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« America First » et le grand chambardement des relations internationales

11 mars, par Gilbert Achcar — ,
La logique de « l'Amérique d'abord », adoptée par le mouvement néofasciste américain connu sous le nom de MAGA, peut sembler rationnelle à ceux qui ne sont pas familiers avec (…)

La logique de « l'Amérique d'abord », adoptée par le mouvement néofasciste américain connu sous le nom de MAGA, peut sembler rationnelle à ceux qui ne sont pas familiers avec l'histoire économique des relations internationales.

Gilbert Achcar

Selon Trump et ses acolytes, l'Amérique a dépensé d'énormes sommes d'argent pour protéger ses alliés, en particulier les pays riches parmi eux, c'est-à-dire l'Occident géopolitique (l'Europe et le Japon en particulier) et les États pétroliers arabes du Golfe. Il est temps pour ceux-ci de rembourser la dette : tous ces pays doivent payer la facture en augmentant leurs investissements et leurs achats aux États-Unis, en particulier leurs achats d'armes (c'est ce que Trump entend par sa pression constante sur les Européens pour qu'ils augmentent leurs dépenses militaires). Tout cela s'inscrit naturellement dans la logique mercantile qui va de pair avec le fanatisme nationaliste qui caractérise l'idéologie néofasciste (voir « L'ère du néofascisme et ses particularités », 05/02/2025).

De ce point de vue, les dépenses militaires étatsuniennes – qui ont effectivement dépassé non seulement celles des alliés de l'Amérique, mais ont presque égalé à un moment donné les dépenses militaires de tous les autres pays du monde réunis – ont été un sacrifice majeur au profit des autres. Selon la même logique, l'important déficit de la balance commerciale étatsunienne n'est que le résultat de l'exploitation de la bonne volonté américaine par d'autres pays. C'est pourquoi Trump veut le réduire en imposant des droits de douane à tous les pays qui exportent vers les États-Unis plus qu'ils n'en importent. Ce faisant, il cherche également à augmenter les revenus de l'État fédéral afin de compenser sa réduction de ces mêmes revenus par des réductions d'impôts au profit des riches et des grandes entreprises.

La vérité historique, cependant, est très différente de cette représentation simpliste des choses. Tout d'abord, les dépenses militaires étatsuniennes après la Seconde Guerre mondiale ont été, et restent, un facteur majeur dans la dynamique spécifique de l'économie capitaliste américaine, qui s'est appuyée depuis lors sur une « économie de guerre permanente » (ceci est expliqué en détail dans mon livre La Nouvelle Guerre froide : les États-Unis, la Russie et la Chine, du Kosovo à l'Ukraine, 2023). Les dépenses militaires ont joué et continuent de jouer un rôle majeur dans la régulation du cours de l'économie étatsunienne et dans le financement de la recherche et du développement technologiques (ce dernier rôle a été important dans la révolution des technologies de l'information et de la communication, un domaine qui a ramené les États-Unis à la pole position technologique après le déclin relatif de leurs industries traditionnelles).

Deuxièmement, la protection militaire que les États-Unis ont fournie à leurs alliés en Europe et au Japon, ainsi qu'aux États arabes du Golfe, fait partie d'une relation de type féodal, dans laquelle ces pays ont accordé de grands privilèges économiques au suzerain américain, en plus de leur participation au réseau militaire sous son commandement exclusif. La vérité contredit complètement la description que font Trump et ses acolytes des relations des États-Unis avec leurs alliés comme étant basées sur leur exploitation par ces derniers. La réalité est exactement le contraire, car Washington a imposé à ses alliés, en particulier aux pays riches parmi eux, un type de relations économiques à travers lequel il les a exploités, notamment en imposant son dollar comme monnaie internationale, de sorte que ces pays ont financé directement et indirectement le double déficit de la balance commerciale américaine et du budget fédéral. Les dollars du déficit commercial étatsunien, ainsi que diverses ressources en dollars de divers pays, sont continuellement revenus dans l'économie américaine, certains d'entre eux finançant directement le Trésor étatsunien.

Ainsi, les États-Unis ont vécu, et continuent de vivre, bien au-dessus de leurs propres moyens, un fait qui est évident dans l'ampleur de leur déficit commercial, qui a approché les mille milliards de dollars l'année dernière, et la taille de leur énorme dette, qui dépasse 36 mille milliards de dollars, soit l'équivalent de 125 % de leur PIB. Les États-Unis sont l'incarnation ultime d'un débiteur important et puissant qui vit aux dépens de riches créanciers dans une relation de domination du premier sur les seconds, au lieu de l'inverse.

Même envers l'Ukraine, les 125 milliards de dollars que les États-Unis ont donnés à ce pays jusqu'à présent (loin des chiffres fantaisistes de Trump, quand il affirme que son pays a dépensé 500 milliards de dollars à cet égard) sont équivalents à ce que l'Union européenne a fourni à elle seule (or, le PIB de l'UE est inférieur d'environ 30 % à celui des États-Unis), sans compter ce que la Grande-Bretagne, le Canada et d'autres alliés traditionnels des États-Unis ont apporté. En fait, ce que les États-Unis ont dépensé pour financer l'effort de guerre ukrainien a servi leur politique visant à affaiblir la Russie en tant que rival impérial. Washington est le principal responsable de la création des conditions qui ont facilité la transformation néofasciste en Russie et ont conduit à son invasion de son voisin. Les États-Unis ont délibérément attisé l'hostilité envers la Russie et la Chine après la guerre froide afin de consolider la subordination de l'Europe et du Japon à leur hégémonie.

Cependant, lorsque Trump et ses acolytes reconnaissent la responsabilité des administrations américaines précédentes dans la création de la situation qui a conduit à l'invasion de l'Ukraine par la Russie, ils ne le font pas par amour de la paix comme ils le prétendent hypocritement (leur position sur la Palestine est la meilleure preuve de leur hypocrisie), mais plutôt dans le contexte de leur transition de la considération de la Russie comme un État impérialiste rival – une approche que Washington a poursuivie de manière croissante depuis les années 1990 malgré l'effondrement de l'Union soviétique et le retour de la Russie dans le giron du système capitaliste mondial – à la considération de Poutine comme leur partenaire en néofascisme, prêts à coopérer avec lui pour renforcer le courant d'extrême droite en Europe et dans le monde, en plus de bénéficier du grand marché et des grandes ressources naturelles de la Russie. Alors qu'ils voient dans les gouvernements libéraux de l'Europe un adversaire idéologique et un concurrent économique à la fois, ils voient en la Russie un allié idéologique qui ne peut pas rivaliser avec eux sur le plan économique.

En revanche, la Chine, aux yeux de Trump et de ses acolytes, est le plus grand adversaire politique et concurrent économique et technologique. Joe Biden a suivi la même politique, établissant une continuité entre le premier et le second mandat de Trump en ce qui concerne l'hostilité à l'égard de la Chine. Alors que l'équipe Trump peut espérer séparer Moscou de Pékin, tout comme la Chine s'est séparée de l'Union soviétique dans les années 1970 et s'est alliée aux États-Unis, Poutine ne prendra pas le risque de s'engager dans cette voie tant qu'il ne sera pas sûr de la permanence des néofascistes américains à la tête de leur pays.

La grande question est maintenant de savoir si l'axe libéral européen est prêt à prendre le chemin de l'émancipation de la tutelle étatsunienne, ce qui nécessite de mettre fin à son alignement derrière Washington dans l'hostilité envers la Chine et de consolider ses relations de coopération avec elle. Cela exige également que les pays européens soient prêts à travailler dans le cadre du droit international et à contribuer au renforcement du rôle des Nations unies et des autres institutions internationales, deux choses que Pékin n'a cessé de réclamer.

L'intérêt économique de l'Europe est clair à cet égard, bien sûr, en particulier l'intérêt de la plus grande économie européenne, l'économie allemande, qui entretient des relations étroites avec la Chine. L'ironie est que la Chine s'associe maintenant aux Européens pour défendre la liberté du commerce mondial contre l'approche mercantile adoptée par Trump et ses acolytes, et pour défendre les politiques environnementales contre leur rejet, accompagné du déni du changement climatique, qui caractérise diverses variétés de néofascistes. Les positions acerbes exprimées par le nouveau Premier ministre allemand, Friedrich Merz, en critiquant Washington et en appelant à l'indépendance de l'Europe vis-à-vis des États-Unis, si elles aboutissent à une véritable tentative de suivre cette voie, pourraient se traduire dans l'attitude de l'Union européenne à l'égard de la Chine, d'autant plus que la position française penche dans la même direction.

Tout cela confirme la mort du système libéral atlantique et l'entrée du monde dans une phase houleuse de rebattage des cartes, dont nous ne sommes encore qu'au début. Les élections au Congrès américain de l'année prochaine joueront un rôle majeur pour promouvoir ou freiner ce processus, selon qu'elles conduisent à renforcer ou à affaiblir la domination néofasciste sur les institutions américaines. Pendant ce temps, le mouvement néofasciste américain a commencé à imiter ses homologues dans divers pays en sapant progressivement la démocratie électorale et en mettant la main sur les institutions de l'État américain dans le but de perpétuer son contrôle sur elles.

Traduit de ma tribune hebdomadaire dans le quotidien de langue arabe, Al-Quds al-Arabi, basé à Londres. Cet article est d'abord paru en ligne le 4 mars. Vous pouvez librement le reproduire en indiquant la source avec le lien correspondant.

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Trump, la droite radicale et la gauche au Québec

11 mars, par Nicolas de Bellefeuille — , ,
Le 21 février dernier s'est tenu un panel organisé par le réseau Révolution écosocialiste, avec pour sujet une question qui a alimenté bon nombre de réponses ; comment la (…)

Le 21 février dernier s'est tenu un panel organisé par le réseau Révolution écosocialiste, avec pour sujet une question qui a alimenté bon nombre de réponses ; comment la gauche québécoise envisage-t-elle la bataille avec l'extrême droite ?

5 mars 2025 | tiré du Journal des alternatives

Amir Khadir, Karine Cliche, Andrés Fontecilla, Josée Chevalier et André Frappier ont apporté leur vision d'une gauche à reconstruire, face à la menace imminente d'une droite radicale sans limites dirigée par Donald Trump. Ce panel, composé de cinq membres du parti Québec solidaire (QS), fut l'occasion de faire le point sur l'avenir politique du parti, à l'heure des grands bouleversements de notre société par la droite, et à celle de la remise en question des expertises.

Bien que les peuples dominés vivent une « onde de choc et d'effroi » affirme Amir Khadir, cette peur a des répercussions sur la population de « classe moyenne ». Malgré l'approche de Trump axée sur le privilège des richesses pour les milliardaires et l'appauvrissement des autres, monsieur Khadir appelle au calme ; « Il ne faut pas tomber dans le piège d'être devant un obstacle insurmontable, puisque le discours de Trump possède en lui-même beaucoup de failles et de faiblesses ».

Devant un public de près d'une centaine de personnes, les cinq invités ont, à leur tour, proposé leurs solutions, leurs recherches et leurs objectifs en vue de faire face à ce mastodonte américain, dont plusieurs croient qu'ils ne pourra pas tenir ses promesses bien longtemps.

Tour de table

Andrés Fontecilla, député solidaire à Montréal, a profité de cette tribune pour faire un bref retour en histoire sur la montée de la droite par le passé, en qualifiant la présente droite de « réactionnelle ». Une droite qui prétend faire rêver les fidèles quant au désir de revenir dans un passé qui n'a jamais existé. Cette droite réactionnelle fait opposition à la traditionnelle droite « conservatrice », qui a fait rage dans les années 80, avec la montée du néo-libéralisme.

Amir Khadir mentionne qu'aujourd'hui, cette peur est en partie due au rôle des médias qui, par son narratif de la situation, présentent cette stratégie et qui « portent la marque de ce capitalisme avancé ».

Karine Cliche, candidate de QS, présente la gauche actuelle comme une gauche éteinte, peu active en raison de la perte de motivation et d'espoir par les militants. Cette flamme se doit de rester allumée, car en ce moment, dit-elle, « même une gauche beige paraît extrémiste ». À ce sujet, monsieur Khadir rappelle que ce sont « toutes les propositions de centrisme politique qui finissent par faire le jeu de la droite ». Mais « Québec solidaire a progressé lors de la montée des mouvements socialistes », précise-t-il.

Madame Cliche souhaite que le parti demeure le principal véhicule de gauche, et qu'il conserve ses valeurs écologiste, féministe et antiraciste. Elle parle d'initiatives qui peuvent permettre le rassemblement de la gauche québécoise ; « Il faut réseauter, travaillons sur la capacité de transmettre nos idées, la gauche est diversifiée, multiple, c'est à notre avantage ». La candidate mentionne la cause climatique comme pilier de la bataille, soulignant que cette cause permet de lutter contre ce capitalisme de ressources, duquel découlent la pauvreté et les inégalités sociales.

La candidate Josée Chevalier, quant à elle, s'est concentrée sur la cause féministe aux États-Unis ; « Si les femmes n'ont pas le contrôle de leur vie, elles deviennent des citoyennes de second rang et cela contribue à leur appauvrissement ». Elle fait un rapprochement avec la crise féministe que le parti a traversé dans les dernières années, à la suite du départ de Catherine Dorion et d'Émilise Lessard-Therrien. Ces deux députées phare ont dénoncé un manque d'écoute envers les femmes. Une occasion de rappeler, dit-elle, que l'on se doit de les écouter.

Enfin, André Frappier, militant et membre du parti depuis sa création, a abordé la position de Québec solidaire dans l'échiquier politique ; « QS essaie d'être populiste, et ce n'est pas notre terrain ». Il insiste sur le « retour aux revendications qui ciblent les responsables, les multinationales ». Il appelle de plus à lier les causes sociales du mouvement ouvrier au Québec et au Canada et également avec les populations autochtones ; « Il faut créer une vision internationaliste du Québec, et non une bulle locale où nous sommes heureux ».

Un débat tous azimuts

Certaines questions en ont alimenté d'autres auprès de l'audience. Un spectateur propose la subvention de l'alimentation de base. Un autre se dit déçu du virage centriste qu'a pris le parti dans les dernières années, et l'appelle à ne pas chercher à tout prix l'acceptabilité des grands médias ; « Québec solidaire doit se battre pour aller chercher la respectabilité de toutes et de tous ».

Un père a mentionné les actions de sa fille, une militante de gauche qui vit de l'anxiété, qui a cherché des solutions auprès d'économistes, de droite. On rejette l'idée de la privatisation des réseaux, on souhaite multiplier les espaces communs, on déplore l'absence de la question de l'indépendance, qui refait doucement surface après des années de silence.

Quelles solutions ?

Amir Khadir se voit convaincu que cette assemblée du 21 février « amorce une réflexion dans une certaine direction » et est une occasion en or de se retrouver en personne. Il insiste sur la présence humaine et non numérique, de sorte à casser ce lien asynchrone normalisé par la pandémie.

Madame Chevalier, quant à elle, mise sur le contrôle de la liberté d'expression, en mentionnant le contrôle de la classe dominante sur les sujets couverts par les médias de masse. Monsieur Fontecilla demande l'investissement dans les lieux de pouvoir. Et André Frappier souhaite interrelier les causes entre elles, sans qu'elles ne soient nécessairement identiques.

Avec ces solutions, conclut monsieur Khadir, « cela devrait permettre à Québec solidaire d'enrichir son discours d'une critique réelle, solide du capitalisme ».

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L’Ukraine et les gauches canadienne et québécoise : trois ans après l’invasion

11 mars, par Camille Popinot, Paco — , , , ,
Depuis le 24 février 2025, cela fait désormais trois ans que Vladimir Poutine a lancé une invasion militaire à grande échelle de l'Ukraine. Officiellement, il s'agissait de (…)

Depuis le 24 février 2025, cela fait désormais trois ans que Vladimir Poutine a lancé une invasion militaire à grande échelle de l'Ukraine. Officiellement, il s'agissait de lutter contre l'OTAN et de « dénazifier » l'Ukraine. Depuis, Vladimir Poutine est le « membre le plus influent de l'OTAN » pour reprendre la formule de Zelensky et les dirigeants Russes se félicitent de pouvoir désormais négocier avec des néofascistes, voire des néonazis étatsuniens, le partage et l'anéantissement de l'Ukraine.

L'alliance des impérialistes russes et étatsuniens contre l'Ukraine

De fait, en janvier 2025, à peine réélu Donald Trump s'affiche immédiatement avec des néonazis, antisémites et suprémacistes blancs. Le jour même de son investiture Elon Musk fait deux saluts nazis devant une foule en délire. Dès la mi-janvier 2025, Donald Trump revendique son "lebensraum", le Canada, le Groenland et le canal de Panama (pour le moment), il gracie des milices paramilitaires fascistes, il développe par décrets son propre « Plan Madagascar » afin d'expulser les « millions de criminels étrangers », il appelle au nettoyage ethnique de la bande de Gaza, il interdit l'usage des mots « LGBT », « non-binaires », « transsexuel », « transgenre » etc. Mi-février 2025, en pleine campagne électorale allemande, le Vice-président étatsunien J.D. Vance apporte son soutien au parti d'extrême droite AfD, qui assume sa filiation nazie. Le nouveau ministre de la Défense, Peter Hedseth, exhibe quant à lui fièrement sa « croix de Jérusalem », un emblème de suprémaciste blanc, tatouée sur son torse .

Mi-février toujours, des représentants de l'administration Trump s'entendent en Arabie saoudite, sur un projet de « paix en Ukraine » sans l'Ukraine, avec le Ministre russe des affaires étrangères Sergueï Lavrov, celui-là même qui ne cesse de répéter que l'Ukraine n'existe pas, celui-là même qui estime que les objectifs de Netanyahou à Gaza, « semblent similaires à la "démilitarisation" et à la "dénazification", que Moscou poursuit en Ukraine depuis le lancement de son offensive en février 2022 » . Bref, les dirigeants Russes jubilent. Selon eux, s'annoncent enfin les premières négociations sérieuses, « un pas vers la paix ».

On assiste effectivement à un véritable tournant. Les impérialistes russes et étatsuniens s'entendent désormais officiellement sur ceux qui ont provoqué la guerre et qui doivent en assumer la pleine responsabilité : c'est l'Ukraine qui « a commencé la guerre » et Zelensky est un « dictateur sans élections » qui « a fait un travail épouvantable (…) et des millions de personnes sont mortes inutilement », clame à son tour, mi-février, Donald Trump, reprenant presque mot pour mot, les formules des autorités russes.

Et début mars, pour que la complicité de Trump avec Poutine soit factuellement incontestable, l'administration étatsunienne décide de couper toute l'aide à l'Ukraine après avoir tenté d'imposer un véritable racket sur les ressources minières du pays et après avoir vainement tenté d'humilier Zelensky à la Maison blanche, le 26 février 2025.

Le Nouveau parti démocratique (NPD) seul parti de gauche à soutenir l'Ukraine ?

Au niveau Canadien, le seul parti de gauche au Parlement fédéral, le Nouveau parti démocratique (NPD), a jusqu'à présent affiché un soutien sans faille à l'Ukraine. En novembre 2024 par exemple, le parti a fait passer une motion, adoptée à l'unanimité au Parlement du Canada, qui reconnait que « la Fédération de Russie commet des actes de génocide contre le peuple ukrainien », « demande au gouvernement fédéral de continuer à fournir un soutien militaire et humanitaire substantiel à l'Ukraine pour parvenir à une paix juste, durable et globale » et appelle à soutenir l'adhésion future de l'Ukraine à l'OTAN ».

Fin janvier, la responsable des affaires étrangères du NPD, Heather McPherson, a clairement confirmé le soutien du parti au peuple ukrainien, comme plus récemment, début mars 2025, le chef du Parti Jagmeet Singh.

La trahison de Québec solidaire et le silence assourdissant des centrales syndicales

Cette solidarité sans ambiguïté du NPD avec l'Ukraine tranche avec les prises de positions de la gauche Québécoise. De fait, au Québec, le seul parti de gauche à l'Assemblée nationale, Québec solidaire, fait preuve d'un manque de solidarité affligeant.

Pire, depuis le début du conflit, Québec solidaire s'oppose même à toute forme de solidarité militaire avec l'Ukraine. Le 28 mai 2022 le Conseil national de Québec solidaire a ainsi dénoncé le Gouvernement canadien, pour ses livraisons d'armes à l'Ukraine. Par ailleurs, Québec solidaire est membre du Collectif échec à la guerre qui appelle de manière continue à cesser les livraisons d'armes à l'Ukraine. Et à notre connaissance QS ne s'est jamais prononcé contre ces prises de position répétées, honteuses.

Certes, la direction de QS pourrait rappeler qu'elle a fait passer et qu'elle a voté des résolutions à l'Assemblée nationale – toutes adoptées à l'unanimité - qui condamnent l'agression Russe et qui affirment la solidarité de l'Assemblée nationale avec le peuple ukrainien. La direction pourrait également mentionner que certains député·es de QS ont dénoncé le non renouvellement de visas pour certain·es des 300 000 ukrainien·nes qui ont trouvé refuge au Canada depuis le début de la guerre . Mais c'est à peu près tout et ces résolutions n'engagent à rien.

Bref, pour le moment, le refus de Québec solidaire de se prononcer en faveur de la seule aide qui compte vraiment, celle qui est réclamée sans cesse par la gauche ukrainienne et les syndicats ukrainiens, c'est-à-dire l'aide militaire, est une véritable trahison de la part du parti le plus à gauche de l'échiquier politique et qui se réclame, paradoxalement, indépendantiste ; c'est un reniement aux principes de base de la solidarité internationale, à l'internationalisme et au droit des peuples à disposer d'eux-mêmes. C'est dans tous les cas la position défendue tant par les socialistes Ukrainien·nes, que par les socialistes Russes.

Car comme l'expliquent ces camarades russes et ukrainien·nes, en refusant de soutenir l'Ukraine, en refusant de l'aider à résister militairement, cela revient de facto à la désarmer et à favoriser sa colonisation, que ce soit par l'impérialisme russe, l'impérialisme étatsunien ou les deux et à renforcer ces mêmes impérialismes. Et force est de constater que Québec solidaire, se retrouve ici sur la même ligne politique que les groupuscules sectaires gauchistes de la gauche québécoise comme Alternative socialiste ou la Riposte qui s'opposent également et depuis le début à toute solidarité armée.

Enfin, du côté syndical, c'est le plus grand silence, un silence qui frôle l'indifférence. Il est impossible de trouver un seul communiqué du Conseil du travail du Canada (CTC) en solidarité avec le peuple ukrainien depuis la condamnation de l'agression russe en février 2022 . C'est la même chose pour le plus grand syndicat canadien, le Syndicat canadien de la fonction publique (SCFP/CUPE) . Même constat du côté des grandes centrales syndicales québécoises, FTQ, CSN, CSQ. L'idée d'un communiqué intersyndical après trois ans de guerre, ne semble même pas avoir été envisagée, contrairement à ce qui se fait en Europe.

L'impuissance du pacifisme

Il est pourtant urgent de questionner ce silence des dirigeant·es de la gauche québécoise et des centrales syndicales. Car comme l'explique l'historienne ukrainienne Hanna Perekhoda, « une société qui tolère, voire encourage, le cynisme et la domination sur la scène mondiale normalisera inévitablement ces mêmes dynamiques dans ses relations sociales internes – et vice versa ».

Pour le moment, on a l'impression qu'en faisant l'autruche la gauche québécoise et le mouvement syndical espèrent que Trump « règle » effectivement le conflit et qu'ils n'aient pas à se prononcer sur des questions qui fâchent, comme sur ce pacifisme complice des impérialismes russes et états-uniens, comme sur le soutien armé à l'Ukraine et plus généralement sur la question des armes, de l'armement, de l'industrie militaires et de la sécurité collective. Or il est très peu probable que Donald Trump « règle » le conflit en Ukraine, qu'il oublie son projet d'annexion du 51e État des États-Unis, que l'extrême droite, les fascistes et les néonazis restent confinés de l'autre côté de la frontière, que les oligarques étatsuniens et russes se satisfassent d'une Ukraine pillée et que ces impérialistes se mettent subitement à respecter le droit des peuples à disposer d'eux-mêmes.

Si cette hypothèse n'est pas complètement farfelue, il faudra bien qu'à un moment donné, la gauche et les syndicats canadiens et québécois se saisissent de « sales questions », comme celle de la sécurité collective et donc de la question des armes, du contrôle et de la nationalisation de l'industrie de l'armement notamment. Il faudra bien que les pacifistes convaincus prennent conscience qu'en matière de paix et de désarmement, la question est toujours de savoir : qui sera désarmé et par qui ?

Camille Popinot et Paco

7 mars 2025

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Presse-toi à gauche quitte X

11 mars, par Presse-toi à gauche ! — , ,
Depuis janvier 2025, Presse-toi à gauche a cessé de publier ses articles sur X. Nous nous inscrivons dans le vaste mouvement de sortie de X qui va de grands médias jusqu'aux (…)

Depuis janvier 2025, Presse-toi à gauche a cessé de publier ses articles sur X. Nous nous inscrivons dans le vaste mouvement de sortie de X qui va de grands médias jusqu'aux organisations syndicales et professionnelles. Cette sortie massive part du constat que X est devenu le véhicule ouvertement revendiqué du racisme, de la misogynie, de colonialisme et de l'impérialisme états-unien.

Comme l'a démontré la brochette d'invité-es à l'investiture du président américain et nombre de leurs interventions subséquentes, Trump et Elon Musk soutiennent des gouvernements et des partis d'extrême droite en Europe, en Amérique latine et un peu partout dans le monde. X s'est fait le véhicule d'idées de plus en plus toxiques. Le réseau X d'Elon Musk se fait le diffuseur de la désinformation la plus éhontée.

Le mouvement de sortie a révélé le refus de plus en plus généralisé de refuser les manipulations dans la promotion des opinions de l'extrême droite. En quittant X, en accord avec ce mouvement de sortie, nous défendons la nécessité d'utiliser d'autres espaces de diffusion et de construire des plateformes alternatives. Ce choix signifie par ailleurs qu'il faut reconstruire notre audience. C'est une décision essentielle pour nous assurer d'œuvrer dans des cadres de diffusion qui respectent les principes d'une presse libre et de gauche.

La dérive réactionnaire dont X est la pointe avancée frappe de plus en plus de médias, particulièrement aux États-Unis. Mais avec la domination des GAFAM au niveau mondial, c'est l'ensemble des plateformes numériques qui entrent sous le contrôle de ces géants du Web. Plus largement, l'ordre donné au Washington Post par Jeff Bezos de cesser de publier toutes les opinions allant à l'encontre de la célébration du marché libre et des libertés personnelles est un exemple des dérives actuelles pouvant même toucher des grands médias possédés par de grands capitalistes.

Par ailleurs, il est crucial qu'à l'échelle du Québec l'ensemble des organisations sociales et politiques ou de presse dénonce une plateforme qui s'attaque aux intérêts de la majorité populaire et à toutes les minorités opprimées.

Un média de gauche comme PTAG, comme tous les médias sociaux indépendants des pouvoirs en place, sera confronté à une série de défis dont la multiplication des discours haineux, des attaques en tout genre, des restrictions liberticides et à l'effacement des mouvements sociaux. Notre retrait de X n'est pas seulement un refus de contribuer à l'utilisation une plateforme nauséabonde, il doit s'inscrit, avec l'ensemble des médias sociaux dans la nécessité de construire un nouvel espace commun de débats libre et démocratique.

Bien entendu, nous ne nous limiterons pas à cesser de publier nos contenus sur X. Nous réorienterons nos publications vers Bluesky et vers Mastodon. Ce sont des réseaux plus restreints mais en pleine croissance et nous jugeons qu'il est essentiel de nous inscrire dans ce mouvement. Nous participerons ainsi à la croissance de médias sociaux où pourront s'exprimer l'ensemble des organisations sociales, politiques et les médias sociaux qui s'inscrivent dans le combat pour une société démocratique et égalitaire.

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Rapport du Protecteur national de l’élève Les bris de scolarisation devraient nous alarmer collectivement

11 mars, par Laurence Simard-Gagnon, Patrice Lemieux Breton — , ,
Lettre ouverte de Laurence Simard-Gagnon, professeure de travail social à l'UQÀR, et de Patrice Lemieux Breton, coordonnateur du Comité pour le droit à la scolarisation Le (…)

Lettre ouverte de Laurence Simard-Gagnon, professeure de travail social à l'UQÀR, et de Patrice Lemieux Breton, coordonnateur du Comité pour le droit à la scolarisation

Le 20 février dernier, le dépôt du premier <https://cdn-contenu.quebec.ca/cdn-c...>'>rapport d'activités annuel du Protecteur national de l'élève a été « éclipsé » par le dépôt d'un autre
rapport, celui de la vérificatrice générale sur un certain fiasco à la SAAQ… Malheureusement, un des constats alarmants du Protecteur national de l'élève est ainsi passé inaperçu : le fait qu'un grand nombre d'élèves vivent des bris de scolarisation et se retrouvent ainsi exclu-es, pour des périodes plus ou moins longues, de l'école québécoise.

Ce phénomène qui va s'aggravant mérite qu'on s'y intéresse collectivement et exige une intervention politique urgente.

Une dénonciation des bris de scolarisation

Les « bris de services/de scolarisation » font partie des principaux motifs des plaintes reçues par le Protecteur national de l'élève. On parle ici d'élèves qui ne sont <http:/xn--scolaris-i1a.es>'>pas scolarisé.es pendant des périodes plus ou moins longues, allant de quelques heures par semaine à plusieurs semaines par année, ou qui sont carrément exclu.es de l'école.
Des élèves qui, dans la presque totalité des cas, sont en situation de handicap ou en difficulté d'adaptation ou d'apprentissage (HDAA).

Rappelons que le ministère de l'Éducation a recensé 2411 élèves « en situation compexe » auraient vécu un bris de services en 2023, alors qu'on parlait de 1481 élèves en 2021. Bien que ces données sous-estiment nettement la réalité, vu qu'elles excluent notamment les élèves qui ont vécu des bris de services de moins de deux semaines, elles révèlent une tendance à la hausse ; une tendance observée par différents acteurs comme la Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse ou l'Office des personnes handicapées du Québec.

Le Protecteur national de l'élève souligne lui-même pourquoi il faut se soucier de ce problème : « Peu importe l'âge de l'élève ou la réalité avec laquelle il compose, chaque situation de bris de services ou de scolarisation le prive de son droit aux services d'enseignement prévus à la Loi sur l'instruction publique. Ces événements sont à chaque fois préoccupants pour le Protecteur national de l'élève, car leurs impacts sont souvent majeurs pour les élèves et leurs parents. Tous les moyens nécessaires doivent être entrepris pour assurer la scolarisation des élèves
» (page 21)

Mais aucune recommandation

Comme il est ici question de droits qui sont bafoués, de conséquences très lourdes pour les élèves, leurs parents et l'ensemble de la société, d'un phénomène qui est en train de s'aggraver… nous aurions aimé voir le Protecteur national de l'élève lancer son message avec plus de conviction.

Par exemple, comme il peut, « dans le cadre de son rapport annuel, formuler toute recommandation à portée collective qu'il juge utile à l'égard des services rendus par les centres de services scolaires ou les établissements d'enseignement privés » (article 60 de la Loi sur le Protecteur national de l'élève), nous aurions aimé le voir formuler une telle recommandation. Car
malheureusement, force est de constater que plusieurs centres de services scolaires et directions d'école n'adhèrent pas à sa vision des choses et en viennent plutôt à normaliser les bris de scolarisation. Un petit rappel à l'ordre ne fait jamais de tort !

D'ailleurs, nous croyons que le Protecteur national de l'élève ne devrait pas se gêner pour interpeller directement le ministre de l'Éducation et même l'ensemble du conseil des ministres. Devant la gravité du préjudice que subissent les élèves HDAA et leurs parents, il est urgent que le gouvernement et l'ensemble de la classe politique reconnaissent, comme le
Protecteur national de l'élève, que « tous les moyens nécessaires doivent être entrepris pour assurer la scolarisation des élèves ».

Si le gouvernement adhère à cette perspective, il devra commencer par s'assurer que tous les fonds nécessaires sont disponibles pour répondre aux besoins de l'ensemble des élèves HDAA et leur assurer une scolarisation de qualité. Et le budget qui sera déposé le 25 mars prochain sera un bon test
en ce sens.

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Tarifs et assurance-emploi : « pas de temps à perdre pour agir » selon le Conseil National des Chômeurs et Chômeuses

11 mars, par Conseil national des chômeurs et chômeuses — , ,
Montréal, le 4 mars 2025 – Le Conseil national des chômeurs et chômeuses (CNC) souhaite rappeler l'importance du filet social pour que les travailleurs et travailleuses (…)

Montréal, le 4 mars 2025 – Le Conseil national des chômeurs et chômeuses (CNC) souhaite rappeler
l'importance du filet social pour que les travailleurs et travailleuses puissent faire face aux tarifs et à ses
conséquences.

«

Nous entendons les engagements à une bonification et un ajustement du programme d'assurance emploi, mais il n'y a toujours rien de concret. Après l'incertitude et les menaces, la réalité des tarifs frappe de plein fouet et les impacts se font déjà sentir sur les travailleurs et les travailleuses », a déclaré Milan Bernard, co-porte-parole du CNC. « Il faut que le gouvernement agisse rapidement

».

Le 25 février dernier, le CNC, les grandes centrales syndicales québécoises (FTQ, CSN, CSQ et CSD) et le Mouvement autonome et solidaire des sans-emploi (MASSE) ont demandé au gouvernement fédéral la mise en place immédiate de mesures d'assouplissement et d'amélioration au programme d'assurance emploi dans le contexte de la guerre tarifaire avec les États-Unis et de l'incertitude économique actuelle.

À cette occasion, cette coalition proposait la mise sur pied d'un projet pilote agissant notamment pour améliorer l'accessibilité et assouplir les règles et sanctions du régime.

« Avec d'autres tarifs probables, les groupes du CNC seront en première ligne pour offrir aux personnes qui en ont besoin les informations sur l'accès à l'assurance-emploi », a déclaré Selma Lavoie, co-porte parole du CNC.

Enfin, le CNC souhaite également dénoncer la politique générale de Donald Trump et de son administration, mettant de l'avant un discours haineux et des politiques nuisibles auxquels il importe de résister de toutes nos forces.

À propos du CNC :

Fondé en 2005, le Conseil national des chômeurs et chômeuses (CNC) est la force organisée de défense et de promotion des droits des chômeurs et chômeuses, et plus largement des travailleurs et travailleuses. Il rassemble une dizaine d'organismes locaux et régionaux se voulant des acteurs proactifs pour une réforme globale du programme de l'assurance-emploi.

Pour en savoir plus : www.lecnc.com

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Vive le Canada libre

11 mars, par Jean-François Delisle — , ,
Comme l'histoire offre de ces retournements qui expriment les contradictions d'un pays, on assiste en ce moment à un grand mouvement, élites politiques et électorat confondus, (…)

Comme l'histoire offre de ces retournements qui expriment les contradictions d'un pays, on assiste en ce moment à un grand mouvement, élites politiques et électorat confondus, de résistance d'inspiration nationaliste face à l'offensive tarifaire de la présidence américaine, mouvement renforcé par le style abrasif de Donald Trump. On resserre les rangs en en appelant à la "fierté nationale". Devant une menace de cette envergure, la "solidarité nationale" canadienne paraît s'imposer d'elle-même. Tout un assortiment de politiciens "canadians" y vont de leurs couplets patriotiques et de propositions pour repousser l'assaut de l'infâme Trump.

Le premier ministre de l'Ontario, Doug Ford, surnommé "Captain Canada" est le plus ardent défenseur des intérêts canadiens et de l'identité canadienne. Il propose des mesures de rétorsion commerciales vigoureuses à l'endroit des États-Unis. Pierre Poilievre, chef du Parti conservateur et possible prochain premier ministre fédéral arbore une casquette sur laquelle est cousu le slogan : "Le Canada n'est pas à vendre". Tant chez les libéraux fédéraux que chez les néo-démocrates règne un pareil état d'esprit, lequel relève d'une forme d"exaltation nationaliste. Tous rejettent avec indignation l'intention proclamée par Trump (qui tourne au radotage) de faire du Canada le 51ème État américain et du premier ministre son gouverneur.

Même François Legault, l'actuel premier ministre du Québec et ancien ministre péquiste (c'est-à-dire en principe souverainiste) à la fin des années 1990, se joint à ce concert de protestations et accepte de faire front commun avec le fédéral et ses collègues des autres provinces pour contrer l'offensive de Trump. Il est même prêt, semble-t-il, à examiner sérieusement la levée de barrières réglementaires qui entravent le commerce interprovincial, ce qui nuirait pourtant à l'autonomie du Québec. Il dirige néanmoins un parti, la Coalition avenir Québec, qui est autonomiste. Trump a réussi involontairement cet exploit de souder (au moins temporairement) les classes politiques canadiennes dans un front commun dirigé contre lui.

Il faut admettre qu'une bonne majorité de Québécois et de Québécoises, autonomistes comme indépendantistes, préfère affronter le danger de la politique agressive de Trump au sein d'un front commun pancanadien que de faire cavalier seul, isolée face au géant américain. Mais le courant souverainiste se maintient ; il est seulement moins visible par les temps qui courent, vu la conjoncture risquée que nous traversons, qui favorise une forme d'union nationale "from coast to coast".
Dans la foulée des ténors fédéralistes qui condamnaient autrefois la nationalisme québécois indépendantiste (qualifié de xénophobe et chauvin)et vantaient plutôt la "Canada multiculturel", ceux d'aujourd'hui déploient avec ardeur un nationalisme pancanadien comme s'il allait de soi, Justin Trudeau en tête.

En effet, dans la vision trudeauiste (celle du père Pierre-Elliott comme celle du fils Justin), le Canada est une nation formée de communautés multiculturelles ; dans cette optique, le Québec français n'en n'est qu'une parmi d'autres. Ce courant de pensée a toujours rejeté avec vigueur la thèse des deux nations (le Québec français d'un côté le Canada anglais de l'autre). Mais voilà que les faits bruts démentent cette façon de voir. En effet, comment qualifier autrement que de nationaliste la vague de résistance "canadian" à la politique agressive du locataire de la Maison-Blanche ? Le ralliement du Québec à ce front commun ne doit pas faire illusion. Elle est le produit des circonstances et non d'une adhésion aux thèses trudeauistes.

Le Parti québécois devance par plusieurs points la Coalition avenir Québec dans les intentions de vote. Il est vrai que les sondages révèlent aussi que si un éventuel gouvernement péquiste dirigé par Paul Saint-Pierre Plamondon (PSPP) tenait un référendum sur la souveraineté, il le perdrait, mais cette option récolterait tout de même 35% à 40% des voix, soit un score plus ou moins semblable à celui de mai 1980. Par ailleurs, Québec solidaire, en dépit de ce qui l'oppose au Parti québécois, adhère lui aussi à l'idéal indépendantiste.

Le nationalisme québécois est toujours bien vivant, que ce soit sous sa forme autonomiste (majoritaire) ou encore souverainiste (minoritaire). Celui du Canada anglais démontre sa vigueur. Les deux se sont rapprochés vu les circonstances, mais ils demeurent bien distincts. La "question du Québec" n'est toujours pas résolue.

Depuis le référendum (perdu de peu par les indépendantistes) de 1995, le Parti québécois n'a plus que très peu traité d'émancipation nationale. Mais les tensions canado-américaines aigues qui prévalent actuellement tendent à faire oublier qu'à une certaine époque pas si lointaine (de 1968 à 1995), la "question du Québec" a mobilisé l'attention et l'énergie des classes politiques, tant canadiennes que québécoises. Inquiétude dans le camp fédéraliste, espoir dans celui souverainiste... Cet antagonisme fédéralistes-souverainistes a atteint son degré d'intensité le plus élevé de 1976 à 1980. Le rapatriement forcé de la constitution en avril 1982 (à la suite de ce que les péquistes ont surnommé "la nuit des longs couteaux") par le gouvernement libéral de Pierre-Elliott Trudeau n'a pas arrangé les choses. La question du statut national final du Québec demeure donc pendante. Elle resurgira à nouveau si le Parti québécois revient aux affaires dans un an.
Si le Canada n'est pas à vendre comme le clament les nationalistes "canadians" et les fédéralistes francophones de la tendance trudeauiste, pourquoi l'indépendantisme québécois serait-il, lui, illégitime ?

Jean-François Delisle

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Journée internationale des droits des femmes Encore en lutte

11 mars, par Regroupement des groupes de femmes de la région de la Capitale-Nationale (Portneuf-Ouébec-Charlevoix) — , ,
Québec, le 8 mars 2025- Des centaines de militantes féministes et des familles de la région ont répondu à l'appel du Regroupement des groupes de femmes de la région de la (…)

Québec, le 8 mars 2025- Des centaines de militantes féministes et des familles de la région ont répondu à l'appel du Regroupement des groupes de femmes de la région de la Capitale-Nationale et ont participé à une manifestation soulignant la Journée internationale des droits des femmes.

(C'est plus de 2000 personnes qui ont manifesté ce 8 mars à Québec pour souligner la Journée internationale pour les droits des femmes.) Presse toi à gauche

Photos tirées du facebook du RGF

Cette année, la thématique du 8 mars est : « Encore en lutte ». C'est avec le poing levé que les militantes ont parcouru St-Roch pour montrer leur force collective et leur résilience.

Plusieurs groupes se sont alliés pour dénoncer les impacts de la privatisation des services publics sur les personnes qui fréquentent leurs organismes. « Les impacts de la privatisation, notamment en santé, sont énormes sur les femmes en situation de pauvreté, sur les femmes vivant avec un handicap, sur les femmes immigrantes ayant recours à des services en périnatalité et sur les personnes marginalisées. Et on craint que la situation ne fasse qu'empirer ! », alerte Marilou Dubois, militante féministe co-porte-parole pour le 8 mars. Un message de solidarité a aussi été livré aux femmes à la croisée des systèmes d'oppressions qui travaillent dans des conditions précaires.

Devant le Palais de Justice, des travailleuses de groupes communautaires ont dénoncé le continuum des violences sexistes vécues par les femmes et les filles. « Année après année, les féminicides s'accumulent, et ce n'est que la pointe de l'iceberg des violences genrées. Qu'est-ce que le système de justice et l'État attendent pour protéger les femmes ? », s'insurge Rosalie Desilets, du Regroupement des groupes de femmes de la Capitale-Nationale.

En avant-midi, une cinquantaine de femmes ont défilé dans un centre commercial de Québec, vêtues des habits rouges des Servantes écarlates. « Par cette action d'éclat, nous souhaitions dénoncer les discours et politiques antiféministes de la droite et la montée de l'extrême droite. L'œuvre de La Servante écarlate nous démontre les dangers d'une société patriarcale », s'exclame Marilou Dubois.

Au lancement de la manifestation, un contingent des Servantes écarlates a pris part à la Marche.

La journée du 8 mars marque également le lancement de la Marche mondiale des femmes. Les 17 et 18 octobre 2025, Québec sera la région hôte de la 6e édition de la Marche mondiale des femmes sous le thème Encore en marche pour transformer le monde.

Quatre grands moments de mobilisations pour dénoncer les violences, la pauvreté et la crise climatique sont prévues au calendrier d'action :
• Le 24 avril, pour souligner la Journée de solidarité féministe contre le pouvoir des entreprises transnationales en commémoration du Rana Plaza ;
• Le 4 juin, pour célébrer le 30e anniversaire de la Marche du pain et des roses ;
• Le 4 octobre, pour souligner la Journée nationale d'action pour les femmes, les filles et les personnes bispirituelles autochtones disparues et assassinées ;
• Les 17 et 18 octobre culminera avec l'action de clôture de la 6e édition de la Marche mondiale des femmes.

Le RGF-CN vous invite à suivre sa page Facebook pour avoir plus d'informations sur les mobilisations à venir.

Le RGF-CN regroupe des groupes de femmes de la région de la Capitale-Nationale et travaille la défense des droits et des intérêts de toutes les femmes, l'égalité des femmes entre elles, l'amélioration des conditions de vie.

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Patriarcat ?

11 mars, par Margot — , ,
Ce texte a été lu lors du Cabaret féministe du 1 mars organisé par le comité des femmes de Québec Solidaire de la Capitale nationale. Plus de 70 personnes ont assisté à cette (…)

Ce texte a été lu lors du Cabaret féministe du 1 mars organisé par le comité des femmes de Québec Solidaire de la Capitale nationale.

Plus de 70 personnes ont assisté à cette prestation.

20 % d'écart de salaire, mondialement.
1⁄3 de nos corps violentés ou agressés.
81 % des victimes de violences conjugales au Québec.
J'imagine que vous avez compris de qui je parle ?
Je parle de cette esclave du patriarcat, de cet outil si facile à jeter lorsque l'on n'en a plus
besoin. Oui, je parle de “la femme”.
Je parle de mes idoles de jeunesse aux longs cheveux crêpés et aux yeux cernés d'abus.
De ces jouets qui font du bruit quand on appuie dessus, entre les pattes de chiens enragés
par l'argent.
Ok.
Je m'arrête ici.

J'ai la mauvaise manie d'écrire des mots coups-de-poing. J'ai la révolte sur le bout de la
langue, mais l'auto-censure coincée entre les dents.
Ça fait une semaine que je me demande ce que je vais faire, ce que je vais lire. J'ai plein de
textes sur le féminisme, mais j'ai l'impression soudainement de n'avoir plus rien à dire. J'ai
le féminisme gêné, le féminisme écrasé, le féminisme peureux de crier trop ou pas assez
fort. J'ai peur de ne pas oser jusqu'au bout.

J'ai le féminisme qui s'accroche à l'ombre de ma mère, des fois.
J'ai jamais douté d'être féministe par contre et je comprends aujourd'hui que c'est un
privilège que je dois à mon éducation.

Faque, sans savoir par ou commencer, j'ai décidé d'écrire une lettre au dos de cette femme
si petite et pourtant si immense devant moi qui, un jour, m'a annoncé que ce qu'elle
souhaitait pour ses filles, c'était simplement la liberté. J'avais jamais réalisé ce que le mot
“liberté” voulait dire, avant d'être une adulte. - Quand je dis adulte, je parle du moment où j'ai
rempli mon premier rapport d'impôt .Le moment où j'ai compris que des chaînes, on en avait
beaucoup, pis que certaines d'entre elles sont invisibles/. Le moment où j'ai compris ce que
ça voulait dire pour vrai, un “rapport de pouvoir” dans une relation hétérosexuelle
monogame.

J'avais jamais réalisé ce que le mot “liberté” voulait dire, avant de comprendre pourquoi
c'était un “rêve” et pas “un souhait”. parce que c'est crissement pas si facile que ca dans
l'fond, d'être femme et libre.

Une lettre donc, à la naissance de mon féminisme.
“Allô mom,
Encore une lettre au “je”, ça doit être à force d'écrire du théâtre, je finis par penser comme
un personnage.

Je voulais te dire merci. Merci de m'avoir faite comme je suis. Des fois j'imagine ce que
j'aurais pu devenir dans les mains d'autre parents, genre des pro-trump et j'en ai des
frissons d'horreur.

Ça va fatigué autour de moi. J'ai l'impression qu'être militante après 2012, c'est comme
ramasser l'océan à coups de chaudières, ça a pas de criss de sens. Des bâtons dans les
roues avant même d'avoir pu essayer de rouler un peu. De la glace sur toute la
circonférence de la terre et personne pour la faire fondre.

En ce moment, j'ai l'impression que s'engager politiquement, c'est l'équivalent de retenir sa
respiration sous l'eau le plus longtemps possible pis espérer un miracle.
Les seuls miracles que j'ai vus, ils étaient sur scène, au théâtre, pis si y'a bien un endroit où
faut qu'on arrête de faire des miracles avec rien, c'est bien dans les théâtres. Criss qu'on
rush pareil. Ben, pas juste les théâtres je sais, mais les théâtres aussi, mettons.
Je dis souvent qu'on a toutes et tous deux espaces à l'intérieur de nous. Un pour les luttes,
pis un pour la guérison. Pis que ces deux espaces-là se nuisent, quand on essaie de les
mélanger.

Moi, des fois, j'ai besoin de m'arrêter pour guérir, sinon mes luttes me détruisent. Pis quand
je lutte, j'ai moyen la délicatesse de guérir quelqu'un qui est pas sûr de vouloir être là. Ça
fait quelques semaines que je suis en mode “lutte”, mais aujourd'hui, j'ai envie de guérison.
J'arrive à l'âge de la reconnaissance où je comprends enfin un peu mieux l'amour d'un
parent pour son enfant. Donc voilà, j'ai envie de te dire merci.

Merci de m'avoir emmenée à ma première manif quand j'étais encore un tout petit bébé.
Merci de m'avoir emmené à toutes les autres qui ont suivi aussi.

Merci pour toutes ces années de patience à m'expliquer ce que ça veut dire d'être une
femme. Ce que ça veut dire pour vrai, pas ce qu'on nous demande de devenir.
Merci de m'avoir expliqué mes privilèges assez tôt pour que j'aie le temps d'en être horrifiée,
de les refuser, de vivre dans le déni, de revenir sur mes pas, de voir un psy, de réfléchir à
comment les utiliser – et tout ça avant que je parte en appart à 17 ans.

Merci de m'avoir parlé de l'intersectionnalité dans les luttes.
Merci d'avoir persévéré,
de t'être excusée quand tu en ressentais le besoin,
de m'aimer.
Ben, j'pense.
Merci pour toutes ces heures de relecture, tous ces partages de connaissances.
Merci de m'avoir laissée présenter ma pétition pour sauver les ours polaires dans ton cours
d'université quand j'étais au primaire.

Merci de ne pas m'avoir dit que, même si j'envoyais ma pétition aux conservateurs, ils la
liraient probablement jamais. De m'avoir encouragée à faire quelque chose.
Si je suis aussi résiliente aujourd'hui, c'est sûrement grâce à toi.

Merci de ne jamais m'avoir dit de faire attention aux ruelles, de pas rentrer seule le soir, de
ne pas m'habiller trop sexy. Sans toi, j'aurais grandi dans la même peur que 95 % de mes
amies. Qui aurait été là pour les raccompagner ? Pour les rassurer ?
Merci d'avoir fait de moi la femme fragile la plus forte de ma classe au cégep.
Merci d'avoir arrêté de me dire si j'avais maigri ou grossi quand je t'ai dit que j'aimais pas ça,
les commentaires sur mon corps. Merci de ne pas dire “oui, mais c'est parce que je t'aime”.
Merci de m'avoir appris que l'amour n'est pas une excuse ou un moyen pour avoir du
contrôle sur quelqu'un. De m'avoir laissé faire mes erreurs amoureuses sans me dire “je te
l'avais dit !”

Merci d'avoir refusé de motiver mes absences quand j'allais manifester en 2012, à 14 ans,
mais de m'avoir proposé d'aller marcher ensemble. Grâce à toi, j'ai appris par cœur les
premiers paragraphes du code de règlement de l'école en retenue. Et je me suis sentie plus
motivée que jamais à retourner dans la rue.

Merci de t'être confiée à moi.

Merci de m'avoir montré tes larmes, de me les avoir racontées, une goutte à la fois.
Merci de me poser des questions quand tu as un doute sur comment aborder les pronoms et
les genres dans une classe universitaire. Merci de m'inclure dans ta réflexion.
Merci de me rappeler que les luttes évoluent et que c'est pas parce que le féminisme est “un
combat des femmes, pour les femmes”, qu'une femme trans qui n'a pas été socialisée
comme femme ne peut pas se proclamer féministe.

Merci de me dire la vérité. De me dire que toutes les féministes ne sont pas toujours
d'accord, qu'il existe plusieurs types de féminisme, mais qu'une féministe fasciste, c'est pas
une féministe. Qu'une anarchiste est par définition féministe. Et qu'il n'existe aucun parti
nazi qui se revendique féministe, même quand on me traite de “fémi-nazi” sur Facebook.
Merci pour ton ouverture d'esprit, même quand je me suis nonchalamment allumé une
cigarette à côté de toi et que tu m'as dit “tu fumes maintenant ?” sans me rappeler le nombre
de fois où je cachais tes cigarettes en pleurant parce que je voulais pas que tu meures du
cancer.

Merci de ne pas me demander si je suis vraiment certaine de ne pas vouloir d'enfant.
Merci de m'avoir laissée choisir la musique, puis le théâtre. Merci de ne pas me demander
combien je fais par année, de me rappeler que j'ai toujours une place chez vous, même si
ma chambre d'ado est devenue la chambre d'ami.e.s.

Merci, oh, déesse, merci de ne pas être restée en France et de m'avoir fait naître au
Québec. C'est un esti de beau cadeau.
Maman, j'ai le féminisme déconstruit, qui se reconstruit. Le féminisme ouvert, le feéminisme
évolutif, que j'aime l'appeler. Et ça, c'est grâce à toi.
Merci. “

Ma mère et moi (et plusieurs femmes de différents milieux sociaux/classes sociales/âges) on
a écrit des textes pour un zine feministe publié par ma compagnie de théâtre “Tête de l'Art”
J'aimerais vous lire son extrait ;

«

Il y a toujours l'idée que le problème du corps féminin, c'est le fait que ses organes génitaux
soient à l'intérieur, ce qui les rend inquiétants : on pense que la femme est soumise à son
utérus, à cet organe dont on ne maîtrise pas les soubresauts, les cycles et les secousses

»
Aurélie Chatenet-Calyste, historienne et maîtresse de conférences en histoire moderne à
l'université Rennes-II
Que signifie, socialement, avoir un utérus ? La réponse à cette question dépend évidemment
des lieux et des époques, mais laissez-moi vous partager quelques expériences personnelles
qui, je suis sûre, auront des échos parmi les lectrices. Pour bien camper l'histoire, je suis une
femme hétérosexuelle de 52 ans. Une histoire très banale en quelque sorte....
Avoir un utérus, cela a signifier enfant, être un objet de jeu pour des petits gars de neuf ans
à l'arrière d'une camionnette... où ils m'ont déshabillés et m'ont touché sans mon
consentement sous le regard bienveillant de leurs parents, qui jetaient des regards attendris
dans le rétroviseur.

Avoir un utérus, c'est aussi avoir mal au ventre, au dos, à en vomir de douleur, à ramper au
lieu de marcher... C'est bénéficié de la pilule de première génération à l'âge de 13 ans pour
y remédier, contenant de fortes doses d'œstrogène et d'en vivre les effets secondaires (dont
le gonflement des seins, et l'anéantissement de la libido).
Avoir un utérus, c'est, à l'âge de 17 ans, aller chez le médecin (que je ne connaissais pas)
pour une grippe, et me retrouver sur la table d'examen, sans culotte, soumise à son œil
acéré.

Avoir un utérus, c'est la possibilité de se faire malmener et harceler par des policiers sur une
plage en Italie la nuit, avec la lampe de poche dans la face, du chantage et des menaces.
Avoir un utérus c'est avoir la chance inouïe de vivre la ménopause et ses conséquences bien
connues, mais encore taboues : chaleurs, sommeil entrecoupé, débalancement hormonal et
j'en passe....

Avoir un utérus, c'est avoir le droit, comme représentante du sexe dit faible, d'être
injustement rabaissée, lors d'une conversation, d'un débat, d'une situation professionnelle.
Mais avoir un utérus, c'est aussi, avoir le privilège d'enfanter, d'être mère, de connaître le
monde merveilleux et bienveillant des sages-femmes, d'apprendre avec sa progéniture,
d'être amoureuse, de jouir.

C'est aussi devenir une personne qui parfois est considérée au-delà de son utérus, dans son
intégralité, avec lui certes, mais ne se réduisant pas à lui. Et ça fait du bien...
Tant que toutes les femmes ne seront pas libres, nous marcherons (Marche mondiale des
femmes)”

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Chardon

11 mars, par Margot — , ,
Ce texte « Chardon » est tiré du spectacle Krealogie botaniK. Un spectacle d'électro-poésie-théâtre, un spectacle de la compagnie de création féministe Tête de l'Art. Il a (…)

Ce texte « Chardon » est tiré du spectacle Krealogie botaniK. Un spectacle d'électro-poésie-théâtre, un spectacle de la compagnie de création féministe Tête de l'Art.

Il a été lu lors du Cabaret féministe du 1 mars organisé par le comité des femmes de Québec Solidaire de la Capitale nationale.

Plus de 70 personnes ont assisté à cette prestation.

un peuple uni, jamais ne sera vaincu !
vaincu
cul
culot
culottées en criss la fille, de dire ça.
Y'a trop d'affaires qui se passent pour que j'retienne tout !
La politique, l'amour, l'écologie, la politique, l'économie, la vie sociale, l'écologie, l'histoire
(la vraie), la vie sociale, la pensée, les luttes, le féminisme, la politique, l'amour, l'écologie,
l'austérité, le rouge, le noir, les plumes rouges, les carrés rouges, les yeux rouges de sang,
l'effort qui te suinte par les pores du visage.
l'effort. La productivité, la santé. Les cycles circadiens. circassiens dans mon cas. avec la
roue du monocycle qui tourne à l'infini, en équilibre sur un trapèze croche.
croche
toute croche la fille
a monte les escaliers
a monte encore
a monte les escaliers
a monte toute croche
pis a l'arrive jamais en haut
ya quoi en haut, hein ?
si je travaille autant, c'est parce que j'ai tellement travaillé, que si j'arrête. j'pense que
j'meurs.
on meurt toute
T'es qui toé
c'est qui lui
pense y pas
une autre affaire
pense y pas
vide ton esprit
fais ton criss de yoga
pense y pas
ya d'autres affaires ben pire dans la vie
genre genre, le melon d'eau/ Le criss, de melon d'eau.
Respire.

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