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Vider la mer

23 octobre 2024, par Marc Simard
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Dans Les couteaux dans ma gorge ne sont pas des fruits de mer (Poètes de brousse), la poète Annie Landreville use de la métaphore du fleuve et nomme les scories laissées par les vagues sur le rivage dans un mouvement à la fois envoûtant et troublant, comme si on entrait avec elle dans la mer. (…)

Des locataires s’opposent à Michael Klein, le plus grand rénovicteur ontarien

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NON à un accord de libre-échange entre le Canada et l’Équateur !

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Sabine Bahi, correspondante en stage Fanny Kaekat, Hortencia Zhagüi, Zenaida Yasacama et Ivonne Ramos sont des femmes autochtones équatoriennes et militantes en provenance de différentes communautés amazoniennes. Côte à côte, elles ont parcouru le Canada pendant une semaine pour s’opposer (…)

Une quatrième édition captivante pour l’exposition d’art contemporain du collectif AN IN

22 octobre 2024, par Marc Simard
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L’auteur fait partie de l’Initiative de journalisme local Après trois éditions couronnées de succès, ayant attiré des centaines de visiteurs du Bas-Saint-Laurent et de tout le Québec, le collectif AN IN est fier d’annoncer la tenue de la quatrième édition de son exposition d’art contemporain. (…)

« Les Défis de la gauche aujourd’hui »

22 octobre 2024 — ,
Nancy Fraser enseigne à la New School for Social Research de New York, où elle est titulaire de la chaire Henry et Louise Loeb de philosophie et de politique. Elle est (…)

Nancy Fraser enseigne à la New School for Social Research de New York, où elle est titulaire de la chaire Henry et Louise Loeb de philosophie et de politique. Elle est également membre du comité éditorial de la New Left Review. Fraser a reçu de nombreux prix et distinctions, dont celle de Chevalier de la Légion d'honneur, la plus haute décoration française. Elle est membre de l'Académie américaine des arts et des sciences. En 2018, elle a reçu le prix mondial Nessim Habif et, en 2022, le prix Nonino ‘Maître de notre temps', parmi de nombreuses autres décorations. Chercheuse prolifique, elle s'est penchée dans plusieurs œuvres sur la question de la justice et est réputée pour ses discussions sur la relation entre la reconnaissance et la redistribution dans les luttes pour la justice sociale, ainsi que pour ses contributions à la théorie féministe et marxiste. Elle a écrit ou co-écrit plusieurs livres ces dernières années, dont The Old Is Dying and the New Cannot Be Born, Feminism for the 99% et Capitalism : A Conversation in Critical Theory. Son dernier livre, publié en 2022 par la maison d'édition Verso, s'intitule Cannibal Capitalism : How Our System Is Devouring Democracy, Care and the Planet and What We Can Do about It. [1]

Comme Boris Kagarlitsky, Nancy Fraser est préoccupée par la question du dépassement de la fragmentation de la gauche contemporaine. Elle cherche à trouver une voie pour construire des ponts et une compréhension commune des sources des crises multiples et interdépendantes de notre époque parmi les socialistes, les féministes de gauche, les mouvements antiracistes et décoloniaux, la gauche du mouvement écologiste et d'autres pièces du puzzle qui pourraient former une alliance radicale, contre-hégémonique et anticapitaliste capable de contrer la montée alarmante du populisme et de l'extrême droite et de constituer une force efficace pour la transformation sociale.

Nancy Fraser a un autre point commun avec Boris Kagarlitsky en tant que cible récente d'efforts visant à punir et à faire taire les voix dissidentes. En l'occurrence, il s'agit de la campagne menée à l'échelle de l'Occident pour étouffer les critiques à l'égard d'Israël et supprimer les expressions de solidarité avec le peuple palestinien, campagne de répression que plusieurs qualifient de nouveau maccarthysme. Heureusement, ses démêlés avec la Chambre des Esteilles ne l'a pas valu une peine de prison, et nous avons le plaisir et le privilège de l'entendre aujourd'hui.

Introduction : Andrea Levy
Traduction : André Frappier et Andrea Levy

Intervention de Nancy Fraser

Nous nous sommes réunis à travers toutes ces distances dans une démonstration de la solidarité internationale de la gauche en action. C'est une chose vraiment merveilleuse et émouvante. En fait, comme on l'a déjà dit, il y a beaucoup trop peu d'événements comme celui-ci.

Boris Kagarlitsky est loin d'être le seul militant russe anti-guerre de gauche à avoir subi la répression. Et il y a, pourrions-nous dire, des Boris partout, en Palestine et en Israël, en Iran et en Chine, en Inde et au Brésil, en Allemagne, en France et aux États-Unis. La plupart de ces militants et militantes de gauche réprimés sont moins bien connus de l'intelligentsia internationale de gauche que ne l'est Boris. Mais ils ont tout autant besoin de notre soutien et cet événement, je l'espère, pourra servir de modèle en cette période de crise mondiale aiguë et de répression. Nous devrions multiplier les événements de ce type, encore et encore. Mais bien sûr, la défense des camarades en danger est le strict minimum lorsqu'il s'agit de pratiquer la solidarité internationale de la gauche. Nous devons également les prendre au sérieux. Nous devons honorer leur pensée et leur pratique. Et comme Kagarlitsky lui-même serait le premier à nous le rappeler, et il l'a d'ailleurs fait, nous devons avoir une conception stratégique à leur propos et avec eux. S'ils sont vraiment nos camarades, nous devons réfléchir à la manière de relier leurs luttes aux nôtres, leurs difficultés aux nôtres, ainsi que celles des autres.

En d'autres termes, nous devons poursuivre non pas une simple résistance, mais un changement social émancipateur. C'est ce que Boris lui-même nous a demandé de faire. Nous discuterons plus tard de son récent livre, The Long Retreat, où ce problème est au cœur de l'actualité, c'est à dire le dépassement de la résistance afin de former des coalitions pour le changement. Je ne veux pas voler la vedette à nos distinguéEs panélistes qui parleront du livre un peu plus tard, mais je tiens à noter qu'il fournit à la fois une analyse brillante de la conjoncture actuelle et un plaidoyer passionné en faveur d'une réflexion stratégique. Kagarlitsky diagnostique une crise aiguë du capitalisme néolibéral, ce qu'Adam Tooze a appelé une poly crise, une crise qui est à la fois économique, écologique, sociale, reproductive, politique, et bien sûr il faut maintenant ajouter géopolitique.

C'est une crise que nos classes dirigeantes mondiales ne peuvent résoudre. Elles ne peuvent pas décarboniser l'économie mondiale à temps pour arrêter la conflagration planétaire. Elles ne peuvent pas fournir des moyens de subsistance décents et un travail significatif à des milliards de personnes à travers le monde. Ils ne peuvent ni prévenir ni gérer avec succès les pandémies mondiales. Ils ne peuvent pas nous protéger de la violence des armées, de la police, des banques, des propriétaires terriens et des foules déchaînées et exaspérées. Ils ne peuvent pas arrêter la montée des mouvements autoritaires, même lorsque ces derniers semblent les menacer. Ils ne peuvent pas arrêter la guerre. En fait loin d'arrêter cet ensemble d'horreurs, le système qu'ils incarnent produit effectivement toutes ces choses, selon Boris. En conséquence, et je suis tout à fait d'accord, notre poly crise n'admet aucune solution capitaliste éclairée si cette expression n'est pas une contradiction en soi.

La crise est systémique et objective, mais elle est aussi, disons, subjective et hégémonique. Des masses de gens comprennent maintenant que les problèmes qu'ils rencontrent ne peuvent être résolus par des réformes au coup par coup. Nombre d'entre eux souhaitent un changement radical, et c'est ainsi que des masses de personnes à travers le monde sont désaffectés. Comme il fallait s'y attendre, ils abandonnent les partis et les visions du monde conventionnels. Ils sortent des sentiers battus. Ils recherchent des alternatives radicales. Mais nous devons nous demander ce qu'ils trouvent lorsqu'ils cherchent des alternatives radicales. Selon Kagarlitsky, ils ne trouvent pas d'alternative socialiste crédible, pas de regroupement de forces sociales de gauche en qui ils auraient confiance et qui véhiculerait un programme sérieux et un engagement stratégique solide en faveur d'un changement structurel profond. Au contraire, les forces qui auraient pu s'unir dans ce genre de bloc contre-hégémonique ont été atrophiées et désorientées au cours des décennies de recul de la gauche.

C'est la thèse de Boris. Qu'est-ce qui usurpe leur place aujourd'hui ? Je dirais, et je pense être d'accord avec lui, qu'il y a deux formations mutuellement antagonistes. Tout d'abord une poignée, peut-être plus, de groupes moralisateurs, cloisonnés dans l'identitarisme, qui ont perdu la force transformatrice et émancipatrice qu'ils possédaient autrefois. C'est ce que l'on peut appeler si l'on veut être méchant ‘Wokisme', mais je ne veux pas être aussi méchante. Ensuite, une panoplie de contre-mouvements populistes autoritaires, qui - et c'est l'expression de Boris - mélangent des griefs économiques légitimes avec des haines ethnoculturelles régressives. Ces deux forces, que j'appelle le néolibéralisme progressiste et le populisme réactionnaire, sont aujourd'hui enfermées dans une série de batailles factices qui sont loin d'aller au cœur des choses.

Le résultat est un amas de symptômes morbides qu'Antonio Gramsci reconnaîtrait facilement. Maintenant, le diagnostic de Kagarlitsky, qui me semble proche, si ce n'est en tous points, mais dans sa forme générale, de celui que je viens d'exposer. Son diagnostic me semble juste, mais que faut-il faire ? Y a-t-il aujourd'hui une voie possible pour reconstruire la gauche dans un avenir proche ? Et bien sûr, il faut ajouter, pas n'importe quelle gauche, mais une gauche qui renonce au sectarisme et à l'utopie au profit du réalisme, de la stratégie et de l'imagination. Existe-t-il donc une voie pour reconstruire ce type de gauche, disons, mature, une gauche qui soit réellement adaptée à la gravité, à l'ampleur et à la profondeur de notre crise ? Ou devons-nous nous contenter d'une retraite bien gérée qui nous permettra de vivre et de nous battre plus tard ? Et bien sûr, si vous adoptez cette deuxième option, vous devez vous demander si nous aurons le temps nécessaire avant la conflagration planétaire. Ce sont des questions dont j'ai envie de discuter avec Boris Kagarlitsky. Je ne l'ai jamais rencontré, mais j'ai imaginé un dialogue avec lui sur ces questions. À vrai dire, je suis un peu plus optimiste que lui. Je voudrais expliquer pourquoi par le biais de trois questions spécifiques qui me préoccupent.

Je viens tout juste de mentionner la première : la retraite ou la contre-hégémonie. La deuxième est la question de classe sociale, de la classe ouvrière mondiale et comment nous la comprenons. Et la troisième concerne la géopolitique. Ce sont toutes des questions profondes, troublantes et difficiles, et je ne sais pas exactement ce que j'en pense, mais quant à la question de la retraite versus la contre-hégémonie, je pense que la clé ici est de penser stratégiquement.

Pour cela, il faut commencer par les forces sociales existantes afin de déterminer lesquelles sont potentiellement émancipatrices, même si ce n'est peut-être pas le cas tout de suite, et lesquelles la gauche pourrait tenter de séduire afin qu'elles se séparent de leurs alliés actuels et se tournent vers la gauche.

Qui, parmi les personnes considérées les plus ‘Woke', c'est-à-dire les militantes et militants féministes et les antiracistes anticolonialistes, peuvent être persuadéEs de déserter leurs protecteurs corporatistes et d'adopter une perspective de classe qui corresponde mieux à leurs positions sociales réelles ? Qui parmi les rangs des réactionnaires ordinaires pourrait-on convaincre à se détacher des hommes forts tant adorés qui sont destinés à les trahir ? Et qui pourrait au contraire faire cause commune avec d'autres segments de la classe ouvrière qu'ils méprisent aujourd'hui ? C'est à ce genre de question que je réfléchis en termes de stratégie. La classe sociale est évidemment un élément clé de cette question. C'est donc le deuxième point que je souhaite évoquer. Boris souligne à juste titre que la classe ouvrière mondiale d'aujourd'hui n'est pas la classe ouvrière industrielle du 19e siècle.

Il conclut à juste titre qu'un socialisme pour le 21e siècle doit être différent de tous les modèles précédents. La notion de classe, prétend-t-il, et je suis tout à fait d'accord, demeure le critère de différenciation social déterminant. Et en fin de compte, elle doit être le point de ralliement crucial pour la gauche. Mais ce n'est pas la même idée de la lutte des classes d'autrefois. La question est de savoir comment nous pouvons comprendre globalement la notion de classe ouvrière aujourd'hui. Existe-t-il une façon de penser cette classe qui ne soit ni un industrialisme dépassé ni un mélange pluraliste de différences, quelque chose qui se rapprocherait de l'idée de la multitude de Negri ?

Ni l'un ni l'autre ne sont adéquats. Je pense être entièrement d'accord avec Kagarlitsky. Maintenant, je voudrais simplement mentionner très rapidement, sans entrer dans les détails, que je crois qu'il y a une façon de penser la notion de classe sociale qui n'appartient à aucune de ces deux catégories. Et c'est parce qu'il s'agit d'une façon structurelle de penser la notion de classe sociale. Je pense que le capitalisme, l'accumulation du capital, dépend aujourd'hui et a toujours été dépendante d'au moins trois formes de travail distinctes mais mutuellement imbriquées :la main-d'œuvre exploitée, c'est-à-dire les travailleurs ‘libres' dans les usines ; la main-d'œuvre expropriée, à savoir les personnes non libres ou semi-libres, les coloniaux, les indigènes, les esclaves, les péons et les formes qu'ils revêtent aujourd'hui ainsi que les travailleuses et travailleurs du sexe victimes de la traite, les travailleurs emprisonnés, etc. ; ces travailleurs qui n'ont pas la possibilité de vendre leur propre force de travail et qui ne bénéficient pas de des droits donnant ouverture à des poursuites ou de la protection de l'état. Enfin, un groupe que j'appellerai les travailleurs ‘domestiqués', ceux qui se spécialisent dans la reproduction sociale, en particulier la reproduction de la force de travail.

Je prétends que la plus-value ne peut être extraite des travailleurs et travailleuses exploitéEs en l'absence d'intrants bon marché fournis par les travailleurs expropriés et de la main-d'œuvre bon marché fournie par les travailleurs domestiques. Vous pouvez déjà constater que cela suggère une classe ouvrière mondiale, divisée non seulement par pays, région et empire, mais aussi par sexe et par divisions ethno-raciales.

Cela rejoint ma première question concernant les publics que nous devons atteindre et comment y arriver. Et si nous pouvions convaincre la classe ouvrière, les personnes racisées qu'elles ont un rôle à jouer dans un système qui est complètement imbriqué et inextricablement lié aux travailleurs exploités qui ont toujours joué un rôle central dans les mouvements socialistes jusqu'à nos jours. Et si nous pouvions convaincre les féministes de la classe ouvrière qu'elles sont réellement des travailleuses et qu'on peut bien aborder leurs enjeux sous l'angle de la lutte de classe ?

Troisième et dernier point : la géopolitique. Ici il faut qu'on se parle, je pense, de deux choses : la guerre et l'immigration. Si nous parlons de la guerre, de l'impérialisme, de la rivalité inter-impérialiste et du vide de l'hégémonie géopolitique avec la montée relative de la Chine, le déclin relatif des États-Unis et ainsi de suite, si c'est l'un des axes du problème, on pourrait bien penser que les alternatives relèvent de l'opposition entre une gauche nationaliste et une gauche internationaliste, et c'est vrai. Cependant, si nous plaçons l'immigration au centre, les choses deviennent un peu plus complexes.

Et cela a tout à voir avec un populisme réactionnaire au sein de la classe ouvrière focalisé en grande partie sur l'opposition à l'immigration. Dans ce cas, la question est celle du nationalisme contre le transnationalisme, et non celle de l'internationalisme. Comment faire cohabiter ces deux éléments ? Je ne sais pas, mais il me semble que c'est extrêmement important. Force est de constater que nous n'avons pas eu, et ce depuis très longtemps, de véritable idée de ce que serait aujourd'hui une politique étrangère de gauche. C'est le point faible de la gauche, à mon avis. Ici et là, on trouve des gens qui ont des idées intéressantes sur la réorganisation de la production ou même de la reproduction, mais la politique étrangère est en quelque sorte un territoire inexploré. L'essentiel, et c'est là mon tout dernier point, est de savoir comment garder deux ‘Non' dans sa tête en même temps et comment les transformer en une sorte de ‘Oui', par exemple : Non à Poutine. Non à l'OTAN. L'un ne va pas sans l'autre. Quel est le ‘Oui' qui en découle ? Je ne pourrais dire.

De la même manière on doit dire ‘Non' au génocide gazaoui et ‘Non' à l'antisémitisme. Comment mettre les deux ensembles et aboutir à quelque chose d'autre ? Et cette incapacité à traiter ce dernier point, fait des ravages parmi les populations qui sont désemparées face au Moyen-Orient. « Non à Poutine, Non à l'OTAN », j'aimerais vraiment entendre ce que les collègues russes auront à dire à ce sujet. En tant qu'Américaine fermement anti-américain, je ne peux pas rejeter toute la responsabilité sur Poutine. Mais il se peut que nous ne soyons pas d'accord sur ce point. J'aimerais vraiment avoir une discussion plus approfondie à ce sujet. En tout cas, ce sont trois questions que j'ai envie de discuter avec Boris et avec vous. C'est dommage qu'il ne soit pas là, mais c'est formidable que vous soyez là. Je vous remercie.

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[1] Voir le lien vers la recension de son dernier livre paru dans Pressse-toi à gauche ! https://www.pressegauche.org/A-propos-de-Cannibal-Capitalism-de-Nancy-Fraser

Le racisme passe sa visite médicale

22 octobre 2024, par Omar Haddadou — ,
– Détendez-vous, M. Le Racisme ! Je vais prendre votre tension artérielle, comme d'habitude. – J'ai eu un moment d'émotion avant d'arriver, Docteur. - Pourquoi ? - En (…)

Détendez-vous, M. Le Racisme ! Je vais prendre votre tension artérielle, comme d'habitude.

– J'ai eu un moment d'émotion avant d'arriver, Docteur.

- Pourquoi ?
- En croisant un Africain, Avenue Montaigne.
– Mais ce n'est rien, ça.
– Si Docteur !
- Vous trouvez ?
- Evidemment. Il était affublé comme un Milord et paraissait vachement heureux.
– Ça doit être un touriste américain ?
- Non, non, non ! Un Africain ! Un Congolais.
– Pourquoi nommément un Congolais ?
- Sa SAPE*, Docteur ! Sa Sape ! On aurait dit une Labradorite.

– Y a pas d'mal à faire preuve d'élégance à Paris et d'être bien dans sa peau ?
- Attendez, Docteur ! Au lieu de se pavaner sur nos Avenues, il ferait mieux d'aller protéger les richesses convoitées de son pays.
– Et si c'était un militant bien fringué ?

- Elle est belle celle-là !
( Le Docteur incline la tête vers l'avant pour mieux le considérer, sans piper mot )
- Un Militant ? Ha, ha, ha. Avec une telle « Djatance* », et une iridescence digne d'une aurore boréale ? Désorbité, l'Africain ! Désorbité !
- Assez, rigolé ! Ajustez bien le brassard du tensiomètre !

- (…)
- 12.7 ! Je vous envie, M. Le Racisme. Une tension d'un Athlète de haut niveau, malgré l'âge. La dernière fois qu'on s'est vus, vous étiez angoissé, abattu par le diagnostic. Et aujourd'hui, j'ai devant moi un Racisme épanoui, lustral.

– J'infuse Docteur, j'infuse.
– J'aimerais bien voir la tête de l'Empathie, la Tolérance, l'Altruisme, l'Humanisme.

– Ils rasent les murs depuis le 12 janvier 2024*.
– Les pauvres !
- Vous allez me prescrire quelque chose Docteur ?

- Vous vous portez comme un charme, M. Le Racisme, et c'est tant mieux. Mais, par souci déontologique médical, j'aimerais que votre état aille en s'améliorant davantage.

– De l'anticipation conservatoire ou préventive ?

Plutôt préventive ! Assortie de recommandation méliorative. Ça tient en seule ligne

– D'accord.
( Le Docteur saisit le stylo et rédige l'ordonnance )

« Un séjour bimensuel de remise en forme « xénophobique » en France, Italie, Hongrie, Autriche, Pays-Bas… » Signé : Docteur HAINE

Texte et dessin Omar HADDADOU

* Date promulgation de la Loi Immigration par la Droite *Djatance : M'as-tu- vu ou la frime au Congo

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Rachad Antonius à Upop : l’histoire de la mainmise sioniste sur la Palestine

22 octobre 2024, par Massi Belaid
Massi Belaïd, correspondant en stage Différentes interprétations sur l’horreur qui se déroule à Gaza ont cours dans les discours médiatiques depuis le 7 octobre 2023. C’est en (…)

Massi Belaïd, correspondant en stage Différentes interprétations sur l’horreur qui se déroule à Gaza ont cours dans les discours médiatiques depuis le 7 octobre 2023. C’est en vue de proposer une analyse équilibrée de la situation que Rachad Antonius a écrit son livre La conquête de la Palestine (…)

Il faut sortir de la bulle parlementaire pour être sur le terrain

22 octobre 2024, par Roger Rashi, Ruba Ghazal — ,
Ruba Ghazal sera la prochaine porte-parole féminine de Québec solidaire. Seule candidate à ce poste, elle sera intronisée lors du congrès du parti qui se tiendra à Montréal le (…)

Ruba Ghazal sera la prochaine porte-parole féminine de Québec solidaire. Seule candidate à ce poste, elle sera intronisée lors du congrès du parti qui se tiendra à Montréal le 15-16-17 novembre prochain. Militante du parti depuis sa fondation, elle est députée du comté de Mercier depuis 2018 ou elle succéda à Amir Khadir, le premier parlementaire à être élu sous la bannière de QS. Ruba s'est présentée pour la première fois au porte-parolat féminin en 2023, course qu'elle a perdu par seulement quatre voix. Suite à la démission surprise d'Émilise Therrien-Lessard au printemps dernier, Ruba a annoncé sa candidature au courant de l'été. Sa campagne s'est donnée comme thème « Un nouveau souffle ». Elle a bien voulu répondre ici à quelques questions à caractère stratégiques que je lui avais posées il y a quelques semaines.
Roger Rashi

1. Roger Rashi : Comptes-tu toujours proposer une grande conférence ouverte à tous les membres du parti pour discuter/déterminer collectivement la stratégie électorale du parti aux prochaines élections ? Ce fut l'une des propositions phares de ton programme lors de la campagne pour le porte-parolat féminin en 2023. Suite à la crise du printemps dernier, cette vision démocratique des débats stratégiques dans QS serait plus que jamais nécessaires pour unifier le parti.

Ruba Ghazal : Lors de la course au porte-parolat de 2023, j'ai proposé, si je gagnais, d'organiser, d'ici l'élection de 2026, un Grand Rendez-vous des membres de Québec solidaire pour discuter uniquement de la conjoncture politique au Québec et des stratégies à déployer par notre parti. Je pense toujours que ce serait une bonne idée de tenir un tel évènement. N'ayant malheureusement pas gagné la course, je n'ai pas poursuivi la réalisation de cette proposition. L'idée reste bonne pour toute personne qui voudrait pousser pour sa réalisation.

Pour la présente course au porte-parolat, je propose que QS mette de l'avant un nationalisme ouvert et rassembleur, un nationalisme de gauche. Je propose également que QS ramène l'indépendance à l'avant-plan, car notre projet de transformation de la société québécoise à travers l'indépendance ne semble pas assez entendu par les Québécoises et les Québécois. Je parle aussi beaucoup de l'unité du parti, qui sera primordiale dans les deux prochaines années, et du fait qu'il faille rester fidèles à nos convictions. Je ferais d'autres propositions tout le long de la campagne.

2. Roger Rashi : Est-ce qu'une campagne politique pour « Défendre les services publics et s'opposer aux privatisations de la CAQ » te semblerait pertinente pour la prochaine période ?

Ruba Ghazal : Absolument. Le parti le fait déjà avec le site web services-coupés. QS doit être le chien de garde contre une austérité qui pourrait s'en venir plus vite que prévu. Il faut continuer à être les gardiens des services publics. Donc j'appuierais toute initiative qui allant dans le sens de mettre sur pieds une campagne politique pour défendre les services publics.

Roger Rashi : Dans ta plateforme de 2023, tu proposais de mener des campagnes politiques afin de renforcer la présence médiatique du parti et mobiliser les membres à la base, dans ce qui semble être une vision de QS comme parti des urnes et de la rue, c.a.d. pas uniquement cantonné au seul travail parlementaire. Est-ce que tu es toujours du même avis ?

Ruba Ghazal : Plus que jamais. Je pense qu'il faut renouer avec les campagnes politiques. L'an passé j'allais même jusqu'à proposer le thème d'une première campagne politique que j'aurais aimé voir porter sur les inégalités. Je pense qu'il faut plus sortir de la bulle parlementaire pour être sur le terrain.

3. Roger Rashi : Quels sont les moyens que tu préconises pour combattre la concentration du pouvoir au sein de l'aile parlementaire et à la direction du parti ? Comment comptes assurer la présence et pertinence de la PPF ? La concentration du pouvoir aux mains de quelques personnes de l'entourage du porte-parole masculin a été pointé du doigt par Catherine Dorion et Émilise Thérien-Lessard comme les raisons amenant leur démission. Quelles sont les améliorations/réformes que tu envisagerais au caucus parlementaire et à la direction du parti pour assurer une vraie collégialité ?

Ruba Ghazal : Je pense qu'il faut absolument garder le fait d'avoir deux porte-paroles égaux. Et je suis certaine que c'est ce que les membres et la direction veulent aussi. QS a toujours pris des décisions en collégialité et cela doit continuer. Lors de la crise du printemps dernier, je pense que les membres se sont bien fait entendre. Je suis d'avis que le caucus doit se donner des statuts de fonctionnement, ce qui est en cours présentement. Pour le futur de QS, il faut toujours s'inspirer de ce qui a fait que notre parti a percé et s'est tenu : notre démocratie interne et décentralisée.

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Dossier spécial sur la vie chère

22 octobre 2024, par Fédération des Travailleurs et des travailleuses du Québec (FTQ) — ,
« Il y a moins de logements qu'avant ! » « La crise du logement, c'est une affaire de Montréal. » « Dans mon temps, je pouvais me trouver un petit 4 ½ pas cher. Il faut juste (…)

« Il y a moins de logements qu'avant ! » « La crise du logement, c'est une affaire de Montréal. » « Dans mon temps, je pouvais me trouver un petit 4 ½ pas cher. Il faut juste chercher un peu. » « Si c'est trop cher à loyer, les jeunes ont juste à s'acheter une maison. » Ces affirmations, quoique familières, présentent une vision déconnectée d'une réalité bien plus difficile. Dans ce dossier spécial, Le Monde ouvrier a choisi de braquer les projecteurs sur la crise de la vie chère : non seulement pour démystifier ces raccourcis faciles, mais pour explorer des solutions ambitieuses et nécessaires face à une situation aussi déplorable. Car il ne s'agit pas seulement de logements, mais d'un modèle de société qui dérape.

Tiré du journal de la Fédération des travailleurs et travailleuses du Québec
LE MONDE OUVRIER N° 148 • AUTOMNE 2024 •
Presse-toi-à-gauche ! a trouvé important de reproduire cet important dossier sur la vie chère.

La vie chère

La forte inflation des dernières années recule enfin. La Banque du Canada a même commencé à réduire son taux directeur face à une économie qui tourne de plus en plus au ralenti. Malgré une hausse du chômage, la situation est loin d'être comparable à celle des années 1980 où le taux de chômage a déjà atteint 12 %. Même si les données sur l'économie et l'emploi semblent encourageantes à première vue, l'impression que les Québécoises et les Québécois se portent mal demeure persistante. Les signaux d'alarme sont devenus trop nombreux pour être ignorés.

L'insécurité alimentaire est en hausse et les banques alimentaires font état d'un nombre record de demandes parmi lesquelles de plus en plus de personnes qui occupent un emploi. En quelques années, la crise de l'habitation s'est exacerbée avec une forte augmentation du prix des loyers et un taux d'inoccupation extrêmement bas. Des Québécoises et des Québécois doivent faire des choix impossibles, comme celui de couper ses médicaments en deux ou de sauter des doses. Du côté des syndicats, les membres réclament avec raison que leurs salaires soient augmentés pour tenir compte de la hausse du coût de la vie.

« Pendant des années, la FTQ s'est battue pour augmenter le salaire minimum, relate la présidente de la FTQ, Magali Picard. Même si demain matin, le salaire minimum passait à 21$, on ne réglerait pas le problème. Pour plusieurs travailleuses et travailleurs, ce ne serait pas suffisant pour joindre les deux bouts ». Au cours des derniers mois, les deux dirigeants de la centrale ont parcouru plusieurs régions du Québec pour aller à la rencontre de personnes qui sont au front de la hausse du coût de la vie. Les hommes et les femmes qui s'occupent des moins nantis de la société québécoise ont confirmé la gravité de la situation.

Les Québécoises et les Québécois n'y arrivent plus et la souffrance humaine est plus visible que jamais, particulièrement dans les centres urbains.

Ce dossier spécial du Monde ouvrier s'intéresse à la vie chère et plus particulièrement à la crise de l'habitation. Cette question trône au sommet des préccupations du moment. Dans nos discussions avec les personnes ouvrant au sein des groupes communautaires, tout partait ou se rapportait au logement. Les dysfonctions actuelles du marché avec des prix indécents et une cruelle rareté ont un impact sur le bien-être collectif et individuel des Québécoises et des Québécois. Le logeme nt n'est pas le seul problème associé à la vie chère, mais il s'agit d'un des plus urgents à régler. Le Monde ouvrier a ainsi voulu explorer des pistes de solution pour régler cette crise intolérable dans une société aussi riche que le Québec.


Les mythes

MYTHE Nº. 1
La crise du logement, c'est une affaire de Montréal.

Pas vraiment. Le taux d'inoccupation dans le marché locatif est de 1,3 % dans tout le Québec en octobre 2023, de 1,5 % à Montréal, de 1,3 % au Saguenay et à Sherbrooke, de 1,1 % à Gatineau, de 0,9 % dans la ville de Québec, de 0,5 % à Drummondville et de 0,4 % à Trois-Rivières.

MYTHE Nº. 2
Il y a moins de logement qu'avant !

Faux. Selon l'IRIS, l'offre résidentielle a augmenté au même rythme que celle de la population, malgré une diminution de l'accès et de l'abordabilité au logement locatif principalement pour les ménages à faibles et modestes revenus .

MYTHE Nº. 3
Si c'est trop cher à loyer, les jeunes ont juste à s'acheter une maison.

Le prix médian d'une maison unifamiliale au Québec s'élève en août 2024 à 443 000 $ en hausse de 7 % par rapport à 2023. Les hausses de prix sont notamment attribuables à une demande plus forte que l'offre. De plus, avec la hausse des taux d'intérêt, la mise de fonds requise, il est reconnu que l'accès à la propriété est de plus en plus difficile pour les jeunes.

MYTHE Nº. 4
L'immigration est à la base du problème

La crise du logement est surtout liée au déficit de construction de logements sociaux, aux difficultés d'accès à la propriété, au nombre croissant de locations à court terme sur des plateformes comme Airbnb, à la facilité de conversion de logements en condos et aux évictions de plus en plus nombreuses. Les personnes immigrantes, quant à elles, constituent une faible portion de la nouvelle demande pour des logements.

MYTHE Nº. 5
Dans mon temps je pouvais me trouver un petit 4 ½ pas cher. Il faut juste chercher un peu.

Dans les grands centres au Québec, le loyer moyen pour un deux chambres à coucher s'élevait à 1 042 $ en octobre 2023 selon la Société canadienne d'hypothèques et de logement (SCHL). Cela dit, les prix des loyers sur le marché sont beaucoup plus élevés. D'après le Regroupement des comités logement et associations de locataires du Québec (RCLALQ), le loyer moyen demandé sur Kijiji pour un 4 ½ était de 1504 $ en 2023. Sur le site Rentals.ca, le loyer moyen demandé en septembre 2024 pour un deux chambres à coucher au Québec était de 2 168 $ ! Et tout le reste n'est pas encore payé :téléphone, chauffage, épicerie.

MYTHE Nº. 6
Pour régler la crise, il suffit d'augmenter l'offre en facilitant la construction au privé.

Il faut construire plus d'habitations, oui, mais surtout des logements sociaux et à prix modique. Le privé n'a jamais pu fournir suffisamment de logements abordables et en bon état pour les personnes à faible revenu.


L'habitation ne se porte pas bien

Au moment d'écrire ces lignes, l'Indice des prix à la consommation (IPC) a augmenté de 2 % en août 2024 comparativement à août 2023. [1]

Même si cela peut sembler encourageant, les ménages locataires n'ont pas connu de répit face à l'inflation. En effet, les prix des loyers ont augmenté de 8,6 % sur la même période. Le taux d'inoccupation demeure très bas dans la plupart des villes du Québec, particulièrement pour les loyers abordables. Chaque année, le 1er juillet est de plus en plus difficile avec de nombreux ménages incapables de se trouver un logement. Les campements de personnes en situation d'itinérance se multiplient et certaines municipalités n'ont d'autre réponse que de les démanteler alors que ces personnes n'ont nulle part où aller.

Comme le constate Véronique Laflamme, porte-parole du Front d'action populaire en réaménagement urbain (FRAPRU), la crise du logement a progressivement pris des proportions de plus en plus alarmantes. « Avant même la crise des dernières années, il y avait déjà des milliers de ménages locataires qui vivaient une crise mois après mois, rappelle- t-elle. Ce n'est pas nouveau, mais ce qui est particulier c'est que, dans toutes les régions du Québec, il y a des pénuries. Cette rareté extrême vient mettre une pression importante et ça appauvrit des locataires qui se pensaient à l'abri. Compte tenu de l'absence d'un contrôle obligatoire des loyers, on voit le prix des loyers augmenter en flèche. On voit des ménages discriminés qui n'ont plus accès au logement et c'est sans compter les rénovictions qui se multiplient. »

Chantal Bertrand est conseillère régionale à la FTQ dans les régions de Lanaudière et des Laurentides. En l'espace de quelques années, elle a vu la situation se détériorer et l'itinérance exploser, particulièrement à Saint- Jérôme où se trouve le conseil régional FTQ.

« Les personnes qui perdent leur appartement n'ont plus beaucoup de possibilités pour se reloger, explique-t-elle. Les appartements en deçà de 1 500 $ par mois n'existent presque plus dans les Laurentides et le marché des maisons à vendre est devenu exorbitant. Dans le stationnement près de notre bureau, une mère a dû rester dans sa voiture avec ses deux enfants parce qu'elle n'arrivait pas à trouver un appartement à la hauteur de son budget. Cette crise de l'itinérance touche tout le monde, ce n'est plus juste ceux et celles qui ont des problèmes de consommation ou de santé mentale. »

Après avoir nié son existence, le gouvernement de la CAQ a finalement reconnu du bout des lèvres qu'il y avait bel et bien crise. Pourtant, cette reconnaissance tardive ne s'est pas traduite par des mesures structurantes.

Selon les personnes rencontrées par les dirigeants de la FTQ cet été, le dernier budget n'a pas sufisamment entraîné de hausses d'investissements pour le logement social et communautaire. On a même assisté à des reculs avec la fin du programme AccèsLogis qui visait la construction de logements sociaux ou la fin des cessions de bail avec l'adoption du projet de loi n o 31, Loi modifiant diverses dispositions législatives en matière d'habitation.

« Le gouvernement doit se réveiller et comprendre, exhorte Alexandre Cadieux, coordonnateur du Comité logement Bas- Saint-Laurent. Ce n'est pas idéologique, c'est humain. Le monde, y'en peuvent plus. Chaque jour, je reçois un appel avec quelqu'un qui a des idées noires. Pas juste en détresse. Ces personnes ont des idées suicidaires et parlent que ça va finir là. »


Logement et emploi vont de pair

À une certaine époque, des dirigeants de la FTQ expliquaient que la centrale s'était donné trois priorités : l'emploi, l'emploi et l'emploi. Elle continue d'être obsédée par cette question. Dans un contexte de hausse du coût de la vie et de chômage relativement faible, la qualité des emplois devient aussi importante que leur quantité.

La crise de l'habitation, avec des prix élevés et la rareté de l'offre de logements à prix raisonnable, entraîne des conséque nces sur l'emploi, les deux marchés étant fortement liés. Pour certaines travailleuses et certains travailleurs, les difficultés à dénicher un logement abordable et décent viennent affecter leur capacité à occuper un emploi, même bien rémunéré. Avec les prix élevés des loyers, déménager devient plus risqué surtout si on dispose d'un logement qui correspond à la capacité de payer. Il est normal d'avoir certaines réticences à accepter un emploi dans des villes où le prix des appartements et des maisons est élevé, surtout si le taux d'inoccupation est faible. Celui-ci peut se rapprocher de 0 % dans certaines municipalités.

Plusieurs articles de journaux font état des difficultés des entreprises à recru- ter de la main-d'œuvre en raison du manque flagrant de logements.

Certaines d'entre elles doivent même se lancer en immobilier pour continuer d'opérer. En outre, les prix élevés font en sorte que les travailleuses et les travailleurs doivent parfois s'éloigner de leur milieu de travail, ce qui entraîne une augmentation des temps et des coûts de déplacement.

Cette situation pourrait entraîner d'autres conséquences extrêmement néfastes . Dans les villes américaines inabordables, comme San Francisco, les travailleuses et les travailleurs n'ont tout simplement plus les moyens d'habiter à proximité de leur lieu de travail. Si la crise de l'habitation se poursuit, on peut s'attendre à une pénurie de main-d'œuvre accrue pour les services publics [2].

Plusieurs régions, comme l'Abitibi-Témiscamingue et la Côte-Nord, font actuellement face à de graves pénuries de personnel dans le réseau de la santé et des ser- vices sociaux, lesquelles mettent en péril les services auxquels ont droit les citoyennes et les citoyens.

Karine Cabana, conseillère au Syndicat canadien de la fonction publique (SCFP), a été impliquée de près dans les négociations pour mettre sur pied des équipes volantes afin de limiter le recours aux agences privées de placement. « Jamais dans les négociations on a abordé la disponibilité de logements comme une des causes de la pénurie dans ces régions, explique-t-elle. Cela dit, ça ne prend pas de grandes analyses pour comprendre qu'il manque sérieusement de logements sur la Côte-Nord. On a beau vouloir faire venir des infirmières ou des préposées aux bénéficiaires, mais il va falloir trouver un endroit où les loger. C'est clair que la crise du logement est un frein dans la recherche d'une solution permanente. »


Une insécurité alimentaire inacceptable

En rencontre avec l'organisme Le Pignon bleu l'été dernier, le secrétaire général de la FTQ, Denis Bolduc, s'est entretenu avec sa directrice générale Roseline Roussel. « On n'a jamais vu une situation comme on la vit en ce moment, confie-t-elle. La moitié des gens qui nous fréquente, ce sont des travailleuses et des travailleurs au salaire minimum alors qu'avant la pandémie c'était environ 10 %. Tu travailles 40 heures par semaine, pour finalement ne pas être capable de te loger et te nourrir. Ces gens-là travaillent très fort. Les familles font du mieux avec ce qu'elles ont, mais elles n'y arrivent pas. Une petite de 7 ans est venue nous voir avec son argent de poche parce que sa mère n'avait plus les moyens de payer le montant de 1,60 $ pour un dîner fourni par notre organisme. Ça n'a aucun sens qu'une enfant doive supporter ce poids-là. On en voit beaucoup d'histoires comme ça. C'est inacceptable que le gouvernement accepte ça. »


Les solutions à la crise de l'habitation

Malheureusement, il n'existe pas de solution unique pour régler rapidement et durablement la crise de l'habitation. Pour la FTQ, une véritable sortie de crise débute par une prise de conscience collective sur la reconnaissance du droit au logement.

Tant et aussi longtemps que les gouvernements continueront de privilégier les intérêts financiers et le droit à la propriété au lieu des besoins humains, cette crise ne se réglera pas.

Rapidement, les gouvernements doivent renforcer les droits des locataires. À cet égard, des mesures pourraient être rapidement mises sur pied. Un fort consensus existe concernant l'efficacité d'un registre des loyers pour limiter les hausses abusives. Un tel outil a déjà été développé par l'organisme Vivre en ville et pourrait être rapidement utilisé s'il y avait volonté politique de la part du gouvernement. Les dysfonctionnements du Tribunal administratif devraient aussi être corrigés afin d'assurer un véritable accès aux services et à la justice ainsi que de garantir un contrôle des loyers.

Face à l'ampleur de la crise, l'heure est peut-être venue de formaliser la défense des intérêts collectifs des locataires à l'instar de ce que font les syndicats.

Déjà, des groupes de locataires ont mené des luttes héroïques, mais extrêmement exigeantes, contre des tentatives d'évincement. Cela dit, il n'existe pas de mécanisme formel pour leur garantir un droit d'association incluant celui de négocier avec son propriétaire. Encore une fois, certains États américains progressistes pavent la voie à de telles solutions. En 2022, le gouvernement local de San Francisco a adopté une loi qui accorde un droit d'association aux locataires. [3]

Pour tout immeuble comprenant plus de cinq unités, les locataires peuvent former une association si la majorité des résidentes et des résidents y consentent. Cette association peut informer ses membres et organiser des assemblées.

Les propriétaires ont l'obligation de discuter de bonne foi avec l'association et doivent assister à une de leur rencontre au moins tous les trois mois. Le non-respect du droit d'association des locataires par le propriétaire peut même servir de motif à une réduction de loyer ! Une association de locataires s'est appuyée sur ce nouveau cadre légal pour faire la grève des loyers, ceux-ci étant versés en fiducie le temps des moyens de pression, afin de forcer le propriétaire à régler les problèmes d'insalubrité de l'immeuble [4] . Si les syndicats savent bien une chose, c'est que la force du nombre fait toute la différence devant un adversaire de taille.

Plusieurs appellent également à limiter la spéculation immobilière, à démarchandiser le logement et à considérer l'habitation comme un bien essentiel. Autrement dit, il faut cesser de considérer une maison ou un immeuble comme une façon de faire de l'argent ou d'accumuler de la richesse. En priorité, il apparaît fondamental de construire massivement des logements sociaux et communautaires, ce qui nécessite des investissements de la part des deux paliers de gouvernement.

À cet égard, le Front d'action populaire en réaménagement urbain (FRAPRU) propose de doubler la part de ce type de logement en 15 ans.

Le documentaire, Le dernier flip [5] relatait entre autres l'expérience de la ville de Burlington avec les fiducies foncières communautaires comme solution pour maintenir l'abordabilité en habitation. Il y aurait immobilier également lieu de serrer la vis aux plateformes comme Airbnb qui retirent des logements du marché locatif.

Ce ne sont pas les solutions qui manquent pour s'attaquer à la crise. Ce sont plutôt les embûches politiques qui risquent d'être fort nombreuses. Lorsque le Parti libéral du Canada a augmenté le taux d'inclusion du gain en capital dans son dernier budget, plusieurs propriétaires sont montés aux barricades pour dénoncer une mesure pourtant juste et équitable. En 2022, la proposition progressiste de Québec solidaire d'imposer davantage la richesse n'a pas été bien reçue par tout le monde.

La crise de l'habitation fait déjà des gagnants et beaucoup trop de perdants. Des débats de société devront avoir lieu sur les solutions à mettre de l'avant et surtout pour remettre en question les privilèges trop longtemps détenus par une minorité.

Chose certaine, toute stratégie sérieuse devra être ambitieuse et prévoir des investissements.

Dans tout ça, qui devra payer la facture ? Les ménages locataires qui font déjà les frais de cette crise ou tous les acteurs qui en ont tiré des bénéfices immenses ?


Les syndicats ont un rôle à jouer

Par l'action politique et des revendications pour de meilleures lois et des investissements massifs pour le logement social et communautaire, les syndicats jouent déjà un rôle pour régler la crise de l'habitation.

Cela dit, cet enjeu doit redevenir une priorité pour le mouvement syndical et des pressions politiques doivent s'exercer à Ottawa, à Québec ainsi que dans chaque municipalité. Bien qu'il revienne d'abord aux gouvernements de régler cette crise, les syndicats disposent de leviers d'action qu'ils peuvent mobiliser dès maintenant, particulièrement grâce à la négociation collective. Face aux difficultés de leurs membres, de plus en plus de syndicats aux États-Unis abordent la question du logement lors du renouvellement des conventions collectives.

Voici quelques exemples de ces innovations syndicales. Dans le secteur de l'éducation, certains syndicats exigent la conversion de bâtiments inutilisés pour loger leurs membres ou les familles d'élèves qui ne disposent pas d'un logement adéquat [6]. Dans d'autres cas, on demande la cession de certains terrains vacants pour y construire du logement social. De telles demandes s'inscrivent dans un courant où les négociations doivent simultanément viser l'amélioration directe des conditions de travail, mais aussi le bien-être de la communauté.

Le Culinar y Workers Union Local 226, qui représente des travailleuses et des travailleurs de casinos de la région de Las Vegas, a négocié un fonds pour le logement afin de favoriser l'accès à la propriété pour ses membres. Pour ce faire, le syndicat accorde un prêt sans intérêt pouvant atteindre jusqu'à 20 000$, ce qui donne un coup de pouce pour la mise de fonds ainsi que tous les frais afférents à l'achat d'une maison. Depuis son implantation en 2007, cette initiative a sou- tenu plus de 1 700 membres du syndicat. [7]

À Los Angeles, un syndicat de l'hôtellerie a proposé d'imposer une surtaxe de 7% sur les prix des chambres afin de construire du logement social et fournir des prêts à très faible intérêt aux membres qui ont de la difficulté à payer leur loyer [8].

En remontant plus loin dans le temps, on constate que les syndicats ont déjà été extrêmement ambitieux en matière de logement. Au Québec, la FTQ a proposé le projet Corvée Habitation afin de relancer la construction domiciliaire dans un contexte de ralentissement du secteur de la construction. Ce grand succès a pavé la voie au Fonds de solidarité FTQ, lequel collabore avec les acteurs du milieu pour favoriser la construction de logements communautaires et abordables. Aux États-Unis, des syndicats ont contribué à construire des immeubles afin de loger leurs membres et les populations les moins nanties. À New York, un syndicat de l'électricité a construit un complexe de 38 bâtiments (Electc hester) en 1949, lesquels abritent encore des membres syndiqués.

Partout dans le monde, les syndicats et les forces progressistes ont contribué à la construction de logements sociaux et communautaires afin que le profit n'entre plus dans l'équation. Face à l'ampleur des défis et au laxisme des gouvernements, peut-être est-il temps pour les syndicats de s'impliquer plus activement dans la mise en œuvre de solutions à la crise de l'habitation.


La vie chère vue par les syndicats affiliés

Anny Gilbert, conseillère au SCFP. Elle œuvre dans cinq secteurs (transport, municipal, santé, mixte, incendies) et dans plusieurs régions (Saguenay-Lac-Saint-Jean et Nord-du-Québec).

« Pendant de nombreuses années, on a obtenu du 2 % à 2,5 % par année d'augmentations salariales. Il n'y a pas eu d'enrichissement. Les membres ont donc des attentes élevées sur le plan monétaire et ils nous les manifestent. Mais pour obtenir de bonnes hausses salariales, il faut de la solidarité. Les membres l'ont bien compris et ça a donné des résultats grâce à la mobilisation des exécutifs et des membres. Ça a été positif pour la vie syndicale.

La dynamique de négociation a vraiment changé. On a des arguments qui sont justes parce que, comme tout le monde, on subit l'augmentation des prix quand on fait notre épicerie et qu'on paie notre hypothèque. Les employeurs sont conscients que des ententes sont rejetées malgré de bonnes augmentations et que c'est la réalité des milieux de travail. C'est sans compter que l'inflation est venue empirer les difficultés de rétention du personnel chez certains employeurs parce que les salaires ne sont pas attractifs. »

Marc-André Paré, représentant national au service au Bureau de Trois-Rivières pour Unifor

« Les membres sont déterminés à aller chercher des offres satisfaisantes. Je suis allé chercher plusieurs mandats de grève à 100 % ou proche de 100%. Quand l'employeur fait des offres salariales très basses, ils se disent que c'est ça qu'ils auraient eu s'ils n'étaient pas syndiqués. Ceux qui ne comprenaient pas à quoi servait un syndicat le comprennent un peu plus aujourd'hui.

Un de nos groupes est en grève depuis 16 semaines parce que les membres veulent un rattrapage salarial pour les trois grosses années d'inflation. Pendant le conflit, certains ont trouvé des jobines en attendant, mais d'autres se sont trouvé des emplois permanents. C'est un réel enjeu. »

Michel Thivierge, représentant syndical attitré à la négociation, Travailleurs et travailleuses unis de l'alimentation et du commerce, section locale 500 (TUAC-500)

« Les prix augmentent de partout : le logement, l'essence, le panier d'épicerie et le transport. Je me promène beaucoup pour mon travail et c'est rendu une réalité à la grandeur du Québec. Se trouver un logement, c'est tout un défi. Et devenir propriétaire c'est devenu impensable avec les prix de l'immobilier.

On est dans le secteur alimentaire, mais aussi dans la transformation alimentaire, le secteur bancaire et l'hôtellerie. Peu importe le secteur, les gens sont inquiets de la perte du pouvoir d'achat. Même si l'inflation a commencé à descendre, ils ne voient pas la différence. Les salaires n'ont pas toujours suivi l'inflation des années de la pandémie et il y a une volonté pour un rattrapage salarial afin de maintenir le pouvoir d'achat. »

Appel à toutes et à tous

Est-ce que votre section locale ou votre syndicat a récemment négocié des clauses en lien avec le logement ? Si oui, contactez le service de la recherche de la FTQ qui s'intéresse de près à ces questions (recherche@ftq.qc.ca).


Des inégalités de patrimoine

Non seulement les ménages locataires doivent subir les aléas du marché du logement, mais plusieurs vivent dans la pauvreté, car le paiement du loyer occupe une place disproportionnée dans leurs dépenses. Ces inégalités sont aussi présentes pour la richesse. L'Observatoire des inégalités a également compilé des données qui montrent que les familles propriétaires disposaient en 2019 d'un patrimoine 20 fois plus élevé que celles qui sont locataires [9] . L'augmentation des prix de l'immobilier des dernières années combinée à la hausse du prix des loyers viendra inévitablement accentuer ces inégalités de patrimoine entre propriétaires et locataires.


Documentaire à venir

Les rencontres que nos dirigeants ont faites cet été seront bientôt disponibles dans un documentaire à visionner sur nos réseaux. Lors de ces échanges, les personnes qui travaillent dans les milieux communautaires ont eu l'occasion d'expliquer ce qu'elles observent sur le terrain depuis quelques mois. Le constat est inquiétant ; notre filet social se fragilise dangereusement. Si vous souhaitez en savoir plus sur la vie chère et ses impacts, suivez-nous sur nos différentes plateformes.

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[1] Calculs FTQ, Statistique Canada, Indice des prix à la consommation mensuel, non désaisonnalisé, Tableau 18-10-0004-01

[2] https://abc7news. com/san-francisco- teachers-affordable- housing-sfusd-cost-of- living/14005317/

[3] https://www.sf.gov/ news/new-legislation- tenant-organizing-and- tenant-associations

[4] https://onlabor.org/ january-16-2024/

[5] https://ici.tou.tv/ le-dernier-flip- demarchandiser-l-

[6] https://drive.google.com/ file/d/1hF5qenxpGnsd DjIEKG4TJmsIji-Hcrfw/ view ; https://www. thenation.com/article/ activism/chicago- teachers-union- homelessness/

[7] https://www.instagram. com/p/C8nh1YPI6An/ ?utm_source=ig_embed &ig_rid=8e6a312d-fe68- 4f0f-a70a-facfc16a364d

[8] https://www.npr.org/ 2023/10/15/1205976886/ a-hotel-workers-3-hour-commute-tells-the-story-of-las-housing-crisis-and-her-str

La réponse canadienne aux sans-abris est de l’ordre du crime contre l’humanité

22 octobre 2024, par Cathy Crowe — ,
Prodiguer un abri devrait être déclaré : « droit humain » et pas qu'un simple abri mais abri adéquat. Un autobus ne peut être qualifié d'abri adéquat. Tiré de Rabble.ca (…)

Prodiguer un abri devrait être déclaré : « droit humain » et pas qu'un simple abri mais abri adéquat. Un autobus ne peut être qualifié d'abri adéquat.

Tiré de Rabble.ca
Cathy Crowe, 8 octobre 2024
Traduction, Alexandra Cyr

Le mois dernier, j'ai écrit sur les dangers et le jargon autour de l'itinérance dans notre langage. J'ai une nouvelle façon de voir.

Il y a 26 ans, le 8 octobre, des avocats.es déclaraient l'itinérance « désastre national ». La suite est de l'histoire, une mauvaise histoire. Les mauvais.es joueurs.euses des trois niveaux de gouvernement ont permis que l'itinérance empire de manière draconienne durant ces 26 ans. Il en résulte un désastre humanitaire dû à une négligence intentionnelle qui a causé de sévères maladies, des blessures et fait des centaines de morts prématurées. Cela s'appelle un meurtre social.

Les plus récents exemples de la négligence intentionnelle du gouvernement sont évidents dans les villes les plus importantes et les plus riches du pays.

Peut-on croire que Toronto ne peut trouver mieux comme abri que les autobus de la Toronto Transit Commission (TTC) ? Je crois que oui. Les élus.es de la ville pourraient ouvrir de véritables abris mais ne le font pas. Pourquoi ? Je pense que la mairesse, Mme Olivia Chow, attend l'argent du provincial.

Toronto a établi les plus bas standards en abris d'urgence de tout le pays. Je ne suis pas une avocate mais je pense que les décisions des hauts fonctionnaires de la ville et encore plus significativement celles de la mairesse et du conseil municipal devraient être considérées comme des crimes contre l'humanité. Ne rien faire est un refus de protéger la santé et la vie (des itinérants.es).

La solution de se servir des autobus comme abris n'arrive pas du tout au niveau des standards des Nations Unies dans ce domaine. Nulle part dans le monde on la considérerait comme une forme acceptable d'abri.

Un véritable abri doit comporter minimalement un lit, au moins un lit de camp, des provisions de bouche dont au moins un repas chaud par jour, des toilettes, des douches, un personnel qualifié et surtout (une obligation de) ne pas réveiller les gens pour qu'ils et elles quittent le refuge à cinq heures du matin. On peut se demander pour aller où ? On peut penser que pour éviter des abris dangereux, ont ait établi des standards d'hébergement. Ils sont là pour garantir le respect, la dignité des personnes tout en leur offrant la protection, les soins et l'attention.

Dans un autobus c'est impossible d'offrir cela aux personnes les plus vulnérable de la ville.

Les autobus chauffés, comme la ville les désigne, font maintenant partie de notre vocabulaire. Mais ce ne sont pas que des mots nous les intégrons comme des solutions à l'itinérance et c'est un problème dangereux.

Malgré des décennies de preuves que les refuges de la ville sont chroniquement à capacité, ses bureaucrates proposent de se servir des autobus pour retirer les itinérants.es des couloirs du métro et de les transporter vers des refuges. Si, et c'est un énorme « si » selon un fonctionnaire, les refuges sont pleins, les personnes sans-abris pourront passer la nuit dans les autobus. Ce programme a été baptisé « Transit Bus Initiative ».

Pour être honnête envers la TTC et la ville, les services en santé mentale, le soutien multidisciplinaire ont été introduit comme réponse aux problèmes plus larges de sécurité dans les transports en commun. Cela va de vérifications du bien-être, au support infirmier pour arriver à former le personnel des transports en commun sur les interventions de désescalade pour y assurer la sécurité.

Après la saison hiver-printemps 2023-24, d'utilisations des autobus chauffés comme refuge, la plupart des avocats.es, le public et les médias ont été sans nouvelles sur les résultats du programme ou sur les plans de la ville en vue des hébergements pour le futur.

Lors de sa réunion de juillet dernier, le TTC a tenu un discours sans grande cohérence à propos du TTC's Partnership Approach to Community Safety, Security and Well-being on Public Transit. Il traitait du temps de réponse de la police, de la vétusté du système PA, des coûts du programme des autobus chauffés, et comment minimiser la dépendance de la ville sur les refuges dans les transports pour la saison froide à venir.

Le personnel du TTC a rapporté qu'il avait coûté 1,200 millions de dollars entre autre pour la modification des véhicules, pour les contrats en sécurité, pour des toilettes amovibles et pour le chauffage. 5,900 prestations d'aide ont été effectuées et pas qu'à des individus, seulement 296 personnes ont été transportées avec succès vers des refuges ou des centres chauffés. Il y avait rarement de la place. Au point de départ on prévoyait deux autobus pour passer à six puis à 8 avec un achalandage de 62 personnes demeurant dans les autobus au plus fort de la demande. Comme le déclarait la conseillère municipale également membre du conseil d'administration du TTC, Dianne Saxe : « c'était surement une très piètre qualité d'hébergement ».

Ce qui est préoccupant, c'est que nous n'avons rien su des impacts humains, à propos du genre, de l'âge, de la race, de l'accessibilité ou sur les soins de santé nécessaires et sur où les gens ont été dirigés ailleurs à cinq heures du matin. Ces renseignements n'ont pas été recueillis. Et le silence des partenaires qui dispensent les services dans les autobus chauffés est encore plus inquiétant. Pour ce que j'en sais, personne n'a exprimé de préoccupations sur le caractère inadéquat du programme, sur les besoins de refuges à caractère humain. Aucune de ces agences n'a été présente à la réunion du TTC en juillet.
Le conseiller municipal, Paul Ainslie, qui est aussi membre du conseil d'administration du TTC et qui détient une réputation enviable de suivi des informations pour tenir la ville responsable avec des données a exprimé sa frustration, avait fait adopter six mois plus tôt, une résolution au Conseil municipal qui exige que les données liées à l'utilisation des autobus (comme refuge), soient incorporées à celles des refuges de la ville. Mais rien n'a été fait. (P. Ainslie est responsable de la collecte des données sur les décès de sans-abris à Toronto).

Comme c'est souvent le cas, les décisions des instances civiles sont transformées ou reportées. Dans le cas présent, il s'agissait de revoir les comptes rendus depuis octobre précédent en rapport avec « des options pour minimiser la dépendance (de la ville) envers le système de transport en commun du TTC pour offrir des refuges durant l'hiver 2024-25 ». J'aurais préféré qu'on écrive : « Communiquer au Toronto Shelter and Support Services que le TTC n'est pas un dispensateur de service adéquat et qu'il est incapable de donner les services requis à l'avenir ».

En septembre, j'ai reçu un rapport de Transit Bus Initiative Usage, qui montre que 100 refuges avec des lits pourrait être disponibles immédiatement. Mais nous le savions déjà. Alors que les autobus recevaient des gens tous les soirs, j'ai colligé quelques données pour démontrer les besoins`

25 décembre : 14 personnes sont restées dans l'autobus. Je me demande si elles ont reçu leur part de souper à la dinde.

14 février : 64 personnes sont restées dans les autobus.

18 février : 90 y sont restées.

21 mars : 82 personne y sont également restées.
Cela donne une idée de l'achalandage. Évidemment le logement est la solution à long terme. Mais pour le moment, on peut fournir de véritables refuges et Toronto devrait prendre la tête des droits humains au refuge.

Pour la mairesse Olivia Chow et son équipe, les possibilités de créer des refuges sont presque infinies : utiliser les ressources municipales comme les centres communautaires ou les écoles non occupées, exproprier des propriétés pour les transformer en refuges, se servir d'un quatrième Sprung dome qui est déjà utilisé depuis quatre ans dans la ville comme lieu de relaxation, allouer un site pour un projet pilote de « Two-Step Homes » avec ses cabines communautaires, demander au gouvernement fédéral l'autorisation de se servir d'un de ses sites, sortir le personnel municipal des édifices municipaux pour convertir les salles de réunion en abris, louer ou exproprier les espaces de condominium vides pour y installer des refuges, en faire autant dans les salles de la Légion ou les édifices du Centre de l'exposition nationale canadienne.

Cessons de ne faire des plans que pour des refuges pour l'hiver à venir. Soyons créatifs.ives et déclarons que l'abris adéquat est un droit humain.

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Au-delà de la fin des fossiles, quel type de « sobriété » la résoudra ?

22 octobre 2024, par Marc Bonhomme — ,
Un article de la revue savante de l'American Institute of Biosciences s'introduit par le cri d'alarme : « Nous sommes au bord d'une catastrophe climatique irréversible. Il (…)

Un article de la revue savante de l'American Institute of Biosciences s'introduit par le cri d'alarme : « Nous sommes au bord d'une catastrophe climatique irréversible. Il s'agit sans aucun doute d'une urgence mondiale. Une grande partie du tissu même de la vie sur Terre est en péril. Nous entrons dans une nouvelle phase critique et imprévisible de la crise climatique. […] Nous avons maintenant amené la planète à des conditions climatiques jamais observées par nous ou par nos parents préhistoriques du genre Homo. »

On répertorie dans cette étude une quarantaine de graphiques dont la grande majorité montre une croissance confinant au dérapage vers la terre-étuve. Comme le PIB mondial, la consommation de viande ne cesse de croître pendant que la perte de couverture forestière se maintient à un niveau élevé après avoir doublé en 20 ans et que les subventions aux énergies fossiles ont grimpé en flèche depuis 2020. Le résultat attendu en sont des émissions de gaz carbonique, de méthane et d'oxyde nitreux sans cesse croissants mais en plus à un taux croissant (graphiquement les courbes non seulement vont vers le haut mais aussi se courbent vers la gauche) ce qui se conclue en une courbe semblable à ce qui a trait à la hausse de la température de la surface terrestre même si la rigueur statistique ne permet pas de conclure selon une étude en ce sens. De commenter Carbon
Brief
:

Toutefois, certains scientifiques ont remis en question les méthodes utilisées dans l'étude. Richard Allan, professeur de sciences du climat à l'université de Reading, a déclaré que les données relatives au réchauffement de la surface utilisées dans cette étude sont « influencées par la variation naturelle ». Selon lui, « lorsque toutes les sources de données sont examinées de près » - telles que les données satellitaires et les mesures océaniques – « il est évident que le changement climatique s'accélère au lieu de se poursuivre de manière régulière ». Zeke Hausfather, collaborateur de Carbon Brief pour les sciences du climat, a publié au début de l'année une vérification des faits sur l'accélération du réchauffement climatique. Après avoir évalué les observations et les résultats des modèles climatiques, il a conclu qu' « il y a de plus en plus de preuves d'une accélération du rythme du réchauffement au cours des 15 dernières années ».

Là est la catastrophe climatique ce qui fait qu'« [e]n 2023, plusieurs records historiques de température et d'étendue de glace ont été battus par des marges énormes. Les températures de surface de la mer à l'échelle mondiale et dans l'Atlantique Nord ont été bien supérieures à leurs moyennes pour la période 1991-2024 pendant la majeure partie de l'année, une tendance qui s'est poursuivie jusqu'en 2024. » À ces records il faut ajouter une augmentation ininterrompue de la température, de l'acidité et du niveau des océans et une diminution tout aussi constante de la masse des glaciers pendant que sur la terre ferme les incendies de forêts et les inondations faisaient de même.

L'abrupte fin (temporaire ?) de l'absorption de la moitié des émissions de carbone

Les conséquences immédiates sur l'accélération du réchauffement planétaire risquent d'être drastiques. Normalement, « les océans, les forêts, les sols et les autres puits de carbone naturels de la planète absorbent environ la moitié [Je souligne, NDLR] de toutes les émissions humaines. » Mais…

En 2023, année la plus chaude jamais enregistrée, les résultats préliminaires d'une équipe internationale de chercheurs montrent que la quantité de carbone absorbée par les terres s'est temporairement effondrée. Au final, les forêts, les plantes et les sols n'ont pratiquement pas absorbé de carbone. Des signes d'alerte se manifestent également en mer. Les glaciers du Groenland et les calottes glaciaires de l'Arctique fondent plus vite que prévu, ce qui perturbe le courant océanique Gulf Stream et ralentit la vitesse à laquelle les océans absorbent le carbone. Quant au zooplancton mangeur d'algues, la fonte de la glace de mer l'expose davantage à la lumière du soleil, ce qui, selon les scientifiques, pourrait le maintenir plus longtemps dans les profondeurs, perturbant ainsi la migration verticale qui permet de stocker le carbone au fond des océans. […]

Seule une grande forêt tropicale humide - le bassin du Congo - reste un puits de carbone important qui absorbe plus de carbone qu'il n'en rejette dans l'atmosphère. Exacerbé par le phénomène climatique El Niño, la déforestation et le réchauffement climatique, le bassin de l'Amazone connaît une sécheresse record, avec des cours d'eau à un niveau historiquement bas. L'expansion de l'agriculture a transformé les forêts tropicales humides de l'Asie du Sud-Est en une source nette d'émissions ces dernières années. Les émissions provenant des sols - qui constituent le deuxième réservoir actif de carbone après les océans - devraient augmenter de 40 % d'ici la fin du siècle si elles se poursuivent au rythme actuel, car les sols deviennent plus secs et les microbes les décomposent plus rapidement. […] Les forêts boréales, qui abritent environ un tiers du carbone terrestre et s'étendent sur la Russie, la Scandinavie, le Canada et l'Alaska, ont vu la quantité de carbone qu'elles absorbent chuter de plus d'un tiers en raison des épidémies de coléoptères liées à la crise climatique, des incendies et du défrichement pour l'exploitation du bois.

Tout comme la croissance vertigineuse des feux de forêts n'est pas prise en compte dans les statistiques nationales d'émanations de GES qui régissent les plans nationaux des COPs climatiques, les modèles théoriques de réchauffement futur les minimisent tout en maximisant la capacité de la nature de les absorber :

Bon nombre des derniers modèles de systèmes terrestres utilisés par les scientifiques intègrent certains des effets du réchauffement climatique sur la nature, en tenant compte d'impacts tels que le dépérissement de l'Amazonie ou le ralentissement des courants océaniques. Mais les événements qui sont devenus des sources majeures d'émissions ces dernières années n'ont pas été intégrés, affirment les scientifiques. « Aucun de ces modèles n'a pris en compte des pertes telles que des facteurs extrêmes qui ont été observés, comme les incendies de forêt au Canada l'année dernière, qui ont représenté six mois d'émissions fossiles aux États-Unis. Deux ans auparavant, nous avions écrit un article qui montrait que la Sibérie avait perdu la même quantité de carbone », explique M. Ciais [chercheur au Laboratoire français des sciences du climat et de l'environnement, auteur de l'article le plus récent]. « Un autre processus absent des modèles climatiques est le fait que les arbres meurent de la sécheresse. Ce phénomène est observé et aucun des modèles n'intègre la mortalité due à la sécheresse dans leur représentation du puits terrestre », ajoute-t-il. « Le fait que ces facteurs soient absents des modèles les rend probablement trop optimistes ».

La COP16 sur la biodiversité de Cali, après celle de Montréal, s'annonce un échec

Il ne faut pas non plus croire que les gouvernements du monde se précipitent pour corriger cette gigantesque faille ce pour quoi la COP16 sur la biodiversité leur fournirait l'occasion :

Selon une nouvelle analyse, plus de 80 % des pays n'ont pas présenté de plans pour respecter un accord des Nations unies visant à mettre un terme à la destruction des écosystèmes de la planète. Il y a près de deux ans, le monde a conclu à Montréal, au Canada, un accord unique en son genre qui prévoyait notamment de protéger 30% des terres et des mers pour la nature, de réformer des milliards de dollars de subventions néfastes pour l'environnement et de réduire l'utilisation des pesticides. Les pays se sont engagés à présenter leurs plans pour respecter l'accord avant la Cop16 sur la biodiversité qui débute ce mois-ci à Cali, en Colombie, mais seuls 25 pays l'ont fait. Les 170 autres pays n'ont pas respecté le délai.

Faut-il s'étonner que les populations d'animaux sauvages aient décliné de 73 % en moyenne en 50 ans « selon le rapport de référence du Fonds mondial pour la nature (WWF) publié jeudi, à quelques jours de la COP16 Biodiversité en Colombie. » Faut-il se surprendre que l'ONG Climate Action Tracker, réputée pour le sérieux de ses analyses eu égard à la réalisation des plans nationaux des COPs climatiques, considère qu'il n'y a pas un seul pays ayant un plan national compatible avec l'accord de la COP de Paris pour ne pas dépasser 1.5°C. Elle calcule que seulement six pays font des efforts presque suffisants pour y arriver dont quatre pays africains ayant au départ un bilan GES au bas de l'échelle et la Norvège qui finance son électrification d'avant-garde par de massives exportations de pétrole que les bilans nationaux ne prennent pas en compte. Tous les autres pays dotés de plans nationaux font des efforts insuffisants ou pire encore.

La demande d'électricité croît plus vite que les renouvelables : les GAFAM y voient

Pourtant une certaine brume médiatique prédit que « [n]ous sommes en bonne voie pour voir toutes les énergies fossiles atteindre leur pic avant 2030 ». Peut-être mais la réalité soulignée par cette même Agence internationale de l'énergie (AIÉ) est plutôt que « [l]a demande mondiale d'électricité devrait augmenter fortement cette année [2024] et l'année prochaine, reflétant le rôle croissant de l'électricité dans les systèmes énergétiques du monde entier ». L'énergie dite renouvelable n'y suffira pas car « [m]algré la forte augmentation des énergies renouvelables, la production mondiale d'électricité à partir de charbon ne devrait pas diminuer cette année en raison de la forte croissance de la demande, en particulier en Chine et en Inde. »

La cause n'en est pas le branchement des ménages pauvres des pays dépendants comme le souligne la Banque mondiale car « [l]'accès à l'énergie régresse pour la première fois en dix ans » :

Le nouveau rapport vient confirmer que le nombre de personnes n'ayant pas accès à l'électricité a augmenté pour la première fois en plus d'une décennie, pour atteindre 685 millions d'habitants en 2022 (soit 10 millions de plus qu'en 2021). […] Par ailleurs, le nombre de personnes qui n'ont toujours pas accès à des combustibles et techniques de cuisson propres a globalement stagné, pour s'établir à 2,1 milliards d'habitants en 2022. Le recours à des moyens de cuisson rudimentaires a des répercussions de grande ampleur sur la santé, les conditions de vie des femmes et l'environnement…

D'où vient alors ce surgissement de la demande ? Selon l'AIÉ, « [l]a demande mondiale d'électricité augmente à son rythme le plus rapide depuis des années, sous l'effet d'une croissance économique soutenue, de vagues de chaleur intenses et de l'adoption croissante de technologies fonctionnant à l'électricité, telles que les véhicules électriques et les pompes à chaleur. » On constate que le chien court après sa queue. En particulier, toujours « [s]elon l'Agence internationale de l'énergie (AIE), en combinant l'IA [Intelligence artificielle] et le secteur des cryptomonnaies, les centres de données ont consommé près de 460 TWh d'électricité en 2022, soit 2 % de la production mondiale totale. » Et l'avenir ne s'annonce pas radieux car « [l]es émissions des centres de données sont probablement 662 % plus élevées que ce que prétendent les grandes entreprises technologiques » suite à leur « comptabilité créative ». La pression de cette dernière demande sera à ce point forte que les Google, Microsoft et Amazon mobilisent d'entières centrales nucléaires, dont celle de Three Mile Island qui sera réouverte pour l'occasion, et commandent toute une série de mini-réacteurs nucléaires, une technologie non encore éprouvée.

Il n'y a pas que les GAFAM et le gouvernement des ÉU (et de la France et du Japon et de la Russie et de la Chine…) qui misent sur la fausse solution de l'énergie nucléaire. L'Ontario suit la même logique : « Pour répondre à l'augmentation annuelle de la demande d'électricité de la province, qui pourrait atteindre 1,7 %, il est prévu d'ajouter des turbines fonctionnant au gaz naturel, de remettre en état d'anciens réacteurs nucléaires et de développer de petits réacteurs modulaires (SMR). » Le Québec a beau avoir laisser tomber l'énergie nucléaire, quoique la CAQ a mis un bémol sur cette décision, il est dans la même ligue : « Dans son sixième avis, déposé le 3 juillet [2024], le Comité consultatif sur les changements climatiques [CCC] demeure formel. À l'échelle internationale, l'action climatique reste largement insuffisante et, sans accélération des efforts, nous ne pourrons plus limiter le réchauffement à 1,5 °C, voire à 2,0 °C. ‘‘La situation du Québec ne fait pas exception : l'évolution des émissions de GES sur le territoire québécois ne s'inscrit pas dans une trajectoire sobre en carbone et en énergie'' ». L'insatisfaction de ce comité, pourtant mis sur pied par la CAQ en 2021, est à ce point que trois de ses éminents membres ont démissionné durant la dernière année.

Faut-il un mouvement « gilets jaunes » pour obtenir la « sobriété » de la CAQ ?

Suffit-il cependant de se référer à la « sobriété » pour blâmer la CAQ comme le fait le CCC ? Après tout le ministre de l'Environnement du Québec s'y réfère lui aussi. Il ne faut pas se surprendre de cette récupération car la sobriété est un concept moral — à part quelques huluberlus qui oserait la dénoncer ? — tout à fait apolitique. Ce n'est du tout le cas de la « décroissance matérielle » intrinsèquement anticapitaliste de par l'opération croissanciste de la loi de la compétition entre les capitaux. Pour viser cette sobriété nébuleuse « [l]e Comité pointe notamment en direction du système de plafonnement et d'échange de droits d'émission de GES (SPEDE) — ou Bourse du carbone — et des diverses mesures d'écofiscalité, qui n'ont pas donné un signal de prix suffisant pour induire la réduction nécessaire des émissions de GES ». Le CCC propose « de majorer la tarification carbone et d'accentuer le recours à l'écofiscalité. ‘‘Jusqu'à présent, le gouvernement a surtout privilégié l'aide financière, mais le Comité insiste sur les limites de cette approche et recommande des mesures plus contraignantes pour accélérer la transition.'' »

Voilà une excellente stratégie pour provoquer un mouvement de type Gilets jaunes. Manque au CCC une vision de classe. Une chose est de pénaliser les grandes et moyennes entreprises — encore là il faut mettre en échec la fuite des capitaux permis par les accords de libre-échange — et la consommation luxueuse des riches. Une autre est par le SPEDE ou par une taxe carbone de frapper M. et Mme Tout le monde. Par exemple, une telle taxe ou un péage anti-automobile, en l'absence d'un système de transport en commun fréquent, confortable, partout et gratuit prend en souricière les personnes usagères à qui on impose le dilemme de la fin du mois versus la fin du monde. Idem pour le ménage qui n'a pas les moyens de contrer la rente foncière des logements centraux, et peu propice aux familles, et qui doit de ce fait, faute de logements sociaux écoénergétiques pour tout le monde, s'exiler dans une maison unifamiliale ou en rangée de la banlieue.

Ni bioéconomie ni extractivisme tout-électrique mais décroissance matérielle

Se pourrait-il que la bioéconomie, qui bannit les énergies fossiles mais sans remettre en cause la croissance, puisse régler le problème ? C'est cette solution, complément du tout-électrique des énergies renouvelables ou même à la limite son substitut par la biomasse énergétique, que suggérait l'émission agricole de RadioCanada, La semaine verte, du 12 octobre dernier, intitulée Bioéconomie : Mirage ou solution. Dans l'émission, l'éminent écologiste radical canadien-anglais David Suzuki jouait le rôle d'avocat du diable face à tous les experts qui prêchaient la bioéconomie. Sa réfutation de cette solution effleurait une critique anticapitaliste :

Il faut abandonner les combustibles fossiles au plus vite.

La croissance est devenue le moteur de notre économie mais on ne peut pas croître indéfiniment. On doit amorcer une décroissance économique. Si l'objectif de la bioéconomie est de consommer plus de ressources issues de la nature rien ne va changer.

Avec la bioéconomie, si le bois devient la ressource principale, on crée le même problème. On libère du carbone. On va vouloir accélérer la croissance des arbres [sans oublier leur déperdition par la maladie et les feux provoqués par le réchauffement, NDLR]. On ne peut pas imposer le rythme humain à la nature.

…notre système économique est construit autour du principe que l'homme est au sommet… On a aucune considération pour les lois de la nature. Il est trop tard pour penser qu'on pourrait accélérer la croissance des arbres et des algues. Il faut absolument réduire notre consommation.

L'espoir est devenu une espèce d'opium. La réalité est qu'on a eu des avertissements à répétition.

Les gens disent qu'on a tué la planète. Pas du tout. La nature va se perpétuer. Elle s'en est très bien tirée sans nous et poursuivra son œuvre bien après nous.

On pourrait plaider que la production circulaire, au cœur de cette émission, règle tout en recyclant tout. Comme alternative, cette production ne répond ni au besoin supplémentaire de ressources exigé par la croissance ni à l'exigence de rentabilité — les matières vierges sont souvent meilleur marché — ni à la voracité énergétique et polluante du recyclage. Par contre, dans le cadre d'une stratégie de décroissance matérielle, la circularité devient un moyen indispensable, après avoir assuré les principes de la réduction et de la réutilisation ou réparation, afin de recycler non pas seulement la consommation matérielle courante nécessaire pour pourvoir les services publics mais aussi l'amas de déchets abandonnés par la société de consommation de masse.

Font défaut aux propos pertinents de David Suzuki — on ne pouvait pas tout dire en quelques commentaires — l'explication de la rupture métabolique entre le capitalisme nécessairement croissanciste et l'opération des lois de la nature. De l'autre côté du miroir manque surtout l'alternative d'une société écosocialiste de décroissance matérielle qui permet plus de bien-être avec moins de consommation, et par le fait même d'accumulation de capital. Cette apparente contradiction se résout par la croissance, si l'on peut dire, du temps libre libérateur et de la solidarité « désanxiogène » et non pas par quelque miracle technologique qui ne ferait que déplacer le problème.

Le capitalisme, conscient du danger que pose cette solution évidente et bon marché, y oppose la fausse alternative de la réduction de la consommation populaire de masse, en y ajoutant l'austérité des services publics, mais de la continuelle accumulation sur la base de la géo-ingénierie, dont la capture et la séquestration du gaz carbonique, et de l'extractivisme tout-électrique. Sans compter la multiplication des guerres qui non seulement avalent de gargantuesques ressources et causent d'indicibles souffrances mais aussi par leur paroxysme anxiogène détournent l'attention de l'humanité de la course folle vers la terre-étuve.

Marc Bonhomme, 20 octobre 2024
www.marcbonhomme.com ; bonmarc@videotron.ca

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L’élection américaine échappe à tout pronostic

22 octobre 2024, par Dan La Botz — ,
À un peu plus de deux semaines de l'élection présidentielle américaine du 5 novembre, qui opposera la vice-présidente Kamala Harris à l'ancien président Donald Trump, la (…)

À un peu plus de deux semaines de l'élection présidentielle américaine du 5 novembre, qui opposera la vice-présidente Kamala Harris à l'ancien président Donald Trump, la compétition reste trop serrée pour être tranchée. Diverses questions, allant des théories du complot aux tentatives d'assassinat, compliquent la campagne et, parfois, embrouillent et induisent en erreur à la fois les électeurEs et les enquêteurEs.

Hebdo L'Anticapitaliste - 725 (17/10/2024)

Par Dan La Botz

Crédit Photo
Gage Skidmore - CC BY-SA 2.0

En septembre et octobre, le Sud-Est a été frappé par les ouragans Helene et Milton, dont les vents violents et les pluies torrentielles ont causé d'énormes destructions de maisons et d'entreprises, d'autoroutes et de ponts, et fait un certain nombre de victimes. On aurait pu espérer que la société s'unisse face à un tel désastre. Mais non.

Les ouragans, au cœur du déni politique… et des théories complotistes

Des conspirationnistes de droite, dont la députée Marjorie Taylor Green, ont affirmé que le gouvernement américain, c'est-à-dire Biden et Harris, contrôlait la météo et utilisait la tempête pour attaquer ces États majoritairement républicains, perturber le vote et voler l'élection à Trump. D'autres ont affirmé que le gouvernement, après avoir fabriqué ou dirigé les ouragans, prévoyait de s'emparer des terres pour y extraire du lithium. Ces théories sont devenues virales sur les médias sociaux et ont donné lieu à des menaces, y compris de mort, à l'encontre des secouristes fédéraux et des météorologues qui annoncent le temps qu'il fera et en rendent compte. Alors que certainEs sont en deuil, que d'autres sont blesséEs, que beaucoup n'ont plus de maison ou n'ont plus d'électricité, Mme Harris estime apparemment que ce n'est pas le moment de parler du changement climatique.

Trump lui-même a affirmé que Biden et Harris avaient ignoré les États frappés par les ouragans – déniés par leurs gouverneurs républicains – et que le gouvernement fédéral ne donnait que 750 dollars aux victimes des catastrophes, ce qui est faux. Il s'agissait simplement d'un paiement d'aide d'urgence.

Trump, menacé, récolte moins d'argent que Harris

Il y a ensuite la question de la sécurité. Au cours des quatre derniers mois, des Américains ont tenté à deux reprises d'assassiner M. Trump, et les services de renseignement américains ont pu vérifier que l'Iran avait l'intention d'assassiner M. Trump. Il est donc compréhensible que M. Trump ait des préoccupations en matière de sécurité et qu'il ait exigé davantage de protection, notamment de la part de l'armée américaine, et qu'il ait même demandé un avion militaire. Des demandes qui sortent de l'ordinaire pour la protection d'un candidat. Dans le même temps, Trump a suggéré, et nombre de ses partisans ont accepté l'idée, que les démocrates étaient à l'origine des tentatives d'assassinat.

Des rapports indiquent que Trump est en colère parce que ses donateurs n'ont pas versé plus d'argent. Harris, quant à elle, est inondée d'argent. Elle a collecté plus d'un milliard de dollars et semble disposer de plus de 100 millions de dollars de plus que Trump. L'argent sert à financer la publicité à la télévision, à la radio et sur les réseaux sociaux, le personnel et les opérations sur le terrain, c'est-à-dire le démarchage à domicile.

Érosion du soutien des électeurEs noirEs, hispaniques et arabo-américainEs à Harris

Mme Harris s'inquiète toutefois de la conquête des électeurs noirs et hispaniques. Au cours des trois dernières élections, les démocrates ont perdu des électeurEs noirEs et hispaniques au profit du Parti républicain et en particulier de Donald Trump. Un sondage du New York Times révèle que Mme Harris a perdu du terrain parmi les électeurEs noirEs, en particulier les jeunes électeurEs, ceux qui n'ont pas de diplôme universitaire et les hommes noirs. Aujourd'hui, 15 % des électeurEs noirEs soutiennent Trump. Mme Harris a également perdu du terrain auprès des électeurEs hispaniques, dont 37 % soutiennent aujourd'hui Trump. La majorité des électeurEs noirEs et hispaniques soutiennent toujours Harris, de même que toutes les organisations noires et hispaniques importantes ; néanmoins, Harris a subi une sérieuse érosion de son soutien.

Il y a aussi le problème des électeurEs arabo-américainEs qui se sont éloignéEs de Mme Harris en raison de son soutien à Israël et à sa guerre génocidaire contre Gaza. Un sondage réalisé il y a un mois auprès des 206 000 électeurEs musulmanEs et arabes du Michigan a révélé que 40 % d'entre eux préféraient la candidate du parti vert Jill Stein, 18 % préféraient Trump et seulement 12 % préféraient Harris. Les Verts sont un parti de gauche, mais les votes en faveur de Jill Stein pourraient entraîner l'élection de Trump.

Beaucoup d'entre nous, à gauche, ont du mal à soutenir l'un ou l'autre candidat, mais beaucoup d'entre nous voteront pour Harris afin d'arrêter Trump.

Dan La Botz, traduction par la rédaction

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COP16 biodiversité : en Colombie, les Amérindiens veulent mettre les projecteurs sur l’Amazonie

22 octobre 2024, par Emilien Perez — ,
La Colombie entend donner à la COP16 sur la biodiversité, qui débute ce lundi 21 octobre à Cali, l'étoffe d'une “COP du peuple”, en plaçant les populations autochtones au (…)

La Colombie entend donner à la COP16 sur la biodiversité, qui débute ce lundi 21 octobre à Cali, l'étoffe d'une “COP du peuple”, en plaçant les populations autochtones au centre des débats. Ces dernières veulent profiter de l'occasion pour faire de la préservation de l'Amazonie une priorité.

21 octobre 2024 | tiré de Courrier international | Photo : Un indigène brésilien photographié le 20 octobre 2024 au Pacific Event Center, le site de la COP16, près de Cali, en Colombie. PHOTO JOAQUIN SARMIENTO/AFP
https://www.courrierinternational.com/article/environnement-cop16-biodiversite-en-colombie-les-amerindiens-veulent-mettre-les-projecteurs-sur-l-amazonie_223595

Généralement, les Conférences des parties (COP) sur la biodiversité sont des sommets de l'ONU où les grandes décisions se prennent entre États, à porte fermée, pratiquement sans prise en compte de la société civile. Mais, cette année, les peuples autochtones espèrent peser de tout leur poids sur la COP16, qui se tient du 21 octobre au 1er novembre à Cali, en Colombie. Et c'est aussi la couleur que le gouvernement colombien veut donner à l'événement, à en juger par le surnom que lui a donné le président, Gustavo Petro : “COP du peuple”.

L'un des enjeux majeurs de cet événement est l'Amazonie, la forêt primaire aux 7 millions de kilomètres carrés que partage ce pays avec 8 autres nations. Pourtant, le président ne lui a pas consacré un mot lors de son discours d'inauguration, le dimanche 20 octobre, au terme d'une émouvante cérémonie au cours de laquelle Amérindiens et afrodescendants ont rappelé les liens étroits qui les unissent à la nature.

Le chef de l'État a chargé, pêle-mêle, les ultra-riches qui rêvent d'aller sur Mars, l'économie de marché et l'intelligence artificielle, en assurant “qu'il est illusoire de nier que l'extinction de la biodiversité et de la vie a déjà débuté”, et qu'il faudra “une révolution” pour en finir avec l'ère néolibérale, relate le journal El Espectador.

Reconnaissance du rôle clé des Amérindiens

Mais les peuples autochtones ne désespèrent pas de faire entendre leur demande de financement, en lien avec le rôle fondamental qu'ils jouent dans la conservation de la biodiversité, ainsi qu'une plus grande protection face aux menaces extérieures “et, surtout, la reconnaissance de leurs droits sur les terres qu'ils habitent depuis des générations”, assure l'agence Inter Press Service.

Car en Colombie les zones où la biodiversité est le mieux conservée sont généralement habitées par des peuples amérindiens. C'est d'ailleurs la raison pour laquelle Petro leur a concédé, quelques jours avant la COP16, le statut d'autorité environnementale, rapporte El Colombiano
.
La guerre avec les Forces armées révolutionnaires de Colombie (Farc) en toile de fond

Au départ, Cali était loin d'être la ville favorite pour accueillir ce sommet auquel assistent 14 chefs d'État, plus de 100 ministres de l'Environnement et 18 000 autres personnes. Mais le tremblement de terre survenu en 2023 en Turquie, pays qui devait présider l'événement, a rebattu les cartes. Et le gouvernement de Petro semblait alors cocher toutes les cases pour que la Colombie devienne le nouvel hôte de cet événement né en 1992 à Rio, en même temps que les COP annuelles sur le climat, et celles sur la désertification (bisannuelles).

Le slogan officiel choisi par la Colombie, “Faire la paix avec la nature”, peut toutefois sembler ironique, dans la mesure où la guerre a repris pratiquement dans toute la Colombie, faisant exploser le déboisement dans les zones que dominent des dissidents ayant refusé de se soumettre à l'accord de paix signé en 2016 avec les Farc. Ce qui explique la présence de milliers de policiers et de militaires censés garantir la sécurité lors de l'événement.

Dans ce contexte, l'autre grand enjeu de la COP au niveau régional sera de “parvenir à définir une feuille de route commune à tous les pays de l'Amazonie afin de définir un plan pour traiter les problèmes majeurs en matière de déforestation, d'exploitation minière illégale, d'abattage illégal et d'expansion de la frontière agricole”,explique à La Silla Vacía Andrés Santiago Arroyave, spécialiste de l'environnement de l'Université nationale de Colombie. Mais aussi d'allouer des ressources au reboisement des milliers d'hectares qui perdent leur flore chaque année.

Instaurer des zones protégées sur 30 % de la planète

Le journal El Heraldo détaille les objectifs de la COP au plan international :

“L'accent sera mis sur la mise en place de l'accord de Kunming-Montréal, adopté lors du dernier sommet, au Canada, dont l'objectif principal est de protéger 30 % de la planète (zones terrestres, marines et d'eau douce), en les convertissant en zones protégées d'ici à la fin de la décennie, et de restaurer 30 % des écosystèmes dégradés.”

La situation actuelle ne pousse cependant pas à l'optimisme. Sur les 195 pays ayant signé cet accord, seuls 25 ont publié leurs “stratégie et plan d'action nationaux pour la biodiversité”.

Lire aussi : Biodiversité. COP16 : la grande majorité des pays n'ont pas transmis leur feuille de route

Et d'après une enquête du Paulson Institute menée en 2021, entre 120 000 et 140 000 millions de dollars sont investis chaque année dans la conservation de la biodiversité, alors qu'il faudrait 700 000 millions de plus chaque année pour inverser son déclin d'ici à 2030.

Ce sera donc à la Colombie, l'un des pays qui abritent la plus grande biodiversité au kilomètre carré – avec 311 écosystèmes continentaux et marins –, de trouver la clé pour mettre en place “un programme politique fondé sur le rassemblement de pays extrêmement divers afin de donner autant d'importance à la biodiversité qu'à l'urgence climatique globale”, conclut le journal El Espectador.

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12 juges pour trouver les fantômes de Sortons les radios-poubelles qui hantent RNC Media

22 octobre 2024, par Coalition Sortons les radio-poubelles de Québec — , ,
Ça fait donc 3 ans que RNC persécute judiciairement 5 personnes, 4 hommes et une femme, qu'elle croit liées à la Coalition. De Coalition Sortons les radio-poubelles de (…)

Ça fait donc 3 ans que RNC persécute judiciairement 5 personnes, 4 hommes et une femme, qu'elle croit liées à la Coalition.

De Coalition Sortons les radio-poubelles de Québec , le 2024-10-16

Paradis, Émond, Michaud, Dallaire, Samson, Geoffroy, Bouchard, Gagnon, Hardy-Lemieux, Cantin, Soldevila et Moulin.

Ce sont les noms de tous les juges qui ont travaillé sur la poursuite de RNC contre la Coalition sortons les radios-poubelles depuis 2021.

Ça fait donc 3 ans que RNC persécute judiciairement 5 personnes, 4 hommes et une femme, qu'elle croit liées à la Coalition.

Ces personnes doivent se trouver des avocats, se déplacer au tribunal, subir des interrogatoires, bref endurer un stress inimaginable, mettre leur vie en suspens, non parce qu'elles ont commis des crimes. Mais parce que RNC les a pointées du doigt. À cause d'une lubie de ses propriétaires qui croient que des avocats et des juges pourront faire ce qu'ils n'arrivent pas à faire autrement : identifier les membres anonymes de la Coalition, ses mystérieux fantômes tourmenteurs.

Tout ça, alors que la Coalition sortons les radios-poubelles a cessé ses activités depuis 2023, et a fermé sa page Facebook depuis 2021.

RNC utilise les tribunaux de façon abusive.

« Rien ne soutient les affirmations de RNC quant à la possible commission d'un acte criminel dont auraient été victimes des tiers », avait pourtant noté la juge Alicia Soldevila, dans sa décision du 22 février 2024.

C'est typique du modus operandi de RNC. S'entêter à suivre une mauvaise voie envers et contre tous. Cette poursuite est frivole, non justifiée et embourbe des tribunaux déjà surchargés.

Et dans le secret. Le public ne peut pas participer aux jeux de coulisses de RNC. Lorsqu'un tiers a tenté de faire une « intervention amicale », le 31 mars 2023, le juge a refusé le débat.

De plus, rien n'apparaît dans les rôles. C'est pourtant d'intérêt public. Parce que la question en litige est importante : Peut-on critiquer une entreprise librement, oui ou non ?

RNC (Robert Ranger, Raynald Brière, Jean-Yves Gourd, Pierre R. Brosseau et Fernand Belisle) doit retrouver la raison et faire cesser ce cirque le plus tôt possible. C'est de l'acharnement et un abus de procédures.

RNC doit admettre qu'il est incapable d'attraper ses fantômes. Le tribunal, ce n'est pas Ghostbusters.

La Coalition sortons les radios-poubelles avait été fondée en 2012 pour observer et agir contre le racisme, le sexisme, l'homophobie et l'anti-journalisme ordinaire.


La Coalition sortons les radio-poubelles de Québec

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Nous sommes communautaires autonomes !

22 octobre 2024, par Regroupement des organismes communautaires des Laurentides (ROCL) — , ,
Saint-Jérôme, 17 octobre 2024 – Du 21 au 25 octobre 2024, nous célébrons l'action communautaire autonome et notre fierté d'être un moteur de progrès social, une locomotive qui (…)

Saint-Jérôme, 17 octobre 2024 – Du 21 au 25 octobre 2024, nous célébrons l'action communautaire autonome et notre fierté d'être un moteur de progrès social, une locomotive qui tire notre société vers une plus grande justice sociale et climatique.

En cette semaine nationale de l'action communautaire autonome (#SNACA), nous souhaitons rendre visible l'engagement des 4500 organismes communautaires et rendre hommage aux 54 000 personnes qui contribuent quotidiennement, bien souvent dans l'ombre, à améliorer les conditions de vie des personnes, des communautés et de la société.

« Nous sommes communautaires autonomes ! » est le thème porteur et rassembleur de cette 23e édition de la #SNACA. Nous existons dans les quatre coins du Québec, nous accompagnons des milliers de personnes de tout âge et de tout horizon, nous contribuons à construire une société plus juste et respectueuse du vivant et de par notre nature alternative et innovante, nous représentons un tremplin pour le changement. C'est ça, être communautaire autonome !

Cependant, avec le fractionnement des sources de financement, les projets non récurrents et les commandes et décisions ministérielles qui viennent contrecarrer les négociations établies en région, il est devenu de plus en plus exigeant pour les organismes communautaires autonomes de garder un esprit critique et de jouer leur rôle de transformation sociale. N'oublions pas toutes ces crises qui sévissent actuellement et affectent les populations du Québec. C'est dans ce paysage loin d'être rose que les organismes communautaires autonomes existent en 2024 et tentent sur tous les fronts — logement, alimentation, défense de droits, santé mentale et bien plus encore, de pallier au désengagement de l'État.

« Avec ces forces qui nous tirent et nous poussent de tous les côtés, nous avons besoin les unEs des autres pour rester ancréEs dans nos racines faites de nos membres et d'approches alternatives à celles d'un réseau qui, avec la nouvelle Agence Santé Québec, part résolument sous la gouverne d'intérêts privés, vers une centralisation des pouvoirs et une perte des espaces de consultations citoyennes » témoigne Sophie Dion, présidente du ROCL.

C'est pour se camper dans cette force collective et solidaire que plus de 75 organismes communautaires des Laurentides fermeront leurs portes, le 24 octobre prochain, comme moyen de revendication afin de faire reconnaître leur apport essentiel à la région. Le 24 octobre a été décrété comme la Journée régionale de reconnaissance des travailleuses et des travailleurs du milieu communautaire afin de rendre visible un travail trop souvent invisible.

« Nous sommes fièrEs d'être communautaire autonome, mais épuiséEs de réparer les pots cassés dans des conditions précaires avec de la colle bon marché, pendant que nos décideurs priorisent les intérêts privés au détriment d'une vision adéquate et préventive pour aborder les problèmes sociaux auxquels la population est confrontée » affirme avec vigueur Benoit Larocque, coordonnateur du ROCL.

Nous brillons par notre résilience, notre détermination et notre créativité à vouloir créer une société plus juste, verte et inclusive. En contrepartie, nous portons aussi le poids de la crise sociale et climatique sans précédent que traverse la planète actuellement.
Face aux différents enjeux vécus présentement par les groupes communautaires, d'autres solutions existent pour apporter des changements qui sont nécessaires. Dans un esprit de bien commun, nous souhaitons être entendus afin de contribuer à humaniser un peu plus notre monde. Notre place n'est plus à défendre et notre voix pour l'avenir de notre société compte plus que jamais. C'est ça, être communautaire autonome !

Le ROCL est un regroupement existant depuis près de 30 ans constitué de plus de 160 organismes communautaires autonomes qui œuvrent dans les Laurentides. Lieu de rassemblement pour les organismes de la région, il offre de la formation, de l'accompagnement et du soutien aux organismes du territoire afin de leur permettre de s'épanouir pleinement dans leurs racines communautaires. Il vise par son action, son approche et son rôle de représentation à faire rayonner l'identité des organismes communautaires autonomes et à opérer de profonds changements pour plus de démocratie, de solidarité et de justice sociale et climatique.

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Pour information :
Benoit Larocque / 450-438-8005
www.roclaurentides.com

P.J. Sur la photo, l'équipe de travail du ROCL.

Dossier sur la Journée internationale pour l’élimination de la pauvreté le 17 octobre 2024

22 octobre 2024, par Groupes de lutte contre la pauvreté — , ,
Presse-toi à gauche ! reprend ci-dessous certains reportages fait par des médias locaux sur la situation de la pauvreté au Québec et sur les actions menées par des groupes en (…)

Presse-toi à gauche ! reprend ci-dessous certains reportages fait par des médias locaux sur la situation de la pauvreté au Québec et sur les actions menées par des groupes en lutte contre la pauvreté dans différentes régions du Québec

Photo : Une centaine de citoyens et représentants d'organismes ont marché dans les rues du centre-ville de Magog, le 17 octobre dernier. (Photo Le Reflet du Lac - Patrick Trudeau)

La situation dans le Grand Montréal

https://www.centraide-mtl.org/medias/journee-internationale-pour-lelimination-de-la-pauvrete-le-17-octobre/

Dans tous les quartiers du Grand Montréal, un vaste réseau d'organismes communautaires existe pour répondre aux besoins de ces groupes plus vulnérables. Centraide soutient ces organismes en priorité pour assurer que les personnes durement touchées par la pauvreté soient appuyées. Ils facilitent notamment l'accès à des logements convenables, assurent la sécurité alimentaire, favorisent l'accueil et l'intégration des nouveaux arrivants, encouragent la persévérance scolaire et combattent l'isolement social.

(...)

17 octobre 2024

Jusqu'à cinq fois plus pauvres : des groupes plus à risque
Montréal, le 17 octobre 2024 — En cette Journée internationale pour l'élimination de la pauvreté, des données de Centraide du Grand Montréal mettent en lumière que nous ne sommes pas tous égaux face à la pauvreté. Les risques d'être à faible revenu sont deux à cinq fois plus élevés chez certains groupes de la population. Les données recensées révèlent que les personnes appartenant à des groupes de minorités visibles, les immigrants et les résidents non permanents, les personnes seules, les familles monoparentales et les personnes sans aucun diplôme sont plus à risque d'être affectés. Centraide du Grand Montréal cherche à sensibiliser la population pour un support accru des groupes les plus vulnérables.

« Parler de lutte contre la pauvreté, c'est d'abord s'intéresser aux personnes qui la vivent afin de s'assurer qu'elles puissent vivre dignement », souligne Claude Pinard, président et directeur général de Centraide du Grand Montréal. « Nos données démontrent que les personnes qui font partie de certains groupes doivent être soutenues afin d'améliorer leurs conditions de vie et les aider à sortir de la pauvreté. Mieux connaître les facteurs de risque nous permet de proposer des solutions adaptées à ces personnes en collaboration avec les organismes communautaires que nous appuyons. »

Des groupes surreprésentés dans le Grand Montréal
Quelque 315 000 personnes vivent sous le seuil de faible revenu dans le Grand Montréal (soit environ 24 000 $ pour une personne seule, selon la Mesure du faible revenu). À celles-ci s'ajoutent 200 000 autres qui vivent un peu au-dessus de ce seuil (25 000 $, 26 000 $, 27 000 $ par année) et qui sont également dans une grande précarité.
Selon les données du dernier recensement analysées par Centraide, les groupes de personnes les plus à risque de se retrouver en situation de pauvreté sont surreprésentés dans le Grand Montréal, particulièrement sur l'île de Montréal.

Ces groupes sont les suivants : Les personnes issues des groupes de minorités visibles :
• Les personnes appartenant aux groupes de minorités visibles connaissent un taux de pauvreté deux fois plus élevé (12 %) que celles n'appartenant pas à des groupes de minorités visibles (6 %).
Les personnes immigrantes et les résidents non permanents :
• Les résidents non permanents (travailleurs temporaires, étudiants internationaux et demandeurs d'asile) forment le groupe le plus à risque de pauvreté. Leur taux de pauvreté est de 40 %, soit cinq fois plus élevé que l'ensemble de la population (7,5 %).
• Les immigrants récents ont quant à eux un taux de pauvreté deux fois et demi plus élevé (16 %) que celui des non-immigrants (6%).
Les personnes vivant seules :
• Le taux de pauvreté des personnes vivant seules est cinq fois plus élevé (16 %) que celui des couples et des familles biparentales (3 %).
Les familles monoparentales :
• Les familles monoparentales atteignent un taux de pauvreté trois fois et demi plus élevé (11 %) que celui des familles biparentales (3 %).
Les personnes sans aucun diplôme :
• Les personnes sans aucun diplôme ont un taux de pauvreté presque deux fois plus élevé (15 %) que celui des personnes ayant un diplôme d'études secondaires ou collégiales (8 %).


Journée internationale pour l'élimination de la pauvreté En lutte contre la pauvreté, pour un revenu viable pour toutes et tous !

Québec, 17 octobre 2024. Des groupes communautaires de la région de Québec se sont mobilisés dans le cadre de la Journée internationale de l'élimination de la pauvreté afin de rappeler au gouvernement que ses actions récentes sont nettement insuffisantes. Autant le 4e plan de lutte à la pauvreté, le projet de loi 71 visant à moderniser l'assistance sociale que la Stratégie québécoise en habitation ratent leurs cibles. Le Regroupement d'Éducation Populaire en Action Communautaire des régions de Québec et Chaudière-Appalaches (RÉPAC 03-12) et le Collectif de Lutte et d'Action contre la Pauvreté de la région de Québec (CLAP-03) revendiquent un revenu viable et des mesures qui permettent de vivre dignement.

Une froide indifférence dans le 4e plan de lutte à la pauvreté

Le 4e plan de lutte à la pauvreté ne fait rien pour accomplir sa mission fondamentale d'augmenter les revenus des moins fortunées. Danielle Lambert, Co-porte-parole de la manifestation, commente : « Il n'y a aucune raison de tolérer que la pauvreté existe encore. Aucune raison qu'on accepte que les personnes les plus pauvres portent le fardeau d'une responsabilité individuelle à vivre dans la pauvreté. Aucune raison de continuer à tolérer que les ultras riches continuent de s'enrichir sur le dos du monde. » Le plan de lutte compte majoritairement des mesures à coût presque nul ; c'est de loin celui avec le moins d'investissement depuis leur création en 2004. Principalement, on n'y trouve aucune mesure structurante qui améliore les conditions de vie des gens de manière pérenne.
Humaniser l'assistance sociale en coupant les plus pauvres

Le projet de loi 71 vise à passer à un régime de l'assistance sociale « plus humain » selon la ministre de la Solidarité sociale Chantal Rouleau. Il fait tout le contraire selon Marie-Lyne Bouchard, prestataire d'assistance sociale et militante active à Rose du Nord. « C'est un recul pour près de 40 000 personnes qui vont être privées du supplément de 161$ sur leurs prestations d'assistance sociale, alors que la prestation de base de 807 $ par mois couvre seulement 46% de ce qui est reconnu comme le minimum vital. » La réforme prévoit des parcours d'accompagnement et d'intégration en emploi, mais « se faire accompagner dans une formation ou en emploi avec le ventre vide et en habitant dans la rue, ce n'est pas sérieux ni humain », rappelle la porte-parole.

Bâtir pour les plus riches

La Stratégie québécoise en habitation promise depuis quatre ans par la ministre Duranceau ne vise pas du tout à aider les personnes les plus pauvres. Aucune augmentation de l'offre de logements sociaux ou communautaires n'est présente dans la stratégie. Le gouvernement mise sur la construction de logements privés qui ne seront pas abordables pour une grande partie de la population, relate Nicolas Villamarin Bonilla. « Il y a une crise d'abordabilité du logement et le gouvernement refuse de légiférer sur le parc locatif pour restreindre les augmentations abusives. À la place, il nous sert un projet pilote de logements modulaires qui seront trop chers et seront sortis de terre dans plusieurs années et qui ne répondront pas aux besoins criants des locataires les plus vulnérables, comme d'ailleurs la plupart des projets initiés par la CAQ. »

Le bilan de la CAQ : des actions qui servent les mauvaises personnes

Les groupes populaires revendiquent un revenu et des mesures gouvernementales qui permettent de vivre dignement. Les actions du gouvernement dans les derniers mois ont toutes manqué d'ambition et n'ont pas renforcé le filet social qui est plus nécessaire que jamais. « Pour nous le 17 octobre, c'est un jour d'indignation, c'est le moment de rappeler ses devoirs au gouvernement. On vit dans une société riche et ce n'est pas acceptable de voir une dégradation des conditions de vie d'une bonne partie de la population. C'est tout notre filet social qui est en crise et le gouvernement Legault reprend le chemin de l'austérité, c'est complètement indécent. D'un côté, on donne des milliard de fonds publics à Northvolt et dans un projet de 3e lien insensé, de l'autre on pige dans l'aide de dernier recours alors qu'il manque de logements, que le nombre de personnes sans logement explose et que les ressources d'aide alimentaire débordent complètement. » s'indigne Vania Wright-Larin coordonnateur au RÉPAC 03-12.

Le Collectif de lutte et d'action contre la pauvreté de la région de Québec (CLAP-03).
Le Regroupement d'éducation populaire en action communautaire de Québec Chaudière-Appalaches (REPAC 03-12)


Magog, on manifeste au centre-ville pour dénoncer la pauvreté et les inégalités

Une centaine de citoyens et représentants d'organismes ont marché dans les rues du centre-ville de Magog, le 17 octobre dernier. (Photo Le Reflet du Lac - Patrick Trudeau)
https://www.lerefletdulac.com/infolettre/on-manifeste-au-centre-ville-pour-denoncer-la-pauvrete-et-les-inegalites/

Par Patrick Trudeau
18 octobre 2024, 11 h

MISÈRE. La lutte à la pauvreté est un combat qui est loin d'être terminé et c'est sans doute pour cette raison que des citoyens et organismes communautaires continuent de participer, chaque année le 17 octobre, à la marche mondiale du refus de la misère.

Ils étaient plus d'une centaine à marcher de façon solidaire au centre-ville de Magog, jeudi dernier, dans l'espoir de faire bouger les choses, ou du moins, d'éveiller les consciences.Tout ça, en dénonçant les écarts – de plus en plus grands – entre les mieux nantis et les plus démunis.
« On entend souvent dire que les gens riches ont travaillé fort toute leur vie et qu'ils méritent pleinement leur fortune. Mais si une personne qui gagne le salaire minimum voulait avoir autant d'argent que Jeff Bezos (fondateur d'Amazon), elle devrait travailler pendant 4,8 millions d'années », a comparé la co-coordonnatrice de la Table d'action contre l'appauvrissement de l'Estrie (TACAE), Rosalie Dupont.

Amorcée devant le Centre communautaire de Magog, la marche du refus de la misère s'est soldée par un repas communautaire dans les locaux du Cépop, auquel ont pris part 130 personnes.
Quelques arrêts avaient précédemment été faits à des endroits stratégiques comme le parc des Braves (rue Principale Ouest) et le Centre des femmes Memphrémagog (rue Saint-Patrice Ouest). « Il faut dire non aux inégalités de genre », lance la porte-parole du Centre des femmes, KariAnne Sauvé.
« Les femmes, et particulièrement les mères, sont souvent les premières à sacrifier leur carrière ou leur qualité de vie pour prendre soin de leur famille. Malheureusement, les régimes de retraite ne tiennent jamais compte de ces sacrifices invisibles », plaide celle qui est également membre du Comité de lutte à la pauvreté de la MRC de Memphrémagog.

Pionnière de ce comité et impliquée dans différents organismes d'aide au cours des 70 dernières années, Aline Dupaul a invité les manifestants à poursuivre le combat et à se faire entendre sur toutes les tribunes. « On croyait que ça s'en allait dans la bonne direction il y a quelques années, mais le problème de la pauvreté s'est accentué depuis deux ou trois ans », constate l'ancienne mairesse de Saint-Étienne-de-Bolton.

« J'ai 93 ans et demi, et tant que la santé sera au rendez-vous, je vais continuer de manifester pour améliorer les choses », a promis la vénérable militante.

Selon les organisateurs, près de 175 personnes ont participé à l'événement, en totalité ou en partie, tout au long du parcours.

Le Comité de lutte à la pauvreté, accompagnée de la TCAE, a aussi profité de l'occasion pour aller porter une missive au bureau du député d'Orford, Gilles Bélanger, afin de proposer des pistes d'action pour éliminer la pauvreté. « Plus d'une personne sur 10 vit dans la pauvreté au Québec, alors que d'autres vivent dans une opulence de plus en plus indécente. Clairement, la lutte contre la pauvreté ne fait pas partie des priorités de la CAQ », a clamé Rosalie Dupont.

Les organisateurs estiment à 175 le nombre de personnes ayant pris part à l'activité, à un moment ou l'autre du parcours. (Photo Le Reflet du Lac – Patrick Trudeau)

Nuit des sans-abri
Mentionnons qu'une autre activité de sensibilisation au sort des démunis aura lieu ce soir (18 octobre) au centre-ville de Magog, avec la tenue de la Nuit des sans-abri.
L'événement se déroulera au parc des Braves de 17 h à 22 h et a pour but de mettre en lumière les problèmes d'hébergement et d'itinérance qui touchent plusieurs citoyens de la région.


Sherbrooke, Les membres de la TACAE ont présenté l'échec de la Mission Possible aux personnes élues le 17 octobre 2024 dans le cadre de la journée internationale pour l'élimination de la pauvreté. MISSION POSSIBLE : ÉLIMINER LA PAUVRETÉ

https://www.tacaestrie.org/journee-internationale-pour-lelimination-de-la-pauvrete/

Sherbrooke, 17 octobre 2024 – Journée internationale pour l'élimination de la pauvreté
Le 17 octobre 2022, de nombreux groupes communautaires avaient parcouru l'Estrie, déguisés en agents secrets, pour remettre à nos élu.es, nouvellement en poste, la Mission Possible d'éliminer la pauvreté et en leur recommandant plusieurs pistes d'actions pour le faire.

Deux ans plus tard, il faut se rendre à l'évidence, la pauvreté est loin d'avoir reculé. 2023 a même été une triste année record : jamais les banques alimentaires n'avaient dû soutenir autant de personnes et jamais n'avait-on recensé autant de personnes en situation d'itinérance.

Et pourtant, l'élimination de la pauvreté est possible ! Le Québec est une province qui a les moyens d'éliminer la pauvreté et de réduire les inégalités sociales. Qui plus est, certaines études démontrent qu'il pourrait être plus rentable, pour l'État, d'éliminer la pauvreté sous toutes ses formes que de payer pour ses effets néfastes.

Ce 17 octobre, nos agent.es repartiront en tournée, cette fois pour remettre ce dur constat à nos élu.es sur le résultat de leur mission : ÉCHEC. Sur les 8 objectifs qui leur avaient été remis il y a deux ans, aucun n'a été atteint et plusieurs ont même subi des reculs.

Le principal outil qui aurait dû servir à accomplir la mission est le 4e plan d'action gouvernemental visant la lutte contre la pauvreté et l'exclusion sociale. En vertu de la Loi 112, ces plans d'action sont censés être le fer de lance de la lutte à la pauvreté menée par le gouvernement du Québec. Ce plan de lutte à la pauvreté, déposé en juin, passe tristement à l'histoire comme le pire des plans de lutte à la pauvreté jamais déposés au Québec : 4 fois moins d'argent y est investi que dans le précédent, et aucune mesure ne vise l'amélioration du revenu des personnes les plus pauvres. Clairement, la lutte contre la pauvreté n'a pas fait partie des priorités de la CAQ.

« La ministre Rouleau devrait avoir honte ! En pleine crise sociale, déposer un plan de lutte à la pauvreté et une réforme de l'aide sociale aussi insignifiants, c'est un véritable affront ! Plus d'une personne sur 10 vit dans la pauvreté au Québec, alors que d'autres vivent dans une opulence de plus en plus indécente. » clame Rosalie Dupont, co-coordonnatrice de la TACAE.

Notre message à nos élu.es aujourd'hui est le suivant : vous êtes en infraction avec la loi et nous exigeons que vous vous y conformiez sans délai : retournez faire vos devoirs et déposez un réel plan de lutte à la pauvreté !

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« Le PL69 nécessiterait un large débat public »

22 octobre 2024, par Nora Azouz, Robert Laplante — ,
Robert Laplante, directeur général de l'IRÉC. Le Journal des Voisins est publié à Ahuntsic-Cartierville. Photo : JDV / Nora Azouz Le projet de loi n° 69 (PL69), Loi assurant (…)

Robert Laplante, directeur général de l'IRÉC. Le Journal des Voisins est publié à Ahuntsic-Cartierville. Photo : JDV / Nora Azouz
Le projet de loi n° 69 (PL69), Loi assurant la gouvernance responsable des ressources énergétiques, déposé à l'Assemblée nationale du Québec le 6 juin 2024, va être discuté cet automne. La loi vise à accélérer et rendre possible l'atteinte de l'objectif de carboneutralité en 2050. L'Institut de recherche en économie contemporaine (IRÉC), organisme à caractère scientifique situé au collège de Bois-de-Boulogne, à Ahuntsic-Cartierville, y décèle « une régression historique ». Entrevue avec Robert Laplante, directeur général de l'IRÉC.
Nora Azouz est rédactrice en chef du Journal des Voisins.

08 octobre 2024 | tiré du Journal des Voisins, Ahuntsic-Cartierville - journaldesvoisins.com |

Quel regard porte l'IRÉC sur le PL69, en discussion cet automne, et sur le Plan d'action 2035 – Vers un Québec décarboné et prospère d'Hydro-Québec ?

Les thématiques soulevées par le Plan d'action d'Hydro-Québec et le PL69 nécessiteraient un très large débat public. Ces deux initiatives touchent à trois piliers du Québec. D'abord, elles remettent radicalement en question la vocation d'Hydro-Québec. Ensuite, elles bouleversent le modèle de développement économique du Québec et, enfin, les mesures prévues sont aux antipodes de ce que devrait représenter une transition énergétique en faveur des Québécois.

Pouvez-vous décrire les changements notables découlant de cette loi ?

D'une part, les missions de service public d'Hydro-Québec risquent d'être détournées pour glisser subtilement vers celles d'une entreprise de production commerciale d'énergie. En 1962, les Québécois ont plébiscité le gouvernement pour la nationalisation de l'électricité et souhaitaient ainsi reprendre le contrôle d'une ressource considérée comme publique.

D'autre part, une partie de la richesse publique est soustraite au profit du secteur privé. Cela conduit inévitablement à un appauvrissement collectif. L'ouverture au privé va s'accélérer et va orienter des sommes colossales vers les actionnaires plutôt que vers le Trésor public.

Quelles seront les conséquences sur l'économie québécoise selon vous ?

Le modèle économique ainsi promu par le Plan d'action et le PL69 s'apparente à un développement hétérogène qui dépend d'une demande induite par l'extérieur alors que le modèle actuel d'Hydro-Québec est autocentré.

En clair [jusqu'à présent], les Québécois avaient choisi collectivement d'utiliser cette machine de production et cette ressource hydroélectrique et éolienne qu'est Hydro-Québec de façon contrôlée à partir des besoins et des intérêts du Québec. L'élargissement au privé que provoquent ces deux initiatives consacre la rupture du monopole de production et de distribution d'Hydro-Québec.

L'an dernier, les PME ont subi une augmentation de tarif de l'électricité de 5,1 % et une autre de 3,9 % est prévue au 1er avril 2025. Quant aux particuliers, ils verront leur facture augmenter de 3 %. D'un point de vue économique, est-il possible de maintenir ce plafond tarifaire ?

Ce débat sur la tarification de l'électricité est un débat de diversion. Il n'est pas sans intérêt pour les consommateurs, mais il ne porte pas sur les choix fondamentaux opérés par le gouvernement. Cette façon de présenter la tarification plafonnée à 3 % pour une période limitée, c'est une illusion. Pour financer ce gel, le gouvernement du Québec s'est engagé à compenser le manque à gagner d'Hydro-Québec par des fonds que lui versera le ministère des Finances. Certes, la tarification ne bougera pas, mais il en coûtera plus aux contribuables.

Pourquoi le débat est-il mal posé ?

L'essentiel n'est pas dans l'augmentation tarifaire, mais bien dans le fait que les PME, qui sont au fondement même du modèle économique québécois, ne vont plus figurer au cœur de l'économie du Québec… Elles pourront “se servir” après que les multinationales étrangères auront “pigé” dans l'assiette au beurre. Le modèle proposé repose sur une demande énergétique qui n'est pas justifiée par une croissance interne provenant de la société québécoise elle-même. Il s'agit plutôt de répondre aux besoins des grandes entreprises venues de partout sur la planète et désespérément à la recherche d'énergies pas chères. Le Québec va devenir un “buffet ouvert”. Ce qui motivera la croissance du Québec, ce seront les objectifs propres des entreprises étrangères. Un vrai changement !

Quelle voie serait porteuse pour une transition énergétique réussie au Québec selon vous ?

Dans le PL69, aucun modèle de transition énergétique n'est proposé. Il n'est question ni de cibles de réduction énergétique dans les divers domaines de l'économie, ni des moyens à déployer. Pourtant, Hydro-Québec devrait être le navire amiral de la transition énergétique en reprenant le contrôle de la production hydroélectrique et éolienne. La politique de transition, elle, doit rester l'affaire du gouvernement, un choix démocratique.

Quelles pratiques vertueuses pourraient être favorisées ?

Des partenariats sont proposés pour le développement éolien entre les municipalités et des promoteurs. Dans ce cas précis, un partage des redevances serait plus équitable. Ces dernières reposeraient sur la totalité de la richesse produite et non pas sur la fraction laissée par les promoteurs. Aussi, autre exemple, le développement éolien peut se faire en privilégiant des relations plus justes et égalitaires avec les communautés et les peuples autochtones vivant où ces éoliennes sont installées.
De plus, le PL69 autorise Hydro-Québec à vendre des barrages. Les promoteurs, dont l'objectif premier est le profit et c'est tout à fait légitime, n'auront pas à se soucier de la place que ces équipements doivent tenir dans un système énergétique local. La transition exige pourtant une gestion territoriale de tout l'écosystème énergétique. La privatisation des équipements empêchera une gestion cohérente de l'ensemble. À cet égard, le potentiel géothermique est immense et pourrait favoriser la création de districts énergétiques pratiquement autosuffisants.

Quel modèle privilégier ?

Afin de mener une politique efficace au Québec en matière de transition énergétique, il est nécessaire de viser la sobriété énergétique, de mener des programmes d'efficacité énergétique et de mettre en valeur tout le portefeuille énergétique. Si Hydro-Québec doit rester concentrée sur l'hydroélectricité et l'éolien, l'énorme potentiel de production d'énergies renouvelables que constituent la biomasse, la géothermie, le solaire, doit être fructifié. Une politique de transition énergétique digne de ce nom doit valoriser et optimiser toutes les ressources énergétiques renouvelables.

Comment la transition énergétique va-t-elle s'opérer selon vous ?

Les investissements annoncés dans le Plan d'action d'Hydro-Québec sont colossaux [de 155 à 185 milliards de $] et ne sont pas forcément justifiés par la demande interne. Pourtant, il va falloir les financer et cela va peser sur les marges de manœuvre financières du gouvernement du Québec et sur Hydro-Québec. Pourquoi s'infliger une telle pression alors qu'il est possible de faire autrement ?
Ces deux initiatives placent le Québec dans une logique de dépendance. C'est une régression historique, car le Québec avait fait la nationalisation de l'hydroélectricité précisément pour s'affranchir de la domination des grandes sociétés qui tenaient dans un étau l'économie du Québec.

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Rapport : Au-delà des mesures symboliques – Élargir les sanctions du Canada contre la violence des colons israéliens

22 octobre 2024, par Voix juives indépendantes — , ,
En collaboration avec Just Peace Advocates et Miles Howe, professeur à l'Université Brock, l'IJV a publié un nouveau rapport attirant l'attention sur l'escalade alarmante de la (…)

En collaboration avec Just Peace Advocates et Miles Howe, professeur à l'Université Brock, l'IJV a publié un nouveau rapport attirant l'attention sur l'escalade alarmante de la violence et des déplacements auxquels sont confrontés les Palestiniens en Cisjordanie occupée par Israël depuis le 7 octobre 2023.

16 octobre 2024 IJV Canada
photo Serge d'Ignazio

Le rapport appelle le gouvernement canadien à prendre des mesures immédiates et significatives pour protéger les communautés palestiniennes vulnérables de Cisjordanie et à demander des comptes aux Israéliens responsables des violations persistantes des droits de l'homme dont ils sont victimes.

Lire ou télécharger le rapport complet (PDF)

La violence contre les Palestiniens en Cisjordanie, rendue possible et perpétuée par des organisations telles que la Division des colonies de l'Organisation sioniste mondiale (WZO), a atteint des niveaux sans précédent. Alors que les colons continuent de commettre des atrocités – notamment des meurtres, des incendies criminels et le déplacement systématique de communautés palestiniennes – le Canada ne doit plus rester complice.

Nous vous demandons d'agir en envoyant une lettre à votre député.e et à la ministre canadienne des Affaires étrangères, les exhortant à étendre les sanctions aux hauts fonctionnaires israéliens et aux organisations qui apportent un soutien financier et opérationnel à la violence des colons. Avec votre voix, nous pouvons faire pression pour que le Canada adopte une position plus forte et plus fondée sur des principes en ce qui concerne les droits de la personne en Palestine.

Dites au Canada de sanctionner la violence des colons maintenant

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Une Coalition canadienne de défense des libertés civiles dénonce et appelle à la fin de la liste des entités terroristes

22 octobre 2024, par Coalition pour la surveillance internationale des libertés civiles — , ,
Le mardi 15 octobre 2024, le gouvernement canadien a inscrit le Réseau de solidarité avec les prisonniers palestiniens Samidoun sur la liste des entités terroristes du Canada. (…)

Le mardi 15 octobre 2024, le gouvernement canadien a inscrit le Réseau de solidarité avec les prisonniers palestiniens Samidoun sur la liste des entités terroristes du Canada.

Tiré de : https://iclmg.ca/fr/fin-liste-entites-terroristes/

Bien qu'il s'agisse ostensiblement d'un outil destiné à protéger la sécurité des personnes au Canada et dans le monde, la liste des entités terroristes est un outil politique arbitraire qui porte atteinte à la liberté d'association, à la liberté d'expression et à l'application régulière de la loi (due process) devant les tribunaux. Son efficacité en tant qu'outil de sécurité nationale n'a jamais été démontrée d'une manière qui justifie son utilisation.

En raison des profondes lacunes de la procédure d'inscription sur la liste des entités terroristes, la Coalition pour la surveillance internationale des libertés civiles (CSILC) n'a cessé de demander l'abolition de ce régime depuis la création de la coalition canadienne en 2002.

L'inscription d'une organisation sur la liste est un processus secret et discrétionnaire par lequel le gouvernement peut prendre en compte n'importe quelle information, y compris des renseignements non vérifiés. L'inscription sur la liste permet au gouvernement de contourner les poursuites pénales ou les procès, plaçant le fardeau sur l'entité inscrite de contester les informations en question, dont la plupart sont tenues secrètes pour des « raisons de sécurité ». Il n'existe pas non plus de procédure cohérente pour contester une telle inscription à cette liste. Il en résulte une violation effective du principe de l'application régulière de la loi (due process) et de la présomption d'innocence.

Les conséquences de l'inscription sur la liste sont graves. Les avoirs sont gelés, toute utilisation de biens appartenant à l'organisation inscrite sur la liste ou contrôlés par elle constitue un délit, de même que la fourniture de toute forme de soutien financier ou en nature. De plus, l'inscription sur la liste stigmatise l'organisation et toute personne accusée d'y être associée en la qualifiant de « terroriste », quelles que soient ses actions personnelles, sans qu'il soit nécessaire de porter des accusations criminelles ou de prouver sa culpabilité devant un tribunal.

Dans les 24 heures qui ont suivi cette annonce, des appels ont déjà été lancés sur les médias sociaux pour qualifier de terroristes ou de partisans du terrorisme toute personne assistant à un événement ou s'associant à des personnes liées à Samidoun.

Comme il est illégal de soutenir une entité inscrite sur la liste de quelque manière que ce soit, y compris financièrement, cela signifie que l'organisation ne peut pas collecter de fonds ou payer un-e avocat-e pour organiser sa défense et contester l'inscription sur la liste des terroristes devant un tribunal. Il est donc extrêmement difficile, voire impossible, d'être retiré de la liste, ce qui constitue une fois de plus une violation du droit à un procès équitable.

La liste des entités terroristes est un instrument politique, souvent utilisé de manière discrétionnaire pour servir les intérêts géopolitiques du Canada et de ses alliés.

Historiquement, la liste sert à détourner l'attention de la violence exercée par les gouvernements sur leurs propres populations et sur les populations d'autres pays, par le biais de l'action militaire et de la répression par les forces de sécurité nationales et de la police, comme cela a été le cas pendant la longue « guerre contre le terrorisme ». Cette liste renforce la politique de deux poids deux mesures qui consiste à autoriser la violence et la répression des libertés civiles, au nom de la lutte contre le terrorisme, de la part du Canada et de ses alliés, tout en criminalisant les réactions à cette violence, ou même les critiques pacifiques de cette violence.

Si le gouvernement canadien estime que des organisations et des individus représentent une menace pour le public, ces preuves doivent être présentées en audience publique, où les accusé-es peuvent se défendre de manière appropriée contre les accusations.

La CSILC réitère son appel à l'abolition du régime de la liste des entités terroristes du Canada. L'utilisation de processus d'inscription secret doit cesser.

La CSILC est une coalition nationale de 44 organisations canadiennes de la société civile : ONG, syndicats, associations professionnelles, groupes confessionnels, organisations environnementales, de défense des droits humains et des libertés civiles, ainsi que de groupes représentant les communautés d'immigrant-es et de réfugié-es au Canada. Notre mandat est de défendre les libertés civiles et les droits humains dans le contexte de la soi-disant « guerre contre le terrorisme ».

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Gratuité des soins de santé pour les femmes enceintes sans couverture et pour un programme d’accès universel et gratuit à la contraception

22 octobre 2024, par Collectif — , ,
Nous, signataires, demandons au gouvernement du Québec d'instaurer un programme d'accès gratuit à toutes les méthodes de contraception disponibles au Québec, et ce, sans (…)

Nous, signataires, demandons au gouvernement du Québec d'instaurer un programme d'accès gratuit à toutes les méthodes de contraception disponibles au Québec, et ce, sans exception.

Pétition pour la gratuité des soins de santé pour les femmes enceintes sans couverture

Le ministre Dubé refuse toujours de mettre en place un programme de gratuité des soins périnataux pour les femmes enceintes non-assurées résidant au Québec.

Cette décision est injustifiée ! Le ministère, lui, la justifie évoquant les enjeux liés au « tourisme de grossesse » et à l'équité envers la population québécoise. Ceci est basé sur des faussetés, des préjugés et du racisme.

Face à cette situation injuste, voici une pétition lancée par Médecins du monde avec la collaboration de la Clinique SPOT, parrainée par le Parti Libéral avec l'appui de Québec Solidaire : Une couverture publique des soins de santé durant la période périnatale pour toutes les femmes enceintes vivant au Québec, indépendamment de leur statut migratoire.

Signez ici : le lien vers la plateforme de l'Assemblée nationale pour signer et diffuser la pétition.https://www.assnat.qc.ca/fr/exprimez-votre-opinion/petition/Petition-11035/index.html.

La date limite pour signer est le 6 novembre, en vue d'une présentation en Chambre le 7 novembre.

Nous vous invitons donc à la partager largement sur vos réseaux sociaux, dans vos infolettres et auprès de vos membres pour recueillir un maximum de signatures.

Pétition pour un programme d'accès universel et gratuit à la contraception

La Fédération québécoise pour le planning des naissances (FQPN) lance une pétition pour l'Instauration d'un programme d'ACCÈS GRATUIT à la contraception 💊🆓

📊CONSIDÉRANT QUE 40% des grossesses sont non-planifiées au Canada, ce qui représente près de 200 000 grossesses non-planifiées chaque année ;

💰CONSIDÉRANT QUE les grossesses non-planifiées entraînent des coûts importants pour les finances publiques et des conséquences pour le système de santé 🏥comme l'encombrement des services ;

🔑CONSIDÉRANT QUE l'utilisation d'un moyen de contraception de façon constante et adéquate est le meilleur moyen de prévenir les grossesses non-planifiées 🤰❌ ;

💵CONSIDÉRANT QUE chaque dollar investi en contraception peut faire économiser 90$ de dépenses publiques liées à la gestion des grossesses non-planifiées 💸 ;

🚫CONSIDÉRANT QUE le coût des moyens de contraception est la principale barrière à l'accès à la contraception au Québec ;

⚖️CONSIDÉRANT QUE les femmes et personnes pouvant tomber enceintes sont souvent les seules à assumer les coûts des moyens de contraception tout en subissant les conséquences d'une grossesse non-planifiée ;

🌸CONSIDÉRANT QUE les moyens de contraception peuvent être utilisés comme soins de santé pour plusieurs conditions (endométriose, règles abondantes, douleurs menstruelles, etc.) ;

💡CONSIDÉRANT QUE la gratuité des moyens de contraception contribue à la réduction des inégalités entre les genres ;

✍️Nous, signataires, demandons au gouvernement du Québec d'instaurer un programme d'accès gratuit à toutes les méthodes de contraception disponibles au Québec, et ce, sans exception.

SIGNEZ sur le site de l'Assemblée nationale : https://www.assnat.qc.ca/.../Petition-10999/index.html

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Mettre fin à la violence politique à l’encontre des femmes

22 octobre 2024, par Marche Mondiale des Femmes, coordinatrice nationale du Venezuela — , ,
Dans le contexte de la dernière semaine de tensions post-électorales, la Marche Mondiale des Femmes, coordinatrice nationale du Venezuela, prend position sur les regrettables (…)

Dans le contexte de la dernière semaine de tensions post-électorales, la Marche Mondiale des Femmes, coordinatrice nationale du Venezuela, prend position sur les regrettables actes de violence qui ont une fois de plus endeuillé la nation.

Tiré de Boletin MMF las Americas septembre 2024

Nous regrettons que malgré toutes les tentatives du gouvernement vénézuélien de créer des espaces de dialogue et de construction collective du pays souverain et pacifique souhaité par la majorité des Vénézuéliens, le fascisme ait une fois de plus opté pour la voie de la déstabilisation et de la violence.

Comme lors des 30 autres élections précédentes, l'opposition refuse de reconnaître la victoire du peuple révolutionnaire, la légitimité des institutions électorales, le cadre législatif actuel et les mécanismes de règlement des désaccords sur les résultats. Une fois de plus, elle appelle à l'intervention étrangère et l'encourage en concluant des alliances avec des intérêts corporatistes internationaux, comme avec le magnat Elon Mosk de X.

Cette fois, ils sont allés plus loin et ont payé des groupes pour attaquer et semer le chaos dans les quartiers populaires, en particulier dans les quartiers traditionnellement favorables à Chávez, affirmant ainsi que le gouvernement vénézuélien n'a pas de peuple pour soutenir sa révolution. Il entend ainsi infliger non seulement des dommages matériels, mais aussi des dommages symboliques et des dommages à la subjectivité du peuple.

En tant que militantes de la Marche mondiale des femmes, nous avons beaucoup réfléchi à la manière dont les guerres profitent aux puissances transnationales et affectent différemment les femmes. En tant que femmes vénézuéliennes, nous avons des traces dans notre corps-âme-esprit de ce qu'a été la résistance à la guerre économique, au blocus et aux sanctions. Il est profondément triste de devoir dénoncer une fois de plus la violence politique dont sont victimes nos camarades, en particulier dans les quartiers populaires. Deux militants populaires ont été enlevés de leur domicile et tués dans la rue et beaucoup sont harcelés par les réseaux, marqués par la diffusion de leurs données personnelles.

Nous soulignons que les soi-disant « comanditos » payés par l'extrême droite vénézuélienne ont mis l'accent sur le harcèlement des femmes leaders communautaires, en essayant d'intimider la base et les leaders communautaires qui maintiennent les programmes sociaux qui fournissent de la nourriture, des services et des politiques publiques visant à atténuer les effets des sanctions sur le bien-être de la population.

Nous savons que la violence politique à l'encontre des femmes ne vise pas seulement à éliminer le leadership individuel, mais surtout à intimider le reste du collectif des femmes.
Nous défendons le droit politique de manifester, mais nous attirons l'attention sur le fait que ce droit ne justifie pas le harcèlement des femmes ayant des idées différentes dans leurs foyers, l'incendie de biens publics, l'attaque d'hôpitaux ou tout dommage aux biens publics, personnels ou communautaires. De même, il n'envisage ni ne légitime le harcèlement, l'intimidation, l'incitation à la haine ou au racisme. Ces actes, loin d'être des manifestations politiques valables, sont des crimes.

Nous soulignons également que de nombreux jeunes impliqués dans les événements violents de la semaine dernière ont été incités et manipulés par le biais des médias sociaux, ainsi que rémunérés directement, et se sont engagés sans vraiment réfléchir aux conséquences de leurs actes.

Aujourd'hui, nous sommes solidaires de ces familles, de ces femmes et de ces communautés qui doivent désormais faire face aux conséquences d'une telle insouciance.
Au Venezuela, de nombreux progrès ont été réalisés dans ce que la féministe Argelia Laya a appelé « la plus grande aliénation des femmes » ; dans nos communautés, l'apolitisme qui a été imposé aux femmes pendant des années est combattu et vaincu chaque jour. Les femmes vénézuéliennes progressent dans la constitution d'un sujet politique féminin avec la conscience de leurs oppressions et aussi avec la connaissance de leur pouvoir et de leur rôle dans la transformation de ces oppressions. Dans ces changements de conscience, l'extrême droite, l'impérialisme, voit un danger évident, c'est pourquoi il fait des femmes et de leurs organisations des cibles de violence.

Dans ce contexte, nous demandons justice pour les victimes du fascisme, qui a encore montré les dents. Et une diligence particulière dans la détermination des responsabilités, la rapidité des processus d'administration de la justice et l'application des peines en fonction des crimes commis.

Nous continuons à débattre et à créer des espaces pour reconstruire le tissu social qui a été déchiré depuis un certain temps par les réseaux sociaux et les médias hégémoniques qui prétendent être impartiaux et objectifs, mais dont les contributions à la violence et à la haine entre les Vénézuéliens sont évidentes.

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La Marche Mondiale des Femmes CNP Pakistan Organise une Manifestation Contre les Politiques Imposées par le FMI

22 octobre 2024, par Comité National de Coordination (CNP) de la Marche Mondiale des Femmes au Pakistan — , ,
Lahore, 18 octobre 2024 — Dans le cadre de la Semaine Mondiale d'Action pour l'Annulation de la Dette et de la Journée Internationale pour l'Éradication de la Pauvreté, le (…)

Lahore, 18 octobre 2024 — Dans le cadre de la Semaine Mondiale d'Action pour l'Annulation de la Dette et de la Journée Internationale pour l'Éradication de la Pauvreté, le Comité National de Coordination (CNP) de la Marche Mondiale des Femmes au Pakistan a organisé hier une puissante manifestation devant le Club de la Presse de Lahore.

TIré de Marche Mondiale des femmes
https://marchemondiale.org/index.php/2024/10/19/la-marche-mondiale-des-femmes-cnp-pakistan-organise-une-manifestation-contre-les-politiques-imposees-par-le-fmi/?lang=fr

Cette manifestation visait à dénoncer les effets néfastes des mesures économiques imposées par le Fonds Monétaire International (FMI) sur la souveraineté du Pakistan et les travailleurs et travailleuses du pays.

En scandant des slogans contre les politiques prédatrices des institutions financières internationales, les manifestant·e·s ont exprimé leur indignation face à l'augmentation des pressions économiques provoquées par les réformes dictées par le FMI. Ils ont affirmé que le Pakistan est contraint de compromettre son indépendance économique pour satisfaire les exigences incessantes et sévères du FMI.

« Les travailleurs et les communautés marginalisées supportent le poids de ces politiques anti-populaires », a déclaré une porte-parole de la Marche Mondiale des Femmes CNP Pakistan. Les manifestant·e·s ont souligné que la dépendance croissante du gouvernement vis-à-vis des prêts du FMI a entraîné une augmentation des prix du carburant, du gaz et de l'électricité, des réductions des dépenses sociales, ainsi que la suppression de subventions essentielles aux ménages à faible revenu.

L'une des principales revendications de cette manifestation était la création d'une Commission Parlementaire Indépendante d'Audit de la Dette. Les manifestant·e·s ont demandé au gouvernement de mener une enquête approfondie sur les prêts contractés par le Pakistan au fil des ans, en examinant leurs objectifs, leurs termes et leurs conditions. « Il est nécessaire d'examiner de manière critique la nature de ces dettes et de rendre responsables ceux qui hypothèquent l'avenir de notre pays », a ajouté la porte-parole.

Les manifestant·e·s ont également dénoncé la charge croissante des taxes indirectes qui pèse sur les groupes de revenus les plus pauvres, soulignant que ces politiques régressives aggravent les inégalités de revenus et plongent de plus en plus de personnes dans la pauvreté.

La manifestation à Lahore s'inscrit dans le cadre d'un appel mondial à l'action pour l'annulation de la dette, où des groupes de femmes et des mouvements de base à travers le monde exigent justice pour les populations souffrant sous le poids de la dette extérieure et des mesures d'austérité. Alors que la campagne se poursuit, la Marche Mondiale des Femmes au Pakistan a promis de continuer à exercer des pressions sur le gouvernement afin qu'il donne la priorité au bien-être de ses citoyen·ne·s plutôt qu'aux demandes des créanciers internationaux.

Cette manifestation reflète un mouvement croissant visant à défier les pratiques financières injustes et à réclamer la souveraineté économique pour les pays en développement comme le Pakistan.

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Les compressions budgétaires en francisation dénoncées

22 octobre 2024, par Fédération des syndicats de l'enseignement (FSE-CSQ) — , , ,
Le président de la Fédération des syndicats de l'enseignement (FSE-CSQ), Richard Bergevin, a pris la plume dans les journaux des Coops de l'information, le 12 octobre dernier, (…)

Le président de la Fédération des syndicats de l'enseignement (FSE-CSQ), Richard Bergevin, a pris la plume dans les journaux des Coops de l'information, le 12 octobre dernier, pour dénoncer les compressions en francisation dans les centres de services scolaires (CSS). Il y critique sévèrement les décisions gouvernementales, qui, selon lui, compromettent l'intégration des nouveaux arrivants et fragilisent les équipes-écoles.

Tiré de Ma CSQ.

Bien que le ministre de l'Immigration, de la Francisation et de l'Intégration, Jean-François Roberge, se défend d'avoir effectué des compressions en francisation, les coupes sont bien réelles, selon Richard Bergevin. « Malgré une forte demande et des listes d'attente qui s'allongent, le nombre de groupes de francisation a été dramatiquement réduit dans plusieurs régions », écrit-il, mentionnant des compressions à Repentigny, à Sherbrooke et à Québec, notamment.

Le président de la FSE-CSQ affirme que l'inquiétude et la colère du personnel enseignant sont palpables : « Ces compressions affectent sérieusement les centres d'éducation des adultes en décimant des équipes-écoles qui ont développé des expertises incomparables au fil des ans et tissé des liens très humains en prenant soin de nos nouveaux arrivants. » Il ajoute que « travailler en francisation est un choix [pour ces enseignantes et enseignants qui] ne sont pas des pions à déplacer sans conséquence ».

Selon Richard Bergevin, la francisation n'est pas seulement un cours de langue, mais un véritable outil d'intégration sociale et culturelle : « C'est l'art d'accueillir les gens chez soi, en leur donnant les repères pour s'intégrer au Québec et participer à la vie de nos communautés. »

Enfin, il lance un appel au gouvernement pour qu'il prenne soin de ses enseignantes et enseignants à l'éducation des adultes, qui jouent un rôle central dans ce processus d'intégration. « Ils ont droit au plein respect d'un gouvernement qui souhaite mousser les carrières en enseignement, mais qui n'hésite pas à disposer cavalièrement de ceux qui y travaillent ».

Lisez l'intégrale de la lettre sur le site de La Tribune.

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Charge de travail : une nouvelle approche, de nouveaux outils

22 octobre 2024, par Alliance du personnel professionnel et technique de la santé et des services sociaux (APTS) — , ,
« On passe d'une démarche de dénonciation à une vision positive de prévention et d'éducation, sans pour autant négliger la surcharge de travail », explique Sandra Etienne, (…)

« On passe d'une démarche de dénonciation à une vision positive de prévention et d'éducation, sans pour autant négliger la surcharge de travail », explique Sandra Etienne, vice-présidente de l'APTS et responsable politique du dossier de la charge de travail.

Le premier jalon de ce changement a été posé en mars dernier avec la création du tout nouveau Groupe d'intervention sur la charge de travail (GICT), qui a succédé à la Table nationale sur la surcharge de travail. Le GICT s'est réuni à plusieurs reprises depuis et a travaillé activement à une nouvelle stratégie d'intervention, lancée officiellement au dernier conseil général.

L'idée est la suivante : pour mieux maîtriser le problème de la surcharge de travail, voire l'éliminer, il faut d'abord apprendre à mieux connaître ‒ et reconnaître ‒ tous ses tenants et aboutissants, mieux « lire » le contexte général qui l'accompagne (indices, signes), et bien identifier les ressources disponibles ainsi que les moyens d'action pour ensuite intervenir plus efficacement.

Dans cette optique, le GICT a préparé un tout nouveau Guide sur la charge de travail destiné aux équipes syndicales locales, lequel vient d'être lancé et met de l'avant cette toute nouvelle approche. S'amorce également, en parallèle, la publication d'une série de douze fiches de vulgarisation sur le même sujet, mais à l'intention des membres de l'APTS, lesquelles font écho au Guide et seront publiées dans le fil@pts.

Ces nouveaux outils proposent des pistes de réflexion et des solutions au sujet de la surcharge de travail, présentées de façon simple et accessible. On y explore une douzaine de thèmes, allant des notions de base sur la charge de travail à la santé et la sécurité du travail, en passant par l'autonomie professionnelle et les exigences déontologiques.

Cette nouvelle approche s'accompagne également d'une nouvelle signature visuelle (voir illustration ci-dessus). « L'ensemble exprime un changement d'orientation, de souligner Sandra Etienne. Les choses sont envisagées sous un nouvel angle : l'information, les solutions, la prise en main, l'action et la mobilisation ».

Les membres du GICT croient fermement que la lutte contre la surcharge de travail doit d'abord s'appuyer sur la compréhension des concepts qui la définissent, de façon à pouvoir utiliser les bons leviers, au bon moment, pour mieux se protéger. C'est le cœur même de cette nouvelle approche.

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Négociation dans le secteur public - Les membres de la FIQ acceptent la recommandation du conciliateur

22 octobre 2024, par Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec (FIQ) — , ,
À l'issue d'un vote référendaire tenu les 15, 16 et 17 octobre, les membres de la Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec—FIQ ont accepté à 66,3 % la (…)

À l'issue d'un vote référendaire tenu les 15, 16 et 17 octobre, les membres de la Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec—FIQ ont accepté à 66,3 % la recommandation du conciliateur. Celle-ci devient le nouveau contrat de travail des professionnelles en soins et marque la conclusion de la négociation avec le gouvernement du Québec concernant leurs conditions de travail pour la période 2023 à 2028. Le taux de participation s'est élevé à 75 %.

« Nos membres ont décidé d'accepter cette recommandation, bien qu'elle ne réponde pas à toutes leurs préoccupations. La FIQ poursuivra sa lutte pour de meilleures conditions de travail et des soins sécuritaires, tout en restant déterminée à défendre la stabilité des équipes, qui est essentielle à la qualité des soins. Car rappelons-le, les conditions de travail de nos membres demeurent les conditions de soins offertes à la population », exprime Julie Bouchard, présidente de la FIQ.

La FIQ veillera à ce que ce nouveau contrat de travail soit déployé le plus rapidement possible. Le réseau de la santé demeure fragile et le manque de professionnelles en soins pour offrir des soins de qualité à la population est toujours inquiétant. La Fédération continuera d'être aux côtés de ses 80 000 professionnelles en soins — des infirmières, infirmières auxiliaires, inhalothérapeutes et perfusionnistes cliniques — pour s'assurer qu'elles puissent travailler dans des conditions respectueuses et sans risque.

« La lutte des professionnelles en soins a non seulement exposé l'intransigeance du gouvernement, mais a aussi démontré qu'il fait fausse route en exigeant toujours plus de celles qui soutiennent le réseau à bout de bras. L'heure est maintenant à l'unité. « Unies, déterminées et mobilisées » n'est pas qu'un slogan pour nous, c'est l'ADN même de notre organisation. Cet esprit de solidarité et de détermination sera au cœur de la poursuite de nos luttes pour des conditions de travail dignes et le respect de l'expertise des professionnelles en soins », indique Mme Bouchard.

« Il devient primordial que le gouvernement soit à l'écoute de celles qui sont au cœur du réseau de la santé et des services sociaux. De nombreux enjeux persistent, même après l'adoption d'un contrat de travail. Nous considérons qu'un changement profond de valeurs sera nécessaire pour redresser le réseau et y attirer à nouveau des professionnelles en soins », conclut la présidente de la FIQ.

Rappelons que le conciliateur, intervenu à la suite d'une impasse persistante entre la FIQ et le gouvernement, avait déposé une proposition le 15 septembre dernier. La convention collective est échue depuis le 31 mars 2023.

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Un simulacre de consultation : La commission parlementaire du PL 69

22 octobre 2024, par GMob — , ,
Pierre-Guy Sylvestre, économiste et conseiller syndical au service de la recherche du syndicat canadien de la fonction publique (SCFP) représente, entre autres, les employés (…)

Pierre-Guy Sylvestre, économiste et conseiller syndical au service de la recherche du syndicat canadien de la fonction publique (SCFP) représente, entre autres, les employés d'Hydro-Québec. Il dénonce l'attitude méprisante du gouvernement de la CAQ envers les travailleurs et travailleuses d'Hydro-Québec qui ont refusé d'inviter le SCFP à la commission parlementaire du projet de loi 69. Malgré ce refus, la FTQ a accepté de partager son temps d'intervention ce qui a permis au SCFP de continuer à lancer l'alerte face à l'accélération de la privatisation de la production et la distribution d'électricité au Québec. Le SCFP dénonce une commission parlementaire qui est un semblant de représentation démocratique et met en lumière les processus de dépossession de la production d'électricité mené par la CAQ au profit d'intérêts privés.

Cette vidéo a été produite dans le cadre de la campagne Dépossession : Contre la privatisation de nos services publics de GMob.

15 ocotbre 2024 | tiré de la lettre de GMob-GroupMobilisation
GMob-GroupMobilisation

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Réforme de la Loi sur les mines : quels changements, quels enjeux ?

22 octobre 2024, par Centre québécois du droit de l'environnement (CQDE) — , ,
Se terminent cette semaine les consultations particulières sur le projet de loi 63 modifiant l'encadrement des activités minières. De nombreux groupes aux intérêts variés ont (…)

Se terminent cette semaine les consultations particulières sur le projet de loi 63 modifiant l'encadrement des activités minières. De nombreux groupes aux intérêts variés ont ainsi été entendus en commission parlementaire. Du point de vue de la protection de la nature et des communautés, de nouveaux mécanismes sont accueillis favorablement, mais certaines préoccupations importantes ont été soulevées. Voici un tour d'horizon de ce qui est en jeu dans ce chantier législatif.

Contexte

Le projet de loi 63 est annoncé comme une « modernisation » de la Loi sur les mines. Précisons que les origines de la Loi sur les mines remontent à la fin des années 1800, mais que c'est dans les années 1960 qu'on a commencé à y parler d'environnement. Elle a par la suite été modifiée à quelques reprises au cours des dernières décennies. Son objectif demeure de faciliter l'accès au territoire pour favoriser le développement minier, bien qu'il soit précisé que ce développement doit se faire « au bénéfice des générations futures ».

La Loi sur les mines encadre tant l'exploitation des minéraux comme l'or et le lithium que celle du sable, du gravier et de l'argile, qu'on appelle « substances minérales de surface ». Elle divise les activités minières en différentes étapes qui ont chacune leurs propres règles :

l'inscription d'un claim, qui constitue un droit minier exclusif d'exploration d'un territoire ;

l'exploration minière, soit la recherche de minéraux ;

l'exploitation minière, soit le développement de projets pour extraire ces minéraux (mines, carrières, sablières) ;

la fin des projets miniers, soit la fermeture et la restauration des sites.

Alors que le nombre de claims a bondi ces cinq dernières années et que de nombreuses préoccupations ont été exprimées par la société civile, le gouvernement a lancé une large consultation en 2023, puis déposé le projet de loi 63 au printemps 2024. Quels changements sont-ils proposés ?

Certaines modifications visent des aspects techniques et administratifs du régime (par exemple, le mot « claim » deviendrait « droit exclusif d'exploration ») alors que d'autres accordent de nouveaux pouvoirs à la ministre des Ressources naturelles et aux municipalités.

Voici certaines de ces modifications comportant des dimensions environnementales ou liées à l'intérêt public, ainsi qu'un résumé des préoccupations qui ont été soulevées à ce jour.

Évaluation des impacts sur l'environnement

Actuellement, seuls certains projets miniers sont automatiquement soumis à la procédure québécoise d'évaluation des impacts sur l'environnement, qui mène entre autres à un examen par le BAPE. Ce sont les projets visant à extraire de l'uranium ou des terres rares ainsi que les projets qui dépassent un certain seuil de production, exprimé en tonnes métriques. Ces seuils sont fixés dans un règlement. Les projets d'agrandissement de mines existantes sont assujettis à une évaluation dans certains cas, notamment si l'aire d'exploitation est augmentée de plus de 50%.

Le projet de loi propose que tous les nouveaux projets d'exploitation minière (sauf pour les substances minérales de surface) soient soumis à la procédure d'évaluation des impacts, indépendamment de la capacité d'extraction. On ajoute aussi plusieurs circonstances où les projets d'agrandissements seraient assujettis à la procédure, mais cela demeure limité. Certains groupes environnementaux accueillent favorablement que davantage de projets miniers soient soumis à une évaluation, mais déplorent que plusieurs travaux d'agrandissement y échappent toujours.

Carrières et sablières

L'exploitation des substances minérales de surface (carrières et sablières) nécessite la conclusion d'un bail d'exploitation avec l'État, qui peut être exclusif ou non-exclusif. Le projet de loi propose d'exempter certains projets de devoir conclure un bail. Il s'agit des carrières ou sablières servant à construire un chemin forestier en terre publique et de celles exploitées par l'État québécois (par exemple un autre ministère) à des fins de construction ou d'entretien d'un « ouvrage de l'État ».

Le projet de loi propose que tous les nouveaux projets de carrière et sablière soient précédés d'une consultation publique dans la région concernée, alors qu'actuellement il y en a dans certains cas seulement. Cette consultation n'est toutefois pas l'équivalent d'une évaluation complète des impacts.

De plus, le projet de loi propose d'élargir les circonstances où la ministre peut refuser de conclure ou renouveler un bail, notamment pour des objectifs de protection du territoire et de limitation des impacts sur les communautés locales et autochtones . Il s'agit d'un pouvoir discrétionnaire.

Pouvoirs des municipalités et les propriétaires privés

L'activité minière est permise dans la majorité du territoire du Québec, incluant dans les villes, sur les terrains privés et sur les territoires revendiqués par des nations autochtones. La Loi sur les mines permet toutefois à la ministre des Ressources naturelles de « soustraire » un territoire à l'activité minière dans certaines circonstances, notamment pour tout objet jugé « d'intérêt public ». Cette soustraction fait en sorte qu'il n'est plus possible de réaliser de l'exploration minière ou de projeter l'exploitation d'une mine, d'une carrière ou d'une sablière sur ce territoire. Elle rend aussi impossible l'enregistrement de nouveaux claims, mais permet aux claims existants de perdurer et d'être renouvelés.

Pour soustraire un territoire à l'activité minière, une municipalité régionale de comté (MRC) peut délimiter, dans son schéma d'aménagement et de développement, un « territoire incompatible avec l'activité minière » (TIAM), soit une portion du territoire où la viabilité des activités serait compromise par les impacts engendrés par l'activité minière.

Le projet de loi propose de maintenir ce mécanisme, mais d'également soustraire à l'activité minière toutes les terres privées où il n'y a pas encore de claims ainsi que tous les périmètres d'urbanisation (périmètre que toute MRC doit délimiter dans son schéma d'aménagement). Selon certains groupes environnementaux, il s'agit d'un gain pour la population de milieux urbains et pour plusieurs propriétaires privés, mais il faudrait prévoir davantage de mécanismes pour les terres privées faisant déjà l'objet de claims et pour les terres publiques.

Il est maintenant proposé qu'une fois qu'une MRC a soustrait une partie de son territoire à l'activité minière avec un TIAM, elle pourrait demander au ministre de lever la soustraction, c'est-à-dire de permettre à nouveau l'activité minière après l'avoir suspendue. Cette levée pourrait être partielle (permettant seulement les carrières et sablières), sur demande d'une municipalité locale, ou totale (permettant l'activité minière régulière), sur demande d'une MRC.

Une fois la levée accordée et l'activité minière permise de nouveau, il y aurait un délai de 10 ans sans pouvoir demander à nouveau la protection de ce territoire. Certains groupes environnementaux ont des réserves quant à ce processus de levée de la soustraction puisque celle-ci aurait lieu sans évaluation des impacts et sans consultation publique obligatoire. Certains craignent notamment les pressions économiques ou politiques qui pourraient être exercées sur les municipalités pour l'utilisation de ces pouvoirs.

Mécanismes visant les droits et intérêts autochtones

Le projet de loi propose de préciser que la ministre peut utiliser son pouvoir de soustraction pour mettre en œuvre une entente avec une nation ou communauté autochtone, alors que la Loi prévoit actuellement qu'elle peut le faire pour un motif « d'intérêt public ». Il propose également de préciser que la ministre pourrait ajouter des conditions ou obligations à un titulaire de claim pour « éviter ou limiter les impacts sur les communautés locales et autochtones ».

De plus, le projet de loi introduit une obligation d'aviser la nation ou communauté autochtone concernée dans les 60 jours après l'inscription d'un claim. Il ne prévoit pas de consultation avant le claim.

Rappelons que la Cour supérieure devrait rendre d'un jour à l'autre sa décision sur la constitutionnalité de la Loi sur les mines actuelle, contestée par la Première Nation Mitchikanibikok Inik (aussi appelés les Algonquins du Lac Barrière) en raison du défaut systémique du Québec de les consulter et les accommoder avant d'accorder des claims miniers et de permettre des activités d'exploration sur leurs territoires.

Réaménagement et restauration des sites miniers

Avant toute exploitation minière, la Loi sur les mines exige qu'un bail minier soit conclu avec le ministère des Ressources naturelles. Comme condition à la conclusion de ce bail, un plan de réaménagement et de restauration doit être approuvé. Ce plan doit viser à « remettre dans un état satisfaisant le terrain affecté par ces activités ». En pratique, la restauration des sites miniers est un enjeu important puisque dans plusieurs cas, plusieurs années après la fermeture de la mine, l'état du site est loin de son état initial. Certains groupes environnementaux ont exprimé leurs préoccupations à l'égard du manque de précision quant à ce qu'est un « état satisfaisant », et estiment que le projet de loi devrait plutôt exiger une remise en état du milieu ou une restauration à l'état naturel.

Une fois que les travaux de réaménagement sont effectués et satisfont la ministre, un suivi et une surveillance des travaux sont assurés. Le projet de loi propose de limiter ce suivi à une durée de 15 ans, ce qui préoccupe certains groupes au motif que ce ne serait pas suffisant pour éviter que les conséquences à long terme des activités minières ne soient supportées par la société civile.

Le projet de loi introduit par ailleurs une obligation, dans certains cas, de réparer, via le paiement d'une somme d'argent, le « préjudice » causé à l'environnement par un projet minier, et ce, malgré l'absence de faute. L'évaluation du préjudice et le montant associé ne sont pas définis dans le projet de loi et seraient déterminés par un futur règlement.

À quand les changements ?

Après les consultations particulières sur le projet de loi, la Commission parlementaire fera un rapport à l'Assemblée nationale. Celle-ci, c'est-à-dire l'ensemble des député-es du Québec, pourra alors discuter d'amendements possibles au projet de loi. Ultimement, les député-es voteront sur l'adoption du projet de loi.

Mais une fois la loi adoptée, ces changements seront-ils immédiats ?

La plupart des modifications entreront en vigueur immédiatement, à l'exception de celles exigeant des modifications réglementaires, qui sont pour leur part retardées jusqu'à ce que les règlements concernés soient modifiés ou adoptés. Certains délais de grâce sont également prévus pour les nouvelles exigences qui peuvent demander une période d'adaptation plus importante. Par exemple, certaines nouvelles formalités nécessaires pour renouveler un claim ne s'appliqueront pas au prochain renouvellement des claims actuellement en vigueur, plutôt seulement au renouvellement subséquent. Les modifications s'appliqueraient toutefois immédiatement aux demandes de bail minier ou d'exploitation de substances minérales de surface déjà déposées mais pas encore abouties.

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Notice nécrologique de Fredric Jameson (1934-2024) par Boris Kagarlitsky -

22 octobre 2024, par Boris Kagarlitsky — ,
Critique littéraire et philosophe américain, Fredric Jameson est reconnu pour avoir revitalisé le marxisme. Le sociologue marxiste Boris Kagarlitsky est actuellement incarcéré (…)

Critique littéraire et philosophe américain, Fredric Jameson est reconnu pour avoir revitalisé le marxisme. Le sociologue marxiste Boris Kagarlitsky est actuellement incarcéré dans une prison russe pour avoir dénoncé l'invasion à vaste échelle de l'Ukraine. Dans le cadre de la campagne de solidarité internationale pour faire libérer Boris Kagarlitsky, une conférence en ligne a été tenue le 8 octobre : Boris Kagarlitsky and the challenges of the left today (Boris Kagarlitsky et les défis de la gauche aujourd'hui). Canadian Dimension est fier d'avoir co-organisé l'événement.

Vendredi 4 octobre 2024 / DE : Boris Kagarlitsky
Tiré de Canadian Dimension

Traduction Johan Wallengren

J'ai reçu durant mon emprisonnement un certain nombre de messages m'avisant du décès de collègues. J'apprends à présent le décès de Fredric Jameson, qui est l'auteur d'ouvrages fondamentaux sur la culture du capitalisme tardif et qui compte parmi les premiers à avoir discuté du postmodernisme en philosophie et en politique tout en mettant en évidence les liens à faire entre les réflexions intellectuelles, les changements dans le discours des personnalités politiques et les changements sociaux structurels. Il est clair qu'ici, dans la colonie pénitentiaire n° 4, je n'ai pas accès à ce dont j'aurais besoin pour écrire un article complet sur les idées de Jameson et sur sa contribution au développement des sciences sociales et de la théorie marxiste. Et pour être honnête, je préférerais parler d'autre chose – Jameson n'a jamais été un théoricien aride ou un universitaire ennuyeux, même s'il a travaillé dans un cadre universitaire et a eu beaucoup d'étudiants.

Je l'ai rencontré dans les années 1990, lors de mon premier voyage aux États-Unis. Fred était l'une des personnes ayant aidé à organiser le voyage, et très vite, après quelques jours passés à Madison, au Wisconsin, avec un autre sociologue Erik Olin Wright, quelqu'un de remarquable, je suis allé plus au sud, à l'université Duke, en Caroline du Nord, où Jameson enseignait. Le fait de ne pas encore avoir lu ses ouvrages à l'époque était embarrassant. Mon excuse était que c'était encore l'ère soviétique et que l'accès aux livres étrangers était assez compliqué, malgré les changements politiques qui avaient déjà eu lieu. La perestroïka suivait encore son cours dans notre pays, tandis qu'aux États-Unis, on commençait à peine à mesurer les conséquences des réformes néolibérales (il faudrait plutôt parler de contre-réformes) mises en œuvre par le président de l'époque, Ronald Reagan.

J'ai immédiatement été frappé par le fait que Jameson n'avait rien à voir avec la plupart des intellectuels occidentaux, y compris ceux de gauche, avec lesquels j'avais eu l'occasion de tisser des liens. Il m'avait l'air d'un homme empreint de bonhomie et terre-à-terre, un vrai Sudiste (c'était ma façon de le voir en tout cas), un amateur de bière qui aimait la cuisine grasse, un homme aussi corpulent que joyeux. C'était la dernière personne de qui on pouvait s'attendre à entendre de profondes réflexions sur l'esthétique et la philosophie ou de subtiles analyses politiques, mais c'était précisément le type de conversations que nous avions. Ce qui préoccupait le plus Fred, c'était l'influence de la pensée postmoderniste éclectique sur la gauche et le marxisme. Chantal Mouffe et Ernesto Laclau, qui venaient de publier un livre sur l'hégémonie, étaient ses principales bêtes noires. « Quelle est cette hégémonie sans sujet social, sans classe consciente de ses intérêts ? tonnait Fred. « Ils diluent la théorie de Gramsci, ils la vident de sa substance !

Comme lui, je n'ai pas aimé le livre de Laclau et Mouffe (que j'avais réussi à lire au préalable), mais ce qui m'a particulièrement impressionné, c'est la passion avec laquelle Fred – toujours un vrai Sudiste – prenait à partie celles et ceux avec qui il n'était pas d'accord. Plus tard, j'ai appris à connaître Chantal Mouffe et nous avons eu ensemble des débats passionnants (nous nous accordions sur certaines choses, mais sur d'autres pas du tout). Le temps a encore passé et puis j'ai revu Fred à une autre conférence et je lui ai demandé s'il avait changé d'avis, surtout eu égard au fait que Mouffe elle-même, dans ses ouvrages plus récents, me semblait beaucoup plus respectueuse de la sociologie marxiste. « Pas de concessions ! a tonné Fred une fois de plus. Ce ne sont que des tactiques, rien n'a changé sur le fond. »

Il y a lieu de mentionner que Fred, tout en étant un innovateur intellectuel, défendait fermement les approches marxistes classiques (et ce faisant, il démontrait, exemple à l'appui, leur productivité et leur pertinence).

Pendant que j'y suis, je me permets d'ouvrir une petite parenthèse pour faire remarquer à la lectrice ou au lecteur qu'à la fin du XXe siècle – et encore maintenant, je suppose – l'Amérique est devenue, de manière inattendue, un pays où la pensée marxiste et, plus largement, la pensée de gauche se sont épanouies. Oui, les sociologues et les théoriciens politiques travaillant aux États-Unis étaient à l'étroit dans le ghetto universitaire où ils avaient été confinés depuis les persécutions de l'ère McCarthy dans les années 1950. Ce n'est peut-être que grâce à la campagne présidentielle de Bernie Sanders en 2016 qu'ils ont réussi à émerger. Pour quelqu'un de la stature de Jameson, avec sa verve et son bagout, la situation a dû être physiquement étouffante. Cela ne l'empêchait pas de dégager une aura de vitalité et d'optimisme, si nécessaire à notre époque.

La dernière fois que nous nous sommes rencontrés, c'était à Moscou. Nous avons bu de la bière, puis du vin dans un restaurant géorgien, et nous avons parlé de nos connaissances mutuelles et de politique. Cette fois je me suis davantage exprimé et j'ai essayé d'expliquer comment le système politique russe et l'idéologie d'État étaient structurés. « Le postmodernisme incarné ! », s'est exclamé Fred, mi-impressionné, mi-dégoûté. À ce moment-là, j'avais non seulement lu son livre sur le capitalisme tardif, mais je l'avais recommandé à mes étudiants.

Nous ne savions pas que ce serait notre dernière rencontre en personne. Depuis lors, il y a eu des campagnes internationales où nos noms sont souvent apparus côte à côte. Et puis Fred a aidé à organiser la campagne pour me faire libérer. Malheureusement, lorsque je sortirai de prison, je ne pourrai pas le remercier, ni réentendre sa voix, ni connaître son opinion sur la dernière question de l'heure. Plus le temps passe, plus nous nous isolons et perdons des interlocuteurs appréciés, des enseignants et des collègues respectés. À nous, alors, de persévérer. Mais nous avons toujours des étudiants, des partisans et des camarades. Fred en avait beaucoup.

Cet article a été initialement publié en russe sur le site Rabkor.

Boris Kagarlitsky est professeur à l'École supérieure des sciences sociales et économiques de Moscou. Il est le rédacteur en chef du journal en ligne et de la chaîne YouTube Rabkor. En 1982, il a été emprisonné pour activités dissidentes sous Brejnev. Il a ensuite été arrêté sous Eltsine en 1993 et sous Poutine en 2021. En 2023, les autorités l'ont déclaré « agent étranger », mais il s'est refusé à quitter le pays, contrairement à de nombreuses autres personnalités opposées au régime. Parmi ses ouvrages traduits en anglais figurent Empire of the Periphery : Russia and the World System (Pluto Press 2007), From Empires to Imperialism : the State and the Rise of Bourgeois Civilisation (Routledge 2014), et Between Class and Discourse : Left Intellectuals in Defence of Capitalism (Routledge 2020).

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Le prix de la langue française 2024 décerné à Abdellah Taïa

22 octobre 2024, par Samuel Gleyze-Esteban — , ,
Remis par la ville de Brive (Corrèze), le prix de la langue française 2024 récompensera, le 8 novembre, l'écrivain Abdellah Taïa. Tiré de l'Humanité Par Samuel (…)

Remis par la ville de Brive (Corrèze), le prix de la langue française 2024 récompensera, le 8 novembre, l'écrivain Abdellah Taïa.

Tiré de l'Humanité
Par Samuel Gleyze-Esteban, L'Humanité, France, le jeudi 17 octobre 2024

Remis par la ville de Brive (Corrèze), le prix de la langue française 2024 récompensera, le 8 novembre, une plume engagée venue du Maroc. De ses premières nouvelles publiées au tournant des années 2000 jusqu'au « Bastion des larmes », paru en août chez Julliard, Abdellah Taïa, né en 1973, s'est fait le témoin des changements et des injustices de la société marocaine.

Il fut aussi l'un des premiers à déclarer publiquement son homosexualité, dans un pays où elle est condamnée par la loi, et compte comme un défenseur de la cause LGBTQ +. En 2009, il dirigeait l'ouvrage « Lettres à un jeune Marocain », un appel politique adressé à la nouvelle génération, un an avant le début du printemps arabe, dont il s'est fait l'écho. Dans son communiqué, le jury salue « des textes forts dans lesquels résonne la voix des opprimés et des marginaux ».

Le dernier d'entre eux, une enquête intime et, comme souvent, irriguée d'autobiographie, expose la culture du viol subie par les jeunes garçons marocains. Le livre est en lice pour le Goncourt.

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Le budget en examen à l’assemblée nationale

22 octobre 2024, par Omar Haddadou — , ,
Les débats s'annoncent tendus à l'Assemblée nationale, depuis hier. Dépourvu d'une majorité absolue, le nouveau Premier ministre, Michel Barnier, pourrait recourir à l'Article (…)

Les débats s'annoncent tendus à l'Assemblée nationale, depuis hier. Dépourvu d'une majorité absolue, le nouveau Premier ministre, Michel Barnier, pourrait recourir à l'Article 49.3 pour l'adoption de la Loi de finances 2025. Le Rassemblement National en quête d'une stratégie.

De Paris, Omar HADDADOU

Dégainera ! Dégainera pas !
Au moment où les GAFA mettent les bouchées doubles, politiquement tous les regards sont braqués vers Michel Barnier, Premier ministre français qui s'échine à faire voter, dans la cacophonie et les frondes les plus déchaînées, le Budget 2025 à l'heure où le déficit de la France est revu à la hausse à 166, 6 milliards, dans la Loi de finances de l'année en cours. Quarante-huit heures après son rejet en Commission des finances, le texte revient donc en séance publique, flanqué d'un autre dossier à susciter des nuits blanches au locataire de Matignon, celui de la Sécurité sociale. Le triste tableau brossé par la Commission des Comptes, fait état d'un gouffre financier de 16, 6 milliards d'euros, loin des 10,8 milliards prévus.
Hier, les Députés planchaient sur la partie « recettes » de l'Etat qui prévoit 60 milliards d'économies dans la perspective du vote inéluctable de l'Article 49.3 de la Constitution. La motion de rejet sur le projet de Loi de finances, a été « retirée », ce lundi 21 octobre 2024, de la part de La France Insoumise (LFI). Son Président de Commission des Finances, Eric Coquerel s'en expliquait : « On voulait la déposer, mais en réalité, on ne voulait pas qu'elle soit votée. Donc, on a préféré carrément la retirer ».
La semaine des débats dans l'hémicycle s'annonce âpre. Et certains chefs (es) de file ont déjà teinté la teneur de leurs déclarations : « Le budget de Michel Barnier fait les poches de la France du travail » déclare le Président du RN, Jordan Bardella, et d'ajouter « Un projet de Loi sans cap ni cohérence ». Hostile à l'Aide médicale de l'Etat (AME), bien calée dans le viseur de l'intraitable Ministre de l'Intérieur Retailleau et son vomi « Ma ligne est claire, tolérance zéro », Bardella ne cache pas sa haine à envers les étrangers (es) et les foyers modestes : « La hausse du budget de l'AME est une ligne rouge. Si elle venait à être franchie, le gouvernement s'exposerait à une censure », fustige-t-il. Incontestablement, le Premier ministre est poussé par Macron sur du sable mouvant. Une mission qui n'est plus enviable, dans une vie politique empreinte d'aboiements effrayants et de chutes précipitées.
Si la motion de rejet est votée, le texte ira directement au Sénat dans la version du gouvernement.

Un tel scénario, permet à Michel Barnier de s'armer du 49.3 de la Constitution. « La Gauche et le NFP, dira Manuel Bompard porte-parole de la France Insoumise, ont fait la démonstration qu'un autre budget est possible puisque nous avons réussi à faire voter des amendements qui permettaient de générer 60 milliards d'euros de recettes nouvelles. C'est exactement le chiffre que cherche le Premier ministre en terme d'économie ».

Selon le Député, « les 60 milliards qui manquent chaque année au budget de l'Etat correspondent exactement aux cadeaux fiscaux offerts par Emmanuel Macron aux riches de ce pays ! »

Interrogé sur la possibilité du recours au 49.3, Laurent Saint-Martin, Ministre du Budget et des Comptes (de Gauche, introduit dans le gouvernement Barnier), a émis le souhait que le « débat ait lieu et le texte soit amendé, modifié, et qu'il ait des changements, conformément à la vie des Institutions ».
Otage d'un malaise planétaire, nourri par les guerres larvées, une déflagration des Institutions, une explosion des profits d'une minorité, la perte de la quintessence religieuse et l'infusion du Populisme, la France ne sait plus où donner de la tête !

O.H

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