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Pourquoi Québec solidaire devrait immédiatement arrêter d’acheter de la publicité à Meta

Alors qu'un vaste mouvement d'acteurs de la société civile et d'organisations médiatiques appelle au boycott de Meta suite à la décision de l'entreprise de bloquer les articles des médias canadiens et québécois en réaction à la loi-C18, Québec solidaire s'entête à garder ses publicités sur Facebook et Instagram.
Le parti justifie cette pratique à partir d'arguments faibles et incohérents qui ne résistent pas à l'examen critique et à l'épreuve des faits, comme en témoigne les piètres résultats obtenus lors de l'élection partielle dans Jean-Talon.
Cette position de QS est intenable d'un point de vue éthique et politique, car elle contrevient aux valeurs solidaires ; et elle s'avère inefficace voire contreproductive d'un point de vue stratégique, car elle ne permet pas d'atteindre les gains escomptés.
Commençons par identifier les arguments fallacieux de la direction du parti, afin de mieux les déconstruire.
Premièrement, la campagne de boycott de Meta serait purement symbolique et donc inutile. Le porte-parole Gabriel Nadeau-Dubois a affirmé le 12 septembre dernier : « Je pense que, dans ce cas-là en particulier, on voit les limites de ce boycott-là. Vous avez vu les chiffres de trafic sur ces plateformes-là qui n'ont pas diminué, on voit les limites de ces gestes symboliques là. Nous, on pense qu'il faut du vrai courage politique pour remettre ce monde-là [Meta] à leur place. »
Or, en quoi une campagne de boycott serait-elle incompatible avec un « vrai courage politique » pour réguler les plateformes ? Cet argument ressemble étrangement à un faux dilemme : soit on boycotte Meta (avec une efficacité discutable), soit on décide d'encadrer les géants du numérique (avec une efficacité encore discutable, comme en témoigne le gouvernement canadien et sa loi C-18). Or, ne peut-pas pas marcher et mâcher de la gomme en même temps ?
Bien sûr, la campagne de boycott ne fera pas changer d'idée à Meta du jour au lendemain. Mais cela contribue à augmenter la pression sur l'entreprise, tout en incarnant des gestes de solidarité avec les acteurs concernés. Rappelons d'ailleurs que la loi C-18, malgré ses imperfections, a commencé à porter fruit, avec Google qui a accepté de verser 100 millions de dollars aux médias canadiens. QS semble croire que la décision unilatérale de Meta de bloquer les contenus médiatiques au Canada serait inéluctable, et là pour rester pour « des mois, voire des années ». Or, il s'agit d'abord du chantage d'une firme multinationale qui veut éviter de payer trop de redevances et d'empêcher la multiplication de législations contraignantes ailleurs dans le monde.
QS accepte donc ce chantage au lieu de se tenir droit et de trouver d'autres moyens de rejoindre son public. Si le trafic sur les réseaux sociaux Facebook et Instagram est toujours aussi important dans les derniers mois, le fait de désinvestir d'une plateforme numérique hostile à l'écosystème médiatique d'ici représente un geste courageux qui indique la direction à suivre pour le reste de la société, au lieu de se mettre à la remorque d'un géant capitaliste.
Deuxièmement, dans un courriel officiel du parti, il est indiqué que : « 90% de la population québécoise est présente sur les réseaux sociaux. Cette proportion est encore plus grande chez les jeunes, notre public et base de soutien principale. Comme parti politique, nous avons à la fois la responsabilité de rejoindre l'électorat, mais aussi le besoin de le faire, pour la bonne santé de notre organisation. Lorsque l'on décide de ne pas faire de publicité sur Meta, on accepte de ne pas aller à la rencontre de nombreuses personnes. Or, le travail d'un parti, c'est d'aller à la rencontre des électeurs et des électrices, en période électorale ou non. »
Le parti fait donc appel à la « responsabilité » de rejoindre les électeurs, notamment les « jeunes », en affirmant que cela fait partie de la fonction centrale d'un parti politique. Or, l'idée présupposée ici est que sans publicité sur Meta, on ne pourra plus rejoindre les jeunes et l'électorat visé, nous condamnant ainsi à l'invisibilité médiatique. Cela est étrange, notamment parce que les jeunes désertent de plus en plus Facebook et Instagram (pour se tourner vers TikTok notamment), et l'électorat peut toujours être rejoint par d'autres canaux de communication : télévision, radio, porte-à-porte, d'autres outils et plateformes numériques. Tout se passe comme si QS était absolument obligé de passer par Meta pour rejoindre sa base électorale, comme s'il s'agissait d'une question de vie ou de mort pour l'organisation, alors que ce n'est pas le cas.
Troisièmement, il y a l'argument de la santé organisationnelle et financière, qui découle de la visibilité médiatique attribuable à la publicité sur les médias sociaux. Dans le courriel du parti aux membres en date du 16 septembre, on prétend que : « faire de la publicité sur Meta nous permet d'entrer en contact avec de nouvelles personnes, de recruter de nouveaux membres et de faire du financement populaire. Nous le faisons depuis des années. Ces trois actions sont fondamentales à la santé organisationnelle de Québec solidaire, et c'est dans cette vision à moyen et à long terme que nous avons fait ce choix. Depuis plusieurs années, nous utilisons également la publicité pour faire de la mobilisation politique.
Sans cette publicité, il serait vraiment ardu de rejoindre des gens que nous n'avons jamais contactés. »
Bref, la santé organisationnelle et financière de QS serait structurellement dépendante de la publicité achetée sur Meta, sans quoi les finances du parti seraient durement touchées. On voit ici un grave problème de dépendance du parti envers les GAFAM et les technologies addictives du capitalisme algorithmique : sans elles, nous ne pouvons être visibles, notre existence politique est menacée, nous ne pouvons être entendus, et nous sommes donc menacés de disparition. On voit là le sophisme de la pente glissante.
Quatrièmement, il y a l'argument du « nous ne sommes pas les seuls » à commettre une action problématique (ne pas boycotter dans ce cas-ci). Le courriel du 16 novembre souligne que : « de nombreux partis politiques fédéraux, toutes familles politiques confondues, ont maintenu leurs placements. Même certains médias québécois continuent de faire de la publicité sur Meta, comme Le Devoir, Noovo, Le Soleil ou la Montreal Gazette. Québec solidaire ne fait donc pas cavalier seul ; nous sommes toutes et tous dépendants de ces plateformes pour exister dans l'espace public et rejoindre les gens. »
Pour reprendre une analogie formulée par Catherine Dorion à l'égard du troisième lien, on voit ici l'argument de la « ligne de coke » : regardez, je ne suis pas la seule organisation accro aux algorithmes de Facebook ; il y a aussi tel individu, tel groupe et telle personne qui consomment tout autant que moi. Bref, nous sommes tous également addicts à ce système, donc je vais continuer à consommer et à garder le même comportement. Seul un vrai changement à grande échelle fera une différence, soit quand tout le monde décidera d'arrêter de consommer en même temps, ou quand on interdira la coke par la loi. Vous voyez l'analogie.
Malheureusement, ce piteux argumentaire ne tient pas la route d'un point de vue factuel, et la dure défaite de QS dans Jean-Talon devrait nous servir de leçon. Alors que QS avait récolté 8117 votes (23,76%) en 2022, il est passé à 4380 votes (17,42%) lors de la partielle de 2023 dans Jean-Talon. Qui plus est, le vote des jeunes n'est pas sorti lors de cette élection, ce segment de l'électorat semblant pour ainsi dire démobilisé. Le tout avec de la bonne publicité achetée sur Meta.
Pendant ce temps, bien que la CAQ ait perdu cette circonscription (passant de 32,5% à 21,5%), le PQ est passé de 18,7% à 44% de 2022 à 2023. Or, ces deux partis sont parvenus à ces scores sans faire de publicité sur Meta, alors que QS et le PLQ faisaient bande à part, témoignant de leur faiblesse politique. Tandis que la CAQ et le PQ étaient « solidaires » des médias québécois avec le boycott de Meta, QS et le PLQ apparaissaient comme de piètres joueurs, en difficulté sur la glace, ayant absolument besoin de la publicité achetée sur une plateforme numérique pour mobiliser leurs bases. Et les résultats montrent que ce « choix stratégique » n'a pas payé dans les urnes.
Qui plus est, un autre argument pragmatique en faveur de l'abandon des publicités sur Facebook et Instagram est le problème du « caillou dans le soulier » qu'une telle proposition représente sur le plan médiatique. Alors que QS devait déjà se justifier devant les médias (et auprès de ses membres mécontents) en septembre dernier face à cette décision discutable, le récent passage des porte-paroles à l'émission Tout le monde en parle du 3 décembre montre que cette décision embarrassante continue encore de miner la crédibilité du parti, en dévoilant son incohérence idéologique. Comme l'a bien rappelé Guy A. Lepage, cette position est difficile à défendre d'un point de vue de gauche.Gabriel Nadeau-Dubois a tenté de peine et de misère
de réitérer l'argument de la responsabilité et du « on est tous dépendants de ces plateformes, les autres le sont aussi comme nous », mais il continue encore ces rationalisations et verbiages de politicien pour défendre une position intenable. Et ça paraît, avec Émilise qui avait l'air inconfortable à côté de Gabriel sur le plateau de télé.
Bref, le soutien de QS à Meta est carrément devenu gênant, tant pour les membres que pour le parti dans l'espace médiatique. Et la même ritournelle risque de se poursuivre, tant que le parti n'aura pas changé sa position. Au lieu de faire des gains et passer à l'offensive en imposant ses idées, QS reste sur la défensive et donne une impression de faiblesse, de dépendance, de soumission face à l'ordre dominant.
Or, pourquoi le parti s'entête-t-il dans cette voie ?
Je fais l'hypothèse que des employé·e·s et responsables des communications du parti dépendent fortement de cette plateforme à cause des « indicateurs de performance » et des « métriques » que Meta permet en termes d'identification de nombre des vues, de profilage des individus et des électeurs, pour savoir qui sont les personnes qui sont « atteintes » par les messages et publicités du parti. Cela est fort utile certes d'un point de vue communicationnel, de recrutement et de financement, mais cela représente aussi des coûts importants pour le parti, notamment au niveau du temps, de l'énergie et des ressources financières investies dans Meta pour « rejoindre » les électeurs du parti.
Bien que ce phénomène ne soit pas nouveau, il est probable que les employé·e·s des communications fassent pression sur le comité de coordination nationale pour maintenir cette ligne pro-Meta, car abandonner la publicité sur cette plateforme les rendrait potentiellement « myopes » dans leurs fonctions.
Cela témoigne de deux choses : 1) les communications du parti sont devenues fortement dépendantes des fonctionnalités et du monopole radical des plateformes du capital algorithmique ; 2) le parti n'envisage actuellement pas d'autres alternatives en termes de moyens de communication pour rejoindre ses électeurs, comme la publicité dans les médias locaux et régionaux, l'utilisation d'autres outils numériques, l'embauche de personnel pour le travail de terrain, les appels téléphoniques, les assemblées de cuisine, le porte-à-porte, etc. Il s'agit là bien sûr d'activités plus chronophages que des dizaines milliers de dollars balancés dans la pub dans la méga-machine de Meta ; mais ces activités sont beaucoup stimulantes, concrètes et mobilisantes que du contenu sponsorié sur son fil d'actualité le matin.
Enfin, cette position est symptomatique de la faiblesse actuelle de QS par rapport à ses principaux rivaux politiques : si la CAQ commence à tomber en raison de ces décisions politiques nuisibles aux classes moyennes et populaires, aux services publics et à l'environnement, elle ne baisse pas en raison d'un retrait de publicités sur Meta. De son côté, le PQ bénéficie d'une image « d'intégrité politique » qui était celle de QS jadis, alors que QS apparaît maitenant comme un parti « opportuniste », bien intégré au système dominant, préférant respecter le cadre établi plutôt que de confronter les règles du jeu.
Cette inversion de rôles entre le pari de la « respectabilité » et celui du « risque » s'est joué notamment lors de la question du Serment au roi de l'Assemblée nationale à l'automne 2022. Ce geste « symbolique » a été particulièrement payant pour le PQ et son porte-parole Paul St-Pierre Plamondon, alors que QS faisait figure de deuxième joueur, préférant ne pas « boycotter » mais appuyer timidement cette mesure, au lieu de se tenir debout.
Résultat : le PQ, qui avait presque disparu de la carte électorale en 2022 est maintenant premier dans les intentions de vote des derniers sondages, devant la CAQ, et ce sans publicité achetée sur Meta. Seul le PLQ se retrouve dans la même position inconfortable que QS, avec la supposée nécessité de rester coûte que coûte sur Meta afin de ne pas trop reculer dans les sondages. Bref, on voit bien que la situation de dépendance aux publicités de Meta représente une position de perdant.
Rappelons que QS est un parti de gauche, qui prétend à la redistribution de la richesse, au dépassement du capitalisme, au financement adéquat des services publics, à la lutte contre les inégalités sociales, à la démocratisation des institutions politiques et de l'économie. Toutes ces positions sont en contradiction avec le soutien actif et financier à Meta, qui participe à la concentration de la richesse, à l'apothéose du capitalisme algorithmique, au sous-financement des médias publics et privés, à l'amplification des inégalités sociales, à l'effritement de la démocratie, etc.
Si l'argument « on n'a pas le choix » tenait la route, on pourrait comprendre. Malheureusement, d'autres partis ont décidé de boycotter Meta avec de bons résultats, et témoignent donc que cette posture fataliste n'est pas la seule option possible. Soutenir Meta dans ce contexte est un choix, un piètre choix, tant d'un point de vue moral que d'un point de vue stratégique. Cela nuit à l'image publique de QS, à l'intégrité du parti, et nous entête dans une dépendance malsaine à l'égard des plateformes capitalistes au lieu de nous pousser à explorer de nouvelles voies. En termes plus simples, on y voit là un signe d'acharnement, qui affaiblit le parti au lieu de lui donner des forces. L'argument de la « responsabilité » de rejoindre les électeurs sert de cache-sexe à un manque de courage politique, et représente donc, au final, un brin de lâcheté.
Pourquoi ne pas prendre l'argent dépensé dans la publicité sur Meta pour l'investir davantage dans les médias régionaux du Québec, en embauchant des responsables à la mobilisation locale, en soutenant les réseaux militants, ou encore en misant sur de nouvelles stratégies de communication qui outrepassent les algorithmes de Meta ?
QS manque actuellement d'imagination politique, et la dépendance à Meta amplifie ce problème. Un autre monde médiatique est possible, et cela commence par avoir le courage de ses convictions. Débarrassons-nous de ce caillou dans le soulier, et passons aux choses sérieuses. Trouvons de nouveaux canaux de communication, afin de respecter l'intelligence de nos membres, de nos militant·e·s et de l'électorat.
Comme le dit le dicton autogestionnaire : « le patron a besoin de toi, tu n'as pas besoin de lui ». Idem pour Meta dans ce cas-ci : la compagnie a besoin de nous pour valoriser notre attention et générer des profits, mais nous n'avons pas besoin de Meta pour exister politiquement.
Ce texte a d'abord été publié sur la plateforme En commun, via mes Carnets politiques de réflexions stratégiques sur la gauche qui prendra le relais de mon blogue Ekopolitica. En commun est une plateforme numérique libre, développée par l'OBNL Projet collectif.
https://praxis.encommun.io/n/GMJ8N351elGW68EhmkLECtIT9Uo/?fbclid=IwAR1XLZy4j8aBkZ56qOHDiJ3igU3DNuC3jUDmGaJuzFXfGeK01ZBNpaKGooQ
Jonathan Durand Folco
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COP28. « Ahmed al-Jaber inscrit son nom dans l’histoire de l’enfumage capitaliste »

Fumée blanche à la COP28 : les deux semaines de négociations climatiques ont débouché sur un accord unanime. Tout sourire sous les applaudissements, le président émirati du sommet a estimé que le texte élaboré sous sa houlette était « historique ». Beaucoup de grands médias ont relayé ce message, avec l'appui de certains scientifiques très impliqués dans les travaux du GIEC. (C'est le cas dans le monde francophone de Jean-Pascal van Ypersele et de François Gemenne, respectivement ex-vice-président et « lead author » du 6e rapport d'évaluation du GIEC. Voir leurs déclarations dans « Déclic » RTBF-Radio Télévision Belge de la Communauté française, 12.12.2023.) Or, en réalité, rien, ou presque, ne justifie cet enthousiasme.
15 décembre 2023 | tiré du site alencontre.org | Photo : Ahmed al-Jaber. (KEYSTONE/XINHUA/Wang Dongzhen)
https://alencontre.org/ecologie/cop28-ahmed-al-jaber-inscrit-son-nom-dans-lhistoire-de-lenfumage-capitaliste.html
« Historique »
Ce qui est « historique », c'est qu'un sommet des Nations Unies sur le climat ait été mis entre les mains du président de la compagnie nationale des pétroles du septième pays producteur d'hydrocarbures. Ce qui est « historique » également, c'est que plus de trente années de négociations visant à juguler le changement climatique ont pu se dérouler sans mentionner une seule fois la responsabilité écrasante et évidente des combustibles fossiles dans le réchauffement global.
On peut donc considérer comme « historique » que les deux petits mots « fossil fuels » (combustibles fossiles) figurent pour la première fois dans le document adopté par la COP28. Mais il est « historique » aussi qu'ils apparaissent précisément à cette 28e conférence des Parties organisée par une dictature capitaliste et patriarcale féroce, dans une ville connue comme la Mecque du blanchiment de tous les trafics. D'autant plus « historique » que la réunion, plus que jamais couplée à une foire commerciale, a battu tous les records d'infiltration par les plus grands pollueurs de la planète – représentants de l'industrie fossile et de l'agrobusiness en tête…
Dans son rapport fameux publié en 2006, l'ex-économiste en chef de la Banque mondiale, le très néolibéral Nicholas Stern, décrivait néanmoins le changement climatique comme « l'échec le plus grave de l'économie de marché ». Avec le sommet de Dubaï, on mesure le chemin idéologique parcouru. Toute velléité d'autocritique, toute trace de scrupule ont disparu. Voilà le message « historique » délivré implicitement par la COP28 : il n'y a pas d'espoir en dehors du marché ; le capitalisme, sa croissance, ses fossiles et ses technologies sont la solution, quels que soient les régimes politiques. Foin donc de politique ! Laissons faire les hommes d'affaires et les gouvernants à leur service. Ecartons ces questions secondaires que sont les droits sociaux, les droits démocratiques, les droits des femmes…
Prestidigitation
Sultan Ahmed al-Jaber a toutes les raisons d'être fier de lui. Prince de l'enfumage, il a atteint son but : concéder une mention des combustibles fossiles dans le texte central adopté à la COP, tout en ne donnant pas la moindre prise à l'idée qu'il faudrait cesser d'extraire et de brûler du charbon, du pétrole et du gaz.
L'exercice était périlleux. Il a été réussi grâce à une formule de prestidigitateur : les Parties sont « appelées à contribuer aux efforts globaux », notamment en « s'éloignant des combustibles fossiles dans les systèmes énergétiques, d'une manière juste, ordonnée et équitable, en accélérant l'action au cours de cette décennie critique, de manière à atteindre le zéro net en 2050 conformément à la science ». Bel exemple de novlangue.
Le texte original en anglais utilise l'expression « transitioning away from fossil fuels ». Elle pose tellement de problèmes d'interprétation et de traduction que certains ont voulu la croire synonyme du « phasing out of Fossil fuels » (sortie des combustibles fossiles). Leurs souhaits relèvent d'une illusion. Il ne s'agit absolument pas de sortir des fossiles. Il s'agit, le texte le dit, « d'accélérer l'action visant au zéro net en 2050 ».
Accélération ?
Accélérer l'action ? Quelle action ? En trente ans de soi-disant « transition énergétique », la part des fossiles dans le mix énergétique global a à peine baissé (de 83% à 80% environ). La déclaration de Dubaï ne pose aucun « objectif » en la matière, elle demande seulement des « efforts globaux ». L'accélération de ceux-ci ne sera pas trop difficile à réaliser… Inutile d'attacher les ceintures. D'ailleurs, chaque Etat concevra « l'accélération » à sa manière, souveraineté nationale oblige.
Idem pour les compagnies pétrolières et gazières. Elles ont fait la bagatelle de 4000 milliards de dollars de bénéfices annuels en 2021-22, selon l'AIE. https://www.reuters.com/business/energy/oil-gas-industry-earned-4-trillion-last-year-says-iea-chief-2023-02-14/ . Toutes planifient l'augmentation de leur production fossile à court et moyen terme… en promettant le « zéro net » en 2050 (elles ne s'engagent à rien pour 2030). L'an dernier, elles n'investissaient que 2,5% de leurs profits dans les renouvelables (Financial Times, 22.11.2023). Ici aussi « l'accélération » ne posera guère de problèmes… Et chaque compagnie aussi la concevra à sa manière, libre entreprise oblige.
On se réjouit dans certains milieux des « appels aux Parties » à « contribuer aux efforts globaux » pour « tripler globalement les capacités de l'énergie renouvelable et multiplier le taux annuel moyen d'augmentation de l'efficacité énergétique, d'ici 2030 ». Les « efforts » dans ce sens sont certes louables mais ne remplacent pas les objectifs contraignants. De plus, la preuve est faite depuis trente ans que les renouvelables peuvent augmenter, voire exploser, sans que les fossiles reculent significativement.
Sans surprise, le texte approfondit l'amalgame entre « énergies renouvelables », « énergies sans carbone » (nucléaire) et « énergies décarbonées » (capture du CO2, balayé sous le tapis).
Manœuvre OPEP de dramatisation
Le diktat du grand Capital a été respecté : aucun calendrier, aucune contrainte, aucune quantification, aucune déclaration, même de principe, en faveur de la sortie des combustibles fossiles. Même pas pour le plus polluant de tous, le charbon : le texte adopté à Dubaï préconise seulement « d'accélérer les efforts vers la diminution de l'usage du charbon sans abattement » (sur le concept d'abattement, voir mon article « OPA fossile sur les COP »).
On a beaucoup glosé sur la lettre de l'OPEP enjoignant à ses membres à la COP de n'accepter aucune formulation « ciblant » les combustibles fossiles. (Coïncidence ? Cette lettre est sortie peu de temps après la visite éclair de Poutine aux Emirats et en Arabie saoudite…) Elle a provoqué un tollé et des réactions indignées des adeptes du « capitalisme vert ». Il est probable qu'il s'agissait d'une manœuvre de dramatisation afin de faciliter la tâche d'al-Jaber et le consensus autour de ses conclusions « historiques ». Words, words, words.
La carotte du financement
Outre la mention ou non des fossiles, l'autre grande question de cette COP devait être celle du financement. Il s'agissait notamment de mettre la pression pour que les pays développés honorent la promesse de verser 100 milliards de dollars/an au Fonds vert pour le Climat, d'une part, et de concrétiser l'accord de principe de la COP27 sur la création d'un fonds spécial pour les « pertes et préjudices » infligés aux pays les plus exposés aux catastrophes (qui sont aussi les moins responsables de celles-ci).
Aucun progrès significatif n'a été franchi sur ces questions. Les 100 milliards/an ne sont toujours pas sur la table. L'accord sur le fonds « pertes et préjudices », annoncé à grand renfort de trompettes au début du sommet de Dubaï, ne règle rien… hormis la satisfaction donnée aux Etats-Unis : ce fonds sera géré par la Banque Mondiale. Quelques centaines de millions ont été promis, alors que les besoins estimés tournent autour de 1000 milliards… Chers amis, chères amies des pays menacés par la montée des océans, revenez à la COP29.
Les promesses de financement, c'est la carotte pour faire avancer l'âne. Comme la plupart des financements sont ou seront sous forme de prêts, la carotte se transformera rapidement en bâton, sous la forme de dettes accrues.
Nous n'irons pas à Bakou
On se félicite du fait que le processus multilatéral lancé par la Convention cadre des Nations unies (Rio 1992) continue. Il continue en effet… comme le feu allumé sous la casserole où flotte la grenouille qui ne voit pas venir sa fin prochaine. Encore quelques COP « historiques » comme celle-là, et il sera définitivement impossible de rester sous 1,5°, et même sous 2°C de réchauffement… de sorte que le capitalisme mondial sera enfin débarrassé des « contraintes » de l'accord de Paris… (humour noir).
A la COP29, l'œuvre des EAU sera prolongée par l'Azerbaïdjan. Un autre Etat pétrolier, une autre dictature prendra le relais de l'enfumage. L'inspiration sera KGB plutôt que CIA ; mais, pour les peuples, cela ne fait aucune différence. Pour le climat non plus… La catastrophe ne sera pas arrêtée par ces COP, mais par les luttes, les convergences des luttes et leur coordination internationale. (Article écrit pour la Gauche anticapitaliste, Belgique)
En mars 2024, l'ouvrage Ecologie, luttes sociales et révolution de Daniel Tanuro, sera publié aux Editions La Dispute.
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À vous M. Legault alias Grinch,

Vous vous présentez comme un père de famille compréhensif du peuple ordinaire alors que vous n'en faites pas partie. Vous êtes en train de voler Noël non seulement de vos employés de la fonction publique, mais également à toutes leurs familles comme vous l'avez fait à votre départ d'Air Transat. Vos anges gardiens sont en train de déserter vos réseaux et vous pensez qu'à coup de bâillon et d'omission de BAPE vous aurez notre compréhension et notre sympathie ?
Votre caucus, je m'excuse vous, parce que c'est seulement vous la CAQ ne peut être unanime sur vos décisions. Il est plus qu'évident que votre Parti a comme valeur et fondement la recherche de Pouvoir et que c'est pour cela que vous couvez un ministre s'étant parjuré ou encore étant le fou du roi des plaintes éthiques. Cela suffit de nous prendre pour des personnes qui vont encore avaler vos stratégies de communication : C'est la faute des anciens gouvernements, de la pandémie, des syndicats, de Trudeau… ou encore de l'immigration comme mentionnée lors de vos rassemblements caquistes.
Je vous demande une seule chose M. Grinch, pouvez-vous enfin continuer de faire ce que vous faites actuellement ?
C'est-à-dire montrer votre seul et vrai côté affairistes. Vous êtes comptable et adoré plus vos chiffres que vos citoyens. Parce que vous croyiez réussir en privatisant ou ignorant tous les mécanismes de défense sociétaux que nous avons créés, mais en réalité vous ne montrez que la réelle nécessiter et l'avancement que nous avons fait de les mettre en place. Le peuple aime leurs services publics et aime que l'on se soucie de nos voisins et d'un meilleur partage de la richesse. Arrêter de vous comparer à l'Ontario pour que l'on évite de vous évaluer singulièrement et assumer pleinement votre supposé nationalisme.
Par-dessus tout, je vous demande de respecter votre dernier slogan, continuer ! Parce que nous, peuple québécois, avons trop souvent besoin d'être confrontés en pleine face des choses pour qu'enfin que nous réagissions. Ça l'aura fallu presque deux décennies libérales et votre Changement-Continuation pour nous faire réaliser qu'on ne veut plus être gouverné comme vous le faites. Je ne me considère pas comme un intellectuel qui ne jase pas assez dans les autobus, mais s'il vous plait, vous avez encore la chance de quitter pour que l'on se souvienne d'une bonne chose que vous ayez fait. Je ne parle pas de votre gouvernance sous McKinsey ou encore le maintien de l'État d'urgence durant la pandémie en évitant l'Assemblée nationale. Je vous demande tout simplement d'agir en bon paternaliste que vous êtes et de tenir votre première promesse. Je ne parle pas d'embrasser votre sœur quand vous avez gagné les élections, mais bien d'effectuer la réforme du mode de scrutin électoral.
Parce que nous savons vous et moi, que vous faites de votre mieux et que demain d'autres tenteront de le faire et le problème n'est pas ça, mais il est que vous le faites en pensant pour nous et en tentant de nous convaincre de ce qui est bien, alors que nous tentons continuellement d'informer nos politiciens des solutions concrètes. Il est temps de remettre les cadeaux sous les sapins M. Legault, continuez de détruire nos solidarités sociales si vous le souhaitez, continuer d'économiser en maintenant nos familles, amis et collègues en grève, mais SURTOUT ne laisser pas une autre personne après 2026 de le faire au nom du peuple alors que nous tentons d'assumer pleinement notre démocratie et non la monarchie que vous semblez tout à coup aimer. Réformez le mode de scrutin !!
David Jutras
Un faux intellectuel, beau-père, époux d'une gréviste
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Un Bureau du Québec en Israël : pour y faire quoi, au juste ?

L'ouverture éventuelle d'un Bureau du Québec en Israël vise-t-elle à y faire la promotion de notre sirop d'érable ou serait-ce plutôt celle de notre matériel militaire ?
La question se pose, notamment à la lecture d'un rapport se trouvant sur le site internet du Ministère de l'Économie, de l'Innovation et de l'Énergie, lequel nous apprend que la plus grande part de nos exportations vers ce pays, et de beaucoup, provient du secteur économique désigné de l'appellation suivante : « avions, hélicoptères et autres véhicules aériens et spatiaux ». Or il serait étonnant qu'il s'agisse ici de matériel civil, Israël n'étant pas, à ce que je sache, une plaque tournante du tourisme international. Par contre, des centaines de ses avions et hélicoptères, équipés à la fine pointe de la technologie militaire, bombardent actuellement la population de Gaza. Se pourrait-il que ces engins proviennent d'ici, du moins en partie, et que ce soit leur commerce très lucratif qui motive notre classe politique et nos gens d'affaires à se faire ouvrir encore plus grandes les portes du marché israélien ? Se pourrait-il aussi que ces engins soient financés en grande partie par notre propre argent, celui que nous déposons dans nos fonds de pension ? Voyons l'exemple suivant pour le savoir.
Mars 2021, communiqué de la Caisse de dépôt et de placement du Québec : « La CDPQ annonce un investissement de 475 M$, dans le cadre d'un placement privé de reçus de souscription dans CAE, un chef de file mondial dans les solutions de formation et de soutien opérationnel dans les domaines de l'aviation civile, de la défense et sécurité, et des soins de santé. Cet investissement permettra à CAE de procéder à l'acquisition des activités de formation et de simulation en défense de la société américaine L3Harris Technologies ».
Que fait donc CAE dans la vie ? Son siège social est à Ville St-Laurent. Sa spécialité est la conception d'appareils de simulations de vols utilisés pour l'entraînement des pilotes d'avions et d'hélicoptères militaires. Un de ses clients est l'armée israélienne. Dans quelle mesure, impossible à dire évidemment, mais la compagnie ne se gêne pas pour afficher sur son site internet les commentaires élogieux du Ministère israélien de la Défense : « La technologie de CAE assurent une préparation à chaque mission, y compris pour assurer le ravitaillement en vol, les atterrissages en poussière, la collaboration avec les navires militaires, le levage de charges utiles et les vols à basse altitude ».
Et d'où vient donc cet argent qu'investit en notre nom la Caisse de dépôt ? Il vient essentiellement de nos cotisations à des fonds de pension, au premier chef au Régime de retraites du Québec (RRQ), puis à celui des employés de l'État, (le REGOP). En faisant le calcul sur 40 ans, soit durant toute leur carrière, et y ajoutant ce qu'elles verseront aux mêmes fins d'armement israélien par le biais de cet autre investisseur qu'en est le Régime de pension du Canada, j'en viens à la conclusion qu'une travailleuse ou un travailleur du secteur public québécois, actuellement sur des lignes de piquetage, auront placé entre 2 000 $ et 4 000$ de leur argent dans cet armement, sans le savoir le moindrement ni qu'on ne leur ait demandé leur avis sur cette utilisation.
Bien sûr, diront certains, le « retour sur cet investissement » sera bon, puisqu'il faudra bien renouveler ce matériel durant les années à venir pour continuer d'occuper la Palestine durant 70 années supplémentaires au moins. Ça fait rouler l'économie, dira notre premier ministre. Il nous faudra seulement oublier que cela détruit des vies humaines en passant…
Yves Rochon, Montréal
La référence du premier document mentionné est la suivante :
https://www.economie.gouv.qc.ca/bibliotheques/economie-et-commerce/notes-sur-leconomie-et-le-commerce/asie/note-sur-leconomie-et-le-commerce-disrael
Celle du deuxième, à savoir le site de la compagnie CAE qui reprend notamment le communiqué de la Caisse de dépôt, est la suivante :
https://www.cae.com/fr/defense-et-securite/
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Au Québec, on aime ça avoir mal aux dents !

Le gouvernement libéral de Justin Trudeau a annoncé lundi que les personnes âgées auront accès, en 2024, au régime fédéral d'assurance dentaire. Le ministre responsable des Relations canadiennes, Jean-François Roberge, s'est empressé de dénoncer cette annonce arguant que « le Québec a déjà un régime de soins dentaires qui fonctionne très bien ». Ah oui ?
Émilie Laurin-Dansereau, conseillère budgétaire à l'ACEF du Nord de Montréal
La condition buccodentaire des Québécois et Québécoises est une des pires du Canada
Comment peut-il dire une telle chose alors qu'on sait que chaque année, des milliers de Québécois.e.s se privent de soins dentaires en raison du coût ? En effet, en 2016, plus du quart des Québécois.e.s se sont privés de soins dentaires faute de moyens financiers. Le Québec est d'ailleurs la province où les soins dentaires coûtent le plus cher.
Des études ont démontré que l'état de santé buccodentaire des Québécois et Québécoises, ainsi que leurs pratiques de consultation et d'adhésion à une protection via l'assurance sont moins favorables à une bonne santé buccodentaire que celles des personnes du reste du Canada. En effet, au Québec on retrouve
• plus de personnes édentées,
• plus de personnes portant des prothèses et des fausses dents,
• moins de personnes bénéficiant d'une assurance couvrant les frais dentaires,
• et moins de personnes ayant consulté sur une période de 12 mois (indépendamment du fait d'avoir ou pas une assurance).
Pourtant, une mauvaise santé buccodentaire a des impacts majeurs sur la santé globale. La bouche est la porte d'entrée vers tous les organes du corps humain. Une infection présente en bouche peut donc être transmise aux poumons, au cerveau, aux sinus, aux oreilles, à l'œsophage, à l'estomac, etc. Selon l'Ordre des dentistes du Québec, la carie et les maladies du parodonte sont au stade épidémique et constituent même une cause de mortalité chez les clientèles vulnérables.
Qu'attend le gouvernement pour agir ?
Chaque année, nous accompagnons des centaines de personnes avec leur budget. Parmi celles-ci, on retrouve un grand nombre de ménages à faible et moyen revenu pour qui l'accès aux soins dentaires est un enjeu majeur.
Dans les dernières années, les coûts des soins dentaires et les primes d'assurance ont augmenté plus vite que l'inflation. Rien n'indique qu'ils baisseront dans un avenir rapproché. Conséquence de cette situation ? Les adultes sont de plus en plus nombreux à se priver de soins dentaires. Sans surprise, les personnes à faible revenu sont les personnes qui souffrent le plus de problèmes buccodentaires et qui ont le moins accès aux soins de santé buccodentaire.
Le seul fait que des maladies systémiques puissent être causées ou reliées à des problèmes dentaires devrait forcer le gouvernement à considérer les coûts sociaux de la carie et de l'absence de mesures préventives. Quand les traitements ne sont pas effectués au moment nécessaire, les problèmes s'accentuent. C'est alors le système de santé qui devra en assumer la responsabilité.
Les intérêts du Québec ou les intérêts des Québécois.e.s ?
L'accès aux soins dentaires est le maillon faible du filet social en santé et ce, malgré qu'on sait que le manque de prévention et d'accessibilité engendre des coûts sociaux et médicaux importants. Si le gouvernement du Québec ne veut pas participer au régime fédéral, il doit de manière urgente ajouter les soins dentaires au panier de soins couverts par la RAMQ. Ce serait relativement économique si l'on tient compte de ce que ça coûte de soigner des maladies plus graves, comme les problèmes cardiaques, les ACV ou le diabète qui peuvent être causées par les maladies buccodentaires. Le mauvais état de santé buccodentaire est un problème de santé publique. Les maladies buccodentaires sont fréquentes, la morbidité est importante alors que des traitements préventifs et curatifs simples existent.
Non, le régime de soins dentaires ne fonctionne pas très bien. Suffit d'en parler aux milliers de Québécois.e.s qui ont mal aux dents pour le savoir. L'argument de la défense des champs de compétences semble n'être qu'un prétexte pour justifier l'inaction. Tous les individus devraient être égaux dans l'accès aux services de santé et ça inclut les soins buccodentaires. C'est une question de justice sociale.
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Une mauvaise décision pour la santé démocratique québécoise

Le 12 décembre 2023, Maria – La Coalition des Tables Régionales d'Organismes Communautaires (CTROC) dénonce aujourd'hui l'adoption sous bâillon du projet de loi n° 15 visant à rendre le système de santé et de services sociaux plus efficace.
Ainsi,sans tenir compte des recommandations lancées par différents acteurs et actrices de la société civile au cours des derniers mois, dont le milieu communautaire autonome, la CAQ choisit d'imposer sa réforme en laissant dans l'angle mort de nombreux questionnements.
Ce déficit démocratique s'ajoute aux ratés entourant les audiences publiques sur le PL n° 15 alors qu'un grand nombre d'organisations telles la CTROC se sont vu refuser la présentation de leur mémoire sous prétexte du manque de plages horaires disponibles. Pourtant, la mission de la CTROC consiste, entre autres, à faire l'analyse de l'organisation du réseau public de la santé et des services sociaux, ainsi que de ses impacts sur les organismes communautaires autonomes et sur la population. En outre, elle possède une perspective unique du fait qu'elle est constituée de regroupements régionaux qui, eux, représentent les organismes communautaires auprès des établissements régionaux actuels. Il est difficilement compréhensible que le ministre Dubé ait fait le choix d'ignorer ces connaissances et ces expertises mises à sa disposition.
La CTROC se joint aux dizaines de voix qui s'élèvent pour dénoncer le manque de respect de la CAQ envers les processus démocratiques dont la société québécoise s'est dotée. Elle tient également à rappeler que la réforme imposée à la population comporte des dangers liés, entre autres, à la centralisation des pouvoirs, à la disparition des structures décisionnelles dans les régions, et à l'ouverture de plus en plus grande faite à la privatisation des services. Il est actuellement difficile de prévoir quels impacts cette réforme aura sur l'autonomie des organismes communautaires, mais certains indices laissent présager des tentatives de récupération de leurs actions pour pallier les lacunes du réseau public alors qu'ils répondent d'abord et avant tout aux besoins signifiés par leur milieu.
Durant la période de transition, la CTROC suivra de près le ministre Dubé pour connaître ses intentions quant aux organismes communautaires, à leur financement à la mission qui constitue le principal moyen de garantir la préservation de leur autonomie, et aux marges de manoeuvre régionales réelles qui resteront suite à l'adoption de la réforme en santé et services sociaux.
Pour terminer, le gouvernement est fortement invité à faire appel à la CTROC, au milieu communautaire autonome, et aux acteurs et actrices de la société civile pour régler les questions et enjeux laissés en suspens à la suite de l'adoption du PL n° 15.
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Mise en demeure pour être en demeure

L'incroyable augmentation de la précarité et le recul de nos droits fondamentaux, et ce dans l'ensemble de nos régions, est un bien triste legs de la Coalition avenir Québec. Dans un esprit de saine démocratie, d'équité et de paix sociale, nous sommes d'avis que nous avons tous intérêt à régler cette situation à l'amiable. Cependant, sachez que si la situation perdure, nous demanderons que vous soyez évincé, délogé du pouvoir, et ce sans autre avis ni délai afin de rénover notre filet social.
Par courrier recommandé
Sous toutes réserves
SANS RÉSERVE
7 décembre 2023
À l'attention de :
François Legault, premier ministre du Québec
831, boulevard de l'Ange-Gardien Nord, Bureau 208
L'Assomption (Québec) J5W 1P5
France-Élaine Duranceau, ministre responsable de l'Habitation
197, rue Principale Est, Bureau 101
Sainte-Agathe-des-Monts (Québec) J8C 1K5
Mise en demeure pour être en demeure
Monsieur Legault et madame Duranceau,
La présente est pour vous mettre en demeure afin de vivre dans une demeure abordable et de qualité. Nous considérons que vous avez failli à vos responsabilités. Plusieurs citoyenNEs vivent une détresse sociale et économique sans précédent dans l'histoire récente de notre province. Avec l'explosion des demandes d'aide pour des besoins de bases et la difficulté de nombreux ménages à boucler leur fin de mois, nous sommes dans une situation se rapprochant des grandes crises économiques vécues par le passé.
Face à la crise du logement, force est de constater :
• La précarisation de l'habitation chez une pluralité de QuébécoisEs ;
• Une augmentation de 50 % de personnes en situation d'itinérance depuis 2018, au Centre-du-Québec et en Mauricie ;
• Un logement respectant notre budget, diminue l'insécurité alimentaire ;
• La santé physique et mentale des gens est affectée par la situation ;
• Les femmes sont affectées de manière importante due à une plus grande précarité
économique ;
• Les ressources pour personnes âgées ferment en grand nombre ;
• Des propriétaires abusent de leurs droits en discriminants, en augmentant indument les loyers ou en expulsant les locataires ;
• La « Vallée de la transition » exacerbant la crise du logement était prévisible. L'argent
octroyé est nettement insuffisant ;
• Les organismes communautaires manquent de ressources pour répondre à la grande
détresse sociale.
Nous exigeons des solutions durables telles que :
• Donner les moyens à l'ensemble des organismes communautaires autonomes afin
d'augmenter leur capacité d'agir. Ils offrent une approche globale et structurante afin defavoriser le maintien et la dignité des locataires ;
• Investir massivement dans l'aide au logement, dont la construction de 55 000 logements sociaux ;
• Remettre en place le programme Accès-logis et le bonifier (tel que promis par votre
gouvernement) ;
• Élargir les critères d'admissibilités de l'allocation au logement et le bonifier ;
• Établir un programme complet, pérenne et dédié uniquement au logement social ;
• Interdire les hausses de loyers abusives ;
• Empêcher les évictions pour agrandissement ou subdivision pendant la crise et instaurer une loi pour restreindre les rénovictions ;
• Mettre en place un registre des loyers obligatoires ;
• Abolir le projet de loi 31 et consulter les groupes en défense de droits afin de faire
progresser les droits et non le contraire ;
• Intervenir face aux fermetures de résidences pour personnes âgées afin de les maintenir en fonction ;
• Cesser les mesures d'austérité et les demi-mesures face à la crise sociale.
L'incroyable augmentation de la précarité et le recul de nos droits fondamentaux, et ce dans l'ensemble de nos régions, est un bien triste legs de la Coalition avenir Québec. Dans un esprit de saine démocratie, d'équité et de paix sociale, nous sommes d'avis que nous avons tous intérêt à régler cette situation à l'amiable. Cependant, sachez que si la situation perdure, nous demanderons que vous soyez évincé, délogé du pouvoir, et ce sans autre avis ni délai afin de rénover notre filet social.
VEUILLEZ VOUS GOUVERNER EN CONSÉQUENCE.
Sébastien Bois,
Porte-parole du comité régional « Engagez-vous pour le communautaire »
(Centre-du-Québec, Mauricie)
1060 Rue St François Xavier, Trois-Rivières, QC
CC Députés de la Mauricie et du Centre-du-Québec : Simon Allaire, Jean Boulet, André Lamontagne, Sonia Lebel, Éric Lefebvre, Donald Martel, Sébastien Schneeberger, Marie-Louise Tardif
À propos de la campagne nationale « Engagez-vous pour le communautaire » :
« Engagez-vous pour le communautaire » est une grande campagne nationale de
mobilisation qui unit les différents secteurs de l'action communautaire autonome de partout au Québec. Près de 4000 groupes y prennent part. Nous réclamons au gouvernement qu'il soutienne adéquatement l'action communautaire autonome (ACA) par l'augmentation de son financement et le respect de son autonomie, tout en réalisant la justice sociale, notamment en réinvestissant massivement dans les services publics et les programmes sociaux. https://engagezvousaca.org/
À propos de la campagne régionale d'Engagez-vous au Centre-du-Québec et en Mauricie :
Composé de 19 regroupements régionaux du territoire et de CDC, il vise l'adaptation,
l'organisation, la coordination et la participation des organismes communautaires de la
région aux activités liées à la campagne. Le Comité de coordination régional d' « Engagez-vous pour le communautaire » soutient la TROCCQM (Table régionale des organismes communautaires en santé et services sociaux, Centre-du-Québec, Mauricie) dans son mandat d'antenne régionale de la campagne nationale. Envoie par courrier recommandé et réception aux bureaux du premier ministre et de la ministre de l'Habitation
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« Le Premier ministre et la ministre de l’Habitation mis en demeure par le milieu communautaire »

Centre-du-Québec/Mauricie, 15 décembre 2023 – Les organismes communautaires du Centre-du-Québec et de la Mauricie mettent en demeure le premier ministre François Legault et la ministre de l'Habitation France-Élaine Duranceau. Le comité régional d'Engagez-vous pour le communautaire dénonce le laxisme du gouvernement face à la crise du logement et le manque d'appui aux organismes.
« La crise du logement menace carrément la santé physique et mentale d'une partie de la population de plus en plus nombreuse au Centre-du-Québec, en Mauricie et dans l'ensemble de la province », s'inquiète Madame Émilie Bélanger-Gagné, co-directrice à l'Association des groupes d'éducation populaire autonome au Centre-du-Québec et partenaire d'Engagez-vous.
« Pour vivre dignement chez soi, c'est plus qu'avoir un toit sur la tête. Cela implique un ensemble de facteurs structurants, dont le soutien offert par les organismes communautaires. L'augmentation des besoins sur le terrain impacte les groupes qui subissent une pression supplémentaire tant sur le plan humain que financier » constate Madame Amélie Dubuc, directrice générale de la Corporation de développement communautaire de Trois-Rivières et partenaire d'Engagez-vous.
« L'actuel gouvernement semble totalement décroché de la réalité des Québécois et des Québécoises. L'incroyable augmentation de la précarité des jeunes aux aînés, et le recul de nos droits fondamentaux, dont le droit au logement, est un bien triste legs que nous préparela Coalition avenir Québec », renchérit Monsieur Philippe Kubisiac, représentant des Maisons de jeunes au Centre-Du-Québec et partenaire d'Engagez-vous.
« Notre gouvernement doit cesser son discours d'austérité et les demi-mesures face à la crise sociale présente. Il est responsable de défendre nos droits et d'assurer à l'ensemble de la population un minimum pour vivre dignement. En ce sens, nous exigeons des actions rapides et structurantes de sa part », conclut Monsieur Sébastien Bois, porte-parole de la campagne régionale Engagez-vous pour le communautaire, au Centre-du-Québec et en Mauricie.
À propos d' « Engagez-vous pour le communautaire »
« Engagez-vous pour le communautaire » est une grande campagne nationale de
mobilisation qui unit les différents secteurs de l'action communautaire autonome de partout au Québec. Près de 4000 groupes y prennent part. Nous réclamons au gouvernement qu'il soutienne adéquatement l'action communautaire autonome (ACA) par l'augmentation de son financement et le respect de son autonomie. Nous réclamons davantage de justice sociale, notamment par des investissements massifs dans les services publics et les programmes sociaux. https://engagezvousaca.org/
À propos du comité régional au Centre-du-Québec et en Mauricie
Le Comité de coordination régional d' « Engagez-vous pour le communautaire » soutient la TROCCQM (Table des regroupements des organismes communautaires en santé et services sociaux, Centre-du-Québec, Mauricie) dans son mandat d'antenne régionale de la campagne nationale.
Composé de 19 regroupements régionaux du territoire et de CDC, il vise l'adaptation,
l'organisation, la coordination et la participation des organismes communautaires de la
région aux atteintes des objectifs de financement, de respect de notre autonomie et de
justice sociale.
Les partenaires régionaux sont :
Association des groupes d'éducation populaire autonome Centre-du-Québec
Corporation de développement communautaire Bécancour
Corporation de développement communautaire Bois-Francs
Corporation de développement communautaire Des Chenaux
Corporation de développement communautaire Drummond
Corporation de développement communautaire de l'Érable
Corporation de développement communautaire Haut St-Maurice
Corporation de développement communautaire Maskinongé
Corporation de développement communautaire Mékinac
Corporation de développement communautaire Nicolet-Yamaska
Corporation de développement communautaire Shawinigan
Centre de formation communautaire de la Mauricie
Regroupement des Maisons des jeunes Centre-du-Québec
Regroupement des Maisons des jeunes Mauricie
Regroupement des organismes d'éducation populaire autonome Mauricie
Regroupement d'organismes de personnes handicapées Centre-du-Québec
Regroupement d'organismes de promotion pour personnes handicapées Mauricie
Table de concertation du mouvement des femmes Mauricie
Table des regroupements des organismes communautaires en santé et services sociaux Centre-du-Québec
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Chaque semaine, PTAG publie de nouveaux articles dans ses différentes rubriques (économie, environnement, politique, mouvements sociaux, actualités internationales ...). La lettre hebdomadaire vous fait parvenir par courriel les liens qui vous permettent d'avoir accès à ces articles.
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Lancement de la Plateforme gauche media

La plateforme gauche media https://gauche.media a été officiellement lancée le 8 décembre dernier au Bar Brouhaha dans le quartier Rosemont.
photos et articles André Frappier
Une bonne trentaine de personnes représentantes y assistaient dont celles représentant les médias membres soit : Archives Révolutionnaires, Journal des Alternatives, Journal le Mouton Noir, L'Étoile du Nord – La perspective du peuple, Liberté Ouvrière, Nouveaux Cahiers du socialisme, Presse-toi à gauche !, Revue À bâbord !, Revue Caminando, Revue Droits et libertés, Revue Possibles, Revue Relations
Gauche.media est un fil en continu des publications paraissant sur les sites des médias membres du Regroupement des médias critiques de gauche (RMCG). Le Regroupement rassemble des publications écrites, imprimées ou numériques, qui partagent une même sensibilité politique progressiste. Il vise à encourager les contacts entre les médias de gauche en offrant un lieu de discussion, de partage et de mise en commun de nos pratiques.
La création de cette plateforme est le fruit d'un travail qui a duré plus de deux ans sous l'initiative de plusieurs personnes dont notre regretté camarade Pierre Beaudet. Ce regroupement des médias de gauche arrive à point nommé dans une situation où on aura besoin d'analyses, de reportages et de débats dans la gauche afin de permettre de mieux comprendre la réalité politique et ainsi dresser des perspectives alternatives.
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COP 28 : fourberies à Dubai

« Que diable allait-il faire dans cette galère ? ». C'est cette réplique de Molière qui me vient à l'esprit en voyant le spectacle burlesque où la Première ministre de l'Alberta, Mme Danielle Smith, avec une importante délégation financée par les contribuables albertains, va à la COP 28 pour défendre agressivement la production du sale pétrole de sa province.[1]
Il en va de même pour une délégation de la Saskatchewan. Je dois être naïf. Je croyais qu'une COP était une réunion annuelle où toutes les nations et tous les intervenants tentaient de trouver une solution à notre surconsommation d'énergies fossiles, responsable des changements climatiques.
Avouons que cette 28e conférence est très controversée. Tenir une conférence, dont l'objectif est de réduire la consommation de pétrole, dans les Émirats Arabes Unis (EAU), un des grands producteurs de pétrole, sous la présidence du Sultan Al Jaber, est un tour de force qui donne le tournis. En effet, M. le Sultan est également le président de l'ADNOC, la 12e plus grande compagnie pétrolière au monde.[2] De plus, quelque 2 400 lobbyistes et représentants de l'industrie pétrolière sont présents dans les kiosques de cette conférence et tentent de minimiser tout projet qui oserait réduire l'utilisation du pétrole et du gaz.[3] Peut-on s'étonner que l'ex-cheffe de l'ONU climat, Mme Christina Figueres, fustige ces représentants qui, minimalement, donnent l'impression d'être en conflit d'intérêts ? [4]
De Dubai, notre ministre de l'environnement, M. Guilbeault, propose que le Canada réduise ses émissions de carbone.[5] L'industrie pétrolière canadienne fait une crise de nerfs enfantine. De Dubai, Mme Smith qualifie M. Guilbault « d'extrémiste et de menace qui refuse de collaborer avec sa province. »[6] Pour sa part, l'Association canadienne des producteurs pétroliers (ACPP) se plaint amèrement que cette annonce n'est pas une limite aux émissions de carbone, mais plutôt « une limite de facto à la production » de pétrole.[7] Dans leur réaction épidermique à la mesure timide de M. Guilbeault, les richissimes producteurs pétroliers des sables bitumineux albertains négligent de dire que ces émissions sont calculées SEULEMENT sur la production en sol canadien et qu'en réalité les émissions de ce pétrole compteront dans le bilan du pays importateur lorsque celles-ci sortiront du tuyau d'échappement d'une voiture de ce pays ! En d'autres mots, ces enfants-rois hurlent leur indignation si le Canada ose imposer la moindre restriction à leurs privilèges de générer des profits illimités et à leur « droit » de polluer la planète.
Comme les conférences précédentes, la COP 28 est censée rechercher un modus-operandi pour réduire notre surconsommation d'énergies fossiles, responsable des dérèglements climatiques que nous avons subis de plein fouet cette année. Malgré ce noble objectif, cette conférence est présidée par un promoteur pétrolier de grande envergure ; à cela s'ajoutent près de 2 400 lobbyistes de l'industrie sans oublier les gouvernements provinciaux de l'Alberta et de la Saskatchewan qui surveillent étroitement leurs intérêts financiers et qui nient obstinément que leurs activités soient un prélude à la 6e grande extinction des espèces. Même s'il faut un consensus entre les pays, l'OPEC (Organisation des pays exportateurs de pétrole) s'oppose à l'idée de mettre progressivement fin à l'exploitation du pétrole.[8] Même le Sultan Al Jaber fait l'objet d'allégations qu'il aurait profité de la COP pour conclure des ententes pétrolières.[9]
Par rapport aux constats du GIEC, est-ce-ce que la diplomatie internationale pourrait faire des avancées dans la bonne direction ? Il faudrait un miracle car cela ressemble à un théâtre dénaturé où tous les mauvais acteurs ont les premiers rôles. Avec toutes ces fourberies, cette COP 28 semble correspondre à la 2e définition du verbe prostituer : « avilir par intérêt » ?
Gérard Montpetit
membre du CCCPEM (Comité des citoyens et citoyennes pour la protection de l'environnement maskoutain)
le 9 décembre 2023
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2] https://en.wikipedia.org/wiki/Abu_Dhabi_National_Oil_Company