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Le sionisme a tué le monde judéo-musulman

22 octobre 2024, par Ariella Aïsha Azoulay — , , , ,
Dans un entretien accordé à Jacobin, la cinéaste et universitaire Ariella Aïsha Azoulay explique comment l'exploitation du sionisme par les puissances occidentales a conduit (…)

Dans un entretien accordé à Jacobin, la cinéaste et universitaire Ariella Aïsha Azoulay explique comment l'exploitation du sionisme par les puissances occidentales a conduit non seulement au nettoyage ethnique de la Palestine, mais aussi à la disparition des communautés juives dans tout le Moyen-Orient.

tiré de NPA 29
Photo :Juifs dans la ville de Buqei'a, Palestine, vers 1930. © Keren Kayemet Leyisrael via Wikimedia Commons

Née en Israël, Ariella Aïsha Azoulay, cinéaste, conservatrice et universitaire, rejette l'identité israélienne. Avant de devenir israélienne à l'âge de dix-neuf ans, sa mère était simplement une juive palestinienne. Pendant une grande partie de l'histoire, cette combinaison de mots n'avait rien d'inhabituel. En Palestine, une minorité juive a vécu pacifiquement aux côtés de la majorité musulmane pendant des siècles.

La situation a changé avec le mouvement sioniste et la création d'Israël. Le nettoyage ethnique des juifs d'Europe allait conduire, grâce aux sionistes européens, non seulement à celui des musulmans de Palestine, mais aussi à celui des juifs du reste du Moyen-Orient, près d'un million d'entre eux ayant fui à la suite de la guerre israélo-arabe de 1948, dont un grand nombre en Israël.

Dans un entretien avec Jacobin, Azoulay replace le génocide israélien à Gaza dans le contexte de la longue histoire de l'impérialisme européen et américain. Azoulay est professeur de littérature comparée à Brown et auteur de Potential History : Unlearning Imperialism (Verso, 2019).

Vous vous identifiez comme une juive palestinienne. Pourriez-vous nous en dire plus à ce sujet ? Pour beaucoup de gens, ces mots s'opposent.

Que ces termes soient considérés comme s'excluant mutuellement ou en opposition, comme vous le suggérez, est le symptôme de deux siècles de violence. En l'espace de quelques générations, des juifs très différents, qui vivaient partout dans le monde, ont été privés de leurs divers attachements à la terre, aux langues, aux communautés, aux métiers et aux formes de partage du monde.

La question qui devrait nous préoccuper n'est pas de savoir comment donner un sens à l'impossibilité supposée de l'identité judéo-palestinienne, mais plutôt l'inverse : Comment se fait-il que l'identité fabriquée, connue sous le nom d'israélienne, ait été reconnue largement comme ordinaire à travers le monde après la création de l'État en 1948 ? Non seulement cette identité occulte l'histoire et la mémoire des diverses communautés et formes de vie juives, mais elle occulte également l'histoire et la mémoire de ce que l'Europe a fait aux juifs en Europe, en Afrique et en Asie dans le cadre de ses projets coloniaux.

Israël a un intérêt commun avec ces puissances impériales à occulter le fait que « l'État d'Israël n'a pas été créé pour le salut des Juifs ; il a été créé pour le salut des intérêts occidentaux », comme l'a écrit James Baldwin en 1979 dans sa « Lettre ouverte à ceux qui sont nés de nouveau ». Dans sa lettre, Baldwin compare lucidement le projet colonial euro-américain pour les juifs avec le projet américain pour les Noirs au Liberia : « Les Américains blancs responsables de l'envoi d'esclaves noirs au Liberia (où ils travaillent toujours pour la Firestone Rubber Plantation) ne l'ont pas fait pour les libérer. Ils les méprisaient et voulaient s'en débarrasser ».

Avant la proclamation de l'État d'Israël et sa reconnaissance immédiate par les puissances impériales, l'identité juive palestinienne était l'une des nombreuses identités existant en Palestine. Le terme « palestinien » n'était pas encore connoté par une signification raciale.

Mes ancêtres maternels, expulsés d'Espagne à la fin du 15e siècle, se sont retrouvés en Palestine avant que le mouvement euro-sioniste n'y commence ses actions et avant que le mouvement ne commence progressivement à faire l'amalgame entre l'assistance aux juifs en réponse aux attaques antisémites en Europe et l'imposition d'un projet de colonisation de modèle européen auquel les juifs devaient participer – un projet non seulement interprété comme un projet de libération juive, mais aussi comme une croisade européenne contre les Arabes.

La décolonisation passe par la récupération des identités plurielles qui existaient autrefois en Palestine et dans d'autres lieux de l'Empire ottoman, notamment ceux où les juifs et les musulmans coexistaient.

Dans votre dernier film, The World Like a Jewel in the Hand (Le monde comme un joyau dans la main), vous évoquez la destruction d'un monde commun aux musulmans et aux juifs. Vous mettez en avant l'appel de juifs qui, à la fin des années 1940, ont rejeté la campagne sioniste européenne et ont exhorté leurs concitoyens juifs à résister à la destruction de la Palestine. Compte tenu de la destruction récente de vies, d'infrastructures et de monuments à Gaza, pensez-vous qu'il est encore possible pour les juifs et les musulmans de se réapproprier leur monde commun ?

Tout d'abord, sur la question historique : les sionistes ont cherché à effacer à jamais de nos mémoires cet appel des juifs antisionistes. Ces juifs anciens faisaient partie d'un monde judéo-musulman et ne voulaient pas s'en éloigner. Ils ont mis en garde contre le danger que représentait le sionisme pour les juifs comme eux à travers ce monde qui existait entre l'Afrique du Nord et le Moyen-Orient, y compris en Palestine.

Il faut rappeler que jusqu'à la fin de la Seconde Guerre mondiale, le sionisme était un mouvement marginal et sans importance parmi les populations juives du monde entier. Ainsi, jusqu'à cette époque, nos aînés n'avaient même pas à s'opposer au sionisme ; ils pouvaient simplement l'ignorer.

Ce n'est qu'après la Seconde Guerre mondiale, lorsque les juifs survivants d'Europe – qui, pour la plupart, n'étaient pas sionistes avant la guerre – n'avaient pratiquement nulle part où aller, que les puissances impériales euro-américaines ont saisi l'occasion de soutenir le projet sioniste. Pour elles, il s'agissait d'une alternative viable au maintien des juifs en Europe ou à leur migration vers les États-Unis, et elles ont utilisé les organismes internationaux qu'elles ont créés pour accélérer sa réalisation.

Ce faisant, ils ont propagé le mensonge selon lequel leurs actions constituaient un projet de libération juive, alors qu'en réalité, ce projet perpétuait l'éradication de diverses communautés juives bien au-delà de l'Europe. Pire encore, la libération juive a été utilisée comme une autorisation et une raison de détruire la Palestine.

Ce projet n'aurait pas pu exister sans qu'un nombre croissant de juifs ne deviennent les mercenaires de l'Europe – les juifs qui avaient émigré en Palestine alors qu'ils fuyaient ou survivaient à un génocide en Europe, les juifs palestiniens qui vivaient là avant l'arrivée des sionistes et les juifs qui ont été incité·es à venir en Palestine ou qui n'ont eu d'autre choix que de quitter le monde judéo-musulman depuis qu'Israël avait été créé – avec un projet clair, celui d'un État antimusulman et anti-arabe – tous ont été encouragés par l'Europe et les sionistes européens à considérer les Arabes et les musulmans comme leurs ennemis.

Nous ne devons pas oublier que les musulmans et les Arabes n'ont jamais été les ennemis des juifs et que, de plus, nombre de ces juifs vivant dans le monde majoritairement musulman étaient eux-mêmes des Arabes. Ce n'est qu'avec la création de l'État d'Israël que ces deux catégories – juifs et Arabes – se sont mutuellement exclues.

La destruction de ce monde judéo-musulman après la Seconde Guerre mondiale a permis l'invention d'une tradition judéo-chrétienne qui allait devenir, dès lors, une réalité, puisque les juifs ne vivaient plus en dehors du monde occidental chrétien. La survie d'un régime juif en Israël exigeant davantage de colons, les juifs du monde judéo-musulman ont été contraints de le quitter pour faire partie de cet ethno-état. Détachés et privés de leurs histoires riches et diverses, ils ont pu être socialisés dans ce rôle qui leur a été assigné par l'Europe – celui de mercenaires de ce régime colonial visant à restaurer le pouvoir occidental au Moyen-Orient.

La compréhension de ce contexte historique n'atténue pas la responsabilité des sionistes pour les crimes qu'ils ont commis contre les Palestinien·nes au fil des décennies ; elle rappelle plutôt le rôle de l'Europe dans la destruction et l'extermination des communautés juives, principalement, mais pas seulement, en Europe, et son rôle dans la cession de la Palestine aux sionistes, les prétendus représentants des survivants de ce génocide qui ont formé une base occidentale pour ces mêmes acteurs européens au Proche-Orient.

Paradoxalement, le seul endroit au monde où juifs et Arabes – majoritairement musulman·es – partagent aujourd'hui la même terre est situé entre le fleuve et la mer. Mais depuis 1948, cet endroit est défini par une violence génocidaire. Les questions urgentes qui se posent aujourd'hui sont de savoir comment arrêter le génocide et comment empêcher l'introduction de nouvelles armes dans cette région.

Dans Eichmann à Jérusalem, Hannah Arendt décrit les sentiments contradictoires éprouvés par les survivant·es juifs de l'Holocauste pendant les années qu'ils et elles ont passées dans les camps de personnes déplacées en Europe.

D'une part, dit-elle, la dernière chose qu'ils pouvaient imaginer était de vivre à nouveau avec les bourreaux ; d'autre part, dit-elle, la chose qu'ils désiraient le plus était de retourner dans leur lieu d'origine. Il ne faut pas s'étonner qu'après ce génocide à Gaza, les Palestinien·nes ne puissent pas imaginer partager un monde avec leurs bourreaux, les Israélien·nes.

Mais est-ce une preuve que ce monde, où Arabes et juifs sionistes se sont retrouvé·es ensemble, doit aussi être détruit pour reconstruire la Palestine sur ses cendres ? Ce n'est que dans le cadre de l'imaginaire politique impérial euro-américain qu'une tragédie de l'ampleur de la Seconde Guerre mondiale et de l'Holocauste a pu se terminer par des solutions aussi brutales que les partitions, les transferts de populations, l'ethno-indépendance et la destruction des mondes.

Globalement, nous avons l'obligation de revendiquer ce que j'ai appelé le droit de ne pas être complice et de l'exercer de toutes les manières possibles. Les dockers qui refusent d'expédier des armes à Israël, les étudiants qui s'engagent dans des grèves de la faimpour faire pression sur leurs universités afin qu'elle rompent avec Israël, les juifs qui perturbent leurs communautés et leurs familles et revendiquent leurs droits ancestraux d'être et de s'exprimer en tant qu'antisionistes, les manifestant·es qui occupent des bâtiments publics et des gares au risque d'être arrêtés – tou·tes sont motivé·es par ce droit, même s'ils ne l'expriment pas en ces termes.

Ils comprennent le rôle que leurs gouvernements, et plus largement les régimes sous lesquels ils sont gouvernés en tant que citoyen·nes, jouent dans la perpétuation de ce génocide, et ils comprennent, comme le dit le slogan, que ce génocide est perpétré en leur nom.

Il y a des juifs parmi celles et ceux qui appellent à un cessez-le-feu. Mais même les voix juives sont réduites au silence. En Allemagne, par exemple, le travail d'artistes juifs bien établis a été annulé. Pensez-vous qu'il y ait un intérêt à renforcer un récit dominant mis en place depuis 1948 par l'Occident et l'État d'Israël, tout en supprimant les voix juives qui s'opposent à la violence perpétrée en leur nom ?

C'est vrai que les voix juives sont réduites au silence, mais ce n'est pas nouveau. Les voix juives ont été réduites au silence immédiatement après la Seconde Guerre mondiale, lorsque les survivant·es n'ont eu d'autre choix que de rester pendant des années dans des camps déracinés.

Pendant cette période, les biens pillés à leurs communautés, au lieu d'être restitués aux endroits d'Europe où ils avaient été spoliés, ont été partagés entre la Bibliothèque nationale de Jérusalem et la Bibliothèque du Congrès à Washington, comme des trophées. Et non seulement le traumatisme collectif des survivants – et de nous, leurs descendants – n'a pas été pris en compte, mais nous avons été réduits au silence par ce mensonge d'un projet de libération fondé sur un récit sioniste de libération par la colonisation de la Palestine, qui fournirait à son tour aux puissances euro-américaines une autre colonie au service de leurs intérêts impériaux.

Caractériser la souffrance des juifs comme exceptionnelle n'était pas un discours juif, mais occidental, dans le cadre de la conception de la violence génocidaire des nazis comme quelque chose d'exceptionnel. Dans le grand récit du triomphe occidental sur cette force ultime du mal, l'État d'Israël est devenu l'emblème de la force morale occidentale et a marqué la persévérance du projet impérial euro-américain. Dans le cadre de ce grand récit, les juifs ont été contraints de passer du statut de survivant·es traumatisé·es à celui de bourreaux. Des juifs du monde entier ont été envoyés pour gagner une bataille démographique, sans laquelle le régime israélien ne pourrait pas durer.

Les deuxième et troisième générations issues de ce projet sont nées sans histoire ni souvenirs de leurs ancêtres antisionistes ou non sionistes, et encore moins de souvenirs des autres mondes dont leurs ancêtres faisaient partie. De plus, ils étaient totalement dissociés de l'histoire de ce qu'était la Palestine et de sa destruction. Ils étaient donc une proie facile pour un État-nation présenté par les sionistes et les puissances euro-américaines comme l'aboutissement de la libération juive.

En ce sens, la Nakba n'était pas seulement une campagne génocidaire contre les Palestinien·nes, mais aussi, en même temps, une campagne contre les juifs, à qui l'Europe a imposé une autre « solution » après la « solution finale ». Sans le financement et l'armement massifs des puissances impériales, les massacres à Gaza auraient cessé après un court laps de temps, et les Israélien·nes auraient dû se demander ce qu'ils faisaient, comment ils en étaient arrivés là, et auraient été forcés de penser au 7 octobre en se demandant pourquoi cela s'est produit et comment parvenir à une vie supportable pour tous ceux qui vivent entre le fleuve et la mer.

Les voix juives dans des pays comme l'Allemagne ou la France continuent d'être les premières à être réduites au silence afin de maintenir à la fois la colonie sioniste et la cohésion artificielle d'un peuple juif unique, qui pourrait être représenté par des forces qui soutiennent le projet euro-américain de suprématie blanche. Ce n'est plus le cas aujourd'hui. La nature génocidaire du régime israélien est exposée au grand jour et ne peut plus être cachée.

Pensez-vous qu'il existe encore une possibilité d'espoir pour les Palestiniens et pour nous toutes et tous qui voulons un monde à partager avec les autres ?

S'il n'y a pas d'espoir pour les Palestiniens, il n'y a d'espoir pour personne. La bataille de la Palestine dépasse la Palestine, et les nombreux manifestant·es du monde entier le savent.

Propos recueillis par Linda Xheza

Publié par Jacobin le 11 avril 2024.

Linda Xheza écrit sur la photographie et l'immigration à l'Amsterdam School for Cultural Analysis de l'université d'Amsterdam.

https://inprecor.fr

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Nord de Gaza. L’extermination méthodique des habitants de Jabaliya

Une tragédie humaine est en cours dans le camp de Jabaliya, déclaré zone militaire et complètement assiégé depuis le 12 octobre. Un journaliste, parmi les rares journalistes (…)

Une tragédie humaine est en cours dans le camp de Jabaliya, déclaré zone militaire et complètement assiégé depuis le 12 octobre. Un journaliste, parmi les rares journalistes encore présents sur place, a été tué par l'armée israélienne. Orient XXI a recueilli des témoignages d'habitants vivant au milieu de ce cimetière à ciel ouvert.

Tiré d'Orient XXI.

Des habitants affamés, épuisés et contraints de se déplacer sous les balles : telles sont les conditions infernales décrites par les habitants de la partie nord de la bande de Gaza, joints par la rédaction d'Orient XXI au cours des dernières quarante-huit heures. Plus d'un an après le début de la guerre contre Gaza, le pire des scénarios semble se profiler dans ce territoire isolé, désormais coupé du reste du monde et privé de toute aide humanitaire. Sa population tente de survivre malgré le siège total imposé par l'armée israélienne depuis le 12 octobre 2024. Selon Giora Eiland, général de division à la retraite, ancien stratège de l'armée israélienne, et ancien chef du Conseil national de sécurité d'Israël, l'armée israélienne annonce vouloir affamer à mort « les quelque 5 000 membres du Hamas » présents dans la région.

Les quelques 100 000 habitants de Jabaliya ont déjà été particulièrement éprouvés : un carrefour très fréquenté au cœur du camp a été le théâtre de la première frappe israélienne au lendemain de l'attaque du 7 octobre 2023, faisant 50 morts et plusieurs blessés. Une dizaine d'autres massacres comme celui-ci suivront. Ces massacres à répétition, bien que de plus en plus meurtriers, ne sont pas parvenus à chasser l'ensemble des habitants de ce camp, eux-mêmes descendants de réfugiés de la Nakba et conscients des ambitions expansionnistes d'Israël. L'opération actuelle arrive alors que l'armée israélienne avait déjà annoncé, à deux reprises, en mai puis en juillet 2024, la fin de ses opérations militaires dans le nord de Gaza.

Le 7 octobre 2024, un quartier résidentiel du nord de l'enclave a été anéanti, tandis que des soldats israéliens se félicitaient de leurs actions.

Au rond-point Abou Charar, au cœur du camp, les scènes sont apocalyptiques : routes défigurées et immeubles éventrés, rendant méconnaissable l'ancien paysage urbain. Les habitants attribuent cette destruction à l'utilisation par l'armée israélienne de robots chargés d'explosifs, déployés sans discernement. Une vidéo, diffusée par Al-Jazira en mai 2024, avait confirmé le déploiement à Jabaliya de telles armes contrôlées à distance par les forces israéliennes.

« Meurs de faim ou rends-toi »

Le 6 octobre 2024, Avichay Adraee, porte-parole de l'armée israélienne en langue arabe, déclare la partie nord de l'enclave zone militaire et ordonne l'évacuation de ses habitants. Or, comme au début de la guerre il y a un an, des habitants qui tentent d'évacuer la zone, en passant pourtant par les routes indiquées, sont également ciblés par l'armée israélienne.

Contacté par Orient XXI, Issa Saadallah, un habitant piégé dans le camp de Jabaliya avec les membres de sa famille, explique n'avoir pas pu quitter la zone en l'absence de voies sûres. « Nous ne pouvons pas bouger en raison de la présence de tireurs d'élite et du survol intensif de quadricoptères israéliens », a-t-il déclaré. Son témoignage est corroboré par une vidéo vérifiée, partagée sur FaceBook le 9 octobre 2024. On y voit le ciblage délibéré des personnes déplacées tentant de fuir le nord de l'enclave, à pied, en empruntant l'une des deux artères désignées par l'armée.

Les otages israéliens ne figurant pas en tête des priorités de l'agenda militaire de Tel-Aviv, chaque endroit est une cible légitime pour les avions de chasse israéliens, toujours abondamment ravitaillés par les États-Unis. Dans leur ligne de mire se trouve aussi la dernière boulangerie du nord de l'enclave. Elle a été réduite en cendres lors d'une frappe israélienne le 8 octobre 2024. En mai 2024, plusieurs agences des Nations unies, dont le Programme alimentaire mondial (PAM), déclaraient déjà une « famine généralisée » dans le nord de Gaza. Aujourd'hui, les habitants ne reçoivent ni eau ni nourriture « depuis au moins vingt jours », témoigne un résident de Jabaliya.

Depuis leur encerclement par l'armée israélienne, les habitants se retrouvent confrontés à un dilemme : se rendre ou mourir de faim. Cette opération semble s'inspirer du plan de Giora Eiland proposé dès le 4 septembre 2024. Dans une vidéo publiée sur YouTube qui explique, cartes à l'appui, la stratégie militaire à appliquer pour reconquérir le nord de la bande de Gaza, Eiland détaille : « Non pas que nous vous suggérons de quitter le nord de la bande, mais nous vous ordonnons de quitter la zone… Aucun ravitaillement n'entrera dans cette partie du territoire. » Affamer la population après l'avoir chassée de cette zone s'inscrit dans un plan plus large qui vise à annexer le nord de Gaza, après l'avoir vidé de sa population (1).

Tuer les derniers témoins

Pour mener à bien son entreprise, le gouvernement de Benyamin Nétanyahou cherche encore une fois à éloigner les témoins, notamment les journalistes, toujours interdits d'accès dans l'enclave palestinienne. En outre, avec la guerre que mène également Israël au Liban, les derniers événements à Gaza tout comme les incursions répétées de l'armée israélienne sur le territoire syrien sont d'ores et déjà moins couverts — voire invisibles — médiatiquement.

Un des derniers journalistes présents à Jabaliya, Hassan Hamad, 19 ans, a été tué le 6 octobre, ciblé chez lui par un tir de sniper. Selon la chaîne Al-Jazira, il aurait reçu des menaces de l'armée israélienne lui ordonnant de cesser de filmer. Fadi Al-Whidi, caméraman pour la chaîne panarabe, filmait lui aussi les bombardements et les opérations militaires au cœur de Jabaliya le 9 octobre, lorsqu'il a été blessé par balle, ainsi que son collègue Tamer Lobod. Le corps de Fadi Al-Whidi est resté plusieurs heures au bord de la route avant qu'on puisse le transporter à l'hôpital. Les deux journalistes se trouvent encore dans un état critique.

Aujourd'hui, Anas Al-Sharif, correspondant de la chaîne qatarie, est le seul journaliste professionnel à continuer de diffuser des images depuis cette zone. Il est également menacé par l'armée israélienne via WhatsApp. Envisageant le pire, comme la plupart des habitants, il a partagé un poignant message d'adieu sur son compte X.

Les cadavres jonchent les rues

Devant ce calvaire, les habitants sont démunis. « La terreur domine nos esprits. Les bombardements aériens et tirs d'artillerie sont continus et accompagnés d'avancées terrestres sur l'ensemble du camp. Les équipes médicales sont empêchées d'intervenir pour sauver les blessés et évacuer les victimes », nous confie Issa Saadallah.

Déjà entravées dans leur travail, les équipes médicales sont également ciblées par les frappes israéliennes. Une vidéo vérifiée par Orient XXI en date du 14 octobre 2024 montre deux ambulanciers évacuant des blessés près de l'hôpital Al-Yaman Al-Saeed. Ils échappent de justesse à une frappe aérienne à quelques mètres d'eux. Quelques jours plus tard, les personnes déplacées cherchant refuge dans ce même hôpital sont également prises pour cibles. Une photo de la cour de l'établissement témoigne d'une scène de désolation.

À l'instar des hôpitaux, les écoles qui servent de refuges aux déplacés et sans-abri sont visées. Le 9 octobre 2024, l'école Al-Rafai, où s'étaient réfugiés des dizaines d'habitants, est frappée par une attaque aérienne, entraînant trois morts et 25 blessés. Dans ce contexte tragique, honorer les morts en les enterrant demeure une mission particulièrement difficile. « Les chiens et les chats mangent les cadavres éparpillés sur les routes », a déploré Issa. Le crime de Créon (2) semble, lui aussi, faire partie de la stratégie israélienne.

Notes

1- Voir Yaniv Kubovich, « Israeli Defense Officials : Gov't Pushing Aside Hostage Deal, Eyeing Gaza Annexation », Haaretz, 13 octobre 2024.

2- Référence à la tragédie grecque Antigone de Sophocle. Après le suicide de Jocaste, femme d'Œdipe, et l'exil de ce dernier, les deux frères d'Antigone, Étéocle et Polynice s'entre-tuent pour le trône de Thèbes. Créon, frère de Jocaste et — à ce titre — nouveau roi, décide de n'offrir de sépulture qu'à Étéocle et non à Polynice, qualifié de traître. Il ordonne que le cadavre de Polynice soit laissé en pâture aux chiens afin que chacun sache bien ce qu'il en coûte à ceux qui veulent prendre la ville.

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Le déplacement forcé des Palestiniens est un « crime de guerre »

Le haut commissaire des Nations unies aux droits de l'homme, Volker Türk, a estimé jeudi que les déplacements forcés effectués par l'armée d'occupation sioniste contre une (…)

Le haut commissaire des Nations unies aux droits de l'homme, Volker Türk, a estimé jeudi que les déplacements forcés effectués par l'armée d'occupation sioniste contre une grande partie des Palestiniens dans le nord de la bande de Ghaza constituent un « crime de guerre ».

Tiré d'Algeria-Watch.

Dans une déclaration aux journalistes de New York, M. Türk a souligné que les droits de l'homme doivent être au cœur de toutes les consultations aux Nations unies, affirmant l'importance de cela, en particulier à la lumière des développements au Moyen-Orient. Les conclusions du dernier rapport de l'IPC de l'ONU sont « plus qu'horribles » et que le risque de famine demeure dans toute la bande de Ghaza, a-t-il ajouté en affirmant que « le monde ne peut pas permettre que cela se produise ».

« L'entité sioniste est tenue de faciliter le flux de nourriture, de fournitures médicales et d'aide humanitaire vers Ghaza conformément au droit humanitaire international, malheureusement, la réalité sur le terrain montre que l'aide à Ghaza n'arrive pas », a-t-il déploré. Le responsable onusien a estimé que « le déplacement forcé d'une grande partie de la population du nord de Ghaza constitue un crime de guerre ».

Depuis le 6 octobre, l'armée d'occupation sioniste a poursuivi son invasion terrestre dans le nord de la bande de Ghaza, coïncidant avec ses frappes aériennes et ses bombardements d'artillerie contre les maisons des citoyens et les écoles abritant des personnes déplacées.

Concernant l'agression sioniste au Liban, M. Türk a mis en garde que les attaques sionistes contre la force de maintien de la paix des Nations unies (Finul) pourraient également constituer un crime de guerre. « Ces tensions déraisonnables doivent cesser. Un cessez-le-feu est indispensable », a-t-il insisté.

Ciblage des journalistes
Le 10 octobre, la Finul a annoncé que deux soldats de la Force de maintien de la paix au Liban avaient été blessés lorsque l'armée d'occupation sioniste a pris pour cible une tour de guet de cette force au Liban. Le lendemain, l'armée d'occupation a visé l'entrée principale du centre de commandement de la Finul dans la ville de Naqoura, au sud du Liban, avec des obus d'artillerie.

Une tour d'observation de la Finul a été touchée par un obus tiré par un char sioniste, blessant deux autres soldats de l'ONU. Concernant le ciblage des journalistes par l'agresseur sioniste, M. Türk a indiqué que « les journalistes, en particulier ceux qui travaillent dans les zones de guerre, sont des défenseurs des droits de l'homme », précisant que « leur protection était extrêmement importante ».

La guerre génocidaire sioniste en cours dans la bande de Ghaza depuis le 7 octobre 2023 a fait 42 438 martyrs et 99 246 blessés, en majorité des femmes et des enfants. L'entité sioniste, puissance occupante, continue ses massacres, ignorant la résolution du Conseil de sécurité de l'ONU visant à y mettre fin immédiatement, ainsi que les ordres de la Cour internationale de justice de prendre des mesures pour prévenir les actes de génocide et améliorer la situation humanitaire catastrophique à Ghaza.

Depuis le 23 septembre dernier, l'occupant sioniste a étendu la portée du génocide à la plupart des régions du Liban, y compris la capitale Beyrouth, par des raids aériens d'une violence et d'une intensité sans précédent. Il a également lancé une invasion terrestre dans le Sud, ignorant les avertissements et résolutions de l'ONU.

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Israël déploie-t-il une stratégie « se rendre ou mourir de faim » à Gaza ?

Une nouvelle phase de la guerre est peut-être en cours, alors que les espoirs d'un cessez-le-feu et d'un accord pour libérer les derniers otages du Hamas s'amenuisent. Tiré (…)

Une nouvelle phase de la guerre est peut-être en cours, alors que les espoirs d'un cessez-le-feu et d'un accord pour libérer les derniers otages du Hamas s'amenuisent.

Tiré d'Europe solidaire sans frontière. Photo : Une femme tient un enfant dans ses bras dans la ville de Gaza samedi (Dawoud Abu Alkas/Reuters).

Pendant un bref instant, l'attention semblait s'être détournée de la dévastation à Gaza. Le conflit entre Israël et l'organisation militante libanaise Hezbollah a déclenché une escalade et une nouvelle campagne israélienne au nord de sa frontière – causant des centaines de victimes civiles libanaises en l'espace de quelques jours, des tirs, apparemment, sur des soldats de maintien de la paix de l'ONU par les forces israéliennes et des scènes de destruction semblables à celles que nous avons vues à Gaza dans les villes du sud du Liban. Parallèlement, un tir de barrage de missiles iraniens sur des cibles israéliennes a laissé entrevoir la possibilité d'une riposte israélienne sur les sites pétroliers, voire nucléaires, de l'Iran, ce qui pourrait provoquer des bouleversements plus importants au Moyen-Orient.

Mais les événements de ces derniers jours nous rappellent la calamité durable qui est le point névralgique de toute l'agitation dans la région. Le nord de Gaza, déjà éprouvé par une année de guerre ruineuse, est en proie à une nouvelle offensive israélienne punitive. Les forces israéliennes ont encerclé le camp de réfugiés de Jabalya dans le but de « démanteler systématiquement les infrastructures terroristes », selon un communiqué des forces armées israéliennes. Israël a donné des ordres d'évacuation à quelque 400 000 habitants du nord de la bande de Gaza, leur demandant de se rendre dans des zones situées plus au sud, qui regorgent déjà de personnes déplacées et qui sont toujours touchées par les bombardements israéliens. Les frappes aériennes ont fait des dizaines de morts.

Les travailleurs humanitaires ont décrit une situation catastrophique. « Pour être honnête, c'est l'enfer », a déclaré Fares Afana, responsable des services ambulanciers dans le nord de la bande de Gaza, dans un message vocal au Washington Post dimanche. Les forces israéliennes attaquaient le camp de réfugiés de Jabalya « pour la troisième fois ainsi que ses environs à Beit Lahya et Beit Hanoun », a déclaré Afana, et le camp était encerclé « de tous les côtés ».

L'organisation humanitaire Médecins sans frontières a déclaré vendredi que des milliers de personnes, dont cinq membres de son personnel, étaient piégées dans le camp de Jabalya. « Personne n'est autorisé à entrer ou à sortir – tous ceux qui essaient se font tirer dessus », a déclaré Sarah Vuylsteke, coordinatrice de projet pour l'organisation, dans un communiqué de presse.

L'intensification du siège « se poursuivra aussi longtemps que nécessaire pour atteindre ses objectifs », a déclaré l'armée israélienne dans un communiqué. Il s'accompagne apparemment d'un blocus. D'août à septembre, Israël a progressivement réduit l'aide parvenant au nord de la bande de Gaza. Aucun camion de nourriture n'est entré en octobre.

Une telle tactique pourrait alimenter les accusations selon lesquelles Israël affame délibérément les Palestiniens de Gaza. « Je ne comprends pas vraiment quel est l'objectif stratégique concernant le nord », a déclaré à mes collègues Michael Milshtein, un ancien responsable des services de renseignement israéliens, ajoutant que si les habitants du nord de la bande de Gaza choisissent de ne pas partir – et beaucoup risquent de ne pas le faire, étant donné la conviction largement répandue que nulle part dans la bande de Gaza n'est réellement sûr – « ils mourront de faim ».

Les Nations Unies ont prévenu, lors d'une réunion d'information vendredi, qu'Israël avait coupé des « lignes de vie essentielles » dans le nord de la bande de Gaza. Dans certains cas, des hôpitaux débordés ont reçu l'ordre d'évacuer des patients, y compris des bébés en soins néonatals. Un rapport des Nations Unies publié la semaine dernière a souligné une « politique concertée » d'Israël visant à « détruire le système de santé de Gaza » dans le cadre de sa guerre contre le Hamas, qui a perpétré l'attaque audacieuse du 7 octobre 2023 contre le sud d'Israël.

« Il est clair qu'il existe un nouveau plan visant à déplacer de force les habitants du nord de Gaza en évacuant l'ensemble du système de santé », a déclaré Hussam Abu Safiya, directeur de l'hôpital Kamal Adwan, à mes collègues.

Georgios Petropoulos, chef du bureau de Gaza de l'agence des Nations Unies pour les affaires humanitaires, a décrit à mes collègues les tentatives infructueuses, la semaine dernière, d'un convoi de l'ONU pour atteindre les hôpitaux du nord de la bande de Gaza et récupérer les patients qui s'y trouvaient. « Il faut que les militaires israéliens comprennent que, quelle que soit leur action à long terme, les travailleurs humanitaires doivent se rendre sur place et faire leur travail en parallèle », a déclaré M. Petropoulos.

Dans les médias israéliens, les rapports du week-end ont suggéré qu'une nouvelle phase de la guerre pourrait être en cours, alors que les espoirs d'un cessez-le-feu et d'un accord pour libérer les derniers otages du Hamas s'amenuisent. Cette évolution s'accompagne de frustrations internes chez certaines personnalités de l'establishment militaire, qui souhaitaient que le gouvernement du Premier ministre Benjamin Netanyahu présente plus clairement un plan stratégique pour la résolution du conflit, qui aurait permis d'intensifier la pression sur le Hamas et de gagner la bienveillance des voisins d'Israël.

En son absence, et compte tenu de la capacité du Hamas à perdurer parmi les ruines de Gaza, certaines voix éminentes ont appelé à des mesures extrêmes. En fait, certains éléments d'une stratégie envisagée – surnommée le « plan des généraux » dans les médias israéliens après qu'un groupe d'officiers à la retraite a lancé cette proposition – pourraient être en jeu dès à présent, à en juger par les préoccupations exprimées par les groupes humanitaires dans le nord de la bande de Gaza.

Il est possible que l'opération prépare le terrain pour une décision du gouvernement de mettre en œuvre le plan « se rendre ou mourir de faim » du général de division (à la retraite) Giora Eiland, notait dimanche le journal israélien Haaretz. « Ce plan prévoit l'évacuation de tous les habitants du nord de la bande de Gaza vers les zones humanitaires du sud, ceux qui choisissent de rester étant considérés comme des agents du Hamas et des cibles militaires légitimes. Alors que les Gazaouis du sud reçoivent une aide humanitaire, ceux qui restent dans le nord seront confrontés à la faim. »

Comme l'a ajouté Haaretz, il s'agit là d'un crime de guerre évident et aucune déclaration officielle d'Israël n'approuve de telles politiques. « Un fonctionnaire au fait de la question a déclaré que certaines parties du plan étaient déjà mises en œuvre, sans préciser lesquelles », a rapporté l'Associated Press. Un second responsable, qui est israélien, a déclaré que Netanyahou « avait lu et étudié » le plan, « comme de nombreux plans qui lui sont parvenus tout au long de la guerre », mais il n'a pas précisé si une partie de ce plan avait été adoptée.

M. Eiland, qui s'est fait entendre dans les médias israéliens et a critiqué l'approche initiale de la guerre par M. Netayahu, a ouvertement discuté de ce qu'il pensait devoir se passer ensuite. Dans une récente interview, il a déclaré que les 400 000 habitants du nord de la bande de Gaza devaient se voir accorder un délai pour quitter les lieux et qu'ensuite, « toute cette zone deviendrait … une zone militaire ». Les Palestiniens qui restent, a-t-il ajouté, « qu'il s'agisse de combattants ou de civils, auront le choix entre se rendre ou mourir de faim ».

Du point de vue d'Eiland, l'objectif devrait être de rendre la pression sur le Hamas insupportable, afin que son appareil militaire s'effondre et que les otages restants soient libérés. Mais pour les alliés d'extrême droite de Netanyahou, l'anéantissement des quartiers de Gaza et l'instauration d'un régime militaire indéfini pourraient être le prélude à de nouvelles vagues d'annexion. « Nos héroïques combattants et soldats détruisent le mal du Hamas et nous occuperons la bande de Gaza », a déclaré le ministre israélien des finances, Bezalel Smotrich, au début de l'année. « Pour dire la vérité, là où il n'y a pas de colonie, il n'y a pas de sécurité. »

Smotrich aurait réitéré ces appels à l'annexion et à la colonisation lors d'une réunion au plus haut niveau la semaine dernière.

Les détracteurs d'Israël, de plus en plus nombreux en Occident, craignent que la vision de M. Smotrich, autrefois marginale, ne devienne réalité. « Une population entière est encerclée et forcée de partir, sans aucun endroit où aller », a déclaré dimanche le ministre irlandais des affaires étrangères, Micheál Martin, dans un communiqué. « Il s'agit de l'expulsion massive de personnes de leur patrie. »

Ishaan Tharoor

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L’armée israélienne s’acharne sur le Sud-Liban : Carnages à Nabatiyeh et Cana

22 octobre 2024, par Mustapha Benfodil — , , , ,
Le Premier ministre libanais, Najib Mikati, a fermement condamné le bombardement du bâtiment municipal de Nabatiyeh, hier, qui a coûté la vie à six personnes, dont le maire, (…)

Le Premier ministre libanais, Najib Mikati, a fermement condamné le bombardement du bâtiment municipal de Nabatiyeh, hier, qui a coûté la vie à six personnes, dont le maire, Ahmad Kahil. L'armée israélienne a « délibérément visé une réunion du conseil municipal à Nabatiyeh », dénonce-t-il. Les élus et autres responsables communaux fauchés par les frappes sionistes « étaient réunis pour discuter de la situation et des secours », a-t-il précisé. Et de déplorer l'immobilisme de la communauté internationale en s'interrogeant : « Qu'est-ce qui peut dissuader l'ennemi de ses crimes, lui qui est allé jusqu'à cibler des Casques bleus dans le Sud ? »

Tiré d'El Watan.

L'armée israélienne a intensifié hier ses frappes sur la banlieue sud de Beyrouth et sur les localités du Sud-Liban, en particulier la ville de Nabatiyeh, importante agglomération de 75 000 habitants. Une série de raids meurtriers se sont, en effet, abattus hier sur cette ville, ciblant le bâtiment municipal et d'autres infrastructures publiques.

Cette attaque a fait 6 morts, selon les autorités libanaises. « Le raid de l'ennemi israélien contre les bâtiments de la municipalité de Nabatiyeh et de son Union des municipalités a entraîné la mort de six personnes et en a blessé 43 autres », a annoncé le ministère libanais de la Santé dans un communiqué. Parmi les victimes figure le maire de Nabatiyeh, Ahmad Kahil, ainsi que d'autres élus. « L'aviation israélienne a mené une quinzaine de frappes sur Nabatiyeh, au Liban-Sud, et ses environs », rapportait hier L'Orient-Le Jour. « Ces frappes ont été menées avec des missiles de gros calibre », précise le journal libanais sur son site officiel.

« Des images obtenues par des personnes sur place montrent une dizaine de colonnes de fumée au-dessus de Nabatiyeh et derrière les collines environnantes. Ces bombardements ont notamment visé Zebdine, Nabatiyeh El Tahta, Nabatiyeh El Faouqa, Kfar Tebnit et Kfar Joz. Les détonations ont été entendues jusqu'à Saïda », détaille le même média.

Un autre massacre à Cana

La gouverneure de Nabatiyeh, Howaïda Al Turk, parle d'une « ceinture de feu » autour de cette ville, dont le marché principal avait été réduit en cendres samedi par l'aviation israélienne. Outre le siège de la mairie, un centre médical adjacent a été touché par les frappes d'hier. Selon l'ANI, une bibliothèque et un centre commercial ont également été visés. Deux médecins ont été tués dans cette attaque, selon un responsable des secours du Hezbollah, cité par l'AFP.

La Défense civile libanaise a déclaré elle aussi avoir perdu un de ses membres. Howaïda Al Turk qualifie l'opération de « massacre ». Le Premier ministre sortant, Najib Mikati, a fermement condamné cette tuerie dans un communiqué. L'armée israélienne a « délibérément visé une réunion du conseil municipal », dénonce-t-il. Les élus et autres responsables communaux fauchés par les bombardements sionistes « étaient réunis pour discuter de la situation et des secours », a-t-il précisé. Et de déplorer l'immobilisme de la communauté internationale en s'interrogeant : « Qu'est-ce qui peut dissuader l'ennemi de ses crimes, lui qui est allé jusqu'à cibler des Casques bleus dans le Sud ? »

La coordinatrice spéciale de l'ONU au Liban, Jeanine Hennis-Plasschaert, a condamné elle aussi cette opération. « Cette attaque fait suite à d'autres événements durant lesquels des civils et des infrastructures civiles ont été visés à travers le Liban (...). Les violations du droit humanitaire international sont absolument inacceptables », a-t-elle déclaré dans un communiqué.

L'armée israélienne a mené des frappes contre d'autres localités au Sud-Liban hier. « Des frappes israéliennes ont ciblé Houla, une maison de Marwaniyé qui avait déjà été bombardée la veille, Toul, où la frappe a visé les abords de l'hôpital Ragheb Harb, Zefta, Mhaybib, Chéhabiyé, Mjadel, Mazraat Mechref, Tiri, Qlaylé, Maaroub. La ville de Bint Jbeil a, elle, été visée à dix reprises par l'aviation israélienne. Dans la Békaa, selon notre correspondante Sarah Abdallah, une frappe a visé Yammouné », détaille L'Orient-Le Jour. Outre les villes et les villages du Sud, Israël a de nouveau bombardé hier matin la banlieue sud de Beyrouth, notamment à Harat Hreik, fief du Hezbollah.

A retenir également cette attaque effroyable commise mardi dans le village-martyr de Cana. Dans la mémoire collective libanaise, Cana est le « symbole de raids meurtriers israéliens depuis trois décennies », note l'AFP. Selon les autorités sanitaires, cette frappe a fait 3 morts et 54 blessés. « Selon Mohammed Ibrahim, secouriste du mouvement Amal, allié du Hezbollah, 15 bâtiments ont été « entièrement détruits » dans le quartier où « les dégâts sont énormes » », rapporte l'AFP.

« L'aviation israélienne a visé « la place du village » et « les morts sont des déplacés » ayant trouvé refuge à Cana pour fuir les bombardements israéliens sur leur village du sud du Liban, frontalier d'Israël », ajoute ce secouriste. Selon Euronews, le bilan est beaucoup plus lourd. Il serait de 15 morts. « Au moins 15 personnes sont mortes dans la ville de Cana, dans le sud du Liban, dans une frappe israélienne. Les recherches se poursuivent. La ville a déjà connu par le passé un nombre élevé de victimes civiles à la suite d'attaques israéliennes », révèle Euronews.

La marine de guerre pilonne les côtes libanaises

Signalons aussi cette frappe sur la plaine de la Békaa, précisément à Yammouné, près de Baalbek, faisant deux morts et 15 blessés, selon la presse libanaise. Le ministère libanais de la Santé a fait état aussi d'un raid aérien qui a visé des positions sur l'autoroute reliant Riyak à Baalbeck. Cette attaque a fait deux morts et neuf blessés.

L'armée israélienne a par ailleurs mobilisé sa force navale pour pilonner les côtes libanaises. La marine de guerre sioniste a visé des « dizaines de cibles du Hezbollah au Liban-Sud, en coordination avec les troupes sur le terrain, une première depuis le lancement de l'opération baptisée « Flèches du Nord » le 23 septembre dernier », relève L'Orient-Le Jour. « Un avis d'évacuation des côtes et des eaux libanaises avait été publié il y a une semaine par l'armée israélienne, affirmant que toute présence humaine au sud du fleuve Awali, qui se jette au nord de la ville de Saïda, serait considérée comme « hostile » », ajoute le quotidien francophone.

De son côté, le Hezbollah a indiqué avoir lancé « un grand nombre de roquettes » sur Karmiel, à l'est de Acca, hier après-midi. « Quatre personnes, trois hommes et une femme d'environ 50 ans, ont été blessés par des tirs de roquettes sur Majd El Krum, localité du nord d'Israël, voisine de Karmiel, selon le Haaretz. Le Hezbollah avait annoncé avoir visé Karmiel à 14h15. L'explosion a également causé des dégâts matériels, touchant des commerces et des voitures », écrit L'Orient-Le Jour.

Le mouvement de résistance chiite a en outre ciblé « à l'aide d'un missile guidé, un char Merkava israélien dans la périphérie de Ramiyé », près de Bint Jbeil. L'équipage de ce char a été touché de plein fouet. Il y a eu des morts et des blessés parmi les soldats israéliens suite à cette opération, selon le « Hizb ».

Dans la nuit de mardi à hier, la formation libanaise a tiré plusieurs projectiles en direction de Safed, au nord d'Israël. Des missiles ont été tirés aussi sur Haïfa. Des salves de roquettes ont également visé des positions de l'artillerie israélienne à Dalton et Dishon (nord-est). D'après l'armée israélienne, le Hezbollah a tiré plus de 50 missiles sur le nord d'Israël depuis le Liban.

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La course à l’abîme d’Israël – Entrevue avec Mayla Baklache du Mouvement social libanais

22 octobre 2024, par Golias Hebdo, Mayla Bakhache — , , , ,
Nous publions une entrevue avec Mayla Bakhache, membre du comité de direction du Mouvement social libanais. Elle livre un témoignage de première ligne sur l'agression (…)

Nous publions une entrevue avec Mayla Bakhache, membre du comité de direction du Mouvement social libanais. Elle livre un témoignage de première ligne sur l'agression israélienne en cours au Liban. Elle aborde différents asects de la conjoncture libanaise dans ce contexte, dont le place du Hezbollah. Tout droit réservé. Nous remercions Golia Hebdo de nous permettre de partager l'entrevue avec notre lectorat.

Tiré d'Alter.québec.

Golias : Comment vivez-vous ces derniers jours l'enchaînement des évènements et cette nouvelle guerre israélo-libanaise qui commence ?

Mayla Bakhache : Nous vivons au jour le jour, heure après heure, cela donne du recul, de la détermination, du courage aussi, même si l'espoir semble aux oubliettes, mais comme le disait Mouloudji « Et bien qu'aveugles sur fond de nuit, entre les gouffres infinis, des milliards d'étoiles qui rient, faut vivre ». Il faut vivre, donc. Je crois d'ailleurs qu'on apprend à vivre seulement quand on se dégage de l'espoir illusoire.

Golias : Comment le MSL réagit-il face à l'afflux de ces personnes réfugiées fuyant les bombardements israéliens ?

Mayla Bakhache : Après le 7 octobre, il y en a eu près de 70 000 fuyant la frontière sud du Liban, au démarrage des bombardements la semaine dernière, ils étaient 300 000 et avec les tous derniers bombardements sur Beyrouth et le début de l'invasion terrestre, on estime le nombre de déplacés à un million un quart. Il faut les accueillir et leur apporter le soutien matériel, social et psychologique. Nous avons dû fermer nos centres au Sud Liban (excepté dans la ville de Saïda, épargnée jusqu'aujourd'hui), rapatrier et répartir nos personnels qui sont pour certains eux-mêmes réfugiés, nous nous coordonnons avec les autres associations et sous les auspices des instances publiques dans les lieux ouverts aux déplacés, les écoles principalement. Outre la réponse à l'urgence, notre ligne est de créer des passerelles entre les centres de déplacés et le milieu d'accueil pour dépasser les logiques communautaires qui sont toujours à l'œuvre dans notre pays clivé. Les déplacés appartiennent essentiellement à la communauté chiite, le risque étant que les communautés chrétiennes et sunnites estiment que c'est le parti armé chiite, le Hezbollah, qui les a entraînés dans cette nouvelle guerre avec Israël. Dans notre travail dans les centres, nous mettons en avant les valeurs d'accueil et de bienveillance pour désarmer l'hostilité que l'afflux des déplacés suscite. Pour l'instant les citoyennes et les citoyens libanais sont au rendez-vous. Si la guerre devait durer, de nouvelles tensions pourraient monter.

Golias : En France, on lit que l'État libanais n'existe plus. Qui alors gère la situation des déplacés et coordonne l'assistance ?

Mayla Bakhache : C'est une vision galvaudée de la réalité libanaise qui arrange les voix misérabilistes et assistancialistes. Certes les institutions sont bloquées, nous n'avons plus de présidence de la République depuis deux ans, la corruption règne à tous les étages de l'administration, mais il y a encore des services publics qui fonctionnent même a minima et l'administration a une expérience de ces périodes de guerre. Si on excepte la guerre israélo-palestinienne de 1947-1948, nous subissons notre quatrième invasion israélienne : l'opération Litani de 1978 avec l'occupation permanente de la bande frontalière, Paix en Galilée, en 1982, quand l'armée d'Invasion israélienne est arrivée à Beyrouth, en 2006 et aujourd'hui en 2024. Il y a plus d'un an le MSL a participé à la préparation d'un plan pour accueillir les déplacés en cas de guerre, coordonné par le gouvernement libanais. Même si l'ampleur et la répartition géographique des déplacés dépassent le plan, les services de l'État ont su réagir : ouverture des écoles publiques et des centres sociaux, évacuation organisée, coordination des acteurs associatifs. L'objectif est d'accueillir tout le monde, certains vont dans leurs familles ou chez des amis. Il n'y a presque pas de réquisition de logements vides pour éviter les phénomènes de « squatérisation » quand la situation redeviendra normale et les écoles confessionnelles, chrétiennes pour la plupart, n'ont pas encore été ouvertes pour les déplacés. Il n'y a pas beaucoup de moyens, mais la solidarité entre les habitants complète pour l'instant. Ce n'est pas le chaos dans le pays, mais la situation est dramatique pour un million de Libanais et Libanaises et leurs familles. On craint que la situation ne s'aggrave, par exemple la nuit dernière l'armée israélienne a bombardé un quartier chiite dans le centre de Beyrouth près du siège de la Croix rouge libanaise où s'étaient réfugiés les habitants de La Banlieue Sud faisant fuir des personnes déjà déplacées. Lors de l'attaque contre le Hezbollah à travers les bipeurs piégés qui ont gravement blessé des membres du parti, les hôpitaux ont été un moment débordés.

Golias : Le coup porté contre le Hezbollah par Israël aura-t-il des répercussions sur les blocages politiques au Liban ?

Mayla Bakhache : Pas sûr. La place du Hezbollah dans la société libanaise est ambivalente. La violence disproportionnée de la riposte israélienne sur Gaza nous traumatise. Toute la population libanaise se sent solidaire de celle de Gaza, mais que pouvons-nous faire sinon témoigner de notre effroi et de notre compassion ? Le Hezbollah qui a gagné la guerre en 2006 maintenait en nous cette illusion que nous étions capables de riposter (sous le nom de l'équilibre de la terreur), que nous ne nous laissions pas faire en tant que pays. Mais le Hezbollah s'est piégé lui-même. Il a surestimé ses capacités militaires après 2006 et les combats qu'il a menés en Syrie aux côtés du régime de Bachar al Assad ont eu des conséquences ambiguës pour lui. L'affaire des bipeurs et des talkies-walkies a affaibli la ligne de commandement, les deux têtes du Hezbollah ont été tuées, mais les milliers de combattants et de combattantes aguerris sont toujours là et le parti maintient sa domination sur la communauté chiite. En 1982 c'était l'OLP de Yasser Arafat qui tenait ce rôle de structure politique armée à côté de l'État libanais. Il a été remplacé par les Syrien.nes puis par le Hezbollah avec l'appui de l'Iran après une guerre civile qui a connu des massacres inter et intracommunautaires épouvantables. Qui prendra la place du Hezbollah s'il sort durablement diminué ? Nul ne le sait. Même avec ses alliés, le Hezbollah comme parti politique n'est pas majoritaire au Liban, les dernières élections législatives de mai 2022 l'ont montré. Il est probable qu'au sein même de la communauté chiite il ne le soit pas non plus, ses méthodes violentes étouffent les voix dissidentes. La communauté chiite au Liban est ancienne, elle a construit le pays comme les autres communautés, on compte en son sein des grands intellectuel.les, des marxistes, des libertaires même. On peut aussi se mettre à espérer que les leaders politiques feront collectivement face à cette nouvelle invasion. Un cessez-le-feu a déjà été demandé par le gouvernement pour le respect strict de la résolution 1701 de l'ONU de 2006 prévoyant le désarment des milices armées au sud de la rivière Litani. C'est peut-être le vieux leader de la communauté chiite Nabih Berri, 88 ans, président du parlement depuis plus de trente ans qui détient la clé d'une évolution politique du pays dans un sens moins mortifère. Son parti Amal s'était allié avec le Hezbollah, mais les derniers évènements lui donnent possiblement de nouvelles marges de manœuvre. Les pays arabes en bute avec l'implantation iranienne dans la région au moyen de ses groupes armés alliés, peuvent contribuer à cette inflexion politique. On ne sait pas, tout est possible, le pire comme le moins pire voire le mieux, mais là on rêve.

Golias : Que pensez-vous d'Israël. Jusqu'où ira-t-il ?

Mayla Bakhache : C'est l'ennemi du Liban parce que, depuis sa création, il n'a pas pu, ne sait pas et ne peut pas vivre en paix avec les pays voisins. Le problème fondamental d'Israël est la domination de l'idéologie sioniste sur la société et l'État, un composite détonant de nationalisme juif, et de colonialisme de peuplement et de remplacement. Le sionisme laïque au départ, demandait la création d'un foyer national pour les Juifs persécutés en Europe. Il est devenu un sionisme religieux qui fait de la Palestine une terre sacrée qui doit revenir dans sa totalité aux Juifs uniquement, faisant fi des millions de Palestiniens et de Palestiniennes qui y vivent. Le projet du gouvernement Netanyahou à Gaza est d'expulser les 2,5 millions h'habitants vers l'Égypte, il n'y arrive pas. En Cisjordanie c'est l'expulsion des trois millions d'habitants palestiniens qui y vivent, vers la Jordanie. L'existence d'Israël est maintenant un fait historique. Même l'OLP l'a reconnu dans sa Chartre en 1988 et Israël a établi ou est en passe d'établir des relations diplomatiques avec plusieurs pays arabes. La question est celle de la capacité de ce pays à reconnaître l'existence de Palestiniens et de Palestiniennes et à vivre en paix avec eux. On dit qu'Einstein qui n'était pas sioniste s'était vu proposer la présidence du nouvel État, il refusa parce qu'il craignait que les sionistes ne puissent jamais vivre en paix avec les pays voisins.

***

Mayla Bakhache a été secrétaire générale du Mouvement social libanais (MSL) une des plus anciennes et importantes associations libanaises intervenant dans le domaine du développement social sur l'ensemble du pays. Elle est aujourd'hui au comité de direction chargée de renforcer la représentation, le rôle et le fonctionnement de l'assemblée générale de l'association pour en renouveler la dimension citoyenne active, affirmée à l'origine de sa fondation en 1961. Construit sur une base multiconfessionnelle dans ses instances, dans ses équipes salariées (187), ses bénévoles et ses bénéficiaires, le MSL s'est donné pour mission de faciliter l'accès des plus pauvres à l'autonomie et à la citoyenneté et d'impliquer les jeunes du Liban dans le développement et l'amélioration de leur société. L'association gère une quinzaine de centres de développement sur tout le territoire et dans la périphérie de Beyrouth en proposant des services concrets à plusieurs milliers de jeunes : école maternelle, soutien scolaire, centres de formation professionnelle, sensibilisation à la citoyenneté, ateliers de théâtre, espaces de débats et d'expression. Le MSL promeut un certain nombre de valeurs comme la laïcité, le non-confessionnalisme, le développement de tous et de chacun, le non caritatif, la citoyenneté ouverte et la non-violence comme forme de changement.

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Jean Boulet, Ministre du patronat

https://etoiledunord.media/wp-content/uploads/2024/10/jeanboulet-1-edited-1024x576.png17 octobre 2024, par Comité de Montreal
Alors que la réforme de l'industrie de la construction annoncée par la CAQ au printemps dernier commence à être appliquée, le ministre du Travail Jean Boulet revient à la (…)

Alors que la réforme de l'industrie de la construction annoncée par la CAQ au printemps dernier commence à être appliquée, le ministre du Travail Jean Boulet revient à la charge avec un deuxième projet de loi dans le même secteur. Celui qui a admis vouloir faire entrer plus de main d'œuvre non (…)

Une guerre en cache toujours une autre | Nedjib SIDI MOUSSA (Paris, 2024)

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Critique libertaire du discours actuel tant de gauche que de droite à propos de l'immigration algérienne en France, de l'anti-impérialisme et du colonialisme. "[...] il s’est toujours trouvé des éléments, même isolés, qui, de part et d’autre de la Méditerranée – et bien au-delà –, ont refusé (…)

La dévitalisation du centre-ville de Rimouski

17 octobre 2024, par Marc Simard
L’auteur fait partie de l’Initiative de journalisme local Le centre-ville de Rimouski fait face à une dévitalisation alarmante, marquée par un taux d’inoccupation de 13,1 % sur (…)

L’auteur fait partie de l’Initiative de journalisme local Le centre-ville de Rimouski fait face à une dévitalisation alarmante, marquée par un taux d’inoccupation de 13,1 % sur la rue Saint-Germain, selon une étude récente menée par la firme spécialisée en recherche immobilière, Côté Mercier. Ce (…)

L’inaction des démocraties contre les génocides

17 octobre 2024, par Vinod Mubayi
Vinod Mubayi, collaborateur d’Alternatives International Les agressions génocidaires d’Israël contre les Arabes — d’abord de Palestine et maintenant du Liban — s’intensifient. (…)

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FSMET 2024 à Cali : placer les personnes et l’environnement au cœur de l’économie

16 octobre 2024, par Mario Gil Guzman
Mario Gil Guzman. correspondant au journal et délégué du Réseau international d’innovation sociale et écologique (RISE) Le premier véritable Forum social mondial sur les (…)

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Bandung du Nord : une réflexion sur la décolonisation

16 octobre 2024, par Rana Bouazer
Rana Bouazer, correspondante Pour la première fois en Amérique du Nord, Montréal a été le cadre de la quatrième édition de la conférence Bandung du Nord. Sous le thème « Pour (…)

Rana Bouazer, correspondante Pour la première fois en Amérique du Nord, Montréal a été le cadre de la quatrième édition de la conférence Bandung du Nord. Sous le thème « Pour une Internationale décoloniale : les subalternes du Nord prennent la parole ! », cette rencontre a réuni une vingtaine de (…)

Le gouvernement désigne un organisme de solidarité avec la Palestine comme entité terroriste

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Le gouvernement canadien a désigné Samidoun, un réseau international qui soutient et défend les prisonniers palestiniens dans les prisons israéliennes, comme une entité (…)

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La course à l’abîme d’Israël – Entrevue avec Mayla Baklache du Mouvement social libanais

16 octobre 2024, par Rédaction-coordination JdA-PA
Entrevue avec Mayla Bakhache, du Mouvement social libanais réalisé par Golias Hebdo Nous publions une entrevue avec Mayla Bakhache, membre du comité de direction du Mouvement (…)

Entrevue avec Mayla Bakhache, du Mouvement social libanais réalisé par Golias Hebdo Nous publions une entrevue avec Mayla Bakhache, membre du comité de direction du Mouvement social libanais. Elle livre un témoignage de première ligne sur l’agression israélienne en cours au Liban. Elle aborde (…)

Mali : la junte rompt l’accord de paix avec les rebelles du nord

16 octobre 2024, par Serigne Sarr
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Serigne Sarr Le Mali est dirigé par une junte militaire depuis 2021. Elle a proposé une nouvelle constitution qui fut entérinée à 97 % par un référendum en 2023, notamment pour assurer l’éligibilité de ses membres aux élections. Alors qu’elle avait annoncé des présidentielles en février 2024 (…)

Grève du secteur public 2023 : mobilisation inspirante et espoir déçu ?

16 octobre 2024, par Rédaction

La ronde de négociations du secteur public québécois qui s’achève s’est révélée historique à plusieurs égards. Mais malgré l’ampleur de la mobilisation, peut-on dire pour autant qu’elle a permis d’obtenir les gains espérés ? Nous présentons ici un rapide survol des évènements afin de tenter d’en dégager un portrait général et d’en faire un bilan à chaud. Cette négociation a été historique par sa combativité, sa portée féministe, le fait qu’elle a réussi à mettre de l’avant dans le débat public non seulement les conditions salariales, mais aussi et surtout la question des conditions de travail des enseignantes et des enseignants. Enfin, elle fut historique par la solidarité qu’on a pu constater sur le terrain. Quant aux résultats, si dans l’ensemble, on peut les juger honorables sur le plan salarial, sur celui des conditions de travail, il ne semble pas y avoir eu d’avancées notables, dans le domaine de l’éducation du moins, et ce, malgré l’importance que cet enjeu a eue, en particulier dans la mobilisation des enseignantes et des enseignants.

Une grève féministe

Cette négociation revêt d’emblée un caractère féministe, considérant que le secteur public québécois emploie très majoritairement des femmes – 78 % sont des travailleuses dans le Front commun – et c’est à ce titre qu’elle a connu une certaine résonance dans l’espace public[1]. Le taux de travailleuses dans le secteur public est en effet très élevé, plus que le taux moyen canadien pour les emplois de la fonction publique, qui se situe lui-même déjà dans la moyenne supérieure des secteurs publics les plus féminisés de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE)[2]. Il faut dire que le secteur public québécois concentre des domaines du care[3] : santé, éducation, services sociaux, lesquels sont de juridiction provinciale. Or, historiquement, ces domaines font face à une dévalorisation de long terme, liée à leur essence même, étant des emplois associés aux soins à la personne et à la prise en charge d’autrui, tâches qui étaient traditionnellement réalisées par les femmes dans l’espace privé du foyer. La professionnalisation de ces soins et leur rémunération, du fait de la spécialisation genrée des métiers, ont été accompagnées d’un déficit de reconnaissance tant sur le plan de la rémunération que de la pénibilité[4]. C’est d’ailleurs à une partie de cette iniquité que la loi sur l’équité salariale cherche à répondre. Cependant, malgré les différents exercices d’évaluation et de réévaluation de la valeur des emplois à majorité féminine, le secteur public québécois accuse dans son ensemble un retard qui ne cesse de se creuser avec les autres secteurs publics et le secteur privé. Cette année, l’Institut de la statistique du Québec a mesuré ce retard à 17 % en ce qui concerne les salaires et à 7 % si on tient compte aussi des avantages sociaux[5]. C’est que, comme le souligne Louise Boivin, « le fait de limiter la réalisation de l’équité salariale au sein d’une entreprise, voire au sein d’un syndicat, ne favorise pas l’atteinte de l’équité dans l’ensemble du marché du travail[6] ».

Le secteur public québécois connait depuis des décennies une dégradation des conditions de travail liée à la nouvelle gestion publique, au manque de personnel, aux changements organisationnels constants – pensons par exemple à l’enchainement des réformes : le virage ambulatoire dans les années 1990, la création des centres de santé et de services sociaux (CSSS) par la fusion des établissements en 2003, puis celle des centres intégrés de santé et de services sociaux (CISSS) en 2015, lesquels seront bientôt remplacés par l’agence Santé Québec créée par la réforme du ministre de la Santé Christian Dubé et adoptée en décembre 2023. Faire une lecture féministe de cette négociation, c’est donc souligner à quel point cette lutte joue un rôle central dans la reproduction ou non d’iniquités systémiques de genre sous le couvert d’une simple négociation entre le gouvernement et le personnel d’un secteur public dont la composition de genre est trop souvent invisibilisée.

Les problèmes de « rétention de la main-d’œuvre » que cherchent à résoudre tant la partie patronale que la partie syndicale avaient pour origine, déjà avant la pandémie de COVID-19, différents changements organisationnels cumulés qui produisirent et produisent toujours de plus en plus souvent un épuisement professionnel ou une fatigue de compassion, « une usure émotionnelle qui apparaît lorsqu’une personne est témoin de la souffrance d’autrui de façon répétée et se sent impuissante devant cette souffrance[7] ».

S’ajoute à cela le contexte particulier post-COVID-19. En 2023, lors de la négociation, nous finissions à peine de sortir de cette pandémie, avec ce qu’elle a comporté d’ajustements et de temps supplémentaire pour les travailleuses et travailleurs des services essentiels. En effet, une des particularités des emplois du care est que la plupart ne peuvent pas être effectués à distance, « en virtuel ». L’opinion publique était d’emblée consciente des efforts fournis par les infirmières et infirmiers et du temps supplémentaire obligatoire qui leur était constamment imposé. Bien que moins visibles dans les débats publics, l’ensemble des travailleuses et travailleurs des secteurs de la santé et des services sociaux ont dû jouer les « anges gardiens », avec ce que cela a impliqué comme sacrifices et comme risques accrus pour leur propre santé.

Or, adopter une lecture féministe de la négociation, c’est aussi insister sur cette réalité propre au travail du care. La perspective de l’éthique du care comme celle que propose Molinier[8] nous pousse à formuler différemment les besoins de valorisation du secteur public québécois en insistant sur la question des conditions de travail et non seulement sur la rétribution, et en notant par ailleurs que nos sociétés vieillissantes sont appelées à avoir de plus en plus d’emplois liés au care.

La FAE donne le rythme et le ton…jusqu’à la fin !

À lui seul, le personnel du secteur public québécois représente à présent 15 % de l’ensemble de la population active au Québec. Les acteurs centraux pour le représenter lors de la négociation qui vient de se terminer formaient trois grands groupes : le Front commun rassemblant les syndicats de la CSQ, de la CSN, de la FTQ et de l’APTS (420 000 membres), la FAE (66 000 membres) et la FIQ (80 000 membres)[9].

Malgré sa petite taille proportionnellement au Front commun, la Fédération autonome de l’enseignement (FAE) s’est toutefois imposée durant toute la négociation comme un acteur incontournable. Cela tient principalement du fait que pendant que le Front commun a étalé ses « coups de semonce » de un jour, deux jours, trois jours de grève sur plusieurs semaines à partir du 6 novembre, la FAE a choisi la grève générale illimitée comme moyen de pression à partir du 23 novembre, paralysant ainsi 40 % des écoles de la province et faisant parler d’elle au quotidien, en raison de la perturbation économique et sociale entrainée par la fermeture des écoles.

Il très difficile dans le contexte de la négociation du secteur public de mettre de l’avant les enjeux liés aux conditions de travail, ce sont généralement les enjeux salariaux qui retiennent l’attention. Mais cette fois-ci, il est notable que la FAE ait réussi à imposer un enjeu dit « sectoriel » dans l’espace public : la composition des classes au primaire et au secondaire. Elle a réussi à le faire notamment parce que le système d’éducation est mis à mal depuis un bon moment déjà et fait l’objet de débats publics. Ces dernières années, le nombre d’enfants ayant des besoins particuliers dans les classes du secteur régulier n’a cessé de croitre, une conséquence de la création d’un système d’éducation à trois vitesses (écoles privées subventionnées, écoles publiques avec projets particuliers et écoles publiques régulières) qui s’étend à présent même au primaire[10].

Pendant que la FAE réussissait à faire parler de l’importance de l’éducation, d’autres enjeux passaient malheureusement sous le radar. C’est le cas de la réforme Dubé en santé (loi 15[11]), adoptée sous le bâillon le 9 décembre 2023, en pleine négociation du secteur public, alors que celui-ci sera directement affecté par cette loi. Cela démontre la grande difficulté à relier les enjeux de négociation aux enjeux considérés de « deuxième front », selon le jargon syndical. Les transformations du secteur de la santé et des services sociaux auront pourtant un impact majeur et direct sur les conditions de travail des personnes œuvrant dans ce réseau.

Solidarité et soutien public remarquables

On a observé un très grand nombre de gestes de solidarité de la part des parents, mais aussi d’autres syndicats, à l’égard de l’ensemble des syndiqué·e·s du secteur public[12], mais en particulier envers les enseignantes et enseignants de la FAE. Plusieurs personnes amenaient des cafés, des cartes cadeaux d’épicerie, faisaient des dons par l’entremise de groupes Facebook ou venaient simplement marquer leur soutien aux grévistes sur les lignes de piquetage. Plusieurs syndicats ont voté des appuis moraux et des dons aux sommes importantes pour soutenir les grévistes. Même si, au courant des dernières semaines de janvier 2024, on sent poindre un certain discours indiquant que la grève renforcerait les inégalités au sein du système scolaire et qu’elle aura des impacts négatifs sur les élèves, durant la période de la négociation, les journalistes et chroniqueurs ont largement défendu la pertinence des revendications des enseignantes et enseignants[13]. Il faut par ailleurs souligner que la responsabilité du gouvernement dans le prolongement indu de la grève, notamment par son refus d’avancer des propositions constructives aux tables de négociation, a aussi été remarquée.

Débats internes autour du rythme de la grève et des fonds de grève

Malgré une mobilisation que l’on peut à bon droit qualifier d’historique, le Front commun a vécu ce qui apparait comme une tension interne forte quant au rythme à donner à la grève. Après avoir voté à plus de 95 % en faveur de moyens de pression pouvant aller jusqu’à la grève générale illimitée, plusieurs – parmi les profs de cégep de la Fédération nationale des enseignantes et enseignants du Québec (FNEEQ-CSN) par exemple – auraient souhaité démarrer la séquence des journées de grève plus vite et plus fort plutôt que de commencer par ce qui était pour la plupart des travailleuses et travailleurs une demi-journée[14], et d’échelonner les journées de grève pour aboutir finalement avec un mouvement qui cherche à tout prix une entente avant le congé des Fêtes.

Un mécontentement analogue concernant le rythme de la mobilisation s’était déjà fait sentir par le passé et avait amené plusieurs syndicats locaux à faire des représentations pour influer sur le rythme et le type de grève à effectuer, afin d’éviter notamment les grèves tournantes régionales qui avaient été expérimentées lors du Front commun précédent, en 2015, et qui avaient été perçues comme des coups d’épée dans l’eau. Certains justifient ces stratégies de mobilisation progressive en arguant qu’il y a des syndicats moins mobilisés que d’autres en faveur d’une grève de longue haleine. On peut se demander s’il n’y avait pas lieu de déterminer d’autres stratégies d’exercice de la grève, en s’inspirant, pourquoi pas, du mouvement étudiant qui, à plusieurs reprises, a adopté le déclenchement de grèves en paliers : les syndicats locaux se dotaient d’un seuil à partir duquel ils considéraient être suffisamment nombreux pour déclencher une grève et d’autres pouvaient se joindre au mouvement par la suite.

Mais ces tensions internes ne furent pas l’exclusivité du Front commun. On a souligné du côté de certains membres de la FAE qu’il était particulier d’avoir comme seule possibilité une grève générale illimitée, d’autant plus en l’absence d’un fonds de grève. Les enseignantes et enseignants auront sacrifié d’importants montants d’argent par leurs moyens de pression, et nombreux ont été les témoignages de profs qui ont dû chercher de petits boulots ou avoir recours aux banques alimentaires. La CSQ n’avait pas non plus de fonds de grève, et des travailleuses et travailleurs aux plus bas salaires se sont retrouvés dans une situation critique malgré un nombre moindre de jours de grève effectués. À la CSN et à la FTQ, la présence d’un fonds de grève rendait l’exercice moins douloureux, alors que plusieurs syndicats locaux possèdent en sus un fonds de grève complémentaire.

Du côté de la CSN, un enjeu relatif à la gestion du Fonds de défense professionnelle a également suscité des remous. Afin de contrer des iniquités ressenties entre les syndicats lors des journées de grève exercées durant les négociations précédentes, on a imposé un même temps de piquetage d’une durée de six heures à l’ensemble des syndicats. Cela a provoqué non pas un mais deux tollés : en effet, le contexte d’une grève hivernale durant laquelle les enfants d’âge du primaire n’étaient pas à l’école rendait le respect de cette directive très difficile pour les parents, et plus particulièrement pour les mères, encore celles qui souvent assument ces tâches familiales en plus grande partie. À l’échelle locale, plusieurs syndicats ont dû mettre en place des « haltes-garderies » autogérées pour les enfants des grévistes. Mais surtout, dans plusieurs milieux syndicaux, le nombre d’heures imposé a été vécu comme un contrôle très serré et un manque de confiance envers les membres; de plus, il était parfois compliqué d’obtenir des accommodements pour les enfants malades ou pour les personnes avec un handicap qui pouvaient difficilement rester debout dehors pendant six heures afin de recevoir les prestations du fonds de grève. Le piquetage d’une durée de six heures qui avait pour objectif de démontrer la mobilisation des membres a eu paradoxalement un effet démobilisant en raison de son caractère infantilisant.

Une autre déception a été de ne pas voir vu le Front commun et la FAE marcher ensemble lors des grandes manifestations nationales, qui ont parfois eu lieu la même journée, voire à la même heure, dans la même ville mais à deux endroits différents.

Ces différents éléments de débats, normaux et plutôt sains en termes de démocratie syndicale, peuvent malheureusement avoir entrainé des répercussions négatives sur la négociation, le gouvernement ayant joué la carte de la division entre la FSE-CSQ et la FAE.

Quels résultats au bout du compte ?

Après 22 jours de grève à la FAE, 11 jours au Front commun et 8 à la FIQ, une proposition d’entente de principe est survenue le vendredi 22 décembre 2023 entre le gouvernement et la FSE-CSQ concernant la table sectorielle de celle-ci, le jeudi 28 décembre pour le Front commun et la même journée pour la FAE. Au moment d’écrire ces lignes, il n’y a toujours pas d’entente entre la FIQ et le gouvernement du Québec.

Le Front commun demandait 9 % de rattrapage salarial par rapport aux autres salarié·e·s du Québec en plus de l’indexation à l’indice des prix à la consommation (IPC) qui était évaluée à près de 13 % sur 3 ans. L’entente couvrira finalement 5 ans de convention collective. Les augmentations de 17,4 % sur 5 ans permettront aux salaires du secteur public de suivre l’inflation prévue par le gouvernement du Québec entre 2023 et 2027, si les prévisions sont bonnes. Une clause de protection allant jusqu’à 1 % de plus est prévue pour les trois dernières années de la convention si l’inflation est plus élevée que prévu. Il n’y aura donc pas de rattrapage du retard accumulé entre les salaires du secteur public québécois et ceux des autres types d’emploi. Il est cependant notable d’avoir obtenu 6 % pour 2023 – il faut remonter à 1991 pour voir une augmentation salariale aussi importante sur une année. Sans être novateur, le fait d’avoir un mécanisme de protection en cas d’inflation galopante en 2026 et 2027 est aussi intéressant, bien que la situation que nous venons de vivre rappelle qu’il serait pertinent d’avoir un mécanisme de protection automatique face à l’inflation.

Plusieurs primes et mécanismes entrainent des augmentations pour certains corps d’emploi. Voici quelques exemples : une prime de 10 % pour les intervenantes et intervenants en centre jeunesse, une majoration aussi de 10 % pour les psychologues du réseau public, une prime de rétention de 15 % pour les ouvriers spécialisés[15].

Concernant le salaire des profs de cégep, il y a eu un effort supplémentaire pour augmenter davantage les échelons du bas, ce qui faisait partie des demandes pour les précaires et les nouveaux profs. Les enseignantes et enseignants du primaire et du secondaire obtiennent une bonification additionnelle sur l’ensemble des échelons sauf le dernier, ce qui amène les résultats globaux à 21,5 % d’augmentation[16].

Sur le plan des conditions de travail, il est impossible de faire un tour exhaustif des résultats. Cependant, certains indices montrent que pour les enseignantes et enseignants, l’enjeu de la composition de la classe n’est pas résolu. Au moment des votes des syndicats locaux sur les ententes survenues avec le gouvernement, les yeux se sont à nouveau rivés sur la FAE : en effet, les votes y ont été beaucoup plus divisés qu’au Front commun ; plusieurs assemblées ont voté contre l’entente de principe et son adoption finale a été très serrée[17]. Comme on l’a noté plus haut, c’est principalement sur le dossier de la composition de la classe que les déceptions se font entendre. Dans les classes du primaire, les enseignantes se demandent comment elles vont pouvoir faire leur travail alors qu’il faut 60 % d’élèves ayant un plan d’intervention avant d’avoir de l’aide supplémentaire. Plusieurs expriment aussi leur déception devant des primes monétaires liées à une composition de la classe trop lourde si l’on n’arrive pas à trouver de personnel pour venir en aide en classe, car les primes n’allègent en rien le travail au quotidien. Il semble plus facile pour le gouvernement d’allonger quelques avantages pécuniaires plutôt que de réellement s’attaquer aux enjeux sur le terrain de la qualité des services donnés à la population du Québec.

Il faudra donc encore de bonnes années de mobilisation pour le secteur public afin de faire comprendre au gouvernement les besoins du réseau. Les syndicats du secteur public peuvent néanmoins être fiers de cet exercice de mobilisation et de négociation. Même s’il reste encore du travail à faire pour tisser des réseaux de solidarité ou développer d’autres stratégies de mobilisation, cette négociation envoie toutefois un signe encourageant et témoigne que ce mouvement est en marche.

Par Fanny Theurillat-Cloutier, professeure de sociologie au cégep Marie-Victorin


  1. Voir par exemple les trois lettres ouvertes suivantes : Martine Delvaux, « Une grève féministe », La Presse, 29 novembre 2023 ; Judith Huot, « Le contrôle du travail des femmes, on ne se laissera pas faire ! », Le Devoir, 27 septembre 2023 ; Françoise David, « La lutte du secteur public : un combat féministe », La Presse, 21 septembre 2023.
  2. OCDE, « Égalité femmes-hommes dans l’emploi dans le secteur public », Panorama des administrations publiques 2021, Paris, OCDE 2021, <https://www.oecd-ilibrary.org/docserver/c5522452-fr.pdf>.
  3. Le terme « soin » n’est pas utilisé car il ne traduit qu’une partie des significations associées au mot « care » dans la tradition féministe. En effet, celui-ci signifie soin, attention, sollicitude, mais il est aussi un verbe d’action qui signifie « s’occuper de », « faire attention », « prendre soin », « se soucier de ».
  4. Pascale Molinier, « De la civilisation du travail à la société du care », Vie sociale, vol. 2, n° 14, 2016, paragr. 20, p. 127-140.
  5. Clémence Pavic, « Les salaires de l’administration québécoise à la traîne de 17 % », Le Devoir, 30 novembre 2023.
  6. Louise Boivin, « L’équité salariale pour les femmes au Québec : un enjeu toujours d’actualité », Politique et Sociétés, vol. 39, n° 3, 2020, p. 189-212.
  7. Catherine Côté, « La fatigue de compassion dans une société capitaliste et patriarcale », Nouveaux Cahiers du socialisme, n° 30, automne 2023, p. 35.
  8. Pascale Molinier, op. cit.
  9. Centrale des syndicats du Québec (CSQ), Confédération des syndicats nationaux (CSN), Fédération des travailleurs et travailleuses du Québec (FTQ), Alliance du personnel professionnel et technique de la santé et des services sociaux (APTS), Fédération autonome de l’enseignement (FAE), Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec (FIQ).
  10. Anne Plourde, Où en est l’école à trois vitesses au Québec ?, IRIS, 19 octobre 2022 ; Ghislaine Raymond, « Acceptable l’hypothèse de règlement soumise aux membres de la FAE et de la FSE ? », Presse-toi à gauche, 23 janvier 2024.
  11. « Loi visant à rendre le système de santé et de services sociaux plus efficace ».
  12. Pour ne donner que quelques exemples : don de 100 000 $ par l’Alliance de la fonction publique du Canada (AFPC-Québec), 72 000 $ du syndicat Unifor Québec, 65 000 $ de l’Association internationale des machinistes et des travailleurs et travailleuses de l’aérospatiale (AIMTA Canada), 100 000 $ des Métallos. Lia Lévesque, « Des dons d’Unifor, des Métallos, des machinistes et de l’AFPC pour les grévistes du secteur public », Le Devoir, 15 décembre 2023.
  13. Même un Francis Vailles y va d’un « J’ai le plus grand respect pour les enseignants qui ont choisi de débrayer sans fonds de grève. Leurs sacrifices montrent à quel point ils veulent du changement » dans son article « Québec a économisé 1,3 milliard avec les grèves », La Presse, 16 décembre 2023.
  14. En effet, la grève du 6 novembre 2023, débutant à minuit et se terminant à midi, s’est traduite, dans les faits, pour la plupart des personnes en grève en une seule matinée de grève, à la suite de laquelle, elles durent reprendre le travail à partir de midi.
  15. Front commun, « Détails sur l’entente de principe soumise aux 420 000 travailleuses et travailleurs formant le Front commun », Info-négo du 7 janvier 2024, <https://www.frontcommun.org/entente-principe/>.
  16. Tommy Chouinard, « Hausse salariale jusqu’à 24 % pour des enseignants », La Presse, 15 janvier 2024.
  17. La Presse canadienne, « Front commun : après deux semaines d’assemblées, les votes favorables se multiplient », Radio-Canada, 26 janvier 2024 ; Benoit Valois-Nadeau, « L’entente entre Québec et la FAE adoptée de justesse », Le Devoir, 2 février 2024.

 

15 000 employés des collèges de l’Ontario bientôt en grève ?

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Plus de 15 000 professeurs, instructeurs, conseillers et bibliothécaires de l'Ontario votent aujourd'hui jusqu'au 17 octobre sur un mandat de grève. L'équipe de négociation du (…)

Plus de 15 000 professeurs, instructeurs, conseillers et bibliothécaires de l'Ontario votent aujourd'hui jusqu'au 17 octobre sur un mandat de grève. L'équipe de négociation du personnel enseignant des collèges du SEFPO/OPSEU et le Conseil des employeurs des collèges (CEC) négocient depuis (…)
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