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Les plus récents développements aux tables de la FAE et de la FSE-CSQ (Texte 1)

6 décembre 2023, par Yvan Perrier — , ,
Nous sommes manifestement dans ce qui a pour nom la dernière grande étape de la présente ronde de négociation dans les secteurs public et parapublic. La présidente du Conseil (…)

Nous sommes manifestement dans ce qui a pour nom la dernière grande étape de la présente ronde de négociation dans les secteurs public et parapublic. La présidente du Conseil du trésor, madame Sonia Lebel, a présenté à la FAE, (lundi le 4 décembre 2023 et le lendemain à la FSE-CSQ) une « proposition verbale d'entente sectorielle de principe exploratoire » accompagnée d'une annexe d 'une page et demi.


Les réactions syndicales

La présidente de la FAE, madame Mélanie Hubert, n'a pas encore commenté le contenu de la « proposition verbale exploratoire » portant sur les enjeux normatifs (organisation du travail, statut à l'emploi, tâche, affectations, etc.), alors que la présidente de la FSE-CSQ, madame Josée Scalabrini, a publiquement exprimé sa déception devant les pistes envisagées, à ce moment-ci, par le Conseil du trésor pour arriver à une entente de principe. Il s'agit, pour la présidente de la FSE-CSQ, d'une offre qui est loin de répondre aux attentes des enseignantes et des enseignants qu'elle représente. Bien qu'insuffisante pour déboucher sur un projet d'entente formelle, les ponts ne sont pas pour autant coupés entre les parties. La FSE-CSQ considère le « dépôt exploratoire » comme correspondant à un signal positif pour poursuivre les échanges avec le gouvernement.

En dernière heure, nous apprenons que le gouvernement du Québec doit présenter aux porte-parole du Front commun CSN-CSQ-FTQ et APTS une offre salariale bonifiée cet après-midi autour de 15h

Yvan Perrier

6 décembre 2023

13h45

Sources :

https://www.lafae.qc.ca/actualites/actu-proposition-verbale . Consulté le 6 décembre 2023.

https://www.facebook.com/search/top?q=fse-csq . Consulté le 6 décembre 2023.

Lexique

FAE : Fédération autonome de l'enseignement, environ 66 000 membres en grève générale illimitée.

FSE-CSQ : Fédération de syndicats de l'enseignement affilié à la Centrale des syndicats du Québec (CSQ). La FSE-CSQ négocie en ce moment avec l'Association provinciale des enseignantes et des enseignants du Québec (APEQ-QPAT). Ces deux regroupements comptent environ 100 000 membres et font partie du Front commun CSN-CSQ-FTQ et APTS.

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PROJET DE GAZODUC ÉNERGIR / MÉGADÉPOTOIR WM de Ste-Sophie, une opération en voie de passer comme une lettre à la poste ?

5 décembre 2023, par Collectif — , , ,
Ce deuxième gazoduc (Papier Rolland#1) est un projet inutile et essentiellement destiné à des intérêts privés. Il se ferait au détriment de milieux humides et d'importants (…)

Ce deuxième gazoduc (Papier Rolland#1) est un projet inutile et essentiellement destiné à des intérêts privés. Il se ferait au détriment de milieux humides et d'importants risques pour les aquifères environnants.

Ce projet avaliserait pour encore 20 ans le pire mode de gestion des matières résiduelles, le méga-enfouissement pêle-mêle de la matière organique. Il ferait de Ste-Sophie et de la MRC de la Rivière-du-Nord, la poubelle du Québec, avec près de 20 % de tous ses déchets annuels et 400 camions qui chaque jour déferlent sur cette localité.

Une plainte formelle à l'Office de la protection du consommateur a récemment été déposée contre Énergir pour « représentations fausses ou trompeuses » notamment sur la question du prétendu gaz naturel renouvelable, le « GNR ».

Une consultation publique et une enquête du BAPE ont été obtenues du ministère de l'Environnement par des citoyens, des citoyennes et des organismes environnementaux de la région.

POSER UNE QUESTION À ÉNERGIR, C'EST POSÉ UN GESTE CITOYEN POUR LA PROTECTION DE L'EAU, DES MILIEUX HUMIDES ET DU CLIMAT !

La première partie de cette consultation se tiendra les 5 et 6 décembre. Elle est destinée aux questions sur le projet. Elle est ouverte à tous et à toutes, en présentiel ou en virtuel.

(La deuxième partie des audiences, celle des opinions/mémoires débutera le 16 janvier 2024.)

Consultez cette liste, une suggestion de questions sélectionnées pour intervenir sur place ou virtuellement. (https://docs.google.com/document/d/1rjDynp2B3JhwmysAn7u59My8huPgueZQpMZI_xih4bI/edit?usp=sharing )

QUAND : mardi le 5 décembre dès 19h. et mercredi le 6 décembre 2023, dès 13h30 (19h = à confirmer)

OÙ : Salle Le Tapis Rouge, 348 rue St-Georges, J7Z 5A5 au centre-ville de Saint-Jérôme

Infos du BAPE sur le projet de gazoduc d'Énergir avec le mégadépotoir WM Ste-Sophie
https://www.bape.gouv.qc.ca/fr/dossiers/raccordement-complexe-valorization-biogaz-biomethanisation-ste-sophie-mirabel

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Un manifeste pour l’écosocialisme

5 décembre 2023, par Clémentine Autain — , ,
C'est une somme, et elle est passionnante. Mon ami Hendrik Davi, à la fois biologiste, ancien syndicaliste et aujourd'hui député LFI, vient de publier Le capital c'est nous, un (…)

C'est une somme, et elle est passionnante. Mon ami Hendrik Davi, à la fois biologiste, ancien syndicaliste et aujourd'hui député LFI, vient de publier Le capital c'est nous, un manifeste pour une justice sociale et écologique. Aussi érudit qu'accessible dans l'écriture, abstrait que concret, cet essai dresse les défis d'aujourd'hui pour un projet d'émancipation et prend à bras-le-corps la question stratégique. Un pari audacieux qui a le mérite de nous éclairer dans ces temps obscurcis…

5 novembre 2023 | tiré du site de la gauche écosocialiste
https://gauche-ecosocialiste.org/6343-2/

Tout au long de la lecture, j'ai été frappée par la proximité d'idées que je peux avoir avec cet animateur de la Gauche écosocialiste, avec ce qu'il analyse et ce qu'il propose comme chemin – et pourtant, nous n'y arrivons pas toujours avec les mêmes références, et nous n'avons pas le même parcours. Je retiendrai ici seulement quelques points saillants, en vous invitant à plonger dans le détail de son dense récit. Ce livre ne règle évidemment pas toutes les questions qui sont devant nous mais il débroussaille l'horizon et la méthode.

Capitalocène

D'abord, je signe et contresigne l'assertion première : la tension sur laquelle nous devons nous appuyer pour créer des dynamiques révolutionnaires, des « points de basculement des pouvoirs », c'est « la contradiction entre la préservation de la planète et la société de consommation ». Pour décrire la période actuelle, Hendrik Davi préfère parler de « capitalocène » que d' « andropocène ». Car « le régime d'accumulation capitaliste est responsable de l'ampleur qu'ont pris les désordres écologiques ». Il est donc nécessaire de dépasser le capitalisme pour retrouver de l'équilibre dans les rapports entre la nature et l'humanité, ce qui suppose de « transformer en profondeur notre appareil de production et nos modes de consommation ». Or ce changement est impossible « dans un monde où la logique d'accumulation du capital surdétermine les décisions économiques ». Cela ne veut pas dire que le capitalisme, vert, ne puisse pas résoudre une partie des défis environnementaux. Mais, comme le capitalisme va de pair avec la société de consommation, qui représente une base matérielle sur laquelle réaliser des profits, il existe une « contradiction insoluble » entre l'expansion infinie du capital et la résorption de la crise écologique.

Écosocialisme

Opposé à la logique d'effondrement qui supposerait que tout est perdu, partisan de la planification écologique, Davi s'attache à redéfinir la valeur monétaire d'une marchandise, dans une formule apparemment complexe : « temps de travail social incluant le capital constant et le capital variable, multiplié par l'empreinte écologique, inversement proportionnel à l'utilité social ». Autrement dit, le jeu de l'offre et de la demande sont aujourd'hui biaisés par le marketing et la publicité qui créent des besoins artificiels. Il ne permet pas, seul, de fournir le niveau d'utilité sociale de la marchandise. Davi propose donc d'inclure à la fois la valeur sociale du travail accompli et l'empreinte écologique : « plus une marchandise requiert de travail social, plus son empreinte écologique est forte, moins son utilité sociale est élevée, plus elle doit être chère ». Sage et juste proposition qui donne à voir l'articulation nécessaire entre le social et l'écologie et qui dit combien les règles communes, l'État, la loi peuvent décider de ne plus laisser le champ libre aux normes du marché.

Boussoles éthiques

Comme « les principes moraux guident les actions », Davi s'attache par ailleurs à fonder le projet émancipateur sur une éthique et des fondements philosophiques : il en va de notre « boussole ». L'auteur, qui cherche à réinsuffler du matérialisme dans le raisonnement de Kant, écrit : « le choix moral n'a d'intérêt social que s'il a une conséquence en acte ». Nous voici ramenés à une pensée qui m'est très chère, et depuis fort longtemps : l'existentialisme sartrien, « où les hommes et les femmes ne se construisent que par leurs actes », et j'ajouterai pour ma part gorzien, tant André Gorz fut un maître d'œuvre remarquable de cette théorie. Davi pose alors quatre principes pour fonder une éthique émancipatrice : un rapport apaisé et durable avec la biosphère (Gaïa), un développement harmonieux des sociétés humaines (égalité), la nécessaire réciprocité des engagements entre humains (solidarité), l'objectif de liberté matérielle et intellectuelle pour toute existence (émancipation).

Utilité de la démocratie

Pour parvenir à ces objectifs, tout au long de l'ouvrage, Davi déploie une panoplie d'arguments pour la démocratie. Au fond, il la prend très au sérieux, non pas comme un poncif ou un simple parti pris théorique mais davantage comme une méthode indispensable, pragmatique, pour parvenir à nos fins. Car, nous dit-il, « l'idéal démocratique part d'une hypothèse qui me semble juste : plus nous sommes nombreux à réfléchir à un problème, plus nous avons de chances de trouver les solutions les plus appropriées ». La multiplication des points de vue et la liberté de penser sont des forces, à condition que toujours plus de citoyens aient toujours davantage accès à l'éducation et à l'information : « plus le caractère démocratique est important, plus la décision est donc lente à prendre, mais elle a plus de chances d'emporter l'adhésion du plus grand nombre, ce qui accroît son efficacité ». Par ailleurs, Davi affirme ce qui peut sembler une évidence mais qui en réalité n'est pas si simple : « la transformation radicale de la société ne doit pas avoir lieu contre la majorité de la population ».

Éloge de la théorie et la dialectique

La seconde moitié du livre de Davi est consacrée aux stratégies révolutionnaires, avec pour question : « comment reprendre collectivement le volant d'un bolide fonçant dans un mur, à un conducteur ivre mort et shooté à la cocaïne ? ». La difficulté majeure est d'affronter les classes dominantes dont les intérêts sont liés aux modes de production et de consommation en place. Or, par définition, même si la bourgeoisie porte en elles des contradictions à saisir, celles-ci dominent idéologiquement, économiquement et politiquement. Pour nous orienter dans l'affrontement inéluctable avec ces classes dominantes, nous avons besoin de théorie politique. Davi la distingue de l'idéologie, cette « élaboration et reproduction d'un corpus fixe d'idées qui cassent le ressort idéologique », en rappelant que « ce que nous enseigne la trahison stalinienne, c'est aussi qu'une théorie de l'émancipation doit penser les garde-fous qui permettront d'éviter un retour de l'orthodoxie et une fossilisation de la théorie ». Face à la complexité du monde et à ses réalités mouvantes, nous avons donc besoin de « flexibilité radicale selon la situation ». C'est ainsi que Davi nous livre un éloge de la dialectique, qui doit s'ancrer dans la praxis. Permettant de « sans cesse redéfinir les concepts à la lumière des situations », la dialectique va à l'encontre d'une vision figée des choses. La tâche des dialecticiens, c'est à la fois de permettre de mieux démasquer les mécaniques d'imposture des classes dominantes, qui consistent notamment à dévier le sens des mots, et de produire un imaginaire commun alternatif, reposant sur des pratiques concrètes, des gisements de communisme au sein même de la société capitaliste – « en prouvant la faisabilité d'un autre monde, ils le rendent tangibles ».

Médiations et forme parti

En lisant ce livre, j'ai découvert que je partageais avec Davi une attention majeure pour les médiations. Syndicats, partis, associations doivent faire l'objet d'une réflexion approfondie sur leur mode de fonctionnement et sur leurs relations. Se prémunir des processus de bureaucratisation et de la captation des pouvoirs par un petit nombre n'est pas facile mais essentiel.

Si Davi développe sur les indispensables mobilisations sociales et sur le rôle des syndicats, je m'arrête ici sur son approche de la formation politique dont nous avons besoin. Défendant la forme du parti plutôt que le gazeux, il nous met en garde contre le caractère anti-démocratique d'un mouvement informel : l'un des avantages du parti sur celui-ci, c'est que le choix de la direction peut être décidé démocratiquement. La structuration donne moins libre cours aux mécanismes de domination et de captation des pouvoirs, à condition d'être « le lieu d'une véritable révolution permanente » avec des outils démocratiques tels que la rotation et le non-cumul des mandats.

Davi aborde avec justesse la place de l'intellectuel organique qu'il conçoit dans un mouvement de va-et-vient avec les militants : celui-ci doit « pouvoir nourrir l'organisation politique d'un arrière-plan théorique qui donne de la consistance, tant à la construction de l'horizon émancipateur qu'aux stratégies révolutionnaires. À travers la praxis, il est lui-même nourri par l'expérience collective ». S'il existe bien une séparation entre le travail intellectuel et le travail pratique, il ne doit pas y avoir de « séparation de classe » avec, d'un côté, « ceux qui collent les affiches », et de l'autre, « ceux qui rédigent les positions » de fond ou stratégiques : il faut des allers-retours entre les deux. Davi ajoute : « la formation intellectuelle est nécessaire mais elle ne peut se substituer à la formation par l'action militante et le débat démocratique ».

Par ailleurs, la prise du pouvoir central ne peut se concevoir sans imaginer aussi des moyens de prendre des positions dans les collectivités locales : « l'ancrage territorial est un autre élément clé de notre stratégie révolutionnaire ». À condition de se prémunir de la tendance des militants politiques qui participent aux institutions, locales ou nationales, à « faire corps avec l'idéologie dominante qui les imprègne ».

Au total, Davi plaide pour la reconstruction d'un « grand parti de masse apte à entretenir des relations confraternelles avec les autres organisations de gauche, les syndicats et des myriades d'associations. (…) Il faut éviter la subordination des autres forces qui composent notre écosystème de l'émancipation. Nous devons aussi approfondir le fonctionnement démocratique ». Et de rappeler que « la fossilisation stalinienne a limité la capacité du PCF à se transformer de l'intérieur en acceptant les critiques formulées par des générations de communistes : une démocratie vivace et la possibilité de faire vivre le pluralisme sont des conditions essentielles à la réussite d'une nouvelle force politique ».

Se préparer au jour d'après la victoire

Défenseur de la Nupes, surtout dans le cadre de la tripartition politique, Davi précise qu'« il nous faut toujours trouver le bon compromis entre le rassemblement le plus large possible et la clarté des revendications ou du programme. Nous l'avons vu dans de nombreux pays, gagner des élections sur un programme trop flou et avec une volonté politique trop molle, qui accompagne le capitalisme sans l'affronter, conduit à la démobilisation, notamment des classes populaires. » Davi nous met aussi en garde sur le jour d'après la victoire, qui ne peut être un impensé, notamment au vu des nombreux échecs de la gauche au pouvoir, en France et ailleurs. Il nous faut donc « nous préparer très minutieusement à l'affrontement qui vient ». Il en va de notre capacité à mettre en œuvre des solutions transitoires face à l'offensive des marchés, de notre rapport aux hauts fonctionnaires qui « organisent toujours avec le même zèle la casse des services publics » ou du débordement du gouvernement par le mouvement social et la rue, « condition pour que la lutte des classes avance dans la bonne direction ».

Rien d'exhaustif dans ma lecture ici livrée de ce manifeste pour une justice sociale et écologique. Conscient du caractère « périlleux » de son projet d'écriture et persuadé que « les meilleures synthèses sont collectives », Davi pose des jalons stimulants pour dégager le chemin de la victoire d'une gauche digne de ce nom.

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Andreas Malm s’attaque à la pensée de Latour et Descola

5 décembre 2023, par Nicolas Celnik — ,
Dans son dernier essai, le géographe suédois Andreas Malm, ardent défenseur du sabotage, critique l'abolition de la distinction entre nature et culture, qui n'est pas en mesure (…)

Dans son dernier essai, le géographe suédois Andreas Malm, ardent défenseur du sabotage, critique l'abolition de la distinction entre nature et culture, qui n'est pas en mesure de nourrir « une haine de classe écologique ».

Tiré de Reporterre
3 novembre 2023

Par Nicolas Celnik

(La traduction française de l'essai Avis de tempête du géographe suédois Andreas Malm vient d'être publié. Brandon Bell/Getty Images vis AFP)

C'est un intellectuel de premier plan qui n'a pas voulu voir l'évidence en face : en 1938, Sigmund Freud fut l'un des derniers à comprendre la menace de l'arrivée des nazis à Vienne. Il fallut l'exfiltrer d'Autriche au dernier moment, et plusieurs membres de sa famille payèrent le prix de son aveuglement. « L'analogie avec l'urgence climatique actuelle est évidente : quand on ne panique pas de façon appropriée, on ne peut pas prendre de mesures radicales en conséquence », écrit le géographe suédois Andreas Malm dans un essai daté de 2020 et traduit cette année en français, Avis de tempête — Nature et culture dans un monde qui se réchauffe (La Fabrique). Il s'agit donc, selon lui, de faire deux choses : paniquer, et le faire bien.

Andreas Malm a été érigé, un peu trop vite, en intellectuel de référence des Soulèvements de la Terre parce qu'il développait dans Comment saboter un pipeline (La Fabrique, 2020) une théorie justifiant le recours au sabotage et l'abandon du principe de non-violence par le mouvement écologiste. S'il continue d'affirmer qu'au vu de l'urgence, « il faut saboter », il prend cette fois le temps de clarifier le rôle que doit occuper la théorie dans le mouvement climat. Et selon lui, la théorie « peut faire partie du problème » si elle ne contribue pas à rendre clairs les objectifs. Un impératif qu'il traduit ainsi : « Toute théorie adaptée à l'état de réchauffement doit avoir comme point de repère pratique […] la lutte pour la stabilisation du climat — dont la première étape nécessaire est la destruction de l'économie fossile. Une telle théorie doit dégager des marges d'action et de résistance. »

« La première étape : la destruction de l'économie fossile »

Première étape de cette clarification : contredire les courants de pensée que l'auteur d'Avis de tempête juge contreproductifs dans la lutte pour la stabilisation climatique. L'intellectuel suédois désigne avant tout ceux qui affirment que la « nature » n'existe pas : soit parce qu'elle serait aujourd'hui trop artificialisée par les humains (c'est le constructionnisme du géographe britannique Neil Smith) ; soit parce qu'elle serait hybridée à la culture (c'est ce que défend le philosophe français Bruno Latour) ; soit parce qu'elle aurait une « puissance d'agir » qu'il s'agit de reconnaître (on retrouve là aussi Bruno Latour).

En visant ces courants de pensée, Malm s'attaque à un double patronage devenu central dans les sciences humaines françaises, celui de Bruno Latour et celui de l'anthropologue Philippe Descola. Tous deux appellent à penser Par delà nature et culture (d'après le titre de l'ouvrage de Philippe Descola, paru en 2005) afin de changer d'ontologie, c'est-à-dire de manière de se représenter le monde. Selon eux, ce changement est crucial pour arrêter de se penser maîtres et possesseurs de la nature. Ce « tournant ontologique » dans les sciences humaines a eu une influence considérable sur tout un pan des pensées de l'écologie. Il a donné naissance à la « philosophie du vivant » aujourd'hui animée par de nombreuses personnes, dont Baptiste Morizot, Nastassja Martin ou encore Vinciane Despret.

Andreas Malm bat en brèche la philosophie du vivant, tel que développée par Morizot ou Despret. © Mathieu Génon / Reporterre

Sauf que pour Malm, ce cadre de pensée « ne peut être que de très mauvais conseil » dans les circonstances actuelles : pour lui, « la tâche vitale de la théorie [est de] maintenir la distinction analytique afin de dégager la façon dont les propriétés de la société s'entremêlent avec celles de la nature ». Autrement dit, ce que les intellectuels doivent faire, c'est rendre claire la responsabilité des élites à la tête de l'économie fossile dans la catastrophe qui s'annonce.

Sans le citer, Malm reprend ce qu'écrivait Kant du « lieu commun » : « Il se peut que ce soit juste en théorie, mais en pratique, cela ne vaut rien. » Ainsi, quand Latour défend l'idée qu'« il n'existe pas un seul cas dans lequel il serait utile de distinguer entre ce qui est “naturel” et ce qui “n'est pas naturel” », Malm propose un exercice de pensée. Imaginons, écrit-il, une entreprise qui déverse une marée noire dans le delta d'une rivière. Plutôt que de se poser une question latourienne abstraite du genre « qui du pétrole ou de l'eau a englouti l'autre ? », comme Malm s'amuse à le penser, il faut étudier les « propriétés spécifiques » de la biodiversité du delta d'un côté (avec ses dauphins, oiseaux migrateurs, chaîne alimentaire, etc.), et, de l'autre, « les procédures opérationnelles de l'entreprise, les rouages de la recherche du profit, le niveau de concurrence dans l'industrie pétrolière », le premier terme étant bien évidemment « naturel » quand le second ne l'est pas.

« Nous avons ardemment besoin d'une haine de classe écologique »

Maintenir cette distinction analytique entre nature et culture est alors un enjeu stratégique : en bon écomarxiste, le Suédois soutient que rien ne vaut la dialectique pour séparer le bon grain de l'ivraie : « ExxonMobil dans un coin, et le pergélisol, vulnérable, dans un autre — et ensuite, passer à l'action. » Considérer que la nature est dotée d'une agentivité peut conduire à voir dans le réchauffement climatique une forme de vengeance des puissances telluriques, une révolte de la Terre contre l'humanité. Pour Malm, cette posture justifie une jouissance du désastre contre-productive : ceux qui pâtissent de la crise environnementale ne sont pas ceux qui la provoquent, cette histoire de vengeance semble donc mal troussée. Et c'est là où affleurent de nouveau les questions stratégiques : pour Malm, la nature ne peut pas être considérée comme un sujet révolutionnaire, parce que « ses retours de flamme sont aléatoires et non subjectifs », et que l'« on n'acclame pas un ouragan comme on acclame une grève ».

De ce monde de nouveau séparé entre nature et culture, Malm en vient à un éloge de la polarisation, avec des formules bien senties : « Sans politique de la polarisation ni façon de penser oppositionnelle, nous nous condamnons à une chute sans ressaut vers l'abîme. La guerre politique contre une classe dominante toujours plus mortifère nécessite des manuels remplis de dualités. » De ces manuels naîtra « une perception juste qui fonde le sentiment dont nous avons sans doute le plus ardemment besoin dans un monde en réchauffement : une haine de classe écologique dirigée contre les acteurs de l'économie fossile ».

Ambiguïtés

Avis de tempête est un livre fidèle à la volonté d'Andreas Malm de tracer des lignes claires, tant dans les fondements théoriques (un écomarxisme posant comme centrale et capitale la question du réchauffement) que dans les perspectives stratégiques du mouvement climat (arrêter l'économie fossile, par tous les moyens). Mais on y trouve aussi les ambiguïtés de l'auteur : d'abord, un « léninisme écologique », qui, convoquant l'urgence climatique pour justifier l'autorité, force à établir des lignes de partage claires et tire à boulets rouges sur des penseurs comme Bruno Latour sans penser l'inclure dans le « camp » des alliés potentiels.

Dans La chauve-souris et le capital (La Fabrique, 2021), Malm assurait que « l'État devrait se charger » d'imposer « des restrictions draconiennes » : une vision très verticale du pouvoir, à rebours des enjeux démocratiques, horizontaux et émancipateurs portés par tout un courant de l'écologie politique.

Ce que les intellectuels doivent faire, c'est rendre claire la responsabilité des élites à la tête de l'économie fossile dans la catastrophe qui s'annonce. © Twitter/Alternatiba Paris

Si Malm est précieux pour rappeler qu'il existe un pôle constitué par les élites des hydrocarbures, les solutions qu'il propose de mettre en place ont de quoi créer de nouvelles divisions. Pour lui, « le déploiement massif de technologies à émissions négatives [de CO2] » est « un projet révolutionnaire pour les quelques siècles à venir ». Position trouble du géographe sur un sujet qui ne l'est pas moins : faire l'éloge des technologies de stockage de carbone, dont l'efficacité à grande échelle n'est pas prouvée, sans mentionner des solutions fondées sur la nature, comme l'agroécologie, l'agroforesterie, etc., semble indiquer un désintérêt pour nombre des projets alternatifs déjà existants.

Comme le soulignait un long portrait consacré au géographe dans la revue Terrestres, vu l'importance prise par Malm récemment, « ses angles morts peuvent devenir nos angles morts, et ses limites nos limites ». Cet essai démontre qu'abolir la distinction nature/culture peut être contreproductif d'un point de vue stratégique, mais il illustre aussi, en creux, que différencier les « amis » des « ennemis de classe » est une posture risquée à bien des égards.

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Travailler moins ne suffit pas | Julia Posca

5 décembre 2023, par Éditions Écosociété, Julia Posca — , ,
Alors que le Front commun du secteur public s'apprête à déclencher la grève, Julia Posca livre une réflexion audacieuse sur la réduction du temps de travail, une mesure aussi (…)

Alors que le Front commun du secteur public s'apprête à déclencher la grève, Julia Posca livre une réflexion audacieuse sur la réduction du temps de travail, une mesure aussi souhaitée qu'incomplète.

Le livre *Travailler moins ne suffit pas*, de la chercheuse à l'IRIS Julia Posca, va paraître *en librairie le 14 novembre 2023*.

*En bref : *Qui n'a jamais rêvé de travailler moins ? Pourtant, est-ce seulement le nombre d'heures travaillées qui pose problème ou la nature même de nos emplois ?

*À propos du livre*

Temps supplémentaire (obligatoire ou non), cumul d'emplois pour boucler les fins de mois, impératif de performance, conciliation travail-famille ardue : beaucoup de nos concitoyen·nes sont épuisés. En 2019, selon une enquête de Statistique Canada, environ le quart de la population du Québec identifiait le travail comme « principale source de stress de la vie de tous les jours », alors que « 70 % indiquaient que leur expérience en milieu de travail avait des répercussions sur leur santé mentale… ».

Dans ce contexte, la réduction du temps de travail apparaît comme une panacée. Par ailleurs, rarement a-t-on vu le Conseil du patronat du Québec et les syndicats manifester tous les deux un intérêt pour une même mesure, que ce soit afin de fidéliser la main-d'œuvre ou d'améliorer sa qualité de vie. En passant moins de temps au boulot, nous pourrions enfin reprendre notre souffle et consacrer plus de temps à nos relations sociales, aux tâches domestiques ou à l'engagement communautaire. Nous pourrions enfin nous épanouir… à l'extérieur du travail.

Mais suffit-il vraiment de travailler moins pour retrouver l'équilibre entre les différentes facettes de nos vies surchargées ? Cette solution serait-elle à même de « réenchanter » le travail, de lui redonner un sens et de permettre aux personnes salariées de se sentir utiles et valorisées ? Autrement dit, est-ce seulement le nombre d'heures travaillées qui pose problème ou bien le travail lui-même ?

Interrogeant notre rapport au travail, explorant sa nature et envisageant les voies à emprunter pour lui redonner un sens, Julia Posca propose ici une réflexion originale sur les finalités de notre économie. Une invitation à revoir l'organisation du travail pour qu'il réponde d'abord aux besoins les plus « authentiques » : assurer à tous et toutes une existence digne, entretenir des relations riches et léguer une vie bonne aux futures générations.

*À propos de l'autrice*

Julia Posca est sociologue et chercheure à l'Institut de recherche et d'informations socioéconomiques (IRIS). Membre du comité de rédaction de la revue Liberté, elle a notamment fait paraître *Le manifeste des parvenus* (Lux, 2018).

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Kamilya Jubran, pourvoyeuse d’accords de paix

5 décembre 2023, par Clément Garcia — , ,
Tiré de L'Humanité https://www.humanite.fr/culture-et-savoir/guerre-israel-hamas/kamilya-jubran-pourvoyeuse-daccords-de-paix photo : La compositrice et chanteuse (…)

Tiré de L'Humanité
https://www.humanite.fr/culture-et-savoir/guerre-israel-hamas/kamilya-jubran-pourvoyeuse-daccords-de-paix

photo : La compositrice et chanteuse franco-palestinienne Kamilya Jubran à Paris, le 23 novembre 2023. © Marion Esquerré

La musicienne palestinienne a construit une œuvre à cheval entre l'Europe et son pays d'origine et de cœur. Elle assiste, effarée et désabusée, au drame qui s'abat à nouveau sur son peuple, sans perdre l'espoir de jours meilleurs. Elle jouera ce vendredi 1er décembre au festival /No Border/ de Brest.

Par Clément Garcia <https://www.humanite.fr/auteurs/cle...> , journal L'Humanité (France), pages culture et savoir, mise à jour 2023-12-02 à 10h02

www.humanite.fr/culture-et-savoir/guerre-israel-hamas/kamilya-jubran-pourvoyeuse-daccords-de-paix

Kamilya Jubran a le sourire des jours tristes. La musicienne palestinienne de 61 ans, oudiste virtuose à la voix de rossignol, peut pourtant s'estimer comblée. Qu'elle joue avec le trompettiste et musicien électro Werner Hasler, son complice depuis vingt ans, la prodige de la contrebasse Sarah Murcia, ou avec le trio de son projet Terrae Incognitae, c'est toujours avec le même entrain et sous les mêmes louanges. Mais comment s'extraire de l'actualité si brutale qui frappe à nouveau son peuple ? Un mélange de colère rentrée et de lassitude se lit sur son visage encadré d'une crinière blanche. Aujourd'hui, il lui faut penser au lendemain, au concert qu'elle donne à Hyères (Var), déclinaison pour la scène de l'album Wa, le troisième conçu avec Werner Hasler, en 2019.

Ce 1er décembre, c'est pour le festival No Border, à Brest <https://www.festivalnoborder.com/> ,, qu'elle s'envolera avec un autre projet dans ses bagages, la quatrième mouture de « Terrae Incognitae », avec la joueuse de koto Mieko Miyazaki et la harpiste Hélène Breschand. « C'est un projet en quatre volets avec un trio féminin, une sorte de plateforme de rencontres instantanées avec des musiciennes qui jouent librement. Une invitation ouverte et une rencontre de cultures et d'esthétiques différentes », détaille-t-elle.

Pour conduire le projet, Kamilya Jubran a fondé l'association Zamkana <http://www.kamilyajubran.com/projec...> , mot-valise qui signifie « lieu pour prendre son temps ». La structure avait déjà porté Sodassi, dialogue de six musiciens du Proche-Orient, libanais, égyptiens et palestiniens. « C'était une occasion pour ces jeunes artistes de se rencontrer pour se poser des questions. Depuis, chacun a sorti un album et tous réclament qu'on continue. Mais ce n'est pas facile de se retrouver… »

*Sabreen, groupe populaire dans les territoires occupés*

La passion que cette fille de luthier voue à la musique peut enfin s'exprimer quand, à la fin des années 1980, elle fonde, à Jérusalem-Est, le groupe Sabreen, phénomène populaire dans les territoires occupés et parmi la population arabe d'Israël. « Beaucoup de membres du groupe jouaient du pop-rock des années 1970, mais nous nous inspirions surtout de la musique séculaire du monde arabe, se remémore la musicienne. Dans la démarche, on était un groupe de rock très engagé, affilié à la vague de la chanson résistante, mais en évitant les slogans. De toute façon, le simple fait d'exister là-bas, c'est faire de la politique, il n'y a pas le choix. »

En vingt années d'existence et quatre albums qui empruntent les vers des poètes palestiniens – qu'elle tient à nous présenter – Samih al-Qâsim, Taoufik Ziyad, Fadwa Touqan, Hussein Al-Barghouti ou Mahmoud Darwich, le groupe se taille une réputation qui dépasse de loin les frontières précaires de son pays. Auréolée d'une gloire locale, Kamilya Jubran part pour l'Europe, en 2002, « recharger (ses) batteries ».

« La situation était très dure en Palestine, se souvient-elle. On a compris que le processus de paix était un mensonge. Et nous, les artistes, étions punis deux fois : par l'occupation et par les pays européens qui avaient stoppé leurs subventions. » La chanteuse atterrit en Suisse avec son oud, à la faveur d'une bourse, en pleine seconde Intifada, et prend la décision de ne pas retourner en Palestine. « Ça a été très dur, je me suis moi-même choquée », lâche-t-elle.

*« On ne veut pas de nous »*

C'est que Kamilya Jubran chérit la terre où elle a grandi, en Galilée, dans le village d'El Rameh. Une terre ballottée par une histoire qu'elle connaît par cœur et dont elle parle avec satiété : l'Empire ottoman, la Première Guerre mondiale, les mandats français et britannique, puis l'installation de l'État hébreu. Sa famille échappe à l'exode mais vit un exil intérieur. « Il fallait sans cesse demander des autorisations à l'armée israélienne. Je ne sais pas comment ils se sont soignés, par la musique sans doute. » C'est en fréquentant l'université hébraïque de Jérusalem, à 19 ans, qu'elle comprend « ce que c'est qu'être palestinienne : on ne veut pas de nous ».

Elle aimerait aujourd'hui retourner auprès de son peuple, en partager la souffrance, notamment avec ses amis de Gaza dont elle a perdu contact depuis l'entrée de l'armée israélienne dans l'enclave assiégée. « Mais je n'ai pas envie de passer par l'aéroport Ben-Gourion ( de Tel-Aviv – NDLR ). Dès que j'y passe, j'ai l'impression d'être coupable. Ce sentiment ne change pas, même si, aujourd'hui, j'ai moins peur. Se taire, baisser la tête font partie du projet idéologique. Le mot apartheid met une vérité là-dessus », accuse-t-elle.

Si la musicienne refuse de regarder les images horribles qui inondent les réseaux sociaux, c'est « pour ne pas perdre la raison ». Une raison qu'elle voit s'éloigner sans cesse, pointant dans l'État d'Israël « un projet qui se fatigue » et pour lequel « il est temps de faire une mise à jour ». « On a perdu notre sens de l'humanité, conclut-elle, mais je pense que chaque problème a sa solution, c'est pour ça que je continue d'y croire ».

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Négociation dans le secteur public - Le Front commun annonce une 3e séquence de grève du 8 au 14 décembre prochain

5 décembre 2023, par Alliance du personnel professionnel et technique de la santé et des services sociaux (APTS), Centrale des syndicats du Québec (CSQ), Confédération des syndicats nationaux (CSN), Fédération des Travailleurs et des travailleuses du Québec (FTQ) — ,
Le Front commun lance un ultimatum au gouvernement et annonce une nouvelle séquence de grève qui se tiendra du 8 au 14 décembre, inclusivement. « Il s'agit d'une ultime (…)

Le Front commun lance un ultimatum au gouvernement et annonce une nouvelle séquence de grève qui se tiendra du 8 au 14 décembre, inclusivement.

« Il s'agit d'une ultime séquence avant de déclencher la grève générale illimitée. Cette annonce témoigne de notre sérieux et de notre détermination à arriver à une entente avant les fêtes. Chaque fois, nous laissons place à la négociation, mais soyons clairs : nous maintiendrons la pression et poursuivrons notre stratégie qui consiste à déployer nos actions en crescendo. Et nous le ferons ensemble, en Front commun, et d'une seule voix ! », ont lancé les porte-paroles du Front commun, François Enault, premier vice-président de la CSN, Éric Gingras, président de la CSQ, Magali Picard, présidente de la FTQ, et Robert Comeau, président de l'APTS, en point de presse, mardi matin.

Avec 420 000 membres en grève pendant sept jours dans les secteurs de la santé et des services sociaux, de l'éducation et des cégeps, le Front commun rappelle que cette séquence serait la plus longue grève du secteur public depuis 50 ans.

« Tout le monde sait que nos conditions de travail ne sont pas acceptables, que nos tâches sont trop lourdes, que ce qu'on fait au quotidien n'est pas assez valorisé. Oui, il y a les salaires, et oui, il faut les augmenter. Mais ce sont toutes les conditions de travail qu'il faut améliorer dans nos réseaux », poursuivent les leaders syndicaux, faisant valoir que la population appuie les travailleuses et les travailleurs de nos réseaux publics, en éducation, au collégial et en santé et dans les services sociaux.

« Nos membres l'ont clairement senti sur les lignes de piquetage lors des trois jours de grève, la semaine dernière. Il se passe quelque chose au Québec, et le momentum est là, pour nos réseaux, pour les travailleuses et les travailleurs, pour les services et pour la population. Les pas de tortue sont insuffisants à cette étape-ci des négociations. C'est le temps d'ouvrir les moteurs, de faire descendre les mandats et d'arriver à un règlement à l'ensemble des tables de négociation. Tout est en place. Les organisations membres du Front commun ont même déjà prévu convoquer leurs instances respectives dans la semaine du 18 décembre prochain afin de faire le point sur la négociation et de s'assurer d'avoir une piste d'atterrissage, au besoin. »

Rappelons aussi que le Front commun a fait une demande de conciliation, le 16 novembre dernier, laquelle a généré un peu de mouvement. Les parties ont entrepris d'exposer chacune leur point de vue et de clarifier leurs positions. Les équipes de négociation accueillent favorablement ce changement à la table, mais cela n'exclut pas le besoin de maintenir la pression et de poursuivre la mobilisation pour que les choses progressent vers une entente concrète.

Le Front commun a toujours souhaité un règlement avant les fêtes, et le mandat voté par les membres permettait d'utiliser des séquences de grève selon les besoins de la négociation. C'est dans cette optique que cette ultime séquence de journées de grève se déploiera, mais il s'agit du dernier avertissement. « Si la négociation devait se prolonger, le gouvernement portera l'odieux des conséquences de son inaction et devra faire face à la mobilisation monstre de nos 420 000 membres. » Rappelons que le Front commun détient un mandat très fort, adopté à plus de 95 %, de déclencher une grève générale illimitée au moment jugé opportun.

Pour plus d'informations sur cette négociation : frontcommun.org.

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La bataille décisive du secteur public s’annonce pour la semaine du 8 au 14 décembre.

5 décembre 2023, par Roger Rashi — ,
Le Front commun intersyndical FTQ-CSN-CSQ-APTS fort de 420 000 membres a annoncé le 28 novembre qu'il fera grève durant sept jours, du 8 au 14 décembre. La FIQ, représentant 80 (…)

Le Front commun intersyndical FTQ-CSN-CSQ-APTS fort de 420 000 membres a annoncé le 28 novembre qu'il fera grève durant sept jours, du 8 au 14 décembre. La FIQ, représentant 80 000 infirmières, lui a emboité le pas en annonçant pour sa part quatre journées de débrayage, soit du 11 au 14 décembre. La FAE, syndicat d'enseignants de 60 000 membres hors du Front commun, est déjà en grève générale illimitée depuis jeudi dernier.

Le tableau est clair. Avec 560 000 salariés/es du secteur public potentiellement en grève pendant plusieurs jours, ça passe ou ça casse vers la mi-décembre.

Le rapport de force est présentement favorable aux travailleurs/euses du secteur public. La CAQ, à la baisse dans les sondages, est à son plus faible depuis son élection en octobre 2018. Cependant, l'opinion publique, comme le démontrent plusieurs sondages, appuie les revendications des travailleurs et travailleuses. Quant aux travailleurs et travailleuses du secteur public, leur niveau de mobilisation est à son plus haut. Les votes de grève à 95% ont donné lieu à d'immenses mobilisations partout à travers la province et les journées de grève tenues à date furent d'énormes succès.

Mais ce rapport de force bien que favorable reste fragile : une interruption prolongée de services dans les hôpitaux et les écoles pourrait amener un renversement rapide de l'opinion et un appel à une loi spéciale forçant le retour au travail.

Les directions syndicales le savent fort bien et elles sont décidées à forcer l'issue pendant le mois de décembre. Un conflit qui se prolongerait après la trêve des fêtes imposerait de reprendre la mobilisation des troupes en janvier et de rebâtir l'appui du public. C'est faisable mais risqué car cela donne aussi un moment de répit au gouvernement très antisyndical de la CAQ, gouvernement qui est présentement aux abois.

Le retour en catastrophe de la présidente de la FTQ, Magali Picard, de la COP 28 à Dubaï démontre que l'enjeu du 8 au 14 décembre est très sérieux. C'est fort probablement le moment décisif de cette ronde de négociations dans le secteur public.

Que peut faire Québec solidaire pour appuyer le mouvement ouvrier dans cette bataille capitale ?

1. Premièrement, la direction de QS doit prioriser la mobilisation de tout le parti pendant cette période cruciale. Elle doit faire suite aux résolutions d'appui adoptées au congrès de la fin de semaine dernière et lancer un appel aux associations locales du parti à se mobiliser en appui aux lignes de piquetage partout à travers le Québec. L'appel à se mobiliser lors des journées de débrayage du mois de novembre a été bien reçu par les militants à la base. Il s'agit maintenant de passer à une étape supérieure et organiser systématiquement la mobilisation en appuyant les efforts des comités de coordination locaux et régionaux du parti.

2. Deuxièmement, plus que jamais les douze députés de QS doivent devenir les tribuns du peuple et assaillir sans arrêt le premier ministre et son gouvernement, tant à l'Assemblée nationale qu'en public. Ils et elles doivent sauter sur toutes les occasions pour démontrer leur appui aux travailleurs/euses du secteur public et encourager la solidarité populaire avec cette lutte. Tout comme cela fut fait au courant des dernières semaines, les visites de nos députés sur les lignes de piquetage et leurs participations aux manifs syndicales doivent être priorisées et médiatisées.

Nous vivons présentement la plus forte mobilisation syndicale et ouvrière des 40 dernières années. Notre place en tant que parti de transformation sociale est dans la rue, auprès de ceux et celles qui se battent contre l'état et le patronat. Nous devons considérer les trois prochaines semaines comme un moment de grande mobilisation de Québec solidaire et nous engager dans une campagne politique d'appui aux travailleuses et travailleurs du secteur public.

Roger Rashi
Membre du Réseau intersyndical de Québec solidaire

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6 décembre : pour une prise de conscience collective

5 décembre 2023, par Caroline Senneville — ,
Tous les 6 décembre, nous soulignons la Journée nationale de commémoration et d'action contre la violence faite aux femmes. Mais qu'en est-il des 364 autres jours de l'année ? (…)

Tous les 6 décembre, nous soulignons la Journée nationale de commémoration et d'action contre la violence faite aux femmes. Mais qu'en est-il des 364 autres jours de l'année ?

Chaque année, le 6 décembre marque une journée sombre de l'histoire du Québec : en 1989, 14 jeunes femmes tombaient sous la haine antiféministe.

Malheureusement, chaque année à l'approche du 6 décembre, le bilan des féminicides s'avère toujours trop lourd. Tout récemment, un rapport de l'Organisation des Nations Unies (ONU) qualifiait le féminicide de « tragédie mondiale aux proportions pandémiques ». Selon l'ONU, « beaucoup d'autres femmes risquent de mourir à cause de la violence sexiste parce que les États manquent à leur devoir de protéger efficacement la vie des victimes et d'assurer leur sécurité ».

Plus près de nous, des femmes et des filles continuent d'être tuées au Canada – environ une tous les deux jours, révèle l'Observatoire canadien du féminicide. Entre 2018 et 2022, les féminicides ont d'ailleurs bondi de 27 % au Canada. De plus, les femmes marginalisées, comme les femmes et les filles autochtones, continuent de courir davantage de risques de féminicide.

Derrière ces chiffres se trouve une femme : une maman, une sœur, une amie, une fille, une collègue de travail, une voisine. Ces chiffres ne révèlent pas non plus l'immensité de la perte ressentie par les proches de ces victimes et les conséquences sur ceux et celles qui restent.

Les mesures déjà prises par le gouvernement sur cette question – le Tribunal spécialisé en matière de violence sexuelle et de violence conjugale, les bracelets antirapprochements GPS et les sommes accordées aux groupes qui soutiennent les victimes – ne suffisent pas. Il faut en faire encore plus pour enrayer ce fléau.

Pour mieux prévenir cette haine des femmes, il importe de comprendre où elle prend sa source. Selon la professeure émérite de sociologie à l'Université du Québec à Montréal, Francine Descarries, le féminicide représente l'aboutissement fatal de ce que le patriarcat a toujours reproduit comme système de pensées et d'appropriation. Dans le reportage « F comme féminicides », cette pionnière en études féministes rappelle qu'il est primordial de nommer le féminicide comme tel pour le sortir des « faits divers » ou du caractère intime de ce qu'on appelait auparavant « crimes passionnels ». C'est de cette façon que nous pourrons mettre en place une véritable égalité entre les hommes et les femmes et stopper toutes les formes de violences faites aux femmes.

« Pas une de plus »

Tous les 6 décembre, nous soulignons la Journée nationale de commémoration et d'action contre la violence faite aux femmes. Mais qu'en est-il des 364 autres jours de l'année ? Et si nous agissions toutes et tous sur nos lieux de travail, dans la rue, à l'école, dans toute la société, en ne baissant pas les yeux devant les paroles et les gestes méprisants qui banalisent la haine antiféministe ?

Ne rien faire devant ces situations contribue à les faire perdurer. En tant qu'organisation syndicale soucieuse du bien-être au travail, la Confédération des syndicats nationaux (CSN) a développé la campagne Agis pour que ça cesse afin d'outiller ses membres. Nous pouvons toutes et tous contribuer à mettre un frein aux violences si nous agissons.

Caroline Senneville
Présidente de la Confédération des syndicats nationaux

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Négociation dans les secteurs public et parapublic : Le début de la dernière étape

5 décembre 2023, par Yvan Perrier — ,
Avec le dépôt, samedi matin le 2 décembre 2023, d'une contre-offre par la FAE au Conseil du trésor nous sommes maintenant officiellement entrés dans ce qui s'apparente à la (…)

Avec le dépôt, samedi matin le 2 décembre 2023, d'une contre-offre par la FAE au Conseil du trésor nous sommes maintenant officiellement entrés dans ce qui s'apparente à la dernière grande étape de la présente ronde de négociation dans les secteurs public et parapublic. Étape qui devrait aboutir à la rédaction d'une entente de principe ou à l'adoption d'une loi spéciale d'ici la fin décembre ou quelque part avant l'adoption du prochain budget du gouvernement du Québec.

Le gouvernement devrait, à ce moment-ci, avoir une idée assez précise de l'organisation syndicale avec laquelle il souhaite s'entendre en premier avant d'imposer son cadre monétaire et certaines mesures dites de « souplesse » aux autres organisations ou regroupements syndicaux. Profitons de la présente occasion pour effectuer un retour partiel et partial sur huit événements très ciblés de la dernière semaine qui a été riche en rebondissements et tentons de dégager une conclusion provisoire sur la portée du mouvement historique qui se déploie sous nos yeux.

1.0 La rencontre entre Sonia Lebel avec les quatre dirigeant.e.s du Front commun

Il n'a pas transpiré grand-chose de la rencontre au sommet tenue la semaine dernière entre la présidente du Conseil du trésor, madame Sonia Lebel, et les quatre dirigeant.e.s syndicaux. Un tout petit commentaire du genre : « Nous nous sommes parlé dans le blanc des yeux ». Cette locution verbale n'est par ailleurs ni banale ni anodine. Elle signifie que les personnes qui ont pris part à la rencontre se sont regardées d'une manière intense en se disant - peut-être parfois même en haussant le ton - ce qui ne va pas et ce qui ne peut pas durer dans le présent processus devant mener au renouvellement des conventions collectives. Bref, « se parler dans le blanc des yeux » signifie clairement « se parler franchement, sans détour, se dire des vérités désagréables ». Une question se pose : quelles peuvent bien être ces vérités désagréables qu'ont pu échanger entre elles et entre eux Sonia Lebel (Conseil du trésor), Magali Picard (FTQ), François Énaud (CSN), Éric Gingras (CSQ) et Robert Comeau (APTS) ?

Du côté de Sonia Lebel nous suggérons à titre hypothétique possiblement ceci : « L'État employeur que je représente attend avec impatience votre contre-offre et voici jusqu'où le gouvernement est prêt à accepter et à tolérer vos arrêts de travail ».

Du côté du Front commun intersyndical, nous suggérons, ici aussi à titre hypothétique, ceci : « Dites-nous madame Lebel à quel moment au juste vos négociatrices et vos négociateurs vont-elles et vont-ils cesser de tergiverser aux tables de négociation et quand votre gouvernement va-t-il réellement nous soumettre une proposition sérieuse à partir de laquelle il nous sera possible de vous fignoler une contre-offre ? »

2.0 La contre-offre de la FAE

C'est justement le résultat auquel est arrivée la présidente du Conseil du trésor avec une des huit organisations syndicales impliquées dans la présente ronde de négociation. Elle a obtenu de la part de la FAE, dont les 65 000 membres sont toujours en grève générale illimitée, une contre-offre qui a été présentée samedi matin le 2 décembre aux négociatrices et négociateurs gouvernementaux. Nous ignorons quelle a été la durée de cette rencontre et nous ne savons pas non plus si les pourparlers entre la partie gouvernementale et la partie syndicale se sont poursuivis dimanche. Constatons seulement que l'embouchure de l'entonnoir semble se rétrécir de plus en plus sérieusement. La FAE dit même avoir rédigé une contre-proposition qui n'est pas « à sens-unique ». Lire : l'instance de la FAE qui accompagne le comité de négociation syndical aurait adopté une proposition qui tient compte de certaines priorités pour le gouvernement. Pour ce qui est du volet salarial, la présidente de la FAE, Mélanie Hubert, a précisé ceci : « On a eu des discussions autour des échelles salariales aussi, donc on pense être capables de continuer à faire un bout de chemin. » La FAE, sans égard pour les interventions intempestives et tonitruantes du premier ministre François Legault, ne suspendra pas sa grève générale illimitée.

3.0 Les déclarations malheureuses et surtout manipulatrices de François Legault

Il est à se demander de quel ventriloque au juste François Legault est-il la marionnette ? Qui lui a proposé de demander la fin de la grève des membres de la Fédération autonome de l'enseignement ? Le premier ministre accuse les enseignant.e.s de la FAE d'exercer un moyen de pression qui « fait mal à nos enfants ». Il ajoute qu'il est même prêt « à tout faire » pour suspendre cet arrêt de travail et réclame par conséquent qu'on « (arrête) cette grève ». Comment par contre mettre un terme à cet arrêt collectif de travail ? Par une loi spéciale ou en pressant la présidente du Conseil du trésor de négocier avec diligence et bonne foi en présentant des solutions porteuses d'avenir pour régler des problèmes toujours présents dans le réseau scolaire, problèmes qui découlent des choix ministériels qui ont été arrêtés et appliqués depuis la fin des années soixante-dix du dernier siècle ? Orientations gouvernementales qui ont souvent été imposées unilatéralement par les gouvernements qui se sont succédé au pouvoir ? C'est précisément, ne l'oublions pas, « L'abc de la bonne gestion », dont se réclame le premier ministre François Legault, qui a été et qui est à l'origine de la dégradation et de la détérioration des conditions de travail et de rémunération dans l'administration québécoise et dans les réseaux de la santé et de l'éducation.

François Legault a une vision étriquée et subjective des négociations dans les secteurs public et parapublic. Cela fait maintenant plus de quatre décennies que les administrateurs de ces deux secteurs revendiquent, réclament et parviennent à imposer ce qui correspond à leurs yeux à des mesures qu'ils identifient à de la « souplesse » et à de la « flexibilité » dans les conventions collectives. Cela s'est fait via l'adoption d'un décret ou d'une loi spéciale (voir à ce sujet les rondes de négociation de 1982-1983 et de 2003 à 2005). Cela a pu se faire également dans le cadre d'un projet d'entente de principe conclu en fin de parcours après de longues et épuisantes heures de pourparlers entre les parties. Entente de principe comportant des mesures incluses uniquement parce qu'elles agréaient aux administrateurs des secteurs public et parapublic.

Il faut être profondément effronté pour soutenir aujourd'hui que les syndicats adoptent une position rigide ou corporatiste lors des négociations des conventions collectives. Les solutions improvisées par les gouvernements qui se sont succédé à Québec et par les administrateurs des réseaux de la santé et de l'éducation en vue d'obtenir plus de flexibilité ont eu pour effet de fragiliser ces deux réseaux en causant un exode des salarié.e.s vers le privé et en provoquant également des démissions en bloc qui ont généré un manque de personnel et nous en passons. La sous-rémunération de la main-d'œuvre a également joué un rôle important dans les difficultés de recrutement d'un personnel qualifié et, par la suite, dans sa rétention. Les conditions de travail sont réellement de plus en plus difficiles pour les personnes qui oeuvrent dans l'administration publique et les réseaux de la santé et de l'éducation. Ce n'est donc pas par hasard si les congés de maladie, les épuisements professionnels, l'exode du personnel vers le privé et les départs précoces à la retraite se multiplient dans les secteurs public et parapublic. Pour les 600 000 salarié.e.s syndiqué.e.s, dont 75% environ sont des femmes, travailler pour le gouvernement du Québec comporte un lot de difficultés réelles. Il ne faut pas voir dans la présente lutte entre les membres des huit organisations syndicales et le gouvernement Legault une simple lutte syndicale autour de l'enjeu salarial. Il s'agit également d'un mouvement d'opposition féministe au sujet de la fatigue physique et des violences mentales et psychologiques faites aux femmes sur les lieux de travail qui ont pour employeur un État, disons-le, exploiteur.

4.0 Les démentis apportés par les gestionnaires d'écoles.

Concernant plus spécifiquement la proposition d'affectation des professeur.e.s dès juin, au lieu du mois d'août, cette mesure prônée par François Legault, Sonia Lebel et le ministre de l'Éducation Bernard Drainville pour éviter une crise à chaque rentrée scolaire, ce sont les gestionnaires d'écoles eux-mêmes qui la trouvent trompeuse. Que dire maintenant de « l'aide à la classe » ? Il s'agit là d'une avenue qui ne semble pas susciter l'adhésion spontanée des membres de la FAE et de la FSE-CSQ en raison du fait qu'elle n'aura pas pour effet de réduire le nombre d'élèves par classe.

5.0 L'intervention de la Fédération des cégeps

Pour une rare fois, la Fédération des cégeps a décidé d'intervenir en vue de demander à la ministre de l'Enseignement supérieur, madame Pascale Déry, de ne pas les contraindre à suivre la norme rigide d'un calendrier scolaire de 82 jours. Rappelons que lors du conflit étudiant de 2012, le calendrier scolaire fut déclaré valide dans la mesure où il comportait 12 semaines de cours. Il faut quand même rappeler qu'une grève c'est une grève et il ne faut pas que l'employeur récupère, par une voie détournée, la prestation de service qui a été interrompue par l'arrêt collectif de travail, un moyen de pression - et d'opposition – maintenant protégé par la Charte des droits et libertés et reconnu par la Cour suprême du Canada.

6.0 L'étude annuelle de l'ISQ

Nous avons encore une fois été informés que les salarié.e.s de l'administration québécoise sont moins bien lotis que les autres travailleuses et travailleurs du Québec. Selon l'étude comparative annuelle de l'Institut de la statistique du Québec (ISQ) portant sur la rémunération dans le secteur privé et les secteurs publics (Rémunération des salariés - État et évolution comparés) quand il est question de la rémunération globale - ce qui inclut les salaires et les avantages sociaux -, le retard avec les autres personnes salariées du Québec est de 7,4 %. Lorsqu'il s'agit uniquement des salaires, le retard monte à 16,6 %. Fait étrange, lorsqu'il s'agissait d'un écart dans la rémunération favorable aux salarié.e.s syndiqué.e.s des secteurs public et parapublic, le gouvernement du Québec s'est empressé, en 1982-1983, de couper drastiquement leur salaire. Quand nous sommes en présence d'un écart qui leur est défavorable, l'État employeur prétend qu'il n'a pas les moyens de mieux rémunérer ses salarié.e.s et que les contribuables ne doivent pas être taxés davantage.

7.0 L'annulation du séjour à New York du ministre Girard et le moment budgétaire…

Il arrive souvent que les négociations dans les secteurs public et parapublic connaissent un dénouement un peu avant le temps des fêtes (pensons ici aux négociations qui ont eu lieu en 1979, en 1982-1983, en 1996, en 1999, en 2005 et en 2015). Dans le cadre du processus qui a pour nom « Élaboration du budget annuel » du gouvernement du Québec, le mois de décembre est le moment où se clôt l'examen des propositions soumises par les différents ministères au Conseil du trésor. Des arbitrages doivent se faire au sommet de l'État. Arbitrages qui impliquent le bureau du premier ministre, le ministre des Finances et la présidente du Conseil du trésor. Voilà ce qui explique un peu pourquoi le ministre Girard a décidé de renoncer à son voyage à New York où il devait rencontrer nul autre que le commissaire de la Ligue nationale de hockey et également des représentants des marchés financiers new-yorkais. Monsieur Éric Girard a même déclaré qu'il préfère rester au Québec pour la raison suivante : « Je vais rester ici pour le cadre financier des négos, pour assister Mme Lebel ». Ajoutons que le mois de janvier est consacré à la détermination des enveloppes budgétaires des plans ministériels. Ce qui suppose que les augmentations salariales des salarié.e.s des secteurs public et parapublic doivent être minimalement fixées avant la rédaction de la version finale du budget qui est habituellement présentée pour adoption à l'Assemblée nationale en mars ou en avril.

8.0 L'épuration lexicale

Last but not least, la présidente de l'Assemblée nationale, madame Nathalie Roy, aurait décidé, ex cathedra, à la suite d'une intervention de la députée de Québec solidaire du comté de Sherbrooke, madame Christine Labrie, qu'il sera désormais interdit à l'Assemblée nationale du Québec de mentionner que les femmes salariées sont exploitées par leur État employeur qui est nul autre que le gouvernement du Québec.

Conclusion

La dernière semaine a été riche en rebondissements. Il y a eu des événements qui ont fait couler de l'encre dans les journaux dont certains appartiennent à la presse à sensation et d'autres qui ont eu pour effet d'alimenter notre réflexion critique. Il y a donc eu différents événements au cours des sept derniers jours qui ont, dans certains cas, un caractère éphémère et d'autres qui ont incontestablement une signification plus profonde dans la longue durée. Il ne faut surtout pas se laisser distraire par des événements de nature secondaire et perdre de vue la nature de la présente lutte syndicale. La lutte des salarié.e.s syndiqué.e.s des secteurs public et parapublic est une lutte qui mérite pleinement d'être appuyée. Le non-octroi de l'indexation automatique des salaires correspond ni plus ni moins à une perte réelle et authentique de la valeur du travail. Donc à un appauvrissement au travail, ce qui est absolument inacceptable. De plus, il y a beaucoup trop de salarié.e.s précaires ou sous-rémunéré.e.s dans les secteurs public et parapublic. Il y a même des employé.e.s de soutien qui gagnent annuellement moins que 30 000$ (voir à ce sujet le communiqué de presse de la FPSS-CSQ reproduit ci-dessous). Ce qui est totalement inadmissible dans notre société dite d'opulence qui a les moyens de rémunérer adéquatement les personnes qui oeuvrent dans des secteurs dédiés au bien public. Lors du conflit de 1972, les 210 000 salarié.e.s du Front commun CSN-CEQ-FTQ revendiquaient une amélioration de leurs conditions de travail et de rémunération qui devait leur permettre de participer à la société du savoir et à la société de consommation. Ces personnes luttaient pour accéder au statut de membre de la classe moyenne. Aujourd'hui, il y a des centaines de milliers de salarié.e.s qui sont majoritairement des femmes et qui sont dans la rue pour obtenir un poste à temps plein qui leur assurerait un salaire minimalement décent pour vivre ou (et) pour rembourser leurs différentes dettes d'études. Dettes d'études contractées en vue d'acquérir les qualifications requises pour occuper les emplois disponibles dans les secteurs public et parapublic. Nous avons incontestablement assisté au cours des quarante dernières années à un processus de paupérisation de plusieurs centaines de milliers de salarié.e.s syndiqué.e.s des secteurs public et parapublic ainsi qu'à la persistance de la précarisation des postes disponibles dans ces deux secteurs de notre vie économique et sociale.

Les solutions mises de l'avant par l'État employeur depuis les années quatre-vingt du siècle dernier jusqu'à aujourd'hui en vue supposément de « régler » les problèmes de la fonction publique, de l'école publique et du réseau de la santé ont été et sont encore souvent mirages et illusions. Ces solutions s'inscrivent dans une idéologie. L'idéologie néolibérale - ou plutôt l'idéologie rétrolibérale - pour ne pas la nommer. Cette idéologie suppose diverses mesures dont, entre autres choses, l'affaiblissement du mouvement syndical en le discréditant auprès de la population et en refusant de négocier ou d'appliquer les propositions qu'il met de l'avant pour améliorer le quotidien des personnes au travail. C'est d'ailleurs au nom de cette idéologie rétrolibérale que les statuts à l'emploi se sont fragilisés ou si vous préférez précarisés et que les conditions de travail se sont détériorées. Il s'effectue plusieurs heures de travail gratuit en éducation et également du côté des professionnel.le.s de la fonction publique que ce soit chez les employé.e.s permanent.e.s ou les employé.e.s précaires. Du côté du réseau de la santé, le fait de détenir un poste semble être une licence aux administrateurs pour imposer de longues et épuisantes heures de travail via le « Temps supplémentaire obligatoire » (TSO).

À la fin de la présente ronde de négociations, François Legault aura à décider s'il remanie ou non son cabinet. Il se peut que certain.e.s ministres soient affecté.e.s à d'autres ministères ou relégué.e.s sur les banquettes arrière de l'Assemblée nationale. Mais, plus fondamentalement, François Legault aura à se demander s'il poursuit dans la voie idéologique dans laquelle il inscrit ses choix politiques ou s'il effectue un virage du côté de la sagesse populaire qui semble maintenant disposée à ce que l'État employeur se mette à rémunérer ses salarié.e.s syndiqué.e.s à la hauteur de la valeur de leur prestation de travail, à les sécuriser dans leur statut au travail et à améliorer leurs conditions de travail. Il aura, bref, à choisir entre poursuivre dans la voie de l'État exploiteur de sa main-d'œuvre principalement féminine ou améliorer les conditions de travail et de rémunération de ses employé.e.s syndiqué.e.s. Il devra également prendre conscience que la négation du vocable d'État exploiteur - négation maintenant officiellement exigée par la présidente de l'Assemblée nationale -, n'a pas pour effet d'éliminer ou de faire disparaître cette exploitation. Quoi qu'il en soit, nous sommes plusieurs à savoir que cette exigence du bien parlé parlementaire - ou de la langue épurée - fait partie d'une lutte à caractère classiste qui consiste à vider de sa substance économique et sociale la dure et intenable réalité de centaines de milliers de personnes qui résistent et luttent contre les exigences du modèle néolibéral au travail.

La nouvelle période de combativité syndicale que nous traversons correspond à un moment critique où des choix devront être et seront faits. Ces choix iront-ils dans les sens des intérêts de l'État exploiteur employeur ou des salarié.e.s syndiqué.e.s qui sont majoritairement des femmes à qui l'employeur refuse systématiquement la reconnaissance de la conciliation travail-famille, un statut d'emploi permanent et un salaire décent pour vivre ? Il sortira de tout ceci la permanence de « l'homme lige » (1) c'est-à-dire la dure exigence de la présence au travail de l'employé.e entièrement dévoué.e et soumis.e aux conditions imposées unilatéralement par l'État patron ou une victoire syndicale comme nous n'en avons pas assez connu depuis les années soixante-dix du siècle dernier. La pression est donc très forte du côté des dirigeant.e.s syndicaux en ce sens qu'elles et qu'ils ne peuvent pas décevoir les espoirs des 600 000 salarié.e.s syndiqué.e.s qui s'impliquent et participent actuellement en très grand nombre à un mouvement de grève historique au Québec.

C'est ce que nous serons en mesure de constater au terme de la présente et dernière étape de la ronde de négociations de 2022-2023 dans les secteurs public et parapublic : assistons-nous à une confrontation entre l'État employeur contre ses salarié.e.s syndiqué.e.s ou à une lutte historique de ces dernières et ces derniers contre l'État patron-exploiteur ?

À suivre…

Yvan Perrier

4 décembre 2023

10h30 AM

yvan_perrier@hotmail.com

(1) Homme lige : personne entièrement dévouée à.

Dernière heure

Nous apprenons à l'instant que le SPGQ aurait décidé, lors de sa réunion du 29 novembre avec les représentants du Secrétariat du Conseil du trésor (SCT) et de madame Sonia Lebel, de réduire certaines demandes sectorielles du SPGQ pour son unité fonction publique. De plus, le comité de négociation aurait décidé de s'engager « à utiliser de manière judicieuse et mesurée » les moyens de pression et de reporter par conséquent à 2024 l'utilisation des moyens de pression.

Yvan Perrier
4 décembre 2023
11h23 AM
yvan_perrier@hotmail.com
https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/2030888/negociations-secteur-public-quebec. Consulté le 3 décembre 2023.

https://www.ledevoir.com/politique/quebec/802872/rencontre-sommet-aujourd-hui-entre-ministre-lebel-dirigeants-front-commun?. Consulté le 3 décembre 2023.

https://www.ledevoir.com/societe/education/803057/legault-demande-syndicats-enseignants-arreter-greve?. Consulté le 3 décembre 2023.

https://www.ledevoir.com/politique/quebec/802808/eric-girard-ne-rencontrera-pas-commissaire-lnh-gary-bettman?. Consulté le 3 décembre 2023.

https://www.newswire.ca/fr/news-releases/les-employes-de-l-administration-quebecoise-ont-un-salaire-et-une-remuneration-globale-inferieurs-a-ceux-des-autres-salaries-quebecois-833966485.html. Consulté le 3 décembre 2023.

https://ledevoir.pressreader.com/le-devoir/20231202/textview. Consulté le 3 décembre 2023.

https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/2031065/affectation-enseignants-juin-gestionnaires-ecoles-negociations-greve#:~:text=Politique%20provinciale-,Impossible%20d%27affecter%20tous%20les%20profs%20dès%20juin%2C%20avertissent%20les,du%20nombre%20de%20postes%20vacants.. Consulté le 3 décembre 2023.

https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/2031425/federation-cegeps-etudiants-session-greve. Consulté le 3 décembre 2023.

Le personnel de soutien scolaire est à quelques heures d'un point de rupture

MONTRÉAL, le 1er déc. 2023 /CNW/ - Le personnel de soutien scolaire vit une incertitude constante, en raison d'un nombre d'heures de travail insuffisant. Il n'est parfois qu'à quelques heures d'un point de rupture. Avec l'augmentation du coût de la vie, il est difficile de combler le budget lorsque tu travailles vingt (20) heures par semaine. Le président de la Fédération du personnel de soutien scolaire (FPSS-CSQ), Éric Pronovost, réagit : « dans ces conditions, l'impact est direct et il est inacceptable que des travailleuses et des travailleurs se retrouvent en difficulté pour nourrir leur famille ».

Revenu viable

Les données du Conseil du trésor démontrent que la moyenne salariale du personnel de soutien scolaire en 2023 est de 26 484 $ par année.

Dans l'édition 2023 du revenu viable publiée par l'Institut de recherche et d'informations socioéconomiques (IRIS), le revenu viable calculé pour une personne seule varie entre 27 047 $ (Saguenay) et 37 882 $ (Sept-Îles). Pour un adulte et un enfant, ce qui est l'apanage des mères monoparentales, l'écart varie de 39 895 $ (Trois-Rivières) à 50 067 $ (Sept-Îles).

Éric Pronovost précise : « le premier ministre répète qu'il veut aider les personnes salariées de moins de 52 000 $, mais on ne voit pas l'argent poindre à l'horizon. C'est un enjeu de salaire horaire, mais également du nombre d'heures travaillées. On a encore des postes avec un petit nombre d'heures ».

Occuper un deuxième emploi ou changer d'emploi

« Nos membres sont durement affectés par la hausse du niveau de la vie, il y a donc des choix déchirants à faire : quitter son emploi ou en chercher un deuxième, avec les conséquences que cela crée. Il y a de la concurrence avec les autres secteurs d'activité. Même un salaire moindre ailleurs, mais avec un plus grand nombre d'heures est alléchant, il faut retenir ces personnes si nous ne voulons pas vivre un exode d'expertise », déclare M. Pronovost.

Les problématiques varient d'une région à l'autre. Par exemple, dans la région de Gatineau, il y a de grands besoins dans la fonction publique fédérale et le personnel administratif des centres de services scolaires pourrait gagner presque le double de leur salaire en effectuant les mêmes tâches. Dans d'autres régions, tel que sur la Côte-Nord, la concurrence avec le privé est très forte.

« Il y a une urgence pour corriger le tir et d'offrir de bonnes conditions de travail au personnel de soutien scolaire. L'attraction et la rétention du personnel de soutien scolaire passent par des emplois de qualité avec des postes à temps complet, la fin des horaires brisés, la valorisation de tous les emplois de soutien scolaire, la conciliation famille-travail et des salaires décents. La passion en éducation s'effrite lorsque les besoins minimaux ne sont pas comblés », conclut Éric Pronovost.

[…]

SOURCE Fédération du personnel de soutien scolaire (FPSS-CSQ)

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