « heurter certaines sensibilités ».

Alors que le génocide à Gaza entrait dans sa phase la plus violente en juillet 2025, avec le recours à la faim comme stratégie militaire, Malak Mattar a vu disparaître toutes les personnes et les lieux qu'elle avait connus. Mais ce sont ses peintures qui nécessitaient d'être « pacifiées », selon l'institution anglaise.

La peintre explique :

  1. Tout le monde était anxieux. Tout le staff de l'école se comportait de manière passive-agressive : j'étais là, celle dont la famille meurt de faim, mais personne ne me demandait quoi que ce soit sur mes proches. Il y a quelque chose de fou dans tout cela, lorsqu'on pense que mes oppresseurs peuvent se sentir blessés parce que je montre que mon peuple est en train d'être exterminé. Les sentiments des oppresseurs sont plus importants que l'extermination des opprimés. Le degré de déshumanisation, d'invisibilité que nous avons atteint est dément.

L'institution artistique, qui se targue de repousser toutes les limites, d'inviter à la provocation et de se connecter avec le monde, a eu beaucoup de mal à dénoncer le génocide, explique encore l'artiste — alors que l'école avait publié divers communiqués après l'agression russe en Ukraine en février 2022.

Gaza est un phénix

Malak Mattar est arrivée à Londres de Gaza avec un visa spécial, le Global Talent visa, pour son excellence artistique… le 6 octobre 2023. Ne recevoir aucun soutien de l'institution alors qu'elle vivait un cauchemar éveillé a été une expérience très violente. Mattar n'a que 25 ans mais, dans sa voix et dans son sourire, on sent le poids des épreuves : elle a déjà vécu trois guerres. Elle a commencé à peindre à 14 ans, lors de ce qu'elle croyait être la plus longue agression israélienne contre Gaza — 50 jours en 2014.

Aujourd'hui réfugiée à Londres, elle s'inspire de beaucoup d'images, de sons et de vidéos qu'elle a vues et revues. Il y a l'image de la vieille paysanne Mahfoza Oude accrochée à son olivier alors que des tracteurs israéliens le déracinent (1). Ou encore la voix de la petite Hind Rajab enfermée dans la voiture de ses parents et assassinée le 29 janvier 2024 par des soldats israéliens après avoir passé, seule, plusieurs heures au téléphone avec les secours.

Des hommes, femmes et enfants de Gaza qui sont autant d'inspirations pour une autre toile proposée dans l'exposition « Gaza is a Phoenix. » Le tableau a été réalisé lors du court cessez-le-feu de l'hiver 2025 (du 19 janvier au 18 mars), d'où l'éphémère moment de répit et le mince espoir partagé par d'autres Gazaouis reflété dans son titre. Le phénix est aussi le symbole de la municipalité de Gaza.

Comme dans d'autres de ses œuvres, notamment sa fresque No Words (« Pas de mots »), l'artiste lutte contre l'aspect éphémère de ces images relayées sur les réseaux sociaux, qui créent l'émotion et l'empathie pendant quelques heures avant de disparaître :

  1. Je ne veux pas que ces gens soient oubliés. Je peins des personnes que j'ai vues en vrai, en vidéo, et dont les visions m'ont changée, bouleversée au plus profond. Je suis de Gaza, et chaque fois que je vois ces images, je ne suis plus la même. J'espère pouvoir les garder dans l'Histoire à travers mes toiles.

La fresque est aussi remplie d'animaux, comme cet immense gorille qui tient un soldat dans sa main — en souvenir du fameux singe de Gaza qui s'était échappé du zoo après un bombardement israélien en juin 2024. La jeune femme a souvent recours aux animaux dans ces œuvres. Comme pour rappeler que, eux non plus, n'ont rien fait pour mériter cela.

Hypocrisie occidentale

Ces œuvres de Mattar étaient présentées dans le cadre de l'exposition annuelle des diplômés du Master en beaux-arts de l'école (MFA Graduate Show). Les autres œuvres exposées étaient tellement plus attendues et faussement provocatrices qu'elles en devenaient terriblement agaçantes.

Devant le bâtiment de Central Saint Martins, les enfants de la Londres multiculturelle et branchée de King's Cross jouent en maillot dans les fontaines de la place, le ventre bien rempli. Dans la salle d'exposition, les jeunes artistes du Master paradent. Ils sont habillés « en artistes » : capuches ou tenues vintages, avec colliers de perles sur robes écossaises et chaussures compensées. L'ensemble ressemble à un défilé de mode — ou à l'image que l'on peut se faire de la fameuse « classe créative », moteur d'une hypothétique croissance économique du XXIe siècle selon Richard Florida, docteur de l'Université Columbia en aménagement urbain.

Ici comme ailleurs, l'horreur de Gaza devient un révélateur de notre incapacité et de notre frustration à intervenir, à arrêter le massacre et, dans ce contexte précis, à dénoncer un monde de l'art contemporain tourné sur lui-même, qui a fait de la provocation un modèle de marketing.

L'avertissement installé à l'entrée de l'exposition indiquant que certaines oeuvres « pourraient heurter la sensibilité de quelqu'un », indigne Mattar :

  1. J'étais hors de moi lorsque j'ai vu le panneau à l'entrée. Ils avaient écrit que des références explicites à des conflits armés pouvaient rendre certaines personnes mal à l'aise. Et que les enfants de moins de 18 ans devaient être accompagnés !

« Poverty porn » et bobos

En visitant le reste de l'exposition avec Malak Mattar, d'autres paradoxes apparaissent. Elle entre dans une installation représentant un council flat (appartement à loyer réduit). L'appartement est sale, jonché de bières et de mégots. Elle, qui rêve d'un logement social pour la partie de sa famille qui, pour l'instant, a réchappé au génocide et a trouvé refuge au Royaume-Uni, n'accepte pas cette stigmatisation de la pauvreté : « Un council flat ne signifie pas forcément saleté et dégradation », juge-t-elle.

Comment ne pas penser alors à la chanson mordante du groupe de rock britannique Pulp, Common People (1995) qui raconte l'histoire d'une fille à papa grecque venue étudier à la Central Saint Martins et qui voulait vivre comme « les gens du peuple » :

  1. Ris avec les gens du peuple
  1. Ris avec eux, même s'ils se moquent de toi
  1. Et des choses stupides que tu fais
  1. Parce que tu penses que la pauvreté, c'est cool.

À voir cette exposition, l'on pense au concept de Poverty porn qui décrit ce phénomène qui réduit, à des fins sensationnalistes, les personnes à leur pauvreté, en les privant de complexité, de dignité et d'autonomie. En contexte britannique, il semble faire bon ménage avec une provocation convenue : « la proportion d'acteurs, de musiciens et d'écrivains issus de la classe ouvrière a diminué de moitié depuis les années 1970 », selon un article de la British Sociological Association (2).

Le nouvel esprit du capitalisme

Le gouvernement britannique a réduit drastiquement le financement des disciplines artistiques depuis plus de deux décennies. Aujourd'hui, l'éducation au Royaume-Uni est considérée comme un modèle de business, attirant une élite globale en quête de légitimation par un diplôme anglais.

Un article du magazine britannique branché Hunger Magazine sonnait déjà l'alarme quant à la logique du marché appliquée par la Central Saint Martins and Design (3). Ces « environnements transactionnels », axés sur la réussite, finissent par tuer ce pour quoi elles étaient recherchées dans un premier temps : leur capacité de rupture et de créativité. Cette exposition censée présenter les œuvres d'une nouvelle génération d'artistes est une parfaite illustration d'une homogénéisation des œuvres, d'une esthétique globalisée, bourgeoise et faussement subversive, dans la lignée du « nouvel esprit du capitalisme » analysé par Luc Boltanski et Ève Chiapello (4.)

Si Malak Mattar est terriblement reconnaissante d'avoir pu sortir de Gaza et de pouvoir exposer librement, il lui est difficile d'oublier ses premiers mois à Londres. Ils devaient être ses premiers moments d'émancipation artistique et individuelle, ils se sont transformés en moments d'angoisse. Les membres de sa famille étaient sous les bombes, tous séparés. Elle ne pouvait rien créer. Elle devait simplement tenter de sauver des vies. Après six mois d'errance, elle qui peignait presque exclusivement des portraits de femmes aux couleurs vives a repris ses pinceaux pour construire une immense fresque, No Words, « (Il n'y a pas de mots ») en noir et blanc. La toile représente l'errance des hommes, des femmes, des enfants et de nombreux animaux, toujours sous les bombes, toujours en fuite.

De fait, Mattar possède une force de création et de résistance hors du commun. Au sortir de ces deux années d'études, elle a tout de même pu organiser mi-mai 2025 une exposition intitulée Falasteen (Palestine) aux Window Galleries, qui dépendent de la CSM à Granary Square. Celle-ci a été reprise et recensée par The Art Newspaper. Elle cherche, dans des œuvres toujours plus puissantes, à éveiller les consciences. Elle a ainsi été désignée directrice artistique de l'immense concert du 17 septembre à Wembley « Together for Palestine » (« Ensemble pour la Palestine ») organisé par le musicien Brian Eno. Cet événement caritatif a rassemblé un nombre impressionnant de groupes dont Gorillaz, Saint Levant et Neneh Cherry. Il a aussi permis à des figures de premier plan des arts et du sport de s'exprimer en soutien aux Palestiniens, dont le footballeur Éric Cantona et l'acteur Benedict Cumberbatch. Enfin, ce n'est pas un hasard si la couverture du dernier livre de la rapporteuse spéciale de l'ONU sur la situation des droits humains dans les territoires palestiniens occupés, Francesca Albanese, Quand le monde dort5 montre une peinture de l'artiste palestinienne intitulée Last Night in Gaza. (« Dernière nuit à Gaza »).

Notes

1- NDLR. La photo a été prise en 2005, dans un village près de Naplouse. Mahfoza Oude, une Palestinienne de 60 ans a perdu des dizaines d'oliviers, source de revenus pour sa famille et symbole du soumoud, après l'envahissement de ses terres par des colons israéliens.

2- « Prospects for working-class creatives no better or worse today than in 1960s, says research », British Sociological Association, 12 décembre 2022.

3- Megan Wallace, « The DIY Issue : That's So CSM », Hunger Magazine, 19 novembre 2020.

4- Luc Boltanski et Ève Chiapello, Le nouvel esprit du capitalisme, Gallimard, 1999.

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Qui fait la guerre à l’Europe ?

30 septembre, par Vincent Presumey — ,
Après l'incursion de 19 drones russes sur la Pologne, dont 4 détruits par l'OTAN, puis une opération similaire dans le ciel roumain, ce sont des avions de guerre qui ont (…)

Après l'incursion de 19 drones russes sur la Pologne, dont 4 détruits par l'OTAN, puis une opération similaire dans le ciel roumain, ce sont des avions de guerre qui ont survolé, le 19 septembre, l'Estonie et les eaux estoniennes du golfe de Finlande ; et depuis, on ne compte plus les signalements de drones sur une aire européenne de plus en plus vaste, touchant maintenant à l'Allemagne, à la France et au Royaume-Uni, avec une concentration particulière sur le Danemark qui produit la fermeture récurrente des aéroports civils et militaires. A l'heure où sont écrites des lignes, un accident aérien a failli se produire au-dessus d'Amsterdam en raison de ces drones.

Dans les trois pays baltes, Lituanie, Lettonie et Estonie, la fabrique des drones est devenue une activité sociale massive, avec le conseil des Ukrainiens.

On peut, certes, s'amuser à se raconter, et, plus grave, à répéter dans le mouvement ouvrier, que la menace russe est, au choix, une invention de Macron, un thème de propagande ukrainienne, un épouvantail pour justifier le réarmement européen, voire, comme le développe le PTB en Belgique, un argument belliciste européen car Trump aurait missionné l'Europe pour prolonger la guerre en Ukraine et pouvoir s'occuper de la Chine, etc.

Il n'empêche que ces faits sont réels et interrogent – la Russie réagissant cyniquement à sa désignation comme auteur évident de ces provocations en les traitant de mensonges dont elle fait un motif supplémentaire d'agressivité …

En fait, depuis l'investiture de Trump, la « paix en Ukraine » puis le « cessez-le-feu » visant à livrer toute l'Ukraine si possible, et au moins tout le Donbass, à Poutine, préludaient clairement, à qui voulait bien comprendre les menées impérialistes réelles, à une offensive russe visant probablement la Baltique, la menace trumpienne et étasunienne s'accentuant dans le même temps sur le Canada et le Groenland.

Trump a échoué et, derrière lui, le projet étatsunien d'entente avec la Russie contre la Chine avec livraison de l'Ukraine à la Russie, a échoué, depuis plusieurs mois déjà.

D'une part, la domination économique chinoise sur la Russie a formé une sorte de « glue » dont la Russie ne sortira pas même si Trump lui livre la moitié de l'Europe.

D'autre part, l'Ukraine est invaincue, la « percée » russe opérée pour le communiqué à la veille du sommet d'Anchorage a été liquidée et écrasée, et surtout les opérations ukrainiennes contre les sites énergétiques russes et en mer Noire affaiblissent très réellement la Russie, lui barrant notamment la route en mer Noire et rouvrant même les rumeurs sur un projet de reconquête de la Crimée, ce qui semble utopique à court terme, mais pas si invraisemblable dans la durée.

Les mouvements de la jeunesse ukrainienne en défense de la séparation des pouvoirs à l'encontre de la présidence, qui ont obtenu des victoires rapides sans règlement sur le fond, s'inscrivent d'ailleurs comme un aspect de la combativité démocratique du peuple ukrainien, sur le front comme dans la rue.

Dans ce contexte, il ne faut pas accorder grande crédibilité au dernier en date des « revirements » de Trump sur l'Ukraine, prenant apparemment le parti de l'aider sérieusement : d'abord, ce n'est pas fait, et d'autre part, ceci participe de la crise interne aux Etats-Unis, sujet central sur lequel il nous faudra vite revenir, et probablement des inquiétudes de secteurs impérialistes à la suite du double échec de Trump – échec à décoller la Russie de la Chine, échec à livrer l'Ukraine à Poutine.

Accordons, cependant, toute sa signification au fait, étonnant à premier vue pour qui n'aurait pas saisi les évolutions rapides de l'année en cour, que le pays le plus harcelé par les opérations de drones russes et de « guerre hybride » se trouve être le Danemark. C'est, en effet, précisément le Danemark que, de l'autre côté (au plan géographique), Trump a pris pour cible en voulant annexer le Groenland. Nous avons là, en réalité, une des premières matérialisations directes de la possibilité de la guerre sur deux fronts, imposée à l'Europe par l'Axe néofasciste Trump/Poutine.

La double menace sur l'Europe est une réalité, et elle est au cœur, à Aplutsoc, de nos analyses sur la multipolarité impérialiste instable actuelle. Elle s'affirme de plus en plus fort ces derniers jours.

Cela ne veut pas dire que la guerre généralisée est imminente, mais bien qu'elle est possible. Et comprenons bien que la principale raison pour laquelle cela ne veut pas dire que la guerre généralisée est un risque à très court terme (mais à moyen terme, certainement), vient du fait que l'Ukraine est invaincue, et aussi que les mouvements sociaux sont là, comme en France, mais aussi en Serbie, où se déroule le plus long et le plus important des mouvements de la jeunesse dans ce continent depuis des décennies : la résistance ukrainienne et les mouvements des peuples sont, en Europe orientale et centrale, subjectivement reliés, et ils le sont au moins objectivement en Europe occidentale.

La Russie peut donc difficilement mettre en œuvre ce que Poutine s'est mis à préparer activement dès la victoire de Trump, à savoir l'attaque sur la Baltique, car celle-ci aurait « dû » faire suite au « cessez-le-feu » soumettant l'Ukraine, et il n'en est rien. La pression baltique et européenne qu'elle exerce actuellement doit donc plutôt s'interpréter comme un substitut à cette guerre qui n'a pas encore eu lieu, et aussi comme une tentative d'équilibrer la défaite stratégique que la Russie est en train de subir en mer Noire. Des dérapages étant évidemment possible : le jeu avec la guerre peut toujours échapper à ceux qui se prennent pour les meneurs de jeu.

Crier « guerre à la guerre » sans dire d'où vient la guerre, ou, pire, en accusant l'Europe, devenue aux yeux des campistes bien plus atlantiste que les Etats-Unis, d'être la fauteuse de guerre, c'est en réalité pratiquer l'union sacrée avec Trump et Poutine et, en filigrane, avec l'extrême droite européenne.

Qui fait la guerre à l'Europe ? Trump et Poutine, ce dernier directement tout de suite. Dire ce qui est n'implique nul soutien aux impérialismes européens, déboussolés par cette situation et structurellement incapables de la surmonter. Le gouvernement danois, qui poursuit désespérément ses achats d'avions aux Etats-Unis, est d'ailleurs une illustration exemplaire de cette incapacité.

L'internationalisme passe par la nécessité d'assumer la question de la défense et de la préparation à la guerre, qui n'implique nul soutien, bien au contraire, aux lois de programmation militaire du type Macron/Lecornu en France ou Merz en Allemagne, car ce n'est pas en gavant les trusts industrialo-financiers de l'armement, ni en produisant en masse des armes et des vecteurs nucléaires, que les peuples seront protégés.

Leur protection passe, tout de suite, par l'armement massif de l'Ukraine en drones, artillerie anti-aérienne, avions non programmés aux Etats-Unis, renseignement, et par l'emploi de la force navale pour liquider immédiatement et totalement le blocus génocidaire de Gaza.

Et cela, ce n'est évidemment pas la politique de Macron : ce devrait être celle d'un gouvernement démocratique représentant la majorité et défendant ses besoins en matière de défense comme dans les questions sociales et écologiques.

Toute campagne contre le « militarisme européen » qui récuse par avance cette alternative n'est en réalité qu'une campagne conduisant à l'union sacrée avec Trump, Poutine et l'extrême droite.

VP, 27/09/25

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Chine : Fragilités de la classe moyenne dans une économie en difficultés

30 septembre, par Andrea Ferrario — , , ,
« Alors que les dirigeants continuent de parler de 'prospérité commune' et que certains secteurs technologiques remportent des succès importants, les personnes qui font (…)

« Alors que les dirigeants continuent de parler de 'prospérité commune' et que certains secteurs technologiques remportent des succès importants, les personnes qui font officiellement partie de la classe moyenne vivent souvent dans une situation précaire. »

Tiré d'Europe solidaire sans frontière.

Le projet ambitieux de Xi Jinping visant à construire une classe moyenne solide en Chine se heurte aujourd'hui à une réalité économique de plus en plus difficile. C'est ce que constate le quotidien allemand Handelsblatt, dans une analyse qui part de l'histoire personnelle de Wang Chaowei, ancien cadre dans le secteur de l'éducation, qui a fait trois mille kilomètres pour déménager de Dalian à Chengdu avec sa famille, abandonnant sa carrière professionnelle pour devenir vendeur de brochettes de viande sur un marché de nuit. Son histoire illustre un phénomène de plus en plus manifeste en Chine : le rêve d'ascension sociale perd de sa crédibilité auprès de millions de citoyens chinois.

Le gouvernement de Pékin s'était fixé pour objectif de faire entrer 800 millions de personnes dans la classe moyenne, définissant ce groupe social comme étant composé de personnes dont le revenu annuel est compris entre 60 000 yuans (environ 7 000 euros) et 500 000 yuans (environ 60 000 euros). Il s'agit d'une fourchette très large, clairement destinée à faire entrer dans ce panier des personnes pauvres, pour ensuite vanter le énième prétendu « succès chinois ».

Derrière ces tentatives d'alchimie manipulatrice se cache cependant une réalité beaucoup moins brillante. Les données économiques récentes envoient des signaux alarmants. Le chômage des jeunes a atteint 18,9 % en août, tandis que les ventes de détail et la production industrielle progressent à un rythme de plus en plus lent. Le marché immobilier, traditionnellement considéré comme un pilier de l'épargne et donc de la « prévoyance privée », continue d'afficher des prix en baisse depuis des années, alimentant l'incertitude parmi les familles qui aspirent à améliorer leur condition.

Les personnes qui font officiellement partie de la classe moyenne vivent souvent dans une situation précaire. Dans les métropoles comme Shanghai, une famille dont les revenus mensuels se situent entre 1 500 et 3 000 euros par mois parvient à subvenir à ses besoins en matière de logement, de voiture et d'éducation des enfants, mais ne dispose d'aucune marge pour dégager des économies significatives. Le fossé entre les régions urbaines et rurales aggrave encore la situation : les citadins gagnent en moyenne deux fois plus que les ruraux, ce qui crée des inégalités qui freinent la consommation et les investissements au niveau national.

Long Youshen, ancien expert en informatique chez Samsung, a choisi de se réinventer en cultivant des fraises biologiques destinées précisément à la classe moyenne urbaine. Son expérience révèle les contradictions du moment actuel : au départ, l'entreprise prospérait, mais elle enregistre aujourd'hui une baisse de la demande, car les consommateurs sont de moins en moins prêts à se permettre de petits luxes quotidiens. Les mesures gouvernementales visant à stimuler les prêts et à soutenir la consommation par le biais de programmes de remplacement des appareils électroménagers n'ont pas été efficaces, car ce qui manque, c'est la sécurité économique susceptible d'inciter les gens à dépenser.

L'économiste Wolfgang Keller souligne que les problèmes sont structurels plutôt que cycliques : la croissance chinoise reste excessivement dépendante des investissements et des exportations, tandis que le pouvoir d'achat des ménages reste insuffisant. Selon l'analyste Nouriel Roubini, le risque est que la Chine tombe dans le « piège du revenu moyen », restant bloquée dans la transition vers une économie développée à hauts salaires. Alors que les dirigeants continuent de parler de « prospérité commune » et que certains secteurs technologiques remportent des succès importants, des familles comme celles de Wang et Long vivent une Chine différente, caractérisée par une incertitude croissante et des attentes en baisse.

Andrea Ferrario

• Traduit pour ESSF par Pierre Vandevoorde avec l'aide de DeepLpro.

Source : Facebook

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Répondre au million de manifestant·es : l’intersyndicale lance un ultimatum

30 septembre, par L'intersyndicale de la CFDT, CGT, FO, CFE-CGC, CTFC, UNSA, FSU et Solidaires — , ,
Communiqué intersyndical de la CFDT, CGT, FO, CFE-CGC, CTFC, UNSA, FSU et Solidaires L'ensemble des organisations syndicales se félicite du succès de la journée de (…)

Communiqué intersyndical de la CFDT, CGT, FO, CFE-CGC, CTFC, UNSA, FSU et Solidaires

L'ensemble des organisations syndicales se félicite du succès de la journée de mobilisation interprofessionnelle et unitaire du 18 septembre avec un million de manifestant·es et de grévistes dans toute la France. Cela confirme la colère et la détermination des salarié·es, privé·es d'emplois, jeunes et retraité·es : les sacrifices pour le monde du travail, ça suffit !

22 septembre 2025 | tiré du site Entre les lignes entre les mots
https://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2025/09/22/repondre-au-million-de-manifestant%c2%b7es-lintersyndicale-lance-un-ultimatum/#more-98133

La mobilisation contre le budget d'austérité a commencé à payer, elle a obligé le pouvoir à abandonner la suppression de deux jours fériés.

La mobilisation massive du 18 septembre démontre que le compte n'y est toujours pas ! Les organisations syndicales, avec les travailleuses et les travailleurs, exigent :

– L'abandon de l'ensemble du projet de budget et notamment le doublement des franchises médicales, l'année blanche (désindexation des pensions, des prestations sociales, des salaires des agent·es de la fonction publique et du budget des services publics), la suppression de 3000 postes de fonctionnaires et la réforme de l'assurance chômage, ainsi que des projets attaquant le code du travail, et le 1er mai ;

– La justice fiscale, avec la mise en place de dispositifs qui taxent les gros patrimoines et les très hauts revenus, et contraignent le versement des dividendes ;

– La conditionnalité sociale et environnementale des 211 milliards d'euros d'aides publiques aux entreprises privées ;

– Des moyens budgétaires à la hauteur pour les services publics partout sur le territoire ;

– Une protection sociale de haut niveau et l'abandon du recul de l'âge légal de départ à la retraite à 64 ans ;

– Des investissements dans une transition écologique juste et la réindustrialisation de la France, et des mesures contre les licenciements.

La balle est maintenant dans le camp du Premier ministre. Si d'ici au 24 septembre il n'a pas répondu à leurs revendications, les organisations syndicales se retrouveront pour décider très rapidement d'une nouvelle journée de grève et de manifestations.

Les organisations syndicales pointent également la responsabilité du patronat et exigent l'ouverture de négociations salariales dans toutes les branches et les entreprises. D'ici là, les travailleuses, les travailleurs et leurs syndicats maintiendront la pression par différentes initiatives, organisations de réunions d'information, assemblées générales du personnel, actions dans les entreprises, les services et administrations…

La réussite du 18 septembre place les travailleuses et les travailleurs en position de force. Les organisations syndicales conviennent d'ores et déjà de se revoir très régulièrement pour prendre toutes les initiatives nécessaires afin de mettre le débat budgétaire sous la pression du monde du travail et gagner enfin la justice sociale.

Le 19 septembre 2025

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Rapport de tournée de la campagne L’information, un bien public

30 septembre, par Fédération nationale des communications et de la culture (FNCC–CSN) — , ,
Montréal, le 27 septembre 2025 — Dans la dernière année, la Fédération nationale des communications et de la culture (FNCC–CSN), qui représente un nombre important de (…)

Montréal, le 27 septembre 2025 — Dans la dernière année, la Fédération nationale des communications et de la culture (FNCC–CSN), qui représente un nombre important de travailleuses et de travailleurs de l'information au Québec, a effectué une tournée de consultations dans le cadre de sa campagne « L'information, un bien public ». Des tables de discussion se sont tenues à Chicoutimi, Gatineau, Laval, Longueuil, Montréal, Québec, Rimouski, Rouyn-Noranda, Sainte-Adèle, Sherbrooke et Trois-Rivières, auxquelles ont participé des actrices et acteurs du milieu des médias, des propriétaires d'entreprises de presse, des élu-es, des responsables de différentes organisations sociales et communautaires et différents leaders de la société civile.

« Toutes les organisations et tous les gens rencontrés s'entendent sur la chose suivante : le système par l'entremise duquel l'accès à l'information était assuré est rompu », expose Annick Charette, présidente de la FNCC–CSN.

Les revenus publicitaires des médias d'information se sont volatilisés, aspirés et accaparés par une poignée de multinationales du numérique. « Étant dans l'obligation de fonctionner avec des revenus constamment revus à la baisse, nombre de médias se voient dans l'obligation de mettre la clé dans la porte ou bien de réduire la masse salariale. D'autres ont pris la décision de miser sur la convergence de leurs ressources, fermant des antennes locales ou rapatriant les travailleuses et les travailleurs dans un grand centre. Les petites villes subissent généralement les conséquences de telles décisions. Elles deviennent tributaires des décisions arbitraires du média national en ce qui a trait aux choix des contenus traités. Ainsi, au Saguenay–Lac-Saint-Jean, des événements qui se déroulent à Roberval ne sont parfois pas traités par les médias régionaux, car le déplacement trop long — à partir de Chicoutimi ou de Jonquière, par exemple — empêcherait la couverture d'autres nouvelles importantes. Le scénario est similaire sur la Côte-Nord ou dans le Bas-Saint-Laurent. Ce phénomène marquant en région dite “éloignée” est aussi familier dans les grands centres, alors que les quartiers de Montréal ou de Laval se voient souvent oubliés dans la couverture nationale », continue la présidente.

Simultanément, les médias souffrent d'une certaine perte de confiance d'une partie de la population. « La qualité de l'information produite est aussi un sujet de préoccupation partagée par les personnes consultées, dans une ère où le journalisme et l'opinion et la chronique se côtoient et où parfois la ligne entre les deux est floue. En effet, afin de pallier le manque de financement, des médias misent de plus en plus sur la formule à la mode qui consiste à commenter les nouvelles grâce à des intervenantes et intervenants qui offrent leur opinion sur divers sujets. Aussi pertinente soit-elle, une opinion et une chronique ne constituent pas du travail journalistique, lequel se veut objectif et basé sur la vérification des faits et non une interprétation », enchaîne Mme Charette. C'est pourquoi la nécessité de développer l'éducation aux médias a été soulevée à plusieurs reprises.

Un peu partout, les participantes et participants ont soulevé l'importance de dynamiser et de diversifier les sources de financement pour les médias. Le fait qu'il soit important de sensibiliser les divers paliers de gouvernement et les agences publicitaires quant à l'importance du placement dans les médias locaux est aussi partagé par tous. « Le gouvernement du Québec pourrait faire comme celui de l'Ontario et exiger que ses ministères et agences investissent un minimum de 25 % de leurs dépenses publicitaires dans les médias locaux. Notre gouvernement provincial pourrait implanter cette même cible pour ses achats publicitaires. Le fédéral aussi, d'ailleurs ! » souligne Mme Charette.
Les défis sont majeurs. « Seuls nos gouvernements ont la capacité structurante d'y remédier. Et ce n'est pas en abandonnant la taxe sur les services numériques sur une seule respiration de Donald Trump que le gouvernement canadien démontre qu'il a l'intention de faire partie de la solution. L'information journalistique crédible a un coût : il en va de la responsabilité de toutes et de tous d'en prendre acte afin de la protéger », conclut la présidente.

Pour consulter le rapport et les autres pistes de solutions, rendez-vous au https://fncc.csn.qc.ca/wp-content/uploads/2025/08/2025.05_CSN-FNCC_Tournee-Rapport_VF-Num.pdf.

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Oxfam dénonce la mainmise des ultrariches sur la transition énergétique

30 septembre, par Oxfam-Québec — , ,
La transition vers les énergies renouvelables est accaparée par les ultrariches — individus, entreprises et États — qui reproduisent les logiques coloniales, aggravent les (…)

La transition vers les énergies renouvelables est accaparée par les ultrariches — individus, entreprises et États — qui reproduisent les logiques coloniales, aggravent les inégalités et alimentent les violations des droits humains, montre un nouveau rapport d'Oxfam.

Alors que les pays du Sud détiennent environ 70 % des réserves de minerais stratégiques pour la transition énergétique, ce sont les pays du Nord (46 %) et la Chine (29 %) qui concentrent la majorité des investissements dans les énergies renouvelables. Les bénéfices finissent, en grande partie, entre les mains des 1 % les plus riches.

Le rapport d'Oxfam cite en exemple l'entreprise Tesla du milliardaire Elon Musk, qui a généré 5,63 milliards de dollars de bénéfices grâce à la vente de véhicules électriques en 2024. Pour chaque voiture, Tesla réalise 3 145 $ de profit — soit 321 fois plus que ce que la République démocratique du Congo (RDC) perçoit pour fournir les 3 kg de cobalt nécessaires à la fabrication de ces véhicules.

La RDC ne capte que 14 % de la chaîne de valeur du cobalt. Si elle captait l'intégralité, cela représenterait plus de 4 milliards $ par an — de quoi fournir une énergie propre à la moitié de sa population de près de 110 millions d'habitants.

Le rapport d'Oxfam dénonce un pillage massif des ressources : lithium, cobalt, nickel, terres rares, accaparement de terres pour la bioénergie, projets de captation carbone, barrages, parcs solaires et éoliens.

Ces projets sont souvent mis en œuvre sans le consentement des communautés vivant dans les pays concernés, avec des pratiques violentes, du travail forcé et des dommages environnementaux.

« Les pays riches et les ultrariches sont responsables de l'urgence climatique actuelle, en consommant sans limites le budget carbone par l'entremise de systèmes profondément inégalitaires et extractivistes. Et maintenant, ils cherchent à s'approprier la transition énergétique, aux dépens des pays les plus pauvres et les plus vulnérables. Une transition juste commence par la fin de l'injustice, du pillage et de l'excès », souligne Amitabh Behar, directeur général d'Oxfam International.

Un double déséquilibre

Les pays riches et les élites concentrent aussi le pouvoir dans l'architecture financière mondiale. Ils investissent massivement dans leur propre transition, tout en enfermant les pays du Sud dans une spirale d'endettement qui freine leur propre développement. Les pays dits « en développement » cumulent 11 700 milliards de dollars en dettes extérieures — plus de 30 fois le coût estimé pour assurer un accès universel à l'énergie propre d'ici 2030.

« Beaucoup de pays du Sud, malgré un potentiel immense (70 % du potentiel solaire et éolien mondial s'y trouve), sont exclus de la transition, faute de financements abordables. Nos recherches montrent que l'énergie coûte presque deux fois plus cher en Afrique que dans les pays riches. Les rares investissements étrangers qui existent visent l'extraction et les profits à court terme, au détriment de l'intérêt public », explique M. Behar.

Assurer une transition énergétique juste implique aussi de s'attaquer aux inégalités dans l'accès à l'énergie. Aujourd'hui, les 10 % les plus riches consomment la moitié de l'énergie mondiale, tandis que la moitié la plus pauvre de l'humanité n'en consomme que 8 %.

Une meilleure redistribution de l'énergie consommée par le 1 % le plus riche pourrait satisfaire sept fois les besoins énergétiques fondamentaux des personnes privées d'électricité.

Oxfam appelle les États à adopter une transition énergétique décoloniale, décentralisée et juste, fondée sur :

* Une approche de financement public prioritaire pour les objectifs climatiques et de développement, en rejetant le modèle du « consensus de Wall Street », qui impose des politiques de développement en fonction prioritairement des besoins et impératifs de la finance privée globale et non des réalités des pays du Sud global.

* Une reconnaissance de la responsabilité des pays, entreprises et individus riches dans la crise climatique ; ceux-ci doivent payer pour les pertes et dommages causés par la crise climatique qu'ils ont créée.

* Une réforme en profondeur des règles fiscales, commerciales et financières internationales, incluant la valorisation locale, le transfert de technologies et la souveraineté industrielle des pays du Sud.

* La fin des pratiques extractives et l'application stricte des droits du travail et des droits humains, y compris la reconnaissance des droits fonciers des peuples autochtones.


Notes

* Un résumé du rapport en français peut être consulté en suivant ce lien.<>

* Le rapport complet (en anglais) peut être consulté ici.<> Une version française sera disponible prochainement.

* La note méthodologique (en anglais) est accessible ici.<>

* Toutes les sommes sont exprimées en dollars américains.

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La transition énergétique enrichit les milliardaires et dévaste les pays du Sud, selon Oxfam

30 septembre, par Emmanuel Clévenot — ,
La transition énergétique enrichit les milliardaires et dévaste les pays du Sud, selon Oxfam. Les minéraux de la transition énergétique, extraits dans les pays du Sud, sont (…)

La transition énergétique enrichit les milliardaires et dévaste les pays du Sud, selon Oxfam. Les minéraux de la transition énergétique, extraits dans les pays du Sud, sont accaparés par les ultrariches occidentaux, dénonce Oxfam dans un rapport. Une pratique qui renforce des schémas coloniaux destructeurs.

24 septembre 2025 | tiré de reporterre.net.

Chasser de nos quotidiens les hydrocarbures, et tourner nos regards vers les renouvelables. Tel est le dessein de la transition énergétique, défendue et encouragée depuis maintes années en réponse à la crise climatique. Seulement, pour opérer cette métamorphose du système, des minéraux — lithium, cobalt, nickel et cuivre — sont nécessaires. Et si 70 % d'entre eux se trouvent dans les sous-sols des pays du Sud, une grande partie des bénéfices terminent dans les poches des 1 % les plus riches.

Le 24 septembre, Oxfam a dévoilé un rapport mettant en lumière les rouages de ce puissant business. D'après l'ONG, les ultrariches — individus, entreprises et États — s'approprient la transition au détriment des communautés à faibles revenus. Pas question pour eux d'abandonner leurs logiques capitalistes, ni d'interroger leur surconsommation énergétique. Pas question non plus d'imaginer un partage adéquat des profits tirés avec les habitants payant le plus lourd tribut des répercussions néfastes de l'exploitation minière.

« Ces projets impliquent souvent des violences, du travail forcé et des dommages environnementaux »

Dans cette course effrénée aux minerais, les pays du Sud voient leurs ressources être dérobées et leurs terres être accaparées par des multinationales. « Ces projets impliquent souvent des violences, du travail forcé et des dommages environnementaux, et sont mis en œuvre sans le consentement des communautés vivant dans les pays concernés », écrivent les auteurs. Et d'ajouter : « En d'autres termes, les dynamiques qui ont engendré le colonialisme historique refont surface sous de nouvelles formes avec la transition écologique. »

À en croire l'étude menée par Oxfam, 60 % des territoires reconnus comme terres autochtones seraient sous la menace de projets liés à la transition énergétique. Soit l'équivalent des superficies combinées du Brésil, des États-Unis et de l'Inde… ou encore de deux fois l'Empire colonial français à son apogée. « En l'absence de réforme urgente pour protéger les droits et les territoires, la transition ne fera que renforcer les schémas de plus de 500 ans de colonialisme énergétique, de l'esclavage et de l'exploitation de biomasse à l'ère du charbon et du pétrole », déplore Oxfam.

Tesla, l'incarnation du colonialisme vert

Levier essentiel de la décarbonation du secteur des transports, la conversion à l'électrique des parcs automobiles occidentaux est une illustration limpide de ce déséquilibre. D'un côté, des communautés subissent les coûts de cette transition. De l'autre, un milliardaire voit son portefeuille dopé par la crise climatique.

En 2024, Tesla, qui appartient à l'homme le plus riche au monde, Elon Musk, a enregistré 5,63 milliards de dollars de bénéfices grâce à la vente de ces véhicules électriques. En parallèle, la République démocratique du Congo n'a perçu que 17,5 millions de dollars de redevances pour les énormes quantités de minerais fournies pour la construction de chacune de ces voitures — 3 kilos de cobalt par véhicule.

L'écart est encore plus abyssal entre la fortune de l'oligarque et le salaire d'une personne travaillant dans les mines, évalué à 7 dollars par jour : « [Cela] signifie qu'il lui faudrait près de deux ans pour gagner ce que Tesla tire d'une seule voiture », notent les auteurs.

La France, aussi impliquée

Elon Musk, auteur d'un salut nazi en début d'année, n'est pas le seul à se faire de l'argent sur le dos des pays du Sud. La multinationale française, TotalEnergies, a elle aussi recourt à cette stratégie. En 2024, sa filiale majoritaire TE H2 a lancé un projet baptisé Chbika au Maroc. Objectif ? Développer un gigawatt de capacités solaires et éoliennes terrestres pour alimenter la production — par électrolyse d'eau de mer dessalée — d'hydrogène vert ensuite transformé en ammoniac vert… destiné au marché européen.

Si le concept semble obscur, l'intention finale est simple : alimenter l'Union européenne en ressources renouvelables. Ce, dans le but de répondre aux objectifs fixés par son plan REPowerUE, visant à réduire sa dépendance aux énergies fossiles russes à horizon 2027. En d'autres termes, le Maroc — comme les autres pays du Sud pourtant dotés de 70 % du potentiel éolien et solaire mondial — est, lui, exclu de la transition faute de financements abordables.

Des rouages financiers coloniaux

« L'architecture financière internationale est [d'ailleurs] tout aussi déséquilibrée puisque, façonnée par des siècles de pouvoir colonial, elle continue d'enfermer les pays à faibles revenus dans une dépendance structurelle », précise le rapport. Lorsqu'un pays riche investit dans un projet d'énergie propre, il bénéficie de taux d'intérêt de 3 à 6 %. À l'inverse, dès lors que le client est un pays du Sud, les banques gonflent ces taux jusqu'à 13,5 %. Autrement dit, alimenter 100 000 personnes en énergie propre coûte 95 millions de dollars pour le Royaume-Uni… mais 188 millions de dollars pour le Nigeria. Une différence de traitement justifiée par une perception déformée du risque, dit le rapport, façonnée par des décennies de stéréotypes négatifs.

Les dés sont aussi pipés par la spirale d'endettement dans laquelle les puissantes élites ont plongé les plus précaires. « Les pays dits “en développement” ont une dette extérieure de 11 700 milliards de dollars, soit plus de 30 fois le coût estimé pour assurer un accès universel à l'énergie propre d'ici 2030 », s'alarme Oxfam. Cette épée de Damoclès est un frein immense à leur transition énergétique.

Une seule donnée suffit à démontrer l'absurdité de la situation : 14 % de l'énergie consommée par les 1 % les plus riches de la planète pourrait répondre aux besoins énergétiques fondamentaux de toutes les personnes privées d'électricité. Une immense majorité d'entre elles vivent en Afrique subsaharienne. Pourtant, en 2024, le continent n'a capté que 2 % des investissements mondiaux dans les énergies propres. Une triste ironie du sort à laquelle Oxfam réclame de mettre fin.

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IA : L’angle mort

30 septembre, par Mario Charland — , ,
Le documentaire animé par la journaliste Noémie Mercier (« IA : L'angle mort »), diffusé à TQ (lundi 22 septembre), traite d'un enjeu crucial pour notre monde (…)

Le documentaire animé par la journaliste Noémie Mercier (« IA : L'angle mort »), diffusé à TQ (lundi 22 septembre), traite d'un enjeu crucial pour notre monde hyper-technologique qui se prétend encore « démocratique ».

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Comme son titre l'indique, la réalisatrice prend pour point de départ de son exposé l'idée que les dérives occasionnées par l'IA (ainsi que par tous les outils électroniques, informatiques, numériques qui envahissent toujours un plus notre quotidien) seraient « à la marge » de son utilisation, un peu comme cet « espace » qui échappe à la vision du conducteur automobile, d'autant plus dangereux que les rétroviseurs installés à l'intérieur du véhicule ne sont pas en mesure de donner à voir ce qu'il contient. Est-ce une raison pour ne plus jamais utiliser ce moyen de transport, étant donné les risques que ce phénomène représente pour la sécurité de tous les automobilistes et celle de leurs passagers ? D'emblée, spontanément, on répondrait « non » à cette question tellement l'inconvénient apparaît dérisoire eu regard aux avantages que procure l'auto-solo.

On a ainsi tendance à opérer le même type de raisonnement lorsqu'on prend en compte les « désavantages » inhérents aux nouvelles technologies en se disant (peut-être pour se rassurer) que, tout compte fait, en pesant le pour et le contre, malgré les possibles intrusions dans notre vie « privée » (et même « intime »), la désinformation que souvent elles génèrent, la manipulation de l'opinion à des fins commerciales, politiques, idéologiques, l'immense pouvoir qu'elles donnent à nos dirigeants de moins en moins scrupuleux sur la question du contrôle de la population, l'IA est une bonne chose « en soi », elle rend de nombreux services, suffit qu'elle soit bien « gérée », contrôlée, réglementée, légiférée, et nous aurons le meilleur des deux mondes ! Est-ce si sûr ?

Ce sur quoi le documentaire de TQ ne se penche pas suffisamment, c'est sur les motivations « mercantiles » à l'origine du développement accéléré des nouvelles technologies, d'autant plus importantes, soutenues et intenses en ce qui concerne l'IA que celle-ci décuple les possibilités « productivistes » des propriétaires des moyens de production, donc des entreprises privées dont l'influence politique, l'importance économique, le pouvoir décisionnel est en train de surpasser ceux de tous les États du monde entier réunis. D'aucuns douteraient alors que les immenses ressources humaines et matérielles mobilisées, les investissements massifs consentis, la recherche de pointe effectuée en IA par les GAFAM ou autres géants asiatiques de la « tech » soient destinés à améliorer la qualité de vie des citoyens, à redresser les valeurs, les principes, les institutions démocratiques en déliquescence depuis des décennies et ce, en concomitance avec une volonté délibérée de servir le Bien Commun !

À l'ère du capitalisme décomplexé, où ses principaux inspirateurs ne cachent pas leurs intentions de réveiller à l'échelle planétaire nos instincts les plus violents, nos propensions soi-disant « naturelles » à la prédation, à l'intimidation, à l'égoïsme narcissique, voire au sadisme et au cynisme (devenus des vertus), il faut habiter Disneyland en compagnie de ses personnages fantasmagoriques pour croire qu'à l'origine des derniers progrès technologiques, de nobles intentions « humanistes » guident les concepteurs de ChatGPT, OpenAI, Copilot, Gemini, soutenus dans leur travail à coups de milliards de dollars par des libertariens convaincus de leur supériorité intellectuelle, adeptes de théories et de pratiques transhumanistes. Le monde est en train de se « diviser » (pour ne pas dire : s'« écarteler ») entre, d'un côté, un néo-fascisme trumpien, ayant ses antennes dans la Silicone Valley, allié à une Europe d'extrême-droite lui obéissant au doigt et à l'œil, et de l'autre, un totalitarisme à la chinoise, surplombant une Coalition de pays du Sud Global, désirant, plus que toute autre chose, se soustraire à l'hégémonie américaine en matière de finance, de politiques monétaires, d'échanges économiques.

Au-delà de ce constat qui pourrait nous plonger dans l'univers orwellien d'un roman d'anticipation, c'est tout de même à partir de ce contexte qu'il faut appréhender le développement de l'IA (ou de toute autre technologie, autant sinon plus performante et efficace pour remplacer l'humain), sa commercialisation, son utilisation, sa promotion et l'aura « progressiste » (dans toutes les acceptions du terme) qui l'entoure, fruit d'une campagne de marketing bien orchestrée auprès des médias, des gouvernements et de la population en général.

À tel enseigne que tout un chacun est tombé dans le panneau, en quelque sorte. N'y a-t-il pas quelque chose de « naïf », ou de l'ordre de la « mauvaise foi », de ne pas avoir soupçonné le moins du monde que le fait de poster allégrement sa (ou ses) photo(s) sur Internet à tous vents, utiliser à qui mieux mieux ses cartes de crédit pour faire des achats en ligne, ouvrir un compte sur Facebook (contenant des détails personnels), pouvoir être géolocalisé à tout moment de la journée sans que toute cette liberté accordée « gratuitement » ne finisse pas par avoir des conséquences fâcheuses pour sa vie privée, ne soit pas soumise à la règle du pendule ou celle de la gravitation universelle transposée aux domaines social, psychique, psychologique, individuel, à savoir que tout ce qui monte redescend, que rien n'a d'existence autonome, que tout existe en interrelation et que, selon une autre loi, celle de la « dialectique » que tout-e intellectuel-le devrait connaître, toute réalité a toujours deux aspects : le positif et le négatif, l'envers et l'endroit, le vide et le plein, le masculin et le féminin, etc.

Une des intervenantes du documentaire a eu le mot juste : « Nous sommes comme des adolescents ». Je dirais même plus : Nous sommes comme des enfants devant les nouvelles technologies, attirés par leur aspect “ludique” (que les commerçants mettent d'emblée de l'avant dans leur publicité), les promesses de vie facile qu'elles font miroiter, le plaisir qu'elles nous permettent de ressentir lorsque le temps et l'espace, d'ordinaire contraignants pour atteindre nos buts et nos objectifs, semblent disparaître de notre horizon, nous donnant l'impression (fausse) d'être en apesanteur, comme suspendus au-dessus de la vie de tous les jours.
Sans parler du grave problème de l'addiction devenu chronique chez les jeunes, à tel point qu'un gouvernement, pas particulièrement réputé pour avoir des humeurs psychosociales relatives aux conséquences morbides de ses politiques « managériales », a pris l'initiative d'interdire le cellulaire à l'école primaire et secondaire, pour, sinon endiguer le problème, du moins contribuer à ne pas l'envenimer.

Ceci dit, ce n'est pas du côté de l'IA qu'il faut chercher une solution aux effets secondaires d'une surutilisation des écrans, bien au contraire. Tout comme il serait absurde de demander aux cigarettiers des conseils pour vaincre le cancer du poumon, aux multinationales de la malbouffe de faire la promotion d'ouvrages sur le végétarisme (encore moins sur le « véganisme ») dans leurs succursales à travers le monde ou aux monarchies pétrolières d'accueillir en leurs « Royaumes » des COP sur la fin des hydrocarbures (ce qui pourtant se fait !)

Un des mots d'ordre du documentaire (qui semble être aussi celui de l'animatrice) est : « Évitons la diabolisation, les pronostics à l'emporte-pièce, ne tombons pas dans les scénarios catastrophes à la Stephen King, n'exagérons pas les côtés troublants et inquiétants de l'IA, restons “objectifs”, “impartiales”, “neutres”, faisons la part des choses, séparons le bon grain de l'ivraie, etc., etc., etc. » Fort bien. Précisons tout de même : Ne sous-estimons pas les ravages que peut provoquer une technologie au service de multimilliardaires qui se soucient comme d'une guigne de la santé publique, des valeurs démocratiques, des inégalités socio-économiques, de la disparition des écosystèmes, prêts à pactiser avec le premier démagogue venu tant et aussi longtemps qu'il ne leur mettra pas les bâtons dans les roues pour qu'ils puissent continuer à accumuler capital, pouvoir, mérites, adulations, culte de la personnalité et qu'il ne bronchera pas devant une manifestation ostentatoire d'une appartenance idéologique qui s'est concrétisée, dans le passé, par l'assassinat de millions de personnes du fait de leur “race” supposée.

Rajoutons aussi : Ne soyons pas naïfs. Tant que nous laisserons la loi du profit s'élever au dessus du Bien Commun, les principaux problèmes inhérents à une société technologique comme la nôtre ne se régleront pas. Mises à part quelques petites réformes par ci par là pour donner l'impression que la Caste des décideurs partage d'autres « valeurs » que l'argent et a d'autres projets que de s'approprier pour elle seule le plus possible de ressources, de richesses, de technologies, de talents, de biens, de patrimoines, de territoires, la concentration du pouvoir (politique, économique, financier) va aller en s'accentuant, laissant les miettes de leur appétit gargantuesque pour la masse qui va s'entre-déchirer pour se les procurer.

Il existe des moyens pour redonner à la population les rennes du pouvoir qui lui échappent de plus en plus. Lorsqu'une activité quelconque, la découverte d'un nouveau processus, la marchandisation d'un bien inconnu jusqu'alors soulèvent trop d'interrogations dans l'espace public, l'État, par principe de précaution et sens des responsabilités, peut décréter un moratoire jusqu'à ce que les enjeux soient suffisamment clarifiés pour apaiser les inquiétudes et rendre possible un rapport moins ambiguë avec la réalité en question. Il peut aussi recourir à la nationalisation d'un secteur entier de l'économie s'il juge qu'il en va de l'intérêt de la Nation que la richesse produite dans ledit secteur soit considérée comme un bien « essentiel » et que, conséquemment, elle ne doit pas être livrée aux lois du marché, faisant l'objet de vives concurrences entre entreprises privées pour son appropriation exclusive, mais bien plutôt devenir propriété collective.

On a coutume d'associer « Nationalisation » aux ressources naturelles (eau, hydroélectricité, mines, énergie) ou aux services essentiels (santé, éducation, environnement). Étant donné le contexte actuel de guerre commerciale pour l'appropriation de terres, minéraux, composantes diverses pour alimenter le marché des technologies de pointe (voitures électriques ou autonomes, robots industriels, ordinateurs portables, téléphones cellulaires, systèmes d'IA), l'État a un rôle important à jouer pour assurer la répartition équitable des fruits de cette nouvelle forme de croissance économique, l'encadrement juridico-politique nécessaire afin de limiter les possibilités de contrainte et l'influence démesurées de puissants monopoles sur les gouvernements au détriment de l'ensemble des citoyens, le respect des règles fondamentales du droit pour protéger la vie privée, préserver l'intimité et la dignité des personnes qui ne peuvent être réduites au statut d'une marchandise interchangeable comme n'importe quelle autre marchandise.

À moins de croire au miracle, la sécurité « numérique » ne s'obtiendra pas en dehors des prérogatives que les premiers penseurs de la démocratie libérale ont accordé aux institutions parlementaires pour en faire les représentants légitimes, légaux et autorisés d'un « État de droit » en bonne et due forme. Et si ces mots, ces concepts, ces expressions ne sont pas uniquement des formules creuses qui ne renvoient à rien de « substantiel » en matière d'imputabilité, cela signifie que le « Droit » en question s'applique aussi aux petits « génies » de la Silicone Valley, des GAFAM, des Géants du web, d'Alibaba et autres promoteurs extrême-orientaux de la reconnaissance faciale qui vont, tous autant qu'ils sont, hurler comme des chacals à qui on a dérobé leurs viandes faisandées...

Mario Charland
Shawinigan

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