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Battre l’extrême-droite

Résumé :
Nous en sommes là : avec une extrême droite aux portes du pouvoir et qui a failli l'emporter. Qui gagnera si on n'engage pas tous les moyens pour l'empêcher. Or cette extrême droite est féroce : elle n'a rien abandonné de son racisme ni de sa violence, malgré ses tentatives pour se respectabiliser.
Ludivine Bantigny
Editions du Croquant (08/10/2024)
Ce livre examine son programme et ses stratégies, la machine médiatique qui lui sert de marchepied et le pouvoir en place qui ne cesse de la favoriser en imitant son projet. Mais l'analyse ne suffit pas : battre l'extrême droite exige non seulement de comprendre ce qu'elle est, avec ses mensonges, ses faux-semblants et ses mesures de régression sociale, mais aussi de proposer une alternative véritable, qui aide à se fédérer.
D'urgence : remettre la honte au racisme, miser sur la solidarité et considérer nos vies à égale dignité.
Ludivine Bantigny est historienne. Elle a publié de nombreux livres d'histoire sociale et politique parmi lesquels :
• La France à l'heure du monde (Seuil), 1968.
• De grands soirs en petits matins (Seuil),
• Révolution (Anamosa),
• La Commune au présent. Une correspondance par-delà le temps (La Découverte)
• et Une histoire globale des révolutions avec Quentin Deluermoz, Boris Gobille, Laurent Jeanpierre et Eugénia Palieraki (La Découverte).
Ainsi que des essais :
• Face à la menace fasciste avec Ugo Palheta (Textuel),
• L'ensauvagement du capital (Seuil),
• Que faire ? Stratégies d'hier et d'aujourd'hui pour une vraie démocratie (10/18).
POURQUOI NOS MILLIARDAIRES CHOISISSENT LE FASCISME | LUDIVINE BANTIGNY, MARLÈNE BENQUET
6 décembre 2024 | tiré du journal Le media
https://lemediatv.fr
Le 21 avril 2002, l'irruption de Jean-Marie Le Pen au second tour de l'élection présidentielle après cinq années de gouvernement Jospin jetait une grande partie du pays dans la stupeur et l'indignation. Les scores électoraux de l'extrême-droite n'ont pas cessé de monter depuis, et, 22 ans après, cette dernière est au pouvoir en France dans une large mesure. Depuis la réélection d'Emmanuel Macron en 2022, son influence pèse plus que jamais sur les politiques mises en oeuvre, à tel point qu'on peut désormais parler de « macrolepénisme ». Grâce à la dissolution décidée par le Président en juin 2024, elle tient près d'un quart des sièges à l'Assemblée nationale. Le gouvernement Barnier n'a pu se constituer qu'avec son accord, en intégrant un ministre de l'intérieur, Bruno Retailleau, connu pour des déclarations racistes, et la chute toute récente de ce gouvernement est due à la défection du RN. Les idées de l'extrême-droite tendent à dominer le débat politique et la perspective de sa victoire à la prochaine présidentielle hante les esprits.
Comment en est-on arrivé là ?
Pour ce nouveau numéro d'« On s'autorise à penser », #JulienThéry reçoit l'historienne #LudivineBantigny et la sociologue #MarlèneBenquet, autrices de publications récentes à ce sujet. Dans Battre l'extrême-droite, L. Bantigny souligne la place de premier plan prise par les média dans la fascisation générale. De son côté, dans une contribution à un volume publié par l'Institut La Boétie, Extrême-droite : la résistible ascension (direction Ugo Palheta), M. Benquet analyse une évolution décisive du capitalisme ces deux dernières décennies : alors que le patronat soutenait traditionnellement la droite libérale, la « seconde financiarisation » a porté les détenteurs du capital à promouvoir désormais des extrémistes fascisants susceptibles de favoriser mieux encore leurs intérêts.
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Déni d’humanité

Claude Calame dénonce le caractère violent, voir criminel des politiques migratoires occidentales.
https://solidarites.ch/journal/430-2/pacte-europeen-migration-asile-loi-darmanin-deni-d-humanite/
L'acception du Pacte européen sur la migration et l'asile et le passage en force de la « Loi Darmanin » en France représentent deux nouveaux exemples du caractère violent, voir criminel des politiques migratoires occidentales.
Depuis 2014 plus de 20 000 personnes contraintes à l'exil et cherchant un refuge dans l'Union européenne ont perdu la vie, en particulier en Méditerranée centrale et au large des Canaries, mais aussi dans la Manche ou sur la « route des Balkans ». Ce véritable crime contre l'humanité a été dénoncé à plusieurs occasions, notamment devant la Cour pénale internationale. La cause de ces milliers de mort·es souvent anonymes ? La fermeture toujours plus répressive des frontières de l'Union européenne aux personnes ne détenant pas de visa d'entrée.
Or, cette politique de rejet discriminatoire de toute personne condamnée à l'exil vient d'être consacrée par l'acceptation, par le Parlement de l'UE, du Pacte européen sur la migration et l'asile. De fait, ce pacte ne fait que confirmer la politique conduite à cet égard par l'UE, inscrite dans les accords de Dublin III : externalisation des frontières (Turquie, Libye, Tunisie, Maroc et même le Niger), dissuasion à l'entrée dans l'UE, sélection entre demandeur·euses d'asile et « migrants » (au masculin !) condamnés à l'exclusion, rétention administrative (mineurs inclus) et politique des retours forcés. S'y ajoutent les limitations à la libre circulation au sein de l'espace Schengen. Le nouveau texte se caractérise en particulier par la multiplication des dispositifs d'enfermement, de tri et de refoulement aux frontières européennes. En contraste, la migration de la main-d'œuvre est favorisée, mais en tenant compte des différents niveaux de compétences requis.
La France se barricade
De ce point de vue, au sein de l'UE, la France est désormais confrontée au passage forcé de la « loi Darmanin », du nom du Ministre de l'intérieur. Annoncée dès le début du second quinquennat d'Emmanuel Macron, elle obéit aux mêmes principes. Avec l'objectif significatif de « contrôler l'immigration et améliorer l'intégration », elle vient de passer en force grâce à l'appui de député·es du Rassemblement National.
Le texte de loi prévoit notamment, à l'égard des étranger·ères au statut précaire, un durcissement de l'accès aux prestations sociales, dont les allocations familiales et les aides aux logements ; des restrictions au regroupement familial et au droit du sol ; des obstacles financiers à l'accueil des étudiantes et étudiants extra-communautaires ; une exécution systématique des OQTF (obligation de quitter le territoire français) assorties d'IRTF (interdiction de retour sur le territoire français) ; la facilitation des expulsions pour les étranger·ères délinquant·es ; des titres de séjour soumis au respect des « principes républicains » et des permis à durée limitée, réservés aux « métiers en tension ». Désormais la répression et le rejet priment largement sur un accueil qui reste sélectif, subordonné qu'il est non seulement aux exigences économiques du pays, mais aussi à l'idéologie dominante de la « préférence nationale ».
L'occident coupable
Mais pourquoi ces migrations sous la contrainte ? Pourquoi ces personnes forcées à l'exil qui, en majorité, émigrent d'ailleurs dans les pays limitrophes à leur région d'origine ? Pourquoi ces choix délibérés de l'exil en raison d'une situation de précarité qui exerce sur les individus et leurs familles des pressions d'ordre matériel, moral, psychique, social, politique, sinon culturel ?
On l'a dit à plusieurs reprises, au titre des causes des migrations forcées il y a tout d'abord les faits de guerre. Mais les actrices et les acteurs des migrations forcées sont avant tout les victimes des énormes inégalités, économiques, sociales et désormais environnementales, entraînées par le grand mouvement de la libéralisation mondialisée des échanges économiques engagée aux États-Unis et en Europe occidentale dans les années 80.
C'est un mouvement globalisant dans lequel désormais Russie et Chine sont incluses. Il exige une croissance économique mesurée en termes de gains financiers par le fait d'une production asservie aux règles de la concurrence et du libre-marché, dans la recherche de la maximisation capitaliste des profits.
Fondé sur des traités de « libre-échange » et réalisé par de puissantes entreprises multinationales soumettant à la logique managériale la plus crue l'exploitation et le commerce des ressources « naturelles » et humaines, le processus de la mondialisation économique et financière a asservi les pays les plus pauvres des Suds aux pays riches du Nord, animés par l'idéologie néolibérale, dans des rapports de domination néocoloniale.
On en connaît les conséquences pratiques : destruction de l'agriculture vivrière et déforestation pour le développement de grandes plantations soumises à l'agrobusiness ; développement urbain anarchique par l'agglomération de bidonvilles ; pollutions diverses dans l'exploitation de l'environnement ; privatisation des services publics ; destructions des cultures locales et finalement conflits et guerres à composantes néocoloniales.
C'est dire qu'en particulier les pays de l'UE, parmi lesquels la Suisse tient la vedette, sont largement responsables des causes de l'exil migratoire dont ils rejettent les victimes, les condamnant à l'exclusion, sinon à la disparition et à la mort. Les pays de l'UE sont coupables, vis-à-vis de celles et ceux qu'ils rejettent dans la catégorie discriminatoire du migrant, d'un véritable déni d'humanité.
Claude Calame
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Trump, ou comment user du droit contre la justice
Retour à la table des matières Droits et libertés, automne 2024 / hiver 2025
Trump, ou comment user du droit contre la justice
Édouard De Guise, Étudiant à Sciences Po Paris et militant à la Ligue des droits et libertés
Par l’agrégation de morceaux constitutionnels qui semblent inoffensifs, voire nécessaires, certains autocrates réussissent à prendre le pouvoir par le biais d’élections en instaurant des régimes illibéraux. Ils forment ce que Kim Scheppele appelle un « Frankenstate », c’est-à-dire un régime autoritaire monstrueux, constitué d’une série de dispositions légales qui semblent normales prises séparément mais qui, en s’additionnant, peuvent menacer la démocratie. À l’aune de l’élection récente de Donald Trump pour son deuxième mandat à la tête du gouvernement étasunien, plusieurs des déclarations récentes du président élu et ses nominations à divers postes gouvernementaux inquiètent sur ses intentions d’utiliser le droit pour aller à l’encontre de la justice, d’affaiblir la démocratie étatsunienne et de commettre des violations de droits par l’usage de moyens légaux.Le premier mandat
Le premier séjour de Donald Trump dans le bureau ovale a été marqué par plusieurs mesures qui ont significativement affaibli l’équilibre démocratique aux États-Unis. Au premier chef, son parti a souvent pratiqué le constitutional hardball, un terme défini par Steven Levitsky et Daniel Ziblatt dans leur ouvrage How Democracies Die. Il s’agit selon eux d’entreprendre des mesures qui respectent la lettre de la loi mais qui sont, par rapport à la culture et à la pratique constitutionnelles en place, abusives. Ainsi, le Sénat majoritairement républicain a refusé de valider la nomination de Merrick Garland à la Cour suprême des États-Unis dans la dernière année du deuxième mandat de Barack Obama. Ils n’ont cependant pas hésité à remplacer Ruth Bader Ginsburg alors que cette dernière est décédée à 45 jours de l’élection présidentielle de 2020. En jouant ainsi avec les doubles standards, les procédures et les institutions, le président Trump a réussi à nommer trois des neuf juges à la Cour suprême, portant la majorité de juges conservateurs à six contre trois. [caption id="attachment_20902" align="alignnone" width="593"]
Plusieurs analystes croient qu’il faut maintenant s’attendre à un Trump revanchard, prêt à tout pour punir celles et ceux qui ont tenté de lui barrer le chemin.
Les politiques de sa première administration ont également conduit à plusieurs bris de droits, notamment à travers des coupes dans plusieurs agences ou départements gouvernementaux. Par exemple, l’administration Trump a adopté une règle particulière, appelée gag rule, qui empêchait de facto Planned Parenthood de toucher des fonds fédéraux. Cette organisation à but non lucratif est une structure importante de l’offre de service de santé reproductive, de contraception et d’avortement aux États-Unis. En coupant ce financement, l’accès à ces services essentiels a été réduit pour une grande partie de la population étatsunienne. Ces coupes seront certainement de retour dans l’agenda politique du deuxième mandat, ce que laisse supposer la nomination du milliardaire Elon Musk à la tête d’un département de l’efficacité gouvernementale, chargé d’émonder l’État étasunien. Au cours de son premier mandat, Trump n’a pas hésité à violer plusieurs autres droits. Sur les droits des personnes incarcérées, l’agence de protection frontalière a détenu des enfants migrants après avoir forcé leur séparation de leurs parents. Sur le droit à un environnement sain, l’homme d’affaires a retiré le pays des Accords de Paris sur le climat dès ses premiers instants dans le bureau ovale. Sur les droits démocratiques, Trump a tenté de renverser le résultat de l’élection présidentielle de 2020 en sommant des officiel-le-s de l’État de Géorgie de lui trouver 11 000 votes. Les exemples sont presque infinis, mais cet article ne l’est pas.La chasse aux adversaires
Les inquiétudes n’étaient peut-être pas aussi vives en 2016 qu’elles le sont en 2024. Et pour cause : l’homme d’affaires n’avait aucune expérience politique; il n’avait pas encore de loyalistes établis dans l’appareil gouvernemental et il n’avait pas une emprise complète sur le parti républicain. Certes, ces éléments illustrent un pouvoir augmenté par rapport à sa précédente victoire électorale, mais ce n’est pas ce qui inquiète le plus. Depuis 2016, Trump a vécu plusieurs épisodes politiques et juridiques qui ont changé son attitude. Alors qu’il se présentait comme un loup solitaire, se disant prêt à drainer le marécage (drain the swamp), il n’avait pas encore expérimenté ni les limites constitutionnelles du pouvoir exécutif aux États-Unis, ni sa défaite électorale de 2020. Plusieurs analystes croient qu’il faut maintenant s’attendre à un Trump revanchard, prêt à tout pour punir celles et ceux qui ont tenté de lui barrer le chemin. À l’inverse, il faut s’attendre à ce qu’il utilise le très puissant pouvoir de pardon présidentiel pour gracier des allié-e-s. Certains juristes croient qu’il pourrait même tenter de se gracier lui-même, puisqu’il fait l’objet de plusieurs enquêtes judiciaires. Cette option demeure toutefois peu probable puisque les accusations portées à son encontre seront probablement retirées ou reportées à plus tard. Or, Trump a déjà utilisé son pouvoir de clémence envers des ami-e-s et allié-e-s lors de son premier mandat. Paul Manafort, reconnu coupable de conspiration contre les États-Unis et d’obstruction à la justice, avait notamment été gracié de cette façon. Ainsi, il faut certes s’attendre à un État de droit considérablement affaibli par l’impunité qu’il accordera à ses proches pendant son deuxième mandat.Des anciens allié-e-s inquiets
Ses anciens allié-e-s ne sont pas toutes et tous restés dans ses bonnes grâces. Certains d’entre elles et eux portent des accusations graves à son encontre, suggérant notamment qu’il pourrait adopter un comportement illibéral à l’avenir. C’est notamment le cas du Major John Kelly qui, quelque temps avant la présidentielle de 2024, affirmait croire que Trump correspondait à sa définition d’un fasciste. Exemple à l’appui : Trump aurait partagé avec lui son souhait que son personnel militaire fasse preuve de la même loyauté envers lui que les généraux d’Hitler. Il s’agit d’un trait typique chez les autocrates, qui valorisent la loyauté davantage que la compétence. L’actualité récente semble nous indiquer que le président élu tente de réaliser son rêve autocratique. Il nomme à des postes-clés de son administration des allié-e-s dont personne ne remet en cause la loyauté, mais dont plusieurs doutent des compétences et même du caractère approprié. À cet égard, Pete Hegseth et Tulsi Gabbard, respectivement présentateur de Fox News présentant un « risque de l’intérieur » aux forces armées, et ancienne représentante ayant partagé certaines opinions avec Vladimir Poutine et Bachar al-Assad, ont été désignés à la tête de la défense nationale et du renseignement. Comme pour empêcher ses subordonné-e-s de devenir des obstacles à son projet, Trump s’assure d’une loyauté totale pour renforcer son emprise sur l’appareil étatique. Au moment d’écrire ces lignes, les procédures sénatoriales de validation des nominations ne sont pas enclenchées. Or, les noms évoqués par Trump pour constituer son administration ne font pas l’unanimité dans la législature républicaine. Pour éviter d’essuyer des revers de la part de la Chambre haute, le président élu a soutenu publiquement l’idée d’une suspension du Sénat. Cela lui permettrait de faire des nominations « en vacance ». Selon Sarah Binder, politologue à l’université George Washington, une telle décision de la part du Sénat présenterait une « abdication absolue de leur pouvoir constitutionnel ».Un président intouchable
Par ces mesures, passées ou anticipées, Trump pratique un décapage démocratique du système politique étasunien. Par des moyens qui respectent le droit mais violent les plus fondamentales normes de tout régime libéral, le président élu instaure un régime de gouvernance dont il tient entièrement les rênes, soutenu par des allié-e-s qui marchent au pied. Le plus inquiétant reste toutefois la question d’immunité présidentielle accrue. Un-e président-e ne peut pas être sanctionné-e pour des actions qui respectent la lettre de la loi. Or, la Cour suprême des États-Unis a récemment jugé qu’elle ou il ne peut pas être traduit en justice non plus pour les actes illégaux qui auraient été commis « dans l’exercice de ses fonctions officielles ». La conjoncture politique étasunienne actuelle inquiète. Des violations des fondements de la démocratie, conjuguées à une culture d’impunité qui prend de la vigueur, mettent en grave danger le caractère libéral de l’État. Dans ce contexte, il faut certainement s’attendre à des violations de droits massives de la part des autorités américaines, par leur inaction, ou même par leur action, que même la géniale Constitution des États-Unis d’Amérique ne pourra prévenir.L’article Trump, ou comment user du droit contre la justice est apparu en premier sur Ligue des droits et libertés.

Féminisme anti-impérialiste sur le continent africain

La militante de la Marche mondiale des femmes au Sénégal parle du contexte actuel des luttes des femmes dans la région.
Tiré de Entre les lignes et les mots
L'Afrique est une région qui suscite un intérêt particulier en raison de sa complexité et de son évolution. C'est un continent qui est également riche en diversité culturelle et en ressources naturelles, mais il fait face à de nombreux défis aujourd'hui. Il y a des éléments qui nous permettent de faire une analyse situationnelle. La première analyse va porter sur la croissance économique qui a connu une avancée soutenue ces dernières années, mais elle n'est pas toujours inclusive, ce qui crée aujourd'hui beaucoup d'inégalités importantes au niveau de nombreux pays africains qui font des efforts pour faire face à d'autres défis en matière de développement durable. En dehors de ça, nous avons l'insécurité et les conflits armés qui frappent notre continent.
Dans plusieurs pays, nous avons vu ce qui se passe un peu en termes d'insécurité, en termes de conflits et qui sont confrontés à des problèmes liés à l'extrémisme violent. C'est le cas du Mali, qui fait face aux violences intercommunautaires, aux trafics illicites. Ces troubles ont des conséquences humanitaires dramatiques qui entravent le développement économique de la région. Nous avons également vu l'impact du changement climatique. Surtout en Afrique de l'Ouest, on est particulièrement vulnérable aux effets du changement climatique, avec tout ce qu'il y a, comme l'érosion côtière et les inondations. Nous avons la remontée des eaux du fleuve Sénégal qui affecte beaucoup les populations, et particulièrement les femmes et les enfants.
À côté de ces phénomènes naturels, nous avons d'autres problèmes liés à la sécurité alimentaire et au déplacement des populations, qui entraînent des déficits démographiques. La région Afrique a l'une des populations les plus jeunes du monde, ce qui représente à la fois une opportunité et un défi. Il est essentiel d'investir dans l'éducation, la formation des jeunes, des enfants, afin de leur permettre de s'insérer dans la vie active.
Tous les conflits que nous vivons en Afrique aujourd'hui sont liés particulièrement au problème de démocratie et de bonne gouvernance. Au niveau de l'Afrique de l'Ouest, nous avons beaucoup de pays et des conflits qui se sont manifestés dû à des transitions démocratiques qui ont mal marché. Pour la consolidation de la démocratie et l'amélioration de la gouvernance, qui sont des défis majeurs pour la stabilité du développement, nous pouvons identifier quelques enjeux qui nous devons y travailler.
La question des violences faites aux femmes, au niveau africain, est lié aux violences sexuelles, au mariage d'enfants, au mariage forcé. Aussi l'accès à l'éducation. Il y a un problème de l'encouragement des filles à investir les matières scientifiques. Bien qu'il y ait eu des politiques dans certains États qui ont mis l'accent sur le maintien de l'accès à l'école, à l'éducation des filles, mais également le maintien des filles dans ces écoles. Ça, c'est des politiques que certains États ont amenés pour essayer un peu de corriger le décalage qui existe entre les hommes et les femmes.
L'autre enjeu, c'est l'accès aux soins de santé. Nous savons qu'en Afrique, le problème sanitaire a toujours été un problème poignant. Jusqu'à présent, l'accès à ces soins est très limité, surtout pour les femmes et pour les enfants. Nous pouvons également identifier des facteurs aggravants. Ce sont les normes socioculturelles que nous connaissons et que nous vivons chaque jour au niveau de nos sociétés. La pauvreté qui est toujours présente au niveau du continent africain. Malgré cela, nous avons noté quelques avancées quand même au niveau de certains pays avec le vote de certaines lois pour améliorer les conditions de vie ou bien améliorer les droits des femmes.
Le vote de la loi sur la parité au Sénégal est un exemple. Le vote de la loi interdisant par exemple les mutilations génitales féminines, mais aussi tout ce qui est violence faite pour femmes. Aujourd'hui, il est nécessaire de renforcer les lois que nous avons votées.
On nous dit que le Sénégal est le champion de la signature et de la ratification, mais ce qui pose un problème, c'est l'application de ces lois.
Il nous faut quand même actuellement se battre pour une application effective de ces lois, mais investir davantage à l'éducation des filles et promouvoir l'égalité des genres dans l'éducation. Aussi, promouvoir et sensibiliser l'opinion publique sur les enjeux de l'égalité entre les sexes pour jouer sur les mentalités.
Les féministes contre l'impérialisme
Le féminisme et l'anti-impérialisme sont deux mouvements sociaux qui se sont souvent croisés et renforcés mutuellement, particulièrement en Afrique.
Les femmes africaines ont été toujours à l'avant des luttes internationales et même nationales, comme le cas du Sénégal, mais continuent également de jouer un rôle crucial dans les résistances contemporaines aux formes néocoloniales d'exploitation.
Pour parler de ces aspects historiques, nous allons aborder la lutte anti-coloniale, car nous savons que de nombreuses femmes africaines ont participé activement aux mouvements de libération nationale. Elles ont combattu aux côtés des hommes, organisé des résistances locales, mais aussi dénoncé les violences subies par les populations colonisées. Je vais prendre l'exemple de ces braves dames qui ont été à l'avant-garde de tous ces mouvements que nous avons aujourd'hui au niveau africain et de nos pays. Ces femmes ont rapidement compris qu'elles subissaient une double oppression, celle liée non seulement au genre, mais celle liée à la colonisation.
Ces femmes se sont battues, ont porté le flambeau de la lutte du féminisme en Afrique. Les femmes africaines continuent de lutter contre les conséquences du néocolonialisme et du néolibéralisme qui renforcent les inégalités de genre et les systèmes patriarcaux avec les violences basées sur le genre. C'est sont autant de fléaux qui persistent et qui sont souvent liés à des systèmes de domination hérités de la colonisation. La lutte pour l'accès à la terre des femmes, c'est une question qui touche non seulement les violences faites aux femmes, mais également la souveraineté alimentaire.
Il faudrait qu'on commence aujourd'hui à penser décolonial. C'est un constat vraiment intellectuel, qui vise à déconstruire tout ce qui est héritage de la colonisation et repenser les rapports de pouvoir entre le nord et le sud, entre l'Occident et le reste du monde. Les féminismes africains ont développé certaines analyses féministes qui leur permettent aujourd'hui de déconstruire tout ce qui est représentation occidentale. Il y a beaucoup de réseaux de femmes qui se créent pour renforcer un peu les luttes africaines, mais il y a également une forte mobilisation internationale qui se crée au niveau des mouvements féministes et qui enrichit les débats sur la justice sociale et sur l'intersectionnalité.
Le Sénégal a réellement une histoire très riche en matière d'organisation féminine, mais de plus en matière de lutte féministe. Ces réseaux étaient souvent centrés autour d'activités économiques, culturelles et religieuses. Après l'indépendance, les mouvements féministes sénégalais, avec l'événement des intellectuels africains, ayant fréquenté l'école coloniale, se sont concentrés de manière très volontaire sur l'accès à l'éducation, à la santé, et à l'emploi.
À côté de ce mouvement féministe, nous avons aussi le mouvement féministe islamique, qui a permis aujourd'hui aux femmes non seulement de revoir leur religion, leurs textes religieux, mais également d'interpréter elles-mêmes les textes religieux que les hommes avaient produits, avec une autre interprétation de ces textes. Tout ça nous a permis vraiment de mener à bien le combat pour lutter contre tout ce qui est mariage d'enfants, tout ce qui est inégalité économique, tout ce qui impacte le changement climatique sur les femmes, mais pareillement de lutter contre le néolibéralisme et les ajustements structurels qui ont vraiment impacté la vie et l'avancement des femmes.
Ndeye Fatou Sarr
Ndeye Fatou Sarr est membre de la Marche mondiale des femmes au Sénégal.
https://capiremov.org/fr/analyse/feminisme-anti-imperialiste-sur-le-continent-africain/
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Irénée Régnauld & Arnaud Saint-Martin : Une histoire de la conquête spatiale

Irénée Régnauld nous rejoins en solo pour parler d'une histoire de la conquête spatiale.
Construction d'un désir d'espace, recherche d'un superman ou, au minimum, d'un gendre idéal, spacewashing d'ex-nazis, leur livre est un panorama à 360° de la conquête de l'espace.
Le livre
(https://lafabrique.fr/une-histoire-de...)
Le site
(https://lanuitdudimanche.fr)
7 oct. 2024 | tiré du blogue des auteurs
https://blogs.mediapart.fr/lanuitdudimanche/blog/081224/irenee-regnauld-arnaud-saint-martin-une-histoire-de-la-conquete-spatiale
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Action symbolique au Royalmount pour dénoncer un symbole d’obscénité et lancer un appel urgent pour une justice fiscale

Montréal, le 14 décembre 2024 – Alors que la frénésie des achats des Fêtes bat son plein, Attac Québec se mobilise aujourd'hui au Royalmount pour dénoncer un symbole indécent d'inégalités sociales et interpeller nos élus sur l'urgence d'établir une justice fiscale.
Galerie de photos libres de droits disponible au lien suivant :
https://flic.kr/s/aHBqjBVaGV <https://flic.kr/s/aHBqjBVaGV>
Sous le slogan trompeur de « luxe inclusif », Royalmount prétend offrir une expérience accessible à tous. Mais peut-on parler d'inclusivité lorsqu'il s'agit d'un espace dédié aux marques de prestige, hors de portée pour la majorité des Québécois-es ? Derrière cette façade publicitaire se cache une réalité criante : celle d'un Québec qui investit dans le faste et l'opulence pour une élite, tout en négligeant les besoins fondamentaux des personnes plus démunies.
Alors que l'on érige un temple au consumérisme et au luxe ostentatoire, les campements de sans-abris – et leur démantèlement – se multiplient, témoignant d'une crise du logement qui s'intensifie et n'épargne que les plus privilégiés. Pendant que le propriétaire de Royalmount voit sa fortune de milliardaire doubler, les fonds nécessaires à la construction de logements sociaux restent désespérément insuffisants. Où est la volonté politique de faire contribuer équitablement les plus riches afin de financer des projets qui répondent aux besoins du bien commun ?
Royalmount n'est pas qu'un centre commercial : il est le reflet d'un système où les priorités sont dictées par une minorité privilégiée, au détriment de la majorité. « Dans un contexte d'urgence climatique et d'inégalités croissantes, ce projet ne répond à aucun des enjeux critiques de notre époque », lance Dahlia Namian, autrice de La société de provocation et appuyant l'action d'Attac Québec. Pire, il symbolise un modèle de développement incompatible avec les besoins réels de la société québécoise et son avenir. »
« Royalmount est un projet de Carbonleo, associé à L Catterton, un fond d'investissement créé par le groupe LVMH, celui de Bernard Arnault, l'un des hommes les plus riches du monde, et dont 27% des filiales se situent dans le paradis fiscaux, affirme Claude Vaillancourt, président d'Attac Québec. L'internationale des riches, c'est aussi l'internationale du je-m'en-foutisme devant la misère du monde. »
Il est temps de briser ce cycle d'indifférence et d'injustice. Attac Québec appelle les gouvernements à prendre leurs responsabilités : instaurer une fiscalité équitable en taxant davantage les plus riches et réinvestir massivement dans les services publics et les projets véritablement écologiques.
Nous refusons de normaliser l'indécence des écarts de richesse. La justice fiscale n'est pas une option ; c'est une urgence. Pour un Québec véritablement inclusif, le luxe d'une minorité ne peut plus se construire sur l'exclusion de la majorité. Choisissons dès aujourd'hui des priorités qui servent le bien commun, et non les profits des plus riches.
Source
https://quebec.attac.org/action-symbolique-au-royalmount-pour-denoncer-un-symbole-dobscenite-et-lancer-un-appel-urgent-pour-une-justice-fiscale/ <https://quebec.attac.org/action-sym...>
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Le cas de l’école Bedford : Quand L’Aut’journal (prétendument progressiste ») verse dans l’islamophobie

On sait que la question de la laïcité de l'État divise la gauche. Il y a ceux qui appuient la Loi 21 et ceux qui la dénoncent.
De façon générale, les premiers s'arriment à une forme ou l'autre de nationalisme (identitaire ou non) qui côtoie une certaine acception du « féminisme » et les seconds se revendiquent d'un Québec plus ouvert à la diversité, plus inclusif, prêt à intégrer les différentes conceptions du vivre-ensemble afin de les orienter dans le sens d'un projet de société qui dépasse les clivages et qui vise une plus grande justice sociale.
L'Aut'journal appartient sans conteste au premier groupe. A été publié, dans son édition de novembre 2024, un article signé par nul autre que le Président du Mouvement Laïque Québécois (MLQ), Daniel Baril, intitulé : « L'école Bedford et les limites de la loi 21 (Interdire toute activité religieuse à l'école) ».
On ne pourrait pas trouver de meilleur exemple d'un texte qui cumule à lui seul tous les travers de ce qu'il convient d'appeler, dans les circonstances : « Les “intégristes” de la laïcité ». À lire les propos de Daniel Baril, la religion n'est ni plus ni moins comparable à la « peste bubonique » dont il faudrait se débarrasser au plus vite tellement elle risque de contaminer tout le corps social, à commencer par nos écoles publiques, véritables pouponnières qui auraient la responsabilité de préserver nos enfants et adolescents, si purs, chastes et innocents qu'ils sont, de l'influence néfaste des convictions religieuses du corps enseignant, surtout lorsque celles-ci sont coiffées d'un foulard, signe sans équivoque d'une aliénation consentie de la part de celles qui l'arborent ostensiblement, à savoir les musulmanes voilées (pour ne pas les nommer…)
Quand on prend connaissance de propos qui affirment sans ambages que : « Le port de signe religieux a un effet conflictuel manifeste entre les enfants d'une même communauté qui ne partagent pas le même mode de vie, les mêmes valeurs ou les mêmes convictions. »1, on se croirait directement parachuter dans l'Hexagone à une Assemblée du RN de Marine Le Pen (ou pire, de Reconquête d'Éric Zemmour) où les orateurs n'ont cesse de nous faire part de l'évidence qu'il y a incompatibilité « naturelle » entre la culture occidentale (au sens où ils l'entendent, bien évidemment) et les « Autres » cultures, entendre celles issues de la tradition arabo-musulmane, pourtant tout aussi séculaires. C'est le « Choc des Civilisations », version québécoise...
Que ce soit l'épisode du mot en « N » à l'Université d'Ottawa, le concept « douteux » d'appropriation culturelle appliqué au théâtre de Robert Lepage ou le cas du prosélytisme religieux à l'École Bedford, tous ces déraillements, ces maladresses, ces exagérations biens « réels » sont du « petit lait » pour nos Don Quichotte de la laïcité. Ces dérapages (conséquences directes de la culture « woke » ou de l'idéologie « islamo-gauchiste » défendue par QS) sont, à leurs yeux, la preuve vivante que la loi 21 doit être renforcée parce qu'en vérité, un signe religieux laisse transparaître un état d'esprit « archaïque », pré-moderne, dont on doit à tous prix éviter le contact avec nos jeunes ouailles de l'école publique, non seulement pendant les heures de cours mais aussi en dehors du temps passé en classe ; autrement dit, presque tout le temps...
Il va sans dire que, pour des raisons qu'elles seules connaissent, plusieurs personnes au Québec ont la religion à travers la gorge. À tel point que, et cela est particulièrement odieux de leur part, elles vont jusqu'à prendre les enfants en otage en leur mettant dans la bouche des mots dont on peut douter qu'ils saisissent véritablement le sens. Et pour ajouter du sérieux à l'entreprise, tout en discréditant un peu plus les enseignantes qui veulent exercer leur liberté de conscience au travail, on fait peser sur le corps enseignant la lourde responsabilité d'être des « Représentants de l'État » (titre « pompeux » s'il en est un), comme si sa tâche n'était pas déjà assez ardue comme elle l'est à l'heure actuelle. Pour avoir moi-même enseigné dans le réseau « public » des Universités du Québec, je ne me souviens pas d'avoir dû prêter serment devant le fleurdelisé, la main sur le cœur, jurant d'être un digne ambassadeur de la République du Québec ! Les profs ne sont pas des diplomates expédiés dans les cours d'école pour promulguer les principes de la laïcité de l'État et prêcher la Bonne Nouvelle de la nécessaire conversion à la sécularisation généralisée de la société ; ils ont d'autres chats à fouetter…
Au fond, la « sacro-sainte » laïcité n'est qu'un prétexte pour imposer un conformisme vestimentaire, comportemental, idéologique et politique. Elle s'inscrit dans l'argumentaire identitaire de la droite populiste, apeurée par les changements « culturels » inévitables qui accompagnent les mouvements de population à l'ère de la globalisation des marchés, des échanges commerciaux à l'échelle internationale, de la mondialisation, qu'elle soit « capitaliste » ou « humaniste ». En durcissant ainsi les critères d'admissibilité et les conditions d'adaptation des nouveaux arrivants au groupe majoritaire, le Québec se prive de précieux apports venus de l'étranger, d'autant plus que le Christianisme, le Judaïsme et l'Islam ont beaucoup de choses en commun, ayant déjà cohabité à partir d'une tolérance mutuelle sans qu'il soit nécessaire à quiconque de renier ses propres convictions.
Le « conflit » est générateur de créativité, d'innovation, de « progrès ». Il est la condition de possibilité à la constitution d'une société qui « tolère » la diversité ethnoculturelle, qui appréhende les différences de culture à l'aune d'une contribution bienfaisante pour le groupe majoritaire et non comme une menace de désintégration, de dislocation, un empêchement pour l'affirmation « identitaire » de ce dernier, ce qui ne signifie pas qu'il faille passer sous silence les difficultés « réelles » et inhérentes à cette cohabitation. Le destin du Québec ne doit pas s'inscrire dans le sens d'un repli sur nos soi-disant « valeurs » mais dans celui d'une ouverture à l'Autre pour des raisons à la fois morales, humanitaires, politiques et économiques…
Mario Charland
Shawinigan
Note
1.L'Aut'journal, novembre 2024, n° 431, p.6.
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Lettre à M.Michael Sabia, président-directeur général d’Hydro-Québec (HQ)

Nous avons au Québec, au cours des 25 dernières années, à l'intérieur d'un processus souffrant d'un lourd déficit démocratique, répondu aux demandes et besoins des promoteurs privés de l'éolien et de leurs actionnaires, à très, très fort coût, en dollars et en douleurs. Au nom de la justice sociale, par équité et par respect des principes fondamentaux de la loi sur le développement durable il est maintenant temps de répondre aux besoins de la population rurale, véritable gardienne du territoire.
Objet : Acceptabilité sociale et éolien industriel en milieu habité et cultivable
Monsieur Sabia,
M.Thierry Vandal, ex-pdg d‘Hydro-Québec, a dénoncé les décrets gouvernementaux qui obligeaient HQ à acheter, au privé et à un coût prohibitif, de l'énergie éolienne dont elle n'avait pas besoin.
M.Eric Martel, ex-pdg d'Hydro-Québec, a dénoncé le projet Apuiat sur la Côte-Nord comme étant inutile et allant générer des pertes de $200 millions sur une période de 20 ans. La CAQ, alors dans l'opposition, abonde dans le même sens mais une fois au pouvoir cède devant le puissant lobby éolien et autorise le projet.
Mme Sophie Brochu, ex-pdg d'Hydro-Québec, a dénoncé le Dollarama de l'énergie et la création d'une pénurie artificielle d'énergie électrique bradée à vil prix à des firmes étrangères énergivores au détriment des entreprises québécoises.
Avec pour résultat que l'aventure éolienne encouragée par nos gouvernements successifs a assujetti notre société-mère aux aléas de politiciens non-experts n'agissant pas dans l'intérêt public. Une aventure chaotique qui, depuis le deuxième appel d'offres de 2000 MW en 2008, aura généré des pertes de plus de $9 milliards (incluant le cadeau de $2.7 milliards aux promoteurs privés pour le câblage, les sous-stations et les pylônes) et une projection de $25 milliards de pertes à terme en 2042. À cela s'ajoutent les projets éoliens de gré à gré, de la Seigneurie de Beaupré et des 5-6 ièmes appels d'offres, tous déficitaires, dont la dernière retenue au printemps 2024 de contrats pour un approvisionnement de 1550 MW d'énergie éolienne qui générera des pertes d'au moins $150 millions/année.
Mais il y a pire. Outre les surcoûts liés à la filière éolienne, la majorité des projets en milieu habité rencontrent une forte opposition créant dans les communautés une division sociale qui impacte sévèrement voisins, familles, amis, commerces, organismes, élus, agriculteurs ; tous s'affrontent dans un climat anxiogène et délétère. D'un milieu rural paisible les riverains qui se sont fait enfoncer dans la gorge un projet dont ils ne voulaient pas se retrouvent soudainement en zone industrielle, meurtris et désabusés ; ils ont perdu leur cadre de vie, leur quiétude, une partie de leur patrimoine familial, des liens sociaux indispensables et leur confiance dans le processus démocratique.
Loin de s'améliorer la situation se détériore alors que le gouvernement actuel renchérit en voulant accélérer la mise en chantier de 10,000 MW d'énergie éolienne supplémentaire qui miteraient le territoire de façon irréversible. De la frontière américaine à la Gaspésie en passant par la Montérégie, le Centre-du-Québec, la Beauce et le Bas-Saint-Laurent, une ligne continue d'éoliennes plus hautes que la place Ville-Marie est en voie de surgir au milieu de milliers de kilomètres de nouvelles lignes de transport prévues pour acheminer cette énergie. Une cicatrice indélébile dans le paysage et dans le cœur des gens. La Belle Province livrée aux gens d'affaires.
Récemment, vous avez annoncé que dorénavant Hydro-Québec serait maître d'œuvre du développement éolien et qu'un projet de 3000 MW verrait le jour dans les territoires non organisés du Moyen-Nord québécois. Vous dites vouloir, en plus de faire des économies d'échelle, rechercher « la nécessaire acceptabilité sociale » qui fait défaut ailleurs au Québec.
En ce sens :
• Étant donné l'effet cumulatif des impacts négatifs générés par les éoliennes industrielles de plus en plus imposantes et puissantes (division sociale, pollution visuelle et sonore, dévaluation marchande, risques sanitaires, etc)
• Étant donné le pacte gouvernement-promoteur-municipalité qui étend sa domination sur le citoyen en multipliant les manœuvres pour l'empêcher d'exercer son droit fondamental d'exprimer son choix sur la pertinence ou non de ces projets
Nous demandons donc à Hydro-Québec :
• De surseoir à tout nouveau projet éolien en territoire habité et cultivable sous toutes ses formes, soit par appel d'offres, de gré à gré, de type privé-public, communautaire, nationalisé ou autre.
• D'exercer son rôle de maître d'oeuvre en excluant tout intermédiaire privé dans le développement de tout nouveau projet éolien en territoire non organisé
• De revendiquer son expertise dans le secteur énergétique et de continuer à se questionner sur l'opportunité ou non de développer de nouveaux méga projets éoliens non seulement d'un point de vue économique, social et environnemental mais également dans une perspective de fiabilité et de sécurité du réseau
• De favoriser et d'encourager un débat national sur les besoins du Québec en énergie dans le cadre d'une transition énergétique qui tient compte des aspirations et des valeurs des citoyens.
Nous avons au Québec, au cours des 25 dernières années, à l'intérieur d'un processus souffrant d'un lourd déficit démocratique, répondu aux demandes et besoins des promoteurs privés de l'éolien et de leurs actionnaires, à très, très fort coût, en dollars et en douleurs. Au nom de la justice sociale, par équité et par respect des principes fondamentaux de la loi sur le développement durable il est maintenant temps de répondre aux besoins de la population rurale, véritable gardienne du territoire.
« Le territoire est habité de façon extensive ce qui ne permet pas d'éloigner suffisamment les éoliennes des routes et des habitations. » BAPE 267, Conclusion, page 110
Claude Charron, comité des riverains des éoliennes de l'Érable (CRÉÉ)
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Lutte aux changements climatiques : Renverser la tendance

Comme le rapportait M. Yves Nantel dans sa chronique sur l'environnement du mois dernier, on dépassera vraisemblablement pour la première fois en 2024 le seuil critique du réchauffement climatique de 1,5 ℃ – par rapport à la température globale de la fin du XIXe siècle – fixé lors de l'Accord de Paris conclu en 2015 (COP21). L'année 2023 s'était pour sa part conclue avec 1,48 ℃, ce qui était tout juste sous cette limite.
(Ce texte a d'abord été publié dans l'édition de décembre du journal Ski-se-Dit.)
À la lumière de ces piètres résultats et pour éviter le pire, la neutralité carbone devra ainsi être atteinte une douzaine d'années plus tôt que prévue selon une étude du Global Carbon Project publiée en novembre, soit vers la fin des années 2030 – donc dans une quinzaine d'années – plutôt qu'en 2050.
Plusieurs nous dirons que la venue de gouvernements situés très à droite sur l'échiquier politique – et en premier lieu l'élection de Donald Trump aux États-Unis – ne feront qu'empirer la situation, mais c'est oublier que l'état des choses, même sous des gouvernements moins à droite, n'est pas non plus viable. Quels que soient les gouvernements en place, nous devons tous agir, du mieux que nous le pouvons, pour renverser la situation. À défaut de quoi, les décideurs politiques, qui ont bien souvent partie liée avec les moyennes et grandes entreprises, les multinationales la plupart du temps, continueront, dans l'inaction, à nous servir leurs boniments habituels, comme sait si bien le faire depuis 2015 le premier ministre canadien Justin Trudeau.
Je l'ai déjà mentionné, nous sommes beaucoup moins seuls que nous ne le croyons à pouvoir agir et à le faire. Je tiens à mentionner ici certaines initiatives près de chez nous auxquelles nous pourrions apporter notre soutien, sinon notre contribution. De pareilles initiatives ont aussi lieu ailleurs et leur multiplication et leur succès pourraient certainement changer les choses.
Faire payer les pétrolières
Québec solidaire, par la voix de sa co-porte-parole Ruba Ghazal, a demandé en novembre au gouvernement du Québec de poursuivre en justice les grandes pétrolières pour les dommages causés par les changements climatiques. Il s'agit, en mon sens, d'une occasion unique, en se reliant massivement derrière cette requête, de mettre encore davantage en lumière le rôle dévastateur des grandes pétrolières dans la destruction de nos environnements et la nécessité de mettre fin rapidement aux exploitations pétrolières. De les faire payer les dégâts aussi, plutôt que d'en refiler encore une fois la facture aux contribuables.
Shell, Suncor, Valero et Exxon, qui vendent du pétrole au Québec, ont trompé le public en minimisant les risques que représentent les énergies fossiles pour le climat, et ils doivent payer pour les dégâts. Une étude de la revue Science publiée en 2023 montre, par exemple, qu'Exxon Mobil, propriétaire de la marque Esso, a longtemps caché au public qu'elle connaissait le lien de causalité entre la production de pétrole et la crise climatique. Pendant des décennies, le géant pétrolier a mis en doute publiquement la réalité du réchauffement climatique et a nié l'exactitude des modèles climatiques des scientifiques. Pourtant, différentes enquêtes, dont celle publiée dans Science, montrent qu'Exxon disposait, dès les années 1980, de travaux scientifiques à l'interne lui permettant de prédire avec précision les changements climatiques.
À elles seules, les pétrolières sont responsables du tiers – voire même de la moitié – des gaz à effet de serre mondiaux. De telles poursuites judiciaires, qui ont aussi cours ailleurs dans le monde, pourraient avoir un impact significatif sur la réduction des gaz à effet de serre et la lutte aux changements climatiques. (Des dizaines de municipalités américaines ainsi que huit États et Washington, D.C., ont entre autres ainsi poursuivi des sociétés pétrolières et gazières ces dernières années pour leur rôle dans les changements climatiques, selon les données du Center for Climate Integrity.)
Tous les partis politiques disent vouloir protéger le Québec des changements climatiques. Nous devons les amener massivement en ce sens à contraindre le gouvernement du Québec à engager de telles poursuites judiciaires contre ces grandes pétrolières. Des grandes villes du Québec pourraient d'ailleurs aussi entreprendre individuellement ou conjointement de telles poursuites.
Engagements des grandes villes
La ville de Montréal s'est lancée comme objectif en 2019 de réduire de 55 % ses émissions de gaz à effet de serre d'ici 2030, puis d'atteindre la carboneutralité d'ici 2050, et s'y est employée dans le cadre du Partenariat Climat Montréal. La ville de Gatineau est de son côté en train de procéder à une mobilisation, sous la gouverne de l'ancien maire et actuel conseiller de Gatineau Marc Bureau, en vue de donner une impulsion nouvelle à son propre Plan climat, adopté en 2021 et visant, pour sa part, à réduire les émissions de gaz à effet de serre provenant de la communauté de 35 % par rapport aux niveaux de 2015 et la carboneutralité en 2050, elle aussi.
Ces initiatives doivent être soutenues et encouragées par les citoyens. Elles doivent aussi impliquer de plus en plus l'ensemble des forces progressistes pour éviter que leurs fins ne soit dévoyées par les forces de l'argent et les intérêts financiers. Pour que le poids des changements nécessaires ne soit pas non plus porté par les moins nantis et les plus vulnérables, comme cela avait été le cas en France lors de la juste révolte des Gilets jaunes. Nous avons tous intérêt, dans notre lutte contre les changements climatiques, à suivre de très près le déploiement et les mesures prises dans le cadre de ces initiatives et d'en corriger au besoin l'orientation. Pour en réévaluer aussi à la hausse les engagements.
Nous pouvons également y proposer de nouvelles approches et projets, comme celui, mentionné plus haut, de poursuivre individuellement ou collectivement les grandes pétrolières. Les administrations municipales sont, rappelons-le, beaucoup plus proches des citoyens et de leurs préoccupations que ne le sont les gouvernements.
Lire, écrire, parler
De nombreux groupes de pression et de défense de l'environnement, dont nous ignorons parfois l'existence, méritent aussi notre soutien et notre collaboration, tant au niveau national que local. Ils fournissent souvent de très précieuses informations et des données utiles sur de nombreux dossiers liés à l'environnement. Ils nous permettent de bien nous renseigner pour militer et communiquer de façons claires et informées avec nos proches sur ces sujets d'importance pour notre avenir commun.
On mesure mal, à cet égard, l'impact de nos propos et de nos positions environnementales et sociales sur nos proches. Dans un texte publié le mois dernier dans Le Devoir, Alexis Riopel nous explique que la plupart des Québécois, selon un sondage Léger, font « tout à fait confiance » ou « plutôt confiance » aux personnes de leur entourage qui connaissent mieux qu'eux certains sujets. Ils font aussi grandement confiance (78 %) aux gens qui leur ressemblent et qui font face aux mêmes réalités. Une bonne façon, en s'informant et en s'impliquant davantage en matière d'environnement, de changer les choses en multipliant les efforts de conscientisation.
Ce sont tous ces gestes souvent isolés qui feront ultimement la différence.
Moins que jamais il n'est question de baisser les bras !
Sources : Le Devoir, La Presse+, Le Droit, Ski-se-Dit et le site Web de la ville de Montréal.
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Imposer à Israël le respect du droit international

En décembre 1948 l'Assemblée Générale de l'ONU a produit deux textes déterminants, qui auraient dû changer le cours de l'histoire du peuple palestinien. Mais l'État d'Israël, admis à l'ONU en 1949, n'a jamais considéré qu'il devait se conformer aux principes et aux résolutions le concernant, bien au contraire.
Tiré de France Palestine solidarité.
L'Assemblée générale des Nations unies a proclamé le 10 décembre 1948 la Déclaration Universelle des Droits de l'Homme (DUDH) comme « l'idéal commun à atteindre par tous les peuples et toutes les nations », affirmant que « Tous les êtres humains naissent libres et égaux en dignité et en droits ».
Cette évidence ne s'applique pourtant pas aux Palestiniens et Palestiniennes. Occupation, colonisation, entraves à la circulation, extrême violence des colons et de l'armée israélienne, démolitions de maisons, confiscation des ressources, arrestations et emprisonnements massifs sont leur quotidien. Depuis octobre 2023 la population de Gaza, sous blocus israélien depuis plus de 17 ans, est victime de déplacements de masse forcés et répétés et d'un véritable génocide, reconnu comme tel par les instances internationales (risque avéré par la Cour Internationale de Justice) tandis que la Cour Pénale Internationale délivre des mandats d'arrêt contre deux dirigeants israéliens pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité. Le gouvernement d'extrême droite au pouvoir à Tel-Aviv pratique un apartheid toujours plus dur à l'encontre des Palestiniens et Palestiniennes où qu'ils se trouvent et privilégie une politique théocratique répressive au mépris du droit séculier promu par les Nations unies.
Les articles de la Déclaration Universelle des Droits de l'Homme bafoués par Israël sont nombreux, mais il faut sans relâche rappeler ceux qui touchent les réfugiés de Palestine. Rappeler que dès avant la création de l'État d'Israël (mai 1948) une politique délibérée d'expulsion a fait de quelques 800 000 Palestiniens et Palestiniennes des réfugiés, dépossédés de leur terre et interdits d'y revenir et de retrouver leurs biens : c'était la Nakba (la catastrophe de 1947-49).
Les réfugiés palestiniens sont privés de leurs droits individuels en violation de la Déclaration Universelle des Droits de l'Homme qui garantit « le droit de quitter tout pays, y compris le sien et d'y revenir. » (Article 13). Le droit à la propriété, également garanti par l'article 17 : « nul ne peut être arbitrairement privé de sa propriété » leur est toujours refusé. Par ailleurs, les Palestiniens où qu'ils vivent, sont privés de leurs droits nationaux en violation de l'article 15 qui déclare : « Nul ne peut être arbitrairement privé de sa nationalité ».
La Déclaration Universelle des Droits de l'Homme a un caractère universel, elle ne prévoit aucune exemption, aucune exception !
Le 11 décembre 1948, cette même Assemblée votait la Résolution 194 (III) sur la Palestine. Par son article 11 elle : « Décide qu'il y a lieu de permettre aux réfugiés qui le désirent, de rentrer dans leurs foyers le plus tôt possible et de vivre en paix avec leurs voisins, et que des indemnités doivent être payées à titre de compensation pour les biens de ceux qui décident de ne pas rentrer dans leurs foyers et pour tout bien perdu ou endommagé lorsque, en vertu des principes du droit international ou en équité, cette perte ou ce dommage doit être réparé par les Gouvernements ou autorités responsables. ». Cette résolution, jamais appliquée par Israël, qui refuse de reconnaître ses responsabilités historiques, constituera la base juridique du droit individuel au retour et du droit à réparation, aussi longtemps qu'Israël ne se soumettra pas à ses obligations au regard du droit international.
Les plus vieux réfugiés de 1948 disparaissent mais la quatrième génération est là et n'oublie rien, d'autant que l'actualité terrible imposée par Israël la frappe de plein fouet. Avec les réfugiés de 1967, ils sont aujourd'hui environ 8 millions de réfugiées. Toutes et tous ont le droit de retourner dans leurs foyers.
La Résolution 194 (III) ne comporte aucune date de péremption !
Israël applique obstinément la politique du fait accompli, mais il doit comprendre que tous les citoyens attachés au respect du droit, partout dans le monde, ne renonceront jamais à exiger ce qui est dû depuis près de 77 ans au peuple palestinien, ce qui est dû aux réfugiés de Palestine : la justice et le respect du droit.
Le temps qu'il faudra, l'AFPS accompagnera leurs justes revendications et sera leur porte-voix.
Le Bureau National de l'AFPS, le 10 décembre 2024
Photo : Réfugiés palestiniens en 1948 © Fred Csasznik
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Derrière la crise politique, une convulsion capitaliste

Les commentaires principaux émis pour caractériser la situation politique de la France depuis la dissolution de l'Assemblée nationale il y a bientôt six mois, et tout particulièrement depuis trois mois et la nomination de Michel Barnier à la tête du gouvernement facilitent-ils la compréhension des choses ou en obscurcissent-ils le sens ? Le nombre de raccourcis et de contre-vérités est trop important pour qu'on les énumère tous. Quelques-uns d'entre eux sont cependant exemplaires de leur caractère en trompe-l'œil. Comment aller un peu au-delà des apparences ?
9 décembre 2024 | Billet de blog de JM Harrivey
https://blogs.mediapart.fr/jmharribey/blog/091224/derriere-la-crise-politique-une-convulsion-capitaliste
Une crise politique
Le premier exemple en trompe-l'œil est le refus de confier, ne serait-ce qu'un temps court, le gouvernement au Nouveau Front populaire, vainqueur relatif des élections législatives, au motif que son programme serait d'extrême gauche. Qu'est-ce donc que l'extrême gauche ? Le programme du NFP est sans doute moins à gauche que celui appliqué en 1981 lors de la première année du mandat de François Mitterrand. Pas un commentateur n'a fait remarquer que le NFP ne prévoit aucune nationalisation, pas même de quelque secteur stratégique comme celui des médicaments ayant fait tant défaut pendant la crise sanitaire. Au contraire, des larmes hypocrites sont quotidiennement versées pour regretter la disparition de la social-démocratie prétendument représentée par un parti socialiste ayant conduit celle-ci au social-libéralisme puis carrément au néolibéralisme hollandais, ce qui est assez désobligeant, voire insultant, à l'égard de la social-démocratie historique. Mal nommer un objet ajoute au malheur de ce monde, disait Camus. Le seul programme politique sur la table qui pourrait rappeler aujourd'hui ce que furent des politiques social-démocrates, au temps où la protection sociale, les services publics et la régulation macroéconomique étaient la règle, est précisément celui du NFP, qui, même s'il est audacieux sur le plan de la réforme fiscale, ne dit pas grand-chose de la remise des clés de l'économie entre les mains des travailleurs, clé de voûte d'une transformation profonde des rapports sociaux de production.
Une catastrophe économique est annoncée si un programme différent de l'austérité et de la régression des services publics et de la protection sociale était appliqué. Dans cette optique, la dette publique est un épouvantail ressorti chaque fois qu'un Michel Barnier, promu pourtant Grand Négociateur, refuse de discuter de tout impôt conséquent sur les classes riches, bénéficiaires des diminutions d'impôts qui creusent les déficits publics. Ou bien lorsqu'un Arnaud Rousseau, président de la FNSEA et premier actionnaire du groupe industriel des huiles et protéines végétales Avril, lance les agriculteurs contre l'INRAE ou l'OFB pour fustiger l'accord de libre-échange avec le Mercosur qui représente si bien l'aberration du modèle agricole défendu bec et ongles par lui au mépris de la crise écologique et climatique. Et encore quand un Patrick Martin, président du Medef, préfère voir se réduire la protection sociale plutôt que d'envisager une très légère baisse des allègements de cotisations sociales atteignant entre 70 et 80 milliards d'euros par an, et s'attriste de la désindustrialisation entraînant des milliers d'emplois menacés par des « plans sociaux » en cascade pendant que dividendes et rachats d'actions avoisinent les sommets.
L'aveuglement, la surdité et le déni de la réalité suffisent-ils pour expliquer la situation à laquelle nous sommes confrontés ? En d'autres termes, de quoi ladite crise politique est-elle le nom ou le signe ? La partie visible d'un iceberg ? L'arbre qui cache la forêt ?
Une crise peut en cacher une autre
La productivité du travail ne progresse plus dans le monde, ou si peu qu'elle est insuffisante pour satisfaire les appétits de rentabilité du capital. D'où le renforcement toujours plus poussé de la financiarisation de l'économie mondiale, c'est-à-dire d'un régime d'accumulation croyant pouvoir se dispenser de passer par la case productive réelle. L'accélération de la concentration et de la centralisation des capitaux montre que ce qui compte ce sont la captation des rentes, l'optimisation fiscale et la pure spéculation. Mais cette stratégie n'est pas extensible à l'infini parce qu'elle se heurte des barrières de plus en plus hautes : la crise climatique, la raréfaction des ressources, la dégradation de la biodiversité, et par dessus le marché (si l'on peut dire) des résistances sociales. Tout ce qui compte, disais-je, finit pas compter beaucoup en termes de coûts de production.
Le fléchissement de l'investissement productif, la multiplication des licenciements et des fermetures d'usines, la désindustrialisation sont la conséquence de ce mouvement général. Le capitalisme est installé dans une tendance de croissance économique faible dont l'extrême ralentissement de la progression de la productivité est à la fois cause et conséquence par un effet cumulatif auto-entretenu. Ralentissement de la productivité plus hausse des coûts de production, ça commence à sentir le roussi pour la rentabilité réelle du capital.
La crise déclenchée en 2007 provient très précisément du fait que ce régime d'accumulation développé à partir des années 1980 postulait la valorisation permanente et quasi infinie des actifs financiers qui avaient ainsi de moins en moins d'ancrage réel. Comme le disait Marx, l'anticipation des plus-values financières se heurtait à la limite de la production-extorsion de la plus-value produite par la force de travail. Plus le capital financier grossissait, plus son caractère fictif devenait alors visible. L'éclatement de la crise financière anéantit le rêve dément de l'auto-engendrement du capital que le cauchemar de la marchandisation du monde ne peut compenser indéfiniment.
Or la crise financière de 2007 n'a eu aucun effet pour infléchir la trajectoire des politiques néolibérales. Le monde d'après-crise fi-nancière est le frère jumeau du monde d'avant. Mais ce n'est pas sans conséquences sur l'aggravation des contradictions auxquelles se heurtent les classes bourgeoises dans le monde, en Europe et bien sûr en France.
Une convulsion du capital et des classes qui le possèdent
Deux cas de figure sont emblématiques des contradictions dans lesquelles s'enferrent les classes bourgeoises tout en enfermant les classes populaires dans une cage d'acier.
Aux États-Unis, Trump s'est fait réélire avec le soutien financier des puissances d'argent états-uniennes, mais celles-ci n'ont aucun intérêt à ce que la politique de fermeture des frontières annoncée par lui soit appliquée. Une bonne partie des profits réalisés par les firmes multinationales américaines est liée aux échanges avec les pays dont les produits seraient frappés de droits de douane élevés ou érigeant eux aussi de tels obstacles. Autrement dit, la mondialisation capitaliste, voulue et organisée par l'élite bourgeoise états-unienne et qui a facilité l'émergence et l'épanouissement d'un concurrent capitaliste majeur comme la Chine, se retourne contre sa classe génitrice[1].
Comment réagit Trump en bon représentant d'une fraction de cette dernière ? D'abord en trouvant un bon bouc émissaire à travers les immigrés. Ensuite, en poussant à son paroxysme le projet libertarien de dérégulation totale de la société. La présence tonitruante d'un Elon Musk et ses gesticulations tout aussi grotesques que celles de Trump ne doivent pas dissimuler la stratégie sous-jacente : transformer les inquiétudes et les difficultés des classes populaires jusqu'au point où les représentations du monde forgent une « culture » aculturelle faite de fake news de plus en plus énormes, laquelle doit avoir pour effet d'anesthésier toute compréhension du monde réel, tout en faisant miroiter une super-conquête de l'espace comme eldorado interstellaire. Le climato-scepticisme n'est pas simplement le déni de la montée inexorable de la température, des tornades, des tsunamis et des inondations, c'est aussi le déni de toute science et le déchaînement de l'hubris, de la démesure.
En France, l'écartèlement entre des intérêts largement contradictoires au sein de la bourgeoisie est également flagrant. Devant le quasi-arrêt de la croissance économique, toutes les branches du patronat qui ont une activité productive sont demandeuses de subventions publiques, d'allègements d'impôts et d'exonérations de cotisations sociales, qui s'élèvent à environ 190 milliards d'euros par an[2]. Mais les branches du capital dont l'activité est soit directement financière (banques, assurances, fonds spéculatifs), soit engagée dans des activités productives internationales (les deux étant aujourd'hui très imbriquées) ne voient pas les choses du même œil. D'une part, elles auraient objectivement moins besoin du soutien public, et, d'autre part, elles exigent maintenant un respect de l'orthodoxie budgétaire en réduisant les dépenses publiques. Le « quoi qu'il en coûte » de la Banque centrale européenne et de l'État est désormais terminé, place à la discipline du marché. Quand on voit à quoi ont mené l'orthodoxie budgétaire la plus rigoureuse de l'Allemagne et la soi-disant excellence de son modèle, on peut craindre le pire.
La crise politique française s'éclaire ainsi d'un nouveau jour. Elle traduit les contradictions d'une classe dominante confrontée à une convulsion de son propre système. Elle refuse tout compromis avec un projet authentiquement réformiste. Elle laisse filer la dégradation des services publics de santé et d'éducation qui craquent de toutes parts. Elle s'apprête à achever la partition de la SNCF pour l'ouvrir totalement à la concurrence. Elle entérine le rétrécissement des ambitions écologiques (en matière de Zéro artificialisation nette, d'agriculture soumise aux pesticides et insecticides, etc.). Et elle affuble du qualificatif de social-démocrates les velléités d'ajustements à la marge des défaillances sociales du système les plus graves, tandis qu'elle laisse prospérer, voire avalise, les idées de préférence nationale de l'extrême droite, la répression et la criminalisation des mouvements sociaux. Le compromis social étant devenu inenvisageable pour la classe bourgeoise, celle-ci n'a plus qu'un moyen à sa disposition pour atténuer ses propres contradictions : unifier ses fractions autour du seul projet réconciliant temporairement leurs intérêts respectifs en faisant payer aux travailleurs la crise capitaliste par un surcroît d'austérité, d'inégalités, de services publics appauvris, de renoncements à la protection sociale et à la protection écologique.
Il n'y a bien sûr pas de cause unique à la montée des pouvoirs dits illibéraux dans le monde et en Europe, ni de déterminisme économique inéluctable. Mais on doit constater la simultanéité de la crise du capitalisme et de la remise en cause des procédures démocratiques, à laquelle s'ajoutent guerres et menaces de guerres. Car il ne s'agit pas d'une crise de la démocratie en elle-même comme on l'entend, c'est une crise du respect de la démocratie, une crise des formes dans lesquelles la démocratie a été organisée et dévoyée. Le non-respect du résultat des élections législatives de juillet 2024 par le président Macron est le pendant light de la tentative de prise d'assaut du Capitole par les troupes de Trump le 6 janvier 2021. Cela n'empêchera pas l'un et l'autre de « communier » aujourd'hui à la belle entente bourgeoise pendant l'inauguration de la cathédrale de Paris restaurée. Avec les plus riches de France, comme de bien entendu… De quoi sceller l'alliance du sabre, du goupillon et du pognon.
Il n'y a pas de complot mondial. Mais il y a une cohérence dans l'invraisemblable accumulation de crises et de dérèglements de tous ordres. Le déni du réel (climat, biodiversité, dégradation du travail…), le déni des droits humains à Gaza et dans toutes les guerres et le déni de la science par les partis et mouvements réactionnaires sont les symptômes d'une convulsion capitaliste qui atteint un caractère anthropologique : tous les équilibres sociaux sont menacés et la manière d'être au monde des humains est chamboulée.
Notes
[1] Voir Benjamin Bürbaumer, Chine/États-Unis, le capitalisme contre la mondialisation, Paris, La Découverte, 2024.
[2] Dans son rapport de 2022, le Clersé de l'Université de Lille chiffrait à 8,39 % du PIB et 40,65 % du budget de l'État le montant total des aides publiques aux entreprises en 2019. Et on ne parle pas ici des 80 milliards de fraude fiscale en plus.
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Comprendre la rébellion en Syrie. Entretien avec Joseph Daher

Dans une longue interview au média Tempest, Joseph Daher, militant anticapitaliste suisse-syrien et universitaire basé en Suisse, revient sur la situation complexe dans le pays et développe une approche marxiste de ses développements récents.
Tiré de Révolution permanente. Interview publiée originalement sur Tempest le 9 décembre. Nous reproduisons ici l'introduction rédigée par le média :
La rébellion en Syrie a pris le monde par surprise et a conduit à la chute de la dictature de la famille Assad, qui dirigeait la Syrie depuis que le père de Bachar al-Assad, Hafez, avait pris le pouvoir par un coup d'État, il y a 54 ans. Ni les forces militaires du régime, ni son parrain impérial, la Russie, ni son soutien régional, l'Iran, n'ont été en mesure de le défendre. Les villes contrôlées par le régime ont été libérées, des milliers de prisonniers politiques ont été sortis de ses célèbres geôles et, pour la première fois depuis des décennies, un espace s'est ouvert pour un nouveau combat en faveur d'une Syrie libre, inclusive et démocratique.
Dans le même temps, la plupart des Syriens savent qu'une telle lutte se heurte à d'énormes difficultés, à commencer par les deux principales forces rebelles, Hayat Tahrir Al-Sham (HTS) et l'Armée nationale syrienne (ANS), soutenues par la Turquie. Bien qu'elles aient été le fer de lance de la victoire militaire, elles sont autoritaires et ont un passé de sectarisme religieux et ethnique. Certains militants de gauche ont affirmé sans fondement que leur rébellion avait été orchestrée par les États-Unis et Israël. D'autres ont, sans aucun esprit critique, idéalisé ces forces rebelles, estimant qu'elles ravivaient la révolution populaire, à ses premières heures, qui avait failli renverser le régime d'Assad en 2011. Ni l'un ni l'autre ne rendent compte de la dynamique complexe qui se déroule aujourd'hui en Syrie.
Dans cet entretien, réalisé dans un contexte d'évolution rapide de la situation en Syrie, Tempest interroge le socialiste syrien Joseph Daher sur le processus qui a conduit à la chute du régime d'Assad, sur les perspectives des forces progressistes et sur les défis auxquels elles sont confrontées dans leur lutte pour un pays véritablement libéré qui serve les intérêts de toutes ses communautés religieuses et de toutes les couches populaires.
Tempest : Comment les Syriens se sentent-ils après la chute du régime ?
Joseph Daher : La joie est incroyable. C'est un jour historique. La tyrannie de la famille Assad, qui dure depuis 54 ans, vient de se terminer. Nous avons vu des vidéos de manifestations populaires dans tout le pays, à Damas, Tartous, Homs, Hama, Alep, Qamichli, Suwaida, etc, mobilisant toutes les confessions religieuses et toutes les ethnies, détruisant les statues et les symboles de la famille Assad.
Bien sûr, la joie est également grande face à la libération des prisonniers politiques des prisons du régime, en particulier la prison de Sednaya, connue sous le nom d'« abattoir humain », qui enfermait 10 000 à 20 000 prisonniers. Certains d'entre eux étaient détenus depuis les années 1980. De même, les personnes qui avaient été déplacées en 2016 ou plus tôt, d'Alep et d'autres villes, ont pu retourner dans leurs maisons et leurs quartiers, et revoir leurs familles pour la première fois depuis des années.
Parallèlement, dans les premiers jours qui ont suivi l'offensive militaire, les réactions de la population ont été mitigées et confuses, reflétant la diversité des opinions politiques de la société syrienne, tant à l'intérieur qu'à l'extérieur du pays. Certains secteurs étaient très heureux de la conquête de ces territoires et de l'affaiblissement du régime, et maintenant de sa chute potentielle. Mais d'autres secteurs de la population craignaient, et craignent toujours, HTS et l'ANS. Ils s'inquiètent de la nature autoritaire et réactionnaire de ces forces et de leur projet politique.
Et certains s'inquiètent de ce qui se passera dans la nouvelle situation. En particulier, de larges secteurs des communautés kurdes, parmi d'autres, qui tout en se réjouissant de la chute de la dictature d'Assad, ont condamné les déplacements forcés et les assassinats de personnes perpétrés par l'ANS.
Tempest : Pouvez-vous retracer le déroulement des événements, en particulier l'avancée des rebelles, qui ont vaincu les forces militaires d'Assad et conduit à sa chute ? Que s'est-il passé ?
JD : Hayat Tahrir Al-Sham (HTS) et l'Armée nationale syrienne (ANS), soutenues par la Turquie, ont lancé une campagne militaire le 27 novembre 2024 contre les forces du régime syrien, remportant des victoires éclatantes. En moins d'une semaine, le HTS et l'ANS ont pris le contrôle de la plupart des gouvernorats d'Alep et d'Idlib. Ensuite, la ville de Hama, située à 210 kilomètres au nord de Damas, est tombée aux mains du HTS et de l'ANS à la suite d'intenses affrontements militaires avec les forces du régime, appuyées par l'armée de l'air russe. Après Hama, le HTS a pris le contrôle de Homs.
Dans un premier temps, le régime syrien a envoyé des renforts à Hama et à Homs puis, avec le soutien de l'aviation russe, a bombardé les villes d'Idlib et d'Alep et leurs environs. Les 1er et 2 décembre, plus de 50 frappes aériennes ont touché Idlib, au moins quatre centres de santé, quatre écoles, deux camps de déplacés et une station d'eau. Les frappes aériennes ont déplacé plus de 48 000 personnes et ont gravement perturbé les services et l'acheminement de l'aide. Le dictateur Bachar al-Assad avait promis la défaite à ses ennemis et déclaré que « le terrorisme ne comprend que le discours de la force ». Mais son régime s'effondrait déjà de toute part.
Alors que le régime perdait ville après ville, les gouvernorats méridionaux de Suweida et de Daraa se sont libérés ; leurs forces d'opposition populaires et armées locales, distinctes du HTS et de l'ANS, ont pris le contrôle. Les forces du régime se sont ensuite retirées des villages situés à une dizaine de kilomètres de Damas et ont abandonné leurs positions dans la province de Quneitra, qui borde le plateau du Golan, occupé par Israël.
Alors que différentes forces armées de l'opposition, qui ne sont liées ni à HTS ni à l'ANS, s'approchaient de la capitale Damas, les forces du régime se sont effondrées et retirées, tandis que les manifestations et les attaques contre tous les symboles de Bachar el-Assad se multipliaient dans les différentes banlieues de Damas. Dans la nuit du 7 au 8 décembre, la libération de la ville a été annoncée. Le sort exact et la localisation de Bachar el-Assad n'ont pas été connus immédiatement, mais certaines informations indiquent qu'il se trouve en Russie sous la protection de Moscou.
La chute du régime a prouvé sa faiblesse structurelle, tant sur le plan militaire qu'économique et politique. Il s'est effondré comme un château de cartes. Cela n'est guère surprenant, car il semblait évident que les soldats n'allaient pas se battre pour le régime d'Assad, compte tenu de leurs salaires et de leurs conditions de travail médiocres. Ils ont préféré fuir ou ne pas se battre plutôt que de défendre un régime pour lequel ils n'ont que très peu de sympathie, d'autant plus que beaucoup d'entre eux ont été enrôlés de force.
En parallèle de cette situation dans le sud du pays, d'autres éléments ont également émergé dans d'autres parties du pays depuis le début de l'offensive des rebelles. Tout d'abord, l'ANS a mené des attaques contre les territoires contrôlés par les Forces démocratiques syriennes (FDS) dirigées par les Kurdes dans le nord d'Alep, puis a annoncé le début d'une nouvelle offensive contre la ville de Manbij, dans le nord du pays, dominée par les FDS. Dimanche 8 décembre, avec le soutien de l'armée turque, de l'aviation et de l'artillerie, l'ANS est entrée dans la ville.
Deuxièmement, les FDS se sont emparées de la majeure partie du gouvernorat de Deir-ez-Zor, auparavant contrôlé par les forces du régime syrien et les milices pro-iraniennes, qui s'étaient retirées pour se redéployer dans d'autres régions afin de lutter contre HTS et les FDS. Les FDS ont ensuite étendu leur contrôle à de vastes zones du nord-est qui étaient auparavant sous la domination du régime.
Tempest : Qui sont les forces rebelles et en particulier les principales formations rebelles, HTS et l'ANS ? Quelles sont leur politique, leur programme et leur projet ? Que pensent d'elles les classes populaires ?
JD : La prise réussie d'Alep, de Hama, de Homs et d'autres territoires dans le cadre d'une campagne militaire menée par le HTS reflète à bien des égards l'évolution de ce mouvement sur plusieurs années, qui est devenu une organisation plus disciplinée et plus structurée, tant sur le plan politique que militaire. Il est désormais capable de produire des drones et dirige une académie militaire. HTS a pu imposer son hégémonie sur un certain nombre de groupes militaires, tant par la répression que par la cooptation au cours des dernières années. Fort de son développement, il s'est positionné pour lancer cette attaque.
HTS est devenu un acteur quasi-étatique dans les zones qu'il contrôle. Il a mis en place un gouvernement, le gouvernement syrien du salut (SSG), qui fait office d'administration civile du HTS et fournit des services à la population. Ces dernières années, le HTS et le SSG ont fait preuve d'une volonté manifeste de se présenter aux puissances régionales et internationales comme une force rationnelle afin de normaliser son autorité. Cela a notamment permis à certaines ONG de disposer de plus d'espace pour opérer dans des secteurs clés tels que l'éducation et la santé, pour lesquels le SSG manque de ressources financières et d'expertise.
Cela ne signifie pas qu'il n'y a pas de corruption dans les zones sous son autorité. Il a imposé son autorité par des mesures autoritaires et des actions de maintien de l'ordre. Le HTS a notamment réprimé ou limité les activités qu'il considère comme contraires à son idéologie. Par exemple, il a mis fin à plusieurs projets de soutien aux femmes, en particulier aux résidentes des camps, sous prétexte que ces projets cultivaient des idées sur l'égalité des sexes qui étaient hostiles à son idéologie. HTS a également pris pour cible et détenu des opposants politiques, des journalistes, des militants et des personnes qu'il considérait comme des détracteurs ou des ennemis.
HTS, qui est toujours considéré comme une organisation terroriste par de nombreuses puissances, y compris les États-Unis, a également essayé de donner une image plus modérée de lui-même, en essayant de les convaincre qu'il est désormais devenu un acteur rationnel et responsable. Cette évolution remonte à la rupture de ses liens avec Al-Qaïda en 2016 et au recadrage de ses objectifs politiques dans le cadre national syrien. Il a également réprimé les individus et les groupes liés à al-Qaïda et au soi-disant État islamique.
En février 2021, pour sa première interview avec un journaliste américain, son chef Abu Mohammad al-Jolani, ou Ahmed al-Sharaa (son vrai nom), a déclaré que la région qu'il contrôlait « ne représentait pas une menace pour la sécurité de l'Europe et de l'Amérique », affirmant que les zones sous son autorité ne deviendraient pas une base pour des opérations à l'étranger.
Dans cette tentative d'apparaître comme un interlocuteur légitime sur la scène internationale, il a mis l'accent sur le rôle du groupe dans la lutte contre le terrorisme. Dans le cadre de cette transformation, il a permis le retour des chrétiens et des druzes dans certaines régions et a établi des contacts avec certains dirigeants de ces communautés.
Après la prise d'Alep, HTS a continué à se présenter comme un acteur responsable. Les combattants du HTS ont par exemple immédiatement posté des vidéos devant les banques, assurant qu'ils voulaient protéger les propriétés et les biens privés. Ils ont également promis de protéger les civils et les communautés religieuses minoritaires, en particulier les chrétiens, car ils savent que le sort de cette communauté est étroitement surveillé à l'étranger.
De même, le HTS a fait de nombreuses déclarations promettant une protection similaire aux Kurdes et aux minorités islamiques telles que les Ismaéliens et les Druzes. Il a également publié une déclaration concernant les alaouites, les appelant à rompre avec le régime, sans toutefois suggérer que le HTS les protégerait ou dire quoi que ce soit de clair sur leur avenir. Dans cette déclaration, le HTS décrit la communauté alaouite comme un instrument du régime contre le peuple syrien.
Enfin, le chef du HTS, Abu Mohammed al-Jolani, a déclaré que la ville d'Alep serait gérée par une autorité locale et que toutes les forces militaires, y compris celles du HTS, se retireraient complètement de la ville dans les semaines à venir. Il est clair qu'al-Jolani souhaite s'engager activement auprès des puissances locales, régionales et internationales.
Toutefois, la question de savoir si HTS donnera suite à ces déclarations reste ouverte. L'organisation s'est montrée autoritaire et réactionnaire, avec une idéologie fondamentaliste islamique, et compte toujours des combattants étrangers dans ses rangs. Ces dernières années, de nombreuses manifestations populaires ont eu lieu à Idlib pour dénoncer son régime et les violations des libertés politiques et des droits de l'homme, notamment les assassinats et la torture des opposants.
Il ne suffit pas de tolérer les minorités religieuses ou ethniques ou de les autoriser à prier. L'essentiel est de reconnaître leurs droits en tant que citoyens égaux participant à la prise de décision sur l'avenir du pays. Plus généralement, les déclarations du chef du HTS, al-Jolani, ne sont absolument pas rassurantes, bien au contraire. Comme celle-ci : « Les personnes qui craignent la gouvernance islamique en ont vu des applications incorrectes ou ne la comprennent pas correctement »,
En ce qui concerne l'ANS, soutenue par la Turquie, il s'agit d'une coalition de groupes armés dont la plupart défendent des politiques islamiques conservatrices. Elle a une très mauvaise réputation et est coupable de nombreuses violations des droits de l'homme, en particulier à l'encontre des populations kurdes dans les zones qu'elle contrôle. L'ANS a notamment participé à la campagne militaire menée par la Turquie pour occuper Afrin en 2018, entraînant le déplacement forcé d'environ 150 000 civils, en grande majorité des Kurdes.
Dans la campagne militaire actuelle, une fois de plus, l'ANS sert principalement les objectifs turcs en ciblant les zones contrôlées par les Forces de défense syriennes (FDS) dirigées par les Kurdes et où vivent beaucoup de communautés kurdes. L'ANS a, par exemple, capturé la ville de Tal Rifaat et la zone de Shahba dans le nord d'Alep, auparavant sous la gouvernance des FDS, entraînant le déplacement forcé de plus de 150 000 civils et violant à de nombreuses reprises les droits de l'homme contre les individus kurdes, en pratiquant même des assassinats et des enlèvements. L'ANS a ensuite annoncé qu'elle lançait une offensive militaire, soutenue par l'armée turque, sur la ville de Manbij, où vivent 100 000 civils et qui est contrôlée par les FDS.
Il existe donc des différences entre le HTS et l'ANS. Le HTS jouit d'une autonomie relative vis-à-vis de la Turquie, contrairement à l'ANS, qui est contrôlé par la Turquie et sert ses intérêts. Les deux forces sont différentes, poursuivent des objectifs distincts et ont des conflits entre elles, bien que ceux-ci soient pour l'instant tenus secrets. Par exemple, les HTS ne cherchent actuellement pas à affronter les FDS. En outre, l'ANS a publié une déclaration critique à l'encontre du HTS pour son « comportement agressif » à l'égard des membres de l'ANS, tandis que le HTS aurait accusé les combattants de l'ANS d'avoir commis des pillages.
Tempest : Pour beaucoup de ceux qui n'ont pas suivi l'évolution de la Syrie, cette affaire est tombée du ciel. Quelles sont les racines de cette situation dans la révolution, la contre-révolution et la guerre civile en Syrie ? Que s'est-il passé à l'intérieur du pays au cours de la période récente qui a déclenché l'offensive militaire ? Quelles sont les dynamiques régionales et internationales qui ont ouvert la voie aux avancées des rebelles ?
JD : Initialement, HTS a lancé sa campagne militaire en réaction à l'escalade des attaques et des bombardements du régime d'Assad et de la Russie sur son territoire du nord-ouest. Elle visait également à reprendre des zones conquises par le régime, en violation des zones de désescalade convenues dans l'accord de mars 2020, négocié par Moscou et Téhéran. Toutefois, forts de leur succès surprenant, leurs ambitions ont grandi et ils ont appelé ouvertement au renversement du régime, ce qu'ils ont désormais accompli avec l'aide d'autres groupes.
Le succès du HTS et de l'ANS s'explique par l'affaiblissement des principaux alliés du régime. La Russie, principal sponsor international d'Assad, a détourné ses forces et ses ressources vers sa guerre impérialiste contre l'Ukraine. En conséquence, son implication en Syrie a été nettement plus limitée que lors des opérations militaires similaires qu'elle a menées au cours des années précédentes.
Ses deux autres alliés clés, le Hezbollah libanais et l'Iran, ont été considérablement affaiblis par Israël depuis le 7 octobre 2023. Tel-Aviv a assassiné les dirigeants du Hezbollah, dont Hassan Nasrallah, a décimé ses cadres lors de l'explosion des bipeurs et a bombardé ses forces au Liban. Le Hezbollah est sans aucun doute confronté à son plus grand défi depuis sa création. Israël a également lancé des vagues de frappes contre l'Iran, exposant ses faiblesses. Il a également intensifié les bombardements des positions iraniennes et du Hezbollah en Syrie au cours des derniers mois.
Avec ses principaux soutiens occupés ailleurs et affaiblis, la dictature d'Assad se trouvait dans une position vulnérable. En raison de toutes ses faiblesses structurelles, du manque de soutien de la population sous son joug, du manque de fiabilité de ses propres troupes et de l'absence de soutien international et régional, [le régime Assad] s'est avéré incapable de résister à l'avancée des forces rebelles, ville après ville, et son autorité s'est effondrée comme un château de cartes.
Tempest : Comment les alliés du régime ont-ils réagi dans un premier temps ? Quels sont leurs intérêts en Syrie ?
JD : La Russie et l'Iran se sont d'abord engagés à soutenir le régime et à faire pression sur lui pour qu'il combatte le HTS et l'ANS. Dans les premiers jours de l'offensive, la Russie a appelé le régime syrien à se ressaisir et à « remettre de l'ordre à Alep », ce qui semble indiquer qu'elle comptait sur une contre-attaque de Damas.
L'Iran a appelé à une « coordination » avec Moscou face à cette offensive. L'Iran a affirmé que les États-Unis et Israël étaient derrière l'offensive des rebelles contre le régime syrien qu'il considère comme une tentative de le déstabiliser et de détourner l'attention de la guerre d'Israël en Palestine et au Liban. Les responsables iraniens ont déclaré leur soutien total au régime syrien et ont confirmé leur intention de maintenir et même d'accroître la présence de leurs « conseillers militaires » en Syrie pour soutenir l'armée syrienne. Téhéran a également promis de fournir des missiles et des drones au régime syrien et même de déployer ses propres troupes.
Mais cela n'a manifestement pas fonctionné. Malgré les bombardements russes sur les zones échappant au contrôle du régime, l'avancée des rebelles n'a pas été stoppée.
Les deux puissances ont beaucoup à perdre en Syrie. Pour l'Iran, la Syrie est cruciale pour le transfert d'armes et la coordination logistique avec le Hezbollah. Avant la chute du régime, le bruit courait que le parti libanais avait envoyé un petit nombre de « forces de supervision » à Homs afin d'aider les forces militaires du régime et 2000 soldats dans la ville de Qusayr, l'un de ses bastions en Syrie près de la frontière avec le Liban, pour la défendre en cas d'attaque des rebelles. Dans sa chute, le régime a retiré ses forces.
Du côté de la Russie, la base aérienne russe de Hmeimim, dans la province syrienne de Lattaquié, et son installation navale de Tartous, sur la côte, ont été des sites importants lui permettant d'affirmer son poids géopolitique au Moyen-Orient, en Méditerranée et en Afrique. La perte de ces bases compromettrait le statut de la Russie, car son intervention en Syrie a été utilisée comme un exemple de la manière dont elle peut utiliser la force militaire pour influencer les événements à l'extérieur de ses frontières et rivaliser avec les États occidentaux.
Tempest : Quel rôle les autres puissances régionales et impériales, en particulier la Turquie, Israël et les États-Unis, ont-elles joué dans ce scénario ? Quelles sont leurs ambitions dans cette situation ?
JD : Malgré la normalisation de la Turquie avec la Syrie, Ankara s'est sentie frustrée par Damas. Elle a donc encouragé l'offensive militaire, ou du moins lui a donné le feu vert, et l'a aidée d'une manière ou d'une autre. L'objectif d'Ankara était initialement d'améliorer sa position dans les futures négociations avec le régime syrien, mais aussi avec l'Iran et la Russie.
Aujourd'hui, avec la chute du régime, l'influence de la Turquie est encore plus importante en Syrie et en fait probablement l'acteur régional clé dans le pays. Ankara cherche également à utiliser l'ANS pour affaiblir les FDS, qui sont dominées par la branche armée du parti kurde PYD, une organisation sœur du parti kurde turc PKK, désigné comme terroriste par Ankara, les États-Unis et l'Union européenne.
La Turquie a deux autres objectifs principaux. Tout d'abord, elle souhaite procéder au retour forcé en Syrie des réfugiés syriens se trouvant en Turquie. Deuxièmement, elle veut nier les aspirations kurdes à l'autonomie et plus particulièrement saper l'administration dirigée par les Kurdes dans le nord-est de la Syrie, l'Administration autonome du nord et de l'est de la Syrie (AANES, également appelée Rojava), ce qui créerait un précédent pour l'autodétermination kurde en Turquie, une menace pour le régime tel qu'il est actuellement constitué.
Ni les États-Unis ni Israël n'ont joué un rôle dans ces événements. En fait, c'est le contraire qui s'est produit. Les États-Unis craignaient que le renversement du régime ne crée davantage d'instabilité dans la région. Les responsables américains ont d'abord déclaré que « le refus persistant du régime Assad de s'engager dans le processus politique décrit dans la résolution 2254 du Conseil de sécurité des Nations-Unies et sa dépendance à l'égard de la Russie et de l'Iran sont à l'origine de la situation actuelle, y compris de l'effondrement des lignes du régime Assad dans le nord-ouest de la Syrie ».
La Maison Blanche a également déclaré qu'elle n'avait « rien à voir avec cette offensive, qui est dirigée par Hayat Tahrir al-Sham (HTS), une organisation caractérisée comme terroriste ». Après une visite en Turquie, le secrétaire d'État Antony Blinken a appellé à la désescalade en Syrie. Après la chute du régime, les responsables américains ont déclaré qu'ils maintiendraient leur présence dans l'est de la Syrie, soit environ 900 soldats, et qu'ils prendraient les mesures nécessaires pour empêcher une résurgence de l'État islamique.
De leur côté, les responsables israéliens ont déclaréque « l'effondrement du régime d'Assad créerait probablement une situation chaotique qui pourrait permettre à des menaces militaires contre Israël de se développer. » De plus, Israël n'a jamais vraiment soutenu le renversement du régime syrien depuis la révolution avortée de 2011. En juillet 2018, M. Netanyahou ne s'est pas opposé à ce qu'Assad reprenne le contrôle du pays et stabilise son pouvoir.
Netanyahou a déclaré qu'Israëln'agirait que contre les menaces ouvertes, telles que les forces et l'influence de l'Iran et du Hezbollah, expliquant : « Nous n'avons pas eu de problème avec le régime d'Assad, pendant 40 ans, pas une seule balle n'a été tirée sur le plateau du Golan ». Quelques heures après l'annonce de la chute du régime, l'armée d'occupation israélienne a pris le contrôle de la partie syrienne du mont Hermon, sur le plateau du Golan, afin d'empêcher les rebelles de s'emparer de la zone, ce dimanche. Auparavant, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou avait ordonné à l'armée d'occupation israélienne de « prendre le contrôle » de la zone tampon du Golan et des « positions stratégiques adjacentes ».
Tempest : De nombreux militants ont pris une nouvelle fois la défense d'Assad, affirmant cette fois qu'une défaite d'Assad serait un revers pour la lutte de libération palestinienne. Que pensez-vous de cet argument ? Qu'est-ce que cela signifie pour la Palestine ?
JD : Oui, les militants ont affirmé que cette offensive militaire était menée par « Al-Qaïda et d'autres terroristes » et qu'il s'agissait d'un complot impérialiste occidental contre le régime syrien visant à affaiblir le soi-disant « axe de la résistance » dirigé par l'Iran et le Hezbollah. Étant donné que cet axe prétend soutenir les Palestiniens, les militants affirment que la chute d'Assad l'affaiblit et, par conséquent, sape la lutte pour la libération de la Palestine.
En plus d'ignorer tout du rôle des acteurs locaux syriens, le principal problème de l'argument avancé par les partisans de ce qu'on appelle « l'axe de la résistance » est qu'ils supposent que la libération de la Palestine viendra d'en haut, de ces États ou d'autres forces, indépendamment de leur nature réactionnaire et autoritaire, et de leurs politiques économiques néolibérales. Cette stratégie a échoué par le passé et continuera à échouer aujourd'hui. En fait, au lieu de faire progresser la lutte pour la libération de la Palestine, les États autoritaires et despotiques du Moyen-Orient, qu'ils soient alignés sur l'Occident ou opposés à lui, ont à maintes reprises trahi les Palestiniens et les ont même réprimés.
De plus, les campistes ignorent que les principaux objectifs de l'Iran et de la Syrie ne sont pas la libération de la Palestine, mais la préservation de leurs États et de leurs intérêts économiques et géopolitiques. Ils les feront passer avant la Palestine à chaque fois. La Syrie, en particulier, comme Netanyahu l'a clairement indiqué dans la citation que je viens de citer, n'a pas levé le petit doigt contre Israël depuis des décennies.
Pour sa part, l'Iran a soutenu la cause palestinienne de manière rhétorique et a financé le Hamas. Mais depuis le 7 octobre 2023, son principal objectif est d'améliorer sa position dans la région afin d'être dans la meilleure position pour de futures négociations politiques et économiques avec les Etats-Unis. L'Iran souhaite garantir ses intérêts politiques et sécuritaires et a donc tenu à éviter toute guerre directe avec Israël.
Son principal objectif géopolitique vis-à-vis des Palestiniens n'est pas de les libérer, mais de les utiliser comme levier, notamment dans ses relations avec les Etats-Unis. De même, la réponse passive de l'Iran à l'assassinat de Nasrallah par Israël, à la décimation des cadres du Hezbollah et à sa guerre brutale contre le Liban, démontre que sa première priorité est de se protéger et de protéger ses intérêts. Il n'était pas disposé à les sacrifier et à prendre la défense de son principal allié non étatique.
L'Iran s'est révélé être, au mieux, un allié inconstant du Hamas. Il a réduit son financement au Hamas lorsque leurs intérêts ne coïncidaient pas. Il a réduit son aide financière au Hamas après la révolution syrienne de 2011, lorsque le mouvement palestinien a refusé de soutenir la répression meurtrière du régime syrien à l'encontre des manifestants syriens.
Dans le cas du régime syrien, l'argument contre son prétendu soutien à la Palestine est imparable. Il n'a pas pris la défense de la Palestine au cours de la dernière année de guerre génocidaire d'Israël. Malgré les bombardements israéliens sur la Syrie, avant et après le 7 octobre, le régime n'a pas réagi. Cette attitude est conforme à la politique menée par le régime depuis 1974, qui consiste à éviter toute confrontation significative et directe avec Israël.
En outre, le régime a réprimé à plusieurs reprises les Palestiniens en Syrie, notamment en tuant plusieurs milliers d'entre eux depuis 2011 et en détruisant le camp de réfugiés de Yarmouk à Damas. Il s'est également attaqué au mouvement national palestinien lui-même. Par exemple, en 1976, Hafez al-Assad, père de son héritier et dictateur déchu Bachar al-Assad, est intervenu au Liban et a soutenu les partis libanais d'extrême droite contre les organisations palestiniennes et libanaises de gauche.
Il a également mené des opérations militaires contre des camps palestiniens à Beyrouth en 1985 et 1986. En 1990, environ 2 500 prisonniers politiques palestiniens étaient détenus dans des prisons syriennes.
Compte tenu de cette histoire, le mouvement de solidarité avec la Palestine commet une erreur en défendant et en s'alignant sur des États impérialistes ou sous-impérialistes qui font passer leurs intérêts avant la solidarité avec la Palestine, rivalisent pour obtenir des gains géopolitiques et exploitent les travailleurs et les ressources de leurs pays. Bien sûr, l'impérialisme américain reste le principal ennemi de la région avec sa longue histoire de guerres, de pillages et de domination politique.
Mais il est absurde de considérer les puissances régionales réactionnaires et d'autres États impérialistes comme la Russie ou la Chine comme des alliés de la Palestine ou de son mouvement de solidarité. Il n'y a tout simplement aucune preuve pour étayer cette position. Choisir un impérialisme plutôt qu'un autre, c'est garantir la stabilité du système capitaliste et l'exploitation des classes populaires. De même, soutenir des régimes autoritaires et despotiques dans la poursuite de l'objectif de libération de la Palestine est non seulement moralement erroné, mais s'est également avéré être une stratégie vouée à l'échec.
Au contraire, le mouvement de solidarité palestinien doit considérer que la libération de la Palestine est liée non pas aux États de la région, mais à la libération de ses classes populaires. Celles-ci s'identifient à la Palestine et considèrent que leurs propres combats pour la démocratie et l'égalité sont intimement liés à la lutte de libération des Palestiniens. Lorsque les Palestiniens se battent, cela tend à déclencher le mouvement régional de libération, et le mouvement régional se répercute sur celui de la Palestine occupée.
Ces luttes sont dialectiquement liées ; ce sont des luttes mutuelles pour la libération collective. Le ministre israélien d'extrême droite Avigdor Lieberman a reconnu le danger que les soulèvements populaires régionaux représentaient pour Israël en 2011 lorsqu'il a déclaré que la révolution égyptienne qui a renversé Hosni Moubarak et ouvert la voie à une période d'ouverture démocratique dans le pays constituait une plus grande menace pour Israël que l'Iran.
Il ne s'agit pas de nier le droit de résistance des Palestiniens et des Libanais aux guerres brutales d'Israël, mais de comprendre que la révolte unie des classes populaires palestiniennes et régionales a le pouvoir de transformer l'ensemble du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord, en renversant les régimes autoritaires et en expulsant les États-Unis et les autres puissances impérialistes. La solidarité internationale anti-impérialiste avec la Palestine et les classes populaires de la région est essentielle, car elles sont confrontées non seulement à Israël et aux régimes réactionnaires du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord, mais aussi à leurs soutiens impérialistes.
La tâche principale du mouvement de solidarité avec la Palestine, en particulier en Occident, est de dénoncer le rôle complice de nos classes dirigeantes qui soutiennent non seulement l'État d'apartheid, raciste et colonial, d'Israël et sa guerre génocidaire contre les Palestiniens, mais aussi les attaques d'Israël contre d'autres pays de la région, tels que le Liban. Le mouvement doit faire pression sur ces classes dirigeantes pour qu'elles rompent toute relation politique, économique et militaire avec Tel-Aviv.
De cette manière, le mouvement de solidarité peut remettre en question et affaiblir le soutien international et régional à Israël, ouvrant l'espace pour que les Palestiniens se libèrent avec les classes populaires de la région.
Tempest : L'avancée des rebelles en Syrie va-t-elle permettre aux forces progressistes de relancer la lutte révolutionnaire et d'offrir une alternative au régime et au fondamentalisme islamique ?
JD : Il n'y a pas de réponse évidente, surtout des interrogations. La lutte par en bas et l'auto-organisation seront-elles possibles dans les zones où le régime a été chassé ? Les organisations de la société civile (non pas au sens étroit d'ONG, mais au sens gramscien de formations de masse populaires en dehors de l'État) et les structures politiques qui pourraient mener des politiques démocratiques et progressistes, seront-elles en mesure de s'établir, de s'organiser et de constituer une alternative politique et sociale au HTS et au SNA ? L'étirement des forces du HTS et de l'ANS permettra-t-il de s'organiser au niveau local ?
Telles sont les questions clés qui, à mon avis, n'ont pas de réponses claires. Si l'on examine les politiques du HTS et de l'ANS dans le passé, on constate qu'elles n'ont pas encouragé le développement d'un espace démocratique, bien au contraire. Elles ont été autoritaires. Aucune confiance ne devrait être accordée à de telles forces. Seule l'auto-organisation des classes populaires luttant pour des revendications démocratiques et progressistes créera cet espace et ouvrira la voie à une véritable libération. Pour cela, il faudra surmonter de nombreux obstacles, de la fatigue de la guerre à la répression, en passant par la pauvreté et la dislocation sociale.
Le principal obstacle a été, est et sera les acteurs autoritaires, auparavant le régime, mais maintenant une grande partie des forces d'opposition, en particulier le HTS et l'ANS ; leur domination et les affrontements militaires entre eux ont étouffé l'espace qui aurait pu permettre aux forces démocratiques et progressistes de déterminer démocratiquement leur avenir. Même dans les zones libérées du contrôle du régime, nous n'avons pas encore assisté à des campagnes populaires de résistance démocratique et progressiste. Et là où l'ANS a conquis des zones kurdes, il a violé les droits des Kurdes, les a réprimés par la violence et a déplacé de force un grand nombre d'entre eux.
Nous devons nous rendre à l'évidence : l'absence d'un bloc démocratique et progressiste indépendant capable de s'organiser et de s'opposer clairement au régime syrien et aux forces fondamentalistes islamiques est criante. La construction de ce bloc prendra du temps. Il devra combiner les luttes contre l'autocratie, l'exploitation et toutes les formes d'oppression. Il devra porter les revendications de démocratie, d'égalité, d'autodétermination kurde et de libération des femmes afin de créer une solidarité entre les exploités et les opprimés du pays.
Pour faire avancer ces revendications, ce bloc progressiste devra construire et reconstruire des organisations populaires, des syndicats aux organisations féministes, en passant par les organisations communautaires, et des structures nationales pour les rassembler. Cela nécessitera une collaboration entre les acteurs démocratiques et progressistes de l'ensemble de la société.
Ceci dit, il y a de l'espoir, alors que la dynamique clé était initialement militaire et menée par le HTS et l'ANS, ces derniers jours, nous avons vu des manifestations populaires grandissantes et des gens qui sortent dans les rues à travers le pays. Ils ne suivent pas les ordres du HTS, de l'ANS ou d'autres groupes d'opposition armés. Il y a maintenant un espace, avec ses contradictions et ses défis comme mentionné ci-dessus, pour que les Syriens essaient de reconstruire une résistance populaire civile à partir de la base et des structures alternatives de pouvoir.
En outre, l'une des tâches essentielles consistera à s'attaquer à la principale division ethnique du pays, celle entre les Arabes et les Kurdes. Les forces progressistes doivent mener une lutte claire contre le chauvinisme arabe afin de surmonter cette division et de forger une solidarité entre ces populations. Il s'agit d'un défi qui se pose depuis le début de la révolution syrienne en 2011 et qui devra être affronté et résolu de manière progressiste pour que le peuple syrien soit réellement libéré.
Il est absolument nécessaire de revenir aux aspirations initiales de la révolution syrienne en matière de démocratie, de justice sociale et d'égalité, tout en respectant l'autodétermination kurde. Si le PYD kurde peut être critiqué pour ses erreurs et son mode de gouvernement, il n'est pas le principal obstacle à une telle solidarité entre Kurdes et Arabes. Il s'agit des positions et des politiques belliqueuses et chauvines des forces d'opposition arabes en Syrie - à commencer par la Coalition nationale syrienne, dominée par les Arabes, suivie par la Coalition nationale des forces révolutionnaires et d'opposition syriennes, les principaux organes d'opposition en exil soutenus par l'Occident et les pays de la région, qui ont tenté de diriger la révolution syrienne dans ses premières années - et aujourd'hui celles des deux principales forces militaires, le HTS et l'ANS.
Dans ce contexte, les forces progressistes doivent poursuivre la collaboration entre les Arabes syriens et les Kurdes, y compris l'AANES. Le projet AANES et ses institutions politiques représentent de larges pans de la population kurde et l'ont protégée contre diverses menaces locales et extérieures.
Cela dit, il a lui aussi des défauts et ne doit pas être soutenu sans critique. Le PYD et AANES ont eu recours à la force et à la répression contre les militants politiques et les groupes qui contestaient leur pouvoir. Ils ont également violé les droits de l'homme des civils. Néanmoins, ils ont obtenu des résultats importants, notamment en augmentant la participation des femmes à tous les niveaux de la société, en codifiant des lois laïques et en incluant davantage les minorités religieuses et ethniques. Toutefois, sur les questions socio-économiques, ils n'ont pas rompu avec le capitalisme et n'ont pas répondu de manière adéquate aux demandes des classes populaires.
Quelles que soient les critiques que les progressistes peuvent adresser au PYD et à l'AANES, nous devons rejeter et nous opposer aux descriptions chauvines arabes qui les qualifient de « diable » et de projet ethno-nationaliste « séparatiste ». Mais en rejetant ce sectarisme, nous ne devons pas idéaliser l'AANES sans esprit critique, comme l'ont fait certains anarchistes et gauchistes occidentaux, en la présentant à tort comme une nouvelle forme de pouvoir démocratique par en bas.
Il y a déjà eu une certaine collaboration entre les démocrates et les progressistes arabes syriens et l'AANES et les institutions qui y sont liées, et il faut la développer et l'étendre. Mais, comme dans tout type de collaboration, celle-ci ne doit pas se faire sans esprit critique.
S'il est important de rappeler à tous que le régime de Bachar al-Assad et ses alliés sont les premiers responsables du massacre de centaines de milliers de civils, des destructions massives, de l'appauvrissement croissant et de la situation actuelle en Syrie, l'objectif de la révolution syrienne va au-delà de ce que le chef de HTS, al-Jolani, affirme dans son interview avec CNN. Il ne s'agit pas seulement de renverser ce régime, mais de construire une société démocratique et égalitaire où les groupes opprimés jouissent de droits complets. Sinon, nous ne ferons que remplacer un mal par un autre.
Tempest : Quel sera l'impact de la chute du régime sur la région et les puissances impériales ? Quelle position la gauche internationale devrait-elle adopter dans cette situation ?
JD : Après la chute du régime, le chef du HTS, M. al-Jolani, a déclaré que les institutions de l'État syrien seraient supervisées par le premier ministre de l'ancien régime, M. Mohammed Jalali, jusqu'à ce qu'elles soient remises à un nouveau gouvernement doté des pleins pouvoirs exécutifs, à la suite d'élections, ce qui témoigne des efforts déployés pour assurer une transition ordonnée. Le ministre syrien des télécommunications, Eyad al-Khatib, a accepté de collaborer avec les représentants du HTS pour garantir la continuité des télécommunications et d'internet.
Ces éléments indiquent clairement que le HTS souhaite procéder à une transition contrôlée du pouvoir afin d'apaiser les craintes des pays étrangers, d'établir des contacts avec les puissances régionales et internationales et d'être reconnu comme une force légitime avec laquelle il est possible de négocier. Un obstacle à cette normalisation est le fait que le HTS est toujours considéré comme une organisation terroriste, alors que la Syrie fait l'objet de sanctions.
Il faut donc s'attendre à une période d'instabilité dans le pays. À Damas, le lendemain de la chute du régime, on a pu observer un certain chaos dans les rues, la banque centrale ayant par exemple été pillée.
Il est encore difficile de dire quel sera l'impact de la chute du régime sur les puissances régionales et impériales. Pour les États-Unis et les pays occidentaux, l'objectif principal est désormais de limiter les dégâts afin d'éviter que le chaos ne s'étende à la région. Les États de la région ne sont manifestement pas satisfaits de la situation actuelle, alors qu'ils avaient entamé un processus de normalisation avec le régime au cours des dernières années. Quant à la Turquie, son principal objectif sera de consolider son pouvoir et son influence en Syrie et de se débarrasser de l'AANES dirigée par les Kurdes dans le nord-est. Le chef de la diplomatie turque a d'ailleurs déclaré dimanche que l'État turc était en contact avec les rebelles en Syrie pour s'assurer que l'État islamique et surtout le « PKK » ne profitent pas de la chute du régime de Damas pour étendre leur influence.
Les différentes puissances ont cependant un objectif commun : imposer une forme de stabilité autoritaire en Syrie et dans la région. Cela ne signifie évidemment qu'il existe une unité de vues entre les puissances régionales et impériales. Elles ont chacune leurs propres intérêts, souvent antagonistes, mais elles ne veulent pas de la déstabilisation du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord, surtout pas d'une instabilité qui perturberait l'acheminement du pétrole pour le capitalisme mondial.
La gauche internationale ne doit pas se ranger du côté des restes du régime ou des forces locales, régionales et internationales de la contre-révolution. Au contraire, la boussole politique des révolutionnaires devrait être le principe de solidarité avec les luttes populaires et progressistes par en bas. Cela signifie qu'il faut soutenir les groupes et les individus qui s'organisent et luttent pour une Syrie progressiste et inclusive et construire une solidarité entre eux et les classes populaires de la région.
Dans un contexte instable en Syrie, au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, nous devons éviter le double piège du romantisme et du défaitisme. Au contraire, nous devons poursuivre une stratégie de solidarité critique, progressiste et internationale entre les forces populaires de la région et du monde entier. Il s'agit là d'une tâche et d'une responsabilité cruciales de la gauche, en particulier en ces temps très complexes.
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Contre la bouc−émissarisation des immigrant·es

Annonce d'un moratoire sur l'immigration au Québec, virage du Parti libéral du Canada et du gouvernement fédéral sur les seuils d'accueil, débats sur l'adhésion (ou non-adhésion) aux « valeurs de la société québécoise ». C'est acté : l'immigration s'enligne pour être l'un des grands sujets des campagnes électorales canadiennes et québécoises.
Éditorial du numéro 102 par le Collectif de la revue A babord !
Accueilli·es à bras ouverts pendant la pandémie, les immigrant·es sont désormais les boucs émissaires systématiques de la droite et de leurs soutiens. De la crise du logement au déclin du français, en passant par la laïcité, les accusations ne cessent de s'accumuler au Québec. L'hostilité d'une partie du champ politique à l'égard des personnes immigrées suscite les propositions les plus électoralistes, les plus absurdes et déshumanisantes, comme le démontre l'intention du Parti Québécois de miser sur la robotisation pour les remplacer.
Alors que l'inflation détériore le niveau de vie des Québécois·es, on tente aussi d'opposer les classes populaires aux immigrant·es en agitant la menace qu'iels représenteraient sur l'État-providence. Le filet social ou l'immigration : un dilemme fallacieux et dangereux qui est largement utilisé dans les pays scandinaves par l'extrême droite.
Évidemment, il ne s'agit pas de parler de tous les immigrant·es. Il ne s'agit pas de remettre en cause l'exploitation des travailleur·euses temporaires et précaires, comme dans le secteur agricole, qui sont pieds et poings liés à leurs employeurs. Il semble aussi évident que la droite porte un regard différent sur l'immigration en fonction du pays, de la couleur de peau ou de la religion.
Notons ici l'ironie de vouloir restreindre ainsi l'immigration lorsque la construction de l'État canadien et québécois repose sur l'accaparement et la colonisation des territoires autochtones non cédés. Pour reprendre le fameux slogan altermondialiste : « Personne n'est illégal sur les territoires volés ». Sans surprise, de telles réflexions sont absentes dans les grands médias.
Ce climat xénophobe et raciste joue une double fonction. D'une part, il permet d'intimider et de menacer les personnes concernées en les dissuadant de s'organiser et de répliquer. Et d'autre part, il permet à de plus en plus de personnes de se sentir à l'aise d'exprimer des idées discriminatoires et nauséabondes.
Face à cette situation, la réponse des partis et organisations de gauche demeure insatisfaisante. Certes, on continue à souligner le rôle positif que l'immigration joue dans le fonctionnement des services publics et de l'économie québécoise en général. On la promeut comme un moyen de dynamiser les régions et on rappelle qu'elle comble les emplois que les Québécois·es ne souhaitent pas occuper. Mais là encore, les immigrant·es restent considéré·es en tant que variables d'ajustement économique et non comme des personnes qui ont des désirs, des rêves et des projets de vie.
Côté syndicats, une certaine vision réductionniste, consistant à voir le syndicalisme comme une sorte de compagnie d'assurance des travailleur·euses et non comme une force politique plus ambitieuse, empêchent plusieurs organisations de prendre des positions plus fortes sur ces enjeux. Comme si défendre d'autres causes, et leur attribuer des ressources et du temps, était incompatible avec la défense des intérêts de leurs membres.
À l'heure des bouleversements climatiques, de la montée des idées d'extrême droite et des ravages accrus du capitalisme, il est plus urgent que jamais de raviver les idéaux internationalistes et humanistes consistant à ne pas traiter autrui comme un simple objet mais comme un véritable sujet.
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Lettre ouverte du RCCQ : Ensemble pour la reconnaissance du droit à l’alimentation au Québec

En cette Journée internationale des droits humains, Ensemble pour la reconnaissance du droit à l'alimentation au Québec.
De Regroupement des cuisines , le 2024-12-09 09:15
En ce 10 décembre, la Journée internationale des droits humains nous invite à réfléchir sur l'importance de garantir à toutes et tous des conditions de vie dignes et justes. Alors que notre monde est confronté à des crises profondes — économiques, sociales et environnementales —, il devient impératif de considérer les droits humains comme un ensemble indissociable et interdépendant.
L'enjeu actuel de l'insécurité alimentaire croissante nous amène à nous pencher sur un droit plus spécifique, le droit à l'alimentation.
Ce droit, bien qu'essentiel, ne peut être pleinement garanti sans la reconnaissance et la protection d'autres droits fondamentaux. L'accès à une nourriture suffisante et saine repose sur un logement stable pour préparer et conserver les aliments, sur un revenu décent pour en assurer l'achat, sur un environnement sain pour maintenir la production agricole, et sur des soins de santé accessibles pour en préserver les bienfaits. Ces droits se soutiennent mutuellement : lorsque l'un vacille, tous sont fragilisés.
En cette journée de réflexion et de mobilisation, nous devons regarder notre société en face et admettre que ces droits, pourtant reconnus universellement, ne sont pas une réalité pour une grande partie de la population. Les inégalités économiques et les injustices
environnementales creusent des fossés qui menacent le bien-être individuel et collectif. Trop de personnes vivent dans l'insécurité alimentaire, non par manque de ressources, mais en raison de systèmes sociaux et économiques qui les laissent pour compte.
Garantir le droit à l'alimentation ne se limite pas à offrir de la nourriture ; cela implique de transformer nos politiques publiques pour répondre aux besoins fondamentaux de toutes et tous. Cela signifie investir dans des logements abordables et adaptés, assurer l'accès à une éducation gratuite et de qualité, rehausser les revenus, protéger les écosystèmes et soutenir des systèmes alimentaires durables au bénéfice de nos territoires et des personnes qui y habitent.
Les droits humains ne sont pas des concepts abstraits : ils sont la base sur laquelle nous pouvons bâtir un avenir plus juste. Les respecter et les promouvoir, c'est poser les fondations d'une société où toute personne peut vivre dans la dignité, sans avoir à choisir entre se nourrir, se loger, s'instruire ou se soigner.
En cette Journée internationale des droits humains, rappelons-nous que chaque droit compte, mais que c'est leur interdépendance qui les rend si puissants. Ensemble, agissons pour faire de ces droits une réalité pour toutes et tous, ici et ailleurs.
Signataires (par catégories) :
Milieu académique
* Laurence Guillaumie, Professeure, Université Laval, Membre de l'INAF
et du Regroupement des chercheur.es SAT
* Malek Batal, PhD, FRSC, FCAHS. Professeur et titulaire de la Chaire de
recherche du Canada sur les inégalités en nutrition et santé (CIENS,
Université de Montréal. Chercheur, Centre de recherche en santé publique
(CReSP) et au Centre de recherche interdisciplinaire sur la justice
intersectionnelle, la décolonisation et l'équité (CRI-JADE)
* Rosanne Blanchet, Professeure, École de santé publique de
l'Université de Montréal (ESPUM). Chercheuse Centre de recherche en
santé publique (CReSP). Chercheuse au Centre de recherche
interdisciplinaire sur la justice intersectionnelle, la décolonisation et
l'équité (CRI-JADE)
* Alexandra Otis, Dt.P., M. Sc., Candidate au doctorat à l'École de
santé publique de l'Université de Montréal (ESPUM). Centre de recherche
en santé publique (CReSP)
* Théa Demmers, ESPUM, CReSP
* Valérie Levacher, Dt.P., M. Sc., Étudiante au doctorat à l'École de
santé publique de l'Université de Montréal (ESPUM). Membre étudiante au
Centre de recherche en santé publique (CReSP) et au Centre de recherche
interdisciplinaire sur la justice intersectionnelle, la décolonisation et
l'équité (CRI-JADE)
* Mylène Ratelle, Professeure, École de santé publique de
l'Université de Montréal (ESPUM). Professeure associée, School of Public
Health, University of Waterloo. Chercheuse au Centre de recherche en santé
publique (CReSP). Chercheuse au Centre de recherche interdisciplinaire sur
la justice intersectionnelle, la décolonisation et l'équité (CRI-JADE).
* Lara Gautier, Professeure, École de santé publique de l'Université
de Montréal (ESPUM). Chercheuse au Centre de recherche en santé publique
(CReSP). Chercheuse à l'Institut Universitaire SHERPA. Chercheuse au
Centre de recherche interdisciplinaire sur la justice intersectionnelle, la
décolonisation et l'équité (CRI-JADE). Chercheuse associée, Ceped
(IRD-Université de Paris).
* Sophie Dupéré, professeure titulaire, faculté des sciences
infirmières, Université Laval. Chercheuse au Centre de recherche de
Montréal sur les inégalités sociales, les discriminations et les
pratiques alternatives de citoyenneté (CREMIS).
* Lucie Lamarche, professeure, Faculté de science politique et de droit,
UQAM
* Nathalie Vallée, directrice générale du Collège Ahuntsic, Montréal
* Marie-Anne Viau, enseignante et coordonnatrice du département
d'agriculture urbaine du Collège Ahuntsic, Montréal
* Christine Gingras, directrice par intérim et coordonnatrice de
projets, Centre d'innovations sociales en agriculture du Cégep de
Victoriaville
* Olivier Riffon, Professeur responsable, LAGORA - Laboratoire de
gouvernances alternatives - UQAC
* Laurence Simard-Gagnon, professeure, département de psychosociologie
et travail social, Université du Québec à Rimouski - campus de Lévis
* Julie Richard, professeure, département de psychosociologie et travail
social, Université du Québec à Rimouski - campus de Lévis
* Martine D'Amours, professeure associée (retraitée), département des
relations industrielles, Université Laval
* Youri Blanchet, président de la FEC-CSQ (Fédération de
l'enseignement collégial)
* Camille Labadie LL.M., LL.D., Chargée de cours Université du Québec
à Montréal
* Mylène Lafrenière-Abel, avocate
Milieu institutionnel et de la santé
* Thomas Bastien, directeur général de l'Association pour la santé
publique du Québec
* Kathleen Pelletier, médecin-conseil en promotion de la santé,
Direction de santé publique, CIUSSS SLSJ
* Lyne Sénéchal, O.C CIUSSS Saguenay-Lac-St-Jean
Milieu alimentaire, agricole et environnemental
* Marcel Groleau, président, Coalition Nourrir l'Humanité durablement
* Colleen Thorpe, directrice générale, Équiterre
* Bernard Lavallée, Dt.P., M. Sc., Le nutritionniste urbain
* Hélène Laurendeau, nutritionniste, auteure et conférencière
* Nathalie Laplante, consultante en projets collectifs nourriciers,
L'Assiette Turquoise
* Sophie Lapointe, écoconseillère, coordonnatrice de Borée,
Saguenay-Lac-Saint-Jean
* Audrey Pelchat, directrice générale, Société de gestion
environnementale de Dolbeau-Mistassini
* Florence Roy-Allard, co-coordonnatrice, Forum SAT
* Laurence Deschamps-Léger, co-coordonnatrice, Forum SAT
* Gabrielle Payette-Bédard, chargée à la mobilisation régionale,
Forum SAT
* Maxime Sharkey, directice générale, Marchés Ahuntsic-Cartierville
Milieu communautaire, philanthropique et social
* Martin Munger, directeur général, Banques alimentaires du Québec
* Christian Savard, directeur général, Vivre en Ville
* Karine Robinette, directrice générale, Regroupement des popotes
roulantes du Québec
* Yves Bellavance, directeur général, Coalition montréalaise des
Tables de quartier
* Wade Thorhaug, Réseau pour une alimentation durable
* Corinne Voyer, directrice du Collectif Vital
* Judith Barry, Co-fondatrice du Club des petits déjeuners et directrice
des relations gouvernementales
* Chantal Vézina, Directrice générale, Moisson Montréal
* Véronique Laflamme, porte-parole du Front d'action populaire en
réaménagement urbain (FRAPRU)
* Laurence Guénette, coordonnatrice Ligue des droits et libertés
* Nick Saul, Centres communautaire d'alimentation du Canada
* Mireille Jetté, Direction générale adjointe pour La Cantine pour
tous
* Caroline Toupin, coordonnatrice, Réseau québécois de l'action
communautaire autonome (RQ-ACA)
* Stéphanie Vallée, présidente, Table des regroupements provinciaux
d'organismes communautaires et bénévoles
* Équipe du Collectif pour un Québec sans pauvreté, Québec
* Nancy Neamtan, co-fondatrice et ancienne directrice du Chantier de
l'économie sociale
* Mouvement ATD Quart Monde -Agir Tous pour la Dignité-
* Stéphanie Taillon, Partageons l'espoir
* Tasha Lackman, Le Dépôt, Centre communautaire d'alimentation
* Marie-Ève Lefrançois, directrice, Centre d'action bénévole
Entre-Êtres de Jonquière
* Magdouda Oudjit, Directrice, LA MAISON DE QUARTIER VILLERAY
* Yanick Soumis, directeur général, Moisson Saguenay-Lac-St-Jean
* Cloé Loiselle, Dt.P., coordonnatrice des Espaces Collaboratifs de
Transformation alimentaire au Saguenay-Lac-Saint-Jean
* Gabrielle Girard, Directrice Générale Adjointe, Moisson
Saguenay-Lac-St-Jean
* Lise Savard, directrice ajointe centre Mamik
* Nadia Simard, adjointe administrative, Moisson Saguenay-Lac-Saint-Jean
* France Simard, Mouvement Action Chômage Lac-Saint-Jean
* Nadia Bolduc, intervenante en défense collective des droits, Mouvement
Action Chômage Lac-Saint-Jean
* Valérie Fontaine, présidente de la Fédération du personnel de
soutien de l'Enseignement supérieur (FPSES-CSQ)
* Marie-Claire Rufagari, coordonnatrice de la formation TCRI
* Michel Dubé, coordonnateur, Action Populaire Rimouski-Neigette
* Carolyne Belso, directrice générale, La Maison des Parents de
Bordeaux-Cartierville
* Line Sirois, Action-Chômage Côte-Nord
* Jimmy Tremblay, Président régional SFPQ pour Saguenay Lac-St-Jean,
Chibougamau, Charlevoix, Haute côte Nord
* L'équipe de Cuisine collective, le vent dans les tabliers,
Îles-de-la-Madeleine
* Vicky Tremblay, Mouvement Action-Chômage de Montréal
* Joël Poliquin, Regroupement des Sans-Emploi de Victoriaville
* Sylvie Hébert, Droits Devant Érable
* Francis Roy, intervenant responsable des cuisines collectives, la
maison de la famille du Nord de Mont-Tremblant
* Gracia Adam, coordonnatrice, Table en sécurité alimentaire de
Limoilou
* Annie Tanguay, co-coordonnatrice et intervenante La Collective des
femmes de Nicolet et région
* Félix Meilleur, cuisinier-animateur à La Bouffe Du Carrefour
* Eugénie Fortin, simple citoyenne en appui au droit à l'alimentation
* Jean Ayotte, coordonnateur Comité chômage de l'est de Montréal
* Marie-Ève Lemaire St-Gelais, coordonnatrice en sécurité alimentaire,
Table de Quartier Sud de l'ouest-de-l'île
* Franceska Samson, Coordonnatrice en défense des droits sociaux,
regroupement de défense des droits sociaux district Drummond
* Jean-Philippe Laperrière, directeur général de la Table de
concertation sur la faim et le développement social du Montréal
métropolitain.
* Victoria F. Legault, directrice générale, Aide aux Trans du Québec
(ATQ)
* François Bergeron, directeur général, corporation de développement
communautaire du Centre-Sud de Montréal
* Nadia Mongeon, coordonnatrice Mouvement Action Chômage Pabok GÎM
* Julie Proulx, coordonnatrice Action Chômage Kamouraska
* Lysa Villeneuve, directrice générale de la Bouffe du Carrefour à
Saint-Hubert
* Josée Lemay, directrice générale Centre d'action Bénévole DDR
* Mireille Guy-Tremblay, conseillère budgétaire au service budgétaire
de Saint-Félicien
* Yany Charbonneau, coordonnatrice clinique Service de travail de rue de
Chicoutimi
* Nathalie Lanctôt, membre de Touski, Québec
* Lucie Gélineau, professeure, Université du Québec à Rimouski,
Antenne de Baie-Comeau
* Diane Barrette, Coordonnatrice Les cuisines collectives de Francheville
(Trois-Rivières)
* Elisabeth Dupuis, Présidente, Association X Fragile Québec
* Annie-Claude Tremblay, Coordonnatrice, Moisson d'Alma
* Jean Girard, Intervenant Maison Oxygène Alma
* Alice Châtel, coordonnatrice Ressources familiales la vieille caserne
de Montmorency
* Tania Angulo, Conseillère principale Impact et Engagement collectif,
Club des petits déjeuners
* Donald Boisvert, La Corbeille-Bordeaux-Cartierville
* Vanessa Gamboa González, Association des groupes d'éducation
populaire autonome (AGÉPA) Centre-du-Québec
* Thibault Rehn, coordonnateur de Vigilance OGM
* Sylvie Chamberland, Codirectrice générale du Carrefour solidaire
centre communautaire d'alimentation
* Dominique Lalonde, agr., codirectrices ainsi que l'ensemble de
l'équipe du Collectif Récolte
* Judith Colombo, agr., codirectrices ainsi que l'ensemble de l'équipe
du Collectif Récolte
* Danièle Savoie, coordonnatrice REGAL+, Regroupement alimentaire des
Laurentides +
* Marie-Andrée Painchaud-Mathieu, coordonnatrice, Regroupement
intersectoriel des organismes communautaires de Montréal (RIOCM)
* Marie-Christine Latte, Coordonnatrice de l'Organisation populaire des
droits sociaux (OPDS)
* Daniel Leroux, Intervenant communautaire, Centre d'Entraide La
Samaritaine de Mont-Tremblant
* Sylvie Taillefer, consultante auprès d'organismes en sécurité
alimentaire
* Sophie Desmarais, Amie du Quartier
* Geneviève Deneault, Intervenante socioprofessionnelle, Carrefour
Jeunesse-Emploi D'Argenteuil
* Alyssa Légaré, Directrice générale, La Maison de la Famille de
Bois-des-Filion
* Josée Lefebvre, intervenante, Centre d'entraide Racine-Lavoie
* Maryse St-Jacques, agente de projets, Carrefour jeunesse-emploi
Deux-Montagnes
* Evelyne Landry, coordonnatrice, Maison d'Entraide de Prévost
* Marie-Ève Fortin, intervenante, Centre d'entraide Racine Lavoie,
Saint-Eustache
* Louise Desrochers, Directrice générale, Centre d'Entraide
d'Argenteuil
* Stéphany Bombardier, organisatrice communautaire, Centre d'Entraide
d'Argenteuil
* Odette Gagnon, secrétaire trésorière Carrefour d'entraide de Saint
Placide
* Marilyne Barbe, Coordination, Table de concertation Pauvreté
Sainte-Thérèse-de-Blainville
* Julie Jeanson, Directrice générale, Cuisines Collectives du
Haut-Saint-François
* Camille Perry, coordonnatrice, Table de concertation en sécurité
alimentaire Gaspésie-Îles-de-la-Madeleine
* Mario Frey, Direction générale, Maison de la Famille de Laval-Ouest
* Maryse-Hélène Soucy, coordonnatrice- Cuisines Collectives de Cabano
* Catherine Robert, coordonnatrice des ateliers culinaires, Alliance
alimentaire Papineau,
Saint-André-Avellin
* Brigitte Rosa, directrice du Carrefour communautaire de Chibougamau
* Claudia Thivierge, Responsable des services d'aide aux familles et des
cuisines collectives, Centre de Bénévolat d'Acton Vale
* Judy Bérubé, agente de développement responsable des cuisines
collectives de Brownsburg-Chatham
* Hélène Gadoury, Coordonnatrice adjointe, Carrefour d'éducation
populaire de Pointe-Saint-Charles
* Vicky Blanchard, codirectrice responsable des finances et de la
sécurité alimentaire Maison de la Famille de St-François
* Kadiétou Savadogo, directrice générale, Centre communautaire Bon
Courage
* Marie Renaud, vice-présidente et secrétaire du Conseil
d'administration, Maison de la Famille de Laval-Ouest
* Équipe du Regroupement des comités logement et associations de
locataires du Québec (RCLALQ)
* Catherine Drouin, directrice générale de la Maison de la famille du
Nord
* Élise Gauthier, Comité Un toit pour tous
* Jaymie Besson, intervenante ORHA
* Alexis Melançon-Renaud, coordonnateur de la Table de concertation en
sécurité alimentaire de la MRC d'Antoine-Labelle
* Mélanie Desormeaux, directrice générale adjointe, Carrefour
jeunesse-emploi des Pays-d'en-Haut
* Bruno-Willy Matthys, coordonnateur et administrateur des Cuisines
Collectives de Matha.
* Francine Piché, Action Famille Lanoraie
* Rachel Lauzier, coordonnatrice du Marché Ambulant
* Jacques Roy, Directeur Maison de la Famille Contre Vents et Marées
* Caroline Guay, Intervenante en sécurité alimentaire mobile Carrefour
d'Entraide Lachine
* Julie Humbert-Brun, Coordonnatrice des services alimentaires, Centre de
ressources et d'action communautaire de La Petite-Patrie
* Guy Julien, Responsable des cuisines collectives, Source alimentaire
Bonavignon à Maria, Gaspésie
* Martin Petrarca, Directeur général de CAP Emploi, Laurentides
* Véronique Gagnon, Directrice générale Café communautaire
L'Entre-Gens
* Annie Savage, directrice du Réseau d'aide aux personnes seules et
itinérantes de Montréal (RAPSIM)
* Blanche Laforge-Cotte, agente aux communications et au développement
à La Bouffe du Carrefour
* Dominique Bastenier, directrice du Centre d'entraide Racine-Lavoie
* Catherine Lachance, directrice du Réseau d'Entraide des Appalaches
* Équipe Collectif Aliment-Terre, Paspébiac, Gaspésie
* Maryse Laroche, directrice des Cuisines collectives des Bois-Francs
* Corporation de développement communautaire de Mirabel, Laurentides
* Miriam Morin, directrice générale de La Maison de Quartier de
Fabreville inc.
* Annie Pelletier, directrice générale de La Maison d'Aurore, Montréal
* Club populaire des consommateurs de Pointe-Saint-Charles, Montréal
* Adeline Deheunynck, responsable des cuisines collectives du Club
populaire des consommateurs de Pointe-Saint-Charles
* Ginette Boucher, Directrice générale de Cuisines de l'Amitié,
Brossard
* Nathalie Charbonneau, directrice générale de Sourire sans fin,
St-Rémi
* Nancy Champagne, Directrice générale de la Maison de Quartier Vimont
* Audrey Borris, Responsable des cuisines collectives de Parenfants de
Mascouche
* Josiane Gagnon, Agente de Planification, Programmation, Recherche,
Système alimentation durable, Saine alimentation et Sécurité
alimentaire, Secteur Saguenay et du Fjord.
* Aline Ménard, Présidente du Conseil d'administration, Carrefour
Alimenter L'Espoir de Blainville (CALEB). Blainville.
* Jeanne d'Arc Ostiguy, CA la Bouffe du Carrefour St-Hubert
* Pénélope Stuart, Responsable - vie associative et communications,
Cuisines collectives du Grand Plateau
* Esther Prince, directrice générale, Centre de femmes du
Haut-Richelieu
* Laurence Arbogast, Directrice générale, Bouffe-Action de Rosemont
* Zoé Lefort-Taillon, Directrice logistique et des services, Centre
Communautaire On Rock
* Rachelle Cournoyer, adminstratrice, Citoyens pour un Dorval Meilleur
* Ginette Lewis, retraitée
* Luisa Cruz, Directrice RH, Corbeille de Pain Lac-St Louis
Source : Jessica Dufresne, Ph.D,
chargée de projet droit à l'alimentation
projetda@rccq.org
Regroupement des cuisines collectives du Québec
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Couper dans les services aux personnes handicapées jusqu’à l’indécence

Québec, lundi 9 décembre 2024 – L'Alliance québécoise des regroupements régionaux pour l'intégration des personnes handicapées (AQRIPH) déplore que le gouvernement s'en prenne aux personnes handicapées et leurs proches en coupant ou en sous-investissant dans les programmes qui leur sont destinés.
Au cours des dernières semaines, nous avons appris que la mesure Contrat d'intégration au travail (CIT) qui permet l'intégration et le maintien en emploi de personnes handicapées a été amputée de 5 % pour plusieurs travailleurs handicapés ; que le Programme d'adaptation de domicile a été suspendu pour le reste de l'année financière ; que plusieurs bénéficiaires du chèque-emploi-service (CES) pour les services de soutien à domicile (SAD) ont subi une diminution du nombre d'heures accordées ; que les familles qui bénéficiaient d'allocations pour le soutien aux familles (SAF) dépassant les barèmes de 1991 pour l'achat de services de répit verront leurs allocations réduites à partir d'avril prochain pour revenir aux barèmes d'il y a 33 ans.
De plus, en ce qui concerne la consultation qui vient d'être lancée sur la nouvelle Politique nationale sur les soins et les services de soutien à domicile, le gouvernement remet en question la décision gouvernementale de 19881 d'accepter le principe de « la compensation des limitations fonctionnelles des personnes handicapées sans égard à leur revenu et celui de leur famille ». Même s'il s'agit d'un document de consultation, il est indécent que le gouvernement y envisage cette possibilité de remettre en cause un principe d'équité et de justice dont s'est doté le Québec pour les personnes handicapées.
Citation :
« On assiste ici à un recul de 35 ans au regard d'une plus grande équité nécessaire à une société plus inclusive des personnes handicapées. L'AQRIPH revendique que le gouvernement cesse de s'en prendre aux personnes handicapées dans son exercice de retour à l'austérité et recule concernant son attaque au principe de compensation. »
Isabelle Tremblay, directrice générale de l'AQRIPH
À propos de l'AQRIPH
L'AQRIPH est un organisme national de défense collective des droits des personnes handicapées et des proches, formé de 17 regroupements régionaux présents sur le territoire québécois, qui eux rassemblent plus de 400 organismes de personnes handicapées et de proches.
Note
1. Délibération du Conseil exécutif, 88-151
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Le soutien massif des banques et investisseurs canadiens à l’expansion du GNL alimente une future bombe climatique

Les banques canadiennes investissent des milliards de dollars US dans l'expansion mondiale des terminaux de gaz naturel liquéfié (GNL), une expansion qui pourrait contribuer à émettre plus de 10 gigatonnes d'émissions de gaz à effet de serre selon une nouvelle étude (1). L'expansion du GNL dépend du soutien des banques et investisseurs, et entre 2021 et 2023, neuf banques canadiennes ont soutenu l'expansion du GNL à hauteur de 16,7 milliards de dollars US (2). Reclaim Finance et Greenpeace Canada dénoncent le fait que les émissions provenant de ces projets de GNL, qui peuvent être plus nocifs que le charbon, mettent en péril l'objectif de carboneutralité. Greenpeace Canada et Reclaim Finance demandent aux banques de cesser immédiatement de soutenir les développeurs de tous nouveaux projets de GNL et de cesser en premier lieu de financer les terminaux d'exportation.
Tiré du site de Greenpeace Canada.
156 nouveaux terminaux de GNL, dont 63 terminaux d'exportation dans le monde d'ici 2030 : c'est ce que prévoient de développer des entreprises pétrolières et gazières telles que Shell, TotalEnergies, ainsi que des entreprises spécialisées dans le secteur du GNL comme Venture Global LNG. Des plans d'expansion à grande échelle, alors que l'Agence internationale de l'énergie (AIE) indique dans ses projections que les capacités actuelles des terminaux d'exportation sont suffisantes pour répondre à la demande (3).
Les 63 terminaux d'exportation de GNL qui doivent voir le jour d'ici 2030 pourraient émettre, notamment à cause des fuites de méthane, plus de 10 gigatonnes de gaz à effet de serre (GES) d'ici la fin de la décennie (4), soit près de l'équivalent des émissions annuelles des centrales à charbon en activité au niveau mondial (5). Ces nouvelles infrastructures entraineront par ailleurs des niveaux élevés de pollution et affecteront la santé des communautés locales (6).
Ces projets ne pourraient pas voir le jour sans le soutien massif des banques internationales, qui ont accordé 213 milliards de dollars US entre 2021 et 2023 aux principaux développeurs de GNL pour leurs plans d'expansion. Neuf banques canadiennes sont concernées, et six d'entre elles sont à l'origine de 97% de ce soutien, dont la Banque royale du Canada (RBC) (6,1 milliards de dollars US) et la Banque Scotia (5,5 milliards de dollars US). (7).
Le rapport montre que les investisseurs détenaient globalement 252 milliards de dollars US d'actifs dans l'expansion des principaux promoteurs de GNL en mai 2024, les 21 investisseurs canadiens qui ont le plus investi dans l'expansion du GNL y étant exposés à hauteur de 15,8 milliards de dollars US. (8).
Keith Stewart, stratège principal de Greenpeace Canada en matière d'énergie, a déclaré : « Imaginez le nombre de projets d'énergie propre ou de maisons vertes que nous aurions pu construire avec les milliards que nos banques ont versé dans des projets de GNL à l'échelle mondiale. Alors que les grandes banques délaissent les combustibles fossiles pour investir dans des solutions climatiques, les banques canadiennes redoublent d'efforts pour financer des projets de GNL qui alimentent la crise climatique et violent les droits des peuples autochtones ».
Bien que les six banques canadiennes qui financent le plus l'expansion du GNL se soient toutes engagées à aligner leurs activités sur une trajectoire de 1,5°C et à atteindre la décarbonation d'ici 2050, aucune de ces banques n'a pris de mesures pour mettre fin au financement de l'expansion du GNL. En fait, RBC, la Banque Scotia et la Banque Nationale du Canada ont toutes augmenté de manière significative leur financement de l'expansion du GNL entre 2021 et 2023.
Les banques canadiennes sont à la traîne par rapport à leurs homologues européennes. La banque néerlandaise ING s'est engagée à ne plus financer de nouveaux terminaux d'exportation de GNL à partir de 2026 (9), et Barclays, BNP Paribas, BPCE, Crédit Agricole, HSBC et Société Générale ont toutes introduit des restrictions au financement des terminaux d'exportation de GNL.
Justine Duclos-Gonda, chargée de campagne à Reclaim Finance, a déclaré : « Les entreprises pétro-gazières misent leur avenir sur les projets de GNL alors que chacun de ces projets met en danger l'avenir de l'Accord de Paris. Les banques et les investisseurs prétendent soutenir ces entreprises dans la transition, mais au lieu de cela, ils investissent des milliards de dollars dans de futures bombes climatiques. Il faut être très clair : le GNL est une énergie fossile et les nouveaux projets n'ont aucun rôle à jouer dans la transition énergétique. Les banques et les investisseurs doivent prendre leurs responsabilités et cesser immédiatement de soutenir les développeurs de GNL et leurs plans d'expansion. »
Reclaim Finance et Greenpeace Canada exhortent donc les banques et les investisseurs à adopter des politiques visant à cesser de fournir un soutien financier aux développeurs de tous les nouveaux projets de GNL et à mettre fin en premier lieu au financement des terminaux d'exportation.
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Syndicats et groupes environnementaux s’allient pour dénoncer la réforme du régime forestier

Nature Québec, Unifor, la Fédération de l'industrie manufacturière (FIM-CSN), le Syndicat des Métallos, la Centrale des syndicats démocratiques (CSD), le Regroupement national des conseils régionaux de l'environnement du Québec (RNCREQ) et la Société pour la nature et les parcs (SNAP Québec) s'allient pour dénoncer la réforme du régime forestier. Les groupes environnementaux et les syndicats estiment que le ministère des Ressources naturelles et des Forêts (MRNF) fait fausse route avec cette réforme et qu'il doit la réviser en profondeur avant que la ministre ne dépose un projet de loi à l'Assemblée nationale.
Une réforme nécessaire, mais qui ne s'attaque pas aux problèmes
Dans le contexte actuel d'une crise structurelle et conjoncturelle qui frappe toute la filière forestière, les groupes environnementaux et les syndicats, qui représentent les travailleurs de l'ensemble de la chaîne de production de bois du Québec, soutiennent qu'une réforme du régime forestier s'impose, mais que les orientations mises de l'avant ne permettront pas de résoudre la crise forestière. Ils estiment que la réforme proposée contient néanmoins certains éléments intéressants qui peuvent être mis à l'essai, dans la mesure où certaines balises les concernant sont modifiées.
« En forêt, le statu quo est intenable. Il faut une transformation majeure de l'industrie forestière pour régler les problèmes d'appauvrissement des forêts et des travailleurs. Malheureusement, la réforme proposée n'est pas celle dont nous avons besoin. Cette réforme mise avant tout sur l'augmentation de la production de bois, sans résoudre les conflits avec les autres usagers de la forêt, sans s'adapter aux changements climatiques, et sans protéger les emplois et la biodiversité », estime Alice-Anne Simard, directrice générale de Nature Québec.
« La ministre devrait concentrer ses efforts pour apporter des réponses aux craintes légitimes des travailleurs et travailleuses. Après des années marquées par les fermetures et les licenciements, la modernisation du régime forestier nous offre l'occasion de revoir notre approche globale et de planifier une transition à l'avantage de tous. Pour nous, la refonte du régime et l'évolution de notre stratégie industrielle vont de pair. Il est possible de maintenir de bons emplois et de réduire la pression sur les écosystèmes, mais il faut être prêt à appuyer sur les bons leviers et à travailler ensemble », explique Daniel Cloutier, directeur québécois d'Unifor.
Les syndicats et les groupes environnementaux invitent d'autres organisations à se joindre à eux pour dénoncer la réforme du régime forestier et proposer des solutions concrètes pour que l'aménagement forestier au Québec soit réellement durable. « Cette sortie commune vise à sensibiliser la ministre à l'effet que les orientations présentées par le MRNF suscitent des inquiétudes importantes. Le MRNF doit prendre le temps et les moyens d'y répondre adéquatement et proposer des principes qui garantiront une forêt durable et un approvisionnement pérenne en bois, assurant ainsi une stabilité et une sécurité à long terme pour l'ensemble des personnes intéressées par la forêt au Québec, dont les travailleuses et travailleurs. Nous sommes d'avis que d'autres groupes sociaux partagent nos craintes et nos préoccupations », explique Luc Vachon, président de la Centrale des syndicats démocratiques (CSD).
Une bonne écoute pour le lobby et la sourde oreille pour les travailleurs
Les organisations déplorent que les solutions amenées semblent sortir tout droit du mémoire que le Conseil de l'industrie forestière du Québec (CIFQ) a déposé durant la démarche de réflexion sur l'avenir de la forêt. Pendant ce temps, les demandes des travailleurs et des travailleuses restent sans réponse de la part du ministère.
« La ministre semble toujours prête à écouter le lobby forestier, mais elle reste sourde aux préoccupations des travailleurs et des travailleuses. Depuis des mois, nos membres réclament un plan de transition concret pour amorcer une véritable transformation industrielle, en mettant l'accent sur une plus forte transformation de la matière ligneuse ici, au Québec. Cette approche permettrait de moderniser nos pratiques, de protéger les emplois et d'assurer une gestion durable des forêts. Sans un plan clair pour une transition juste et une stratégie ambitieuse visant à développer la deuxième et la troisième transformation, on risque de laisser les travailleurs, les communautés et l'environnement derrière. La réforme actuelle rate l'occasion de poser les bases d'une industrie forestière résiliente et durable pour les générations à venir », estime Dominic Lemieux, directeur québécois des Métallos.
La hache dans les acquis environnementaux de la Commission Coulombe
Les organisations dénoncent l'intention de mettre la hache dans les modalités de l'aménagement écosystémique, sous prétexte de vouloir adapter les forêts à la crise climatique. Elles estiment que cette décision sans fondement constituerait un recul environnemental majeur et pourrait entraîner une dégradation des forêts du Québec, en plus de sabrer dans les acquis hérités de la Commission Coulombe. Les organisations sont d'avis que miser sur les processus naturels des forêts est essentiel pour les rendre plus résilientes face à la crise climatique et maintenir la biodiversité des écosystèmes forestiers. Si les mesures d'intensification nécessaires au maintien de l'approvisionnement en bois ont leur place, elles doivent être clairement balisées et encadrées.
« Cette réforme tente d'évacuer certains des principes les plus importants de l'actuel régime forestier sous de faux prétextes, sans se baser sur une analyse factuelle et rigoureuse. La MRNF essaie de se débarrasser de l'aménagement écosystémique pour augmenter la récolte et répondre aux demandes du CIFQ. Ce recul serait une menace à la réputation du bois québécois sur les marchés internationaux et pourrait nuire à l'exportation de nos produits », explique Kevin Gagnon, président de la Fédération de l'industrie manufacturière (FIM-CSN).
Les restes de table de l'industrie comme zones de conservation
Les syndicats et les groupes estiment que la proposition d'instaurer un zonage par triade peut être intéressante, mais que la séquence selon laquelle la triade sera mise en place est primordiale. Les organisations s'inquiètent de voir le MRNF ou le Forestier en chef sélectionner d'abord les territoires où l'intensification de la production de bois sera réalisée, puis de laisser les restes de table de l'industrie forestière pour la conservation.
Ils sont d'avis que ni le MRNF, ni le Forestier en chef, ni l'aménagiste régional, et encore moins l'industrie forestière, n'ont les compétences pour déterminer l'emplacement des zones de conservation. Pourtant, dans un avis datant de mai 2024, le Forestier en chef recommande de protéger les territoires dont l'industrie ne veut pas pour atteindre le 30% de conservation d'ici 2030, c'est-à-dire les pentes fortes, les bandes riveraines et les milieux humides.
« La modernisation du régime forestier doit être l'occasion de transformer la culture organisationnelle du ministère. Elle doit passer d'opposition aux efforts de conservation du territoire à celle de partenaire constructif ne travaillant plus en silo. Que ce soit pour la mise en œuvre d'un nouveau régime forestier ou d'un réseau d'aires protégées permettant d'atteindre la cible de 30%, nous devons adopter un langage commun qui repose davantage sur la science que sur l'influence, et être guidés davantage par une approche inclusive, pangouvernementale et régionale que par la vision du lobby des multinationales », indique Alain Branchaud, directeur général de la SNAP Québec.
Une planification forestière sans imputabilité démocratique
Les organisations sont conscientes de l'importance de renforcer la cohérence des opérations sur le terrain et estiment que la création de postes d'aménagistes forestiers régionaux pourrait répondre à une faiblesse du processus de planification forestière actuelle, pourvu que son mandat soit de contribuer à la mise en œuvre d'un aménagement durable des forêts et non seulement d'un plan de production ligneuse. Les groupes et les syndicats reconnaissent la nécessité de revoir la gouvernance de la planification de l'aménagement en forêt publique. Si la recherche d'agilité est importante, cette quête ne peut servir de prétexte à un recul démocratique. L'imputabilité et la transparence doivent être au cœur de la planification forestière.
Un appel à un dialogue clair et ouvert
En terminant, les groupes environnementaux et les syndicats dénoncent le processus qui leur a été imposé pour commenter la réforme, en toute urgence, de façon opaque et en restreignant le droit de parole des organisations rencontrées. « Une réforme d'une telle ampleur nécessite un processus de consultation clair et transparent, où les parties prenantes et la population disposent de toutes les informations nécessaires pour nourrir une réflexion collective. Cela est essentiel pour assurer que la réforme soit bien accueillie et qu'elle réponde aux besoins du milieu », conclut Martin Vaillancourt, directeur général du Regroupement national des conseils régionaux de l'environnement du Québec (RNCREQ).
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Manifestation contre la modification de rezonage à Dalhousie favorisant l’implantation d’une mine de pouzzolane

Nouvelle (Québec), le 11 décembre 2024. – Le groupe citoyen Non Merci, PozzolanDalhousie ! lance une invitation à la population de la Baie-des-Chaleurs à venir manifester le 16 décembre 2024 contre le projet de mine à ciel ouvert de pouzzolane lors de la réunion publique du conseil municipal de Baie-des-Hérons. Selon les informations connues actuellement, la rencontre aura lieu à 19 h (heure locale du Nouveau-Brunswick), à l'hôtel de ville, au 111, rue Hall, à Baie-des-Hérons.
Cette rencontre du conseil municipal de Baie-des-Hérons est cruciale. La dérogation au règlement de zonage permettant l'implantation de la mine passera en troisième et dernière lecture. En cas d'adoption, ce règlement ouvrira la porte à l'implantation de la mine en plein cœur de la municipalité,avec tous ses effets catastrophiques attendus des deux côtés de la baie des Chaleurs.
Le groupe Non Merci, Pozzolan Dalhousie ! insiste sur la pertinence et la nécessité de la présence du plus grand nombre de personnes pour exprimer leur désaccord envers le projet de mine, le processus en place pour favoriser ce dernier, la sourde oreille apparente de certain(e)s élu(e)s et plusieurs manquements au processus démocratique déjà dénoncés par le groupe (réduction de la capacité de la salle, suppression des périodes de questions, tentative manquée de diffusion en continu, etc.).
Pour faciliter la participation des citoyen(ne)s, le groupe Non Merci, Pouzzolane Dalhousie ! organise un transport gratuit en autobus, qui partira de l'église de Nouvelle et se rendra à l'hôtel de ville de Baie-des-Hérons.
À propos du groupe citoyen
Nous sommes un groupe de citoyen(ne)s gaspésien(ne)s uni(e)s contre le projet EcoRock (anciennement Pozzolan Dalhousie). Notre objectif est de regrouper la population francophone de la baie des Chaleurs, incluant la Gaspésie et le Nouveau-Brunswick. Nous appuyons les efforts de la communauté de Baie-des-Hérons, qui a déjà mis en œuvre plusieurs actions sous le nom No Thx Pozzolan v2.0 - Save Dalhousie Mountain.
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Make it great again Noël féministe

Ce texte a été lu lors du Noël festif et solidaire organisé le 1 décembre par le comité des femmes de Québec Solidaire Capitale nationale.
2024-12-01
Élisabeth Germain
Je ne sais pas très bien ce qui m'arrive. C'est peut-être la vieillesse du corps qui s'est imposée à moi depuis un an et qui me ralentit. Ou une fragilité nouvelle qui me rend plus vulnérable aux fragilités autour de moi. En tout cas me voilà moins combative, moins prompte à monter sur mes grands chevaux, comme on dit.
C'est aussi, je crois, mes recherches écoféministes qui me font devenir tellement plus consciente de nos interdépendances et aspirer à ce que nous prenions soin de la vie, forte et fragile comme elle est.
J'ai envie de me tourner vers la paix plutôt que vers la lutte. Ou, en tout cas, de lutter pour rendre la paix possible. Vous voyez, je suis un peu mêlée. Et puis c'est un lieu commun, je le sais, parler de paix à Noël.
Mais c'est l'hiver, le début de l'hiver, et je ne peux qu'angoisser en pensant à toutes les Ukrainienꞏnes qui vont encore endurer le froid, la noirceur et l'impuissance, pour un troisième hiver d'affilée.
Parce qu'un empire a décidé de les conquérir. Parce qu'un orgueil mâle aspire à régner. Make Russia great again.
C'est le début de l'hiver et les Palestinienꞏnes continuent à être délogées, bousculées, bombardées, affamées. À mourir longuement.
Parce qu'un orgueil mâle, là aussi, poursuit impitoyablement sa vengeance et son appropriation. Make Israël great again.
Et c'est le début d'un hiver de quatre ans chez nos voisins du sud. J'angoisse là aussi, en pensant à toutes les femmes sur lesquelles le contrôle mâle, politique et religieux, va s'étendre de plus en plus.
Your body, my choice. Make America great again.
C'est aussi le début d'un hiver écologique où les puissants détruisent la vie pour construire leurs empires de pétrole, de satellites et d'artifices, Viagra, faux seins et intelligence artificielle.
Autrefois, hier encore, on pouvait ne pas savoir, on pouvait être des analphabètes de l'écologie, malgré les découvertes scientifiques depuis 1856 où Eunice Newton Foote, la première, découvrait l'effet de serre. Malgré les avertissements inquiets et bienveillants de Rachel Carson, les alarmes fracassantes de Françoise D'Eaubonne, les appels de Margaret Mead, les arguments des Australiennes Ariel Salleh et Val Plumwood, de l'Indienne Vandana Shiva, de l'Allemande Maria Mies, malgré les enseignements vécus de nos sœurs autochtones et africaines, de nos Mères au front québécoises et de toutes celles qui n'ont pas publié mais qui ont agi, alerté leurs milieux saccagés par l'expansion industrielle, affirmé la nécessité de l'attention, du soin, des relations, de la bonté.
Aujourd'hui… aujourd'hui c'est la planète elle-même qui nous fait savoir que ça ne va pas. Ces conquêtes, ces destructions d'êtres vivants, ces creusages de mines, ces gaz toxiques, engendrent déserts et déluges, défaites et désespoirs.
Les puissants, tous néo-capitalistes et autoritaires sous leurs étiquettes de gauche ou de droite, ces Make it great again veulent contrôler la planète, la vie, nos vies, notre sexualité.
Ils ne pourront pas empêcher cette vie de jaillir de nos corps, de notre sang, de nos accouchements, de nos désirs, de nos soins pour les vivantꞏes qui nous entourent. Car ensemble nous prenons soin, malgré tout.
Nous résistons. Est-ce que nous prenons une conscience nouvelle de notre force et de nos connexions ? Est-ce qu'un courage nouveau remplit nos veines pour résister aux nouvelles colonisations, aux nouvelles destructions de la vie et de la terre ?
Dites-moi, dites-moi que nous ne laisserons pas le champ libre à ces nouveaux tsars redoutables autant que méprisables :
Vladimir 1er, le faux curé,
Xi 1er, le rouleau compresseur,
Donald 1er, le pelotteur,
Benyamin 1er, le corrompu ,
Elon 1er, le fou des machines,
et tous leurs petits soldats malades de grandeur et de puissance phallique.
Noël, une fête presque aussi ancienne que notre hémisphère nord, célèbre le retour de la lumière, alors que nous sommes au creux de la noirceur : fin décembre, les jours commencent à allonger. Quand on se sent comme à la fin de tout, il y a… un léger basculement, presque imperceptible, mais porteur de tous les possibles.
Alors mon Noël féministe, je vous le partage. C'est le travail incessant, les cris d'amour et les révoltes de nos sœurs autour du monde. C'est la puissance des femmes quand elles s'allient pour la vie. C'est l'espoir que les humains mâles finissent par nous rejoindre dans la tâche essentielle : prendre soin de la vie, de toutes les vies, partout. Mon Noël féministe, c'est le rêve de renverser les puissances obscures et c'est la joie forte de partager ce rêve avec vous, en ce moment.
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Un recours comme dernier recours face à l’inaction de Québec

Plus de sept ans après son adoption dans la Loi sur la qualité de l'environnement, le registre public d'information environnementale se fait toujours attendre. Forts de plus de 80 organisations et individus issus des milieux environnemental, syndical, juridique, de défense des droits, universitaire, journalistique et citoyen, nous prenons une fois de plus la parole pour défendre le droit à l'information comme pilier de la démocratie aux côtés du Centre québécois du droit de l'environnement (CQDE), qui a déposé mardi une action visant à obtenir le registre public d'information environnementale.
Un droit fondamental souvent négligé
Cela fait des années que nous sommes nombreux à dénoncer le manque de transparence et les délais exaspérants, autant d'obstacles à la participation citoyenne et au respect du droit à l'information.
L'absence du registre public d'information environnementale illustre tristement cette « tendance au secret », pour citer l'ancienne juge en chef du Canada Beverley McLachlin. Il est grand temps de renverser cette tendance, au bénéfice de la population.
L'information environnementale, clé de voûte pour le respect des droits
L'environnement est au cœur de nos vies : il influence notre santé, notre sécurité et notre bien-être collectif présent et futur. Sans un accès rapide à des informations précises sur les impacts environnementaux des projets, comment la population peut-elle prendre part au débat public et agir ?
Le registre public d'information environnementale permettrait à chaque citoyen de comprendre les projets qui touchent son milieu de vie, de remettre en question les choix faits et de contribuer de manière éclairée aux affaires d'intérêt public et, lorsque nécessaire, à la prise de décision.
Les dénis du droit à l'information entraînent des conséquences sur l'exercice d'autres droits. Les tribunaux ont rappelé récemment que, « bien souvent, le seul écoulement du temps équivaut à un déni d'accès » . Aujourd'hui, nous, acteurs de tous les milieux, portons haut et fort la demande d'une plus grande transparence en matière d'information, notamment environnementale. C'est notre affaire à toutes et à tous.
Une demande collective pour la transparence
Il est regrettable qu'il faille en arriver à une action en justice pour assurer que le gouvernement respecte une décision législative si essentielle, adoptée démocratiquement par l'Assemblée nationale. L'action du CQDE vise à corriger cette opacité, à mettre fin à une longue attente et à rappeler que l'accès efficace à l'information n'est pas un privilège, mais un droit.
Nous appelons donc le gouvernement du Québec à prioriser la mise en œuvre de ce registre et à honorer son obligation envers la population.
Parce qu'en environnement comme en démocratie, le droit de savoir est la première étape vers l'action.
Signataires
Geneviève Paul, directrice générale du Centre québécois du droit de l'environnement ; Éric-Pierre Champagne, président de la Fédération professionnelle des journalistes du Québec ; Denis Bolduc, secrétaire général, Fédération des travailleurs du Québec (FTQ) ; Colleen Thorpe, directrice générale, Équiterre ; Nathalie Prud'homme, présidente, Ordre des urbanistes du Québec ; Béatrice Alain, directrice générale, Chantier de l'économie sociale ; Henri Jacob, président, Action boréale ; Christian Daigle, président-général, Syndicat de la fonction publique et parapublique du Québec (SFPQ) ; Malorie Flon, directrice générale, Institut du Nouveau Monde (INM) ; Sylvain Gaudreault, député de Jonquière à l'Assemblée nationale de 2007 à 2022 ; Louis-Gilles Francœur, journaliste affecté à la couverture environnementale de 1981 à 2012 au Devoir et vice-président du BAPE de 2012 à 2017 ; Cédric Bourgeois, cofondateur et associé, Transfert Environnement et Société ; Laure Waridel, professeure associée à l'Institut des sciences de l'environnement de l'UQAM, chroniqueuse au Journal de Montréal et co-instigatrice de Mères au front ; Jean Baril, docteur en droit et auteur d'une thèse de doctorat, Droit d'accès à l'information environnementale : pierre d'assise du développement durable, récompensée par l'Assemblée nationale en 2012 ; Michel Bélanger, avocat émérite et cofondateur du CQDE ; Mario Denis, avocat légiste retraité (conseiller juridique et rédacteur de lois au ministère de l'Environnement du Québec de 1993 à 2010) ; Anne-Julie Asselin, avocate, Trudel, Johnston & Lespérance ; Geneviève Brisson, directrice scientifique, Centre de recherche en développement territorial (CRDT), et professeure en développement territorial, UQAR ; Alexandre Petitclerc, président, Ligue des droits et libertés ; Rodrigue Turgeon, avocat, coresponsable du programme national de MiningWatch Canada et co-porte-parole de la Coalition Québec meilleure mine ; Sébastien Brodeur-Girard, professeur, École d'études autochtones, UQAT ; Lise Parent, professeure en sciences de l'environnement, Université TELUQ ; Martin Gallié, professeur, Département des sciences juridiques, UQAM ; Rébecca Pétrin, directrice générale, Eau Secours ; Louis Simard, professeur, École d'études politiques, Université d'Ottawa ; Karel Ménard, directeur général, Front commun québécois pour une gestion écologique des déchets ; Jean-François Girard, avocat, DHC Avocats et membre honoraire du CQDE ; Bonnie Campbell, professeure émérite, Département de science politique, UQAM ; Stéphanie Roy, avocate et professeure adjointe, Faculté de droit, Université de Sherbrooke ; Paul Casavant, président, TerraVie – fonds foncier communautaire ; Antoine Corriveau-Dussault, chercheur et codirecteur de l'axe Éthique environnementale et animale, Centre de recherche en éthique ; Sébastien Jodoin, vice-doyen à la recherche, professeur agrégé et titulaire de la Chaire de recherche du Canada sur les droits humains, la santé et l'environnement, Faculté de droit, Université McGill ; Isabelle Miron, professeure, Département d'études littéraires, UQAM ; Spencer C. Nault, administrateur, Association des juristes progressistes (AJP) ; Lucie Sauvé, professeure émérite, Centre de recherche en éducation et formation relatives à l'environnement (Centr'ERE – UQAM) ; Collectif scientifique sur les enjeux énergétiques au Québec ; Alain Branchaud, directeur général, SNAP Québec ; Joyce Renaud, vice-présidente, Mobilisation climat Trois-Rivières ; André Bélanger, directeur général, Fondation Rivières ; Louis Marchildon, professeur émérite (physique), UQTR ; Alexandre Lillo, professeur, Département des sciences juridiques, UQAM ; David Roy, directeur général, Ateliers pour la biodiversité ; Olivier Barsalou, professeur, Département des sciences juridiques, UQAM ; Paule Halley, avocate, professeure et titulaire de la Chaire de recherche du Canada en droit de l'environnement, Faculté de droit, Université Laval ; Hugo Tremblay, avocat, professeur, Faculté de droit, Université de Montréal ; Priscilla Gareau, biologiste, directrice générale, Ambioterra ; Laurence Brière, professeure au Département de didactique, directrice du Centre de recherche en éducation et formation relatives à l'environnement (Centr'ERE), UQAM ; Bruce Broomhall, professeur, Département des sciences juridiques, UQAM ; André Bélisle, président, Association québécoise de lutte contre la pollution atmosphérique (AQLPQ) ; Thibault Rehn, coordinateur, Vigilance OGM ; Touwendé Roland Ouédraogo, chargé de cours, UdeM et UQAM ; Élisabeth Patterson, avocate, Dionne Schulze ; Geneviève Tremblay-Racette, coordonnatrice, Table ronde des organismes volontaires en éducation populaire de l'Outaouais (TROVEPO) ; Myriam Thériault, codirectrice, Mères au front ; Sophie-Laurence H. Lauzon, codirectrice générale, Réseau des femmes en environnement ; Emmanuel Rondia, directeur général, Conseil régional de l'environnement de Montréal ; Sylvain Lafrenière, coordonnateur, Regroupement des organismes en défense collective des droits (RODCD) ; Cédric G.-Ducharme, avocat, ex-président CQDE ; Jean-Philippe Waaub, professeur retraité, Département de géographie de l'UQAM et membre de l'Institut des sciences de l'environnement de l'UQAM ; Pascal Bergeron, porte-parole, Environnement Vert Plus ; Christophe Reutenauer, professeur, Département de mathématiques, UQAM ; Bernard Saulnier, ingénieur, Collectif scientifique sur les enjeux énergétiques au Québec ; Jacinthe Villeneuve, porte-parole du Comité Action citoyenne – projet Northvolt (C.A.C.) ; Sebastian Weissenberger, Département science et technologie, Université TELUQ ; Anne-Josée Laquerre, directrice générale et co-initiatrice, Québec Net Positif ; Elodie Morandini, directrice générale, Conseil régional de l'environnement de Laval ; Gilles Côté, chargé d'enseignement, Université de Sherbrooke ; Sabaa Khan, directrice générale, Fondation David Suzuki (Québec) ; Sylvain Paquin, directeur général, Société Saint-Jean-Baptiste de la Mauricie ; Christopher Campbell-Duruflé, professeur adjoint, Lincoln Alexander School of Law, Toronto Metropolitan University ; Pascale Pinette, présidente, Comité de citoyens et citoyennes pour la protection de l'environnement maskoutain (CCCPEM) ; Jacques Tétreault, président Arbres.eco et ancien coordonnateur général du RVHQ ; Jean-Marc Fontan, professeur titulaire, Département de sociologie, UQAM ; Valérie Vedrines, présidente et fondatrice, Masse critique ; Christiane Bernier, porte-parole de Les enjeux de l'insecticide Bti sur la biodiversité ; Jacques Benoit, GMob (Group Mobilisation) ; Suzann Méthot, ex-présidente du Comité d'examen des répercussions sur l'environnement et le milieu social (COMEX), consultante ; Mitchell Marin, ex-président du Conseil régional de l'environnement de la Mauricie ; Marc Lépine, fondateur du Groupe Citoyen EAUTAGE ; André Beauchamp, président du BAPE de 1983 à 1987 ; Michel Lafleur, biologiste membre du comité des Vieilles Forges, Trois-Rivières ; Sarah Bourdages, présidente du conseil d'administration du Comité de solidarité/Trois-Rivières (CS3R) ; Marianne Bargiel, pour le Collectif Trois-Rivières pour la biodiversité ; Dominique Leydet, professeure, Département de philosophie, UQAM ; Sarah-Katherine Lutz, directrice générale d'ENvironnement JEUnesse ; Alice-Anne Simard, directrice générale, Nature Québec.
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Journée des droits de la personne 2024 : Les syndicats du Canada ripostent à la montée de la haine

Les syndicats du Canada marquent la Journée internationale des droits de la personne en incitant les Canadiennes et Canadiens à s'unir pour contester la montée de la haine que répand une extrême droite enhardie.
Depuis la création de la Déclaration universelle des droits de l'homme en 1948, le Canada a réalisé d'importants progrès en matière de droits de la personne. Le droit à un salaire équitable, le droit à la sécurité au travail et le droit de ne pas faire l'objet de harcèlement et de discrimination sont des droits de toute personne, quels que soient son origine, son identité ou son statut. Bien qu'il y ait encore du pain sur la planche pour ce qui est de garantir à tous ces droits et d'autres droits de la personne, ces droits sont censés permettre à tous de vivre en sécurité, dans le respect et dans la dignité au Canada.
« Cette journée rappelle aux syndicats du Canada leur responsabilité de défendre les valeurs sur lesquelles repose la Déclaration—l'égalité, la liberté et l'équité. Ces valeurs sont au cœur de l'identité de notre mouvement. Mais il ne suffit pas d'appuyer ou même de promouvoir ces valeurs et principes : nous devons combattre activement la normalisation croissante de la haine, du racisme et de la xénophobie et riposter aux atteintes portées aux droits de la personne au Canada », déclare Bea Bruske, présidente du Congrès du travail du Canada.
Dans l'ensemble du pays, nous continuons à assister à une très inquiétante flambée du discours et du harcèlement haineux. Les forces réactionnaires d'extrême droite, enhardies par un climat de polarisation accrue et alimentées par des politiciennes et politiciens qui sèment la peur, tentent de réduire les droits de la personne durement acquis. Leurs tactiques sont clivantes : elles opposent les travailleuses et travailleurs et les voisines et voisins entre eux en désignant des boucs-émissaires, jouant sur les stéréotypes et alimentant les feux du racisme, de la xénophobie et de la discrimination pour miner la solidarité qui est le fondement même de notre force collective. Le mouvement syndical doit continuer à tenir ferme contre ces forces et maintenir son engagement et son action pour faire régner la sécurité et le respect dans nos lieux de travail, nos syndicats et nos collectivités.
« Aujourd'hui, nous incitons tous les travailleurs et travailleuses—qu'ils soient syndiqués ou non—à s'unir pour se prononcer contre la haine, le racisme et la discrimination. Notre mouvement et notre pays ont lutté longtemps et avec acharnement en faveur de ces droits, et nous ne ferons pas marche arrière maintenant. Chaque étape de progrès a été gagnée grâce à la détermination, au militantisme et à la solidarité. Nous avons fait trop de chemin pour laisser d'autres nous faire reculer, et nous ne faisons pas qu'éviter un recul—nous allons de l'avant, ensemble, parce que la lutte pour ls droits de la personne est loin d'être terminée », a dit Larry Rousseau, vice-président exécutif du CTC.
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Les hauts et les bas de la session parlementaire

Le rythme de la session parlementaire est passé de très actif au ralenti, avec des semaines de travaux intensifs qui ont été plutôt… inactives. Retour sur cet automne qui a connu ses hauts et ses bas.
Tiré de Ma CSQ.
Petit retour en arrière : rappelons-nous que la rentrée parlementaire de l'automne a d'abord été marquée par les départs du ministre de l'Économie, de l'Innovation et de l'Énergie, Pierre Fitzgibbon, et du député de la Coalition Avenir Québec (CAQ), Youri Chassin, qui siège désormais comme indépendant.
Puis, le gouvernement a fait de l'énergie sa priorité, avec le projet de loi no 69 (PL69) et le projet Northvolt, en plus de mettre de l'avant le dossier de l'immigration, surtout en dénonçant publiquement ses divergences avec le gouvernement fédéral de Justin Trudeau. Le cas de l'école Bedford, où des enseignantes et enseignants ont fait régner un climat malsain, a aussi réanimé le dossier de la laïcité.
Des projets de loi surveillés de près
Au cours de l'automne, la CSQ a participé à plusieurs commissions parlementaires. Elle a notamment défendu son point de vue sur l'avenir énergétique en lien avec le PL69. Pour la Centrale, il était clair que ce projet de loi devait être retiré puisqu'il ouvrait la porte à la privatisation d'Hydro-Québec. Après avoir défendu bec et ongles son texte de loi, et à la suite de la victoire de Donald Trump lors des élections américaines, la nouvelle ministre de l'Économie, de l'Innovation et de l'Énergie, Christine Fréchette, a mis le pied sur le frein et a suspendu, pour le moment, l'étude détaillée du PL69.
La Centrale s'est également prononcée au sujet du projet de loi no 74 (PL74) sur l'encadrement relatif aux étudiants étrangers. L'approche préconisée, qui confère d'importants pouvoirs à des ministres, risque d'ouvrir la voie à de l'arbitraire et à des dérives partisanes, craint la CSQ. Dans son mémoire, la Centrale rappelle à quel point la contribution des étudiants étrangers est essentielle à notre société et comment leur présence en région est un facteur d'enrichissement pour les milieux culturels et communautaires.
Par l'entremise du Collectif pour un Québec sans pauvreté, la CSQ a également réagi sur la réforme du régime d'assistance sociale. Elle a notamment dénoncé le fait que la réforme ne prévoit aucune augmentation des prestations et ne permet pas aux personnes qui en bénéficient de vivre dans la dignité.
D'un point de vue plus positif, la Centrale a salué le plan pour améliorer l'accès à l'avortement. Elle évalue présentement la possibilité de rendre les moyens de contraception gratuits au Québec. Alors que des discussions ont toujours lieu avec Ottawa à ce sujet, Québec solidaire a mobilisé des milliers de personnes derrière cet enjeu en déposant une pétition.
Parlant de pétition, ce moyen de pression a fait jaser les parlementaires cet automne. Comme le rapportait le journal Le Soleil, même s'il a la possibilité d'étudier certaines pétitions en commission parlementaire, le gouvernement de la CAQ a choisi de n'étudier aucune des 612 pétitions déposées à l'Assemblée nationale.
La CSQ a également vu d'un bon œil l'adoption de la Loi visant à contrer le partage sans consentement d'images intimes et à améliorer la protection et le soutien en matière civile des personnes victimes de violence, présentée par le ministre de la Justice.
Consultations : des enjeux importants abordés
En plus des projets de loi, plusieurs consultations ont eu lieu au cours des derniers mois. Mentionnons d'abord la consultation transpartisane sur l'utilisation des écrans. La CSQ a affirmé, dans son mémoire, qu'il fallait retrouver un cadre plus équilibré puisqu'il s'agit d'une responsabilité collective entre l'école, la maison et la société. De plus, la Centrale a rappelé qu'une grande réflexion en éducation est incontournable, et les écrans doivent en faire partie.
La ministre de la Famille et ministre responsable de la lutte contre l'intimidation et la cyberintimidation, Suzanne Roy, a également mené une consultation en vue du prochain Plan d'action concerté pour prévenir et contrer l'intimidation et la cyberintimidation. La Centrale en a appelé à un plan d'action inclusif et adapté pour les personnes vulnérables, en contexte scolaire, pour les élèves et étudiants en milieu autochtone et dans les milieux de travail. Celui-ci devra évidemment être accompagné de ressources en nombre suffisant pour donner des résultats probants.
Parallèlement, le ministre du Travail, Jean Boulet, a lancé une consultation sur la transformation des milieux de travail par le numérique à laquelle la CSQ participera.
Finalement, la semaine dernière, la présidente du Conseil du trésor, Sonia LeBel, a annoncé qu'il n'y aurait finalement pas de fusions d'accréditations syndicales dans le cadre des fusions d'établissements et de l'implantation de Santé Québec. Sonia LeBel a également annoncé l'intention du gouvernement de présenter, l'année prochaine, un projet de loi visant à « moderniser » le régime de négociation collective du secteur public, aussi connu sous l'appellation de « la Loi 37 ». Plusieurs questions demeurent sans réponse, mais la Centrale fera les représentations nécessaires pour faire connaître son avis sur cette réforme.
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L’intervention du gouvernement bafoue les droits des travailleuses et travailleurs

Comme vous le savez peut-être déjà, le ministre du Travail, Steve MacKinnon, a décidé d'exercer les pouvoirs que lui confère l'article 107 du Code canadien du travail pour demander au Conseil canadien des relations industrielles (CCRI) d'établir si le STTP et Postes Canada sont en mesure de négocier un projet de convention collective dans un très proche avenir. Si le CCRI juge que les parties ne peuvent pas y parvenir, il ordonnera le retour au travail des travailleuses et travailleurs des postes. Nous dénonçons avec la plus grande fermeté cette attaque contre le droit de grève et le droit à la négociation collective libre et équitable, des droits pourtant garantis par la Constitution.
Cette ordonnance du ministre s'inscrit dans une tendance profondément troublante. En effet, des gouvernements fédéraux successifs ont adopté des lois de retour au travail ou, dans le cas présent, exercé leurs pouvoirs arbitraires pour permettre aux employeurs de ne pas avoir à négocier de bonne foi. Quel employeur accepterait de négocier quoi que ce soit s'il sait que le gouvernement interviendra en sa faveur ? Une fois de plus, le gouvernement a choisi le capital au détriment des travailleuses et travailleurs en nous privant de la possibilité de négocier une bonne convention collective.
Ce que nous savons
La situation évolue rapidement, et nous n'avons pas encore reçu l'ordonnance. Ce que nous savons, c'est que les travailleuses et travailleurs des postes pourraient être contraints de reprendre le travail sans nouvelles conventions collectives négociées.
Lorsque nous aurons reçu l'ordonnance, nous la passerons en revue et examinerons toutes les options possibles pour aller de l'avant.
Nous avons appris qu'une audience du Conseil canadien des relations industrielles se tiendra prochainement, possiblement dès la fin de semaine.
Notre position
Nous sommes dans la rue depuis près d'un mois. Postes Canada est demeurée muette pendant cinq jours après avoir reçu notre dernière offre. Pourquoi le gouvernement a-t-il décidé d'agir maintenant ?
Nous allons continuer de nous battre avec acharnement pour obtenir de bonnes conventions collectives négociées à l'intention de nos 55 000 membres. Nous allons continuer de nous battre pour obtenir des salaires équitables, des conditions de travail sûres et le droit de prendre notre retraite dans la dignité. Depuis des années, nous faisons pression sur Postes Canada pour qu'elle diversifie sa gamme de services afin de générer davantage de revenus.
Nous devons rester forts face à cet abus de pouvoir. Restez à l'affût des renseignements additionnels que nous communiquerons dans les prochains jours.
C'est loin d'être terminé.
Solidarité,
Jan Simpson
Présidente nationale
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Souvenirs du Chili mais d’une actualité brûlante

Un prêtre délateur me montre le message que les évêques chiliens font parvenir à Noël 1973 aux évêques du monde entier à la suite du coup d'état du 11 septembre
L'image qu'on se fait dans le monde de la junte militaire est faux... celle-ci n'est ni putschiste ni fasciste... elle est professionnelle et représente la réserve morale de l'âme chilienne... elle a libéré le Chili d'un gouvernement qui occasionnait appauvrissement brutal et permettait l'ingérence étrangère et surtout la marxisation du peuple... l'Église, comme le bon Samaritain, vient au secours des blessés (Note de l'auteur : torturés, familles de disparus, détenus en camps de concentration, etc.) sans partir à la recherche du responsable de leurs blessures...
Ovide Bastien, auteur de Chili : coup divin, Éditions du Jour 1974
Cyril William Smith, prêtre des Missions Scarboro, 24 novembre 1938 - 1 mai 1989
Le 10 décembre dernier je comparais la politique économique néolibérale promue par le président argentin Javier Milei lors du forum de l'extrême droite le 4 décembre à celle mise en pratique par le dictateur chilien Augusto Pinochet, grand pionnier du néolibéralisme. Je soulignais aussi le rôle clé joué par le délateur Bob Thompson à la suite du coup d'état chilien du 11 septembre 1973. Cet employé de l'Agence canadienne de développement international (ACDI, devenu depuis 2013 Affaires mondiales Canada) était tellement indigné de voir le caractère carrément fasciste des télégrammes confidentiels que faisait parvenir à Ottawa l'ambassadeur canadien au Chili Andrew Ross à la suite du coup d'état qui renversait Salvador Allende, qu'il les rendait publics.
Les délateurs Edward Snowden, Chelsea Manning et Julian Assange ont payé un immense prix personnel pour avoir agi selon leur conscience et dénoncé les écœuranteries perpétrées par les États les plus puissants. Thompson a également payé de sa peau pour avoir dénoncé Ross. Non seulement fut il congédié de l'ACDI mais on le barra aussi de tout futur emploi au sein du gouvernement fédéral.
Aujourd'hui, je rends hommage à un autre grand militant de la justice sociale et des droits humains qui, comme Thompson, a eu le courage de dénoncer des personnes complices du coup d'état chilien. Le document qu'il me remettait il y a 50 ans demeure encore fort pertinent aujourd'hui, surtout dans le contexte de la montée internationale de l'extrême droite, une montée qui est souvent, comme nous le savons, étroitement liée à la religion.
***********
Le prêtre Bill Smith me donne le message de Noël strictement confidentiel que les évêques chiliens envoient à tous les évêques du monde entier en décembre 1973
C'est mi-août 1974 et je suis sur le point de remettre à Éditions du Jour mon manuscrit Chili : le coup divin dénonçant la complicité de l'Église catholique dans le coup d'état chilien du 11 septembre 1973. Quelqu'un cogne à ma porte.
« J'ai appris que tu étais sur le point de publier, et j'ai pensé qu'il serait important que tu prennes conscience de ceci, » me dit Bill Smith en me remettant un document. « Svp ne dis à personne qui te l'a donné, car c'est une affaire qui est censée être strictement confidentielle. »
Le document que me remet ce prêtre, que je rencontrais pour la première fois quelques mois plus tôt à Santiago, est une longue analyse sur la situation au Chili qu'envoyait, à Noël 1973, la Conférence épiscopale chilienne à tous les évêques du monde entier.
Bill, comme tout le monde appelle ce curé, œuvre alors à l'Office des missions d'Amérique latine de la Conférence des évêques catholiques du Canada. Il est responsable de tous leurs projets dans les Caraïbes et en Amérique latine.
Au début de 1989, Bill accepte une nouvelle responsabilité, celle d'agent de liaison entre la CSN et le mouvement syndical au Brésil et au Chili. Le jour avant le départ de Bill, Yves Laneville, ex-oblat qui fut prêtre ouvrier au Chili durant le gouvernement Allende et grand ami de Michel Chartrand, m'invite à partager un repas avec Bill dans un restaurant montréalais afin de lui dire au revoir.
Je n'oublierai jamais avec quelle passion mordante Bill, durant notre conversation, dénonce l'inégalité scandaleuse de revenus et de richesse dans le monde, comment on traite les immigrants, et l'indifférence générale qui existe face aux masses de marginalisés qu'on exploite comme main d'œuvre bon marché.
« J'espère qu'en vieillissant, je ne deviendrai jamais indifférent et passif devant tout cela. J'espère mourir une personne révoltée, » nous dit-il, avec grande émotion, durant notre souper.
Le vœu de Bill fut exaucé.
Le lendemain, à peine quelques heures après son arrivée à son nouveau poste à Sao Paulo, Brésil, il décède subitement d'une crise cardiaque.
Extraits du message de Noël 1973 des évêques chiliens à tous les autres évêques du monde
Le Comité permanent de l'Épiscopat a jugé qu'il était nécessaire de poser ce geste, étant donné que la presse internationale — y compris un très grand nombre d'organes catholiques — a tellement déformé les évènements du Chili, menant ainsi le public lecteur à une interprétation des évènements absolument fausse, qu'il fallait en quelque sorte offrir des éléments de jugement pondérés.
Tel est l'objectif de ces pages, affirme dans sa présentation le Secrétaire général de la Conférence épiscopale du Chili, l'évêque Carlos Oviedo Cavada.
Cardinal Raúl Silva Henriquez sort de l'église avec Augusto Pinochet, le 18 septembre 1973, après avoir offert à la junte militaire, lors d'une cérémonie télédiffusée, toute la « désintéressée collaboration de l'Église catholique »
Les Forces armées et les Carabiniers du Chili ne sont en aucune façon ni « putschistes », ni « fascistes », (...) leur constante tradition en est une de professionnalisme (...) ils sont au-delà des contingences politiques du pays. Le geste qu'ils ont posé le 11 septembre fut comme la réponse à une exigence nationale et, en tant qu'institutions armées, une conséquence de l'obligation qu'ils ont de garantir l'ordre au Chili.
Qu'est-ce qui prit fin au Chili le 11 septembre 1973 ? Pour plusieurs, pour les adhérents anonymes de l'Unité populaire, ce fut la fin de grands espoirs fondés sur un lien affectif avec les forces de la gauche, forces dans lesquelles, historiquement, de vastes secteurs du peuple placèrent leurs aspirations. Nous disons un lien affectif, car les réformes, les conquêtes en faveur du peuple ne s'étaient certainement pas réalisées. Les « 40 mesures » du programme électoral de l'Unité populaire, dans lesquelles étaient exprimés ces objectifs les plus immédiats en faveur des classes populaires, n'ont pas dépassé le stade de simple programme. Il n'y en a sûrement pas cinq qui sont devenues des réalisations concrètes. Plus tard, l'opposition rappelait régulièrement ces mesures pour ridiculiser le gouvernement de l'Unité populaire.
Pour la grande majorité des Chiliens, le 11 septembre 1973 représenta la fin d'un cauchemar, d'un état de décomposition du pays, de l'installation de la démagogie, de l'ingérence de politiciens étrangers (qu'on se rappelle la lettre de Fidel Castro, au président Allende, le 22 juillet 1973), de la violence sous toutes ses formes, de l'appauvrissement brutal de la nation et par-dessus tout, de la marxisation dans laquelle le Chili se trouvait entraîné. Tout cela se terminait par un acte des Forces armées et des Carabiniers du Chili lesquels représentent une véritable réserve morale de l'âme nationale. Pour cette majorité, le 11 septembre fut une véritable libération.
La connaissance du « Plan Z » a été le premier facteur de la prolongation de l'état de guerre interne dans le pays. Des secteurs de la gauche et de la presse internationale, adeptes du marxisme, ont tenté de nier l'existence de ce plan, qui était un auto-coup d'État de l'Unité populaire. Mais une documentation abondante a été trouvée et publiée. (…)
Certes, l'Église aimerait faire beaucoup plus en faveur de tous ceux qui souffrent, en imitant le bon samaritain qui s'occupa uniquement d'aimer le blessé sur la route et qui ne partit pas à la recherche de ceux qui l'avaient maltraité. Mais ces actions de l'Église en faveur des anciens militants de l'Unité populaire se sont méritées des critiques et des réserves dans la communauté catholique elle-même. La haine, la violence, le sectarisme qui s'étaient déclenchés durant l'Unité populaire furent si profonds – ‘l'âme du Chili est blessée', affirma un jour le cardinal — que ceux qui sous l'Unité populaire furent renvoyés de leurs emplois ou persécutés, ou qui eurent à souffrir sous ce régime, n'arrivent pas à comprendre que l'Église s'engage dans ces œuvres de miséricorde envers les anciens militants de l'Unité populaire. Cela a occasionné beaucoup d'incompréhensions parmi les catholiques eux-mêmes.
Dans le cas des Universités catholiques, le gouvernement a adopté une attitude distincte, en respectant leur dépendance du Saint Siège et de la Conférence épiscopale du Chili. Pour illustrer la compréhension à laquelle il est possible d'arriver, le cardinal nomma comme recteur de l'Université catholique du Chili, le recteur délégué par le gouvernement. (...)
Au cours des années précédentes, surtout pendant l'Unité Populaire, les jeunes ont joué un rôle de premier plan dans un contexte fondamentalement politique. Aujourd'hui, alors que les activités politiques sont en pause, ces jeunes sont confrontés à un vide d'action et de motivation. C'est une grande opportunité pour l'Église de former les jeunes, de les préparer pour l'avenir. Cette urgence est un défi pressant pour l'Église, c'est comme l'heure de Dieu pour ces jeunes.
Commentaires au sujet de l'analyse des évêques chiliens
Il est frappant de noter que les évêques chiliens non seulement ne qualifient pas de putschistes et fascistes les militaires et policiers chiliens qui ont brutalement renversé le gouvernement de Salvador Allende, mais qu'ils vont même jusqu'à affirmer qu'ils ne représentent rien de moins que « la réserve morale de l'âme chilienne ».
Des militaires qui, comme on le sait, finiront par torturer au moins 27 000 individus et en tuer au moins 3 000, et qui avaient déjà pratiqué beaucoup de torture, exécuté sommairement, mis sur pied des camps de concentration, fait disparaître toute presse libre, et exercé une répression tellement impitoyable que de de milliers de Chiliens et Chiliennes cherchaient par tous les moyens possibles de fuir à l'étranger...
Les évêques estiment que le bilan positif du gouvernement de l'Unité populaire est fort mince, qu'il se résume au lien affectif profond que de vastes secteurs de la population ont avec lui. « Les réformes et les conquêtes en faveur du peuple », disent-ils, « ne se sont pas réalisés ».
Quant au bilan négatif de l'Unité populaire, il est énorme, et se résume en un mot « cauchemar », poursuivent les évêques : « état de décomposition du pays, installation de la démagogie, ingérence de politiciens étrangers (qu'on se rappelle la lettre de Fidel Castro, au président Allende, le 22 juillet 1973), violence sous toutes ses formes, appauvrissement brutal de la nation, et, par-dessus tout, marxisation du pays ».
Il est intéressant de noter que les évêques, tout en soulignant avec justesse l'intervention politique étrangère du dirigeant d'un petit pays - celui de Fidel Castro - ne mentionnent pas une seule fois dans leur document de 59 pages l'intervention politique étrangère pourtant la plus spectaculaire - celle des États-Unis. Une telle omission est d'autant plus étonnante que, grâce à la fuite en 1972 des documents secrets de l'International Telephone and Telegraph (ITT) par le journaliste d'enquête Jack Anderson, cette intervention américaine était connue à travers le monde entier.
Ces documents, qui ont longtemps circulé au Chili, montrent que la CIA collaborait avec l'ITT et certains militaires chiliens pour renverser Salvador Allende, et cela aussi tôt qu'au moment de sa victoire électorale en 1970. Cependant, ils montrent aussi que la CIA, consciente que la grande popularité post-électorale de l'Unité populaire pourrait empêcher la réussite du coup d'État, avait suggéré aux militaires chiliens de reporter ce coup. Mieux vaut, soulignait la CIA, bien préparer le terrain afin de garantir la réussite du coup.
Tout d'abord, suggérait la CIA, il faut s'acharner à dénigrer le plus possible l'image d'Allende, tant au Chili qu'à l'étranger. Comment ? En produisant des reportages le noircissant, d'une part dans les médias chiliens, et, d'autre part, dans les médias à l'étranger. Nous allons vous aider dans cette campagne médiatique, dit la CIA, à travers nos contacts dans les médias internationaux, et de plus, nous allons verser de l'argent au grand journal conservateur du Chili, El Mercurio, ainsi qu'à d'autres médias d'opposition, pour les aider à dénigrer Allende.
Ensuite, poursuit la CIA, nous devons mettre le plus de bâtons possibles dans les roues de l'économie chilienne. La déstabiliser carrément. Comment ? Nous, Etats-Unis, avons beaucoup de pouvoir auprès des institutions financières internationales. Nous allons utiliser ce pouvoir pour imposer un blocus financier du Chili dans toutes ces institutions.
Enfin, conclut la CIA selon ce que révèlent les documents secrets de l'ITT, il faut faire un dernier pas pour assurer le succès d'un coup d'état. L'image d'Allende étant fortement noirci, et l'économie étant déstabilisée par le blocus financier, il faut maintenant s'acharner à créer un climat de chaos, de désordre et d'insécurité. Comment ? Par des actions de sabotage, telles que le dynamitage de ponts, de pylônes électriques. Ou encore, mettre le feu à des stations d'essence, etc.
Une fois le terrain bien préparé, une fois que le peuple aura gouté assez longtemps à dégradation économique, pénurie, appauvrissement, violences et insécurités de toutes sortes, les militaires chiliens pourront intervenir pour renverser l'Unité populaire. Et ils seront alors accueillis comme des sauveurs et des héros libérateurs par de vastes secteurs de la population. Ils seront perçus comme ceux qui rétablissent ordre et sécurité, ceux qui mettent fin au cauchemar !
Pour comprendre la méticulosité scientifique et à long terme de la planification américaine contre l'Unité Populaire sous Salvador Allende, rien de mieux que de visionner l'impressionnant documentaire de 139 minutes,La Spírale, produit par Armand Mattelart en 1976.
La stratégie préconisée par la CIA dans les documents secrets de l'ITT, notamment accorder de l'aide financière américaine aux médias chiliens afin de noircir Allende et l'Unité populaire, n'est pas restée lettre morte. Pour s'en convaincre, il suffit de lire le rapport COVERT ACTION IN CHILE 1963-1973 produit par la Commission sénatoriale américaine. Ce rapport affirme que le « Groupe des 40 » a donné 700 000 dollars américains au journal El Mercurio le 9 septembre 1971 et 965 000 dollars le 11 avril 1972. De plus, explique ce rapport, le Groupe des 40, qui travaillait sous l'autorité de Henry Kissinger, ne se limitait pas à accorder des sous aux médias chiliens. Il produisait parfois lui-même du contenu dans ceux-ci. Il exerçait, affirme le rapport, une influence substantielle sur le contenu même du Mercurio, « allant jusqu'à y placer des éditoriaux inspirés par la CIA, et ceci, à certains moments, presque quotidiennement ».
Ce que les évêques chiliens semblent ignorer encore trois mois après le coup d'état, Salvador Allende en était parfaitement conscient, et ce, depuis fort longtemps. Lors du discours historique qu'il prononçait une fois déclenchée l'intervention militaire le 11 septembre, un discours que j'écoutais en direct à la radio depuis mon appartement à Santiago et qui serait son dernier discours avant de trouver la mort, Allende affirmait :
« Le capital étranger, l'impérialisme, unis à la droite, ont créé le climat nécessaire pour que les forces armées rompent avec leur tradition ».
Dans leur document, les évêques chiliens, pour aider leurs confrères évêques à travers le monde à comprendre que la junte militaire chilienne n'a rien à voir avec le putschisme et le fascisme, se réfèrent à ce qu'ils appellent le « Plan Z ». Selon ce plan, que le journaliste Julio Arroyo Kuhn rendait public le 18 septembre 1973 dans le quotidien El Mercurio, le gouvernement Allende aurait planifié l'assassinat, le 19 septembre 1973 et jour de fête nationale des forces armées, de différents chefs des forces armées qui s'opposaient à l'Unité populaire. Allende, selon le plan Z, aurait invités des chefs militaires à déjeuner avec lui au Palais présidentiel La Moneda, où ils seraient abattus par des serveurs. Vingt-quatre heures seulement après l'assassinat, Allende annoncerait la création de la « République démocratique populaire du Chili ».
Ce fameux « Plan Z » était, de toute évidence, une création, avec l'aide de la CIA, de la junte militaire en vue de justifier auprès de la population le coup d'état qu'elle venait de faire une semaine plus tôt, et toute la répression barbare qui l'accompagnait. Une création qui ressemble, comme deux gouttes d'eau, à cette autre invention de l'administration Bush en 2003 - Saddam Hussein possède une immense quantité d'armes de destruction massive et représente une grande menace pour le monde entier – qui servait de prétexte pour justifier l'invasion de l'Iraq.
D'une part, la Commission sénatoriale américaine, à laquelle nous venons de référer plus haut, affirme que les Etats-Unis non seulement accordaient des sous au quotidien El Mercurio, mais influençaient souvent, ou produisaient directement, le contenu de certains de ses articles. D'autre part, grâce à la déclassification des dossiers de la CIA, on sait, parce que cette dernière le reconnaît tel quel, que le Plan Z n'était rien d'autre qu'une guerre psychologique menée par les forces armées chiliennes pour justifier le coup et la persécution de l'Unité populaire.
Le Plan Z n'a pas seulement servi de prétexte pour justifier le coup d'état. Comme de nombreux militaires et policiers chiliens ont cru cette invention, des prisonniers ont été battus et torturés dans des centaines de casernes et de postes de police, dans le but de leur arracher des aveux au sujet du plan diabolique Z.
L'hypocrisie, ou plutôt la complicité profonde de l'Église catholique chilienne dans le coup d'état est criante. L'Église, affirment les évêques chiliens dans leur document de Noël 1973, imite le bon samaritain qui aime les gens qui souffrent et vient à leur aide, sans cependant « partir à la recherche » de ceux qui occasionnent leurs souffrances. Comment, et pourquoi, partir à la recherche de ceux qui, selon l'Église, représentent la réserve morale du peuple, ceux qui le libère du chaos socialiste ? Contentons-nous d'aider, en bon samaritain, les gens que les libérateurs torturent, les familles des papas assassines ou portés disparus, les gens qu'on enferme comme du bétail dans des camps de concentration !
Pour éliminer tout ce qui est progressiste, la junte brûlait dans la rue des tonnes de livre à tendance socialiste. Elle prenait aussi le contrôle de ce qui s'enseigne, notamment en nommant un militaire à la direction de toutes les universités. Dans le cas des universités catholiques, affirment les évêques dans leur document, la junte est cependant gracieuse et respecte l'autorité et l'indépendance de l'Église. Pour la remercier, et « illustrer la compréhension à laquelle il est possible d'arriver », poursuivent les évêques, le cardinal Henriquez décide de nommer à la direction de l'Université catholique du Chili, pourtant une institution pontificale, le militaire « délégué » par la junte. Autre hypocrisie consommée : l'Église nomme à la direction de l'université le militaire qu'a choisi la junte pour ce poste !
Un dernier point on ne peut plus troublant. Les militaires ont banni tous les partis progressistes, fermé le parlement, mis en pause l'activité des partis politiques de droite, écrasé toute pensée progressiste, voire même toute possibilité de penser. Or les évêques chiliens, au lieu de dénoncer une telle situation, perçoivent cela comme une bonne affaire pour les jeunes. Cela représente ce qu'ils appellent « une grande opportunité pour l'Église », ou « l'heure de Dieu pour les jeunes » ! Comme « les activités politiques sont en pause » et que les jeunes, qui représentaient sous l'Unité populaire le fer de lance de l'action politique, « sont confrontés à un vide d'action et de motivation », profitons-en pour « former les jeunes, les préparer pour l'avenir », affirment les évêques ! Leurs cerveaux étant, grâce à une répression barbare et massive, vides de pensées socialistes nocives, à nous de les remplir du bien, à restaurer chez eux l'identité judéo-chrétienne, cette « âme du Chili ». C'est cette dernière, que les militaires, qui se disent de bons catholiques et représentent « la réserve morale du peuple », ont restauré par leur intervention du 11septembre !
*************
Lettre à ma famille le 15 décembre 1973
Je vivais à Santiago, dans un pays où de vastes secteurs de la population étaient soumis à répression brutale, peur, angoisse, et méfiance, alors que d'autres secteurs, provenant d'une partie de la classe moyenne mais surtout de l'élite économique, célébraient leur victoire.
Comme tant d'autres personnes, ma conjointe Wynanne et moi avions déchiqueté en mille morceaux nos livres et revues progressistes, plaçant tout cela dans des sacs de poubelles, et transportant avec grande discrétion ces sacs dans la rue, de peur que des voisins pro-junte comprennent ce que nous faisions et nous dénoncent.
Certaines des lettres que nous recevions étaient déjà ouvertes, donc nous nous sentions espionnés.
Le gros de notre énergie était consacré à deux choses : faire connaître au monde extérieur les atrocités que nous témoignions dans ce Chili de censure totale ; et aider le plus possible Chiliens et Chiliennes traqués par les militaires à se réfugier dans une ambassade afin d'échapper à emprisonnement, torture, et, possiblement, assassinat.
La lettre que, rempli d'émotion, de révolte et d'ironie, j'écrivais à ma famille le 15 décembre 1973 était donc codée. Il fallait dire des choses, mais le faire en sachant que celles-ci seraient peut-être lues par des militaires.
Les « fraises » représentent les personnes traquées que nous aidions à se réfugier dans une ambassade.
Le « Père Noël qui se promène en traineau » représente la junte militaire, qui est consciente que plusieurs personnes sur leurs listes noires arrivent à échapper à la répression en entrant dans une ambassade et qui prennent des mesures pour mettre fin à cela.
La « pétition contre la pollution » représente une pétition, initiée par nos contacts au Québec, demandant au gouvernement canadien d'ouvrir ses portes aux réfugiés chiliens et de dénoncer le caractère brutal et répressif de la dictature chilienne. En affirmant que la pollution est si grave ici qu'elle cause des décès, je me réfère, bien sûr, aux tueries perpétrées par la junte. En affirmant que « la pollution affecte de plus en plus de pays en Amérique latine ces dernières années », je laisse entendre que les dictatures se multiplient en Amérique latine.
Lorsque je me réfère aux mensonges que répand la presse internationale, je reprends le discours de la droite, un discours qu'on entend dans les secteurs nantis de Santiago, et qu'on voit régulièrement dans la presse censurée du Chili. Selon ce discours, le sang, la torture, les exécutions sommaires, les camps de concentration, etc. ne seraient que de la propagande répandue par les communistes à travers le monde afin de noircir l'image de la junte militaire.
Comme ma famille me connaît, elle sait fort bien que j'ironise, et que je pense exactement le contraire.
Je doute que les évêques chiliens, s'ils avaient pu lire ma lettre, penseraient que j'ironisais. Car l'objectif du document qu'ils faisaient parvenir à leurs confrères évêques dans le monde était précisément de corriger la fausse image négative qu'on se fait de la junte à l'étranger, parfois même dans des milieux catholiques.
« Des milliers de travailleurs font librement don d'une partie de leur salaire, » j'écris dans ma lettre à ma famille. Ici encore une fois, je prends une position fort différente de celle des évêques. Dans leur document, il y a une partie, que je n'ai pas reproduite ci-haut, où les évêques, pour illustrer l'enthousiasme de la population par rapport au coup d'état, affirme que de nombreuses personnes accourent pour donner argent, bagues d'or, etc. à la junte militaire afin de l'aider à rebâtir le pays. En précisément dans ma lettre que le don « que font librement » les travailleurs « est simplement déduit de leur chèque », je souligne l'aspect obligatoire et non libre de ce don supposément libre ! Ce qu'affirment les évêques est vrai, mais ce qu'ils omettent de dire est également vrai. Cette dernière omission, comme le fait de ne pas mentionner dans leur document le bannissement de la plus grosse centrale syndicale du Chili, la CUT, illustrent le parti pris de l'Église pour la junte militaire.
Lorsque j'affirme que « plusieurs milliers de familles sont sans emploi à Santiago », je n'utilise aucun code. C'est exactement la situation qui se vit, et celle-ci est dramatique. En ajoutant que ce problème va bientôt disparaître, car « elles ne perçoivent plus aucun revenu », j'ironise de façon on ne peut plus mordante, en laissant entendre que les familles vont tout simplement mourir de faim.
Tous ces codes étant expliqués, voici ce que j'écrivais à ma famille de Windsor, Ontario le 15 décembre 1973. Le moins qu'on puisse dire, ma lettre présente une image fort différente du Chili que celle peinte par le document que les évêques chiliens, exactement au même moment, faisaient parvenir à leurs confrères évêques du monde entier.
Chère maman, cher papa et chère famille,
Wynanne et moi sommes tous les deux un peu épuisés par notre constante cueillette de fraises. Même s'il fait très froid au Canada, il fait très chaud ici. Croyez-le ou non, le Père Noël est habillé pour l'hiver et se promène sur un traîneau par une température d'environ 90 degrés Fahrenheit ! Et il aime aussi les fraises, alors il n'aime pas l'idée qu'on les lui enlève.
La mère de Wynanne nous envoie des nouvelles au moins deux fois par semaine. Merci beaucoup d'avoir signé la pétition contre la pollution de l'air. C'est certainement un des pires maux dans le monde présentement, et il semble que cette pollution affecte de plus en plus de pays en Amérique latine ces dernières années. Hier encore, quelqu'un m'a dit que la pollution de l'air était si grave ici qu'elle causait des décès.
Si vous avez suivi la presse internationale ces dernières semaines, vous avez pu constater que les journalistes continuent de répandre toutes sortes de mensonges sur le Chili. Ils affirment que plus de 15 000 personnes ont été exécutées au Chili depuis le 11 septembre. Ils affirment que les tueries se poursuivent. Un article a même affirmé qu'il y avait et qu'il y a encore des cas quotidiens de torture.
Quand on voit à quel point les gens semblent prendre plaisir à publier toutes ces rumeurs sensationnelles, on se demande où va ce monde... Ici, tout est calme. Bien sûr, nous sommes toujours en situation de guerre, - une situation qui devrait durer plusieurs mois - et nous avons un couvre-feu toutes les nuits de 23h à 5h30. Un coup de feu occasionnel ici et là, mais c'est tout. Les gens travaillent. Beaucoup font don de leurs bagues en or à la junte militaire en signe de reconnaissance. Les rues sont très propres. Il n'y a plus de grèves folles. Des milliers de travailleurs font librement don d'une partie de leur salaire... ce dernier don est simplement déduit de leur chèque ! La grande majorité de ces travailleurs gagnent aujourd'hui en un mois ce qu'un travailleur moyen au Canada gagne en une demi-journée environ - mais c'est normal ici : le Chili est un pays sous-développé.
Les journaux, les stations de radio et de télévision ne tarissent pas d'éloges sur la junte militaire. Avant le coup d'État, il était incroyable de voir les ordures que l'on pouvait trouver dans les médias ! Aujourd'hui, les nouvelles sont courtes, joyeuses et objectives. On a envie de revivre ! Les médias nous informent que la Russie persécute toujours ses intellectuels. Quand on pense que sans l'armée chilienne et les Etats-Unis, le Chili serait peut-être encore en train de se diriger vers le socialisme !
Il y a encore plusieurs milliers de familles sans emploi à Santiago. Mais ce problème devrait être réglé sous peu : elles ne perçoivent plus aucun revenu...
Demain, Wynanne et moi allons escalader une belle montagne, située en plein cœur de Santiago. Cela devrait nous faire oublier les fraises ! Alors que vous célébrez Noël le 25...
Try to remember.... (Ma lettre fut rédigée en anglais, car les conjoints et conjointes de mes frères et sœurs sont anglophones, et ne me comprendraient pas si j'écrivais en français)
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Mandela, « le Rouge » effacé ?

La mémoire collective a ses ciseaux affûtés, et dans le cas de Nelson Mandela, le marxisme a été discrètement jeté dans la corbeille. La figure reconnue du « père » de la nation arc-en-ciel, chuchotant la réconciliation et prônant la paix, cache une histoire plus radicale, profondément ancrée dans les luttes anticolonialistes et la pensée révolutionnaire.
7 décembre 2024 | Billet de blog | Photo : Le président sud-africain Nelson Mandela danse lors du congrès annuel du Parti communiste sud-africain, le 7 avril 1995. © Juda Ngwenya
https://blogs.mediapart.fr/basilegiraud/blog/071224/mandela-le-rouge-efface
L'ANC : La lutte oubliée
Le Congrès national africain (ANC), auquel Mandela adhère en 1943, n'a pas toujours été ce temple de la démocratie libérale qu'on imagine aujourd'hui. Dans les années 1950 et 1960, il s'agit d'un mouvement influencé par des idéologies marxistes et des alliances stratégiques avec des partis communistes.
La Charte de la liberté (1955), document fondateur du mouvement, prône une redistribution des terres et la nationalisation des mines, un discours ouvertement socialiste.
Mandela lui-même reconnaît avoir été séduit par les idées marxistes. Dans son autobiographie, Un long chemin vers la liberté, il confesse : "Le communisme promettait un paradis terrestre pour les pauvres et les opprimés." À ses débuts dans l'ANC, Mandela fréquentait les cercles communistes sud-africains, où Blancs et Noirs débattaient d'égal à égal.
Une révolution en soi dans un pays ravagé par l'apartheid.
C'est avec la création de l'aile militaire de l'ANC, Umkhonto we Sizwe (La Lance de la Nation), en 1961, que Mandela passe de la théorie à l'action, inspirée par les tactiques révolutionnaires communistes.
Mais une telle guerre exigeait des alliés puissants. C'est dans le bloc communiste que Mandela trouva un soutien crucial. L'Union soviétique joue alors un rôle clé en fournissant une aide militaire et logistique à l'ANC. Dès 1962, les premiers combattants de MK sont envoyés à Moscou pour suivre une formation militaire et idéologique.
Joe Modise, futur commandant de MK, a décrit ces entraînements comme une initiation à la tactique militaire et à la guerre révolutionnaire, mais aussi à une vision marxiste de la société. Selon des archives soviétiques, le Kremlin a consacré près de 100 millions de dollars entre 1963 et 1988 à soutenir l'ANC et son allié idéologique, le Parti communiste sud-africain (SACP).
La Chine, de son côté, offre également une assistance militaire dès les années 1960. Bien que les tensions sino-soviétiques aient limité une coopération tripartite, Pékin forma des cadres de l'ANC et fournit des armes légères aux premiers combattants de Mandela. Cuba, en revanche, incarne l'engagement le plus visible du bloc communiste en Afrique. Sous Fidel Castro, La Havane devient un point d'appui stratégique pour les mouvements anti-impérialistes africains, y compris l'ANC.
Lors de la célèbre bataille de Cuito Cuanavale en Angola (1987-1988), des troupes cubaines affrontent directement l'armée sud-africaine, affaiblissant ainsi la domination régionale de Pretoria. Mandela, libéré deux ans plus tard, qualifiera cette bataille de "tournant décisif dans la lutte contre l'apartheid".

Nelson Mandela rend visite à Fidel Castro. La Havane, 1991
Mandela et le Parti communiste sud-africain
Pendant des années, Mandela a nié son appartenance officielle au Parti communiste sud-africain (SACP). Pourtant, en 2012, des documents historiques révélèrent que Mandela siégeait bel et bien au comité central du SACP dans les années 1960.
Ces révélations sont venues contredire la version officielle soigneusement polie : Mandela, le libéral dévoué à la démocratie, était également un révolutionnaire qui voyait dans le communisme un outil pour l'émancipation des opprimés.
Mais il n'y avait pas de contradiction dans cette appartenance, explique Ronnie Kasrils, ancien ministre et membre du SACP : "Mandela voyait dans le marxisme une méthode pour analyser les structures d'oppression économique et sociale."
Le discours de Mandela lors de son procès de Rivonia en 1964 témoigne d'ailleurs d'une analyse marxiste de la société sud-africaine : "L'apartheid et le capitalisme sont les deux faces d'une même pièce.". Un constat qui, dans une autre vie, aurait pu lui valoir une statue à Moscou plutôt qu'à Washington.
Une mémoire aseptisée
Pourquoi, alors, cette facette de Mandela a-t-elle été effacée de l'hagiographie du "nouvel ordre mondiale" ? La réponse réside dans les besoins narratifs des puissances occidentales.
À sa libération en 1990, Nelson Mandela devient une icône mondiale, une figure consensuelle nécessaire pour incarner la transition pacifique. Les États-Unis et le Royaume-Uni, qui l'avaient classé comme terroriste jusque dans les années 1980, participent à la réhabilitation d'un Mandela "acceptable".
Dans ce cadre, ses liens avec le communisme deviennent gênants. Le "Mandela rouge" disparaît sous une avalanche de photos où il serre les mains des présidents américains et britanniques.
La réconciliation, mantra de la Rainbow Nation, était un récit plus commercialisable qu'une révolution prolétarienne.
Aujourd'hui, les discussions sur Mandela omettent souvent ses critiques du capitalisme. La Commission Vérité et Réconciliation, certes essentielle, a échoué à redistribuer les richesses économiques aux Noirs sud-africains, laissant un pays où les inégalités restent criantes. Mandela lui-même le regrettait : "Nous avons vaincu l'apartheid politique, mais pas l'apartheid économique."
Si Mandela est désormais une icône mondiale, c'est au prix d'une simplification de son message.

L'Humanité, 1987. © L'Humanité
Loin de la figure lisse qui orne les manuels scolaires, il était un stratège pragmatique, capable de s'allier aux communistes tout en tendant la main à ses ennemis.
Alors que des statues, avenues, places se dressent en son hommage dans les villes du “monde libre”, il reste à savoir si l'histoire rendra justice à l'homme complexe et révolutionnaire qu'il fut.
Car, pour citer Mandela lui-même : "Être libre, ce n'est pas seulement briser ses chaînes, mais vivre d'une manière qui respecte et renforce la liberté des autres." Une maxime qui, sans le marxisme, perd peut-être de sa profondeur.
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« Guérilla des Farc » de Pierre Carles : l’avenir a une histoire

Dix ans durant, le cinéaste s'est rendu régulièrement en Colombie. Il offre un contre-récit de l'histoire de la rébellion et interroge l'avenir du mouvement qui a abandonné la lutte armée.
Tiré de l'Humanité
https://www.humanite.fr/culture-et-savoir/cinema/guerilla-des-farc-de-pierre-carles-lavenir-a-une-histoire
Publié le 11 décembre 2024
Michaël Mélinard
On a connu Pierre Carles pourfendeur des médias dominants, poil à gratter d'un système, aux méthodes parfois contestées. Avec « Guérilla des Farc, l'avenir a une histoire », il s'essaie à un journal documentaire, intime et engagé. Intime d'abord, car il s'adresse en voix off à son beau-père, Duni Kuzmanich, un cinéaste colombien disparu en 2008. Ce dernier a été le premier à réaliser un film sur la guérilla sans la dénigrer. Engagé aussi, car il recueille la parole de membres de Farc entre 2012 et 2022 tout en rendant hommage à deux cinéastes militants français, Bruno Muel et Jean-Pierre Sergent, venus tourner dans les années 1960 un documentaire surces guérilleros et guérilleras communistes.
Envisager une poursuite pacifique de la lutte
Sa forme hybride alterne des entretiens avec les Farc, dont celui avec la Française Natalie Mistral, et des extraits de « Canaguaro », l'œuvre de Kuzmanich relatant l'assassinat en 1948 de Jorge Eliecer Gaitan, un homme politique de gauche favori à l'élection présidentielle de l'année suivante, ainsi que la rébellion qui a suivi. S'y ajoutent également des images des négociations pour un processus de paix. Car en 2015 et 2016 se profile un accord avec le gouvernement colombien, entérinant le désarmement et le retour à la vie civile des rebelles.
C'est à la fois la possibilité de regarder vers l'avenir et d'envisager une poursuite pacifique de la lutte pour davantage de justice sociale. C'est aussi l'occasion de dresser un bilan sur leur combat. Là, le cinéaste redevient le critique des médias dominants en transposant sa grille d'analyse à la Colombie. La question de la représentation des Farc et de l'accusation de narcoterrorisme reprise en boucle pendant des décennies par les médias a en partie noyé leur message et terni la légitimité de leur lutte. Pierre Carles tente de remettre les pendules à l'heure. À la sienne en tout cas. En proposant un contre-discours qui fait des Farc des combattants contre l'oligarchie et la prédation des richesses.
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« Vingt Dieux » de Louise Courvoisier

Divine surprise du dernier Festival de Cannes, « Vingt Dieux », au titre malicieux, suscite d'entrée de jeu l'étonnement et l'admiration. Pour son premier long métrage, Sélection ‘Une Certain Regard' et Prix de la Jeunesse, Cannes 2024 entre autres récompenses, Louise Courvoisier nous offre un épatant ‘western agricole', tourné en Scope et aux couleurs, lumineuses et estivales, du Jura, sa terre natale.
Par Samra Bonvoisin, Le Café pédagogique, Paris, 11 décembre 2024
Pour visionner la bande-annonce.
Avec son coscénariste Théo Abadie ( et camarade de promotion de la Cinéfabrique de Lyon comme d'autres collaborateurs du film ) la jeune femme, déjà lauréate de la Cinéfondation cannoise en 2018 après son court-métrage, imagine le roman d'apprentissage, à la fois rugueux, fougueux et burlesque, de Totone, 18 ans, glandeur et fanfaron, vivant à la ferme paternelle avec sa petite sœur.
Un drôle de zigue, partageant son temps, avec deux potes branquignoles, entre bals alcoolisés, nuits d'ivresse et réveils ahuris aux côtés d'une fille séduite et mal étreinte.
Jusqu'à la mort de son père dans un accident de voiture. Une fois l'exploitation agricole et les vaches vendues, comment assurer l'avenir de sa petite sœur et gagner sa vie, alors qu'il croit n'avoir rien appris et se sent si démuni ?
Vingt Dieux, pour reprendre le juron favori de sa bande de pieds nickelés, loin de nous plonger dans le désespoir, Louise Courvoisier nous embarque alors dans l'aventure initiatique, mouvementée, bondissante et libertaire, d'un garçon du Jura saisi par une énergie désordonnée et tenace. Une histoire singulière, ancrée dans un territoire rural, rarement célébré ainsi à l'écran, où savoir-faire, savoir-être et désir d'aimer se conjuguent, au rythme changeant de compositions chorales entraînantes. Impossible de résister à l'épopée jurassienne et au charme déroutant de Totone (Clément Favereau, formidable).
*Un cowboy inattendu au pays des vaches laitières et du comté*
Nous voici plongés au cœur d'une fête de village dans le sillage d'un garçon aux cheveux roux, filmé de dos (peau blanche, épaules robustes, cou costaud) ; la caméra le suit à vive allure car le sujet fend la foule pour s'arrêter devant un petit groupe. Pressé par ses supporters improvisés et leurs cris répétés.Debout sur unetable, il se montre tout nu, sans paraître gêné, levant les bras en l'air en signe de triomphe, esquissant même quelques pas cadencés suscités par des incitations bruyantes (‘La danse du Limousin !, ‘La danse du limousin' !). Voici Tony (surnommé Totone), visiblement habitué à faire le malin pour amuser la galerie, ses potes en débrouille et embrouilles Jean-Yves (Mathieu Bernard, très bien) et Francis (Dimitri Baudry, aussi crédible) en particulier.
A la maison, il en mène moins large et semble se la couler douce, tandis que le père conduit l'exploitation agricole et que la petite sœur (Luna Garret, délicieusement vraie) va à l'école. À Totone et ses potes, les bals où l'on boit de la bière jusqu'à plus soif et emballe des filles pour une nuit sans trop savoir quoi faire en tant que mecs en cas de panne du sexe. Une expérience embarrassante pour Totone et minimisée par la partenaire d'un soir prête à excuser ce machisme inconséquent !
La mort du père fait cependant basculer l'existence de notre garçon insouciant. Il lui faut maintenant, et vite, assurer sa subsistance, protéger sa petite sœur et trouver un toit.
Ouvrier agricole, louant sa force de travail auprès des fermiers du coin, il se distingue par sa gaucherie, ses retards et son manque de pratique.
Qu'à cela ne tienne. Pourquoi ne pas se spécialiser dans la fabrication du comté et gagner ainsi, en deux tours de main, les 30.000 € destinés au vainqueur du concours agricole dans ce domaine ?
*Artisanat et transmission, sexe et amour : des chemins rocambolesques*
Pas si simple de remporter un concours dont on ignore les règles et les exigences préalables. Mais Totone s'accroche, se renseigne auprès des autorités, approche surtout une des grandes spécialistes en la matière, laquelle accepte de lui transmettre ingrédients nécessaires, pratiques particulières (notamment pour la fabrication ‘au chaudron'). Et nous saisissons, émus, l'importance de cette formation par une ‘ancienne' auprès d'un jeune renouant ainsi avec une tradition paternelle (que la relation père-fils figurée au début du récit ne laisse pas imaginer).Ce serait faire injure aux spectateurs que de révéler le dénouement de cette ambitieuse entreprise.
En tout cas, Totone n'ayant pas de domaine agricole ni de lait nécessaire à la fabrication du comté à sa disposition, met à contribution ses deux potes pour en ‘trouver' du bon sans débourser un euro…
Fort opportunément (le hasard est parfois grand artiste), il rencontre Marie-Lise (Maïwen Barthelemy, époustouflante interprète), une femmefranche, directe et solide, dirigeant seule une exploitation laitière d'envergure. Ou, entre venue au monde d'un petit veau et naissance de l'amour, comment une jeune femme qui sait ce qu'elle veut et un garçon qui ne le sait pas encore réunissent leurs efforts et leurs désirs pour aider à l'accomplissement des deux événements en même temps, la nuit, dans une étable au milieu du foin.
A ce titre, balayant les clichés et autres niaiseries sur la vie à la campagne, la cinéaste confère aux femmes un rôle majeur dans le parcours initiatique d'un garçon devenu curieux de tout, englué dans l'ignorance par paresse et habitude. A la fromagère âgée, la transmission de savoir-faire artisanaux, à la dirigeante d'exploitation laitière, la transmission des caresses et des gestes de tendresseaptes à susciter le plaisir féminin avec (ou sans) pénétration du sexe masculin. Autant dire que notre Totone n'en finit pas d'être surpris.
*Invention d'un western rural d'un nouveau genre, libre et galvanisant*
Au-delà des trahisons, coups fourrés et autres bastons entre bandes (les branquignoles associés à Totone ont pour ennemis jurés les propres frères de Marie-Lise), des rebondissements qui alimentent joyeusement l'épopée jurassienne, la fiction frappe par le traitement des paysages, leurs couleurs chaudes sous la lumière d'été, en plans larges le plus souvent, en magnifie la beauté particulière. Et, comme si nous retrouvions l'univers singulier des premiers films tels que « L'Enfance nue » ou « Passe ton bac d'abord » de Maurice Pialat (dans l'après-coup des auteurs de la Nouvelle Vague), l'irruption de corps différents, des grains de voix et des accents autres, un phrasé tranché et un langage parfois cru et direct nous touchent profondément. Un surgissement d'une vérité des êtres, de leurs origines géographiques et sociales, loin du formatage citadin commun à de nombreux personnages du cinéma, français d'aujourd'hui, notamment.
Libre dans le choix de son sujet comme dans l'élaboration d'un casting minutieux (des acteurs non-professionnels, tous cultivateurs, tous confondants de justesse), Louise Courvoisier a constitué un collectif de techniciens, amis connus à l'école de cinéma ou membres de sa famille, ses parents Linda et Charlie Courvoisier au premier chef. Anciens musiciens, convertis à l'exploitation céréalière dans le Jura, ce sont eux qui ont conçu les compositions musicales emballantes accompagnées de chants qu'on croirait sorties des chevauchées de cow-boys traversant Monument Valley à la poursuite des Indiens dans les westerns hollywoodiens. Des morceaux de musique version rodéos drôlement en phase avec les virées en mobylette des Pieds Nickelés jurassiens ou les concours de tonneaux entre voitures cabossées lancées à toute berzingue.
Quelles que soient les influences et les figures tutélaires (Jean-François Stévenin et la poésie vagabonde et nomade des héros décalés de « Passe montagne », tournage jurassien dans un registre différent, par exemple), la jeune réalisatrice prend la liberté d'emprunter des chemins de traverse sans s'interdire aucune voie. Avec des exigences manifestes : respecter les êtres et les paysages qu'elle filme en pulvérisant stéréotypes et images convenues.
Le western jurassien et ses longs plans-séquences à la mesure des grands espaces cadrés comme des territoires à conquérir entrent en résonance avec le parcours tragi-comiquedu héros de « Vingt Dieux ».Aussi Louise Courvoisier n'oublie pas de jouer sur la dimension burlesque, de capter les corps en déséquilibre, leurs chutes soudaines.
Elle figure aussi en se rapprochant des visages les élans du cœur et les flux de tendresse, signes d'une mutation profonde chez un êtreen devenir, longtemps dans l'ignorance qu'il était de lui-même.
Devant un spectacle de carambolages automobiles, Totone, de la main, fait signe à sa petite sœur de rejoindre le coin où paradent les vainqueurs. A l'écran, elle accède pour la première fois peut-être, au gros plan et en devenant plus active, grandit en un plan.
Le garçon, pour sa part, suit un temps des yeux l'envol de cette dernière. « Ving Dieux » nous offre encore une promesse et son héros, songeur, nous regarde.
Samra Bonvoisin, Le Café pédagogique, 11 décembre 2024
« Vingt Dieux », film de Louise Courvoisier. Sortie le 11 décembre 2024 ( en France )
Prix de la Jeunesse, sélection « Un Certain Regard », Cannes ; Valois de Diamant & Valois des étudiants, Festival international du film francophone, Angoulême ; Prix Jean Vigo 2024.
*Entrevue* avec la réalisatrice sur TV5 : https://www.youtube.com/watch?v=-lp2P_Eo_S8
*Une suggestion de André Cloutier, Montréal, 11 décembre 2024
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Le prix Nobel de littérature décerné à la Sud-Coréenne Han Kang

Le jury de Stockholm a récompensé l'écrivaine Han Kang capable d'entremêler la candeur de ses héroïnes et la cruauté brute de l'histoire.
Par Axel Nodinot, L'Humanité, France, le mercredi 11 décembre 2024
Suggestion de lecture d'André Cloutier
La lauréate du prix Nobel de littérature était mélancolique. Elle revenait sur son parcours devant une assemblée qui acclamait la première <https:/www.humanite.fr/culture-et-...>'>Sud-Coréenne à être ainsi célébrée, la 18e femme seulement en 117 éditions. Pas dépaysée par le froid suédois, la Séoulite a cependant échappé à la neige.
Omniprésents dans ses ouvrages, les flocons recouvrent tout. Le bruit, pour laisser place à la contemplation ou à l'angoisse ; les souvenirs, enfouis au plus profond des personnages ; les cadavres, ceux des dictatures militaires sud-coréennes.
« Inévitablement, le travail de lecture et d'écriture de littérature s'oppose à tout ce qui détruit la vie », a-t-elle déclaré en recevant son prix, ce mercredi 11 décembre à Stockholm. Au fil de son œuvre, Han Kang a pourtant réussi à déterrer, délicatement et avec poésie, des atrocités qu'aucune formule ne saurait égayer. S'entremêlent alors la candeur de ses héroïnes et la cruauté brute de l'histoire : sous la neige, les ruines brûlées, la terre gelée, et les ossements révèlent autant d'histoires dramatiques.
« Pendant ma vingtaine, j'écrivais ces lignes sur la première page de chaque nouveau journal intime : Le présent peut-il aider le passé ? Les vivants peuvent-ils sauver les morts ? », se rappelait-elle à Stockholm. L'écrivaine continue de chercher ses réponses, en se plaçant de front, face à la société et l'histoire sud-coréennes, toutes deux très dures.
Comme dans « La Végétarienne », Booker Prize en 2016, « Celui qui revient », où elle évoque les étudiants assassinés de Gwangju, sa ville natale, et « Impossibles Adieux », qui se déroule sur l'île de Jeju, où 30 000 personnes accusées d'être communistes furent massacrées par l'armée et le commandement américain.
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Cherche sourire désespérément

( Coup de sifflet…)
– Sourd (e) comme un pot !
- Qui ? moi ?
- Oui, vous !
- Mes excuses, M. l'Agent.
- Vous connaissez le verbe verbaliser ?
- Bien sûr que j'connais. Il a comme épouse l'Absolution.
- Non, M. le Gouailleur ! Il a divorcé.
- Ah, bon ?
- Sa moitié s'appelle Fermeté.
- Il doit en baver, le mec ?
- Puisque vous avez le sens de la mise en boite, je vais vous faire un joli cadeau.
– C'est vrai ? - Une amende de fin d'année.
- Ca..mé..ra.. ca..chée ?
- Elle a gagné un procès et s'est émancipée.
- Comme quoi… Tout l'monde réclame un air de Liberté.
- Contravention de 3ème classe, ça vous parle ?
- J'en ai entendu parler.
- Eh bien, vous allez vous y familiariser.
- Il parait que ça fait très mal pour ceux qui vérifient deux fois leurs tickets de caisse ?
- Tout va être dématérialiser. Ils (elles) ne verront que dalle.
- C'est bien de noyer le Peuple par petites touches et des majorations « intersticées ».
- 68 euros ! C'est le montant de l'infraction, bien affichée.
- Quelle infraction ? Je viens d'arriver du bled pour une visite familiale. L'huile d'olive (Zit Azemmour) et couscous roulé à la main, peuvent en témoigner.
- Visite ou pas visite…
( La négociation est vouée à l'échec )
- J'peux savoir pour quel motif une telle « prune » ?
– On vous a flashé en train de rigoler, Monsieur !
- Et alors ?
- Alors, N.D.P (Nouvelles Dispositions Particulières) :
Article 1 : – Rire en Hexagone est passible d'une amende ! Article 2 : - S'esclaffer, d'un emprisonnement !
- Je rêve ou quoi ?
- Il ne fait pas encore nuit. Vous êtes en France Monsieur. La Législation évolue !
– Elle doit s'emm… derrière son bureau ?
- Qu'est-ce que vous dites ?
- J'ai dit, ça sent un peu la me'… à cause de la décharge sauvage juste devant nous.
- On ne rigole plus ! Regardez autour de vous toutes ces tronches tirées comme la membrane d'un Bendir* dont vous connaissez si bien l'usage ! Vous enfreignez la morosité ambiante parisienne.
- Attendez…
- Je n'attends rien. Vous troublez l'ordre du renfrognement et de la maussaderie faciale des Français (es).
- Monsieur l'Agent ! il y aurait les J.O des Gueules massacrantes, la France s'offrirait l'or, les doigts dans le nez.
- Vous connaissez zonzon ?
- Chez nous on l'appelle Bouhadma*. Je vous assure qu'on y rigole. Pour vous dire que nous sommes un peuple qui se boyaute de sa propre déveine, même derrière les barreaux. Et ça, ça vous turlupine !
- Donnez-moi votre pièce d'identité !
- Monsieur l'Agent, je suis Méditerranéen. Rire fait partie de mon ADN. Si l'affliction vous sied à merveille, de grâce ! ne m'ôtez pas mon deuxième Soleil !
- Vous êtes têtu (e) comme une bourrique, vous ! On vous a aligné (e), parce qu'il est formellement interdit de se fendre la pêche. Point barre !
( Le visiteur se tient la tête à deux mains et balbutie)
- Surréaliste.
- Ici c'est l'Autorité ! Pas le mouvement Dada* !
– « Adada sur mon poney, quand il trotte, il fait oplé, opla, au galop, au galop… ! Aaah, vous venez de pouffer de rire M. l'Agent ! Contravention de 4ème classe,135 euros ! Ça vous parle ? »
(L'Agent n'en peut plus et s'avoue vaincu)
– Reprenez votre Pièce d'Identité et éclipsez-vous ! Vous êtes irrécupérable !
- Avec tout le respect que je vous dois, M. l'Agent, moi je dis le début, et vous la fin : « One two, tree, viva… ? »
– Partez, j'vous dis !
( Le jeune Nationaliste s'éloigne et lui crie ) :
– L'Algérieeee !
Texte et dessin : Omar HADDADOU 2024
Bendir* : Instrument de percussion. Bouhadmama* : La taule, prison (Substantif dérivé du verbe arabe « yahdem », il enfonce, engouffre ) Mouvement Dada* : Courant intellectuel, littéraire et artistique du XXe siècle.
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Journée mondiale de lutte contre le Sida
Lors de la Journée mondiale de lutte contre le Sida, célébrée le 1er décembre 2024 à l'hôtel Montana, les revendications des personnes vivant avec le VIH (PVVIH) ont occupé une place centrale. Le Comité national de plaidoyer des populations clés en Haïti (CNPPCH) incluant d'autres concernés ont mis l'accent sur des appels urgents, brandissant des pancartes aux messages percutants tels que « Nou bezwen sekirite », « Batay kont VIH/Sida pap kanpe », « Fok wout yo debloke », et « Nou bezwen èd pou PVVIH ki viktim vyolans ».

Edouard Dieufait, président de la FEDHAP+ (fédération Haïtienne des associations de PVVIH), a rappelé que le VIH ne se réduit pas à une problématique de santé publique, mais est avant tout une question de droits humains. Il a insisté sur la nécessité de politiques publiques inclusives, rappelant aux décideurs politiques l'urgence d'adopter des mesures favorisant l'inclusion sociale et la pleine participation des PVVIH à la vie de la société. Il a remis un document de plaidoyer au MSPP, demandant au gouvernement de prendre en compte ces revendications dans ses priorités.

Pour sa part, Jhonny Lafleur, président du CNPPCH (Comité national de plaidoyer des populations clés en Haïti), a affirmé que les PVVIH, au-delà de leur statut sérologique, sont des citoyens à part entière, avec les mêmes droits et dignité que tous. Il a lancé un appel à l'unité et à l'engagement de tous les secteurs de la société, soulignant que la lutte contre le VIH est une cause commune qui nécessite la mobilisation de tous pour garantir un avenir sans discrimination ni stigmatisation.
Ces revendications ont exprimé la nécessité impérieuse de garantir la sécurité des PVVIH, de poursuivre la lutte contre le VIH, et de répondre aux besoins d'assistance pour les victimes de violences. Les manifestants ont exigé une action immédiate pour lever les obstacles qui entravent l'accès à des soins de santé, à un emploi et à des conditions de vie dignes.
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gauche.media
Gauche.media est un fil en continu des publications paraissant sur les sites des médias membres du Regroupement des médias critiques de gauche (RMCG). Le Regroupement rassemble des publications écrites, imprimées ou numériques, qui partagent une même sensibilité politique progressiste. Il vise à encourager les contacts entre les médias de gauche en offrant un lieu de discussion, de partage et de mise en commun de nos pratiques.