Recherche · Dossiers · Analyses
Toujours au devant

Les médias de gauche

Regroupement des médias critiques de gauche (RMCG)

Derniers articles

Israël prétend redessiner par la guerre le Proche-Orient

Israël poursuit sans relâche ses bombardements sur le Liban, assortis de tentatives d'« incursions » terrestres, selon la formule consacrée. Ses attaques contre le Hezbollah (…)

Israël poursuit sans relâche ses bombardements sur le Liban, assortis de tentatives d'« incursions » terrestres, selon la formule consacrée. Ses attaques contre le Hezbollah dépassent très largement l'objectif officiellement avancé : permettre le retour des habitants du nord du pays. En décapitant la direction de l'organisation et en assassinant son secrétaire général Hassan Nasrallah, le premier ministre israélien veut affaiblir l'Iran et cherche à reconfigurer toute la région.

Tiré d'Orient XXI.

La décision israélienne d'éradiquer le leadership du Hezbollah constitue évidemment une tentative de déconnecter les fronts soutenus par le régime iranien contre Israël. Il s'agit d'affaiblir Téhéran et ses mandataires en imposant un nouveau statu quo régional favorable avant qu'une nouvelle administration américaine ne prenne le relais en janvier prochain. Cependant, cette stratégie déclenche des risques de conflit régional qui pourraient finalement dompter le premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou.

Le 27 septembre 2024, des avions de combat israéliens ont envoyé 85 bombes anti-bunkers sur une réunion souterraine dans la banlieue sud de Beyrouth, entraînant la mort du secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah. Le 4 octobre, ils ont également largué 73 tonnes de bombes sur l'héritier présomptif et cousin maternel de Nasrallah, Hashem Safieldine ; rien n'indique, pour l'instant, qu'il a survécu à cet assassinat.

Cette offensive de choc et d'effroi a brièvement paralysé les capacités du Hezbollah. La percée humaine et technologique dans les rangs du régime iranien puis du Hezbollah est sans précédent. Avec l'aide de l'administration américaine, Israël a pu non seulement dominer l'espace aérien, mais aussi s'appuyer sur les développements de l'intelligence artificielle pour assassiner des dirigeants de haut niveau à Téhéran et de ses mandataires au Moyen-Orient.

La politique du Hezbollah de lier le front libanais à celui de Gaza est difficile à préserver compte tenu de la pression militaire israélienne et de la pression diplomatique américaine. L'offensive israélienne, qui a débuté le 17 septembre avec l'explosion des bipeurs et des talkies-walkies, a bouleversé la structure du Hezbollah, qui n'est plus en mesure de riposter de manière proportionnée.

L'organisation avait parié sur le fait qu'Israël n'ouvrirait pas un nouveau front. Cependant, l'absence de riposte de la part du régime iranien et du Hezbollah aux assassinats perpétrés par Tel-Aviv depuis des années a encouragé le premier ministre Nétanyahou. En effet, Téhéran a donné l'impression de ne plus être en mesure de protéger ses alliés après l'assassinat du chef du Hamas Ismail Haniyeh lors d'une visite à Téhéran le 31 juillet 2024, puis celui de Nasrallah.

La centralité du rôle de ce dernier dans l'« axe de la résistance » a cependant poussé le régime iranien à réagir. Téhéran a lancé le 1er octobre plus de 180 missiles balistiques sur Israël sans causer de dommages stratégiques significatifs significatifs tandis que les Brigades Al-Qassam, aile militaire du Hamas, ont recommencé à lancer des roquettes sur Tel-Aviv ainsi que des attaques individuelles à l'intérieur d'Israël. Le Hezbollah a réussi à tuer au moins 20 soldats israéliens qui tentaient une incursion au Liban, pendant que les groupes chiites soutenus par l'Iran en Irak et les Houthis au Yémen ont intensifié leurs propres attaques. L'idée d'une unité des fronts contre Israël est devenue une réalité, alors que le régime iranien tente de rétablir un certain équilibre dans la dynamique de dissuasion avec Israël..

L'héritage mitigé de Nasrallah

L'assassinat de Nasrallah ne doit pas être sous-estimé. Il va avoir un impact à long terme sur le Hezbollah et la dynamique régionale. L'aura du dirigeant parmi ses partisans fait écho à la doctrine du martyr dans la conscience collective chiite, de sorte que son mythe survivra à sa mort. Toutefois, sa trajectoire en tant que secrétaire général du Hezbollah pendant 32 ans a été complexe. Du milieu des années 1990 au retrait israélien du Liban en mai 2000, il est apparu comme un leader national et panarabe inspirant le récit de la résistance contre Israël. L'invasion américaine de l'Irak en 2003, qui a déclenché l'émergence de l'Iran comme puissance régionale, a porté les ambitions de Nasrallah au-delà des frontières libanaises ; cela s'est reflété par la synchronisation de ses activités avec celles de l'architecte de la puissance régionale du régime iranien, le chef de la force al-Qods, Qassem Soleimani.

Cette synchronisation s'est traduite par quatre décisions problématiques prises par Nasrallah. Premièrement, la décision de capturer des soldats israéliens en juillet 2006, conduisant à la grande confrontation avec Israël, qui s'est conclue par l'établissement de règles d'engagement qui ont globalement tenu jusqu'au 17 septembre 2024.

Ensuite, alors que le régime iranien se méfiait des États-Unis, de l'Arabie saoudite et de leurs alliés au Liban, le Hezbollah a retourné ses armes en mai 2008 contre ces dirigeants libanais rivaux — lesquels faisaient partie du gouvernement ayant pris la décision de démanteler le système de télécommunication de l'organisation. Peu après, le Hezbollah a adopté cette même oligarchie libanaise corrompue pour maintenir son contrôle sur le système politique, ce qui a contribué à l'effondrement économique et financier du Liban.

Tandis que le Hezbollah combattait les islamistes syriens pénétrant par la frontière libanaise, le régime iranien l'a impliqué dans le conflit syrien en 2013 pour consolider le régime. Cela l'a poussé à accroitre ses effectifs, les rendant plus vulnérables, l'a exposé à des brèches dans ses rangs, et l'a détourné de son principal champ de bataille, Israël.

Enfin, dix ans plus tard, le Hezbollah, initialement hésitant, s'est pleinement impliqué dans le « front de soutien » à Gaza, suite de l'attaque du Hamas contre Israël le 7 octobre 2023.

Les calculs du régime iranien ont toutefois évolué au cours des six dernières années. L'administration Trump a rétabli les sanctions économiques américaines contre le régime en novembre 2018 et assassiné en janvier 2020 Qassem Soleimani. Le régime se retrouve désormais avec des ressources limitées et une force aérienne modeste pour affronter Israël, alors que les États-Unis ont clairement fait savoir qu'ils s'impliqueraient militairement si Téhéran entrait dans le conflit régional. Nasrallah était le chef de facto de l'« axe de la résistance » depuis l'assassinat de Soleimani. Ses commandants ont formé les combattants de l'axe iranien et c'était lui qui jouait les médiateurs entre les différentes composantes en cas de besoin.

Le charisme et le leadership de Nasrallah sont irremplaçables dans la structure du Hezbollah, mais son approche traditionnelle du champ de bataille et son manque de compétences en matière d'organisation ont été dépassés par les services de sécurité israéliens, qui s'appuient sur des technologies et des services de renseignement performants. Nasrallah a déclaré en 2006 qu'il n'avait pas anticipé la réaction israélienne lorsqu'il a ordonné la capture de soldats israéliens. Visiblement, il n'avait pas non plus anticipé l'action de Tel-Aviv ayant conduit à son assassinat en 2024.

La complicité des États-Unis

L'incontrôlable Nétanyahou a plongé Israël dans la plus longue guerre de son histoire, avec des combats sur plusieurs fronts. Au-delà de l'extase immédiate que procure l'assassinat de dirigeants du Hezbollah et du Hamas, il n'a pas de stratégie que cela soit à Gaza ou au Liban. Quant aux États-Unis, qui lui fournissent les outils de destruction, ils sont désormais perçus comme complices ou incapables d'influencer leur principal allié au Proche-Orient.

Depuis un an au moins, le régime iranien pousse Washington à exercer une pression suffisante sur Nétanyahou pour qu'il accepte un cessez-le-feu à Gaza — car c'était pour lui, la voie la plus sûre pour éviter une confrontation directe avec Israël. De son côté, l'administration Biden a envoyé un message clair à Téhéran pour qu'il n'attaque pas les cibles américaines, en partant du principe qu'elle était attachée à la sécurité d'Israël sans être impliquée dans le conflit à Gaza et au-delà. Elle souhaite que l'Iran reste passif alors qu'Israël s'en prend à ses mandataires les uns après les autres et que Nétanyahou cherche à entraîner Washington dans un conflit régional.

Le discours égocentrique et les politiques belliqueuses de Netanyahou placent le Moyen-Orient dans une compétition sécuritaire perpétuelle. Cet excès de confiance n'existerait pas sans la supériorité de sa puissance aérienne fournie par les États-Unis. Cependant, l'administration Biden n'a pas encore utilisé le levier de l'aide militaire pour contraindre le premier ministre israélien et ne semble pas déterminée à exercer des pressions sur Netanyahou pour qu'il accepte un cessez-le-feu.

Quelle suite ?

Depuis des mois, Tel-Aviv fait pression sur le Hezbollah pour qu'il retire ses forces au nord du fleuve Litani pour garantir le retour des résidents israéliens à la frontière nord avec le Liban, conformément à la résolution 1701 du Conseil de sécurité des Nations unies qui a mis fin à la guerre de juillet 2006. Mais les médiations franco-américaines pour atteindre ces objectifs ont échoué, le Hezbollah exigeant, en préalable, un cessez-le-feu à Gaza. Depuis le début du conflit en octobre 2023, il s'en tenait à une confrontation transfrontalière limitée. Israël a bouleversé ce statu quo.

Depuis 2006, le Hezbollah a renforcé ses capacités et dispose à présent de drones, de roquettes à plus longue portée, et de capacités maritimes. Tel-Aviv a également renforcé ses capacités en matière de renseignement et de technologie, et peut infiltrer, comme jamais, l'infrastructure et les membres de l'organisation. Israël dispose de la puissance aérienne tandis que le Hezbollah peut cibler les soldats israéliens lors d'une invasion terrestre. Mais il y aura un coût humain et économique qu'on peut déjà mesurer, car Israël étend ses frappes aériennes à tout le Liban.

Israël a pu difficilement protéger ses soldats sur le terrain à Gaza ; ce sera plus difficile à gérer au Liban. Nétanyahou ne semble pas vouloir lancer une offensive à long terme. Sa volonté serait plutôt de faire pression sur le Hezbollah et de détourner l'attention des pourparlers sur le cessez-le-feu à Gaza. Objectifs atteints. Mais le premier ministre israélien n'a aucune stratégie si le Hezbollah ne cède pas.

Or, celui-ci n'a pas cessé de lancer des roquettes sur Israël et de perturber les tentatives de l'armée israélienne de franchir la frontière libanaise. Nétanyahou ne peut donc pas continuer à affirmer, devant l'opinion publique de son pays, qu'il a atteint ses objectifs. Jusqu'à présent, il n'a pu libérer les otages capturés par le Hamas, ni assurer le retour des habitants du nord. Israël n'est pas plus en sécurité aujourd'hui qu'après un an de recours excessif à la force.

Nasrallah est mort mais pas le Hezbollah. Le groupe dispose désormais d'une direction faible et collective, et de forces opérationnelles décentralisées qui mènent les batailles sur le terrain. Le Hezbollah a subi un coup dur, dont il faudra évaluer l'impact. Il lui sera difficile de maintenir la même rhétorique et les mêmes politiques.

Ce qui se passera au Liban et à Gaza dépendra en grande partie de la manière dont Washington gèrera la rivalité entre Israël et l'Iran et si les dirigeants américains prendront ou non leurs distances par rapport à Tel-Aviv. Les erreurs de calcul constituent les plus grands risques d'extension du conflit, à moins que Washington et Téhéran n'entament des pourparlers, directement ou indirectement, pour contraindre leurs alliés respectifs, Israël et le Hezbollah.

******

Abonnez-vous à notre lettre hebdomadaire - pour recevoir tous les liens permettant d'avoir accès aux articles publiés chaque semaine.

Chaque semaine, PTAG publie de nouveaux articles dans ses différentes rubriques (économie, environnement, politique, mouvements sociaux, actualités internationales ...). La lettre hebdomadaire vous fait parvenir par courriel les liens qui vous permettent d'avoir accès à ces articles.

Cliquez sur ce bouton pour vous abonner à la lettre de PTAG :

Abonnez-vous à la lettre

Le Hezbollah, entre défis et résistances

15 octobre 2024, par Joseph Daher — , ,
Le Hezbollah est confronté à son plus grand défi depuis sa fondation, avec l'assassinat de dirigeants militaires et politiques clés, dont son secrétaire général Hassan (…)

Le Hezbollah est confronté à son plus grand défi depuis sa fondation, avec l'assassinat de dirigeants militaires et politiques clés, dont son secrétaire général Hassan Nasrallah, qui a dirigé le parti pendant 32 ans.

Tiré de Inprecor
11 octobre 2024

Par Joseph Daher

Un enfant tenant une image de Hassan Nasrallah lors d'un défilé pendant son discours, en novembre 2023. © Fars Media Corporation, CC BY 4.0

L'armée d'occupation israélienne a imposé, avec le soutien des États-Unis, à partir de la mi-septembre, une escalade meurtrière contre le Liban, prenant la forme d'une guerre ouverte. Cette escalade a commencé par l'explosion d'appareils de communication utilisés par des membres du Hezbollah, civils et militaires, tuant 39 personnes et en blessant près de 3 000. Elle s'est poursuivie par des campagnes de bombardements massifs visant à assassiner les hautes personnalités militaires et politiques du Hezbollah, mais tuant également plus d'un millier de civils et à provoquer le déplacement forcé de plus d'un million de personnes. Le total de personnes tuées depuis le 7 octobre dépasse maintenant les 2000.

Culte de la personnalité

Au cours des dernières décennies, un culte de la personnalité s'est développé dans la propagande du parti autour de Hassan Nasrallah. Cela s'est notamment reflété dans les suites de la guerre d'Israël contre le Liban en 2006, lorsque leur slogan initial « Al-Nasr al-îlâhi » a été changé en « Nasr(un) min Allâh » (Une victoire de Dieu), ce qui était une instrumentalisation du nom de Hassan Nasrallah. Cela faisait partie de la culture de l'image du leader dans les campagnes médiatiques du parti.

Alors que le Hezbollah jouissait d'une popularité considérable auprès des autres confessions religieuses libanaises et même au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, la popularité de Nasrallah en dehors de la base du parti a considérablement diminué après la guerre de 2006. Plusieurs raisons expliquent cette évolution, notamment l'utilisation par le Hezbollah de ses capacités militaires contre d'autres acteurs nationaux. Par exemple, en 2008, le parti a envahi certains quartiers de Beyrouth-Ouest et des affrontements militaires ont eu lieu dans d'autres régions, notamment dans le Chouf, après que le gouvernement libanais a annoncé qu'il souhaitait démanteler le réseau de communication du parti.

En plus de ce conflit intérieur, il a participé plus tard à la répression meurtrière du mouvement populaire syrien aux côtés du régime despotique syrien et cela a de nouveau attisé les tensions confessionnelles au Liban.

Enfin, le Hezbollah fait partie de tous les gouvernements depuis 2005 et est donc perçu comme l'un des responsables de la crise économique et financière de 2019, comme les autres partis dominants libanais. Hassan Nasrallah a même été très virulent à l'égard du mouvement de protestation cette année-là, l'accusant d'être financé par des ambassades étrangères et envoyant des membres du parti attaquer les manifestants. Ajoutons à cela d'autres incidents confessionels, entre des membres du Hezbollah et des individus d'autres confessions, et finalement les accusations, à l'encontre du Hezbollah principalement, d'obstructions dans l'enquête sur les explosions du port de Beyrouth. Tous ses éléments ont mené à un plus grand isolement, à la fois politique et sociale au sein de la population libanaise, hors de sa base populaire chiite, du Hezbollah. Plutôt que d'être considéré comme une figure de la résistance nationale, Nasrallah était également de plus en plus perçu comme un « Zaim » confessionnel défendant les intérêts politiques de son parti et ceux de régimes autoritaires, comme la Syrie et l'Iran.

C'est cet isolement qui a contribué à la volonté du parti d'éviter une guerre totale avec Israël après le 7 octobre. En adoptant une action calculée et modérée contre les cibles militaires israéliennes, le Hezbollah a tenté d'empêcher que le conflit ne soit exploité par des ennemis politiques internes au Liban, ce qui ferait du parti le principal acteur responsable de tous les malheurs du pays. Cependant, la guerre actuelle d'Israël contre le Liban, avec le soutien des États-Unis, a gravement compromis ce plan.

Et maintenant ?

Dans ce contexte, les responsables du Hezbollah tentent de démontrer que le parti poursuit la voie tracée par l'ancien secrétaire général du parti après son assassinat et celui d'un certain nombre de hauts cadres militaires et politiques. Le leader intérimaire Naim Qassem l'a souligné devant ses partisans et ses membres dans son discours, lorsqu'il a déclaré : « Nous poursuivons les traces de Hassan Nasrallah ».

Pour le Hezbollah, les priorités sont désormais de protéger d'abord ses structures internes et sa chaîne de commandement, notamment en comblant le vide au sommet du parti concernant les différentes responsabilités politiques et militaires, et en élisant un nouveau secrétaire général.

Ces priorités expliquent en partie l'évolution rhétorique récente du parti du Hezbollah concernant l'objectif affiché depuis le 7 octobre de 2023 de ne pas séparer les fronts de Gaza et du Liban jusqu'à un cessez-le-feu dans la bande de Gaza. En effet, le secrétaire général adjoint Naïm Kassem, et des députés du parti Hussein Hajj Hassan et Amine Cherri, ont affirmé après l'assassinat de Hassan Nasrallah que leur priorité était de mettre fin à l'agression israélienne contre le Liban et de soutenir un cessez-le-feu, indépendamment d'un arrêt des combats à Gaza. Cependant ces déclarations restent lettre morte, car l'armée d'occupation israélienne poursuit sa guerre meurtrière contre le Liban. Cette évolution est aussi liée aux défis internes sur le plan national, et l'incapacité pour son principal soutien l'Iran de faire bien plus en faveur du Hezbollah.

Cela dit, le parti reste actuellement l'acteur politique le plus important au Liban, tout en continuant à exercer une influence dépassant ses frontières nationales, notamment en Syrie, et à représenter les intérêts politiques régionaux de Téhéran.

Les capacités militaires du Hezbollah continuent de représenter un atout majeur du parti, malgré les infiltrations israéliennes, l'affaiblissement de la communication interne et l'assassinat d'un grand nombre de ses commandants militaires expérimentés. Il dispose notamment d'effectifs militaires de plusieurs dizaines de milliers de soldats (probablement environ 50.000 avec les réservistes) et d'un vaste arsenal de roquettes et de missiles. Pour la première fois depuis le 7 Octobre, le parti a utilisé différents types de missiles Fadi, qui sont des missiles puissants et de longue portée, pour frapper des sites militaires dans la périphérie des villes de Haïfa et de Tel-Aviv. De même, lors des premières tentatives d'infiltration de l'armée d'occupation israélienne dans les territoires libanais, les soldats du Hezbollah ont leurs infligés des pertes, en détruisant plusieurs tanks et causant la mort de plusieurs soldats israéliens.

Parallèlement à son mouvement armé, le parti dispose d'un vaste réseau d'institutions fournissant à sa base populaire des services clés et essentiels, même s'ils ont été partiellement mis à mal par la guerre et sont sous pression des besoins toujours croissant de la population impactée par la guerre, dont un grand nombre sont issus de sa base populaire. Dans ce contexte, cette dernière restera très probablement dans sa grande majorité fidèle, malgré des critiques plus importantes formulées à l'encontre du parti et de ses politiques, en particulier en l'absence d'une alternative politique inclusive et dans le contexte d'une crise économique profonde et continue avec un État et ses services publics aux abonnés absents.

Au niveau régional, un affaiblissement trop important du Hezbollah est problématique pour la stratégie géopolitique et le réseau d'influence régional de l'Iran. Les objectifs stratégiques de Téhéran, en particulier depuis le 7 Octobre, ont en effet été d'améliorer sa position géopolitique régionale afin d'être dans la meilleure position pour les futures négociations avec les États-Unis, en particulier sur les questions nucléaires et les sanctions, et de garantir ses intérêts politiques et sécuritaires. La dernière attaque iranienne contre Israël doit être considérée dans ce cadre, tout en essayant de réaffirmer une forme de dissuasion, bien qu'inégale par rapport à la supériorité des capacités militaires israéliennes et au soutien apporté par Washington. De plus cette attaque ne permettra à aucun moment d'arrêter la guerre israélienne contre le Liban.

Le Hezbollah se trouve dans la situation la plus dangereuse depuis sa fondation, et il est peu probable que cela s'améliore de sitôt compte tenu des attaques continues d'Israël et de l'isolement du parti au Liban.

Si les principaux atouts du mouvement ont été de construire une organisation forte et disciplinée, et non un « one-man show » – malgré le culte de la personnalité dont bénéficie Nasrallah –, la capacité du parti à élargir sa base est très limitée par sa stratégie et son orientation politiques. Le Hezbollah ne s'est pas engagé dans la construction d'un projet contre-hégémonique qui remettrait en cause le système confessionnel et néolibéral libanais. En fait, il l'a activement soutenu en devenant l'un de ses principaux défenseurs.

De plus, le parti a agi comme le principal centre d'influence et d'intérêts iraniens dans la région, en particulier après l'éruption des soulèvements en Syrie et au Moyen-Orient et en Afrique du Nord depuis 2011, qui favorisent également un ordre autoritaire néolibéral opposé à l'émancipation et à la libération des classes populaires.

En d'autres termes, le Hezbollah, comme d'autres acteurs politiques régionaux impliqués dans la résistance contre Israël, est incapable de construire un grand mouvement liant les enjeux démocratiques et sociaux, s'opposant à toutes les forces impérialistes et sous-impérialistes, tout en promouvant la transformation sociale par en bas, à travers la construction de mouvements dans lesquels les classes populaires sont les véritables acteurs de leur émancipation.

Le 5 octobre 2024

*****

Abonnez-vous à notre lettre hebdomadaire - pour recevoir tous les liens permettant d'avoir accès aux articles publiés chaque semaine.

Chaque semaine, PTAG publie de nouveaux articles dans ses différentes rubriques (économie, environnement, politique, mouvements sociaux, actualités internationales ...). La lettre hebdomadaire vous fait parvenir par courriel les liens qui vous permettent d'avoir accès à ces articles.

Remplir le formulaire ci-dessous et cliquez sur ce bouton pour vous abonner à la lettre de PTAG :

Abonnez-vous à la lettre

Guerre au Liban : pourquoi Benyamin Netanyahou tient tant à chasser les Casques bleus de la Finul

15 octobre 2024, par Bruno Odent — , ,
Après que l'armée israélienne a blessé cinq des soldats de la Finul, le premier ministre israélien prétend, dans une cynique adresse au secrétaire général de l'ONU, que le seul (…)

Après que l'armée israélienne a blessé cinq des soldats de la Finul, le premier ministre israélien prétend, dans une cynique adresse au secrétaire général de l'ONU, que le seul moyen d'assurer leur sécurité serait leur évacuation.

Par Bruno Odent, L'Humanité, France, le 13 octobre 2024

La Force intérimaire des Nations unies au Liban ( Finul ) a été au cœur de toutes les polémiques durant le week-end. En l'espace de 48 heures, vendredi 11 et samedi 12 octobre, ses Casques bleus ont essuyé des tirs des commandos israéliens qui interviennent sur le territoire libanais pour en découdre avec les milices du Hezbollah.

Cinq soldats de l'ONU ont été blessés et l'un de leurs porte-parole, Andrea Tenenti, a accusé l'armée israélienne d'avoir tiré de « façon répétée » et « délibérée » sur les positions de la Finul, infligeant « beaucoup de dommages » au dispositif installé sur place par l'ONU. « Le conflit entre le Hezbollah et Israël n'est pas qu'un conflit qui implique deux pays. Très bientôt, ce pourrait être un conflit régional avec un impact catastrophique pour tous », a-t-il prévenu quelques instants plus tard, comme pour relever le rôle salutaire de la mission de maintien de la Finul.

Le président des États-Unis, Joe Biden, s'est ému de la situation, demandant à Israël de ne plus tirer sur les soldats de l'ONU, quand son homologue français, Emmanuel Macron, a jugé ces attaques « inacceptables ».

*Exercice devenu classique de renversement des accusations*

La Finul, qui est composée de quelque 10 000 soldats, est déployée au Liban depuis 1978 à la suite d'une décision du Conseil de sécurité de l'ONU. Il s'agissait alors de mettre fin à une première invasion israélienne condamnée par les Nations unies qui demandaient dans une résolution à Israël de retirer ses troupes du territoire libanais.

La Finul fut chargée d'opérer sur la frontière israélo-libanaise pour orchestrer le retrait des troupes israéliennes au Liban du Sud, consolider la paix et aider le gouvernement libanais à rétablir son autorité effective dans la région.

Pas de quoi impressionner le premier ministre israélien, peu enclin il est vrai à se plier aux décisions de la communauté internationale. Benyamin Netanyahou a appelé, ce dimanche 23 (sic) octobre, le secrétaire général de l'ONU pour qu'il sorte les Casques bleus de la Finul de leur poste d'observation.

« Monsieur le secrétaire général, mettez les forces de la Finul à l'abri. Il faut le faire tout de suite, immédiatement ! » a lancé en anglais un Netanyahou courroucé et passé maître dans l'art de la provocation lors d'un discours filmé au début du Conseil des ministres.

Et d'ajouter à l'adresse d'Antonio Guterres dans un exercice devenu classique de renversement des accusations sur l'origine des responsabilités : « Nous regrettons que les soldats de la Finul aient été blessés et nous faisons tout ce qui est en notre pouvoir pour éviter que cela ne se reproduise. Mais le moyen le plus simple et le plus évident d'y parvenir est tout simplement de les faire sortir de la zone de danger. »

Quelques instants plus tard, le Liban « condamnait » cet appel martial de Netanyahou à évacuer les Casques bleus de la frontière, le premier ministre libanais, Najib Mikati, s'indignant d'un « nouveau refus (israélien) de se plier au droit international » et dénonçant « l'agression israélienne contre la Finul ».

Lecture suggérée par André Cloutier

*****

Abonnez-vous à notre lettre hebdomadaire - pour recevoir tous les liens permettant d'avoir accès aux articles publiés chaque semaine.

Chaque semaine, PTAG publie de nouveaux articles dans ses différentes rubriques (économie, environnement, politique, mouvements sociaux, actualités internationales ...). La lettre hebdomadaire vous fait parvenir par courriel les liens qui vous permettent d'avoir accès à ces articles.

Remplir le formulaire ci-dessous et cliquez sur ce bouton pour vous abonner à la lettre de PTAG :

Abonnez-vous à la lettre

Le programme PAFI, vous connaissez ? PAFI pour programme d'aide financière à l'investissement.

Souveraineté en question : le Népal face aux géants de l’Asie

14 octobre 2024, par Èva Lachance-Adamus
Èva Lachance – Adamus, correspondante et stagiaire au Népal pour l’ONG Alternatives Du Nord au Sud, le Népal est complètement enclavé par ses frontières avec l’Inde et la (…)

Èva Lachance – Adamus, correspondante et stagiaire au Népal pour l’ONG Alternatives Du Nord au Sud, le Népal est complètement enclavé par ses frontières avec l’Inde et la Chine. À l’heure de la redéfinition des règles hégémoniques sur la scène internationale, il s’agit d’une position bien (…)

Les forces israéliennes prennent à nouveau pour cible les forces de maintien de la paix de l’ONU dans le sud du Liban

La force de maintien de la paix des Nations unies au Sud-Liban confirme que son quartier général à Naqoura a été touché par des explosions pour la deuxième fois en 48 heures, (…)

La force de maintien de la paix des Nations unies au Sud-Liban confirme que son quartier général à Naqoura a été touché par des explosions pour la deuxième fois en 48 heures, un jour après que les forces israéliennes ont frappé la même position.

Tiré de France Palestine solidarité. Photo : Des soldats de la paix de la FINUL patrouillent dans les environs de Tyr, au sud du Liban © UN Photo/Pasqual Gorriz.

Deux casques bleus de la Force intérimaire des Nations unies au Liban (FINUL) ont été blessés après que deux explosions se soient produites à proximité d'une tour d'observation, a déclaré la mission des Nations unies dans un communiqué vendredi.

« Il s'agit d'un événement grave et la FINUL rappelle que la sécurité du personnel et des biens de l'ONU doit être garantie et que l'inviolabilité des locaux de l'ONU doit être respectée à tout moment », a ajouté le communiqué.

« Toute attaque délibérée contre des soldats de la paix constitue une grave violation du droit humanitaire international. » L'un des soldats de la paix blessés a été transporté dans un hôpital de la ville voisine de Tyr, tandis que l'autre a été soigné sur place.

L'organisation a également déclaré que « plusieurs murs en T de notre position de l'ONU 1-31, près de la ligne bleue à Labbouneh, sont tombés lorsqu'une chenille [militaire israélienne] a frappé le périmètre et que des chars [israéliens] se sont déplacés à proximité de la position de l'ONU », en référence à la ligne de démarcation entre Israël et le Liban.

« Nos forces de maintien de la paix sont restées sur place », a indiqué le communiqué, ajoutant que des forces de maintien de la paix supplémentaires avaient été envoyées pour renforcer la position.

L'armée israélienne a déclaré dans un communiqué qu'elle procédait à un examen approfondi de l'incident au cours duquel deux soldats de la paix ont été blessés « par inadvertance » dans le sud du Liban. Elle a ensuite déclaré que deux membres de la mission de maintien de la paix des Nations unies avaient été blessés lorsque les forces israéliennes avaient répondu à une menace.

Elle a indiqué qu'elle avait demandé au personnel de la FINUL de se rendre dans des zones protégées et d'y rester quelques heures avant l'incident.

Le ministère libanais des affaires étrangères avait précédemment déclaré que les attaques visaient des tours de guet et la base principale de la FINUL à Naqoura, ainsi que la base du bataillon sri-lankais.

L'agence de presse officielle libanaise National News Agency a rapporté que les tirs d'artillerie d'un char israélien Merkava avaient blessé des membres du bataillon sri-lankais, sans préciser où ils se trouvaient exactement.

S'exprimant lors d'une conférence de presse à Beyrouth, le premier ministre intérimaire libanais, Najib Mikati, a déclaré que les actions d'Israël constituaient un « crime dénoncé ». Il a ajouté qu'il avait discuté avec le secrétaire d'État américain Antony Blinken des efforts déployés pour parvenir à un cessez-le-feu au Liban.

Le Hezbollah a également condamné les attaques israéliennes. Le chef des médias du groupe, Mohammad Afif, a déclaré que les attaques visaient les soldats de la paix de l'ONU, les civils, les zones résidentielles, les hôpitaux et le personnel médical, et a dénoncé les « excuses » et les justifications utilisées par l'armée israélienne pour continuer à les frapper, notamment en affirmant qu'elles contenaient des armes et des explosifs.

Le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, a déclaré vendredi qu'il était « très clair que cet incident est intolérable et ne peut se répéter ».

Le ministère russe des affaires étrangères s'est déclaré vendredi « scandalisé » par le fait que les soldats de la paix de la FINUL aient été pris pour cible et a exigé qu'Israël s'abstienne de toute « action hostile » à leur encontre.

Human Rights Watch a demandé une enquête de l'ONU sur ces attaques et a déclaré que le fait de prendre délibérément pour cible les missions de l'ONU constituait un « crime de guerre ».

« Les forces de maintien de la paix de l'ONU au Sud-Liban jouent depuis longtemps un rôle humanitaire et de protection des civils essentiel », a déclaré Lama Fakih, directeur pour le Moyen-Orient et l'Afrique du Nord de l'organisation de défense des droits de l'homme basée à New York. « Tout ciblage des soldats de la paix de l'ONU par les forces israéliennes viole les lois de la guerre et interfère dangereusement avec la protection des civils et le travail d'aide de la FINUL.

La Chine s'est déclarée « gravement préoccupée et a fermement condamné » les attaques d'Israël contre les opérations de paix de l'ONU, tout comme l'Inde, qui a déploré la « détérioration de la situation sécuritaire le long de la Ligne bleue ».

Le ministère indien des affaires extérieures a déclaré « L'inviolabilité des locaux de l'ONU doit être respectée par tous et des mesures appropriées doivent être prises pour garantir la sécurité des soldats de la paix de l'ONU et le caractère sacré de leur mandat. »

La France a convoqué l'ambassadeur d'Israël pour lui demander des explications, a indiqué le ministère des affaires étrangères dans un communiqué.

« Ces attaques constituent des violations graves du droit international et doivent cesser immédiatement », a déclaré le ministère.

La France compte environ 700 soldats dans le cadre de la mission de la FINUL. Aucun de ses soldats n'a été blessé jusqu'à présent. Le ministère a déclaré que toutes les parties au conflit avaient l'obligation de protéger les soldats de la paix.

Assaut contre les Casques bleus

L'incident de vendredi survient un jour après que les casques bleus de l'ONU ont déclaré que l'armée israélienne avait tiré « à plusieurs reprises » sur le quartier général et les positions de la FINUL dans le sud du Liban.

Deux casques bleus indonésiens ont été blessés jeudi et sont toujours hospitalisés, a indiqué la mission.

Le personnel de la FINUL porte des casques bleus pour être clairement identifiable et sa position est connue de l'armée israélienne.Israël a reconnu que ses forces avaient ouvert le feu dans la zone, affirmant que les combattants du Hezbollah contre lesquels il fait la guerre opèrent à proximité des postes de l'ONU.

L'attaque de jeudi a suscité une condamnation mondiale.

Le ministre italien de la défense, Guido Crosetto, a dénoncé l'incident comme un possible crime de guerre, rompant ainsi avec le soutien apporté par son pays à Israël tout au long de la guerre qui l'a opposé à Gaza et au Liban.

« Il ne s'agit pas d'une erreur ni d'un accident », a déclaré M. Crosetto lors d'une conférence de presse. « Cela pourrait constituer un crime de guerre et représente une violation très grave du droit humanitaire international. »

Le porte-parole de la FINUL, Andrea Tenenti, a déclaré à Al Jazeera qu'il s'agissait d'un événement « très grave ».

Il a expliqué qu'Israël avait déjà demandé aux soldats de la paix de quitter « certaines positions » près de la frontière, mais « nous avons décidé de rester parce qu'il est important que le drapeau de l'ONU flotte dans le sud du Liban ».

« Pour l'instant, nous restons, nous essayons de faire tout ce que nous pouvons pour surveiller [et] fournir de l'aide », a ajouté M. Tenenti.

La ministre indonésienne des affaires étrangères, Retno Marsudi, a confirmé que les soldats de la paix de son pays se trouvaient à l'hôpital pour une observation plus approfondie. « L'Indonésie condamne fermement l'attaque », a-t-elle déclaré. « Attaquer le personnel et les biens de l'ONU est une violation majeure du droit humanitaire international. »

Traduction : AFPS

******

Abonnez-vous à notre lettre hebdomadaire - pour recevoir tous les liens permettant d'avoir accès aux articles publiés chaque semaine.

Chaque semaine, PTAG publie de nouveaux articles dans ses différentes rubriques (économie, environnement, politique, mouvements sociaux, actualités internationales ...). La lettre hebdomadaire vous fait parvenir par courriel les liens qui vous permettent d'avoir accès à ces articles.

Cliquez sur ce bouton pour vous abonner à la lettre de PTAG :

Abonnez-vous à la lettre

Une quarantaine de sociétés de journalistes réclament de nouveau l’accès à Gaza

14 octobre 2024, par Société des Journalistes de Mediapart — , , , , ,
Un an après le 7-Octobre, de nombreuses sociétés de journalistes et rédactions, dont la SDJ de Mediapart, demandent dans une tribune collective aux instances internationales et (…)

Un an après le 7-Octobre, de nombreuses sociétés de journalistes et rédactions, dont la SDJ de Mediapart, demandent dans une tribune collective aux instances internationales et aux dirigeants de tous les pays d'appeler à l'ouverture de ce territoire à la presse pour qu'elle y exerce son métier : informer.

Tiré du blogue de l'auteur.

Depuis un an, la bande de Gaza est soumise à d'intenses combats et aux bombardements israéliens, en représailles aux massacres et à l'enlèvement de nombreux otages par des milices terroristes du Hamas, le 7 octobre 2023.

La presse, cependant, ne peut toujours pas entrer dans cette enclave. L'accès en est interdit par Israël. Il est donc impossible de voir directement ce qui s'y passe. Impossible de rendre compte par nous-mêmes des destructions massives, des dizaines de milliers de morts et de blessés palestiniens sans dépendre de la communication de chaque camp.

Les journalistes palestiniens bloqués dans Gaza ne bénéficient quant à eux d'aucune protection. Plus d'une centaine d'entre eux ont été tués, et il a été démontré que plusieurs dizaines parmi eux l'ont été dans le cadre de leur travail. Les correspondants des agences de presse, des chaînes de télévision ou de radio, les interlocuteurs des médias que nous représentons sont, comme l'immense majorité des Gazaouis et de leurs familles, déplacés, leurs vies mises en danger. Ils sont régulièrement soumis à de nombreuses coupures d'électricité et des moyens de communication, empêchant de transmettre à l'extérieur ce qu'ils voient et entendent.

Cette situation, que nous avions déjà dénoncée il y a un an, est sans précédent. Il revient aux rédactions, comme dans chaque conflit armé, de mesurer les risques d'envoyer ou non leurs journalistes sur un terrain de guerre, comme elles le font à travers le monde.

Nous le répétons, la désinformation et le mensonge sont aussi des armes de guerre des différentes parties prenantes au conflit. Empêcher les journalistes d'exercer librement leur métier ne peut que les servir. Ce droit d'informer et d'être informé est le pilier de nos démocraties. Il s'agit d'une liberté fondamentale, inscrite dans l'article 19 de la Déclaration universelle des droits de l'homme.

Nous demandons donc aux autorités israéliennes de préserver la sécurité des journalistes qui tentent actuellement de travailler à Gaza et d'ouvrir ce territoire à la presse internationale pour qu'elle y fasse son métier : informer sans entrave et témoigner de la marche de cette guerre, l'une des plus meurtrières et violentes de ce début du XXIe siècle.

Les sociétés de journalistes et de rédacteurs de : Arrêt sur images, Arte, BFM Business, BFM-TV, Blast, Challenges, France 24, France Télévisions rédaction nationale, France 3 rédaction nationale, Franceinfo TV, Franceinfo.fr, Konbini, LCI, L'Express, L'Humanité, Le Figaro, Le Monde, Le Nouvel Obs, L'Informé, La Tribune, La Vie, Le Point, Le Télégramme, Libération, Mediapart, M6, Premières Lignes TV, Radio France, RFI, RMC, RTL, « Sept à huit », Télérama, TV5 Monde, L'Usine nouvelle, ainsi que Reporters sans Frontières.

L’engagement de Michèle Sibony pour la Paix

14 octobre 2024, par Rana Bouazer
Rana Bouazer, correspondante. La vague néo conservatrice a eu des effets sur la liberté d’expression un peu partout sur la planète. Pour la vice-présidente de l’Union juive (…)

Rana Bouazer, correspondante. La vague néo conservatrice a eu des effets sur la liberté d’expression un peu partout sur la planète. Pour la vice-présidente de l’Union juive française pour la paix (UJFP), Michèle Sibony, cette radicalisation en France a renforcé l’individualisme et rend encore (…)

Les élections en Autriche confirment la montée de l’extrême droite en Europe

13 octobre 2024, par Sacha Dessaux
Sacha Dessaux, correspondant en stage Pour la première fois depuis la Seconde Guerre mondiale, l’Autriche a vu une victoire législative du Parti de la Liberté d’Autriche (FPÖ — (…)

Sacha Dessaux, correspondant en stage Pour la première fois depuis la Seconde Guerre mondiale, l’Autriche a vu une victoire législative du Parti de la Liberté d’Autriche (FPÖ — Freiheitliche Partei Österreichs) d’extrême droite. Une nouvelle vague continentale populiste semble avoir été relancée (…)

Le petit prince à la rescousse

13 octobre 2024, par Marc Simard
Dans nos collectivités occidentales, exprimer sa liberté politique devient un calcul minutieux. Il serait pourtant urgent de retrouver un peu d’imagination pour faire face au (…)

Dans nos collectivités occidentales, exprimer sa liberté politique devient un calcul minutieux. Il serait pourtant urgent de retrouver un peu d’imagination pour faire face au monde de demain! En politique, le monde semble se diviser en deux axes : gauche et droite. Pour les tenants de la gauche, (…)

Etats-Unis. La grève de 45 000 dockers… cinq semaines avant les élections présidentielles

13 octobre 2024, par Ellen Ioanes — , ,
Les travailleurs des ports de la côte est des Etats-Unis et du golfe du Mexique se sont mis en grève mardi 1er octobre à la suite de l'échec des négociations entre le syndicat (…)

Les travailleurs des ports de la côte est des Etats-Unis et du golfe du Mexique se sont mis en grève mardi 1er octobre à la suite de l'échec des négociations entre le syndicat qui les représente – l'International Longshoremen's Association (ILA)– et l'organisation des compagnies maritimes internationales qui les emploient.

2 octobre 2024 | tiré du site alencontre.org
https://alencontre.org/ameriques/americnord/usa/etats-unis-la-greve-de-45-000-dockers-cinq-semaines-avant-les-elections-presidentielles.html

Environ 45'000 travailleurs ont débrayé à 0h01 ce mardi, ce qui en fait la grève la plus importante que le syndicat ait connue depuis 1977. Mardi, les travailleurs de 36 ports différents ont cessé le travail après l'expiration de leur contrat de six ans avec l'United States Maritime Alliance (USMX) – et selon la durée de la grève – cela pourrait avoir un impact considérable sur l'économie des Etats-Unis.

La grève touche certains des plus grands ports du pays, comme la Port Authority of New York and New Jersey (Autorité portuaire de New York et du New Jersey). Dans l'ensemble, les ports concernés manutentionnent environ 50% des importations et des exportations depuis et à destination des Etats-Unis. Bien qu'une partie du fret ait été détournée à titre préventif vers la côte ouest, cette solution n'est pas sans complications.

Ces derniers jours, il semblait que les négociations entre l'USMX et l'ILA allaient bon train. L'USMX demandait une prolongation du contrat actuel afin de disposer de plus de temps pour négocier. L'ILA a toutefois refusé la nouvelle proposition.

Le président de l'ILA, Harold J. Daggett [élu en 2011, réélu en 2023 pour la quatrième fois], a prévenu mardi que le syndicat était « prêt à se battre aussi longtemps que nécessaire, à rester en grève aussi longtemps qu'il le faudra, pour obtenir les salaires et les protections contre l'automatisation que méritent les membres de l'ILA ».

Qu'est-ce que l'International Longshoremen's Association ? Pourquoi ses membres font-ils grève ?

L'ILA représente environ 45'000 travailleurs qui assurent le déchargement des énormes conteneurs de grands porte-conteneurs. En fin de compte, les marchandises transportées par les navires sont acheminées vers les entrepôts, les rayons des magasins et les usines.

Les membres travaillent dans les ports de la côte Est, jusqu'au Maine, ainsi que dans les ports de la côte du Golfe du Mexique, en Louisiane et au Texas.

« La grève porte sur deux questions principales », indique Art Wheaton. Il dirige les études sur les conditions de travail et « relations industrielles » à l'université de Cornell (dans l'Etat de New York). « La première porte sur les salaires. La deuxième concerne la technologie. »

Le syndicat a exigé une augmentation de salaire significative pour les dockers au cours des six années de la durée du contrat collectif, ainsi qu'une augmentation des cotisations à leur plan de retraite et un droit de regard sur le rôle de l'automatisation dans leur secteur. Certains rapports indiquent que le syndicat a demandé jusqu'à 77 % d'augmentation de salaire (AP, 18 septembre) ; la proposition la plus récente d'USMX offrait une augmentation de 50%, sur la durée du contrat.

Selon Art Wheaton : « La principale préoccupation des dockers est qu'ils ne veulent pas que des machines automatisées soient chargées de prendre, de déposer et de décharger la cargaison automatiquement. Ils tiennent à ce qu'un opérateur soit présent pour garantir la qualité et la sécurité de leurs opérations, ainsi que la sécurité de l'emploi. »

Les négociations entre l'USMX et l'ILA en vue d'un nouveau contrat ont été interrompues en juin, apparemment à cause de l'utilisation de l'automatisation dans Port of Mobile situé dans l'Etat du Alabama [un port en eau profonde et bien connecté au réseau ferroviaire de CN]. La semaine dernière (fin septembre), l'USMX a déposé une plainte auprès du National Labor Review Board [agence fédérale chargée contrôlant les élections syndicales et les infractions aux règles commises par les syndicats ou les employeurs], affirmant que l'ILA refusait de poursuivre les négociations contractuelles. L'USMX n'a pas répondu à notre demande de commentaire.

Les compagnies maritimes qui composent l'USMX – toutes basées en dehors des Etats-Unis – ont gagné des milliards grâce à l'essor du commerce mondial et du transport maritime, affirme le syndicat, alors que les salaires ont stagné face à l'inflation.

Les dockers de la côte ouest gagnent environ 55 dollars de l'heure, (New York Times 24 septembre 2024) comparés au 39 dollars de l'heure en moyenne pour les travailleurs qualifiés de la côte est et du golfe du Mexique (CNN 1er octobre 2024). Les dockers de la côte ouest ont obtenu une augmentation de salaireimpressionnante lors leur dernier contrat [pour six ans]. Ces derniers appartiennent à un autre syndicat, l'ILWU (International Longshoremen and Warehouse Union). Il est depuis longtemps beaucoup plus radical que l'ILA en termes d'orientation, de revendications et de tactiques, selon Gabe Winant, historien du travail à l'université de Chicago. Les grands succès salariaux des travailleurs organisés dans l'ILWU ont prouvé qu'il était possible d'exiger davantage – et surtout de l'obtenir. Aujourd'hui, l'ILA espère remporter une victoire similaire.

Quelles seront les marchandises concernées ?

Plus de 50% des marchandises importées aux Etats-Unis par des porte-conteneurs entrent par les ports de la côte est et du golfe du Mexique, et près de 70% des exportations par conteneurs sortent par ces ports. Dans l'immédiat, il devrait y avoir peu de pénuries ou d'augmentations de prix sur la plupart des biens de consommation. De nombreuses firmes se sont préparées à la grève. Toutefois, en fonction de la durée de la grève, certains produits périssables pourraient être plus chers ou plus difficiles à trouver.

« Nous avons tous ces produits périssables importés [sur] la côte Est », comme les myrtilles, les bananes et le poisson d'Amérique du Sud, indique Chris Tang, professeur de gestion des filières d'approvisionnement auprès de l'UCLA (Université de Californie à Los Angeles). « Nous importons également des vêtements, des jouets et des produits électroniques via la côte Est. »

L'industrie automobile risque également d'être touchée, car de nombreuses voitures et pièces détachées sont importées d'Europe. Chris Tang souligne : « Il y a encore des stocks disponibles dans les usines automobiles et chez les concessionnaires, donc à court terme, la grève n'a pas d'impact majeur ». Mais si la grève se prolonge pendant des semaines, ces stocks s'épuiseront et les problèmes de réparation automobile pourraient s'aggraver en raison des retards de livraison des pièces détachées.

Outre la grève, d'autres facteurs affectent actuellement le transport maritime mondial, notamment les attaques des Houthis en mer Rouge, qui ont perturbé le transport depuis novembre dernier, ainsi que des conditions météorologiques extrêmes. Le canal de Panama a également été touché indépendamment des grèves ; la voie navigable souffre d'un manque d'eau, ce qui a créé un retard dans le transport maritime.

Art Wheaton ajoute : « Quiconque a essayé d'acheter du papier hygiénique pendant la pandémie de Covid peut vous le dire : notre chaîne d'approvisionnement est fragile, et lorsque vous commencez à vous attaquer aux cargos, au rail et aux semi-remorques, vous êtes fichus. Il est impossible d'acheminer quoi que ce soit. Ajoutez à cela qu'une grande partie de la côte Est vient d'être submergée par les eaux suite l'ouragan (Hélène) qui vient de passer. »

Dans l'ensemble, les consommateurs ne devraient pas trop s'inquiéter de la pénurie de marchandises. Pour l'instant, Chris Tang conseille de ne pas accumuler les produits de peur qu'ils ne disparaissent des rayons, ce qui créerait des pénuries et ferait grimper les prix, indépendamment de la grève.

Une grève à la veille des élections du 5 novembre. Une « complication » pour Biden et Kamala Harris ?

La suite de la grève dépend en grande partie de la rapidité avec laquelle l'ILA et l'USMX parviendront à un accord.

La Loi fédérale donne au Congrès et au président le pouvoir d'interrompre une grève dans certaines circonstances. Dans le cas présent, le président Joe Biden pourrait ordonner le retour des dockers dans les ports pour une durée 80 jours, le temps que l'USMX et l'ILA poursuivent les négociations contractuelles, en vertu des pouvoirs conférés par la loi Taft-Hartley, mais il ne souhaite pas le faire [1].

Chris Tang prévient que cela pourrait changer au fur et à mesure que la grève se prolonge, étant donné qu'elle pourrait se poursuivre jusqu'à l'élection présidentielle.

L'administration Biden devra faire face à « la pression des consommateurs, des détaillants, des fabricants et des compagnies maritimes » pour prendre des mesures et rouvrir les ports, a déclaré M. Tang. Certains regroupements de firmes demandent déjà à M. Biden de renvoyer les membres de l'ILA au travail. Mais Biden a également largement soutenu l'action syndicale, à l'exception de la grève des cheminots de 2022[blocage par le Congrès, sur demande de Biden, en 2022, d'accorder un congé maladie payés de 7 jours pour les travailleurs du rail] et un certain nombre de syndicats contribuent à la campagne de la vice-présidente Harris.

« Je pense qu'en ce moment, le président Biden est soumis à une forte pression », a déclaré Chris Tang. Dans l'idéal, l'administration n'aura pas à agir, l'ILA et l'USMX parvenant à un accord soit de leur propre chef, soit avec l'aide de fonctionnaires du NLR, lors des négociations [2].

« La politique officielle du gouvernement depuis plus de 100 ans est que la meilleure solution est une solution négociée », explique Art Wheaton. L'approche gouvernementale est la suivante « Le syndicat n'obtiendra pas tout ce qu'il veut, la direction de l'USMX de n'obtiendra pas tout ce qu'elle veut, mais il faut se réunir pour des négociations pour voir ce que les deux parties peuvent accepter. » (Article publié sur le site de Vox en date du 2 octobre 2024 ; traduction rédaction A l'Encontre)

Ellen Ioanes travaillait, avant d'écrire pour Vox, auprès de Business Insider


Notes

[1] Selon Politico du 1er octobre 2024 « La Maison Blanche a réaffirmé mardi qu'elle ne contraindrait pas les dockers en grève à reprendre le travail. Elle a insisté sur le fait que l'impact sur les marchandises vitales de l'Amérique serait minime pour l'instant.

La formule clé est “pour l'instant” […] Jusqu'à présent, l'administration Biden s'en tient à son scénario : tenter de réunir le syndicat et l'industrie du transport maritime autour d'une table, surveiller la situation et espérer que le conflit ne s'éternise pas. Cela signifie que le président Joe Biden n'a pas l'intention d'utiliser les pouvoirs conférés par la loi Taft-Hartley de 1947 pour mettre fin à la grève [selon la loi Raft-Hartley, le gouvernement fédéral dispose du droit d'interdire ou d'arrêter une grève qui met en danger la sécurité nationale]. Des groupements d'entreprises comme la Chambre de commerce des Etats-Unis (U.S. Chamber of Commerce) demandent déjà à Biden de faire appel à cette loi, mais cela l'exaspération des syndiqués à quelques semaines des élections. » (Réd.)

[2] Sur le site de l'ILA, en date du 25 septembre, il est proclamé – ce verbe n'est pas exagéré : « L'ILA, le syndicat “I love America”, maintiendra son engagement de longue date d'assurer le fret militaire pendant la grève. Les navires de croisière ne seront non plus pas affectés par la grève du 1er octobre dans les ports de l'Atlantique et du Golfe. » De quoi rassurer l'administration. (Réd.)

Prélude d’un nouvel ordre impérial ? – T. Gordon et J.R. Webber

12 octobre 2024, par Archives Révolutionnaires
Archives Révolutionnaires traduit ici un texte de Todd Gordon et Jeffery R. Webber qui porte sur la configuration actuelle de l’impérialisme, marqué plus que jamais par des (…)

Archives Révolutionnaires traduit ici un texte de Todd Gordon et Jeffery R. Webber qui porte sur la configuration actuelle de l’impérialisme, marqué plus que jamais par des rivalités géopolitiques et commerciales permises par un dégonflement de l’hégémonie américaine. Les auteurs avancent l’argument que la conception d’un super-impérialisme américain, comme puissance incontestée, n’a jamais vraiment permis d’expliquer la subtilité des contradictions qui se jouent dans les relations impériales depuis la Seconde Guerre mondiale. Ils avancent aussi que la catégorie de monopole, centrale pour les conceptions marxistes classiques, possède la même tendance à effacer les rivalités et les contradictions. Selon eux, le primat de la loi de la valeur et du principe de compétition qui lui est intrinsèque est un outil privilégié pour expliquer la nature des États capitalistes. Dans une aire de soi-disant « multipolarité », Gordon et Webber proposent une théorie qui prend en compte la réalité de puissances impérialistes émergentes (Chine, Russie), tout en admettant une hégémonie du capitalisme américain. Si la domination américaine est fragilisée, on ne doit pas non plus déduire un inéluctable passage à la suprématie d’une nouvelle puissance (par exemple chinoise). Même en état de crise, les Empires peuvent durer longtemps.

Todd Gordon et Jeffery Webber sont co-auteurs du livre The Blood of Extraction : Canadian Imperialism in Latin America. Ils sont respectivement professeurs à l’Université Wilfrid Laurier (Waterloo) et à l’Université York (Toronto).


Prélude d’un nouvel ordre impérial ?

Todd Gordon et Jeffery R. Webber
Initialement publié le 26 avril 2024 sur le journal Specter

L’immédiateté de l’invasion russe de l’Ukraine, au côté de l’émergence de la Chine en tant que puissance mondiale potentielle, a modifié le débat sur l’impérialisme. Les théories fondées sur l’intégration croissante du capitalisme mondial sous la domination incontestée des États-Unis sont devenues de plus en plus insoutenables. Cette perspective, illustrée par l’ouvrage de Leo Panitch et Sam Gindin The Making of Global Capitalism, lauréat du prix Deutscher, a joui d’une estime considérable au sein de la gauche au cours des dernières décennies[1]. Entre-temps, le plus récent prestige dont jouissent les célébrations campistes de la multipolarité représente une sorte de miroir déformé des mêmes prémisses d’un impérium américain singulier. Dans ce dernier cas, la différence est que l’imperium est désormais en péril, non pas en raison d’une rivalité inter-impériale, mais plutôt en raison de l’émergence d’un bloc d’États en conflit avec les États-Unis, ces derniers devant, de ce fait, être compris comme des entités anti-impérialistes indépendamment de leur structure sociale ou de leur paysage politique. Malgré leurs analyses contrastées à propos de la force persistante de la suprématie américaine, les deux perspectives convergent progressivement sur le plan politique, comme dans leur apologie commune de l’invasion russe de l’Ukraine, que les deux courants tendent à considérer comme une simple réponse à l’excès de pouvoir des États-Unis.

S’il est plus évident que jamais que le capitalisme mondial est fragmenté par des puissances géopolitiques concurrentes, la vision de la suprématie américaine — même à l’apogée de sa puissance après la guerre froide — en tant que machine bien huilée et exempte de toute contradiction sérieuse n’a jamais vraiment rendu compte de la complexité, du dynamisme ou de l’irrégularité de l’ordre mondial et de ses configurations impérialistes. La domination des États-Unis a souvent été interprétée à tort comme une force omnipotente. Les espoirs de longévité illimitée de l’empire américain se sont naturellement développés à partir des fondements de cette vision du monde. En bref, un moment exceptionnel de prééminence a été confondu avec une nouvelle normalité, occultant le long épisode de l’impérialisme multipolaire dans l’histoire du capitalisme mondial.

Souligner que la thèse de l’unipolarité a toujours obscurci plus qu’elle n’a éclairé n’exige pas de croire en un successeur imminent de la puissance américaine, ni de revenir aux théories de l’impérialisme vieilles d’un siècle, lorsque la rivalité interimpériale était brutalement manifeste, même si nous pouvons continuer d’apprendre sur les débats qui ont émergé au cours de la Deuxième Internationale. Le défi pour les anti-impérialistes du XXIe siècle est d’identifier les forces fondamentales qui animent l’impérialisme capitaliste à travers le temps, tout en restant attentifs aux diverses formes qu’il prend dans les différentes périodes historiques. L’ordre mondial capitaliste est intrinsèquement impérialiste, même si ses hiérarchies et les modalités de la concurrence et de la coopération entre les États sont susceptibles d’évoluer. L’impérialisme ne peut être éliminé par des traités de paix ni transcendé par un marché mondial intégré. La stabilité, la paix et la justice à l’international resteront nécessairement incertaines tant que le capitalisme survivra.

Dans ce qui suit, nous proposons quelques points de départ pour une analyse de la logique impérialiste sous-jacente du capitalisme et de ses formes phénoménales au XXIe siècle.

Le marché mondial

L’histoire du capitalisme montre clairement qu’il possède une dynamique impérialiste qui diffère de la construction d’empires non capitalistes. Ellen Meiksins Wood l’a exprimé de la manière la plus éloquente dans Empire of Capital[2]. Tout comme les seigneurs féodaux dans leurs relations avec les paysans, les empires coloniaux non capitalistes du passé — tels que les empires féodaux portugais et espagnol en Amérique latine entre la fin du XVe et le début du XIXsiècle — ont dominé des territoires et des sujets par la conquête militaire et le pouvoir politique direct ; il s’agissait, en d’autres termes, d’une forme de coercition non marchande qui dépendait principalement de l’exercice du pouvoir politique. Ce que nous considérons aujourd’hui comme deux domaines institutionnellement distincts, le pouvoir économique et le pouvoir politique, étaient couramment fusionnés dans les empires européens non capitalistes. Le pouvoir politique était dévolu au souverain, à l’élite foncière et à la hiérarchie ecclésiastique. Le pouvoir direct et personnalisé qu’ils acquéraient grâce à leur statut politico-religieux était utilisé pour extraire de force les richesses des paysans à l’intérieur du pays et des colonisés à l’étranger.

Par opposition, l’impérialisme capitaliste mature est guidé par les impératifs universels et impersonnels du marché qui régissent la société capitaliste. La richesse productive — c’est-à-dire le capital — est déployée uniquement pour réaliser des profits dans les limites disciplinaires de la concurrence du marché. La survie sur le marché dépend de la capacité des capitalistes, en tant que capital, à augmenter efficacement la productivité en accumulant et en déployant les technologies les plus avancées, en extrayant toujours plus de valeur du travail et en recherchant de nouveaux marchés avec des ressources naturelles à transformer en marchandises, une main-d’œuvre moins chère à exploiter et un plus grand nombre de consommateurs pour acheter leurs marchandises. Le pouvoir d’extraire des richesses du travail et de la terre d’autrui n’est pas, à proprement parler, un acte directement politique, mais le produit de la domination sur le marché. Le fait que les capitalistes soient obligés de piller les richesses naturelles et d’exploiter la main-d’œuvre est lui-même un produit de la contrainte du marché, le fouet de la concurrence.

Malgré les affirmations des théories marxistes orthodoxes du début du XXe siècle, l’impérialisme coexiste avec le capitalisme en tant que tel et n’est pas un sous-produit temporaire d’un « stade monopolistique » particulier dans lequel l’expansion internationale est ostensiblement motivée par un excédent de capital à la recherche de débouchés. L’augmentation de la taille des entreprises concomitante au libéralisme classique de la fin du XIXe siècle ou au néolibéralisme de la fin du XXe siècle, par exemple, n’est pas synonyme de contrôle monopolistique ou de suppression de la concurrence. Les théories du capital monopolistique ont toujours eu une valeur analytique limitée. Le capitalisme recrée systématiquement concurrence et oligopole sous des formes complémentaires. À certains moments d’intenses rivalités entre firmes, des entreprises spécifiques introduisent des formes transitoires de suprématie. Or, celles-ci succombent toujours aux nouvelles batailles concurrentielles menées par les pressions à la baisse sur le taux de profit et la poursuite concurrentielle de l’amélioration de la productivité qui lui est associée.

Il s’ensuit qu’il existe une logique d’expansion géographique au cœur même de l’ordre social capitaliste, enracinée dans les impératifs du marché. « La tendance à créer le marché mondial », affirme Marx, « est directement donnée dans le concept de capital lui-même [3]». En d’autres termes, l’impulsion du capital à transcender les frontières nationales est immanente à un ordre social fondé sur la recherche concurrentielle du profit. L’obligation quotidienne de s’étendre est en outre conditionnée par la volatilité ordinaire du régime capitaliste, de même que les crises systémiques récurrentes du capitalisme entraînent souvent des poussées d’expansion obligatoires. Les contours de l’expansion sur le marché mondial dépendent des limites spatio-temporelles, logistiques et politiques rencontrées par le capital à dans un temps et un lieu donné.

L’occupation coloniale directe de territoires étrangers habités était, par exemple, une caractéristique importante des puissances capitalistes en transition qui émergeaient du féodalisme européen, face au monde non capitaliste au-delà de l’Europe. La domination coloniale directe faisait partie du répertoire de conquêtes appropriées au début du capitalisme expansionniste, étant donné la concurrence intense entre les puissances coloniales européennes naissantes et leurs efforts mutuels pour établir des marchés au-delà de leurs propres frontières nationales, sur lesquels elles pouvaient exercer un accès préférentiel. Mais le contrôle territorial et politique direct des colonies n’a jamais été une fin en soi. Le capital était au contraire poussé à transformer ces sociétés, leurs formes de travail et leurs écologies, en les subordonnant à la logique impersonnelle du marché capitaliste ; la survie des entreprises capitalistes européennes dominantes dépendait de leur capacité à se reproduire par le biais de relations de marché mondiales régies par les capacités de puissances coloniales concurrentes.

Si l’occupation territoriale était la caractéristique principale des empires féodaux, dans le cadre du capitalisme de transition, elle est devenue l’expression politique de la volonté sous-jacente d’expansion et de domination du marché — le résultat, et non la cause, de l’impérialisme capitaliste. Ainsi, la désintégration du colonialisme formel après la Seconde Guerre mondiale dans le sillage de la rébellion anticoloniale n’a pas signifié la fin de l’impérialisme capitaliste. Au contraire, elle représentait, entre autres, un changement de forme rendu possible par des relations capitalistes plus développées à l’échelle mondiale. Cela a entraîné une évolution vers des mécanismes de pouvoir impérial, de subordination et de concurrence plus fortement réfractés par les relations de marché qui englobaient désormais le monde entier. Le régime colonial, qui implique un contrôle et une domination territoriale directe, n’a pas entièrement disparu dans ce nouveau scénario, mais il s’est principalement limité à la dynamique interne des sociétés coloniales de peuplement d’États-nations nominalement souverains et indépendants.

Ainsi, même si chaque machination impérialiste est difficilement réductible à un calcul économique immédiat, les mécanismes de l’impérialisme au XXIe siècle opèrent à travers les forces impersonnelles du marché mondial. Il ne fait guère de doute que dans le monde d’aujourd’hui, la reproduction matérielle de toutes les nations, et donc leurs expressions politiques, est inséparable des forces du marché mondial. Tous les États-nations, même les plus puissants, sont subordonnés de manière différenciée à la loi de la valeur et à ses impératifs. Les régimes réglementaires qu’ils établissent et les modèles de commerce et d’investissement transfrontaliers qu’ils facilitent servent à reproduire ces impératifs. Les phases historiques successives du développement du capitalisme en tant qu’ensemble unifié sont jalonnées des conséquences de cette logique générale qui l’anime.

Appréhender le marché mondial comme un système d’interdépendance mondiale différenciée, plutôt que d’indépendance nationale, est donc un point de départ nécessaire pour comprendre les trajectoires spécifiques des différentes sociétés. À cet égard, l’ordre capitaliste mondial doit être compris comme une totalité en train de naître, au cœur de laquelle se trouve le marché mondial, dont les parties liées entre elles ne peuvent être correctement comprises indépendamment les unes des autres ou de l’ensemble plus vaste qu’elles constituent. Ainsi comprises, les actions impérialistes entreprises par les États dominants pour reproduire leur position dans la hiérarchie des États n’ont guère de sens si elles répondent à un équilibre calculé entre une logique économique du capital et une logique géopolitique de gestion de l’État. L’espace territorial du monde moderne est celui de l’argent mondial. Sa logique opère à l’intérieur de l’État lui-même plutôt que d’agir sur lui de l’extérieur. L’État et le capital, en ce sens, n’adhèrent pas à des logiques distinctes et externes qui ne se résolvent que par des collisions, mais sont au contraire intégrés de manière interne et dialectique dans un processus unique et unifié, plein d’antagonismes et de contradictions.

Ces antagonismes complexes signifient que l’impérialisme capitaliste ne se dispense jamais de recourir à la force coercitive, comme en atteste un simple coup d’œil porté aux journaux d’aujourd’hui. Tout comme la domination du marché doit être imposée localement sur les pauvres et les dépossédés, les États capitalistes et les institutions internationales exercent leur pouvoir à l’échelle mondiale dans le même but. Le pouvoir sur les autres nations et leurs populations est renforcé par la dépendance à l’égard du marché (market dependency). Les pays qui manquent — le plus souvent en tant qu’héritage de leur subordination historique par le biais de la domination coloniale — de capacités à rivaliser sur le marché mondial avec les capitaux plus avancés des pays plus riches restent coincés dans un cycle de faible productivité accompagné de niveaux élevés de pauvreté et d’endettement. C’est précisément pour cette raison que les relations du marché mondial sont intrinsèquement instables et que la force est nécessaire pour garantir les droits de propriété du capital investi à l’international. Les populations récalcitrantes, et parfois leurs gouvernements, doivent être maintenues dans le droit chemin. Parallèlement, la concurrence généralisée entre les États au sein du marché mondial pousse également les États à promouvoir les intérêts d’un groupe de capitalistes contre un autre.

Multiplicité

Souligner l’interdépendance mondiale n’implique pas l’existence présente d’un monde plat, pas plus que l’homogénéisation de la spécificité historique des trajectoires nationales et régionales de développement capitaliste. Le moment et la nature de la transition d’un territoire vers le capitalisme et son insertion dans un marché mondial en constante évolution ont des conséquences considérables. Il importe que le développement soit « précoce » ou « tardif », que l’intégration dans le marché mondial se fasse au sommet ou à la base de la hiérarchie mondiale des États. Il existe une dialectique entre l’universel (le marché mondial) et le particulier (les parties nationales et régionales), l’abstrait (la logique générale du capitalisme mondial) et le concret (les conditions locales spécifiques), qui informe le développement inégal du capitalisme et les expériences distinctes de formations sociales spécifiques.

L’accumulation inégale renforce et soutient un système pluriel d’États et fait ainsi obstacle au type d’architecture internationale du pouvoir étatique que certains libéraux et marxistes imaginaient se développer à l’apogée de la mondialisation. Les processus d’accumulation mondiale du capital se traduisent par des concentrations géographiques d’investissements, de marchés et de main-d’œuvre dans des endroits spécifiques de l’économie mondiale — regroupements de capitaux qui privilégient certaines régions au détriment d’autres et qui tendent à se renforcer au fil du temps. C’est principalement par le biais de ces particularités des sentiers de la dépendance de l’accumulation que les hiérarchies sont reproduites. Si tous les pays sont liés par les impératifs universels du marché, chacun s’y soumet d’une manière propre à sa taille et à sa puissance. Comme les marxistes l’ont affirmé de diverses manières depuis plus d’un siècle, le marché mondial se constitue et se reconstitue, en partie, par la canalisation de la richesse des pays pauvres vers les pays riches, en particulier dans les périodes de crise capitaliste profonde et durable. Conformément à l’unité dialectique de l’État et du capital décrite ci-dessus, la subordination permanente des États plus pauvres et plus faibles n’est jamais un processus strictement « économique », mais la conséquence du pouvoir impérial de l’État dans toutes ses dimensions.

Inégalité

L’inégalité mondiale est également une source essentielle de tension entre différents États impériaux, ainsi qu’entre les États impériaux et les pays en développement tardif qui aspirent à une plus grande puissance. L’impératif omniprésent de l’expansion capitaliste conduit à une intensification de la concurrence pour les marchés, souvent accompagnée d’efforts pour établir des sphères d’influence géopolitiques croissantes. Le développement tardif a une influence particulière sur les modèles de lutte des classes et leur expression dans la politique de « rattrapage » du développement, souvent illustrée par l’application par l’État du développement capitaliste par le haut au moyen d’un pouvoir autoritaire sur les travailleurs et de politiques interventionnistes visant à protéger, à promouvoir ou à contrôler des industries spécifiques. Le développement capitaliste dans une zone géographique du système mondial — y compris l’aspect politique et géopolitique du développement — est nécessairement lié, comme cause ou résultat, au développement d’autres zones.

C’est précisément la raison pour laquelle les théories du capitalisme mondial qui ne prêtent pas attention à la guerre et aux autres manifestations de rivalité — qu’il s’agisse de l’accent mis par William Robinson sur la formation transnationale des classes et des États, de Panitch et Gindin sur l’omnipotence des États-Unis, ou de Michael Hardt et Antonio Negri sur l’Empire — sont en contradiction flagrante avec les caractéristiques définitives de la conjoncture internationale actuelle.

L’inégalité, la tension et le conflit n’impliquent pas l’inévitabilité d’une guerre inter-impériale, ni la justification contemporaine simpliste des théories marxistes classiques de l’impérialisme au tournant du vingtième siècle. Les formes phénoménales du conflit ne sont jamais de simples épiphénomènes qui expriment mécaniquement la dispute féroce de la concurrence capitaliste. En fin de compte, lorsqu’on en vient aux rythmes de la compétition géopolitique dans des cas concrets, ses crescendos et ses nadirs dépendent d’une série de facteurs conjoncturels, tels que l’intensité de la concurrence, les variations de l’équilibre des forces, les enjeux d’un conflit donné et la capacité des institutions internationales à canaliser les tensions loin d’une confrontation militaire directe. Si les antagonismes géopolitiques ont pris des formes et des intensités différentes au cours de la longue histoire de la modernité capitaliste, ils sont toujours restés une caractéristique marquante du paysage et augmentent clairement les sérieuses fractures au sein du système mondial du XXIe siècle. Pour prendre en compte les propriétés émergentes des conflits qui apparaissent aujourd’hui, nous devons éviter de présupposer l’équilibre ou de surestimer les pouvoirs durables d’un ordre libéral ostensiblement intégré. Les investissements et les échanges transfrontaliers, couplés à la propriété multinationale des capitaux, se sont incontestablement approfondis et développés au cours des trois dernières décennies du vingtième siècle. Toutefois, à la suite de la crise de 2008, l’intégration globale a modestement décliné dans tous ces domaines. Il est trop tôt pour déterminer la profondeur et la vitesse de cette trajectoire, mais la direction est suffisamment claire, et elle pourrait bien s’accélérer et prendre une signification plus profonde à mesure que la rivalité entre les États-Unis, la Chine et la Russie s’intensifie.

Quelle que soit la cohérence conceptuelle de l’intégration du marché mondial et de la transnationalisation du capital et des structures étatiques au niveau de la logique capitaliste, la réalité historique est que le capitalisme mondial est né dans un monde de territoires et d’États nationaux, et que quatre siècles de capitalisme n’ont fait que multiplier leur nombre. La persistance des frontières territoriales, le développement économique inégal, la concurrence, l’instabilité et les crises ont en fait renforcé les processus de formation des États nationaux.

Les institutions internationales et régionales qui ont vu le jour dépassent rarement la somme des États nationaux qui les ont créées. Les États nationaux continuent de jouer un rôle fondamental dans la régulation de l’accumulation capitaliste nationale et internationale. Tant que l’État-nation reste un moyen central d’organiser l’accumulation capitaliste mondiale, il faut s’attendre à des conflits, des rivalités et des guerres. L’existence de l’État-nation présuppose que, même avec les investissements et le commerce internationaux, le capital maintiendra un certain enracinement dans des territoires spécifiques définis au niveau national ; le capital, et donc les capitalistes, conservera un certain degré d’identité nationale en fonction de l’endroit où ils sont apparus, de l’endroit où ils ont leur siège et de la manière dont ils sont liés aux institutions nationales.

Une chaîne

Le système mondial actuel est organisé en ce que Lénine appelait une chaîne impérialiste — un continuum de pouvoir qui s’étend de la superpuissance impérialiste aux États qui cherchent à défier la puissance dominante, en passant par les États impérialistes secondaires et les États périphériques. Chacun d’entre eux constitue un maillon d’une chaîne qui est une unité hiérarchique d’interdépendance, de coordination et de conflit économique et politique.

L’élément grossièrement coercitif de la reproduction de la domination américaine coexiste avec un élément plus intangible découlant de la stabilité et des opportunités sélectives que son leadership représente pour les membres positionnés tout au long de la chaîne impérialiste. Et pourtant, la notion d’une suprématie américaine sans friction est un fantasme ; son minimalisme élégant a pour prix de nier les complexités réelles de la concurrence, de la coopération, de l’antagonisme et de la dépendance mutuelle, lesquelles traversent le domaine hasardeux de la politique internationale. Le régime américain est marqué par de multiples symptômes de décomposition interne qui se répercutent sur la projection de son pouvoir à l’étranger. Entre-temps, les actions des États situés plus loin dans la chaîne, y compris les puissances secondaires alliées des États-Unis, n’ont jamais pu être expliquées simplement en référence aux diktats émanant de Washington. Il faut tenir compte des limites de l’action des puissances non hégémoniques et des antagonismes que cette marge de manœuvre entre les différentes puissances peut engendrer, jusqu’aux crises de la domination hégémonique.

Comme l’ont montré un certain nombre d’observateurs, une foule de pays autres que les États-Unis font preuve d’une capacité significative à projeter leur puissance politique, économique et militaire au-delà de leurs frontières. Si certains de ces pays sont alliés aux États-Unis, d’autres ne le sont pas. Dans The City : London and the Global Power of Finance, Tony Norfield développe l’un des seuls cadres sérieux permettant de mesurer systématiquement le poids et l’influence relatifs des différentes puissances capitalistes dans le monde d’aujourd’hui. Norfield propose des preuves empiriques pour remettre en question « l’hypothèse selon laquelle les autres puissances capitalistes ne sont, tout au plus, que des complices mineurs des plans américains, ignorant comment leurs propres intérêts sont également promus par leurs actions [4]». Mais, quelle que soit la manière dont on évalue les gradations de pouvoir entre les maillons de la chaîne impérialiste, les intérêts et les actions de nombreux pays ne peuvent manifestement pas être facilement réduits à la fantaisie des États-Unis. L’initiative chinoise de la « Nouvelle route de la soie », la militarisation de la mer de Chine méridionale, les dépenses de défense globales et la croissance calculée en tant que nation créancière des pays plus pauvres sont parmi les indicateurs les plus évidents des limites de la puissance américaine. De même, les interventions de la Russie en Géorgie, en Syrie, au Kazakhstan et en Ukraine représentent des efforts audacieux pour promouvoir l’intégration économique régionale et affirmer un pouvoir hors de portée de la domination américaine. Mais toutes les preuves d’intérêts et de capacité indépendants n’apparaissent pas comme un affront audacieux à la puissance américaine. Même l’imposition hostile d’un pouvoir impérial sur des États plus faibles du Sud par des alliés américains étroitement intégrés comme le Canada ou l’Australie est souvent irréductible à l’orientation stratégique des États-Unis.

Race et nation

Le nationalisme et le racisme imprègnent et renforcent les autres dimensions de l’impérialisme évoquées dans les sections précédentes. Le caractère auto-expansionniste du capital — son besoin et sa capacité à transcender les frontières nationales dans la poursuite de la rentabilité — n’implique nullement que les processus historiques concrets permettant sa mobilité soient purement économiques. Notre conception de l’unité dialectique de l’État et du capital exclut la possibilité d’une double logique, c’est-à-dire l’idée d’une expansion capitaliste isolée d’une gestion prétendument autonome des intérêts territoriaux par l’État. Le pouvoir politique et l’hégémonie bourgeoise sont nécessaires pour reproduire les relations sociales capitalistes au niveau de l’État-nation. De même, l’internationalisation du capital nécessite un pouvoir et une intervention politiques. L’intervention récurrente de l’État et la reproduction de la domination bourgeoise à ces échelles nécessitent une certaine forme de légitimation idéologique. Le recours au racisme s’est avéré être un moyen idéologique important pour justifier la domination impériale. « De nombreux moments clés décrits par les marxistes comme motivés par l’expansion capitaliste », observe Robert Knox, « étaient également imprégnés de racisme [5]».

Le nationalisme dans les États dominants du système-monde a souvent été lié au racisme. Comme le souligne Knox, une partie du problème de la plupart des travaux marxistes actuels sur l’impérialisme réside dans la séparation rigide entre la race et la valeur capitaliste, au lieu de les considérer comme des éléments co-constitutifs de l’expansion capitaliste, à la fois dans l’histoire et dans le présent. Le plus frappant est que « l’impérialisme s’est largement caractérisé par l’expansion d’États européens blancs dans des sociétés non blanches et non européennes et leur subordination » et que « la division contemporaine du travail a largement reflété ces schémas historiques ». S’inspirant de Frantz Fanon, Knox souligne la façon dont la race et la valeur sont entrelacées dans les moments historiques constitutifs de l’impérialisme capitaliste.

[…] à chaque moment du processus d’accumulation du capital, la race est centrale. La race entre d’abord en scène pour justifier la dépossession des habitants autochtones et légitimer le transfert de valeur depuis la périphérie. Les profondes transformations sociales nécessaires à l’expansion de l’accumulation capitaliste sont articulées en termes de catégorisations raciales. Enfin, ces catégories raciales jouent un rôle crucial dans la gouvernance des territoires périphériques et dans l’endiguement de la résistance aux processus d’accumulation capitaliste.[6]

La race n’est pas une caractéristique d’une période initiale de l’histoire coloniale qui est ensuite transcendée par l’accumulation capitaliste sans distinction de couleur. Au contraire, la race se manifeste continuellement à travers les principaux axes de l’impérialisme contemporain — un impérialisme largement mené sans colonies. « Le fait que le journal phare de l’empire américain moderne, Foreign Affairs, ait évolué à partir du Journal of Race Development, dont le titre est révélateur, suggère », soulignent Elizabeth Esch et David Roediger, « que peu d’architectes de l’empire américain ont fait leur travail en dehors d’un cadre racial [7]». Comme l’affirme Knox, le racisme continue de figurer dans la rhétorique de bonne gouvernance des institutions financières internationales telles que la Banque mondiale et le Fonds monétaire international, dans la mesure où leur langage s’appuie sur des stéréotypes racistes des populations paresseuses et corrompues des sociétés périphériques. Lorsque l’aide conditionnelle est divisée, retenue et policée, la race fournit des outils linguistiques utiles pour construire les histoires des pauvres méritants et non méritants. Il en va de même pour le bras armé du pouvoir impérial. Les interventions militaires de l’époque contemporaine s’appuient sur des reproductions rénovées de tropes coloniaux standard concernant la sauvagerie ostensible des sociétés non européennes. Les renouvellements n’ont pas toujours besoin d’être approfondis — « barbare » est un refrain constant, par exemple, dans les apologies libérales de Michael Ignatieff de la guerre d’Irak de 2003. Un travail idéologique similaire est effectué sous la bannière de l’humanitarisme, où les codes raciaux prédominent, comme l’illustre le ciblage exclusif des pays africains par la Cour pénale internationale.

Horizons

L’organisation impérialiste du monde est dynamique, un mélange instable de coopération et de concurrence, de frictions et de contradictions. Des puissances se dressent, de nouvelles menacent d’émerger et d’autres, plus anciennes, sont confrontées à un déclin potentiel. Certains moments historiques peuvent accélérer ces processus et approfondir les lignes de fracture existantes, ouvrant la voie à des transformations majeures.

Les futurs étudiants en politique mondiale considéreront probablement la crise capitaliste mondiale de 2008 et la période de stagnation prolongée qui en a résulté comme l’un de ces moments. Toutes les périodes précédentes de crise profonde et prolongée du capitalisme ont transformé l’ordre géopolitique. La Grande Dépression des années 1870-1890 a intensifié la course aux possessions coloniales et a culminé avec la Première Guerre mondiale. La Grande Dépression des années 1930 a finalement conduit — après la défaite de l’Allemagne lors de la Seconde Guerre mondiale — à la consolidation de l’hégémonie américaine dans la période d’après-guerre, à la vague de luttes anticoloniales couronnées de succès et au déclin des puissances européennes. La crise des années 1970 a ouvert la voie à l’ère néolibérale, avec, entre autres, l’essor industriel de la Chine, l’effondrement de l’Union soviétique et la fin de la guerre froide.

De même que la rivalité entre grandes puissances a précédé la première Grande Dépression et que les origines de la montée en puissance des États-Unis se situent avant la Seconde Guerre mondiale, les caractéristiques centrales de la conjoncture impériale actuelle — le déclin relatif de la domination américaine, l’émergence de la Chine en tant que puissance régionale et mondiale potentielle, et l’affirmation croissante de la Russie dans sa sphère d’influence — sont toutes des phénomènes qui ont commencé avant 2008. Mais la volatilité libérée par 2008 — la destruction du capital aux États-Unis, en Europe et en Russie, le quasi-effondrement des systèmes bancaires, les défauts de paiement de la dette souveraine en Grèce et ailleurs, une décennie et demie d’investissements et de croissance anémiques, et la capacité de la Chine à atténuer certains des pires impacts de la crise et de la stagnation qui s’en est suivi — ne pouvait que transformer le paysage mondial.

Les États-Unis restent l’État impérialiste dominant dans le monde, mais l’ordre mondial est en pleine reconfiguration. La compétitivité internationale du capital manufacturier américain s’affaiblit.

Le rôle du dollar en tant que monnaie de réserve mondiale commence à décliner. La puissance américaine n’a pas été en mesure d’intégrer la Chine dans le système mondial selon ses propres termes. L’Irak et l’Afghanistan ont clairement montré les limites de la guerre américaine en tant que moyen de leadership. La Chine a profité de ce moment pour renforcer son influence économique, politique et militaire de manière régionale et au-delà. Elle a développé des multinationales championnes pour concurrencer ses homologues américaines et européennes. Elle s’est assuré l’accès aux matières premières des pays plus faibles pour alimenter sa croissance industrielle et de haute technologie, tout en enfermant ces pays dans de nouvelles relations d’endettement. Elle maintient sa domination globale dans l’industrie des minéraux critiques. Le budget de la défense de la Chine a augmenté rapidement et pourrait dépasser les estimations américaines habituelles. Elle est désormais capable d’affirmer sa prédominance militaire dans la mer de Chine méridionale. Si, hormis ses capacités nucléaires, la Russie n’est ni une grande puissance ni une puissance émergente, elle a elle aussi saisi l’occasion offerte par les instabilités de l’hégémonie américaine et les recettes d’exportation provenant de la dépendance de l’Union européenne à l’égard de son pétrole et de son gaz pour réaffirmer ses prétentions sur une sphère d’influence qui remonte à l’empire russe d’avant l’ère soviétique.

Si nous voulons ne serait-ce que commencer à comprendre les transformations actuelles de l’impérialisme, nous ne pouvons pas nous en tenir aux idées reçues. Nous avons besoin d’un cadre théorique ouvert et dialectique. Nous devrons être attentifs aux nouveaux développements qui suggèrent une multipolarisation. En même temps, nous ne devons pas prétendre que la montée en puissance d’une ou plusieurs puissances entraîne nécessairement le déclin sans fin d’une autre. Si la situation mondiale dynamique actuelle se transforme en un ordre international relativement stable et reconfiguré, il est très peu probable qu’il s’agisse d’une simple répétition de l’hégémonie américaine contestée de l’après-Seconde Guerre mondiale ou du début du vingtième siècle, marqué par la rivalité classique entre les puissances. Si nous espérons garder nos repères, nous pourrions faire pire que de prêter attention à l’expansion incessante du capital sur le marché mondial, aux capacités durables de l’État-nation dans toute sa multiplicité, aux contradictions de l’accumulation inégale, au renforcement et à l’affaiblissement des maillons de la chaîne impérialiste, et à la férocité du nationalisme et du racisme qui sous-tend tout cela.

Texte traduit de l’anglais par Nathan Brullemans

Notes

[1] Leo Panitch and Sam Gindin, The Making of Global Capitalism: The Political Economy of American Empire (New York: Verso, 2012).

[2] Ellen Meiksins Wood, Empire of Capital (New York: Verso, 2005).

[3] Karl Marx, Grundrisse: Foundations of the Critique of Political Economy (New York: Penguin, 1993).

[4] Tony Norfield, The City: London and the Global Power of Finance (London: Verso, 2017).

[5] Robert Knox, “Valuing Race? Stretched Marxism and the Logic of Imperialism,” London Review of International Law, 4, no. 1 (2016): 28.

[6] Knox, “Valuing Race?” 28.

[7] Elizabeth Esch and David Roediger, “‘One Symptom of Originality’: Race and the Management of Labor in US History” in David Roediger, Class, Race and Marxism, (London: Verso, 2017), 143.

#16OCT24 – Journée internationale d’action pour la souveraineté alimentaire des peuples et contre les multinationales

12 octobre 2024, par Vía Campesina — ,
BAGNOLET, le 1er octobre 2024. Nous, la paysannerie mondiale, rassemblant des peuples ruraux divers, des communautés autochtones et migrantes, des femmes et des enfants du (…)

BAGNOLET, le 1er octobre 2024. Nous, la paysannerie mondiale, rassemblant des peuples ruraux divers, des communautés autochtones et migrantes, des femmes et des enfants du monde rural, des pêcheur·euses, des berger·ères, ainsi que tous les autres petit·es producteur·rices alimentaires, nous unissons de nouveau nos voix pour faire entendre nos luttes pour la souveraineté alimentaire de nos peuples.

Tiré de Entre les lignes et les mots
https://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2024/10/11/16oct24-journee-internationale-daction-pour-la-souverainete-alimentaire-des-peuples-et-contre-les-multinationales/

Chaque jour, le monde se réveille face à de nouvelles dégradations environnementale dans diverses régions. Pendant ce temps, un tout petit nombre d'actionnaires de multinationales continue de tirer profit des crises que ces mêmes multinationales ont générées. La vie est constamment menacée, et de nombreuses politiques publiques sont vidées de droits fondamentaux tels que la santé, le logement et l'alimentation, ainsi que des droits collectifs et paysans. Cela a conduit à la détérioration de la justice sociale et à la monopolisation des biens communs.

La paysannerie mondiale, ainsi que d'autres populations vulnérables, subissent une dépossession constante de leurs moyens de subsistance et de survie. En plus de cela, la guerre, les occupations et les opérations militaires continuent de détruire la biodiversité et la souveraineté alimentaire, tout en semant la terreur et en fauchant des vies dans plusieurs régions comme la Palestine, le Liban, le Soudan, le Yémen et Haïti. La criminalisation et l'oppression des luttes pour la terre et les territoires continuent de coûter la vie à des activistes, comme on le voit dans des pays tels que le Honduras, les Philippines, la Colombie et le Brésil, pour n'en citer que quelques-uns.

Le réchauffement climatique, principalement causé par l'agrobusiness, l'extractivisme et l'exploitation minière, aggrave ces crises et met en danger le droit à l'alimentation de nos peuples. Plus de deux milliards de personnes – soit près d'un tiers de la population mondiale – peinent à accéder régulièrement à une alimentation adéquate. La faim et l'insécurité alimentaire sévère touchent aujourd'hui 864 millions de personnes, en particulier les enfants et les femmes. La malnutrition est une réalité pour beaucoup, et de plus en plus de pays signalent une hausse de ce fléau.

Alors, que faire dans un monde en proie à une crise systémique ?

De la paysannerie mondiale et du mouvement mondial pour la souveraineté alimentaire, nous croyons fermement en la nécessité d'une transformation systémique qui protège notre relation symbiotique avec Terre. Seule une telle transformation peut garantir la justice sociale, la paix, et une réforme agraire globale, afin que nous puissions vivre avec dignité, sans pauvreté ni faim.

Pour commencer, nous EXIGEONS une transition agroécologique qui préserve les systèmes alimentaires locaux et promeut un nouveau cadre commercial basé sur les principes de la souveraineté alimentaire.

Nous AVONS URGEMMENT BESOIN de politiques publiques qui soutiennent et mettent en œuvre une telle transition, en priorisant les modèles de production paysanne, les économies sociales et solidaires.

Nous EXIGEONS également la protection des paysan·nes et des défenseur·euses des droits humains de nos territoires contre la violence , la stigmatisation et la criminalisation. Ceci passe par la mise en œuvre de la déclaration des Nations unies sur les droits des paysan·nes et autres personnes travaillant dans le monde rural (UNDROP) ainsi que par d'autres actions protégeant et revendiquant le rôle de ces personnes.

Les politiques agricoles dictées par les multinationales aggravent uniquement la crise climatique, et l'accent mis sur les produits agricoles importés entraîne un désespoir croissant parmi la paysannerie.

Nous EXIGEONS des mesures pour freiner le pouvoir croissant des multinationales dans les espaces politiques de nos pays et dans les forums multilatéraux.

Nous APPELONS à un traité contraignant de l'ONU pour réguler les entreprises transnationales ETN), mettre fin aux violations des droits humains, mettre fin à l'impunité des entreprises multinationales, et garantir l'accès à la justice pour les communautés affectées, en conformité avec l'UNDROP et d'autres instruments juridiques.

Il est urgent d'établir un système de réponse au changement climatique qui RECONNAISSE la paysannerie comme un acteur clé, en particulier les femmes paysannes. Cependant, dans de nombreux pays et cultures, les femmes paysannes et les diversités manquent encore de reconnaissance légale. Il est essentiel de modifier les lois et les politiques publiques pour garantir les droits de propriété, en reconnaissant leur rôle historique dans l'agriculture.

Pour toutes ces raisons, en ce 16 octobre 2024, Journée internationale d'action pour la souveraineté alimentaire des peuples et contre les entreprises transnationales, nous appelons nos organisations régionales et locales, allié·es, mouvements sociaux et collectifs à se mobiliser ensemble en défense de la vie, d'une alimentation saine et souveraine pour les peuples, et des droits de millions de paysan·nes.

Nous demandons d'autres politiques publiques pour que les populations ne soient plus dépendantes des produits agricoles importés émetteurs de carbone et d'un type d'agriculture dominé par les multinationales de l'agroalimentaire. Nous avons besoin d'une agriculture durable basée sur la souveraineté alimentaire, c'est pourquoi les réformes agraires, comme le prévoit l'UNDROP, sont essentielles.

Une délégation mondiale représentant nos organisations membres participera à diverses activités, comme les mobilisations pour défendre la biodiversité lors de la COP16 à Cali, en Colombie, les sessions marquant la Décennie de l'Agriculture Familiale à Rome, la Session Plénière du Comité de la Sécurité Alimentaire Mondiale, etc. Nous rejoindrons également et soutiendrons les préparatifs du troisième Forum Mondial Nyeleni sur la souveraineté alimentaire, la justice globale et le changement systémique prévu pour 2025. Nous vous appelons à vous joindre à ces mobilisations et activités, à nous soutenir et à amplifier nos voix.

Pour la biodiversité et la souveraineté alimentaire. Mettons fin à l'impunité des multinationales et leur emprise sur nos territoires !

https://viacampesina.org/fr/16oct24-journee-internationale-daction-pour-la-souverainete-alimentaire-des-peuples-et-contre-les-multinationales/

*****

Abonnez-vous à notre lettre hebdomadaire - pour recevoir tous les liens permettant d'avoir accès aux articles publiés chaque semaine.

Chaque semaine, PTAG publie de nouveaux articles dans ses différentes rubriques (économie, environnement, politique, mouvements sociaux, actualités internationales ...). La lettre hebdomadaire vous fait parvenir par courriel les liens qui vous permettent d'avoir accès à ces articles.

Remplir le formulaire ci-dessous et cliquez sur ce bouton pour vous abonner à la lettre de PTAG :

Abonnez-vous à la lettre

Le programme PAFI, vous connaissez ? PAFI pour programme d'aide financière à l'investissement.

Bandung du Nord : les femmes racisées doivent se réapproprier le discours, récrire l’histoire

11 octobre 2024, par Amélie Kermel
Amélie Kermel, correspondante en stage What do we, as weak, have ? Qu’avons-nous, en tant que faibles ? – Yasmin Jiwani Les femmes racisées doivent se réapproprier le discours, (…)

Amélie Kermel, correspondante en stage What do we, as weak, have ? Qu’avons-nous, en tant que faibles ? – Yasmin Jiwani Les femmes racisées doivent se réapproprier le discours, récrire l’histoire. C’est ainsi que les cinq panélistes de l’atelier ont exprimé d’une voix commune leur démarche sur (…)

Journée internationale pour l’élimination de la pauvreté : événement « EN MARGE » du Mouton Noir

11 octobre 2024, par Marc Simard
L’auteur fait partie de l’Initiative de journalisme local Dans le cadre de la Journée internationale pour l’élimination de la pauvreté, célébrée le 17 octobre, le journal Le (…)

L’auteur fait partie de l’Initiative de journalisme local Dans le cadre de la Journée internationale pour l’élimination de la pauvreté, célébrée le 17 octobre, le journal Le Mouton Noir organise un événement spécial intitulé « EN MARGE ». Du 14 au 19 octobre, diverses activités culturelles et (…)

Les travailleurs d’Amazon à Laval passent à l’offensive

https://etoiledunord.media/wp-content/uploads/2024/10/dxt4-1024x462.png11 octobre 2024, par Comité de Montreal
Les travailleurs syndiqués de l'entrepôt DXT4 d'Amazon à Laval ont voté à l'unanimité en faveur de la mise en œuvre de moyens de pression contre le monopoliste du commerce en (…)

Les travailleurs syndiqués de l'entrepôt DXT4 d'Amazon à Laval ont voté à l'unanimité en faveur de la mise en œuvre de moyens de pression contre le monopoliste du commerce en ligne. Cette décision survient après trois mois de négociations stériles où Amazon a systématiquement balayé du revers de (…)

Le retour de l’austérité

11 octobre 2024, par Par Sylvain Martin
Quand ça a quatre pattes, du poil et que ça miaule, c’est un chat!

Quand ça a quatre pattes, du poil et que ça miaule, c’est un chat!

Le nucléaire et le silence de la CAQ

11 octobre 2024, par Par Monique Pauzé
Le projet de décharge nucléaire à Chalk River

Le projet de décharge nucléaire à Chalk River

Le Bloc salue la carrière et l’engagement exceptionnels de Monique Pauzé

11 octobre 2024, par Par Bloc Québécois
Monique ne sollicitera pas de nouveau mandat lors de la prochaine élection fédérale

Monique ne sollicitera pas de nouveau mandat lors de la prochaine élection fédérale

La Grassy Narrows River Run rassemble des milliers de personnes à Toronto

https://etoiledunord.media/wp-content/uploads/2024/10/Untitled-e1728601053351-1024x486.jpg10 octobre 2024, par Southern Ontario Committee
Le mercredi 18 septembre, plus de 8000 personnes, dont des étudiants, des travailleurs, des syndicalistes et des militants communautaires, ont marché jusqu'à au Parlement de (…)

Le mercredi 18 septembre, plus de 8000 personnes, dont des étudiants, des travailleurs, des syndicalistes et des militants communautaires, ont marché jusqu'à au Parlement de l'Ontario avec les jeunes et les membres de la communauté de Grassy Narrows. La plus grande Grassy Narrows River Run en (…)

La Corde d’achat fête 10 ans de saine alimentation et… de plaisir

10 octobre 2024, par Marc Simard
En 2014, huit femmes lançaient un groupe d’achat dans le but de rendre accessible une alimentation saine, de lutter contre la pauvreté, d’éviter le gaspillage et de favoriser (…)

En 2014, huit femmes lançaient un groupe d’achat dans le but de rendre accessible une alimentation saine, de lutter contre la pauvreté, d’éviter le gaspillage et de favoriser l’achat local dans une perspective de souveraineté alimentaire. Au départ, La Corde d’achat s’insérait dans L’Accorderie (…)

Les professionnels de Concordia font céder leur administration déconnectée

https://etoiledunord.media/wp-content/uploads/2024/10/Engineering_Computer_Science_and_Visual_Arts_Integrated_Complex_03-1024x768.jpg9 octobre 2024, par Comité de Montreal
Les professionnels de l’Université Concordia ont arraché à leur direction intransigeante une nouvelle convention collective qui répond enfin à leurs demandes, grâce à une (…)

Les professionnels de l’Université Concordia ont arraché à leur direction intransigeante une nouvelle convention collective qui répond enfin à leurs demandes, grâce à une mobilisation décisive au début de septembre. Dès la rentrée, près de 600 travailleurs avaient fait la grève pendant une (…)

Un tournant important dans la vie démocratique de Québec solidaire.

9 octobre 2024, par Bernard Rioux — , ,
Les modifications proposées aux statuts de Québec solidaire pour le prochain congrès n'ont rien d'un nettoyage cosmétique. Elles vont déboucher, si jamais elles sont adoptées, (…)

Les modifications proposées aux statuts de Québec solidaire pour le prochain congrès n'ont rien d'un nettoyage cosmétique. Elles vont déboucher, si jamais elles sont adoptées, sur un affaiblissement de la démocratie délibérative et nous mener à une démocratie plébiscitaire. Des amendements proposent l'utilisation du suffrage universel pour l'élection à des postes de responsabilité et l'utilisation de référendums pour trancher des débats politiques. Ces propositions relèvent d'une démocratie plébiscitaire. Des propositions sont marquées par le retour des notions de chef, la disparition ou l'affaiblissement d'instances ou par la diminution des pouvoirs du congrès ou des assemblées générales dans le fonctionnement du parti. C'est un fonctionnement verticaliste qui se profile. Ceci ne mènera pas au renforcement de l'engagement politique des membres ni à l'intensification de son rayonnement.

1. Affaiblir des prérogatives du congrès

Plusieurs amendements visent à affaiblir le pouvoir du congrès de Québec solidaire. L'élection au suffrage universel des porte-paroles et de la présidence constitue un recul du pouvoir attribué au congrès du parti.

La légitimité démocratique ne découle pas seulement de la simple expression des volontés individuelles, mais de leur co-construction dans la discussion. Cela est également vrai pour les élections. L'élection au suffrage universel ne peut que saper la démocratie délibérative en niant l'importance et la pertinence de la confrontation des idées à partir de débats concrets. Les personnes qui ne participent pas à ces débats n'ont pour guider leur choix que la notoriété de celles qui se présentent à une élection pour un poste. D'autre part, en introduisant des postes de responsabilité accordés par suffrage universel, alors que d'autres postes sont accordés par le vote des délégué-es, ces amendements aux statuts introduisent une double légitimité chez les personnes élues, et donc des inégalités de prestige et de statut entre elles. [1]

L'élection d'un chef ou d'une cheffe à partir des obligations imposées par la loi électorale ouvre la porte au retour du chef. Cette proposition est essentiellement motivée par des raisons économiques. Une élection de ce type permettrait de mener une vraie course à la chefferie, pouvant faire l'objet d'un financement. Le texte qui motive cette proposition se veut d'ailleurs rassurant, en prétendant que ce chef n'aura que des fonctions administratives. Mais cela ne sera considéré ainsi ni par les grands médias ni par les autres partis politiques. Ce type de fonctionnement conduira inévitablement à la rupture avec un fonctionnement qui est basé sur des préoccupations démocratiques et féministes, celles de porte-parole élu-es (une femme et un homme) par les délégué-es à un congrès. La notion de chef (au masculin) qui structure les partis politiques traditionnels comme partis patriarcaux ne doit pas faire un retour en force dans la pratique de QS. Les difficultés connues cette dernière année auraient dû être une leçon importante à cet égard.

Il en va de même de l'élection de la personne porte-parole candidate au poste de premier ou première ministre. La participation aux débats des chefs est une chose. L'élection d'un premier ou d'une première ministre en est une autre, d'autant plus que nous favorisons, si nous utilisons ce langage, une dynamique de centralisation du pouvoir dans le parti et nous taisons le fait que nous rejetons la centralisation actuelle des pouvoirs dans les mains d'un premier ministre. Notre démarche de constituante vise d'ailleurs à redéfinir nos institutions pour mettre fin à ce type de centralisation des pouvoirs.

2. Les référendums, utilisés comme moyens de trancher les débats

La tenue d'un vote des membres pour trancher des débats importants place la procédure d'un référendum sur le même pied que l'instance que représente le congrès. Il est d'ailleurs prévu que le congrès du parti ne pourra pas renverser une position adoptée par référendum à moins d'un vote des deux tiers.

Pour le comité des statuts, le référendum interne permet à l'ensemble des membres de se prononcer sur une question précise. Un référendum pourrait être lancé par décision du congrès ou du Conseil national, par des décisions du Comité de coordination national ou par une pétition portée par une association locale et signée par 5 % des membres en règle.

Qu'un congrès décide de tenir un référendum, dans des circonstances particulières et à des fins d'information, c'est une chose, mais en faire un mode de résolution des débats dans le parti en est une autre.

Un référendum peut conduire à éviter ou à contourner une assemblée générale délibérative. Il ne permet pas de débattre de manière approfondie des enjeux entourant une décision politique, de soupeser réellement les options alternatives à partir d'échanges concrets et d'enrichir par des amendements ou par des textes alternatifs des éléments pouvant éclairer la décision des membres impliqués concrètement dans les débats. De plus, les personnes qui n'ont pas participé aux débats peuvent ne pas avoir une véritable compréhension des enjeux reliés à ces débats.

La réponse binaire (voir les deux options proposées lors de la tenue d'un référendum) peut rendre dangereusement vaseuse et incompréhensible une décision à laquelle on aura agrégé une série de propositions contradictoires. C'est pourquoi le référendum constitue une dangereuse remise en question de la démocratie délibérative. Un tel fonctionnement ne conduirait pas à une amélioration de la démocratie, au contraire. Il peut rendre le parti vulnérable à des opérations extérieures puisqu'il ne s'agirait que de devenir membres pour avoir un poids sur les débats internes sans pour autant participer à ces débats.

3. Mettre en place un Conseil national moins représentatif du parti dans son ensemble réduira la richesse des débats politiques au sein du parti.

La mise en place d'un Conseil national qui ne serait pas composé d'une délégation reflétant le nombre de membres des associations locales mais bien plutôt de deux personnes déléguées par association de circonscription, et ce quelle que soit son importance, est dangereuse à plusieurs égards. On justifie cette proposition en arguant que cette délégation non proportionnelle permettrait de réduire l'importance numérique de l'instance tout en renforçant le poids des régions dans le Conseil national.

Un véritable fonctionnement démocratique impliquerait de ne pas écarter les positions minoritaires mais au contraire de leur permettre de s'exprimer car elles peuvent refléter des expériences distinctes de différents secteurs du parti et de différentes implantations sociales. Un Conseil national (CN) plus petit et ne tenant aucun compte de l'importance de l'implantation des associations locales risque de devenir un CN homogène, ne permettant pas de refléter les différentes orientations présentes dans le parti et donc infirmant la pertinence des débats et des décisions qui en découlent. Si on veut renforcer les représentations régionales, on pourra penser à une représentation proportionnelle modulée régionalement, qui permettrait à la fois d'alléger l'instance tout en tenant compte de la sous-représentation des régions hors des grandes régions urbaines.

4 Abolir des associations régionales pour une Concertation régionale volontaire des associations qui le veulent bien

L'abolition des associations régionales fait disparaître une assemblée générale des membres au niveau régional au profit de Comités de concertation régionaux. Ces derniers seraient le produit des associations qui veulent organiser cette concertation. D'ailleurs, cette Concertation régionale regrouperait des représentant-es des associations locales et une représentante régionale à la Commission nationale des femmes.

Nous croyons qu'il faut maintenir les associations régionales tout en précisant leurs missions. Pourquoi ? Les associations régionales ne sont pas seulement une instance regroupant les membres qui ne font pas partie d'une association locale. C'est une instance qui permet, par son assemblée générale et les débats qui y ont cours, de saisir les problématiques régionales, d'élaborer des analyses et des perspectives pour faire face aux dynamiques régionales et d'aider à construire le parti dans les divers mouvements sociaux des différentes régions. Que ce soit en ce qui concerne les services publics (école, santé, transports publics, questions environnementales, etc.) ou autrement, les problématiques régionales abondent et ne peuvent être appréhendées sur la seule base des associations locales. Des campagnes régionales peuvent être élaborées pour que le parti puisse donner des réponses concrètes à ces problèmes. Si on limite les associations régionales à organiser les membres non organisés dans une région, on passe à côté de la pertinence d'une association régionale et on ne permet pas son développement.

Se contenter d'une concertation large qui ne devra son existence qu'au bon vouloir des associations locales ne saurait être une réponse souhaitable. À l'heure où le parti parle d'implantation dans les régions, la centralisation des initiatives au niveau national et l'élimination d'une assemblée générale des membres dans les différentes régions ne peuvent conduire qu'à un évitement des particularités dont il faut pourtant se saisir pour implanter le parti. Une certaine décentralisation permettant le développement des capacités d'initiative et d'autonomie des régions est essentielle.

5. La fusion des Réseaux militants [2] avec les commissions thématiques, dans les Comités d'action politique (CAD), est un exemple de fausse piste.

Fusionner les réseaux militants visant la mobilisation des membres appartenant à différents mouvements sociaux et ayant une volonté de construire des bases dans les différentes régions du Québec avec des instances d'élaboration n'ayant que des pouvoirs de recommandation et les encadrer par la commission politique, c'est rejeter des structures ayant la volonté de construire le parti de la rue. Leur formation origine de la volonté des militant-es de QS dans différents mouvements sociaux.

D'autre part, la fusion de 4 réseaux militants avec 14 commissions thématiques reste mal définie. C'est ce qui amène le Comité de coordination national à « proposer de créer une politique pour détailler le nombre et les noms des futurs comités d'action politique, ainsi que leur interaction avec et au sein de la Commission politique. »

La fusion des commissions thématiques avec les réseaux militants n'aidera pas à régler les difficultés actuelles des commissions thématiques. Il faudrait plutôt redéfinir le rôle des commissions thématiques dont le travail était dédié à l'élaboration du programme du parti. Il faut maintenant que ces commissions thématiques se voient confier le mandat d'analyser différents enjeux sociaux, d'accumuler de l'expertise à cet égard. Mais elles peuvent également rechercher des témoignages auprès des militant-es de mouvements sociaux particuliers pour renforcer les sensibilités des membres du parti à ce qui est vécu dans les mouvements ayant un potentiel antisystémique.

La fonction spécifique des réseaux militants est de développer le travail du parti dans les mouvements sociaux. L'important, pour la construction des réseaux, c'est d'être un lieu de regroupement des militant-es de QS dans des structures militantes qui ne doivent pas seulement se construire au niveau national, mais chercher également à s'enraciner dans les différentes régions du Québec.

6. Une profusion d'autres propositions sont aussi soumises à l'attention des membres

Nombre d'autres enjeux seraient à discuter : la place accordée à la formation des membres et de son organisation dans le parti, notamment. La proposition d'une École solidaire qui se réunirait une fois par année et où le Congrès ne siégerait pas est pour le moins rachitique et ne constitue en rien une perspective de prise en charge véritable de la formation dans un parti qui se veut militant. Le rapport du parti avec l'aile parlementaire mériterait également des développements importants. La question des liens que doit établir un parti de gauche avec les partis et organisations sociales sur le plan international est également absente des propositions.

Enfin, il est nécessaire de rappeler que l'on a offert aux militant-es du parti un texte dépassant les 100 pages. Le cahier de synthèse risque d'être plus volumineux encore. Le temps de discussion attribué pour les mutations proposées dans le fonctionnement de Québec solidaire est certes trop court. Mais face aux enjeux importants soulevés par ces débats, il ne faut pas en minimiser l'importance et comprendre qu'il pourrait s'agir d'un tournant important dans la vie démocratique de Québec solidaire.

*****

Abonnez-vous à notre lettre hebdomadaire - pour recevoir tous les liens permettant d'avoir accès aux articles publiés chaque semaine.

Chaque semaine, PTAG publie de nouveaux articles dans ses différentes rubriques (économie, environnement, politique, mouvements sociaux, actualités internationales ...). La lettre hebdomadaire vous fait parvenir par courriel les liens qui vous permettent d'avoir accès à ces articles.

Remplir le formulaire ci-dessous et cliquez sur ce bouton pour vous abonner à la lettre de PTAG :

Abonnez-vous à la lettre

Le programme PAFI, vous connaissez ? PAFI pour programme d'aide financière à l'investissement.


[1] Pour approfondir la question, voir L'art de la délibération, in Réinventer la démocratie, Jonathan Durand Folco, Les Presses de l'Université d'Ottawa 2023

[2] Réseau militant intersyndical, Réseau militant écologiste, Réseau de solidarité internationale, Réseau jeune…

Gaza, un an plus tard – un argumentaire des solidaires du RMSI

9 octobre 2024, par Réseau militant en solidarité internationale de Québec solidaire
La coordination du Réseau militante en solidarité internationale de Québec solidaire Document publié à l’occasion du 7 octobre, un an après. 1— Un peu d’histoire La création de (…)

La coordination du Réseau militante en solidarité internationale de Québec solidaire Document publié à l’occasion du 7 octobre, un an après. 1— Un peu d’histoire La création de l’État d’Israël s’est effectuée en 1948 au terme de la Nakba (la « catastrophe » en arabe), c’est-à-dire un épisode de (…)

7 octobre : 366 jours de trop !

9 octobre 2024, par Lina Al Khatib
Lina Al khatib — correspondante en Stage Pour les panélistes de la table ronde organisée par l’Université populaire de Montréal (Upop) à l’occasion de l’anniversaire de la (…)

Lina Al khatib — correspondante en Stage Pour les panélistes de la table ronde organisée par l’Université populaire de Montréal (Upop) à l’occasion de l’anniversaire de la première année de guerre génocidaire contre Gaza, Israël cherche à désamorcer toute possibilité de sortie de guerre. La (…)

Les dangers d’instrumentaliser la crise du logement

9 octobre 2024, par Marc Simard
Depuis quelques mois, les municipalités québécoises peuvent déroger à leurs propres règlements de zonage, dans l’objectif, selon le gouvernement de la CAQ, « d’accélérer la (…)

Depuis quelques mois, les municipalités québécoises peuvent déroger à leurs propres règlements de zonage, dans l’objectif, selon le gouvernement de la CAQ, « d’accélérer la réalisation de projets d’habitation1 ». Cette mesure applicable jusqu’en 2027 risque de modifier de façon significative (…)

The Anarchists, Zionism, and the Birth of the State of Israel | Sylvain Boulouque (1998)

https://liberteouvriere.com/wp-content/uploads/2024/10/sans_titre-9-2-ef0ea.jpg https://0.gravatar.com/avatar/08b9589eb27d3c06729f93084302d98e4131a5e1c0977a835d8b57b967e3a53b?s=96&d=identicon&r=G https://www.partage-noir.fr/local/cache-vignettes/L672xH501/sans_titre-9-2-ef0ea.jpg?1728405766 https://www.partage-noir.fr/IMG/jpg/golberg01.jpg https://www.partage-noir.fr/local/cache-vignettes/L672xH429/sans_titre-7-3-7ea2a.jpg?1728391551 https://www.partage-noir.fr/local/cache-vignettes/L150xH199/schwartzbard-7046e-72d07-53aeb.png?1728391656 https://www.partage-noir.fr/local/cache-vignettes/L150xH217/p094-28331-08ddc.jpg?1688223178 https://liberteouvriere.com/wp-content/uploads/2024/10/ait-israel.png?w=690 https://www.partage-noir.fr/local/cache-vignettes/L150xH212/souchy1-a4c5e-2af03.jpg?16879657499 octobre 2024, par liberteouvriere
Anarchists rarely adhere to a statist conception. From the inception of political Zionism, this national question arises among libertarians and provokes fierce debates. These (…)

Anarchists rarely adhere to a statist conception. From the inception of political Zionism, this national question arises among libertarians and provokes fierce debates. These controversies flare up with the course of events. At the birth of the State of Israel, anarchists took an official (…)

Le journal papier est vintage

9 octobre 2024, par Par Pierre Dubuc
Il est aux réseaux sociaux ce que le vinyle est au streaming

Il est aux réseaux sociaux ce que le vinyle est au streaming

Espagne : problèmes de la Révolution | Ariane Miéville & José Luis García González (2024)

https://liberteouvriere.com/wp-content/uploads/2024/10/espagne-couleur.jpg https://0.gravatar.com/avatar/08b9589eb27d3c06729f93084302d98e4131a5e1c0977a835d8b57b967e3a53b?s=96&d=identicon&r=G https://liberteouvriere.com/wp-content/uploads/2024/10/tumblr_810f7966d5387dcfa88a6db898a46333_add2d128_540.jpg?w=5408 octobre 2024, par liberteouvriere
Durant la Guerre d’Espagne, des anarchistes acceptèrent d’être associé.es au pouvoir en devenant ministres… Comment ce processus d’intégration s’est-il produit ? Quelles en (…)

Durant la Guerre d’Espagne, des anarchistes acceptèrent d’être associé.es au pouvoir en devenant ministres… Comment ce processus d’intégration s’est-il produit ? Quelles en furent les conséquences ? Cet article propose un aperçu succinct et partiel. Il vise à ouvrir la discussion sur des (…)

Infrastructures of Resistance and Survival Toward Revolution : Reframing Reform v. Revolution Debates | Jeff Shantz (2024)

https://liberteouvriere.com/wp-content/uploads/2024/10/rear-view-activists-are-protesting.jpg https://0.gravatar.com/avatar/08b9589eb27d3c06729f93084302d98e4131a5e1c0977a835d8b57b967e3a53b?s=96&d=identicon&r=G https://liberteouvriere.com/wp-content/uploads/2024/10/rear-view-activists-are-protesting.jpg?w=10248 octobre 2024, par liberteouvriere
Working class infrastructures of resistance can take many forms—workers centers, free schools, cooperative food production, communal childcare, defense committees, collective (…)

Working class infrastructures of resistance can take many forms—workers centers, free schools, cooperative food production, communal childcare, defense committees, collective housing, and more. They provide resources, venues, and logistics for supporting and sustaining struggles on a longer term (…)

Capitalists, Global Warming, & the Climate Justice Movement | James Herod (2009)

https://liberteouvriere.com/wp-content/uploads/2024/10/usine-a-charbon_blanc.png https://0.gravatar.com/avatar/08b9589eb27d3c06729f93084302d98e4131a5e1c0977a835d8b57b967e3a53b?s=96&d=identicon&r=G8 octobre 2024, par liberteouvriere
Can the climate justice movement stop global warming? No, it can not. To do that it would have to be able to destroy capitalism. This objective, however, is hardly even on the (…)

Can the climate justice movement stop global warming? No, it can not. To do that it would have to be able to destroy capitalism. This objective, however, is hardly even on the agenda for most climate activists, and if it were they wouldn't have an inkling about a strategy for doing so. Hardly (…)
7433 résultat(s).
Regroupement des médias critiques de gauche (RMCG)

gauche.media

Gauche.media est un fil en continu des publications paraissant sur les sites des médias membres du Regroupement des médias critiques de gauche (RMCG). Le Regroupement rassemble des publications écrites, imprimées ou numériques, qui partagent une même sensibilité politique progressiste. Il vise à encourager les contacts entre les médias de gauche en offrant un lieu de discussion, de partage et de mise en commun de nos pratiques.

En savoir plus

Membres