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Le Canada devrait appuyer l’autorité de la Cour internationale de justice sur le génocide israélien

16 janvier 2024, par Yves Engler — , ,
Le gouvernement Trudeau a refusé d'appuyer la plainte de l'Afrique du sud alors qu'il avait agi autrement dans les cas de la Russie, de l'Iran et du Myanmar. Yves Engler, (…)

Le gouvernement Trudeau a refusé d'appuyer la plainte de l'Afrique du sud alors qu'il avait agi autrement dans les cas de la Russie, de l'Iran et du Myanmar.

Yves Engler, Canadian Dimension, 8 janvier 2024
Traduction, Alexandra Cyr

La semaine dernière, l'Afrique du sud a demandé à la Cour internationale de justice de déclarer de toute urgence qu'Israël a failli à ses obligations quant à Convention sur la prévention et la perpétuation de génocide. Les Canadiens.nes devraient soutenir ce mouvement qui tente de réduire les crimes de guerre indéniables et bien documentés, de cet État d'apartheid à Gaza.

Le 11 janvier la Cour va commencer à entendre cet urgent appel de l'Afrique du sud soutenu par la Turquie, la Jordanie, les Maldives et l'Organisation islamique de Coopération. Son dossier de 84 pages soutient que les actes d'Israël sont de : « caractère génocidaire parce qu'ils sont conçus en vue de détruire une part substantielle » de la population palestinienne de Gaza.

Depuis 1948, Israël a adhéré à la Convention sur le génocide. Il a annoncé qu'il répondrait (aux arguments de la plainte). Il a mandaté l'éminent avocat britannique Malcolm Shaw pour prendre la direction de sa défense. Ce pourrait être la seule fois où Israël réagisse à un défi légal international. On s'attend à ce que la Cour émette une décision préliminaire avant la fin du mois. Haaretz rapporte qu'un expert légal israélien de haut niveau a mis en garde les chefs militaires : « il existe un réel danger que le tribunal décrète une injonction appelant Israël à cesser le feu ». De plus, une fuite d'un message du ministre des affaires étrangères israélien aux embassadeurs.drices dévoile que : « Un arrêt de la Cour pourrait avoir un potentiel d'implications non seulement au plan légal mais aussi avoir des ramifications bilatérales au plan pratique, économique et sécuritaire ».

La Cour internationale de justice est la plus haute cour dans le monde, elle a force de loi internationale. L'ambassadeur de France aux Nations Unies a déclaré que son pays allait appuyer ses décisions.

Malheureusement, le gouvernement Trudeau refuse de le faire même s'il l'a déjà fait dans les cas similaires de la Russie, de l'Iran et du Myanmar. Le ministère des affaires mondiales a refusé de répondre directement à la demande du Globe and Mail à ce sujet.

En août dernier, Ottawa a demandé à la CIJ de rejeter une résolution de l'assemblée générale des Nations Unies qui réclamait une opinion divergente à propos des conséquences légales auxquelles sont confrontés les États qui comme Israël occupent (des territoires étrangers). Les bureaucrates du ministère des affaires mondiales ont pondu une déclaration de six pages demandant au tribunal de ne pas émettre d'opinion légale pourtant réclamée par la vaste majorité de la communauté internationale.

Déjà, en 2020, Ottawa avait expédié une lettre à la Cour pénale internationale qui stipulait que ce tribunal n'avait pas le pouvoir d'enquêter sur les crimes de guerre commis par Israël en Palestine. Un représentant du ministère avait déclaré au Jerusalem Post : « Le Canada a une position connue depuis longtemps ; il ne reconnait pas d'État palestinien et donc ne reconnait pas le droit d'une telle entité aux traités internationaux incluant le Traité de Rome. En l'absence d'un État palestinien, le Canada croit que la Cour n'a pas juridiction en cette matière ».

Que le Canada reconnaisse ou non la Palestine, la majorité des membres des Nations Unies le font et la Palestine a intégré la Cour pénale internationale en 2015. Dans sa lettre le Canada suggère même qu'il pourrait cesser de participer au financement du tribunal s'il continue à enquêter sur Israël.

Dans l'espoir d'empêcher la répétition de ces positions, le Canadian Foreign Policy Institute et Just Peace Advocates ont lancé une campagne sur internet demandant au NPD de soutenir la démarche sud-africaine. Cinq mille personnes ont expédié des messages au chef du NPD et à la critique des affaires étrangères leur demandant que le Parti « exige du Canada qu'il ajoute sa voix à l'entreprise sud-africaine pour faire cesser les horreurs israéliennes à Gaza ».
La critique des affaires étrangères du NPD, Mme Heather McPherson, a répondu sur X : Le Canada s'est opposé aux investigations de la CIJ et de la CPI sur les crimes commis par le Hamas et par le gouvernement Netanyahu. L'Afrique du sud demande à la CIJ de déterminer si oui ou non Israël est responsable de génocide à Gaza. Est-ce que le Canada va soutenir la CIJ dans ses travaux » ?

La suggestion de Mme McPherson qu'Israël commet un « génocide » doit être étendue. Sauf les articles du correspondant pour l'Afrique du Globe and Mail, Geoffrey York, les médias semblent avoir ignoré la réaction du gouvernement Trudeau dans cette affaire. Seuls quelques journaux ont publié les articles de l'Associated Press à propos de la requête devant la CIJ.

Le gouvernement Trudeau va avoir un mal de chien à ignorer les conclusions de la CIJ contre Israël. Si un tribunal international accepte d'examiner la requête de l'Afrique du sud, il annule les capacités d'Ottawa de justifier le génocide israélien à Gaza.

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“Le problème est dans les lois d’immigration, pas les ‘passeurs’” : Veillée à la mémoire d’Ana Karen Vasquez-Floressl

16 janvier 2024, par Solidarité sans frontière — , ,
Montréal, 14 janvier 2024 - Des membres de la communauté montréalaise se sont rassemblés pour honorer la mémoire d'Ana Karen Vasquez-Flores, pour dénoncer les lois racistes du (…)

Montréal, 14 janvier 2024 - Des membres de la communauté montréalaise se sont rassemblés pour honorer la mémoire d'Ana Karen Vasquez-Flores, pour dénoncer les lois racistes du Canada en matière d'immigration et les politiques frontalières meurtrières, et pour exiger un statut pour tous et toutes. Le corps d'Ana Karen a été retrouvé près du chemin Roxham le 14 décembre, il y a un mois.

La veillée d'aujourd'hui a lieu alors que de plus en plus de personnes meurent en essayant de traverser la frontière coloniale entre le Canada et les États-Unis. "Il y a un an, nous organisions une veillée à la mémoire de Fritznel Richard, une autre victime d'un système d'apartheid mondial qui chasse des millions de personnes de leurs communautés tout en s'assurant qu'elles n'ont nulle part où aller de manière sécuritaire avec leur familles. Il y a eu José Leos Cervantes, la famille Chaudhari, la famille Iordache et beaucoup trop d'autres personnes qui ont perdu la vie en cherchant une vie meilleure", a déclaré Samira Jasmin, une des organisatrices et membre de Solidarité Sans Frontières.

"En organisant cette veillée, nous refusons que la vie d'Ana devienne invisible et nous témoignons notre solidarité à sa famille. En nous rassemblant dans le quartier de Parc-Extension, avec sa riche histoire de mobilisation et d'entraide, nous honorons la lutte des migrant-e-s qui se battent pour la justice", a-t-elle ajouté.

“Les lois d'immigration opèrent de manière à décourager les migrations en provenance du Sud global en rendant les frontières mortelles. Soyons clairs, ces décès sont prévisibles et évitables - et en ce sens, intentionnels. Tout comme les décès survenus à la frontière
américano-mexicaine, en Méditerranée et à d'autres frontières dans le monde, ces décès sont le résultat d'un système conçu pour mettre les gens en danger. Et nous ne pouvons pas les normaliser
", a déclaré Hady Anne, un autre organisateur de la veillée.

“Si l'on s'est beaucoup intéressé à un homme soupçonné d'avoir facilité l'entrée d'Ana Karen aux États-Unis
<https://www.ledevoir.com/societe/80...> ,
ce discours pseudo-humanitaire sur la "vulnérabilité" des migrants face aux trafiquants occulte le rôle joué par le Canada et les États-Unis dans la mise en danger de la vie des migrants. En fin de compte, ce sont les politiques frontalières qui rendent les migrants "vulnérables" et mettent leur vie en danger"
, a-t-il ajouté.

Née au Mexique, Ana Karen Vasquez-Flores avait trente-trois ans et était enceinte de cinq mois lorsqu'elle est décédée en traversant la frontière canado-américaine pour rejoindre ses proches. Sa famille décrit Ana comme une personne aimable et humble. Elle a choisi la route qui semblait la plus sécuritaire, en prenant l'avion pour Montréal afin d'éviter les
déserts mortels entre le Mexique et les États-Unis.

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Canada, état de droit ...assujetti au nucléaire

16 janvier 2024, par Artistes pour la paix — , ,
Les Artistes pour la Paix interpellent le 10 janvier les mairesses de Gatineau et de Montréal à propos de la décision d'hier par la Commission Canadienne de Sûreté Nucléaire (…)

Les Artistes pour la Paix interpellent le 10 janvier les mairesses de Gatineau et de Montréal à propos de la décision d'hier par la Commission Canadienne de Sûreté Nucléaire (CCSN) qualifiée de grande bêtise par Margaret Atwood, membre honoraire des AplP, mais simplement de « décevante » par la mairesse France Bélisle.

Les Artistes pour la Paix – 10 janvier 2024

État sommaire de la situation

Le premier jet de l'Étude d'impact environnemental (EIE) sur le projet d'un gigantesque dépotoir de déchets nucléaires sur le bord de la rivière des Outaouais a sonné l'alarme pour bien des groupes de citoyens, révélant que le dépotoir contiendra du plutonium et des dizaines d'autres déchets produits par les réacteurs nucléaires, dont plusieurs demeureront radioactifs pendant des centaines de milliers d'années. Le projet d'« installation de gestion des déchets près de la surface » (projet d'IGDPS ; en anglais : Near Surface Disposal Facility ou NSDF) sera aménagé sur le site de 34 hectares des Laboratoires Nucléaires Canadiens (LNC) de Chalk River, en Ontario, situé à environ 150 kilomètres au nord-ouest d'Ottawa, du côté ontarien de la rivière, en face de la municipalité de Sheenboro, Québec. Le dépotoir aura une configuration semblable à une décharge municipale afin de servir d'entreposage permanent d'environ un million de mètres cubes de déchets radioactifs à « faible » et « moyenne » intensité dans un monticule d'environ 25 mètres de hauteur.

Le scandale de la pétition e-4676 bafouée le 9 janvier 2024

Ole Hendrickson, président de la Fondation Sierra Club Canada, est l'auteur de la raisonnable pétitionii déposée le 11 décembre, appuyée par des milliers de signatures assemblées en vitesse pendant la période des Fêtes mais balayées de la main avant même la date de péremption de la pétition par la CCSN. Ann Pohl du Conseil des Canadiens s'indigne de cette décision, en se demandant si la clause Artemis divisait les rangs libéraux.

La plus vive et immédiate réaction est venue du chef Lance Haymond, de la Première Nation de Kebaowek située à proximité de Chalk River, qui a vertement condamné la CCSN (qualifiée à tort d'indépendante) et a demandé au gouvernement fédéral d'intervenir pour stopper ce projet hautement risqué pour l'environnement. La décision finale de la Commission n'est absolument pas fondée en concluant que le projet [...] n'aura pas d'effets environnementaux importants, a déclaré le chef de la nation. Pour lui, il est indéniable que la sécurité et la santé des personnes et de l'environnement seront profondément affectées pour les générations à venir par ce projet. Il cite notamment les risques de tremblements de terre, de feux de forêt, d'inondations et d'autres phénomènes météorologiques extrêmes pour justifier son opposition au projet. Il rappelle aussi que plus de 140 villes du Québec et de l'Ontario ont manifesté leur opposition ou leur inquiétude par rapport au projet, parmi lesquelles on trouve Gatineau, Montréal et Ottawa.

La décision de la Commission est inacceptable et le gouvernement du Canada doit agir rapidement et affirmer sans attendre la suspension du projet, conclut M. Haymond, appuyé par la préfète de la MRC de Pontiac, Jane Toller, qui se dit« déçue et frustrée », notamment parce que la décision va à l'encontre de la protection environnementale et de la Déclaration des Nations unies des droits des peuples autochtones.

Au Québec, la grande militante écologiste Louise Vandelac, professeure titulaire en Sciences de l'Environnement à l'Université du Québec à Montréal, clame son opposition, de même que l'ancien journaliste de Radio-Canada, Gilles Provost, porte-parole du Ralliement contre la pollution radioactive (RCPR), dont Lucie Massé nous annonce une entrevue à Radio-Canada - Ottawa aujourd'hui dans le cadre de l'émission radio Sur le vif, animée par Philippe Marcoux.
Cerise sur le sundae : un scandale révélé le 8 janvier

La revue canadienne The Walrus vient de publier son enquête “Unearthing a Nuclear Scandal”, avec des révélations sur un des directeurs de la compagnie Eldorado Nuclear nationalisée en 1943-44 (avec ses ventes d'uranium à l'Union soviétique), Carl French, louangé comme héros de la guerre nucléaire en sa nécrologie d'avril 1984 du Toronto Star pour sa contribution au Manhattan Project dont il partagea le secret. Ses compagnies essaimant après 1945 à Chicago, New York, Toronto et Montréal ont fourni du radium et de l'uranium pour le matériel luminescent radioactif de divers cadrans, horloges et tableaux de bord. Les LNC dédramatisent de tels « déchets radioactifs historiques de faible activité, résultats de pratiques passées, inacceptables selon les normes actuelles, dont le gouvernement du Canada assume la responsabilité » : or, les LNC ne sont plus une organisation gouvernementale puisqu'ils appartiennent à deux sociétés texanes et à Atkins Realis, nouveau nom depuis septembre de SNC-Lavalin. Des déchets nucléaires provenant d'entreprises privées, y compris ceux de la propriété Stewart dont nous parlerons plus loin, seront expédiés vers la « nouvelle installation de stockage proposée à Chalk River », nous informe la revue. INEXACT, il s'agit plutôt d'un monticule géant où un million de mètres cubes de déchets nucléaires seront déversés au cours des cinquante prochaines années puis abandonnés, pour toujours, à côté de zones humides et d'un lac à un kilomètre de la rivière des Outaouais, source d'eau potable pour Gatineau, Ottawa et Montréal. Quelle logique y aurait-il à transporter de vieux déchets nucléaires d'une localité près de Toronto à Chalk River ? Dans la vieille grange Stewart, achetée par French dans les années 50 afin d'y procéder à ses recherches personnelles en produits radioactifs, située à une heure du centre de Toronto dans la campagne de Caledon East, deux chercheurs LNC armés d'équipements de détection de radiations trouvent des contaminants qu'ils marquent d'une vive peinture orange. Les poutres démantelées et le sol excavé à un mètre seront mis dans des containers destinés à Chalk River...

...À moins que la CCSN revienne sur sa décision précipitée et inacceptable contre une pétition signée en connaissance de cause, au succès improbable vu sa non-médiatisation.

Notes
1.
L'auteur de cet article a écrit une longue recension à propos de ce film consacré meilleur film de l'année 2023 : http://www.artistespourlapaix.org/oppenheimer-lexceptionnalisme-americain-ou-lheroisation-cinematographique-de-la-science/
2.Pétition adressée à la Chambre des Communes du gouvernement du Canada e-4676
Attendu que :
• les Laboratoires nucléaires canadiens (LNC), ancienne filiale d'Énergie atomique du
Canada limitée (EACL), ont lancé les tout premiers grands projets canadiens de stockage permanent des déchets radioactifs provenant de réacteurs nucléaires ;
• ces projets concernent les déchets « hérités » du gouvernement du Canada : l'élimi-
nation in situ de deux réacteurs d'EACL mis à l'arrêt, et l'Installation de gestion des déchets près de la surface des Laboratoires de Chalk River d'EACL, en Ontario, laquelle établit un précédent ;
• l'approbation de ces projets pourrait contrevenir à l'article 29 2. de la Déclaration
des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones (DNUDPA), selon lequel les États devraient veiller à ce qu'« aucune matière dangereuse ne soit stockée ou déchargée sur les terres ou territoires des peuples autochtones sans leur consentement préalable, donné librement et en connaissance de cause » ;
• lors des audiences de la Commission canadienne de sûreté nucléaire (CCSN), des
experts en gestion des déchets radioactifs ont mis en doute la conformité de ces projets avec les normes de sécurité de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) ;
• l'AIEA dispose d'un service d'examen « ARTEMIS », qui fournit des conseils indépendants
sur la gestion des déchets radioactifs et qui pourrait éclairer les décisions relatives à ces projets ;
• en mai 2018, un représentant de la CCSN a indiqué aux organismes de règlementation
internationaux qu'un examen ARTEMIS était prévu, mais qu'aucun n'a été réalisé ;
• le paragraphe 19 (1) de la Loi sur la sûreté et la réglementation nucléaires accorde
au gouverneur en conseil le pouvoir de donner à la CCSN des instructions d'orientation générale sur sa mission.

Nous soussignés, citoyens du Canada, prions le gouvernement du Canada de donner instruction à la CCSN de ne prendre aucune décision concernant l'autorisation d'une installation de stockage de déchets radioactifs à moins que les obligations du Canada en lien avec la DNUDPA ne soient respectées, et demander que les principaux projets des LNC relatifs au stockage permanent des déchets radioactifs hérités du gouvernement fassent l'objet d'un examen ARTEMIS de l'AIEA

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La part de nous qui est restée à la frontière

16 janvier 2024, par Service de Référence en Périnatalité pour les Femmes Immigrantes de Québec (SRPFIQ) — , ,
Le Service de Référence en Périnatalité pour les Femmes Immigrantes de Québec (SRPFIQ) est fier de vous présenter son documentaire La part de nous qui est restée à la (…)

Le Service de Référence en Périnatalité pour les Femmes Immigrantes de Québec (SRPFIQ) est fier de vous présenter son documentaire La part de nous qui est restée à la frontière. Quinze (15) femmes immigrantes de la Ville de Québec nous partagent en toute intimité la trajectoire d'immigration qui les a menés ici. Mieux comprendre le devenir immigrante et maman dans un autre pays !

En effet, les femmes qui immigrent au Québec sont souvent jeunes et susceptibles de donner naissance au contexte migratoire. Beaucoup de professionnels de la santé sont amenés à travailler avec ces femmes diversifiées dans un moment fondateur de leur nouvelle vie ici. Ces femmes se retrouvent souvent confrontées à des pratiques d'accouchement ou de maternage différentes de leur pays d'origine.

À cela s'ajoute parfois un contexte difficile lié à des conditions antérieures à l'immigration, des traumas.

La part de nous qui est restée à la frontière ce sont les bagages que ces femmes ont laissé, ce qui les habitent aujourd'hui dans le « Le corps est ici mais la tête et le cœur ».

Venez découvrir en primeur ces femmes, leurs récits saisissants, leurs luttes et leur espoir pour elles et leurs enfants.

Rappelons que le SRPFIQ est un organisme bien ancré dans sa communauté par et pour les femmes immigrantes qui existe depuis 2017 dont la mission est de favoriser un pont en créant un lien de confiance entre les dont la mission sera de créer un pont et favoriser un lien de confiance entre les femmes immigrantes et les ressources en périnatalité pendant la grossesse, l'accouchement et les services postpartum (0-2 ans)

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Solidarité avec le personnel enseignant : prise de parole 22 décembre

16 janvier 2024, par Anne-Valérie Lemieux-Breton — , ,
Le 22 décembre dernier, des parents ont organisé une manifestation de soutien aux professeur-e-s devant le parlement de Québec. Voici un des discours prononcé. Oui, je suis (…)

Le 22 décembre dernier, des parents ont organisé une manifestation de soutien aux professeur-e-s devant le parlement de Québec. Voici un des discours prononcé.

Oui, je suis fatiguée que mes 3 enfants soient à la maison, oui, j'appuie les moyens de pression décidés par les travailleuses de nos écoles. Des moyens de pression radicaux, face à un système d'éducation qui est à un point de rupture, face à un gouvernement des plus méprisant !

Savez-vous à combien les écoles privées sont financées par notre argent ?

Selon la FAE, en tenant compte de toutes les subventions et mesures fiscales applicables, les écoles privées sont financées jusqu'à 75 % par notre argent. Le Québec est l'un des États de l'OCDE qui financent le plus son système privé d'éducation.

Quand on ajoute à ça la concurrence entre les écoles où on offre des programmes contingentés à coups de milliers de dollars sur le dos des parents, on se retrouve face à un système qui crée de la ségrégation, qui accentue les inégalités sociales. Selon le Conseil supérieur de l'éducation, le système éducatif du Québec serait le plus inégalitaire au Canada.

Ce qui est en contradiction flagrante avec les principes d'égalité et d'accessibilité sur lesquels se fonde notre système public d'éducation.

Nous ne naissons pas toutes et tous égaux, malheureusement. Ce n'est pas pour rien qu'actuellement on s'inquiète de la baisse des signalements à la DPJ et de la hausse des demandes d'aide alimentaire. L'école est normalement là pour ces enfants.

L'école publique, lorsqu'elle est réellement accessible, gratuite, lorsqu'elle est assez financée pour offrir des ressources aux élèves et ainsi permettre aux enseignant-e-s d'enseigner, c'est un rempart contre les inégalités sociales, c'est un filet social qui, en tentant de n'échapper personne, met les bases d'une société plus juste et plus égalitaire pour toutes est tous.

Une école publique forte, ça passe pour l'amélioration des conditions de travail du personnel de soutien (éducatrices, orthophonistes, éducatrices spécialisées) et des enseignantes qui, rappelons-le, sont à plus de 70% des femmes. Est-ce que c'est parce que ce sont des jobs traditionnellement féminines que le gouvernement laisse notre système d'éducation (et de santé) s'écrouler ? Tant et aussi longtemps qu'on ne reconnaîtra pas la valeur du travail des femmes, les inégalités entre les femmes et les hommes vont persister. Mettre fin à « l'exploitation des femmes »- une expression interdite depuis quelques semaines à l'Assemblée nationale-, ça passe par une reconnaissance du travail de soin, du travail éducatif, du travail invisible des femmes. Et cette reconnaissance-là, ça passe par des conditions de travail décentes.

On s'est battu il y a quelques années pour que le régulier reste à l'école secondaire Cardinal-Roy qui voulait laisser toute la place aux programmes sport-étude. Et on a gagné. Et j'ai un garçon qui va au régulier à Cardi, et devinez quoi ? Il est heureux. Aujourd'hui, on se bat pour un réinvestissement massif dans nos écoles publiques et on va gagner !

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Action de visibilité : 1er féminicide de l’année

16 janvier 2024, par Regroupement des groupes de femmes de la région de la Capitale-Nationale (Portneuf-Ouébec-Charlevoix) — , ,
Québec, 11 janvier 2024 - Le Regroupement des groupes de femmes de la région de la Capitale-Nationale (RGF-CN) a organisé une action de visibilité suite à l'annonce du premier (…)

Québec, 11 janvier 2024 - Le Regroupement des groupes de femmes de la région de la Capitale-Nationale (RGF-CN) a organisé une action de visibilité suite à l'annonce du premier féminicide de l'année 2024.

Chloé Lauzon-Rivard a été tuée par son conjoint le 5 janvier à Granby. L'action, qui a réuni plusieurs militantes au coin des rues Cartier et René-Lévesque sur l'heure du midi, visait à briser le silence, exprimer notre colère, visibiliser les féminicides et exiger du gouvernement de faire de la lutte aux violences faites aux femmes et aux enfants une priorité.

Les féminicides : des violences banalisées et normalisées

Les meurtres des femmes et des enfants par un proche comme, cette fois-ci, par un conjoint, font partie d'un continuum de violences conjugales normalisées et banalisées. Ces violences sont le fruit d'un rapport de domination des hommes sur les femmes que la société tolère et banalise.

Comme dans plusieurs cas de féminicides l'homme était déjà connu des policiers. Il a eu des
démêlés avec la justice dans le passé, et il y aurait plusieurs antécédents à son dossier. En 2021, il a par exemple été accusé de menaces de mort dans un contexte de violence conjugale. Il est déplorable qu'aucune évaluation psychojudiciaire ou psychosociale n'ait été faite pour évaluer les risques de récidive, notamment d'homicide.

Les femmes aux intersections de plusieurs systèmes d'oppression tels les femmes immigrantes, les femmes autochtones, celles en situation de handicap, les jeunes femmes, les femmes des communautés LGBTQIA, les femmes âgées, en situation d'itinérance, en situation de dépendance économique, et les femmes que la société racise sont parmi les plus à risque de subir une ou plusieurs formes de violences, elles sont surreprésentées dans les victimes de féminicides.

Pas une de plus

Il faut refuser de baisser les bras et d'accepter que d'autres femmes et enfants soient agressées, violentées, tuées. Des solutions pour mettre fin à la violence conjugale, il en existe ! Ça passe notamment par l'augmentation du financement en prévention, en accompagnement et en hébergement des femmes victimes de violences conjugales, sexuelles et genrées, par des formations obligatoires et continues sur la violence conjugale pour tous les acteurs et les qui interviennent auprès des femmes et des enfants, par des changements en profondeur de la culture de notre système de justice où les agresseurs peuvent récidiver en attente de leur procès, par une éducation à la sexualité axée sur des modèles de relations positifs basés sur l'égalité entre les femmes et les hommes. Les solutions sont multiples et doivent dénoncer le caractère inacceptable et criminel de la violence envers les femmes et renforcer la confiance des victimes et du public dans l'administration de la justice.

Le RGF-CN regroupe des groupes de femmes de la région de la Capitale-Nationale et travaille la défense des droits et des intérêts de toutes les femmes, l'égalité des femmes entre elles,
l'amélioration des conditions de vie

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La « main tendue » de Northvolt

16 janvier 2024, par Henri Jacob, Richard Desjardins — , ,
Un texte d'Henri Jacob et Richard Desjardins, respectivement président et vice-président de l'organisme Action boréale. Il s'agit d'une réponse à Paolo Cerruti, cofondateur de (…)

Un texte d'Henri Jacob et Richard Desjardins, respectivement président et vice-président de l'organisme Action boréale. Il s'agit d'une réponse à Paolo Cerruti, cofondateur de Northvolt et PDG de Northvolt, Amérique du Nord.

Cher monsieur Cerruti, bienvenue au Québec. Dans votre lettre du 22 décembre publiée dans La Presse, vous nous exposez avec brio le grand projet Northvolt qui entend contribuer à décarboner l'économie en produisant annuellement un million de « batteries les plus vertes du monde » sur les rives du Richelieu.

À l'Action boréale, notre expertise en la matière demeure peut-être embryonnaire, mais elle ne nous permet pas de rivaliser avec votre enthousiasme. Tout juste nous permet-il de nous demander si les abatteuses multifonctionnelles à « batteries vertes » auront fait progresser un tant soit peu la protection de l'environnement, une fois la coupe à blanc réalisée, une fois un lieu de biodiversité anéanti.

Quitte à vous décevoir, transformer 1,4 milliard d'autos en substituant la source-pétrole par la source électrique contribuera à accélérer la destruction des écosystèmes encore naturels, ces puits de carbone qui constituent le moyen le plus efficace pour raréfier les gaz à effet de serre. Et que nous tentons de protéger, en Abitibi.

Une diminution drastique du transport individuel s'impose. De toute urgence, il nous faut utiliser nos ressources naturelles, financières et humaines pour le développement de réseaux efficaces de transport collectif et ferroviaire.

Vous souhaitez « travailler main dans la main avec les groupes qui ont aussi à coeur l'environnement ». Voyons à quel point. C'est avec un empressement hors du commun que notre gouvernement a facilité votre venue sur les rives du Richelieu.

Vu les dimensions du projet Northvolt, les lois du pays exigent qu'il soit soumis avant toute chose à une évaluation publique par le ministère responsable de l'environnement. Pour au moins voir à quel degré la nature sera affectée. (On peut facilement imaginer qu'il en va de même chez vous, en Suède démocratique).

Or :

En catimini, l'été dernier, le ministère tripatouillait ses propres normes, permettant ainsi à Northvolt d'échapper à une évaluation.

Il a finalement acquiescé à cette évaluation qui aura lieu toutefois après la construction de l'usine. Inouï !

Avez-vous participé à ce complot ? Tous les groupes qui ont à coeur l'environnement en sont restés abasourdis.

« Tendre la main ». Ce n'est pas la première fois que vous nous la tendez, votre main, M. Cerruti. Au mois d'octobre dernier, grâce aux petits sous de tout le monde, nous y avons déposé la promesse de vous refiler sept milliards de dollars. Comme marques de bonne volonté, c'est vraiment dur à battre, n'est-ce pas ?

M. Cerruti, en contrepartie de toutes ces générosités publiques et pour démontrer votre bonne foi, auriez-vous la bonté d'officialiser votre accord à la tenue d'audiences publiques aux conditions prévalant avant le dépôt de votre projet ? Mais tout d'abord, auriez-vous aussi l'amabilité de retirer vos huit lobbyistes de l'enceinte du Parlement de Québec et de ses ministères ?

Car, voyez-vous, notre actuel gouvernement est moralement trop fragile pour affronter cette pression. Son intégrité est contestée à tout bout de champ, à tout propos. Entre autres pour les enjeux environnementaux, dont le plus patent : celui de la fonderie Horne à Rouyn-Noranda1.

Vous terminez ainsi votre proposition de collaboration : « Dans la lutte aux changements climatiques, nous faisons face à un choix : rester assis et ne rien faire, ou se lever et passer à l'action. Chez Northvolt, on se lève et on avance ».

Soyez assuré, M. Cerruti, que l'Action boréale souhaite également que les gens de la région et les groupes environnementaux du pays se lèvent et avancent sur votre terrain pour l'occuper jusqu'à ce que le Bureau d'audiences publiques sur l'environnement (BAPE) ait achevé le mandat qui lui aurait été normalement dévolu.

1- Fonderie Horne. Après que le premier ministre François Legault eut promis à la population de la ville de Rouyn-Noranda qu'elle déciderait elle-même de son consentement à subir une norme d'arsenic ambiant cinq fois supérieure à la norme québécoise, après que les gens eurent refusé la proposition à hauteur de 67%, Legault a décrété la déportation du quartier !

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Avancée historique : pour la première fois au Québec, le secret sur les prélèvements en eau est levé !

16 janvier 2024, par Centre québécois du droit de l'environnement (CQDE), Eau Secours — , ,
Montréal, le 21 décembre 2023 - Après plusieurs années de mobilisation de nombreux acteurs de la société civile, les données sur les prélèvements d'eau par les entreprises au (…)

Montréal, le 21 décembre 2023 - Après plusieurs années de mobilisation de nombreux acteurs de la société civile, les données sur les prélèvements d'eau par les entreprises au Québec seront enfin dévoilées. Dès le 1er janvier 2024, ces données seront rendues facilement accessibles au public sur le site internet du ministère de l'Environnement.

Le Centre québécois du droit de l'environnement (CQDE) et Eau Secours saluent cette avancée historique qui constitue un premier pas vers une plus grande transparence. Les organismes souhaitent que ce nouveau cadre juridique permette d'obtenir rapidement un portrait plus clair des prélèvements en eau au Québec.

« La transparence est un élément crucial pour protéger l'eau qui fait partie de notre patrimoine commun. Un accès facilité aux données est essentiel à une participation citoyenne éclairée aux débats publics », affirme Me Merlin Voghel, avocat au CQDE.

Pour rappel, la Loi instituant le Fonds bleu et modifiant d'autres dispositions législatives (projet de loi 20) a été adoptée par l'Assemblée nationale le 9 juin 2023. Elle consacre le principe de la transparence pour toute information obtenue en vertu des règlements sur les redevances et sur la déclaration des prélèvements en eau. Ces deux règlements, édictés sous une forme finale le 6 décembre dernier, ont précisé cette obligation de transparence, en plus d'abaisser le seuil de prélèvement à compter duquel un préleveur doit déclarer ses prélèvements et payer une redevance.

Quelques limites à la transparence

S'il s'agit d'une belle victoire, les organismes soulignent qu'il convient de demeurer vigilant⋅es. Seules les données des plus gros préleveurs doivent obligatoirement être déclarées et rendues publiques, soit les données d'environ 1,5% des 21 000 entreprises exerçant des activités visées par les règlements. Pour obtenir un portrait global de la situation, le ministère devra donc déployer d'importants efforts pour obtenir les données
auprès des préleveurs n'ayant pas à lui transmettre de déclaration.

Il sera aussi important que le ministère veille à ce que l'obligation d'installer des compteurs d'eau pour toute nouvelle installation ou lors de toute modification d'installation soit appliquée. Bien que cette obligation existe depuis plus de dix ans, les données obtenues démontrent qu'elle n'a pas été respectée et qu'aucune sanction ou amende n'a été imposée.

« On constate un besoin criant d'accroître sans délai nos connaissances sur les prélèvements en eau par les entreprises au Québec. Nous encourageons le ministère à user de ses pouvoirs pour obtenir un portrait plus juste de la situation, sans se contenter des données des plus gros préleveurs », explique Me Merlin Voghel.

Rehaussement des redevances : vers une réduction de la consommation d'eau ?

La hausse des redevances constitue aussi une avancée majeure, bien qu'elle ne concerne que 2% des entreprises visées.

« Nous espérons que cette hausse aura l'effet escompté, c'est-à-dire un changement de comportement de la part des entreprises vers une réduction de la consommation d'eau. C'est notamment ce que nous surveillerons avec grande attention dans les prochaines années », explique Rébecca Pétrin, directrice générale d'Eau Secours.

Une autre nouveauté : la révision des règlements au cinq ans

Les deux organismes saluent également l'assujettissement des deux règlements à une révision tous les 5 ans, comme ils le recommandaient. Ces révisions seront l'occasion de prendre de nouvelles décisions au regard des informations collectées.

« Avec ces nouveaux éléments, les 5 prochaines années devraient nous permettre de dresser la situation de l'eau au Québec. Il est cependant important de rester attentif⋅ves à la révision réglementaire dans 5 ans. Ce n'est que le début. », conclut Rébecca Pétrin.

La réforme en chiffre :

1er janvier 2024 :

Première publication des données sur les prélèvements en eau par les entreprises au Québec.

Entrée en vigueur des nouveaux taux de redevances payables sur les prélèvements en eau, en fonction des activités exercées :

- L'embouteillage et le transport de l'eau : 500 $ par million de litre prélevés, en remplacement de 70 $

- La fabrication de boissons, de produits minéraux non-métalliques (ex : le béton), de pesticides, d'engrais, de produits chimiques agricoles ou inorganiques et l'extraction de pétrole et de gaz : 150 $ par million de litres prélevés, en remplacement de 70 $

- L'ensemble des autres activités visées : 35 $ par million de litres prélevés, en remplacement de 25 $

1er janvier 2025 :

Le seuil d'assujettissement à une déclaration obligatoire passe de 75 000L à 50 000L par jour. À compter du dépassement de ce seuil sur une journée de prélèvement, le préleveur est assujetti à une déclaration obligatoire de tous ses prélèvements en eau pour l'année en cours et pour toutes les années subséquentes, peu importe le volume.

1er janvier 2026 :

Le seuil d'assujettissement au paiement de redevances sur les prélèvements en eau passe de 75 000L à 50 000L par jour. À compter du dépassement de ce seuil sur une journée de prélèvement, le préleveur est assujetti au paiement de redevances sur tous ses prélèvements en eau pour l'année en cours et pour toutes les années subséquentes, peu importe le volume.

Historique et faits saillants à consulter au lien suivant
<https://www.cqde.org/fr/nos-actions...>

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Victoire de Marc Nantel face à la Fonderie Horne, les avocats du Centre québécois du droit de l’environnement (CQDE) ont défendu avec succès le droit de l’accès à l’information du citoyen

16 janvier 2024, par Centre québécois du droit de l'environnement (CQDE) — , ,
Montréal, le 22 décembre 2023 - Les avocats du CQDE, dont Me Marc Bishai, annoncent avec plaisir que la Cour du Québec a donné raison au citoyen Marc Nantel dans l'appel par la (…)

Montréal, le 22 décembre 2023 - Les avocats du CQDE, dont Me Marc Bishai, annoncent avec plaisir que la Cour du Québec a donné raison au citoyen Marc Nantel dans l'appel par la Fonderie Horne d'une décision de la Commission d'accès à l'information.

Pour rappel, le litige découle de l'opposition de l'entreprise minière, une filiale de la multinationale Glencore, à ce que le ministère de l'Environnement (MELCC) communique à Marc Nantel un tableau concernant les intrants de la Fonderie Horne, en réponse à une demande d'accès à l'information déposée en juin 2020. Plus précisément, le tableau en litige porte sur les quantités et concentrations en arsenic, en bismuth, en antimoine, en plomb, en cadmium et en mercure des concentrés livrés à la Fonderie Horne provenant de chacun de ses fournisseurs. Dans cette décision, la Commission d'accès à l'information avait conclu en faveur du citoyen et avait établi que la Loi sur la qualité de l'environnement confère un droit d'accès direct et immédiat au document en question. Dans un jugement étoffé, le juge, l'honorable Serge Champoux, a balayé tous les arguments de la Fonderie Horne qui avançait que les renseignements devraient être tenus confidentiels, notamment en vertu du secret industriel.

Marc Nantel : « C'est une victoire pour la transparence ! La Fonderie Horne refusait toujours de rendre publique la teneur en éléments toxiques des intrants qu'elle traite en alléguant son droit au secret industriel. Bien que ces informations soient essentielles pour protéger l'environnement et la santé de la population, la Fonderie priorise ses intérêts économiques. Il est dommage qu'un citoyen comme moi soit forcé d'entreprendre d'aussi longues démarches juridiques simplement pour obtenir des informations que la loi déclare publiques. Je remercie les avocats qui m'ont épaulé. Sans eux, un simple citoyen fait difficilement le poids contre des firmes d'avocats spécialisées dans le domaine. L'accès à l'information est nécessaire pour que les citoyens puissent influencer les décisions concernant la Fonderie Horne et tenter de résoudre le problème des émissions toxiques dans l'air. »

Me Marc Bishai : « Nous sommes très heureux de ce dénouement qui, nous l'espérons, marque enfin l'aboutissement des démarches de Monsieur Nantel qui durent depuis juin 2020. Les intrants de la Fonderie pour l'année 2019 devraient enfin être rendus publics, comme le prévoit la Loi. C'est cet accès à l'information qui permet à des citoyen·nes comme Marc Nantel de participer collectivement aux décisions nécessaires pour protéger l'environnement et la santé publique. »

Quelques passages du jugement de la Cour du Québec

« [120] [...]. Le lien entre le matériel brut reçu de fournisseurs de la Fonderie et les rejets de contaminants paraît indiscutable. Le Ministre veut savoir ce qui est traité par la Fonderie pour comprendre ce qui en émane. »

« [8] Il paraît évident dans la mécanique envisagée par le législateur que les demandes d'accès devraient être traitées et tranchées avec diligence et qu'inversement, il soit compris que des informations ou des renseignements qui ne sont transmis qu'au terme d'interminables procédures, perdront soit leur pertinence, soit leur utilité. Autrement dit, dans ces domaines, bien souvent, le seul écoulement du temps équivaut à un déni d'accès. »

« [27] [...] [E]n trame de fond, il est clair que les deux lois en cause, la Loi sur la qualité de l'environnement et la Loi sur l'accès, sont deux ensembles législatifs majeurs dans l'organisation sociale et légale de la société québécoise. »

« [115] [...] [L]a Loi sur la qualité de l'environnement [...] favorise l'implication citoyenne dans le maintien et l'amélioration de la qualité de l'environnement.

[116] Ce choix qu'a fait le législateur semble celui de privilégier le droit des citoyens de connaître les risques environnementaux qui les concernent sur le droit des industriels à protéger certains secrets.

[117] Lue avec ces principes en tête, la décision de la CAI ne présente pas d'erreur de droit qui justifie qu'elle soit cassée. »

Source : Centre québécois du droit de l'environnement (CQDE)

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Des chaires de recherche industrielle travaillant sur les combustibles fossiles ont reçu 300 fois plus de financement que les projets d’énergie alternative , selon un rapport de Greenpeace Canada

16 janvier 2024, par Philippa Duchastel de Montrouge — , ,
Montréal – Les compagnies pétrolières et gazières injectent des millions dans la recherche académique, influençant les priorités et la portée de domaines de recherche (…)

Montréal – Les compagnies pétrolières et gazières injectent des millions dans la recherche académique, influençant les priorités et la portée de domaines de recherche essentiels, selon un nouveau rapport de Greenpeace Canada, « Un mécénat qui interroge : Quand l'industrie des combustibles fossiles finance la recherche universitaire ». Au cours de la dernière décennie, elles ont égalé ou dépassé les 31 millions de dollars en financement fédéral accordé aux chaires de recherche industrielle universitaires travaillant sur des projets de combustibles fossiles, en plus de millions supplémentaires sous forme d'autres subventions de recherche et de dons. À titre de comparaison, les chaires de recherche industrielle pour les projets d'énergie alternative n'ont reçu que 100 000 dollars au cours des 10 dernières années.

9 janvier 2024 | tiré du site de Greenpeace Canada
https://lh3.googleusercontent.com/a/ACg8ocLfyIHS43S-w0Rvt6oFpzHO3m91zx30iu_kesTqHX455w=s96-c

« Il est terrifiant que les entreprises de combustibles fossiles influencent la recherche académique sur l'efficacité énergétique et l'atténuation des changements climatiques. Alors que la science nous dit que nous devons nous éloigner rapidement des combustibles fossiles, elles détournent les esprits les plus brillants vers la recherche sur les moyens d'augmenter l'extraction du pétrole et du gaz », a déclaré Nola Poirier, chercheuse principale et rédactrice chez Greenpeace Canada.

Le rapport explore l'investissement considérable de l'industrie des combustibles fossiles dans les universités canadiennes, en particulier dans les domaines de l'extraction pétrolière et gazière et des émissions, établissant un parallèle inquiétant avec le précédent historique des entreprises de tabac finançant la recherche médicale. Une autre préoccupation est que la proximité de l'argent des combustibles fossiles compromet la recherche essentielle sur le climat et l'énergie de ces départements et institutions. Le financement des combustibles fossiles peut influencer les sujets de recherche, les orientant vers des intérêts alignés avec l'industrie, tels que la recherche axée sur la capture et le stockage de carbone, soutenue par le secteur fossile et douteuse en tant que solution aux changements climatiques, au détriment des technologies d'énergie renouvelable plus prometteuses.

« La recherche académique doit être indépendante et fondée sur des données probantes. Mais les entreprises pétrolières et gazières ne sont pas neutres. Elles ont un intérêt financier direct dans l'énergie fossile, dans le maintien du statu quo, et il a été démontré qu'elles ont volontairement retardé et minimisé les actions contre les changements climatiques », a déclaré Poirier. « Lorsque l'industrie des combustibles fossiles finance la recherche académique et peut affecter des dons à des projets spécifiques qu'elle soutient, cela entre en concurrence avec la recherche cruciale pour accélérer la transition énergétique et contrer les pires impacts des changements climatiques. »

Ce problème n'est pas unique au Canada. En 2022, des universitaires, scientifiques, chercheur·se·s du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC) et bien d'autres ont signé une lettre ouverte appelant les universités aux États-Unis et au Royaume-Uni à interdire le financement des combustibles fossiles dans la recherche sur les changements climatiques, l'environnement et la politique énergétique. La lettre déclarait : « Nous croyons que ce financement représente un conflit d'intérêts inhérent, est contraire aux valeurs académiques et sociales fondamentales des universités, et soutient les tactiques d'écoblanchiment de l'industrie. »

Les compagnies pétrolières et gazières ont réalisé d'énormes profits ces dernières années, et leurs coffres bien remplis signifient qu'elles disposent des fonds nécessaires pour investir et influencer la recherche académique. « En plus de leur impact néfaste sur la recherche critique sur le climat et l'énergie, ces investissements massifs des combustibles fossiles dans la recherche académique servent à légitimer les entreprises pétrolières et gazières, les combustibles fossiles en général, et les soi-disant solutions climatiques soutenues par l'industrie », a déclaré Poirier. « En permettant à ces entreprises d'investir dans la recherche sur la politique énergétique et climatique, et en égalant leur financement dans de nombreux cas, le gouvernement subventionne l'industrie et sabote ses propres efforts pour atténuer les changements climatiques. »

En réponse à ces découvertes troublantes, Greenpeace Canada plaide pour une fin du financement de la recherche sur la politique énergétique et le climat par l'industrie des combustibles fossiles, et souligne également la nécessité d'aligner ces recherches avec les objectifs environnementaux mondiaux et de protéger l'intégrité de la recherche climatique solide provenant des institutions canadiennes.

FIN

Notes aux médias

[1] Le rapport en français se trouve ici. Erratum page 4. Correction : des projets liés au pétrole et au gaz ont reçu 31.5 millions de dollars (31 595 650.$) et non 31 595 650 millions de dollars.

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La mort d’Ed Broadbent afflige les syndicats du Canada

16 janvier 2024, par Congrès du travail du Canada (CTC) — , ,
Bruske : « Ed a fait du Canada un pays plus favorable aux travailleurs et travailleuses. Nous honorerons sa mémoire en continuant à bâtir un pays où les gens prennent mieux (…)

Bruske : « Ed a fait du Canada un pays plus favorable aux travailleurs et travailleuses. Nous honorerons sa mémoire en continuant à bâtir un pays où les gens prennent mieux soin les uns des autres. » Les syndicats du Canada déplorent la perte d'Ed Broadbent, qui a longtemps été chef du NPD et champion syndical.

« Ed Broadbent a été un géant parmi nous, un homme au cœur et à l'intégrité incomparables. Ed s'est fait le champion des causes des travailleurs et travailleuses et a toujours défendu les personnes les plus marginalisées. Il était un grand leader, mentor et ami pour un grand nombre d'entre nous, et il nous manquera plus que nous ne saurions le dire », déclare Bea Bruske, présidente du Congrès du travail du Canada.

Parlementaire accompli, son militantisme au nom des travailleurs et travailleuses et son appui inébranlable aux syndicats ont fait d'Ed Broadbent un pilier du mouvement syndical canadien. En 2011, il a fondé l'Institut Broadbent qui a défendu la cause du changement progressiste grâce à de précieuses recherches et analyses, à l'éducation et au soutien d'une nouvelle génération de dirigeants.

« Nous nous engageons à honorer l'héritage d'Ed en continuant à défendre les droits des travailleurs et travailleuses, la justice sociale et la préservation de la démocratie au Canada et dans le monde entier », a dit madame Bruske.

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« Pour les exilés, la frontière est partout, toujours là, en eux »

16 janvier 2024, par Anne-Claire Defossez, Eric Fassin, Olivier Doubre — ,
Anne-Claire Defossez est sociologue, chercheuse à l'Institute of Advanced Study de Princeton, près de New York. Didier Fassin est médecin, anthropologue et sociologue, il est (…)

Anne-Claire Defossez est sociologue, chercheuse à l'Institute of Advanced Study de Princeton, près de New York. Didier Fassin est médecin, anthropologue et sociologue, il est enseignant-chercheur à Princeton, mais aussi directeur d'études à l'École des hautes études en sciences sociales (EHESS) et, depuis le printemps dernier, titulaire de la chaire « Questions morales et enjeux politiques dans les sociétés contemporaines » au Collège de France. Ils ont co-écrit L'exil, toujours recommencé. Chronique de la frontière.

11 janvier 2024 | tiré du site alencontre.org

Entre les accidents de montagne, la répression subie par les exilés, sans parler des naufrages en mer plus tôt dans leur périple, on voit bien l'inégalité entre les vies humaines. On ne ressort pas indemne de la lecture de votre recherche autour de la frontière franco-italienne près de Briançon. N'est-il pas un peu désespérant pour des chercheurs en sciences sociales de travailler sur un tel objet ?

Anne-Claire Defossez : Je ne dirais pas cela. Certes, les histoires que nous rapportons sont souvent très dures, très émouvantes. Mais jamais, après les avoir entendues, nous n'avons eu le sentiment que ces gens étaient des victimes passives de leur destin d'exilés. Car ils manifestent un courage, une ténacité, une solidarité entre eux absolument remarquables. Dans un contexte d'incertitude permanente et de contraintes immenses, ils trouvent la force morale de continuer. Ils ont dû quitter une situation qui était invivable, littéralement au sens où leur vie était menacée par les persécutions, les violences, la pauvreté. Ils rencontrent sur leur route, qui peut durer des années, des vicissitudes terribles, ils sont agressés par les polices et des bandes armées, ils sont enfermés dans des camps et dans des prisons, ils voient mourir des compagnons de voyage, ils sont parfois obligés de tenter à de nombreuses reprises de franchir une frontière. Et pourtant, ils continuent ! Ces expériences invitent plus à l'admiration qu'au désespoir.

En outre, je dirais aussi qu'à chacun de nos séjours – car pendant cinq ans nous avons passé en hiver et en été plusieurs semaines sur place – nous avons été impressionnés par l'engagement des personnes qui se dédient, certaines à plein temps, d'autres au gré de leur disponibilité, au secours et à l'accueil des exilés. Avec l'idée qu'on ne doit pas renoncer à exercer la solidarité que consacre le principe constitutionnel de fraternité et qu'on ne peut pas laisser mourir des personnes dans la montagne. À cet égard, il faut rappeler que la traversée des Alpes ne devrait pas exposer à la mort, comme c'est le cas de celle du Sahara ou de la Méditerranée où plus de 29 000 personnes se sont noyées au cours des dix dernières années. Au col de Montgenèvre, des milliers de touristes, de randonneurs, de transporteurs circulent sans même faire l'objet de contrôles. Mais les exilés, eux, pour éviter les forces de l'ordre, doivent emprunter des chemins dangereux, escarpés, où certains se perdent, se noient, font des chutes.

Vous faites un lien entre militarisation du territoire de Briançon et hausse des morts des exilés. Comment l'expliquez-vous ?

Didier Fassin : En 2018, à la suite de l'opération de blocage de la frontière par le groupuscule d'extrême droite Génération identitaire et de la manifestation citoyenne organisée en réponse, le ministre de l'Intérieur a envoyé un escadron de gendarmes mobiles pour contrôler la frontière. Dans le mois qui a suivi, trois morts sont survenues par noyade ou chute, dans certains cas à l'occasion de courses-poursuites par les forces de l'ordre. C'étaient les premières victimes de la violence politique de cette frontière. De même, cet automne, dans les semaines qui ont suivi l'envoi de la « border force » annoncée par la Première ministre, trois exilés ont perdu la vie dans la montagne. Il faut comprendre qu'on est passé en quelques années d'une soixantaine de policiers à la frontière à 250 policiers, gendarmes et autres militaires.

Cependant cette présence massive n'a quasiment pas d'effet sur les passages. Les policiers et gendarmes avec lesquels nous avons pu parler le savent bien. Les exilés qu'ils interpellent et renvoient en Italie retentent la traversée le lendemain ou le surlendemain. Et ce, jusqu'à réussir. Ce que nous confirmaient les conversations que nous avons eues, côté italien, avec les bénévoles qui aident les exilés : très peu renoncent. D'ailleurs, selon les statistiques que nous avons pu reconstituer, huit personnes sur dix passent sans avoir rencontré personne. Autrement dit, la répression mise en œuvre n'a d'autre conséquence que de faire prendre plus de risque aux exilés.

Vous soulignez en outre que cette militarisation de la frontière a un coût très important, estimé autour de 14 000 euros pour chaque refoulement ou non-admission…

Didier Fassin : En nous appuyant sur les données d'un rapport parlementaire fait pour le Calaisis, nous avons évalué le coût de chaque non-admission, en nous limitant au seul ajout de forces de l'ordre, donc sans compter la police aux frontières qui était déjà en place et sans intégrer les achats de matériel supplémentaire, drones, motoneige, véhicules tout-terrain. Nous parvenons ainsi à la somme exorbitante de 14 000 euros pour chaque non-admission, dont, tant au sein des forces de l'ordre que parmi les fonctionnaires de la préfecture, chacun sait qu'elle n'empêchera pas de nouvelles tentatives. Du reste, les chiffres de non-admissions publiés ne représentent rien des franchissements réels, puisque d'une part ils n'intègrent pas la grande majorité des personnes qui passent sans être arrêtées et d'autre part ils enregistrent plusieurs fois les mêmes exilés lorsqu'ils font l'objet de non-admissions répétées.

Au fond, la comptabilité des moins de 3 000 refoulements chaque année sert à deux choses. D'abord, en interne, elle fournit la base de calcul des primes des agents, d'autant plus élevées qu'il y a eu plus de non-admissions. La prime la plus importante revient au directeur de la police aux frontières, qui est donc incité à exercer une pression sur ses équipes pour « faire du chiffre », comme le disent les agents. Ensuite, vis-à-vis du public, y compris des maires conservateurs qui réclament toujours plus de moyens militaires, il faut montrer que l'État agit. On a affaire à une forme de spectacle de la souveraineté quand bien même la réalité montre que le souverain est nu, incapable d'empêcher les exilés de franchir la frontière. Cette situation est d'autant plus absurde quand on sait que ce sont en moyenne à peine 4 000 personnes qui passent chaque année. Ce chiffre est celui du Refuge solidaire où pratiquement tous les exilés font une halte allant de quelques heures à quelques jours pour reprendre des forces avant de se remettre en route.

Anne-Claire Defossez : Il montre bien le décalage considérable entre, d'un côté, les discours alarmistes au sujet d'une soi-disant « invasion migratoire » alimentant le fantasme du « grand remplacement » et, de l'autre, la réalité – documentée – sur le terrain : 4 000 personnes par an, sur l'un des deux lieux d'entrée en France depuis l'Italie, c'est peu à l'échelle d'une population française de plus de 67 millions d'habitants. Sachant en outre qu'une bonne partie d'entre elles ne va pas rester en France, mais gagner d'autres pays européens, notamment le Royaume-Uni et l'Allemagne, ou parfois plus au nord la Scandinavie.

Vous avez concentré vos travaux sur le territoire de Briançon. Est-ce un territoire emblématique de ces « désordres du monde » que vous décrivez ?

Didier Fassin : Briançon nous a d'emblée intéressés car s'y trouvaient rassemblés sur cette scène de la frontière trois protagonistes : les exilés, les acteurs de la solidarité et les forces de l'ordre. Les exilés arrivent soit par la route des Balkans, lorsqu'ils viennent du Moyen-Orient ou même d'Afrique du Nord, car les Maghrébins passent de plus en plus par la Turquie pour éviter la Méditerranée, soit par la route du Sahara pour les Maliens, Ivoiriens, Guinéens, Camerounais ou Soudanais. Les solidaires, comme ils s'autodésignent, ont été très tôt actifs, à la fois en faisant des maraudes dans la montagne pour mettre à l'abri des personnes rencontrant des difficultés, surtout en hiver dans le froid et la neige, et en organisant un hébergement transitoire dans la vallée. Cette action s'appuyait sur des personnes dont certaines avaient déjà des engagements associatifs, syndicaux, politiques, et d'autres n'avaient jamais eu aucune de ces expériences. Enfin, il y avait ces forces de l'ordre, toujours plus nombreuses, toujours mieux équipées. Cette scène, donc, nous a semblé constituer un microcosme de ce qui se joue sur une frontière.

Mais très vite nous nous sommes rendu compte que ce lieu que nous étudiions pouvait servir de prisme donnant à voir ce qu'était l'exil, ce qu'était l'histoire de ces gens qui avaient quitté leur pays dans des conditions souvent dramatiques, qui avaient vécu des épreuves particulièrement traumatisantes au long de leur périple. Chacun des récits que nous avons recueillis au cours des cinq années de notre enquête s'inscrivait dans une géopolitique globale, devenait une véritable fenêtre d'observation des désordres du monde. Ainsi, alors que les talibans en Afghanistan gagnaient du terrain, on voyait arriver des Afghans, mais avec un décalage dans le temps puisqu'il leur faut souvent plusieurs années pour parvenir jusqu'à la frontière française. Nombre d'entre eux ont travaillé en Turquie pour gagner un peu d'argent, espérant parfois y rester, mais s'en faisant expulser. Ils ont alors été enfermés dans un camp sur une île en Grèce, d'où ils ont fini par partir avant d'être retenus dans d'autres camps et d'être harcelés par d'autres polices.

Ils ont ensuite tenté, parfois dix ou quinze fois, d'entrer en Croatie, en étant souvent battus, déshabillés, humiliés par les forces de l'ordre de ce pays, qui les dépouillent de tout ce qu'ils possèdent, brûlent leurs sacs et leurs vêtements, brisent leurs téléphones, et les renvoient sans rien vers la Bosnie. Or ces deux pays, la Grèce et la Croatie, sont encouragés dans leurs pratiques violentes à l'encontre des exilés par la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, qui les décrit comme les « remparts de l'Union européenne ». Les récits des exilés venant d'Afrique subsaharienne révélaient de même l'impact de la politique européenne d'externalisation des frontières de l'autre côté de la Méditerranée, en déléguant, contre aides financières, au Niger, au Maroc, à l'Algérie, à la Tunisie, à la Libye et à la Turquie la répression des exilés et en fermant les yeux sur les graves atteintes aux droits humains commises par ces pays.

À cet égard, le « moment ukrainien » a été un moment de vérité. L'accueil généreux qui a été fait aux femmes et aux hommes qui fuyaient leur pays envahi par les troupes russes a montré deux choses. D'abord, qu'il était possible de faire face en Europe à des déplacements massifs de populations, dont certaines s'installeraient probablement de manière définitive. Ensuite, que, par contraste, l'hostilité à l'encontre des autres exilés tenait en large part à leur double identification raciale ou religieuse, puisqu'il s'agissait principalement d'Africains et de musulmans

Anne-Claire Defossez : Nous concentrer sur cette région briançonnaise nous a permis de réinterroger ce qu'est une frontière et ce qu'elle a été au fil du temps, car nous avons consulté les archives municipales de Briançon. Bien sûr, elle est un lieu physique, mais elle se manifeste surtout par une alternance d'ouvertures et de fermetures, avec des gens désirables, comme des ouvriers piémontais dont on avait besoin tout au long du XIXe siècle et au-delà, et des indésirables, comme les vagabonds qui auraient impacté les budgets communaux ou, aujourd'hui, des ressortissants d'anciennes colonies françaises. En nous centrant sur cet espace, nous avons pu mettre mieux en lumière le fait que la frontière est d'abord un objet politique, dont la signification et les interdits varient au fil du temps, des contextes et au gré des évolutions idéologiques.

Vous parlez d'une « incorporation » de la frontière comme faisant partie de l'expérience des exilés. Il s'agit pour vous de « partir d'une situation pour saisir les relations sociales qui se tissent et se transforment en son sein ». Pourquoi parler d'incorporation ? Et vous-mêmes, en tant que passeurs de savoirs, avez-vous quelque part incorporé, vous aussi, cette frontière ?

Anne-Claire Defossez : L'incorporation de la frontière est une façon pour nous de dire que celle-ci n'est pas simplement une ligne dont, une fois dépassée, on s'est débarrassé. D'abord, c'est plutôt une bande de territoire, de vingt kilomètres de part et d'autre de cette ligne, où les contrôles douaniers ou policiers peuvent être menés sans restriction, tout comme autour des ports, gares, aéroports. Sans nécessité d'aucune justification précise pour les fonctionnaires qui y procèdent. C'est en fait sur l'apparence que ces contrôles s'opèrent. Il y a donc une démultiplication de la frontière en tant que territoire qui rend cette frontière toujours plus prégnante temporellement et géographiquement. Mais aussi, comme les exilés le rappellent, la simple vue d'un uniforme les met immédiatement dans un état d'inquiétude, de peur, de stress, compte tenu de la perspective du contrôle d'identité, de l'interpellation, de la rétention et, au bout du compte, du renvoi dans leur pays. Et ce d'autant qu'ils ont eu, tout au long des milliers de kilomètres de leur voyage, une expérience éprouvante, voire terrible, des forces de l'ordre qui les ont arrêtés, brutalisés, enfermés. Il y a donc une sorte d'inscription de la frontière dans leurs corps.

Didier Fassin : Il faut ajouter que la frontière est aussi, pour les solidaires, une réalité très concrète, car, lors des maraudes de mise à l'abri de personnes exilées, ils prennent garde de ne pas la franchir, sous peine d'être accusés d'aide à l'entrée irrégulière sur le territoire français, passible de cinq années d'emprisonnement. Relevons tout de même ce paradoxe qu'il s'agit d'une frontière censée avoir disparu avec la création dans les années 1990 de l'espace Schengen, aux obligations duquel la France est le pays qui a le plus souvent dérogé.

Vous avez également interrogé les fonctionnaires de police, de gendarmerie, de la douane, du ministère de la Justice. Comment vivent-ils leur mission ? En souffrent-ils aussi ? Ont-ils eux aussi incorporé la frontière ?

Anne-Claire Defossez : Il était important pour nous, par souci de rigueur méthodologique, de pouvoir rendre compte de l'ensemble des points de vue, y compris des autorités publiques et bien sûr des forces de l'ordre. Ces dernières sont du reste très diverses, certaines s'occupant du contrôle des frontières, d'autres œuvrant dans le secours en montagne.

Didier Fassin : Il n'a pas toujours été facile de les rencontrer. Il a fallu, dans certains cas, faire intervenir le cabinet du ministre de l'Intérieur, tandis que dans d'autres les circonstances de l'enquête nous ont permis d'entrer en relation avec des agents sur le terrain. Ce qui nous a frappés dans les échanges que nous avons eus, c'est la désillusion dont beaucoup nous ont fait part, et ce, indépendamment de leurs inclinations politiques. D'abord, nous disaient-ils, ils n'étaient pas entrés dans la police ou la gendarmerie pour courir après des exilés dans la montagne, interpeller et refouler des familles avec des nourrissons et des enfants. Ensuite, ils déclaraient se rendre compte de l'inutilité de leur action, puisque ceux qu'ils arrêtaient finissaient toujours par passer. Cela étant, certains se réjouissaient, sans aucun doute en lien avec leurs opinions, de pouvoir mettre en difficulté les exilés, n'hésitant pas à le leur faire savoir. Mais d'autres se disaient critiques de la politique qu'on leur faisait mettre en œuvre et se montraient sensibles à la situation de ces personnes qui avaient traversé de telles épreuves.

Anne-Claire Defossez : Néanmoins, on entendait souvent un discours d'inversion des rôles. Selon certains, notamment parmi les responsables, c'étaient les associations et leurs bénévoles qui mettaient en danger les exilés en les amenant à croire qu'ils les aideraient à traverser, et ils allaient même jusqu'à les désigner comme passeurs, alors que les policiers et les gendarmes allaient au contraire les chercher dans la montagne pour les protéger des dangers. Du reste, certains maraudeurs ont fait l'objet d'inculpation pour aide à l'entrée irrégulière, mais les tribunaux en ont jugé autrement en les relaxant. En réalité, ces accusations visent avant tout à intimider et à décourager les bénévoles qui mettent à l'abri les exilés.

La « loi Darmanin » a été votée en fin d'année dernière. À la lumière de vos travaux, comment comprenez-vous cette nouvelle loi sur l'immigration ?

Didier Fassin : La loi est en complet décalage avec la réalité telle que nous avons pu l'observer et telle que de nombreuses études permettent de la comprendre. Les migrations sont un phénomène mondial dont l'Europe ne prend qu'une part minime. La très grande majorité des gens qui fuient leur pays en raison de violences, de guerres ou de conditions socio-économiques souvent liées aux enjeux climatiques sont des déplacés internes ou des migrants vers les pays voisins. De plus, au sein de l'Europe, la France n'est plus un pays attractif pour les étrangers. Le nombre des exilés accueillis en proportion de la population nationale est l'un des plus faibles, les demandes d'asile y sont beaucoup moins souvent accordées qu'ailleurs puisque notre pays est l'un des derniers de l'Union. D'ailleurs, là où nous avons conduit notre enquête, ce sont des effectifs modestes de passages. Il n'y a donc pas d'afflux massif comme on l'entend souvent et le lieu commun de l'appel d'air ne correspond à aucune démonstration scientifique. Peut-on un instant imaginer que des personnes qui ont fui des persécutions et parcouru des milliers de kilomètres au péril de leur vie seraient simplement attirées par les bénéfices d'un État-providence toujours plus discriminant à leur égard ? On est dans le seul registre de l'idéologie.

De plus, il y a évidemment une certaine ironie à constater que le gouvernement et le Parlement se dotent d'un arsenal législatif en contradiction avec les valeurs républicaines dont ils se réclament, tandis que, sur le terrain, la police aux frontières ne respecte pas les lois qu'elle est censée faire appliquer en violant les droits des exilés inscrits dans la réglementation nationale. L'État français a d'ailleurs été condamné sur ce point à de nombreuses reprises, tant par les tribunaux administratifs que par la Commission nationale consultative des droits de l'homme et la Cour européenne des droits de l'homme. Dans le Briançonnais, l'association Tous migrants distribue même des fascicules aux forces de l'ordre pour leur rappeler la loi et leur signaler que la désobéissance s'impose lorsque les ordres que les agents reçoivent sont contraires à des principes supérieurs.

Anne-Claire Defossez : Au-delà du décalage de la loi votée par rapport à la réalité, il s'agit bien d'un déni assumé, car les autorités savent que les nouvelles mesures seront sans efficacité au regard de l'objectif affiché de contrôle des frontières, qu'elles vont contre l'intérêt national notamment sur le plan économique, comme le montre l'opposition du patronat, et qu'elles n'ont d'autres objectifs qu'électoralistes. Pourtant, les sondages montrent que les préoccupations des Français ne tournent pas autour de cette question puisque celui réalisé chaque année par l'Ifop indiquait en 2023 que le contrôle de l'immigration irrégulière n'arrivait qu'en onzième position dans ce qui souciait les personnes interrogées. Même parmi les sympathisants du Rassemblement national, d'autres questions, notamment concernant le niveau de vie, sont prioritaires.

Mais il est plus facile de désigner des boucs émissaires que de s'attaquer aux inégalités sociales, aux dysfonctionnements des services publics et plus généralement aux problèmes graves auxquels est confrontée notre société. Ce qui est certain, c'est que la loi qui vient d'être votée et qui reprend les propositions formulées de longue date par l'extrême droite, outre qu'elle ébranle les fondements de la République en matière d'égalité et de fraternité, va aggraver la stigmatisation et la précarité non seulement des personnes en situation irrégulière, dont beaucoup relèvent pourtant du droit d'asile, mais également des étrangers en situation régulière. C'est une blessure profonde au cœur de la société française. (Entretien publié dans l'hebdomadaire Politis, en date du 10 janvier 2024. Un hebdomadaire français utile à lire pour les lectrices et lecteurs de Suisse française)

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Pas aphones

16 janvier 2024, par Lenous Guillaume-Suprice — ,
Il te reste, Souveraine, terre-fille des extrêmes, dans une tirelire, assez de sous pour répandre quelques zestes d'une paix-grenadine, te mettre au parfum à nouveau d'une (…)

Il te reste, Souveraine, terre-fille des extrêmes, dans une tirelire, assez de sous pour répandre quelques zestes d'une paix-grenadine, te mettre au parfum à nouveau d'une vitalité et couvrir toutes les rues de chants s'ouvrant sur l'art, sur une heure bonne pour tout l'ensemble.

Au détour de chaque instant qui vrille, il y a un être qui vient, qui va, toujours sachant combien coûtent ces pas, ces accès à tes attentes en profondeur, nécessairement qui doivent déboucher, d'abord et avant tout, sur la réparation de ta tente d'antan, avec en plan les tillacs de la déraison à abattre pour que soient cendres devenues les horreurs.

Un grand feu, dans tes yeux, projette quelques sourires, aux pas aphones d'une interconnexion, sur les contours d'une voie de traverse invitant un bon nombre de promeneurs à l'enquête et aux découvertes pour demain, et dans la vérité, contre tout traquenard du passé sur ton appartenance.

À plusieurs reprises, quand tu hurles « Amériques ! », de folles fées se lèvent, clameurs de mers en furie dans les gestes, s'emparent de la peau-mémoire des ancêtres comme d'un chagrin, te toisent bien plus qu'un vilain truc, te bousculent à tout coup en te parlant de choses pas vraiment nécessaires, souvent sans visière ajoutée.

Dans l'art de la voyance et du flair, à mille nœuds fuyant vengeance, tu cherches une couleur à donner à tes vœux de cohabitation, dos à dos aux chapelles et aux corridors, pour qu'ils soient bien plus lisibles pour tes voisins de partout.

Avec de la suie du calumet de grand-mère, un onguent a été trouvé contre le dard d'un scorpion dans ton bras près du cœur, au lever du jour près des cataractes, dans la foulée d'une autre saison, en plein centre de ta guérison.

Et, le temps de te ressaisir, tu écriras trois chansons pour Joséphine la poète et autant pour Anacaona sa consoeur, en remontant les vents du Québec et du Xaragua, dans les mille parures d'un tableau de feuilles, offrandes d'esprits et d'ancêtres pour l'harmonie, dans la marche des territoires, des animaux, des ombres et des sources sans fin.

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Pop-culture, politique et militantisme en ligne. Entretien avec Benjamin Patinaud

16 janvier 2024, par Anthony Galluzzo, Benjamin Patinaud —
Benjamin Patinaud est connu pour la chaîne YouTube Bolchegeek qui, à travers des vidéos comme Le film qui voulait nous sauver et La haine des riches, propose une analyse (…)

Benjamin Patinaud est connu pour la chaîne YouTube Bolchegeek qui, à travers des vidéos comme Le film qui voulait nous sauver et La haine des riches, propose une analyse politique des productions de l'industrie culturelle. Par son activité de vidéaste, il fait partie de ceux qui ont contribué à la diffusion des idées de gauche radicale sur une plateforme où les personnalités d'extrême droite ont longtemps été les seules à proposer du contenu. Depuis un an, il produit également des vidéos pour le journal L'Humanité.

Tiré du site de la revue Contretemps
8 janvier 2024

Par Benjamin Patinaud et Anthony Galluzzo

Anthony Galluzzo s'est entretenu avec lui suite à la parution de son premier ouvrage, Le syndrome Magneto (Le diable Vauvert, 2023). Dans cet entretien, ils reviennent sur certaines des thèses de son livre, sur son parcours et sur l'évolution politique du YouTube francophone.

Anthony Galluzzo – Avant d'aborder ton ouvrage, j'aimerais qu'on revienne un peu sur ton parcours, à travers ton pseudonyme de vidéaste, « Bolchegeek ». Comment en es-tu venu à t'intéresser à ce que l'on appelle la culture « geek » ?

Benjamin Patinaud – Le pseudo « Bolchegeek » est mon pseudo de gamer à la base, c'était une blague avec des potes. Le terme « geek » veut un peu tout et rien dire, mais quand il s'est popularisé en France, il m'a parlé, je me suis senti concerné. Je lisais des comic books, j'aimais la science-fiction, je jouais aux jeux vidéo et je faisais du jeu de rôle. Une culture très partagée par mes amis dès le collège et par mon grand frère aussi, qui m'a initié aux comic books. Par ailleurs, je m'intéressais à la politique, je militais à la LCR en arrivant à la fac. La culture geek n'était pas très présente dans les milieux de gauche à l'époque. Le terme s'est un peu perdu depuis : la culture geek, comme la culture punk avant elle, s'est diluée dans le mainstream. La culture super héros par exemple occupe le haut du box-office mondial. Se passionner pour Star Wars aujourd'hui n'est plus quelque chose de marginal. Ce n'est plus vraiment une sous-culture. Rajoute à cela le fait que cela veut tout et rien dire : est-ce que le fan de Kaamelott qui fait des GN [jeu de rôle grandeur nature], c'est la même sociologie et la même sous-culture que le mec de banlieue qui est fan de One Piece ? Je n'ai pas l'impression que ce soit exactement le même groupe. Les geeks eux-mêmes se sont détournés de ce terme, et ce mouvement a aussi commencé à développer un discours critique sur lui-même. Avec les essais vidéo notamment, cela a commencé à s'hybrider avec l'analyse culturelle, avec la sociologie. Me dire « geek » aujourd'hui, cela ne m'arrive plus vraiment. Ça n'a plus trop de sens.

Anthony Galluzzo – Dans quel contexte as-tu commencé à produire des vidéos ?

Benjamin Patinaud – Quand j'ai commencé à faire des vidéos, vers 2015, je venais de déménager pour suivre ma compagne. J'étais loin de la bande de potes avec laquelle on faisait des fanzines, des courts métrages. Youtube, c'était un peu la voie évidente, le cliché du mec qui peut faire ça tout seul dans sa chambre. A ce moment-là, le contenu de type vulgarisation scientifique commençait à décoller sur la plateforme, avec notamment le lancement de la chaine Nota Bene. A cette époque, je suis resté sous les radars car je ne correspondais pas trop aux standards, je n'avais pas de ligne éditoriale. Je ne faisais ni de la vulgarisation, ni de la critique. Les années sont passées et on a commencé à davantage « formater » nos vidéos, à faire les choses plus sérieusement. On s'est rapprochés progressivement d'un format dont on ignorait l'existence à l'époque, l'essai vidéo, qui est venu peu à peu supplanter sur Youtube un format plus ancien, la critique, qui était davantage basée sur l'opinion. L'essai vidéo permet de développer du contenu analytique sur plein de phénomènes, pas seulement la pop culture. J'ai beaucoup regardé les video essayists anglosaxons comme F.D Signifier, ContraPoints, Shaun, Lindsay Ellis, Philosophy Tube… Ça nous a beaucoup nourri.

Anthony Galluzzo -Tu parlais de ton passage à la LCR. C'est à partir de là que tu t'es formé au marxisme ?

Benjamin Patinaud – En fait, je suis un peu cancre. Je n'ai jamais été trop dans la marxologie, le côté très érudit, très nerd (dans la culture populaire, le nerd incarne une personne solitaire, passionnée par des sujets intellectuels, surtout scientifiques), que tu retrouves beaucoup dans les organisations trotskystes. J'aime qu'on m'explique les choses. Donc je suis beaucoup plus redevable de la formation que des lectures. Je me suis nourri de plein de discussions avec les vieux militants de la LCR, qui diffusaient leurs connaissances. J'étais à la fac à l'époque, pendant le mouvement contre le CPE. Ça alimentait l'action. J'ai une licence de linguistique, mais j'ai arrêté les études quand il a fallu faire un mémoire, justement parce que je n'ai jamais eu la discipline universitaire. J'aime écouter les spécialistes pour redigérer ce qu'ils disent sous la forme d'essais vidéo. J'avais le même rapport aux grands textes marxistes, trop ardus pour moi. Je les ai reçus à travers de multiples discussions avec des érudits dans les orgas, et ensuite j'ai cherché à remobiliser tout ce qu'ils m'ont transmis. Il y a tout un tas de grandes références théoriques que je n'ai jamais lues, comme Gramsci, par exemple, dont on parle sans arrêt. Je préfère lire des choses plus appliquées et concrètes, des études de cas. Être matérialiste, ça s'apprend, et c'est clairement à la Ligue que j'ai intégré cette grille de lecture. Il y a certaines façons de parler d'art, purement esthétiques, qui ont leur intérêt aussi, mais qui ne sont pas les miennes. Ce qui m'intéresse, ça va davantage être de restituer le contexte d'une œuvre, sa réception, son économie… Un angle d'analyse que je dois clairement à mes fréquentations militantes.

Anthony Galluzzo – Dans ton travail de vidéaste, comment est-ce que tu passes de l'idéation à la réalisation ? Comment est-ce que tu documentes et travailles tes intuitions ?

Benjamin Patinaud – J'ai des enveloppes, avec des notes qui dorment là et que je complète depuis des années. Avec Kath, dite la Petite Voix, qui produit les vidéos, et avec les gens avec qui je travaille, ça correspond pas mal à du « sparring ». Quand j'ai une idée, je l'explique à Kath, qui fait un retour, qui la critique, qui la teste. Je vais te donner un exemple pour illustrer un peu le procédé : la vidéo « John Wick et le contrat social ». En regardant les films, j'ai été intrigué par l'univers, par la société que met en scène le film : les personnages parlent souvent de dette, de contrat, d'économie. Et dans ces films, tu as même un mec qui a tout un discours sur le contrat social. Automatiquement, tu te mets à penser à Rousseau, à Hobbes, à tout un tas de souvenirs de lycéen. J'ai la chance d'être entouré par pas mal d'intellos. Dans ces cas-là, je vais les voir, et je leur parle de ce que j'ai vu. Et ces amis m'indiquent des lectures. Pour la vidéo sur John Wick, ils m'ont amené à lire Dette : 5000 ans d'histoire de David Graeber. J'ai aussi mis ça en lien avec le travail de Lordon sur Imperium. Au fil des lectures et des conversations, cette vidéo, que je m'étais imaginée attachée à Rousseau et à Hobbes, m'a finalement amené vers les réflexions sur les institutions de Graeber et de Lordon. Procéder comme ça, ça te pousse à illustrer tout un ensemble de concepts à travers un film dont le propos, à la base, n'est pas du tout de discuter de ces concepts. C'est aussi un kiff formel : on va parler de dette, de contrat, de monnaie et de capitalisme à travers un mashup (composition qui emprunte des images ou des sons à un ou plusieurs films ou chansons) des images du film. Je réalise beaucoup moins de travail documentaire en amont que des camarades comme Cinéma et politique ou Videodrome, qui sont beaucoup plus exigeantes et plus universitaires. Je limite mes lectures et j'affine mon angle pour éviter de me retrouver noyé sous la documentation.

Anthony Galluzzo – Dans ton ouvrage tu présentes ce que tu appelles « le syndrome Magneto », que tu décomposes ensuite en un ensemble de « symptômes », qui sont des caractéristiques communes à beaucoup d'œuvres issues de l'industrie culturelle américaine. Je te propose de revenir sur certaines de ces thèses. Tout d'abord, peux-tu nous résumer ce que tu désignes par « Syndrome Magneto » ?

Benjamin Patinaud – Exprimé de la façon la plus simple et ramassée, le syndrome Magneto, c'est quand un méchant a partiellement raison, mais reste le méchant. Qu'est ce qui le justifie ? C'est paradoxal. S'il a raison, pourquoi n'est-il pas le héros de l'histoire ?

Anthony Galluzzo -Tu évoques dans ton livre l'opposition habituelle entre un héros conservateur et un méchant révolutionnaire : le méchant agit, le héros réagit…

Benjamin Patinaud – C'est un trope connu, que tu peux retrouver sur certains sites les référençant, comme Tvtropes par exemple. C'est une opposition qui revient souvent dans des œuvres super héroïques manichéennes opposant des « gentils » et des « méchants ». C'est davantage une habitude narrative qu'un élément foncièrement idéologique : l'élément perturbateur va souvent être amené par le méchant et le héros va être là pour contrer son projet souvent hyper alambiqué. Fatalement, le héros va essayer de rétablir un statu quo ante, un état antérieur, contre un mec qui est venu tout perturber. Le héros est donc souvent un conservateur, voire un réactionnaire au sens où il réagit à ce que fait le méchant. Le ressort est d'abord narratif, mais il a une conséquence idéologique et politique : le personnage qui se rebelle contre un ordre établi et essaye d'amener un nouveau modèle de société est en général présenté comme le méchant. La position révolutionnaire est très rarement portée par le héros. Les auteurs vont donc attribuer à l'antagoniste tout un ensemble d'idées radicales. Les scénarios intègrent souvent les enjeux politiques actuels et vont faire porter la critique au méchant. Cela a un impact sur la façon dont l'œuvre va traiter la légitimité des actions des personnages. Les seules fois où le héros s'oppose de façon radicale à l'ordre existant, c'est dans un cadre dystopique. Dans ce cadre-là, le statu quo est présenté comme injuste, et le héros peut alors s'y opposer de façon violente. En revanche, si l'univers de la fiction nous est présenté comme normal, dans la continuité du nôtre, les oppositions violentes sont discréditées. Elles sont l'apanage du méchant. Le héros va reconnaitre le problème tout en s'opposant aux destructions de son adversaire. C'est la conséquence politique de la structure narrative habituelle de récits manichéens qu'on retrouve beaucoup chez les super héros. Et comme le dit Alan Moore, il ne faut pas oublier que ce sont des schémas narratifs qui ont été mis en place pour plaire à des petits garçons dans les années 1930. Ce qui est intéressant, c'est ceux qui comme Alan Moore transgressent ce schéma naïf, de justice immanente. Mais ça reste tout de même un schéma inévitable qui contraint la narration.

Anthony Galluzzo – Sur la base de ce manichéisme, tu parles de la disqualification systématique du projet révolutionnaire, sans cesse interprété comme un paravent à des intérêts personnels et égoïstes…

Benjamin Patinaud – Là aussi c'est quelque chose de courant, même s'il y a de nombreuses exceptions. Ce sont des tendances. Ce qui est souvent donné à voir, c'est un projet révolutionnaire séduisant en apparence, qui combat une injustice réelle, mais qui reste dangereux, car il cache un projet dystopique. C'est cet héritage de la pensée antitotalitaire du 20e siècle : les grands projets révolutionnaires auraient tous sombré dans la dystopie, et il faudrait donc s'en méfier systématiquement. On va bien sûr trouver des variantes. Certains révolutionnaires sont présentés comme sincères, et ils vont devenir des despotes malgré eux. D'autres personnages sont plutôt des manipulateurs : leur projet est malfaisant dès le départ. C'est le cas du Bane [du Batman] de Nolan. Il est vraiment présenté comme un révolutionnaire au sens fort, avec une inspiration « Occupy Wall Street ». On découvre dans le film que c'est un prétexte pour détruire la ville. Scar dans le Roi Lion rentre aussi dans ce schéma. D'où une suspicion permanente contre les projets révolutionnaires, qui soit sont des pentes glissantes, soit cachent quelque chose. C'est un trope très répandu : le monde d'après est systématiquement présenté comme pire que le monde d'avant. Ce qui est une façon de reconnaitre la critique, tout en disqualifiant le critique, en faisant de lui quelqu'un de pervers.

Anthony Galluzzo – Un des meilleurs exemples que tu analyses aussi en vidéo, c'est Thanos dans la franchise Avengers.

Benjamin Patinaud – Le film nous le présente comme quelqu'un qui a tort dans ses méthodes : c'est quand même quelqu'un qui veut perpétrer un génocide, c'est donc assez facile de le disqualifier. Mais jamais il nous est dit qu'il se trompe dans son diagnostic, que son analyse de la situation ne tient pas. S'il avait raison de pointer certains problèmes, que fait-on pour les solutionner ? Le film ne traite pas la question. Je pense que c'est inhérent au fonctionnement de l'industrie culturelle. Je ne pense pas que les créateurs de ces fictions cherchent forcément à invalider la critique. Ce sont des œuvres industrielles, sans véritable auteur, avec des chaînes de décision compliquées et des enjeux économiques qui brouillent tout. Ce sont des films plutôt inconséquents, qui cherchent à intégrer des enjeux contemporains et qui finalement s'en débarrassent. Thanos permet de parler d'écologie sans rien dire d'écologique. Ils n'ont finalement pas grand-chose à dire sur le sujet.

Anthony Galluzzo – Ce sont des objets effectivement difficiles à analyser idéologiquement. On est dans un flux, on n'est pas censés prendre garde à ce qui se passe. Dans un film comme Spider-Man : Across The Spider-Verse, par exemple, on voit Spiderman et Spider-Woman se déplacer en discutant, tout en arrêtant et en ficelant des voleurs à la tire. Ce qui est induit dans cette scène, c'est que le petit voleur est un « méchant », qu'on peut arrêter sans y penser dans un effet comique…

Benjamin Patinaud – Oui, parce que c'est l'activité emblématique, traditionnelle du super héros : arrêter des voleurs de sac à main, des braqueurs de banque… C'est très peu interrogé. Cela repose sur une équivalence basique : un acte de délinquance, c'est quelque chose d'intrinsèquement mauvais. Tu as quelques exceptions. Dans Spiderman III de Sam Raimi, on nous expose les raisons pour lesquelles le méchant, l'Homme-sable, commet des crimes. Il a une trajectoire sociale et l'histoire te permet de comprendre pourquoi il en est arrivé là. Mais ça nécessite de déployer tout un arc narratif. Les auteurs qui cherchent à casser cette équivalence doivent en faire toute une histoire. Un super héros qui s'en prend à un délinquant anonyme, cela ne nécessite aucune mise en contexte : c'est une violence acceptée comme légitime et normale par le spectateur. Dans Batman notamment, on réduit souvent la délinquance à de la folie dangereuse.

Anthony Galluzzo – Si on prend l'entièreté de la culture comics depuis près d'une centaine d'années, il y a des choses très variées, y compris des œuvres très subversives. Mais prenons la culture comics telle qu'elle a été redigérée par Hollywood à travers les blockbusters Marvel et DC depuis une vingtaine d'années. Est-ce que tu considères que même là, il y a suffisamment d'ambiguïté, de polysémie, pour que se développent des interprétations politiques variées ?

Benjamin Patinaud – Il y a de la polysémie du simple fait qu'il y a beaucoup de gens impliqués dans l'écriture, et qu'ils ne cherchent pas à faire directement de la propagande. Tu vas trouver des choses parfois très contradictoires au sein d'un même film. Ryan Coogler dans Black Panther et Wakanda Forever a injecté tout un ensemble de références afro-militantes : des références positives et explicites à Lumumba et à Toussaint Louverture, dans un film qui est pourtant une soupe un peu bizarre, avec un méchant qui a un syndrome Magneto. Les auteurs de comic books sont plutôt des gens issus de la gauche démocrate américaine. Et pourtant, les schémas mobilisés sont aussi très conservateurs. C'est pour ça à mon sens qu'on ne peut pas se contenter du jeu des boîtes. Si tu prends la culture comics d'un bloc, surtout à partir des productions cinématographiques Marvel, c'est la culture dominante, mainstream. Dans Spider-Man : Across The Spider-Verse, le héros n'est plus Peter Parker mais Miles Morales. C'est un prolo racisé : il est mi-portoricain, mi-afro-américain. En même temps, son père afro-américain est un gentil flic, dans un univers où le racisme ne semble pas exister, et n'est pas interrogé. Sur son sac, on peut voir un écusson Black Lives Matter. Le film n'a rien de radical pour autant. BLM y est une espèce de marque vidée de sa substance. Le film se situe en fait simplement dans l'air du temps. On peut y voir un Spiderman indien faire une vanne sur le pillage colonial britannique. Tu te rends compte que ce genre de blagues est devenu mainstream. C'est quelque chose que les commentateurs réactionnaires ont du mal à comprendre : pour eux, ces films sont le produit d'une gauche radicale qui pousse un agenda politique. En fait c'est tout le contraire. Ces films témoignent de l'évolution de la société, et montrent que ces idées sont devenues courantes… La réception des œuvres et leur réappropriation par le public, ça me semble très important. Un film comme Black Panther, qui vu de chez nous peut paraitre inoffensif, parle beaucoup à un certain public afro-américain. Le film a constitué un véritable événement culturel. En comprenant leur réception du film, tu comprends pourquoi la suite, Wakanda Forever, est beaucoup plus explicite. Marvel a certainement compris que les références radicales voire anticoloniales du film alimentent son succès. La question que je ne saurais pas dénouer, c'est est-ce que ça sert à quelque chose… Mais on peut au moins dire que c'est un bon témoin de ce qui se passe culturellement et politiquement.

Anthony Galluzzo – J'ai l'impression que ton livre est très personnel : il correspond à ton historique de visionnage. Tu ne procèdes pas de manière systématique, en constituant un corpus par exemple. Et en même temps, il y a une portée générale. Tu organises les thématiques en syndromes, il y a une architecture globale. Ça me pose la question de la construction de ton objet. J'ai l'impression que tu utilises comme synonymes des concepts comme culture populaire, culture de masse et pop culture, pour évoquer la production de l'industrie culturelle américaine. Comment tu as choisi de mobiliser cette terminologie ?

Benjamin Patinaud – Pop culture, culture populaire, de masse, mainstream… Ce ne sont pas des termes interchangeables du tout pour moi, mais c'est un flou qui m'arrange parfois aussi. La catégorisation peut être difficile. Sur la chaine, on essaye d'aller au-delà de la pop culture et traiter de la culture populaire. On avait par exemple fait une vidéo sur Noël. Une kermesse, c'est de la culture populaire. Quand on parle de pop culture, on désigne souvent la culture populaire post-seconde guerre mondiale qui est industrialisée et très dominée par les Etats-Unis. Il y a des croisements. Les fanzines de super héros appartiennent aux deux catégories. Le terme « populaire » lui-même pose question : est-ce que ça renvoie à ce que consomme la plupart des gens, est-ce que cela désigne une culture des classes populaires ? On parle aussi parfois de culture dominante, ce qui semble contradictoire, car elle n'est pas censée être celle des classes populaires. Il y a plein d'ambiguïtés dans les emplois de ces termes que je ne résous pas, mais que j'aimerais retravailler plus tard. Cela dit, dans le texte, je n'emploie pas ces termes de façon interchangeable.

Anthony Galluzzo – Et concernant le corpus, pourquoi avoir puisé davantage dans la culture américaine, et moins dans les cultures japonaises et sud-coréennes, qui sont pourtant elles aussi fortement consommées à un niveau mondial ?

Benjamin Patinaud – Comme tu le disais, c'est mon historique de visionnage. Avec une petite altération : quand je discute d'une thématique, des fans de Naruto par exemple peuvent me renvoyer à certains épisodes de cette série que je ne regarde pas du tout. C'est l'avantage de l'échange avec une communauté sur internet : la vidéo sert de support à des échanges. Les gens discutent entre eux, m'envoient des messages pour m'indiquer des angles d'analyse et d'autres exemples qui viennent de leur corpus à eux. Je me dis que je n'ai pas trop mal fait mon boulot si, avec mon corpus, je dégage des idées qui peuvent faire réfléchir les gens à partir de leurs références propres.

Anthony Galluzzo – Revenons un peu à ton travail de vidéaste. J'aimerais discuter avec toi de l'évolution du Youtube politique francophone. Avec Usul, tu fais partie des premiers vidéastes à avoir produit et diffusé des analyses de gauche radicale à propos de différents phénomènes. Vous avez participé à une forme de lutte idéologique. Comment tu perçois l'évolution de cette lutte ?

Benjamin Patinaud – On pourrait s'imaginer qu'il y a sur Youtube, et plus largement sur les réseaux sociaux, du contenu dans tous les sens : des essais vidéo d'extrême droite, d'extrême gauche, de centristes, et cetera. En fait, pas vraiment. Je ne connais pas trop d'essais vidéo d'extrême droite. Ça existe peut-être, mais c'est une sphère qui me semble largement dominée par la gauche. L'extrême droite va davantage faire du clash, mais aussi du lifestyle, en mettant en avant un mode de vie, une façon de se comporter. Tu ne trouves pas de lifestyle d'extrême gauche, à part depuis quelques temps des gens comme Dany & Raz qui parlent à partir de leur mode de vie, de leur expérience personnelle, de leurs goûts. Tout le monde ne travaille pas les mêmes formats. Il y a aussi des facteurs sociologiques à considérer, et ça devrait faire l'objet de recherches bien précises. Qui était sur Internet au début ? Est-ce que le public n'était pas en grande partie composé de jeunes mecs blancs des classes moyennes, un peu isolés, attirés de fait par certains types de discours. J'ai l'impression que les gens qui ont ce profil là aujourd'hui ne vont plus systématiquement vers l'extrême droite. Autre phénomène nouveau : il y a aujourd'hui énormément de contenu féministe, notamment radical. Je croise des jeunes de quinze ans avec plein de profils qui se forment politiquement très rapidement avec internet, en se positionnant très précisément dans leurs courants. L'écosystème est beaucoup plus riche et diversifié aujourd'hui. Il y a désormais des gens qui se forment politiquement en lisant des threads Twitter, comme nous à l'époque on aurait vu une conférence. Et je dis vraiment ça sans mépris. Il y a aussi un côté actif dans cette militance-là. Mais je suis aussi un peu perdu. Il y a sans doute plein de choses qui m'échappent complètement dans les évolutions récentes.

Anthony Galluzzo – J'ai l'impression qu'il y a eu un tournant il y a quelques années. Jusque récemment, l'extrême droite semblait assez largement hégémonique sur Youtube. Elle mettait les rieurs de son coté, multipliait les hommes de paille sur les « woke ». Depuis quelques temps, cela ne semble plus fonctionner aussi bien et ce sont de plus en plus eux qui sont moqués.

Benjamin Patinaud – ContraPoints a un point de vue intéressant par rapport à la fin de la domination de l'alt-right dans la sphère anglosaxonne. Elle a bien relevé que des vidéastes comme hbomberguy, qui vient plutôt du jeu vidéo, ont commencé à se moquer des masculinistes. Cela a changé leur Youtube à eux. L'arrivée des streamers aussi est très intéressante. L'un des plus célèbres streamers au monde, Hasan Piker, est très politique. Et il est bien accepté, il fait des conventions Twitch à côté de streamers plutôt gaming et lifestyle, et il est de gauche radicale. Le gros de son travail, c'est de commenter l'actualité huit heures par jour. Il représente bien ce que les américains appellent la « dirtbag left » : il parle mal, il rigole, il trolle un peu. Il a une formation politique solide et une culture internet. Ce sont des évolutions qu'on peut généralement voir se dessiner aux États-Unis avant qu'elles arrivent en France. La dirtbag left est à mon sens le dernier grand tournant. La gauche sur internet, jusque récemment, c'était la plupart du temps de la vulga, plutôt polie, plutôt correcte. On lui reprochait d'ailleurs souvent d'être « politiquement correcte ». La dirtbag left prend le contrepied, avec un style plus provocateur, un peu mauvais esprit. Ce qui semble se passer c'est tout simplement que le public grandit. Inonder internet de contenus culturels bas de gamme, faciles à produire, qui tournent en boucle sur les mêmes obsessions sur les wokes ou autres hommes de paille, c'est très adapté à ces plateformes mais c'est toujours la même chose. Au bout d'un moment des gens vont chercher autre chose et notamment des choses qui vont un peu plus loin, qui sont un peu plus stimulantes que juste flatter des bas instincts. D'où la montée des essayistes vidéo sur le web anglosaxon après un moment de domination des contenus alt-right centrés sur l'anti-progressisme, quasi identiques et souvent purement opportunistes.

*

Photo d'illustration : Maxime Noyon

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Beata Umubyeyi Mairesse : « Je cherche à construire une histoire collective} »

16 janvier 2024, par Beata Umubyeyi Mairesse, Muriel Steinmetz — ,
Née au Rwanda, le 18 juin 1994, elle a échappé au génocide avec sa mère, grâce à l'action d'humanitaires suisses. Après un premier roman, en 2019, « Tous tes enfants dispersés (…)

Née au Rwanda, le 18 juin 1994, elle a échappé au génocide avec sa mère, grâce à l'action d'humanitaires suisses. Après un premier roman, en 2019, « Tous tes enfants dispersés », dans lequel l'horreur était vue de biais, puis un deuxième, « Consolée » en 2022, elle publie « le Convoi », fruit d'une enquête qui a duré deux ans, au cours de laquelle elle a rencontré maints témoins de son histoire mêlée à celle d'autres survivants.

Article signé par Muriel Steinmetz, paru dans L'Humanité (France). Mise à jour le 12 janvier 2024 à 14h37

Beata Umubyeyi Mairesse publie ces jours-ci « le Convoi ». Il lui a fallu quinze ans de temps, une enquête de très longue haleine et des photographies retrouvées, pour s'autoriser à écrire son histoire, inscrite dans celle du peuple tutsi. Elle naît en 1979 à Butare ( renommé Huye depuis 2006 ), principale ville de la province du sud du Rwanda.

Son père, polonais, est décédé. Sa mère, tutsie, est une survivante. Avec elle, Beata peut fuir le pays à feu et à sang, plus de deux mois après le début du génocide des Tutsis par les Hutus, en 1994 <https://www.humanite.fr/medias/docu...> . Elle a 15 ans lors des premiers massacres, le 7 avril.

Le 18 juin, elle parvient à quitter le pays dans un convoi humanitaire suisse de Terre des hommes. Beata est métisse. Elle étudie à l'école internationale des « enfants blancs ou des métis de pères occidentaux » . Le Convoi n'est pas un roman, comme Tous tes enfants dispersés (2019, Éditions Autrement). L'ouvrage est le résultat d'une enquête acharnée entre le Rwanda, le Royaume-Uni, la Suisse, la France, l'Italie, l'Afrique du Sud.

*Vous aviez déjà évoqué cette période terrible de l'histoire et de votre histoire, entre autres, dans un roman, « Tous tes enfants dispersés », paru en 2019…*

Il y a une dizaine d'années, je faisais le choix de la fiction. Je ne souhaitais pas alors publier mon témoignage. Je pense pourtant que les témoignages de survivants du génocide <https://www.humanite.fr/en-debat/ge...> revêtent une grande importance. Plusieurs s'y sont livrés, seuls ou avec l'aide de journalistes occidentaux. J'avais choisi la fiction, parce que je n'étais pas prête à confier mon expérience intime à des inconnus.

Il y avait aussi que j'avais compris que cette histoire n'était pas tant indicible qu'inentendable. Malgré la gentillesse et l'hospitalité qu'on m'offrait en France, très peu de personnes voulaient entendre notre histoire, certaines souhaitant se protéger. D'autres, par délicatesse, pensaient me protéger. Ma famille d'accueil, qui m'avait écoutée, m'a très vite envoyée voir une psychanalyste.

Quand j'ai décidé d'écrire, vingt ans après, j'ai cherché une façon d'être enfin entendue. La fiction permettait une mise à distance rassurante, pour le lecteur et moi-même, mais aussi de toucher à une expérience universelle. C'est ce que j'ai fait dans mes nouvelles puis dans mon premier roman.

J'ai entrepris l'enquête sur « le Convoi » sans d'abord un projet d'écriture. C'est lorsque l'humanitaire qui nous a sauvé la vie est mort brutalement que j'ai décidé d'écrire. Ça ne pouvait qu'être un récit, et à partir du moment où je racontais l'histoire des autres enfants, je me devais aussi de raconter un peu la mienne.

*Vos recherches vous ont conduite à rentrer en contact avec des gens de plusieurs pays…*

J'ai d'abord contacté les journalistes de la BBC à Londres. Le reporter principal souffrait de syndrome post-traumatique, notamment à cause de son expérience au Rwanda. J'ai compris pourquoi il restait parfois si longtemps sans répondre à mes messages. C'était troublant d'entendre un journaliste dire à une victime que c'était elle qui pouvait lui apporter de l'espoir.

***« Je n'étais pas à la place habituelle de la victime africaine, qui livre une souffrance à laquelle les Occidentaux vont apporter une aide. »*

J'ai ensuite échangé avec son collègue sud-africain, Hamilton Wende. C'est celui qui a le mieux compris le sens de ma quête. D'autres m'ont moins soutenue, plus préoccupés par leur image que par mon projet.

Je n'étais pas à la place habituelle de la victime africaine, qui livre une souffrance à laquelle les Occidentaux vont apporter une aide, ou sur laquelle ils vont mettre leurs mots. J'appartiens aux deux mondes et j'ai acquis leurs codes. Après avoir été une victime, je suis devenue une humanitaire puis une écrivaine. Une sorte d'anomalie, finalement.

*Avez-vous rencontré des réticences à revenir sur ce passé maudit déjà lointain ?*

Mon enquête a progressé en spirale, de façon non linéaire. J'ai d'abord cherché les journalistes et j'ai obtenu quelques images, dont j'ai pensé dans un premier temps ne rien pouvoir faire. La rencontre avec un survivant sauvé par la même ONG m'a amenée à vouloir retrouver les autres enfants, ce qui m'a ensuite poussé à contacter les humanitaires.

De là se sont ensuivies d'autres rencontres, avec un photographe italien, notamment, puis de nouveau des survivants tutsis et, enfin, un historien français, auteur d'un travail remarquable sur la question des images produites sur le génocide.

Les anciens enfants sauvés par les convois ont été très ouverts et m'ont encouragée à écrire ce récit. Ils ont une conscience aiguë de l'importance de trouver et de laisser des traces de notre histoire. Aucun n'a craint de revenir sur ce passé douloureux.

*L'abandon de la fiction – au cours de laquelle vous ne vous sentiez pas tenue « de raconter l'histoire exacte », selon vos propres termes d'alors – vous permet-il enfin d'exorciser la terreur inoubliable avec l'aide d'autrui ?*

L'écriture, chez moi, n'est pas un acte cathartique. J'ai toujours préservé un espace de thérapie pour démêler l'écheveau de mes chagrins intimes. Il me semble qu'il faut aller plutôt bien pour pouvoir sortir de son récit personnel et chercher à construire une histoire collective comme je le fais ici, au-delà du pathos et du ressentiment.

J'ai presque écrit ce livre dans une démarche pédagogique. Au-delà de la volonté de faire connaître cette histoire d'immense sauvetage oublié, au-delà de la nécessité de faire entendre nos voix de survivants, il s'agissait aussi d'amener les lecteurs à s'interroger sur des questions très politiques. Qui raconte l'histoire, à qui ? Comment se fait-il que les faits historiques du continent africain ont constitué si longtemps un narratif avant tout destiné aux Occidentaux ?

*L'apport de tous ces témoignages vous a-t-il permis une mise à distance salutaire ?*

Il y avait en effet la « bonne distance » à trouver, afin de faire de ce récit quelque chose de collectif ; façon pour moi de m'éloigner de ce que l'écrivaine nigériane Ngozi Adichie a très justement nommé « le danger d'une histoire unique ». Il fallait donner la parole aux différents protagonistes de cette scène initiale, sur la photo de couverture, au moment où nous traversons la frontière pour fuir le Rwanda. Il s'agissait aussi de signifier ce que le temps fait à la mémoire. C'est pourquoi j'ai voulu que ce livre soit un texte littéraire, car le temps est bien avant tout une matière littéraire.

Pensez-vous que « le Convoi », qui par ailleurs met en lumière certaines complicités de la France avec les génocidaires, puisse au moins un peu atténuer la souffrance, la vôtre et celle du peuple tutsi ?

Pour vous répondre, j'ai envie d'emprunter ici les mots de Neige Sinno, dans son récit Triste Tigre. Elle dit que la littérature ne l'a pas sauvée. J'aime aussi pourtant croire ce qu'a dit Lydie Salvayre. À la question « que vaut un livre devant une vie qu'on brise ? », elle répondait que nous avons, tous et toutes, un féroce besoin d'envol auquel, quelquefois, la littérature répond.

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Programme complet des futures parutions des Éditions Écosociété (janvier à juin 2024)

16 janvier 2024, par Les Éditions Écosociété — ,
Voici le programme complet des futures parutions des Éditions Écosociété (janvier à juin 2024). Dans la rue - Une histoire du FRAPRU et des luttes pour le logement au (…)

Voici le programme complet des futures parutions des Éditions Écosociété (janvier à juin 2024).

Dans la rue - Une histoire du FRAPRU et des luttes pour le logement au Québec / 30 janvier

François Saillant / Régulière

– Une plongée dans l'histoire du FRAPRU, un mouvement combatif, créatif et déterminant pour le droit au logement au Québec. Un livre qui permet également de mesurer l'impact des décisions politiques passées sur la crise actuelle du logement.

De la cour au jardin - Transformer son terrain en aménagement écologique et comestible / 5 mars

Christelle Guibert / Illustrations d'Orcéine / Collection Savoir-faire

– Transformer sa cour arrière ou son jardin en un écosystème productif et nourricier, voilà l'objectif de ce guide incontournable !

Texter, publier, scroller / 5 mars

Emmanuelle Parent / Collection Radar (15 ans et plus)

– Connaître les codes des réseaux sociaux, rester soi-même et mieux communiquer avec les autres. Dans un portrait réaliste des bons et mauvais côtés des réseaux sociaux, Emmanuelle Parent outille les ados pour favoriser leur bien-être numérique... et leur bien-être tout court.

Santé inc. - Cinq mythes et faillites du système de santé / 19 mars

Anne Plourde / Collection Polémos

– Le privé fait moins avec plus, ce qui est l'exact contraire de l'efficacité. Une démonstration implacable de l'échec du privé en santé, un appel à s'en débarrasser.

Écosabotage - De la théorie à l'action / 2 avril

Anaël Châtaignier / Hors-série

– Les activistes du climat gagneraient-ils à inclure l'écosabotage dans leur arsenal tactique ? Une réflexion essentielle sur l'activisme, suivie d'un petit manuel d'écosabotage.

Jardiner dans les ruines - Quels potagers dans un monde toxique ? / 17 avril

Bertille Darragon / Illustrations de Pauline Stive / Hors-série

– Il faut se rendre à l'évidence : à travers l'eau, l'air et le sol, nos potagers sont contaminés par nos modes de vie. Voici le livre de référence pour réduire l'impact des assauts toxiques du monde industriel sur nos jardins.

AfroQueer – 25 voix engagées / 7 mai

Fabrice Nguena / Préface de Frieda Ekotto et Marthe Djilo Kamga / Illustrations de Dimani Mathieu Cassendo

/ Collection Parcours

– 25 portraits bouleversants de personnalités inspirantes pour sortir les personnes queer et afrodescendantes de l'invisibilité.

La conquête de la Palestine – Une guerre de cent ans / 14 mai

Rachad Antonius / Collection Régulière

– La guerre de Gaza déclenchée en octobre 2023 ne peut se comprendre si on ne s'en tient qu'aux événements immédiats qui l'ont déclenchée.

Parler sexe / 14 mai

Maude Painchaud-Major / Collection Radar (15 ans et plus)

– Longueur du pénis, zones érogènes, consentement, masturbation, hétéronormativité... Avec une parole franche, directe et décomplexée, Maude Painchaud-Major veut aider les ados à se libérer des diktats autour de la sexualité, loin des carcans et des pressions de performance, pour inventer la sexualité qui leur convient.

Défendre le logement – Une politique de la crise / 4 juin

Peter Marcuse et David Madden / Préface de Marcos Ancelovici / Traduction de Julien Besse / Collection Régulière

– Et si la « crise du logement » était l'état normal du marché immobilier ? Un ouvrage majeur sur le processus de marchandisation du logement.

L’abbé Pierre – combattant pour les sans-abris

16 janvier 2024, par Pierre Jasmin — ,
Sélection officielle du festival de Cannes 2023, réalisé par Frédéric Tellier, le long métrage L'Abbé Pierre une vie de combats, auquel prêtent vie Bernard Lavernhe et (…)

Sélection officielle du festival de Cannes 2023, réalisé par Frédéric Tellier, le long métrage L'Abbé Pierre une vie de combats, auquel prêtent vie Bernard Lavernhe et Emmanuelle Bercot (jouant l'assistante dévouée Lucie Coutas), n'a pas trop de ses 138 minutes pour raconter la biographie passionnante d'un grand héros contemporain.

Par Pierre Jasmin, artiste pour la Paix

D'abord actif dans la résistance de la Seconde guerre mondiale qui lui donne son surnom d'abbé Pierre (son vrai nom était Henri Grouès), on le voit accompagner, au péril de sa vie menacée par une mitrailleuse allemande, un groupe de juifs fuyant la France vers la Suisse à travers les montagnes enneigées. C'est une époque qu'on oublie où les curés collabos, en France comme en Ukraine, sermonnent en chaires leurs ouailles pour les inciter à l'obéissance totale envers les nouveaux maîtres nazis de Vichy et de Galicie, en qui ils voient avec enthousiasme des ennemis des Juifs et des communistes.

Élu à la Libération député de la Meurthe-et-Moselle de 1946 à 1951, membre de groupes républicains indépendants de gauche, Grouès n'hésite pas à insulter le gouvernement pour son manque de soutien des pauvres, en particulier les sans-abris, auprès de qui il finira par s'engager corps et âme, pour toute la vie, en fondant le mouvement laïc Emmaüs.

Le film raconte une vie militante édifiante, puisqu'aux nombreux moments de découragement narrés sans ménagements par le scénario fondé sur des faits, c'est sa fidèle assistante qui le « ramasse » par ses solutions de compromis ; ou alors ce sont ces hommes violents qu'il a secourus sans discrimination qui lui suggèrent la solution de chercher leur financement, non plus uniquement par des dons de charité, mais par leurs fouilles dans des décharges publiques comme chiffonniers.

Grouès connaît des moments bouleversants, comme l'hiver 54 aux records de froid, qui le motivent à squatter un poste de radio pour un discours vigoureux qui va essaimer, interpeller la France entière et le rendre célèbre. Célébrité compromise par son action charitable, ouverte aux damnés de la terre, y compris les musulmans d'Algérie et de Tunisie pourchassés par la police dans les tristement célèbres « ratonnades racistes » de 1961, qui provoquèrent une centaine de morts noyés dans la Seine le 17 octobre.

C'est dans un taudis montréalais que je l'ai connu, se partageant à quatre, à la lueur de bougies, un poulet livré dans un logis appartenant aux Chantiers catholiques, auquel l'électricité était coupée pour non-paiement. Rappelons l'intérêt de l'abbé Pierre pour les organismes d'inspiration scoute (son totem était castor méditatif). Mon action auprès des Artistes pour la Paix y a sans doute trouvé son origine, car faisant escale à Montréal depuis l'Amérique du Sud, il m'avait raconté y être intervenu en vain auprès de propriétaires alimentés en eau par des canalisations qui traversaient un bidonville, dont les enfants mouraient de dysenterie faute d'avoir accès à cette eau : il avait quémandé à ces riches de ne changer l'eau de leur piscine qu'une fois par mois au lieu d'une fois par semaine, et d'installer deux robinets pour les miséreux du bidonville, essuyant, malgré sa réputation internationale de saint homme entretenue par les pages couvertures du Paris Match, un refus. Il m'avait dit alors sa tentation de bénir le père d'une victime pour qu'il prenne un fusil et monte là-haut régler le compte d'un de ces salopards, ce que sa foi lui interdisait absolument.

Mais sa célébrité utilisée à faire construire d'innombrables logements sociaux lui pèse, car elle suscite d'intenses jalousies et même des trahisons au sein de son propre conseil d'administration : quoi de neuf, depuis le Christ abandonné au Jardin des oliviers ? De plus, son travail incessant dans des conditions d'inconfort extrême fragilise sa vieillesse narrée sans ménagements, mais n'est-ce pas par ce don total de soi qu'on reconnaît un saint ?
Il est plutôt étonnant de voir le milieu du cinéma français plutôt conservateur créer deux films sociaux remarquables, tel l'incomparable Simone Veil – le voyage du siècle l'an dernieri et exactement un an plus tard, l'Abbé Pierre pour marquer encore une fin d'année d'un sursaut d'idéal humanitaire bienvenu.

Notes
1. https://lautjournal.info/20230106/lengagement-feministe-historique-de-simone-veil

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Lune de miel entre macronie, droite et extrême droite ?

16 janvier 2024, par Omar Haddadou — , ,
Vent debout contre la Loi Immigration, jugée inique et xénophobe, des rassemblements à l'appel des 400 Collectifs, sur tout le territoire de l'Hexagone, ont eu lieu ce dimanche (…)

Vent debout contre la Loi Immigration, jugée inique et xénophobe, des rassemblements à l'appel des 400 Collectifs, sur tout le territoire de l'Hexagone, ont eu lieu ce dimanche 14 janvier pour interpeller le Conseil constitutionnel, appelé à statuer sur le texte le 25 janvier 2024.

De Paris, Omar HADDADOU

Un coup violent pour la Gauche sociale !
La France d'Emmanuel Macron telle qu'il se la figure, rayonnante, influente et conquérante, les tares et la misère sociale sous le tapis, se nourrit de ses propres paradoxes. Décidément, le prestige est au chef de l'Etat, ce que le phantasme débridé et la luxure au Roi Soleil. A ces Jeux Olympiques et Paralympiques de 2024, dont l'enveloppe est évaluée à 8,2 milliards d'euros, le Président voue une sacralité impériale.
Il y tient comme à la prunelle de ses yeux, au moment où l'Hôpital public Georges-Pompidou lance un appel aux dons pour l'achat d'un scanner.
L'enjeu du panache et de la puissance sont tels que son Excellence s'éreinte à décréter une trêve planétaire de tous les conflits, dépêchant ses émissaires chez ses ennemis de la veille. Bonne Année à l'Humanité ! La France est plus que jamais la Terre d'Accueil par excellence. L'extrême Droite savoure sa nuit nuptiale de la Méditerranée à la Scandinavie. Le chantier civilisationnel européen achevé, on balance ces va-nus- pieds d'immigrés dans les charters en mal de navigation, en fredonnant « Allons enfants de la Patrie » !

Mais, Monsieur le Ministre ! qui ramassera les sapins de Noël, les poubelles. Qui assurera la viabilité du vital sociétal ? La Loi Asile et Immigration témoigne du braqué opéré par la France, captive du discours infâme de la Droite et l'extrême droite.
Approuvé par le Parlement français le 19 décembre 2023 avec 349 voix pour et 186 contre, le projet accueilli avec euphorie par Gérard Darmanin, suscite de vives indignations et une fracture au sein de la majorité. Le racisme et la chasse à l'étranger ne sont plus à démontrer. Le Conseil constitutionnel se prononcera le 25 janvier, le temps de digérer la suffocation. D'où l'appel des 400 collectifs, associations, syndicats et partis politiques pour le retrait de cette Loi.
Ce dimanche, à l'appel du Collectif des Sans Papiers, Place de la République à Paris, le froid polaire n'a pas eu raison de la mobilisation qui a réuni 25.000 manifestants. Le cortège scandait, entre autres, « Démission Darmanin ! Nous sommes tous des étrangers (es) ! », brandissant des slogans contre une « Loi qui s'attaque aux libertés publiques et bafoue les droits fondamentaux » dans une France où les valeurs d'égalité entre toutes et tous sont censées être respectées.
Des élus (es) avec lesquels on a pu échanger (voir photo) dont Mathilde Panot et ses collègues de la France Insoumise, se disent scandalisés par cette alliance tripartite, Macronie, Droite et extrême Droite anti immigrés, qu'ils envisagent de combattre dans les prochains jours.

Les piliers de la République semblent désormais se lézarder. La notion de la préférence nationale relayée par les médias racistes, gagne du terrain. Le repli du pays sur lui-même risque de signer l'acte de décès de la Démocratie française.

Dans ce bouillonnement politique, le Conseil constitutionnel aura fort à faire dans l'arbitrage dudit texte, porté avec orgueil par le Ministre de l'Intérieur. Il dégage une telle odeur d'Humanisme, à cosigner sur du Papier japonais : Restreindre le versement des prestations sociales pour les étrangers, instauration des quotas migratoires, durcissement du regroupement familial et l'accès à certaines allocations, éloignement facilité dans certains cas, nouvelles mesures sur l'intégration…

Le décor Darmanin planté, les syndicats et les élus appellent à une nouvelle journée d'action le 21 janvier 2024.
Tout sauf les Jeux Olympiques, « Um Gottes willen ! »*
O.H
* Pour l'Amour de Dieu !

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Féminisme populaire et intégration régionale : Publication virtuelle de la Marche Mondiale des Femmes des Amériques

16 janvier 2024, par capiremov.org — ,
Lire la brochure réalisée par Capire et la Marche Mondiale des Femmes des Amériques Tiré de Entre lesl ignes et lesm ots https://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2023/

Lire la brochure réalisée par Capire et la Marche Mondiale des Femmes des Amériques

Tiré de Entre lesl ignes et lesm ots
https://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2023/12/27/feminisme-populaire-et-integration-regionale-publication-virtuelle-de-la-marche-mondiale-des-femmes-des-ameriques/

Cette publication virtuelle rassemble des élaborations féministes sur la construction de l'internationalisme et sur la participation fondamentale des femmes combattantes aux processus d'intégration des peuples.

Dans les interviews inédites, Alejandra Laprea et Norma Cacho parlent de l'organisation de la Marche Mondiale des Femmes dans les Amériques et des défis internationaux du mouvement ; les textes d'Alejandra Angriman, Elpidia Moreno et Karin Nansen sont des éditions de leurs discours lors du webinaire « Féminisme et intégration régionale », tenu en novembre 2023 ; ceux d'Ana Priscila Alves et Irene León apportent leurs contributions à la 3e conférence Dilemmes de l'humanité dans ses étapes régionale et internationale, en septembre et octobre 2023. Le texte de notre chère compagne Nalu Faria, initialement publié en 2021, a été choisi pour ouvrir notre publication, ravivant sa mémoire, son héritage et sa vision précise sur les stratégies de construction du féminisme populaire.

Lire ici

En particulier en Amérique latine et dans les Caraïbes, nous sommes confrontées à une histoire d'offensives impérialistes qui, depuis plus de cinq siècles, ont imposé la violence sur nos territoires et nos modes de vie. À l'époque actuelle, ces offensives proviennent de campagnes et de forces conservatrices, néolibérales et fascistes, alignées sur des projets de subordination, d'exploitation, d'extractivisme – des projets à la demande des États du Nord global et des sociétés transnationales, qui accumulent un plus grand pouvoir que de nombreux États.

En même temps, nous voyons une profusion de luttes à travers le continent, avec une marque commune : les femmes en première ligne, articulant, dénonçant, soutenant la vie, la communauté et le mouvement. Dans les résistances quotidiennes, elles perçoivent les liens entre patriarcat, racisme et capitalisme néolibéral. Contre ce modèle autoritaire, elles proposent un féminisme populaire, antiraciste, diversifié, profondément enraciné dans les territoires, mais aussi attentif aux expériences des lieux voisins, pratiquant, dans l'internationalisme, le principe d'unité dans la diversité, rejetant la concurrence entre frontières nationales historiquement violentes et coloniales.

Les mouvements populaires latino-américains et caribéens sont des bâtisseurs de possibilités collectives, même face à des contextes de répression, d'autoritarisme et d'austérité. Ils le font avec créativité, pariant sur la construction de vastes processus politiques, sur des transformations anti-systémiques, sur l'approfondissement de la démocratie et d'une souveraineté populaire qui englobe plusieurs dimensions. En ce sens, nous défendons l'intégration régionale en tant que projet qui implique tous les domaines de la vie, tels que la communication, la culture et l'économie, guidés par la souveraineté alimentaire, énergétique et technologique. L'intégration régionale avance avec des gouvernements progressistes, qui sont le fruit de luttes et de mobilisations populaires dans chaque pays, mais se renforce principalement par l'action des peuples.

Pour la Marche Mondiale des Femmes dans les Amériques, l'intégration régionale rappelle des moments clés de la lutte continentale, qui résonnent encore aujourd'hui, comme la victoire populaire contre la ZLEA. Elle indique également les voies futures de renforcement des alliances, d'approfondissement de notre vision stratégique de l'économie féministe et de la durabilité de la vie, et de construction d'un champ féministe international combatif, diversifié et en constante évolution.

Avec cette publication, nous espérons contribuer à la réflexion des compagnes de nos coordinations nationales et organisations alliées. Et, en même temps, nous cherchons à contribuer aux actions fondamentales du calendrier des luttes qui s'ouvre : la Journée latino-américaine et caribéenne d'intégration des peuples, qui aura lieu à Foz do Iguaçu du 22 au 24 février 2024 ; et la 6ème Action internationale de la MMF, qui aura lieu tout au long de 2025, sous la devise « Nous continuerons la marche contre les guerres et le capital, pour la souveraineté populaire et le bien-vivre », qui nous guide en tant que mouvement dans le présent, vers l'avenir.

https://capiremov.org/fr/analyse/feminisme-populaire-et-integration-regionale-publication-virtuelle-de-la-marche-mondiale-des-femmes-des-ameriques/

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Affaire Depardieu : « En France, il existe une immunité spécifique liée au culte du monstre sacré »

16 janvier 2024, par Bérénice Hamidi — ,
La culture du viol n'est pas qu'une culture du déni, c'est aussi une culture de la normalisation de formes de violence des hommes à l'égard des femmes qui vont de formes (…)

La culture du viol n'est pas qu'une culture du déni, c'est aussi une culture de la normalisation de formes de violence des hommes à l'égard des femmes qui vont de formes d'humour humiliantes jusqu'aux féminicides. Toutes les personnes qui travaillent sur les violences de genre utilisent la notion indispensable de continuum sexiste, qui va des faits les plus spectaculaires que sont les féminicides et les viols, jusqu'aux stéréotypes sexistes.

photo et article tirés de NPA 20

Est-ce un hasard si le mouvement #MeToo a débuté dans le milieu du cinéma ?

Bérénice Hamidi : Ce n'est pas du tout un hasard si le mouvement #MeToo a débuté dans le milieu du cinéma. La notoriété et l'accès aux médias des personnes qui ont dit publiquement avoir été victime ont beaucoup participé à la visibilité du hashtag #MeToo. Si les milieux artistiques, et celui du cinéma en particulier, sont surexposés aux violences sexistes et sexuelles, c'est d'abord parce qu'une grande précarité touche les acteurs et actrices qui sont de facto, lorsqu'ils et elles cherchent à être retenus pour un film, dans un rapport de dominé/dominant avec les producteurs et réalisateurs.
.
On observe aussi dans ces milieux une forte confusion entre les procédures de sélection et des dynamiques de séduction, et de plus, les connexions physiques et psychiques sont au cœur des processus de travail. Autre facteur de risque, ces milieux se voient peu comme des mondes du travail, et donc les usages habituels du droit de travail peinent à s'appliquer aussi bien du côté des victimes que des personnes qui commettent ces agressions. Tous ces facteurs, qui se cumulent et font système, expliquent que le cinéma, et plus largement les secteurs professionnels artistiques, sont fortement exposés aux violences sexuelles et qu'elles y sont plus impunies qu'ailleurs.

Comment réagissez-vous au statut de « monstre sacré » ? Est-ce qu'en France il y a des personnes intouchables ?

B.H. : Il faut rappeler qu'avant tout, ces « monstres sacrés » sont des hommes de pouvoir qui cumulent un fort capital économique, symbolique, social, culturel et médiatique. Parmi les personnes qui disent ne pas avoir vu leurs actes, qui les minimisent voire qui les défendent, un certain nombre le fait aussi par peur d'être à leur tour blacklistées, exclues, comme les victimes le sont.

.Les artistes auteurs de violence bénéficient également de l'« himpathy », cette empathie pour les hommes qui agressent, que la philosophe australienne Kate Manne a bien analysée. Dans nos sociétés encore largement sexistes, car structurées par des valeurs patriarcales, on autorise les hommes, ou plutôt les hommes qui honorent le « mandat masculin » consistant à conquérir et dominer socialement, à exercer des formes de violence à l'égard des personnes et groupes en position dominée, en particulier les femmes. Cette autorisation sociale, le plus souvent inconsciente, passe par un refus collectif de croire qu'ils puissent commettre des violences et, quand ce n'est plus possible, par une tendance à euphémiser leurs actes et à les excuser au motif qu'ils seraient victimes de leur propre violence. Ces hommes captent donc l'empathie sociale dont les victimes sont pour leur part privées.

Mais, si le cinéma est particulièrement touché par ce phénomène, c'est aussi parce que les acteurs bénéficient d'une empathie spécifique, qui vient renforcer cette culture de l'excuse. Elle tient au fait que règne encore l'idée que la création artistique serait le fruit d'une connexion aux forces obscures de l'âme humaine, que les artistes auraient besoin de souffrance et de violence pour créer, ce qui vient redoubler une croyance encore prédominante dans notre société encore imbibée par la culture du viol, qui voudrait que l'amour fasse mal et que le sexe et le désir aient forcément partie liée avec la violence et la mort. Exemple frappant, les ventes du parfum Sauvage ont augmenté depuis les accusations de violences conjugales à l'encontre de son égérie, Johnny Depp. Les images du poète maudit, du bad boy, sont encore trop souvent glamourisées et représentées comme des figures d'hommes désirables.

En France, il existe enfin une immunité spécifique liée au culte de ces figures de l'artiste maudit et du monstre sacré. L'idée est la même : il faut transgresser pour créer, mais s'ajoute la croyance que les lois ordinaires qui valent pour le commun des mortels ne sauraient s'appliquer aux Grands Hommes, ces hommes extraordinaires. Cette idée s'est exprimée dans l'affaire Depardieu à travers certains témoignages, avec la formule rapportée dans l'article de Médiapart « ça va, c'est Gérard » ou dans le discours du Président de la République : « Depardieu c'est Cyrano […] c'est la fierté française ». L'échelle de valeurs est claire : la vie des femmes ne vaut rien face au talent d'un génie. Mais il y a autre chose, aussi, dans ce discours, presque une forme de transfiguration de ces personnes réelles en personnages hors de la réalité, et selon cette logique, ces êtres de fiction ne sauraient être soumis au système judiciaire qui vaut pour les personnes réelles.

Est-ce que cette reconnaissance des violences sexistes et sexuelles est une question de génération ?

B.H. : Je suis assez nuancée sur cette question. D'abord, parce qu'il y a parmi les dénonciateurs de violences des femmes de plus de cinquante ans, qui payent un lourd tribut, qu'il s'agisse d'anonymes, de victimes ou d'actrices connues.

Ensuite, parmi les personnes qui soutiennent les agresseurs de façon systématique, on retrouve toutes les catégories d'âges. Le dernier rapport sur l'état du sexisme en France en 2023 invite d'ailleurs à un certain pessimisme puisque les hommes qui ont aujourd'hui entre 18 et 25 ans sont plus nombreux que leurs aînés à penser que quand une femme dit « non », elle pense « oui ». Il ne faut donc pas tout attendre des nouvelles générations car le cœur du problème c'est la culture du viol, et tant qu'elle reste la culture hégémonique dans laquelle nous vivons toutes et tous, elle continuera à se transmettre génération après génération.

Justement, comment peut-on définir cette notion de culture du viol ?

Cette notion, élaborée par des chercheuses nord-américaines dès les années 1970 (Noreen Connell et Cassandra Wilson, Rape : the first sourcebook for women, New American Library, 1974), est aujourd'hui mobilisée par des acteurs publics dans différents pays ainsi que par des organisations internationales comme la commission « condition de la femme » de l'ONU.

Elle se caractérise avant tout par un refus de voir le caractère massif et systémique des violences sexuelles, structurellement subies par les femmes et les enfants et structurellement commises par les hommes. Cette phrase choque et parait difficile à croire. Pourtant, quelques chiffres suffisent à la prouver de manière difficilement discutable :

— en 2017, 219 000 femmes majeures déclarent avoir été victimes de violences physiques et/ou sexuelles par leur conjoint ou ex-conjoint sur une année.
« En moyenne, le nombre de femmes âgées de 18 à 75 ans qui au cours d'une année sont victimes de viols et/ou de tentatives de viol est estimé à 94 000 femmes. De la même manière que pour les chiffres des violences au sein du couple présentés ci-dessus, il s'agit d'une estimation minimale. Dans 91 % des cas, ces agressions ont été perpétrées par une personne connue de la victime. Dans 47 % des cas, c'est le conjoint ou l'ex-conjoint qui est l'auteur des faits. »
— S'agissant des enfants, « 60 000 enfants sont victimes de violences sexuelles chaque année, 5,4 millions de femmes et d'hommes adultes en ont été victimes dans leur enfance, l'impunité des agresseurs et l'absence de soutien social donné aux victimes coûtent 9,7 milliards d'euros chaque année en dépenses publiques.>>
— Du point de vue des auteurs des actes, il s'agit dans l'immense majorité des cas d'hommes : 91 % des personnes mises en cause pour des actes sexistes (allant de l'outrage sexiste jusqu'au viol) sont des hommes.

Il y a donc un décrochage énorme entre nos représentations et la réalité statistique. L'image la plus répandue du viol est celle d'un acte sauvage commis par un individu sanguinaire au fond d'un parking. Cette image est à la fois repoussante et rassurante, parce qu'elle exotise le viol comme un fait extraordinaire qui ne nous regarde pas (on ne connaît ni la victime ni l'agresseur) et qui ne nous concerne pas (on n'a rien fait – de mal – et on ne peut rien faire – donc on n'a pas à se reprocher notre inaction).

La réalité statistique est bien différente : le viol est le plus souvent le fait d'un proche issu du cercle familial, affectif ou social, ce qui fait que nous connaissons tous des victimes mais aussi des agresseurs, autrement dit, nous sommes directement impliqués dans la scène des violences et cela devrait nous impliquer directement dans la lutte contre ces violences.

La culture du viol n'est pas qu'une culture du déni, c'est aussi une culture de la normalisation de formes de violence des hommes à l'égard des femmes qui vont de formes d'humour humiliantes jusqu'aux féminicides. Toutes les personnes qui travaillent sur les violences de genre utilisent la notion indispensable de continuum sexiste, qui va des faits les plus spectaculaires que sont les féminicides et les viols, jusqu'aux stéréotypes sexistes. La culture du viol est une culture de l'euphémisation et de la déformation des faits de violences sexuelles (dire « main baladeuse » pour parler de ce qui est qualifiable par le droit comme une agression sexuelle ou parler de « drague lourde » au lieu d'outrage sexiste, un autre délit).

Le caractère systémique des violences, prouvé par les statistiques, s'explique en grande partie par ces représentations mentales que l'on peut synthétiser via l'expression culture du viol. Or, ces représentations mentales sont largement conditionnées par nos représentations culturelles, et particulièrement par la valorisation de l'asymétrie et des rapports de pouvoir, qui restent au cœur des scénarios de séduction et de relation amoureuses diffusés dans les œuvres, qu'il s'agisse de la pop culture ou du patrimoine classique, littéraire, pictural, cinématographique.

Même les comédies romantiques perpétuent la culture du viol avec le schéma de l'homme qui conquiert et de la femme qui cède du terrain, la résolution de l'intrigue étant qu'elle finit par dire oui après avoir longtemps dit non. Changer nos représentations est donc essentiel, à la fois pour comprendre les défauts de prise en charge institutionnelle des violences sexistes et sexuelles, tant sur le plan juridique que judiciaire, thérapeutique et social, mais aussi pour espérer les améliorer. C'est cette articulation que la juriste Gaëlle Marti et moi avons mise au cœur du programme de recherche-création interdisciplinaire REPAIR « violences sexuelles : changer les représentations, repenser les prises en charge », qui se déploie aussi sous la forme d'un procès fictif sur la culture du viol.

Le théâtre est-il aussi perméable que le cinéma face aux violences sexistes et sexuelles ?

B.H. : Le secteur du théâtre public est tout autant surexposé que celui du cinéma, et il n'existe aucune plus-value éthique ou déontologique au fait qu'il relèved'une économie largement subventionnéeet dont on pourrait attendre que la législation soit d'autant plus rigoureuse puisqu'il s'agit d'argent public, qui n'est pas censé servir des pratiques discriminatoires. On y retrouve exactement les mêmes mécanismes évoqués concernant la surreprésentation des violences sexistes et sexuelles et cette même réticence à leur reconnaissance.

Quelles sont les réponses des institutions culturelles aujourd'hui en France ? Sont-elles suffisantes ?

Les choses sont quand même en train de changer dans les milieux artistiques depuis quelques années, du fait d'un certain volontarisme étatique et de certaines organisations professionnelles, qui aboutit à la mise en place de chartes, de cellules d'écoute, ou encore à la création du métier de coordinateur d'intimité, encore très timide en France, mais qui s'est beaucoup développé aux États-Unis.

Il existe donc désormais toute une série d'outils. Mais ils ne suffisent pas en soi : il faut en utiliser plusieurs à la fois et surtout, il manque encore souvent une volonté sincère de les utiliser. Si je prends l'exemple des chartes et des cellules d'écoute, elles sont mises en place par les directeurs de lieux de production/diffusion ou d'écoles d'art parce qu'elles leur sont imposées, et ils n'y voient comme seul intérêt que la protection juridique de leur institution, parce qu'un élève ou un employé victime d'une agression pourrait se retourner non seulement contre son agresseur mais aussi contre l'institution qui aurait manqué à son devoir de protection.

Les cellules d'écoute servent trop souvent à externaliser le problème. Quant aux chartes, il y a parfois un discours d'invalidation par les instances qui les ont mises en place. Ce paradoxe vient du fait que les personnes qui aujourd'hui dirigent les institutions culturelles et sont donc en position de mettre en place ces outils et de changer les choses ont construit leur carrière dans un contexte où ces violences étaient à la fois normalisées et invisibilisées. Il est donc logique qu'elles aient du mal à accepter ces nouvelles politiques. Ce malaise aboutit d'ailleurs parfois à des formes de violences pédagogiques au sein des écoles.

Le droit du travail offre aussi toute une panoplie d'outils pour lutter contre les violences que les directeurs et directrices d'institutions ignorent souvent avant de suivre des formations spécifiques. On réduit trop souvent le droit au droit pénal, en brandissant le respect de la présomption d'innocence et la nécessité de laisser la justice faire son travail. Mais, pour toutes les accusations liées à des faits qui auraient été commis sur les plateaux, un des leviers de la lutte contre les violences sexuelles est l'obligation de l'employeur d'offrir un cadre de travail sécurisé à ses employés.

De plus, le droit du travail n'obéit pas au même régime de la preuve : le faisceau d'indices concordants suffit, et parmi ces indices, il y a par exemple la multiplicité des accusations et des témoignages, qui peuvent suffire à éloigner une personne des tournages en raison d'un principe de prévention. Certaines expérimentations sont en cours, qui montrent qu'il est possible de combiner l'impératif de sécuriser le cadre de travail et le souci de finaliser un projet artistique déjà entamé sans (trop) pénaliser l'ensemble d'une équipe pour le comportement d'un seul individu.

Où en est le mouvement #MeToo ?

B.H. : Si on considère que #MeToo est une révolution, alors je dirais qu'on est comme au XIXe siècle, dans un moment de conflit entre deux paradigmes qui s'affrontent : le paradigme de l'Ancien Régime qui continue à défendre le droit de cuissage et à légitimer la violence des puissants et un nouveau paradigme qui tente de mettre en place un ordre des choses démocratique et républicain, respectueux de notre devise « liberté, égalité, fraternité ».
8 janvier 2024

Professeure en esthétique et politique des arts vivants, Bérénice Hamidi est enseignante-chercheuse à l'Université Lumière Lyon 2. Elle nous livre aujourd'hui son analyse sur les freins à la reconnaissance des violences sexistes et sexuelles dans le milieu artistique français.

https://theconversation.com/

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Appel de la Confédération des syndicats libres d’Ukraine

16 janvier 2024, par Mykhailo Volynets — , ,
Alors que la nouvelle année 2024 en Ukraine a commencé avec d'horribles attaques massives de missiles russes, nous publions l'Appel de la Confédération des syndicats libres (…)

Alors que la nouvelle année 2024 en Ukraine a commencé avec d'horribles attaques massives de missiles russes, nous publions l'Appel de la Confédération des syndicats libres d'Ukraine aux syndicats, aux parlements et aux gouvernements des pays démocratiques, aux partenaires internationaux et aux organisations internationales concernant l'attaque massive de la Russie contre l'Ukraine.

3 janvier 2024 | tiré de l'Hebdo L'Anticapitaliste - 689

Appel de la Confédération des syndicats libres d'Ukraine aux syndicats, parlements et gouvernements des pays démocratiques, aux partenaires internationaux et aux organisations internationales
La nouvelle année 2024 en Ukraine a commencé avec d'horribles attaques massives de missiles russes contre les villes paisibles et endormies d'Ukraine. Au total, uniquement pendant les vacances du 29 décembre 2023 au 2 janvier 2024, les forces russes ont tué 90 civilEs lors d'attaques de missiles. En seulement cinq jours, la Russie a lancé 500 missiles et drones sur des zones résidentielles, des entreprises, des hôpitaux, des établissements d'enseignement et des sites du patrimoine culturel en Ukraine. Chaque jour, des habitants de nos villes paisibles meurent de la main de la Russie, et des centaines de personnes sont blessées et deviennent handicapées. Nous sommes obligéEs de vivre et de travailler dans un état de stress et d'anxiété permanents. Aujourd'hui, les UkrainienNEs paient le prix fort pour la liberté et la paix en Europe.

La Confédération des syndicats libres d'Ukraine, en tant que porte-parole des travailleurs ukrainienNEs – mineurEs, métallurgistes, travailleurEs du secteur de l'énergie, enseignantEs, médecins, entrepreneurEs et autres – attire l'attention sur la nécessité de prendre des mesures décisives pour protéger l'Ukraine et dissuader les intentions du pays agresseur, la Russie, de réécrire le droit international et de redessiner la carte de l'Europe moderne.

Nous appelons les gouvernements des pays et la communauté internationale à accélérer la fourniture d'une aide militaire à notre pays, y compris la fourniture de systèmes de défense aérienne supplémentaires, de missiles à longue portée, de drones, etc. Les partenaires internationaux, en fournissant des armes, sauvent des milliers de personnes et de vies lors d'attaques de missiles par les troupes russes.

Nous faisons également appel à des partenaires internationaux :

– continuer à fournir une aide économique et humanitaire à l'Ukraine ;

– renforcer les sanctions contre le régime terroriste russe, car cela pourrait limiter considérablement les ressources financières et les exportations de technologies nécessaires à la poursuite de la guerre sanglante ;

– garantir la possibilité d'utiliser les avoirs russes gelés pour les diriger vers l'aide à l'Ukraine ;

– isoler et retirer du travail dans les organisations internationales les personnalités politiques, publiques et syndicales russes, en tant que représentants d'un pays qui mène des activités terroristes contre l'Ukraine souveraine et indépendante et ses citoyens ;

Nous appelons les représentants de la communauté syndicale internationale et européenne à appeler les gouvernements de vos pays à continuer de fournir une aide humanitaire et une aide militaire à l'Ukraine.

Nous tenons à remercier tous ceux qui soutiennent et apportent leur aide à l'Ukraine dans cette période difficile pour le peuple ukrainien.

Nous pensons que les efforts conjoints contribueront à mettre fin à l'agression russe, qui non seulement détruit l'Ukraine, mais compromet également la stabilité économique, énergétique, écologique et alimentaire en Europe et dans le monde.

Mykhaïlo Volynets,
président de la Confédération des syndicats libres d'Ukraine, le 3 janvier 2024, à Kyiv.

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Avec la Palestine et l’Ukraine contre la Russie, l’OTAN et Israël, Greta montre la voie !

16 janvier 2024, par Yorgos Mitralias — ,
Et pourtant, malgré l'actualité lugubre, malgré la barbarie galopante, malgré la déprime qui envahit tout, il y a encore de la lumière et de l'espoir ! Et cette lumière et cet (…)

Et pourtant, malgré l'actualité lugubre, malgré la barbarie galopante, malgré la déprime qui envahit tout, il y a encore de la lumière et de l'espoir ! Et cette lumière et cet espoir, ce sont les jeunes qui se battent en même temps sur tous les grands fronts où l'humanité se mesure à la mort dans sa lutte finale pour exister : sur les fronts de la catastrophe climatique et de l'injustice, de la Palestine et de l'Ukraine, sur les fronts de la lutte des pauvres, des opprimés et des humiliés de par le monde.

6 janvier 2024 | tiré du site du CADTM
https://www.cadtm.org/Avec-la-Palestine-et-l-Ukraine-contre-la-Russie-l-OTAN-et-Israel-Greta-montre

Et la représentante la plus emblématique de cette nouvelle génération qui résiste et contre-attaque est bien sûr la jeune suédoise citoyenne du monde, Greta Thunberg, qui dénonce et combat à la fois les génocidaires israéliens des Palestiniens et les envahisseurs russes de l'Ukraine, la Russie obscurantiste et impérialiste de Poutine, et l'OTAN militariste et tout aussi impérialiste. Et bien sûr, et surtout, les capitalistes et leurs gouvernements qui détruisent méthodiquement le climat de notre planète, préparant ainsi l'avenir le plus cauchemardesque pour le genre humain. Et tout cela contre le courant dominant, malgré la campagne de dénigrement et d'intimidation contre elle, luttant contre tous les impérialismes sans choisir un impérialisme contre un autre, un bourreau et sa victime plus qu'une autre. Et, surtout, en mettant systématiquement ses paroles en pratique, même si elles la conduisent souvent au commissariat ou en prison, menottes aux mains...

Et pour parler concret, voici ce qu'écrivait Greta il y a quelques semaines, sur les crimes israéliens commis contre le peuple palestinien, provoquant les anathèmes et les menaces ouvertes - même contre sa vie(!) - des génocidaires qui gouvernent Israël, et de leurs complices internationaux :

Plus de 15 000 personnes (au 8 janvier, on dénombre au moins 22 722 palestinien·nes tué·es par les attaques israëliennes, ndlr) dont au moins 6 000 enfants. C'est le nombre de personnes qu'Israël aurait tuées dans la bande de Gaza en quelques semaines – et ces chiffres continuent d'augmenter. Israël a bombardé des infrastructures sociales de base et des cibles civiles telles que des hôpitaux, des écoles, des abris et des camps de réfugiés. Israël a imposé un siège, empêchant aux 2,3 millions de Palestiniens et Palestiniennes piégé.e.s dans la bande de Gaza occupée, l'accès à la nourriture, aux médicaments, à l'eau et au carburant, une situation qui a conduit Oxfam à accuser Israël d'utiliser « la famine comme arme de guerre ».

Des dizaines d'experts des Nations unies ont décrit la situation comme « un génocide en devenir », des centaines d'universitaires internationaux ont mis en garde contre un génocide en cours et l'éminent expert israélien du génocide, Raz Segal, l'a qualifiée de « cas d'école de génocide ». Mais la plupart des pays du monde, en particulier ceux que l'on appelle « le Nord », en détournent le regard.

Malgré l'évidence de ces horreurs, il y en a qui ont choisi de concentrer le débat public sur les tentatives visant à délégitimer les déclarations sur Gaza faites par les jeunes du mouvement pour la justice climatique. Contrairement à ce que beaucoup ont affirmé, Fridays for Future n'a pas été « radicalisé » et n'est point « devenu politique ». Nous avons toujours été politiques parce que nous avons toujours été un mouvement pour la justice. Notre solidarité avec le peuple palestinien et avec tous les civils concernés n'a jamais été en question.

Plaider en faveur de la justice climatique vient fondamentalement du souci des personnes et de leurs droits humains. Cela implique de s'exprimer lorsque des personnes souffrent, sont contraintes de fuir leur foyer ou sont tuées – quelle qu'en soit la cause. Cela procède de la même raison qui nous a amenés à organiser des grèves en solidarité avec des groupes marginalisés – ceux du Sápmi , du Kurdistan , d'Ukraine et de nombreux autres endroits – et avec leurs luttes pour la justice contre l'impérialisme et l'oppression. Notre solidarité avec la Palestine est du même ordre, et nous refusons de laisser l'attention du public se détourner des horribles souffrances humaines auxquelles le peuple palestinien est actuellement confronté.

En raison de l'attention qui ne cesse de se river sur nous, comme du nombre de mauvaises interprétations proposées de notre position , nous souhaitons une fois de plus la clarifier. Tous les groupes Fridays for Future sont autonomes et cet article ne représente le point de vue que de la FFF Suède.

Les horribles meurtres de civils israéliens par le Hamas ne peuvent en aucun cas légitimer les crimes de guerre commis par Israël. Le génocide n'est pas une légitime défense et ne saurait en aucun cas représenter une réponse proportionnée. L'on ne peut en outre ignorer que cela s'inscrit dans un contexte plus large – la population palestinienne vit sous une oppression suffocante depuis des décennies, soumise à ce qu'Amnesty International a défini comme un régime d'apartheid. Tout cela constituerait à lui seul une raison suffisante pour commenter la situation mais, en tant que mouvement suédois, nous nous devons également de nous exprimer en raison de la coopération militaire suédoise avec les sociétés d'armement israéliennes, ce qui rend la Suède complice de l'occupation et des massacres israéliens.

Nous assistons aujourd'hui à une forte augmentation des déclarations, actions et crimes haineux, antisémites et islamophobes, en Suède et dans le monde. Le chef du plus grand parti de la coalition gouvernementale suédoise parle de démolir les mosquées et le drapeau israélien a été brûlé devant une synagogue à Malmö. C'est inacceptable. Nous condamnons sans réserve toutes les formes de discrimination, y compris l'antisémitisme et l'islamophobie. Toutes celles et tous ceux qui s'expriment sur cette crise ont la responsabilité d'opérer une distinction entre le Hamas, les musulmans et le peuple palestinien d'un côté ; et entre l'État d'Israël, le peuple juif et les Israélien.ne.s de l'autre.

Nous déplorons les vies perdues au cours des dernières semaines et nous désolons de voir ces chiffres continuer d'augmenter. Le taux de mortalité dans la bande de Gaza atteint un niveau historique, avec des milliers d'enfants tués en quelques semaines seulement. Une telle souffrance est incompréhensible et ne peut continuer. Lorsque les experts de l'ONU appellent le monde à agir pour prévenir un génocide, en tant qu'êtres humains, nous avons la responsabilité de nous exprimer.

Exiger la fin de cette violence inexcusable est une question d'humanité fondamentale, et nous appelons toutes celles et tous ceux qui le peuvent à le faire. Le silence est complicité. Nul ne peut rester neutre face à un génocide en cours. [1]

Bien sûr, Greta ne dit pas tout ça en privée, mais elle les crie haut et fort, non seulement en participant mais aussi en organisant des manifestations de solidarité avec les Palestiniens partout où elle se trouve. Comme d'ailleurs, elle manifeste partout et à chaque occasion sa solidarité avec le peuple ukrainien qui résiste à l'impérialisme grand-russe de Poutine. C'est ainsi que s'adressant au peuple ukrainien l'année dernière, elle avait déclaré que « tout ce que je peux dire, c'est que nous vous soutenons. Le monde entier a les yeux rivés sur l'Ukraine et sur la Russie en ce moment. Nous n'allons pas rester spectateurs, nous n'allons pas rester silencieux. Restez forts, nous sommes solidaires avec vous ».

Cependant, ce soutien aux Ukrainiens n'a pas empêché, ces jours-ci, la presse russe, entièrement contrôlée par le Kremlin, de faire de Greta... une alliée de la Russie contre l'OTAN. La raison de ce canular propagandiste est que Greta avait approuvée en public une photo de ses jeunes camarades tenant des pancartes avec le mot d'ordre « Non à la Russie - Non à l'OTAN - Non à la guerre ». En isolant le « Non à l'OTAN » des deux autres mots d'ordre contre la Russie de leur patron, les médias russes n'ont fait que ce que font tout le temps leurs collègues occidentaux, et aussi quelques gens de gauche pour le moins malhonnêtes : ils découpent les paroles et les actions de Greta en morceaux, soulignant ce qui convient à leurs intérêts et passant sous silence le reste qui est dirigé contre eux. Ainsi, les Occidentaux ont, par exemple, fait beaucoup de tapage autour de l'échange d'amabilités de Greta avec Poutine en 2019, lorsque celui-ci, réagissant au discours de Greta à l'ONU, a fait preuve d'un paternalisme pitoyable en la traitant de « gentille fillette » mal informée qui ne comprend pas à quel point le monde d'aujourd'hui est complexe !

Cependant, c'est avec le même ton paternaliste de procureur de pacotille, que le célèbre magazine allemand, Der Spiegel, a récemment attaqué Greta, la qualifiant de « naïve ou peut-être antisémite » lorsqu'elle a osé manifester dans les rues d'Amsterdam en solidarité avec les Palestiniens. Apparemment parce que, selon le bon magazine allemand, seules les personnes « naïves » et « antisémites » peuvent se sentir solidaires des civils palestiniens massacrés par l'armée israélienne. Encore plus grave, elle a subi des attaques hystériques, allant jusqu'à l'identifier à... la jeunesse hitlérienne ( !), lorsque Greta a osé scander, avec d'autres manifestants, le mot d'ordre Krossa Sionismen (écrasez le sionisme) devant l'ambassade d'Israël à Stockholm. [2]

Et tout cela sans oublier que des « libéraux » occidentaux sont allés jusqu'à la menacer... d'une « balle entre les yeux » [3] lorsque Greta les a dénoncés avec les mêmes mots que ceux qu'elle utilise contre Poutine et ses acolytes, car tant les uns que les autres s'obstinent à émettre toujours plus de gaz à effet de serre, commettant ainsi le plus grand des crimes contre la planète et ses habitants. D'ailleurs, lorsque Greta déclare que « pour sauver la planète, le monde doit se débarrasser du capitalisme », cette affirmation catégorique ressemble à une déclaration de guerre contre les uns et les autres, sans aucune exception…

Greta est donc emblématique de notre époque aussi pour une autre raison : parce qu'elle rallie contre elle la coalition la plus hétéroclite et sans précédent historique de tyrans sanguinaires, de capitalistes milliardaires, de grands bourgeois cossus et autres dictateurs frustes et démocrates assassins aux bonnes manières, lesquels se battent entre eux mais sont unis par leur commune passion du pouvoir et leur commune avidité pour des profits toujours plus grands. Mais en provoquant cette unanimité sans précédent et en ralliant contre elle tous ces destructeurs de l'humanité, Greta révèle aux yeux de tous l'essence des choses, les auteurs et les responsables de la crise historique généralisée d'aujourd'hui. D'ailleurs, comme elle est entièrement d'accord avec le grand prisonnier palestinien Marwan Barghouti (22 ans dans les prisons israéliennes !) qui se déclare « pacifique mais pas pacifiste », Greta apparaît comme l'ennemie jurée numéro un de « ceux d'en haut », et la principale source d'inspiration militante pour la multitude de « ceux en bas » et leurs avant-gardes révoltées. Quant à la gauche désorientée et confuse d'aujourd'hui, l'esprit clair de Greta pourrait lui être utile pour clarifier une fois pour toutes ses idées, ses priorités et ses orientations…

Notes
[1] Agence Medias Palestine : https://agencemediapalestine.fr/blog/2023/12/06/nous-ne-cesserons-de-denoncer-les-souffrances-a-gaza-il-ny-a-pas-de-justice-climatique-sans-droits-humains/

[2] Voir aussi Pour que les horreurs du carnage de Gaza soient les derniers, Purger l'État d'Israël de ses fondements sionistes !

[3] Voir aussi La haine contre Greta : voici ceux, avec nom et adresse, qui la financent !

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Grande-Bretagne. La campagne syndicale et de grève chez Amazon s’étend

Les travailleurs et travailleuses d'un centre de distribution d'Amazon à Sutton Coldfield (Birmingham) se mettront en grève le 25 janvier, après que les membres du syndicat GMB (…)

Les travailleurs et travailleuses d'un centre de distribution d'Amazon à Sutton Coldfield (Birmingham) se mettront en grève le 25 janvier, après que les membres du syndicat GMB [syndicat généraliste regroupant quelque 600'000 membres] présents sur le lieu de travail ont voté en faveur d'une mobilisation concernant les salaires et les conditions de travail.

10 janvier 2024 | tiré du site alencontre.org
https://alencontre.org/societe/syndicats/grande-bretagne-la-campagne-syndicale-et-de-greve-chez-amazon-setend.html

Le centre de distribution d'Amazon, dans lequel le GMB annonce que « jusqu'à 100 » travailleurs feront grève, est le dernier site d'Amazon sur lequel le syndicat a mené campagne. La date du 25 janvier marque le premier anniversaire de la campagne de grève menée par le GMB sur les divers sites d'Amazon, campagne essentiellement centrée sur le site BHX4 de Coventry [employant quelque 1400 salarié·e·s dont beaucoup de migrant·e·s], où les travailleurs et travailleuses ont fait grève à 28 reprises jusqu'à présent. Des grèves ont également eu lieu dans un entrepôt à Rugeley, dans le Staffordshire, où les travailleurs ont récemment renouvelé, lors d'un vote, leur décision d'engager un mouvement de grève.

Bien que les membres du GMB sur le site de Sutton Coldfield ne représentent qu'une minorité de la main-d'œuvre [elle compte au total quelque 2000 salarié·e·s], ce qui signifie que la grève aura peu d'impact économique direct sur les bénéfices d'Amazon, l'extension des grèves au-delà de BHX4 possède une signification symbolique. Les activistes syndicaux affirment depuis longtemps que l'extension des grèves et les décisions propres des travailleurs dans d'autres sites d'Amazon sont essentielles pour obliger l'entreprise à faire des concessions significatives.

Depuis le début des grèves, Amazon a procédé à un certain nombre d'augmentations progressives de ses salaires de base, qui doivent passer à 12,30 livres [14,3 euros] de l'heure, en avril 2024. Le GMB réclame un salaire minimum de 15 livres sterling [17,44 euros]. Il a également mené des campagnes d'organisation dans les entrepôts d'Amazon à Swansea [Pays de Galles], Doncaster [Yorkshire du Sud] et ailleurs. Il est essentiel de créer des bases syndicales solides dans les grands sites, à l'instar des plus de 1000 membres que compte actuellement le syndicat à BHX4. Toutefois, le GMB a raison d'attribuer à de petits regroupements de membres les moyens de passer à l'action avant même qu'une majorité de la main-d'œuvre n'ait adhéré au syndicat. (Article publié dans Workers' Liberty le 10 janvier 2024 ; traduction rédaction A l'Encontre)

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Prévisions 2024 : stagnation, élections et intelligence artificielle

16 janvier 2024, par Michael Roberts — , ,
L'année 2023 s'est terminée avec le marché boursier américain qui a atteint un sommet historique. Les marchés financiers et les économistes traditionnels ont poussé un soupir (…)

L'année 2023 s'est terminée avec le marché boursier américain qui a atteint un sommet historique.
Les marchés financiers et les économistes traditionnels ont poussé un soupir de soulagement en constatant que l'économie américaine n'était pas entrée en récession. En d'autres termes, la production intérieure n'a pas enchaîné deux trimestres consécutifs de contraction. Cependant, malgré le relèvement par la Réserve fédérale de son taux d'intérêt à son plus haut niveau depuis une quinzaine d'années (la croissance réelle de la politique monétaire est au plus haut depuis 15 ans), le PIB réel américain a augmenté de 2,0 % à 2,5 %, soit un peu plus qu'en 2022. Dans le même temps, le taux d'inflation pour la consommation est passé de 8 % en 2022 à 4,3 % en 2023, le dernier chiffre n'étant que de 3,1 %. Le taux de chômage s'est établi à 3,6 %, comme en 2022, bien qu'il y ait des signes d'augmentation ces derniers mois.

5 janvier 2024 | tiré de Viento sur
https://vientosur.info/pronostico-para-2024-estancamiento-elecciones-e-inteligencia-artificial/

Indice S&P 500 - États-Unis

Ainsi, le consensus des prévisions économiques au début de l'année 2023 s'est avéré faux. Comme je l'ai écrit dans mes prévisions pour 2023 intitulées The Impending Downturn : « Il semble que la plupart des grandes prévisions s'accordent : une récession est à venir pour 2023, bien qu'elles ne montrent pas sa profondeur et les régions qu'elle affectera. »

Mais comme je l'ai écritdans des articles précédents, le PIB de référence est quelque peu atypique si l'on prend en compte l'activité économique basée sur le revenu national brut. Puisqu'il n'y a pas eu de croissance du revenu national réel (c'est-à-dire les gains plus les salaires). Si l'on tient compte de ces deux taux, la croissance économique américaine a été environ la moitié du taux du PIB et considérablement inférieure à celle de 2022.

PIB moyen et revenu national (pourcentage de croissance annuelle)

Pourquoi une telle différence en 2023 ? La raison principale est que la croissance du PIB ne s'est pas traduite par une augmentation simultanée des ventes et des revenus, mais plutôt par une accumulation des biens produits. En fait, l'industrie manufacturière américaine est embourbée dans la plus longue récession depuis deux décennies. L'activité dans le secteur manufacturier s'affaiblit depuis 13 mois consécutifs ; Il s'agit de la plus longue séquence depuis 2002, selon les enquêtes menées par l'Institute of Supply and Management auprès des directeurs des achats.

Indice des directeurs d'achat (PMI) américain (inférieur à 50 = contraction)

En fait, si l'on tient compte de l'inflation des prix des produits en magasin et en ligne, le volume des ventes au détail aux États-Unis est inférieur à celui de 2022.

Volume des ventes au détail aux États-Unis (variation annuelle en pourcentage)

Et la production manufacturière est également en baisse.

Baisse du nombre d'entreprises (Production manufacturière, variation par rapport à l'année précédente)

Aux États-Unis, seul le grand secteur des services a connu une expansion. Et dans ce secteur, la croissance la plus rapide a été enregistrée dans les domaines de la santé, de l'éducation et, bien sûr, de la technologie. La technologie a explosé en 2023 alors que les subventions gouvernementales à l'industrie technologique se sont multipliées. La loi sur la réduction de l'inflation prévoyait des incitations fiscales pour les fabricants d'équipements d'énergie renouvelable et l'achat de véhicules électriques. La loi sur les puces et la science prévoyait 39 milliards de dollars de subventions pour les fabricants de semi-conducteurs.

Le redressement des géants de la technologie en 2023 Valeur boursière conjointe d'Alphabet, Amazon, Apple, Meta et Microsoft

Les dépenses de construction manufacturière (en particulier dans les technologies de l'information) ont augmenté de près de 40 % en 2022 et ont augmenté de 72 % supplémentaires au cours des 10 premiers mois de 2023 par rapport à la même période l'an dernier.

Boom des usines Dépenses mensuelles pour la construction d'usines

« Nous avons ces facteurs acycliques qui stimulent l'investissement dans ce secteur manufacturier, mais le secteur dans son ensemble est toujours dans la lutte », a déclaré Bernard Yaros, économiste américain de renom chez Oxford Economics. L'investissement dans les usines s'est concentré sur la frange la plus technologique du secteur, tandis que d'autres industries sont confrontées à un surstockage induit par la pandémie et à des taux d'intérêt plus élevés.
Selon le département du Commerce, après ajustement pour tenir compte de l'inflation, la demande commerciale de biens d'équipement, à l'exclusion des avions et des équipements militaires, est en baisse depuis deux ans.

Commandes d'investissement hors défense et aviation par rapport à 2019 (en %)

Ainsi, alors que le secteur de la technologie est en croissance et rentable, le reste des entreprises américaines ne se portent pas aussi bien. Depuis le début de l'année, les bénéfices des entreprises non financières n'ont augmenté que de 3 % par rapport à l'année précédente et sont actuellement en baisse.

Bénéfice annuel du secteur des entreprises non financières aux États-Unis

Et tout cela, aux États-Unis, qui est l'économie la plus forte du G7 depuis la fin de la pandémie.

L'économie américaine a dépassé celle de nombreuses économies européennes

Mais gardez à l'esprit que même aux États-Unis, la tendance à la croissance est inférieure à celle d'avant la Grande Récession de 2008-2009 et pas supérieure à la moyenne des années 2010. L'Europe a à peine relevé la tête depuis la Grande Récession et la situation s'est aggravée depuis la fin de la pandémie. En 2023, l'Europe, la Suède, les Pays-Bas et l'Allemagne sont tous entrés en récession, suivis de près par le Royaume-Uni, l'Italie et la France. Le Canada est en récession et le Japon n'est pas loin d'être en récession.

Mais que se passera-t-il en 2024 ? En ce qui concerne 2024, l'opinion générale est qu'il n'y aura pas de récession aux États-Unis ou dans le monde. Douglas Porter, économiste en chef chez BMO Marchés des capitaux, Services économiques, résume ainsi cette opinion générale : « Je m'attends à ce que la plupart des grandes économies connaissent une croissance plus lente en 2024 qu'en 2023, mais la baisse des taux d'intérêt, le refroidissement des prix de l'énergie et des aliments et la normalisation des chaînes d'approvisionnement permettront d'éviter une récession mondiale. »

Voir. Tout d'abord, l'opinion générale est que la croissance mondiale sera plus faible qu'en 2023. Voici ce qu'a déclaré le FMI en 2023 : « La prévision de base est que la croissance mondiale tombera de 3,5 % à 3 % en 2023 et à 2,9 % en 2024, bien en deçà de la moyenne historique de 2000,2019 % pour la période 3-8. Les économies avancées devraient ralentir, passant de 2,6 % en 2022 à 1,5 % en 2023 et à 1,4 % en 2024, alors que le resserrement de la politique monétaire commence à faire des ravages. Les économies émergentes et en développement devraient connaître une légère baisse de la croissance, qui passera de 4,1 % en 2022 à 4 % en 2023 et 2024.

Ce qui n'a rien à voir avec la croissance d'ici 2024 aux États-Unis et dans le monde.
Mais il semble que les taux d'intérêt officiels des banques centrales aient atteint leur plus haut niveau. Par conséquent, les marchés financiers s'attendent désormais à des baisses de taux importantes à partir de 2024. Les taux d'inflation diminuent dans les grandes économies et le chômage n'augmente pas, comme je l'ai déjà souligné. En fait, ce que l'on appelle l'indice de misère (la somme de l'inflation et du taux de chômage) aux États-Unis et dans d'autres grandes économies a diminué de moitié en 18 mois.

Indice de pauvreté aux États-Unis (taux d'inflation et de chômage ajoutés) en %

Ce qui déconcerte beaucoup de gens, c'est que, apparemment, l'économie américaine est en train de réaliser un atterrissage en douceur après la pandémie, avec une baisse de l'inflation, un faible taux de chômage et des revenus médians réels qui commencent à augmenter et, dans le même temps, l'opinion publique américaine montre des signes de dépression et d'insécurité à l'avenir.

Indice de confiance des consommateurs américains

Le problème, c'est que l'inflation n'a diminué que de moitié et reste bien au-dessus de la période pré-pandémique de moins de 2 %. Et cette réduction est presque entièrement due à la fin du blocage des approvisionnements causé par la pandémie et, à terme, à la chute des prix de l'énergie et des produits alimentaires. Comme beaucoup l'ont expliqué, cela n'a pas grand-chose à voir avec la politique monétaire des banques centrales.

L'indice de misère a peut-être baissé, mais aux États-Unis, au Japon et en Europe, de nombreux ménages souffrent encore des conséquences du ralentissement de la pandémie. Les prix en Europe et aux États-Unis sont de 17 à 20 % plus élevés qu'à la fin de la pandémie. L'emploi est peut-être abondant, mais il est généralement mal rémunéré et à temps partiel ou temporaire. De plus, selon l'indice de la Fed de New York, la guerre en Ukraine et maintenant l'horrible anéantissement de Gaza pourraient entraîner une pression accrue sur la chaîne d'approvisionnement internationale.

Indice de pression sur la chaîne d'approvisionnement mondiale

Et ce qui est absent de toutes les prévisions optimistes, c'est la situation des économies dites émergentes ou en développement des pays du Sud. Si la Chine, l'Inde et l'Indonésie sont exclues de l'équation, le reste de ces économies, en particulier les plus pauvres et souvent les plus peuplées, sont confrontées à une grave crise de la dette qui a entraîné une augmentation des défauts de paiement de la dette des gouvernements et des entreprises des pays pauvres.

J'ai abordé cette question dans de nombreuses autres publications, et bien que les taux d'intérêt puissent éventuellement baisser tout au long de 2024, leur impact sur la capacité de nombreux pays à honorer leurs obligations envers les fonds d'investissement, les banques et les agences internationales des pays riches sera plus faible cette année que l'année dernière.

Tout cela suggère que si l'économie américaine a techniquement évité la récession de 2023, qui aurait pu déclencher une contraction mondiale, le consensus optimiste entendu cette année pourrait à nouveau s'avérer erroné ; cette fois-ci dans la direction opposée à celle de l'année dernière.
Tout cela en ce qui concerne l'économie en 2024. Mais il faut aussi tenir compte de la politique. L'année 2024 est l'année des élections. Il y a 40 élections prévues, qui toucheront 41% de la population mondiale dans des pays qui représentent 42% du PIB mondial.

La plus importante d'entre elles aura lieu aux États-Unis en novembre, et pourrait déstabiliser toutes les économies et tous les marchés financiers. Donald Trump affirme que le marché boursier et l'économie ne restent forts que parce que tout le monde s'attend à ce qu'il gagne en novembre. Si ce n'est pas le cas, « alors nous allons assister à une nouvelle Grande Dépression ». Eh bien, ce pronostic semble peu probable ; L'inverse pourrait même se produire. Mais on ne sait pas qui va gagner ; si Biden se présentera à nouveau ou si Trump ou Biden effectuera un autre mandat complet.

La Russie a également des élections présidentielles, mais il n'y a aucun doute sur le résultat, non seulement parce que les médias, la commission électorale et le contrôle de l'État sont totalement sous les mains de Poutine et que toute opposition est réprimée, mais aussi parce que l'invasion de l'Ukraine par la Russie a augmenté son soutien populaire. D'autre part, l'économie russe a évité la récession et a en fait progressé au cours de l'année écoulée grâce aux dépenses militaires.

En Europe, il y aura des élections au Parlement européen en juin, au cours desquelles une augmentation significative des partis de droite opposés à l'immigration et à l'intégration européenne, tout en s'opposant à l'aide de l'UE à l'Ukraine, est attendue. Mais les partis de centre-droit pro-Israël et pro-Ukraine actuels sont susceptibles de détenir la majorité. Le Portugal, en revanche, organisera des élections dans lesquelles les socialistes seront presque certainement battus, entraînés par des scandales de corruption.

Et au Royaume-Uni, il y aura également des élections générales cette année. Le Parti travailliste d'opposition, désormais contrôlé par une faction de droite pro-entreprises, semble sur le point de gagner le pouvoir d'un gouvernement conservateur incompétent et corrompu qui n'a même plus le soutien des membres de plus en plus fous et vieillissants du parti. Mais ce gouvernement travailliste continuera simplement comme d'habitude, à la fois dans la politique économique intérieure et dans le soutien inconditionnel à l'hégémonie mondiale des États-Unis.

L'autre élection majeure aura lieu en Inde, où l'actuel ex-président fasciste Modi, au pouvoir depuis 2014, semble à nouveau en passe d'arriver en tête des élections, compte tenu de la forte croissance économique de l'Inde et de l'effondrement des partis d'opposition. De l'autre côté de la frontière, au Pakistan, la situation est plus tendue alors que le gouvernement de droite actuel, soutenu par l'armée, vise à vaincre l'ancien Premier ministre Imran Khan, qui s'est opposé à l'armée. Au Bangladesh voisin, c'est l'actuel gouvernement autocratique qui l'emportera, car l'opposition est prête à boycotter les élections.

Les élections en Indonésie et en Corée du Sud sont susceptibles de conduire au statu quo des gouvernements pro-capitalistes. Le Congrès national africain (ANC) devrait se maintenir en Afrique du Sud lors des élections de mai, car l'opposition est divisée, mais l'ANC pourrait passer sous la barre des 50 % des voix pour la première fois depuis la fin de l'apartheid.

Claudia Sheinbaum, la candidate préférée de l'actuel président mexicain Andrés Manuel López Obrador, est largement en tête des sondages. Une autre élection clé est celle du Venezuela. Grâce à l'accord conclu avec les États-Unis, les sanctions ont été assouplies en échange de la tenue d'élections générales. L'objectif des États-Unis est de faire tomber le gouvernement de Maduro par le biais d'un vote populaire.

Il ne reste que quinze jours avant les élections législatives à Taïwan, où le parti indépendantiste au pouvoir semble bien parti pour conserver la présidence face au parti plus pro-chinois. Cela pourrait accroître les tensions entre les États-Unis et la Chine.

2024 pourrait également être l'année où l'impact de l'intelligence artificielle (IA) sur la productivité et l'essor de l'emploi de l'intelligence artificielle (IA) sera le plus évident. Les techno-optimistes comme Goldman Sachs bavent à la perspective d'une forte augmentation de la croissance de la productivité américaine au cours du reste de la décennie en cours, ce qui serait obtenu, de manière cruciale, par des suppressions massives d'emplois dans de nombreux secteurs de services.

D'ici 2024, les dépenses consacrées à l'IA passeront à un peu plus de 20 milliards de dollars. Cela représente 000,0 % du total des dépenses mondiales en IA, selon John David Lovelock, prévisionniste en chef de la société de recherche sur les technologies de l'information (TI) de Gartner. À titre de comparaison, les acheteurs informatiques dépenseront cinq fois plus pour la sécurité, ajoute-t-il. Cependant, Goldman Sachs estime que les investissements dans l'IA augmenteront dans la dernière partie de cette décennie pour dépasser 5,2 % du PIB d'ici 5.

Même si cela se produit, cela peut ne pas se traduire par une augmentation générale de la productivité. La grande révolution Internet de la fin des années 1990 a produit un boom, une bulle et un effondrement du marché boursier, mais elle n'a pratiquement pas entraîné de croissance de la productivité du travail dans les années 2000. Comme l'a commenté Robert Slow, récemment décédé, à propos de l'impact de la technologie sur la productivité : « L'ère de l'informatique est présente partout, sauf dans les statistiques de productivité. » La croissance de la productivité a ralenti à l'échelle mondiale au cours des deux premières décennies de ce siècle.

L'espoir des plus optimistes est que l'intelligence artificielle (IA) et les LLM [grands langages modèles] donneront le coup d'envoi d'une « décennie rugissante des années 20 », similaire à celle qu'ont connue les États-Unis après la fin de l'épidémie de grippe espagnole de 1918-1920 et la récession qui a suivi en 1920-1921. Mais aujourd'hui, nous ne sommes plus dans la même situation. En 1921, ils disposaient d'une puissance manufacturière en plein essor, dépassant l'Europe déchirée par la guerre et la Grande-Bretagne en déclin. À l'heure actuelle, l'économie américaine est en déclin relatif, l'industrie manufacturière stagne et les États-Unis sont confrontés à la menace de la montée en puissance de la Chine, ce qui l'oblige à mener des guerres par procuration pour préserver son hégémonie.

Très probablement, 2024 sera une autre année de ce que l'on a appelé la longue dépression qui a commencé avec la Grande Récession de 2008-2009, similaire à la dépression de la fin du 1873e siècle (1895-<>) dans la plupart des grandes économies de l'époque. À moins que la productivité moyenne n'augmente rapidement, la croissance globale des investissements des entreprises restera stable, même si l'IA stimule la productivité dans certains secteurs. Pour parvenir à un changement radical de la rentabilité globale du capital, il faudrait procéder à un grand assainissement (récession) afin d'éliminer les entreprises faibles (zombies) et d'augmenter le chômage dans les secteurs à faible valeur ajoutée. Jusqu'à présent, une telle politique de liquidation ou de destruction créatrice n'a pas gagné de soutien dans les cercles dominants ou dans les politiciens officiels. Il est préférable de continuer à se débrouiller en passant.

En résumé, 2024 devrait être une année de ralentissement de la croissance économique pour la plupart des pays et probablement avec une baisse plus marquée en Europe, en Amérique latine et en Asie. La crise de la dette sera accentuée dans les pays dits du Sud qui n'ont pas de sources d'énergie ou de minerais à vendre. Ainsi, même si les États-Unis évitent un crash total cette année, la plupart des gens dans le monde ne le percevront pas comme un atterrissage en douceur.

La prochaine récession

2/01/2024

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Belgique - Appel à la grève féministe ce 8 mars 2024

16 janvier 2024, par Féministes anticapitalistes — , ,
Depuis 2019 en Belgique, avec Féministes anticapitalistes nous soutenons et défendons la nécessité d'organiser des grèves féministes. Les femmes effectuent au quotidien un (…)

Depuis 2019 en Belgique, avec Féministes anticapitalistes nous soutenons et défendons la nécessité d'organiser des grèves féministes. Les femmes effectuent au quotidien un travail essentiel pour nos vies : éducation des enfants, tâches ménagères, soins aux personnes âgées ou malades, cuisine, etc. Le système capitaliste s'appuie sur ce travail sur-exploité, souvent gratuit ou dans des secteurs ciblés par des mesures d'austérité comme l'enseignement, la santé et le non-marchand. À l'école, à la maison, au travail, faire grève c'est tirer sur le frein d'urgence face à la machine infernale du capitalisme et des violences faites aux femmes ! Si les femmes s'arrêtent, le monde s'arrête !

Tiré de Gauche anticapitaliste
9 janvier 2024

Par Féministes anticapitalistes

Nous ne pouvons pas compter sur les gouvernements ! À l'aube des élections, le bilan de la Vivaldi est clair, il a renforcé l'oppression des plus précaires : pas d'accueil en suffisance pour les personnes demandeuses d'asile, pas de régularisation, blocage des salaires, sous-financement de la santé, de la culture et du social, réforme des pensions qui précarise majoritairement des femmes, mise au placard d'avancées pour le droit à l'avortement, durcissement des conditions d'accès au crédit-temps, etc.

En politique internationale aussi, le bilan de la Vivaldi est déplorable : aucune sanction contre Israël pour imposer un cessez-le-feu et la fin de l'occupation. Pendant ce temps, Gaza subit des bombardements sans précédent, le nombre de décès de civils ne cesse d'augmenter et la situation humanitaire est de plus en plus catastrophique. Depuis le début de l'occupation, il y a 75 ans, les femmes palestiniennes luttent contre la violence patriarcale et coloniale de l'État d'Israël. Une fois encore la solidarité féministe internationale prend tout son sens.

Nous avons besoin d'une rupture politique franche !

Contre l'exploitation capitaliste et la domination patriarcale, nous devons construire un mouvement féministe unitaire, combatif et indépendant de l'État !

Nous saluons l'appel à la grève féministe publié par le Collecti.e.f 8 mars pour le 8 mars 2024. Nous déplorons cependant vivement que l'appel de cette année ne revendique pas la régularisation des personnes sans-papiers et qu'il revendique des investissements dans les institutions policières. Les meurtres policiers et la répression envers les personnes sans papiers, envers les militant·e·s et dans les quartiers précarisés démontrent que la police n'est pas une institution de protection ! Au contraire, elle perpétue et repose sur les violences sexistes et racistes. Nous ne devons pas donner plus de fonds à l'institution policière mais au contraire la désinvestir et la désarmer. De l'argent pour la lutte contre les violences sexistes et racistes, pas pour la police ! Les femmes sans-papiers sont sur-exploitées dans des secteurs essentiels à la vie comme le nettoyage et l'aide à domicile. La régularisation de toutes les personnes sans-papiers et demandeuses d'asile est une revendication essentielle pour l'amélioration des conditions de vie de toutes les femmes. Nous devons comprendre qu'aucune de nous ne sera libre tant que nous ne serons pas toutes libres.

Nous mobiliserons pour la grève féministe sur base des revendications suivantes :

. Une sécurité financière individuelle pour toutes ! Individualisation des droits, relevé des allocations au-dessus du seuil de pauvreté, augmentation des salaires, pension complète ;

. Le renforcement des services publics ! Crèches, santé, enseignement, culture, services sociaux, transports ;

. Désinvestissement dans les entreprises privées, la police et l'armée ;

. Un financement structurel et conséquent de la lutte contre les violences faites aux femmes et aux personnes LGBTQI+ : autodéfense, prévention, accompagnement ;

. La régularisation de toutes les personnes sans papiers et en situation de séjour précaire ;

. La fin du délai de réflexion et l'extension de l'accès à l'avortement à 24 semaines !

Photo : Bloc des Féministes anticapitalistes (Gauche anticapitaliste / CC BY-NC-SA 4.0)

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Capitalisme, dettes et in.ter.dépendances : une perspective féministe (Camille)

16 janvier 2024, par Camille Bruneau, Sacha Gralinger, Thomas Perrodin — ,
Dans la pensée occidentale - autoproclamée universellement désirable - ce terme évoque un rapport plutôt peu enviable. Dépendance à une substance (t'as raté ta vie, t'as pas de (…)

Dans la pensée occidentale - autoproclamée universellement désirable - ce terme évoque un rapport plutôt peu enviable. Dépendance à une substance (t'as raté ta vie, t'as pas de volonté, ou t'es « malade »), dépendance affective (faiblesse, manque d'affirmation), économique (incapable, assité·e, flemmard·e, profiteur·euse, parasite.), ou encore physique (vulnérable, dégoûtant·e, fardeau, inutile). Cette condition ôte ainsi la légitimité de faire ses propres choix, qu'il s'agisse d'individu·es ou de peuples entiers. La dépendance, comprise comme opposée à l'indépendance, suggère une relation à sens unique. Quand on y pense, pourtant, tout le monde dépend de quelque chose ou de quelqu'un. Et si on s'y faisait ? Et si on décidait de penser en termes d'interdépendance, d'interconnexions, et de s'organiser socialement et économiquement en reconnaissant ce constat pour le coup (oui oui utilisons le gros mot) universel1 ? Ne serait-ce pas plus en phase avec la réalité ? Plus à même de remplir les besoins de toustes ?

17 décembre 2023 | tiré du site du CADTM
https://www.cadtm.org/Mais-qui-depend-de-qui-in-ter-dependances-et-dette-patriarcale

Interroger la notion d'(in)dépendance n'est pas anodin car s'y dissimulent des rapports de pouvoir, comme au sein du (néo) colonialisme, du patriarcat, des relations intergénérationnelles ou encore du patronat. Un regard critique inspiré notamment des luttes anticoloniales et féministes permet de les décrypter, de se demander « qui dépend de qui ? » et de questionner la notion de dépendance même.

Cet article explore quelques éléments de réponses et s'aventure à allier questions économiques et politiques à l'ontologie, au philosophique, à l'immatériel, à l'affectif. Il propose de voir autrement ce qui compte vraiment dans ce monde désenchanté. Il aborde la question des in·ter·dépendances en proposant une lecture écoféministe de la question des dettes et des futurs désirables.

Construite politiquement par les luttes et pensées anti-impérialistes qui dénoncent l'imposture des indépendances, et celles, écoféministes, qui rendent justice - en les visibilisant - aux personnes, travaux, soins, procédés, éléments nécessaires à la vie sur terre, j'ai été inspirée par ce thème de la « dépendance » : en fait très présent dans notre société... On s'en rend compte notamment à partir de la perspective de la dette2 , formidable outil de transfert de richesses qui maintient les structures de pouvoir en place.J'en ai parlé à Sacha, qui, pour son travail de fin d'études, réfléchissait justement à un nouveau concept : la « dette patriarcale » comme élargissement des propos développés dans le livre Nos vies valent plus que leurs crédits que nous avons coécrit avec Christine Vanden Daelen 3 et d'autres formidables contributrices. On s'est dit que c'était l'occasion de se prêter à l'exercice. Au vu du sujet, il n'est pas inutile de préciser que nous sommes toutes deux des personnes blanches et valides physiquement, assignées femmes et actuellement dépendantes financièrement de revenus sociaux (et menacées de les perdre). Ceci est une exploration incomplète sur un aspect spécifique de la question, sans prétention d'être les mieux placées pour parler de dépendances, ni ambition de relativiser la violence du validisme. On se limite ici aux questions de genre mais on tient à insister sur le fait que le patriarcat est un système de domination intimement lié à d'autres oppressions : le racisme, le classisme, l'hétéronormativité, le spécisme, etc. Quand on utilise le terme « femmes », c'est comme « catégorie analytique » utile pour dresser les grandes lignes des effets genrées de la dette dans un monde organisé autour de dualismes de genre. Ce terme inclut les personnes qui se reconnaissent dans cette réalité sociale et politique, ou y ont été assignées, mais peut également inclure selon le sujet les personnes queer. Son utilisation ne se veut donc pas essentialiste, ni invisibilisante de la pluralité du genre, des sexualités et des oppressions qui en résultent.

Quand on pense à « dépendance », on pense à « indépendance », et on pense souvent à des êtres humains. Autant à des peuples entiers quand il s'agit d'indépendance politique ou économique de territoires qu'à des personnes quand il s'agit d'autonomie, d'émancipation.

Dans la sphère géopolitique comme micropolitique, la dette joue un grand rôle dans l'obtention et le maintien, ou non, de son indépendance. Les dettes dont je vais parler ici sont celles dites « illégitimes », c'est-à-dire qui n'ont pas servi les intérêts des populations4 . Elles sont désormais majoritaires, dans les Nords comme dans les Suds. Contractées soit en contrepartie d'une prétendue « indépendance » (dettes coloniales5 ) ou au nom du « développement », souvent auprès d'institutions multilatérales, comme le Fonds monétaire international (FMI) ou la Banque mondiale, mais aussi de puissances (néo)colonisatrices et de plus en plus souvent sur les marchés financiers, elles sont dans les deux premiers cas systématiquement accompagnées de conditionnalités et de juteux taux d'intérêt. Hier comme aujourd'hui, les mesures imposées au nom du remboursement des dettes permettent de maintenir le flux de matières premières, main-d'ouvre, etc., bon marché, nécessaires pour alimenter la surconsommation mondialisée et maintenir la « croissance économique » des puissances industrielles et les pays occidentaux. Pourtant, si l'on prend en compte la totalité des transferts de richesses et des intérêts, les dettes sont dans bien des cas déjà remboursées.

Outil absolument central à l'accumulation capitaliste, le remboursement des dettes s'est ainsi imposé comme primant sur toute autre préoccupation économique, sociale ou écologique6 . Cette continuité des dynamiques coloniales (néocolonialisme) facilitée par les dettes amène les luttes anticoloniales à revendiquer « qui doit à qui ? » Pour exiger l'annulation, mais aussi comme outil politique qui permet de souligner la violence passée et contemporaine des rapports NordsSuds. Pour ne pas prétendre que ce pillage appartient au passé, il convient peut-être justement de reformuler la question en termes plus actuels : « qui dépend de qui ? »

Depuis la crise financière de 2008 et le sauvetage des banques qui fait exploser la dette publique, les mêmes types de mesures d'austérité sont appliquées aux Nords au nom du remboursement. Ces logiques deviennent, partout, la nouvelle norme néolibérale. Certaines sont spécifiques selon les pays et continents, mais, de manière générale, elles suivent le même mot d'ordre de réduction des dépenses publiques (coupes budgétaires, baisse des allocations et dépenses sociales, gel des salaires, privatisations, hausse de la TVA, etc.). Cela conduit pourtant souvent à une hausse des profits du secteur privé et à un assèchement des finances publiques et des ménages.

La dette accentue les inégalités de toutes sortes. Mais surtout, elle affecte de manière spécifique et disproportionnée les personnes et groupes sociaux déjà marginalisé·es : les personnes précarisées, âgées, immigrées, non blanches, les travailleur·euses précaires, et, parmi elles, particulièrement les femmes et les personnes LGBTQIA+. Ces personnes perdent leurs revenus, s'endettent, augmentent leurs heures de travail de soin gratuit pour faire face à la fermeture des services et la hausse des prix. Les riches deviennent toujours plus riches, et les pauvres toujours plus pauvres. Ce ne sont donc clairement pas les responsables qui paient, et l'accumulation continue du capitalisme en dépend. Encore une fois, qui dépend de qui, au final ?

Par leur obligation de rentabilité, les politiques d'ajustement ne font pas qu'affecter des êtres humains ou perpétuer le pillage colonial, mais contribuent également à la destruction des écosystèmes. L'idée, au centre du dogme néolibéral, selon laquelle chacun·e a à sa disposition les moyens et informations nécessaires pour faire les choix qui vont maximiser ses ressources économiques (« homo economicus ») de manière indépendante ne tient pas compte de la réalité des rapports sociaux et des cycles de régénération des ressources naturelles, et est donc complètement illusoire. Elle n'est par ailleurs pas désirable.

En fait, ce qui est dingue, c'est que le capitalisme semble être construit sur une série de mythes, théories, et idées fausses (imbécillité ou manipulation ?), dont il est complètement dépendant, ce qui donne lieu à une série d'invisibilisations qui ont des effets néfastes : ça ne tient pas la route !! À croire que l'une des caractéristiques du capitalisme est de diminuer au lieu de valoriser, sacraliser, reconnaître, soutenir ce dont on dépend pour (sur)vivre (en gros, le travail de reproduction sociale et un environnement viable). Concrètement, cette tendance peut avoir comme conséquence de détruire les choses desquelles on dépend vitalement, pour les communautés directement concernées particulièrement, mais aussi pour la vie en général.

Ce constat accablant s'inscrit dans le mode de pensée occidental qui est fondé sur la croyance en des dualismes hiérarchisés (hommes/femmes, humain/non-humain, production/reproduction, civilisé/sauvage, blanc/non-blanc, intellectuel/manuel, etc.). Ces séparations sont au centre des rapports de domination (en justifiant ces derniers) et du rapport problématique de nos sociétés au soin et à l'interdépendance. Ce constat est notamment porté par les luttes (éco)féministes.

ÉCONOMIES FÉMINISTES ET AUTRES REGARDS SUR L'AUTONOMIE

Des impacts spécifiques

Notre contexte est également celui du patriarcat, et même de l'hétéropatriarcat : il se fonde sur une « division sexuelle du travail », des normes de genre, et des inégalités professionnelles. Les activités dites de « reproduction sociale » (ou de soin, de care), c'est-à-dire nécessaires à la reproduction de la société (soins aux personnes, éducation des enfants, nettoyage des lieux de travail, de socialisation, de vie, etc.) sont effectuées par une écrasante majorité de femmes, de manière gratuite et de manière (sous) rémunérée. Ces dernières, comme ces activités, sont dévalorisées socialement : elles ne sont clairement pas une priorité politique.

On constate par ailleurs une très grande proportion de personnes (principalement des femmes mais pas que) migrantes dans les secteurs du soin, du nettoyage et de la garde d'enfant. Plus le travail est considéré comme sale (et pourtant souvent d'autant plus important), plus il est dénigré, plutôt que reconnu et célébré. C'est ce que l'on nomme la « chaîne globale du care » : le travail des peuples, notamment des femmes, des Suds, assure le confort des métropoles à moindre coût.

Les femmes, surtout certaines, sont donc cantonnées dans certains types d'emplois (CDDs, temps partiels, échelons bas, etc.), ont des revenus inférieurs et sont pourtant en charge de la majorité des dépenses quotidiennes du ménage. Elles ont aussi de ce fait moins de patrimoine et de capital, sont moins « équipées » pour faire face aux crises et en paient le prix fort.

De fait, les mesures d'austérité mises en place pour le remboursement de la dette publique touchent en premier lieu les secteurs considérés comme « non productifs » : ceux de la santé, de l'enseignement, etc., et donc touchent les femmes spécifiquement, en tant que travailleuses majoritaires et usagères principales (également pour les personnes qu'elles ont à charge, par exemple dans les crèches). Ces secteurs sont pourtant essentiels, comme l'a bien montré la désastreuse gestion de l'épidémie de Covid-19.

La dette du care

Un dénominateur commun aux pratiques féministes est la mise en évidence du travail de soin : aux personnes, de la société, des communs, bref du monde. Dans quelles conditions ce soin est effectué et comment il est réparti en dit long sur les rapports sociaux inégalitaires qui traversent nos sociétés dites « modernes ». Les économies féministes proposent ainsi de remettre le soin au centre de nos préoccupations, de le reconnaître, le valoriser, de le rémunérer, peut-être, ou encore de le célébrer, le collectiviser. Rendre visibles ces activités permet de se rendre compte de leur ampleur, leur importance et de tout ce qu'elles impliquent (tâches, compétences, temps, ressources nécessaires, coûts, engagement affectif et émotionnel) et ainsi le reconnaître comme un « bien sociétal de valeur7 ». Cela signifie que, dans les conditions actuelles, toute une partie de la société (grossièrement, les classes dominantes et les hommes) est redevable et débitrice de ce qu'on appelle la dette du care, une énorme « dette de soin ». Plus précisément, il s'agit d'une dette due par les personnes qui non seulement pourraient prendre soin d'elles-mêmes, comme le dit Amaia Pérez Orozco8 , mais aussi prendre en charge une série de tâches de soin, mais ne le font pas et voient ainsi leur temps, confort et accumulation de capital augmenter, au détriment de celui des autres. « Quand on regarde qui donne et qui reçoit, l'imbrication des oppressions devient évidente tant à l'échelle individuelle que globale : certains groupes sociaux ne remplissant pas leurs propres besoins les délèguent à des personnes venues d'ailleurs, ce qui crée une dette du care aux dimensions non seulement genrées, mais aussi géographiques, raciales et de classe.9 » Les slogans des grèves et luttes féministes « qui doit à qui ? »et « quand les femmes s'arrêtent, le monde s'arrête ! »10 sont l'incarnation du ras-le-bol de ce déséquilibre et résonne avec notre « qui dépend de qui ? »

Vulnérables, et alors ? Critique de l'individu autonome

Le fait que de nombreuses tâches qui constituent cette dette du care soient peu reconnues et souvent effectuées hors des regards11 permet également d'alimenter l'ingratitude qu'elles suscitent et le mythe de l'individu autonome, qui n'aurait besoin de personne.

Cet acharnement à renier sa dépendance envers les autres et à la considérer comme quelque chose de nécessairement péjoratif et déshonorant est typique de la domination masculine12. Cela signifie que ce ne sont pas « les hommes », mais précisément la dévalorisation du soin en tant que tel (et des personnes qui l'effectuent) qu'il faut combattre en tant que socle du patriarcat, mais aussi du capitalisme et d'autres systèmes d'exploitation qui en profitent tout autant.

L'apport d'une perspective féministe est donc « d'enlever le caractère péjoratif de la dépendance et de la vulnérabilité, et donc de s'éloigner des notions d'autonomie et d'indépendance glorifiant la liberté individuelle. Dépendance et vulnérabilité font partie intégrante de la condition humaine, certaines personnes nécessitent plus de soins à des moments donnés de leur vie, d'autres sont plus aptes à les donner. Tout le monde, personnes "autonomes" comprises, a constamment besoin de soins émotionnels13 ».

Une reconnaissance de ce besoin de soins et de nos vulnérabilités permet d'enrichir les implications de la reconnaissance d'une dette du care. Il ne s'agit pas de vouloir la « supprimer » à tout prix en étant « chacun·e pour soi » ou en exigeant compensation ou rémunération et en abolissant la gratuité. En effet, il serait peut-être pertinent, comme d'autres formes de dettes, d'en reconnaître la part illégitime et de plaider pour une société sans dette du care illégitime. Nous voulons continuer à prendre soin des gens que l'on aime, à prendre soin des gens qui en ont besoin, qu'iels puissent « rendre la pareille » ou non. On pourrait dire que c'est une dette, mais est-ce vraiment le bon mot ? Ce que nous ne voulons plus, c'est le faire dans l'invisibilisation et l'ingratitude générale, dans des conditions indignes sans contrepartie. Un monde sans dette du care signifie, au-delà de possibles compensations, de réelles réparations qui ne pourront se matérialiser que dans une nécessaire réorganisation de nos sociétés et avec de nouvelles manières de concevoir, donner et recevoir le soin, conscientes de cette responsabilité collective et de nos interdépendances.

LA DETTE PATRIARCALE : UNE PROPOSITION (SACHA)

La dette du care a été avancée comme un puissant outil politique pour revendiquer le non-paiement de la dette publique et la fin des politiques d'ajustement et d'austérité. Cette dette serait déjà largement compensée par ce travail, fut-il reconnu. Pourquoi reste-t-elle impayée ? Pourquoi est-ce que les « femmes ne s'arrêtent pas » pour « imposer leurs droits » ?

Pour exister, le capitalisme patriarcal dépend d'autres mécanismes rendant possible l'exploitation continuelle du travail du care et pour maintenir une grande partie des prestataires de soins et les femmes dans une situation de précarité économique et d'impuissance politique. Cette immense injustice engendre le sentiment qu'on nous doit encore bien plus qu'une reconnaissance de cette dette du care. C'est ce que nous proposons ici d'appeler la « dette patriarcale ».

La dette patriarcale est une violence, car elle découle de toutes les formes de violences inhérentes au patriarcat et aux rôles et normes de genre strictes : violences économiques, symboliques et institutionnelles qui sont accompagnées de violences physiques, surtout quand on dévie de la norme.

Nous avons identifié quatre dimensions qui composeraient la dette patriarcale et qui nous semblaient indispensables pour mettre encore plus en lumière les déséquilibres engendrés par le capitalisme patriarcal. La première dimension serait tout simplement la dette du care. Celle-ci augmente quand la dette financière augmente, par exemple des personnes compensent par leur travail gratuit la destruction de l'État social. La deuxième dimension, ce sont les inégalités économiques qui découlent des stéréotypes et discriminations de genre et font en sorte que les femmes dépensent plus et/ou gagnent moins. En plus d'occulter les choses dont on dépend vraiment, le capitalisme patriarcal crée des nécessités de dépenses et des illusions de besoins qui sont bien souvent genrées : pour les « hommes », ce seront des articles de sport, des voitures, etc., tandis que pour les « femmes », ce seront des produits cosmétiques ou de ménage. L'impact sur les portefeuilles et les individus est lui aussi genré. En effet, les articles destinés aux hommes sont souvent plus de l'ordre de l'investissement de capital (véhicule), tandis que ceux pour les femmes sont de l'ordre de la consommation courante ou du soin aux autres, elles n'en profitent pas forcément directement, ni à long terme. De nombreuses dépenses sont aussi directement liées à la pression de se conformer aux normes de genre, pression beaucoup moins complexe et coûteuse pour les hommes. Même quand certains besoins semblent partagés, intervient ce qui est connu comme la « taxe rose » : un même objet coûtera plus cher dans sa version destinée aux femmes (un rasoir rose, une coupe de cheveux, un short de sport.). Cette taxe est estimée à une centaine d'euros par mois14. Ces dépenses supplémentaires doivent être effectuées avec un revenu en moyenne inférieur dû aux inégalités professionnelles et patrimoniales. Cela peut être accompagné de conséquences psychologiques (estime de soi, etc.) ou d'un endettement privé. Troisièmement, on peut y inclure les inégalités économiques dues à l'augmentation de la dette publique. En plus des pertes de revenus et de l'usage de services devenus plus chers ou moins accessibles, elles paient le prix fort de l'austérité.

« En effet, via leurs contributions fiscales15, des dépenses quotidiennes sans cesse majorées mais aussi via les dettes privées qu'elles contractent pour parer aux insuffisances de l'État et assurer la (sur)vie de leursproches16, les femmes contribuent de façon disproportionnée au remboursement de la dette publique et augmentent ainsi involontairement les profits des créanciers (banques, fonds spéculatifs, institutions financières internationales) véritables responsables de la crise.17 ». Elles trouvent des solutions concrètes, adaptent leur temps de travail, restent dans un foyer violent. L'effet cumulatif résulte en une usure qui affecte très gravement les personnes déjà situées du « côté perdant » des différents rapports de domination.

La quatrième dimension est celle qui m'a donné l'envie de parler de « dette patriarcale ». C'est son autre dimension « non financière » qui se réfère à l'exploitation de nos corps féminins et marginaux, historiquement domestiqués, hypersexualisés, (dé)possédés, instrumentalisés et violentés. Alors que je me baladais dans la rue et venais de me faire harceler pour la Nième fois, je me suis dit « et si on reconnaissait tout ce harcèlement, les féminicides, les violences conjugales et toutes les violences sexistes et sexuelles comme une dette ? Comme quelque chose qu'on nous a pris (nos vies, nos énergies, nos dignités, nos joies), et qui mériterait réparation ? »

Historiquement, on peut y inclure les professions et possessions des femmes accusées de sorcellerie ou mariées de force, et, hier comme aujourd'hui, la perte de leurs terres agricoles face à l'agriculture productiviste (aujourd'hui justifiée par la pression du remboursement ou du développement). De manière générale, il s'agit de toutes ces violences qui nous gardent « à nos places », qui empêchent tellement d'adelphes de se libérer, de gagner leur vie, toutes ces violences qui sont tellement normalisées qu'on ne les nomme pas ainsi mais qui sont à la base de la domination masculine. Les « hommes », en tant que classe, ne dépendent évidemment pas du harcèlement (contrairement au travail gratuit), mais le patriarcat oui. Il permet le maintien des oppressions et privilèges, car toute oppression a besoin d'un outil pour faire taire les opprimé·es.

En plus des dommages physiques et symboliques, cette violence implique toute une série de dépenses (psychologues, gynécologues, avocats.). Les personnes préservées de la violence n'auront jamais à assumer de tels coûts. Encore une injustice économique historique et structurelle. Enfin, la dette et l'austérité augmentent encore les violences sexistes auxquelles sont confrontées les femmes (sabrage des droits sexuels et reproductifs, expulsions de territoires pour gros projets d'aménagement, fermeture de centres d'accueil, etc.). Les dettes sont liées et usent les femmes dans leurs corps, leur quotidien, leurs ressources, leur temps, leur travail et leurs possibles. Elles les maintiennent en situation de subordination et de précarité, voire de dépendance économique, alors que le monde dépend vitalement de leur travail.

Le fait que cette dette patriarcale reste non reconnue, et donc impayée, constitue un énorme défaut des classes dominantes qui permet de maintenir leurs privilèges et leurs accumulations de capital. Nous avons voulu présenter cette ébauche sur la dette patriarcale pour proposer de s'intéresser à tous les aspects d'une dette (monétaires et non monétaires). C'est utile non seulement pour la cause féministe mais aussi comme méthodologie à appliquer dans le cadre d'autres endettements et dominations systémiques. Par exemple, quand on parle d'endettement Nords/Suds, il est possible de faire rentrer les dommages symboliques, culturels, l'esclavagisme, la suprématie blanche dans l'équation.

Cet article nous a permis aussi de nous rendre compte qu'on pouvait inclure d'autres choses que du « travail » ou des « services » dans le non-monétaire, mais aussi des aspects plus immatériels comme des relations de dépendances, de redevabilité, de culpabilité. Il est donc essentiel de se demander « qui dépend de qui ? » aujourd'hui pour éviter de nouvelles dettes dans le futur, mais, surtout, pour affirmer la valeur de notre place dans le monde et donc de plaider pour des relations solidaires d'interdépendances assumées et non hiérarchiques.

FAIRE PARTIE DU MONDE (CAMILLE & SACHA)

Apports écoféministes

L'ordre dominant enlève toute valeur et invisibilise l'autre pilier de la reproduction de la vie sur terre : les capacités régénératrices de « la nature », elles aussi nécessaires à l'accumulation capitaliste. Ceci est un des postulats de base des écoféminismes, qui proposent donc de remettre en question les principaux piliers économiques et culturels de l'Occident : les dominations violentes de l'humain sur la nature et des hommes sur les femmes. Celles-ci, évidemment, s'imbriquent avec d'autres rapports inégalitaires : de race, de classe, de sexe, de genre, d'espèce.

En effet, cette pensée permet de s'attaquer aux racines de ces exploitations en identifiant les logiques communes et en s'attaquant à la domination et à la hiérarchie en tant que telles, comme mode de fonctionnement du modèle occidental fondé sur une vision pyramidale du monde. C'est-à-dire que les hommes blancs, technocrates seraient en haut, suivi des travailleurs manuels, puis les femmes, les enfants, les animaux, ensuite les plantes, et enfin les cailloux, eaux et autres entités dites « inertes ». Cette hiérarchie donnerait le droit d'exploiter ce qui est classifié comme inférieur (en tant que « ressources exploitables »). Pourtant, si on y réfléchit, plus c'est en bas, plus c'est ce de quoi on dépend. Cela permet, non pas de dire que tous les corps marginalisés vivent les mêmes oppressions, mais que ceux-ci font partie d'un même tout, qui applique des logiques analogues, logiques qui doivent ainsi être combattues conjointement.

Les écoféminismes, en proposant de s'éloigner des hiérarchies et exploitations, portent nos regards sur les procédés qui ensemble font monde et enrichissent encore la question de l'endettement. Ils invitent à se demander ce qui compte vraiment. En d'autres termes, de quoi dépend-on ? En tant qu'individu·es, mais aussi communautés, société, espèces, êtres vivants. Ariel Salleh a par exemple développé la notion de « dette incarnée18 », qui a pour objectif de visibiliser ce que nous devons toustes à tout ce qui prend soin du monde. Il s'agit de tous les procédés (avec interaction humaine ou non) qui permettent la reproduction des conditions de vie : compostage, fertilisation des sols, filtration de l'eau, soin aux enfants, entretien des communs, préservation des savoirs médicinaux et agricoles, dépollution, innovations, photosynthèse, etc. Ces activités sont effectuées par la petite paysannerie, par des peuples indigènes, par des femmes, par des êtres non humains.

Petit à petit, on commence à se dire que la dette financière dont on entend tant parler est la partie visible de l'iceberg. Tout comme, au final, les pratiques « capitalistes » : tant d'autres modes de fonctionnements et pratiques existent, que ce soit dans les écosystèmes (dont nous faisons partie) ou les sociétés inégalitaires hors/non capitalistes ou anticapitalistes, et même dans les quotidiens capitalistes (faire un cadeau, donner un coup de main)19.

Le non-monétaire comme levier politique ?

Le caractère inestimable de la vie fait que l'écologie, tout comme le soin, qui est aussi composée de dimensions émotionnelles qui ne pourront jamais être monétisées, est incompatible avec le capitalisme. Nous avons tenu dans cet article à mettre en avant la dimension non monétaire de la dette et sa portée politique. Dans les mouvements anti-dettes, on parle d'abord d'annulation, mais on parle aussi de réparations matérielles ou symboliques (on peut par exemple rendre des objets volés, restaurer des monuments, mettre en place des processus de réhabilitation, formuler des excuses publiques, ou reconnaître une oppression historique). Tenter de calculer une dette en argent peut être très utile pour calculer des réparations, certes, mais cela sous-entend aussi que, si on a de l'argent pour rembourser, on peut détruire. L'analyse non monétaire des dettes permet de faire un pas de côté en refusant ce principe et en affirmant que l'argent ne suffit pas. Elle permet donc d'envisager des réparations non seulement quantitatives mais aussi qualitatives et axées vers le futur.

La reconnaissance des dettes non monétaires expose l'ampleur de ce qui est dû à certaines populations et groupes sociaux. En effet, en se rendant compte que les personnes marginalisées, particulièrement celles à la croisée de plusieurs oppressions systémiques, sont concernées de manière cumulative par ces oppressions et processus d'extraction qui découlent des différentes dettes, on se rend compte à quel point celles-ci font système et maintiennent les rapports de pouvoir en place.

Partant de ce principe, on peut expliquer la raison d'être de la reconnaissance d'une dette patriarcale : en incarnant les dégâts multiformes de l'hétéropatriarcat capitaliste, cette reconnaissance permet de réclamer des réparations qualitatives. Elle constitue un outil d'analyse politique et encourage à reconnaître ce que le patriarcat doit au monde (aux femmes mais aussi à la société de manière générale). Comme la dette coloniale, écologique, ou du care, elle permet d'inverser les logiques, de donner une justification politique à la mise en place d'autres rapports et nous rappelle que la « dette » n'est pas juste une question économique, mais peut induire de la redevabilité, de l'échange, de la reconnaissance, de la gratitude.

Cela permet de remettre en perspective « qui doit à qui », de reconnaître « qui dépend de qui » afin d'entamer une telle justice économique (réformes fiscales, annulations de dette, identifications et condamnation des responsables.), et de réfléchir à d'autres possibles socialement et écologiquement justes, afin de les mettre en place à nos échelles.

Les humain·es dépendent les un·es des autres, et des écosystèmes, dont nous faisons partie. Ces derniers dépendent aussi de nous et du respect et du soin qu'on leur apporte. « Nous » - ce tout, qui fait monde - dépendons de la durabilité et de la qualité de ces liens.

Rêves d'interdépendances - autres possibles et imaginaires

L'ambition d'un monde centré autour du soin qui prêterait réellement attention aux interdépendances et interconnexions signifie de remettre ainsi la vie au sens large au centre de nos préoccupations, et que la notion de soin doit donc être élargie aux écosystèmes. Contrairement aux économistes mainstream, partons de la réalité : de nombreuses pratiques existent, que ce soit au sein de communautés ancestrales, de populations appauvries ou de mouvements de luttes, qui sont inspirantes et en phase avec la réalité du monde. Inspironsnous de ce qui existe déjà et osons l'imagination.

Parmi les propositions - nombreuses - à explorer, inventer, compléter, figurent la socialisation du soin20, ou encore des ébauches d'économies régénératives. Ariel Salleh fait par exemple le lien entre des « sociétés égalitaires » et le mode de fonctionnement des écosystèmes et procédés naturels qui ne créent ni « pertes » ni « dettes » mais des équilibres21 : les acteur·rices - humain·es et non humain·es - sont considéré·es pleinement, reconnu·es pour le rôle qu'iels jouent.

Yolanda Fernández Vargas22 propose quant à elle de mettre fin à l'austérité et de penser l'attribution des ressources publiques en fonction de la durabilité de la vie, en se basant sur des critères multiples non hiérarchisables, de manière adaptée au contexte et à l'écoute des marges. Il s'agit aussi de se réapproprier et de re-collectiviser les communs, qui sont des choses tangibles (une forêt, un hôpital.) mais aussi immatérielles (reproduction sociale, savoirs.).

Nous ne prétendons pas ici avoir les réponses ni les expériences et vécus suffisants pour les alimenter. Nous aspirons justement, avec d'autres copaines, à mettre en place des ateliers, moments d'échanges, de partage et d'imagination collective autour de la question des économies régénératives et de la socialisation qui pourraient, de manière participative, proposer des ébauches de ces mondes possibles. À vous, à nous, de jouer.

AUTRICES

Sacha (Lisa) Gralinger est active dans des luttes féministes et queer depuis quelques années en côtoyant manifestations, lieux de rencontres, collectifs, ZADs, et squats. Elle termine ses études en coopération internationale, avec un mémoire sur l'utilité politique des dettes non monétaires, après avoir fait son stage au CADTM (Comité pour l'abolition des dettes illégitimes).

Camille Bruneau navigue entre plusieurs mondes et luttes depuis son adolescence où elle côtoie les milieux punks, voyage hors des frontières européennes, et s'inspire d'une maman féministe. Titulaire d'un diplôme en sociologie rurale et « développement international », elle continue à construire son analyse des systèmes de domination nourrie par les écoféminismes et l'anarchisme au sein de diverses occupations, luttes féministes et du CADTM (Comité pour l'abolition des dettes illégitimes).

Elle y coécrit le livre Nos vies valent plus que leurs crédits : face aux dettes, des réponses féministes avec Christine Vanden Daelen et l'aide d'autres ami·es. Souvent nomade, elle se forme désormais à la mécanique poids lourd et à l'herboristerie.

Son intérêt porte de plus en plus sur les questions de soin, et son ambition dans la construction d'autres possibles pluriels et radicaux.

NOTES

1. Nous ne défendons en aucun cas les positionnements universalistes (comme assumés par certaines féministes mainstream), mais voulons dire ici que tout le monde (en tant qu'individu·e ou collectivité), sans exception, dépend de quelque chose ou de quelqu'un. Donc sans occulter les besoins et dépendances spécifiques en fonction de sa situation, son contexte, son vécu, etc.
2. On ne parle pas ici des dettes tout à fait légitimes pour financer de chouettes projets, les systèmes de protection sociale, etc.
3. Camille Bruneau, Christine Vanden Daelen, (2022). Nos vies valent plus que leurs crédits : face aux dettes, des réponses féministes. Le passager clandestin.
4. Commission pour la vérité sur la dette grecque (2015) : « Définition des dettes illégitimes, illégales, odieuses et insoutenables », https://www.cadtm.org/ Definition-des-dettesillegitimes
5. Les dettes coloniales se réfèrent en général aux dettes que les puissances colonisatrices avaient contractées pour financer l'entreprise coloniale, et qui ont été « transférées » aux pays colonisés lors de leur indépendance : ceux-ci doivent payer pour les crimes qu'on leur a infligés.
6. Voir par exemple Camille Bruneau et Christine Vanden Daelen (2022) ou Éric Toussaint (2017). Système Dette : Histoire des dettes souveraines et de leur répudiation. Les liens qui libèrent.
7. Camille Bruneau et Christine Vanden Daelen (2022), p. 232.
8. Citée dans Blanca Bayas (2017). Care debt : Patriarchy and capital on the offensive, Feminist economics as a proposal. Observatori del deute en la globalitzacio.
9. Camille Bruneau et Christine Vanden Daelen (2022), p. 231.
10. Voir notamment les divers travaux de Silvia Federici, Verónica Gago et Luci Cavallero.
11. Françoise Vergès (2019), Un féminisme décolonial, La Fabrique.
12. Joël Martine (2017). Le débat sur le care dans le féminisme nord-américain et sa convergence avec l'écoféminisme. Les possibles, n°14.
13. Camille Bruneau et Christine Vanden Daelen (2022), p. 232.
14. Valérie Gillioz (2019). La taxe rose fait débourser aux femmes plus de cent francs par mois, RTS. https://urlz.fr/nYZy
15. Voir par exemple le cas évident de la TVA dans Nos vies valent plus que leurs crédits, p. 159.
16. Certains types de crédits, aux taux d'intérêt généralement indécents, ciblent spécifiquement les femmes, comme « prêts pour femmes » et les crédits à la consommation en Amérique du Sud ou les microcrédits dans de nombreux pays africains ou d'Asie du Sud.
17. Camille Bruneau et Christine Vanden Daelen (2022), p. 225.
18. Ariel Salleh (dir.) (2009). Eco-Sufficiency & Global Justice : Women write political ecology. Pluto.
19. J. K. Gibson-Graham (2008). Diverse economies : performative practices for "other worlds". Progress in human geography, 32(5).
20. Camille Bruneau et Christine Vanden Daelen (2022), p. 233.
21. Camille Bruneau et Christine Vanden Daelen (2022), p. 264.
22.Yolanda Fernandez Vargas (2019). Propositions écoféministes commes alternatives aux coupures budgétaires. https://www.cadtm.org/propositions-ecofeministe-comme-alternatives-aux-coupures-budgétaires.

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Changer les mots, bouger les rapports de force

16 janvier 2024, par Sylvie Tissot — , ,
On s'attendait, après l'intervention d'Emmanuel Macron le 20 décembre puis la publication dans Le Figaro de la tribune en soutien à Gérard Depardieu, à un concert de voix (…)

On s'attendait, après l'intervention d'Emmanuel Macron le 20 décembre puis la publication dans Le Figaro de la tribune en soutien à Gérard Depardieu, à un concert de voix reprenant les arguments bien connus de l'Art et de l'Artiste, de l'Homme et de l'œuvre.

Photos et article tiré de LMSI

par Sylvie Tissot
5 janvier 2024

On pouvait déjà anticiper la défense bien hypocrite de la « présomption d'innocence » et de « la justice qui doit faire son travail », sans « polémique » bien-sûr. On retenait notre envie de vomir en lisant l'obscène dénonciation du « lynchage » de l'« homme à terre » – ou (dixit notre président lui-même) de la « chasse à l'homme », à propos d'un individu se définissant lui-même, dans les abjectes images de son compère Yann Moix, comme « un chasseur », qui « sait », parce qu'il est chasseur, que ce sont « les femmes qui ne veulent pas attirer l'attention » qui « attirent le plus »…

On soupirait à l'avance, fatiguées des attaques contre la cancel culture, les wokes et les « néo-féministes ».

Mais rien de tout cela n'est arrivé. Et nous voici, une semaine plus tard, et un pied dans la nouvelle année, avec deux contre-pétitions, des centaines de signatures, une presse mainstream (Le Monde, Elle, etc) condamnant franchement le président et une débandade quasi généralisée parmi les signataires de la première tribune.

La déconstruction des « totems » (« génie du 7ème art ! », « monstre sacré ! ») brandis depuis des lustres pour défendre les hommes violents est enfin audible.

Des mots qu'on croyait limités à des cercles confidentiels sont enfin prononcés publiquement : « abus de pouvoir » et « rapports de domination ».

Encore plus extraordinaire : plus personne ne vient se poser en résistant face à l'ennemi extérieur quand la télévision publique suisse écarte Depardieu de sa programmation.

Il est vrai que, depuis quelques temps déjà, ledit Depardieu était devenu moins bankable dans le milieu du cinéma, et les « mais c'est Gérard… » sans doute plus rares sur les plateaux de tournage et dans les cabines de maquillage.

Il est vrai que les commentaires dégueulasses enregistrés en Corée ciblent une enfant, et « pas seulement des femmes » – dont on s'offusque peu qu'elles soient la cible de « grossièretés », pour reprendre l'euphémisme d'Elizabeth Lévy. Le fait, par ailleurs, que l'initiateur de la pétition publiée dans Le Figaro se soit avéré grenouiller à l'extrême-droite a également joué un rôle dans ce retournement spectaculaire.

Mais les conditions bien particulières qui permettent les victoires importent finalement peu. La victoire est bien là. L'opération sauvetage de « Gégé » a complètement capoté.

Et avec elle, la vieille rhétorique mascu maquillée en exception française semble s'être effondrée comme un château de carte. Ou plutôt, loin de sa vocation naguère « universelle », elle spécifie désormais non seulement un petit pays et une petite élite, mais aussi un camp politique bien délimité : celui de l'extrême droite. Seul un Emmanuel Macron aux abois, résolument engagé dans le tourbillon de lalepénisation, peut encore y voir une ressource politique.

Il reste maintenant aux féministes à continuer le combat, à dénoncer, à parler haut et fort. Les mentalités changent peut-être. Progressivement, les hommes – ou plutôt des hommes – s'y font et changent aussi. Mais nous le savons : seules les luttes modifient les rapports de pouvoir. Tout en se réjouissant de ce beau cadeau de fin d'année, gardons donc nos forces.

Pensons aussi aux femmes qui, en attendant d'autres victoires, continuent à travailler gratuitement-, à faire à manger aux hommes, à les soigner, à les écouter, et, par-dessus le marché, à se faire taper, humilier, violer, tuer.

Pensons aussi aux milliers de femmes migrantes qui périssent en Méditerranée. Pensons à celles qui meurent sous les bombes et dans les décombres, pensons à toutes les femmes parmi les plus de 20 000 personnes déjà mortes à Gaza.

Et espérons que, là aussi, l'obscénité de certains mots et l'absurdité de certaines expressions ne puissent bientôt plus échapper à personne. Rêvons qu'un jour, parler de la « misère du monde » qui « déferle » à « nos portes », et que « nous » ne « pouvons plus accueillir », apparaisse comme une véritable « sentence de mort », que l'association entre immigration et délinquance – désormais assénée à chaque prise de parole par un Macron comme par un Darmanin – soit un jour perçue majoritairement, comme elle fut naguère, comme un argument raciste.

Rêvons qu'un jour aussi personne ne puisse sans honte parler d' « armée la plus morale du monde » à propos d'Israël.

Parce que c'est seulement à ce prix que la paix sera possible, utilisons les mots qui s'imposent pour désigner, dans l'effroi qui nous envahit, l'occupation, l'apartheid, la colonisation et l'opération en cours d'annihilation des Palestiniens et des Palestiniennes de Gaza.

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Six organisations de femmes arabes, dont Na’am Arab Women in the Center, ont publié une prise de position contre la violence à l’égard de toutes les femmes pendant cette guerre

Les féministes du monde entier ont fait des efforts remarquables pour s'opposer au silence des femmes et à la remise en question de leur voix, en particulier en période de (…)

Les féministes du monde entier ont fait des efforts remarquables pour s'opposer au silence des femmes et à la remise en question de leur voix, en particulier en période de conflit et de guerre, où les femmes subissent souvent les pires conséquences.

Tiré de Entre les lignes et les mots
https://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2023/12/25/notre-feminisme-est-indivisible-les-droits-de-lhomme-sont-indivisibles/

Leurs avancées significatives dans la lutte contre les agressions sexuelles en temps de guerre ont conduit à l'adoption de la résolution 1325 des Nations unies, qui met l'accent sur la participation, la protection et la représentation des femmes pendant les conflits armés. En outre, la résolution 1820 a joué un rôle crucial dans la protection des femmes contre le viol et la violence sexuelle pendant les guerres et les conflits.

Il est essentiel de ne pas douter de la crédibilité des revendications ou des orientations prises par les femmes ou leurs proches lorsqu'ils s'adressent à des organisations spécialisées dans ces questions. Le corps des femmes ne devrait jamais être exploité à des fins politiques.

Les femmes qui ont subi une agression ont le droit de recevoir le soutien médical, psychologique et émotionnel nécessaire. Elles doivent avoir la liberté de choisir avec qui partager leur expérience et quelles informations divulguer. En tant qu'organisations féministes palestiniennes, nous nous opposons à toutes les formes de violence, non seulement pendant les guerres ou au sein des familles, mais dans tous les contextes.

Nous nous opposons avec véhémence à l'occupation, au racisme, à la discrimination, à la domination masculine et à l'extrémisme, quels que soient l'époque ou le lieu. Notre position ferme contre les agressions sexuelles, le harcèlement et le viol reste inébranlable, et nous soutenons toutes les femmes qui s'expriment, indépendamment de leur nationalité, de leur religion ou de leur appartenance ethnique.

Nous ne remettons pas en question les rapports des organisations israéliennes qui luttent contre les agressions sexuelles à l'encontre des femmes israéliennes concernant les événements du 7 octobre et les violences sexuelles qu'elles ont subies.

Dans ce contexte, nous appelons les femmes, les militantes féministes et les personnes actives dans les organisations de femmes en Israël qui ont élevé la voix contre les événements du 7 octobre et les violences sexuelles qu'elles ont subies à s'y opposer et à condamner hardiment toutes les violations, y compris les meurtres, les démolitions et les déplacements qui se produisent dans la guerre implacable contre le peuple palestinien, affectant particulièrement les femmes et les enfants à Gaza. Les intimidations, les menaces et les difficultés rencontrées par les femmes lors des détentions ne doivent pas être négligées.

Enfin, il est essentiel de se rappeler que toute violation, sous quelque forme que ce soit, est un acte d'oppression qui ne peut être justifié. Nos valeurs féministes nous dictent de ne pas accepter d'excuses pour la violation des droits de l'homme.

Organisations de femmes arabes contre le viol
Organisations féministes palestiniennes
Na'am Arab Women in the Center.
3 décembre 2023 :
https://www.awc-naam.com/post/arab-women-s-organizations-against-rape
https://europe-solidaire.org/spip.php?article69109

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La violence contre les femmes est au centre de la campagne dans les régions d’Afrique australe et orientale

Dans le cadre des activités liées à la « Journée internationale pour l'élimination de la violence à l'égard des femmes », huit organisations LVC d'Afrique australe et orientale (…)

Dans le cadre des activités liées à la « Journée internationale pour l'élimination de la violence à l'égard des femmes », huit organisations LVC d'Afrique australe et orientale ont promu des activités pour réfléchir sur le sujet, du point de vue des paysannes.

Tiré de Entre les lignes et les mots
https://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2023/12/29/la-violence-contre-les-femmes-est-au-centre-de-la-campagne-dans-les-regions-dafrique-australe-et-orientale/#

Le 25 novembre est célébrée la « Journée internationale pour l'élimination de la violence à l'égard des femmes ». Partout dans le monde, les organisations membres de La Via Campesina ont dénoncé les formes de violence subies par les femmes partout dans le monde, dans le cadre des luttes contre le capitalisme, le patriarcat, le racisme, le colonialisme et l'avancée du fascisme. Sur le chemin de ce mouvement mondial, les régions d'Afrique australe et orientale ont également pu compter sur les actions menées par huit organisations affiliées à Via Campesina. Les impacts du coût de la vie élevé, de l'accumulation de travail à l'intérieur et à l'extérieur du foyer, de la discrimination et des différents types de violence qui affectent la vie quotidienne des paysannes de ces territoires ont été discutés. Les événements comprenaient des marches, des cercles de conversation, des ateliers, des foires et bien plus encore..

Au Kenya, laKenyan Peasants League (KPL) a organisé une réunion publique dans le but de sensibiliser la communauté agricole à l'utilisation de pesticides chimiques interdits dans le pays. Le centre de secours Migori y a également été ouvert, où les femmes confrontées à des violences peuvent désormais rester pendant qu'elles demandent justice, avec le soutien du KPL.

Les organisations sud-africaines ont également encouragé des activités visant à lutter contre la violence à l'égard des femmes. Parmi elles, les actions du Mouvement des Peuples Sans Terre (LPM) ont souligné l'importance pour les hommes de rechercher une aide professionnelle plutôt que d'assassiner les femmes lorsqu'elles sont confrontées à des difficultés dans leur famille. Dans le même thème de sensibilisation masculine, lors d'un événement virtuel le 13 décembre 2023 promu par le LVC Southern Eastern Africa (SEAf) le même ton, Susan Mboniswa, de la Réforme Agraire pour South African Food Sovereignty Campaign (FSC), a déclaré : « nous sommes des épouses, mais pas des esclaves ».

La session virtuelle a conclu la campagne 2023 du LVC SEAf pour éliminer la violence à l'égard des femmes. Au cours du dialogue, des évaluations ont été faites sur le cycle d'actions entreprises par les membres du LVC dans la région entre fin novembre et début décembre 2023. La conversation comprenait également un bref retour sur la participation de certains représentants de ces institutions, au cours du 6ème Assemblée Internationale des Femmes, tenue à Bogota, le 2 décembre. Le groupe a célébré avec enthousiasme l'élection du continent africain pour accueillir la prochaine Conférence Internationale de la Via Campesina, qui aura lieu dans les quatre prochaines années.

Les autres organisations faisant partie du territoire couvert par LVC Seaf, qui constituaient la réunion virtuelle, étaient les suivantes : União Nacional de Camponeses (UNAC) – Mozambique ; Mtandao wa Vikundi vya WakulimaTanzania (MVIWATA) – Tanzanie ; Zimbabwe Smallholder Organic Farmers Forum (ZIMSOFF) – Zimbabwe ; Confédération Paysanne du Congo (COPACO) – Congo ; et Eastern and Southern Africa Small-scale Farmers' Forum (ESAFF) – Ouganda). Cette dernière a même lancé un podcast spécialement pour sensibiliser aux dangers et aux effets des violences faites aux femmes et aux filles.

Pour en savoir plus sur les activités menées par LVC en Afrique orientale et australe, suivez nos pages Instagramet Twitter (X).

https://viacampesina.org/fr/la-violence-contre-les-femmes-est-au-centre-de-la-campagne-dans-les-regions-dafrique-australe-et-orientale/
Ending Violence Against Women in Southern and Eastern Africa
https://viacampesina.org/en/ending-violence-against-women-in-southern-and-eastern-africa/
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Kirghizistan : Des femmes et filles handicapées confrontées à la violence domestique

Le gouvernement devrait renforcer les mesures contre la discrimination, faire appliquer les lois existantes et réviser certaines d'entre elles Tiré de Entre les lignes et (…)

Le gouvernement devrait renforcer les mesures contre la discrimination, faire appliquer les lois existantes et réviser certaines d'entre elles

Tiré de Entre les lignes et les mots
https://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2023/12/28/kirghizistan-des-femmes-et-filles-handicapees-confrontees-a-la-violence-domestique/

Au Kirghizistan, de nombreuses femmes et filles handicapées subissent divers abus – passages à tabac, négligence et humiliation– souvent aux mains de leurs proches

Le gouvernement a fait de la lutte contre la violence domestique une priorité, mais les lois ne prennent pas en compte les besoins particuliers des femmes et des filles handicapées, les exposant ainsi au risque de violence de manière continue.

Le Kirghizistan devrait aligner sa législation sur le droit international, faciliter l'éducation et l'indépendance financière des femmes et des filles handicapées, et améliorer la formation des fonctionnaires dans ce domaine.

(Berlin) – AuKirghizistan, de nombreuses femmes et filles handicapées subissent divers abus – passages à tabac, négligence et humiliation – souvent aux mains de leurs proches, a déclaré Human Rights Watch dans un rapport publié aujourd'hui. Le gouvernement kirghiz a pris des mesures positives ces dernières années pour lutter contre la violence domestique et défendre les droits des personnes handicapées, et devrait agir dès maintenant pour protéger les femmes handicapées contre ce type de violence.

Le rapport de 63 pages, intitulé « Abused by Relatives, Ignored by the State' : Domestic Violence against and Neglect of Women and Girls with Disabilities in Kyrgyzstan » (« Maltraitées par des proches, ignorées par l'État : Violences domestiques subies par des femmes et filles handicapées au Kirghizistan »), documente comment la violence perpétrée contre les personnes handicapées au Kirghizistan par des proches ou des partenaires reste souvent non signalée et non traitée en raison d'une discrimination généralisée, en particulier envers les femmes et les filles handicapées. Les familles ont souvent honte d'elles, et les tiennent à l'écart de toute vie sociale. Les forces de l'ordre et les organes judiciaires ignorent ou minimisent souvent les cas de violence signalés, et le manque de refuges et d'autres services pour les survivantes de violences domestiques handicapées entrave leur capacité à échapper aux abus.

« La lutte contre la violence domestique est depuis longtemps une priorité pour le gouvernement kirghize et la société civile, mais les lois ne prennent pas en compte les besoins particuliers des femmes et des filles handicapées, ce qui les expose au risque de violences continues », a déclaré Syinat Sultanalieva, chercheuse sur l'Asie centrale à Human Rights Watch et auteure du rapport. « Le Kirghizistan s'est engagé à promouvoir et à protéger les droits humains des femmes et des personnes handicapées et devrait tenir ses promesses. »

Deux lois importantes, visant d'une part à assurer les droits des personnes handicapées, et d'autre part à prévenir la violence domestique, ont été adoptées respectivement en 2008 et en 2017 ; mais elles ne contiennent pas de dispositions spécifiques pour protéger les femmes et les filles handicapées contre la violence domestique. Ces deux lois sont actuellement réexaminées par le Parlement.

Human Rights Watch a mené dans trois provinces du Kirghizistan des entretiens avec 56 personnes : des femmes et filles handicapées ayant subi des violences domestiques, des prestataires de services de soin, des dirigeants communautaires et des experts. Le rapport documente des cas de violences physiques, psychologiques et sexuelles, ainsi que des pressions économiques, infligées par des membres des familles de ces femmes et filles, ou de leurs partenaires ou anciens partenaires. Human Rights Watch a présenté les conclusions du rapport aux ministères concernés du gouvernement kirghize, et a intégré leurs réponses dans son rapport.

Texte complet en anglais :en ligne ici.

https://www.hrw.org/fr/news/2023/12/14/kirghizistan-des-femmes-et-filles-handicapees-confrontees-la-violence-domestique

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