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Journée mondiale de la santé mentale

L'entraide en santé mentale : un maillon essentiel (et fragile) du filet social québécois
Montréal, le 10 octobre 2024 - Le Regroupement des ressources alternatives en santé mentale du Québec (RRASMQ) souligne aujourd'hui la 12e Journée de l'alternative en santé mentale sous le thème « L'entraide en santé mentale, c'est loin d'être fou ! ». Pour l'occasion, plus d'une trentaine de groupes communautaires aux quatre coins de la province se mobilisent aujourd'hui de différentes façons : portes ouvertes, distribution de matériel de sensibilisation, kiosques d'information, campagne d'envoi de cartes postales, dévoilement d'une capsule vidéo [1], etc.
Au Québec, près d'une centaine de ressources alternatives en santé mentale œuvrent dans les différentes régions soutenant et accompagnant des milliers de personnes. Pour ces personnes, la ressource alternative est devenue la communauté voire la famille qui leur a fait cruellement défaut. « On parle beaucoup de l'aide individuelle et professionnelle en santé mentale mais peu de l'importance du soutien social et des pratiques de groupe. L'entraide est pourtant un puissant outil pour lutter contre l'isolement », explique Anne-Marie Boucher, co-coordonnatrice du RRASMQ. Selon Statistiques Canada [2], plus de 12% de la population québécoise se sent toujours ou souvent seule, et au Canada, la moitié [3] des personnes qui se sentent toujours ou souvent seules déclarent que leur santé mentale est passable ou mauvaise.
« Il y a quelque chose de très puissant à s'entraider entre personnes qui partagent un vécu commun, entre personne qui sont passées par là. Et on a la chance d'avoir des lieux dédiés à ça au Québec, et qui valorisent nos savoirs développés grâce à nos expériences de vie », souligne France Brault, membre de l'organisme Le Phare source d'entraide, en Estrie. « À l'occasion de la Journée de l'alternative en santé mentale, on invite la population à faire preuve d'entraide, à s'informer sur les ressources qui existent et à en parler dans leur entourage ! », ajoute Anne-Marie Boucher.
Dans les prochaines semaines, une grande œuvre collective sera déposée au bureau du ministre Lionel Carmant, délégué à la santé et aux services sociaux. Le RRASMQ récupérera l'œuvre l'année suivante tout en prenant la mesure du soutien concret apporté par le gouvernement aux ressources alternatives en santé mentale. « Cette œuvre représente le filet d'humanité que constitue l'ensemble des ressources alternatives dans notre société. Un filet d'humanité qui doit être soutenu de façon accrue par le gouvernement pour faire face à l'isolement et la solitude grandissante. Et pour que les personnes ne tombent pas entre les mailles du filet, des mesures plus fortes pour agir sur les conditions de vie des personnes doivent aussi être prises urgemment », soutient Anne-Marie Boucher, co-coordonnatrice du RRASMQ.
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Une Coalition braque littéralement les projecteurs sur les écueils du Plan santé du ministre Dubé

La Coalition Riposte au Plan santé lance une vaste campagne pour sensibiliser la population aux multiples reculs découlant de la réforme du réseau de la santé et des services sociaux opérée par le ministre Christian Dubé. À partir d'immenses projections réalisées par le Collectif Sémaphore sur deux façades d'un hôpital public de Montréal, la Coalition Riposte au Plan santé souligne l'urgence de riposter avant la destruction du réseau de santé et de services sociaux.
À partir d'aujourd'hui, et jusqu'à la fin novembre, la population est invitée à participer à la campagne de sensibilisation menée par la Coalition sur les réseaux sociaux de ses organisations membres, en visionnant et partageant largement la série de photos et en visitant les sites Internet des organisations participantes pour s'informer davantage des reculs présents et à venir liés à la mise en œuvre du Plan santé.
Le Plan santé, annoncé en mars 2022, est implanté rapidement et sans consultation démocratique. Le projet de loi 15, gargantuesque pièce du casse-tête de la réforme, a été adopté sous bâillon il y a moins d'un an malgré une forte opposition populaire, de nombreux amendements apportés lors de l'étude parlementaire et des organisations qui n'ont jamais été entendues alors qu'elles souhaitaient s'exprimer lors des consultations.
Le message lancé cet automne est clair : la riposte au Plan santé est non seulement encore possible, mais elle est nécessaire ! Il importe plus que jamais de se mobiliser pour la consolidation d'un réseau public de santé et de services sociaux fort de processus démocratiques et respectueux tant du secteur communautaire que du personnel soignant.
Citations
« Non seulement le Plan santé se déploie à une vitesse folle dans un déficit démocratique effarant, mais il ne permet pas d'améliorer le respect du droit à la santé. La population est en droit d'être consultée et de participer aux décisions en matière de santé et de services sociaux, plutôt que de se voir imposer des bouleversements majeurs qui ébranlent le régime public » – Laurence Guénette, porte-parole de la Ligue des droits et libertés.
« En tant que médecin ayant travaillé dans le secteur public (CLSC) pendant les 45 dernières années, j'ai vécu et je vis encore la destruction du secteur public et c'est ce que le Plan santé perpétuera. Cela n'améliorera pas les soins aux patients. Les résultats du Plan santé sont prévisibles : les intérêts économiques de quelques-uns seront priorisés au détriment des besoins en soins de santé et en services sociaux de la majorité. Une forme démocratique, décentralisée et plus inclusive de soins de santé est possible » – Arnold Aberman, médecin membre du collectif Soignons la justice sociale et porte-parole de la Coalition Riposte au Plan santé
« Le Plan santé va à l'encontre des principes de base de notre système de santé public, en ouvrant grand la porte au privé et en centralisant outre mesure avec Santé Québec. Cette nouvelle structure opaque, composée de gens des milieux d'affaires, donne le ton pour un système de santé morcelé par le privé » – Sophie Verdon, coordonnatrice et porte-parole de la Coalition solidarité santé
« Le Plan santé met en péril l'autonomie et les pratiques des organismes communautaires autonomes en santé et services sociaux (OCASSS), notamment en introduisant une nouvelle condition à remplir pour obtenir du financement. Alors qu'ils revendiquent que l'État favorise leur mission de transformation sociale, bien sûr en augmentant les subventions, mais aussi en respectant leur mode de fonctionnement, le Plan santé va dans le sens inverse. Il compromet l'exercice du droit d'association et la spécificité de la contribution des groupes communautaires au respect du droit à la santé. » – Mercédez Roberge, coordonnatrice de la Table des regroupements provinciaux d'organismes communautaires et bénévoles.
« Avec son Plan santé, le ministre Dubé – sous couvert d'un langage plus acceptable socialement – poursuit sur la lancée de ses prédécesseurs et consacre l'idéologie néolibérale qui a tant mis à mal le réseau dans les dernières décennies. Hypercentralisation, déficit démocratique, acoquinement au privé… Pour nous, le Plan santé est tout sauf santé, sans compter qu'il évacue complètement nos services sociaux ! »
– Émilie Charbonneau, vice-présidente de l'APTS.
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6ème action internationale de la MMF

Yildiz Temürtürkan, parle de la prochaine et 6ème action internationale de la MMF lors de la rencontre au Brésil
Tiré de Boletin las Americas
Coordination du secrétariat international de la MMF
La table thématique sur la 6ème action internationale de la MMF s'est tenue pendant les activités de la 3ème réunion nationale de la MMF Brésil à Natal, Rio Grande do Norte.
La coordinateur du secrétariat international de la MMF, Yildiz Temürtürkan, a parlé de l'importance de comprendre les changements dans la dynamique du capitalisme, en défiant les mouvements sociaux et le féminisme, plus spécifiquement, en formulant de nouvelles stratégies d'action depuis les territoires.
Mme Yildiz a déclaré que la récupération des acquis politiques de la Marche mondiale des femmes est fondamentale pour la construction de la 6e action internationale en 2025. « L'année prochaine, nous marcherons contre toutes les formes de guerre, qu'elles soient conventionnelles ou hybrides. Nous marcherons pour la souveraineté, pour nos corps, nos territoires et pour le bien-vivre », a-t-elle déclaré.
Dans ce scénario, des actions fortes et énergiques promues dans les lieux où les féministes s'organisent sont fondamentales pour pouvoir affronter ce système.
Mme Yildiz a également évoqué les nouvelles formes de colonialisme à l'échelle mondiale et les avancées de l'extrême droite, qui promeut la misogynie et la lesbophobie et provoque une plus grande destruction de la nature, comme en témoigne l'accélération du changement climatique.
Tout cela exige des mouvements qu'ils apportent de nouvelles réponses aux crises et qu'ils construisent des alternatives concrètes à ce modèle prédateur. Cela doit se faire collectivement, en alliance avec d'autres organisations anticapitalistes, et aux niveaux local, régional et international.
L'action 2025, comme l'action 2021, s'appuiera sur quatre piliers liés aux axes de lutte de la MMF :
1) la défense des biens communs contre l'exploitation des entreprises transnationales ;
2) la proposition d'une économie féministe comme alternative concrète à l'économie capitaliste, qui est aussi patriarcale et raciste ;
3) la défense de l'autonomie féministe sur les corps, les sexualités et les territoires des femmes ;
4) la lutte contre la militarisation du monde, qui est non seulement patriarcale mais aussi raciste.
4) la lutte contre la militarisation et les autres formes de violence qui ravagent les territoires dans le monde.
Pour la MMF, l'économie féministe est un outil important de la lutte féministe car elle révèle que les relations de pouvoir et l'organisation économique sont liées, ce qui rend nécessaire de « changer le monde et la vie des femmes en un seul mouvement », comme l'ont dit les féministes de la Marche.
La 6ème Action Internationale 2025 partira du Sahara Occidental et se terminera au Népal. Comme pour les éditions précédentes, elle débutera le 8 mars, Journée internationale de lutte des femmes, et se terminera le 17 octobre, Journée internationale de lutte contre la pauvreté. Le lien entre la force féministe et la lutte des classes sera la prémisse de l'action et de l'ensemble de son processus d'organisation.
Notre quatrième axe sera de faire face à la militarisation des territoires et de la vie des femmes. C'est pourquoi nous commencerons notre action le 8 mars 2025 au Sahara Occidental. Toutes nos actions commencent le 8 mars et se terminent le 17 octobre. Nous organisons toujours des actions au niveau local, national, régional et mondial. Nous relions notre force féministe au féminisme et à la lutte des classes.
« Nous travaillons à la construction d'un symbole commun qui nous unit en tant que Marche mondiale des femmes. Nous voulons avoir des tentes partout dans le monde. La tente est liée à la lutte pour le logement, qui est également liée au changement climatique, causé par le capitalisme. Une autre signification est liée à la migration, aux personnes et aux populations qui migrent et sont réfugiées dans le monde entier. Dans de nombreuses régions du monde, telles que l'Asie et l'Afrique, nous portons ce symbolisme des tentes du point de vue des populations. Les tentes accueillent également nos alternatives et nos débats, tels que l'économie féministe, l'agroécologie, la défense des biens communs », a déclaré M. Yildiz.
Pour Yildiz, en plus d'organiser une action internationale forte qui réponde aux avancées de l'extrême droite, nous voulons aussi porter la mémoire de la vie et des luttes de camarades comme Nalu Faria, dont la trajectoire a toujours été marquée par la construction d'un féminisme internationaliste de principe.
Nalu Faria présente, aujourd'hui et toujours !
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Éléments pour parler d’éducation populaire féministe

De l'École internationale des facilitatrices, Verónica del Cid partage des principes féministes et décoloniaux pour l'éducation populaire
Tiré de Entre les lignes et les mots
Quand on parle d'éducation féministe et populaire, il ne faut pas seulement lire sur la domination, mais aussi pouvoir donner de l'espoir au monde, le regarder comme quelque chose que nous avons construit et que nous pouvons changer. Nous partons de ce que nous construisons déjà, en sachant que ce n'est pas suffisant, mais que c'est nécessaire et urgent. De ce pouvoir hégémonique et de ce système de mort, nous reconnaissons le schéma de pouvoir installé depuis l'époque coloniale sur nos territoires.
Avec la colonie, on a commencé à rationaliser et à sexualiser la vie et le travail. Les hommes, les femmes et les peuples ont été désignés par la couleur de la peau ; en même temps, des emplois ont été attribués et des axes d'accumulation et de marchandisation ont été installés. Tout a commencé à être vendu et acheté. Nous ne pouvons pas séparer ces systèmes de domination. Une contradiction capitaliste ne peut être comprise sans interconnexion avec le colonialisme et le patriarcat.
Nous vivons dans un processus néocolonial. La colonie n'est pas une expression du passé historique, mais plutôt une forme de construction de la société qui a évolué au fil du temps. Aujourd'hui, elle réaffirme une manière de nous dépouiller de tout ce qui est sur terre et en dessous.
Le corps des gens devient une partie du pillage qui nous domine et nous contrôle. La violence doit être identifiée sous plusieurs formes concaténées. Lorsqu'une compagnie minière entre sur un territoire, par exemple, elle y entre avec une structure militaire et la violence sexuelle est aggravée, les corps sont contrôlés, les gens deviennent des prisonniers politiques. Une violence ne peut être séparée des autres.
L'hégémonie viendra de tout ce qui est rebelle. Nos corps non normatifs impliquent déjà une rébellion qui ne plaît pas, qui dérange la normalité. Ces corps rebelles ont été rendus invisibles et contrôlés tout au long de l'histoire. Il y a une féminisation de la pauvreté et un approfondissement des politiques néolibérales basées sur des fondamentalismes qui ont des stratégies spécifiques pour contrôler les corps invisibles.
Nous sommes marquées par ces mêmes cicatrices, même lorsque nous sommes formatrices dans des espaces d'éducation féministe et populaire. Nous avons des histoires de vie douloureuses, pleines de peurs, de culpabilité et d'autres traces de ce modèle dans nos corps. Nous avons donc besoin de processus dans lesquels nous faisons également partie de cette construction. Nous, les femmes, les dissidences et les peuples autochtones, avons une conception différente de la vie, exprimée dans les cosmogonies, les cycles lunaires et dans nos changements hormonaux. Tout cela génère et régénère continuellement la vie, qui n'est ni donnée ni déterminée. Penser qu'il est possible de changer est le moteur qui nous fait proposer une éducation féministe et populaire. Il y a une féminisation des résistances car au quotidien les femmes résolvent l'accès à l'eau, le rôle des soins, la lutte contre les processus d'extraction. Nous ne nous sommes pas nommées, mais nous le sommes.
La formation politique continue de faire partie de cette stratégie fondamentale de construction et de déconstruction de ces formes de pensée hégémoniques. Tout comme nous parlons d'une triade de pouvoir – capitalisme, colonialisme et patriarcat – à partir de plusieurs espaces coïncidents, nous parlons également d'émancipation. Il est urgent de réfléchir à la manière dont nous construisons un sujet politique capable d'esquisser notre projet politique. Les dimensions de l'émancipation doivent être étroitement embrassées, tout comme la domination.
Parler d'éducation populaire inclut nécessairement un pari féministe et un pari décolonial. Cependant, nos processus d'éducation populaire découlent d'une tradition révolutionnaire qui ne comprenait la vie que par la contradiction de l'exploitation, mais n'intégrait pas la domination dans la stratégie d'exploitation. Pour cette raison, nous avons encore de nombreuses organisations qui parlent d'éducation populaire, mais pas de démêler les composantes patriarcales et coloniales. Nous commençons à déranger les processus mêmes de l'éducation populaire lorsque nous commençons à y ajouter de la corporéité, à parler de la façon dont nous pensons, ressentons, aimons et comment nous considérons tout cela comme des dimensions politiques. À partir de ce point de départ, nous commençons à donner d'autres clés à une éducation populaire différente.
L'éducation populaire féministe nous permet de discuter : de quoi avons-nous besoin pour nous constituer en sujets politiques ? Sur quel projet politique parions-nous ? Comment incarnerons-nous cette émancipation ? Quelques possibilités nous permettent d'aborder cette proposition. L'une récupère les connaissances et situe la dimension de la génération naturelle du monde. À partir de là, nous avons commencé à repenser nos sources épistémologiques et à connaître la capacité de guérison de la Terre.
En se rencontrant, non seulement on se reconnaît, mais on apprend aussi à s'aimer. On ne construit pas un horizon et un projet de vie avec quelqu'un qu'on ne connaît pas. Nous devons savoir qui nous sommes. Les processus d'éducation populaire féministe nous permettent de le faire : d'apprendre de près les différences et les réglages que nous avons.
L'éducation populaire féministe est si audacieuse qu'elle commence à parler de dissidence des peuples. Ce n'est pas une éducation exclusive, mais elle a pour point de départ l'invisible, qui est constitué de corps sans nom.
On a survécu. Nous vivons aujourd'hui après plus de 500 ans d'invasion en Amérique latine. Nous vivons l'accusation d'une contradiction, comme si les luttes des femmes pour leurs territoires et leurs droits étaient revendicatives, mais pas politiques. Et elles le sont.
Lorsque le coup d'État a eu lieu au Honduras, la question « que faire de la peur ? » a été posée avec force. Nous avions peur de sortir dans la rue, nous avions peur que nos filles ne reviennent pas, qu'il arrive quelque chose à nos enfants… En tant que formatrices, nous avons suscité cette peur. De la peur, nous générons d'autres forces pour lutter et changer. Nous avons besoin de guérir, de pouvoir parler, d'avoir des espaces de confiance. Nos espaces de formation doivent être des espaces de tendresse et de grande confiance politique dans toutes les dimensions du mot.
Comment soignons-nous et dépatriarchalisons-nous nos méthodologies ? Comment faisons-nous des processus de dialogue ? Comment pouvons-nous travailler d'une autre façon pour gérer le temps ? Comment récupérer la connaissance de soi, les histoires niées ? Nous partons de l'idée qu'aujourd'hui il est nécessaire de créer de nouveaux dispositifs de pensée, mais nous ne nions pas les accumulations des peuples. En tant que formatrices, nous menons ces processus en suscitant la méfiance, la remise en question et la capacité de réponse.
La pédagogie féministe née dans le milieu universitaire ne suffit pas. Nous devons nous relier aux expériences concrètes quotidiennes des mouvements et des luttes des territoires, qui nous apportent de nombreuses réponses. Nous ne pouvons pas sectoriser. Nous devons nous unir et faire des alliances et des articulations de mouvement. L'éducation populaire féministe et décoloniale a l'ambition de révolutionner l'éducation populaire elle-même et de la remplir de significations qui contribuent à dépatriarcaliser, décoloniser et démercantiliser la vie.
Verónica del Cid est guatémaltèque et coordonne le réseau Mésoaméricain d'Éducation Populaire Red Alforja. Cet article est une édition de sa présentation à l'École Internationale d'Organisation Féministe pour Facilitatrices (IFOS), qui a eu lieu au Honduras en août 2024.
Édition par Helena Zelic
Traduit du portugais par Andréia Manfrin Alves
Langue originale : espagnol
https://capiremov.org/fr/analyse/elements-pour-parler-deducation-populaire-feministe/
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Comment les médias canadiens augmentent le capital de sympathie de la classe des propriétaires immobiliers

Ces histoires sur le thème « pitié pour le propriétaire » inversent les rôles. Les propriétaires et les locataires ne sont pas interchangeables. Ils s'opposent dans un conflit où les propriétaires siphonnent les revenus des familles de la classe ouvrière pour les verser dans les poches d'une classe de propriétaires.
Mercredi 15 mai 2024 / DE : The Breach
Traduction Johan Wallengren
Martin Lukacs : À en croire les médias canadiens, on peut avoir l'impression que les propriétaires immobiliers – ceux qui possèdent et louent des logements – ont une vie terriblement difficile.
Présentatrice : Nous commençons par une histoire qui est vraiment le pire cauchemar d'un propriétaire immobilier.
Commentateur : Shafiq fait partie d'un nombre croissant de petits propriétaires ontariens qui protestent contre le système qui, selon eux, favorise injustement les locataires.
Journaliste : Est-ce que vous diriez à quelqu'un que vous connaissez ou aimez d'être propriétaire immobilier ?
Propriétaire 1 : Jamais. Jamais.
Propriétaire 2 : Je me suis littéralement effondrée sur le palier, devant le logement, et tout ce que je pouvais faire, c'était pleurer.
J'ai littéralement sangloté et sangloté et sangloté.
Lukacs : Ce qu'on voit là n'est pas un travail de reportage sérieux. C'est de la poudre aux yeux. [gaslighting, en anglais].
Amplifiées par les médias de l'establishment, ces histoires à arracher des pleurs servent à masquer l'exploitation du marché du logement et à saper la lutte pour le renforcement des droits des locataires.
Le but visé ?
Faire en sorte que vous ayez pitié de la classe des propriétaires immobiliers, plutôt que d'être en colère contre eux.
Titre affiché : COMMENT LES MÉDIAS NOUS CONDITIONNENT À PLAINDRE LES PROPRIÉTAIRES
Début de chanson :
Ayez pitié du propriétaire qui n'a pas la belle vie, qui marche courbé sous le poids des soucis.
Ses cheveux gris méritent votre compréhension, ne demandez pas de réparations.
Et évitez les retards de loyer.
Lukacs : Il y a un schéma récurrent dans ces histoires qui incitent à prendre les propriétaires en pitié.
Elles commencent généralement ainsi :
Titre affiché : 1. LES PROPRIÉTAIRES ÉPROUVÉS
Commentatrice : Avec son salaire d'enseignante, Norma DeSilva a économisé pour investir dans deux propriétés.
Lukacs : Les propriétaires sont dépeints comme des personnes modestes, qui travaillent dur et qui ont du mal à joindre les deux bouts.
Leurs locataires, en revanche, sont dépeints comme des délinquants.
Titre affiché : 2. LES LOCATAIRES DE L'ENFER
Propriétaire : Il y avait définitivement des cailles à l'intérieur. Définitivement des lapins. Il y avait des poulets. Il y avait définitivement une chèvre.
Lukacs : Reste que des études menées par des groupes de propriétaires ont révélé que près de 100 % des loyers sont perçus à l'échéance, donc c'est un secteur d'une extrême stabilité.
Et pourtant, quand les loyers ne sont pas tous encaissés à l'heure dite, les médias en parlent comme si c'était le jour le plus triste de l'histoire.
Titre affiché : 3. PRÉSENTER LE RISQUE D'INVESTISSEMENT COMME UNE TRAGÉDIE
Présentatrice : Natalie Clancy vous propose ce reportage exclusif.
Commentatrice : Madame Gouws a une créance de plus de 5 000 dollars.
Propriétaire : C'est choquant et ça ne devrait pas arriver.
Lukacs : Quand vous possédez un bien locatif, vous n'êtes pas un travailleur qui gagne un revenu, vous êtes un investisseur qui cherche à faire un très gros profit – ce qui comporte toujours un certain risque.
Ces derniers temps, pour faire monter encore la cote de la classe des propriétaires, les médias ont introduit un nouvel élément dans leur schéma : les propriétaires racisés sont surreprésentés.
Titre affiché : 4. LA JUSTICE RACIALE INSTRUMENTALISÉE
Mais les propriétaires ressemblent le plus souvent à moi, pas à ça : [la vidéo montre des personnes racisées]
On a là une stratégie cynique promue par les groupes de pression du secteur immobilier : instrumentaliser la justice raciale pour promouvoir des politiques qui enrichiront davantage les propriétaires.
Vous vous opposez à ce que les propriétaires aient plus de pouvoir pour expulser les locataires ? Il est clair que vous devez être raciste.
Enfin, les médias escamotent souvent le point de vue le plus important sur le logement locatif : celui des locataires et de leurs défenseurs.
Titre affiché : 5. DES LOCATAIRES DE MOINS EN MOINS ENTENDUS
Organisateur : Quand je dis grève, vous dites loyers ! Grève des loyers !
Locataires : Grève... Loyers...
Lukacs : Cela leur permet de présenter les propriétaires comme les vraies victimes – et de les plaindre parce que des lois prétendument radicales sur la protection des locataires sont proches de les acculer à la faillite.
Ces histoires sur le thème « pitié pour le propriétaire » inversent les rôles.
Les propriétaires et les locataires ne sont pas interchangeables. Ils s'opposent dans un conflit où les propriétaires siphonnent les revenus des familles de la classe ouvrière pour les verser dans les poches d'une classe de propriétaires.
En réalité, les propriétaires au Canada ne sont même pas des particuliers.
Si on fait abstraction du petit nombre de logements publics et hors marché, les propriétaires sont des familles riches possédant plus d'un logement, des petites entreprises exploitant des dizaines de logements, des sociétés détenant des centaines d'immeubles et des dizaines de milliers d'appartements et de puissants investisseurs financiers achetant des centaines de milliers de logements.
La classe des propriétaires réalise des profits mirobolants en augmentant les loyers pour les porter à des niveaux record.
Ils rédigent des lois à mettre en œuvre par des gouvernements provinciaux complaisants.
Et ils utilisent leur pouvoir pour expulser les locataires et augmenter les loyers de manière à garnir encore plus leur portefeuille.
Les organisations de défense des locataires estiment que plus de 40 000 personnes sont expulsées frauduleusement chaque année, rien qu'en Ontario.
En d'autres termes, pour chaque locataire aimant les chèvres, il y a infiniment plus de propriétaires prédateurs.
Mais bonne chance si vous voulez que les médias canadiens en parlent.
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Dans le passé nous avons résolu la crise du logement. Pouvons-nous le refaire ?

Pierre E. Trudeau s'est servi du logement comme instrument de justice économique. Cinquante ans plus tard, son fils, l'utilise comme moteur de l'inégalité. Dans un rapport du gouvernement sur « la spirale de la hausse du prix du logement » les auteurs.trices expriment leur préoccupation face « au niveau des constructions au Canada en regard de la demande projetée ».
James Hardkick, Canadian Dimension, 3 octobre 2024
Traduction, Alexandra Cyr
On y souligne que la politique de l'offre et de la demande est un facteur qui contribue à « l'incapacité des Canadiens.nes à bas revenus d'acheter leur propre logis ». On y trouve aussi des commentaires sur le problème créé par la hausse des taux d'intérêts, l'inflation des coûts des services publics et « l'augmentation des coûts du capital dans le secteur de la construction ».
Le rapport aurait pu décrire l'état du marché du logement en 2024 ou de n'importe quelle autre année des dix dernières où ce problème existe. Mais, en fait il s'agit d'une évaluation du Programme d'aide au logement équitable (FHAP) qui a été mis en place il y a presque 50 ans. Il répondait en détails à l'action d'Ottawa face à la crise de 1970.
Au début de cette décennie, les coûts du logement étaient hors de contrôle ; « leur prix étaient constamment au-delà de la capacité de payer des Canadiens.nes ». Le gouvernement fédéral a donc lancé le FHAP qui a permis à l'État de construire des logements sociaux, d'offrir des subventions au loyer et de fournir des hypothèques à rabais aux acheteurs.euses de maisons.
Ce fut un franc succès. À la fin de la décennie le prix des maisons avait vraiment baissé. Les travailleurs.euses pouvaient en acheter une. Ceux et celles qui préféraient louer, avaient accès à une variété de solutions dans le logement social qui pouvaient satisfaire n'importe qui à bas revenus. Il n'y avait pratiquement plus de sans abri.
Étonnamment, cette crise qui affecte le Premier ministre Justin Trudeaudepuis qu'il est élu, avait été plus ou moins résolue par le gouvernement de son père en peu de temps.
Comprendre ces solutions peut nous aider à revenir à un marché stable du logement. Le FHAP embrasse une série de programmes où le gouvernement déploie des ressources pour traiter la crise avec des solutions hors marché. La plus importante étant la construction de logements sociaux.
À partir de 1972 entre 10% et 20% de toutes les habitations construites au Canada, étaient publiques, dans le secteur non lucratif ou en coopératives. Ces logements venaient avec une variété de formules d'accessibilité qui stabilisaient les prix. Soudain les propriétaires privés se retrouvaient en compétition avec un secteur public fort qui favorisait l'accessibilité au lieu du profit. Tous les prix ont ainsi diminué.
Et le FHAP offrait plus que la construction de logement hors marché. Les locataires pouvaient recevoir un subside mensuel via le Programme d'assistance au loyer (ARP). Les personnes à bas revenu qui voulaient avoir leur propre maison pouvaient bénéficier d'hypothèques à bas taux directement du gouvernement fédéral, ou encore une hypothèque privée subventionnée via l'Incitatif à l'achat d'une première maison (AHOP).
Les résultats de ces programmes se sont vite fait sentir. La spirale de la hausse des prix a été interrompue. Années après années le prix des logements s'est stabilisé. Malgré le tableau des hauts salaires et de la montée des prix à cause de l'inflation, cette baisse des coûts a rendu celui des habitations, significativement plus abordable.
À Toronto, ou la participation du FHAP était importante, le coût du logement a chuté de 30% entre 1974 et 1978. Ce fut une incroyable expérience grandeur nature. Les provinces qui ont le plus participé à l'opération ont vu les bénéfices de la réduction des prix du logement pendant que les autres comme l'Alberta dont le Premier ministre M. P. Lougheed a installé son propre programme, ont connu une augmentation des prix avec l'inflation.
Ces résultats sont spectaculaires : les programmes FHAP ont rétabli l'accessibilité au logement en moins de 10 ans !
On se doute que tous et toutes n'étaient pas aux anges avec ce résultat. La classe d'affaire et leurs acolytes dans le gribouillage se sont manifesté. L'Institut Fraser s'est mis à hurler : « de fait la politique du logement est devenu un moyen de redistribution de la richesse en faveur des ménages à bas revenus ».
Malheureusement, les bonnes politiques ne durent pas longtemps au Canada. Les années 1980 sont arrivées avec une élection et un bond dans le marché immobilier. Il fallait à tout prix remettre aux mains du marché les politiques en habitation. Le gouvernement a cessé de subventionner les loyers et les hypothèques et a diminué ses investissements dans le logement social. Les politiques sont de nouveau centrées sur les dettes privées assurées et autorisent la création de titres garantis par des créances hypothécaires.
Ce virage vers le secteur privé provoque une hausse des prix. À la fin de 1980 cette hausse a mené à une véritable épidémie de sans-abris qui est encore là. C'est une autre expérimentation grandeur nature qui confirme toutes les recherches scientifiques à ce sujet : le logement est sans aucun doute la solution à l'itinérance.
Malgré les preuves que le secteur privé ne peut pas répondre aux besoins de la population en matière de logement, le gouvernement en rajoute. En 1992, il met fin au programme des coopératives d'habitation et au milieu de la décennie il cesse de financer la construction de nouveaux logements abordables.
À la fin des années 1990 le gouvernement fédéral se retire complètement de secteur du logement. Il transfère ce qui reste de quelques programmes aux provinces et territoires qui les remettront presque tous aux municipalités plus tard. Le parc existant de logements sociaux dépéri sous cette responsabilité des administrations inférieures. Ils sont sous financés en permanence, laissés à l'abandon et souvent vendus par des Premiers.ères ministres et des conseillers.ères municipaux.ales capricieux.euses et sans la vision nécessaire.
Au tournant du millénaire, les programmes nationaux de logement qui avaient produit plus de la moitié de ce qui était abordable, n'existaient plus.
Au moment où Justin Trudeau a été élu, en 2015, la situation du marché du logement était revenue exactement à ce qu'elle était antérieurement. Les Canadiens.nes étaient incapables d'acheter leur habitation et le prix ds loyers étaient hors de contrôle. Le nouveau Premier ministre a décidé d'imiter son père et a lancé La stratégie nationale du logement (NHS) et attribué des dizaines de milliards de dollars pour résoudre la crise.
Mais les deux programmes n'ont rien à voir entre eux. Le NHS ne conçoit le logement que par la règle de l'offre et la demande. La théorie veut que s'il y a suffisamment de logements construits, les prix vont baisser. Les fonds du programme sont attribués en priorité aux développeurs qui en retour vendent leurs constructions à des spéculateurs de tous acabits. Ces solutions attachées au marché sont un contre-feu. Depuis l'introduction du NHS les prix des habitations n'ont cessé d'augmenter.
Ce résultat était absolument prédictible. La montée spectaculaire des prix sur fond d'augmentation de l'offre était emblématique de la nature du marché du logement durant les décennies précédant le NHS. Année après année, il s'est construit 30,000 maisons de plus au pays que ce qui était nécessaire pour satisfaire l'augmentation de la population et les prix ont quand même excédé l'inflation.
C'est très clair, la crise du logement au Canada n'est pas un simple problème d'offre et de demande. Il faut plutôt s'interroger sur qui détient les logements et pourquoi. En se concentrant presque exclusivement sur l'offre venant du secteur privé, le NHS a remis notre système d'habitation dans les mains d'investisseurs prédateurs en creusé profondément l'endettement des classes inférieures.
En 1978, le marché de l'habitation a servi de moyen de redistribution de la richesse. Les investissements massifs dans le logement social ont réduit les inégalités de ressources et nous a poussés.es vers une société plus égalitaire. En ce moment, ce marché est de nouveau devenu une machine à redistribution des richesses nationales mais en les dirigeants vers le haut de la pyramide sociale.
Pour résoudre cette crise, il faut rompre avec les doctrines néo libérales qui donnent la préséance à l'entreprise privée et chercher des solutions reconnues efficaces. Notre propre expérience et celle d'autres ailleurs nous enseignent que le seul moyen de recréer du logement abordable réside dans les alternatives hors marché qui stabilisent les prix et ainsi poussent les investisseurs privés en dehors su secteur.
Nous avons besoin d'un parc de logements sociaux capable d'ajuster les prix aux revenus, donc d'un investissement fédéral dans le logement et d'un contrôle universel des loyers. Nous avons besoin d'un système bancaire de prêts capable d'offrir des hypothèques conçues pour les acheteurs.euses à bas revenus. Les intérêts payés sur ces hypothèques doivent servir à construire du logement social et à en maintenir encore plus.
Nos milieux de vie ne doivent plus être est véhicules d'enrichissement pour les spéculateurs, ils doivent redevenir ce qu'ils auraient dû demeurer, nos foyers.
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Le nécessaire désarmement

Nous devons mettre un terme à la guerre, à toutes les guerres ! Si nous en avions l'obligation jusqu'aux récents siècles pour des raisons morales, nous en avons aussi d'autant l'obligation de nos jours pour des raisons environnementales.
(Ce texte a d'abord été publié dans l'édition d'octobre du journal Ski-se-Dit.)
La militarisation croissante de presque tous les pays dans le monde, propulsée par les États-Unis et la production d'armes de plus en plus sophistiquées, et les guerres qu'elles entraînent et perpétuent, détournent notre intérêt, les sommes qui y sont investies et nos précieuses énergies de la lutte aux changements climatiques et aux nombreuses formes de pollution auxquelles nous sommes de plus en plus confrontés. La production et l'utilisation de ces armes ont aussi un forte incidence sur l'environnement, sans compter bien sûr l'impact des guerres elles-mêmes ; en plus d'endommager les écosystèmes, les attaques faites sur des installations énergétiques et industrielles en période de guerre polluent l'air, le sol et l'eau.
Dépenses militaires
Aucune région du globe n'échappe à la hausse des dépenses militaires. Comme le rapportait l'Institut international de recherche sur la paix de Stockholm en avril dernier, elles ont atteint 2 443 milliards de dollars américains en 2023 (3 351 milliards de dollars canadiens), soit 6,8 % de plus en termes réels qu'en 2022. Les trente et un pays de l'Organisation du traité de l'Atlantique Nord (OTAN) cumulent 55 % de ces dépenses ; les États-Unis à eux seuls ont dépensés 916 milliards de dollars, la Chine 296 milliards, la Russie 109 milliards, l'Inde 83,6 milliards et l'Arabie saoudite 75,8 milliards. À l'échelle de la planète, cette somme faramineuse représente en moyenne une dépense de 306 dollars par année par personne.
Le Canada, comme on le sait, fait l'objet comme plusieurs de constantes pressions de la part des États-Unis pour qu'il accorde au moins 2 % de son produit intérieur brut (PIB) à ses dépenses militaires en tant que membre de l'OTAN. L'atteinte d'un tel pourcentage, qu'il s'est pourtant engagé à atteindre, représenterait 8,1 milliards de dollars canadiens supplémentaires par année au cours des cinq prochaines années. (Le budget militaire canadien se situe pour l'instant à 26,5 milliards de dollars canadiens.) Ce sont d'importantes sommes et des énergies que l'on pourrait certainement mieux employer en les orientant vers la santé, l'éducation, le logement, le mieux-être de l'ensemble de la population… et l'environnement.
Dans l'édition du 8 mai de la Gazette de la Mauricie, Charles Fontaine faisait d'ailleurs une intéressante remarque à ce sujet après avoir comparé le budget militaire canadien à l'aide publique au développement - qui ne se situe toujours qu'à 0,38 % du PIB, malgré l'objectif jamais atteint de 0,7 % formulé dans les années 1970 : « Investir dans la paix et le développement durable, écrit-il entre autres, devrait être notre priorité absolue. Saurons-nous, en tant que société civile, empêcher le gaspillage de sommes astronomiques dans des armes et des conflits qui ne font que perpétuer un cycle de destruction et de violences ? »
L'impact sur l'environnement
Comme mentionné plus haut, la production d'armes et les guerres ont d'importantes conséquences sur la qualité de l'environnement et sur nos efforts en vue de protéger nos écosystèmes et la qualité de l'eau, de l'air et des sols.
Selon un texte paru en juin 2023 dans le journal Le Devoir, le ministère de la Défense du Canada a produit à lui seul, en 2021-2022, quelque 1 113 kilotonnes d'équivalent CO2. La pollution générée par le parc de véhicules conventionnels du Ministère et par les 20 000 bâtiments placés sous sa gouverne représente 504 kilotonnes d'équivalent CO2 ; et les émissions dégagées par les aéronefs, les navires et les véhicules terrestres tactiques de l'armée canadienne 609 kilotonnes d'équivalent CO2. L'aviation et la marine engendrent à elles seules 99 % de cette pollution.
On peut aussi songer, aussi chez nous, à l'achat annoncé l'an dernier de 88 avions de combat F-35. Ces avions au lourd bilan carbone, dont la fabrication nécessite une grande quantité d'aluminium et plusieurs métaux rares comme le cobalt et le samarium, sont beaucoup plus énergivores que leur prédécesseur le F-16. Leur utilisation nécessite la combustion d'environ 5 600 litres de carburant par heure. L'utilisation d'un seul avion pendant une heure équivaut donc à faire le plein d'environ 119 voitures de marque Honda Civic. Remplir une seule fois le réservoir de ces 88 avions brûle 2 464 tonnes de CO2.
Les guerres altèrent quant à elles directement les écosystèmes à travers les incendies et la destruction d'espèces et d'habitats rares, comme des forêts, des réserves naturelles, des sources d'eau et des steppes. L'usage massif par l'armée américaine de l'agent orange dans les années 1960, lors de la guerre du Vietnam, est saisissant : cet herbicide toxique a détruit des forêts entières et continue de nuire à l'environnement et aux populations.
Le nombre de dommages environnementaux lors des guerres modernes est impressionnant. Entre le début de 2022 et la fin de 2023, sur une période d'une vingtaine de mois, on compte près de 1500 cas de dommages environnementaux seulement dans la guerre opposant la Russie à l'Ukraine. Quand on sait que les guerres s'étirent souvent sur plusieurs années et que l'on dénombre une dizaine de guerres majeures en cours dans le monde, on juge des impacts sur les écosystèmes et l'environnement.
Les centrales nucléaires, les installations de stockage de déchets dangereux, les industries et les ports maritimes sont aux premières loges des hostilités, comme le montrent de nombreux conflits. Les attaques touchent souvent des infrastructures énergétiques à travers les pays, comme des raffineries de pétrole, des plates-formes de forage et des installations gazières, multipliant ainsi les cas de pollution atmosphérique et des eaux.
Que faire ?
Lutter de façon honnête contre la crise écologique n'est certes pas aisé. Le pas le plus difficile à franchir en ce sens est probablement de s'extraire du discours ambiant.
Dans les médias grand public, c'est le silence radio quant aux impacts du militarisme sur l'environnement. L'augmentation des budgets militaires pour complaire aux États-Unis et leur permettre de maintenir leur hégémonie sur le monde semble légitime. Les quotidiens nous parlent de l'augmentation du budget militaire canadien en vue d'atteindre ce fameux 2 % du PIB comme quelque chose allant de soi, de nécessaire, allant même jusqu'à considérer le gouvernement Trudeau comme un mauvais élève.
Les forces armées sont quant à elles depuis longtemps portées aux nues, ici comme chez nos voisins, enrobées dans ce discours mièvre et mensonger voulant qu'elles s'emploient à défendre nos droits, nos libertés et notre démocratie. Plus que tout autres citoyens, les soldats sont célébrés comme des héros, des hommes et des femmes d'une grande générosité qui font preuve d'abnégation. Nous devons remettre les pendules à l'heure : il n'y a rien de noble ni de moral à développer et à utiliser des instruments meurtriers qui serviront à détruire des vies et ravager des sociétés. Rien de noble ou de moral non plus à tirer sur des humains ou à larguer des bombes sur des groupes d'humains. Tout cela sans considérer l'impact significatif du militarisme et des guerres sur la crise écologique.
L'industrie de l'armement est puissante et très influente sur le plan politique. Selon les données de l'Institut international de recherche sur la paix de Stockholm de 2022, les cinq plus grands fabricants d'armes d'armes sont états-uniens. Ce sont Lockheed Martin, Raytheon Technologies, Northrop Grumman, Boeing et General Dynamics. Ils ont comme on s'en doute une très grande influence sur la politique de leur pays et en Occident et ont besoin de débouchés pour vendre leurs armes partout dans le monde. Le gouvernement des États-Unis et les médias grand public du pays - écrits et électroniques – avec qui ils ont souvent partie liée, leur servent puissamment de relais. Notre gouvernement et nos médias grands publics aussi.
Nous devons leur résister et œuvrer à un monde de justice et de paix. Nous ne serons pas seuls à le faire. Un très grand nombre de personnes et d'organisations œuvrent déjà pour la paix et le désarmement ici et partout dans le monde. Si nos gouvernements et nos médias grand public ne leur accordent guère de place, nous devons alors le faire et parler et écrire contre l'augmentation des budgets militaires, pour le désarmement, contre la présence de l'armée canadienne dans nos écoles, auprès de nos enfants, pour la dissolution de l'OTAN, cette détestable organisation militaire qui sème la pagaille dans le monde, pour de l'information utile et non biaisée de la part des médias et pour la résolution des conflits en cours.
Nous devons le faire du mieux que nous le pouvons et de toutes les manières possible en soulignant l'important impact négatif de la guerre et de la militarisation sur la lutte à la crise écologique et climatique et sur l'importance d'accorder la priorité aux questions d'environnement.
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Mirage des anodes inertes. Elysis quand tu nous tiens !

Elysis, un mot quasiment magique. Quand Fitzgibbon en parlait, il lévitait presque. Pour ceux et celles qui ne sont pas au courant, Elysis désigne un nouveau procédé de production de l'aluminium actuellement en recherche et développement au Saguenay lac St-Jean. Ce procédé en est un dit « d'anode inerte » et son principal mérite serait de ne pas dégager de gaz à effet de serre (GES). Il faut dire que les GES dégagés par les anodes de carbone (la technologie actuelle) entraînent un lourd bilan environnemental qui fait du secteur de l'aluminium au Québec le principal émetteur de GES en industrie.
Germain Dallaire
C'est presqu'un euphémisme, les gouvernements fantasment à plein sur cette technologie. En 2018, à l'amorce des travaux de recherche au Saguenay, les deux ordres de gouvernement investissent 160 millions$, Alcoa et Rio Tinto 55 millions et Apple 13 millions. À ce moment-là, l'application industrielle était prévue pour 2024. En juin dernier, Rio Tinto annonçait la construction pour 2027 d'une usine de démonstration composée de 10 petites cuves permettant de produire annuellement 2500 tonnes métriques. Rio Tinto investira 375 millions et le gouvernement du Québec 140 millions. Compte tenu des promesses de 2018, on est encore dans la recherche et développement. Rio Tinto achète du temps.
Lors de l'annonce de juin, le fédéral était aux abonnés absents. Peut-être garde-t-il ses annonces pour la campagne électorale à venir ou peut-être que le ministre Champagne commence à trouver que c'est cher payé en argent public pour des résultats relativement modestes qui laissent place encore à beaucoup d'incertitude. Toujours est-il que j'ai obtenu copie par une source désirant garder l'anonymat d'une lettre caviardée dont on peut cependant voir qu'elle est rédigée par un député et adressée à un ministre (sûrement François Philippe Champagne). Dans cette lettre, le député met en garde le ministre en insistant sur le fait que toutes les prétentions concernant la mise en œuvre de cette technologie sont basées uniquement sur les dires de la multinationale puisqu'aucun représentant gouvernemental n'est impliqué dans les travaux de recherche et développement de cette technologie. Tout se passe dans plus grand secret. La parole de la multinationale est parole d'évangile. Pour pallier à ce problème, l'auteur de la lettre favorise l'implication du conseil national de recherche du Canada. Au contraire de l'épais brouillard sur les perspectives d'aboutissement de cette technologie, les investissements publics sont eux, importants et bien concrets. L'auteur de la lettre va même jusqu'à évaluer comme nul pour les 25 prochaines années l'impact dÉlysis sur les GES. Autant dire l'éternité.
Pour appuyer son appel a la prudence, le député se réfère au témoignage en avril dernier devant un comité des communes de Jérôme Pécresse, chef de la direction aluminium chez Rio Tinto. Il caractérise ce témoignage comme un « tableau précautionneux ». En effet, il faut prendre le temps de lire ce témoignage. Questionné par le député bloquiste Mario Simard quant à un échéancier, M. Pécresse commence en disant qu'il ne sait pas ce que signifie un échéancier et enchaîne sur un long monologue disant pour l'essentiel que la recherche et développement est un processus par définition indéfini et incertain mais qu'il a confiance d'aboutir. Voilà pour ce que le député qualifie dans sa lettre de « témoignage précautionneux ».
Il faut savoir que, comme le dit la lettre, « depuis 50 ans, plusieurs ont exploré sans succès cette nouvelle voie" (anodes inertes). On parle de Reynolds, Péchiney, Alusuisse, Trimet, Moltech, des chercheurs du MIT et des laboratoires nationaux américains et canadiens (INRS). Pour un, Alcoa a investi plusieurs dizaines de millions de dollars au début du millénaire. À l'époque, la multinationale parlait d'une mise en service pour 2002… Aujourd'hui, Alcoa est partenaire avec Rio Tinto. Tirez-en votre conclusion.
Un peu d'étymologie : Élysis est un mot inventé, c'est un nom propre comme pour une personne qu'on pourrait imaginer de sexe féminin. Un objet de désir quoi ! Spontanément, le mot peut évoquer l'Élysée qui est le domicile du président français. En mythologie grecque, Élysée signifie un lieu délicieux qui faisait partie des Enfers et était le séjour des âmes des héros et des hommes vertueux. Autre piste, le prénom Élyse qui chez les grecs signifie « Des îles bénies ». Encore là, tirez-en votre conclusion.
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1926-2026, cent ans d’occupation par Alcan et Rio Tinto : Le bilan s’impose !

Saguenay, Québec – 8 octobre 2024 – Martine Ouellet, cheffe de Climat Québec, en collaboration avec l'Association des retraités syndiqués de Rio Tinto Alcan et d'autres partenaires annoncent la tenue d'un colloque à l'hôtel Delta à Jonquière, mardi le 22 octobre 2024 intitulé : 1926-2026, cent ans d'occupation par Alcan et Rio Tinto : le bilan s'impose !
Ce colloque sera l'occasion de faire un bilan des impacts et des retombés de la présence de Alcan/Rio Tinto depuis près de 100 ans au Saguenay et Lac St-Jean. Plusieurs personnalités tant du milieu régional comme Marc-Urbain Proulx, Denis Trottier, Alain Proulx que national comme Martine Ouellet et Robert Laplante, viendront présenter un aspect du bilan de 100 ans d'occupation.
L'année 2026 marquera le centième anniversaire de la fermeture des vannes du barrage d'Isles Malignes au Lac St-Jean et le début de l'aventure de l'aluminium dans une région qui est passée de grenier du Québec à vallée de l'aluminium Après cent ans, il est temps de regarder les choses du point de vue des résidents du Saguenay – Lac St-Jean et d'amorcer un bilan ainsi qu'une réflexion. Ces résidents étaient là avant et ils le seront après.
Berges, crassier de résidus, électricité, transformation
Si ce bilan comporte un actif important représenté par les milliers d'emplois qui ont façonné la région, il comporte également un important passif sur lequel il existe une forme d'omerta. On pense en particulier à l'artificialisation des berges du Lac Saint-Jean ou encore les gigantesques crassiers de résidus de bauxite sans parler de la pollution de l'air ou celle de l'eau qui affecte toujours les bélugas à l'embouchure du Saguenay.
Il est aussi temps d'analyser les retombés versus les privilèges consentis à Alcan lors de la nationalisation de l'électricité en contrepartie d'un contrat social pour la création d'emploi et la transformation d'aluminium. De 12 000 qu'il était au début des années 60, le nombre d'employés n'a fait que diminuer et est maintenant que de 2 700. Alors que l'électricité privé représente un équivalent de subvention d'environ 700 millions de $ par année, sans parler des passe-droits au niveau de l'impôt et des GES. Est-ce toujours aussi pertinent ? Il y aurait-il d'autres avenues pour la région ?
Que nous réserve l'avenir pour les installations de Rio Tinto ?
Est-ce que l'implantation de la nouvelle usine d'AP-60 promise à de multiple reprise verra un jour le jour ? Est-ce que la nouvelle technologie Élysis qui ressemble de plus en plus à une chimère va rencontrer ses promesses ? Comment le PL 69 risque de changer le portrait du tout au tout avec des méga parcs éoliens et la privatisation de l'électricité ?
Compte tenu de ces différents éléments, les jeannois et saguenayens ont matière à réflexion. C'est dans le but d'amorcer ce bilan et cette réflexion dans une perspective globale que se tiendra ce colloque.
SOURCE :
climat.quebec
communications@climat.quebec
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Le consensus québécois en environnement

À travers le pays, depuis maintenant des décennies, le Québec s'est démarqué en intégrant des principes environnementaux forts dans son développement économique et social. Notre nation a fait des choix ambitieux, a adopté des lois, s'est dotée de plans, a eu de grands débats de société, a mené des luttes, a bâti des infrastructures collectives et a mené des chantiers importants pour bâtir un avenir viable. Pour nous, l'aboutissement de tout ce travail représente aujourd'hui le consensus au Québec en matière d'environnement.
Ces choix représentent des acquis sur lesquels nous ne pouvons pas reculer.
C'est pourquoi nous demandons aux partis politiques fédéraux de s'engager à respecter le Consensus québécois en environnement.
Si pour vous aussi, il est non-négociable que les partis fédéraux respectent ce que le Québec a bâti et choisi depuis des années, appuyez le consensus. Demandons aux partis de s'engager formellement à respecter nos valeurs et nos acquis en matière d'environnement s'ils souhaitent se faire élire aux prochaines élections !
Notre consensus, en bref
– Nous sommes fiers d'être de grands producteurs d'énergies renouvelables et nous croyons qu'elles sont la voie de l'avenir.
Pour l'affirmer, le Québec a interdit la production d'énergies fossiles sur son territoire et fait partie d'une alliance Beyond Oil and Gas (BOGA).
– Nous croyons que les changements climatiques sont un enjeu prioritaire et nous sommes engagés à agir pour réduire les émissions de GES de notre province.
Pour y arriver, le Québec a adhéré à l'accord de Paris, s'est donné des cibles pour atteindre la carboneutralité d'ici 2050, a mis en place un marché du carbone et un prix sur la pollution.
– Nous voulons réduire les déchets et le gaspillage dans notre province.
Pour y arriver, le Québec a voté une loi contre l'obsolescence programmée, pour forcer les producteurs à faire des biens plus durables et réparables. Plusieurs villes interdisent aussi les produits en plastique jetable pour diminuer les déchets.
– Nous voulons habiter des milieux de vie sains et vivants, où nous avons accès à des services de proximité et où nous pouvons profiter de la nature.
Pour y arriver, le Québec s'est doté d'une politique d'architecture et d'aménagement du territoire (PNAAT) qui cherche à concentrer la croissance urbaine près des services et infrastructures existantes et à limiter l'étalement urbain pour protéger les milieux naturels.
– Nos terres agricoles sont précieuses et cruciales pour notre résilience alimentaire. Nous voulons les protéger et les garder en bonne santé.
Pour y arriver, nous avons adopté au Québec un plan d'agriculture durable (PAD), qui prévoit des pratiques agroenvironnementales, la réduction des engrais azotés et des mesures de protection de la santé des sols. Notre politique d'architecture et d'aménagement du territoire (PNAAT) vise aussi la protection de nos terres en limitant l'étalement urbain.
– Nous aimons profondément notre territoire et nous voulons agir pour prendre soin de nos milieux naturels et de notre biodiversité.
Pour y arriver, nous nous sommes engagés à protéger 30% de notre territoire d'ici 2030, nous avons adhéré au Cadre mondial de la biodiversité de Kunming-Montréal pour inverser la tendance de la perte de biodiversité et plusieurs villes interdisent l'utilisation de pesticides sur leur territoire.
– Notre eau, nos lacs, nos rivières, notre fleuve, nos milieux humides, sont des richesses collectives précieuses que nous voulons protéger contre la pollution et la destruction.
Pour y arriver, nous avons adopté une loi pour garantir “zéro perte nette” de milieux humides et hydriques.
– Nous voulons nous déplacer de manière plus durable et avoir accès à des options de transport moins polluantes, efficaces et abordables.
Pour y arriver, le Québec a adopté une loi pour cesser la vente de véhicules à essence à partir de 2035, a adopté sa norme VZE pour encourager la transition vers des véhicules plus propres et a choisi de bâtir de nouvelles infrastructures de transports en commun, comme le tramway de Québec.
Pour consulter le document complet du Consensus québécois en environnement, cliquez ici.
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Quand Christian Rioux appelle à la « guerre totale » au Proche orient !
Petites « mises au point » suite à la chronique intitulée : « Pogrom »
Le Devoir, 7 octobre, 2024
Mario Charland
« On peut bien sûr avoir de bonnes raisons de penser que le coût humain payé par les Gazaouis est démesuré. [...] Mais cela ne nous explique pas comment il est possible d'éviter une guerre totale face à un ennemi qui ne veut ni vous vaincre ni vous faire reculer, mais vous exterminer et vous faire disparaître “du fleuve à la mer” ? » Je souligne.
On pourrait renverser les protagonistes du conflit israélo-palestinien dans cette citation tirée de la chronique ci-haut mentionnée du polémiste en résidence du journal Le Devoir, Christian Rioux, et on aurait le même résultat : une fraction extrémiste qui veut éradiquer la présence de l'« Autre » sur ce qu'elle considère comme étant son pré-carré et sa prérogative absolue, offert par son Dieu Tout puissant et bienveillant envers ses fidèles, ce qui leur donne le droit, et même le devoir, d'en finir avec ces « étrangers » qui souillent la Terre sacrée du Peuple élu (« Juif » dans ce cas-ci).
Mais Rioux n'en dit mot. Il n'y a que le Hamas ou le Hezbollah (ou même l'Iran) qui porte le fardeau de la faute dans cet engrenage de violence, Nétanyahou, Ben-Gvir, Smotrich, Joe Biden n'y sont pour rien car Israël a le « droit de se défendre » contre les femmes, les enfants et les journalistes palestiniens, les travailleurs humanitaires, les médecins, les chirurgiens, tous ligués contre les Juifs, tous antisémites, même les membres de l'ONU et les Cours de Justice Internationale. Comme le dit si bien notre philo-sémite : « Ce jour-là [le 7 octobre], ils [les Israéliens] ont compris qu'ils étaient seuls au monde, [...] »
On aurait envie de pleurer, ne serait-ce le fait que, en Palestine, plusieurs aimeraient bien vivre ce genre de « solitude » : L'armée la plus puissante du monde qui assure ses arrières, lui fournissant armes, munitions, renseignements, logistique, lui donnant le feu vert pour effectuer ses opérations militaires dans la région comme bon lui semble, au mépris du droit international, sans égard à la souveraineté des pays tiers, bloquant régulièrement à l'ONU toute proposition de cessez-le-feu, confondant délibérément, en toute connaissance de cause, antisionisme et antisémitisme dans le but explicite de justifier les crimes de guerre et les crimes contre l'humanité perpétrés par Tsahal.
C'est sans parler de la grande majorité des pays occidentaux, alignée bien sagement derrière l'Oncle Sam, n'osant le contredire, opinant de la tête à toute déclaration aussi dénuée de sens humanitaire, d'attitude conciliatrice, d'empathie pour les populations civiles (prises pour cibles par l'armée israélienne) puissent-elles être de la part du Président de cette Superpuissance sur le déclin, en pleine décomposition socio-politique, moralement décadente, économiquement dépendante (donc parasitaire) du reste du monde, les États-Unis d'Amérique. Malheureusement (ou heureusement, dépendamment de quelle solitude on parle), l'éventuelle prochaine Présidente compte bien demeurée aveugle sur le déséquilibre évident des rapports de force entre Israël et le monde arabe.
Cela non plus, Rioux n'en fait mention nulle part. Il préfère nous partager sa contribution théorique à la science historique (qui va sûrement intéresser les historiens du monde entier) : Un Peuple qui a été victime d'un génocide ne peut pas, à son tour, devenir génocidaire envers un autre Peuple. Ce n'est pas possible ou si ce l'est, c'est sûrement pour de bonnes raisons, justifié par des circonstances atténuantes (toute critique d'Israël étant, au fond, un déni du droit aux Juifs d'exister politiquement). Pour mieux comprendre la pertinence de la découverte de M. Rioux, faisons un parallèle avec la psychologie sociale : Un enfant victime de violence parentale ne pourra pas devenir, à son tour, violent envers ses futurs enfants ; c'est impossible et impensable ; il est trop « conscient » des conséquences néfastes pour l'être humain de tels traitements traumatisants. Tous les pédopsychiatres savent cela !
La solution est donc simple et limpide : Pour que les Occidentaux (USA en tête) considèrent comme « légitime » l'aspiration des Palestiniens à former un État, ils doivent se débarrasser du Hamas, laissant ainsi toute latitude à l'extrême-droite israélienne d'accomplir son projet « sioniste » d'un Grand Israël au Proche-Orient, dans lequel seuls les « Juifs » seront considérés comme des citoyens à part entière, les autres confessions, populations, ethnies devant accepter leur statut d'infériorité congénitale dont la destinée sera dictée par le Peuple élu de Dieu. En d'autres termes, c'est le Troisième Reich, version israélite...
Bref, si comme l'
affirme Christian Rioux : « Le 7 octobre aura donc été le premier pogrom du XXIe siècle. », Gaza sera, pour sa part, le premier génocide... et non le dernier...
Mario Charland
Shawinigan
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David Harvey, « Brève histoire du néolibéralisme »

Il faut féliciter les éditions Amsterdam pour leur réédition de cet ouvrage de David Harvey, initialement paru en 2005. L'auteur est un géographe et économiste marxiste de renommée internationale dont la revue L'Anticapitalistea déjà traite des travaux, en juin 2023 [1]. Harvey résume ainsi l'objet de ce livre : fournir une « histoire politico-économique des origines du néolibéralisme et de sa prolifération généralisée sur la scène mondiale ».
9 octobre 2024 | tiré du alencontre.org
https://alencontre.org/economie/david-harvey-breve-histoire-du-neoliberalisme.html
Avant la déferlante néolibérale fonctionnait ce que l'auteur qualifie de « libéralisme intégré » basé sur un « compromis de classe » entre le capital et le travail. Il est à regretter que Harvey ne dise pratiquement rien sur les raisons et facteurs de développement de ces politiques. Toutefois, il signale à juste titre que les bénéfices du libéralisme intégré furent en fait limités aux pays capitalistes les plus développés.
A la fin des années 60, le modèle commença à s'effondrer tant au niveau national qu'à l'échelle internationale : suraccumulation du capital, croissance en berne, « stagflation » (chômage et inflation simultanés), déficits budgétaires, impuissance des politiques keynésiennes, crise du système monétaire international issu de Bretton Woods. A partir de là, se présentaient deux possibilités. La première, exprimée confusément par Harvey, était la radicalisation des politiques antérieures. L'auteur explique que cela a été plus ou moins tenté dans divers pays mais que cela s'est avéré incompatible avec l'accumulation du capital et que la gauche s'est montrée incapable d'aller au-delà des solutions sociales-démocrates (il faut regretter que cette question essentielle soir traitée de manière allusive et peu claire, sans aucune allusion au principal élément socio-politique de la question : l'affrontement avec la classe dominante). Ce fut donc l'heure du néolibéralisme dont les pères fondateurs avaient brandi l'idéal de la liberté individuelle (ce qui a un attrait quasiment irrésistible aux yeux de larges secteurs des populations) et ont affirmé que les libertés individuelles supposaient la liberté du marché et des échanges. Sous cet habillage, le projet politique du néolibéralisme était en fait le rétablissement des conditions d'accumulation du capital et la restauration du pouvoir des élites économiques
Après l'expérimentation consécutive au coup d'Etat au Chili, le tournant majeur intervient en 1979-1980 avec l'arrivée au pouvoir de Margaret Thatcher et la hausse drastique des taux d'intérêt par la Réserve fédérale américaine dirigée par Paul Volcker qui vise à réduire l'inflation quel qu'en soit le coût pour l'emploi. En 1980, Reagan est élu président des Etats-Unis. Ensuite, le néolibéralisme s'est généralisé et imposé mais de manière différenciée en fonction des caractéristiques des différents Etats.
Les années qui suivent sont marquées par le développement de l'endettement international. Sous prétexte de faire face aux crises de la dette, FMI et Banque mondiale se font les relais internationaux des politiques néolibérales. Avec le « consensus de Washington », dans les années 90, les Etats-Unis épaulés par le FMI et la Banque mondiale ont fait de leur modèle la réponse aux problèmes du monde. Il s'agissait en fait d'ouvrir la majeure partie des Etats à la libre circulation des capitaux. Des dynamiques internes et des forces externes ont joué en ce sens mais Harvey souligne à juste titre que « parfois tout se passe même comme si le FMI ne faisait que prendre la responsabilité des réformes voulues de toute façon par la classe dirigeante de tel ou tel pays ».
Le néolibéralisme a renforcé le pouvoir de la classe dominante tout en favorisant sa reconfiguration : aux dirigeants des grandes entreprises et entités financières se sont ajoutés les détenteurs des fortunes rapides réalisées dans les nouveaux secteurs-phares, notamment les NTIC. Pratiquement partout, on a assisté à une énorme concentration des richesses.
Le fossé entre le capital industriel ou marchand et le capital financier a disparu, le pouvoir du monde de la finance s'est accru tandis que la stabilité du système financier est devenue le principal souci des Etats néolibéraux. Cette classe dirigeante est internationalisée tout en restant liée à des appareils d'Etat nationaux pour les avantages et la protection qu'elle en retire.
Après cette description de la montée et des différentes facettes du néolibéralisme, Harvey cherche à montrer comment, hors le cas du Chili où le néolibéralisme s'est imposé par la répression militaire, il a su créer un consensus qui a permis à des politiciens de gagner des élections et de mettre en œuvre leurs orientations.
Harvey développe en premier lieu les cas des Etats-Unis et de la Grande-Bretagne (les brefs éléments concernant la France sont approximatifs et discutables). Aux Etats-Unis, on a assisté à la combinaison d'une offensive idéologique multiforme grassement financée par les milliardaires, d'une agression antisyndicale menée avec acharnement par Reagan, d'une capacité à accentuer les divisions entre salariés et du ralliement des deux grands partis, républicain (avec dans ce cas une alliance entre big business et chrétiens conservateurs) et démocrate, aux logiques néolibérales. Un chapitre entier est consacré à la Chine : Harvey y voit une marche particulière vers la libéralisation et la reconstitution d'un pouvoir de classe, « un néolibéralisme à caractéristiques chinoises » qui a permis la croissance économique et panache autoritarisme, nationalisme et certaines formes d'impérialisme rejoignant, selon lui, la vague néo-conservatrice américaine
Le rôle de l'Etat dans la théorie néolibérale est relativement simple : garantir le fonctionnement du marché. Le libre jeu de la concurrence est la meilleure solution, quitte à inventer des mécanismes de marché face à des problèmes nouveaux : comme le marché des droits à polluer. Pour se protéger des menaces que les processus électoraux pourraient faire peser sur la stabilité du marché, les gouvernements néo-libéraux donnent des pouvoirs à des institutions « indépendantes », comme les banques centrales, les cours de justice (on pourrait y ajouter l'édifice des traités européens : « Il ne peut pas y avoir de choix démocratique contre les traités européens » avait déclaré le président de la Commission en janvier 2015 après la victoire électorale de Syriza en Grèce). En fait, malgré son discours, l'Etat néolibéral se méfie de la démocratie et ses résultats économiques et sociaux sont en décalage par rapport à ses proclamations.
Cependant, on constate des pratiques souvent disparates entre les Etats néolibéraux, certaines renvoient à des considérations pragmatiques ou opportunistes, d'autres aux contextes socio-politiques. Tandis que, aussi bien les Etats nationaux que les institutions internationales comme le FMI, font des entorses aux principes pour sauver des institutions financières qui se sont mises elles-mêmes en difficulté.
Harvey souligne que l'Etat néolibéral est instable. Il est de plus en plus paradoxal de vanter les vertus de la concurrence quand la monopolisation de l'économie se renforce, que les scandales financiers se multiplient, que les travailleurs font les frais de la flexibilité, que les inégalités explosent et que les solidarités se désagrègent. Pour faire face aux mécontentements, l'autoritarisme et les méthodes policières se renforcent tandis que l'Etat néolibéral en appelle de plus en plus au nationalisme face aux désordres internes et à la compétition internationale. Harvey souligne que les contradictions du néolibéralisme peuvent être porteuses de dérives encore plus dangereuses, centrées sur les valeurs morales, le racisme, etc.
Dans un chapitre intitulé « le néolibéralisme en procès », Harvey revient sur les résultats de la néolibéralisation. Il souligne leurs limites : les politiques néolibérales n'ont pas réussi à impulser une nouvelle phase de croissance mondiale. L'Asie de l'Est (avec la Chine) et l'Inde semblent infirmer ce diagnostic mais il s'agit d'Etats poursuivant des politiques spécifiques et non alignées sur le « consensus de Washington ». Le seul succès du néolibéralisme est en fait le contrôle de l'inflation. L'auteur relativise l'impact du développement des technologies de l'information (ce qui pourrait déboucher sur des débats essentiels qu'il n'aborde pas).
Selon Harvey, ce qui marque en fait la phase actuelle du capitalisme c'est ce qu'il qualifie d'« accumulation par dépossession » : une extension généralisée de la sphère marchande qui transforme en marchandises tout une série de biens et d'activités qui bénéficiaient antérieurement à la masse des populations. C'est un point essentiel dont il souligne la continuité avec l'accumulation primitive décrite par Marx.
Harvey conclut son livre en évoquant les crises dont est porteur le néolibéralisme. Des crises financières violentes sont inévitables. La classe dominante en est consciente mais ne fait pratiquement rien pour les prévenir. Un des fondements de cette attitude est sa confiance à pouvoir s'en tirer sans trop de mal. Mais ce scenario pourrait s'avérer fallacieux : une crise financière majeure pourrait accentuer un basculement accentué de l'état du monde au profit de l'Asie ou bien rogner malgré tout les capacités de contrôle de la société par les dominants. Par ailleurs, la néolibéralisation génère de nombreux mouvements contestataires dont une grande partie se distingue des mouvements à base ouvrière autrefois dominants. Ce qui ne signifie pas, souligne Harvey, la mort des mouvements ouvriers, ni dans les vieux pays industriels, ni dans les nouveaux. Les luttes contre l'accumulation par dépossession font naître de nouveaux mouvements enracinés dans le quotidien et le local. Ils ont certes produit ou favorisé la production d'une pléthore d'idées alternatives mais ont, souligne justement l'auteur, souvent du mal à aller au-delà de la question sur laquelle chacun d'entre eux s'est constitué pour appréhender la nature de classe des politiques auxquelles ils se heurtent.
Comme on l'a signalé plus haut, certains développements de Harvey apparaissent parfois confus, voire discutables. Par ailleurs, il semble inutile d'essayer de comprendre les graphiques joints au texte étant donné leur faible lisibilité mais cela est de la responsabilité de l'éditeur. Mais cela ne réduit pas l'intérêt d'un livre extrêmement utile pour comprendre le néolibéralisme dans sa globalité.
[1] VoirThierry Labica, « Petite invitation au marxisme de David Harvey », Revue L'anticapitaliste, Numéro 146, mai 2023 | L'Anticapitaliste (lanticapitaliste.org)
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Livre Le Curateur public et moi - Parution le 29 oct.

| Une représentante légale dénonce les pratiques du Curateur public
*Alors que le Protecteur du citoyen constatait, en septembre dernier, une «
déshumanisation » des services offerts par l'État québécois, une
représentante légale dénonce les pratiques opaques et étouffantes d'une
institution publique essentielle, mais méconnue : le Curateur public du
Québec.*
Le livre *Le Curateur public et moi - Un déficit d'humanité*, de
l'autrice Alexandra Gilbert, paraîtra *en librairie le 29 octobre prochain.*
*En bref* : On parle beaucoup, avec raison, de maltraitance envers les
personnes vulnérables, mais il faut aussi parler de *surveillance excessive*
et de *déshumanisation des proches aidants et représentants légaux*. Une
représentante légale lève ainsi le voile sur les pratiques étouffantes et
opaques d'une institution nécessaire, mais méconnue : le Curateur public.
*À propos du livre*
« “Ma blonde, elle aide son père handicapé et le Curateur public la traite
comme un bandit.” Cette phrase délicieusement franche de mon amoureux a
fait son chemin dans ma prise de parole. […] J'ai réfléchi. Aux années de
demandes incessantes du Curateur public qui avaient contribué à me
maintenir dans un stress constant, dans une sorte d'état d'hypervigilance.
Au manque de transparence et de professionnalisme de l'institution. Aux
règles obscures et froides qui régissent la fonction de représentant légal.
J'ai décidé que c'en était assez. »
*Le Curateur public et moi* est le récit sans concession d'une citoyenne
dévouée qui assume depuis 25 ans le rôle de représentante légale de son
père victime d'un AVC. Si la réalité de « proche aidant·e » nous est
maintenant familière, il en va tout autrement de celle de « tuteur ou
tutrice » d'un proche adulte déclaré inapte, alors qu'elle est vécue par
près de 10 000 personnes au Québec. Alexandra Gilbert lève ainsi le voile
sur les répercussions concrètes de ce rôle au quotidien, à commencer par
l'expérience de la bureaucratie opaque, étouffante et rigide du Curateur
public du Québec.
Bien que la mission du Curateur public de « veiller à la protection des
personnes inaptes, à la sauvegarde de leur autonomie et au respect de leurs
droits » soit essentielle, l'essai met plutôt en lumière le stress,
l'incompréhension et le sentiment d'isolement et de solitude qui
accompagnent bien souvent le vécu des représentants légaux, alors que le
Curateur prétend soutenir les familles et les proches dans leur fonction.
L'organisme Proche aidance Québec a d'ailleurs développé le concept de «
maltraitance organisationnelle », qui « [...] réfère, entre autres, à une
négation des compétences apportées par la personne proche aidante à la
personne aidée, à l'absence de transmission d'informations pour l'aider
dans son rôle, tout en la laissant se débrouiller seule. » Ce concept
pourrait-il également s'appliquer aux représentants légaux ?
Dans un contexte de vieillissement de la population, où le nombre de
personnes sous tutelle risque de croître, *Le Curateur public et moi* est
un vibrant plaidoyer pour que le rôle fondamental que jouent les
représentants légaux dans notre société soit enfin soutenu et reconnu à sa
juste valeur. Faute de quoi des familles et des proches de personnes
vulnérables pourraient, à l'avenir, craindre de prendre soin d'elles…
Est-ce ce que nous voulons comme société ?
*À propos de l'autrice*
Alexandra Gilbert a travaillé pendant 20 ans en développement
international. Auteure de deux romans (*Gourganes*, 2017 et *Obsolète*,
2022, tous deux chez Stanké), elle œuvre désormais comme rédactrice et
gestionnaire de projets. Représentante légale de son père handicapé depuis
25 ans, *Le Curateur public et moi* est son premier essai.
*****
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Soutien à la résistance ukrainienne

Le ficher PDF du livre à télécharger
3
Table des matières
CE N'EST QU'UN DÉBUT CONTINUEZ À TERGIVERSER
CHRISTIAN MAHIEUX
5
CARNET DE BORD DE LA GUERRE EN UKRAINE
Menace nucléaire russe, batailles de Koursk et de Vuhledar…
ANTOINE RABADAN
8
SOLIDARITÉ INTERNATIONALE
Des syndicalistes ukrainiens en tournée dans l'État espagnol
ALFONS BECH
32
Intercepted : salle comble pour la projection en avant-première au Louxor
SOPHIE BOUCHET-PETERSEN
40
Déportation, adoption, russification des enfants ukrainiens
ROBI MORDER ET MARIANA SANCHEZ
42
Carnet de voyage
MANON BOLTANSKY ET NICO DIX
44
Deuxième assemblée générale du Comité français du Réseau européen de solidarité avec l'Ukraine
BERNARD DREANO, ROBI MORDER, MARIANA SANCHEZ
54
FÉMINISMES
Travail des femmes : comment la guerre a changé le marché du travail en Ukraine
ALIONA TKALITCH
59
Une perspective féministe
L'ATELIER FÉMINISTE
62
Le dilemme de la violence domestique en Ukraine
RUCHI KUMAR
63
Féministes en lutte contre l'impérialisme russe
UNE VIDÉO PRODUITE PAR FRIEDA AFARY ET L'ATELIER FÉMINISTE DE

Enzo Traverso : « Le concept de génocide à Gaza apparaît clairement justifié »

Auteur d'un grand nombre d'ouvrages sur le nazisme, l'antisémitisme ou « la guerre civile européenne de 1914 à 1945 », l'historien s'interroge dans son nouvel essai sur la signification – et les supposées justifications – de la violence israélienne contre Gaza et les Palestiniens aujourd'hui.
2 octobre 2024 | tiré de lettre de Lux éditeur
https://luxediteur.com/catalogue/gaza-devant-lhistoire/
Enzo Traverso, Italien, né en 1957, est venu enseigner l'histoire dans les universités parisiennes dans les années 1980, se spécialisant sur l'antisémitisme, le nazisme et la violence de la première moitié du XXe siècle. Professeur à Cornell University (New York), spécialiste de l'histoire du judaïsme, du sionisme et de l'antisémitisme, il est l'auteur de nombreux ouvrages traduits à travers le monde. Son regard sur la guerre qui fait rage aujourd'hui en Palestine – et désormais au Liban – en fait donc un observateur particulièrement pertinent sur l'évolution de la tragédie en cours.
Au début de votre nouveau livre, Gaza devant l'histoire, vous citez les propos d'un gradé israélien : « Rien n'arrive par hasard ; tout est intentionnel. Et s'il est nécessaire de tuer une petite fille de 3 ans dans une maison de Gaza, c'est parce que quelqu'un dans l'armée a décidé qu'il n'était pas grave qu'elle meure, que c'était le prix à payer pour atteindre [une autre] cible. Nous savons exactement combien de dommages collatéraux il y a dans chaque maison. » Il y a donc bien une « intention génocidaire » ?
Enzo Traverso : Vous avez raison de souligner qu'il y a eu des déclarations – multiples – de hauts gradés mais aussi des principaux ministres du gouvernement israélien, qui ont clairement affiché l'objectif de cette guerre. Même si ce terme de « guerre » ne me semble pas très approprié, puisqu'il ne s'agit pas d'une guerre au sens classique du terme, dans le sens où nous n'assistons pas à un affrontement entre deux armées, mais bien plutôt à la destruction planifiée et systématique d'un territoire encerclé par une armée faisant face à une résistance militaire de groupes dont l'armement n'est en rien comparable à celui de l'armée israélienne.
[…]
Voir la suite dans Politis.
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Un franc succès pour la première Grande Marche lavalloise contre les violences sexuelles

Laval, 9 octobre 2024 — La Table de concertation en violence conjugale et agressions à caractère sexuel de Laval (TCVCASL) et le projet Laval alliée contre les violences sexuelles (LACVS), une initiative possible grâce à la Politique régionale de développement social de Laval (PRDS), sont fiers d'annoncer le grand succès de la première Grande Marche lavalloise contre les violences sexuelles, s'étant tenue le 5 octobre dernier.
« Cette première grande marche contre les violences sexuelles marque un tournant pour la communauté lavalloise, démontrant une mobilisation collective et une volonté forte de lutter contre ce fléau. L'organisation exemplaire et la participation de nombreuses personnalités montrent l'importance accordée à cette cause essentielle pour le bien-être de tous » a déclaré Alberto Georgian Mihut, rédacteur en chef du Média Communautaire Lavallois.
Une initiative locale qui mobilise à l'échelle transrégionale
Des organismes et des citoyen.ne.s venu.e.s de régions aussi éloignées que Joliette et Saint-Ours, et d'autres de Terrebonne, Boucherville et Montréal se sont joints par centaines à cette marche. Des élu.e.s, des organisations spécialisées en violence sexuelle ou conjugale, ainsi que des représentant.e.s de divers secteurs (scolaire, pauvreté, itinérance, etc.) ont répondu à l'appel, rassemblant des participants âgés de 7 à 77 ans.
« Je viens de Boucherville. C'est la première fois que je participe à une manifestation de toute ma vie. Ma fille ne pouvait pas venir […] je suis venue toute seule […] c'était trop important pour moi » a partagé une marcheuse.
TABLE DE CONCERTATION EN VIOLENCE CONJUGALE ET
LAVAL ALLIÉE CONTRE LES VIOLENCES SEXUELLES AGRESSION À CARACTÈRE SEXUEL DE LAVAL
Une première Grande Marche en bonne compagnie L'animateur et chroniqueur Jordan Dupuis a eu l'honneur d'animer l'évènement. Les discours inauguraux de Sandra El-Helou, conseillère municipale de Souvenir-Labelle et responsable des dossiers de la condition féminine, en remplacement du maire Stéphane Boyer, ainsi que et de Christopher
Skeete, ministre responsable de la région de Laval, ont marqué le début des activités. Ils ont exprimé leurs félicitations aux organisateur.trice.s et aux participant.e.s, mettant de l'avant l'importance cruciale de cette mobilisation pour la communauté.
L'invitée d'honneur, Manon Massé, et la porte-parole officielle, Léa Clermont-Dion, ont également contribué à l'enthousiasme ambiant, scandant des slogans tout au long de la marche. Leurs discours ont été réservés pour la clôture de l'évènement.
« Laval. Tous allié.e.s », l'un des slogans solidaires scandés pendant la marche
Présences notables
Parmi les personnalités présentes, on retrouvait l'invitée d'honneur, Manon Massé, députée de Sainte-Marie–Saint-Jacques et ancienne travailleuse du Centre des Femmes de Laval ; Léa Clermont-Dion, autrice et militante reconnue, porte-parole officielle
de l'évènement ; Christopher Skeete, député de Sainte-Rose et ministre responsable de la région de Laval ; Sandra El-Helou, conseillère municipale de Souvenir-Labelle et responsable des dossiers de la condition féminine, en remplacement du
maire Stéphane Boyer ; Ruba Ghazal, députée de Québec solidaire dans Mercier et porte-parole parlementaire du deuxième groupe d'opposition en matière de condition féminine ; Virginie Dufour, députée de Mille-Îles ; Valérie Schamltz députée de Vimont ; Cecilia Macedo, conseillère municipale de Marigot ; Christine Poirier, conseillère municipale de Duvernay-Pont-Viau ; Silvio Manfredi, Adjoint au directeur de la Santé publique de Laval ; ainsi que, Martin Camiré, directeur Santé mentale et dépendance du CISSS de Laval.
Leur présence a amplifié le message de solidarité et d'engagement dans la lutte contre les violences sexuelles.
Les discours d'ouverture ont été prononcés sur la plateforme du Boombox, un haut-parleur géant et mobile, qui a ouvert la voie au contingent de la Grande Marche lavalloise
À la rencontre de la communauté : une lutte universelle
La Grande Marche lavalloise a été conçue pour rassembler tous les membres de la communauté. Le parcours, court et accessible, était adapté aux familles et aux personnes à mobilité réduite. Des interprètes de la langue des signes du Québec (LSQ) du Service d'Interprétation Visuel et Tactile (SIVET) étaient présents pour garantir l'inclusivité. Escortés par le Service de police de Laval, les marcheuses et marcheurs ont atteint le Parc Bernard-Landry, où ils ont pu visiter des kiosques de sensibilisation, renforçant ainsi le message contre les violences sexuelles.
Moments forts
La journée a été ponctuée de plusieurs moments marquants, notamment les discours inspirants de Manon Massé et Léa Clermont-Dion. Le duo n'a pas manqué de revenir sur les évènements entourant les déclarations misogynes de Stéphane Venne à l'égard de Clermont-Dion, survenu quelques jours avant la Grande Marche lavalloise, soulignant ainsi toute la pertinence de poursuivre les luttes contre toutes les formes de violence faites aux femmes. Elles ont également félicité les organisateur.trice.s pour leur initiative remarquable en matière de prévention et de sensibilisation, exprimant leur fierté de participer à un tel mouvement.
Jordan Dupuis a souligné la surreprésentation des personnes LGBTQ+ parmi les personnes victimes et survivantes de violences sexuelles. La directrice de la TCVCASL, Genevieve Dionne, Travailleuse sociale, a également fait allusion à l'affaire Pelicot, plaidant que la lutte aux violences sexuelles continue d'être un enjeu social, politique et de santé publique réel, urgent et contemporain.
Plusieurs enfants ont monté sur scène pour dévoiler une œuvre collective réalisée sur place : une banderole intitulée Les petit.e.s allié.e.s. Juliette Bélanger-Charpentier, Chargée de projet à la mobilisation et aux communications de la TCVCASL, a expliqué : « Il s'agit d'une activité toute simple, mais nous espérons qu'elle servira de levier pour aider les
parents à aborder avec leurs enfants des sujets essentiels tels que la santé sexuelle, l'égalité entre les genres et le consentement. »
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Mobilisation contre les féminicides : La 21e est encore en vie !

Québec, 10 octobre 2024 - Des groupes de femmes et des féministes se sont rassemblés jeudi midi à l'Assemblée nationale pour répondre à l'appel à la mobilisation du Regroupement des groupes de femmes de la région de la Capitale-Nationale. Face au 20e féminicide survenu dans la province, elles souhaitaient alerter la population et dénoncer l'inaction et le silence du gouvernement face à l'ampleur des féminicides.

Violences banalisées
Les manifestantes réunies déplorent la banalisation des violences faites aux femmes. « Les féminicides sont la pointe de l'iceberg des violences faites aux femmes. Vingt féminicides ont eu lieu cette année, et combien de milliers d'autres femmes ont été victimes de violence conjugale ou sexiste ? Comment le gouvernement pense s'y prendre pour empêcher le 21e féminicide ? » alerte Alexandra Beale, de la Maison Marie-Rollet. Les organisatrices du rassemblement soutiennent que les solutions pour mettre fin aux violences sont multiples : augmentation du financement en prévention, en accompagnement et en hébergement des femmes victimes de violences conjugales et sexuelles, formations obligatoires et continues sur la violence conjugale et le contrôle coercitif pour toutes les personnes intervenant auprès des femmes et des enfants, éducation à des modèles de relations basés sur l'égalité, déconstruction des discours qui banalisent les violences et adoption d'approches qui reposent sur la responsabilisation des agresseurs.
Contexte social difficile
Lors du rassemblement, les militantes ont aussi fait des liens entre le contexte actuel d'augmentation du coût de la vie et les violences faites aux femmes. Elles déplorent que la réforme de l'aide sociale précarise et appauvrisse les femmes victimes de violence conjugale notamment en abolissant les prestations additionnelles pour les femmes hébergées en maison d'hébergement. Les femmes se retrouvent prises au piège dans des relations violentes, une situation complexifiée par l'inflation, la crise du logement, le sous-financement des services publics et des groupes communautaires. « Depuis le début de l'année, 20 femmes ont été assassinées. Pourtant, au printemps dernier, la ministre responsable de l'Habitation bloquait les projets de maisons d'hébergement parce qu'ils coûtent trop cher. Nous sommes ici parce qu'il est urgent que nous retissions un filet de sécurité autour des victimes et nous exigeons du gouvernement qu'il prenne des engagements clairs pour lutter contre les violences faites aux femmes » explique Élise Landriault-Dupont, du Regroupement des groupes de femmes de la Capitale-Nationale.
Regroupement des groupes de femmes de la Capitale-Nationale
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Lettre à un ancien acheteur de services sexuels

Depuis un an et demi, je partage la vie d'un survivant de la prostitution. J'ai découvert ce monde, qui m'était inconnu auparavant, à travers lui et son projet d'exposition sur le sujet, que je l'ai aidé à mettre en œuvre. L'exposition Force de vivre (expoforcedevivre.com) a été présentée en avril dernier au Centre communautaire et résidentiel Jacques-Cartier à Québec, et sera affichée à nouveau le mois prochain au Théâtre Périscope.
En constatant les séquelles que leur passage dans l'industrie du sexe laisse sur les personnes qui se prostituent, la lutte contre l'exploitation sexuelle est rapidement devenue une cause chère à mon cœur.
Récemment, j'ai croisé le chemin d'un ancien acheteur de services sexuels. Il disait de sa conjointe, qu'il a rencontrée la première fois pour une transaction de cette nature, que c'était son choix si elle avait commencé à consommer à l'adolescence et en était venue à se prostituer pour payer sa drogue. Son propos m'a fait réagir fortement. Pour bien lui expliquer mon point de vue sur le sujet et pourquoi je suis en total désaccord avec lui, je lui ai écrit une lettre. Je la partage ici :
« Mon cher,
J'ai décidé d'écrire un texte, pour t'expliquer les raisons profondes derrière ma vision du choix…
Figure-toi que j'ai déjà eu une vision du choix assez semblable à la tienne, mais ma pensée a beaucoup évolué à travers mes études en santé communautaire et mes expériences de vie des dernières années.
Je t'amène donc à adopter une vision plus globale de la société, que de focaliser sur des individus comme mon conjoint ou ta conjointe. Je t'amène aussi à regarder plus globalement les habitudes de vie des gens, et non pas parler seulement de drogue ou de prostitution.
On peut s'entendre pour dire que les situations dans lesquelles les individus se retrouvent (état de santé, dépendance, pauvreté, etc.) dépendent en partie des habitudes de vie qu'ils adoptent (ex. : faire du diabète si on a de mauvaises habitudes alimentaires, avoir un cancer du poumon si on fume, être pauvre si on dépense tout son argent en drogue…). À tes yeux, selon ce que j'ai compris, ce que les individus mangent, boivent, s'ils font de l'exercice ou pas, s'ils fument ou pas, s'ils prennent de la drogue ou pas, ce sont leurs choix.
Si je te dis maintenant que selon un rapport de la santé publique de la Capitale-Nationale de 2018, il y a environ 8 ans de différence d'espérance de vie entre la population des quartiers de la Haute-Ville et celle des quartiers de la Basse-Ville à Québec : les gens de la Haute-Ville (quartiers les plus riches) vivent en moyenne 8 ans de plus que les gens de la Basse-Ville (quartiers les plus pauvres).i Est-ce que cela veut dire que les gens de la Basse-Ville sont tellement niais qu'ils font des choix qui vont les mener à mourir 8 ans plus tôt que ceux de la Haute-Ville ?
Je ne pense pas que les gens de la Basse-Ville sont niais. Je pense juste qu'ils vivent dans des conditions qui font en sorte qu'ils n'ont pas la possibilité de faire les mêmes choix que les gens de la Haute-Ville. Ils sont plus nombreux à avoir grandi dans des environnements familiaux dysfonctionnels, à avoir vécu de la violence et des abus, à ne pas avoir eu le soutien dont ils auraient eu besoin pour développer leur plein potentiel, etc. Ils se retrouvent donc à l'âge adulte avec des problèmes de santé mentale, avec un niveau d'éducation plus faible, à ne pas pouvoir accéder à des emplois bien rémunérés, etc. Donc les choix qu'ils font ne sont pas réellement des choix, puisque s'ils avaient les mêmes possibilités que les gens de la Haute-Ville, ils feraient fort probablement les mêmes choix qu'eux et vivraient aussi longtemps qu'eux. Ils font les choix qu'ils peuvent avec les possibilités qu'ils ont.
Donc dire des individus qui adoptent des habitudes de vie néfastes pour leur santé et leur bien-être (habitudes alimentaires, sédentarité, tabagisme, consommation de drogues, etc.), que ce sont uniquement leurs choix, c'est nier tous ces facteurs sociaux. C'est faire reposer sur les épaules des individus l'entière responsabilité des situations difficiles dans lesquelles ils se retrouvent, alors qu'ils sont loin d'en être entièrement responsables.
Pourquoi certaines personnes défendent-elles si ardemment cette idée de choix et de responsabilités individuels ? Qui sont ces personnes qui défendent le plus ardemment ces idées ? Ce sont celles qui ont le plus à gagner à défendre ces idées et le plus à perdre si l'idée de responsabilité collective fait sa place dans la société. Ce sont les personnes mieux nanties pour qui la pauvreté d'une partie de la société est très profitable. Parce que oui, le fait qu'il y ait des personnes moins éduquées, qui ne sont pas bien outillées pour défendre leurs droits, qui sont incapables d'accéder à des emplois avec de bonnes conditions de travail, qui ne sont parfois même pas capables d'accéder à de vrais emplois (pour différentes raisons, comme des problèmes de santé mentale ou de dépendance), ça profite à bien du monde. Ceux qui se remplissent les poches et assouvissent leurs envies en sous-payant leurs employés, en vendant de la drogue à des personnes dépendantes, en vendant ou en achetant les services sexuels d'autres personnes, etc., ils n'ont aucun intérêt à reconnaître la responsabilité de la société et leur propre responsabilité dans les conditions dans lesquelles vivent ces personnes dont ils profitent. En disant que les habitudes de vie de ces personnes (habitudes alimentaires, sédentarité, tabagisme, toxicomanie, prostitution…) sont leurs choix uniquement, ils s'en lavent les mains et peuvent continuer d'exploiter la vulnérabilité de ces personnes à leur guise, en disant que si leurs conditions de vie ne leur plaisent pas, elles n'ont qu'à faire des choix différents.
Prendre conscience qu'on n'est pas l'unique responsable des conditions de misère dans lesquelles on se trouve, c'est le premier pas vers la guérison. Arrêter de s'autoflageller en se disant qu'on a été stupide de faire ces mauvais choix et reconnaître qu'on n'avait pas toutes les possibilités pour faire de meilleurs choix, ça enlève un gros poids. Ça aide à sortir la tête de l'eau, à devenir plus bienveillant envers soi-même, à se construire une estime, qui nous permettra d'aller chercher des outils pour nous aider à prendre réellement du pouvoir sur notre vie et à faire des choix différents.
Voilà pourquoi je ne peux pas tolérer qu'on dise d'une personne qui est tombée dans la dépendance à l'adolescence, puis dans la prostitution, que c'était son choix. »
Note
1. Milieu de vie et santé dans la Capitale-Nationale (gouv.qc.ca)
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L’adoption de la loi sur l’assurance-médicaments : une victoire historique pour la population canadienne

Les syndicats du Canada célèbrent une victoire historique pour des millions de Canadiennes et de Canadiens aujourd'hui : l'adoption par le Sénat du projet de loi C-64, Loi sur l'assurance médicaments. Cette loi historique marque un important progrès en vue d'assurer à tous l'accès à des médicaments vitaux sans obstacle financier, permettant ainsi au pays de se rapprocher de la création d'un régime d'assurance-médicaments public universel à payeur unique. Pour le moment, la loi C-64 assurera à toute personne qui en a besoin un accès gratuit à des moyens de contraception et de contrôle du diabète.
L'adoption de la Loi sur l'assurance médicaments découle directement de décennies de revendication du mouvement syndical et de groupes de la société civile et des efforts inlassables de certains dirigeants politiques. Le Congrès du travail du Canada a rassemblé des dizaines de milliers de travailleurs et travailleuses et d'activistes, tenu des assemblées publiques dans différentes villes du pays et fait du lobbying auprès des parlementaires. Au cours seulement des quelques dernières semaines, des centaines d'appels téléphoniques ont été faits à des sénateurs et sénatrices. Le CTC reconnaît en outre que le Nouveau Parti démocratique (NPD) se voue à la lutte depuis des décennies et il remercie le gouvernement fédéral d'avoir tenu sa promesse de donner la priorité à l'assurance-médicaments dans l'entente de soutien et de confiance.
« C'est une victoire monumentale pour les travailleurs et travailleuses et leurs familles », déclare Bea Bruske, présidente du Congrès du travail du Canada. « Les gens de ce pays sont obligés depuis trop longtemps de choisir entre nourrir leur famille et acheter les médicaments dont ils ont besoin. La loi C-64 nous rapproche d'un pas de l'élimination de ce choix fâcheux, mais il nous reste du travail à accomplir. »
Les syndicats du Canada incitent les gouvernements de tous les ordres à agir rapidement et décisivement pour voir à ce que ce ne soit qu'un premier pas. La loi C-64 pose le cadre, mais il est indispensable que les gouvernements provinciaux et territoriaux concluent des ententes bilatérales pour que le régime soit mis en œuvre de façon intégrale et équitable dans l'ensemble du pays.
« Nous célébrons aujourd'hui, mais nous savons que ce n'est qu'un premier pas vers un régime public d'assurance-médicaments vraiment global à payeur unique », ajoute madame Bruske. « Nous incitons toutes les provinces et les territoires à participer à la démarche afin qu'aucun Canadien ou Canadienne ne soit laissé pour compte. Nous avons l'occasion de bâtir un système de santé plus fort et plus équitable pour tous. »
Le Congrès du travail du Canada demeure engagé à assurer la mise en œuvre d'un régime national d'assurance-médicaments et il a hâte de travailler avec le gouvernement fédéral, les provinces, les territoires et les collectivités autochtones à la réalisation de ce projet.
« Nous devons continuer à collaborer pour finir ce que nous avons commencé », dit madame Bruske.
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Colloque sur les droits de la personne du SCFP-Québec : Allez de l’avant !

Le SCFP-Québec est fier de vous inviter à son Colloque biennal sur les droits de la personne, lequel aura lieu du 3 au 5 décembre 2024 au Centre des congrès de l'hôtel Delta de Trois-Rivières. Cette 4e édition du colloque débutera par un évènement coquetel pour souligner le 6 décembre, journée de commémoration nationale de la tuerie de Polytechnique durant laquelle 14 femmes étudiantes ont été tuées.
Depuis deux ans, nous faisons face à une crise économique, à l'inflation, à la montée des groupes de droite et d'extrême droite, à des reculs de nos acquis et à la précarisation des personnes salariées au Québec. Ces phénomènes inquiétants affectent tous nos membres, mais surtout ceux et celles issu.e.s des groupes historiquement exclus, marginalisés et violentés au travail et dans la société.
Cette année, les comités droits de la personne, femmes, triangle rose et autochtone du SCFP-Québec, responsables de l'organisation de ce colloque, ont décidé de brasser la cage ! Parler ne suffit plus. Il est plus que temps de passer à l'action !
Les comités organisateurs vous invitent à passer à l'action contre la discrimination en milieu de travail et à lutter pour les plus vulnérables. Ainsi, durant cette 4e édition du colloque nous aborderons sous forme de présentations, de discussions et de partages les thèmes suivants :
Mon utérus de te concerne pas !
Il sera question de droits reproductifs et de l'impact du travail reproductif sur le milieu de travail. Nous discuterons d'accès aux produits menstruels au travail comme c'est le cas des milieux de travail sous juridiction fédérale. De plus, on se posera la question : L'intelligence artificielle fait-elle progresser l'égalité des sexes ? Malheureusement, non. On verra pourquoi.
Qui est vraiment sauvage ?
Il sera question de violence faites aux femmes et enfants autochtones, des effets sur les milieux de travail, sur les génocides cultures et comment lutter pour y remédier.
Ce qu'il a dans mes culottes ne te regarde pas !
Il sera question d'intimation, de harcèlement et de cyberviolence contre les membres issues des diversités sexuelles et de genres ainsi que de violence sexuelle au travail.
Sers-tu juste à ramasser des fraises ?
Il sera question des enjeux liés aux personnes travailleuses immigrantes et du rôle de nos syndicats pour les protéger.
Allez de l'avant ! sera donc l'occasion d'identifier et de discuter des moyens d'action pour agir rapidement.
Inscrivez-vous dès maintenant !
Ce colloque est ouvert à tous ! Nous vous attendons en grand nombre les 3, 4 et 5 décembre prochains à Trois-Rivières.
Hébergement
Un bloc de chambres a été réservé au Delta de Trois-Rivières pour les participants du SCFP et de ses sections locales. Le lien afin d'effectuer votre réservation vous sera envoyé suite à votre inscription.
Inscription
Coût d'inscription par personne : 240 $
Les inscriptions et votre paiement doivent être reçus pour confirmer votre place.
Premier arrivé, premier servi.
Pour vous inscrire, veuillez remplir le formulaire d'inscription en ligneHÉBERGEMENT
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– Les Comités droits de la personne, femmes, triangle rose et autochtone du SCFP-Québec
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Sanction royale pour le projet de loi C-64 sur l’implantation d’un régime canadien d’assurance médicaments : Une grande victoire pour les travailleuses et travailleurs et la population

La Fédération des travailleurs et travailleuses du Québec (FTQ) salue l'adoption du projet de loi C-64 qui jette les bases d'un éventuel régime public et universel d'assurance médicaments. Le Parti libéral du Canada et le NPD ont démontré qu'avec de la volonté politique, il est possible de bonifier le filet social dans l'intérêt de la population.
« Cette nouvelle loi permet de jeter les bases d'un futur régime public et universel complet en rendant disponibles les contraceptifs oraux d'ordonnance et les médicaments contre le diabète. Il faut maintenant, toujours dans le cadre de la loi, couvrir l'ensemble des médicaments d'ordonnance à toute la population canadienne qui ne doit plus avoir à choisir, pour des raisons financières, entre prendre ses médicaments, payer son loyer ou nourrir sa famille », déclare la présidente de la FTQ, Magali Picard.
« Au Québec, le régime hybride public-privé est inefficace et dépassé, et les chicanes de compétence ne doivent pas servir à priver la population des médicaments dont elle a grand besoin. Avec un régime public et universel, le Québec pourrait économiser entre 1 à 3 milliards de dollars par année. Au lieu de retourner à l'austérité après un déficit record de 11 milliards de dollars, la FTQ estime que Québec aurait tout intérêt à s'asseoir avec le fédéral pour obtenir les sommes lui permettant de mettre sur pied un régime public et universel d'assurance médicaments. Cette mesure est bonne pour la justice sociale et les finances publiques. Qu'attend donc le gouvernement de la CAQ pour agir ? », de poursuivre la présidente.
« Avec ce constat, il serait immoral pour la CAQ de priver les Québécoises et Québécois d'un accès universel aux médicaments d'ordonnance, d'où l'urgence de conclure un accord avec Ottawa », conclut Magali Picard.
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Les forces israéliennes prennent à nouveau pour cible les forces de maintien de la paix de l’ONU dans le sud du Liban

L'attaque contre le quartier général de la FINUL à Naqoura intervient un jour après que deux casques bleus indonésiens ont été blessés.
Tiré de Al Jazeera SOlidarité France Palestine
https://www.france-palestine.org/Les-forces-israeliennes-prennent-a-nouveau-pour-cible-les-forces-de-maintien-de
Photo : Des soldats de la paix de la FINUL patrouillent dans les environs de Tyr, au sud du Liban © UN Photo/Pasqual Gorriz
La force de maintien de la paix des Nations unies au Sud-Liban confirme que son quartier général à Naqoura a été touché par des explosions pour la deuxième fois en 48 heures, un jour après que les forces israéliennes ont frappé la même position.Deux casques bleus de la Force intérimaire des Nations unies au Liban (FINUL) ont été blessés après que deux explosions se soient produites à proximité d'une tour d'observation, a déclaré la mission des Nations unies dans un communiqué vendredi.« Il s'agit d'un événement grave et la FINUL rappelle que la sécurité du personnel et des biens de l'ONU doit être garantie et que l'inviolabilité des locaux de l'ONU doit être respectée à tout moment », a ajouté le communiqué.« Toute attaque délibérée contre des soldats de la paix constitue une grave violation du droit humanitaire international. »L'un des soldats de la paix blessés a été transporté dans un hôpital de la ville voisine de Tyr, tandis que l'autre a été soigné sur place.L'organisation a également déclaré que « plusieurs murs en T de notre position de l'ONU 1-31, près de la ligne bleue à Labbouneh, sont tombés lorsqu'une chenille [militaire israélienne] a frappé le périmètre et que des chars [israéliens] se sont déplacés à proximité de la position de l'ONU », en référence à la ligne de démarcation entre Israël et le Liban.« Nos forces de maintien de la paix sont restées sur place », a indiqué le communiqué, ajoutant que des forces de maintien de la paix supplémentaires avaient été envoyées pour renforcer la position.L'armée israélienne a déclaré dans un communiqué qu'elle procédait à un examen approfondi de l'incident au cours duquel deux soldats de la paix ont été blessés « par inadvertance » dans le sud du Liban.
Elle a ensuite déclaré que deux membres de la mission de maintien de la paix des Nations unies avaient été blessés lorsque les forces israéliennes avaient répondu à une menace.Elle a indiqué qu'elle avait demandé au personnel de la FINUL de se rendre dans des zones protégées et d'y rester quelques heures avant l'incident.Le ministère libanais des affaires étrangères avait précédemment déclaré que les attaques visaient des tours de guet et la base principale de la FINUL à Naqoura, ainsi que la base du bataillon sri-lankais.L'agence de presse officielle libanaise National News Agency a rapporté que les tirs d'artillerie d'un char israélien Merkava avaient blessé des membres du bataillon sri-lankais, sans préciser où ils se trouvaient exactement.
S'exprimant lors d'une conférence de presse à Beyrouth, le premier ministre intérimaire libanais, Najib Mikati, a déclaré que les actions d'Israël constituaient un « crime dénoncé ». Il a ajouté qu'il avait discuté avec le secrétaire d'État américain Antony Blinken des efforts déployés pour parvenir à un cessez-le-feu au Liban.Le Hezbollah a également condamné les attaques israéliennes. Le chef des médias du groupe, Mohammad Afif, a déclaré que les attaques visaient les soldats de la paix de l'ONU, les civils, les zones résidentielles, les hôpitaux et le personnel médical, et a dénoncé les « excuses » et les justifications utilisées par l'armée israélienne pour continuer à les frapper, notamment en affirmant qu'elles contenaient des armes et des explosifs.Le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, a déclaré vendredi qu'il était « très clair que cet incident est intolérable et ne peut se répéter ».Le ministère russe des affaires étrangères s'est déclaré vendredi « scandalisé » par le fait que les soldats de la paix de la FINUL aient été pris pour cible et a exigé qu'Israël s'abstienne de toute « action hostile » à leur encontre.
Human Rights Watch a demandé une enquête de l'ONU sur ces attaques et a déclaré que le fait de prendre délibérément pour cible les missions de l'ONU constituait un « crime de guerre ».« Les forces de maintien de la paix de l'ONU au Sud-Liban jouent depuis longtemps un rôle humanitaire et de protection des civils essentiel », a déclaré Lama Fakih, directeur pour le Moyen-Orient et l'Afrique du Nord de l'organisation de défense des droits de l'homme basée à New York. « Tout ciblage des soldats de la paix de l'ONU par les forces israéliennes viole les lois de la guerre et interfère dangereusement avec la protection des civils et le travail d'aide de la FINUL.La Chine s'est déclarée « gravement préoccupée et a fermement condamné » les attaques d'Israël contre les opérations de paix de l'ONU, tout comme l'Inde, qui a déploré la « détérioration de la situation sécuritaire le long de la Ligne bleue ».
Le ministère indien des affaires extérieures a déclaré « L'inviolabilité des locaux de l'ONU doit être respectée par tous et des mesures appropriées doivent être prises pour garantir la sécurité des soldats de la paix de l'ONU et le caractère sacré de leur mandat. »
La France a convoqué l'ambassadeur d'Israël pour lui demander des explications, a indiqué le ministère des affaires étrangères dans un communiqué.« Ces attaques constituent des violations graves du droit international et doivent cesser immédiatement », a déclaré le ministère.La France compte environ 700 soldats dans le cadre de la mission de la FINUL. Aucun de ses soldats n'a été blessé jusqu'à présent. Le ministère a déclaré que toutes les parties au conflit avaient l'obligation de protéger les soldats de la paix.Assaut contre les Casques bleusL'incident de vendredi survient un jour après que les casques bleus de l'ONU ont déclaré que l'armée israélienne avait tiré « à plusieurs reprises » sur le quartier général et les positions de la FINUL dans le sud du Liban.Deux casques bleus indonésiens ont été blessés jeudi et sont toujours hospitalisés, a indiqué la mission.Le personnel de la FINUL porte des casques bleus pour être clairement identifiable et sa position est connue de l'armée israélienne.Israël a reconnu que ses forces avaient ouvert le feu dans la zone, affirmant que les combattants du Hezbollah contre lesquels il fait la guerre opèrent à proximité des postes de l'ONU.L'attaque de jeudi a suscité une condamnation mondiale.Le ministre italien de la défense, Guido Crosetto, a dénoncé l'incident comme un possible crime de guerre, rompant ainsi avec le soutien apporté par son pays à Israël tout au long de la guerre qui l'a opposé à Gaza et au Liban.
« Il ne s'agit pas d'une erreur ni d'un accident », a déclaré M. Crosetto lors d'une conférence de presse. « Cela pourrait constituer un crime de guerre et représente une violation très grave du droit humanitaire international. »Le porte-parole de la FINUL, Andrea Tenenti, a déclaré à Al Jazeera qu'il s'agissait d'un événement « très grave ».Il a expliqué qu'Israël avait déjà demandé aux soldats de la paix de quitter « certaines positions » près de la frontière, mais « nous avons décidé de rester parce qu'il est important que le drapeau de l'ONU flotte dans le sud du Liban ».« Pour l'instant, nous restons, nous essayons de faire tout ce que nous pouvons pour surveiller [et] fournir de l'aide », a ajouté M. Tenenti.La ministre indonésienne des affaires étrangères, Retno Marsudi, a confirmé que les soldats de la paix de son pays se trouvaient à l'hôpital pour une observation plus approfondie.« L'Indonésie condamne fermement l'attaque », a-t-elle déclaré. « Attaquer le personnel et les biens de l'ONU est une violation majeure du droit humanitaire international. »Traduction : AFPS
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Frederic Jameson, le 3° âge de la modernité

Sa mort est toutefois passée inaperçue dans le milieu universitaire et médiatique algérien. Pourtant, il reste un chercheur et universitaire de renommée mondiale. Cette contribution a comme objectif de lui rendre hommage et de faire connaitre sa pensée dans l'univers universitaire algérien en tentant une lecture de l'espace et du paysage culturel algérien en partant de son approche et de ses catégories d'analyse.
Tiré d'Europe solidaire sans frontière.
Qui est donc F. Jameson ?
F. Jameson est un universitaire américain parmi les grands théoriciens contemporains des questions culturelles et du langage, mais aussi des problèmes politiques et sociaux. Né en 1934, il enseigne la littérature à l'université de Duke. Il est considéré comme l'un des plus grands « critique culturel » de son temps. Le terme « critique culturel » est un substitut pour désigner un type de travail intellectuel qui englobe l'esthétique, la philosophie, la sociologie, l'anthropologie, la psychanalyse, la théorie politique et d'autres domaines similaires pour lesquels il n'existe pas encore de nom adéquat. Tout dans le domaine des sciences humaines et de la culture retenait son attention, du cinéma à l'architecture en passant par la peinture et la science-fiction, et on dit de lui qu'il a lu plus de livres que quiconque sur la planète.
Sa particularité est d'appréhender le monde moderne à travers les langages culturels que véhicule le capitalisme, car, pour lui, la modernité est exclusivement de la sphère du capitalisme. Ce n'est qu'en analysant l'histoire, le développement et les contradictions de ce mode de production qu'on peut situer les enjeux liés à la « modernité », au « modernisme » ou à la « modernisation » en cours. Ce sont là des notions qu'il utilise pour déceler le monde contemporain.
Ce que révèle le postmodernisme
Dans son ouvrage « le postmodernisme ou la logique culturelle du capitalisme tardif », il décrit et analyse l'ensemble des phénomènes qui succède au « modernisme ». Il met en avant une périodisation, à savoir, dans le cas précis des langages, que le postmodernisme correspond à une étape du capitalisme tardif, qu'il est même la conséquence logique sur le plan culturel. Il reprend dans cette périodisation la même démarche de l'économiste belge Ernest Mandel du « troisième âge du capitalisme ». Il y a donc un deuxième, un premier âge et un âge primitif dans cette modernité.
C'est particulièrement au début des années 1980, après la biennale de Venise et surtout suite au livre de Charles Jencks, « Le langage postmoderne de l'architecture », que le débat sur le postmodernisme fut généralisé en Europe. Auparavant, au début des années 1970, le terme fut introduit dans le débat dans le sillage des théories déconstructivistes et des poststructuralistes de Derrida, foucault et Lacan ou encore de Lyotard. C'est une critique et un substitut au « modernisme ». Les grands traits de ce modernisme en architecture sont résumés dans le livre de l'italien Bruno Zevi « le langage moderne de l'architecture ». Et pour bien situer l'origine du débat, il faut revenir au premier ouvrage sur les langages culturels et esthétiques intitulé « Le langage classique de l'architecture » de John Summerson.
Ces trois moments du langage culturel et esthétique correspondent, selon Jameson, aux trois âges du capitalisme, qui ont par ailleurs des fonctions idéologiques, comme le souligne l'historien de l'architecture italien M. Tafuri, « A cause de sa fonction médiatrice, la culture a tellement identifié ses connotations idéologiques, qu'elle parvient à même à imposer les formes de refus et de contestation des ses propres produits, avec une roublardise qui dépasse la bonne fois des individus »[1].
Les 3 âges de la modernité
Globalement, le langage classique correspond au 18-19° siècle sous domination des empires coloniaux Français et Britannique. C'est le Paris d'Hausmann. Il constitue, selon M. Tafuri, une opération de couverture idéologique masquant les contradictions de « l'ancien régime », dans un moment où la société bourgeoise affronte le choc induit par la grande métropole urbaine et où le « capitalisme urbain en formation se heurte déjà aux anciennes structures économiques, basées sur l'exploitation précapitalistes du sol » [2].
En Algérie, une fois la grande expropriation foncière achevée par le colonialisme, le langage classique exprime toute sa plénitude avec l'exemple, dans la ville d'Alger, du boulevard Khmisti(ex-la ferrière), la rue Didouche (Ex-Michelet) ou Ben Mhidi (ex- Rue d'Isly) ou le monumental Front de mer. La culture savante proprement algérienne et autochtone était à ce moment-là totalement exclue de cette nouvelle ère capitaliste. Elle s'est retrouvée tout le long du 19° siècle dans une situation de repli identitaire et territorial, de survie et de désespoir suite aux défaites qu'elle a subi en 1848, (Emir Abdelkader) puis en 1871 (El Mokrani-Cheikh Aheddad).
Le « langage moderne » a comme épicentre l'Allemagne des Années 1920 entre les deux guerres, avec la révolution démocratique qui a mis en place la république de Weimar en 1918. Ce langage est porté particulièrement et politiquement par la social-démocratie allemande au pouvoir misant sur les vertus de la démocratie parlementaire, dite bourgeoise, comme dynamique de l'émancipation humaine et du dépassement du capitalisme. C'est ce que portera l'école du Bauhaus avec ses figures de proue, Walter Cropius, Mies Van Der roh et Hans Meyer.
C'est aussi ce qu'on retrouve dans le programme de logements de la municipalité de Francfort, avec des intellectuels et théoriciens de la sociale- démocratie, sociologues, géographes, économistes, autour de l'architecte en chef Ernest May. De même pour les architectes de la mairie de « Vienne la rouge », une autre variante du même programme et de la même philosophie, connu sous le nom d'austro-marxistes. C'est aussi les mêmes idéaux que vont porter les CIAM[3], autour de Le Corbusier et de la Charte d'Athènes. Mais si, à Francfort et à Vienne, le modernisme s'est construit autour de la question logement, posée par F. Engels et les utopiste, Fourrier, Owen…dès le 19° siècle, en introduisant un nouveau statut du sol par sa municipalisation, chez Le Corbusier et les CIAM il prend la forme « d'une offre de service à l'entreprise capitaliste », désormais engagée dans « la réorganisation du cycle production du cadre bâti »[4]. Mais, « la prudence des investissements, l'individualisme de l'esprit d'entreprise, la permanence de systèmes économiques archaïques comme la rente foncière » freinent dangereusement le développement et le rendement humain de ce modernisme, souligne Tafuri[5].
A Alger, c'est le bâtiment « l'Aero-habitat » qui exprime l'hypothèse la plus achevée de ce modernisme, sur le modèle de « la cité radieuse » de Marseille de Le Corbusier. C'est aussi un moment historique où la culture algérienne autochtone moderne commence à émerger. En littérature, c'est l'écriture de Kateb Yacine. En peinture, on peut citer Issiakhem. En musique, ce sont les premières tentatives de Cherif Kheddam. Dans l'Algérie indépendante, dans sa première phase sous Boumedienne, c'est Oscar Niemeyer à Constantine et à Bab Ezzouar qui exprimera le grand projet de modernisation du pays, avec ses limites et ses contradictions propres.
La culture « postmoderne » est surtout américaine. Pour Jameson, « elle est l'expression interne et super structurelle d'une nouvelle vague de domination américaine, économique et militaire, à travers le monde (…) le dessous de la culture est le sang, la torture, la mort et la terreur »[6]. C'est une esthétisation de la réalité selon la caractérisation de W. Benjamin. Mais si cette esthétisation est utilisée par Benjamin pour caractériser en son temps le fascisme, Jameson l'utilise pour désigner la « prodigieuse exultation face à ce nouvel ordre des choses, une fièvre de la marchandise, la tendance pour nos « représentations » des choses à exciter un enthousiasme et un changement d'humeur que les choses elles-mêmes n'inspirent pas nécessairement »[7].
On peut reconnaitre ici la littérature de K. Daoud ou de B. Sansal.
Crise du modernisme ou crise de la modernité ?
Le terme postmodernisme s'est facilement substitué au modernisme. Il a un côté contemporain, très à la mode voire populaire, plutôt « populiste » selon Jameson, développant une rhétorique contre « l'austérité élitiste (et utopique) des grands modernismes »[8]. Le modernisme a en effet une dimension utopique et universaliste. Il réfléchissait sur le nouveau et cherchait à en observer l'apparition. « Les modernes s'intéressaient à ce qui pouvait résulter de ces changements et à leurs tendances générales, ils réfléchissaient à la chose elle-même, substantivement, de manière utopique »[9].
Le modernisme reste associé à l'idée de progrès et de confiance. Le postmodernisme (en architecture, cinéma, TV, art plastique) aspire, pour sa part, aux ruptures, aux événements plus qu'aux nouveaux mondes. « Il est plus formel en ce sens, il ne fait que mesurer les variations et ne sait que trop bien que les contenus ne sont que des images de plus »[10]. Il célèbre l'image et le local avec la frénésie culturaliste voire essentialiste, caressant dans le sens du poil les replis identitaires ambiants.
Mais, si on assiste aujourd'hui au triomphe du postmodernisme, c'est plus l'expression de l'échec du modernisme que l'émergence d'une nouvelle alternative. Ceci s'explique, pour F. Jameson, par la « longue période d'ossification et de stase au milieu de monument mort »[11] dans laquelle s'est engouffré toute idée de modernisation. Parlant de l'architecture, il souligne « l'appropriation par l'Etat des formes et des méthodes du haut modernisme, la réadaptation des formes utopiques maintenant dégradées en des formes anonymes de construction à grande échelle de logements et de bureaux par une bureaucratie étatique dilatée (parfois identifiée à celle de l'Etat providence ou de la sociale démocratie). Les styles modernistes se voient chargés de connotations bureaucratiques si bien que rompre avec eux engendre un sentiment radical de soulagement, même si ce qui les remplace n'est ni l'utopie ni la démocratie, mais simplement les constructions commerciales privée de postmoderne post-providence »[12].
« Mais l'alternative, ne serait décidable qu'en passant par la question historique associée de savoir si le modernisme est, en fait, allé au bout de sa mission et de son projet, ou s'il a été interrompu et est resté fondamentalement inachevé et inabouti »[13].
Ce sont là les quelques lignes [14] et quelques citations de son excellent ouvrage sur le postmodernisme. Il a surtout le mérite d'offrir une démarche inédite pour lire et déconstruire notre monde contemporain à travers les langages culturels et avec sa périodisation suivant les 3 âges du capitalisme, il offre une sortie de l'ornière intellectuelle, culturelle et politique culturaliste et essentialiste dominante dans nos universités.
Nadir Djermoune
Enseignant chercheur/ institut d''architecture et d'urbanisme
Université de Blida.
Notes
[1] M. Tafuri, Projet et utopie, Dunod, 1979, P. 6.
[2] Ibid, P. 9.
[3] CIAM : Congrès international de l'architecture moderne.
[4] M. Tafuri, P. 105.
[5] Ibid, P. 106.
[6] F. Jameson, Le postmodernisme et l'expression culturelle du capitalisme tardif, P. 38.
[7] Ibid, P. 16.
[8] Ibid, P. 85.
[9] Ibid P.15
[10] Ibid.
[11] Ibid. P. 434.
[12] Ibid P. 425. De son coté, J. KELLY va dans le même sens en donnant raison à la critique de R/ Venturi, l'un des pionniers du postmodernisme, quand il rejette les types modernistes « usés et intégré, se référant aux à l'architecture dénudé des années vingt, qui avaient abouti aux taudis préfabriqués des années soixante, même si, en fin de compte, le seul changement qu'elle suscité parmi ses adeptes ait été de coller un fronton sur des tours des années soixante ». Jane Kelly, Postmodernisme et féminisme, revue quatrième internationale, n°46, septembre-novembre 1993 ; P. 43-57.
[13] F. Jameson, OP. Cit, P. 243-435.
[14] Cette réflexion centrée essentiellement sur l'architecture, car c'est dans ce domaine « que se voient de la manière la plus éclatent les modifications de la production esthétique et c'est là que les problèmes théoriques se sont vus soulevés et formulés à titre principal » (P. 34). L'architecture est aussi « constitutivement l'art le plus proche de l'économique, avec laquelle elle entretient, via les commandes et le marché foncier, un rapport presque non médié », note Jameson, (P. 38).
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Repenser l’écosocialisme

Face à la grave crise écosociale actuelle, il est clair que nous devons agir à deux niveaux ou contextes différents : les problèmes écologiques fondamentaux sont planétaires, même s'ils ont des manifestations locales différentes.
Tiré de Viento sur
https://vientosur.info/repensar-el-ecosocialismo/à
Manuel Garí
Traduction Ovide Bastien
En même temps, nous pouvons constater que le développement de ces problèmes, au niveau mondial, est inégal et interrelié, prenant la même forme que les questions économiques et sociales. Et ce n'est pas par hasard, puisque les deux niveaux se trouvent liés et en parfaite corrélation. En même temps, nous devons toujours garder à l'esprit que les responsabilités par rapport à la situation globale, tout en étant communes, diffèrent selon qu'il s'agit de pays riches et industrialisés ou pays pauvres et dépendants, et selon qu'il s'agit d'oligarchies ou de classes subalternes. De tout cela découlent de nouveaux problèmes à résoudre.
Premièrement, nous constatons que la solution à des problèmes tels que le changement climatique doit être trouvée au niveau mondial, mais en même temps que sa mise en pratique ne sera pas simultanée, mais s'effectuera à différents moments dans différents espaces, en fonction de la corrélation des forces dans chaque lieu et à chaque moment, ce qui rend la stratégie de changement plus complexe.
Deuxièmement, les solutions à adopter, par exemple la diminution drastique de la consommation d'énergie, n'appliqueront pas mécaniquement la même formule arithmétique dans la métropole impérialiste que dans la savane africaine, où les habitants doivent de toute évidence pouvoir accéder à plus d'intrants électriques pour satisfaire leurs besoins de base. Ce facteur de justice climatique signifie que nous devons proposer des solutions différentes, bien que cohérentes, à des situations inégales et à des problèmes différents. En bref, nous devrons faire face à l'asymétrie programmatique et à l'asynchronisme politique.
Troisièmement, la lutte pour une transition écosociale juste et égalitaire est indissociable de la défense intransigeante des libertés politiques, des droits humains, et des acquis du mouvement ouvrier et du féminisme.
De plus en plus on se rend compte, et ceci depuis plusieurs années et à partir de points de départ différents, que les notions ‘économie' et ‘écologie' se recoupent et se déterminent l'une et l'autre. L'économie politique n'est pas un ensemble d'abstractions de lois anhistoriques et l'écologie n'est pas un simple descripteur d'êtres vivants. Il est donc indispensable que la critique de l'économie politique intègre le cadre biophysique dans lequel se développe le métabolisme social, et que l'écologie place la répartition des biens et des richesses au centre de ses préoccupations.
La pandémie de covid-19 a très probablement trouvé son origine dans la transgression des frontières écobiologiques entre les êtres vivants, mais ce n'est pas ce qui est le plus pertinent dans le cadre de cette réflexion. Ce que j'entends souligner ici, c'est qu'elle a eu, par l'arrêt des échanges, des effets dévastateurs sur l'industrie et le commerce mondial et qu'elle a montré qu'une économie décentralisée, fondée sur une division internationale du travail impliquant la production à distance de biens aussi essentiels à l'époque que les masques de protection ou le monopole des brevets vaccinaux par les pays impérialistes, n'avait pas de sens. C'est la goutte d'eau qui fait déborder le vase d'une mondialisation idyllique qui montre déjà des signes d'épuisement.
Par ailleurs, on constate depuis des décennies que le changement climatique issu de l'utilisation de combustibles fossiles s'accélère, affectant négativement les cycles de l'eau, l'agriculture et la vie quotidienne, ce qui constitue un facteur déterminant dans les nouvelles migrations des jeunes des pays du Sud. Le réchauffement climatique affecte déjà la production de céréales, d'olives et de différentes variétés de fruits et de légumes. Le cas espagnol de Freixenet est paradigmatique : lors de la période de Noël 2024, l'entreprise ne sera pas en mesure d'offrir tout le cava (vin mousseux) que la demande estimée exigerait, car les vignes dont elle a besoin ont eu une production très faible cette année. Mais le mal n'est pas qu'une minorité ne puisse pas trinquer avec du cava, mais plutôt qu'il y ait de millions de personnes sans accès à l'eau potable, mal nourries et sans avenir.
Cette distorsion est dramatique dans le cas des famines - au-delà l'anecdote du cava - et contraste avec les possibilités non réalisées que la planète a encore de fournir de la nourriture à l'ensemble de l'humanité. Et contraste aussi avec la capacité qu'a l'économie capitaliste à produire services et marchandises ; une capacité qui conduit à l'existence d'entrepôts remplis de marchandises dans des pays comme la Chine ou le Vietnam ou avec la voracité du capitalisme occidental à trouver de nouvelles niches d'activité et de nouveaux gisements de divers matériaux stratégiques pour l'économie numérique et la fabrication de véhicules électriques.
Il faut donc intégrer à la théorie des vagues longues du capitalisme - à laquelle Ernest Mandel a apporté une contribution décisive dans ses écrits, notamment dans Late Capitalism et The Long Waves of Capitalist Development - un nouvel élément dérivé de la dépendance du processus économique à l'égard de l'état de la biosphère dans laquelle il se développe. Le comportement cyclique du mode de production capitaliste - dans lequel la concurrence joue un rôle central - prend la forme d'une séquence de contractions et d'expansions de la production de marchandises, base de la production de la plus-value dont la réalisation, ainsi que l'accumulation du capital, finissent également par subir des mouvements cycliques d'expansion et de contraction. La conclusion de ce qui précède est que la théorie des vagues longues du capitalisme, qui fonde son explication sur l'existence de facteurs endogènes du fonctionnement du capital et de facteurs exogènes qui ouvrent ou ferment des champs de possibilités pour la production, doit intégrer l'existence de facteurs écogènes qui encadrent les limites de la durabilité biogéophysique de la production généralisée de marchandises.
La politique - qu'en est-il de la politique subversive ?
Il est clair que dans la situation objective, il y a des facteurs subjectifs qui font finalement partie du nœud gordien à trancher pour pouvoir poursuivre notre chemin vers la Phrygie du changement écosocial. Autrement dit, nous agissons dans un cadre où il n'y a pas seulement de composantes représentant de murs matériels à abattre, mais où il faut compter sur les forces, et surtout les faiblesses des forces rebelles qui pourraient les abattre. Et soyons clair : nous sommes face à une pénurie de sujets de changement. Il en existe des embryons, mais ceux-ci n'ont pas encore la structure nécessaire.
Un premier élément est l'inexistence d'un mouvement ouvrier international organisé et internationaliste. Contrairement aux premières années révolutionnaires du siècle précédent et à la montée des luttes anticoloniales et ouvrières au milieu du siècle, il règne actuellement - malgré quelques mobilisations isolées - un certain calme lié à la paix sociale. D'une part, le syndicalisme dans la plupart des pays est devenu un simple médiateur du pacte social et productiviste entre les classes populaires et leurs bourgeoisies nationales respectives, sans projection autonome sur la scène mondiale, où on se contente d'accompagner les mesures palliatives du social-libéralisme ou de servir directement de porte-voix aux mantras des institutions nationales ou internationales. Ainsi, même s'il faut maintenir l'existence des syndicats, ceux-ci peuvent difficilement offrir des alternatives à la crise éco-sociale.
Deuxièmement, on observe un glissement croissant vers la droite au sein de la gauche. La plupart des partis verts et sociaux-démocrates - ces derniers en crise et acquis au social-libéralisme - ne sont que des courroies de transmission du discours et des politiques bourgeoises dominantes, tant dans l'économie que dans les questions énergétiques, ou dans la militarisation de la pensée et de l'économie. Et ils votent pour des budgets de guerre et des plans d'économie verte qui ne sont que des appendices des exigences du capital dans le domaine de l'énergie et des politiques de croissance illimitée. Il est frappant, dans le cas de l'Union européenne, qu'au pied levé, face à la crise d'approvisionnement et à l'évidence de la dépendance à l'égard des importations en provenance de la Russie mise en évidence par la guerre en Ukraine, la majorité des députés européens du Parlement européen, du Conseil et de la Commission aient changé d'avis, oublié leur discours sur la transition vers les énergies renouvelables et la fin de l'utilisation des combustibles fossiles et déclaré, en à peine quelques heures (si je puis me permettre d'ironiser), que le charbon, le gaz et l'énergie nucléaire étaient propres, ou du moins pas si mauvais que cela.
Michael Löwy a été très clair dans sa caractérisation des options électorales des Verts, affirmant que leurs propositions sont vouées à l'échec et sont utilisées par le système parce que l'absence d'une position anticapitaliste cohérente a conduit la plupart des partis verts européens - en France, en Allemagne, en Italie, en Belgique - à devenir de simples partenaires « éco-réformistes » de la gestion sociale-libérale du capitalisme par les gouvernements de centre-gauche. Il n'y a donc pas grand-chose à attendre d'eux.
Cela implique que la plupart des options électorales des gauche existantes et les perspectives qu'elles offrent à la majorité sociale sont : leur assimilation à l'idéologie dominante et le renforcement du modèle économique productiviste, extractiviste et néocolonial (tant dans les nations exploitantes que dans les nations exploitées), en alliance avec un patriarcat (contre lequel lutte le mouvement féministe) qui place les femmes dans un rôle subordonné dans la division du travail et des revenus, tant à la campagne que dans l'industrie et les services, en leur faisant supporter la majeure partie des tâches de reproduction et de soins.
Mais ce qui a fait le plus de tort au marxisme et à l'idée même de communisme, c'est le soi-disant « socialisme réel » qui a détruit les premiers acquis révolutionnaires de la Russie de Lénine et Trotski et transformé un espoir en goulag. La classe ouvrière russe n'a pas pu décider de l'avenir de son pays et ses dirigeants sont entrés en concurrence avec l'économie américaine en utilisant simplement les mêmes outils dans le processus de production, ce qui a donné lieu à des catastrophes environnementales d'une ampleur similaire à celles de l'impérialisme yankee. L'implosion du système poststalinien n'a pas donné lieu à une révolution ouvrière démocratique mais à une nouvelle forme de capitalisme oligarchique productiviste.
Cela nous oblige au XXIe siècle non seulement à redéfinir les termes après le discrédit socialdémocrate, stalinien et vert, mais aussi à nettoyer la pensée marxiste des « scories productivistes » - selon l'expression de Bensaïd - car nous ne devons pas utiliser les mêmes outils de croissance capitaliste pour offrir nos alternatives, ni utiliser - lorsque nous construisons une nouvelle société - les mêmes modèles et formes de production du capitalisme. Un capitalisme qui va nous laisser un lourd héritage de désastres permanents. Une partie importante de l'intelligentsia qui se réclamait du marxisme a également fait preuve d'une vision innocente de la technologie et des technologies, comme si elles étaient neutres, et d'une grande myopie et paresse intellectuelle pour inclure la crise écologique dans ses considérations et l'écosocialisme dans ses horizons.
La critique de la gauche managériale et de la déraison stalinienne doit également s'accompagner d'une autocritique de la gauche marxiste révolutionnaire, qui a négligé pendant des décennies la question environnementale - alors que l'anarchisme l'avait déjà à l'esprit de manière élémentaire - et n'a pas dialogué avec les premières élaborations de l'écologie politique. Bien qu'il y ait eu des exceptions, que j'indique ci-dessous.
Reconstruire, purifier et recréer la pensée marxiste dans une optique écologique à la lumière de la crise de civilisation est une tâche centrale du moment. Pour ce faire, il faut partir de la récupération de la pensée de Marx, sachant que l'on peut y trouver - pour reprendre l'expression de Bensaïd - « un ange vert et un démon productiviste ».
Manuel Garí. Économiste, membre du Conseil d'administration et du Conseil consultatif de viento sur et activiste d'Anticapitalistas. Il est membre du Foro Transiciones y Espacio Público. Il est coauteur de Como si hubiera un mañana (Sylone et viento sur, 2020).
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Mosab Abu Toha, Karim Kattan et ces écrivains palestiniens que la presse arabe recommande

Ces derniers mois, les médias arabes ont consacré nombre d'articles à des auteurs palestiniens dont les écrits sont jugés précieux face à la guerre. Des classiques comme Edward Saïd ou Ghassan Kanafani aux contemporains Mosab Abu Toha ou Karim Kattan, ces voix permettent de mieux comprendre la culture et la lutte des Palestiniens.
Tiré de Courrier international. Légende de la photo : Le poète Gazaoui Mosab Abu Toha (à gauche) et son ami Shafi Salem en train de monter une bibliothèque anglophone à Gaza, en février 2017. Photo Mohamed Abed/AFP.
Il est l'un des porte-voix et des témoins de la souffrance des Gazaouis depuis le 7 octobre. Le poète Mosab Abu Toha, qui a fui en décembre 2023 l'enclave palestinienne bombardée par Israël, est l'auteur d'un recueil en anglais salué par la critique lors de sa sortie, en 2022. Publié en français aux éditions Julliard, ce 3 octobre, Ce que vous trouverez caché dans mon oreille “est inspiré par une profonde humanité” et par le fait de grandir dans un “isolement constant”, souligne Al-Ayyam, le quotidien de Ramallah.
Ce recueil s'inscrit dans une riche tradition littéraire palestinienne, particulièrement orientée vers la poésie, et qui pour beaucoup de médias arabes est aujourd'hui précieuse pour mieux saisir l'identité et l'histoire des Palestiniens, au-delà des guerres.
Petit survol en trois étapes.
1. Mosab Abu Toha : des poèmes pleins de décombres
Al-Ayyam décrit ainsi l'ouvrage de Mosab Abu Toha : “Comme la bande de Gaza elle-même, les poèmes sont pleins de décombres et du danger omniprésent de drones surveillant des gens qui ne sont pas les bienvenus sur leur terre, et ils sont aussi pleins de l'odeur du thé, des rosiers en fleurs, et de la vue sur la mer au coucher du soleil. Des enfants naissent, les familles perpétuent leurs traditions, les étudiants vont à l'université et les bibliothèques sortent des décombres, tandis que les Palestiniens continuent de vivre, créant de la beauté et trouvant de nouvelles façons de survivre.”
Écrit avant le début de la guerre qu'Israël mène contre la bande de Gaza, Ce que vous trouverez caché dans mon oreille avait remporté l'American Book Award et le Palestinian Book Award et fait émerger son auteur comme une voix importante de la littérature palestinienne.
Après avoir été arrêté durant les premiers mois de l'offensive israélienne sur Gaza, Mosab Abu Toha a fui l'enclave. Depuis, il ne cesse de raconter l'exil et la douleur qui l'habite dans des poèmes et articles publiés par la presse américaine ou arabe. Une douleur qui s'inscrit dans une longue histoire de l'occupation israélienne, depuis la Nakba, en 1948, note Felesteen.
Le journal de la bande de Gaza cite un extrait de l'un de ses poèmes, écrit en hommage à son ami Raafat Al-Tanani, tué avec sa famille lors de bombardements qu'Israël a menés sur le territoire en mai 2021 :
- “La maison a été bombardée. Tout le monde est mort. Les enfants, les parents, les jouets, les acteurs à la télévision, les personnages dans les romans et les poèmes, le ‘je', le ‘il', le ‘elle'.”
Les poèmes de Mosab Abu Toha “évoquent la vie à Gaza sous l'occupation, le siège et la guerre qui lui a enlevé son enfance et ses amis, ainsi que sa relation avec le camp de réfugiés, son grand-père et Jaffa, d'où sa famille a été déplacée” durant la Nakba, résume Felesteen. Le poète explique au journal écrire pour retracer son histoire :
- “Je réimagine un passé dans lequel je n'étais pas présent, non seulement le passé de la Palestine, mais aussi des familles et des enfants qui ont été enterrés sous les décombres de leurs maisons lors de bombardements israéliens brutaux.”
2. Karim Kattan : de la guerre à l'amour
Autre auteur palestinien contemporain à avoir été remarqué ces derniers mois, Karim Kattan écrit pour sa part en français. Son deuxième roman, L'Éden à l'aube, publié en septembre par la maison d'édition tunisienne Elyzad, a enthousiasmé L'Orient-Le Jour. Le réel s'y mêle au fantasmagorique pour raconter une histoire d'amour entre deux hommes palestiniens aux accents poétiques.
Ainsi, il dresse “l'architecture politique de l'amour” entre Gabriel et Isaac entravé par l'occupation israélienne, qui régit leurs déplacements en leur imposant des statuts administratifs différents. “Ne se contentant pas d'administrer les corps, elle s'immisce dans les fantasmes et dans les imaginaires. Mais même sous l'occupation demeure la possibilité d'un bonheur foudroyant, que l'on atteint par une dévotion extatique à l'autre, confinant au mysticisme”, écrit le quotidien libanais. Et d'applaudir un auteur qui accomplit, “avec ce magnifique second roman, l'acte le plus puissant dont la littérature soit capable : affirmer l'humanité pleine et entière de ceux à qui le monde ne concède qu'une humanité partielle et conditionnelle”.
“Chez Karim Kattan, on s'aime en se racontant des histoires”, et Isaac charme Gabriel par son art du conte. “Ces histoires ont un aspect folklorique, palestinien, mais elles font aussi partie d'un récit planétaire”, explique l'écrivain originaire de Jérusalem, qui s'inscrit lui aussi dans une tradition poétique.
Une poésie palestinienne que beaucoup de médias arabes voient comme un remède face à l'absurdité des massacres et des violences que subissent les Palestiniens, mais aussi comme une clé de compréhension de la lutte des Palestiniens pour préserver leur héritage, leur identité et leur culture.
3. Darwich, Kanafani et Saïd : les classiques
Depuis le 7 octobre, les grands noms de la littérature palestinienne sont régulièrement convoqués dans la presse, mais aussi sur les réseaux sociaux arabes.
Disparu en 2008, le poète Mahmoud Darwich, qui était membre de l'Organisation de libération de la Palestine, continue ainsi d'irriguer les débats sur la cause palestinienne. Al-Jazeera lui rendait hommage en rappelant qu'il “est honoré en Palestine comme le poète national, célébré pour ses vers qui disent la douleur de ce peuple privé de ses terres”. D'autres voient en lui un aède qui, très tôt, a su retranscrire la portée historique de ce que subissaient les Palestiniens. L'Orient-Le Jour a ainsi republié un poème de 1973 du jeune Darwich pleurant la perte de Gaza, six ans après le début de son occupation par Israël, et qui fait particulièrement écho aux événements actuels.
Son contemporain Ghassan Kanafani (1936-1972) est l'autre figure de proue de cette littérature palestinienne du XXe siècle ancrée dans l'histoire, avec des recueils de nouvelles comme Des hommes dans le soleil (aux éditions Sindbad). Assassiné à 36 ans par le Mossad, à Beyrouth, où il était réfugié, il était aussi connu pour son activisme que pour ses talents d'orateur et d'écrivain. Dithyrambique, le site New Arab célèbre “l'un des génies de la culture palestinienne et arabe”, dont l'œuvre “dangereuse” pour Israël a été interrompue prématurément. “Ce qu'il a apporté à la cause palestinienne est similaire à ce qu'a fait Edward Saïd”, estime toutefois le site.
L'Américano-Palestinien Edward Saïd (1935-2003) a, en effet, marqué durablement les débats sur la Palestine et inspiré des écrivains comme Mosab Abu Toha, qui a ouvert la première bibliothèque anglophone de Gaza en lui donnant le nom d'Edward Saïd. Pionnier des études postcoloniales, l'auteur de L'Orientalisme est régulièrement convoqué, notamment pour penser le rapport à l'Occident dans le contexte actuel. Al-Quds Al-Arabi lui a consacré plusieurs articles ces derniers mois. L'un se demandait “comment lire Edward Saïd à Gaza”, et un autre décrivait son immense influence sur les jeunes générations jusqu'à aujourd'hui.
Oumeïma Nechi
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La dévastation culturelle du Soudan

Les Émirats arabes unis (EAU) ont joué un rôle central dans le financement des Forces de soutien rapide du Soudan (RSF), en fournissant les ressources qui ont permis au groupe de poursuivre ses campagnes militaires, de payer ses combattants et d'acquérir des armes. Ce soutien financier a également permis aux RSF de se livrer à des pillages à grande échelle, notamment le pillage de l'une des plus importantes institutions culturelles du Soudan, le Musée national du Soudan à Khartoum. Les actions des RSF ont contribué à la destruction du patrimoine culturel du Soudan et ont conduit au trafic d'objets irremplaçables sur le marché noir.
Le Musée national du Soudan abrite certaines des plus importantes collections d'objets d'art d'Afrique, couvrant des milliers d'années d'histoire, de l'ère paléolithique à l'ancien royaume de Koush, en passant par les périodes chrétienne et islamique médiévales. Chaque objet exposé dans le musée constitue un lien tangible avec le riche passé du Soudan, représentant des civilisations qui ont joué un rôle essentiel dans la formation de la vallée du Nil. Les trésors du musée ne sont pas seulement des reliques d'art et d'histoire, mais aussi des éléments essentiels de l'identité nationale du Soudan.
L'une des collections les plus précieuses du musée provient du royaume de Koush, une ancienne civilisation qui a prospéré le long du Nil d'environ 2500 avant J.-C. à 350 après J.-C. La première période de Koush, souvent appelée période pré-méroïtique, est connue pour sa puissance militaire et sa richesse culturelle, et ses dirigeants, les célèbres « pharaons noirs » de la 25e dynastie égyptienne, ont laissé un héritage durable. La collection du musée comprenait des statues en granit de ces pharaons, remarquables par leur savoir-faire détaillé et leur présence imposante. Ces statues n'étaient qu'une partie d'une collection plus vaste qui présentait également des objets de travail du métal avancés des Koushites, tels que des bijoux en or, des armes et des outils, mettant en valeur leur expertise en métallurgie.
La collection du musée de la période méroïtique du royaume de Koush, qui s'étendit d'environ 800 avant J.-C. à 350 après J.-C., était tout aussi importante. Méroé, la capitale de cette période ultérieure, était réputée pour son art et son architecture caractéristiques. Le musée abritait de nombreux objets de cette période, notamment des poteries finement décorées, des objets funéraires et les célèbres stèles méroïtiques inscrites d'une écriture qui reste partiellement indéchiffrée à ce jour. Ces objets offrent un aperçu d'une civilisation qui continue d'intriguer les historiens et les archéologues.
Au cours de la transition du Soudan vers l'ère médiévale, les royaumes chrétiens de Nubie, dont la Makurie et l'Alodie, ont prospéré entre le VIe et le XVe siècle. Le Musée national du Soudan possède une remarquable collection de cette période, notamment les fresques de la cathédrale de Faras. Ces fresques, datant du VIIIe au XIVe siècle, comptaient parmi les plus beaux exemples d'art chrétien africain médiéval, représentant des scènes bibliques, des saints et des figures royales de la société nubienne. La perte de ces fresques constitue un coup dévastateur pour notre compréhension de la vie culturelle et religieuse de la Nubie médiévale.
La collection du musée reflète également l'évolution du paysage religieux et culturel du pays avec l'essor de l'islam au XVe siècle. Parmi les objets de cette période figurent des Corans magnifiquement enluminés, dont certains remontaient aux premiers siècles de l'islam au Soudan. Ces manuscrits n'étaient pas seulement des textes religieux, mais aussi des chefs-d'œuvre de calligraphie et de design, démontrant le talent artistique complexe de la culture islamique soudanaise.
Le pillage du Musée national du Soudan par RSF n'est pas seulement une tragédie pour le Soudan, mais une perte pour le monde entier. Les objets volés au musée ont déjà commencé à apparaître sur le marché noir, vendus sur des plateformes comme eBay et Facebook. Ces objets, autrefois conservés dans une institution publique pour que chacun puisse les apprécier et en tirer des enseignements, sont aujourd'hui vendus au plus offrant, souvent sans tenir compte de leur valeur historique ou des histoires qu'ils racontent sur les peuples et les civilisations qui les ont créés. La vente au marché noir de ces trésors représente l'effacement du patrimoine culturel du Soudan.
Chaque statue, manuscrit ou fresque volée est une pièce du puzzle de la longue et complexe histoire du Soudan. La destruction et le vol d'objets tels que les statues des pharaons noirs ou les fresques chrétiennes de Faras laissent des trous dans l'histoire du passé du Soudan qui ne seront peut-être jamais comblés, ce qui signifie que les générations futures n'auront qu'une image incomplète des puissantes civilisations qui régnaient autrefois sur la vallée du Nil. Ces objets ont relié le peuple soudanais à ses ancêtres et, sans eux, une part essentielle de l'identité du Soudan est perdue.
Il est urgent d'agir au niveau international pour endiguer le flux de biens culturels volés. Sans intervention, le patrimoine du Soudan continuera d'être vendu aux enchères à des collectionneurs privés, caché dans des collections personnelles et à jamais soustrait à la vue du public. Le pillage de ces trésors constitue une perte irréversible, non seulement pour le Soudan mais pour le monde entier.
Abou Hureira
Traduction automatique de l' Anglais
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Retailleau s’attaque violemment à l’immigration !

Prompt à donner du relief à sa nomination, Place Beauvau, le 21 septembre 2024, le nouveau Ministre, Bruno Retailleau s'inscrit dans la ligne dure de l'extrême Droite française et européenne, pondant des textes répressifs pour son baptême du feu.
De Paris, Omar HADDADOU
L'Immigration est, et demeurera l'argumentaire du naufrage de la politique française ! En Hexagone, le vrai débat a déserté les plateaux, cédant la place à la brutalité. Après s'être approprié le vital et le récréatif, l'Occident fait mine d'ignorer que le flux migratoire est une hémorragie « injugulable », rythmée par l'interaction entre le pillard et le dépossédé.
Ce n'est plus un tour de vis, mais un coup létal de clé à griffes que Bruneau Retailleau, nouveau ministre de l'Intérieur d'obédience républicaine (LR) - flirtant avec le RN de Marine le Pen et Bardella, vient d'opérer.
Ces derniers sont, depuis 15 jours, traduits devant le Tribunal correctionnel de Paris pour détournement des fonds du Parlement européen.
Lors de son audition, hier, Marine le Pen s'est montrée évasive, déroutée ! quand les faits du népotisme au sein du parti, lui sont reprochés : « J'ai le sentiment de ne pas avoir commis la moindre irrégularité ».
Si aujourd'hui, la V République accuse un déficit budgétaire de 6,1% du PIB fin 2024 et se rencogne piteusement dans l'austérité, c'est la faute à l'Immigré (e). Si son lien et ses intérêts se défassent avec l'Afrique en faveur des Brics, c'est l'Etranger qui en est responsable. Si sa fiscalité, sa Sécurité sociale, touchent le fond, cela reste imputable au migrant. Si sa classe politique s'étripe, se disloque, c'est à l'exilé spolié, déraciné, qu'incombe la faute !
L'ancien Sénateur de Vendée a pour ambition prohibitive de révolutionner abusivement le texte constitutionnel par sa marque de fabrique en s'adjugeant la liberté de détourner la Loi et la rendre caduque, lui permettant de délivrer des Obligations de Quitter le Territoire Français (OQTF) à tour de bras.
Le Ministre de l'Intérieur, proche de de Villier « nobélisé xénophobe par excellence », maniant rhétorique et saupoudrage circonstanciel, prédilectionnant les projecteurs et les micros, vient aux affaires sous le titre illusoire d'homme de la situation.
Niaisement, il croit tenir en sa besace la panacée pour faire respecter les lois régaliennes, juguler le flux migratoire édicté par un processus qui renvoit aux ravages coloniaux. Décrédibiliser et rendre nulles et non avenues les mesures prises par ses prédécesseurs, c'est son cheval de bataille.
Sous les feux de la rampe, depuis qu'il est aux affaires, il part en guerre contre la Gauche et redouble de zèle déclaratif qui indispose le Premier ministre Michel Barnier : « Nous ne devons régulariser qu'au compte-gouttes », décrète le ministre de l'Intérieur qui prévoit de mettre fin à la circulaire Valls, afin de durcir les conditions de régularisation des sans-papiers.
Droit dans ses bottes, dans une France vidée de sa sagesse et de son épanouissement politique, le locataire de la place Beauvau mesure la puissance de « son portefeuille » et fait corps avec l'emporte-pièces : « Je sais ce que veulent les Français. Nous voulons reprendre le contrôle. Il faut répondre à l'urgence et à la demande des Français ». Joignant l'acte à la parole, il s'empresse à retoquer les mesures de la Gauche à travers une éventuelle réduction de l'Aide Médicale de l'Etat (AME) à une Aide d'Urgence pour les Etrangers, limitation des soins gratuits, restrictions sur le regroupement familial, retour du délit de séjour irrégulier, allongement de la durée de détention de 90 à 210jours pour les Etrangers clandestins jugés dangereux sans oublier la mesure discriminatoire sur les aides sociales (Préférence nationale).
Fier de ce coup de pied dans la fourmilière, Retailleau dont la politique s'aligne sur celle des ministres nationalistes italien, autrichien et hongrois, a déclaré, hier à la presse nationale et étrangère : « On ne s'interdit aucun tabou ! ».
Indignation au sein de l'Association J'accueille, l'accusant de « faire du Donald, Trump ».
Au sein de la classe politique française divisée, les tensions sourdent sur fond d'une guerre régionale au Moyen-Orient. Macron pourrait, à tout moment, faire face à des défections surprises dont celle de Michel Barnier.
O.H
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L’escalade de la tragédie : La multiplication des exécutions de femmes en Iran

À l'approche de la Journée mondiale et européenne contre la peine de mort, nous demandons instamment à la communauté internationale de prendre des mesures décisives pour mettre fin aux exécutions en Iran et de soutenir la campagne internationale « Non aux exécutions » dans ce pays.
Tiré de Entre les lignes et les mots
https://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2024/10/13/lescalade-de-la-tragedie-la-multiplication-des-executions-de-femmes-en-iran-autres-textes/
Depuis des années, l'Iran détient le record mondial d'exécutions de femmes et se targue d'avoir le taux d'exécution par habitant le plus élevé au monde.
La peine de mort est une bouée de sauvetage pour le régime clérical, un mécanisme de survie. La machine à tuer du régime fonctionne à plein régime, dans le but d'instiller la peur dans une société aigrie et de prévenir le prochain soulèvement, qui se prépare déjà.
Un sinistre bilan : 31 femmes exécutées au cours de l'année écoulée, 22 en 2024
Selon les données enregistréespar la Commission des femmes du CNRI, le nombre de femmes exécutées en Iran a fortement augmenté au cours de l'année écoulée, avec 31 exécutions enregistrées entre octobre 2023 et octobre 2024. Il s'agit d'une hausse inquiétante par rapport aux années précédentes, puisque 19 femmes ont été exécutées en 2022-2023 et 21 en 2021-2022.
Le chiffre de l'année en cours est particulièrement alarmant, dépassant de 10 le taux moyen de 21 exécutions sous Ebrahim Raïssi et doublant la moyenne annuelle de 15 sous l'ancien président Hassan Rouhani.
Compte tenu de la nature clandestine des exécutions et de l'absence d'annonce publique de la part du pouvoir judiciaire, il est évident que le nombre réel est plus élevé que celui indiqué.
Cette augmentation souligne le recours croissant du régime iranien à la peine capitale, y compris à l'encontre des femmes – une escalade des violations des droits de l'homme que l'on observe désormais sous l'administration de Massoud Pezechkian.
Cela prouve également que, quel que soit le président, les droits du peuple iranien, en particulier ceux des femmes, continuent d'être bafoués. Au moins 255 prisonniers ont été exécutés depuis juillet 2024, date à laquelle Pezechkian a pris ses fonctions.
Le nombre de femmes exécutées en Iran depuis le début de l'année 2024 s'élève à 22. 11 de ces exécutions ont eu lieu pendant le mandat de Massoud Pezechkian. Le nombre total d'exécutions en Iran en 2024 s'élève à ce jour à 559.
Campagne « Non aux mardis de l'exécution »
Selon les documents internes révélés par le Conseil national de la résistance iranienne (CNRI), au moins 5 000 prisonniers en Iran risquent la peine de mort. Parmi eux, des dizaines de prisonniers politiques.
Cette année, le régime a condamné à mort deux femmes, Pakhshan Azizi et Sharifeh Mohammadi, toutes deux militantes des droits de l'homme.
Il a également condamné à mort au moins 10 prisonniers politiques, tous partisans de l'Organisation des moudjahidines du peuple iranien (OMPI), en septembre et en octobre.
Malgré l'escalade de la répression, la demande de justice reste forte. Pour protester contre la vague d'exécutions du régime clérical, les prisonniers politiques iraniens ont lancé une campagne intitulée « Non aux mardis de l'exécution », qui a duré 37 semaines depuis février et s'est étendue à 22 prisons à travers le pays.
Ils organisent une grève de la faim tous les mardis, exigeant la fin de l'utilisation des exécutions comme outil de répression de la dissidence. Ils exhortent également la communauté internationale à prendre position contre les atrocités commises par le régime.
L'Iran, premier bourreau des femmes
La Commission des femmes du CNRI, soulignant la violation persistante des droits des femmes en Iran et la lutte permanente pour la liberté et l'égalité, a fait du 10 octobre une journée annuelle pour rappeler au monde la dure réalité : le régime iranien est le premier exécuteur de femmes dans le monde.
Les autorités iraniennes recourent à la peine de mort de manière libérale, ciblant souvent les minorités religieuses et ethniques, les dissidents politiques et les femmes de manière nettement discriminatoire. Cette pratique défie ouvertement les normes internationales, qui préconisent des alternatives à l'incarcération pour les femmes, reconnaissant leur rôle vital en tant que mères et gardiennes d'enfants. Pourtant, en Iran, les femmes ne sont pas seulement emprisonnées, elles sont exécutées.
La Résistance iranienne continue de plaider en faveur de l'abolition de la peine de mort, de la fin de la torture et de l'arrêt de toutes les formes de violation des droits de l'homme en Iran.
En cette Journée mondiale contre la peine de mort, nous insistons sur le sort des femmes qui risquent d'être exécutées par le régime iranien, et nous appelons la communauté internationale à faire pression sur le régime iranien pour qu'il mette fin à ces châtiments, en particulier à l'encontre des femmes.
Nous demandons également que Ali Khamenei, le guide suprême des mollahs, soit poursuivi en tant que principal responsable de ce cycle d'exécutions en Iran.
https://wncri.org/fr/2024/10/09/executions-de-femmes-en-iran/
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L’intelligence artificielle contre la syndicalisation d’Uber ?

Si les travailleurs et travailleuses à la demande (gig workers) d'Uber et consort ne semblent pas s'organiser au Québec, il n'en est pas de même à Toronto. Au Québec, la saga de l'implantation d'Uber a plutôt valu une défaite du moins partielle des chauffeurs de taxi traditionnel qui ont vu fondre la valeur de leurs permis leur servant de fonds de pension. En avril 2024, plus de dix ans après l'implantation d'Uber, ces chauffeurs, en grande partie sinon majoritairement racisés, poursuivaient le gouvernement du Québec pour obtenir la valeur marchande de leurs permis, soit environ 1.2 G$, et non leur valeur d'acquisition d'environ 800 M$. Il ne semble pas non plus que le gouvernement du Québec veuille légiférer, comme en Colombie britannique, pour accorder un salaire minimum aux chauffeurs d'Uber et consort payés bien en-dessous du salaire minimum officiel. Il en est de même à Toronto où cependant la Coalition Ridefair réclame « au moins un revenu de 37 $ par heure active pour qu'un chauffeur puisse espérer gagner le salaire minimum. » Estce la raison pour laquelle Uber recourt à l'intelligence artificielle pour abaisser leur rémunération comme le suggère cet article du Globe and Mail ?
Introduction et traduction, Marc Bonhomme, 10/10324
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…Uber vient d'annoncer un changement majeur dans le mode de rémunération de ses chauffeurs en Ontario. À partir de cette semaine, le salaire des chauffeurs Uber sera entièrement déterminé par un algorithme, dans le cadre d'un changement de rémunération que l'entreprise appelle « upfront pricing ». Mon collègue Vanmala Subramaniam, reporter du Globe sur l'avenir du travail, a expliqué comment les revenus étaient calculés auparavant : « Un chauffeur recevait un salaire assez prévisible en fonction du nombre de kilomètres parcourus, du temps passé dans la voiture et des déductions de taxes et de frais de service », m'a-t-elle expliqué. « Après un trajet, il recevrait un reçu indiquant comment il a été payé. Dans le cadre de ce nouveau modèle, l'application se passe complètement de cette ventilation et indique simplement aux chauffeurs, d'emblée, le salaire qu'ils recevront pour un trajet. » Ils choisissent de l'accepter ou non.
Uber affirme que la fixation d'un prix à l'avance permettra de « mieux équilibrer le marché » et de s'assurer qu'il y a suffisamment de chauffeurs sur la route pour répondre à la demande des utilisateurs. Mais les experts avec lesquels
Subramaniam s'est entretenu insistent sur le fait que cela supprime la prévisibilité de la rémunération des chauffeurs et pourrait réduire le montant de leur salaire. Et comme c'est souvent le cas lorsque c'est l'IA [Intelligence artificielle] qui mène la danse, ces algorithmes opaques offrent de nombreuses possibilités de discrimination.
Un prix mystère
Les passagers d'Uber connaissent déjà la tarification dynamique : c'est la raison pour laquelle les coûts augmentent lorsque la demande de transport est particulièrement élevée, par exemple après une panne de métro ou la fin d'un match de hockey. Mais en général, la rémunération des chauffeurs fonctionne comme un compteur de taxi, c'est-à-dire qu'elle est calculée en fonction du temps, de la distance et du tarif de base, avec des primes pour les trajets fréquents ou les périodes d'affluence. Si un chauffeur emmenait quelqu'un de l'aéroport au quartier financier en pleine heure de pointe, il savait à peu près combien il allait gagner et pouvait organiser sa journée en conséquence.
La tarification initiale introduit de l'opacité et de la variabilité dans ces revenus. « Maintenant, les chauffeurs peuvent faire le même trajet trois fois et être payés trois fois différemment - 6, 10 ou 12 dollars, ils ne le savent tout simplement pas », m'a dit M. Subramaniam. « Ils sont vraiment à la merci de l'entreprise et de l'algorithme en ce qui concerne leur salaire. »
Une entreprise comme Uber - ou Lyft, DoorDash ou Amazon - recueille une multitude de données sur le comportement des travailleurs indépendants qui utilisent sa plateforme. Il s'agit notamment de savoir combien de temps les chauffeurs sont prêts à attendre entre deux courses (temps pour lequel ils ne sont pas payés), quel type de tarif ils sont prêts à accepter et quel est leur objectif de gain journalier. Armé de ces informations, un algorithme peut adapter les salaires à chaque chauffeur. L'application peut abaisser le tarif proposé à une personne qui semble plus encline à l'accepter. Elle peut aussi réduire de quelques dollars les tarifs proposés à un conducteur qui souhaite gagner 250 dollars ce jour-là, afin qu'il soit plus enclin à rester sur la route.
« La gestion algorithmique des salaires permet en fin de compte au travailleur de travailler pour l'entreprise le plus longtemps possible et pour le moins cher possible » a expliqué Veena Dubal, professeur de droit à l'université de Californie, au journal The Globe. Elle a même inventé un terme pour décrire ce système de rémunération variable pour un travail identique : la discrimination salariale algorithmique. « Et l'algorithme travaille toujours sur la base des dernières données disponibles », m'a dit M. Subramaniam. « C'est donc un système en constante évolution qui détermine le salaire final d'un chauffeur. »
Une solution législative ?
C'est ici que je note qu'Uber nie personnaliser les salaires sur la base des données collectées. Mais il est peut-être utile de mentionner que lors d'une conférence téléphonique sur les résultats au début de l'année, le PDG d'Uber, Dara Khosrowshahi, a dit ceci aux investisseurs : « Ce que nous pouvons faire de mieux, c'est cibler différents trajets pour différents chauffeurs en fonction de leurs préférences ou des modèles de comportement qu'ils nous montrent. » Il convient également de mentionner qu'il a été démontré que la tarification initiale fait baisser les salaires des chauffeurs. Selon une analyse de la Columbia Business School, la rémunération moyenne par trajet a diminué d'environ 12 % au premier trimestre 2023, peu après qu'Uber a introduit la tarification initiale aux États-Unis.
Que pouvons-nous faire à ce sujet ? Le 1er juillet 2025, la loi sur les droits des travailleurs des plateformes numériques entrera en vigueur en Ontario, avec une clause stipulant que les plateformes numériques comme Uber doivent être transparentes dans le calcul de leur rémunération. La loi stipule également que les travailleurs itinérants doivent recevoir un salaire minimum par mission. « Mais ce que signifie cette mission, ou comment garantir la transparence, ou qui va appliquer ces réglementations - rien de tout cela n'est encore clair », a déclaré M. Subramaniam. « Je ne suis pas sûr que l'on sache comment la législation fonctionnera avant qu'elle n'entre en vigueur l'été prochain. » D'ici là, si vous prenez un Uber en Ontario, je vous suggère humblement de donner un bon pourboire à votre chauffeur.
Source :Danielle Groen, Morning Update, Globe and Mail , 9/10/24
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Selon le CPJ (Comité pour la protection des journalistes), Israël a tué plus de journalistes à Gaza que dans n’importe quel conflit depuis 30 ans

En 12 mois, plus de journalistes ont été tué.e.s dans des attaques israéliennes à Gaza et au Liban que dans n'importe quelle période similaire enregistrée depuis 1992, selon le CPJ. La guerre israélienne contre Gaza a tué plus de journalistes au cours de l'année écoulée que n'importe quel autre conflit au cours des trois dernières décennies, selon les données du Comité pour la protection des journalistes (CPJ).
Tiré de Agence médias Palestine.
Selon le CPJ, un groupe basé aux États-Unis qui surveille les violations des droits de l'homme dont sont victimes les journalistes du monde entier, au moins 128 travailleurs et travailleuses des médias ont été tué.e.s dans le conflit entre le 7 octobre 2023 et le 4 octobre 2024. L'organisation enquête également sur 130 autres cas présumés de meurtres, de détentions ou de blessures.
Le groupe a déclaré qu'il s'agissait de la période la plus meurtrière pour les journalistes depuis qu'il a commencé ses activités activités de documentation en 1992.
Les données sont sujettes à caution eu égard du nombre de journalistes tué.e.s rapporté par le ministère palestinien de la santé, qui a estimé qu'au moins 175 journalistes ont été tué.e.s entre le 7 octobre 2023 et le 6 octobre 2024.
Le CPJ a fait remarquer que les journalistes ont travaillé au cours des 12 derniers mois dans les mêmes conditions humanitaires désastreuses que tous les civils à Gaza : le bombardement dévastateur de l'enclave densément peuplée qui a détruit la plupart de ses bâtiments, le siège israélien qui a conduit à la famine, et le déplacement constant de la population.
« Depuis le début de la guerre à Gaza, les journalistes paient le prix le plus élevé- leurs vies – pour produire leurs reportages. Sans protection, sans équipement, sans présence internationale, sans moyens de communication, sans eau ni nourriture, ils et elles continuent à faire leur travail indispensable pour dire la vérité au monde », a déclaré Carlos Martinez de la Serna, du CPJ.
« Chaque fois qu'un.e journaliste est tué.e, blessé.e, arrêté.e ou contraint.e à l'exil, nous perdons des fragments de vérité. Les responsables de ces pertes doivent rendre compte devant deux tribunaux : l'un en vertu du droit international, l'autre devant le regard impitoyable de l'histoire ».
La prise pour cible de journalistes pendant les conflits est un crime au regard du droit international.
Israël est actuellement jugé devant la Cour internationale de justice (CIJ), dans le cadre d'une plainte déposée par l'Afrique du Sud en décembre, pour violation présumée de la Convention de 1948 sur le génocide. La requête de l'Afrique du Sud cite parmi les preuves le ciblage de journalistes palestinien.ne.s.
« Les journalistes palestinien.ne.s sont tué.e.s à un rythme nettement plus élevé que celui que l'on trouve dans tout autre conflit au cours des 100 dernières années. Au cours des seuls deux mois qui ont suivi le 7 octobre 2023, le nombre de journalistes tué.e.s a déjà dépassé celui de toute la Seconde Guerre mondiale », indique le document.
Dans un rapport de 2022, l'organisation de défense des droits de l'homme, Euro-Med Monitor, a recensé plus de 700 journalistes et professionnel.le.s des médias tué.e.s dans la guerre syrienne entre 2011 et 2022, soit une moyenne de plus de 63 journalistes tué.e.s par an. Il s'agit du bilan le plus lourd de toutes les guerres de ce siècle.
Reporters sans frontières a recensé au moins 300 journalistes professionnel.le.s et non professionnel.le.s tué.e.s sur une période de dix ans alors qu'ils et elles couvraient le conflit syrien.
Euro-Med a déclaré que la guerre en Irak a vu la mort de 61 journalistes, soit une moyenne de six journalistes par an, tandis que la guerre au Yémen a vu la mort de 42 journalistes depuis 2014, soit une moyenne de plus de cinq journalistes par an.
Avant le 7 octobre 2023, le CPJ avait déjà documenté que 20 journalistes palestiniens et palestiniennes ont été tué.e.s par des tirs de l'armée israélienne en 22 ans, mais personne n'a été tenu responsable de ces décès.
Israël nie cibler délibérément les journalistes.
Source : Middle East Eye
Traduction BM pour Agence média Palestine
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gauche.media
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