Recherche · Dossiers · Analyses
Toujours au devant

Les médias de gauche

Regroupement des médias critiques de gauche (RMCG)

Derniers articles

Les professionnels de Concordia font céder leur administration déconnectée

https://etoiledunord.media/wp-content/uploads/2024/10/Engineering_Computer_Science_and_Visual_Arts_Integrated_Complex_03-1024x768.jpg9 octobre 2024, par Comité de Montreal
Les professionnels de l’Université Concordia ont arraché à leur direction intransigeante une nouvelle convention collective qui répond enfin à leurs demandes, grâce à une (…)

Les professionnels de l’Université Concordia ont arraché à leur direction intransigeante une nouvelle convention collective qui répond enfin à leurs demandes, grâce à une mobilisation décisive au début de septembre. Dès la rentrée, près de 600 travailleurs avaient fait la grève pendant une (…)

Un tournant important dans la vie démocratique de Québec solidaire.

9 octobre 2024, par Bernard Rioux — , ,
Les modifications proposées aux statuts de Québec solidaire pour le prochain congrès n'ont rien d'un nettoyage cosmétique. Elles vont déboucher, si jamais elles sont adoptées, (…)

Les modifications proposées aux statuts de Québec solidaire pour le prochain congrès n'ont rien d'un nettoyage cosmétique. Elles vont déboucher, si jamais elles sont adoptées, sur un affaiblissement de la démocratie délibérative et nous mener à une démocratie plébiscitaire. Des amendements proposent l'utilisation du suffrage universel pour l'élection à des postes de responsabilité et l'utilisation de référendums pour trancher des débats politiques. Ces propositions relèvent d'une démocratie plébiscitaire. Des propositions sont marquées par le retour des notions de chef, la disparition ou l'affaiblissement d'instances ou par la diminution des pouvoirs du congrès ou des assemblées générales dans le fonctionnement du parti. C'est un fonctionnement verticaliste qui se profile. Ceci ne mènera pas au renforcement de l'engagement politique des membres ni à l'intensification de son rayonnement.

1. Affaiblir des prérogatives du congrès

Plusieurs amendements visent à affaiblir le pouvoir du congrès de Québec solidaire. L'élection au suffrage universel des porte-paroles et de la présidence constitue un recul du pouvoir attribué au congrès du parti.

La légitimité démocratique ne découle pas seulement de la simple expression des volontés individuelles, mais de leur co-construction dans la discussion. Cela est également vrai pour les élections. L'élection au suffrage universel ne peut que saper la démocratie délibérative en niant l'importance et la pertinence de la confrontation des idées à partir de débats concrets. Les personnes qui ne participent pas à ces débats n'ont pour guider leur choix que la notoriété de celles qui se présentent à une élection pour un poste. D'autre part, en introduisant des postes de responsabilité accordés par suffrage universel, alors que d'autres postes sont accordés par le vote des délégué-es, ces amendements aux statuts introduisent une double légitimité chez les personnes élues, et donc des inégalités de prestige et de statut entre elles. [1]

L'élection d'un chef ou d'une cheffe à partir des obligations imposées par la loi électorale ouvre la porte au retour du chef. Cette proposition est essentiellement motivée par des raisons économiques. Une élection de ce type permettrait de mener une vraie course à la chefferie, pouvant faire l'objet d'un financement. Le texte qui motive cette proposition se veut d'ailleurs rassurant, en prétendant que ce chef n'aura que des fonctions administratives. Mais cela ne sera considéré ainsi ni par les grands médias ni par les autres partis politiques. Ce type de fonctionnement conduira inévitablement à la rupture avec un fonctionnement qui est basé sur des préoccupations démocratiques et féministes, celles de porte-parole élu-es (une femme et un homme) par les délégué-es à un congrès. La notion de chef (au masculin) qui structure les partis politiques traditionnels comme partis patriarcaux ne doit pas faire un retour en force dans la pratique de QS. Les difficultés connues cette dernière année auraient dû être une leçon importante à cet égard.

Il en va de même de l'élection de la personne porte-parole candidate au poste de premier ou première ministre. La participation aux débats des chefs est une chose. L'élection d'un premier ou d'une première ministre en est une autre, d'autant plus que nous favorisons, si nous utilisons ce langage, une dynamique de centralisation du pouvoir dans le parti et nous taisons le fait que nous rejetons la centralisation actuelle des pouvoirs dans les mains d'un premier ministre. Notre démarche de constituante vise d'ailleurs à redéfinir nos institutions pour mettre fin à ce type de centralisation des pouvoirs.

2. Les référendums, utilisés comme moyens de trancher les débats

La tenue d'un vote des membres pour trancher des débats importants place la procédure d'un référendum sur le même pied que l'instance que représente le congrès. Il est d'ailleurs prévu que le congrès du parti ne pourra pas renverser une position adoptée par référendum à moins d'un vote des deux tiers.

Pour le comité des statuts, le référendum interne permet à l'ensemble des membres de se prononcer sur une question précise. Un référendum pourrait être lancé par décision du congrès ou du Conseil national, par des décisions du Comité de coordination national ou par une pétition portée par une association locale et signée par 5 % des membres en règle.

Qu'un congrès décide de tenir un référendum, dans des circonstances particulières et à des fins d'information, c'est une chose, mais en faire un mode de résolution des débats dans le parti en est une autre.

Un référendum peut conduire à éviter ou à contourner une assemblée générale délibérative. Il ne permet pas de débattre de manière approfondie des enjeux entourant une décision politique, de soupeser réellement les options alternatives à partir d'échanges concrets et d'enrichir par des amendements ou par des textes alternatifs des éléments pouvant éclairer la décision des membres impliqués concrètement dans les débats. De plus, les personnes qui n'ont pas participé aux débats peuvent ne pas avoir une véritable compréhension des enjeux reliés à ces débats.

La réponse binaire (voir les deux options proposées lors de la tenue d'un référendum) peut rendre dangereusement vaseuse et incompréhensible une décision à laquelle on aura agrégé une série de propositions contradictoires. C'est pourquoi le référendum constitue une dangereuse remise en question de la démocratie délibérative. Un tel fonctionnement ne conduirait pas à une amélioration de la démocratie, au contraire. Il peut rendre le parti vulnérable à des opérations extérieures puisqu'il ne s'agirait que de devenir membres pour avoir un poids sur les débats internes sans pour autant participer à ces débats.

3. Mettre en place un Conseil national moins représentatif du parti dans son ensemble réduira la richesse des débats politiques au sein du parti.

La mise en place d'un Conseil national qui ne serait pas composé d'une délégation reflétant le nombre de membres des associations locales mais bien plutôt de deux personnes déléguées par association de circonscription, et ce quelle que soit son importance, est dangereuse à plusieurs égards. On justifie cette proposition en arguant que cette délégation non proportionnelle permettrait de réduire l'importance numérique de l'instance tout en renforçant le poids des régions dans le Conseil national.

Un véritable fonctionnement démocratique impliquerait de ne pas écarter les positions minoritaires mais au contraire de leur permettre de s'exprimer car elles peuvent refléter des expériences distinctes de différents secteurs du parti et de différentes implantations sociales. Un Conseil national (CN) plus petit et ne tenant aucun compte de l'importance de l'implantation des associations locales risque de devenir un CN homogène, ne permettant pas de refléter les différentes orientations présentes dans le parti et donc infirmant la pertinence des débats et des décisions qui en découlent. Si on veut renforcer les représentations régionales, on pourra penser à une représentation proportionnelle modulée régionalement, qui permettrait à la fois d'alléger l'instance tout en tenant compte de la sous-représentation des régions hors des grandes régions urbaines.

4 Abolir des associations régionales pour une Concertation régionale volontaire des associations qui le veulent bien

L'abolition des associations régionales fait disparaître une assemblée générale des membres au niveau régional au profit de Comités de concertation régionaux. Ces derniers seraient le produit des associations qui veulent organiser cette concertation. D'ailleurs, cette Concertation régionale regrouperait des représentant-es des associations locales et une représentante régionale à la Commission nationale des femmes.

Nous croyons qu'il faut maintenir les associations régionales tout en précisant leurs missions. Pourquoi ? Les associations régionales ne sont pas seulement une instance regroupant les membres qui ne font pas partie d'une association locale. C'est une instance qui permet, par son assemblée générale et les débats qui y ont cours, de saisir les problématiques régionales, d'élaborer des analyses et des perspectives pour faire face aux dynamiques régionales et d'aider à construire le parti dans les divers mouvements sociaux des différentes régions. Que ce soit en ce qui concerne les services publics (école, santé, transports publics, questions environnementales, etc.) ou autrement, les problématiques régionales abondent et ne peuvent être appréhendées sur la seule base des associations locales. Des campagnes régionales peuvent être élaborées pour que le parti puisse donner des réponses concrètes à ces problèmes. Si on limite les associations régionales à organiser les membres non organisés dans une région, on passe à côté de la pertinence d'une association régionale et on ne permet pas son développement.

Se contenter d'une concertation large qui ne devra son existence qu'au bon vouloir des associations locales ne saurait être une réponse souhaitable. À l'heure où le parti parle d'implantation dans les régions, la centralisation des initiatives au niveau national et l'élimination d'une assemblée générale des membres dans les différentes régions ne peuvent conduire qu'à un évitement des particularités dont il faut pourtant se saisir pour implanter le parti. Une certaine décentralisation permettant le développement des capacités d'initiative et d'autonomie des régions est essentielle.

5. La fusion des Réseaux militants [2] avec les commissions thématiques, dans les Comités d'action politique (CAD), est un exemple de fausse piste.

Fusionner les réseaux militants visant la mobilisation des membres appartenant à différents mouvements sociaux et ayant une volonté de construire des bases dans les différentes régions du Québec avec des instances d'élaboration n'ayant que des pouvoirs de recommandation et les encadrer par la commission politique, c'est rejeter des structures ayant la volonté de construire le parti de la rue. Leur formation origine de la volonté des militant-es de QS dans différents mouvements sociaux.

D'autre part, la fusion de 4 réseaux militants avec 14 commissions thématiques reste mal définie. C'est ce qui amène le Comité de coordination national à « proposer de créer une politique pour détailler le nombre et les noms des futurs comités d'action politique, ainsi que leur interaction avec et au sein de la Commission politique. »

La fusion des commissions thématiques avec les réseaux militants n'aidera pas à régler les difficultés actuelles des commissions thématiques. Il faudrait plutôt redéfinir le rôle des commissions thématiques dont le travail était dédié à l'élaboration du programme du parti. Il faut maintenant que ces commissions thématiques se voient confier le mandat d'analyser différents enjeux sociaux, d'accumuler de l'expertise à cet égard. Mais elles peuvent également rechercher des témoignages auprès des militant-es de mouvements sociaux particuliers pour renforcer les sensibilités des membres du parti à ce qui est vécu dans les mouvements ayant un potentiel antisystémique.

La fonction spécifique des réseaux militants est de développer le travail du parti dans les mouvements sociaux. L'important, pour la construction des réseaux, c'est d'être un lieu de regroupement des militant-es de QS dans des structures militantes qui ne doivent pas seulement se construire au niveau national, mais chercher également à s'enraciner dans les différentes régions du Québec.

6. Une profusion d'autres propositions sont aussi soumises à l'attention des membres

Nombre d'autres enjeux seraient à discuter : la place accordée à la formation des membres et de son organisation dans le parti, notamment. La proposition d'une École solidaire qui se réunirait une fois par année et où le Congrès ne siégerait pas est pour le moins rachitique et ne constitue en rien une perspective de prise en charge véritable de la formation dans un parti qui se veut militant. Le rapport du parti avec l'aile parlementaire mériterait également des développements importants. La question des liens que doit établir un parti de gauche avec les partis et organisations sociales sur le plan international est également absente des propositions.

Enfin, il est nécessaire de rappeler que l'on a offert aux militant-es du parti un texte dépassant les 100 pages. Le cahier de synthèse risque d'être plus volumineux encore. Le temps de discussion attribué pour les mutations proposées dans le fonctionnement de Québec solidaire est certes trop court. Mais face aux enjeux importants soulevés par ces débats, il ne faut pas en minimiser l'importance et comprendre qu'il pourrait s'agir d'un tournant important dans la vie démocratique de Québec solidaire.

*****

Abonnez-vous à notre lettre hebdomadaire - pour recevoir tous les liens permettant d'avoir accès aux articles publiés chaque semaine.

Chaque semaine, PTAG publie de nouveaux articles dans ses différentes rubriques (économie, environnement, politique, mouvements sociaux, actualités internationales ...). La lettre hebdomadaire vous fait parvenir par courriel les liens qui vous permettent d'avoir accès à ces articles.

Remplir le formulaire ci-dessous et cliquez sur ce bouton pour vous abonner à la lettre de PTAG :

Abonnez-vous à la lettre

Le programme PAFI, vous connaissez ? PAFI pour programme d'aide financière à l'investissement.


[1] Pour approfondir la question, voir L'art de la délibération, in Réinventer la démocratie, Jonathan Durand Folco, Les Presses de l'Université d'Ottawa 2023

[2] Réseau militant intersyndical, Réseau militant écologiste, Réseau de solidarité internationale, Réseau jeune…

Gaza, un an plus tard – un argumentaire des solidaires du RMSI

9 octobre 2024, par Réseau militant en solidarité internationale de Québec solidaire
La coordination du Réseau militante en solidarité internationale de Québec solidaire Document publié à l’occasion du 7 octobre, un an après. 1— Un peu d’histoire La création de (…)

La coordination du Réseau militante en solidarité internationale de Québec solidaire Document publié à l’occasion du 7 octobre, un an après. 1— Un peu d’histoire La création de l’État d’Israël s’est effectuée en 1948 au terme de la Nakba (la « catastrophe » en arabe), c’est-à-dire un épisode de (…)

7 octobre : 366 jours de trop !

9 octobre 2024, par Lina Al Khatib
Lina Al khatib — correspondante en Stage Pour les panélistes de la table ronde organisée par l’Université populaire de Montréal (Upop) à l’occasion de l’anniversaire de la (…)

Lina Al khatib — correspondante en Stage Pour les panélistes de la table ronde organisée par l’Université populaire de Montréal (Upop) à l’occasion de l’anniversaire de la première année de guerre génocidaire contre Gaza, Israël cherche à désamorcer toute possibilité de sortie de guerre. La (…)

Les dangers d’instrumentaliser la crise du logement

9 octobre 2024, par Marc Simard
Depuis quelques mois, les municipalités québécoises peuvent déroger à leurs propres règlements de zonage, dans l’objectif, selon le gouvernement de la CAQ, « d’accélérer la (…)

Depuis quelques mois, les municipalités québécoises peuvent déroger à leurs propres règlements de zonage, dans l’objectif, selon le gouvernement de la CAQ, « d’accélérer la réalisation de projets d’habitation1 ». Cette mesure applicable jusqu’en 2027 risque de modifier de façon significative (…)

The Anarchists, Zionism, and the Birth of the State of Israel | Sylvain Boulouque (1998)

https://liberteouvriere.com/wp-content/uploads/2024/10/sans_titre-9-2-ef0ea.jpg https://0.gravatar.com/avatar/08b9589eb27d3c06729f93084302d98e4131a5e1c0977a835d8b57b967e3a53b?s=96&d=identicon&r=G https://www.partage-noir.fr/local/cache-vignettes/L672xH501/sans_titre-9-2-ef0ea.jpg?1728405766 https://www.partage-noir.fr/IMG/jpg/golberg01.jpg https://www.partage-noir.fr/local/cache-vignettes/L672xH429/sans_titre-7-3-7ea2a.jpg?1728391551 https://www.partage-noir.fr/local/cache-vignettes/L150xH199/schwartzbard-7046e-72d07-53aeb.png?1728391656 https://www.partage-noir.fr/local/cache-vignettes/L150xH217/p094-28331-08ddc.jpg?1688223178 https://liberteouvriere.com/wp-content/uploads/2024/10/ait-israel.png?w=690 https://www.partage-noir.fr/local/cache-vignettes/L150xH212/souchy1-a4c5e-2af03.jpg?16879657499 octobre 2024, par liberteouvriere
Anarchists rarely adhere to a statist conception. From the inception of political Zionism, this national question arises among libertarians and provokes fierce debates. These (…)

Anarchists rarely adhere to a statist conception. From the inception of political Zionism, this national question arises among libertarians and provokes fierce debates. These controversies flare up with the course of events. At the birth of the State of Israel, anarchists took an official (…)

Le journal papier est vintage

9 octobre 2024, par Par Pierre Dubuc
Il est aux réseaux sociaux ce que le vinyle est au streaming

Il est aux réseaux sociaux ce que le vinyle est au streaming

Espagne : problèmes de la Révolution | Ariane Miéville & José Luis García González (2024)

https://liberteouvriere.com/wp-content/uploads/2024/10/espagne-couleur.jpg https://0.gravatar.com/avatar/08b9589eb27d3c06729f93084302d98e4131a5e1c0977a835d8b57b967e3a53b?s=96&d=identicon&r=G https://liberteouvriere.com/wp-content/uploads/2024/10/tumblr_810f7966d5387dcfa88a6db898a46333_add2d128_540.jpg?w=5408 octobre 2024, par liberteouvriere
Durant la Guerre d’Espagne, des anarchistes acceptèrent d’être associé.es au pouvoir en devenant ministres… Comment ce processus d’intégration s’est-il produit ? Quelles en (…)

Durant la Guerre d’Espagne, des anarchistes acceptèrent d’être associé.es au pouvoir en devenant ministres… Comment ce processus d’intégration s’est-il produit ? Quelles en furent les conséquences ? Cet article propose un aperçu succinct et partiel. Il vise à ouvrir la discussion sur des (…)

Infrastructures of Resistance and Survival Toward Revolution : Reframing Reform v. Revolution Debates | Jeff Shantz (2024)

https://liberteouvriere.com/wp-content/uploads/2024/10/rear-view-activists-are-protesting.jpg https://0.gravatar.com/avatar/08b9589eb27d3c06729f93084302d98e4131a5e1c0977a835d8b57b967e3a53b?s=96&d=identicon&r=G https://liberteouvriere.com/wp-content/uploads/2024/10/rear-view-activists-are-protesting.jpg?w=10248 octobre 2024, par liberteouvriere
Working class infrastructures of resistance can take many forms—workers centers, free schools, cooperative food production, communal childcare, defense committees, collective (…)

Working class infrastructures of resistance can take many forms—workers centers, free schools, cooperative food production, communal childcare, defense committees, collective housing, and more. They provide resources, venues, and logistics for supporting and sustaining struggles on a longer term (…)

Capitalists, Global Warming, & the Climate Justice Movement | James Herod (2009)

https://liberteouvriere.com/wp-content/uploads/2024/10/usine-a-charbon_blanc.png https://0.gravatar.com/avatar/08b9589eb27d3c06729f93084302d98e4131a5e1c0977a835d8b57b967e3a53b?s=96&d=identicon&r=G8 octobre 2024, par liberteouvriere
Can the climate justice movement stop global warming? No, it can not. To do that it would have to be able to destroy capitalism. This objective, however, is hardly even on the (…)

Can the climate justice movement stop global warming? No, it can not. To do that it would have to be able to destroy capitalism. This objective, however, is hardly even on the agenda for most climate activists, and if it were they wouldn't have an inkling about a strategy for doing so. Hardly (…)

Fraguas, un projet de squat rural dans l’Espagne vide | Espagne (2022)

https://liberteouvriere.com/wp-content/uploads/2024/10/2040af13-1b45-4fdc-b267-aef3fa33435b_16-9-discover-aspect-ratio_default_0-219106403-e1728433040848.jpg https://0.gravatar.com/avatar/08b9589eb27d3c06729f93084302d98e4131a5e1c0977a835d8b57b967e3a53b?s=96&d=identicon&r=G https://liberteouvriere.com/wp-content/uploads/2024/10/34198391_202915413663553_1844612651754192896_o.webp?w=900 https://liberteouvriere.com/wp-content/uploads/2024/10/2040af13-1b45-4fdc-b267-aef3fa33435b_16-9-discover-aspect-ratio_default_0-1.jpg?w=10248 octobre 2024, par liberteouvriere
Après la présentation d'un projet de repeuplement, d'éducation et de durabilité pour le village abandonné de Fraguas, le village a été squatté et les travaux de réhabilitation (…)

Après la présentation d'un projet de repeuplement, d'éducation et de durabilité pour le village abandonné de Fraguas, le village a été squatté et les travaux de réhabilitation et de reconstruction des bâtiments originaux du village ont commencé avec l'intention de donner un abri à ses (…)

Anarcho-Syndicalism, Technology and Ecology | Graham Purchase (1995)

https://liberteouvriere.com/wp-content/uploads/2024/10/poisson-mort_blanc.png https://0.gravatar.com/avatar/08b9589eb27d3c06729f93084302d98e4131a5e1c0977a835d8b57b967e3a53b?s=96&d=identicon&r=G https://liberteouvriere.com/wp-content/uploads/2024/10/poisson-mort_blanc.png?w=10248 octobre 2024, par liberteouvriere
In an anarchist society, the absence of centralized state authority will permit a radically new integration of nature, labour and culture. As the social and ecological (…)

In an anarchist society, the absence of centralized state authority will permit a radically new integration of nature, labour and culture. As the social and ecological revolution progresses, national boundaries will become cartographical curiosities, and divisions based upon differences in (…)

Le politique, le Code criminel et la prison

8 octobre 2024, par Ligue des droits et libertés

Retour à la table des matières Droits et libertés, printemps / été 2024

Le politique, le Code criminel et la prison

Jean Claude Bernheim, criminologue et membre du comité de rédaction de la revue et du comité Enjeux carcéraux et droits des personnes en détention de la Ligue des droits et libertés Il est commun de dire que tout est politique. En ce qui concerne certains faits et gestes, LE politique est incontournable. En effet, dans un État de droit, la criminalisation de certains comportements, choisis parmi d’autres, implique qu’ils doivent être inscrits dans la loi pour être considérés comme des crimes. C’est ce qui prévaut dans le Code criminel. Examinons tout d’abord le vol. L’article 322 (1) prévoit que « Commet un vol quiconque prend frauduleusement et sans apparence de droit, ou détourne à son propre usage ou à l’usage d’une autre personne, frauduleusement et sans apparence de droit, une chose quelconque, animée ou inanimée …». C’est simple, clair et facile à comprendre. [caption id="attachment_19976" align="alignleft" width="448"] Renaissance par JL | Projet Société Elizabeth Fry 2024.[/caption] L’article 334 concerne les sanctions possibles et établit que « sauf disposition contraire des lois, quiconque commet un vol » sera condamné à une amende ou un emprisonnement, ou les deux, accompagné probablement d’un casier judiciaire. Cela nous permet de comprendre que le vol à l’étalage constitue un crime alors que la publicité trompeuse, le miroir du vol à l’étalage, est gérée par une autre loi, ce qui évite la criminalisation des personnes qui ont rédigé et diffusé la publicité incriminée, ainsi que des personnes qui en ont tiré profit. C’est pourquoi des voleuses et voleurs à l’étalage se retrouvent en prison et les propriétaires de commerces n’y sont pas. Il en est de même pour les fraudes sur la TVQ et la TPS, qui sont prises en compte par d’autres lois que le Code criminel. Cette discrimination étant inscrite dans le Code criminel, les policier-ère-s, les procureur-e-s de la Couronne et les juges, dans l’application de leur mandat, seront appelés à intervenir lors de vols à l’étalage auprès de personnes généralement marginalisées, précaires ou jeunes, mais jamais auprès de commerçant-e-s voleurs. Confrontés à un seul type de voleur, l’image d’une société compartimentée ne peut que s’imposer, et ainsi conforter la pratique du profilage social. [caption id="attachment_19977" align="alignright" width="448"] Renaissance par JL | Projet Société Elizabeth Fry 2024.[/caption] Face à la méconnaissance du système de justice pénale et criminelle par la majorité de la population, il est impérieux de se pencher sur le contenu du Code criminel. Cette loi détermine l’intervention de la police, des procureur-e-s de la Couronne, des tribunaux, des institutions de la gestion des peines. Elle prévoit également les conséquences du casier judiciaire, qui affectent essentiellement des pauvres, des sans-pouvoir, des Autochtones, de personnes racisées, puisqu’il est exceptionnel que des médecins, des ingénieur-e-s, des avocat-e-s et des politicien-ne-s, entre autres, soient poursuivi-e-s en vertu du Code criminel. On peut difficilement mettre en doute que, dans les prisons et les pénitenciers, rares sont celles et ceux qui viennent de groupes sociaux dits de la classe moyenne ou supérieure. Cette observation empirique mérite d’être prise en compte, et surtout d’être expliquée. Cela n’a encore jamais été vraiment fait, alors qu’une dimension importante de ce dossier est soulevée, celle du profilage social et de la discrimination systémique. On pourrait citer d’autres comportements, comme la corruption, pour démontrer que les corporations professionnelles sont là d’abord et avant tout pour protéger leurs membres et éviter la criminalisation de leurs comportements par le biais de leur syndic et de leur comité de discipline. Ces organisations se substituent ainsi au processus de criminalisation de comportements qui relèveraient autrement du droit criminel. Ainsi, les député-e-s, tant fédéraux que provinciaux, adoptent des « dispositions contraires des lois » en créant des «tribunaux d’exception» pour ces professionnel-le-s, tels que les Comités de discipline des ordres professionnels. Pour paraphraser ironiquement le philosophe anglais Bertrand Russell (1872-1970), avançons que les hommes puissants sont toujours vertueux et les faibles toujours méchants. En 1970, le Parlement a créé la Commission de réforme du droit du Canada (CRDC). Dans son programme de recherches, publié en mars 1972, la CRDC estimait que « le rôle du droit pénal est objet de confusion et de controverse. Les objectifs du droit pénal feront donc l’objet d’une étude constante en fonction de l’évolution de la société canadienne. Au terme de cette discussion, nous devrions pouvoir énoncer succinctement les objectifs du droit pénal et en faire le préambule d’un nouveau code ». Ce souhait n’a jamais été exaucé.
Confrontés à un seul type de voleur, l’image d’une société compartimentée ne peut que s’imposer, et ainsi conforter la pratique du profilage social.
Dans l’introduction de son point de vue sur Le droit pénal dans la société canadienne, sans remettre en question les fondements du système de justice criminelle, Mᵉ Jean Chrétien, alors ministre fédéral de la Justice, posait, en 1982, quelques questions que l’on peut considérer encore aujourd’hui comme d’une grande actualité, bien qu’elles seraient assurément formulées autrement.

« Doit-on régler les querelles domestiques1, qui souvent comportent des actes de violence ou des menaces, en portant des accusations criminelles ou doit-on essayer de réconcilier les parties grâce à la médiation des organismes de services sociaux ? Doit-on criminaliser les infractions dites “sans victimes” ou “consensuelles” comme l’usage abusif des drogues, la prostitution, les jeux de hasard et la pornographie ? Doit-on soumettre les infractions mineures contre les biens au processus ordinaire du système pénal même si le contrevenant est disposé à indemniser la victime ? Doit-on considérer une personne morale comme criminelle si, au lieu de respecter ses obligations à l’égard de la protection de l’environnement, elle se contente de payer les amendes qu’elle encourt pour la violation répétée des règlements ? Doit-on encourager, tolérer ou interdire la “négociation des plaidoyers” ?2 ».

Toutes ces questions, et bien d’autres, devaient être « soumises à la considération du Parlement et du public au cours des prochaines années ». Nous attendons toujours.

Comment expliquer un tel constat?

Gérard Loriot résume bien le concept de pouvoir politique : « C’est la capacité que possède un groupe d’obliger d’autres groupes à faire ou à ne pas faire quelque chose, sous peine de sanction, grâce au monopole de la force que ce groupe exerce sur un territoire. Mais le pouvoir politique génère sans cesse des conflits, parce que les humains font rarement l’unanimité quant à son exercice ». Loriot précise que « les sociétés modernes ont tendance à trouver des produits de remplacement au pouvoir politique et à échanger la force, la violence et les armes, fondement de ce pouvoir, contre des images et des messages moins brutaux. Plus une société devient développée sur le plan politique, plus elle cherche à cacher la violence que constitue le pouvoir et à la remplacer par des luttes idéologiques, des symboles, des idéogrammes, des uniformes, des suggestions qui l’apparentent à l’influence3 ». Selon Althusser, « il est indispensable de tenir compte, non seulement de la distinction entre pouvoir d’État et appareil d’État, mais aussi d’une autre réalité qui est manifestement du côté de l’appareil (répressif) d’État, mais ne se confond pas avec lui [...] les appareils idéologiques d’État dont la religion, l’école, la famille, le droit, le système politique, les syndicats, l’information, la culture font partie4 ». Ainsi, le pouvoir de l’État consiste en l’adoption de législations qui vont assurer la mise en place des appareils idéologiques d’État pour en assurer la pérennité. Quant au fonctionnement des prisons et des pénitenciers, tout comme celui des écoles et du système de santé, il est la résultante des prescriptions législatives adoptées en toute connaissance de cause par les député-e-s. C’est d’ailleurs ce que résume bien Angela Davis :

« Depuis les années 1980, le système carcéral est de plus en plus imbriqué dans la vie économique, politique et idéologie des États-Unis ainsi que dans la distribution internationale des marchandises, de la culture et de l’idéologie états-uniennes. Par conséquent, le complexe carcéro-industriel représente bien plus que la somme de toutes les prisons de notre pays. C’est un réseau de liens symbiotiques tissé entre les communautés pénitentiaires, les sociétés multinationales, les conglomérats des médias, les syndicats de gardiens de prison et les institutions législatives et judiciaires5».

Les articles du présent numéro donnent une bonne idée de la réalité que LE politique instaure et cautionne sans état d’âme.
  1. Notons qu’il s’agit d’une terminologie d’une autre époque.
  2. Jean Chrétien, Le droit pénal dans la société canadienne, Ottawa, août 1982, 9.
  3. Gérard Loriot, Pouvoir, idéologies et régimes politiques, Éditions Études Vivantes, Laval, 1992, 57 et 62.
  4. Louis Althusser, Idéologie et appareils idéologiques d’État, La Pensée, 1970 ; Positions, Paris, Éditions sociales, 1976, 67-125.
  5. Angela Yvonne Davis, La prison est-elle obsolète? traduit de l’anglais (États-Unis) par Nathalie Peronny, Vauvert, Au Diable Vauvert, 2014. En ligne, version 2017 : https://paris-luttes.info/IMG/pdf/davis_prison.pdf
 

L’article Le politique, le Code criminel et la prison est apparu en premier sur Ligue des droits et libertés.

L’importance d’une bibliothèque municipale : un pilier culturel et social

8 octobre 2024, par Marc Simard
L’auteur fait partie de l’Initiative de journalisme local Rimouski possède la plus grande bibliothèque municipale du Bas-Saint-Laurent, plus de 300 000 livres y ont été (…)

L’auteur fait partie de l’Initiative de journalisme local Rimouski possède la plus grande bibliothèque municipale du Bas-Saint-Laurent, plus de 300 000 livres y ont été empruntés en 2023 par 23% de la population qui la fréquente. Pourtant, cet espace n’est que très rarement abordé par les (…)

Gaza - un an plus tard !

8 octobre 2024, par Réseau militant en solidarité internationale de Québec solidaire — , ,
Bulletin du Réseau militant en solidarité internationale de Québec solidaire Lundi 7 octobre 2024 1— Un peu d'histoire La création de l'État d'Israël s'est effectuée en (…)

Bulletin du Réseau militant en solidarité internationale de Québec solidaire

Lundi 7 octobre 2024

1— Un peu d'histoire

La création de l'État d'Israël s'est effectuée en 1948 au terme de la Nakba (la « catastrophe » en arabe), c'est-à-dire un épisode de nettoyage ethnique en Palestine en 1948 : 750 000 Palestinien.nes ont été déplacé.es par la force, 532 villages ont été rasés, et 15 000 personnes tuées.

La guerre de six jours en 1967 entre Israël et les pays arabes a mené à une victoire israélienne écrasante. S'en sont suivies une occupation puis une annexion illégale du plateau du Golan. Israël a ensuite débuté l'implantation de colonies en Cisjordanie et à Gaza, considérées illégales au regard du droit international. On retrouve maintenant plus de 750 000 colons israéliens en Cisjordanie, qui s'établissent de sorte à trouer le territoire palestinien et à limiter la liberté de circulation.

Plusieurs ONG, dont Human Rights Watch, dénoncent aussi un système d'apartheid en Cisjordanie, en vue des inégalités systémiques flagrantes entre les deux populations : interdiction pour la population palestinienne de circuler sur certaines routes, etc. Si un Palestinien et un Israélien commettent le même crime en Cisjordanie, l'un sera jugé dans une cour militaire et l'autre dans une cour civile.

Les territoires restants sont divisés par des murs et des routes sous occupation militaire contrôlées par Israël. Le peuple palestinien est donc sans pays souverain et sous occupation depuis 75 années.

2) Droit international

Les Nations unies ont dénoncé et jugé les actions israéliennes dans des centaines de résolutions, toutes ignorées par Israël.

Israël commet des violations graves des droits humains de manière routinière et systématique, dont des emprisonnements de longues durées sans procès et des tueries arbitraires. Depuis le 7 octobre, les cas de tortures sur de personnes prisonnières palestiniennes dans les prisons israéliennes sont courants.

Depuis 2007, Israël contrôle les frontières terrestres, aériennes et maritimes, ainsi que l'eau et l'électricité de Gaza, en plus d'imposer un blocus. Ce blocus a transformé le territoire en « prison à ciel ouvert », selon la rapporteuse pour les droits humains de l'ONU Francesca Albanese. Cet acte de guerre, selon le droit, limite drastiquement toute importation et exportation civile, soumettant la population à un état de survie.

En février 2024, la Cour internationale de justice (CIJ) a reconnu qu'il y avait un risque plausible de génocide à Gaza. La CIJ a donc exhorté Israël à mettre en œuvre plusieurs mesures visant à réduire l'impact de sa guerre sur les civils palestiniens. De toute évidence, cela n'a pas été fait.

En mai 2024, le procureur de la Cour pénale internationale (CPI) a demandé des mandats d'arrêt contre Benjamin Netanyahou et son ministre de la défense Yoav Gallant, ainsi que trois responsables du Hamas, pour crimes de guerre.

En juin 2024, le Conseil de sécurité de l'ONU a ordonné un cessez-le-feu immédiat à Gaza. Force est
de constater qu'encore une fois, Israël a ignoré cette résolution obligatoire.

En plus d'un soutien militaire d'une valeur de 300 milliards à Israël depuis 1946, les États-Unis ont appliqué leur veto sur 45 résolutions du Conseil de sécurité en faveur d'Israël depuis 1945. Sans le support étatsunien, Israël ne serait pas en mesure de commettre un génocide à Gaza.

3) Conflit depuis un an

Plus de 42 000 personnes ont été assassinées, dont plus de 70 % sont des civils, surtout des femmes et des enfants ;

En comptant les morts indirects tels que par la maladie, la famine ou le poids des décombres, Rasha Khatib et son équipe de recherche estiment dans leur article publié dans The Lancet que le nombre de victimes serait plus près de 186 000 ;

Près de 900 médecins et autres personnels de la santé ont été tués selon l'ONU. Plus de 125 journalistes et plus de 220 salarié.es de l'ONU et d'organismes humanitaires ont aussi été tués. Il s'agit de records parmi tous les conflits du monde des derniers siècles ;

Plus de 85 % des écoles primaires et secondaires et 100 % des universités ont été détruites ou lourdement endommagées ;

31 hôpitaux sur 36 ont été détruits ou fortement endommagés par Israël et 100 % des centres de santé ont été ravagés et remplacés par des petits postes improvisés.

Depuis peu, Israël laisse présager que le conflit pourrait s'étendre jusqu'au Liban et en Iran. Après l'explosion de moyens de communication au Liban, blessant plus de 3 000 personnes les 17 et 18 septembre derniers, Israël a commencé une opération de plus grande envergure au Liban.

Avec l'assassinat de chefs des partis rivaux par Israël, tels que Ismaël Haniyeh du Hamas et Hassan Nasrallah du Hezbollah, il devient difficile de négocier une solution diplomatique. Les récents développements avec l'Iran et le Liban semblent indiquer que sans cessez-le-feu et solution durable, il y aura une intensification régionale.

4) Mythes

Mythe 1 — Être antisioniste, c'est être antisémite

La gauche a le devoir historique de se placer en rempart contre l'antisémitisme, ainsi que toutes les formes de haine. L'antisémitisme est une problématique bien réelle dans nos sociétés. Bien que certaines personnes considèrent toute critique contre l'État d'Israël comme étant par définition « antisémite », il faut comprendre que la majorité n'est pas alimentée par une haine contre le peuple juif, mais par les actions génocidaires d'Israël. Critiquer l'État d'Israël n'est pas plus antisémite que ne serait islamophobe de critiquer l'Arabie Saoudite ou antichrétien de critiquer le Canada.

Accuser systématiquement un.e militant.e critique d'Israël d'antisémitisme bloque la discussion et empêche de réfléchir au conflit dans sa globalité. Mettre sur un pied d'égalité « critique d'Israël » et « antisémitisme » ne vise que la légitimation des crimes israéliens.

Mythe 2 — Israël a « le droit de se défendre » contre les attaques

Israël a le devoir de protéger toute la population civile sur son territoire, incluant les territoires palestiniens qu'il occupe militairement depuis 1967. En effet, selon les conventions internationales, il est du devoir de l'occupant d'assurer la protection des civils qui se trouvent sur le territoire occupé. Présenter le Hamas comme une menace externe à Israël est une contradiction, dans la mesure où le territoire palestinien est sous occupation israélienne. Les civils occupés, eux, ont le droit de se soulever contre leur occupant, tant qu'ils et elles se limitent à des cibles militaires et non civiles.

Mythe 3 — Il est trop tôt pour savoir si les massacres d'Israël à Gaza constituent un génocide.

Il faudra des années pour que les spécialistes tranchent sur la question du génocide. D'ici là, une simple lecture de la définition de génocide permet à toutes et tous de constater qu'Israël en commet un à Gaza. Si tuer près de 10 % d'une population et réduire le reste à boire de l'eau souillée et manger de la nourriture pour chien pour survivre ne constitue pas un génocide, qu'est-ce qui pourrait bien en être un ? En février 2024, la CIJ a convenu qu'il existe bel et bien un doute raisonnable de génocide, et a exhorté Israël à cesser ses actions qui ciblent des civils. De toute évidence, la justice internationale n'a pas les moyens de faire appliquer ses jugements dans ce contexte.

5) Position du Qc/Canada + Appel à la mobilisation

Le soutien politique du Canada envers Israël est indéniable. Sur toutes les tribunes, le gouvernement canadien ne fait que rappeler le « droit d'Israël à se défendre ».

Dans les votes à l'Assemblée générale de l'ONU, le Canada est un grand soutien d'Israël. Le Canada fait constamment partie de la poignée de pays qui vote en faveur d'Israël (ou s'abstient), dans des résolutions qui recueillent 120+ votes favorables.Le Québec n'est pas en reste : en plus d'ouvrir un bureau à Tel-Aviv, on apprenait récemment que des munitions d'une valeur de plus de 60 millions $ fabriquées au Québec pourraient être livrées à Israël sous peu, même si le Canada s'est récemment engagé à cesser l'émission de nouvelles licences d'exportation.Face à la complicité de nos gouvernements dans le génocide israélien à Gaza, il est impératif d'agir

*****

Abonnez-vous à notre lettre hebdomadaire - pour recevoir tous les liens permettant d'avoir accès aux articles publiés chaque semaine.

Chaque semaine, PTAG publie de nouveaux articles dans ses différentes rubriques (économie, environnement, politique, mouvements sociaux, actualités internationales ...). La lettre hebdomadaire vous fait parvenir par courriel les liens qui vous permettent d'avoir accès à ces articles.

Remplir le formulaire ci-dessous et cliquez sur ce bouton pour vous abonner à la lettre de PTAG :

Abonnez-vous à la lettre

Le programme PAFI, vous connaissez ? PAFI pour programme d'aide financière à l'investissement.

Où est l’humanité de François Legault ?

8 octobre 2024, par Ghislaine Raymond — ,
« Nous, ce qu'on veut, c'est que la moitié des demandeurs d'asile qui sont actuellement au Québec soient transférés dans d'autres provinces. » Tels sont les propos tenus par (…)

« Nous, ce qu'on veut, c'est que la moitié des demandeurs d'asile qui sont actuellement au Québec soient transférés dans d'autres provinces. » Tels sont les propos tenus par François Legault le 2 octobre dernier lors d'une intervention à Paris. D'où vient ce besoin de cibler les personnes immigrantes ? Comment justifier un tel manque d'humanité ?

Demandeurs et demandeuses d'asile

Le nombre de demandeurs et de demandeuses d'asile est croissant depuis de nombreuses années, non seulement au Québec ou au Canada mais partout sur la planète. Les guerres (Ukraine, Gaza, Liban) et les conflits armés intérieurs (Soudan, Haïti) forcent le déplacement d'un nombre grandissant de personnes. Les reculs démocratiques dans maints pays forcent à l'exil des milliers de personnes dont les vies sont en danger.

Toute personne qui demande l'asile recherche la protection du Canada. Cette demande peut être faite lors de son arrivée au pays ou une fois sur place, à titre de détenteur ou détentrice d'un visa de visiteur, d'un permis de travailleur temporaire ou d'un permis de résident temporaire l'autorisant légalement à étudier au Canada. Si la demande est approuvée, la personne obtient le droit de rester et de présenter une demande de résidence permanente. Cette approche est conforme aux prescriptions de l'Agence des Nations Unies pour les réfugiés auxquelles le Canada et le Québec souscrivent.

Politique d'immigration canadienne et québécoise

Depuis 2021, le Canada a indiqué sa volonté de voir le nombre de résident-es permanent-es augmenter pour atteindre 500 000 nouvelles admissions par an d'ici 2025. Cette ouverture est motivée par le fait qu'il cherche à combler les emplois vacants partout au pays alors que les besoins de main d'œuvre sont réels et que les provinces peinent à les combler malgré des efforts de recrutement à l'étranger. Au cours de la même période, le nombre de personnes réfugiées illégalement et demandeuses d'asile a cru. Leur passage dans les aéroports de Toronto et de Montréal ont eu comme conséquence que c'est principalement dans ces 2 villes que leur nombre a mis sous pression les autorités municipales et provinciales.

Là où le bât blesse, c'est dans le clientélisme dont font preuve les gouvernements du Canada et du Québec. Tous deux veulent plaire aux employeurs en favorisant l'arrivée de travailleuses et de travailleurs étrangers temporaires, cette main d'œuvre étant reconnue comme étant corvéable et bon marché. Alors qu'elle devait initialement combler les besoins dans les secteurs où, preuves à l'appui, il n'y avait pas de réponse positive parmi les travailleurs et travailleuses d'ici, la main d'œuvre constituée de travailleuses et travailleurs étrangers temporaires arrive par milliers.

Initialement, c'est dans le secteur agricole que ces permis de travail restreints ont été attribués. Depuis, tous les secteurs de travail ont recours à une telle approche qui permet ce type d'embauche. On ne s'assure plus que le poste visé ne puisse être comblé par des travailleurs et travailleuses d'ici. Ainsi, les employeurs ont accès à une main d'œuvre qui détient un permis de travail temporaire d'une durée déterminée ( 3, 6 ou 12 mois), après quoi on peut la retourner dans son pays d'origine, selon le bon vouloir de l'employeur. L'apport économique est ce qui prime. C'est pourquoi bon nombre d'employeurs qui ont financé la venue de travailleuses et travailleurs temporaires par un démarchage privé n'ont pas pris en compte les besoins sociaux et de logement de celleux-ci.

À cette cuvée appréciable s'ajoutent les immigrant-es économiques, que le Québec, tout comme ses homologues des autres provinces, veut choisir et les étudiantes et étudiants étrangers que l'on accueille par dizaines de milliers au Québec. Cette deuxième cuvée recherchée permet de combler le financement des institutions post-secondaires et de procurer un bassin de main d'œuvre spécialisé, hautement scolarisé dans nombre de cas. La filière tant québécoise que canadienne doit permettre d'accroître l'économie tant du Québec que celle du Canada. Les demandeurs et demandeuses d'asile sont les trouble-fêtes qui créent des besoins nouveaux auxquels le Québec doit répondre sans avoir la garantie d'en récolter des gains financiers pour le gouvernement.

Legault à Paris et son inhumanité

Exaspéré par les problèmes politiques qui lui tombent dessus, le premier ministre du Québec « pète sa coche » et se défoule sur le chef du gouvernement canadien en prenant pour bouc émissaire les demandeurs et demandeuses d'asile. Le projet Northvolt bat de l'aile, la baisse de popularité du gouvernement Legault se confirme dans les sondages, les réformes de structures du secteur de la santé (PL 15), de celui des ressources énergétiques (PL 69) et de la mobilité (PL 61) ne garantissent pas l'efficience recherchée. À tout cela s'ajoute un manque criant de logements sociaux, de places en garderie, des fermetures de groupes de francisation et de classes spéciales dans les commissions scolaires qui génèrent de la grogne dans la population.

Il ne reste à François Legault que la fuite en avant en prenant pour cible tous les demandeurs et demandeuses d'asile, non seulement celleux qui arrivent mais aussi celleux qui ont obtenu la reconnaissance de leur statut et peuvent se prévaloir d'une demande de résidence permanente. Il pousse l'arrogance jusqu'à demander la déportation forcée ailleurs au pays de 80 000 des 160 000 personnes réfugiées intégrées au Québec. Prenant la France pour exemple, il va même jusqu'à évoquer la mise en place de camps de détention jusqu'à leur obtention d'un statut légal de travailleur temporaire ou leur expulsion, si leur demande d'obtention du statut de réfugié est rejetée. Legault sait pourtant qu'il faut trois ans pour que le dossier d'un demandeur ou d'une demandeuse d'asile soit traité au Canada.

Déconnecté de tout projet de société rassembleur, il va de coup de tête en coup de tête. Après avoir unilatéralement interdit en août dernier le renouvellement de permis de travail temporaire dans la région de Montréal pour les bas salarié-es qui gagnent annuellement moins de 57 000$, il pousse le bouchon plus loin en parlant de déplacement forcé des demandeuses et demandeurs d'asile. Son gouvernement va même en Cour suprême pour contester l'accès à des places en garderie pour les demandeurs et demandeuses d'asile.

Ce discours anti-immigration est inacceptable. Plutôt que de discourir à l'encontre des demandeurs et demandeuses d'asile, le gouvernement devrait trouver comment répondre à la fois aux besoins de main d'œuvre des employeurs, à la consolidation des services publics et à la construction en urgence de logements sociaux.

Monsieur Legault, cessez cette rhétorique mesquine. Relevez le défi du vivre ensemble en faisant primer les droits humains sur ceux des corporations. Les politiques de votre gouvernement ne peuvent se résumer à un exercice comptable.

Ghislaine Raymond

*****

Abonnez-vous à notre lettre hebdomadaire - pour recevoir tous les liens permettant d'avoir accès aux articles publiés chaque semaine.

Chaque semaine, PTAG publie de nouveaux articles dans ses différentes rubriques (économie, environnement, politique, mouvements sociaux, actualités internationales ...). La lettre hebdomadaire vous fait parvenir par courriel les liens qui vous permettent d'avoir accès à ces articles.

Remplir le formulaire ci-dessous et cliquez sur ce bouton pour vous abonner à la lettre de PTAG :

Abonnez-vous à la lettre

Le programme PAFI, vous connaissez ? PAFI pour programme d'aide financière à l'investissement.

Au lieu de couper dans la santé mettons fin au contrat en PPP

8 octobre 2024, par Jean-Pierre Daubois — ,
Le Journal de Montréal rapportait le 1er octobre qu'au CUSM, « plus de 747 000$ qui ont été facturés aux contribuables pour des modifications mineures (…) par le partenaire (…)

Le Journal de Montréal rapportait le 1er octobre qu'au CUSM, « plus de 747 000$ qui ont été facturés aux contribuables pour des modifications mineures (…) par le partenaire privé chapeauté par SNC-Lavalin (…)… » [1].

Voici quelques exemples :

- 7217 $ pour deux prises électriques 110V
Installation de deux détecteurs de fumée 21 954$
Ajout de deux serrures sur les portes de salles de triage 312,53$
Sondes d'humidité et de pression à la pharmacie 102 561$
Réaménagement de 3 bureaux 614 000$
Etc…

Ce n'est pas nouveau. À peine ouvert en 2015, le consortium du PPP facturait des « extras » car en mode PPP, la plus minime modification est un extra en vertu du contrat d'entretien qui ne prévoit que l'entretien « normal ». On voit que le simple ajout de deux prises électriques murales de 110V ce n'est pas de l'entretien selon le contrat PPP c'est un « extra ». Ledit contrat est secret et signé pour plus de 30 ans.

SI le journal de Montréal est en mesure de donner ces chiffres c'est parce que quelqu'un a fourni des informations en cachette. Pour le Consortium le contrat secret signifie que le public n'a pas le droit de savoir …

Déjà en 2015, le Journal rapportait :

- 26 508$ pour installer 19 téléviseurs déjà payés par le CUSM
8 792$ pour installer sur les murs 130 crochets pour vêtements
20 442$ pour déplacer une quinzaine de pancartes « code Bleu »
66 757$ pour installer des gradateurs d'éclairage dans 10 salles
49 554$ pour un comptoir dans une salle d'attente
Et bien plus…

Ainsi donc les firmes des PPP abusaient des fonds publics il y a 9 ans et tout indique que c'est encore le cas aujourd'hui. Il ne se trouve aucune autorité gouvernementale qui lève le petit doigt depuis 9 ans pour mettre fin au triste cirque des PPP.

Il y a quelque chose d'encore plus grave. Le contrat du CUSM a été obtenu grâce à 22.5 millions versés en pot de vin à deux individus. Arthur Porter est décédé avant son procès, son épouse a plaidé coupable de « recyclage des produits de la criminalité [2] » et le complice de Porter, Yanaï Elbaz, a plaidé coupable [3] d'avoir accepté 10 millions en pot-de vin.

Nous avons donc, d'un côté : un contrat PPP obtenu frauduleusement et, de l'autre côté, un gouvernement qui « faute d'argent » coupe dans les conditions de travail et dans les services aux usagers dans la santé.

Il y a pourtant une autre voie pour sauver de l'argent et éviter de couper dans la santé et ou de s'attaquer aux conditions de travail des « anges gardiens de la population ». Il faut mettre fin au contrat PPP qui, avant depuis qu'il est signé, est le véhicule parfait, parce que secret, pour abuser allègrement des coffres de l'État

La question centrale est donc : Est-ce possible de mettre fin à un contrat signé ?

La réponse est oui si on peut prouver devant la Cour Supérieure que le contrat a été obtenu par le « dol » (NOTE : au sens de notre Code civil le mot « dol » c'est le fait pour un contractant, d'obtenir le consentement de l'autre par des manœuvres ou des mensonges.) .

Voici quelques extraits du Code Civil

1399. Le consentement doit être libre et éclairé. Il peut être vicié par l'erreur, la crainte ou la lésion.

1400. L'erreur vicie le consentement des parties ou de l'une d'elles lorsqu'elle porte sur la nature du contrat, sur l'objet de la prestation ou, encore, sur tout élément essentiel qui a déterminé le consentement. L'erreur inexcusable ne constitue pas un vice de consentement.

1401. L'erreur d'une partie, provoquée par le dol de l'autre partie ou à la connaissance de celle-ci, vicie le consentement dans tous les cas où, sans cela, la partie n'aurait pas contracté ou aurait contracté à des conditions différentes. Le dol peut résulter du silence ou d'une réticence.

(…)
1407. Celui dont le consentement est vicié a le droit de demander la nullité du contrat ; en cas d'erreur provoquée par le dol, de crainte ou de lésion, il peut demander, outre la nullité, des dommages-intérêts ou encore, (…).

1411. Est nul le contrat dont la cause est prohibée par la loi ou contraire à l'ordre public.

1417. La nullité d'un contrat est absolue lorsque la condition de formation qu'elle sanctionne s'impose pour la protection de l'intérêt général.

1422. Le contrat frappé de nullité est réputé n'avoir jamais existé.

Donnons aux libéraux le bénéfice de croire qu'ils ne savaient pas qu'ils étaient fraudés… et que si le gouvernement avait su pour la fraude et les pots-de vins il n'aurait pas signé le contrat PPP.
Va pour le bénéfice du doute, mais la CAQ elle… elle sait que le contrat PPP du CUSM a été obtenu par la fraude, les condamnations sont connues.

La CAQ a été élue le 1er octobre 2018. Pamela Porter (la veuve de Arthur Porter) a plaidé coupable le 14 décembre 2014 et Yanaï Elbaz a plaidé coupable le 26 novembre 2018. Ces plaidoyers de culpabilité font de ce contrat PPP un contrat obtenu par le « dol » ou la fraude, ce qui ouvre toute grande la porte au gouvernement de faire résilier les contrats en Cour Supérieure.

Une simple question M. Legault. Pourquoi diable, le gouvernement caquiste qui sait, que le gouvernement et la population du Québec ont été et continuent à chaque jour à être lourdement lésés avec ce contrat PPP, pourquoi n'a-t-il pas entrepris les procédures légales pour faire résilier le contrat PPP du CUSM ?

Si la Cour Supérieure en venait à déclarer qu'il y a au « dol » elle ferait annuler le contrat PPP à sa naissance même (ab inicio en termes juridique).

Il faut savoir qu'en vertu du Code civil, si un contrat résilié à sa naissance même pour « dol », toutes les clauses du contrat sont résiliées y compris les clauses garantissant des indemnités ou des dommages pour avoir mis fin au contrat avant son terme.

Voici un extrait du contrat PPP du CUSM qui reprend les dispositions du Code civil.

60. ACTES INTERDITS
60.1 Définition

a) L'expression « Acte interdit » s'entend de ce qui suit :
(i) offrir, donner ou s'engager à donner au CHUM ou à une Autorité gouvernementale ou à une personne employée par ou pour le CHUM ou une Autorité gouvernementale ou à un représentant, un agent ou un consultant du CHUM ou d'une Autorité gouvernementale ou à un membre de la famille d'une telle personne, un cadeau ou une contrepartie de quelque nature que ce soit à titre d'incitatif ou de récompense :
(…)
(iii) violer les Lois applicables ou commettre une infraction aux termes de celles-ci relativement à des gestes de corruption ou de fraude concernant la présente Entente ou une Autorité gouvernementale ; ou
(…)

Les « cadeaux » illégaux (pots-de-vin) ont été donnés, la fraude est avérée du fait des admissions de culpabilité (Pamela Porter) et des condamnations au criminel (Yanaï Elbaz).

Un tel jugement nous libérerait totalement du contrat PPP sans voir à payer les pénalité prévues au contrat

Au CUSM, le gouvernement ordonne de couper dans les services à la hauteur de 39 millions et ce sera la même chose partout en province. Il est temps de mettre fon au gâchis des PPP.

Il est hors de question que nous acceptions une réduction de service à la population et une dégradation de nos conditions de travail, tout en laissant les PPP continuer en toute impunité à abuser des fonds publics, et à, comme le dirait Richard Desjardins, « mettre leur pelle dans le cash.. » des coffres de l'état.

*****

Abonnez-vous à notre lettre hebdomadaire - pour recevoir tous les liens permettant d'avoir accès aux articles publiés chaque semaine.

Chaque semaine, PTAG publie de nouveaux articles dans ses différentes rubriques (économie, environnement, politique, mouvements sociaux, actualités internationales ...). La lettre hebdomadaire vous fait parvenir par courriel les liens qui vous permettent d'avoir accès à ces articles.

Remplir le formulaire ci-dessous et cliquez sur ce bouton pour vous abonner à la lettre de PTAG :

Abonnez-vous à la lettre

Le programme PAFI, vous connaissez ? PAFI pour programme d'aide financière à l'investissement.


Les Fonds Publics pour le Filet Social

8 octobre 2024, par PTAG !, Véronique Laflamme — ,
Le 3 octobre dernier, la Coalition Main Rouge, le RÉPAC-03-12, le Regroupement des groupes de femmes de la Capitale nationale et le Conseil central de (…)

Le 3 octobre dernier, la Coalition Main Rouge, le RÉPAC-03-12, le Regroupement des groupes de femmes de la Capitale nationale et le Conseil central de Québec–Chaudière-Appalaches–CSN ont réuni près de 1000 personnes dans une grande manifestation à Québec pour dénoncer les politiques de coupures et de privatisation du gouvernement Legault. Ces manifestant-e-s provenaient de diverses régions du Québec : Montréal, Longueuil, Estrie, Lanaudière, Trois-Rivières, Mauricie, Rive Sud de Québec et Capitale-Nationale.

Les personnes présentes ont voulu dénoncer, en ce deuxième anniversaire de la CAQ au pouvoir, « les décisions de la CAQ qui favorisent les riches et le secteur privé : privatisation croissante, centralisation des pouvoirs en santé et en éducation, financement insuffisant du logement social, baisses d'impôts qui profitent aux plus fortunés, etc. Ces choix creusent les inégalités, entraînent plus de souffrance sociale, des files d'attente aux banques alimentaires et une augmentation des personnes en situation d'itinérance. La fiscalité doit redistribuer la richesse, pas la laisser s'accumuler dans les poches d'une minorité. La CAQ détourne les fonds publics et privatise nos services. Ça suffit ! »

Les manifestant-e-s ont demandé une meilleure redistribution de la richesse en scandant « Justice fiscale, justice sociale ! »

******

Vous le savez, le Québec traverse une crise du logement sans précédent

Nous reproduisons ici dessous, l'intervention de Véronique Laflamme, porte-parole du Front d'action populaire en réaménagement urbain (FRAPRU) qui a bien voulu nous faire parvenir l'intervention qu'elle a faite dans le cadre de cette manifestation.(PTAG !)

Il manque de logements locatifs partout. Ceux qui sont disponibles à la location se louent à des prix exorbitants.

La spéculation immobilière augmente. En l'absence d'un contrôle obligatoire des loyers, les loyers explosent. Les logements neufs et les condos locatifs qui se construisent et qui sont présentés comme une solution à la crise sont carrément hors de prix.

Des logements à 2500 $ à Montréal, à Québec, à 1600 $ à Trois-Rivière, à Chicoutimi, à Drummondville, c'est complètement déconnecté de la réalité des gens avec qui on travaille, de nos collègues, nos voisin.es. nos parents des familles monoparentales, des aînés

Il y a une banque alimentaire de l'autre côté de la rue… qui déménage temporairement pour aggrandir. Les kings vont être la demain

Il y a des files à tous les mois. Parce qu'après avoir payé le loyer il reste plus grand-chose à bien du monde.

L'itinérance augmente. Des campements s'érigent un peu partout au Québec et les ressources ne parviennent pas à répondre à la demande.

Est-ce que c'est le genre de société dans laquelle on veut vivre ?

Le désespoir est palpable partout au Québec et l'absence d'alternatives aux logements trop cher y contribue grandement.

Il est évident que la maigre part de 10,5% occupée par le logement social au sein du parc locatif n'est pas suffisante pour répondre aux besoins de plus en plus criants.
Combien de familles doivent vivent dans un logement trop petits faute de mieux ? Combien de personnes aînées sont chassées de leurs milieux ? Combien de personnes nouvellement en situation d'itinérance étaient inscrites sur une liste d'attente pour une habitation à loyer modique ? Combien de femmes victimes de violence conjugale, pourtant prioritaires pour obtenir un tel logement, doivent encore attendre pour y accéder ? Trop !
La crise du logement et la crise de l'itinérance exposent dramatiquement l'insuffisance de notre filet social.

POURQUOI On en est là ?

Parce qu'on a sous-financés nos programmes sociaux pendant des années.
Le logement social est financé au compte goutte depuis 25 ans !

On a laissé les listes d'attente pour un logement social grossir, grossir, atteindre pratiquement 40 000 ménages !

On ne prend pas la lutte à la pauvreté au sérieux ! Le chèque d'aide sociale permet à peine de couvrir le prix d'un 3 ½ au Québec. Ici à Québec, c'est rendu 909$ le loyer moyen pour un 3 ½. 721$ pour un studio….

Sans parler du salaire minimum qui condamne de plus en plus de gens à consacrer 50, voire 80% de leur revenu au loyer !

Est-ce que c'est acceptable dans une société riche comme la nôtre ?

Même si on obtient des petites augmentations de salaire, les gens dans nos milieux s'appauvrissent à la vitesse grand V avec la cherté des logements

Le filet social c'est un rempart contre l'appauvrissement, contre l'exclusion sociale de membres de nos communautés.

Et c'est pas vrai qu'on peut confier nos programmes sociaux à des philantropes et sous-traiter la job de l'État sans que ça ait des conséquences. Maintenant qu'elle a reconnu la crise, la CAQ privilégie des solutions qui ne sont pas réellement structurantes. Avec les fonds publics, on finance à la pièce et sans transparence des projets de logements abordables à l'extérieur de programmes. La ministre préfère la flexibilité du hors programme. C'est grave !

Plusieurs des logements qu'on qualifie d'abordables qui ne le sont pas vraiment n'ont pas les mêmes retombées sociales que les logements sociaux et communautaires construits avec des programmes sociaux qui se suffisent à eux-mêmes.

Alors qu'on traverse une grave crise du logement c'est de plus en plus difficile d'avoir accès aux services publics au Tribunal adminsitratif du logement. C'est pratiquement impossible pour certaines personnes d'exercer leurs recours.

Le désengagement de l'État met une charge immense sur les comités logement et les associations de locataires qui, comme de nombreux organismes communautaires, ceux en itinérance par exemple manquent de ressources.

La crise du logement est une des illustrations de ce filet social troué qu'il est urgent de racommoder avant qu'encore plus de monde passe au travers. Ça nous concerne tous et toutes. C'est pour ça qu'on est ensemble aujourd'hui et qu'on parle d'une seule voix.

C'est une question de choix d'investir dans les programmes sociaux et les services publics, et il faut le faire de toutes urgence pour nous protéger collectivement contre les crises actuelles et à venir.

Il faut cesser de laisser les inégalités se creuser ! Le 1 % dont font aussi partie certains joueurs de hockey a les moyens de contribuer davantage, revoyons la fiscalité, ça presse !

C'est maintenant que ça se passe. Il faut s'unir contre la dépossession …

*****

Abonnez-vous à notre lettre hebdomadaire - pour recevoir tous les liens permettant d'avoir accès aux articles publiés chaque semaine.

Chaque semaine, PTAG publie de nouveaux articles dans ses différentes rubriques (économie, environnement, politique, mouvements sociaux, actualités internationales ...). La lettre hebdomadaire vous fait parvenir par courriel les liens qui vous permettent d'avoir accès à ces articles.

Remplir le formulaire ci-dessous et cliquez sur ce bouton pour vous abonner à la lettre de PTAG :

Abonnez-vous à la lettre

Comptes rendus de lecture 8 octobre 24

8 octobre 2024, par Bruno Marquis — , ,
Juanito la vermine, Roi du Venezuela Maurice Lemoine Peu de pays ont subi une couverture médiatique aussi biaisée que le Venezuela depuis vingt-cinq ans de la part des (…)

Juanito la vermine, Roi du Venezuela
Maurice Lemoine

Peu de pays ont subi une couverture médiatique aussi biaisée que le Venezuela depuis vingt-cinq ans de la part des médias occidentaux dominants. C'est ce que nous rappelle dans ce magnifique roman, si près de la réalité, le journaliste, écrivain et ancien rédacteur en chef du Monde diplomatique Maurice Lemoine. Le roman nous relate de façon fouillée les événements entourant la tentative de renversement du gouvernement élu de Nicolas Moro en « République bolivarienne du Venezuela » à l'initiative des États-Unis, à travers l'imposition d'un président autoproclamé issue de l'opposition d'extrême droite, Juanito, dit Juanito la vermine. On reconnaît bien sûr en Nicolás Moro l'actuel président vénézuelien Nicolás Maduro et en Juanito la vermine le protégé de l'époque des États-Unis, le pantin devrait-on dire, Juan Guaido. Le nom de bien des personnages est ainsi modifié, parfois de façons cocasses. On y retrouve entre autres le Grand Fuck You (Donald Trump), et ses comparses Mike Benz (Mike Pence), John Colton (John Bolton), Mike Napolitano (Mike Pompeo ) et Elliott (Elliott Abrams), ainsi que Sleepy Joe (Joe Biden), et bien sûr Manu Micron (Emmanuel Macron). Une histoire en fait qui se répète à la lumière des événements survenus dans ce pays encore cette année. J'ai beaucoup aimé ce roman, l'un des meilleurs romans d'actualité qu'il m'ait été donné de lire ces dernières années. Je vous en recommande vivement la lecture.

Extrait :

Les États-Unis ne sont pas derrière le coup d'État. Ils sont à son avant-garde. Ils dictent les ordres, pas seulement à l'opposition vénézuélienne mais aussi à leurs satellites dans la région et en Europe.

Menaces contemporaines à l'égalité des sexes au Québec
Marie-Claude Girard

Je vous recommande la lecture de ce court essai qui nous décrit clairement les menaces contemporaines à l'égalité des sexes au Québec. À plusieurs égards ces menaces sont attribuables, selon l'auteure, à la bienveillance de nos gouvernements à l'endroit des religions (particulièrement au niveau fédéral) ; mais elles le sont aussi aux stéréotypes encore présents dans la population et, plus récemment, à l'identité de genre qui finit par recouvrir l'identité liée au sexe. De là un vibrant plaidoyer, entre autres, en faveur de l'indépendance économique des femmes et de la laïcité.

Extrait :

Dans le premier cas, la demande d'interdiction du blasphème présume que la liberté de religion vise la protection des croyances et des sentiments religieux des expressions jugées offensantes. Il incomberait ainsi à l'État d'intervenir pour contrer les critiques de dogmes religieux, ce qui semble contradictoire avec le principe de séparation de la religion et de l'État, de la liberté d'expression et de la liberté de conscience des citoyens.

Que notre joie demeure
Kevin Lambert

C'est le dernier prix Médicis et un roman d'ici qui a beaucoup fait parler de lui. Il nous dévoile un monde de nantis qui tourne autour d'une architecte québécoise de renommée internationale. À quelques exceptions près, la parole appartient tout au long du livre à ce peuple de riches personnes un peu trop imbues d'elles-mêmes. Si l'auteur a voulu y voir une ferme critique du capitalisme, sa polémique avec le premier ministre François Legault, qui n'y a rien décelé de tel (même s'il n'est certes pas le plus perspicace qui soit), tend plutôt à démontrer le contraire. Il s'agit tout de même d'un portrait grandeur nature, détaillé, du monde dans lequel nous vivons, dans l'actuel contexte de la crise du logement et des écarts grandissants de revenus.

Extrait :

Marielle observe les œuvres d'art magnifiques, les tapis parfaitement entretenus, les sofas chics, les moulures anciennes et elle ne peut s'empêcher de croire que le secret des grandes fortunes est un crime oublié parce qu'il a été proprement fait. Le meuble du salon est conçu par un designer norvégien célèbre. Il doit valoir à lui seul des dizaines de milliers de dollars...

Au Québec, c'est comme ça qu'on vit
Francine Pelletier

Je connaissais surtout Francine Pelletier pour ses chroniques dans Le Devoir. Cet essai sur la montée du nationalisme identitaire au Québec m'a beaucoup plu. Francine Pelletier nous y décrit la transformation du Québec de la période conservatrice de l'appel de la race de Lionel Groulx à la Révolution tranquille et aux projets progressistes d'ouverture sur le monde et de confiance en soi collective qui ont suivi ; puis, après le second référendum sur la souveraineté, le redéploiement d'un conservatisme centré sur la défense des valeurs de la « majorité historique », conservatisme aux relents trop souvent xénophobes et qui a la triste conséquence d'être débranché des réalités des jeunes générations. En somme, nous dit-elle, si je me permets de résumer sa pensée, nous devons retrouver cet esprit progressiste, ouvert sur le monde, généreux, si nous voulons toujours, tous ensemble – tous les Québécois et Québécoises de tous les horizons – nous assumer… et enfin nous libérer. Un bouquin dont je vous recommande la lecture !

Extrait :

J'ai besoin de croire que ce fastidieux exercice tire à sa fin. Une espoir heureusement partagé par beaucoup de gens de gauche, mais également par les plus jeunes qui cherchent, à leur manière, une société plus ouverte, plus généreuse, plus diversifiée. Soyons patients. Ce n'est plus qu'une question de temps avant que le Québec de demain, le Québec du 3.0 et de la « réalité augmentée », hisse son drapeau sur le pont du vieux navire et reprenne le large.

*****

Abonnez-vous à notre lettre hebdomadaire - pour recevoir tous les liens permettant d'avoir accès aux articles publiés chaque semaine.

Chaque semaine, PTAG publie de nouveaux articles dans ses différentes rubriques (économie, environnement, politique, mouvements sociaux, actualités internationales ...). La lettre hebdomadaire vous fait parvenir par courriel les liens qui vous permettent d'avoir accès à ces articles.

Remplir le formulaire ci-dessous et cliquez sur ce bouton pour vous abonner à la lettre de PTAG :

Abonnez-vous à la lettre

Le programme PAFI, vous connaissez ? PAFI pour programme d'aide financière à l'investissement.

La déshumanisation de « l’Orient » par « l’Occident »

8 octobre 2024, par Marc Bonhomme — ,
Pour la vaste majorité des populations du vieil impérialisme « occidental », le concept d'orientalisme élaboré par l'intellectuel américano-palestinien Edward Saïd, dans la (…)

Pour la vaste majorité des populations du vieil impérialisme « occidental », le concept d'orientalisme élaboré par l'intellectuel américano-palestinien Edward Saïd, dans la mesure où il était connu, n'avait pas de résonnance politique immédiate. Il n'en est plus ainsi depuis que le massacre génocidaire de la population gazaoui est quasi reconnu officiellement par l'institutionnel système judiciaire international.

Ce massacre s'étend à la Cisjordanie et peut-être au-delà comme l'incite tous ses bombardements et incursions de l'État sioniste jusqu'au seuil d'une invasion du Liban. À contrario, les peuples rejettent ce va-t'en-guerre, même de plus en plus le peuple israélien lui-même malgré la déformation médiatique ultra-nationaliste de la guerre renforçant l'idéologie sioniste qui l'empoisonne. Loin d'être condamné par les plus importants gouvernements occidentaux à commencer par leur chef de file étatsunien, ce génocide est cautionné et soutenu sans état d'âme par leurs classes dirigeantes, ce qui décrédibilise d'a à z le bien-fondé idéologique de leur soutien intéressé et réservé à la lutte de libération nationale du peuple et du gouvernement ukrainiens contre l'envahisseur impérialisme russe. On se dit que les armes envoyées à Israël devraient être destinées à l'Ukraine sans qu'il ne soit nécessaire de hausser les dépenses militaires.

Les grands médias braquent de plus en plus ailleurs que sur Gaza les projecteurs de l'actualité tout en corroborant ou suggérant les mensonges de l'État israélien traitant chaque habitant de Gaza (et de plus en plus shiite-libanais) en terroriste ou son protecteur. Pendant que chaque otage israélien assassiné — un crime de guerre certes tout comme les meurtres civils du 7 octobre — est nommé et personnalisé, les plus de 40 000 palestiniens gazaouis massacrés, majoritairement femmes et enfants, demeurent une froide statistique tout comme les centaines de palestiniens cisjordanien assassinés sans compter les dizaines de milliers de morts pourrissant sous les décombres, les centaines de milliers d'éclopées et les milliers de prisonniers souvent torturés dans les prisons israéliennes. Qui s'intéresse aux cris d'alarme devenus rituels du Secrétaire général des Nations unies et de ses hauts fonctionnaires ? Pourtant les récents propos de Philippe Lazzarini, commissaire général de l'Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine (UNRWA) mériteraient d'être médités et discutés :

Les onze derniers mois de guerre ont été atroces pour la population de Gaza. Onze mois à revivre les traumatismes anciens du déplacement forcé et de la séparation des familles. Onze mois à endurer de nouveaux traumatismes comme la faim extrême et le retour de maladies dévastatrices comme la polio. Aujourd'hui, Gaza est un endroit qui horrifie même les humanitaires les plus chevronnés. C'est un terrain vague, impropre à la vie humaine. Et pourtant, deux millions de personnes y restent piégées. La quasi-totalité de la population est désormais concentrée sur environ 10 % de cette étroite bande de terre. Des masses de gens désespérés vivent au milieu de rivières d'eaux usées et de montagnes d'ordures, avec des rats, des cafards, des serpents et des scorpions. Chaque personne est épuisée, malade et a dépassé depuis longtemps les limites de son endurance. Cette situation est totalement inhumaine. […]
Je crains que si cette obscurité persiste, nous ne soyons désensibilisés à la souffrance des civils de Gaza et que nous ne commencions à tourner le dos à leur sort - le manque d'empathie et de compassion dont nous avons déjà entendu parler. Et s'il devient fatigant d'entendre parler de Gaza, comment pouvons-nous comprendre à quel point il est épuisant d'y vivre ? Cette crise ne touche pas seulement les Palestiniens de Gaza. Elle a des implications pour chacun d'entre nous. […] Plus de 600 000 filles et garçons ne sont pas scolarisés et vivent dans les décombres. La région ne peut pas se permettre de perdre une génération entière, qui sèmerait les graines de la haine et de l'extrémisme. Ramener les enfants à l'école est une question d'urgence qui devrait tous nous mobiliser. […]
L'Office, l'UNRWA, est la cible d'attaques incessantes. À Gaza, 214 membres du personnel de l'UNRWA ont été tués. Plus des deux tiers de nos bâtiments ont été endommagés ou détruits. En Cisjordanie occupée, en proie à une escalade de la violence, l'espace opérationnel de l'UNRWA se rétrécit. Un projet de loi déposé à la Knesset israélienne vise à expulser l'Office des locaux qu'il occupe depuis plus de 70 ans, à révoquer ses privilèges et immunités et à le désigner comme une organisation terroriste. Il est sans précédent et inadmissible qu'un État membre des Nations unies tente de désigner une entité des Nations unies, mandatée par l'Assemblée générale, comme une organisation terroriste. Mais l'UNRWA n'est pas le seul à être attaqué. Dans l'ensemble du territoire palestinien occupé, le personnel des Nations unies et des ONG internationales est progressivement éliminé par le non-renouvellement des visas. La campagne de démantèlement de l'UNRWA et de mise à l'écart de l'ensemble de la communauté humanitaire vise à priver les Palestiniens de leur statut de réfugié et à modifier unilatéralement les paramètres établis de longue date en vue d'une solution politique. […]
Un cessez-le-feu à Gaza est impératif. L'Agence a un rôle essentiel à jouer au cours de la transition, inévitablement longue et douloureuse, qui s'ensuivra. L'avantage le plus frappant de l'Office réside dans l'éducation et les soins de santé primaires. En l'absence d'un État à part entière, seul l'UNRWA peut répondre aux besoins des réfugiés palestiniens en matière d'éducation et de soins de santé. Enfin, les tentatives de fermeture et de marginalisation de l'UNRWA doivent être rejetées dans les termes politiques les plus forts. J'en appelle à votre soutien pour contrer les efforts visant à démanteler l'Office, à ternir sa réputation et à mettre fin à ses opérations dans le territoire palestinien occupé. Ces efforts constituent une menace non seulement pour les réfugiés palestiniens, mais aussi pour le système des Nations unies, l'ordre multilatéral et les perspectives d'une solution politique.
[1]

Défaites militaires (et coloniales) et apprentissage de la désensibilisation

Les gouvernements « occidentaux » à commencer par celui étatsunien qui donne le ton, depuis le début de la guerre froide ont appris à se désensibiliser par rapport aux guerres qu'ils mènent, commanditent ou soutiennent hors de leurs frontières et encore plus vis-à-vis les peuples « orientaux ». La défaite étasunienne de la guerre contre le Vietnam il y a un demi-siècle qui suivait la demi-défaite de la guerre de Corée au début des années 1950 avait engendré le « syndrome vietnamien » :

Lorsqu'il y a plus d'un demi-siècle, le pays a passé une dizaine d'années embourbé dans un conflit en Asie du Sud-Est, envoyant des millions de soldats dans ce qui semblait être une guerre sans fin et de plus en plus ingagnable, cela a profondément façonné la politique et la culture américaines, non seulement dans le présent, mais aussi pour la génération suivante. À partir de 2001, le pays a passé deux décennies à s'enliser dans de nouveaux conflits apparemment chimériques, envoyant des millions de soldats en Asie centrale et au Moyen-Orient. […]
Au niveau mondial, les coûts ont été immenses. Au total, les guerres lancées et menées par les États-Unis depuis le 11 septembre 2001 ont entraîné directement ou indirectement la mort de 4,5 à 4,7 millions de personnes, selon une remarquable base de données gérée par le Watson Institute for International and Public Affairs de l'université Brown. […] Trente-huit millions d'autres ont été déplacés ou sont devenus des réfugiés. Le New Yorker a récemment estimé qu'en Irak et en Afghanistan seulement, les troupes américaines pourraient avoir été responsables de 800 cas de crimes de guerre présumés.
Mais le militarisme renouvelé qui a démarré en 2001 s'est généralement poursuivi - peut-être en prévision d'une nouvelle confrontation, cette fois avec la Chine, qui 1 Statement of Philippe Lazzarini, Commissioner-General of the United Nations Relief and Works Agency for Palestine Refugees (UNRWA) at the 162nd Session of the League of Arab States Council at the Ministerial Level, ESSF, 10/09/24 succéderait à celle que nous avons maintenant dépassée qui se concentrait sur l'islam radical et le fondamentalisme islamique. […] Depuis 2015, les États-Unis ont ajouté plus de 300 milliards de dollars à leur budget annuel de défense. Selon les calculs de l'Institut Watson, cela représente environ suffisamment d'argent supplémentaire chaque année, en 2023, pour payer l'intégralité du coût de l'enseignement préscolaire universel, deux années d'université pour tous les étudiants et l'assurance maladie pour tous les Américains qui ne sont pas assurés. Comme le soulignent souvent les politiques scrupuleux, la part des dépenses militaires dans le PIB a en fait diminué au cours des dernières décennies et, selon certaines mesures, le pays est devenu de moins en moins martial. Mais en termes absolus, les dépenses restent énormes et plus de la moitié de toutes les dépenses discrétionnaires fédérales sont encore consacrées à la défense sous une forme ou une autre, selon les calculs du rapport Watson.

Tout comme le démantèlement des empires coloniaux des puissances européennes et du Japon, malgré le legs néocolonial, cette série de défaites ou demi-défaites infligées par les peuples de couleur à la super-puissance étatsunienne, sur fond d'un historique racisme anti-autochtone et antinoir qui a façonné l'histoire des ÉU et dont ni sa guerre d'indépendance ni sa guerre de sécession ni sa lutte pour les droits civils ne sont venues à bout, ont préparé la venue du trumpisme, champion du suprémacisme blanc :

Mais beaucoup de choses ont changé […] de manière à la fois ostentatoire et souterraine. Les attentats [de 2001] ont introduit un nouvel esprit de vulnérabilité et de honte dans ce qui était, quelques jours auparavant, une nation beaucoup plus allègrement impérieuse, et les guerres qui ont suivi ont souvent été humiliantes elles aussi. Au niveau de la rhétorique publique et de la politique étrangère, la performance conventionnelle d'un homme d'État désintéressé a cédé la place à un militarisme plus intéressé et parfois impulsif. […] … les guerres qui ont suivi […] ont déclenché de nouvelles vagues de xénophobie qui ont rendu la santé et la sécurité du pays beaucoup plus précaires. Nous avons vu des agents fédéraux infiltrer les mosquées américaines et les services de police locaux se militariser davantage, en partie grâce à du matériel renvoyé des lignes de front de la guerre. Nous avons constaté une suspicion et un scepticisme croissants à l'égard du leadership américain à l'étranger, ainsi qu'une nouvelle impunité des élites et un relâchement sans équivoque de l'État de droit à l'intérieur du pays. Aujourd'hui encore, il est frappant de constater que de nombreux partisans de l'invasion de l'Irak, en particulier, occupent toujours des positions d'autorité et de prestige, non seulement dans le monde politique, mais aussi dans les médias et le milieu des commentateurs. […]
… c'est la guerre contre le terrorisme, et la méfiance qu'elle a engendrée, qui a produit l'ascension de Donald Trump, sa prise de contrôle du parti républicain et, finalement, de la Maison Blanche. […] l'horreur lointaine d'ISIS en Irak et en Syrie a été utilisée, à l'approche des élections de 2016, pour justifier des mesures de répression à notre frontière méridionale, où le nombre de passages n'avait jamais été aussi bas depuis des dizaines d'années.

Un repli sur soi mis à nu par le rappel de la réalité par les gouvernements du Sud

Paradoxalement, « la guerre mondiale contre le terrorisme [consistant en] davantage d'engagements militaires facultatifs et parfois désastreux à l'étranger [s'est] accompagnée d'années plutôt calmes pour le terrorisme sur le sol américain. » En a résulté qu'« aujourd'hui, il est courant que les Américains s'inquiètent davantage du soi-disant théâtre de la sécurité des contrôles dans les aéroports que des actes de terrorisme qui l'ont inspiré, tandis que la guerre éternelle qui semblait autrefois s'étendre de manière si inquiétante dans l'avenir et s'immiscer si ostensiblement dans nos vies privées s'est déjà évanouie de la mémoire culturelle, comme un rêve fiévreux. » Ce qui fait que « Dick Cheney [qui soutient] publiquement la candidature de Kamala Harris à la présidence […] peut être la figure la plus partisane de l'ère de la guerre contre le terrorisme [ce qui suggère] que la plus grande menace pour la République était désormais interne plutôt qu'externe et à droite plutôt qu'à gauche. » Cette déconnexion par rapport aux guerres perdues de l'empire entraîne le divorce entre politique intérieure et politique extérieure :

Aujourd'hui, lorsque les Américains parlent de l'histoire politique récente du pays, ils ont tendance à se concentrer sur une autre série de sujets narratifs, eux-mêmes désormais assez familiers : la crise financière et la lente reprise qui a suivi ; l'élection choc de Trump, la réaction de droite qu'elle a révélée et la réaction de gauche qu'elle a produite ; et le test de Covid comme une sorte d'écran sur lequel les partisans de diverses tendances peuvent projeter leurs histoires préférées sur la rupture du pays. Lorsque les conversations s'approfondissent, elles atteignent parfois d'autres sujets de discussion - peut-être la mondialisation, la désindustrialisation et le choc chinois ; peut-être l'inégalité des revenus ; peut-être la division des diplômes, les médias sociaux et la justice sociale.
Mais elles remontent rarement aussi loin que le 11 septembre, lorsque le pays s'est lancé dans une aventure militaire mondiale non déclarée et à durée indéterminée, ciblant un ennemi largement indéfini et changeant de forme, qui a traité les frontières nationales comme de simples suggestions et a produit un effet de contagion mondial à l'échelle d'une génération. Cela nous renseigne sur la manière dont la guerre elle-même a été présentée et vendue - au début comme une nécessité existentielle, oui, mais relativement peu de temps après comme quelque chose se déroulant plus loin des yeux et de l'esprit, supervisé simplement par le Pentagone et presque autant en marge de la vie américaine que les actions policières et les coups d'État extralégaux des décennies précédentes.

Ce qui fait que « [l]es engagements militaires des États-Unis en Ukraine et à Gaza apparaissent parfois aux Américains comme des ruptures soudaines avec un passé récent et pacifique » [2] d'autant plus que l'armé étatsunienne n'y participe pas directement. Ce repli sur soi manufacturé, aurait dit Chomsky, d'une partie substantielle du peuple étatsunien aveuglé par le racisme déshumanisant les peuples de couleur pour ne pas reconnaître la série de défaites de leur armée, clash avec la dénonciation de la guerre génocidaire par la grande majorité des peuples du monde, plus intenses dans les pays du Sud, sur laquelle leurs gouvernements doivent surfer indépendamment de leurs politiques réelles :

Un autre front s'est ouvert sur le plan juridique. Deux décisions récentes de la Cour internationale de justice (CIJ), l'organe judiciaire des Nations unies, ont donné un coup de fouet à la campagne contre Israël. En janvier, une décision provisoire a semblé donner quelque crédit à la thèse de l'Afrique du Sud selon laquelle Israël commettait des actes de génocide (l'affaire est distincte des accusations de crimes de guerre portées par les procureurs de la Cour pénale internationale contre les dirigeants d'Israël et du Hamas). En juillet, la CIJ a rendu un avis consultatif selon lequel l'occupation par Israël de la Cisjordanie, de Jérusalem-Est et de la bande de Gaza - territoires dont il s'est emparé en 1967 - était illégale.
Profitant de leurs nouveaux privilèges [sic], les Palestiniens ont déposé une résolution à l'Assemblée générale, destinée à donner force à la décision. Cette résolution demande à Israël de se retirer de toutes les terres, de l'espace maritime et de l'espace aérien palestiniens, de démanteler les colonies juives, de restituer les biens saisis et de payer des réparations. Elle invite également les pays à créer un registre international des dommages, semblable à celui mis en place par le Conseil de l'Europe, un groupe régional, pour préparer les plaintes ukrainiennes contre la Russie. En outre, les pays sont invités à imposer des embargos sur les armes à destination d'Israël, à restreindre le commerce des produits provenant des colonies juives et à imposer des interdictions de voyager et des gels d'avoirs à l'encontre des « personnes physiques et morale »" qui maintiennent l'occupation israélienne.
La résolution a été adoptée avec le soutien de la Russie et de la Chine, mais aussi de certains alliés américains, dont la France et le Japon. Israël et son petit groupe d'amis fidèles - parmi lesquels l'Amérique et certains États insulaires du Pacifique - s'y sont opposés. La Grande-Bretagne, le Canada et l'Australie se sont abstenus. La résolution ne mettra pas fin à l'effusion de sang à Gaza. Elle ne créera pas non plus d'État palestinien. Les textes de l'Assemblée générale ne sont pas contraignants pour les membres et l'Amérique y opposerait son veto s'ils étaient présentés au Conseil de sécurité. Néanmoins, ils pourraient encourager davantage de pays à reconnaître la Palestine comme un État, comme l'ont fait l'Irlande, la Norvège et l'Espagne en mai. Elle pourrait également favoriser l'imposition d'embargos sur les armes à l'encontre d'Israël, comme celui, partiel, imposé par la Grande-Bretagne ce mois-ci [et le Canada, NDLR].
Des bouleversements plus extrêmes sont possibles. Les Palestiniens pourraient présenter une nouvelle demande d'adhésion à part entière, à laquelle l'Amérique opposerait à nouveau son veto. L'Assemblée générale pourrait alors recourir à l'option nucléaire : priver Israël de ses droits de vote au sein de l'organe, comme elle l'a fait avec l'Afrique du Sud du temps de l'apartheid en 1974. Une telle mesure provoquerait la fureur du Congrès américain, qui pourrait décider d'interrompre son financement des Nations unies. Une loi existante engage déjà le Congrès à cesser les paiements à tout organe de l'ONU qui traite la Palestine comme un membre à part entière. L'Amérique reste le principal contributeur de l'ONU, puisqu'elle paie environ un tiers de ses dépenses, en comptant à la fois les contributions obligatoires et les contributions volontaires. […]
Un monde plus anarchique a plongé l'ONU dans une crise profonde. L'organisation est occupée, par exemple, à fournir une aide humanitaire aux peuples affligés, mais elle est de plus en plus marginalisée. Alors même que les conflits font rage du Mali au Myanmar, le Conseil de sécurité est paralysé. « Les défis auxquels nous sommes confrontés évoluent beaucoup plus vite que notre capacité à les résoudre », a averti António Guterres, le secrétaire général de l'ONU, le 12 septembre dernier. […] L'inimitié entre les grandes puissances s'aggrave et le nombre de vetos [au Conseil de sécurité] augmente. Depuis le début de l'année 2020, la Russie a mis son veto 13 fois, l'Amérique six fois et la Chine cinq fois.
[3]

Austérité et transferts clientélistes asphyxient les services publics

Cette contradiction flagrante entre d'une part la morale et la loi internationale et d'autre part la realpolitik n'est que le reflet de la grandissante contradiction socio économique entre les pays du Nord et ceux du Sud :

La quasi-totalité des progrès réalisés dans la lutte contre la pauvreté l'ont été au cours des 15 premières années des années 2000. En effet, en 2022, à peine un tiers des personnes se sont sorties de l'extrême pauvreté par rapport à l'année 2013. Les progrès en matière de lutte contre les maladies infectieuses, qui se développent dans les pays les plus pauvres, ont fortement ralenti. Si la proportion de personnes contractant le paludisme dans les pays touchés par la maladie avait continué à baisser au même rythme qu'entre 2000 et 2012, il y aurait eu deux fois moins de cas qu'en 2022. La mortalité infantile dans les pays en développement a chuté de 79 à 42 décès pour 1 000 naissances entre 2000 et 2016. Pourtant, en 2022, ce chiffre n'avait que peu diminué, passant à 37. La proportion d'enfants en âge de fréquenter l'école primaire dans les pays à faible revenu s'est figée à 81 % en 2015, alors qu'elle était de 56 % en 2000. La pauvreté appartient au passé dans une grande partie de l'Europe et de l'Asie du Sud-Est ; dans une grande partie de l'Afrique, elle semble plus enracinée qu'elle ne l'a été depuis des décennies. […]
En 2005, les 72 pays les plus pauvres du monde ont reçu des fonds équivalant à 40 % des dépenses de l'État, grâce à une combinaison de prêts bon marché, d'allègements de la dette et de subventions. […] Aujourd'hui, cependant, l'argent se tarit à mesure que l'enthousiasme occidental faiblit et que de nouvelles causes émergent. Aujourd'hui, l'aide ne représente que 12 % des dépenses publiques des pays les plus pauvres. La concurrence pour les financements ne fera que s'intensifier à mesure que le changement climatique et les problèmes des réfugiés du monde riche deviendront plus pressants. L'année dernière, par exemple, les flux d'aide mondiaux ont augmenté de 2 % sur le papier. Pourtant, 18 % de l'aide bilatérale totale a été dépensée par les pays riches pour s'occuper des réfugiés sur leur propre sol - une échappatoire dont peu de pays ont profité jusqu'en 2014. En outre, 16 % de l'aide a été consacrée aux dépenses climatiques, contre 2 % il y a dix ans. Au total, les 72 pays les plus pauvres du monde n'ont reçu que 17 % de l'aide bilatérale, contre 40 % il y a dix ans. Dans le même temps, le financement chinois du développement s'est évaporé. En 2012, les banques d'État du pays ont accordé 30 milliards de dollars de prêts à l'infrastructure. En 2021, elles n'ont accordé que 4 milliards de dollars.
[4]

Si l'austérité du Sud a des conséquences plus cruelles que celles du Nord, elle n'y en progresse pas moins. L'âge de la retraite en est sans doute le canari dans la mine. Depuis 1990 dans plusieurs pays de l'OCDE, « [l]'âge d'éligibilité à la retraite a été repoussé de 2 à 5 ans selon le pays ». [5] En Chine, fer de lance des pays BRICS, à cheval entre les pays du Nord et du Sud, « [l]'âge de la retraite passera de 50 à 55 ans pour les ouvrières, de 55 à 58 ans pour les employées et de 60 à 63 ans pour les hommes ». [6] Paradoxalement, la hausse de la part des dépenses gouvernementales totales dans le PIB au sein des pays riches correspond à une baisse de la part des dépenses dans les services publics (et des investissements publics) en faveur des dépenses de transferts (entitlements). De son côté, la pression fiscale est atténuée par une combinaison d'austérité et de renforcement de l'endettement public pendant que l'expertise passe du public au privé :

Alors qu'en 1960, les dépenses de l'État dans les pays riches représentaient 30 % du PIB, elles dépassent aujourd'hui 40 %. Au début des années 1950, nous estimons que les dépenses de l'État [étatsunien] en matière de services publics, allant du paiement des salaires des enseignants à la construction d'hôpitaux, représentaient 25 % du PIB du pays. À la même époque, les dépenses liées aux transferts, au sens large, ne représentaient qu'un petit poste, les dépenses liées aux pensions et à d'autres types d'aide sociale équivalant à environ 3 % du PIB. Aujourd'hui, la situation est très différente. Les dépenses de l'État américain en matière de prestations ont augmenté et les dépenses en matière de services publics se sont effondrées. Les deux représentent aujourd'hui chacun environ 15 % du PIB.
D'autres pays ont suivi une voie similaire. […] En moyenne, dans l'OCDE, les dépenses sociales des pays pour lesquels des données sont disponibles sont passées de 14 % du PIB en 1980 à 21 % en 2022. […] Une partie de l'augmentation des dépenses liées aux transferts est inévitable. En 2022, les pays riches comptaient 33 millions de personnes âgées de plus de 85 ans, soit 2,4 % de la population totale, ce qui représente une augmentation considérable par rapport aux 5 millions de personnes (0,5 % de la population totale) recensées en 1970.
Les transferts à la population en âge de travailler ont augmenté encore plus rapidement, rendant le système encore plus redistributif. En 1980, le cinquième des Américains les moins bien rémunérés recevait des transferts conditionnels à leurs revenus équivalant à un tiers de leurs revenus bruts. À la fin des années 2010, ce chiffre avait doublé […]. Le Canada et la Finlande, deux autres pays disposant de données fiables, présentent un schéma similaire. Les dépenses suivent souvent un effet de cliquet. Par exemple, depuis les années 1970, la proportion d'Américains bénéficiant de bons d'alimentation a doublé, pour atteindre une personne sur huit. Ces dernières années, les politiciens ont préféré agir comme si des dépenses supplémentaires pouvaient être réalisées avec peu d'augmentation de la fiscalité, quelle qu'elle soit. Des années 1960 aux années 1990, le prélèvement fiscal, en pourcentage du PIB des pays riches, n'a cessé d'augmenter. Depuis les années 2000, il n'a pratiquement pas augmenté. […] Jusqu'en 2022, quelque 85 % des réformes de l'assiette de l'impôt sur le revenu des personnes physiques dans les pays riches ont entraîné un rétrécissement de cette assiette, tandis que 15 % seulement l'ont élargie. La plus grande réforme de la dernière décennie a été l'énorme réduction d'impôts du président Donald Trump en 2017. Ni M. Trump ni Kamala Harris, la candidate démocrate, ne promettent une gestion fiscale sobre dans les années à venir.
Les politiciens qui ne parviennent pas à augmenter les recettes sont confrontés à deux choix. Le premier consiste à creuser les déficits budgétaires : cette année, les gouvernements des pays riches enregistreront un déficit global de 4,4 % du PIB, alors même que l'économie mondiale se porte plutôt bien. L'autre consiste à financer des transferts plus généreux en procédant à des coupes dans d'autres domaines. La demande de services publics a considérablement augmenté. Pourtant, en 2022, le pays riche médian y consacrera 24 % de son PIB, soit le même pourcentage qu'en 1992. L'emploi dans le secteur public, en proportion du total, a diminué depuis la fin des années 1990. Tous les secteurs, des soins de santé fournis par l'État à l'éducation et à la sécurité publique, ont souffert.
Un autre rôle historique de l'État - aujourd'hui en perte de vitesse - a été de mettre en place une bureaucratie efficace. Il est difficile de mesurer cet aspect quantitativement, mais les chercheurs s'y sont essayés. Les données produites par l'Institut Berggruen, un groupe de réflexion, et l'Université de Californie, Los Angeles, combinent des mesures objectives, telles que les recettes fiscales, et des mesures subjectives, telles que la perception de la corruption, pour concevoir une mesure transnationale de la "capacité de l'État". Dans le groupe des économies avancées du G7, cette mesure est en baisse. Il en va de même pour l'"indice de rigueur et d'impartialité de l'administration publique", produit par v-Dem, un autre groupe de réflexion, qui illustre la mesure dans laquelle les fonctionnaires respectent la loi.
Aujourd'hui, […] [l]es dépenses pour des solutions à court terme prennent le pas sur les projets difficiles et à long terme. M. Biden parle de sa politique industrielle, censée relancer l'emploi dans le secteur manufacturier et réduire la dépendance des États-Unis à l'égard de la Chine. Dans la pratique, les dépenses fiscales associées à cette politique sont insignifiantes. Ailleurs dans le monde riche, l'investissement public est en net recul, tandis que les gouvernements ont sabré dans les services de recherche et développement. Dans l'ensemble de l'OCDE, l'État représente aujourd'hui moins de 10 % des dépenses totales de R&D, ce qui constitue un changement radical par rapport à la norme de l'après-guerre. Les gouvernements ne sont plus des foyers d'innovation. La quasi-totalité des développements récents en matière d'intelligence artificielle sont issus du secteur privé.
[7]

On devine le remède prôné par The Economist : moins de transferts universels, plus de services publics en partenariat avec le privé — un service public ciblé et hiérarchisé, mais non nécessairement universel, est nécessaire à la reproduction sociale — et idem pour les investissements publics dans les infrastructures et la R D fondamentale, plus de taxes indirectes à la mode scandinave. Il ne vient pas à l'esprit de la revue de la City d'attribuer la hausse relative au PIB des transferts, universels et conditionnels, à l'effritement de la dite classe moyenne causée par le néolibéralisme, ce qui polarise la distribution des revenus tout en approfondissant la pauvreté par la précarité généralisée et dorénavant par la hausse des prix de l'habitation, des aliments et de l'énergie, d'où la présente hausse des grèves. Il leur vient encore moins à l'esprit de critiquer la grève fiscale des riches et des grandes entreprises, par le subterfuge des paradis fiscaux en plus de la baisse des taux, car à leurs yeux le retour à la progressivité fiscale d'antan découragerait les investissements alors que ces derniers étaient proportionnellement plus importants.

Dépenses d'armement comme soutien à l'énergie fossile connaissent un boom

L'austérité systémique qui se dégage de cet effritement des services publics n'affecte cependant en rien ni les dépenses d'armement ni le soutien étatique au stratégique secteur des énergies fossiles et consort. « Le total des dépenses militaires mondiales s'élève à 2 443 milliards de dollars US en 2023, soit une augmentation de 6,8 % en termes réels par rapport à 2022. Il s'agit de la plus forte augmentation d'une année sur l'autre depuis 2009 » [8] soit un taux de croissance plus de deux fois plus élevé que celui du PIB mondial réel alors que le ratio dépenses militaires versus PIB avait été relativement constant depuis l'an 2000 après avoir baissé drastiquement dans la dernière moitié du XXe siècle. [9]

Côté énergie fossile, « [l]es données les plus récentes de l'OCDE et de l'AIE montrent que le coût budgétaire mondial des mesures de soutien aux combustibles fossiles dans 82 économies a presque doublé pour atteindre 1 481.3 milliards USD en 2022, contre 769.5 milliards USD en 2021, les gouvernements ayant mis en place des mesures pour compenser exceptionnellement les prix élevés de l'énergie, en partie en raison de la guerre d'agression menée par la Russie contre l'Ukraine. ». [10] Plus généralement mais pour les pays dit en développement seulement, « [de nouvelles données montrent que plus de 650 milliards de dollars US […] de subventions publiques sont alloués chaque année aux entreprises de combustibles fossiles, à l'agriculture intensive et à d'autres industries nocives dans les pays en développement ». [11]

Cynique message aux naïfs : « La sortie des énergies fossiles est un ‘‘fantasme'' pour l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP), qui prévoit que la demande en or noir continuera de progresser au moins jusqu'en 2050, un cap symbolique de la lutte contre le changement climatique, dans un rapport publié mardi ». [12] Pour ceux et celles qui persistent à prendre au sérieux les officielles statistiques émanant des sources d'émissions [13], soit celles utilisées par les COPs, et non celles des concentrations de GES dans la haute atmosphère [14] bien que ces dernières, par définition, ne peuvent que fournir la densité des GES et, surtout, leurs taux de croissance qui montrent que ces gaz croissent à un taux croissant, « [s]elon un rapport, les incendies de forêt qui se sont déclarés au Canada en 2023 ont rejeté l'équivalant de près de dix ans du dioxyde de carbone, au cours de l'une des pires saisons des incendies au monde ». [15] Comment ne pas voir que ces statistiques nationales de GES ne sont que pure désinformation. Pourtant :

Les pays riches pourraient récolter cinq fois plus d'argent que les pays pauvres n'en demandent pour le financement de la lutte contre le changement climatique, grâce à des taxes exceptionnelles sur les combustibles fossiles, à la suppression des subventions néfastes et à un impôt sur la fortune des milliardaires, selon une étude. Les pays en développement demandent au moins 1000 milliard de dollars US par an de fonds publics pour les aider à réduire les gaz à effet de serre et à faire face aux impacts des conditions météorologiques extrêmes. Les pays riches évoquent des sommes potentielles bien inférieures, dans le cadre du financement conventionnel de la lutte contre le changement climatique, sous la forme de prêts à faible taux d'intérêt accordés par la Banque mondiale et d'autres institutions similaires. […]
Les recherches menées par le groupe de pression Oil Change International, publiées mardi, montrent que les pays riches pourraient générer 5000 milliards de dollars par an en combinant l'impôt sur la fortune et l'impôt sur les sociétés, ainsi qu'en luttant contre les combustibles fossiles. Un impôt sur la fortune des milliardaires pourrait générer 483 milliards de dollars au niveau mondial, tandis qu'une taxe sur les transactions financières pourrait rapporter 327 milliards de dollars. Les taxes sur les ventes de grandes technologies, d'armes et de vêtements de luxe rapporteraient 112 milliards de dollars supplémentaires, et la redistribution de 20 % des dépenses militaires publiques rapporterait 454 milliards de dollars si elle était mise en œuvre dans le monde entier. L'arrêt des subventions aux combustibles fossiles libérerait 270 milliards de dollars d'argent public dans les pays riches, et environ 846 milliards de dollars au niveau mondial. Les taxes sur l'extraction des combustibles fossiles rapporteraient 160 milliards de dollars dans les pays riches et 618 milliards de dollars dans le monde.
[16]

L'orientalisation déshumanisante permet d'aller jusqu'au bout de la compétitivité

L'« orientalisation » du monde par les puissances occidentales qui a fortement pénétré leur population, qui stigmatise spécialement les femmes doublement opprimées par la culture des uns et des autres souvent en utilisant hypocritement l'une contre l'autre, tend à déshumaniser l'ensemble des rapports sociaux. Les guerres génocidaires de Gaza et d'Ukraine au su et à la vue de toustes, mais aussi les meurtrières guerres soudanaise et des Grands lacs africains ignorées de toustes en sont la démonstration la plus évidente.

Cette déshumanisation pénètre tant les services publics que le cœur capitaliste de l'économie qui en redemande. On se dit que la constatation du Protecteur du citoyen québécois a valeur universelle :

…cas par cas, le Protecteur du citoyen dresse le portrait d'un État qui « déshumanise » sa population dans l'accomplissement de ses missions. La pénurie de main-d'œuvre afflige les services publics et compromet « le souci d'humaniser les services » attendus de l'État québécois, déplore le Protecteur du citoyen dans son rapport annuel. La lenteur des ministères à mettre en place les recommandations formulées il y a parfois plusieurs années aggrave encore des problématiques qui empirent par manque de personnel. [17]

Aux ÉU, en plus des meurtres de masse qui se multiplient [18], les tueries policières ne cessent d'augmenter [19] et les mises à mort judiciaires s'accélérer :

Cinq exécutions, cinq États, six jours. Une vague d'exécutions judiciaires sans précédent depuis 20 ans a eu lieu la semaine dernière - et il n'y a rien eu de fortuit. "Au cours des six dernières années, la culture juridique relative à la peine de mort a connu un changement radical", a déclaré Bryan Stevenson, fondateur de l'Equal Justice Initiative. "Les arbitres ont disparu, il n'y a plus de surveillance. [20]

Ce n'est guère mieux au Canada vis-à-vis les tueries policières contre les Autochtones. [21] Le développement de l'intelligence artificielle, la nouvelle frontière technologique, est une ogresse de ressources naturelles alors que la lutte climatique exige la décroissance radicale de leur consommation :

OpenAI a présenté à l'administration Biden la nécessité de mettre en place des centres de données massifs qui pourraient chacun utiliser autant d'énergie que des villes entières, en présentant cette expansion sans précédent comme nécessaire pour développer des modèles d'intelligence artificielle plus avancés et pour concurrencer la Chine. [22]

L'intensité de la compétitivité de la mondialisation des marchés pousse la course compétitive de la productivité jusqu'à l'intolérable :

Dans La société malade de la gestion (Seuil, 2005), j'ai essayé de déconstruire les grands principes qui définissent cette idéologie managériale. J'en mentionne trois qui illustrent le potentiel de violence et de déshumanisation qu'ils sous-tendent. Il y a d'abord l'objectivisme. Toutes les activités humaines et économiques sont objectivées de telle manière qu'elles se traduisent en variables, en indicateurs de mesure, en capitaux. En décidant de ce qui est rentable et de ce qui ne l'est pas et, par conséquent, de ce qui doit être gardé ou abandonné, ce principe permet d'alimenter la financiarisation de la société. Il y a aussi l'utilitarisme à travers lequel l'activité humaine est considérée recevable socialement seulement si elle est « utile ». Autrement, elle est jugée nuisible, comme l'immense cohorte des exclus, des sans-emplois et des sans domicile fixe, sans oublier les artistes, les marginaux et tous ceux qui ne veulent pas perdre leur vie à la gagner. Enfin, il y a le positivisme selon lequel il n'y a de valeur que dans ce qui est analysable techniquement. N'est un problème que ce qui a une solution technique, sinon il n'existe pas. [23]

Une enquête interne de Boeing a révélé que de nombreux ouvriers subissaient encore des pressions pour privilégier la rapidité au détriment de la qualité, quelques mois après qu'une explosion en plein vol de l'un des avions à réaction de la société a déclenché une crise de confiance chez le constructeur aéronautique. [24]

À l'autre bout de la lorgnette de la productivité jusqu'au bout on trouve la brutale politique de l'indigence majoritaire qu'applique l'avant-garde du néolibéralisme « austoritaire » [25] :

Le taux de pauvreté pour les six premiers mois de cette année était de 52,9 %, contre 41,7 % au second semestre de 2023, a déclaré l'agence nationale de statistiques Indec. Depuis son entrée en fonction en décembre, M. Milei a réduit les subventions accordées aux transports, aux carburants et à l'énergie et a licencié des milliers de fonctionnaires, dans le but de faire baisser l'inflation et de réduire les dépenses de l'État. En août, le taux d'inflation annuel de l'Argentine est resté l'un des plus élevés au monde, avec plus de 230 %. [26]

C'est là l'ultime conséquence de la croissance des inégalités et de la pauvreté :

La concentration du pouvoir des entreprises et des monopoles au niveau mondial contribue à creuser les inégalités, ce qui enrichit les plus riches et appauvrit les plus pauvres. Les cinq personnes les plus riches du monde ont plus que doublé leur fortune depuis 2020, tandis que les 60 % les plus pauvres ont perdu de l'argent, selon un rapport d'Oxfam. [27]

Et pourquoi ne pas aller jusqu'à la robotisation de l'être humain ?

Mark Zuckerberg dévoilera la dernière collection de casques intégrant l'intelligence artificielle générative lors de la conférence Connect de Meta, mercredi. […] Avec une caméra, un microphone et des haut-parleurs dans les montures, elles permettent à Meta AI de voir et d'entendre ce que fait le porteur. [28]

Comme les multimilliardaires ne peuvent faire autrement que d'aller jusqu'au bout de leur folie accumulatrice dont ils perçoivent l'aboutissement catastrophique, ils prévoient de fuir vers la planète Mars loin du déferlement vers la terre-étuve dont ils sont la cause première. [29]

Hyper concentration-centralisation du capital nécessistant la grande diversion

Ces moins de trois mille milliardaires mondiaux [30] possèdent à coup sûr les sous pour contrôler la dizaine de sociétés de capital-investissement mondiales clefs [31], la quarantaine de banques billionnaires en actifs dans la monde [32] et la centaine d'entreprises non-financières ayant un chiffre d'affaires de plus de 100 milliards $US [33]. On se dit, cependant, que les milliards de personnes du 99% mondial si ce n'est du 99.9%, du moins du 90% si on tient pour acquis que la classe moyenne supérieure a intérêt à aveuglément maintenir le statuquo, devrait avoir la lucidité et l'intérêt à arrêter ce train en marche vers l'abîme.

La stratégie de la « grande diversion » du 1% aura été de lâcher la bride à l'extrême droite pour propager l'immense « fake news » complotiste du « grand remplacement ». Sans abandonner l'antisémitisme d'antan, l'extrême-droite a compris qu'il lui fallait donner la priorité à la stigmatisation de l'immigration de couleur. Si le racisme traditionnel antinoir (et anti-autochtone) reste de mise comme fond de scène, depuis la déclaration de la lutte permanente anti-terroriste en 2001 l'islamophobie orientaliste est devenue le fer de lance de cette stigmatisation. Le monde en chamaille mêlant catastrophes climatiques en croissance géométrique, guerres génocidaires renouvelant les génocides du XXe siècle contre les Hereros, les Arméniens, les Juifs d'Europe, les Tsiganes et les Tutsis et misère populaire legs du néolibéralisme intensifié par un capitalisme en crise profonde depuis la Grande Récession de 2008-09 faisant suite aux grandes crises de la fin du XIXe siècle et des années 1930 [34] a fait rapidement croître la migration internationale se dirigeant de plus en plus vers les riches pays du Nord tant socio-économiquement que géographiquement parlant :

Aujourd'hui, plus de personnes que jamais vivent dans un pays autre que celui où elles sont nées. Selon la Division de la population du Département des affaires économiques et sociales des Nations Unies (DESA), au 1er juillet 2020, le nombre mondial de migrants internationaux était estimé à 281 millions. Les migrants internationaux représentent environ 3,5 % de la population mondiale, contre 2,8 % en 2000 et 2,3 % en 1980. [35] Rapportée à la taille de la population dans chaque région, c'est en Océanie, en Amérique du Nord et en Europe que la part des migrants internationaux était la plus élevée, représentant respectivement 22 %, 16 % et 12 % de la population totale. En comparaison, la part de migrants internationaux est relativement faible en Asie et en Afrique (1,8 % et 1,9 % respectivement) et en Amérique latine et dans les Caraïbes (2,3 %). [36]

Au Nord, la politique migratoire occupe le centre de l'échiquier politique

Au sein des pays du vieil impérialisme, sur fond de hausse des dépenses sécuritaires et militaires, la politique migratoire devient l'épine dorsale des débats politiques de l'heure comme c'est le cas au Québec, où le Premier ministre va jusqu'à « évoque[r] un transfert ‘‘obligatoire'' de migrants vers d'autres provinces » [37] et de plus en plus au Canada où le discours public dénonce les « impacts qu'une telle politique allait avoir sur le logement et l'accès aux services publics. Des institutions financières ont publié des études établissant un lien entre la hausse soutenue de la population et la crise du logement, la Banque Nationale évoquant même un piège démographique. D'autres publications ont mis en relief le fait que la croissance du produit intérieur brut ne suivait pas celle de la population, diminuant d'autant la richesse par habitant » [38] alors qu'au contraire la politique d'ouverture du Canada lui servait de moyen de rattraper la croissance du PIB des ÉU. [39]

Le mode japonais de la politique migratoire soit la combinaison contradictoire d'une forte répression [40] pour combler une pénurie de travailleuses et travailleurs essentiel-le-s aux conditions du patronat [41] devient la norme occidentale. En Europe,

En cette année 2024, les politiques migratoires en Europe offrent un tableau bien sombre. La Méditerranée demeure un chemin mortifère pour les milliers de personnes qui empruntent la voie maritime pour atteindre les côtes européennes, tandis que la Manche représente toujours un passage mortel pour rejoindre le Royaume-Uni. De même, l'Atlantique est quotidiennement traversé par des candidat·es à la migration et à l'asile, qui empruntent la voie maritime séparant l'Afrique des Canaries (Espagne).
Dans une série de condamnations retentissantes, la Cour européenne des droits de l'homme (CEDH) a multiplié les sévères réprimandes envers les États membres pour leurs pratiques inhumaines à l'encontre des nouveaux et nouvelles arrivant·es en quête de protection internationale : traitements dégradants, enfermements en centres de rétention , échecs patents à garantir une protection adéquate aux demandeur·euses d'asile. [42]
Alors que les arrivées irrégulières ont baissé de 39 % depuis le début de l'année 2024, les dirigeants européens, de droite comme de gauche, reprennent les idées que l'extrême droite défend depuis quarante ans. Depuis l'annonce par l'Allemagne, début septembre, du rétablissement des contrôles à ses frontières intérieures, l'Europe a remis au premier plan le débat sur l'immigration. Le premier ministre britannique travailliste, Keir Starmer, s'est rendu en Italie pour s'informer sur la politique migratoire restrictive de la présidente du conseil, Giorgia Meloni. Les Pays Bas et la Hongrie ont officiellement demandé à la Commission européenne, mi septembre, une dérogation pour ne plus participer à la politique migratoire commune en cas de révision des traités, tandis qu'en Autriche le sujet a dominé la campagne législative. [43]

Aux États-Unis, la politique migratoire est non seulement au centre de la campagne électorale mais si la candidate Démocrate n'emploie pas le langage ordurier du candidat Républicain, la différence entre leurs politiques ne cesse de s'amincir :

[L'immigration] est au cœur de la campagne électorale, même si les Américains sont divisés quant à son urgence : Selon le Pew Research Centre, 82 % des partisans de Donald Trump affirment que l'immigration est essentielle à leur vote, tandis que 39 % des partisans de Kamala Harris sont du même avis.
L'antipathie de Donald Trump pour l'immigration est très claire depuis qu'il a descendu un escalier roulant doré et lancé sa candidature à l'élection présidentielle de 2016 en parlant des « violeurs » mexicains. Au cours de son premier mandat, il a imposé une interdiction de voyager aux personnes originaires de pays musulmans, a séparé les familles qui traversaient la frontière sud et a construit des parties du mur. S'il est réélu, M. Trump promet maintenant « le plus grand effort de déportation de l'histoire américaine », en commençant par les migrants haïtiens à Springfield, dans l'Ohio.
La position de Mme Harris a été un peu plus fluctuante. Lors de sa campagne présidentielle de 2020, elle a soutenu la décriminalisation du franchissement illégal des frontières ; aujourd'hui, elle s'est engagée à poursuivre les mesures de répression prises par Joe Biden à l'encontre des demandeurs d'asile, publiées en juin. Elle s'est également ralliée à un projet de loi bipartisan, actuellement bloqué au Congrès, qui étendrait les pouvoirs du président en matière de restriction des passages, avec une voie d'accès à la citoyenneté pour certains immigrés sans papiers.
Avant le mois de juin, toute personne entrant sur le territoire américain avait le droit de chercher un refuge. Les migrants pouvaient simplement se rendre sur le sol américain et rester dans le pays, souvent pendant des années, jusqu'à ce qu'ils entrent dans la procédure d'asile. Mais après que M. Biden a assoupli bon nombre des règles strictes de Trump en matière d'immigration lors de son entrée en fonction, le nombre de franchissements illégaux de la frontière a grimpé en flèche, atteignant un record de 250 000 arrestations mensuelles en décembre dernier. Le décret de M. Biden interdit aux demandeurs d'asile de franchir la frontière dès qu'un seuil quotidien de 2 500 passages est atteint. L'administration a annoncé hier qu'elle ne lèverait ces restrictions que si le nombre de passages quotidiens était inférieur à 1 500 pendant près d'un mois.
Mais ceux qui tentent d'entrer aux États-Unis se heurtent à une frontière qui est visiblement devenue plus difficile à franchir, avec des murs d'acier de neuf mètres et des rangées de fils de barbelés tendus entre des poteaux métalliques. La chaleur torride du désert de Chihuahua, où les températures dépassent régulièrement les 50 degrés en été, a rendu la dernière étape du voyage des migrants de plus en plus périlleuse. Au cours de l'année écoulée, le nombre de migrants ayant trouvé la mort en tentant de franchir la frontière n'a jamais été aussi élevé. Au début de l'été, une équipe de pompiers de Sunland Park, dans le Nouveau-Mexique, a récupéré quatre corps dans le désert en l'espace de quelques heures.
Le décret de M. Biden ne s'est pas contenté de réduire le nombre de franchissements illégaux de la frontière, il a aussi considérablement réduit le nombre de personnes pouvant déposer une demande d'asile. Les migrants qui entrent aux États-Unis sans autorisation ne sont désormais entendus que dans des circonstances exceptionnelles, par exemple s'il s'agit d'un enfant non accompagné ou s'ils sont victimes d'une forme grave de trafic d'êtres humains. […] De nombreuses personnes qui traversent illégalement sont expulsées.
À El Paso, M. VanderKlippe [le journaliste du Globe and Mail] s'est entretenu avec une Salvadorienne du nom de Norberta, qui venait de poser le pied aux États-Unis avec ses filles de six et sept ans après avoir fui des violences domestiques. Elles ont été menacées à plusieurs reprises au cours de leur voyage d'un mois ; à un moment donné, Norberta a payé 15 000 dollars au cartel pour faciliter le passage. Mais les victimes de violences sexistes ne sont pas exemptées de l'ordonnance générale de M. Biden, et l'ancien agent des frontières a qualifié sa situation de "cas difficile".
Il est probable qu'elle et ses filles seront renvoyées. [44]

La crise migratoire est en fait une crise d'accueil en mal d'internationalisme

Cette politique migratoire qui prétend régler la « crise migratoire » provoque dans les faits une « crise de l'accueil » (Emmanuelle Carton). L'extrême-droite, que reprend de plus en plus l'extrême-centre et envers lequel capitule souvent le centre-gauche, tente par une inversion logique de responsabiliser les damé-e-s de la terre pour tous les maux infligés au 90% par l'oligarchie milliardaire au contrôle de l'État et des grands médias grâce au talon de fer de la financiarisation de la société. Ainsi, celles et ceux qui fuient les misères tous azimuts du monde en perdition vers le Nord soi disant salvateur deviennent les boucs émissaires de « l'austoritaire » néolibéralisme en crise structurelle.

Pas plus que la crise climatique ne se résout par le grand remplacement de l'extractivisme des hydrocarbures par celui de la filière batterie et de ses autos et bungalows électrifiés, la crise de l'accueil dite crise migratoire ne se résout par la hausse des seuils d'immigration car l'incommensurable solidarité finirait par se fracasser sur des frontières répressives. Autant la crise climatique se résout par la décroissance matérielle au profit de la croissance des services publics y compris leur nécessaire base matérielle, la crise de l'accueil se résout par une politique de frontières ouvertes au sein d'une société de plein emploi écologique par le partage d'heures de travail réduites.

Faut-il rappeler cette vérité élémentaire que les personnes immigrantes en autant qu'elles soient accueillies au sein d'une société prévoyante en termes de politiques d'emploi, d'habitation et sociale — et sans discrimination ce qui suppose une ferme et intelligente politique anti-raciste — contribueront avec entrain et motivation à l'enrichissement matériel et culturel de la société d'accueil. Idem pour les peuples autochtones si les gouvernements colonisateurs reconnaissent leurs droits territoriaux et d'autogouvernement avec pleine compensation des torts historiques.

C'est cette direction libératrice et émancipatrice qu'ont pris les peuples du monde depuis les grands soulèvements commencés en 2011 dans le monde arabo musulman en réaction à la Grande Récession de 2008-2009 condamnant sa jeunesse instruite à un structurel chômage massif et persistant. Si ces énormes rébellions ont jusqu'ici été vaincues parfois jusqu'à l'implosion d'États faillis dans des guerres civiles sans fin, une des causes en revient assurément à une féroce et barbare répression de leurs classes dirigeantes — on pense à la Syrie, au Soudan, à la Birmanie — soutenues par les grandes et moyennes puissances aux poches profondes et en rivalités de plus en plus aiguisées.

Par la durée de sa résistance sur 75 ans, le peuple palestinien fait certainement parti par défaut à ces peuples en marche. Mais une autre cause, trop oubliée, réside en un prolétariat aux abonnés absents comme prolétariat organisé doté d'une

Génocide à Gaza. La fabrication du consentement occidental

Dans son dernier ouvrage, Une étrange défaite, Didier Fassin, professeur au Collège de France, démonte pièce par pièce la responsabilité des dirigeants politiques, des (…)

Dans son dernier ouvrage, Une étrange défaite, Didier Fassin, professeur au Collège de France, démonte pièce par pièce la responsabilité des dirigeants politiques, des intellectuels et des médias qui façonnent les opinions publiques au point de faire accepter l'inacceptable depuis le 7 octobre 2023.

Tiré d'Afrique XXI.

La question revient, lancinante, à chaque crise au Proche-Orient, à chaque « escalade » contre les Palestiniens, à chaque tuerie à Gaza. Oui, bien sûr, mais… le Soudan ? Le Congo ? L'Afghanistan ? Au-delà de la constante minoration du nombre de morts palestiniens (grâce à cette précision magique : « selon le ministère de la santé du Hamas »), l'interrogation — faussement naïve — efface une distinction fondamentale entre la guerre contre Gaza et les autres conflits évoqués… Une distinction soulignée par Didier Fassin dans son dernier livre :

  • Aucune de ces guerres et aucun de ces massacres n'a fait l'objet d'un soutien aussi indéfectible des gouvernements occidentaux et d'une condamnation aussi systématique de celles et ceux qui les dénoncent, alors même que l'ampleur de la dévastation et la volonté d'effacement y sont sans commune mesure.

Dans un essai percutant, Une étrange défaite, référence au célèbre témoignage de Marc Bloch, écrit au lendemain de l'effondrement de la France en 1940 et qui tente d'en comprendre les raisons politiques, le professeur au Collège de France revient sur la « défaite morale » des responsables occidentaux face à l'écrasement de Gaza, qui a toutes les caractéristiques d'un génocide. Même s'il faudra quelques années pour que la Cour internationale de justice (CIJ) l'estampille juridiquement comme tel. Faut-il, en attendant, se laver les mains du sang qui coule en Palestine ?

Il suffit pourtant de prendre les dirigeants israéliens au mot. L'avocate irlandaise Blinne Ní Ghrálaigh, qui défendait en janvier 2024 la requête de l'Afrique du Sud devant la CIJ, a su trouver les mots justes. Gaza représente « le premier génocide de l'histoire durant lequel les victimes diffusent leur propre destruction en temps réel dans l'espoir désespéré — et pour l'instant vain — que le monde puisse faire quelque chose ». Comme le relève l'arrêt de la CIJ et l'historien israélien Raz Segal, qui parle de « cas d'école en matière de génocide » :

  • Les discours, jusqu'aux plus hautes sphères du pouvoir, ont montré que l'intervention militaire israélienne à Gaza visait bien plus que la disparition du Hamas […] : c'étaient indistinctement l'ensemble du territoire et de ses résidents qui étaient la cible. La liste des citations documentées par l'Afrique du Sud est impressionnante : le premier ministre demandant aux soldats de “se souvenir de ce qu'Amalek vous a fait”, en référence à l'ennemi biblique dont Israël devait, selon le texte sacré, indistinctement “tuer les hommes et les femmes, les nourrissons et les nouveau–nés” ; le président affirmant à propos des Palestiniens que “la nation entière est responsable” et doit être “combattue jusqu'à lui briser l'échine” ; le ministre de la Défense indiquant qu'il n'y aurait plus “ni électricité, ni nourriture, ni eau, ni essence”, car il s'agit d'une guerre “contre des animaux humains” et il faut “agir en conséquence”.

Les sophismes du récit médiatique et intellectuel

Un à un, Fassin déconstruit les sophismes du narratif israélien et occidental, dont le plus pernicieux serait que l'histoire commence le 7 octobre 2023 : enterré le blocus de Gaza ; effacée l'expansion de la colonisation et des assassinats en Cisjordanie ; oubliée la judaïsation de Jérusalem et les provocations contre la mosquée Al-Aqsa ; ignorés les milliers prisonniers dans les geôles israéliennes. Quant à « l'armée la plus morale du monde », elle ne ferait que « riposter » à ce qui était, selon les mots du président Emmanuel Macron, « le plus grand massacre antisémite de notre siècle » (1). Ce qui a amené à minimiser ou à cacher les images qui parvenaient de Gaza comme de Cisjordanie — dernier exemple, celle de soldats israéliens balançant trois Palestiniens des toits à Qabatiy (Cisjordanie) en septembre 2024, rappelant ainsi les pratiques des membres de l'organisation de l'État islamique (OEI).

C'est ainsi que, avec l'aide active des médias mainstream, les dirigeants occidentaux ont forgé « un consentement » au génocide, consentement qui, écrit Fassin :

  • comporte deux dimensions distinctes. La première est passive. C'est le fait de ne pas s'opposer à un projet. On permet donc qu'il s'accomplisse. La seconde est active. C'est le fait d'approuver ce projet. On apporte alors son concours à sa réalisation. Dans le cas de la guerre à Gaza, les deux dimensions se conjuguent.

Certes, les responsabilités sont différentes, selon les pays et à l'intérieur de chacun d'eux. Dans le monde occidental, ce sont les États-Unis qui portent la culpabilité première, mais les pays européens, en fournissant des armes, comme l'Allemagne et la France, ou en proclamant « le droit d'Israël à se défendre », ont couvert politiquement et diplomatiquement Israël.

Discréditer toute voix critique

Ce qui frappe aussi, note l'auteur, c'est la volonté de discréditer toute voix critique, y compris par la force de la police ou des tribunaux, sous l'accusation d'« apologie du terrorisme ». En y ajoutant l'accusation d'antisémitisme pour achever la démonstration. Depuis le début de la seconde Intifada en 2000, quelques intellectuels avaient été accusés, voire poursuivis pour antisémitisme, que ce soit Edgar Morin ou le résistant Stéphane Hessel. Mais la chasse aux sorcières atteint après le 7 octobre 2023 un niveau inégalé, avec la dénonciation nominative de journalistes — sans que la profession s'en émeuve —, d'universitaires et de simples quidams. Si nombre de ces attaques viennent d'officines plus ou moins financées par Israël, elles sont orchestrées par l'État et relayées par les « bons citoyens » soucieux de dénoncer ceux qui ne pensent pas droit.

Didier Fassin lui-même a été ainsi accusé, dans une tribune de quelques collègues universitaires (2) d'adopter une « grille de lecture qui ne cesse de nous signifier qu'une vie juive vaut bien moins que toute autre » — s'il fallait ouvrir des comptes, on pourrait rappeler que depuis le 7 octobre, environ 2 000 Israéliens et plus de 41 000 Palestiniens ont été tués, une proportion de 1 à 20, nettement en défaveur de « la vie palestinienne ». Fassin « relativiserait » aussi la Shoah, s'inscrirait dans la lignée de Roger Garaudy (3) qui a sombré dans le négationnisme à la fin de sa vie. L'auteur serait un antisémite, anathème qui permet de clore le débat avant même de l'ouvrir.

Pour ses détracteurs, il serait inadmissible de proclamer le caractère colonial du mouvement sioniste, pourtant mis en lumière il y a près de soixante ans par Maxime Rodinson, et qui mériterait, même si on le conteste, au moins une discussion approfondie. Il est vrai que le débat à l'université devient périlleux depuis qu'une centaine de professeurs ont appelé le pouvoir politique, en octobre 2020, à surveiller ceux soupçonnés d'« islamogauchisme » ou de « wokisme » — une attaque contre les libertés académiques que personne n'avait osé réclamer depuis la fin de la guerre d'Algérie (4).

Récemment ont été publiés les noms de 11 000 enfants palestiniens tués à Gaza, dont 700 nourrissons de moins d'un an. Marc Bloch réfléchissait déjà sur les très jeunes victimes des guerres :

  • Il est un de ces tableaux auquel je sens bien que je ne m'habituerai jamais : celui de la terreur sur des visages d'enfants fuyant la chute des bombes, dans un village survolé. Cette vision-là, je prie le ciel de ne jamais me la remettre sous les yeux, dans la réalité, et le moins souvent possible dans mes rêves. Il est atroce que les guerres puissent ne pas épargner l'enfance, non seulement parce qu'elle est l'avenir mais surtout parce que sa tendre faiblesse et son irresponsabilité adressent à notre protection un si confiant appel. À Hérode, la légende chrétienne (5) n'aurait sans doute pas été si sévère, si elle n'avait eu à lui reprocher que la mort du Précurseur. L'inexpiable crime fut le Massacre des Innocents. (6)

Quatre-vingts ans plus tard, ce « massacre des Innocents » se poursuit. Et beaucoup de ceux qui, dans l'université française ou ailleurs, se réclament de l'héritage de Marc Bloch l'acceptent sans états d'âme.

Notes

1- Extrait du discours du président Emmanuel Macron prononcé lors de la cérémonie en hommage aux 42 victimes françaises du 7 octobre.

2- Bruno Karsenti, Jacques Ehrenfreund, Julia Christ, Jean-Philippe Heurtin, Luc Boltanski et Danny Trom, « Un génocide à Gaza ? Une réponse à Didier Fassin », AOC, 13 novembre 2023.

3- Né en 1913, ancien membre du bureau politique du Parti communiste, il en est exclu en 1970. Dans les années 1980, il se convertit à l'islam, s'engage sur le soutien aux Palestiniens avant de se rallier aux thèses négationnistes.

4- « Sur l'islamisme, ce qui nous menace, c'est la persistance du déni », Le Monde, 31 octobre 2020.

5- Le Massacre des Innocents est présent dans l'Évangile selon saint Matthieu. Le roi Hérode fit tuer tous les garçons de moins de deux ans nés aux alentours de Bethléem car des Mages lui avaient annoncé la naissance dans cette ville d'un enfant appelé à devenir le roi des Juifs.

6- Marc Bloch, L'étrange défaite ; témoignage écrit en 1940, Folio, collection Folio histoire, 1990, 326 pages, 13,10 euros.

******

Abonnez-vous à notre lettre hebdomadaire - pour recevoir tous les liens permettant d'avoir accès aux articles publiés chaque semaine.

Chaque semaine, PTAG publie de nouveaux articles dans ses différentes rubriques (économie, environnement, politique, mouvements sociaux, actualités internationales ...). La lettre hebdomadaire vous fait parvenir par courriel les liens qui vous permettent d'avoir accès à ces articles.

Cliquez sur ce bouton pour vous abonner à la lettre de PTAG :

Abonnez-vous à la lettre

Trump ou Harris ? Ce choix nous concerne aussi

8 octobre 2024, par Parti du travail de Belgique — ,
Qui sera le prochain président des États-Unis d'Amérique ? Le 5 novembre, Donald Trump sera le candidat du parti républicain pour la troisième fois. Dans le camp démocrate, (…)

Qui sera le prochain président des États-Unis d'Amérique ? Le 5 novembre, Donald Trump sera le candidat du parti républicain pour la troisième fois. Dans le camp démocrate, l'actuel président, Joe Biden, a été remplacé comme candidat à la présidence par sa vice-présidente, Kamala Harris. Dans le monde entier, la bataille électorale est suivie de près. Mais quels sont les enjeux de ces élections pour l'Europe et pour la Belgique ? Quelle différence le choix entre Trump et Harris apportera-t-il dans notre vie ?

2 octobre 2024 | tiré du site du Parti du travail de Belgique | Photo de deux magazines : l'un avec Donald Trump sur la couverture, l'autre avec Kamala Harris sur la couverture
https://www.ptb.be/actualites/trump-ou-harris-ce-choix-nous-concerne-aussi

Comment fonctionnent les élections aux États-Unis ?

Tout d'abord, revenons un instant sur le choix qui s'offre aux électeurs étasuniens. Ce que l'on remarque immédiatement, c'est que le vainqueur des élections présidentielles est toujours issu du parti démocrate ou du parti républicain. Depuis plus de 150 ans !

Pourquoi ? Parce que dans la pratique, le système électoral étasunien favorise une sorte de « bipartisme ». Toutes les élections aux États-Unis fonctionnent selon le principe du « winner takes all » (le vainqueur rafle la mise) : un seul député peut être élu par circonscription, par exemple. C'est pourquoi les candidats se regroupent en deux partis au maximum, afin d'avoir une chance de remporter le siège.

L'élection présidentielle est une élection par paliers : le peuple élit des « grands électeurs » qui, à leur tour, désignent le président. Chaque État présente un nombre fixe de grands électeurs, et toutes leurs voix vont au candidat qui obtient le plus de voix dans cet État.

Les petits États possédant proportionnellement plus de grands électeurs que les États plus vastes, il arrive régulièrement qu'un candidat devienne président grâce à une majorité en termes de grands électeurs, même si le candidat adverse a obtenu plus de voix dans l'ensemble du pays.

Le parti démocrate et le parti républicain ne sont pas non plus des partis tels que nous les connaissons, avec une idéologie et un processus décisionnel interne clairs. Il s'agit plutôt de plates-formes ouvertes dédiées aux élections.

Chaque parti comporte différents courants qui constitueraient des partis distincts en Europe. Alexandria Ocasio-Cortez, par exemple, est une sociale-démocrate progressiste, mais elle évolue dans le même parti que la libérale Kamala Harris. Au sein du parti républicain, il existe également des divisions importantes entre les modérés et les pro-Trump. Mais étant donné que le système électoral favorise un choix entre deux candidats, tous les politiciens traditionnels se rallient aujourd'hui soit à Harris, soit à Trump.

En effet : un troisième candidat de droite (extrême) ne ferait que diviser le vote de droite et favoriserait donc la victoire d'Harris, alors qu'un troisième candidat de centre (gauche) assurerait celle de Trump.

Deuxième particularité de l'élection présidentielle étasunienne : dans au moins 40 des 50 États, le résultat est connu d'avance.

Prenons l'exemple de la Californie, l'État le plus peuplé. Là, les démocrates gagnent toujours. Les républicains ne gaspillent plus d'argent et d'efforts pour y faire campagne.

À l'inverse, les républicains l'emportent toujours dans certains États peu peuplés et ruraux, comme l'Idaho ou l'Alabama. C'est pourquoi les démocrates n'y font pas campagne.

Par conséquent, la bataille électorale se déroule dans ce que l'on appelle les « swing states », des États où la bataille est serrée et dont les grands électeurs peuvent se révéler déterminants pour la victoire finale. Cette fois-ci, il y a à peine sept États où se joue l'ensemble de la campagne : le Michigan et le Wisconsin au nord, la Pennsylvanie à l'est, l'Arizona et le Nevada au sud-ouest et la Géorgie et la Caroline du Nord au sud-est. Le vote de plus de 80 % des électeurs étasuniens n'a donc aucune importance.

Dernière caractéristique importante : ces élections sont dominées par l'argent. Des milliardaires et des grandes entreprises déboursent des sommes considérables pour soutenir l'un ou l'autre candidat, en échange d'un droit de regard sur la politique. En d'autres termes, il s'agit d'une forme légale de corruption.

Le fait que les intérêts de l'élite priment se voit également au niveau des candidats. Ces élections présidentielles sont en réalité un face-à-face au sein de l'establishment, avec d'un côté l'ex-président Trump, lui-même milliardaire, et de l'autre la vice-présidente Harris, qui vit entourée de conseillers de haut niveau, d'avocats d'élite et de cadres supérieurs de multinationales.

La classe travailleuse a beaucoup moins d'influence sur le processus électoral. Le fait que les élections se déroulent traditionnellement un mardi et non un dimanche ou un jour férié compliqué également le vote des travailleurs.

Les projets du milliardaire Trump pour plumer la classe travailleuse

De nombreux médias européens dépeignent Donald Trump comme un fou ou un clown qu'il ne faut pas prendre au sérieux. En réalité, c'est un politicien avisé qui a une réelle chance de redevenir président. Non pas en recueillant plus de voix qu'Harris, mais en obtenant plus de voix de grands électeurs des petits États et des « swing states », comme en 2016. Voyons ce que Trump prévoit de faire dans son pays.

Trump affirme à ses électeurs qu'il souhaite soutenir les travailleurs étasuniens ordinaires. Mais est-ce vraiment le cas ?

En tant que président, Trump a modifié les règles relatives aux heures supplémentaires. Conséquence : 8 millions de travailleurs étasuniens n'ont plus droit au paiement de leurs heures supplémentaires.

Il a également permis aux employeurs de licencier plus facilement leurs employés lorsque ceux-ci demandent une augmentation de salaire ou de meilleures conditions de travail.

Au cours de la dernière législature, la majorité républicaine au Congrès (le Parlement des États-Unis) a bloqué les propositions de loi visant à augmenter le salaire minimum fédéral, qui stagne depuis 2009. Aujourd'hui, Trump promet que, s'il gagne mais que les démocrates obtiennent la majorité au Congrès (un scénario probable), il utilisera son veto présidentiel pour empêcher le Congrès d'augmenter le salaire minimum.

Trump a également mis en place une réduction d'impôt pour les hauts revenus et les grandes entreprises. Un cadeau à lui-même et à ses alliés capitalistes. Mais cela n'a apparemment pas suffi, puisque Trump veut encore réduire ces impôts. Il désire même totalement supprimer les droits de succession pour les plus riches.

Les républicains veulent compenser l'impact de ces mesures sur le budget en réduisant les dépenses sociales. Pour que les choses soient claires : les étasuniens ordinaires ne bénéficient pas de ces réductions d'impôts, mais ils en subissent les effets.

Trump s'en prend aux syndicats et aux droits démocratiques

Lors d'un entretien en direct avec le richissime Elon Musk, Trump a déclaré que les travailleurs qui font grève devraient être licenciés. Il promet d'opposer son veto aux propositions de loi visant à faciliter la création d'un syndicat.

Les juges nommés par Trump prévoient même d'abroger la loi de 1935 autorisant les négociations collectives. Chaque employé devrait alors négocier lui-même son salaire et ses conditions de travail. Lorsqu'il était président,Trump a également placé à la tête du National Board for Labor Relations (un organisme qui régule les conflits sociaux) une personne qui a rendu l'organisation des syndicats aussi difficile que possible.

Cette position anti-syndicale est un exemple de la façon dont Trump s'en prend aux droits démocratiques du peuple étasunien. En affaires comme en politique, Trump souhaite prévenir toute résistance venant d'en bas.

Sa préférence pour un système politique autoritaire s'est clairement manifestée en janvier 2021, lorsqu'il a refusé d'accepter sa défaite électorale. L'appel qu'il a lancé à ses partisans pour qu'ils s'opposent à la passation de pouvoir a débouché sur la violente prise d'assaut du Capitole, le bâtiment du Parlement à Washington.

Si Trump peut redevenir président, il s'est préparé à ne pas céder le pouvoir à nouveau. Pour ce faire, il reçoit l'aide d'un groupe de réflexion conservateur qui a créé le « Project 2025 » qui, entre autres choses, se prépare à remplacer des dizaines de milliers de fonctionnaires fédéraux et de magistrats par des fidèles de Trump prêts à faire des entorses au protocole ou, dans certains cas, à enfreindre les lois, pour lui permettre d'atteindre ses objectifs.

Comment un milliardaire qui veut ouvertement plumer la classe travailleuse, museler les syndicats et démolir les droits démocratiques peut-il s'emparer du pouvoir ? En montant les gens les uns contre les autres.

Nous connaissons tous la tactique de Trump qui consiste à diviser pour mieux régner : répandre la haine contre les migrants, les musulmans, les femmes, les personnes LGBT+, etc. Il souhaite ainsi diviser et affaiblir la classe travailleuse étasunienne, afin qu'elle ne puisse pas se révolter collectivement contre la classe des milliardaires qui l'exploite et l'opprime.

Pour de nombreuses personnes, les conséquences de cette sinistre stratégie sont dramatiques. Songez aux millions de femmes qui ont perdu leur droit à l'IVG à cause d'une décision de la Cour suprême qui a été nommée par Trump. Trump s'oppose aujourd'hui à une loi nationale visant à légaliser à nouveau l'IVG dans tous les États.

Ou pensez aux nombreux réfugiés morts et blessés à la frontière avec le Mexique, où Trump a fait construire son mur ignoble et où les forces de l'ordre répriment violemment les migrants depuis lors. Aucun Étasunien ordinaire ne s'en porte mieux. Pourtant, la rhétorique raciste s'amplifie. Au lieu de « build the wall » (construisez le mur), comme il y a huit ans, Trump fait désormais scander à ses partisans : « mass deportation now ! » (déportez-les en masse maintenant !). Il souhaite expulser des millions de familles, des familles de travailleurs migrants qui souvent habitent, travaillent et vont à l'école aux États-Unis depuis des années. Trump gagne du soutien pour ce point en blâmant les migrants pour tout ce qui va mal, en allant jusqu'aux fake news sur les réfugiés qui mangeraient les animaux de compagnie des Étasuniens.

Républicains et démocrates s'alignent sur Chine

Sur le plan international, Donald Trump a déclaré que la Chine était l'ennemi numéro un. Pour contrer le développement de la Chine, il a initié un véritable changement de paradigme il y a huit ans. Depuis la Seconde Guerre mondiale, les États-Unis ont toujours prôné le libre-échange1. À cette fin, les États-Unis ont créé des institutions internationales telles que l'Organisation mondiale du commerce et leur politique de mondialisation2. Les États-Unis en ont été le moteur après la chute de l'Union soviétique dans les années 1990 et 2000.

La mondialisation a été imposée au reste du monde, que ce soit par la manière douce ou par la force. Pendant longtemps, elle a surtout profité aux multinationales étasuniennes, mais face à l'avancée économique de la Chine, Trump a été le premier président à changer de cap et à réinstaller des droits de douane à l'importation de certains biens et services chinois. Certaines entreprises chinoises, comme Huawei, ont même été interdites aux États-Unis. Si Trump est réélu, il promet d'introduire des droits de douane de 60 % sur tous les produits chinois.

Dans son livre Mutinerie, Peter Mertens décrit comment la montée en puissance de la Chine contribue à un monde en mutation dans lequel la position des États-Unis en tant que première superpuissance est remise en question.

Ainsi, même les démocrates, qui ont été les plus fervents défenseurs du libre-échange pendant des décennies, ont suivi l'orientation protectionniste de Trump. Les droits de douane que Trump a introduits contre la Chine ont été maintenus sous la présidence de Joe Biden et même complétés par de nouvelles restrictions à l'importation et à l'exportation de technologies stratégiques. Les droits d'importation sur les voitures électriques chinoises ont même été portés de 25 à 100 %.

Joe Biden a également brisé le tabou de la politique industrielle avec son « Inflation Reduction Act », le plus grand programme de subventions industrielles depuis la Seconde Guerre mondiale. Avec 800 milliards de dollars de subventions, Washington tente d'attirer aux États-Unis les investissements dans les technologies stratégiques.

Bien qu'il y ait certaines différences dans leur approche, Trump et Biden avancent dans la même direction. Et cette direction est celle d'une nouvelle guerre froide. En effet, les États-Unis tentent également de convaincre leurs alliés de réduire leurs échanges avec la Chine.

La pensée en bloc de la guerre froide est de retour : au siècle dernier, il y avait le bloc des États-Unis contre le bloc de l'Union soviétique. Aujourd'hui, Washington voudrait à nouveau former un tel bloc contre la Chine. Cette stratégie n'est pas innocente, car la guerre commerciale des États-Unis et leur constitution d'un bloc contre la Chine comportent un risque d'escalade militaire. Dans ce cas, une troisième guerre mondiale ne serait pas loin.

Les États-Unis rendent le génocide à Gaza possible

Dans un contexte où les États-Unis se battent pour préserver leur empire, les différents courants politiques se rapprochent également sur d'autres questions internationales. On dit souvent de Trump qu'il est « pro-russe », mais en réalité, démocrates et républicains souhaitent à peu près la même chose : que l'Europe n'achète pas de gaz naturel russe mais étasunien, et que les pays européens de l'OTAN augmentent leurs dépenses militaires pour contenir la Russie, laissant les États-Unis libres de se concentrer sur la Chine.

Un autre exemple de cette focalisation stratégique sur la Chine est le retrait d'Afghanistan, négocié par Trump et mis en œuvre par Biden.

Même au Moyen-Orient, les différences ne l'emportent pas sur les similitudes. Donald Trump se présente comme le « meilleur ami d'Israël » et est proche depuis des années du Premier ministre israélien d'extrême droite Benjamin Netanyahu, qui est actuellement responsable de la guerre à Gaza et au Liban. En tant que président, Trump a clairement indiqué qu'il rejetait le droit des Palestiniens à un État lorsqu'il a déplacé l'ambassade des États-Unis en Israël de Tel-Aviv à Jérusalem. En vertu du droit international, cette ville est la capitale des territoires palestiniens et est illégalement occupée par Israël.

En outre, Trump a donné le coup d'envoi des « accords d'Abraham », une série de réconciliations diplomatiques entre Israël et les pays arabes et nord-africains. Leur objectif stratégique est de mettre en place une coalition régionale contre l'Iran, dirigée par Israël. Sous Biden, de nouveaux accords d'Abraham ont été conclus, bien que son administration ne parle pas bruyamment de guerre contre l'Iran comme le fait Trump.

Les démocrates continuent de soutenir le droit des Palestiniens à disposer d'un État dans leurs paroles, mais leurs actions disent le contraire. L'administration Biden n'a rien fait au cours de l'année écoulée pour mettre un terme à la guerre d'Israël et au potentiel génocide à Gaza, alors que Washington dispose de nombreux moyens pour maintenir Tel-Aviv dans le droit chemin s'il le souhaite. Pire encore, la guerre serait même impossible sans le soutien actif des États-Unis.

Depuis le 7 octobre 2023, les États-Unis envoient chaque mois des armes et des munitions à Israël, pour un total de plus de 50 milliards de dollars. Le dernier programme d'aide comprenant des avions de combat et des bombes a été approuvé par le gouvernement étasunien le 14 août. Aucun président n'a jamais apporté autant de soutien militaire à Israël que Joe Biden. Au cours de la convention nationale des démocrates3, Kamala Harris a rappelé qu'elle soutiendra toujours Israël.

Une situation complexe pour la gauche étasunienne

Pour de nombreux jeunes Étasuniens actifs dans le mouvement de protestation contre la guerre à Gaza, cela a été le facteur décisif pour se détourner de l'ensemble du système bipartisan. Les tentatives visant à faire pression sur les démocrates pour qu'ils imposent un embargo sur les armes à Israël et se prononcent en faveur d'un cessez-le-feu se sont heurtées à un mur. Kamala Harris s'est moquée des militants qui ont interrompu son discours et a refusé qu'un Palestinien prenne la parole lors de la convention nationale du parti démocrate, alors qu'un Israélien a pu s'exprimer.

Le mouvement pro-palestinien appelle donc à ne voter ni pour Trump ni pour Harris. Tout comme le mouvement contre la guerre au Vietnam des années 1960 avait également boycotté les élections parce que les deux partis étaient favorables à la poursuite de la guerre.

De nombreux syndicats, dont l'United Auto Workers (UAW), critiquent également les politiques de Biden et Harris et soutiennent l'appel à un cessez-le-feu à Gaza.

Pourtant, Shawn Fain, dirigeant de l'UAW, a exprimé son soutien à Harris lors de la convention nationale du parti démocrate. Pour lui, l'attitude à l'égard des syndicats est déterminante. Dans son discours, Fain a souligné que Joe Biden avait été le premier président à se rendre sur un piquet de grève, et a qualifié Trump de « briseur de grève » pour avoir refusé de soutenir une grève importante chez General Motors dans l'Ohio en 2019.

Shawn Fain n'est certainement pas d'accord avec tout ce que font les démocrates, mais en ce qui concerne les droits syndicaux, les mandats de Trump et de Biden ont été comme le jour et la nuit.

Par exemple, le chef du Conseil national du travail nommé par Donald Trump a interdit aux syndicats de s'organiser dans les universités privées. La personne que Joe Biden a nommée à sa place a annulé cette interdiction. Cela a permis à l'UAW de créer un syndicat pour les doctorants de la prestigieuse université CalTech en Californie.

Ce n'est que lorsque la classe ouvrière a la liberté de s'organiser qu'elle peut riposter. C'est pourquoi la plupart des syndicalistes de gauche appellent à voter contre Donald Trump afin qu'il soit encore possible de poursuivre la lutte sous Kamala Harris.

Une partie de la gauche, quant à elle, tente de sortir de l'impasse du système bipartisan. Par exemple, Jill Stein, candidate du parti écologiste, tente d'attirer les électeurs démocrates qui veulent protester contre le soutien à Israël ou contre le fait que Biden a permis de pomper plus de combustibles fossiles que n'importe quel autre président.

Le philosophe socialiste et antiraciste Cornel West se profile également comme candidat indépendant.

Claudia de la Cruz est candidate pour le Party for Socialism and Liberation (PSL), un parti de gauche anticapitaliste qui souhaite profiter de l'élection présidentielle pour diffuser son message auprès d'un public plus large.

De son côté, un autre parti de gauche, le Democratic Socialists of America (DSA), a décidé de ne pas participer lui-même, mais aussi de ne pas soutenir Kamala Harris. Ils se concentrent principalement sur les élections parlementaires, où ils tentent de faire élire des candidats de gauche par le biais des listes électorales des démocrates.

L'Europe a besoin d'une trajectoire indépendante

Pour la classe travailleuse étasunienne, Trump représente une menace plus grande que Harris. Pour les Palestiniens de Gaza, il n'y a guère de différence. Mais quels sont les enjeux pour nous en Europe ? Une victoire de Trump accélérerait la guerre froide avec la Chine et ferait le jeu des forces d'extrême droite en Europe, de Viktor Orbán en Hongrie à Giorgia Meloni en Italie, en passant par Tom Van Grieken en Belgique. Mais une victoire de Harris ne serait pas non plus favorable à la paix et à l'économie européenne, avec des politiques à l'égard de la Chine similaires à celles des républicains.

Trump ou Harris au pouvoir, si l'Europe laisse les États-Unis l'entraîner dans une guerre froide contre la Chine, les conséquences seront dramatiques.

En 2023, la valeur totale des échanges de marchandises entre la Chine et l'Union européenne s'élevait à près de 740 milliards d'euros. Participer à une guerre commerciale contre la Chine équivaut donc à un suicide économique pour l'UE.

En particulier pour l'Allemagne, moteur de l'économie européenne dont dépend également une grande partie de l'économie belge. Pendant des années, la croissance économique allemande a reposé sur deux piliers : l'importation d'énergie bon marché en provenance de Russie et l'exportation de produits industriels vers la Chine. Sous la pression des États-Unis, l'Union européenne a déjà imposé un embargo sur l'énergie russe en guise de « sanction » pour l'invasion de l'Ukraine (une sanction qui affecte davantage l'UE que la Russie). Le président Biden a ensuite conclu un accord avec l'UE pour remplacer le gaz naturel russe bon marché par du gaz de schiste étasunien beaucoup plus cher et polluant.

L'augmentation des coûts de l'énergie dans l'industrie menace de faire entrer l'Allemagne et la Belgique en récession. Si les usines européennes ne peuvent plus exporter autant de produits vers la Chine, l'économie allemande, et donc européenne, s'effondrera complètement.

En outre, les États-Unis ciblent l'industrie européenne. Le « Inflation Reduction Act » de Joe Biden rend encore plus attrayantes les activités des multinationales européennes de l'autre côté de l'Atlantique. Des entreprises comme Volkswagen, Tesla et ArcelorMittal menacent d'annuler des investissements prévus en Europe parce que les États-Unis accordent des dizaines de milliards de dollars de subventions. Si nous en arrivons là, des milliers d'emplois bien rémunérés nous échapperont.

Trump veut encore en rajouter : il veut introduire une taxe à l'importation de 10 % sur les produits provenant du monde entier, y compris de l'Europe. Après la Chine, les États-Unis sont le principal pays importateur des biens produits en Allemagne et dans d'autres pays de l'UE. Une telle taxe à l'importation inciterait donc encore plus d'entreprises à délocaliser leur production de l'autre côté de l'océan.

Dans ce contexte économique, les États-Unis exigent également que les pays européens membres de l'OTAN augmentent fortement leurs dépenses militaires. D'abord à au moins 2 % du PIB, puis certainement plus.

Là encore, Trump et Harris sont d'accord. Ils veulent que l'Europe soit en mesure de reprendre les livraisons d'armes à l'Ukraine et, de manière générale, de « dissuader » la Russie elle-même afin que l'armée étasunienne puisse se préparer à une éventuelle guerre avec la Chine.

Pour la Belgique, la norme de 2 % représente une augmentation annuelle d'au moins 5 milliards d'euros.

Dans le même temps, l'Union européenne a encore ressorti ses règles budgétaires strictes. Pour la Commission européenne, la Belgique doit économiser 27 milliards, et en même temps, notre pays devrait injecter 5 milliards supplémentaires dans la défense. L'establishment européen tentera de répercuter le coût sur la classe travailleuse sous la forme d'austérité, d'une augmentation des impôts et d'une baisse des salaires. Ainsi, la lutte pour notre pouvoir d'achat et nos droits sociaux est liée à la lutte pour une politique européenne autonome dans tous les domaines (commerce, énergie, défense...), indépendante des États-Unis d'Amérique.

Notes

1 Le libre-échange est un commerce réciproque avec le moins de tarifs douaniers ou d'autres restrictions possible. L'inverse du libre-échange est le protectionnisme. Les subventions publiques nationales à l'industrie sont également considérées comme une distorsion du libre-échange et donc des politiques protectionnistes. Dans la pratique, la plupart des superpuissances combinent libre-échange et protectionnisme, en fonction de la situation.

2 La mondialisation est le processus d'ouverture de tous les marchés nationaux au commerce international, jusqu'à ce qu'il n'y ait plus qu'un seul marché mondial.

3 Les démocrates et les républicains organisent tous deux une convention nationale au cours de l'été précédant chaque élection présidentielle afin de désigner officiellement un candidat à la présidence. Dans la pratique, le candidat est alors généralement déjà établi et présente son programme lors de la convention. Les conventions sont avant tout de grands spectacles électoraux, avec des dizaines de discours destinés à enflammer l'électorat.

*****

Abonnez-vous à notre lettre hebdomadaire - pour recevoir tous les liens permettant d'avoir accès aux articles publiés chaque semaine.

Chaque semaine, PTAG publie de nouveaux articles dans ses différentes rubriques (économie, environnement, politique, mouvements sociaux, actualités internationales ...). La lettre hebdomadaire vous fait parvenir par courriel les liens qui vous permettent d'avoir accès à ces articles.

Remplir le formulaire ci-dessous et cliquez sur ce bouton pour vous abonner à la lettre de PTAG :

Abonnez-vous à la lettre

Le Canada, son histoire coloniale et le Moyen-Orient

8 octobre 2024, par Manuel Tapial — , ,
En ces temps difficiles, ma mémoire me replace inévitablement à Madrid un 11 mars 2004. À cette époque, j'ai été témoin de l'attentat le plus sanglant que mon pays natal ait (…)

En ces temps difficiles, ma mémoire me replace inévitablement à Madrid un 11 mars 2004. À cette époque, j'ai été témoin de l'attentat le plus sanglant que mon pays natal ait connu en démocratie. Cent quatre-vingt-treize personnes ont perdu la vie et deux mille cinquante ont été blessées à des degrés divers.

L'Espagne, alors gouvernée par José María Aznar, leader du Parti populaire, avait décidé de participer à la guerre et à l'occupation de l'Irak aux côtés de George Bush et de Tony Blair. Des millions de personnes manifestaient dans le monde entier contre la guerre et contre l'occupation d'un pays qui, situé à des milliers de kilomètres de notre réalité quotidienne, était devenu du jour au lendemain aux yeux des médias de communication une base de production d'armes de destruction massive qui mettrait en danger toute la population mondiale.

Cette guerre a mené à des attaques à Madrid, Londres, Paris et dans d'autres villes européennes. Et ceux et celles d'entre nous qui ont compris que cette guerre n'était pas notre guerre mais celle de ceux qui voulaient voler le pétrole irakien, ont subi la colère de ceux qui cherchaient à se venger. Dans ces moments-là, nous étions contre la guerre. Nous étions solidaires avec le peuple irakien et avec nos victimes.

Les jours suivants, des élections générales ont eu lieu et le gouvernement du parti populaire perdait ses élections en faveur du gouvernement socialiste qui, dès son arrivée au pouvoir, retira les troupes espagnoles d'Irak.

Nous venons de célébrer au Canada la Journée nationale de la vérité et de la réconciliation. Cette journée est l'occasion de rendre hommage aux enfants qui n'ont jamais pu retourner chez eux et aux survivant.es des pensionnats ainsi qu'à leurs familles et leurs communautés. Une journée qui reconnait in fine une période de conquête, de pillage, de domination culturelle et de génocide.

Face à cette reconnaissance des crimes passés, une autre s'impose à nous, du moins son absence. Nous vivons actuellement un autre génocide en Palestine qui est retransmis en direct sur nos écrans. Le parti pris, l'incompréhensible justification et soutien aux actions d'Israël, la désinformation servie aux citoyen.nes sur la légalité internationale et les différentes conventions que l'État d'Israël a violées dans son offensive contre les Palestiniens de Gaza et maintenant au Liban, ont laissé orphelin.es celles et ceux qui auraient espéré se voir refléter dans les actualités. Des canadien.nes d'origines diverses souffrent pour leurs familles et ami.es dans cette partie du monde.

Il est difficile de vivre dans ce pays contradictoire qui, d'une part, reconnaît ses mauvaises actions passées et qui, de l'autre, permet et tolère, quand il n'encourage pas avec ce fallacieux prétexte qu'Israël a le droit de se défendre, des crimes similaires à ceux que les Français et Les Anglo-Saxons ont perpétré contre les premières nations de ce pays.

Il est douloureux de voir comment des amis continuent de vivre depuis des décennies dans les camps de réfugiés palestiniens au Liban, dans l'espoir de retourner un jour dans leur terre d'origine. De bonnes personnes, dévouées aux autres et qui accomplissent un énorme travail humanitaire avec des ressources minimes pour assurer une couverture à celles et ceux qui n'ont rien. Il est intolérable d'un point de vue humain de constater la passivité nourrie par les médias et la classe politique, qui vit de la délégation citoyenne, face à ce qui se passe au Moyen-Orient.

La déshumanisation des sociétés arabes est inconcevable si l'on recherche véritablement un monde de paix fondé sur des normes mondiales et des relations justes. Gober les récits de ceux qui justifient le droit d'Israël à se défendre, revient à légitimer la destruction de Gaza et la mort de milliers de civils palestiniens et maintenant libanais. L'accepter signifie que n'importe lequel d'entre nous, simples mortels d'une époque turbulente, peut être sacrifié, à tout moment et pour des intérêts géopolitiques, comme l'étaient les premières nations du Canada à leur époque quand les colons ont décidé de leur avenir sur des terres qu'elles n'ont jamais cédées.

Si nous, au Canada, savons que ce qui a été fait aux Premières Nations est un chapitre très sombre de notre histoire, pourquoi le gouvernement canadien et le gouvernement du Québec appuient-ils inconditionnellement la colonisation de la Palestine et l'extermination de ses Premières Nations ?

L'éthique et l'humanité politique, lorsqu'elles se perdent, engendrent des monstres. Ceux de notre temps, mus par différents motifs, ont des noms et des prénoms, mais ils n'existent pas seuls. Ils ne pourraient pas sévir sans la complaisance de ceux qui leur offrent une couverture politique, économique et médiatique.

Aujourd'hui, la guerre au Moyen-Orient est plus que jamais imminente. Chaque personne devra à présent faire son examen de conscience : qu'avons-nous fait, de quel côté étions-nous, qu'est-ce qui a été fait en notre nom à des familles inconnues et qui, à l'instar des nôtres, sont composées de pères, de mères, de filles et de frères.

Donner un coup de pied dans la fourmilière sous prétexte de rendre le monde plus sûr est une illusion à laquelle personne ne peut croire. Les gouvernements disposent d'outils pour garantir la paix. Ne pas les utiliser, c'est laisser passer l'impunité et ouvrir ainsi un espace pour que celles et ceux qui vivent dans le désespoir et à qui on a tout enlevé, y compris leur droit de se voir reflétés de manière juste et humaine dans les médias, trouvent d'autres manières de nous faire comprendre qu'eux aussi ont droit à la vie et à la reconnaissance.

*****

Abonnez-vous à notre lettre hebdomadaire - pour recevoir tous les liens permettant d'avoir accès aux articles publiés chaque semaine.

Chaque semaine, PTAG publie de nouveaux articles dans ses différentes rubriques (économie, environnement, politique, mouvements sociaux, actualités internationales ...). La lettre hebdomadaire vous fait parvenir par courriel les liens qui vous permettent d'avoir accès à ces articles.

Remplir le formulaire ci-dessous et cliquez sur ce bouton pour vous abonner à la lettre de PTAG :

Abonnez-vous à la lettre

Le programme PAFI, vous connaissez ? PAFI pour programme d'aide financière à l'investissement.

La voix et le nom de la Palestine : une cause des femmes cubaines

8 octobre 2024, par Aime Sosa Pompa, Susan Abulhawa — , ,
La Palestine est une femme, elle est une mère et elle est encore terre. Trois raisons pour lesquelles les Cubaines résistent de manière soutenue. Honneur, sacrifice et nation (…)

La Palestine est une femme, elle est une mère et elle est encore terre. Trois raisons pour lesquelles les Cubaines résistent de manière soutenue. Honneur, sacrifice et nation sont trois piliers que nous soutenons ensemble chaque jour, tout en défendant nos patries contre toute tentative d'oppression et de domination.

Tiré de Boletin las Americas
https://mmmboletinlasamericas.weebly.com/fr-cuba-oct-2024.html
Por Aime Sosa Pompa

Palestine des yeux et des tatouages ;
Palestine de nom ;
Palestine de rêves et de peines ;
Palestine des pieds ; du corps et du mouchoir ;
Palestine en paroles et en silence ;
Palestine de voix ;
Palestine de mort et de naissance.
Amoureuse de la Palestine
" Mahmoud Darwish.

La Palestine est une femme, elle est une mère et elle est encore terre. Trois raisons pour lesquelles les Cubaines résistent de manière soutenue. Honneur, sacrifice et nation sont trois piliers que nous soutenons ensemble chaque jour, tout en défendant nos patries contre toute tentative d'oppression et de domination.

​Le 30 mars, Journée de la terre palestinienne, la Fédération des femmes cubaines (FMC) a fait entendre sa voix encore plus fort, multipliée dans notre fédération : Femmes, jeunes, adolescents et filles de cet archipel pour continuer à dénoncer le génocide que le gouvernement sioniste d'Israël exécute impunément.

Depuis des décennies, notre organisation a levé les bras en soutien et solidarité avec la cause palestinienne, pour les femmes qui ont subi pendant 76 ans incessantes attaques, bombardements, perquisitions et persécutions.

La destruction de logements et le manque d'eau ou d'électricité sont en train de se produire, ainsi que des abus sexuels et des délits qui sont partagés sur les réseaux sociaux. Ces actions constituent de graves violations du droit international humanitaire. C'est pourquoi nous ne sommes pas indifférents et ne le serons pas.

Les assemblées précédant le XIe Congrès ont été des journées pour les messages pour l'espoir d'une Palestine libre. Le conclave de l'organisation qui regroupe environ quatre millions de femmes fédérées dans la plus grande des Antilles a été une autre occasion où une déclaration de solidarité avec la cause a été publiée.

Au cours de la clôture, le message vidéo de la dirigeante historique Leila Khaled, l'une des premières à s'être jointe à la lutte armée contre l'occupation, a été émouvant. Récemment, lors de la VIIème Rencontre de Psychodrame Féministe, Cuba 2024, du Réseau Sud Amérique Latine et les Caraïbes, ont échangé sur le sujet Teresa Amarelle Boué, secrétaire générale de la FMC, Dr. Akram Mohamed Samhan, ambassadeur de l'État de Palestine, Úrsula Hauser et Maja Hess, Des psychodramaturges qui ont travaillé en Palestine pendant 20 ans, aux côtés d'étudiants de ce pays et de représentants d'autres institutions nationales et étrangères.

La FMC a signé l'appel "Appui aux femmes palestiniennes et contre le génocide" qui a été remis au Coordonnateur résident des Nations Unies à Cuba, M. Francisco Pichón.
La fédération cubaine fait partie des 340 organisations de plus de 40 pays du monde entier qui demandent par ce message au Secrétaire général des Nations Unies, Antonio Guterres, qu'on arrête l'extermination qui porte dans sa grande majorité des visages et des vêtements ensanglantés de femmes à côté des rêves brisés d'enfants innocents.
Depuis 1947, la lettre et l'esprit de la Charte des Nations Unies sont violés, de plus en plus d'êtres humains meurent dans les décombres. En ce moment même, des femmes et des enfants sont tués, blessés et déplacés de leurs foyers en Palestine. Il s'agit d'une répression brutale qui n'a aucune justification. Les images sont déchirantes, comme beaucoup de gens ont pu les percevoir avec des spasmes incontrôlables et des pleurs devant l'horreur de la réalité virtuelle sur le stand de la chaîne panarabe Al Mayadeen pendant le III Colloque International de communication politique Patria.
C'est ainsi que la journaliste américaine d'origine palestinienne Susan Abulhawa décrit ses derniers jours dans la région :

« Je pensais avoir compris la situation sur le terrain. Mais je me trompais. Rien ne peut vraiment vous préparer à cette dystopie. Ce qui parvient au reste du monde n'est qu'une fraction de ce que j'ai vu jusqu'à présent, qui n'est qu'une fraction de la totalité de cette horreur. Gaza est un enfer, un enfer rempli d'innocents qui luttent pour respirer. Mais même l'air est brûlant. Chaque respiration râpe et colle à la gorge et aux poumons. Ce qui était autrefois vivant, coloré, plein de beauté, de potentiel et d'espoir, contre toute attente, est aujourd'hui recouvert de misère et de boue grise. Les journalistes et les politiciens parlent de guerre. Les personnes informées et honnêtes parlent de génocide. Ce que je vois, c'est un holocauste ».

Face à ces cruelles attaques contre les civils et à la culpabilité des puissances impérialistes et de leurs complices, un groupe de femmes cubaines a créé le mouvement Juntas Por Palestina (Ensemble pour la Palestine).

En guise d'action de solidarité, elles ont décidé de se débarrasser de leurs cheveux, de les raser et de publier des vidéos pour condamner le pillage de toutes ces vies avec une affirmation forte et réelle : « les cheveux poussent, un garçon ou une fille assassinée(e) ne pousse pas ».

Ainsi, 76 femmes au total, une pour chaque année d'occupation, ont rendu hommage à tous ceux qui résistent ou qui ont souffert dans leur corps et leur territoire.
D'autres militants du Mexique, du Brésil, de l'Argentine, du Paraguay, de Porto Rico, du Venezuela, de Belgique, du Royaume-Uni et d'autres pays se sont joints à l'appel.
« Vous vous sentez petites parce que vous êtes incapables de faire quoi que ce soit de concret pour soulager les besoins et les pertes catastrophiques, et parce que vous réalisez qu'ils sont meilleurs que vous, parce qu'ils restent généreux et hospitaliers dans un monde qui a été si peu généreux et inhospitalier pour eux pendant si longtemps.
Lors des marches organisées dans tout le pays, en particulier celle du 2 mars, les fédérations ont réclamé, avec le peuple cubain, la liberté pour la Palestine au moyen de foulards, de banderoles et d'autres initiatives.
Cuba a été inondée de tous les actes de solidarité avec le peuple palestinien frère. Parce qu'il ne peut y avoir ne serait-ce qu'une minute de silence face à tant de vies anéanties en toute impunité. C'est pourquoi les femmes cubaines continueront à se rassembler dans une marche unie, comme le font des milliers de personnes dans le monde, pour condamner les bombardements, les massacres, la persécution et la privation de services vitaux pour la vie.
« Le génocide ... est l'anéantissement intentionnel. D'histoires, de souvenirs, de livres et de culture. L'anéantissement du potentiel d'une terre. L'anéantissement de l'espoir.
Nous savons que ce n'est pas une guerre. L'extermination a le visage d'une femme et de l'enfance. Des témoignages de ce type ont été partagés lors d'un échange émouvant entre Teresa Amarelle Boué et la ministre palestinienne des affaires féminines, Amal Hamad.
La secrétaire générale de la FMC a réitéré son soutien indéfectible à la cause et a condamné l'atroce génocide. Un exemplaire du livre « Vilma : une vie extraordinaire » a été remis à la ministre, qui a souligné la solidarité permanente du gouvernement et du peuple cubains.
En guise de remerciement, elle a remis au plus haut représentant de la FMC un mouchoir brodé par des mains gazaouies. Nous devons continuer à dénoncer, car aujourd'hui, depuis quelques minutes, des hélicoptères, des chars et des drones tirent des coups de feu mortels sur des civils, pour la plupart des enfants et des femmes.
« Personne ne peut penser à ce qui se passera après un cessez-le-feu, personne ne peut avoir d'espoir. Tout ce qu'ils peuvent espérer pour l'instant, c'est que les bombes cessent de tomber. C'est une exigence minimale. La reconnaissance minimale de l'humanité palestinienne
».

Au moment où ces lignes sont écrites, le Washington Post confirme le transfert de bombes et de 25 avions de chasse et de leurs moteurs à « Israël » pour une valeur de plusieurs milliards de dollars, plus de 1 800 bombes MK 84 pesant 2 000 livres et 500 bombes MK 82 pesant 500 livres, rapporte le réseau Al Mayadeen sur sa chaîne Telegram.

Si les hommes d'État veulent des chiffres : plus de 40 000 morts, plus de 95 000 blessés, et 70 % des tués sont des femmes et des enfants. Mais ce ne sont pas des chiffres, ce sont des horreurs et de l'indignation. Si vous voulez une preuve supplémentaire de l'immobilisme d'un monde soi-disant civilisé, souvenons-nous de la photo montrant deux corps : celui d'une mère palestinienne qui est morte en embrassant sa petite fille lorsque les missiles des avions de guerre sionistes sont tombés sur sa maison dans la ville de Gaza.
C'est ainsi que meurent les familles, enlaçant leurs enfants pour tenter de les sauver d'une barbarie que seuls les courageux révèlent et que les lâches taisent.

« Mais l'histoire ne mentira pas. L'histoire retiendra qu'Israël a perpétré un holocauste au XXIe siècle ».

Extraits de l'article « L'histoire retiendra qu'Israël a commis un génocide » écrit par l'écrivaine et activiste Susan Abulhawa lors de sa visite à Gaza en février et début mars, traduit pour Rebelión par Paco Muñoz de Bustillo,

*****

Abonnez-vous à notre lettre hebdomadaire - pour recevoir tous les liens permettant d'avoir accès aux articles publiés chaque semaine.

Chaque semaine, PTAG publie de nouveaux articles dans ses différentes rubriques (économie, environnement, politique, mouvements sociaux, actualités internationales ...). La lettre hebdomadaire vous fait parvenir par courriel les liens qui vous permettent d'avoir accès à ces articles.

Remplir le formulaire ci-dessous et cliquez sur ce bouton pour vous abonner à la lettre de PTAG :

Abonnez-vous à la lettre

Le programme PAFI, vous connaissez ? PAFI pour programme d'aide financière à l'investissement.

Non à la marchandisation des opérations chirurgicales !

8 octobre 2024, par Geneviève Lamarche, Sophie Verdon — , , ,
Nous avons appris avec stupeur la volonté du ministre Dubé d'offrir une vingtaine d'opérations additionnelles aux centres médicaux spécialisés privés. Elles viendraient (…)

Nous avons appris avec stupeur la volonté du ministre Dubé d'offrir une vingtaine d'opérations additionnelles aux centres médicaux spécialisés privés. Elles viendraient s'ajouter à celles de la cataracte, du genou et de la hanche.

Incapable de résorber les listes d'attente, le gouvernement tente de faire bonne figure en présentant le recours aux cliniques privées comme un complément aux services de notre réseau public. Or, c'est plutôt une infection qui s'insinue et ronge peu à peu les organes d'un réseau public qui faisait jadis notre fierté.

À la Coalition solidarité santé, nous sommes très inquiets de la trajectoire empruntée par le gouvernement ces dernières années. Le bassin de main-d'œuvre en santé et services sociaux est limité, et le secteur privé fonctionne comme un vase communicant avec le secteur public : on déshabille Paul pour habiller Jacques. Cette dynamique accentue la pénurie de personnel qui affecte directement la qualité et l'accessibilité des soins pour la population.

La privatisation contribue également à la déstructuration du réseau. En effet, le ministre permet aux centres médicaux spécialisés de sélectionner uniquement les cas les plus rentables, opérés durant les plages horaires de jour, laissant les interventions plus complexes ou à risque de complications au secteur public. Ce cercle vicieux entraîne une aggravation de la situation : plus le privé se développe, plus le personnel doit couvrir des quarts moins attractifs dans le public ; et plus l'expertise et les effectifs désertent le réseau. Le ministre se plaint alors que plusieurs opérations ne puissent être réalisées dans le réseau public faute de personnel.

Des opérations ‘'gratuites'' qui coûtent cher

Le ministre ne cesse de répéter sur toutes les tribunes que les soins offerts dans les centres privés seront ‘'gratuits''. C'est faux ! S'il reconnaît déjà que le recours aux agences de personnel privé est plus coûteux, pourquoi entretient-il soigneusement l'opacité sur le coût des chirurgies pratiquées dans ces cliniques spécialisées ? La facture sera beaucoup plus salée et elle devra être assumée par les impôts des contribuables.

L'exemple de la Colombie-Britannique devrait pourtant nous servir de mise en garde. Après avoir constaté à quel point les procédures au privé étaient plus chères, cette province a dû commencer à racheter certaines installations privées pour limiter les dégâts financiers. Pourquoi ne pas tirer dès maintenant les leçons de ce qui a été fait ailleurs, au lieu de plonger tête baissée dans la même impasse ?

Si le gouvernement a les moyens de verser ces sommes au privé, pourquoi ne pas plutôt les investir dans la modernisation et l'optimisation de notre réseau public ? Pourquoi choisir de favoriser la marchandisation des soins et services offerts à la population ? Pourquoi n'adopte-t-il pas plutôt une approche préventive, notamment en agissant sur les déterminants sociaux de la santé, au lieu de se concentrer sur une approche purement curative et donc plus onéreuse ?

Pourquoi persiste-t-il à centraliser et à éloigner toujours plus le citoyen de la prise de décision en transférant leur pouvoir à une poignée de gestionnaires, souvent issus du secteur privé ? Et pourquoi démanteler notre modèle universel, qui garantissait à tous un accès égal aux soins, pour le remplacer subrepticement par un système calqué sur le modèle américain ? Ce dernier, controversé et inéquitable, fait dépendre le droit à la santé de la capacité de payer — une dérive coûteuse qui trahit les valeurs mêmes d'équité et de justice sociale qui devaient animer notre système.

Ce sont des questions fondamentales que nous devons nous poser collectivement si nous souhaitons restaurer l'accès à un réseau réellement public, universel et équitable.

Sophie Verdon et Geneviève Lamarche
Co-coordonnatrices de la Coalition solidarité santé

*****

Abonnez-vous à notre lettre hebdomadaire - pour recevoir tous les liens permettant d'avoir accès aux articles publiés chaque semaine.

Chaque semaine, PTAG publie de nouveaux articles dans ses différentes rubriques (économie, environnement, politique, mouvements sociaux, actualités internationales ...). La lettre hebdomadaire vous fait parvenir par courriel les liens qui vous permettent d'avoir accès à ces articles.

Remplir le formulaire ci-dessous et cliquez sur ce bouton pour vous abonner à la lettre de PTAG :

Abonnez-vous à la lettre

Le programme PAFI, vous connaissez ? PAFI pour programme d'aide financière à l'investissement.

Nous voulons que le Québec se dote d’un système d’éducation équitable

8 octobre 2024, par École ensemble — , , ,
Il est temps de mettre fin à la ségrégation scolaire causée par les réseaux privé subventionné et public sélectif. Retrouvez ici nos principaux constats sur le « modèle » (…)

Il est temps de mettre fin à la ségrégation scolaire causée par les réseaux privé subventionné et public sélectif. Retrouvez ici nos principaux constats sur le « modèle » québécois et ses conséquences, de même que les principes qui nous permettront collectivement de faire enfin école ensemble.

tiré du site L'école ensemble | https://www.ecoleensemble.com/notre_cause

L'école québécoise est injuste

Soumises à un marché scolaire, les écoles se battent entre elles pour obtenir les élèves les plus payants. Payants au sens où leurs parents doivent pouvoir payer des frais élevés. Mais payants aussi en ce qui concerne les résultats : trier ses élèves pour ne garder que les plus forts permet aux écoles de bien paraître dans les palmarès…

Il faut comprendre que ce sont les écoles sélectives qui choisissent leurs clients et non l'inverse !

Ces écoles sont toutes financées par les contribuables ! Les mettre en concurrence est absurde. L'intérêt des enfants et leur éducation sont secondaires dans le modèle québécois actuel.

La sélection est cruelle pour les élèves et stressante pour les parents.

Les conséquences de cette situation indigne d'une société démocratique devraient tous nous interpeller.

Un modèle ?

Il faut rappeler sans complaisance les principales caractéristiques du « modèle » québécois en éducation :

Les écoles « privées » sont subventionnées par l'État. Un élève du privé reçoit en fonds publics 75 % du montant que reçoit un élève équivalent du réseau public.

La part de marché du réseau privé subventionné augmente. De 5 % en 1970, elle est aujourd'hui de 21 % au secondaire. Elle atteint même 39 % à Montréal et 42 % à Québec.

Les autorités ont répondu à l'écrémage des écoles publiques par le privé en créant un réseau public sélectif doté lui aussi du droit de sélectionner sa clientèle : le nombre d'élèves admis au public sélectif est estimé au secondaire à au moins 20 %.

En parallèle, l'école publique ordinaire voit sa tâche alourdie : elle compose avec une surreprésentation d'élèves défavorisés et en difficulté.

Cette nouvelle composition de la classe ordinaire, de plus en plus écrémée, renforce l'attrait du privé subventionné et du public sélectif, et agit à la baisse sur les résultats scolaires, la persévérance scolaire et la cohésion sociale.

Des conséquences néfastes pour les élèves et la société

Il en résulte un système d'éducation inefficace et inéquitable, le plus inégalitaire au pays. Décrochage scolaire (plus haut taux au pays), décrochage enseignant (un quart des enseignants quittent la profession durant leurs cinq premières années sur le marché du travail), alphabétisation insuffisante (53 % des 16-65 ans ont des compétences faibles ou insuffisantes en littératie) et perpétuation des inégalités résultent du système d'éducation que les Québécois se sont donné.

Ce n'est pas pour rien que l'ONU a demandé formellement en 2020 au gouvernement du Québec de lui préciser quelles étaient « les mesures prises pour assurer l'égalité d'accès à l'éducation dans le cadre du système scolaire à trois niveaux au Québec, indépendamment de la situation économique des parents ». L'UNESCO a aussi pointé le Québec du doigt dans son rapport sur l'école privée de décembre 2021.

Depuis la publication en 2016 du rapport phare Remettre le cap sur l'équité du Conseil supérieur de l'éducation, il n'est plus possible d'ignorer que le système d'éducation du Québec foule aux pieds le principe d'égalité des chances.

Solutions

Rendre équitable un système déséquilibré par plus d'un demi-siècle de concurrence scolaire est un défi de taille.

À ce défi, nous répondons avec le Plan pour un réseau scolaire commun.

C'est un plan pragmatique, ambitieux et innovant. Prenez-en connaissance ici.

*****

Abonnez-vous à notre lettre hebdomadaire - pour recevoir tous les liens permettant d'avoir accès aux articles publiés chaque semaine.

Chaque semaine, PTAG publie de nouveaux articles dans ses différentes rubriques (économie, environnement, politique, mouvements sociaux, actualités internationales ...). La lettre hebdomadaire vous fait parvenir par courriel les liens qui vous permettent d'avoir accès à ces articles.

Remplir le formulaire ci-dessous et cliquez sur ce bouton pour vous abonner à la lettre de PTAG :

Abonnez-vous à la lettre

Les étincelles de rébellion et d’espérance de Droit de Parole

8 octobre 2024, par Pierre Mouterde — , ,
Ce n'est pas rien... 50 ans de vie pour un journal qui se dédie aux luttes urbaines et populaires des quartiers centraux de la ville de Québec ! Avec l'aimable autorisation (…)

Ce n'est pas rien... 50 ans de vie pour un journal qui se dédie aux luttes urbaines et populaires des quartiers centraux de la ville de Québec !

Avec l'aimable autorisation de l'auteur.

Surtout si on relie ces 5 décennies passées au contexte social et politique d'aujourd'hui où la rumeur des grands médias officiels, alliée à celle bavarde et fragmentée des médias sociaux, ont peu ou prou transformé le traditionnel 4-ième pouvoir des médias1 en un pouvoir largement sous influence.

Comment dans ce contexte médiatiquement si asphyxiant, ne pas trouver quelque chose de prometteur et d'encourageant, à cette présence obstinée du journal Droit de parole sur la scène médiatique de la Capitale nationale ?

Après tout, il ne s'agit que d'un journal militant d'information locale tiré sur papier à quelque milliers d'exemplaires, rappelant avec le peu de moyens dont il dispose les préoccupations de « la société civile d'en bas » ainsi que ses aspirations à « un autre monde possible ». Car ce que Droit de parole a toujours cherché à faire, c'est de rendre compte des exaspérations et préoccupations de ceux et celles qu'on oublie trop souvent, tout comme des raisons de fond –économiques, environnementales et culturelles— qui les mobilisent et les font vouloir se faire entendre coûte que coûte.

C'est là une bataille toujours à recommencer entre le petit David armé de sa seule fronde de journaliste artisan, et le géant Goliath bombant le torse et paradant sous l'armure de ses algorithmes tout puissants ?

L'élan subversif des années 1970 ?

Il faut dire que Droit de parole est né dans une époque faste pour les luttes sociales et politiques, celle des années 1970, dont il a sans doute gardé une partie de l'élan subversif.

C'était une époque dont nous sommes loin aujourd'hui et qui emportait avec elle d'intenses volontés de changement collectives, elles-mêmes marquées par une audace et un optimisme tels que tout paraissait possible, jusqu'à l'idée de faire naître un pays, le pays du Québec.

C'était une époque où les groupes de citoyens étaient particulièrement actifs et entreprenants et où surtout il existait au Québec un projet collectif à travers lequel les luttes les plus locales prenaient un sens et pouvaient s'inscrire dans la durée.

Droit de parole était d'abord l'instrument médiatique, l'organe de presse des groupes communautaires ou comités de citoyens en lutte. Il était donc très directement leur porte-voix, l'expression même de leurs combats : une sorte de mini quatrième pouvoir plus militant, dénonciateur et critique que celui de ses porte-parole officiels ; susceptible donc de contrebalancer les énormes pressions qu'il subissait déjà.

C'est là que s'est forgé le projet de fond de Droit de parole : faire contrepoids au pouvoir des puissants ; faire entendre la voix des sans voix ; et surtout ne pas craindre de le faire, à l'encontre des diktats des différentes administrations municipales, si souvent soumises aux intérêts des grands lobbies économiques et financiers de la ville.

Droit de parole a donc développé un ton militant et souvent iconoclaste, une liberté éditoriale critique et alternative qu'il n'a jamais perdue et qui fait son originalité. Et cela, malgré toutes les obstacles qu'il a pu rencontrer en chemin : la peine récurrente à trouver et former une relève en termes de rédacteurs ou de journalistes, ou encore la difficulté à assurer des revenus financiers suffisants, à permettre des parutions régulières, à rester au coeur de l'actualité militante tout en faisant connaître plus largement son message.

Un authentique et puissant cinquième pouvoir ?

Contre vents et marées, Droit de parole a tenu le coup, ne cessant de raviver dans le ciel de Québec ses étincelles de rébellion et d'espérance. Voilà ce qui reste prometteur et nous pousse à imaginer quelques-uns des objectifs qu'il pourrait se donner pour les 50 prochaines années.

Car à l'heure des GAFAM, de la montée du populisme de droite et des périls écologiques, il n'est pas interdit de rêver à ce dont on aurait besoin aujourd'hui en termes d'information locale ou régionale à Québec ?

Oui, pourquoi ne pas imaginer –en cherchant à disposer de plus de moyens et à cibler mieux son message— que Droit de parole puisse élargir son bassin de lecteurs et de lectrices, bien au-delà du cercle d'initiés et de militants convaincus ? Et pourquoi ne pas rêver qu'il puisse devenir —dans le contexte de la ville de Québec— un authentique et puissant cinquième pouvoir médiatique critique et alternatif, capable de tenir tête au discours médiatique dominant devenu si dépendant des intérêts sonnant et trébuchant de grands groupes économiques et financiers de la région ?

Et au passage, en allant à rebrousse-poils de toutes les tendances à l'oeuvre, pourquoi ne pas s'acharner à préserver un journal qui paraisse aussi en format « papier », accessible donc à ceux et celles qui, si nombreux encore, ne peuvent faire usage du web et auraient pourtant droit à disposer de moyens adaptés pour rester informé de ce qui se passe dans leur ville ?

Il en va de cette convivialité culturelle, urbaine, communautaire et citoyenne à laquelle Droit de parole s'est toujours dédié. Une autre de ses originalités !

Donner vie et force à ces idées en germe, travailler pas à pas à mettre sur pied, avec tant d'autres, ce cinquième pouvoir critique et alternatif, n'est-ce pas ce à quoi les 50 ans d'étincelles de rébellion et d'espérance de Droit de Parole ne cessent de nous convier aujourd'hui ?

Pierre Mouterde
Sociologue et essayiste
Membre du comité de rédaction de Droit de parole (2012-2017)

Note

1.On comptait en général, dans les démocraties dites libérales, 3 pouvoirs formellement indépendants les uns des autres (le pouvoir exécutif, législatif et judiciaire) auxquels on a rajouté par la suite le 4ième pouvoir de la presse ; un quatrième pouvoir devenu, notamment avec l'implantation du néolibéralisme, si inféodé aux 3 autres, qu'il faudrait imaginer aujourd'hui la constitution d'un cinquième pouvoir médiatique, susceptible d'être à la hauteur des défis contemporains et critique et alternatif en termes d'information démocratique et populaire.

*****

Abonnez-vous à notre lettre hebdomadaire - pour recevoir tous les liens permettant d'avoir accès aux articles publiés chaque semaine.

Chaque semaine, PTAG publie de nouveaux articles dans ses différentes rubriques (économie, environnement, politique, mouvements sociaux, actualités internationales ...). La lettre hebdomadaire vous fait parvenir par courriel les liens qui vous permettent d'avoir accès à ces articles.

Remplir le formulaire ci-dessous et cliquez sur ce bouton pour vous abonner à la lettre de PTAG :

Abonnez-vous à la lettre

Le programme PAFI, vous connaissez ? PAFI pour programme d'aide financière à l'investissement.

Le retour tout à fait inattendu du premier roman psychologique canadien-français

8 octobre 2024, par Félicité Angers — , ,
EN LIBRAIRIE LE 8 OCTOBRE 2024 Entourez la date sur votre calendrier du Cercle des fermières : le 8 octobre 1882 prochain paraîtra au Remue-ménage Angélique de Montbrun, une (…)

EN LIBRAIRIE LE 8 OCTOBRE 2024

Entourez la date sur votre calendrier du Cercle des fermières : le 8 octobre 1882 prochain paraîtra au Remue-ménage Angélique de Montbrun, une version tordue et corrompue du célèbre roman de Laure Conan par Félicité Angers. En plein dans le centième anniversaire de la mort de Conan qui, nous en sommes convaincues, aurait été enchantée d'un tel hommage.

Le récit d'Angélique de Montbrun reste fidèle au roman de Conan dans ses grandes lignes – si on plisse suffisamment les yeux.

Sur une ferme en Gaspésie, Angélique coule des jours heureux en compagnie de son père, de son fiancé Maurice et de son amante Mina. Hélas, ce bonheur champêtre ne peut durer. Après la mort tragique de son père, Angélique rompt ses fiançailles, brûle la bibliothèque paternelle et donne sa vie au Christ. Elle ne se mariera pas, n'aura pas d'enfants... mais n'aura pas perdu son temps.

La démarche d'Angers est celle du sabotage : le texte original disparaît au profit de passages érotiques – tout en respectant les non-dits et le sous-texte trouble de l'œuvre originale. À la fin, le roman de Conan cède la place à une aventure rocambolesque faite de délires mystiques, de consommation de champignons magiques, de séances de BDSM dans une commune anarcho-catholique-rurale autogérée. Le tout dans la joie, la bonne humeur et de multiples plagiats éhontés que les lecteurices s'amuseront à identifier.

Et comme si ça n'était pas assez, Angélique de Montbrun est illustré par Oras Sivie qui a produit d'impressionnantes illustrations érotico-surréalistes qui accompagnent délicieusement le texte de Félicité Angers.

Inutile de dire que nous espérons que les étudiant·es qui doivent lire le roman de Conan dans le cadre de leurs cours vont tomber dans le panneau ; ça fera de chouettes travaux de session, à n'en point douter.

Oh, et vendons la mèche : derrière Félicité Angers se cache Anne Archet. Et derrière Anne Archet se cache... quelqu'un – probablement un logiciel d'intelligence artificielle générative, ou alors une centaine de chimpanzés à qui on a donné des machines à écrire.

*****

Abonnez-vous à notre lettre hebdomadaire - pour recevoir tous les liens permettant d'avoir accès aux articles publiés chaque semaine.

Chaque semaine, PTAG publie de nouveaux articles dans ses différentes rubriques (économie, environnement, politique, mouvements sociaux, actualités internationales ...). La lettre hebdomadaire vous fait parvenir par courriel les liens qui vous permettent d'avoir accès à ces articles.

Remplir le formulaire ci-dessous et cliquez sur ce bouton pour vous abonner à la lettre de PTAG :

Abonnez-vous à la lettre

Le programme PAFI, vous connaissez ? PAFI pour programme d'aide financière à l'investissement.

Moyen-Orient : un dialogue public à Montréal pour mieux comprendre les tensions

Depuis un an, Montréal observe une hausse importante des tensions liées aux agressions israéliennes à Gaza et maintenant en Cisjordanie et au Liban. Pour tenter de prévenir la (…)

Depuis un an, Montréal observe une hausse importante des tensions liées aux agressions israéliennes à Gaza et maintenant en Cisjordanie et au Liban. Pour tenter de prévenir la haine et d'ouvrir le dialogue au sein des communautés, le Réseau Outils de paix organise une série de rencontres ouvertes à toutes et tous pour échanger sur le sujet dans un lieu empathique et sécuritaire.

Tiré d'Alter Québec.

Il est 18 h lorsque la population et les panélistes se rassemblent dans une salle du Centre de loisirs de Villeray, où se tient une première « rencontre de dialogue » autour du contexte israélo-palestinien. Durant cette soirée, les participant-es pourront échanger sur leurs expertises et leurs vécus, sous la supervision d'une modératrice. Un moyen d'entamer un dialogue difficile entre les différentes personnes préoccupées par le conflit.

Ce projet novateur est à l'initiative du Réseau Outils de paix. Œuvrant pour la non-violence et l'harmonie sociale, l'organisme cherchait depuis plusieurs mois un moyen d'apaiser les tensions locales alimentées par la guerre à Gaza. La multiplication des incidents violents et la polarisation du débat depuis un an l'ont convaincu de la nécessité d'un dialogue à Montréal.

« On va s'asseoir, puis on va discuter », nous explique Élise Dagenais, coordonnatrice à Outils de paix. « L'idée c'est de créer un espace sécuritaire pour que tout le monde puisse s'exprimer ». Simple à dire, mais plus difficile à faire. Rassembler des personnes de tous horizons autour de la question israélo-palestinienne est un « terrain glissant », admet Mme Dagenais. Les invité-es et la programmation ont dû être pensés à plusieurs reprises pour éviter des débats trop tendus et pas assez constructifs.

Finalement, les trois rencontres s'articulent respectivement autour de l'antisémitisme, de l'islamophobie, et de l'engagement pour la paix. Parmi les panélistes, on retrouve des membres d'organismes communautaires, d'institutions ou de médias concernés par la question israélo-palestinienne. Une diversité qui s'exprime également dans les perspectives, les positions, et les confessions représentées, amenant inévitablement des points de discorde.

Néanmoins, ces rencontres ne sont pas destinées à être des débats géopolitiques, mais bien des discussions sur les conséquences locales de la guerre. Une dépolitisation volontaire, à la fois pour éviter les discussions enflammées et pour se concentrer sur Montréal. Par ce biais, Outils de paix souhaite « ramener un peu d'humanité » dans le débat et limiter les conséquences des différends politiques qui peuvent accroître les tensions, au lieu de favoriser les échanges.

« L'idée n'est pas non plus d'être d'accord », nuance Mme Dagenais. Le conflit et la colère font partie du dialogue, et peuvent être constructifs s'ils sont bien encadrés, selon la coordonnatrice. Durant la première rencontre, les panélistes ont régulièrement été en désaccord sur des points tels que la définition de l'antisémitisme ou les intentions des manifestations propalestiniens. Malgré tout, Mme Dagenais estime que les participant-es souhaitent « la même chose », à savoir la paix à Montréal. « Ça montre qu'il y a de l'espoir parce que même les personnes les plus campées sur leurs positions se donnent la peine de se prêter à l'exercice ».

Même si l'échelle d'intervention demeure pour le moment assez réduite, le Réseau Outils de paix entend « semer des graines » pour impacter positivement les communautés locales dans la durée.

La prochaine et dernière rencontre de dialogue aura lieu le mardi 29 octobre. https://www.facebook.com/OutilsDePaix/?locale=fr_CA#

******

Abonnez-vous à notre lettre hebdomadaire - pour recevoir tous les liens permettant d'avoir accès aux articles publiés chaque semaine.

Chaque semaine, PTAG publie de nouveaux articles dans ses différentes rubriques (économie, environnement, politique, mouvements sociaux, actualités internationales ...). La lettre hebdomadaire vous fait parvenir par courriel les liens qui vous permettent d'avoir accès à ces articles.

Cliquez sur ce bouton pour vous abonner à la lettre de PTAG :

Abonnez-vous à la lettre

Aujourd’hui, ça fait un an que Gaza s’est enflammée.

8 octobre 2024, par Guillaume Cliche Rivard, Ruba Ghazal — , , ,
Je voulais prendre le temps de vous écrire avec mon collègue Guillaume Cliche-Rivard pour souligner ce tragique anniversaire. 7 octobre 2024 Un an d'attentats, de (…)

Je voulais prendre le temps de vous écrire avec mon collègue Guillaume Cliche-Rivard pour souligner ce tragique anniversaire.

7 octobre 2024

Un an d'attentats, de déplacements et de guerre qui s'étend maintenant à toute la région. Un an de témoignages, de reportages et de rappels, qu'en fait, ça fait 76 ans que ce conflit s'enfonce. Un an qui a vu se propager la reconnaissance du génocide des populations palestiniennes.

Le 7 octobre est aussi une date douloureuse en Israël. Il est impératif de condamner sans équivoque les attaques terroristes perpétrées par le Hamas, qui ont causé une douleur et une souffrance injustifiables qui persistent encore à ce jour pour de nombreuses familles sans nouvelles des otages capturés ce jour-là. Ces actes de violence contre des civils sont inacceptables. Chaque victime est une tragédie.

On aurait pu croire que l'horreur de la dernière année mobilise la communauté internationale, mais nous avons plutôt vu l'incapacité de nos gouvernements à travailler pour la paix. Car ce qui marque l'esprit, c'est la souffrance qui perdure. Celle de gens comme vous et moi, tant Palestiniens que Israéliens.

Je suis Québécoise d'origine palestinienne. On me demande souvent si j'ai encore de la famille en Palestine. Non. Je n'ai plus de famille en Palestine. Tous les membres de ma famille ont été expulsés de leurs maisons et de leurs terres en 1948. Mon père n'avait que 2 ans quand il s'est retrouvé réfugié au Liban, là où je suis née des années plus tard. La guerre qui embrase la région aujourd'hui, le génocide à Gaza, toute cette violence atroce qui dure depuis 76 ans, me rentre dedans comme un coup de poignard au ventre.

Gaza, avec sa population assiégée, continue de subir les bombardements incessants et les blocus du gouvernement Netanyahu. Chaque jour, les Palestiniens et Palestiniennes font face à la violence et à la destruction, tout en aspirant à une vie de paix et de dignité. Le constat est accablant : depuis le 7 octobre, plus de 41 000 Palestiniens et Palestiniennes à Gaza et en Cisjordanie ont perdu la vie. Sans compter la famine et les 1,4 millions de déplacés. Une véritable catastrophe humanitaire qui fera des ravages pendant des générations.

Il est essentiel de reconnaître que le conflit actuel est le résultat et la continuation brutale des politiques d'apartheid de l'État d'Israël envers les populations palestiniennes. Depuis des décennies, des politiques d'occupation, de colonisation et de ségrégation ont systématiquement nié les droits fondamentaux des Palestiniens et Palestiniennes, les privant de leurs terres, de leur dignité et de leur droit à l'autodétermination. Cette réalité historique doit être prise en compte et guider le courage, jusque-là manquant, de nos dirigeants pour mettre un terme à ce massacre.

Pierre Elliott Trudeau était du mauvais côté de l'histoire quand il refusait d'imposer des sanctions à l'Afrique du Sud lors de l'apartheid. Justin Trudeau ne doit pas s'enfoncer dans les mêmes erreurs et le Québec, comme nation pacifiste, doit mener la voie.

Comme Québécois et Québécoises, comme membres d'une nation qui valorise la paix et la dignité humaine, nous devons prendre position. La réponse à la violence ne peut être que la promotion de la paix. Le courage réside dans la volonté de travailler pour la paix, même lorsque cela est difficile. Nous devons faire entendre notre voix pour la Palestine et pour son peuple qui aspire à vivre dans la sécurité et la dignité. Dans un État indépendant.

Dans la dernière année, même lorsque j'ai été assaillie d'un douloureux sentiment d'impuissance, j'ai vu se lever le vent de la solidarité.

Joignez-vous à nous pour le faire souffler partout. Le rôle de Québec solidaire est crucial pour que la voix de la paix soit entendue au Québec et à l'Assemblée nationale. Ça commence par faire comprendre à la CAQ qu'ouvrir un bureau économique à Tel-Aviv, et ainsi faire des affaires avec un gouvernement accusé de crimes de guerre, n'aide en rien la réconciliation. Ça jette plutôt de l'huile sur le feu. Continuons à exiger des comptes aux gouvernements Trudeau et Legault qui s'entêtent à laisser aller le régime génocidaire de Netanyahu.

Ensemble, faisons entendre notre appel à la paix.

Vive la Palestine libre et indépendante !

Ruba Ghazal
Députée solidaire de Mercier

Guillaume Cliche Rivard
Député solidaire de Saint-Henri-Sainte-Anne et porte-parole en matière de solidarité internationale

*****

Abonnez-vous à notre lettre hebdomadaire - pour recevoir tous les liens permettant d'avoir accès aux articles publiés chaque semaine.

Chaque semaine, PTAG publie de nouveaux articles dans ses différentes rubriques (économie, environnement, politique, mouvements sociaux, actualités internationales ...). La lettre hebdomadaire vous fait parvenir par courriel les liens qui vous permettent d'avoir accès à ces articles.

Remplir le formulaire ci-dessous et cliquez sur ce bouton pour vous abonner à la lettre de PTAG :

Abonnez-vous à la lettre

6633 résultat(s).
Regroupement des médias critiques de gauche (RMCG)

gauche.media

Gauche.media est un fil en continu des publications paraissant sur les sites des médias membres du Regroupement des médias critiques de gauche (RMCG). Le Regroupement rassemble des publications écrites, imprimées ou numériques, qui partagent une même sensibilité politique progressiste. Il vise à encourager les contacts entre les médias de gauche en offrant un lieu de discussion, de partage et de mise en commun de nos pratiques.

En savoir plus

Membres