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Le syndicat rejette « l’offre insuffisante » de Bombardier

Un autre soi-même
Retour à la table des matières Droits et libertés, printemps / été 2024
Un autre soi-même
Catherine Guindon, enseignante, Cégep de Saint-Laurent
L’essai Nous, les autres1 de la journaliste et chroniqueuse québécoise Toula Drimonis, publié dans sa version originale anglaise2 en 2022 et récemment traduit en français, s’inscrit dans le contexte d’une montée de la rhétorique anti-immigration circulant au Québec et au Canada, comme un peu partout à travers le monde. L’autrice est née de parents d’origine grecque qui, dans les années 1960, se sont installés à Montréal. Ils ont trimé dur – le père était dans la restauration, la mère dans une manufacture de vêtements – pour assurer un avenir plus confortable à leurs enfants. C’est en partant de sa propre expérience comme immigrante de seconde génération que Toula Drimonis élargit son point de vue à l’accueil et à l’intégration des nouvelles-arrivantes et nouveaux-arrivants au Québec et au Canada. On pourrait formuler la thèse générale de l’ouvrage ainsi : le discours anti-immigrant marginalise les groupes minoritaires, ce qui nuit au sentiment d’appartenance de ces derniers à la société et à la cohésion sociale en général. Il importe de reconnaître qu’il n’existe pas une seule façon de s’identifier comme Québécois-e ou Canadien-ne. L’identité des immigrant-e-s est complexe, évolutive, multifacette. Aussi, on ne peut leur demander d’« abdique[r] une partie de qui ils sont de manière à être acceptés par l’ensemble3 ». Le livre Nous, les autres adopte une perspective multiculturaliste assumée : il est légitime que les allophones, tout comme les anglophones du Québec, conservent leurs « repères identitaires pluriels tout en faisant partie intégrante de l’ensemble4 ». Il importe de permettre aux immigrant-e-s de conserver leur langue et culture. Elles et ils ne doivent pas être vus comme des personnes qui « diluent l’identité francophone5 » et qui menacent la langue française et la culture québécoise. Dans son ouvrage, la journaliste ratisse large. Elle aborde la question de l’accueil et de l’intégration des immigrant-e-s au Canada depuis le 18e siècle, l’importance de s’efforcer de bien prononcer leur nom, leur droit de critiquer les politiques de leur société d’accueil, la pression qui est mise sur le dos de la nouvelle-arrivante ou du nouvel-arrivant pour devenir l’immigrant-e modèle, etc. Il serait périlleux de tenter de résumer de façon exhaustive les très nombreux sujets abordés au fil de son essai. Mais la critique exprimée sur certaines mesures aménagées par la Coalition avenir Québec (CAQ) a particulièrement retenu notre attention. En effet, l’autrice dénonce avec vigueur les politiques de la CAQ s’inscrivant dans le courant du nationalisme identitaire, c’est-à-dire basées sur les origines « ethniques ». Cet ethnonationalisme est, aux yeux de la journaliste, « tribal, replié et centré sur lui-même6 ». La Loi sur la laïcité de l’État (Loi 21) interdisant le port de signes religieux par des personnes de la fonction publique en position d’autorité en est un exemple. Elle est jugée par l’autrice comme trop restrictive et intolérante, participant au processus d’altérisation. En effet, requérant l’application de la clause dérogatoire à la Charte canadienne des droits et libertés7, la Loi 21 ne fait que marginaliser et précariser l’Autre. Toula Drimonis dit défendre la liberté de choix pour les gens, et plus encore pour les femmes, particulièrement touchées par cette loi. Un second exemple de mesure de la CAQ abordée est celui de la récente Loi sur la langue officielle et commune du Québec, le français (Loi 14) jugée trop restrictive8, plaçant injustement les droits linguistiques au-dessus des droits humains. L’essayiste souhaite que l’on veille à une juste intégration des immigrant-e-s, en respectant la durée – parfois longue – que peut prendre ce processus. Les nouvelles-arrivantes et nouveaux-arrivants ne sont pas une menace pour le Québec. Effectivement, ces personnes sont de plus en plus nombreuses à savoir communiquer en français, et elles permettent de maintenir le poids démographique du Québec en compensant la chute des taux de natalité et la hausse de la mortalité chez les personnes aînées. Ainsi, elles participent à la prospérité économique et à la vitalité culturelle et linguistique au Québec. Le multilinguisme qui se manifeste notamment à Montréal ne met donc pas en péril la survie du français, soutient l’autrice. Il est indéniable qu’il s’agit d’un livre nuancé et l’angle plus personnel adopté par l’autrice permet à la lectrice ou au lecteur de se mettre à la place de l’Autre. Il s’agit donc d’un essai plus que pertinent à l’heure où le discours de stigmatisation des immigrant-e-s est en recrudescence tout autour du globe.1. Traduction de Mélissa Verreault, Montréal, Éditions Somme toute, 2024. 2. Ouvrage original : We, the Others : Allophones, Immigrants and Belonging in Canada, Montréal, Linda Leith Publishing, 2022. 3. Drimonis, T. Nous, les autres, p. 231. 4. Ibid., p. 11. 5. Ibid., p. 233. 6. Ibid., p. 176. 7. On pourrait aussi ajouter aux propos de l’autrice qu’en outre, la Loi 21 nécessite la suspension des articles 1 à 38 de la Charte des droits et libertés de la personne du Québec. 8. Cette loi, adoptée en 2022 et connue auparavant sous le nom de projet de loi no 96, affirme notamment que l’accès aux services publics dans une langue autre que le français est limité aux six premiers mois suivant l’installation de la nouvelle-arrivante ou du nouvel-arrivant au Québec.
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Fonderie Horne : une allégorie de l’opacité
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Fonderie Horne : une allégorie de l’opacité
Laurence Guénette, coordonnatrice de la Ligue des droits et libertés Alors que le droit à un environnement sain se développe avec de plus en plus de netteté en droit international, que la Charte des droits et libertés de la personne du Québec le reconnait depuis 2006 et que l’adoption du projet de loi S-5 en juin 2023 en a consacré la reconnaissance dans la loi fédérale, que voit-on sur le terrain ? Des cas comme celui de la Fonderie Horne à Rouyn-Noranda, désespérément emblématique de l’opacité des industries, dont se font complices les gouvernements. La présente chronique attrape au bond la balle lancée par Mireille Elchacar lors de son allocution le 10 décembre dernier, à l’occasion de l’évènement de la LDL soulignant le 75e anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l’homme. Mme Elchacar est présidente de Mères au front, un organisme regroupant des mères, des grands-mères et leurs allié-e-s qui exigent une meilleure justice climatique pour nos enfants. Elle nous rappelait en décembre 2023 que la fonderie, propriété de Glencore, et en activité depuis 1927, rejette des composants toxiques dangereux dans l’air, les sols et les eaux de la région depuis plusieurs décennies. En accord avec l’autorisation octroyée par le Ministère de l’Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs, les quantités émises sont considérablement plus élevées que les taux permis selon les normes en vigueur dans le reste de la province. Prenons l’exemple frappant de l’arsenic. Pendant longtemps, la fonderie pouvait rejeter jusqu’à 200 nanogrammes par mètre cube (ng m³) en vertu de l’exemption octroyée par le gouvernement, alors que la norme québécoise est de 3 ng m³. À partir de 2021, cette exemption a été réduite à 100 ng m³, ce qui reste 33 fois plus élevé que la norme provinciale. « L’arsenic est un poison, il n’y a pas de seuil où il est inoffensif », souligne Mme Elchacar. L’exemption pour la fonderie sera graduellement abaissée à 15 nanogrammes d’ici 2027, ce qui demeurera cinq fois plus élevé que la norme québécoise, et c’est sans tenir compte des 23 autres contaminants libérés par la fonderie, dont on ne connait pas les effets combinés. Les liens entre certains composants toxiques rejetés par la fonderie et les risques de problèmes pulmonaires, neurologiques et de cancers sont avérés1. Les habitant-e-s de Rouyn-Noranda décèdent en moyenne six ans plus tôt que les autres habitant-e-s du Québec, nous rappelle Mme Elchacar.Une lutte citoyenne — victorieuse — pour le droit à l’information
Les craintes pour la santé des habitant-e-s de Rouyn-Noranda — et les dénonciations des impacts de la fonderie — existent depuis belle lurette ; on n’a qu’à penser au documentaire Noranda réalisé en 1984 par Daniel Corvec et Robert Monderie avec une narration de Richard Desjardins. Cependant, au fil des décennies, les citoyen-ne-s n’ont pas eu accès à toutes les données disponibles. L’opacité était entretenue tant du côté du gouvernement que de l’entreprise, pour qui les intérêts économiques semblaient prédominer sur la santé des habitant-e-s. [caption id="attachment_20037" align="aligncenter" width="448"]
Ce que nous dit le droit à un environnement sain
En vigueur depuis 2001, la Convention sur l’accès à l’information, la participation du public au processus décisionnel et l’accès à la justice en matière d’environnement (Convention d’Aarhus) établit les éléments de procédure essentiels à l’exercice de notre droit à un environnement sain. Ces éléments démocratiques sont : l’accès à l’information, la participation du public aux processus décisionnels et l’accès à la justice et à des recours utiles. Selon la Convention d’Aarhus, le public a droit d’accéder aux informations relatives à l’environnement détenues par les autorités publiques, et cet accès doit être large et facilité autant que possible. Les autorités publiques doivent collecter et diffuser toutes les informations requises en temps utile. La transparence doit être la règle, et le refus de transmettre des informations doit demeurer une exception. Bien entendu, la participation du public aux processus décisionnels ne peut s’exercer pleinement sans un Il est aussi urgent de permettre une réelle participation du public aux processus décisionnels. Mme Elchacar nous rappelle que les autorités ont fait fi des consultations lorsqu’elles ont décidé de déplacer plus de 80 habitations pour créer une zone tampon autour de la fonderie. Elle ajoute que la communauté Anichinabé avoisinante, dont les territoires sont également impactés par les activités de la fonderie, n’est pas non plus consultée. Sachant que tous les droits sont interdépendants, le cas de Rouyn-Noranda met en relief les liens entre le droit à l’information, la possibilité pour le public de prendre part aux processus décisionnels et la réalisation du droit à un environnement sain. Et bien entendu, il expose les liens étroits entre le droit à un environnement sain et la possibilité d’exercer son droit à la santé, c’est-à-dire d’atteindre le meilleur état de santé physique, mental et social possible. Le droit à un environnement sain et l’ensemble des droits humains imposent aussi de remettre les gouvernements face à leurs obligations plutôt qu’à rejeter sur les individus le fardeau d’agir seuls sur leur situation. Mme Elchacar est sans équivoque :« Le droit à un environnement sain ne doit pas être de la responsabilité individuelle. Ce n’est pas en demandant aux mères de Rouyn d’empêcher leurs enfants d’aller jouer dans la neige, ou en demandant à des mères de famille de recycler et de faire du compost qu’on va changer la situation. On doit avoir des mesures fortes qui soient prises par les gouvernements et les entreprises, et le gouvernement doit passer toutes ses décisions au crible de l’environnement ».
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Le sionisme honteux de Joe Biden : « { Le Hamas est le seul à vouloir que la guerre se poursuive »}
Ovide Bastien, auteur de Chili : le coup divin
Alors qu'il y a presque 38 000 victimes et 89 000 blessés... que les Gazaouis souffrent d'une famine utilisée comme arme de guerre... que Gaza est tellement détruite qu'elle est inhabitable... qu'Israël est de plus en plus dénoncé à travers le monde - Assemblée générale de l'ONU, ONGs de droits de la personnes, Cour de justice internationale, Cour pénale internationale ; campements universitaires étudiants... que l'ONU vient d'ajouter Israël, le 7 juin, à sa liste d'États et groupes armés commettant des violations à l'encontre d'enfants... que Save the Children vient d'alléguer, le 24 juin, que 21 000 enfants seraient portés disparus dans le chaos de la guerre à Gaza... que ce même 24 juin on voit un Palestinien blessé attaché au capot d'une jeep militaire israélienne qui passe entre deux ambulances lors d'un raid d'arrestation dans la ville de Jénine, en Cisjordanie occupée...
Alors que cette tragédie incommensurable s'accentue de jour en jour, le président Joe Biden affirmait hier soir, dans son débat avec Donald Trump, que « Le Hamas est le seul à vouloir que la guerre se poursuive ».
Quelle absence de connaissances historiques et quel sionisme honteux ! Quelle absence de cohérence logique de la part d'un leader qui, le jour même où il attribuait une proposition de cessez-le-feu permanent à Israël, se voyait carrément contredit par le premier ministre israélien Benjamin Nétanyahou lui-même !
Les Britanniques appuyaient les Juifs qui s'installaient massivement en Palestine dans les années 1930s, nous rappelle Rashid Khalidi dans The Hundred Years' War on Palestine (2020). Ils leur fournissaient armes et entrainement militaire intensif, et leur enseignaient les techniques de répression qu'ils avaient perfectionnées au cours de plusieurs décennies de guerres coloniales.
Lorsque les Palestiniens se révoltaient, en1936, contre les colonisateurs britanniques et leur appui au projet sioniste, ces derniers, affirme Khalidi, les écrasaient impitoyablement, faisant intervenir une centaine de milliers de leurs soldats et des escadrons de bombardiers. Non seulement exécutaient-ils sommairement un très grand nombre de Palestiniens, souvent à l'issue de procès sommaires devant des tribunaux militaires, mais ils détenaient aussi, sans possibilité de procès, de milliers de Palestiniens, et démolissaient les maisons des exécutés et détenus, ou de rebelles présumés.
Et lorsque les Palestiniens résistaient en tendant des embuscades aux véhicules blindés britanniques et faisant exploser leurs trains, les Britanniques avaient recours à une stratégie qu'ils avaient inaugurée lorsqu'ils tentaient d'écraser la résistance des Irlandais pendant leur guerre d'indépendance de 1919 à 1921. Comme vient de faire l'armée israélienne à Jénine, ils attachaient des prisonniers devant leurs véhicules blindés et trains, les utilisant comme boucliers humains.
Telle fut la répression, affirme Khalidi, qu'à la fin de la révolte en 1939, environ 17 % de la population palestinienne adulte masculine se trouvait tuée, blessée, emprisonnée ou exilée.
Un retour historique, et ce qui se passe à Gaza ces derniers mois, nous démontrent que les fondateurs d'Israël ont fort bien appris les leçons que leur donnaient les Britanniques.
Le 10 mars 1948, le futur Premier ministre d'Israël David Ben-Gourion se réunissait avec dix autres leaders sionistes chevronnés et quelques jeunes officiers militaires juifs afin de peaufiner un plan. Le soir même, il faisait parvenir des ordres, dont le caractère « nettoyage ethnique » est on ne peut plus clair, aux unités sur le terrain, précisant les endroits que chacune devait attaquer ainsi que les méthodes à employer : intimidation à grande échelle ; siège et bombardement de villages et villes ; expulsion de Palestiniens et incendie et démolition de leurs maisons, propriétés et biens ; pose de mines parmi les décombres afin d'empêcher tout retour des habitants expulsés.
Quelques mois plus tard, après que 750 000 Palestiniens et Palestiniennes furent brutalement expulsés de leurs terres et villes, plusieurs milliers ayant été tués lors de véritables massacres, on déclarait la fondation d'Israël.
Ce n'est pas étonnant que l'attaque du Hamas le 7 octobre dernier, où 1 200 Israéliens furent atrocement exécutés et 250 pris en otage, provienne de cette grande prison qu'est Gaza, où une bonne partie des descendants de ces exécutés et expulsés se trouvent aujourd'hui. Le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, dénonçait ces atrocités, mais rappelait, contrairement à Biden, la profonde injustice historique dont souffre depuis des décennies le peuple palestinien, et qui a donné naissance à cette attaque.
Le 13 janvier 1947, Ben-Gurion écrivait à son bras droit sioniste, Moshe Sharett, qu'il était d'accord avec l'idée que ce dernier lui proposait, c'est-à-dire « de faire subir aux Palestiniens tout ce que nous voulons, incluant les faire mourir de faim. » Et il poursuivait : « Ils seront ainsi à notre merci. »
Benjamin Nétanyahou, de toute évidence, semble partager cette idée de son prédécesseur. Car, comme le monde entier le constate depuis neuf mois, il la met présentement en pratique à Gaza.
En janvier 1948, Ben-Gurion qualifiait les pertes de ses troupes « les victimes d'un second Holocauste ». Et les Palestiniens qui résistaient au projet sioniste, il les appelait « les nouveaux Nazis ». Il faisait cela, affirme Khalidi, pour s'assurer que, trois ans après l'Holocauste, ses soldats ne perdent pas courage lorsqu'ils recevaient l'ordre de nettoyer villes et villages palestiniens, de détruire, et de tuer des êtres humains.
Cette façon de faire se poursuit aujourd'hui. Le 17 octobre dernier, Benjamin Nétanyahou, lors d'une conférence de presse tenue aux côtés du chancelier allemand Olaf Scholz, qualifiait le Hamas de "nouveaux nazis". Et il répète constamment ce message, insistant que le Hamas veut l'extermination de tous les Juifs !
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Richelieu a de l’argent pour s’agrandir, mais pas pour ses travailleurs
J.O Paris 2024 Quand compétition rime avec business et domination
Galvaudée ! La compétition des Jeux olympiques, apanage de la bourgeoisie dans les années 30, susciterait aujourd'hui moins d'engouement. L'évènement planétaire est hélas ! gangréné par les enjeux financiers et hégémoniques entre les Puissances.
De Paris, Omar HADDADOU
Un cache-misère malvenu pour les gagne-petits, une aubaine pour le Capital ! Le divertissement sportif planétaire du 26 juillet au 8 août 2024 valant la chandelle pour l'exécutif, 9 milliards d'euros dont 3 de l'argent public sont débloqués à cet effet. Dans la Galaxie des initiés (es) du profit et de la suprématie, on se pique de connaitre les retombées financières et politiques.
Qu'importe si les inégalités se creusent !
Depuis l'Exposition universelle de 1900, Paris ne s'offusque jamais de dépenser sans compter quand des ventres creux implorent quelque main tendue. Il y va de son prestige, de son rayonnement qui l'éperonne depuis la mise en branle de sa conquête coloniale. A ce paradigme, Macron en proie à son impopularité à force de se focaliser sur la politique extérieure, son aura et sa propension à fonder un nouvel Empire, faisant fi du profond mal être social, tire les conséquences du naufrage de la Démocratie en France et la percée suffocante de l'Extrême Droite avec ses 34% de voix.
La dissolution de l'Assemblée nationale, pari risqué du Président, a exacerbé davantage les dissensions et l'ire de la Gauche. L'heure est grave !
Quelle saveur auront donc ces Jeux Olympiques et paralympique de 2024 ? Celle du profit et la délectation d'une minorité !
Tiré par les cheveux à cause des retards accusés dans le cahier des charges et le manque criant de coordination entre sociétés et sous-traitants dont les ouvriers font face à une pression indicible, l'évènement sportif est devenu un business et une vitrine sur le plan géopolitique.
Tous les acteurs ne s'en cachent pas : Booster le chiffre d'affaires ! Tel est leur leitmotiv. La voracité capitaliste prend, sans aménité aucune, le pas sur l'idéal fédérateur et les recrues pour la circonstance sont mises à rude épreuve, filmées SVP, avec insolence lors du débriefing :
« Les gars ! demain, comme hier, réveil 3 heures du matin. On va continuer à installer les bassins artificiels pour les Athlètes et toute la panoplie destinée aux tests. On a prévu des toboggans, un agencement pour des activités au public, etc. Je compte sur vous pour être à la hauteur ? » martèle un responsable au groupe de jeunes filles et garçons en manque de sommeil, mobilisés pour un menu pécule.
En Seine Saint-Denis, comme à Paris, à l'approche de l'échéance, les ouvriers vivent une situation anxiogène. Le chantier du prolongement du tramway et du métro s'active jour et nuit, dans la douleur. Certaines Collectivités ne savent plus où donner de la tête. Itinéraires et habitudes sont bousculés.
Les coulisses des J.O, ce sont surtout les milliards d'euros à brasser sur fond les rivalités opposant les partenaires potentiels de grandes enseignes commerciales et des Assurances pour s'offrir la première loge, et partant s'assurer une Visibilité en vue de « réchauffer la marque », comme on dit dans le jargon de la concurrence.
Conscients de l'impact de l'évènementiel, le Comité Olympique propose des formules à tarifs variés aux partenaires, dont celle baptisée « Premium » à hauteur de 100 et 150 millions d'euros. Les entreprises et lesdites marques ont chacune leur part de gâteau dans le marketing sportif.
Pour gagner en notoriété, elles recourent à leur force de frappe sur un terrain où s'affrontent les mastodontes, tels que LVMH, Coca-Cola, Total Energies, Alliance... Suivront évidemment les moins influents.
Vitrine par excellence pour le monde entier, le rendez-vous olympique promeut de façon imparable la vente de produits et de services à travers la publicité mise en relief par les célébrités sportives payées grassement - comme le rugbyman Antoine Dupont - artistiques, voire politiques (L'argent n'a pas d'odeur). Dans cette course « systémique » vers l'oseille, les médias audiovisuels sont sur le pied de guerre et ne cachent pas leur jubilation quand la compétition sportive épouse les contours d'une place boursière. Ils en tirent insolemment leur épingle du jeu par la réclame facturée avec un taux de « salinité » très élevé. C'est dire l'hystérie financière qui affecte la compétition et l'engouement déclinant auprès d'un nombre considérable de citoyens (es).
La folle vente débridée des produits dérivés, témoigne du caractère cupide que revêt la manifestation internationale pluridisciplinaire.
Les multinationales comme les start-up mettent à contribution les réseaux sociaux et autres plateformes dans le souci dévorant de cibler une clientèle épandue pendant les compétitions.
Les J.O, convenons-en, restent une opportunité de gain véloce et potentiel ! Les Nations s'y affrontent loin de l'esprit effectif de fraternité fédératrice. Lever le voile sur les inimitiés, les incohérences et les impacts négatifs qui en découlent, faute de maturité, de tolérance au sein de certaines communautés, est une autre histoire.
Décidemment, notre monde ne saurait recouvrer son équilibre que dans la culture de ses paradoxes.
Les J.O ne seraient-ils pas un gage de Puissance et d'Hégémonie sur la scène internationale ?
O.H
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Réforme en éducation et mobilisation en Colombie : victoire du mouvement étudiant à l’UNAL
Nous n’avons pas les mêmes moyens d’agir pour changer les choses !

ISRAËL – Les raisons de l’état d’exception permanent
Par Yves Rochon, militant de la cause palestinienne et membre du collectif Archives Révolutionnaires
« On s’habitue à tout
Sauf à ces oiseaux de plomb
Sauf à leur haine de ce qui brille
Sauf à leur céder la place »
Paul Éluard, 1936
Alors que la guerre fait rage à Gaza, pas facile de s’y retrouver en regardant les nouvelles à la télé et en lisant les journaux. Encore moins de savoir quoi faire pour contribuer à ce que pareille folie prenne fin. Le texte qui suit ne prétend pas résoudre ces problèmes à lui seul. Il vise simplement à faire connaître un certain nombre d’événements passés et leurs soubassements économiques, trop souvent négligés à mon avis, y compris par les mouvements de solidarité avec la cause palestinienne. Évidemment, l’analyse des facteurs économiques ne saurait, à elle seule, épuiser la complexité du fait colonial israélien, mais l’ignorer nous éloignerait considérablement de certains intérêts fondamentaux qui ont créé la situation actuelle. Les principales lectures ayant alimenté ma réflexion sont mentionnées à la fin du texte.
Israël, une exception ?
Bien sûr, chaque situation sociale a ses particularités. Mais admettons qu’il n’est pas besoin d’être un expert en relations internationales pour constater qu’Israël est dans une classe à part, en particulier quant aux faveurs que lui apportent les gouvernements et les grands médias occidentaux. Donnons quelques exemples de gestes posés par les dirigeants de ce pays et pour lesquels n’importe quel autre gouvernement dans le monde aurait été condamné depuis longtemps par la supposée communauté internationale.
Des soldats sont mandatés officiellement par le gouvernement israélien pour protéger des gens qui démolissent des maisons et volent des terres appartenant à d’autres personnes, au seul motif que ces dernières ne sont pas juives. Ce même gouvernement ne donne la citoyenneté sur son territoire qu’à des personnes prouvant qu’elles sont d’ascendance juive. Il construit un mur de 600 km pour contrôler les allées et venues d’autres personnes, au seul motif (là encore) qu’elles ne sont pas juives, ou pas israéliennes, ce qui revient un peu au même dans ce cas-ci. Ou pas exactement : toute personne non palestinienne, de quelque culture soit-elle, peut aller et venir à sa guise sur le territoire d’Israël, mais pas les Palestiniens, peu importe l’endroit où ils sont nés. Toutes ces mesures de contrôle s’appliquent même si aucune frontière légale n’existe à cet endroit entre deux pays officiels, comme c’est le cas ailleurs dans le monde. C’est parce qu’il s’agit d’une occupation illégale de territoires, selon les critères établis par l’ONU et respectés partout ailleurs sur la planète.
Je ne mentionnerai pas les nombreux gestes immoraux et illégaux ayant cours à Gaza depuis l’automne 2023, puisqu’ils sont plus frais à notre mémoire. Ce genre de choses est dénoncé par la plupart des gouvernements du monde, sauf par ceux d’Amérique du Nord et d’Europe de l’Ouest. Ceux-ci, quelle que soit la tendance politique de leur gouvernement, sont des défenseurs inconditionnels d’Israël, et ce, depuis des décennies. Entre Obama, Trump et Biden, il y a bien une distinction de vocabulaire, mais le même support concret se perpétue, militaire en particulier. Idem de Mulroney à Trudeau, dans le cas du Canada, et de Mitterrand à Macron dans le cas de la France. Un pareil support est visible également dans tous les grands médias, avec plus ou moins de subtilité. Pas étonnant, dans ces circonstances, qu’une grande partie de la population des pays occidentaux accorde le bénéfice du doute aux discours et aux gestes d’Israël, dans ce qu’ils perçoivent comme une « chicane de religions » ou un conflit entre deux visions du monde antagoniques.
Les lignes qui suivent tentent de montrer que ce n’est pas le cas. La religion n’est pas la cause première du conflit, et l’exception israélienne n’est pas récente du tout. Cette dernière fonde la stratégie économique et politique occidentale dans la région depuis un siècle.

Source : Monde diplomatique
De l’Empire ottoman au mandat britannique
Entre les XVIe et XXe siècles, la Palestine était une des nombreuses régions faisant partie de l’Empire ottoman. Une grande portion de sa population avait certaines caractéristiques culturelles communes avec les autres groupes intégrés à cet empire. Parmi ces caractéristiques communes se trouvaient la langue arabe et la religion musulmane. Mais d’autres segments des populations de ce territoire avaient des antécédents culturels différents, au point d’y avoir parfois fondé des villes et des villages distincts, incluant des lieux spécifiques de rassemblement et de culte pour leurs membres. C’était le cas de certaines communautés de tradition chrétienne ainsi que d’autres, de tradition juive.
Plusieurs récits historiques existent au sujet de la genèse de cette communauté juive. Mais si l’on met de côté les récits ayant une justification strictement religieuse, puis ceux que le mouvement sioniste créera plus tard pour des raisons dont nous reparlerons, l’histoire de cette communauté n’avait jusque-là rien d’exceptionnel : de tout temps et sur tous les continents, il avait existé et il existait encore à cette période des centaines de petites communautés ayant une langue et des rites différents de ceux des communautés voisines. Sur tous les continents, à ce que nous en disent les anthropologues, il s’était produit des exodes de plusieurs de ces communautés, provoqués soit par des causes économiques (pénuries alimentaires, catastrophes naturelles ou autres), soit par des expulsions dues à des voisins mieux armés, soit pour fuir des guerres qui ne les concernaient pas directement.
Dans le cas de la communauté juive, de tels facteurs ont contribué à provoquer des épisodes de départs collectifs de plusieurs de ses membres vers divers endroits, d’abord dans l’ancien Empire romain, puis dans les royaumes médiévaux de l’Afrique du Nord ou de l’Europe de l’Ouest et, plus tard, vers l’Europe de l’Est où existaient alors les empires austro-hongrois et tsariste. Au Moyen Âge, la diaspora juive se heurtait à de très fortes discriminations dans les royaumes chrétiens. L’antisémitisme trouvait ses racines profondes dans l’antijudaïsme véhiculé par le christianisme qui, parmi un certain nombre d’arguments scolastiques, accusait les membres de la communauté juive d’être responsables de la crucifixion du Messie. En raison de ce dogme religieux, les juifs étaient, en Europe chrétienne, exclus de la plupart des activités économiques : on leur interdisait de constituer des guildes et des corporations de métier, et des décrets – comme les Conciles de Latran (1123 et 1215) en France – leur restreignaient l’accès à la propriété de la terre. Alors que la papauté condamnait la pratique de l’usure pour les chrétiens, les juifs n’étaient, en revanche, pas soumis à cette contrainte. Les activités commerciales et bancaires sont donc rapidement apparues comme les seuls secteurs économiques viables pouvant être exercés par les juifs européens. L’antijudaïsme chrétien, au-delà de l’exclusion structurelle des juifs, s’exprimait aussi sous des formes de persécution directe. L’inquisition espagnole, par les voies de la menace, de la torture et des pogroms, a forcé la conversion des juifs au christianisme, avant d’ordonner leur expulsion du territoire quelques années plus tard avec le décret de l’Alhambra de 1492. L’inquisition a marqué un tournant décisif : la conversion des juifs est dès lors considérée impossible en raison d’une supposée « impureté » de leur sang. Cette caractéristique raciale a été renforcée par l’idéologie du racisme scientifique du XIXe siècle, émergeant dans un monde colonial en quête de légitimation dans le domaine de la science. L’antisémitisme a progressivement convergé avec une vision pseudoscientifique, permettant l’identification des juifs, non plus simplement comme un peuple pratiquant une « religion impie », mais aussi comme d’une « race inférieure ». Et cela, bien avant que le nazisme allemand n’en fasse un de ses canalisateurs de foules… Des gouvernements de pays qui se targuent aujourd’hui de pourfendre l’antisémitisme, tels que ceux de France et d’Angleterre, ont alors encouragé presque officiellement les comportements antisémites de leurs citoyens et ont, durant la même période, refusé d’accueillir les Juifs qui fuyaient l’Europe de l’Est, là où cet antisémitisme était encore plus généralisé et cruel.
Cartes de la Palestine entre 1920 et 2000
Source : Monde diplomatique
Capitalisme britannique et pétrole moyen-oriental (années 1920-1950)
Dans les années 1920-1930, plusieurs nations commencent à obtenir le statut d’État indépendant, alors que plusieurs autres demeurent des colonies (surtout en Asie et en Afrique). La Palestine se retrouve dans cette deuxième catégorie. La grogne se répand dans les pays du Sud et le risque que l’exemple du bolchévisme russe s’y propage devient trop important aux yeux des élites économiques européennes. Le nouveau défi des capitalistes est donc le suivant : comment contrôler l’extraction des ressources premières dont ils ont besoin, mais sans que cela ne paraisse trop ouvertement ? Plusieurs formules sont expérimentées, dont certaines existent encore aujourd’hui : corruption, dictatures, manipulation d’élections… Mais, dans un premier temps, cela allait passer par la répartition des zones d’influence et par la création de pays officiellement indépendants les uns des autres, ainsi que de leurs anciens conquérants, du moins en apparence. De nouvelles frontières sont dessinées, y compris dans la région située à l’est de la Méditerranée, qui prendra l’appellation de Moyen-Orient. La plupart de ces nouveaux territoires sont placés sous mandat européen, sans consulter les populations locales. L’avis du peuple n’était pas non plus demandé ailleurs sur la planète lorsque pareilles subdivisions apparaissaient, mais ce sera encore moins le cas pour les populations jusque-là chapeautées par l’Empire ottoman. En effet, ce dernier avait commis l’erreur de choisir l’Allemagne comme allié durant la Première Guerre mondiale et se retrouvait donc parmi les perdants. Les nouvelles frontières à l’intérieur de cet ancien empire, de même que le nouveau mode de gouvernance qui y prévaudra, puis le choix des nouveaux dirigeants en remplacement des anciens « gouverneurs de Sa Majesté », tout cela est décidé lors de réunions entre le premier ministre anglais et le président français, vainqueurs de la guerre, ou entre banquiers lors de parties de poker[1]. Le cycle de décolonisation qui s’ouvre lors de la période suivante modifiera les relations impériales qui unissent l’Europe au Moyen-Orient, où les déclarations d’indépendance se multiplient (Arabie Saoudite, 1932 ; Liban, 1943 ; Syrie, 1946 ; Jordanie, 1946 ; Irak, 1958).
Contrairement à ce que de nombreux acteurs sociaux et politiques de la région s’attendaient, le territoire désigné traditionnellement du nom de Palestine ne devient pas un pays à ce moment-là. Ce territoire reste dans les limbes du concert des Nations. Il restera dans ce flou de 1922 jusqu’à la création de l’État israélien en 1948, en étant désigné comme territoire « sous mandat britannique supervisé par la Société des Nations » (ancêtre de l’ONU). Pourquoi en a-t-il été ainsi ? Le pétrole devient alors le nouveau moteur du capitalisme. Les industriels en ont besoin pour produire davantage de marchandises, pour les faire circuler et pour les faire consommer. Ils envoient leurs prospecteurs partout où la rumeur court qu’il se trouve du pétrole, ainsi que cela s’était fait pour l’or quelques siècles auparavant. Les agents commerciaux leur apprennent que le sous-sol du Moyen-Orient recèle beaucoup de ce pétrole, de bonne qualité et pas trop compliqué à extraire. Se constituent alors en Angleterre et aux Pays-Bas les premières compagnies spécialisées dans l’extraction et le raffinage du pétrole. Elles seront rejointes, quelques décennies plus tard, par des compagnies allemandes, françaises et américaines.
Or, s’il ne se trouve pas de pétrole dans le sous-sol du territoire de la Palestine comme tel, (du moins pas en quantité suffisamment importante selon l’avis des prospecteurs) les capitalistes et les politiciens anglais ne prennent pas beaucoup de temps pour réaliser que cet endroit est névralgique afin d’assurer son acheminement une fois qu’il est extrait des puits situés à l’est. Une compagnie comme la British Petroleum (BP), par exemple, veut s’assurer que le canal de Suez, qu’elle a fait creuser quelques années auparavant dans le cadre d’un partenariat anglo-français, sera bien protégé. C’est en effet le chemin le plus direct, donc le moins coûteux, pour transporter « son » pétrole vers l’Europe et l’Amérique du Nord. La British Petroleum, mais également les compagnies qui lui sont à la fois concurrentes et alliées, telles la Standard Oil et Shell, veulent s’assurer que ce canal ne servira jamais d’objet de chantage de la part de mouvements d’autonomie locaux, qu’ils soient panarabes, communistes ou autres. Le dilemme de ces compagnies est de trouver un moyen de protéger leur pétrole tout au long du trajet qu’il parcoure sur mer, mais également sur terre (par des oléoducs, des trains ou d’autres moyens). Elles cherchent à faire cela sans revenir au « protectorat », une formule alors en voie d’être dépassée sur le plan diplomatique et social.
Pendant que les dirigeants de ces compagnies de pétrole, ainsi que leurs fidèles serviteurs au sein du gouvernement britannique, cherchent ardemment comment gérer ce dilemme, une occasion se présente à eux : le mouvement sioniste. D’où est venu ce mouvement, pourquoi est-il resté si peu influent, y compris parmi les juifs européens eux-mêmes, durant ses premières années de formation, à la fin du XIXe siècle, et pourquoi l’est-il devenu tout à coup quelques années plus tard, à compter de la décennie 1920 ? Réponse : parce que les propriétaires des compagnies de pétrole et leurs politiciens de service ont choisi de cautionner ce projet politiquement et diplomatiquement risqué, qui était celui de créer de toutes pièces un « foyer national juif » sur un territoire où des gens vivaient déjà, situé au cœur d’une région dont les populations, à majorité musulmane, étaient fragilisées par les perturbations récentes qu’elles venaient de subir suite à la dissolution de l’Empire ottoman[2]. Ce projet était également jugé risqué par le modèle qu’il prônait : donner en exclusivité un territoire à une communauté au seul motif qu’il s’agissait de ses terres ancestrales. En effet, le pari des nations occidentales d’appuyer le mouvement sioniste impliquait le risque de voir d’autres mouvements de réclamation territoriale s’affirmer.
Malgré de nombreuses hésitations, les politiciens et les capitalistes britanniques vont finalement de l’avant, car ils ont besoin d’un allié fidèle (Israël) au Moyen-Orient. Ils font un accord avec le mouvement sioniste de l’ordre suivant : « Vous allez nous aider à faire de l’argent avec le pétrole des régions qui entourent la Palestine et nous allons vous aider à faire de l’argent avec le territoire de la Palestine lui-même. À y faire de l’argent en volant les terres des gens qui y habitent, ainsi qu’en finançant les voyages de Juifs d’Europe jusqu’à ces terres pour leur donner. Et même en créant officiellement un nouveau pays, pourquoi pas ! Un pays dont vous ferez bien ce que vous voulez à l’interne, pourvu que ce soit nous autres, depuis nos bureaux de Londres et de New York, qui aient le dernier mot sur ce que vous faites à l’extérieur. Cela nous permettra de garder un pied solide dans la région sans pour autant nous faire accuser de colonialisme – comme c’est le cas de la Palestine mandataire jusqu’en 1948 –, puisque ce projet de nouveau pays ne sera pas sous l’égide d’une puissance impériale, ni impérialiste (ce terme qui commence alors à se propager dangereusement…), mais plutôt sous l’égide d’une minorité ayant elle-même été victime d’oppression dans le passé. Nous dirons donc que nous supportons votre projet au nom d’une décolonisation, en quelque sorte. » C’était les grandes lignes de l’idée.
Ce projet du mouvement sioniste tombait également au bon moment pour une autre raison. Il permettait aux capitalistes et aux politiciens des pays d’Europe d’espérer résoudre du même coup un autre « problème », soit ce qu’on désignait comme la « question juive ». En effet, autant les gouvernements occidentaux que leur société civile ont fait preuve d’un antisémitisme virulent, et ce même après la Shoah. Réalité trop peu connue, les pays occidentaux ont systématiquement refusé d’accueillir chez eux les victimes d’antisémitisme, alors qu’il s’agissait pourtant d’une demande claire portées par celles-ci. On peut facilement imaginer que ces Juifs et ces Juives auraient préféré continuer à vivre dans leurs villages et quartiers d’avant la Deuxième Guerre mondiale (dans la mesure où les gouvernements auraient garanti leur sécurité), plutôt que de déménager dans un endroit aussi éloigné de leurs repères sociaux que pouvait l’être la Palestine, où le seul avantage réel était qu’on leur garantissait des terres et des maisons, tout en leur faisant croire que personne ne s’y trouvait déjà. Voici donc quelques chiffres méconnus à ce sujet :
« … La démographie de la Palestine allait changer radicalement dans les années 1930. La montée au pouvoir des nazis en Allemagne a entraîné une augmentation spectaculaire du nombre de Juifs fuyant les persécutions. Malgré les appels à l’aide, pas un seul pays du monde occidental, grand ou petit, n’a montré le moindre enthousiasme à accueillir ces gens. La seule porte qui leur était offerte était bien souvent celle de se rendre en Palestine.
… Jusqu’en mars 1939, seuls 19 000 réfugiés juifs furent autorisés à entrer en Grande-Bretagne. Le bilan de certains des plus grands pays du monde était tout aussi mauvais : les États-Unis en 1935 ont accueilli 6 252 immigrants juifs, l’Argentine 3 159, le Brésil 1 758, l’Afrique du Sud 1 078 et le Canada 624 (!). La même année, le nombre d’immigrants juifs légaux en Palestine était de 61 854.
… Entre 1922 et 1931, les immigrants juifs sur le territoire palestinien ont augmenté de 110 pour cent.
… Pendant ce temps, le désir britannique de maintenir une position hégémonique sur le territoire de la Palestine restait plus déterminé que jamais. Le souci d’assurer un passage sécuritaire de leurs navires vers l’Inde, ajouté à la découverte récente de pétrole en Irak et ailleurs dans la région, avait convaincu des capitalistes britanniques et le gouvernement Whitehall de cette période de considérer ce territoire comme étant d’une importance majeure dans ses plans impériaux ».[3]
Les antisémites occidentaux semblent ainsi partager le même constat que les sionistes : la cohabitation entre la communauté juive et chrétienne serait supposément « impossible » en Europe, d’où l’importance d’un État juif séparé.

Source : Statista
Du pétrole à la militarisation (années 1950-2000)
La période qui suit est marquée, dans la région, par le même enjeu économique central que la précédente : celui du pétrole. Mais, progressivement, il s’en ajoute un nouveau, celui du marché des armes. Dans ces deux secteurs industriels cruciaux, comme en de nombreux autres, on constate une montée en flèche de compagnies basées aux États-Unis plutôt qu’en Europe, comme c’était le cas auparavant. Sur le plan démographique, la période est marquée par l’arrivée massive d’immigrants juifs européens en terre palestinienne. Sur le plan politique, elle l’est par la création d’un nouvel État, celui d’Israël. Enfin, sur le plan social, ce sont les répercussions de ces deux derniers événements sur les Palestiniens et les Palestiniennes qui frappent le plus. Commençons par l’aspect économique, puisque c’est l’objet principal de notre papier et parce qu’il s’agit de celui qui est le plus caché dans les récits historiques sur la Palestine et sur Israël, centrés principalement sur ses aspects moraux.
Premier fait marquant : la part des États-Unis dans la production de pétrole au Moyen-Orient passe de 14 % en 1938 à un peu plus de 55 % en 1948. Cette proportion ira en augmentant sans cesse jusqu’à ce qu’on appelle le « choc pétrolier » de 1973. En quoi le comportement des capitalistes américains renforce-t-il le caractère exceptionnel d’Israël ?En quoi en fait-il un cas de plus en plus particulier sur l’échiquier mondial ? Contrairement à l’attitude de « flexibilité pragmatique » adoptée ailleurs dans le monde, dans le cas de l’enjeu Israël-Palestine, les compagnies américaines (et leur gouvernement) ne dérogent jamais de leur objectif prioritaire initial, quels que soient les risques de perturbation dans la région. Cela est aussi vrai, peu importe qui sont les politiciens en place à Washington et à Tel-Aviv, copié par les gouvernements au Canada, dans les pays européens et en Océanie. L’objectif demeure le même que celui des Britanniques au début du siècle : assurer le transport du pétrole vers la Méditerranée en toutes circonstances.
Un mot sur la nouvelle répartition des tâches qui s’instaure entre les compagnies étrangères et la nouvelle bourgeoisie arabe des pays riches en pétrole, ainsi qu’avec la bourgeoisie qui s’installe graduellement en Israël. Cette division des tâches pourrait se résumer ainsi : les élites arabes assurent l’extraction du pétrole et elles font ce qu’elles veulent avec l’argent tiré de sa revente aux compagnies. Ces dernières, en revanche, contrôlent les décisions et les profits relatifs au transport, au raffinage et à la distribution du pétrole en produits finis (essence pour véhicules routiers, combustion servant à alimenter des usines en chauffage et machineries, ou autres). Quant à la bourgeoisie israélienne, son mandat est en quelque sorte d’être le douanier de ce transport : s’assurer que rien n’empêche les oléoducs et les trains d’acheminer le pétrole jusqu’aux côtes de la Méditerranée et via le canal de Suez. Pour ce faire, la bourgeoisie israélienne a besoin de latitude, y compris celle de provoquer régulièrement des conflits armés. Cela se traduit par de nombreuses guerres, certaines à l’occasion de tentatives par des pays arabes de poursuivre leur décolonisation, d’autres lors de tentatives des Palestiniens de résister à l’occupation israélienne. D’autres encore sont déclenchées à l’initiative d’Israël lui-même, par exemple avec la décision arbitraire de répartir la population palestinienne en deux territoires, la Cisjordanie et Gaza, avec une bande de terre israélienne entre les deux. Sans compter l’appui économique et militaire accordé aux colons israéliens pour démolir des maisons palestiniennes et accaparer leurs terres, y compris sur des territoires prévus pour constituer un État palestinien dans la résolution de l’ONU de 1947. Nous ne décrirons pas ici tous ces épisodes de violence, ce serait trop long. Nous allons seulement en énumérer quelques-uns pour en donner un aperçu :
- 1937-1939 : Un soulèvement populaire de cultivateurs palestiniens qui s’opposent au pillage de leurs terres est réprimé à la fois par des milices sionistes et par l’armée britannique, laquelle essaie de retarder son départ du territoire devant l’impatience des colons juifs récemment débarqués d’Europe, mais sans risquer une quelconque emprise arabe sur le trafic pétrolier dans la région. Il y aura au moins 20 000 morts palestiniens.
- 1946 : Des milices sionistes s’impatientent et, pour accélérer la prise de possession des terres palestiniennes, s’en prennent aux militaires britanniques qui sont encore en place. En conséquence, le Royaume-Uni rapatrie ses dernières troupes, s’étant vu retirer par l’ONU (et donc par le gouvernement américain qui en a pris le contrôle) le mandat qu’il s’était vu confier dans les années 1930 pour essayer de trouver une sortie honorable à ce fouillis, qu’il avait lui-même initié en cautionnant le mouvement sioniste par sa célèbre Déclaration Balfour.
- 1947 : Suite aux pressions de la part des États-Unis, en particulier à l’égard des pays du Sud qui y ont droit de vote, l’Assemblée générale de l’ONU adopte une proposition de partage du territoire palestinien entre deux nouveaux États. Israël doit en prendre possession à 56 %, dont les terres les plus fertiles, pendant qu’un État palestinien aurait à gérer les populations arabes majoritaires sur l’autre 44 % du territoire. Les représentants politiques palestiniens, ainsi que les pays arabes avoisinants refusent cette option. Des Palestiniens expriment leur refus dans les rues avec le peu d’armes dont ils disposent. Ils ne font pas le poids face aux anciennes milices sionistes, devenues une armée structurée et bien équipée. Pas plus que ne font le poids les pays arabes qui ont osé voter contre cette résolution à l’ONU. Le résultat de cette courte guerre est qu’Israël promulgue une répartition encore plus inéquitable que celle suggérée par l’ONU : 78 % du territoire relèvera de lui, au lieu du 55 % prévu. Il ne reste aux Palestiniens que la Cisjordanie et Gaza. Après la guerre, Israël mène une (autre) opération militaire, qu’on désigne depuis du nom de « Nakba ». Selon les estimations de la nouvelle génération d’historiens ayant fouillé le sujet depuis vingt ans, plus de 800 000 membres de familles palestiniennes sont expulsés de leurs maisons et de leurs villages, pour se retrouver ensuite dans des camps de réfugiés, soit dans les pays avoisinants, soit en Cisjordanie ou à Gaza[4].
Les autres épisodes guerriers les plus spectaculaires ont été les suivants :
- 1956 : La guerre dite du « canal de Suez ». Cet épisode maintient la nationalisation de ce canal promulguée par le gouvernement Nasser en Égypte, mais n’entraîne aucun recul israélien sur l’enjeu de la Palestine. La même année, la France vend un réacteur nucléaire à Israël…
- 1967 : La guerre dite « des Six jours ». Bombardements massifs de l’armée israélienne sur des villes égyptiennes et syriennes. Ces bombardements sont dits préventifs en raison de la montée du nationalisme panarabe au Moyen-Orient et de ses implications éventuelles sur l’avenir de la Palestine. Conséquences pratiques de cette démonstration de forces israéliennes : deux régions supplémentaires sont annexées par Israël, soit le Golan et la péninsule du Sinaï, malgré le fait qu’elles appartenaient jusque-là à deux États souverains et membres de l’ONU, en l’occurrence la Syrie et l’Égypte. Tout l’Occident applaudit que son batailleur sportif préféré ait donné un aussi bon spectacle…
- 1978 : Première invasion du Liban, au motif d’y « démanteler l’infrastructure des terroristes qui s’y seraient cachés » (cela vous rappelle-t-il une ligne des articles de journaux québécois actuels ?). Des milliers de civils libanais et palestiniens sont tués, notamment dans les camps de réfugiés supervisés par l’ONU.
- 1982 : Deuxième invasion du Liban, encore plus sanglante et plus étendue que la première.
Depuis ce temps, l’action militaire d’Israël se déploie avec moins d’ampleur dans les pays environnants, ceux-ci ne se hasardant pas à des gestes militaires d’envergure, sachant très bien qu’ils ne sont « pas de taille » en la matière. Certains cherchent à l’occasion une manière d’aider les Palestiniens sans provoquer un désastre au sein de leur propre population, comme au Liban. Ainsi, l’action militaire israélienne a surtout suivi deux modes d’emploi depuis ce temps : provoquer régulièrement et par toutes sortes de moyens des confrontations violentes avec les Palestiniens qui habitent encore le territoire (en l’occurrence à Gaza, en Cisjordanie et à Jérusalem) et devenir une plaque tournante du marché mondial des armes, notamment en testant ses innovations technologiques sur la population palestinienne. À ce sujet, il faut mentionner l’évolution de l’approvisionnement de l’armée israélienne, des années 1940 aux années 1980. D’abord, cet approvisionnement n’a cessé de croître durant cette séquence. Ensuite, il a changé de fournisseur principal : les compagnies américaines ont pris la relève des marchands d’armes britanniques (sans compter la vente discrète par la France de réacteurs nucléaires). Aussi, bien qu’il s’agisse a priori de deux domaines économiques distincts, le marché du pétrole et celui des armes ont un certain nombre d’objectifs communs, dont celui de faire « rouler l’économie ». Sans compter que pour garantir l’acheminement du pétrole, vaut mieux avoir un allié surarmé dans la région. Il est donc normal qu’il se soit développé des atomes crochus entre ces deux secteurs, y compris dans la composition des conseils d’administration de leurs compagnies.
Rappelons que, durant la période d’expansion du mouvement sioniste et de la consolidation d’Israël, il y a eu des résistances de la population palestinienne. Celle-ci a pris plusieurs formes, aussi bien politiques que diplomatiques et militaires, collectives (telles les intifada) ou individuelles (comme les attentats suicides). Les appels au soutien étranger ont pris la forme de tentatives de négociation diplomatique avec l’aide de tiers (accords d’Oslo et autres), la voie juridique (résolutions de l’ONU, tribunal international et autres), ou l’appel au boycottage international des produits israéliens, inspiré du modèle ayant porté fruit auparavant contre l’Afrique du Sud ségrégationniste. Bref, s’il y a eu de nombreuses exceptions historiques dans le conflit Israël / Palestine, celle du manque de résistance et d’imagination de la part des opprimés n’en est pas une. Non plus d’ailleurs que les nombreux gestes de solidarité posés par des milliers de gens à travers le monde. Cependant, tout cela n’a jusqu’à présent rien changé à la situation de fond, il faut bien le reconnaître en cet été 2024.

Le XXIe siècle, la fuite vers l’avant meurtrière
Ce que nous désignons comme la troisième période de l’évolution du projet israélien, qui va grosso modo de la décennie 2000 à aujourd’hui, est caractérisée par deux nouvelles exceptions (ou plutôt par l’intensification spectaculaire de ces exceptions qui avaient germé durant les périodes précédentes). Il s’agit d’abord de la complaisance absolue des gouvernements d’Europe de l’Ouest et d’Amérique du Nord envers celui d’Israël. Il s’agit ensuite du rôle majeur joué par les entreprises et gouvernements israéliens dans le cycle de fabrication et de distribution de matériel militaire à travers le monde. Sur ce dernier volet, citons une des rares études qui s’y attarde. Cela aide à comprendre comment et pourquoi l’armée d’un petit pays comme Israël arrive à disposer de suffisamment de matériel militaire pour détruire Gaza au complet en six mois.
« L’économie israélienne a connu deux vagues de restructuration durant son intégration graduelle au capitalisme mondial. La première, dans les années 1980 et 1990, a vu la transition d’une économie agricole et industrielle traditionnelle vers une économie basée sur les technologies de l’information et de la communication (TIC) : télécommunications de pointe, technologie du web et autres. Tel-Aviv et Haïfa sont devenus les « avant-postes moyen-orientaux » de la Silicon Valley. En 2000, 15 % du PIB israélien et la moitié de ses exportations provenaient du secteur de la haute technologie. Puis, à partir de 2001, et plus particulièrement à la suite de l’effondrement de la bulle Internet et de la récession mondiale de 2000, suivis des événements du 11 septembre 2001 et de la militarisation rapide de la politique mondiale, Israël a connu une nouvelle évolution vers un complexe mondial de technologies militaires, de sécurité, de renseignement, de surveillance et de « lutte contre le terrorisme ». Les entreprises technologiques israéliennes ont été les pionnières de l’industrie dite de la sécurité intérieure. En effet, Israël s’est mondialisé spécifiquement par la militarisation high-tech de son économie. Les instituts d’exportation israéliens estiment qu’en 2007, quelque 350 sociétés transnationales israéliennes se consacraient aux systèmes de sécurité, de renseignement et de contrôle social, lesquelles sont encore aujourd’hui au centre de l’économie israélienne, et de sa politique il va sans dire.
Dans le domaine de la défense, les exportations du pays ont atteint un niveau record de 3,4 milliards de dollars en 2006 (comparativement à 1,6 milliard en 1992). Israël est donc le quatrième marchand d’armes en importance au monde. À ce chapitre, le pays dépasse même le Royaume-Uni. Israël a plus de titres technologiques cotés au NASDAQ que tout autre pays étranger, une grande partie de ces titres étant rattachés au domaine de la sécurité. Il détient davantage de brevets technologiques inscrits aux États-Unis que la Chine et l’Inde réunies. Son secteur de la technologie, axée en grande partie sur la sécurité, compte aujourd’hui pour 60 % de ses exportations.
En d’autres termes, l’économie israélienne en est venue à se nourrir de la violence, des conflits et des inégalités aux niveaux local, régional et mondial. Ses plus grandes entreprises sont devenues dépendantes de la guerre et des conflits en Palestine, au Moyen-Orient et dans le monde. Elles les initient et soufflent sur ces conflits par leur influence sur le système politique et sur l’État israélien.[5]
Voilà qui devrait être suffisant, me semble-t-il, pour inciter nos faiseurs d’opinions, au Québec comme ailleurs, à fouiller cette piste d’explication sur ce qui se passe actuellement à Gaza, plutôt que celle d’un complot international sous la gouverne de quelques fanatiques de Mahomet. Ce marché des armes, tout comme celui de tous les autres secteurs économiques à travers le monde, est de plus en plus centralisé entre les mains d’un très petit nombre de corporations gigantesques, dont l’organigramme est tellement complexe qu’il devient impossible de savoir qui y prend les décisions sur tel ou tel aspect. Chose certaine, nous n’en sommes plus à l’époque où c’est un monsieur qui inventait ce matériel dans son garage ou dans son sous-sol ! Les noms de ces compagnies de mort sont connus. Il faut cependant prendre avec un grain de sel les drapeaux qui accompagnent ces noms : une compagnie comme Lockheed, la première en haut de la liste, inclut deux citoyens britanniques sur son conseil d’administration, un milliardaire mexicain, un Canadien et six Américains, sans compter que ses investisseurs principaux sont une banque chinoise, une pétrolière nationalisée du Qatar et un fonds de pension québécois… Mais cela serait le sujet d’un autre dossier, que nous laissons à d’autres la tâche de fouiller.
Principaux pays exportateurs d’armes majeures de 2017 à 2021
Pays | % des exportations mondiales |
États-Unis | 39 |
Russie | 19 |
France | 11 |
Chine | 4,6 |
Allemagne | 4,5 |
Italie | 3,1 |
Royaume-Uni | 2,9 |
Corée du Sud | 2,8 |
Espagne | 2,5 |
Israël | 2,4 |
Quel est donc le rôle spécifique de l’État et de l’armée israélienne dans ce processus, dans les gestes quotidiens posés par ces compagnies ? L’hypothèse la plus plausible est la suivante : celui de servir de sous-traitant pour tester l’armement, en l’occurrence sur la population palestinienne, mais également pour servir de distributeurs en gros de ce matériel militaire vers d’autres armées dans le monde. Bref, Israël est devenu, ces dernières décennies, une sorte d’entrepôt Amazon pour les compagnies transnationales d’armes. D’où la consigne qui est aujourd’hui donnée, pour ne pas dire imposée, aux gouvernements des pays où habitent la majorité des actionnaires de ces compagnies (dont nous, petits Québécois) : n’empêchez pas Israël, sous aucun prétexte, de réaliser son mandat crucial et particulier à l’intérieur de cette chaîne de montage et de profits que constitue le marché contemporain des armes. Vous pouvez chicaner Israël de temps à autre, oui, mais ne l’empêchez jamais d’agir dans le cadre de cette mission, laquelle se situe bien au-delà de la « défense de la démocratie et de celle de population d’Israël ». Ceci dit, une grande partie de la population israélienne profite de ce deal, tout comme les partisans du mouvement sioniste l’ont fait au XXe siècle[6].
Quant à l’enjeu du pétrole, il continue d’être déterminant pour tout ce qui se passe dans cette région. Malgré les appels lancés pour stopper la consommation de ce produit (pourtant l’une des sources les plus importantes de la crise écologique, comme tout le monde sait), sa production mondiale massive se poursuit et près du tiers de cette production provient toujours du Moyen-Orient[7]. Du pétrole aux armes pour défendre le pétrole à la guerre permanente pour vendre des armes, l’économie de mort a toujours de beaux jours devant elle en Israël.

Source : Monde Diplomatique
Pour (ne pas) conclure
Ce qui se passe actuellement en Palestine occupée a peu à voir avec la religion, une dette morale datant de millénaires ou des camps de concentration nazis, une chicane de clôture entre voisins ou d’une divergence philosophique du genre « ma civilisation est meilleure que la tienne ». L’explication est plutôt à chercher du côté de l’argent qu’il y avait et qu’il y a toujours à faire, dans cette région du monde, pour les compagnies pétrolières et pour celles qui fabriquent des armes. Ceux qui entretiennent la catastrophe sont les richissimes de la planète, mais également une partie d’entre nous qui habitons dans les pays européens et d’Amérique du Nord, notamment via nos fonds de pension et de placements, aussi involontaire cette complicité soit-elle. Si c’est le cas, il reste à trouver comment nous pouvons concourir à ce que cela cesse au plus sacrant. Que faire pour mettre fin à la machine de guerre israélienne, pour contribuer à la libération du peuple palestinien ? Ce sera l’objet d’autres échanges. Pour l’instant, je me contente de lancer les pistes suivantes :
- Chercher à priver Israël de matériel militaire futur, et ce le plus rapidement possible, pour contribuer à égaliser le rapport de forces. Cette égalisation du rapport de forces est la condition première pour que Palestiniens et Israéliens trouvent un terrain d’entente. L’option d’augmenter la capacité militaire des Palestiniens étant exclue pour toutes sortes de raisons, morales mais également pratiques, il ne reste que celle de faire diminuer le matériel de mort dont dispose Israël. De lui retirer ce privilège majeur, exceptionnel, que les bourgeoisies occidentales lui ont accordé avec le temps.
- Ici, au Québec, en 2024, notre plus importante, quoique modeste contribution à ce mouvement, serait à mon avis de faire en sorte que nos fonds de pension, qui financent cette production d’armes israéliennes, arrêtent cette complicité dès maintenant.
Repères statistiques
- Population palestinienne estimée, en 2023 : Cisjordanie, 2,8 millions ; Gaza, 2,2 millions ; en territoire israélien, 1,7 million ; dans des camps de réfugiés de pays avoisinants ou dispersés ailleurs dans le monde, contre leur gré ; 7,2 millions.
- Population juive israélienne : 7,1 millions. Population juive ailleurs dans le monde, mais ayant le droit de devenir citoyen israélien sans autre condition qu’une preuve d’ancêtres juifs : 7 millions.
- Revenu moyen des citoyens israéliens d’origine juive : 54 111 $
- Revenu moyen des Palestiniens vivant en Cisjordanie, à Gaza ou en Israël : 3 514 $
- Nombre de colons israéliens vivant actuellement dans ce qui est considéré, même par l’ONU, comme des terrains appartenant légalement à des Palestiniens : 700 000[8]
Références
BENSOUSSAN, Georges. Les origines du conflit israélo-arabe (1870-1950), Paris, Presses universitaires de France, 2023.
BOUCHÉ, Jean-Pierre. Palestine, plus d’un siècle de dépossession, Hœnheim, Scribest, 2017.
CHOMSKY, Noam et Ilan PAPPÉ. Palestine, Montréal, Écosociété, 2014.
DUPREY, Élie. « Judéité, sionisme, colonialisme : sur une cécité », 22 décembre 2023, sur Contretemps (en ligne) : https://www.contretemps.eu/judeite-sionisme-colonialisme-cecite/
PAPPÉ, Ilan. Une terre pour deux peuples, Paris, Fafard, 2014.
PAPPÉ, Ilan. « Il fait sombre avant l’aube, mais le colonialisme israélien touche à sa fin », 27 février 2024, sur Contretemps (en ligne) : https://www.contretemps.eu/colonialisme-israel-sionisme-palestine-pappe/
REGAN, Bernard. The Balfour Declaration: Empire, the Mandate and Resistance in Palestine, New York, Verso, 2018.
ROBINSON, William. « La structure économique d’Israël derrière sa politique de colonisation », 31 octobre 2023, sur Presse-toi à gauche (en ligne) : https://www.pressegauche.org/La-structure-economique-d-Israel-derriere-sa-politique-de-colonisation
TONOLLI, Frédéric. L’inavouable histoire du pétrole, Paris, Éditions de la Martinière, 2012.
Notes
[1] Voir à ce sujet le premier chapitre de l’excellent livre de Bernard Regan, mentionné à la fin de ce texte.
[2] Sur les hésitations occidentales à endosser le projet sioniste, voir les documents d’archives cités dans le livre de Bernard Regan, plus particulièrement dans les chapitres 5 et 6.
[3] Il s’agit d’extraits du livre de Regan, The Balfour Declaration, qui se trouvent à la page 188 (ma traduction).
[4] Voir en particulier le livre d’Ilan Pappé, Une histoire pour deux peuples, mentionné en référence.
[5] Extraits du texte de William Robinson mentionné dans les références.
[6] Les chiffres sur les revenus mentionnés dans la section « repères démographiques » indiquent clairement cela.
[7] Voir notamment le site Internet suivant : https://www.hgsempai.fr/atelier/?p=4696
[8] Ces données sont celles publiées par la revue française Manière de Voir, dans le numéro de février 2024.

Dans les crocs de l’exrême droite !
Le populisme assène un K.O à la Démocratie ! Accaparé par la crise ukrainienne et l'agenda européen, Emmanuel a laissé le champ libre aux ultras du RN de promouvoir leur idéologie, paradant dans Paris avec des tenues nazies. La lame de fond frappera la Gauche de plein fouet. Bardella savoure les 34% du premier tour.
De Paris, Omar HADDADOU
Coup de tonnerre ! Séisme électoral ! Point de bascule ! L'Extrême Droite est en tête dans plusieurs pays européens dont la France qui voit ses valeurs républicaines s'étioler, cédant la place au néofascisme, haineux de l'autre.
Les résultats de ce premier tour des Législatives 2024 donnent des sueurs froides.
La Démocratie risque de se voir obligée de se signer une dernière fois : Le Rassemblement National (RN) de Bardella et Marine le Pen est crédité de 34 % des intentions de vote. Talonné par le Nouveau Front Populaire Divers Gauche 29,6 %, Ensemble et Divers 22,4 %, les Républicains Divers Droite de 10 %, Autres 3,8 %. A noter que 39 Députés (es) RN et ses alliés, en phase d'obtenir la majorité, sont élus dès le premier tour, contre 32 de la Gauche (NFP).Fait marquant de cette échéance, le taux d'abstention historique à hauteur de 66, 71 %. Du jamais vu depuis 40 ans dans la Vème République.
Des figures du Macronisme sont battus, y compris à Paris !Fédéraliste, Européen invétéré, le Président sortant a laissé un espace libre à la dynamique RN
De 2017 à 2023, on est passé d'une variable à une autre où le chef de l'Etat se complaisait à se valoriser et dans le même temps à s'inscrire dans la politique ancienne qui a précarisé davantage la France.
Aujourd'hui, le pays est entré dans une phase chaotique. Le Président, a beau lancer un cri d'alarme exhortant les Français (es) à aller aux urnes en masses, il reste discrédité. Catastrophé, il tente de circonscrire les flammes qui lèchent les fenêtres de la République. Conscient de sa bévue, il entreprend de crier haro sur le péril RN, ameutant toutes les forces politiques y compris l'ancien Président François Hollande, le Nouveau Front Populaire comme fer de lance, les Syndicats et les Artistes.
C'est un moment fort de l'Histoire française, empreint de vives tensions et de basculement
Il suffit de sortir prendre le frais pour mesurer l'intensité de l'inquiétude qui camisole les Immigrés (es). Dans les cafés, les commentaires battent leur plein. Mais pour les adeptes de « J'y suis, j'y reste ! », l'Extrême droite est un colosse aux pieds d'argiles. Sans l'immigration, la France succombera sous les encombrants et les poubelles.
Oui la France est dans le nihilisme, la dénégation et l'amnésie.Pauvre Altérité ! Les tags sur la Place de la République, les façades haussmanniennes de la capitale, n'y changeront rien. Le racisme institutionnalisé, s'émancipe en mode décomplexé. Le pays des Droits de l'Homme est plus que jamais divisée. Piégé par son outrecuidance aveugle de locomotive et de puissance, il tourne le dos au malaise social, la précarité et voit ses fondamentaux voler en éclats.La chasse à l'étranger ne saurait tarder. Lui, dont les aïeux ont combattu dans les tranchées, a droit à une OQTF et une prise de conscience que les ressources de son pays sont le butin du prédateur occidental.
Macron a bien vu le tsunami extrémiste enflé, mais imbu de son égo de Président du Monde, l'a laissé enfler. Sa focalisation sur l'International lui sera fatale. Les journalistes et nombre de ténors politiques le tiennent pour responsable de ce désastre électoral. D'autres le pousse à la sortie.
Profitant de ce tohu-bohu, les QG de Bardella et Marine (vus à l'œuvre), misent sur la Communication et la propagande rappelant la stratégie de Goebbels, en vue de frapper les esprits. Ils rallient à leur combat, jeunes désespérés, femmes en détresse, chefs d'entreprise, avocats, étudiants, agriculteurs, propriétaires fonciers, un régiment de l'aristocratie parisienne et de la finance, des défenseurs des valeurs chrétiennes, etc
La lame de fond du Rassemblement National sera-elle dévastatrice ? Les brèves vidéos du chef de file, Jordan Bardella, et ses lieutenants sur les réseaux sociaux pour une offensive fulgurante, sont glaçants. D'où l'appel à la mobilisation et au sursaut des divers groupes de la Gauche pour faire barrage à cette vague « bleu- marine » au second tour. Eric Ciotti, le vil transfuge gaulliste, s'est jeté à corps perdu dans le giron de ses maîtres xénophobes, au lendemain des Européennes, espérant quelque portefeuille ministériel.
En désignant les Immigrés (es) comme les principaux coupables des maux de la France, l'Extrême Droite aura réussi un tour de force : Dézinguer Macron et prendre le pouvoir.
La Gauche écrira -t- elle une autre page d'Histoire en sauvant la République ?
O.H
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Les croisades modernes : l’extrême droite et la rhétorique chrétienne

Dernière heure : des militant-e-s de Montréal bloquent un chemin de fer utilisé pour transférer des biens entre le Canada et "Israël"*

Montréal, le 29 juin 2024 – Des militant-e-s anti-coloniaux bloquent un chemin de fer au sud de Montréal, près de St-Bruno, , *fermant une artère vitale pour les échanges entre le
Canada et l'état sioniste.* Des biens circulent entre Montréal et Halifax sur des trains de marchandise du Canadien National (CN) et ensuite vers Haifa à bord de bateaux appartenant à Zim Integrated Shipping Services Ltd..
*#boycottZim #desinvestir4Palestine #blocktherails #FreePalestine
#PalestineLibre*
suivez sur X @SolidariteMTL, instagram @ssf.sab, facebook CiteSansFrontieres
"L'état sioniste ne pourrait pas continuer sa violente occupation sans soutien matériel des états occidentaux. *Tout le commerce avec soi-disant Israël, pas seulement l'exportation d'armes, soutient la violence génocidaire et doit être arrêté.* Des biens et capitaux canadiens rendent le génocide possible en Palestine : que ce soit des produits industriels
envoyés pour compenser la plus faible production car des réservistes qui travaillent en usine sont appelés à combattre à Gaza, ou encore le capital envoyé pour acheter des oranges qui sont vendues partout au Québec. Ce blocage vise à interrompre temporairement les échanges commerciaux, à attirer l'attention sur le soutien matériel du Canada, et à inspirer d'autres actions directes de boycott, désinvestissements et sanctions
(BDS)", a dit Fadwa Tuqan.
"En mai, nous avons vu des Montréalais-e-s mener la lutte BDS vers des nouveaux sommets, les étudiant-e-s ayant construit des campements pour pousser leurs universités à désinvestir et boycotter. Le mouvement des campements s'est maintenant élargi pour demander que la CDPQ désinvestisse et que Québec ferme le bureau Québec-Israël", a dit Dominique Gagnon du blocage. "*Nous continuons de faire des pressions stratégiques pour que l'état et des institutions adoptent le BDS, mais nous faisons également des
actions directes pour faire appliquer le boycott nous-même*."
"Le monde entier se contente de regarder alors que l'agresseur sioniste bombarde, tire, enterre, affamme et refuse de l'aide médicale vitale aux Palestinien-ne-s, détruisant simultanément toutes les infrastructures et empoisonnant la terre. Nous devons soutenir la Palestine de manière concrète", a dit Dominique Gagnon, un organisateur/une organisatrice/ un-e organisataire du blocage. "Nous avons fait des pétitions, des
déclarations, et des résolutions, et ça n'a pas marché.* Nous bloquons aujourd'hui les rails utilisés pour transférer des biens entre le Canada et l'entitié sioniste parce que la classe politique en entier a laissé tomber la Palestine.*"
Le CN est un acteur clé dans l'établissement et le mantien du colonialisme canadien. Zim a été fondé en 1945 en tant que projet sioniste pour soutenir la colonisation de la Palestine et la création de l'état sioniste, trois ans avant que soi-disant Israël ne soit reconnu par les états occidentaux suite à leur massacre et leur déplacement des Juif-ve-s européen-ne-s.
Jusqu'au début des années 2000, Zim était était encore partiellement détenue par l'État. Dans le contexte de l'escalade actuelle, son PDG s'est engagé <https://theloadstar.com/zim-warns-o...> à ce que ses bateaux "soient dirigés, avec la plus grande priorité, pour transférer de la marchandise de n'importe où dans le monde vers Israël, selon les demandes et les besoins du Ministère de la Défense et du
gouvernement d'Israël."
"Le Canada soutient le génocide et l'occupation de manière diplomatique et matérielle", a dit Hannah Omini. "Son alliance ferme avec Israël n'est pas surprenant, vu que c'est également un état colonial et qu'il s'appuie sur les ressources, la terre et le travail volés aux peuples colonisée ici et autours du monde. Nous appelons à plus d'actions directes BDS pour arrêter le génocide, mettre fin à l'occuptation, et libérer la Palestine."
Source :
Collectif ad-hoc d'action directe BDS
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Queen Omega en spectacle au Festival international des Nuits d’Afrique le 13 juillet !

Le capitalisme, c’est mauvais pour la santé

Anne Plourde, Le capitalisme, c'est mauvais pour la santé, Écosociété, 2021, 288 p.
Le capitalisme, c'est mauvais pour la santé a comme fil conducteur l'évolution des Centres locaux de services communautaires (CLSC), que l'autrice décrit comme « un modèle socialiste dans une société capitaliste ». Chercheuse postdoctorale à l'Université York et à l'Institut de recherche et d'informations socioéconomiques (IRIS), Anne Plourde dresse un portrait éclairant et édifiant des mal aimés CLSC, de leur implantation dans les années 70 à la suite de la Commission Castonguay-Nepveu, qui les destinait à devenir la principale porte d'entrée du système de santé, jusqu'à la réforme Barrette de 2015 qui abolira « les derniers vestiges de démocratie qui pouvaient encore exister dans le système public de santé et de services sociaux » (p. 214).
Pour mieux nous faire comprendre les mérites du modèle initial des CLSC, caractérisé par une équipe multidisciplinaire inspirée des cliniques populaires des années 50 et la participation active des citoyens, Plourde s'intéresse d'abord à l'histoire des luttes contre les effets délétères du capitalisme. Pour l'autrice, la création du réseau public de la santé au Québec, dont l'instauration d'une assurance maladie complète et universelle est le cheval de bataille, apparaît comme l'une des plus éclatantes victoires des mouvements ouvriers, syndicaux et communautaires de l'histoire récente des Amériques, favorisant le passage du Québec d'un « État social sous-développé » à un État social avant-gardiste en Amérique du Nord.
Mais la contre-offensive capitaliste des années 70 et de la vague néolibérale des années 80 et 90 empêcheront le Québec d'opérer véritablement les cinq virages proposés par la Commission Castonguay-Nepveu (1967) qui reprochait déjà au système de Santé d'être « centré sur la médecine curative, l'hôpital et les médecins » (p. 109). Anne Plourde déploie alors une critique rigoureuse et implacable d'un demi-siècle de politiques complaisantes envers tous ceux à qui profite un système hospitalo-centrique comme le nôtre. Cela explique, selon l'autrice, l'incapacité de notre système de santé à répondre adéquatement à la pandémie de la COVID 19.
Dans un dernier chapitre lumineux et pénétrant, Anne Plourde avance six solutions « pour préparer l'après-pandémie en santé et services sociaux ». Elle explique avec éloquence comment le financement du réseau à hauteur des besoins actuels et à venir doit s'accompagner d'un élargissement de la couverture publique à plusieurs services médicaux de première ligne (des soins à domicile à la dentisterie) et du retour du pouvoir décisionnel des « travailleuses de la santé ». Elle souligne aussi l'importance des milieux communautaires dans la transformation « d'un système hospitalo-centrique à un système centré sur la prévention et la première ligne » (p. 263) afin que les services de première ligne soient efficaces et permettent de réduire les dépenses en santé.
« Le retour à un modèle d'établissement inspiré de celui des CLSC est au cœur de cette triple proposition de nationalisation, décentralisation et redémocratisation » (p. 256) du système de santé et de services sociaux. Les propositions d'Anne Plourde paraissent révolutionnaires auprès des timides mesures annoncées par le ministre de la Santé et des Services sociaux, Christian Dubé. Mais n'est-ce pas inévitable alors que l'on sait que les changements climatiques auront des répercussions importantes sur notre santé et causeront, par conséquent, une pression croissante sur les infrastructures de santé publique ?
Dans la prochaine réforme de la santé, dont nous avons eu un avant-goût au printemps dernier, il y a fort à parier que la « conception capitaliste de la santé », à l'écoute des gestionnaires d'hôpitaux, continuera de mettre à mal le réseau sociosanitaire québécois.

Ville féministe

Leslie Kern, Ville féministe. Notes de terrain, Éditions du remue-ménage, 2022, 250 pages.
Une ville pensée pour toutes et tous, est-ce possible ? Une ville pensée par toutes et tous, l'est-ce aussi ? Voici les deux grandes questions que pose Leslie Kern dans cet essai-récit qui se lit de bout en bout, sans prendre de pause.
La professeure de géographie et d'environnement, originaire de la banlieue de Toronto et vivant aujourd'hui au Nouveau-Brunswick nous fait découvrir, dans ce texte écrit au « je », les angles morts de l'urbanisme, sexistes et trop nombreux. Cet essai-récit s'appuie sur le vécu de Kern ainsi que sur son analyse féministe et son expertise de géographe. Les diverses réflexions étayées sont issues de ses expériences de la ville à titre d'adolescente, de jeune femme adulte, de femme enceinte, de mère, de travailleuse et de militante impliquée au sein de divers mouvements sociaux.
Elle nous fait constater que la ville, peu importe laquelle, où une femme réside, mange, dort, travaille et aime, est une ville conçue, imaginée et régie par des hommes, une ville qui exacerbe les inégalités entre les genres puisque l'expérience de ces derniers dans la ville est très différente de celle des femmes. Pourquoi ? Parce que la division entre espace public et espace privé a été prépondérante dans la conception de l'urbanisme en général. Les femmes sont reléguées à l'espace privé, aux hommes l'espace public. Ce qui explique que les rapports des hommes avec la ville ne sont pas entachés par un sentiment d'insécurité qui est le quotidien des femmes et des autres populations marginalisées socialement et plus vulnérables.
Kern pose les bonnes questions en nous invitant à repenser les espaces urbains et en dépassant le clivage espace privé/femmes et espace public/hommes. La ville féministe proposée par Kern est un projet inspirant et ambitieux, où toutes et tous sont aux commandes. Cette ville féministe va au-delà du béton : c'est vivre différemment, c'est vivre mieux et de façon plus juste et collective.

Corps vivante

Julie Delporte, Corps vivante, Pow Pow, 2022, 267 p.
Toujours en cursive et en ondoyant, Julie Delporte poursuit sa progression dans la vie, d'abord la sienne, en osant tutoyer ses douleurs et un certain mal-être qui, trop souvent, l'envahit. À cheval entre le journal, le manifeste, la poésie et toujours ce dessin/écriture au crayon de bois, l'œuvre de Delporte doit être qualifiée de révélatrice. En dénouant des fils entremêlés et en touchant à l'essentiel au creux de ses doutes et questionnements, l'autrice, ici, après avoir parlé d'électrosensibilité (Je vois des antennes partout, Pow Pow 2015) et de parcours féministe (Moi aussi je voulais l'emporter, Pow Pow 2017), lève le voile sur son lesbianisme tardif qu'elle situe à 35 ans. Ce journal, au long cours d'une vie à taire certaines prémisses, à effectuer moult recherches et à explorer d'autres sensibilités fait figure de dialogue avec l'univers. Ce chemin qui se révèle jubilatoire quant à, sciemment, prendre acte des aléas de son parcours afin d'être soi-même, a quelque chose d'extraordinaire. En gros, c'est ce livre doux et fulgurant qui cite Annie Ernaux, Tove Jansson, MoniqueWittig, Chantal Akerman…

L’humanité en péril - Tome 2

Fred Vargas, L'humanité en péril - Tome 2, Flammarion, 2022, 272 p.
Bien connue pour ses romans policiers, l'autrice Fred Vargas a mis son manteau de chercheuse pour donner une suite à son essai L'humanité en péril, consacré à l'urgence climatique. Cette fois, elle aborde les conséquences de la raréfaction de ressources naturelles. Selon elle, nous nous rapprochons du moment où il manquera de ce qui a permis de construire le monde tel que nous le connaissons : pétrole, charbon, gaz naturel. À cela s'ajoutent de nombreuses autres ressources enfouies dans le sol, tout aussi indispensables, en voie de disparition elles aussi.
Dans un horizon qu'elle fixe autour de l'année 2050, une crise majeure des transports nous forcera à tout remettre en cause (l'autrice parle de la « fin des transports »). La pénurie de carburant mettra fin à l'usage de ce qui est aujourd'hui indispensable pour déplacer les marchandises : avions, bateaux à moteur, camions et tracteurs. Ils ne pourront plus exister parce que l'énergie électrique n'aura tout simplement pas la puissance de charge suffisante pour les faire fonctionner. De plus, même les véhicules électriques ne pourront plus se déployer à cause du manque de ressources pour les construire et à cause d'une réduction majeure de la production d'électricité. Vargas prévoit aussi la fin du numérique. Plusieurs des métaux nécessaires à son fonctionnement seront en manque bien avant la fin du siècle et le recyclage des produits électroniques sera nettement insuffisant pour régler le problème. Nous n'aurons tout simplement plus d'ordinateurs, de téléphones portables, de tablettes, de réunions Zoom…
On peut alors prendre la mesure des immenses transformations qu'il faudra mettre en place si l'on veut assurer la survie des populations. Selon l'autrice, le réchauffement climatique ne sera plus une menace majeure : il sera limité à 1,7°C à cause de l'épuisement des hydrocarbures. Il faudra cependant vivre sans les machines qui nous rendent la vie si facile. Vargas établit de façon convaincante les grandes priorités de la transition obligée qui s'en vient. Elle propose, entre autres solutions, le retour des chevaux et des bœufs, dont elle détaille toutes les conséquences de leur utilisation : productivité, gestion des excréments et des carcasses, nombre de spécimens requis, alimentation du cheptel, conséquences sur l'agriculture, etc.
L'essai de Vargas surprend par sa précision. L'autrice semble avoir une boule de cristal et décrit l'avenir comme si elle y était. Elle le fait de façon très documentée : son essai est rempli de statistiques et de calculs, et ses propos résultent d'une impressionnante compilation de données, un travail de grande envergure. On sait cependant que rien n'est plus risqué que de prédire l'avenir, et malgré l'importance de sa recherche, il est très difficile de croire que tout se déroulera comme elle le décrit.
Cependant, Fred Vargas accomplit un exercice salutaire. Au rythme où nous les consommons, et sans se soucier de les préserver le plus longtemps possible, il va de soi que les ressources naturelles seront de plus en plus rares et de moins en moins accessibles, que cela se produise demain, comme elle le croit, ou beaucoup plus tard. Il est essentiel que nous changions radicalement notre approche dans leur exploitation : il faut réduire celle-ci autant que possible et planifier avec précision ce qui arrivera après, pour éviter le pire. C'est à cet indispensable travail que s'adonne Vargas. En espérant que cette approche aura d'importantes suites.

Le storyboard de Wim Wenders

Stéphane Lemardelé, Le storyboard de Wim Wenders, La Boîte à Bulles, 2022, 160 pages.
Le cinéaste Wim Wenders, qui réalise désormais plusieurs films aux États-Unis, est renommé pour ses road movies ayant marqué le renouveau du cinéma allemand avec d'autres cinéastes comme Schroeter, Fassbinder, Herzog. À titre de storyboarder, Stéphane Lemardelé a pu collaborer avec lui en 2014 lors du tournage d'Every Thing Will Be Fine ici au Québec dans le cadre d'une scène tournée par grand froid dans une cabane de pêche blanche. Ce livre graphique sort de l'ordinaire, car le dessinateur a su, dès sa première rencontre avec Wender, dépasser la commande pour interagir plus avant, en s'immergeant dans le projet, et aussi plus largement en discutant de son cinéma, de ses références ainsi que de sa vision d'un cinéma 3D qui permettrait de renouer avec la réalité. Incidemment, ce livre narre non seulement le processus même d'un film, mais il livre aussi un phénoménal témoignage sur le film à l'ère où nous nous trouvons, paradoxalement, noyé·es dans la surabondance de celles-ci ! Parlant d'images, le dessin de Lemardelé autant que l'usage judicieux de photos ou d'éléments du storyboard rend les protagonistes, le tournage et les lieux (mention spéciale aux couleurs de sa neige !) avec une aisance qui procure une lecture immersive.

Ils mangent dans leurs chars

Simon-Pierre Beaudet, Ils mangent dans leurs chars. Chroniques du troisième lien & de la fin du monde, Moult Éditions, 2022, 250 p.
À l'instar de Ravary, de Falardeau ou d'Anne Archet, Beaudet n'a pas la langue dans sa poche et il n'hésite pas à se mettre en péril dans une écriture combative qui appelle un chat un chat et, surtout, qui parvient à produire du sens dans un monde qui divague allègrement en parvenant à noyer le poisson dans l'eau. La majorité des textes de ce recueil ont été publiés dans L'Idiot utile, L'éteignoir, Le panier de crabes, Vice et sur le blogue Fuck le monde… De tels titres donnent un avant-goût de la charge que l'essayiste entend mener en direction du capitalisme et de ses sbires. Toutefois, on aurait tort de se trouver outré·e par les sacres ou le langage cru de Beaudet dans la mesure où, avec un brio que ses pourfendeurs des radios-poubelles qualifieraient de diabolique, il creuse et remet en perspectives plusieurs éléments qui, autrement, ne dépasseraient pas le texte d'opinion ou la diatribe. La question du désormais incontournable « troisième lien » à Québec sert de levier à l'auteur pour lier la chose à beaucoup plus grand : « la fin du monde » ! D'où l'image choc de l'intitulé : Ils mangent dans leurs chars. Beaudet décortique l'abrutissement et les mantras assénés inlassablement par les radios-poubelles et, ultimement, la proposition d'asservissement décomplexé au travail, à la consommation et à l'automobile du peuple et d'une certaine classe moyenne. Non sans humour toujours, Beaudet propose également d'autres textes à la sagacité de son lectorat en guise de bonus. Des crottes magnifiques qui défigurent l'embourgeoisement et sa trollé de faux-semblants, notamment : « Fuck Costco », « Ta carrière universitaire de marde » et, « Tuer la nuit ». Rassérénant !!!

Le capitalisme

Pierre-Yves Gomez, Le capitalisme, Que sais-je ?, 2022, 127 p.
Pour la quatrième fois, la prestigieuse collection Que sais-je ? publie un ouvrage de synthèse sur le capitalisme. La première fut publiée en 1948. Dans cette nouvelle édition totalement inédite, l'auteur présente le capitalisme comme une idéologie, une croyance commune et une convention sociale qui structure notre monde.
Alors que de nombreux ouvrages décrivent le capitalisme comme l'aboutissement historique et naturel des sociétés, celui-ci suggère que le capitalisme est une invention récente. C'est en 1902 que le sociologue allemand Werner Sombart publie le premier ouvrage de synthèse sur le sujet Der moderne Kapitalismus. Trois ans plus tard, Max Weber publie L'éthique protestante et l'esprit du capitalisme, dans lequel le capitalisme est analysé comme une culture et un imaginaire collectif. Avant ces dates, des auteurs comme Adam Smith, David Ricardo ou Karl Marx ne parlaient pas de capitalisme comme un système. Ils analysaient, entre autres et de manières différentes, les comportements de personnes détenant du capital. Avec le temps, certaines de ces personnes furent dénommées des « capitalistes » afin de les différencier d'autres catégories d'acteurs économiques, comme des travailleurs ou des propriétaires terriens.
Pierre-Yves Gomez, professeur à EMLYON et directeur de l'Institut français de gouvernement des entreprises, mobilise le modèle de sociologie historique de Norbert Elias pour retracer l'évolution du capitalisme. Selon cette conception, les luttes entre entités concurrentes dans une société se soldent souvent par la domination d'un vainqueur, aboutissant à une monopolisation du pouvoir. Le vainqueur impose alors ses règles de conduite, ses codes de comportement et ses mœurs. Progressivement la configuration politico-économique de l'Europe médiévale, construite sur la religion et les coutumes locales, fut remplacée par une autre configuration, basée sur des normes abstraites d'échanges monétaires pour la production et la consommation de biens. Le profit individuel devint alors un « fait social total », un éthos qui justifie l'ordre du monde, régissant ses mœurs.
Ce retour historique et évolutionniste sur le capitalisme, analysant ses variations génétiques depuis le Moyen Âge, permet de relativiser l'assertion de la prétendue « fin de l'histoire ». D'après ce récit, la globalisation capitaliste ne peut que s'imposer à travers le monde, sans alternative possible. L'auteur conclut, pour sa part, que d'autres variations du capitalisme vont se poursuivre dans le futur, incluant la consolidation d'empires centralisés et industrialisés ou le néo-féodalisme d'entreprises transnationales. Il va sans dire que Pierre-Yves Gomez, l'auteur de L'esprit malin du capitalisme, ne voit pas ces mutations d'un bon œil. Certaines dérives sont d'ailleurs déjà visibles aujourd'hui, comme le capitalisme spéculatif, le capitalisme de surveillance, le capitalisme algorithmique ou le capitalisme autoritaire.
Ce petit livre de 127 pages, bien écrit et bien argumenté, contribue à la critique progressiste du capitalisme. Que sais-je ?, associée aux Presses universitaires de France, est une collection de plus en plus reconnue dans le domaine scientifique. Ce livre peut donc être utilisé dans des écoles de commerce ou des facultés de sciences économiques où, souvent, le capitalisme est faussement présenté comme l'évolution naturelle et obligatoire de nos sociétés. Surtout, l'analyse évolutionniste qu'il utilise permet d'explorer des alternatives possibles à la sortie du capitalisme.
Un pas de plus vers la vente du système de santé public
RELÂCHE
Marc tenait le micro…
Mariátegui et la construction d’un monde multipolaire

Brisons le silence de nos institutions complices du génocide

*Tiohtià:ke/Moonyang/Montréal, le 25 juin 2024 *– Aujourd'hui, marque le quatrième jour du Campement populaire Al-Soumoud, établi au Square Victoria, près des bureaux de la Caisse de dépôt et placement du Québec (CDPQ) et du Ministère des Relations internationales et de la Francophonie (MRIF).
La mobilisation et la solidarité des derniers jours envers notre campement nous réchauffent le cœur et nous renforcent dans notre détermination à poursuivre cette lutte.
À travers ce campement, le collectif « Désinvestir pour la Palestine » exige que le gouvernement du Québec abolisse immédiatement le bureau du Québec en Israël. Accroître les relations commerciales et la coopération diplomatique avec Israël participe à légitimer le génocide et le nettoyage ethnique du peuple palestinien.
Le collectif exige aussi que la CDPQ se départisse immédiatement de ses 14,2 milliards de dollars d'investissements dans 87 entreprises complices de l'occupation israélienne.
Parmi ces entreprises, nous soulignons la fameuse compagnie Lockheed Martin, l'une des plus grandes compagnies mondiales d'armement, dont les avions militaires et les missiles sont utilisés en ce moment dans le génocide en cours à Gaza. Notons aussi qu'il s'agit de la même entreprise dont nos camarades étudiants de l'université McGill réclament le
désinvestissement, à hauteur de plus d'un demi-million de dollars (535 000 $). Nous exprimons notre solidarité inconditionnelle avec leur combat.
Notre lutte s'inscrit dans la continuité du mouvement étudiant, et nous appelons non seulement au désinvestissement des institutions universitaires, mais également de toutes nos institutions publiques.
Ce combat ne s'arrête pas aux investissements actuels, mais aussi à toute complicité future avec Israël. Pour cela, nous exigeons aussi que la CDPQ se dote d'un processus transparent de contrôle pour garantir le respect des droits humains et du droit international.
Nos institutions publiques ont la responsabilité de veiller au respect des droits fondamentaux et de s'assurer que l'argent des Québécois.es ne soit pas entaché du sang des peuples opprimés.
Rappelons qu'en 1987, une grande coalition québécoise a fait pression sur la CDPQ, qui possédait alors des actions dans des entreprises impliquées dans l'apartheid en Afrique du Sud. Cette mobilisation citoyenne historique a réussi à faire plier la CDPQ et obtenir un désinvestissement.
Le silence et l'inaction de nos institutions ont assez duré face à un génocide qui a fait plus de 35 000 martyrs et plus de 85 000 blessé.es <http://xn--bless-fsa.es> . Combien de morts, combien de crimes impunis faut-il avant que nos institutions prennent acte du génocide en cours et se rangent du bon côté de l'histoire ?
De l'Île à la Tortue à la Palestine libre, désinvestissons du génocide !
*Références*
Liste des 87 entreprises - Site Web du Mouvement pour une paix juste
<https://ca.search.yahoo.com/search?...>
Fiche résumé des 87 entreprises complices
<https://docs.google.com/document/d/...>
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