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Grande manifestation pour la suite du monde partout au Québec
Le mouvement Pour la suite du monde lance un appel à l'action et à la mobilisation à travers le Québec le 27 septembre prochain afin d'exiger la mise en place d'actions concrètes en faveur de la transition sociale et environnementale.
Depuis plusieurs années, la société civile québécoise étudie, documente, consulte, se concerte et s'entend sur des principes et des actions pour réaliser et mettre en œuvre cette transition.
À l'inverse, le gouvernement ne veut rien entendre, navigue sans planification adéquate, ni direction claire. C'est de ce ras-le-bol qu'est né notre mouvement.
👉 Nous demandons un dialogue social pour mettre en oeuvre une véritable transition écologique et sociale, car c'est ensemble que nous pourrons construire le Québec de demain.
Les décideurs sont en mesure de faire des choix courageux pour mener la société vers un avenir plus sécuritaire, écologique et juste.
Il est temps de créer un rapport de force et de reprendre le pouvoir d'agir sur l'avenir du Québec.
💪📢 Sortons dans les rues le 27 septembre pour exiger une véritable transition écologique et sociale !
Montréal : https://www.facebook.com/share/8PtixWhJRRSBnu4f/
Québec : https://www.facebook.com/share/RvQLEocynacEX9Uk/
Joliette : https://fb.me/e/1y9dZ2dn7
Sherbrooke : https://www.facebook.com/share/tRhVeGu7JRgfRs1r/
Gaspé : https://www.facebook.com/events/7825597804230297/
Saint-Jérôme : https://www.facebook.com/share/71H3zBhWBoHMAD85/
Plusieurs manifestations auront lieu partout au Québec. Restez à l'affût !
Visitez notre site web : pourlasuitedumonde.ca
Dialogue difficile avec le gouvernement Legault sur la transition sociale et environnementale : 50 organisations appellent à manifester le 27 septembre
MONTRÉAL, le 29 août 2024 - Les représentant-e-s de 50 organisations de la société civile appellent la population à manifester dans les rues l e 27 septembre prochain pour dénoncer un dialogue difficile avec le gouvernement Legault et des avancées trop lentes et insuffisantes en matière de transition sociale et environnementale. Selon elles et eux, « les décisions prises en vase clos ne peuvent plus continuer ».
Lors du lancement du mouvement Pour la suite du monde le 22 mai dernier, les partenaires ont sollicité une rencontre avec le gouvernement québécois afin de réclamer la mise en place d'actions concrètes en faveur d'une véritable transition sociale et environnementale. Cet appel à une plus grande participation démocratique dans la prise de décision demeure encore à ce jour sans réponse de la part du gouvernement Legault.
Une politique menée à tâtons
En plus de ne pas répondre à cette demande de dialogue, le gouvernement du Québec refuse de prendre acte de l'urgence d'agir dans plusieurs domaines, en plus de poursuivre un agenda législatif et économique parfois incompatible avec ses obligations environnementales.
La procrastination dans le dossier du caribou, un projet de loi sur l'exploitation minière qui effleure à peine les demandes de la société civile, un projet de loi sur l'énergie au service d'une politique industrielle aux visées imprécises et qui ne répond pas pleinement aux besoins de décarbonation, le manque de financement pour les réseaux de transport collectifs existants sont tous des symptômes du manque de dialogue avec la société civile et d'écoute envers les solutions concrètes promues par celle-ci.
Des solutions prêtes à mettre en oeuvre
Les signaux sont tous au rouge : un autre été catastrophique, marqué par des épisodes de pluies diluviennes dévastatrices, des records de température élevée, des feux de forêt incontrôlables et leurs conséquences sur nos activités quotidiennes, notre économie et notre santé. Dans ce contexte, la société civile mobilisée affiche aujourd'hui un front uni afin d'appeler le gouvernement Legault à mettre en place les solutions avancées par nos organisations pour accélérer la transition sociale et environnementale et adapter le Québec aux défis de demain.
Depuis le 22 mai dernier, le mouvement a accueilli en son sein une dizaine de nouvelles organisations, portant le nombre de partenaires représentés à plus de 50. Leur appel à un véritable dialogue avec le gouvernement se fera entendre le 27 septembre prochain lors de la grande journée de mobilisation qui s'organise à travers la province. La population est invitée à descendre dans la rue afin de joindre sa voix à celle des organisations membres.
Des manifestations sont actuellement prévues à Montréal, Québec, Sherbrooke, Joliette, Gaspé, Saint-Jérôme et Nicolet. D'autres villes s'ajouteront à la liste prochainement.
Ce qu'ils et elles en disent
« Si nous voulons réellement diminuer nos émissions de GES de façon significative, on ne peut pas miser seulement sur un projet de la filière batterie : il faut mettre en place plusieurs projets structurels et collectifs qui touchent à l'ensemble des sphères de la société. Il est grand temps de donner un coup de barre si on veut réduire l'impact négatif des changements climatiques. Les travailleuses et les travailleurs du Québec demandent formellement aux gouvernements du Québec et du Canada d'enfin mettre en place un plan clair et un financement suffisant pour s'assurer d'une vraie transition écologique et sociale qui ne laisse personne derrière. » affirment les organisations du secteur syndical.
« Notre système économique basé sur l'extraction débridée de ressources naturelles, le gaspillage et la destruction du vivant est à transformer. Il est urgent de réapprendre à vivre en harmonie avec la nature, en s'éloignant de cette logique nocive et dangereuse de croissance infinie. Nous devons décider ensemble de notre avenir commun afin de faire face aux enjeux socio-environnementaux auxquels nous sommes confrontés. C'est pourquoi les gouvernements doivent écouter la société civile, mettre en œuvre les solutions qui existent déjà, et agir sans plus tarder pour une transition socioécologique qui nous permettra de vivre collectivement en sécurité et en santé. »
- Thibault Rehn, Vigilance OGM, représentant du secteur environnemental
« Cela fait des années que le mouvement communautaire tire la sonnette d'alarme devant un filet social québécois qui s'évapore à vitesse grand V. En y ajoutant les impacts dévastateurs de la crise climatique et celle de la biodiversité sur les populations que nous soutenons au quotidien, l'accroissement des injustices et des inégalités s'accélère et nous fait craindre le pire pour notre futur collectif. Enclencher une transition écologique juste et respectueuse des droits humains, c'est ne laisser personne derrière, surtout pas les plus vulnérables. »
- Claudia Fiore-Leduc, Réseau québécois pour l'action communautaire autonome, représentante du secteur communautaire
« L'avenir de notre planète ne doit pas reposer uniquement sur les épaules de la jeunesse. La crise climatique concerne tout le monde. Face à l'inaction des gouvernements, nous avons besoin de l'engagement et de la mobilisation de chaque personne citoyenne pour faire face à ce défi crucial. Les autorités doivent assumer leurs responsabilités et prendre des mesures concrètes pour assurer un avenir durable pour toutes et tous. »
- Marie Maltais, étudiante, représentante du secteur jeunesse
« De plus en plus de gens se rendent compte des liens étroits entre la santé environnementale et la santé humaine, de même qu'avec la justice sociale, et l'acceptabilité sociale des projets y est d'ailleurs aussi de plus en plus associée. Le gouvernement québécois doit enfin entendre et prendre en compte les solutions qui sont discutées dans la société civile, par rapport aux possibilités et aux importants bénéfices qu'elles comportent. Pour la santé de tous et toutes, à travers tout le Québec - citoyen.ne.s, patient.e.s et professionnel.le.s de la santé, et même de notre économie, de concert avec une réduction des coûts de notre système de santé. »
- Patricia Clermont de l' Association québécoise des médecins pour l'environnement, représentante du secteur de la santé
« Que le veuille ou non le gouvernement actuel, la transition socio-écologique est inévitable. Les limites planétaires et sociales ont été atteintes et notre système économique actuel ne fonctionne que pour une minorité d'individus. Un changement de logique économique est donc essentiel, mais surtout possible. Au Québec, des modèles économiques qui prennent soin à la fois des personnes et de la planète existent et sont déjà bien ancrés. Le gouvernement doit reconnaître et soutenir les secteurs, les entreprises et la diversité de personnes qui travaillent à absorber les chocs des changements climatiques et à réduire notre empreinte carbone. Parce qu'une transition peut seulement fonctionner si tout le monde fait partie de la solution. »
- Julie McClatchie, Oxfam-Québec, représentante du secteur de l' économie
« Nous subissons aujourd'hui la dépossession tranquille de nos meilleurs acquis économiques, sociaux et environnementaux. Le gouvernement du Québec n'a aucune vision structurante de la transition écologique et il continue de se préoccuper davantage des profits des multinationales que de la protection de nos joyaux naturels et du bien commun. Les Québécoises et Québécois n'ont certainement pas voté pour ça. »
- Louise Morand, Regroupement Vigilance Énergie Québec, représentante des regroupements citoyens
« La démocratie et la participation citoyenne devraient être au cœur de la transition énergétique, sociale et écologique. Le refus massif d'un trop grand nombre d'élus de tous les paliers, mais particulièrement du palier municipal, d'impliquer activement la population dans les décisions à prendre témoigne d'un manque de volonté politique et de vision pour notre avenir collectif. »
- Rachel Fahlman, porte-parole du regroupement d'élu.e.s municipaux Vent d'élus
Le Québec fait face à des décisions importantes. Il est impératif que les décisions ne soient pas prises derrière des portes closes, mais plutôt en collaboration et en dialogue avec la société civile pour que cette transition sociale et environnementale nécessaire se fasse au bénéfice de tous et toutes.
L'ensemble des mobilisations sont répertoriées sur le site Pourlasuitedumonde.ca .
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SOURCE Collectif Pour la suite du monde
Anthony Côté-Leduc, acoteleduc@equiterre.org, (514) 605-2000
Gabriel Danis, danis.gabriel@lacsq.org, (514) 219-1485
À propos du Collectif pour la suite du monde
Nous sommes un mouvement réunissant des organisations syndicales, environnementales, de santé, communautaires, étudiantes, économiques ainsi que des collectifs citoyens et d'élus autour d'une vision démocratique de la transition environnementale et sociale.
À travers diverses actions, nous nous mobilisons afin de forcer nos gouvernements à mettre en place des solutions démocratiques porteuses de justice sociale et environnementale.
Notre mouvement rassemble une cinquantaine d'organisations, représentant plus de deux millions de personnes.
https://pourlasuitedumonde.ca/
Organisations du mouvement Pour la suite du monde
Alliance du personnel professionnel et technique de la santé et des services sociaux (APTS), AREQ - Le mouvement des personnes retraitées CSQ, Association québécoise des médecins pour l'environnement (AQME), Attac Québec, Centrale des syndicats démocratiques (CSD), Centrale des syndicats du Québec (CSQ), Chantier de l'économie sociale, Coalition Alerte à l'Enfouissement RDN (CAER), Coalition Québec meilleure mine, Coalition Québécoise des lacs incompatibles avec l'activité minière (QLAIM), Coalition Verte / Green Coalition , Confédération des syndicats nationaux (CSN), Cyclo Nord-Sud, Demain Verdun, Eau Secours, ENvironnement JEUnesse, Équiterre, Fédération autonome de l'enseignement (FAE), Fédération des travailleurs et des travailleuses du Québec (FTQ), Fédération étudiante collégiale du Québec (FECQ), Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec-FIQ, Fondation David Suzuki, Fondation Monique-Fitz-Back, Fondation Rivières, Front commun pour la transition énergétique, Greenpeace Canada, La planète s'invite au parlement, L'Assomption en Transition, Les ami.e.s de la Forêt du lac Jérôme, sa rivière, son ruisseau, ses milieux humides et ses sentiers, Les oubliés de l'autobus, Mères au front, Mouvement d'action régional en environnement (MARE), Mouvement d'éducation populaire et d'action communautaire du Québec (MÉPACQ), Mouvement Démocratie Nouvelle, Nature Québec, Oxfam Québec, Réalité climatique Canada, Regroupement écocitoyen de Sainte-Marthe-sur-le-Lac, Regroupement Vigilance Énergie Québec (RVÉQ), Réseau québécois de l'action communautaire autonome (RQ-ACA), Réseau québécois des groupes écologistes (RQGE), Société pour la nature et les parcs (SNAP Québec), Solidarité pour l'environnement à Sutton (SES), Syndicat de la fonction publique et parapublique du Québec, Syndicat de professionnelles et professionnels du gouvernement du Québec, Table de pastorale sociale des diocèses catholiques du Québec, Travailleuses et travailleurs pour la justice climatique (TJC), Union étudiante du Québec (UEQ), Vigilance OGM, Vent d'élus.
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De la filière batterie au Plan d’ action 2035 et au projet de loi 69
Si ni la réduction de GES ni la création d'emploi ne sont les buts réels du développement de la filière batterie tout en profitant d'abord et avant tout aux transnationales hors Québec, comme on l'a constaté dans l' article précédent portant sur l'analyse de la filière batterie, qu'est-ce qui motive l'engouement des gouvernements ? La loi 69 « pour moderniser les lois entourant l'énergie » en fournit la clef. Avant d'y arriver, il faut cependant passer par la médiation du « Plan d'action 2035 » d'Hydro-Québec indispensable à la réalisation de la filière batterie :
Hydro-Québec a dévoilé [au début novembre 2023] son « Plan d'action 2035 – Vers un Québec décarboné et prospère », qui prévoit des investissements sans précédent de 155 à 185 milliards de dollars d'ici 2035, soit une moyenne annuelle de 12 à 16 milliards de dollars. Cela équivaut aussi à des investissements 50 % plus élevés, en dollars constants de 2023, que lors des années de développement de la Baie-James.
Uniquement pour « répondre à la croissance de la demande », qui serait appelée à doubler à l'horizon 2050, la société d'État prévoit investir dans un premier temps de 90 à 110 milliards de dollars au cours des 12 prochaines années. Ces sommes sont nécessaires pour ajouter de 8000 à 9000 mégawatts (MW) de puissance au cours de cette période…
L'énergie éolienne sera aussi appelée à jouer un rôle beaucoup plus important dans la province, puisque la société d'État prévoit « tripler la production » d'ici 2035, afin d'ajouter 10 000 MW de nouvelles capacités éoliennes…
Au-delà de la consommation en forte croissance, la société d'État souhaite « doubler les économies d'énergie » afin d'atteindre 3500 MW d'ici 2035.
Dans ce contexte, la filière solaire devrait faire partie du paysage énergétique du Québec dans les prochaines années, tout comme le développement de la capacité de stockage de l'énergie produite.
Si les principaux bénéficiaires de la filière batterie sont les transnationales étrangères, l e Plan d'action 2035 devrait réserver aux entreprises québécoises une meilleure place. L'entreprise privée québécoise s'est taillé un bon créneau dans la génération de l'énergie éolienne qui occupe en ce moment une modeste part de la génération de l'électricité québécoise, le tout gracieuseté des client d'Hydro- Québec qui, selon l'IREC, « [d]epuis 2009, […] ont payé plus de 6,09 G$ pour la priorité accordée au développement de la filière éolienne par des investisseurs privés. » D'ajouter le chercheur de l'IREC :
« Depuis vingt-cinq ans, on a créé les conditions d'une éventuelle privatisation de la production d'électricité au Québec. C'est exactement le modèle qui a été mis en place au tournant des années 2000 quand on s'est conformé à l'ALENA dans le but d'exporter notre électricité. En ce moment, on est à un point tournant. La privatisation c'est maintenant que ça se passe ».
Une hausse inévitable du coût due à la rente propre aux ressources naturelles
Le projet de loi 69, déposé en juin 2024 comme plat principal du menu automnal de l'Assemblée nationale, ouvre la voie royale à la privatisation. De dire un titre du journal Les Affaires : « Projet de loi 69 : « c'est Noël » pour des PME » même si le Conseil du patronat s'inquiète de l'inévitable hausse des coûts de l'électricité pour l'entreprise privée :
Ce sont justement ces coûts qui inquiètent les entreprises. « On sous-entend qu'une hausse des tarifs d'électricité est inévitable pour les clients commerciaux et industriels, ce qui risque de miner leur compétitivité », a signifié Norma Kozhaya, vice-présidente à la recherche et économiste en chef au Conseil du patronat, par voie de communiqué. […] Mathieu Lavigne déplore qu'on traite encore différemment les clients résidentiels et commerciaux. En effet, Québec compte protéger les clients résidentiels, mais pas les commerces et les industries.
En effet, étant donné qu'en matière de ressources naturelles les meilleurs sites sont développés avant les moins rentables, le coût marginal des nouveaux projets, qui seront nombreux, sera mathématiquement supérieur au coût moyen « patrimonial » et que, politiquement parlant même pour la CAQ, il y a des limites à refiler la facture aux ménages qui historiquement ont pris pour acquis que l'hydroélectricité bon marché reste une conquête populaire de la « révolution tranquille » des années 60- 70. C'est ce qui explique la surprenante mansuétude du projet de loi 69 qui limite, sur l'horizon électoraliste de la prochaine élection, à 3% l'an les hausses de tarifs pour les ménages… quitte à mettre à contribution le gouvernement pour compenser Hydro-Québec. Cependant, « le projet de loi pointe vers une hausse tarifaire supérieure à 3 % et l'imposition de la tarification dynamique à partir de 2026, ce qui rend le sort des consommateurs incertain au-delà de cet horizon […car l]e projet de loi se contente d'énoncer que le gouvernement doit déterminer les modalités du programme… »
La privatisation par les contrats, la sous-traitance et des décisions centralisées
À cette exception près, la loi 69 encadrant le plan d'action 2035, sur cette lancée du libre-échange depuis le début du millénaire, donne un « [c]oup de barre pour le privé » comme le sous-titre Le Devoir :
... le projet de loi confie par ailleurs aux producteurs privés d'électricité le droit de distribuer leurs surplus d'énergie à un autre client situé « sur un emplacement adjacent [à leur] site de production ». …la réforme énergétique du ministre Fitzgibbon prévoit autoriser Hydro-Québec à se départir de davantage de ses centrales hydroélectriques au profit de petits intervenants, comme les municipalités ou les communautés autochtones. Si le projet de loi est adopté tel quel, la société d'État aura le droit de louer des installations hydroélectriques d'une capacité allant jusqu'à 100 mégawatts. M. Fitzgibbon souhaite ainsi qu'Hydro « focalise sur les gros projets » de barrages en laissant le contrôle des moyennes et des petites centrales à d'autres.
En ce qui concerne l'importante production éolienne prévue, jusqu'ici assurée grassement par l'entreprise privée en association avec les municipalités, la nouvelle donne des gigantesques parcs éoliens en régions éloignées dépasse la capacité des moyennes entreprises privées limitées aux modestes projets en zones habitées près des lignes de distribution d'Hydro-Québec, ce qui met à leur disposition toutes les infrastructures routières et distributives nécessaires à la rentabilité faramineuse de leurs projets. L'envers de la médaille est l'acceptabilité sociale qui fait de plus en plus défaut malgré l'appui intéressé des maires. La méthode nouvelle sera d'associer à Hydro-Québec, à parts égales, les peuples autochtones et les quelques municipalités blanches concernées dans ces zones nordiques. Comme ces peuples n'ont aucune expertise en développement éolien ni les fonds requis pour s'associer à la propriété de ces parcs, il leur faudra s'adresser au capital financier et aux entreprises expertes pour aller de l'avant, le tout garanti par Hydro-Québec ou directement par le gouvernement :
Le premier « méga-parc » éolien d'Hydro-Québec se déploiera au Saguenay–Lac- Saint-Jean, […]. Le projet, qui sera le deuxième en importance au monde, s'étendra sur un territoire équivalant à 13 fois l'île de Montréal.
Les deux communautés autochtones et la MRC seront partenaires et actionnaires du projet éolien, dont l'investissement est estimé à 9 milliards de dollars. Les participations seront réparties de manière égale entre les partenaires communautaires et Hydro-Québec, peut-on lire dans le communiqué de presse commun qui sera rendu public mercredi matin.
Le chef de l'Assemblée des Premières Nations du Québec et du Labrador, Ghislain Picard, a partagé ses doutes à propos de la capacité [financière] des communautés à investir dans de tels projets. Chaque communauté actionnaire devrait mettre sur la table des centaines de millions de dollars. Les communautés ne sont pas au niveau de l'industrie, il faudrait assurer une mise à niveau sur le plan du capital, croit Ghislain Picard, évoquant la possibilité de créer un fonds spécial qui pourrait être mis en œuvre par le gouvernement, où les communautés pourraient investir.
Cette percée prévue du privé ne s'accomplira pas par l'intermédiaire du spontanéisme du libre marché mais par la centralisation du pouvoir aux mains du super-ministre de l'Économie libéré du processus des appels d'offre :
Le projet de loi confie également au ministre la tâche d'établir et de mettre en œuvre un plan de gestion intégré des ressources, sorte de feuille de route pour l'atteinte des objectifs de carboneutralité en 2050.
Le projet de loi 69 vise aussi à retirer l'obligation, pour Hydro-Québec, de procéder par appels d'offres pour ses contrats d'approvisionnement en électricité.
L' enjeu clef : moins l' imposée privatisation que la « sobriété » esquivée
Les critiques n'ont pas tardé divisant le lot entre celles modérées et les autres plus radicales. Le plus surprenant, côté syndical, est la différence entre la FTQ qui regroupe la grande majorité des personnes syndiquées cols bleus, dont celles d'UNIFOR syndiquant des entreprises et celles de la construction, et le SCFP, membre de la FTQ, qui syndique les personnes employées par Hydro-Québec. Si la FTQ évoque des craintes vis-à-vis la centralisation et la privatisation, elle « compte bien participer au processus de consultation dans un esprit positif… ». Le SCFP parle plutôt d' un « pas de recul gigantesque pour les personnes citoyennes du Québec. » Il précise que « nous assistons à une avancée pour les entreprises privées et les fonds d'investissement [et que] la tarification dynamique, mise en place à partir du 1 er avril 2026, est une mesure régressive qui pénalisera les ménages à faible revenu. » De cette critique émane quelques timides éléments concrets d'une politique alternative : « Le SCFP estime que des efforts devraient plutôt être faits pour l'efficacité énergétique. […] « Diminuons la demande résidentielle, commerciale et institutionnelle en améliorant la performance des équipements de chauffage et de l'éclairage… » Quant à la critique de la CSN, elle navigue entre les deux positions.
Parmi les autres organisations membres du Front commun pour la transition énergétique, plusieurs se situent dans le camp des modérées à la FTQ mais d'autres comme Greenpeace, l'IRIS, le Réseau vigilance énergie Québec (RVÉQ) prennent des positions plus tranchées.Greenpeace ne craint pas, au-delà de l'enjeu de la privatisation, de poser l'enjeu fondamental de la sobriété :
« La proposition du ministre Fitzgibbon est inquiétante à plusieurs égards, car elle menace la décarbonation du Québec et ouvre toute grande la porte à une plus grande privatisation de l'électricité au Québec. Alors que la sobriété énergétique et la réduction des émissions de gaz à effet de serre de l'économie actuelle devraient être les priorités absolues, le ministre met la table pour augmenter la production d'électricité en vue d'alimenter de nouvelles industries qui vampiriseront des mégawatts qui ne seront pas disponibles pour se libérer des hydrocarbures.
Soulignons la prise de position d'Équiterrehttps://www.equiterre.org/fr/articl..., pourtant habituellement fort modéré, qui met le doigt sur la contradiction clef du projet de loi 69 sans toutefois suggérer des alternatives : « …le gouvernement parle des deux côtés de la bouche. Le ministre souligne l'importance de la sobriété et de la diminution de la consommation, mais l'objectif réel c'est d'accélérer la production énergétique. […] le projet de loi est clair : c'est la politique cadre sur les changements climatiques qui devra s'ajuster au plan intégré des ressources et non l'inverse. » Le RVÉQ va dans le même sens mais en plus invoque l'enjeu démocratique :
Une nécessité de décarboner la société québécoise doit être la priorité, mais il semble encore une fois que le développement de l'industrie soit le moteur de la réforme proposée. Une décarbonation ne doit pas être articulée uniquement sur une production supplémentaire d'énergie, il est essentiel que des programmes d'efficacité et de sobriété énergétique soient mis de l'avant. Dans le projet de loi présenté il est question d'efficacité énergétique et de gestion de la demande, mais cela semble référer à des mesures ponctuelles et rien en termes de vision d'ensemble. Quant au mot « sobriété » il n'apparaît nulle part.
Autre considération, aller vite c'est aussi consulter qu'en surface et surtout ne pas permettre à la population plus large de prendre part au débat, c'est un déni de démocratie. Au gouvernement nous décidons, ils payeront, c'est l'idée générale. La transition énergétique est une chose trop sérieuse pour la laisser entre les mains d'un seul ministre, c'est une transformation profonde qui demande l'assentiment de la majorité de la population pour que le mouvement soit compris et accepté par la majorité.
Notons que dans le même sens que le RVÉQ, l'Union des municipalités du Québec « a demandé que les citoyens soient activement impliqués dans la planification de cette transition énergétique. » Comme quoi « développement de l'industrie » rime avec autoritarisme (centralisation) le moyen terme étant la privatisation comme le souligne l'IRIS qui fait le lien avec l'austérité :
Le projet de loi déposé aujourd'hui, dont l'objectif est de transformer le cadre réglementaire entourant la distribution et la production d'électricité au Québec de manière à attirer des investissements privés, s'inspire du modèle développé en Alberta. Dans cette province, le secteur de l'électricité est libéralisé, c'est-à-dire que la production et la distribution sont contrôlées par des entreprises privées, à l'instar de l'époque pré-nationalisation au Québec. […] Le but est d'accroître la production d'électricité sans engager les fonds publics colossaux requis.
Côté partis politiques, pendant que les Libéraux provinciaux dénonçaient le choc tarifaire à prévoir à partir de 2026, pour le Parti québécois « Hydro-Québec, c'est une richesse collective, c'est un levier économique central pour l'avenir du Québec. Ce qu'on ne veut pas voir arriver, c'est cette fameuse socialisation des investissements, des pertes, de la gestion des risques et [une] privatisation des profits. » Quant à Québec solidaire, il questionne l'iniquité structurelle de la consommation de l'énergie électrique. Ce constat, une invitation à tenir compte pour la tarification tant du type de consommation que des rapports propriétaires- locataires, ne vise cependant pas dans le mille de la loi 69 :
« Il y a des inégalités dans l'accès à l'énergie. Il y a des personnes qui vivent dans des passoires énergétiques, qui, pour arriver aux 20 degrés dont ils ont besoin à la maison, [paient] plus cher que d'autres. De l'autre côté, évidemment, il y a d'autres besoins qui sont moins importants que de se chauffer l'hiver : chauffer un jacuzzi en plein hiver ou chauffer une piscine. Donc, il y a une conversation à avoir. » — Haroun Bouazzi, porte-parole de Québec solidaire en matière d'énergie.
Un projet de néolibéralisme tronqué requérant une forte dose austéritaire
De ces prises de position, en particulier de celles les plus critiques, on voit bien que comme un train en cache un autre, la porte grande ouverte à la privatisation pour la production d'électricité masque le renoncement à la sobriété qui ne devient qu'une politique d'appoint sous forme surtout d'efficacité énergétique et non d'économie d'énergie. La politique industrielle de la filière batterie amenant le Plan d'action
2035 et encadrée par la loi 69 s'inscrit dans la logique capitaliste de la croissance qui condamne la lutte climatique à devenir semblable à un chien fou qui court après sa queue. Cette politique industrielle s'ins ère dans un marché mondial imposé par les accords de libre-échange cependant de plus en plus tarifé dans un cadre d'affrontement géopolitique ÉU-Chine. Ce nouveau protectionnisme éclaboussant le dogme néolibéral est commode pour protéger les retardataires transnationales occidentales de l'extractivisme vert aux dépens des consommateurs. Et au diable la lutte contre l'inflation !
Ainsi, les gouvernements, qu'ils y consentent ou non, se voient astreints à l'austérité f iscale et salariale, compétitivité oblige. La résultante en est que la course vers le fond du baril pour devenir les champions nationaux de l'extractivisme vert se résume à attirer chez soi, en faisant valoir les attraits de ses ressources naturelles et de sa main-d'œuvre, la poignée de grandes (et quelques petites) transnationales détentrices de l'expertise nécessaire et de la capacité de se financer auprès des grands investisseurs… en autant que l'État socialise d'éventuelles pertes. On devine que cette politique industrielle énergivore, polluante, risquée et saignant à blanc les gouvernements les contraignant à renforcer l'austérité ne peut que générer de l'opposition. Le déploiement de cette opposition et ses éventuels succès sont directement proportionnels à la densité démocratique de la société. Il s'ensuit que les promoteurs de cette politique industrielle voudront fortifier la centralisation politique et, au besoin, durcir la répression.
Ce durcissement n'est pas en ce moment nécessaire. Lors de l'analyse de la filière batterie, on a constaté que l'opposition sur le terrain était faible, éclatée et déclinant des revendications modérées à peu de choses près. L'opposition hors terrain des grandes organisations nationales en réaction aux annonces du plan 2035 et de la loi 69 est certainement plus articulée et pour certaines plus radicale mais elle reste déclaratoire et pauvre en termes d'alternatives concrètes. L'ennemi à vaincre est écrasant dans sa vastitude économicopolitique et convaincant dans son argumentation, justifiant l'extractivisme vert comme inéluctable voie pour rétablir les grands équilibres écologiques, stabilisant climat et biodiversité tout en relançant la croissance capitaliste. On a pourtant constaté sa fragilité concurrentielle tout comme l'ampleur de ses dégâts environnementaux. Mais tant que cette filière apparaît pour la majorité populaire comme un mal nécessaire pour « sauver la planète » tout en donnant l'impression de battre en brèche l'extractivisme des hydrocarbures, elle demeurera un bulldozer économico-social.
L' extractivisme vert, c' est le chien fou, pétri de peur, qui court après sa queue
Au Québec, la filière batterie apparaît d'autant plus forte que son caractère énergivore n'entraîne pas une recrudescence de l'extractivisme hydrocarbure ni de l'énergie nucléaire comme presque partout ailleurs dans le monde — 80 % de l'énergie mondiale reste fossile — mais un boost de l'hydroélectricité réputée verte malgré le bouleversement des bassins versants des cours d'eau harnachés et la pollution au méthyl-mercure des réservoirs de rétention. Il n'en demeure pas moins que non seulement une partie des composantes des batteries sera importé mais surtout que la quasi-entièreté des véhicules dans lesquels ces batteries seront utilisées le sera. Ce n'est là que la pointe de l'iceberg. Pendant au moins un bout de temps, pour les ménages en ayant les moyens le véhicule électrique se combinera avec celui à essence plus pratique pour les longs trajets, et les moins fortunés auront plutôt recours aux hybrides rechargeables. D' où la panne actuelle du marché des véhicules électriques.
Et ça continue. L'organisation de l'espace assise sur le véhicule individuel, électrique ou à essence, et le camion pour le transport des marchandises avec sa banlieue tentaculaire et sa congestion, continuera de croître. On peut prévoir que la polarisation sociale étendra l'étalement urbain au-delà des « suburbs » vers les « exburbs » des riches, engouffrant davantage de terres agricoles et de forêts. Pendant que l'étalement urbain, avec l'agro-industrie carnée, avale la forêt tempérée du Sud québécois, les mines à ciel ouvert engloutissent la forêt boréale. Cet étalement urbain requiert une consommation considérable de ciment et d'acier, tous deux particulièrement énergivores, générant énormément de GES, malgré la recherche d'alternative technologique, non seulement pour l'énergie requise mais aussi pour le processus de production proprement dit, tout comme pour l'aluminium.
À l'étalement urbain, les réformistes proposent le remède du transport en commun. Fort bien mais leur transport en commun ne remplace pas le règne de « l'auto solo » dans la trame urbaine mais s'y superpose en haut (le train aérien) ou en bas (le métro) ou à côté (le tramway et le train). On peut peut-être en attendre un soulagement momentané de la congestion et une moindre construction de maisons individuelles — les jeunes et les vieilles générations tout comme les personnes seules habitant les tours combinés avec les centres commerciaux des carrefours de transport — mais une durable production matérielle supplémentaire qui fait cohabiter à des niveaux différents deux systèmes de transport.
Soit dit en passant, les équipements d'énergie dite renouv elable exigent aussi du ciment (barrage), de l'acier (éoliennes) et d e l'aluminium (véhicules) sans compter la production de nouveaux matériaux pour les panneaux solaires dont « [l]e processus de production […] n'a pas un très bon impact écologique ». Quant au recyclage tant vanté des batteries, on oublie de mentionner que la récupération et la purification d'une quasi-dizaine de matériaux entremêlés est un processus énergivore, donc cher, et polluant au point que le gouvernement du Québec n'a pas osé dispenser Northvolt d'un examen de son usine de recyclage par le Bureau d'audiences publiques sur l'environnement (BAPE) contrairement à l'usine principale de fabrication.
En un mot, l'extractivisme vert dont fait partie la filière batterie, « c'est tout changer pour que rien ne change » ou, dit autrement, c'est le statuquo croissanciste du capitalisme qui fonce tête baissée dans le chaos de la pluri-crise dont il est la cause fondamentale afin de lancer un nouveau cycle de prospère rentabilité succédant aux cycles des « trente glorieuses » 1945-1975 et du « capitalisme pur » de l'ère néolibérale 1980-2008. Comment assurer la stabilité politique d'une telle folle entreprise ? Par la peur de la catastrophe dont l'extractivisme vert serait le seul remède possible. Ainsi le peuple travailleur encaisserait sans maudire et sans mot dire une austérité permanente afin de financer à perte de gargantuesques infrastructures censés sauver l'humanité y compris, quand l'inéluctable deviendrait plus qu'évident pour la grande majorité, une pléthore d'équipements de capture et d'élimination de GES par ailleurs eux-mêmes énergivores. Encore une fois le chien fou qui court après sa queue.
Le mot d' ordre de ‘sobriété' ne contre pas le nihilisme bourgeois toutes tendances
On devine que cette dynamique démentielle, l'idéologie ne suffisant jamais pour assurer la paix sociale, provoquerait soulèvements par-dessus soulèvements dans la lignée de ceux qui se sont produits dans le monde depuis 2011 sur fond de la Grande Récession de 2008 envenimée depuis la décennie 2010 par la multiplication des extrêmes climatiques en progression exponentielle. Faute d'alternatives et d'organisations politiques crédibles pour les porter en ont résulté des gouvernements autoritaires, réactionnaires jusqu'à fascisants qui essaiment sur le monde. A utant de facteurs de guerre qui activent les tisons belliqueux de l' ordinaire impérialisme néolibéral. Il y a urgence civilisationnelles si ce n'est d e survie de l'humanité à arrêter ce train de la mort qui fonce à toute vapeur dans le mur du grand chaos.
La crise politique de la France, là où l'antagonisme de classe est le plus aiguisé dans le monde du vieil impérialisme, démontre que la classe affairiste dominant mondialement ne tolère plus la moindre réforme, quitte à saboter la démocratie parlementaire, car elle sait dans son for intérieur que le réformisme conséquent déboucherait sur une remise en cause de la sacro-sainte croissance. Qu'advient-il de la crise climatique ? Pendant que les COPs annuelles occupent la galerie, l'aile réactionnaire de la bourgeoisie nie le problème en pratique quand ce n'est pas en théorie, son centre réalo-réaliste s'en remet à la lubie des technologies de capture et de séquestration pour abaisser le réchauffement quand il sera catastrophique — ne l'est-il pas déjà ? — ignorant l' irréversibilité des points de bascule.
Quant à l'aile réformiste, elle fuit la réalité terre-à-terre des GES croissant à un taux croissant telle que jaugés par les mesures directes des gaz concernés dans l'atmosphère et non à partir des sources terrestres, selon les protocoles de l'ONU, de plus en plus fortement biaisées parce que tronquées par les rapports d'émetteurs intéressés ou mises à l'écart parce qu'exceptionnelles alors qu'elles deviennent normalisées comme les feux de forêt canadiens. Cette aile réformiste rêve d'une surabondante énergie solaire gratuite pour demain comme pour l'énergie nucléaire dans les années 1950 : « D'ici 2030, estime M. Chase [spécialiste de la question chez Bloomberg], l'énergie solaire sera absolument gratuite et fiable pendant les heures ensoleillées de la journée, et ce pendant une grande partie de l'année, "à peu près partout". »
Face à ce grand dérapage de la bourgeoisie de la plus réactionnaire à la plus réformiste, se pose immédiatement et clairement la nécessité du renversement du capital pour sauver le monde de la catastrophe. Pour employer un vocabulaire ancien, les soulèvements populaires étant à l'ordre du jour mondial depuis 2011, mais sans organisation prolétarienne crédible pour les diriger, la nécessité de la révolution anticapitaliste devient une urgente question de propagande afin de vivement se transformer en mot d'ordre agitationnel. N'y mène pas le mot d'ordre alternatif de ‘sobriété' qui relève davantage de la moralité qu'il se démarque politiquement. À preuve, il est avancé tant par les meilleurs critiques que par le piètre ministr e de l'Environnement du Québec.
La ‘sobriété' mène au rejet des cibles du GIEC exigeant la décroissance matérielle
La ‘sobriété' du ministre ne l'empêche pas de clamer « carrément impossible » la cible d' un « recul de 65 % d'ici 2030 par rapport au niveau de 1990 » pour le Québec proposé par « le Réseau action climat Canada, qui regroupe 150 organisations au pays, dont des groupes écologistes, des syndicats, des organismes du domaine de la santé et des groupes jeunesse » y compris Greenpeace et la FTQ ». Ce Réseau ne souffre pas d'élucubration : « …selon l'Agence internationale de l'énergie, les émissions mondiales doivent reculer de 80 % d'ici 2035, par rapport au niveau de 2022, pour les économies développées comme le Québec. Les pays développés doivent aussi devancer leur objectif global de carboneutralité pour tendre vers le « net zéro » en 2045, d'après l'AIE. Le Québec espère atteindre la carboneutralité en 2050. »
Signalons ici l'étrange gymnastique de la direction Solidaire sur le sujet crucial de la cible de réduction de GES pour 2030. Le congrès Solidaire de l'automne 2021 faisait passer la cible de réduction de GES pour 2030 de 45% pour la plateforme électorale 2018 à « d'au moins 55% par rapport au niveau de 1990 d'ici 2030, en se rapprochant le plus possible de la cible de 65 % » pour la plateforme électorale de 2022. Mais le programme maintient la cible à 45% sous prétexte que le Conseil national du printemps 2018, pour raison « d'urgence » (électoraliste) avait modifié la cible programmatique adoptée au congrès de 2016 qui était de 67%. On voit bien que ce tour de passe-passe qui maintient la cible programmatique à 45%, à peine supérieure à celle de la CAQ à 37.5 %, ne correspond pas à la décision la plus récente (55% tendant vers 65%) qui répondait aux dernières analyses du GIEC-ONU et aussi à la décision d'organisations écologiques majeures du Québec de l'élever à 65%.
Une cinquantaine de ces organisations au Québec appellent « à manifester dans différentes villes du Québec le 27 septembre, cinq ans après la venue de Greta Thunberg à Montréal. » Il faut certainement en faire partie et y mobiliser. Cependant, ils ont beaux accuser le gouvernement du Québec « de se préoccuper davantage des profits des multinationales que de la protection de nos joyaux naturels et du bien commun » et d'exiger qu'il mette en place « plusieurs projets structurels et collectifs qui touchent à l'ensemble des sphères de la société » ils pensent que la filière batterie fait partie du lot alors qu'elle en constitue un sabotage de première classe. Le saut qualitatif qui manque est celui de passer de la catégorie morale fourre-tout de ‘sobriété' à celle socio-politique, irrécupérable par la gent capitaliste, de ‘décroissance matérielle'. Ce n'est d'ailleurs pas un hasard que le dernier Conseil national de Québec solidaire, friand de sobriété, ait rejeté ce concept de ‘décroissance matérielle'.
La décroissance matérielle augmente le bien-être en diminuant la consommation
Comment concrétiser ce mot d'ordre propagandiste — pour l'heure — qui fait peur ? La décroissance matérielle procure au peuple travailleur un niveau de bien- être supérieur paradoxalement par l'intermédiaire d'une réduction drastique de son « niveau de vie » compris comme niveau de consommation. Elle le libère de la hantise de la contradiction entre la fin du mois et la fin du monde en éliminant les deux mamelles de l'endettement des ménages au profit des banques que sont l'hypothèque sur la maison individuelle et celle en rangée, exclusivement privées, et la dette de consommation pour l'auto (le VUS) solo et l'équipement ménager.
Elles seront remplacées par l'habitation collective sociale (hors marché) et le transport public gratuit et fréquent jusqu'au moindre village avec un complément d'autopartage dans le cadre du quartier ou village quinze minutes, entremêlé d'agriculture urbaine et de parcs nature. Ser ont relégués dans les caves du musée de l'Histoire l'énergivore étalement urbain avec sa polluante et aliénante congestion, l'obsolescence planifiée remplacée par la systématisation de la réparation obligatoire et facile d'accès, l'agro-industrie carnée remplacée par l'agrobiologie sur la base d'une alimentation végétarienne… qui pourrait peut-être imitée la viande sans fâcheuses conséquences écologiques. Ce bien-être libérateur aura comme garantie l'égalité de l'habitat et du transport collectifs doublée d'une bonification qualitative et quantitative des actuels services publics de santé, d'éducation et de garderies.
Cet ensemble de services publics anciens et nouveaux, et la production de leurs équipements, assureront du travail pour tous et toutes tant socialement utile et écologiquement restaurateur par le partage de la masse totale de travail nécessaire. Tant la fin de la consommation de masse que celle de l'économie militaire en passant par la réduction drastique de la criminalité, des accidents de toutes sortes, des maladies physiques et mentales permettront la réduction drastique du temps de travail et l'accueil massif des damnées de la terre tout comme le soutien à leurs luttes de libération. Sera donc bon marché cette économie solidaire, assise sur la richesse authentique de la multiplication des rapports sociaux égalitaires. Cette société écosocialiste sera débarrassée de toute accumulation de capital comme de son imitation forcée par les ménages populaires de produits immobiliers et mobiliers. Cette accumulation populaire simili-capitaliste provient de la déficience de politiques de logement social pour toutes et tous, de transport public mur-à-mur, d' alimentation de base et d' électricité de base subventionnées, de santé répondant à tous les besoins et sociales répondant adéquatement à tous les aléas de la vie dont la retraite.
L' expert de Radio-Canada trace la voie de la révolution du système de transport
En ce qui regarde spécifiquement la politique de transport alternative à la filière batterie exigeant le doublement de la production d'électricité d'ici 2050 dans le cadre de la loi 69, la critique carabinée du « tout-électrique » de la CAQ par le journaliste attitré de Radio-Canada en septembre 2023 peut servir de canevas. Cette critique peut tout aussi bien être appliquée aux Libéraux fédéraux et tutti quanti. Il faudrait bien sûr y ajouter une politique de mise à niveau écoénergétique des bâtiments récupérables et une pour les nouvelles constructions de même que pour la conversion de l'agro-industrie en agroécologie y compris pour la forêt sans oublier une contre l'obsolescence programmée. En voici les passages essentiels avec certains de mes commentaires entre parenthèses :
[La] politique [tout-électrique] n'est pas suffisante, et la vérité est sortie de la bouche même du ministre québécois de l'Économie, Pierre Fitzgibbon, il y a quelques semaines : si on veut atteindre nos cibles de réduction des émissions de GES, il faudra réduire de façon significative la grandeur du parc automobile du Québec.
Là où le bât blesse, c'est qu'en se focalisant sur la voiture électrique individuelle, le gouvernement contribue à perpétuer le modèle de développement qui est en partie la cause de la crise climatique : la croissance constante du nombre de voitures sur les routes, l'étalement urbain toujours de plus en plus imposant, la construction de nouvelles infrastructures lourdes pour accueillir les voitures, l'effritement des terres agricoles sacrifiées à la construction de nouveaux quartiers, la destruction de milieux naturels qui jouent le rôle de puits de carbone, et j'en passe (les accidents de la route, l'accaparement de l'espace urbain).
[La solution c]'est la fameuse approche R-T-A élaborée par Québec, qui se décline en trois étapes : Réduire d'abord, Transférer ensuite et Améliorer enfin.
Selon la politique du gouvernement, la priorité absolue doit consister à réduire les besoins en déplacements motorisés et à réduire leur distance. Cette approche appelle à revoir en profondeur l'aménagement du territoire dans les villes, notamment dans les banlieues, pour que les citoyens aient accès à la majorité des services dont ils ont besoin sans devoir prendre une voiture (les quartiers et villages « quinze minutes » ce qui signifie, si on est sérieux, l'habitation collective mur à mur à majorité sociale et la substitution du véhicule privé par l'autopartage sur fond de transport collectif mur à mur.
La deuxième étape vise à favoriser chez le citoyen le transfert d'un mode de transport motorisé à un mode moins énergivore, comme le transport collectif, la marche ou le vélo. Cette stratégie commande la mise en place de réseaux de transport structurants — transport en commun (gratuit), voies cyclables, espaces pour les piétons — qui permettraient à la plupart des citoyens de se rendre là où ils veulent au quotidien de façon sécuritaire et efficace, avec confort et à haute fréquence.
Ces deux premières stratégies ont pour but de modifier la structure des déplacements. Elles appellent à de grands changements et à de gros investissements (financés principalement par l'imposition des hauts revenus, des profits et du patrimoine, et couplés à de grosses économies pour les ménages débarrassés des fardeaux de la dette hypothécaire et du « deuxième loyer » qu'est le paiement et l'entretien du véhicule privé).
Et la troisième étape, alors qu'on a enclenché les deux premières, vise à améliorer l'efficacité énergétique des véhicules. C'est à cette ultime étape que la politique d'électrification des transports devrait trouver sa place.
On le comprend, Québec semble faire les choses à l'envers.
Un des exemples que je donne souvent pour illustrer les lacunes de cette politique est celui-ci : on a beau aider financièrement les villes pour qu'elles achètent des autobus électriques, si la fréquence de ces autobus n'est pas améliorée et si les autobus continuent à ne passer qu'une fois l'heure plutôt qu'aux dix minutes, (et qu'ils sont coincés dans la circulation automobile) les citoyens ne les prendront pas plus.
Électrique ou pas, si l'autre option qu'on offre aux propriétaires de voitures complique et ralentit leurs déplacements, il n'y aura aucun transfert de l'auto individuelle vers les transports collectifs.
Or, au cours de la prochaine décennie, le Plan québécois des infrastructures 2023- 2033 prévoit des investissements de plus de 30 milliards pour la bonification et le maintien du réseau routier, contre 14 milliards pour les transports en commun. Au Québec, 43 % des émissions de GES proviennent du secteur des transports, un ratio qui augmente d'année en année.
S'il y a toujours plus de voitures électriques sur les routes du Québec depuis quelques années, il y a aussi toujours plus de voitures en général, qui sont toujours de plus en plus grosses. Et François Legault refuse d'imposer des contraintes financières pour décourager ceux qui achètent ces rutilants véhicules. Si le gouvernement du Québec veut se donner les moyens d'atteindre sa cible de réduction des émissions de GES, soit une baisse de 37,5 % d'ici 2030 (selon le programme Solidaire « d'au moins 55% par rapport au niveau de 1990 d'ici 2030, en se rapprochant le plus possible de la cible de 65 % »), il devra donner aux Québécois les moyens de changer leurs habitudes, et pas seulement en les incitant à acheter un nouveau véhicule, tout électrique qu'il soit.
On peut demander autant qu'on veut aux citoyens de changer leur mode de vie et de délaisser la voiture. Ces choix individuels ne seront possibles que s'ils sont soutenus et accompagnés par des choix collectifs conséquents.
Profiter du freinage pour faire un débat dans le mouvement, le parti, la société
Dans un État démocratique normal, la loi 69 devrait être la priorité législative de l' automne pour l' Assemblée nationale puisqu' elle encadrera la stratégie de développement industrielle en cours de la prochaine génération. Pour éviter un débat de société qu' elle sait perdant pour elle, la CAQ, comme presque partout dans le vieux monde impérialiste, ne cesse de mettre sur le dos de l'immigration, temporaire ou non, tous les problèmes sociaux. Le PQ, en tête des sondages, lui emboite le pas.
Raison de plus pour le mouvement écologiste québécois d' organiser ce débat. Le Front commun pour la transition énergétique regroupant la grande majorité des syndicats et des organisations écologiques est parfaitement en mesure d' organiser un processus d' états généraux régionaux et national centré sur la filière batterie, le Plan d' action 2035 d' Hydro-Québec et le projet de loi 69 d' autant plus que la mauvaise conjoncture freine le déploiement de la filière pour au moins 18 mois. Ce serait l' occasion pour les organismes partisans de la décroissance, tel le RVÉQ, d' y marquer des points.
Rien n' empêche, de son côté, Québec solidaire d' organiser dans ses propres rangs militants un même débat ouvert vers une panoplie de prises de position dont celle d' un rejet de la filière batterie pour une stratégie de décroissance matérielle. Rien n' empêche non plus l' aile parlementaire du parti de réclamer que le gouvernement organise ce même débat mené par une commission de parlementaires et de personnes représentants la société civile qui siègerait à travers le pays avant de présenter leur rapport faisant état de l' éventail de prises de positions. Entretemps, le parti aurait beau jeu de rejeter la loi 69 et le plan d' Hydro-Québec comme prématurés.
Marc Bonhomme, 1 er septembre 2024
www.marcbonhomme.com ; bonmarc@videotron.ca
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Propositions des jeunes de la CAQ pour l’école
Les jeunes de la CAQ proposaient récemment de rendre obligatoire l'uniforme et le vouvoiement dans les écoles, pour promouvoir un retour à la discipline.
« Tu casses, tu répares, tu salis, tu nettoies, tu défies l'autorité, on t'apprend à respecter l'autorité. »
Cette ritournelle a été utilisée au cours des dernières saisons par le tout dernier premier ministre du gouvernement Macron, Gabriel Attal. Les paroles et la musique sont tellement proches de celles utilisées dernièrement par les jeunes caquistes que celleux-ci pourraient presqu'être accusé-es de plagiat. Mais non, il s'agit d'une ritournelle qui appartient à la tradition et qui revient souvent chez celleux qui se montrent nostalgiques de l'école d'autrefois. Obliger et interdire, uniformiser, renforcer le conformisme, voilà ce qu'elle prônait.
Et comme mesures pour y arriver, deux propositions en particulier : imposer le port d'un uniforme dans toutes les écoles ainsi que le vouvoiement du personnel enseignant. À coût nul pour l'état, ces mesures n'engageraient de frais supplémentaires que pour les parents. Elles ont pourtant déjà été mises en place dans différents milieux et, faut-il s'en surprendre, elles n'ont eu aucun impact sur le climat, sur la motivation ou sur la réussite des élèves. Sous couvert de faire régner le « respect », ce sont des mesures visant plutôt à contrôler et soumettre les jeunes.
Il s'agit encore d'un autre faux débat. Pour intervenir sur les problématiques reliées aux comportements dans les écoles, les enseignant-es disposent d'un grand éventail de moyens d'intervention et sont soutenu-es en ce sens par une équipe incluant des éducateurs et éducatrices spécialisé-es, des psychoéducateurs et psychoéducatrices,… dans la mesure ou l'état joue son rôle et y pourvoie. De plus, la loi oblige les écoles à se doter d'un plan de lutte contre la violence et l'intimidation. Les écoles élaborent toutes également un code de conduite (incluant un code vestimentaire et le vouvoiement si le milieu lui-même y voit là des mesures qui lui sont appropriées). En fait, les propositions (des jeunes) caquistes sont méprisantes pour les acteurs et actrices de l'école. Elles sous-entendent une sorte d'incompétence des milieux scolaires et des enseignant-es à instaurer un climat de respect dans les classes.
Les problèmes vécus à l'école sont cependant multiples et ils nous ont été rappelés avec force lors de la grève des enseignant-es (et du personnel de soutien) l'hiver dernier. Ces derniers et ces dernières, plus que quiconque, les connaissent et réclament des changements et les ressources suffisantes ainsi que l'appui nécessaire pour enseigner mais aussi accompagner, soutenir, guider les jeunes dans leur devenir et vers leur épanouissement. De plus, depuis 2017, le mouvement L'école ensemble, en se basant sur des études sérieuses et documentées, nous parle des conséquences désastreuses de l'école à trois vitesses sur notre société, modèle priorisé et aucunement remis en question par le gouvernement de la CAQ, malgré les inquiétudes manifestées par l'ONU. La CAQ s'acharne plutôt à favoriser un système scolaire parfaitement compatible avec ses visées économiques : un système qui met en compétition, qui sélectionne, qui compare… et qui exclut.
Carmen Duplain
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Fini le petit trot ; la privatisation des soins de santé avance au galop au Nouveau-Brunswick
Pendant des décennies, des centaines de coupes de fonds ont fait mourir notre système public de soins et ça nous rends fous de rage. Plusieurs d'entre nous sont arrivés.es à la conclusion que la privatisation pourrait nous sortir de notre marasme. Alarmant ! Il faut de toute urgence chercher à convaincre ceux et celles qui croient à ce fantasme et qui sont un peu ouverts.es et beaucoup le sont, que ce n'est qu'une fantaisie.
Gary Heathcote, Canadian Dimension, 7 août 2024
Traduction, Alexandra Cyr
Comment notre système de soins en est-il arrivé à ce point de mal fonctionnement ?
La privatisation du système de santé se faisait discrètement, à petits pas en 2016. Elle est arrivée à sa pleine vitesse en 2022. Et ce tempo ne fait qu'augmenter. Le phénomène a été bien documenté dans le rapport de la New Brunswick Health Coalition (NBHC) et par d'autres sources qui seront citées ici et dont les travaux sont plus récents.
Les grands médias ont mal présenté les nombreuses critiques faites à cette politique de déplacement de soins financés par la puissance publique y compris ses conséquences à long terme. En fait elles ont été ignorées. C'est particulièrement évident au Nouveau-Brunswick où virtuellement tous les journaux sont la propriété du réseau de droite Postmedia et par Brunswik News Inc., propriété des descendants de feu le multimillonnaire, K.C. Irving.
Le fil de la privatisation au Nouveau-Brunswick
Les plus ardents contributeurs à ce courant politique ont été le Parti progressiste conservateur actuellement au pouvoir avec son premier ministre, M. Blaine Hggs depuis 2018. Il nous avait pourtant annoncé sa sortie pour 2022.
Cette année, M. Higgs et son entourage ont augmenté la vitesse des transferts des soins de santé publics vers le secteur privé sous couvert de « partenariats publics-privés ». Durant les deux derniers plans de ce type un programme pilote de gestion a servi de véhicule. Il concerne les traitements de dépressions majeures qui seront administrés par une compagnie à but lucratif de gestion de soins de santé. Un soit disant programme plus valable de surveillance de la médication a été accordé à compagnie de technologie en soins de santé également à but lucratif. Ce dernier programme a été annoncé à coups de fanfare mais les médias, sauf quelques exceptions, ne l'ont guère interrogé.
C'est une politique qui vient de plus loin. Les dernières décisions de privatisations des services de santé de l'actuel gouvernement conservateur s'appuient sur celles du gouvernement libéral (provincial) à la fin des années 1990. Elles ont augmenté jusqu'au milieu des années 2000. (On peut trouver sur l'original de l'article la liste des institutions et services ainsi privatisés).
Depuis 1997, les services de santé du Nouveau-Brunswick ont été entourés ou mis en partenariat avec des entreprises privées et d'autres organisations par les gouvernements libéraux et conservateurs à tour de rôle. Ils ont ainsi compromis notre système public de soins. Ces services, (ceux existant à l'époque) dans le secteur public, étaient administrés par des agences de la New Bruswick Crown Corporation et aussi, au début de 2008, par la New Brunswick's Horizon Health Network, pour la population anglophone et Vitalité Health Network pour les Francophones.
La bénéficiaire la plus importante de cette politique est sans contre-dit, Medavie qui possède Medavie Health Services et Medavie Blue Cross. Ce sont des entreprises privées sans but lucratif. Medavie gère en ce moment, sept services essentiels dans la province dont les services ambulanciers, les médicaments, les services externes et NB Health Link.
Les transferts opérés par le gouvernement Higgs vers les entreprises privées et des organisations, ont une autre allure. On en compte 12 durant ses 7 ans au pouvoir. Contrairement aux gouvernements libéraux de Frank McKenna, Shawn Graham et Brian Gallant qui ont largement favorisé une compagnie, Medavie, le gouvernement de Blaine Higgs a attribué des contrats de services et signé des ententes avec toute une série d'entreprises à but lucratif, 10 en fait, et avec deux sans but lucratif. (…)
Cette politique des deux administrations d'accord pour la privatisation de la majorité du système de soins l'a littéralement incorporée chez, Medavie Health Services, pour 7 services, et Clinidata Inc, Accreon Inc, Shannex Intrahealth CPI Card Group, Medavie Blue Cross, New Brunswick Medical Society, Maple, Acadie-Bathurst Ophthalmology, Beal University, Oulton College, Canadian Health Labs, WINMAR Hamilton, Miramichi Cataract Surgical Centre, Edmunston Medical and Surgical Eye Centre, Canadian Health Solutions Inc et Leap Orbit LLC, pour 1 service chacun et chacune.
Et alors ? Formater les attitudes envers la privatisation
Pour beaucoup, rien d'alarmant dans ça. Plusieurs au Nouveau-Brunswick et ailleurs au Canada y compris ceux et celles pour qui la situation personnelle n'oblige pas à bénéficier des services privatisés, embrassent sans inquiétude le point de vue des « promoteurs » de cette politique. Il faudra beaucoup de discours convainquants pour les faire changer d'opinion. Ne dit-on pas que les services rendus par les entreprises sont de meilleure qualité ? L'effet est immédiat attaché qu'il est au cynisme qui classe les services publics du côté de l'inefficacité et du coût élevé, de ce qui passe pour de la bureaucratie gouvernementale.
Le public sous-estime le rôle subversif joué par les membres conservateurs et libéraux influants.es dans le dénigrement et la diabolisation du gouvernement en général, qui a commencé au cours des années 1970. C'est le travail incessant des groupes de réflexion de droite qui a fait que tant de personnes adhèrent aux idées qui s'affichent contre tout ce qui est « gouvernement ». Leurs arguments en faveur de la privatisation des soins de santé reviennent toujours au même. Paraphrasant le New Brunswick Common Front for Social Justice, ces avocats.es de la privatisation rassurent le public :
Les entreprises du secteur privé peuvent donner de meilleurs services médicaux parce qu'elles sont par nature plus efficaces et innovantes que les bureaucraties gouvernementales et de plus, peuvent le faire en réduisant les coûts pour le gouvernement et les contribuables. Pour rassurer les sceptiques, on invoque parfois que ces entreprises (…) devraient promettre d'examiner et évaluer les services qu'elles vont assumer.
Ces promesses sont énormes et séduisantes dans leur présentation. L'intention ultime est de rassurer le public que l'opération peut ne pas être permanente si les résultats attendus ne sont pas atteints. Mais bien des exemples de surveillance et d'annulation de ces privatisations une fois saisies par le capital privé montrent que c'est aussi difficile que de trouver une aiguille dans un tas de foin. Et les promesses de rationalisation se sont avérées le plus souvent être illusoires.
Le débat national sur la privatisation des services de santé
Dans les grands médias canadiens cette illusion est respectable et le débat sur les mérites de la privatisation des services de santé est souvent présenté sans critique et de manière biaisée. Il s'y trouve un manque d'arguments contraires ou de vérification des faits quant aux bénéfices proclamés par les promoteurs de la privatisation. Souvent les transactions sont présentées comme nobles, créatives de solutions pour sauver un système qui est dans les câbles, spécialement lorsque des entreprises sans but lucratif sont en cause.
Comparativement, les interventions du Premier ministre ontarien, M. D. Ford, pour présenter les solutions « fortes et innovantes » de son administration aux problèmes du secteur de la santé ont reçu une couverture nationale importante. M. Ford et sa ministre de la santé, Mme Sylvia Jones ont assuré à répétition que les patients.es pourraient toujours se servir de leur carte d'assurance maladie provinciale, qu'ils et elles n'auraient pas à utiliser leurs cartes de crédit personnelles alors que la privatisation va de l'avant dans la province.
Ces réassurances découlent des actuels transferts planifiés de services de santé et de chirurgie vers les capitaux privés. Et D. Ford ajoute, s'appuyant sur le Premier ministre libéral J. Trudeau, que ces transferts sont en phase avec la Loi canadienne sur la santé.
Cette affirmation devrait enrager la plupart des Canadiens.nes compte-tenu de l'affection que nous portons dans tous les partis, pour Tommy Douglas, le père de la loi sur l'assurance maladie et au système lui-même qui donne accès aux soins sans égards à la richesse des patients.es, qui est basé sur les besoins (de soins).
Dans un récent exposé, The Breach a traité de l'assaut de D. Ford contre les services de santé publics dans sa province. Le texte a traité de trois avantages de la privatisation selon ses promoteurs : 1- les coûts sont moindres, 2- cela permet de réduire considérablement les listes d'attente et 3- les capacités sont largement augmentées. La démonstration a été faite que ce sont là des mythes qu'aucune preuve ne corrobore. Au contraire, avec la privatisation, les coûts augmentent, les temps d'attente (pour les soins) sont plus longs et le système public est ainsi privé de ses travailleurs.euses essemtiels.les, il se dégrade.
Par ailleurs, l'organisation Canadian Doctors for Medicare a produit une analyse de la politique défendue par les tenants de la privatisation. Elle est centrée sur quatre arguments : 1- les services privés permettent de diminuer le temps d'attente (pour les soins) dans le secteur public, 2- la propriété privée à but lucratif des installations de soins génèrent de meilleurs résultats pour la santé (de la population), 3- le financement privé rend la dispensation des soins plus efficace, 4- nous ne pouvons plus financer le secteur public.
Aucune preuve de ces affirmations n'a été trouvée. De fait, 1- le temps d'attente pour les soins n'est réduit que pour ceux et celles qui ont les moyens de payer. L'attente est ainsi empirée pour les autres. 2- La recherche du profit n'améliore pas la qualité des soins, bien au contraire. 3- Le système public de soins dépenses moins en administration ce qui signifie plus de fonds qui sont attribués directement aux patients.es. 4- Le présent défi de financement du service public prend racine dans l'obligation (qu'à la population) de payer des services privés pour remplacer ce que les services publics ontariens ne dispensent pas. La solution réside donc dans l'amélioration du système public, pas dans son démantèlement.
Même si les critiques de The Breach et de Canadian Doctors for Medicare concernent l'Ontario, la situation est semblable partout au pays. Et les arguments de D. Ford en faveur de la privatisation sont les mêmes que ceux mis de l'avant par le Premier ministre Higgs au Nouveau-Brunswick.
Le problème de fond de la privatisation des services gouvernementaux
La réaction des populations du Nouveau-Brunswick et d'ailleurs au Canada est influencée par les notions simplistes de bonnes et mauvaises entreprises. Avec de telles notions, les transferts vers des entreprises privées sans but lucratif posent moins de problèmes et la démarche est perçue plus éthique que celle menant à des transferts vers des entreprises à but lucratif.
Ce qui est évacué ici, c'est que même les transferts vers les entreprises sans but lucratif retirent aux citoyens.nes et aux élus.es le pouvoir d'intervenir sur ce qui a été transféré de façon à s'assurer que les services sont vraiment dirigés vers les besoins du public plutôt que vers les désirs des personnes en charge de ces services.
Cette vérité s'applique à toutes les entreprises ayant pris en mains des services qu'elles soient avec ou sans but lucratif, qu'elles ne soient qu'une partie d'une grande compagnie couvrant tout le pays comme Medavie ou par des professionnels.es de la province comme les médecins regroupés dans New Brunswick Medical Society.
Suivons la trace de l'argent…comme si c'était si simple !
Pour atteindre les tenants et aboutissants de la poussée vers la privatisation il faut bien sûr « suivre l'argent ». Qui en bénéficie, ou s'y attache, dans ces transferts de services essentiels du secteur public vers n'importe quelle compagnie ou organisation à but lucratif ou non ?
Bien sûr, personne, sauf ceux et celles impliqués directement, ne peut savoir ce qui s'est passé derrière les portes closes durant les arrangements avec New Brunswick Medical Society, Medavie et la myriade d'autres compagnies ou organisations qui présentement gèrent une partie critique des soins de santé dans la province. Aucun.e lanceur.euse d'alerte n'a été là pour suivre l'argent ni au Nouveau-Brunswick ni ailleurs au Canada. Le rapport de New Brunswick Health Coalition de 2022 nous dit pourquoi :
Notre première source d'information sur la qualité des services rendus et sur les coûts de la privatisation devrait être les rapports annuels des différents ministères du gouvernement. Malheureusement, ils ne donnent pas d'information suffisamment détaillée pour que le public puisse avoir une idée de l'impact des ententes de privatisation.
L'autre source d'information pourrait être dans les rapports des diverses compagnies impliquées dans la privatisation, disponibles sur le Web. Mais la plupart de ces rapports ne sont pas accessibles au public, donc impossible de connaitre leur performance ou comment elles font face aux difficultés.
Des décennies de sous-financement gouvernemental persistant
Comment, au Nouveau-Brunswick, le système de santé en est-il arrivé à ce niveau de mal fonctionnement ? Le manque de médecins et d'infirmiers.ères occupe les discussions dans notre système malade et vraisemblablement plus du tout fonctionnel. Ici, comme ailleurs au Canada, beaucoup n'ont pas de médecin de famille ou d'infirmier.ère praticien.ne et vont chercher leurs soins dans les cliniques sans rendez-vous ou dans les salles d'urgence des hôpitaux qui manquent de personnel.
En 2023, le New Bruswick Health Council rapportait qu'en 1997, moment où la privatisation a commencé, presque toute la population avait un accès à médecin de famille. En 2023, la proportion était descendue à 79%. Même si les politiques d'austérité et de privatisation du gouvernement ne sont pas les seules responsables de l'échec du recrutement des médecins, d'infirmiers.ères et autres professionnels.les de soins, les résultats de cette enquête devraient faire comprendre qu'au Nouveau-Brunswick et dans n'importe quelle juridiction canadienne, la privatisation ne nous sortira pas de la crise dans les soins médicaux.
Ici, au Nouveau-Brunswick, la cause essentielle de cette crise est le sous-financement du système par les deux partis qui ont occupé le pouvoir. Récemment, la New Brunswick Medical Society a critiqué le gouvernement Higgs pour son budget 2024 qu'elle a qualifié de complètement inadéquat, « conçu pour allonger les listes d'attente » pour des soins. De fait, ce budget n'offre aucune possibilité de stabiliser encore moins de transformer le système médical en déroute. Pourquoi ? À cause de décennies de sous-financement.
Comme nous le rappelle Tracy Glynn, quand « les services médicaux sont inadéquats, le secteur privé entre en jeu et profite des besoins » ainsi ouverts. Dans de telles circonstances, ce genre d'intervention est souvent intéressé. (Le tout se décide) avec des agences sans gêne aucune, derrière des portes closes dans des salles de réunions où tous les arrangements sont négociés. Pour paraphraser Noan Chomsky, les standards techniques de la privatisation exigent que le gouvernement cesse de financer ou sous-finance les services et s'assure qu'ils ne fonctionneront pas. Ainsi la colère de la population s'exprime permettant au gouvernement de transférer ces services déficients aux compagnies privées.
États d'esprit et propagande
La majorité de la population du Nouveau-Brunswick est en colère avec raison devant la faillite de notre système de santé. Même si cela se passe partout au Canada, ici, les conséquences de la privatisation son pires.
L'Institut Angus Reid a procédé à un sondage sur les visions de la population des points de vue politique et démographique quant à la privatisation des services de santé. Trois états d'esprit y ont été retenus pour des fins analytiques : 1- des services publics purs et durs, 2- avec des composantes privées, 3- expression de curiosité avec de l'hésitation. Les répondants.es de cette catégorie ont été qualifiés.es de « sympathiques aux arguments des deux côtés du débat ».
Les répondants.es attachés.es aux services publics purs et durs se situaient dans la catégorie de la population la plus éduquée et avaient tendance à voter pour le NPD ou le Parti libéral alors que ceux et celles qui acceptaient des composantes privées avaient tendance à avoir de très hauts revenus et à voter pour le Parti conservateur. Les autres avaient un diplôme d'étude secondaire ou moins.
On peut décrire cette dernière catégorie comme vulnérable et désespérée. Elle est vulnérable financièrement et à cause de son faible niveau de formation. Elle est aussi désespérée parce qu'elle est confrontée à un plus haut niveau des souffrances et de mort parce qu'elle doit naviguer à travers ce système complètement désorganisé. Dans ce genre de système les chances de succès reposent sur l'habilité de la personne à défendre sa propre cause médicale. Tommy Douglas n'a sûrement jamais imaginé que l'accès à de bons soins allait reposer sur l'habilité des personnes à naviguer dans notre système national de soins à l'échelle locale.
Actuellement, selon son niveau d'éducation, de ses conditions économiques ou ses convictions politiques, la population de la province rassemble ses forces pour faire face à une autre envolée de privatisation avec ses conséquences. Certains.es sont confus.es à ce sujet. Les vulnérables et les désespérés.es peuvent se questionner plus que d'autres à propos de ce que cette nouvelle situation pourra vouloir dire pour elles et eux, leur entourage et la société toute entière. La propagande peut aussi les toucher plus fortement par rapport à la réduction des bénéfices publics d'un gouvernement qui rétréci, se retire de l'obligation de donner des soins en transférant tout cela à des propriétaires plus « efficaces » dans le secteur privé plus « créatif ».
Dans ce contexte l'évaluation de la propagande est une préoccupation majeure, étant donné les réalités économico-sociales dans la province : 1- un haut niveau de pauvreté relative et absolue par rapport à l'ensemble du Canada, 2- les niveaux insuffisants d'éducation acquis, 3- les connaissances en alphabétisation, en calcul sont faibles et les habiletés en résolution de problèmes également.
Ici, il faut être prudents.es à propos du fait que la population du Nouveau-Brunswick serait plus sensible à la propagande autour des meilleurs bénéfices en soins de santé avec la privatisation. Le sondage Angus Reid place la province dans la catégorie plus large des « provinces atlantiques » ce qui crée un certain biais.
Ceci dit, une des questions de ce sondage est particulièrement pertinente : « Les provinces diminuent intentionnellement les services de santé pour rendre ceux des compagnies privées plus attrayants ». Seulement 39% des répondants de toutes les provinces atlantiques sont d'accord avec cette assertion. 19% ont dit ne pas savoir ou ont refusé de se prononcé. Donc, 61% des répondants.es à ce sondage ont exprimé de l'incrédulité ou du scepticisme devant la perspective que leur gouvernement diminuerait intentionnellement les services publics de santé pour paver la voie à de futures privatisations.
Cette conviction est le parfait exemple canadien de la confiance que nous avons dans nos institutions publiques et en même temps elle est très inquiétante. En effet, en ces temps de restrictions économiques, un tel degré de méconnaissance ouvre la porte toute grande aux idéologues du « marché libre » et à leurs acolytes du secteur privé qui planifient et mettent en marche la dégradation de ces institutions qui éloignent les loups envieux.
Contrer la privatisation et en finir
Au Nouveau-Brunswick c'est par l'éducation et une bonne stratégie de communication que passe la solution. Avec ces outils, les citoyens.nes, pourront élire des députés.es engagés.es à reconstruire et soutenir le système public de soins.
Nous sommes à l'aube d'une nouvelle campagne électorale et l'opposition pourra facilement critiquer l'échec du Premier ministre Higgs et de son administration à résoudre la crise du système de santé de la province. Ses résultats sont terribles et il ne peut s'appuyer là-dessus (pour se faire réélire). Mais ces critiques manqueront le but si elles ne se concentrent que sur une simple amélioration des services proprement dits.
Il faut que ces critiques envers Ms Higgs, Ford et les autres engagent les populations à penser aux « racines » des causes de la crise. Il faut aussi comprendre qu'il est futile et mal avisé de pelleter vers l'avant, vers les compagnies privées et autres organisations, cela ne nous mènera pas vers un meilleur fonctionnement du système.
Il faut insister pour dire que M. Higgs n'est pas un pragmatique même s'il se présente ainsi dans la presse. Ses déclarations et ses actions révèlent qu'il croit vraiment que les « meilleures pratiques » de distribution des services publics, en santé et ailleurs, ne peuvent venir que de celles de base dans la gestion d'affaires, celles que les entreprises privées adoptent et pratiquent. Si une telle foi dans le « libre marché » n'a pas été introduite par Ronald Reagan durant les années 1980, son amplification l'a été. Elle continue d'être le socle de plusieurs conservateurs.trices du Canada et d'autres néolibéraux. Nous en avons la preuve constamment. Les meilleurs gouvernements sont ceux qui gouvernent le moins selon cette idéologie et l'histoire de l'austérité continue.
Il est clair que M. Higgs et ses collègues ont adopté cette vision « reagonesque » du rôle du gouvernement et sont vraisemblablement incapables de la remettre en question. Cela mettrait en danger toute leur conception de la santé et des fonctions de notre système de soins.
Perspectives et actions de la gauche au Nouveau-Brunswick
Les critiques de la part des corporations et du milieu alternatif à propos du mal fonctionnement chronique (du système de santé) ont largement manqué le coche dans les médias. Envers le manque de médecins, d'infirmiers.ères, du défaut de soutient du personnel qui fait face à nombre de décès tragiques dans les urgences, des patients.es qui décèdent avant d'être vus.es. Comme les leaders politiques, aucun.e n'a manifesté l'intention de prendre les mesures radicales appropriées pour agir sur les causes fondamentales de la crise et travailler à les corriger avec un plan d'action holistique et intégré.
Même si la cheffe du Parti libéral, Mme Susan Holt, a déclaré qu'elle était contre toute future privatisation dans le secteur, elle se trouve en porte-à-faux puisque c'est son Parti qui a commencé cette politique dans les années 1990, les a étendues au début des années 2000 et à nouveau en 2017. On peut légitimement se demander s'il mérite notre confiance. Surtout quand on se souvient de la propension de ce Parti à faire de beaux discours avant l'élection et à n'en faire qu'à sa tête une fois au pouvoir.
Le NPD provincial et le Parti de l'alliance du peuple sont tous les deux relativement dépourvus de membres et d'influence générale. Ils sont virtuellement invisibles dans la bataille provinciale pour le système de santé public. C'est un triste commentaire qui reflète la diminution de l'influence du centre-gauche et des partis populistes dans la province.
Le porteur de flambeau pour un changement en profondeur, pourrait être le Parti vert et son chef David Coon. Il a déclaré que l'enjeu des grandes entreprises dans la santé serait présent lors de la prochaine élection provinciale. C'est encourageant d'autant plus que la critique du Parti en matière de santé, Mme Megan Mitton a publié une mise en garde sur les dangers de la privatisation. Mais les paroles et les réprimandes ne sont qu'un début. Jusqu'à maintenant, le Parti n'a rien dit sur les moyens qu'il compte prendre pour renverser la lourde tendance à la privatisation du système public de soins au Nouveau-Brunswick ou pour tenter de mettre en place des alliances politiques capables de défaire des décennies de sous-financement et d'affaiblissement de ces institutions.
Que faut-il ? : un financement adéquat et le retour des services dans le secteur public
Avant la prochaine élection, il doit y avoir un campagne d'éducation sur les raisons fondamentales qui font que le système s'effondre : le sous-financement chronique du système public et en même temps que son transfert vers les capitaux privés par l'actuel gouvernement et ses prédécesseurs. Ce message doit être communiqué clairement et efficacement en démontrant les liens entre les deux.
Pendant des décennies, des centaines de coupes de fonds ont fait mourir notre système public de soins et ça nous rends fous de rage. Plusieurs d'entre nous sont arrivés.es à la conclusion que la privatisation pourrait nous sortir de notre marasme. Alarmant ! Il faut de toute urgence chercher à convaincre ceux et celles qui croient à ce fantasme et qui sont un peu ouverts.es et beaucoup le sont, que ce n'est qu'une fantaisie.
Sans rechercher vraiment les causes (de cette situation), les tentatives parcellaires d'améliorer ce système dégradé sont vouées à l'échec. Si des décisions fermes ne sont pas prises contre la privatisation et ses agents.es dans le gouvernement, nous sommes en grave danger de perdre une part importante de ce qui définit une société décente, soit un système auquel tous et toutes ont accès pour recevoir des soins de santé de qualité.
N.B. M. Gary Heathcote est professeur adjoint en anthropologie à l'Université St. Thomas à Fredericton. Il soutient et contribue occasionnellement à New Brunswick Media Co-op. Il est un des 90,000 citoyens.nes de la province sans médecin de famille ou autre professionnel de la santé.
Pour une étude encore plus approfondie à ce sujet,
Santé Inc, Mythes et faillites du privé en santé, par
Anne Plourde, Écosociété, Montréal, 2024
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Une grave crise politique mine le gouvernement extrémiste de Tel-Aviv : Grève générale et manifestations de colère contre Netanyahu
La découverte, samedi dernier, des corps de six otages israéliens à Ghaza a accentué la grave crise politique qui secoue le gouvernement extrémiste de Benyamin Netanyahu.
Tiré d'El-Watan.
Jamais Israël n'a vécu une crise aussi grave que celle qu'elle traverse depuis près de 11 mois, particulièrement depuis les négociations autour d'un accord présenté par le président américain, qui permettrait un cessez-le-feu et l'échange des otages israéliens par la libération des détenus palestiniens.
Exacerbée par la découverte, samedi dernier, des corps de six otages israéliens à Ghaza, la colère contre le gouvernement extrémiste de Benyamin Netanyahu – après avoir été l'apanage de l'opposition et les familles des otages – a fini par gagner de nombreux pans de la société, après avoir empoisonné les relations entre le Premier ministre et certains de ses plus proches et puissants collaborateurs, qui lui reprochent d'avoir « torpillé » les négociations et sacrifié les otages, en insistant sur le maintien du contrôle sur les corridors Philadelphie qui relie Ghaza à l'Egypte et Netzarim qui sépare le nord de Ghaza de son sud.
Hier, alors que des milliers de personnes se rassemblaient devant la Knesset, réclamant « une trêve immédiate » et « un accord sur la libération des otages », de nombreuses municipalités, à leur tête celle de Tel-Aviv, appuyées par la puissante Fédérations syndicale (Histadrut), le Forum israélien des affaires représentant quelque 200 des plus grandes entreprises et le Forum des familles des otages et le chef de l'opposition, Yair Lapid, ont appelé à une grève générale, dès aujourd'hui.
L'appel est également lancé par les syndicats des professionnels de la santé à rejoindre le mouvement de grève afin d'exiger « le retour des otages vivants ». Pour Yair Lapid, les six otages, dont les corps ont été retrouvés samedi, « étaient vivants. Netanyahu et le cabinet de la mort ont décidé de ne pas les sauver », a-t-il écrit dans une déclaration publiée sur les réseaux sociaux, ajoutant : « Il y a encore des otages vivants là-bas, un accord peut encore être conclu. Netanyahu ne le fait pas pour des raisons politiques. »
Des heures après l'annonce de la découverte des corps des otages, Netanyahu a diffusé une vidéo dans laquelle il accusé le Hamas d'avoir tué les captifs et menacé de poursuivre ses combattants et de les tuer. Il a tenté de se défendre des accusations de torpillage de l'accord, en renvoyant la balle vers le Hamas.
Selon lui, « Israël a accepté le contenu de l'accord soutenu par les Etats-Unis en mai et une version actualisée en août, mais le Hamas avait refusé de l'accepter et même maintenant il continue à refuser toute offre ». Netanyahu n'a pas expliqué que la version de l'accord américain, accepté par les deux parties, au mois de mai dernier, a été modifiée par ses soins, au mois de juillet, afin de garder les corridors Philadelphie et Netzarim sous le contrôle de l'armée israélienne, alors que le Hamas exigeait dès le début des négociations pour l'évacuation de tout le territoire de Ghaza.
De nombreuses informations parvenues aux médias israéliens et américains, ont fait état des lourdes divergences apparues au sein même du cabinet de Netanyahu à cause de ce revirement.
Gallant exhorte Netanyahu à faire davantage de compromis
Citant la chaîne israélienne Channel 12, le journal The Times of Israel a affirmé que le Premier ministre « a indiqué la semaine dernière au ministre de la Défense, Yoav Gallant, qu'il donnait la priorité au maintien des troupes israéliennes dans les corridors Philadelphie plutôt qu'au sauvetage des otages », ajoutant que « Gallant et les chefs de la sécurité ont exhorté à plusieurs reprises Netanyahu à faire davantage de compromis dans les négociations, notamment concernant le corridor de Philadelphie, craignant que les positions dures du Premier ministre ne fassent échouer un accord ».
Citant des responsables israéliens sans les nommer, le site électronique américain, Axios, « la confrontation a montré le profond désaccord entre Netanyahou et la grande majorité de l'establishment de la défense et de la communauté du renseignement israéliens sur ce que devrait être la stratégie d'Israël à Ghaza, près d'un an après les attaques du 7 octobre ».
Mais si Israël choisit de ne pas accepter un accord, a souligné la même source, « cela laisserait l'armée israélienne embourbée à Ghaza, tout en exacerbant les tensions à travers le Moyen-Orient, ce qui pourrait conduire à une guerre régionale, tandis que l'attention de l'armée israélienne serait ailleurs ».
Jeudi dernier, Netanyahu et sept ministres ont voté en faveur du maintien du contrôle militaire total sur le corridor de Philadelphie, contre une seule voix, opposée, celle de Gallant, partageant sa position avec les chefs des services de sécurité et de renseignement qui plaident pour un accord qui permet la libération des otages. « Gallant, le chef d'état-major de Tsahal, le général Herzi Halevi, et le directeur du Mossad, David Barnea, ont affirmé que la proposition de Netanyahu de voter une résolution visant à maintenir le contrôle israélien total le long du corridor de Philadelphie, compromettrait un éventuel accord.
Nous avons prévenu Netanyahu et les ministres du cabinet de ce scénario précis, mais ils n'ont pas voulu écouter », a écrit Axios. Peut-on croire que la découverte des corps des six otages à Ghaza a sonné la fin de récréation pour Netanyahu ? Il est un peu tôt pour répondre à cette question, cependant la contestation contre le Premier ministre montre d'un cran. Les appels à la grève générale pour aujourd'hui se sont élargis en quelques heures seulement.
Deux organisations de familles des otages, parmi les plus actives, ont rendu public un communiqué, hier, appelant à une grève générale et une manifestation populaire imposante contre Netanyahu. « Netanyahou a abandonné les otages. C'est désormais un fait. A partir de demain (aujourd'hui), le pays va trembler. Nous appelons la population à se préparer. Nous allons mettre le pays à l'arrêt. L'abandon est terminé », lit-on dans leur communiqué.
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Les exigences du capital - La sinistre clarification d’Emmanuel Macron
En refusant de nommer Lucie Castets à Matignon, le président a confirmé que, pour lui, l'espace démocratique est désormais soumis aux exigences du capital. Rien d'important ne saurait changer dans le domaine économique. Du pain bénit pour l'extrême droite.
27 août 2024 | tiré d'Europe solidaire sans frontières | Photo : À gauche, le président du Medef Patrick Martin. À droite, Emmanuel Macron. © Photomontage Mediapart avec AFP
https://www.europe-solidaire.org/spip.php?article71816
Et si, malgré tout, la dissolution de l'Assemblée nationale avait bien été une clarification politique ? Pas celle à laquelle on pense immédiatement, bien sûr, avec une majorité établie et un gouvernement solide. Mais ce qui a été clarifié par la décision du chef de l'État, le 26 août, d'exclure tout gouvernement du Nouveau Front populaire (NFP) est bien plus vaste : c'est le cadre dans lequel la démocratie française est autorisée à fonctionner.
Le refus de nommer Lucie Castets, la candidate du NFP, à Matignon a beau se cacher sous les atours de la « stabilité institutionnelle », le premier ministre par intérim Gabriel Attal, par ailleurs chef du groupe présidentiel à l'Assemblée (un double rôle qui en dit long sur le respect de ce camp pour ces mêmes institutions), a précisé les conditions de ce refus : c'est évidemment le programme économique du NFP qui, selon lui, conduirait « à un effondrement économique de notre pays ». En cela, il partage l'idée avancée lundi par Marine Le Pen qu'un gouvernement NFP « mènerait une politique dangereuse pour les Français ».
Les limites à la démocratie
Hasard du calendrier, ce même 26 août, le président du mouvement des entreprises de France (Medef), Patrick Martin, a, dans le discours d'ouverture de son université d'été à l'hippodrome de Longchamp, confirmé ce même cadre en refusant le programme du NFP qui, selon lui, « se paiera cash » par « le déclassement » de la France.
D'ailleurs, Patrick Martin est allé plus loin en demandant la poursuite des « politiques pro-business » menées par les gouvernements depuis au moins 2017. Il a d'ailleurs salué chaleureusement son « cher ami » Bruno Le Maire, locataire démissionnaire de Bercy, pour avoir été un « artisan déterminant et déterminé » de ces politiques.
Et pour enfoncer le clou, le matin même sur France Inter, Patrick Martin a même prétendu que les élections législatives n'avaient pas « sanctionné la politique économique du gouvernement actuel ». Cette offensive du Medef est une clarification importante par son alignement sur la stratégie menée à l'Élysée. Elle confirme un fait trop souvent sous-estimé à gauche : la seule boussole qui détermine les choix d'Emmanuel Macron, c'est la préservation de l'ordre économique.
La politique est soumise à une force plus impérieuse, celle de l'intérêt du capital.
Depuis le 9 juin, tout tourne autour de cette obsession. Il faut trouver une formule politique qui ne remette pas en cause les politiques économiques menées à la demande et à la satisfaction du capital. La formation du gouvernement est donc soumise à d'autres forces que celles de la logique majoritaire ou constitutionnelle, elle est soumise à ce cadre rigide d'un autre gouvernement, celui du capital.
La preuve la plus éclatante de cette réalité est que le programme du NFP est lui-même issu d'un compromis. Il est, rappelons-le, particulièrement modéré en économie. Il propose une option keynésienne qui prend acte de l'échec des fameuses politiques pro-business et de leurs conséquences néfastes. Mais ce n'est pas un programme anticapitaliste : les entreprises restent le cœur de l'organisation économique.
Mais la situation du capital est telle que même cette modération est inacceptable pour lui. C'est bien ce message que Patrick Martin, décidément très bavard ces temps-ci, a confirmé dans un entretien au Figaro le 25 août : le programme du NFP serait « insupportable » pour le pays. Rien ne serait possible pour les entreprises : ni la hausse du smic, ni l'abolition de la réforme des retraites, ni l'indexation des salaires. Le Medef se présente même comme gardien du temple de la supposée « rationalité économique » pour éviter que « nos décideurs ne s'égarent ».
L'Élysée garde le temple économique
Le patron des patrons peut être rassuré : l'Élysée est parfaitement sur cette ligne et a donc fixé les règles du jeu. Désormais, pour être acceptable, tout prétendant à Matignon devra montrer patte blanche et faire allégeance à cette fameuse « rationalité économique ». Et cela inclut de ne pas toucher aux mesures engagées depuis 2017.
Le cadre d'acceptabilité de la politique économique s'est donc fortement restreint et c'est ce cadre qui détermine la possibilité de la construction gouvernementale. Pour ceux qui en doutait encore (ils étaient apparemment encore nombreux), la politique est soumise à une force plus impérieuse, celle de l'intérêt du capital. Et c'est de cette hiérarchie dont est garant le président de la République. Bien plus que de la stabilité institutionnelle.
Les macronistes n'accepteront pas de compromis hors du cadre étroit défini par le Medef.
Emmanuel Macron a toujours défendu cette logique d'encastrement de la démocratie dans les intérêts économiques. Toute sa politique depuis 2017 le prouve. On se souviendra qu'aucune crise, ni les « gilets jaunes », ni la crise sanitaire, ni la guerre en Ukraine, ni l'accélération du désastre écologique ne lui ont fait remettre en cause ses réformes fiscales et notamment la suppression de l'impôt de solidarité sur la fortune (ISF). On se souviendra que le rejet général de la réforme des retraites ne l'a pas freiné et que ladite réforme a été imposée au nom même de cette pseudo « rationalité » qui n'est qu'un paravent d'intérêts concrets.
Il y a de quoi sourire à voir le camp présidentiel sauter comme un cabri pour appeler à des « compromis » tout en défendant ce bilan présidentiel et en refusant de remettre en cause toute réforme d'importance des sept dernières années sur le plan économique. On veut bien accepter une taxation des « super rentes » que l'on peinera à définir et qui ne changera rien d'essentiel, mais pas davantage.
La réalité, c'est que les macronistes n'accepteront pas de compromis hors du cadre étroit défini par le Medef : la politique économique doit rester la même. C'est ici qu'agit la clarification présidentielle : l'économie est désormais exclue du champ démocratique. Emmanuel Macron entend rendre réel ce vieux rêve néolibéral, mais en le rendant encore plus contraignant car ce qu'il défend ce n'est pas seulement l'indépendance du politique et de l'économique, c'est la soumission du politique à l'économique.
Une République sous tutelle
La République si fière de sa laïcité est désormais soumise à une religion nouvelle : celle des forces économiques qui s'imposent à chacun de ses choix. Comme jadis les actes de la vieille République romaine étaient soumis à la validation des dieux par la consultation des augures, notre République moderne ne peut plus agir sans avoir reçu le blanc-seing des intérêts du capital. Ou bien la colère de la déesse économie se déchaînera sur le pays.
En d'autres termes : la République règne, mais ne gouverne pas. Celui qui gouverne, c'est le capital et il gouverne même en l'absence de gouvernement. D'ailleurs, la décision de Gabriel Attal de geler, c'est-à-dire de réduire, les crédits pour 2025 sans avoir de validation parlementaire n'est rien d'autre qu'une preuve de ce gouvernement du capital.
Pourtant, cette sacralisation des politiques économiques « pro-business » ne règle rien. Patrick Martin peut bien prétendre que la population est fort satisfaite des politiques économiques menées, les faits disent le contraire. La crise politique est la conséquence de cette politique. Le mécontentement est bien là. On peut mettre le couvercle dessus et regarder ailleurs comme le fait le patron du Medef. Mais cette réalité se rappellera immanquablement à nous.
Si les Français acceptent, de mauvaise grâce, le nouveau cadre démocratique restreint, leur mécontentement économique et social prendra inévitablement d'autres formes. Et c'est évidemment l'extrême droite qui en profitera en faisant de cette colère une nouvelle vague xénophobe. C'est d'ailleurs pour cette raison que le Rassemblement national (RN) et ses alliés n'ont aucune raison de remettre en cause le cadre que vient de définir clairement le président de la République.
Derrière son discours lénifiant sur la stabilité, il n'y a que le fanatisme économique d'Emmanuel Macron. En excluant l'économique du champ démocratique, le président ouvre la porte à tous les excès au nom même de la « stabilité », c'est-à-dire au nom de la stabilité sociale.
En 121 avant notre ère, un réformateur modéré soucieux d'améliorer la situation économique de la plèbe romaine, Caïus Gracchus, fut violemment tué à Rome avec ses partisans par l'aristocratie sénatoriale dix ans après son frère. Cet acte fut validé par le Sénat au nom de la « sauvegarde de l'État », une sauvegarde qui passait donc par le refus de toute modification de l'ordre social. Peu après, le consul qui avait mis à mort Caïus, Lucius Opimius décida de reconstruire, sur le Forum, le temple de la Concorde. Une main inconnue vint écrire, selon Plutarque, une nuit, sur la base de ce nouveau temple, cette ligne : « Un travail de folle discorde a produit un temple à la Concorde. » Voilà à quoi ressemblent les leçons de stabilité de l'Élysée.
Romaric Godin
P.-S.
• Mediapart, 27 août 2024 à 19h05 :
https://www.mediapart.fr/journal/economie-et-social/270824/la-sinistre-clarification-d-emmanuel-macron
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Nourrir l’espoir, agir pour le changement : Repenser notre rapport au vivant
Saint-Jérôme, 27 août 2024 - Réunis en lac-à-l'épaule en juin dernier, l'équipe de travail et les membres du nouveau conseil d'administration du Regroupement des organismes communautaires des Laurentides (ROCL) ont élaboré un plan d'action étoffé répondant aux cinq priorités adoptées en assemblée générale annuelle où plus de 120 personnes étaient présentes.
L'une de ces priorités consiste notamment à s'approprier collectivement les réalités entourant la justice sociale et climatique dans le milieu communautaire.
« On ne peut plus nier l'existence de la crise climatique et l'impact social qu'elle engendre quand on regarde les dernières années : vagues de chaleur plus fréquentes et plus intenses, feux de forêt, détérioration de la qualité de l'air, sécheresses, érosion côtière, inondations, etc. Les impacts de la crise environnementale sont réels, concrets et ont déjà une incidence sur notre quotidien et notre bien-être » affirme Isabelle Cloutier, vice-présidente du ROCL.
Fort de ses 161 organismes communautaires, le ROCL s'inquiète des impacts de la crise climatique sur le milieu communautaire. « Les groupes communautaires oeuvrent directement avec les personnes qui sont les plus touchées par les inégalités sociales et la pauvreté. Comme ces personnes seront les plus impactées par la crise climatique, il est réaliste de présager que les groupes communautaires seront confrontés à une exacerbation des problématiques rencontrées par leurs membres dans les prochaines années » constate Benoit Larocque, coordonnateur du ROCL.
Madame Cloutier partage son inquiétude : « Nous l'avons bien vu dans les dernières années, en temps de crise, qu'elle soit économique, sanitaire, sociale ou climatique, ce sont les droits des personnes les plus vulnérables qui sont particulièrement éprouvés. Nous sommes peut-être toutes et tous dans la même tempête, mais nous ne possédons pas le même bateau. Et s'il y a une certitude, c'est que les années à venir seront encore plus difficiles ».
« La culture « des gestes individuels » doit rapidement céder sa place à une culture « des gestes collectifs » si nous voulons mettre en place de réels changements structurants, efficaces et durables en termes de justice sociale et climatique. Les instances politiques ont tendance à individualiser les solutions aux enjeux environnementaux. Or, il faut élargir les spectres d'actions pour que toutes les instances prennent leurs responsabilités, poursuit Benoit Larocque ».
Rappelons que le mouvement communautaire a toujours eu un rôle crucial à jouer dans l'avancement des droits de la personne et dans l'amélioration de leurs conditions de vie en menant de nombreuses luttes sociales pour donner une voix aux personnes qui en avaient peu. C'est en misant sur la force collective, l'indignation et l'espoir en un monde plus égalitaire, que les organismes communautaires autonomes du Québec ont pu faire avancer des causes importantes. Le ROCL croit profondément que la crise climatique est l'une de ces causes qui méritent pleinement l'attention et l'implication collective. Il y a encore des raisons d'espérer, de rester en action contre l'inaction et d'œuvrer pour plus de justice sociale et climatique.
Face à l'immobilisme des gouvernements, le ROCL a décidé de se saisir de cet enjeu pour que la lutte contre les inégalités sociales, le respect du vivant et la crise climatique deviennent une réelle priorité.
Le ROCL est un regroupement existant depuis près de 30 ans constitué de plus de 160 organismes communautaires autonomes qui œuvrent dans les Laurentides. Lieu de rassemblement pour les organismes de la région, il offre de la formation, de l'accompagnement et du soutien aux organismes du territoire afin de leur permettre de s'épanouir pleinement dans leurs racines communautaires. Il vise par son action, son approche et son rôle de représentation à faire rayonner l'identité des organismes communautaires autonomes et à opérer de profonds changements pour plus de démocratie, de solidarité et de justice sociale et climatique.
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Une capsule vidéo contre une idée fausse sur la pauvreté
Dans le cadre de sa vaste campagne pour combattre les idées fausses sur la pauvreté, le Mouvement ATD Quart Monde lance aujourd'hui la seconde de trois capsules vidéo. La prochaine capsule sera dévoilée mercredi 4 septembre.
Trop d'idées fausses sur la pauvreté influencent négativement les personnes en position de pouvoir, celles qui conçoivent les programmes et mettent en place des services de lutte à la pauvreté. Cela fait en sorte que trop souvent ces actions ratent leur cible. Déjà les personnes manquent de revenu, mais elles souffrent en plus du jugement social qu'imposent ces idées fausses.
On vit bien sur le BS - FAUX !
Il est facile de rêver être rentier ou rentière, c'est-à-dire, recevoir de l'argent sans travailler, comme les enfants héritiers d'auteur et d'autrice de chanson ou de livres, comme les enfants de riches investisseurs ou comme les gagnants et gagnantes de Loto-Québec. Mais la situation des personnes assistées sociales est très différente. Elles ne sont pas rentières de l'État.
L'assistance sociale donnée pour une personne seule qui serait apte à travailler est de 807$ par mois. L'Institut de recherche et d'informations socioéconomiques (IRIS) a calculé la mesure du panier de consommation (MPC) pour 2023 à 2001$ par mois. Il s'agit du montant pour couvrir ses besoins de base, pour une personne seule vivant à Montréal. Ce n'est pas encore être sorti de la pauvreté. De plus, si deux personnes sont en couple, vivant ensemble, elles ne reçoivent qu'un montant pour le couple, qui est de 1225$ par mois, soit moins l'équivalent de 612,50$ par personne par mois. Avec le coût des logements, de l'épicerie et du transport, peut-on encore imaginer qu'on vit bien à l'aide sociale ?
L'aide sociale de protège pas de la faim, car 2 ménages sur 3 souffrent d'insécurité alimentaire. De plus, l'espérance de vie est de 10 ans inférieur pour les personnes vivant dans un quartier pauvre que celle vivant dans un quartier mieux nantis. Sans compter, que selon une étude sur l'opinion publique, les personnes à l'aide sociale sont les plus discriminées dans les médias et elles font l'objet d'une opinion publique québécoise nettement moins favorable que celle accordée à d'autres groupes sociaux marginalisés, comme les personnes issues de l'immigration ou les minorités sexuelles.
Ces données nous amènent à changer notre regard sur les personnes en situation de pauvreté et à repenser nos programmes sociaux pour éliminer la pauvreté, ce, tout en respectant la dignité de ceux et celles qui la vivent.
En finir avec la pauvreté, c'est d'abord en finir avec les idées fausses
Consultez la fiche
La fiche contre l'idée fausse "On vit bien sur le BS" est disponible pour diffusion dans vos médias et réseaux sociaux.
Vous pouvez les imprimer librement également pour faire changer les idées sur la pauvreté.
[Aller sur le site Internet](https://civicrm.atdquartmonde.ca/fr/civicrm/mailing/url?u=1535&qid=78685)
https://civicrm.atdquartmonde.ca/fr/civicrm/mailing/url?u=1535&qid=78685
Des outils pour un regard juste sur la pauvreté
Ces capsules vidéo sont des outils qui viennent enrichir nos moyens afin de rétablir un regard juste sur les personnes qui vivent la pauvreté. [Les fiches cartes-postales sont déjà disponibles sur notre site Internet.](https://civicrm.atdquartmonde.ca/fr/civicrm/mailing/url?u=1535&qid=78685) Le manuel d'accompagnement de la campagne sera mis en ligne gratuitement le 10 septembre. Des commandes pour des copies papier de ces outils sont également possibles.
[Visiter le site de la campagne](https://civicrm.atdquartmonde.ca/fr/civicrm/mailing/url?u=1535&qid=78685)
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Les Conservateurs de Poilevre : le sourd grondement d’un retour à l’austérité ?
Certains commentateurs (dont Josée Legault dans le Journal de Montréal) ne s'alarment pas outre mesure de la perspective d'un changement de gouvernement à Ottawa ; en effet soutiennent-ils en substance, le gouvernement libéral de Justin Trudeau serait usé et en manque de politiques de rechange. Il faut donc en déduire que pour eux, l'arrivée au pouvoir des conservateurs "poilievréens" ne constituerait pas nécessairement une catastrophe.
De sérieux bémols s'imposent ici.
Tout d'abord, le gouvernement Trudeau a renoué avec des politiques redistributives qui contrastent avec la période du conservateur Stephen Harper (2006-2015). On n'a qu'a penser à la création du SRG (Supplément de revenu garanti), lequel augmente les prestations de retraite aux prestataires à faible revenu de la sécurité de la vieillesse ; de plus, il n'est pas imposable.
On peut évoquer aussi de la Prestation canadienne d'urgence (PCU) lmisre sur pied lors de la pandémie de 2020 et de l'augmentation marquée des prestations d'assurance-emploi à la même période, mesure temporaire hélas mais qui a apporté un soutien financier important aux chômeurs et chômeuses ayant perdu leur emploi en raison de la COVID-19.
Évidemment, le cabinet Trudeau étant minoritaire, il a du s'appuyer sur le Nouveau Parti démocratique (lNPD) pour se maintenir en place, ce qui l'a sans doute obligé à adopter ces mesures. Autrement, sa "générosité" aurait été plus mesurée. On a lui fait par ailleurs bien des reproches comme l'inflation galopante et l'immigration massive au Canada que je ne reprendrai pas ici, vu qu'on en a déjà beaucoup traité.
Posons-nous plutôt la question suivante : que ferait un cabinet Poilievre ? Quelles mesures adopterait-il pour régler les problèmes de la société canadienne ? Représente-t-il une solution de rechange convaincante ?
Difficile de répondre à ces interrogations légitimes.
En effet, le chef conservateur demeure vague sur des problèmes-clés.
Par exemple, il ne s'engage pas sans équivoque à maintenir le programme de soins dentaires universel mis sur pied par les libéraux (et qui, soit dit en passant, empiète sur les compétences des provinces).
Pour ce qui regarde le déficit et la dette, deux phobies rétrolibérales, Poilievre s'en tient à des généralités convenues. Il s'engage à réduire les dépenses gouvernementales et à présenter un budget équilibré.
Pour ce qui est de la place du Québec dans la fédération, Poilievre ne prévoit pas de renouvellement de, donc de pouvoirs accrus pour le Québec. Mais il prône un gouvernement fédéral de stature plus modeste, bien dans la logique rétrolibérale.
Sur la question délicate de la loi 21, il partage la conviction de Justin Trudeau hostile à cette mesure et participerait à la contestation à une contestation judiciaire de cette loi devant la Cour suprême.
Il abolirait aussi les mesures établies par Trudeau pour le contrôle des armes à feu. Même chose pour la protection de l'environnement.
Pour conclure, y gagnerait-on avec un gouvernement Poilievre à Ottawa ?
Il faut rappeler ici que cet homme a fait partie du gouvernement Harper en tant que ministre d'État des institutions démocratiques (de 2013 à 2015) et de ministre des ressources humaines et du développement social (en 2015). Il cultive le flou et la vague quand il s'agit de préciser comment il réaliserait ses projets une fois au pouvoir. Mais si cela arrivait, il faudrait s'attendre à des politiques assez drastiques visant en particulier la protection sociale et l'environnement.
Affirmer que le gouvernement Trudeau a fait son temps et qu'il doit être remplacé est une chose, mais par qui ? Après tout, la coalition libérale-néo-démocrate a donné des résultats assez convaincants sur divers problèmes, toutes choses étant très relatives par ailleurs bien entendu.
Au contraire, on peut se douter que sur certains plans, l'éventuelle conquête du pouvoir à Ottawa par les conservateurs représenterait un recul.
Le problème dépasse la personnalité des deux chefs. Comment agirait le successeur de Trudeau s'il remportait le prochain scrutin ? Persévérerait-il dans la voie tracée par son prédécesseur ou se lancerait-il dans l'austérité pour couper l'herbe sous le pied à Poilieve ?
On peut se le demander non sans perplexité et même inquiétude. Libéraux, néo-démocrates et conservateurs ne sont pas interchangeables, et ce en dépit du fait qu'aucune de ces formations ne conteste le capitalisme. Mais les deux premières au moins adhèrent (surtout les néo-démocrates) à une version moins brutale que les conservateurs du droit "sacré" au profit. Le fantôme de Keynes "l'ange gardien" de la redistribution se profile derrière elles.
Jean-François Delisle
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Pétition pour le retrait de la TPS sur les billets d’autocars et de trains
Les oubliés de l'autobus <http://www.oubliesdelautobus.sitew.ca/> ont déposé pour signature sur le site du gouvernement fédéral une pétition qui demande le retrait de la TPS sur les billets d'autocars et de trains, cette taxe ajoutant 5% à leurs prix déjà très élevés. Le groupe constate que ce choix éco-responsable est taxé quand pourtant l'utilisateur de transport collectif contribue déjà au-delà de sa juste part à construire et maintenir les infrastructures routières.
Voici le texte de la pétition e-5053
Attendu que :
Le transport est un besoin essentiel, particulièrement dans les régions éloignées des centres ;
Les taxes sur les transports collectifs qui s'ajoutent aux prix des billets les rendent prohibitifs pour les usagers les plus démunis ;
Les fournisseurs de service de transport collectif peinent à maintenir des horaires suffisants et des circuits universels ;
Les services de transport collectif contribuent efficacement à la diminution des gaz à effet de Serre (GES) ;
Les citoyens qui utilisent ces services doivent être encouragés car ils collaborent à réduire la congestion et l'émission de GES.
Nous soussignés, citoyennes et citoyens utilisateurs de services de transport collectif au Canada, prions la Chambre des communes réunie en Parlement de supprimer la taxe (TPS/TVH) sur la vente de billets d'autocars interurbains et de trains de passagers.
<https://www.noscommunes.ca/petition...> .
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Féminicides : Appel à la mobilisation !
La vague de féminicides qui a eu lieu durant la première partie de l'année est passée sous silence. Arrêtons de tolérer la banalisation des violences envers les femmes.
Contexte
Elles sont 17 à avoir été assassinées depuis janvier 2024, presque toutes par des hommes de leur entourage. Ces meurtres ne sont pas des événements isolés : ils s'inscrivent sur un continuum de violences, exacerbé par le contexte social actuel.
Pendant les vacances parlementaires, l'inflation, la crise du logement et le sous-financement des services publiques et des groupes communautaires ont continué de menacer la sécurité des femmes. Il y a urgence de retisser un filet de sécurité mis à mal par les crises actuelles et par le manque de vision du gouvernement qui ne propose aucune mesure globale relatives à la sécurité et au bien-être des femmes.
Le 12 septembre prochain à midi, vous êtes invité-es à nous joindre à l'Assemblée nationale. Profitons de la rentrée parlementaire pour crier haut et fort que l'ensemble des violences envers les femmes, c'est un problème social sur lequel on doit agir dès MAINTENANT.
Montrons notre volonté de lutter pour une société sécuritaire et égalitaire qui prendra en considération toutes les femmes !
Action en non-mixité inclusive. Femmes, personnes trans et non-binaires bienvenues.
Lien vers l'événement : https://www.facebook.com/events/1579760535917739/?ref=newsfeed
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Rencontrez Nedjma Ziarati, la talentueuse directrice artistique de notre murale collective pour GÉNÉRATIONS !
Née au Canada en 1997, @nedjma_ziarati est le fruit de multiples cultures, avec un père iranien et une mère algéro-allemande. Cette diversité culturelle se retrouve dans son art, où chaque œuvre raconte une histoire unique et vibrante.
Formée auprès de la miniaturiste iranienne Sahar Bakhtiari, issue de l'école du grand maître Mohammad Bagher Aghamiri, Nedjma puise son inspiration dans l'art ancien de la miniature persane.
Avec une minutie remarquable, elle explore les détails les plus fins, mêlant paysages naturels et figures féminines, dans une symphonie de couleurs vives. Ses créations sont une invitation au voyage, empruntant des éléments du Japon, de la Chine et du Moyen-Orient.
Dans son univers, la fluidité et le mouvement règnent en maîtres, où la nature, la roche et l'eau fusionnent pour créer des œuvres poétiques, libérées des contraintes de la perspective.
Pour l'événement GÉNÉRATIONS, Nedjma guidera la création d'une murale collective, où le figuratif et l'abstrait s'entrelaceront pour donner vie à une œuvre qui ouvre la voie au rêve et à l'émerveillement.
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Début des audiences du BAPE à Rouyn-Noranda | Plusieurs questions cruciales à poser sur l’inquiétant projet minier Horne 5
Plusieurs organismes communautaires, comités citoyens et coopératives de Rouyn-Noranda, appuyés par des groupes régionaux et nationaux de défense de l'environnement et des gens unissent leurs voix pour inviter la population à venir poser des questions ce soir sur le projet minier Horne 5 de Ressources Falco à Rouyn-Noranda devant le Bureau d'audiences publiques sur l'environnement (BAPE).
La société civile est prête pour l'exercice. Malgré le déclenchement du dossier en plein été et une présentation de la documentation anarchique et sans préavis de la part de la compagnie, les groupes sont parvenus à étudier en détail le dossier en mettant leurs ressources en commun.
L'étude approfondie du projet minier Horne 5 soulève de sérieuses questions extrêmement préoccupantes. Ce soir et demain, les groupes adresseront ces questions cruciales directement à la compagnie et au gouvernement.
Parmi la multitude de problèmes environnementaux, sociaux et économiques provoqués par le projet, cinq enjeux névralgiques se dégagent :
– L'aggravation de la qualité de l'air
– Les dangers liés à la sismicité dans la ville et sous la Fonderie (tremblements de terre et effondrements)
– Le coût social et économique du projet pour la Ville de Rouyn-Noranda et les citoyen-ne-s
– Les risques de pollution de l'eau
– Le manque d'utilité du projet et les cadeaux fiscaux accordés à la compagnie
La première partie des audiences publiques sur le projet minier Horne 5 débute ce soir le 27 août à 19h à l'hôtel Noranda. Les audiences reprendront demain, mercredi 28 août, à 13h et 19h. D'autres dates et lieux pourraient suivre.
Citations
« Un projet industriel de cet ampleur inquiète grandement la vingtaine de membres de la Coopérative d'habitation Boréale, vivant dans le quartier du vieux Noranda qui est déjà fortement impacté à bien des niveaux par la Fonderie Horne. Par ailleurs, les dernières années n'ont en rien rassuré nos membres. L'ajout potentiel d'un nouveau projet industriel de cette ampleur à proximité du centre-ville, déjà aussi pollué est d'autant moins rassurant pour des habitant·e·s dont la confiance envers les institutions gouvernementales censées s'occuper de santé et d'environnement s'effrite malheureusement. Nos enfants et nous-même méritons d'habiter dans un environnement sain et sécuritaire », Jean-Philippe Rioux-Blanchette, président de la Coopérative Boréale.
« L'arrivée de 500 travailleurs avec le projet Horne 5, majoritairement masculins et avec un salaire élevé, inquiète hautement notre organisme sur les différents impacts pour les femmes, dont les inégalités économiques et les risques de violence », Johanne Alarie, intervenante communautaire, Centre Entre-Femmes – Rouyn-Noranda.
« Nous sommes très inquiètes car le projet Horne 5 fait peser des risques supplémentaires sur la population de Rouyn-Noranda déjà exposée à de nombreux risques en raison des émissions toxiques de la Fonderie Horne qui affectent de façon importante la qualité de l'air et des sols. Bien que certains aspects du projet puissent sembler présenter des risques négligeables, leurs conséquences potentielles, quant à elles, pourraient être graves et irréversibles. Il est essentiel de rappeler que chaque citoyen a le droit de vivre dans un environnement sain et sécuritaire, et ce droit doit être respecté et protégé avant tout développement économique. », Jennifer Ricard Turcotte, Mères au front de Rouyn-Noranda et leurs allié.e.s.
« La surexposition de nos enfants, de la population, et la réduction insuffisante des rejets dans l'air exigée par le gouvernement à la Fonderie Horne de Glencore nous inquiètent déjà au plus haut point. L'arrivée d'une autre source de rejets dans notre environnement est vraiment inadmissible : nous avons vraiment l'impression que notre population est sacrifiée au nom d'intérêts économiques », Nicole Desgagnées, Comité Arrêt des rejets d'émissions toxiques (ARET).
« L'exploitation d'une mine de grande profondeur peut provoquer des mouvements de terrain. Le REVIMAT s'inquiète des effets sur les infrastructures vieillissantes de la Fonderie Horne, dont le bassin et l'usine d'acide, qui peuvent mettre en danger la sécurité de la population en cas d'accident. Nous nous questionnons si Falco pourra sécuriser la population lors du BAPE avec un enjeu aussi important », Marc Nantel, porte-parole, Regroupement vigilance mines de l'Abitibi et du Témiscamingue (Revimat).
« Alors que la population de Rouyn-Noranda vit déjà une situation très anxiogène avec le projet de zone tampon dans le quartier Notre-Dame, que les émissions atmosphériques sont toujours trop élevées, que les impacts cumulatifs des activités industrielles en cours induisent déjà une pression aiguë sur le milieu, le CREAT s'interroge à savoir pourquoi le gouvernement du Québec a fait le choix volontaire de déclarer recevable un projet qui ne ferait qu'ajouter des sources de contaminations à celles que subissent déjà la population. Dans le contexte actuel, cette démarche démontre un manque flagrant de considération de la part du gouvernement du Québec envers les citoyens·ne·s de Rouyn-Noranda, qui peinent déjà à obtenir des réponses dans le dossier de la Fonderie Horne » BIanca Bédard, directrice générale, Conseil régional de l'environnement de l'Abitibi-Témiscamingue.
« Ce projet, dont les profits proviendront principalement de l'extraction d'or et d'argent – des métaux à la pertinence presque nulle au regard des grands défis écologiques qu'affronte l'humanité, nécessitera le pompage de millions de mètres cubes d'eau hautement contaminée hors du sous-sol de Rouyn-Noranda, et l'entreposage de millions de résidus miniers acidogènes en amont du lac Dufault, la source d'eau potable de la ville. Les risques encourus par la population, pour les profits de quelques-uns, nous semblent purement déraisonnables et invitent à une révision sérieuse de nombreux volets de cette bombe à eau minière, dont l'éclatement pourrait avoir des conséquences irréparables », Émile Cloutier-Brassard, responsable des dossiers miniers, Eau Secours.
« Le projet minier Horne 5 risque d'ajouter à la contamination du bassin Osisko qui dépasse déjà les normes. Plus de daphnies et plus de truites vont mourir si Falco ne s'engage pas à décontaminer son site industriel avant la construction de son concentrateur », Daniel Green, président, Société pour vaincre la pollution.
« L'Action boréale est d'avis que le projet Falco 5 ne pourrait générer qu'une augmentation de la pollution à Rouyn-Noranda. C'est pourquoi nous réitérons notre demande de fermer définitivement la fonderie Horne par un plan de transition qui permettrait de recouvrer la santé de ce territoire et de ses habitants empoisonnés depuis cent ans », Richard Desjardins, vice-président de l'Action Boréale.
« Proposer une mine sous une ville commande de grandes responsabilités. Hélas, la compagnie a failli à son devoir de présenter son projet de manière intelligible et accessible au public dans des délais raisonnables. Ces manquements et cette précipitation laissent croire que nous allons découvrir plusieurs éléments préoccupants dans les prochaines heures. Au moins, Falco et le gouvernement ne pourront pas se défiler devant les questions de la population », Rodrigue Turgeon, avocat, co-porte-parole de la Coalition Québec meilleure mine et coresponsable de MiningWatch Canada.
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Dialogue difficile avec le gouvernement Legault sur la transition sociale et environnementale : 50 organisations appellent à manifester le 27 septembre
« Si nous voulons réellement diminuer nos émissions de GES de façon significative, on ne peut pas miser seulement sur un projet de la filière batterie : il faut mettre en place plusieurs projets structurels et collectifs qui touchent à l'ensemble des sphères de la société. Il est grand temps de donner un coup de barre si on veut réduire l'impact négatif des changements climatiques. Les travailleuses et les travailleurs du Québec demandent formellement aux gouvernements du Québec et du Canada d'enfin mettre en place un plan clair et un financement suffisant pour s'assurer d'une vraie transition écologique et sociale qui ne laisse personne derrière. » affirment les organisations du secteur syndical.
Les représentant-e-s de 50 organisations de la société civile appellent la population à manifester dans les rues le 27 septembre prochain pour dénoncer un dialogue difficile avec le gouvernement Legault et des avancées trop lentes et insuffisantes en matière de transition sociale et environnementale. Selon elles et eux, « les décisions prises en vase clos ne peuvent plus continuer ».
Lors du lancement du mouvement Pour la suite du monde le 22 mai dernier, les partenaires ont sollicité une rencontre avec le gouvernement québécois afin de réclamer la mise en place d'actions concrètes en faveur d'une véritable transition sociale et environnementale. Cet appel à une plus grande participation démocratique dans la prise de décision demeure encore à ce jour sans réponse de la part du gouvernement Legault.
Une politique menée à tâtons
En plus de ne pas répondre à cette demande de dialogue, le gouvernement du Québec refuse de prendre acte de l'urgence d'agir dans plusieurs domaines, en plus de poursuivre un agenda législatif et économique parfois incompatible avec ses obligations environnementales.
La procrastination dans le dossier du caribou, un projet de loi sur l'exploitation minière qui effleure à peine les demandes de la société civile, un projet de loi sur l'énergie au service d'une politique industrielle aux visées imprécises et qui ne répond pas pleinement aux besoins de décarbonation, le manque de financement pour les réseaux de transport collectifs existants sont tous des symptômes du manque de dialogue avec la société civile et d'écoute envers les solutions concrètes promues par celle-ci.
Des solutions prêtes à mettre en oeuvre
Les signaux sont tous au rouge : un autre été catastrophique, marqué par des épisodes de pluies diluviennes dévastatrices, des records de température élevée, des feux de forêt incontrôlables et leurs conséquences sur nos activités quotidiennes, notre économie et notre santé. Dans ce contexte, la société civile mobilisée affiche aujourd'hui un front uni afin d'appeler le gouvernement Legault à mettre en place les solutions avancées par nos organisations pour accélérer la transition sociale et environnementale et adapter le Québec aux défis de demain.
Depuis le 22 mai dernier, le mouvement a accueilli en son sein une dizaine de nouvelles organisations, portant le nombre de partenaires représentés à plus de 50. Leur appel à un véritable dialogue avec le gouvernement se fera entendre le 27 septembre prochain lors de la grande journée de mobilisation qui s'organise à travers la province. La population est invitée à descendre dans la rue afin de joindre sa voix à celle des organisations membres.
Des manifestations sont actuellement prévues à Montréal, Québec, Sherbrooke, Joliette, Gaspé, Saint-Jérôme et Nicolet. D'autres villes s'ajouteront à la liste prochainement.
Ce qu'ils et elles en disent
« Si nous voulons réellement diminuer nos émissions de GES de façon significative, on ne peut pas miser seulement sur un projet de la filière batterie : il faut mettre en place plusieurs projets structurels et collectifs qui touchent à l'ensemble des sphères de la société. Il est grand temps de donner un coup de barre si on veut réduire l'impact négatif des changements climatiques. Les travailleuses et les travailleurs du Québec demandent formellement aux gouvernements du Québec et du Canada d'enfin mettre en place un plan clair et un financement suffisant pour s'assurer d'une vraie transition écologique et sociale qui ne laisse personne derrière. » affirment les organisations du secteur syndical.
« Notre système économique basé sur l'extraction débridée de ressources naturelles, le gaspillage et la destruction du vivant est à transformer. Il est urgent de réapprendre à vivre en harmonie avec la nature, en s'éloignant de cette logique nocive et dangereuse de croissance infinie. Nous devons décider ensemble de notre avenir commun afin de faire face aux enjeux socio-environnementaux auxquels nous sommes confrontés. C'est pourquoi les gouvernements doivent écouter la société civile, mettre en œuvre les solutions qui existent déjà, et agir sans plus tarder pour une transition socioécologique qui nous permettra de vivre collectivement en sécurité et en santé. »
Thibault Rehn, Vigilance OGM, représentant du secteur environnemental
« Cela fait des années que le mouvement communautaire tire la sonnette d'alarme devant un filet social québécois qui s'évapore à vitesse grand V. En y ajoutant les impacts dévastateurs de la crise climatique et celle de la biodiversité sur les populations que nous soutenons au quotidien, l'accroissement des injustices et des inégalités s'accélère et nous fait craindre le pire pour notre futur collectif. Enclencher une transition écologique juste et respectueuse des droits humains, c'est ne laisser personne derrière, surtout pas les plus vulnérables. »
Claudia Fiore-Leduc, Réseau québécois pour l'action communautaire autonome, représentante du secteur communautaire
« L'avenir de notre planète ne doit pas reposer uniquement sur les épaules de la jeunesse. La crise climatique concerne tout le monde. Face à l'inaction des gouvernements, nous avons besoin de l'engagement et de la mobilisation de chaque personne citoyenne pour faire face à ce défi crucial. Les autorités doivent assumer leurs responsabilités et prendre des mesures concrètes pour assurer un avenir durable pour toutes et tous. »
« De plus en plus de gens se rendent compte des liens étroits entre la santé environnementale et la santé humaine, de même qu'avec la justice sociale, et l'acceptabilité sociale des projets y est d'ailleurs aussi de plus en plus associée. Le gouvernement québécois doit enfin entendre et prendre en compte les solutions qui sont discutées dans la société civile, par rapport aux possibilités et aux importants bénéfices qu'elles comportent. Pour la santé de tous et toutes, à travers tout le Québec – citoyen.ne.s, patient.e.s et professionnel.le.s de la santé, et même de notre économie, de concert avec une réduction des coûts de notre système de santé. »
Patricia Clermont de l'Association québécoise des médecins pour l'environnement, représentante du secteur de la santé
« La démocratie et la participation citoyenne devraient être au cœur de la transition énergétique, sociale et écologique. Le refus massif d'un trop grand nombre d'élus de tous les paliers, mais particulièrement du palier municipal, d'impliquer activement la population dans les décisions à prendre témoigne d'un manque de volonté politique et de vision pour notre avenir collectif. »
Rachel Fahlman, porte-parole du regroupement d'élu.e.s municipaux Vent d'élus
Le Québec fait face à des décisions importantes. Il est impératif que les décisions ne soient pas prises derrière des portes closes, mais plutôt en collaboration et en dialogue avec la société civile pour que cette transition sociale et environnementale nécessaire se fasse au bénéfice de tous et toutes.
« Que le veuille ou non le gouvernement actuel, la transition socio-écologique est inévitable. Les limites planétaires et sociales ont été atteintes et notre système économique actuel ne fonctionne que pour une minorité d'individus. Un changement de logique économique est donc essentiel, mais surtout possible. Au Québec, des modèles économiques qui prennent soin à la fois des personnes et de la planète existent et sont déjà bien ancrés. Le gouvernement doit reconnaître et soutenir les secteurs, les entreprises et la diversité de personnes qui travaillent à absorber les chocs des changements climatiques et à réduire notre empreinte carbone. Parce qu'une transition peut seulement fonctionner si tout le monde fait partie de la solution. »
Julie McClatchie, Oxfam-Québec, représentante du secteur de l'économie
« Nous subissons aujourd'hui la dépossession tranquille de nos meilleurs acquis économiques, sociaux et environnementaux. Le gouvernement du Québec n'a aucune vision structurante de la transition écologique et il continue de se préoccuper davantage des profits des multinationales que de la protection de nos joyaux naturels et du bien commun. Les Québécoises et Québécois n'ont certainement pas voté pour ça. »
Louise Morand, Regroupement Vigilance Énergie Québec, représentante des regroupements citoyens
Le Québec fait face à des décisions importantes. Il est impératif que les décisions ne soient pas prises derrière des portes closes, mais plutôt en collaboration et en dialogue avec la société civile pour que cette transition sociale et environnementale nécessaire se fasse au bénéfice de tous et toutes.
À propos du Collectif pour la suite du monde
Nous sommes un mouvement réunissant des organisations syndicales, environnementales, de santé, communautaires, étudiantes, économiques ainsi que des collectifs citoyens et d'élus autour d'une vision démocratique de la transition environnementale et sociale.
À travers diverses actions, nous nous mobilisons afin de forcer nos gouvernements à mettre en place des solutions démocratiques porteuses de justice sociale et environnementale.
Notre mouvement rassemble une cinquantaine d'organisations, représentant plus de deux millions de personnes.
Organisations du mouvement Pour la suite du monde
Alliance du personnel professionnel et technique de la santé et des services sociaux (APTS), AREQ – Le mouvement des personnes retraitées CSQ, Association québécoise des médecins pour l'environnement (AQME), Attac Québec, Centrale des syndicats démocratiques (CSD), Centrale des syndicats du Québec (CSQ), Chantier de l'économie sociale, Coalition Alerte à l'Enfouissement RDN (CAER), Coalition Québec meilleure mine, Coalition Québécoise des lacs incompatibles avec l'activité minière (QLAIM), Coalition Verte / Green Coalition , Confédération des syndicats nationaux (CSN), Cyclo Nord-Sud, Demain Verdun, Eau Secours, ENvironnement JEUnesse, Équiterre, Fédération autonome de l'enseignement (FAE), Fédération des travailleurs et des travailleuses du Québec (FTQ), Fédération étudiante collégiale du Québec (FECQ), Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec-FIQ, Fondation David Suzuki, Fondation Monique-Fitz-Back, Fondation Rivières, Front commun pour la transition énergétique, Greenpeace Canada, La planète s'invite au parlement, L'Assomption en Transition, Les ami.e.s de la Forêt du lac Jérôme, sa rivière, son ruisseau, ses milieux humides et ses sentiers, Les oubliés de l'autobus, Mères au front, Mouvement d'action régional en environnement (MARE), Mouvement d'éducation populaire et d'action communautaire du Québec (MÉPACQ), Mouvement Démocratie Nouvelle, Nature Québec, Oxfam Québec, Réalité climatique Canada, Regroupement écocitoyen de Sainte-Marthe-sur-le-Lac, Regroupement Vigilance Énergie Québec (RVÉQ), Réseau québécois de l'action communautaire autonome (RQ-ACA), Réseau québécois des groupes écologistes (RQGE), Société pour la nature et les parcs (SNAP Québec), Solidarité pour l'environnement à Sutton (SES), Syndicat de la fonction publique et parapublique du Québec, Syndicat de professionnelles et professionnels du gouvernement du Québec, Table de pastorale sociale des diocèses catholiques du Québec, Travailleuses et travailleurs pour la justice climatique (TJC), Union étudiante du Québec (UEQ), Vigilance OGM, Vent d'élus
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Pourrons-nous encore nous chauffer ?
Le 6 juin dernier, le gouvernement de François Legault a déposé un important projet de loi sur l'Énergie (PL69). On en a fait peu de cas. Pourtant, l'impact de ce projet sur les tarifs d'électricité pourrait être majeur. Avec le projet de loi 69, le gouvernement de la CAQ cherche donc à se donner les moyens d'augmenter rapidement la production d'électricité, même la doubler pour répondre aux besoins des nouvelles industries énergivores. Les investissements nécessaires pour produire cette nouvelle énergie entraîneront forcément des hausses de tarifs importantes.
Émilie Laurin-Dansereau, conseillère budgétaire, ACEF du Nord de Montréal
Nous, organismes autonomes de défense des droits des consommateurs, et nos membres voulons rappeler au ministre de l'Énergie, Monsieur Pierre Fitzgibbon, que l'électricité n'est pas un luxe. Au contraire, elle est nécessaire pour répondre aux besoins de base, être en bonne santé et avoir des liens sociaux. Partout au Québec, de la Côte Nord à Montréal en passant par Lanaudière, les Laurentides, la Mauricie, l'Estrie, le Centre-du-Québec, la Gaspésie et le Lac-Saint-Jean, des citoyen.ne.s demandent au Ministre de tenir un débat public sur l'avenir de l'énergie avant d'adopter sa loi afin de s'assurer que les questions de justice sociale ne sont pas oubliées.
Car s'il n'est pas modifié de façon importante, le projet de loi 69 entraînera des hausses de tarifs considérables. Rappelons que bien que les tarifs d'électricité soient relativement bas au Québec, un ménage sur sept a déjà de la difficulté à payer sa facture d'électricité ou y parvient au détriment d'autres besoins de base. Le coût élevé de l'énergie est d'ailleurs une des causes principales de précarité énergétique.
Tous les jours, nous rencontrons des personnes qui n'arrivent pas à payer la facture d'Hydro-Québec. Certain.e.s coupent complètement le chauffage la nuit pour pouvoir économiser. D'autres doivent se priver de médicaments ou couper dans l'épicerie pour payer leur facture. Le risque d'augmentation des tarifs est donc très préoccupant. Chaque année, Hydro-Québec conclut des centaines de milliers d'ententes de paiement avec sa clientèle résidentielle. Une hausse de tarifs ne fera qu'étrangler davantage les ménages qui étouffent déjà sous le poids de leurs obligations financières.
De plus, le projet de loi reste silencieux sur les questions d'efficacité énergétique et d'isolation des bâtiments alors qu'on sait que la mauvaise qualité des logements est une autre cause importante de précarité énergétique. Au Québec, le chauffage des maisons en hiver et la climatisation pendant les vagues de chaleur peuvent être une question de vie ou de mort. La vague de chaleur de juillet 2018 a causé directement la mort de 117 personnes au Québec. Vivre dans un logement mal ventilé, peu chauffé ou mal isolé représente un danger pour la santé et la sécurité des personnes qui y vivent. Les problèmes de froid ou de chaleur dans le logement fragilisent les ménages qui sont plus susceptibles d'avoir des maladies respiratoires, des maladies cardiovasculaires et des maladies mentales (anxiété ou dépression, par exemple). La précarité énergétique augmente également les risques d'infections (mauvaise hygiène alimentaire ou personnelle) et les risques d'accident (en raison, entre autres, d'un éclairage inadéquat).
La précarité énergétique est donc un véritable enjeu de santé publique. Il est urgent de s'en occuper. Le gouvernement doit reconnaître qu'il y a un problème et s'engager à y remédier. Le projet de loi assurant la gouvernance responsable des ressources énergétiques au Québec (PL69) est pour le gouvernement l'occasion parfaite d'agir pour que plus personne au Québec ne soit privé d'énergie dans son logement pour des raisons de pauvreté. Les besoins de la population doivent passer avant les intérêts des grandes entreprises.
Signataires
Catherine L'Heureux-Savoie, conseillère budgétaire, ACEF de l'Est de Montréal
Marie-Eve Desnoyers, coordonnatrice, ACEF des Bois-Francs
Josée Lemay, directrice générale, Service Budgétaire de Saint-Félicien
Laurence Marget, directrice générale, Coalition des associations de consommateurs du Québec (CACQ)
Maxime Dorais, co-directeur général d'Union des consommateurs
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TES Canada : ses partisans sortent de l’ombre
Il semblerait que TES Canada trouve enfin des partisans. Au dernier conseil de maires de Mékinac, le mercredi 21 juillet, pas moins de quatre ou cinq personnes sont intervenues avec fougue et détermination pour nous chanter les louanges de TES Canada et la chance inouïe que nous avions, nous à Mékinac, de bénéficier de sa magnanimité.
De l'argent, de l'argent et encore de l'argent, même si pour cela, il faut perdre certaines choses, non définies par nos chantres du progrès, mais sûrement trop importantes pour qu'ils osent les mentionner. « On ne fait pas des omelettes sans casser des œufs », prétend un de ces intervenants. J'aimerais bien savoir quelle est la nature de ces œufs. Il est fort probable qu'elle corresponde à ce que nous demandons, nous, les opposants à ce projet, c'est-à-dire : la conservation de notre bien-être ; la beauté du paysage intimement associé au respect de l'environnement ; la garantie de ne pas le détruire ni l'altérer ; la certitude de ne pas transformer un milieu champêtre en zone industrielle ; non pas la promesse, mais la garantie que tous les citoyens seront équitablement traités au sein du territoire respectif de chacune des municipalités ; que personne ne sera sacrifié par cette mutation en profondeur d'un territoire couvrant 12 municipalités.
Le « progrès » ! Au nom du « progrès », et des « jobs », et de « l'argent » ! C'est presque à l'unisson que ces voix se sont fait entendre. Manifestement, il y a eu concertation de leur part, mais cela va de soi. Les opposants se concertent également. Ils étudient, s'échangent de l'information, analysent le projet sous tous les angles, et sur ces fondements soulèvent des objections, pointent du doigt ce qui leur apparaît être des défaillances, des nuisances, proposent même parfois des solutions. Il est une chose cependant qu'ils ne font pas, c'est d'être obnubilés par l'argent et les jobs au point de vouloir tout sacrifier pour ces deux idoles qui sont probablement pour une grande part les responsables de la crise climatique.
Au cours des deux derniers siècles, ce sont les concessions à ces fantomatiques promesses, la précipitation à y obéir les yeux fermés qui nous a conduits au dérèglement climatique. Deux siècles d'engouement pour une industrialisation avide, et aveugle parce qu'avide, ont suffi pour conduire l'humanité au bord d'un gouffre qu'on nomme « dérèglement climatique ». Et tout à coup, il faudrait croire que cette mentalité s'est amendée et que tout ce qu'elle nous promet, une transition sans nuisances et sans victimes, sera bien réelle et de surcroît avantageuse pour nous. Il y a de quoi douter. Ce n'est pas nécessairement la science et la technologie qui sont fautives, mais leur utilisation désordonnée, la vue à court terme et souvent intéressée de ceux qui exploitent leur potentiel.
Curieusement, le discours commun de nos partisans ressemble au discours promotionnel de TES Canada, une apologie sans nuances, car aucune critique ne l'accompagne. La décarbonation annoncée par TES Canada est parole d'évangile. Certes, ils savent, du moins je l'espère, que plusieurs experts la contestent, mais ce sont sûrement à leurs yeux de faux apôtres, des dissidents de la transition énergétique qui ne comprennent pas la mission de TES Canada. À leurs yeux, la critique est nécessairement négative, car le projet de TES Canada avoisine la perfection. Le promoteur joue sa partition, il vend. Et nous, les « opposants », qui sommes-nous pour ne pas vouloir l'acheter ?
Il semblerait également que « les gens qui sont contre le projet » ont la mauvaise habitude de prétendre parler au nom de la majorité. S'ils ne parlent pas au nom de la majorité, on peut cependant assurer qu'ils parlent au nom d'un très grand nombre de personnes. Car ces gens qui sont contre ont justement fait l'effort de consulter la population, et à l'aide d'une pétition, faire connaître leur « parole ». C'est un travail ardu et ceux qui s'y sont déjà attelés savent sûrement de quoi on parle. Vérifier s'ils parlent effectivement au nom de la majorité est simple, il suffit de faire un référendum sur le sujet. Nous serons alors fixés.
Des sept municipalités pour lesquelles cet exercice fut fait, on obtient approximativement 50 % de gens contre le projet de TES Canada. Si on conteste ces chiffres et doute de leur pertinence, nous le répétons, la solution est simple : le référendum.
Mais le référendum, aux yeux de ceux qui font l'éloge du projet, ne semble pas une alternative susceptible d'être probante. Pourtant, le référendum n'est-il pas l'outil par excellence d'une démocratie lorsqu'il s'agit de connaître le pouls de la population sur une décision cruciale et lourde de conséquences pour elle ?
« Au niveau des élections municipales, on est à 25 ou 30 % qui viennent voter. Un référendum, ça va être, disons 35 %. Admettons que ça passe, il y en a qui vont dire qu'il y a seulement 35 % qui ont voté ». Nous devons avouer une véritable difficulté à saisir cet argument d'un intervenant. Il accepte d'être dirigé par des élus ayant un suffrage de 25 % ou 30 %, mais refuse un référendum sur un suffrage de 35 %. Qu'on me comprenne bien, mon propos n'est pas ici de discréditer les élus, mais de montrer la faiblesse de ce raisonnement.
Parmi ces partisans du pour, il en est un qui a le courage de parler en son « nom seulement », car il n'a pas « cette prétention-là » de parler pour la majorité. Mais curieusement, tout à coup, il parle au nom des « jeunes, ils l'ont le sentiment d'appartenance. Ils veulent revenir ». Assistons-nous à un dédoublement de personnalité ? Il parle pour lui, puis soudain pour les jeunes, puis enfin pour les entrepreneurs, car il en fut également question. Magie de la psychologie humaine, que de surprises nous réserves-tu ?
Enfin, il est un autre point abordé à cette séance du conseil qui mérite qu'on s'y attarde un peu. Il s'agit du projet de règlement qui propose de créer « un corridor de protection panoramique de 3 km pour la rivière Saint-Maurice [...] afin d'interdire les éoliennes de moyennes et grandes envergures (12 m et plus) à moins de 3 km de la rivière Saint-Maurice ». On peut comprendre, comme il nous fut révélé, que la réflexion sur cette mesure a débuté en 2015, mais il n'en demeure pas moins que l'avis de motion fut déposé le 6 mai 2024, et je n'ose croire que lorsqu'on dépose un avis de motion, on ait oublié que le principal objet de ce règlement est une distance de 3 km. Naturellement, la détermination de cette distance ne soulève aucun problème. Au contraire, elle ne peut être que soulignée, car elle montre la clairvoyance du conseil municipal de Grandes-Piles face à l'enjeu de la production tous azimuts de l'énergie. On comprend qu'ici le « principe de précaution », tant demandé par nous, fut appliqué. Ce que l'on comprend moins, c'est pourquoi il ne le fut pas lors de l'élaboration du règlement de contrôle intérimaire (RCI) adopté le 10 juillet par le Conseil des maires. Pourquoi la rivière Batiscan, joyau qui traverse cinq des municipalités visées par le projet de TES Canada, n'aurait-elle pas droit aux mêmes égards ?
Et si l'on finissait par ce coup de gueule et ce cri du cœur de Yann Queffelec au sujet des éoliennes : « La laideur, outre le critère esthétique, c'est l'usurpation d'un paysage immémorial, propriété exclusive et non bornée des nuages, des oiseaux et des esprits errants... C'est un coup de couteau dans l'œil du créateur qui nous a légué l'Univers, c'est le viol du mystère invisible des choses, frère de l'essentiel. »
Gaston Rivard
Saint-Adelphe
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Sur le quinzième congrès de la COCAL*
Le quinzième congrès de la COCAL a eu lieu à Gatineau du 7 au 9 août 2024. Ce texte donne un rapport de cet événement trilingue (français, espagnol et anglais).
Pendant ces jours-là, environ 200 participants de 34 villes du Mexique, du Canada (anglophone et francophone) et des États-Unis se sont rassemblés à l'Université du Québec à Outaouais pour le quinzième congrès biennal de La Coalition du personnel enseignant à statut précaire en enseignement supérieur (Coalition of Contingent Academic Labour — COCAL).
À la première vue, ce qui est impressionnant est la diversité de participantes. À côté des membres de la COCAL internationale du Mexique et des États-Unis, nous témoignons la présence des membres du comité exécutif de la Fédération nationale des enseignantes et des enseignants du Québec (FNEEQ-CSN), dont la vice-présidente Christine Gautier est également un membre organisateur, les membres du comité exécutif de La Confédération des syndicats nationaux (CSN), ainsi que les membres de la La Fédération des travailleurs et travailleuses du Québec (FTQ) et Canadian Union of Public Employees — CUPE, et la liste ne s'arrête pas là. Vinny Tirelli, le fondateur de la COCAL internationale, a participé au congrès à travers une projection.
En ce qui concerne le contenu du congrès, un ensemble de thèmes abstraits et concrets sont discutés, débattus et élaborés. On peut peut-être les classifier schématiquement sous les rubriques suivantes avec cette double précision : premièrement, ces thèmes se chevauchent, et deuxièmement, cette liste ne représente pas tous les enjeux.
Les enjeux étroitement liés au travail de la personne enseignante composent le contenu de la première rubrique. Ici, entre autres, la précarité de leur vie, l'intensification de la charge de travail, le salaire, l'enseignement à distance, les ambitions et les potentialités de recherche, l'intelligence artificielle et le ChatGPT sont discutés.
Sous une deuxième rubrique se trouvent les enjeux sociopolitiques comme la tendance aggravante de la marchandisation de l'éducation, la liberté académique, la manière de dépassement du statut défensif de la lutte à un statut offensif, l'autogestion, et la représentation garantissant dans les instances décisionnelles.
Le volet international du congrès, le contenu de ce qui peut être considéré comme la troisième rubrique, est vu dans deux moments. D'une part, par l'effort de voir les deux rubriques précédentes dans un cadre international ; et d'autre part, en s'adressant aux enjeux liés aux collègues loin de l'immédiateté de la vie de personnes qui ont participé au congrès, notamment à l'état actuel de membres du personnel enseignant à Gaza où, selon un article publié par The Guardian le 8 juin 2024, en effectuant la scholasticide l'Israël a détruit80 % des écoles à Gaza un nombre qui a sans doute augmenté depuis la date de la publication de cet article.
Nous voyons comment une combinaison des visions, des tactiques et des stratégies sont incontournables pour traiter adéquatement ces enjeux. Le traitement de cette combinaison est réalisé à travers les débats et les discussions théoriques, les ateliers et même la performance artistique.
La richesse de ce congrès vient ainsi de la diversité de ses participants : malgré leur hétérogénéité, l'ensemble des personnes participantes ont un dénominateur commun : être les chargés de cours. Une continuation de cette approche exige, sans doute, la rédaction d'un manifeste — c'est exactement le dernier élément dans le programme du congrès.
Tout cela peut nous donner la perspective pour une internationale ouvrière, démocratique, progressiste, anticapitaliste et radicale. Certes, nous sommes encore très loin d'un tel état. Mais la COCAL reste, sans doute, un composant incontournable d'une telle internationale.
*Ce texte ne représente ni la position de la COCAL ni les personnes participantes au congrès.
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Une proposition insuffisante ! La CAQ ne nous laisse pas le choix
Après plusieurs semaines dans l'impasse, les représentants du gouvernement nous ont finalement fait un retour dans la négociation. Lors d'une rencontre tenue le 29 août, ils nous ont présenté une nouvelle proposition… qui s'est avérée n'être que de la poudre aux yeux.
Il n'y a rien dans ce qui a été mis sur la table qui reconnaisse l'expertise des professionnelles en soins, ni n'empêche l'employeur de déplacer les professionnelles en soins où bon lui semble. Loin de constituer une avancée dans la négociation, cette nouvelle proposition marque au contraire un recul par rapport à l'entente déjà rejetée en avril dernier. N'hésitez pas à contacter votre équipe locale pour plus d'explication.
Devant ce manque de sérieux et de respect, nous n'avons d'autre choix que d'accentuer nos moyens de pression. À compter du 19 septembre, vous êtes invitées à refuser l'offre de temps supplémentaire. Votre participation sera essentielle pour que ce moyen de pression lourd soit efficace. Les prochaines semaines nous permettront de bien nous y préparer, et d'ici là, nous devons nous assurer que la pression demeure sur les épaules de l'employeur.
Dans les jours qui s'en viennent, les professionnelles en soins de partout à travers le Québec vont se faire entendre. Ce gouvernement doit cesser de faire des promesses creuses, et enfin proposer aux infirmières, infirmières auxiliaires, inhalothérapeutes et perfusionnistes cliniques des solutions sérieuses aux enjeux cruciaux de la mobilité et du respect de l'expertise.
Restez à l'affût des actions de visibilité à venir, et n'oubliez pas que votre mobilisation est essentielle pour soutenir la négociation.
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À l’occasion de la fête du Travail, les syndicats du Canada lancent une campagne nationale pour réclamer de meilleures conditions pour tous les travailleurs et travailleuses
En cette fête du Travail, les syndicats du Canada lancent « Travaillons ensemble : pour améliorer nos conditions », une initiative menée par les travailleurs et travailleuses pour lutter contre la cupidité des entreprises, rendre la vie plus abordable et tenir les politiciens anti-travailleurs imputables de leurs actions. Le Congrès du travail du Canada (CTC) ouvre la voie pour les travailleurs et travailleuses de tout le pays. Joignez-vous à nous à noustravaillonsensemble.ca pour agir et faire entendre notre voix.
« La classe ouvrière canadienne est poussée à bout. Les familles font tout ce qu'il faut pour avancer dans la vie, mais les prix de l'épicerie, du logement et d'autres produits essentiels deviennent de plus en plus inabordables. Les travailleuses et travailleurs méritent de meilleures conditions – et les syndicats constituent la clé pour y parvenir », déclare Bea Bruske, présidente du CTC. « La campagne Travaillons ensemble a été conçue par les travailleurs et les travailleuses, pour les travailleurs et les travailleuses. Avec le soutien des syndicats, elle permet d'amplifier la voix des travailleurs pour obtenir un avenir meilleur. »
Grâce à cette campagne nationale, les syndicats du Canada collaborent avec leurs membres et des travailleuses et travailleurs de partout au pays pour faire avancer les dossiers pressants auxquels sont confrontées les familles travailleuses.
Les taux de pauvreté augmentent, et ce sont les aînés, les communautés autochtones et racialisées et les personnes en situation de handicap qui sont touchés de façon disproportionnée. La hausse des coûts du logement a poussé les ménages à leurs limites.
Fait alarmant, seulement deux travailleurs sur cinq ont accès à l'assurance-emploi lorsqu'ils en ont besoin, et les pensions de retraite en milieu de travail sont devenues de plus en plus rares, laissant de nombreux Canadiens sans filet de sécurité financier. Ces défis sont accentués par la crise dans le système des soins. Par ailleurs, l'inégalité de la richesse continue de s'aggraver, alors que les Canadiens les plus riches et les grandes entreprises accumulent des profits records.
« Cette disparité croissante est inacceptable », prévient madame Bruske. « Nous sommes devant un système qui favorise les plus riches tout en laissant pour compte les Canadiens qui travaillent dur. Les travailleuses et travailleurs en ont assez. »
Les syndicats du Canada préconisent des programmes et des services qui amélioreront la vie de tous les travailleurs et travailleuses, tels que le logement abordable, l'amélioration du système de santé public, l'élargissement du régime d'assurance-médicaments, la réforme de l'assurance-emploi et des investissements dans le transport en commun et une économie durable.
Madame Bruske ajoute : « la campagne Travaillons ensemble, ce sont des travailleurs et travailleuses qui s'unissent pour assurer que nous avons des voix favorables aux travailleurs au gouvernement afin de rendre les grandes entreprises imputables de leurs actions. Les politiciens comme Poilievre parlent beaucoup et votent ensuite contre les intérêts des travailleurs quand cela compte. Il est temps de démasquer ces politiciens anti-travailleurs et d'exiger un réel soutien pour les travailleurs. »
« Du lieu de travail, à la caisse, au Parlement : les travailleuses et travailleurs ont droit au respect, pas seulement le jour de la fête du Travail, mais tous les jours », ajoute madame Bruske.
Pour de plus amples renseignements, visitez https://noustravaillonsensemble.ca.
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La FTQ commente la décision du Conseil canadien des relations industrielles dans le dossier du secteur ferroviaire
La Fédération des travailleurs et travailleuses du Québec (FTQ) estime que la décision récente du Conseil canadien des relations industrielles (CCRI) d'ordonner la reprise du travail dans le secteur ferroviaire en imposant un arbitrage obligatoire est un dangereux précédent qui brise le rapport de force entre employeur et travailleurs et travailleuses. La FTQ rappelle que la grève est un droit fondamental reconnu par la constitution canadienne et que la liberté d'association est garantie en vertu de la Charte canadienne des droits et libertés.
« La stratégie patronale dans ce dossier n'étonne personne ; provoquer un arrêt de travail de façon à forcer l'intervention du gouvernement. La décision du CCRI est préoccupante, car elle encourage les grandes entreprises à interrompre leurs opérations pour forcer l'intervention gouvernementale, au détriment des droits des travailleurs et travailleuses », déclare la présidente de la FTQ Magali Picard.
« Ajoutons à cela, que la stratégie patronale dans ce secteur d'activité comme dans d'autres secteurs d'ailleurs, comme chez les débardeurs des ports canadiens ou dans l'industrie de la construction, est de s'asseoir sur leurs deux mains de façon à provoquer un conflit de travail en espérant que les gouvernements iront de l'avant avec des mesures répressives comme l'adoption de Lois spéciales. Au lieu de vouloir sous-traiter un règlement forcé, le patronat aurait intérêt à négocier de bonne foi », ajoute le secrétaire général Denis Bolduc.
« C'est aux tables de négociations que doivent se régler les négociations des conventions collectives de travail. D'ailleurs, il est curieux de ne pas entendre le patronat se plaindre et réclamer l'intervention d'Ottawa pour mettre fin au lock-out imposé aux débardeurs du port de Québec qui dure depuis 23 mois. Où est le patronat pour s'inquiéter du sort de ces travailleurs et travailleuses, pour s'inquiéter de l'économie de la région de Québec ? Poser la question c'est y répondre », conclut la présidente de la FTQ.
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La littérature autochtone francophone fait désormais partie du paysage culturel, au Québec et dans le monde
L'auteur a enregistré un entretien avec l'auteur Michel Jean et avec Paul Kawczak, écrivain et éditeur chez La Peuplade. Cet entretien a été publié dans la revue Nordique des Études Francophones, dont il est le co-rédacteur en chef, https://franorfon.org/articles/10.16993/rnef.68. Christophe Premat est Associate Professor in French Studies (cultural studies), head of the Centre for Canadian Studies, Stockholm University
8 aout 2024 | tiré de The Conversation | Photo : Le journaliste et écrivain Michel Jean lors d'une séance de dédicace au Festival America, à Vincennes, près de Paris, en 2022. L'auteur d'origine innu a vendu près d'un demi-million de livres, dont les protagonistes sont des autochtones. (Chicoutai Productions)
https://theconversation.com/la-litterature-autochtone-francophone-fait-desormais-partie-du-paysage-culturel-au-quebec-et-dans-le-monde-236014
La Journée internationale des populations autochtones est célébrée le 9 août et donne l'occasion de revenir sur l'affirmation de la littérature autochtone au Québec.
Cette littérature a émergé en 1976 avec la publication du livre autobiographique d'An Antane Kapesh(1926-2004), Je suis une maudite sauvagesse. Une nouvelle phase est désormais atteinte depuis quelques années alors que la multiplication des conférences et des festivals attestent d'un fort ancrage éditorial.
Certaines maisons d'édition, telles que Mémoire d'encrier ou La Peuplade, ont contribué à la découverte et à la valorisation de ce patrimoine au Québec. Plusieurs titres se classent désormais dans les meilleures ventes au Québec, comme Kukum, de l'écrivain et journaliste aux racines innues Michel Jean. Paru en 2019, il est l'un des plus grands succès littéraires québécois des dernières années, avec plus de 200 000 livres vendus. Le récit fera l'objet d'une adaptation théâtrale présentée au TNM cet automne.
Directeur du centre d'études canadiennes de l'Université de Stockholm, je travaille particulièrement sur la littérature autochtone canadienne. Mon plus récent article, « Penser une ontologie décoloniale », à partir du Manifeste Assi, de Natasha Kanapé Fontaine, a obtenu le prix 2023 du meilleur article du British Journal of Canadian Studies.
La littérature, une réaction à la barbarie
Le succès de cette littérature va de pair avec une reconnaissance progressive de l'identité des Premières Nations au Canada, même s'il reste beaucoup de chemin à faire. Ce travail institutionnel est ainsi illustré par les conclusions de la Commission de vérité et réconciliation (2007-2015) qui a révélé la maltraitance de générations d'enfants autochtones dans ce qu'on a appelé les « pensionnats indiens ».
De nombreux témoignages ont été déposés et analysés pour comprendre les raisons de cette acculturation dont l'objectif était bien de « tuer l'Indien » et de séparer les enfants de leurs familles pour en faire de vrais citoyens canadiens et leur donner une éducation chrétienne. Le dernier pensionnat a fermé ses portes en 1996 au Québec, mais le traumatisme continue de toucher des générations autochtones qui ont perdu leurs racines.
La littérature autochtone francophone est d'abord une réaction à cette barbarie. Elle cherche à donner une autre image des Premières Nations. Que ce soit dans Atuk de Michel Jean ou dans Kuei, je te salue de l'écrivaine et artiste multidisciplinaire innue Natasha Kanapé Fontaine (en dialogue avec le journaliste et écrivain Deni Ellis Béchard), la question des écoles résidentielles est abordée comme l'un des pires symboles de la pensée coloniale.
Sur le plan politique, d'autres crises ont révélé des formes de racisme systémique, à l'instar de la crise d'Oka en 1990, et le projet de construction immobilière sur un cimetière Mohawk. Cette crise avait mis en évidence un fort moment de tension avec l'intervention de l'armée fédérale.
Récemment encore, l'affaire Joyce Echaquan, en 2020, a choqué l'opinion publique. Cette femme autochtone est décédée après un manque de soins de la part du personnel de l'hôpital Saint-Charles-Borromée, dans la région de Joliette, au Québec.
Lire plus : Le principe de Joyce : pour une approche de soins sécuritaire et libre de discrimination
La redécouverte de la poésie et du roman
Les écrivains francophones prennent régulièrement position sur ces crises, comme la poétesse, écrivaine et activiste innue Rita Mestokosho l'a fait en 2009 sur le projet d'installation d'une centrale électrique sur le fleuve La Romaine.
La littérature autochtone se manifeste d'abord comme un cri politique contre l'invisibilisation de ces communautés. Ce cri rappelle d'une certaine manière celui de la négritude de l'écrivain et homme politique martiniquais Aimé Césaire, comme l'a rappelé Natasha Kanapé Fontaine dans son Manifeste Assi publié en 2014.
L'intérêt de cette littérature ne se limite pas uniquement à la dimension politique, certes inévitable, car il touche également au style. La plupart de ces écrivains font preuve d'un style concis avec notamment l'utilisation de poèmes courts et incisifs comme ceux de la poétesse et scénariste innue Joséphine Bacon dans Bâtons à message : Tshissinuatshitakana publié en 2009. Le roman lui-même est réinvesti à la manière de Kuessipan de la romancière et enseignante innue Naomi Fontaine, publié en 2011, dont les chapitres accumulent des phrases courtes avec une ponctuation laissant le temps au lecteur d'appréhender les non-dits.
Le dernier roman de l'écrivain et comédien d'origine cri, curateur au Musée de la civilisation, Bernard Assiniwi, La saga des Béothuks, publié en 1996, fait ici figure d'exception, car l'auteur réévalue le roman historique en adoptant le point de vue d'une communauté autochtone de Terre-Neuve qui a disparu au contact des colons, les Béothuks. Le roman puise dans la saga pour faire apparaître un contre-récit fascinant adossé à une chronologie rigoureuse.
Plus récemment, l'énorme succès de Michel Jean (près d'un demi-million de livres vendus) avec les parutions d'Amun et de Kukum en 2019, Elle et nous en 2021 et Wapke en 2023 témoigne d'un intérêt du lectorat francophone pour une présentation simple du mode de vie autochtone. Michel Jean n'adopte pas un ton militant, mais constate depuis une dizaine d'années une influence grandissante de cette littérature.
Entrevue de Michel Jean réalisée par Christophe Premat en octobre 2022, à l'Université de Stockholm.
Écrire quand on est autochtone
La littérature autochtone mérite une attention accrue, car elle redéfinit la notion d'auteur et d'autrice. Ces écrivains et écrivaines ne se consacrent pas uniquement à leurs textes, ils ont la plupart du temps d'autres activités parallèles (travailleurs sociaux, représentants politiques, journalistes). Ils se perçoivent davantage comme des médiateurs culturels soucieux de faire apparaître une autre manière de penser le monde où les humains sont insérés dans des chaînes de solidarité et de coopération, un peu à la manière de ce que décrivait l'écrivain martiniquais Édouard Glissant dans sa philosophie de la relation.
Cette littérature tient les raisons de son succès dans l'exploration de la pensée autochtone. Elle donne les clés d'une nouvelle compréhension de l'environnement à l'heure où les sociétés s'épuisent dans l'angoisse des effets de la prédation et du changement climatiqu. Elle peut aussi proposer des méthodes de communication non-violente entre les héritiers des colons et les populations autochtone, comme l'a montré le superbe dialogue entre Natasha Kanapé Fontaine et Deni Ellis Béchard, Kuei, je te salue, conversation sur le racisme, qui a été complété dans sa réédition de 2021.
La littérature autochtone au Québec, en plein essor depuis 1976, réagit à l'effacement historique et témoigne des injustices subies par les Premières Nations. Soutenue par des maisons d'édition comme Mémoire d'encrier, elle se distingue par son style unique et redéfinit la notion d'auteur. Cette littérature enrichit notre compréhension de l'environnement et des relations sociales, offrant des clés pour une communication non-violente fondée sur l'empathie et une meilleure reconnaissance des identités autochtones.
Le fait nouveau est qu'elle n'est plus seulement liée au combat pour la survie des communautés autochtones. Elle s'intègre désormais pleinement aux littératures francophones, sortant ainsi des marges. En d'autres termes, elle a su dépasser le piège de l'exotisme pour s'affirmer comme une littérature à part entière.
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La justice vengeresse de Monte Cristo
Edmond Dantès/Pierre Niney semble constamment lutter afin de préserver son humanité dans ses confrontations avec la femme qu'il aime toujours et qui saura le préserver des aspects révoltants de la vengeance-machination qu'il a ourdie dans sa quête de justice.
Par Pierre Jasmin, artiste pour la paix
Affiche macho révélant les noms des sept acteurs mais seulement de deux des actrices
Séparer la vengeance haineuse de la justice
Autre adaptation réussie d'Alexandre Dumas1 confiée à Alexandre de La Patellière et Matthieu Delaporte par le producteur Dimitri Rassam, le Comte de MonteCristo présente le fort dilemme du héros Edmond Dantès qui tente de toutes ses forces de séparer la vengeance haineuse de la justice. Quel thème explosif d'actualité à explorer, pendant qu'on déplore des massacres génocidaires à Gaza qui débordent aujourd'hui en Cisjordanie et au Liban par inaction honteuse des pays de l'OTAN : ils abandonnent l'UNRWA malgré les cris de détresse du Secrétaire général des Nations-Unies, Antonio Guterres, et en profitent en outre pour vendre honteusement leurs armes au « criminel de guerre » selon le Tribunal international de LaHaye, Nétanyahou, ivre de vengeance post 7 octobre, au point de frapper jusqu'en Iran et de risquer de provoquer une guerre mondiale ! Et ce pari sanguinaire le fait remonter dans les sondages en Israël et recevoir plus d'armes de Biden-Harris, la seule de leurs actions applaudie par Trump-Vance.
Le Devoir qualifie la vengeance de Dantès à la manière des réseaux sociaux
François Lévesque propose une interprétation du film inspirée par les réseaux sociaux fielleux en la sous-titrant « une vengeance épique » : « si Dantès complète sa vengeance, ce sera au prix de son humanité. Et il ne vaudra alors guère mieux que son ennemi. Quand on garde cela à l'esprit, la résolution douce-amère s'avère vraiment satisfaisante. »
Ce commentaire me semblerait mieux adapté au feuilleton télévisuel ayant aussi connu un immense succès il y a six ans, malgré son côté romanesque flamboyant en toc. Piloté par Josée Dayan qui n'avait que des bons mots pour son héros joué par Gérard Depardieu, il a néanmoins laissé un arrière-goût altéré par une accusation - mais pas encore condamnation - d'agression sexuelle.
Si le film suit certaines traces du feuilleton, par exemple en aménageant un subtil suspens par de nombreuses et plausibles infidélités au roman, il joue sur un tout autre registre, prenant le temps de combler certaines invraisemblances : par exemple en nous faisant rencontrer le codétenu du château d'If, qui va équiper le jeune marin naïf de ses immenses connaissances historiques, mathématiques et sociales (secret des solidarités amicales), qui, lorsqu'il gagnera audacieusement sa liberté, égaleront en valeur l'immense trésor des Templiers de l'île de Monte-Cristo dont il révèle l'emplacement secret.
Une jeune génération féminine
Je partage néanmoins l'appréciation très positive du film par le critique du Devoir qui nous régale de sa connaissance des hauts-faits d'armes du directeur photo québécois, Nicolas Bolduc. Mais pour ma part, Edmond Dantès/Pierre Niney semble constamment lutter afin de préserver son humanité dans ses confrontations avec la femme qu'il aime toujours et qui saura le préserver des aspects révoltants de la vengeance-machination qu'il a ourdie dans sa quête de justice. Elle reçoit l'aide providentielle des trois jeunes qui entourent le héros ayant chacun, chacune, pour deux d'entre elles, leur raison personnelle de suivre aveuglément le justicier, sauf un qui le dépassera en haine dans sa mission vengeresse.
Le Devoir la percevrait-elle dévastatrice, parce qu'elle l'est pour la société royale corrompue par trois scélérats de la finance, de la justice et de la politique (qui plus est, un ex-militaire) ? Le comte de Monte-Cristo va s'appuyer sur un Britannique pour démolir d'abord la fortune de l'armateur à l'aide de compagnons solidaires ; contre le deuxième salaud, il dévoilera un « infanticide », doublé du mensonge à la mère que son bébé était mort-né. Pour le troisième coupable, son humanité préservée lui fera d'abord renoncer à se venger de son fils parce qu'il l'a (ou quoiqu'il l'ait) procréé avec son ex, bien jouée dans ses deux âges de vingt et quarante ans par Anaïs Demoustier. Elle est crédible en mère qui l'implore d'épargner ce fils très beau, joué par Vassili Schneider, le quatrième de cette mythique dynastie d'acteurs québécois. Il est l'amoureux de celle que le Comte a sauvée des griffes du sultanat, un personnage ajouté par l'imagination fertile des deux scénaristes pour établir une équation égale, jeunes générations de 3 contre les 3 vieilles crapules. Ces trois combats ne se décideront pas sans perte, ce qui contribue intelligemment au suspens tout au long des trois heures du film, altéré par une musique pompeuse qui l'alourdit : à moins que ce fût un subterfuge pour nous faire apprécier le fragile trio choral accompagnant le mariage raté des deux amants innocents du début du film et les mélopées turques émouvantes de l'ex-captive ?
Note
1. Les trois mousquetaires – d'Artagnan et Les trois mousquetaires – Milady étaient 2 reconstitutions réussies d'une époque où, par exemple, se laver était une occupation occasionnelle et facultative.
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« La Belle Affaire » de Natja Brunckhorst*
1990. Début de l'été. Comment des citoyens ordinaires de l'ex-RDA vivent-ils les répercussions dans leur existence d'un événement historique considérable, la chute du mur de Berlin [ nuit du 8 au 9 novembre 1989 ] ? Pour répondre à pareille interrogation, peu abordée au cinéma, tout en s'appuyant sur des faits réels, Natja Brunckhorst, scénariste et réalisatrice allemande, née à Berlin en 1966, choisit une comédie enjouée au rythme trépidant en partant d'une intrigue à rebondissements, digne d'un thriller à la « Mélodie en sous-sol ».
Proposé par André Cloutier
Par Samra Bonvoisin, Le Café pédagogique, Paris, 28 août 2024
https://cafepedagogique.net/2024/08/28/le-film-de-la-semaine-la-belle-affaire-de-natja-brunckhorst/ <https://cafepedagogique.net/2024/08...>
Visionner la bande-annonce.
Ainsi donc, en pleine réunification des deux Allemagne, des locataires d'un même immeuble, ouvriers devenus chômeurs en un rien de temps, découvrent dans une galerie des milliers de billets de banque est-allemands et engagent une course contre la montre pour convertir leur colossal butin en Deutsche Mark avant la date fatidique du 6 juillet interdisant à la population de changer ses devises. Il reste trois jours à ce petit collectif de « voleurs » pour monter « La Belle Affaire ».
*Une fine équipe en quête d'utopie dans le chambardement de l'année 1990 *
Au cœur de cet été 90 où la RDA dans laquelle ils ont été élevés et vivent est en train de disparaître, Maren ( Sandra Hüller ), Robert ( Max Riemelt ), Volker ( Ronald Zehrfeld ), amis de toujours, s'embarquent sans coup férir dans une aventure inédite. À la faveur de la découverte des milliers de Ostmarks stockés sous terre, et bientôt obsolètes. Toute leur « éducation » formatée par le collectivisme imposé et le supposé partage égalitaire des ressources assuré par un État totalitaire, que vaut-elle désormais face aux attraits et à la loi du marché, à l'ivresse de la libre circulation des personnes et des biens, au parfum de liberté venu de l'Ouest ?
Notre trio ne se pose pas la question en ces termes mais envisage à toute allure les solutions les plus ingénieuses pour mettre en place, en y associant voisins et habitants du quartier, un système d'achats de marchandises et d'objets ( dont nous ne voyons, la plupart du temps, que les énormes emballages en cartons monumentaux transportés à toute blinde en camionnettes après bien des voies détournées ) afin de se débarrasser au plus vite de la masse de billets est-allemands, bientôt hors d'usage.
Rien n'est simple pour ceux qui font l'expérience originale de « l'argent facile » et des sentiments contradictoires qu'une telle possession engendre.
Al'heure où les repères habituels s'effondrent et que s'ouvrent des potentialités nouvelles, seront-ils capables, en dépit de retournements troublants, de surmonter la tentation du « chacun pour soi » et de préserver le sens du collectif, les bienfaits de l'amitié et le pouvoir de l'amour,tout ce qui a soudé cette folle entreprise ?
*Une fable solaire et malicieuse *
Visiblement, Natja Brunckhorst n'a pas le goût du malheur. Actrice principale à l'âge de 14 ans pour le film de Uli Edel, « Moi, Christiane F., 13 ans, droguée, prostituée » [1981], elle choisit un temps l'exil en Grande-Bretagne puis en France pour se protéger du scandale. Après un retour dans son pays à la fin des années 80 où elle poursuit sa carrière de comédienne, elle devient scénariste pour la télévision et le cinéma à la fin des années 90 avant de se tourner vers la réalisation avec « L'Ordre des choses » [2021], son premier long métrage.
Aujourd'hui, « La Belle Affaire », – comédierondement menée valorisant l'humanisme et l'idéalisme de quelques héros ordinaires pris dans le tourbillon incroyable et aventureux de ce moment-charnière dans l'Histoire du XXème siècle et dans celle de l'Allemagne –, portela trace du tempérament pugnace de la cinéaste. Et de sa volonté ( étayée par des témoignages et des recherches documentaires ) de restituer l'ambivalence d'une période chaotique, les derniers mois de la RDA, sous un angle positif. Outre la dimension absurde, Natja Brunckhorst souligne : « les anciennes règles n'étaient plus valables, les nouvelles n'étaient pas encore en place. Pendant un an, beaucoup de choses étaient possibles ; il y avait de l'espoir, puis plus, des peurs, mais aussi des opportunités. Bien des gens m'ont dit : ‘'C'était la meilleure période de ma vie !'' ».
Dans la lumière chaude cet été là, magnifiée par Martin Langer, le directeur de la photographie, le trio amoureux , cher au François Truffaut de « Jules et Jim » selon le vœu de la réalisatrice,audacieuse association formée par Maren ( Sandra Hüller, rayonnante d'énergie, dans un registre nouveau ), et ses deux compagnons en tendre affection ( Max Riemelt et Ronald Zehrfeld, excellents partenaires de jeu, chacun dans un style singulier ), sans oublier le fils Janeck, traversent avec panache et humour « La Belle Affaire », modulée dans sa légèreté et sa gravité par la composition musicale « country » de Hannah von Hübbenet. Courez voir l'épopée fabuleuse d'une petite communauté humaine,inscrite dans laGrande Histoire,saisie à un moment rare de « fortune » éphémère et jubilatoire.
Samra Bonvoisin, Le Café pédagogique, 2024-08-28
« La Belle Affaire », filmde Natja Brunckhorst - sortie le 28 août 2024 (en France)
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Agence Stock Photo - Une histoire du photojournalisme au Québec
Montréal, le 28 août 2024 – Beau-livre incontournable de la rentrée, Agence Stock Photo. Une histoire du photojournalisme au Québec nous offre un condensé de l'histoire du Québec de ces 40 dernières années par les plus grand.e.s photographes québécois.es !
En 1987, trois jeunes photographes décident de fonder une agence de photographies. À l'instar des grandes agences de presse telles Reuters ou AFP, Robert Fréchette, Jean-François LeBlanc et Martin Roy créent une structure indépendante et collective encore inédite au Québec. Pendant près de quarante ans, Stock va couvrir les évènements majeurs qui ont façonné la société québécoise. Du Référendum sur la souveraineté du Québec au Printemps Érable, en passant par la résistance de Kanehsatà:ke (ou crise d'Oka) et le Sommet des Amériques, ce collectif de photographes a su apporter une diversité de regards sur les grands enjeux sociaux, politiques et culturels qui ont marqué l'Histoire du Québec.
Leurs images ont paru dans les plus grands journaux francophones nationaux et internationaux contribuant à façonner notre regard et notre mémoire collective. Qu'il s'agisse des clichés de Robert Fréchette sur le Nunavik et la communauté inuite, des portraits de la culture rave et techno à Montréal fait par Caroline Hayeur (Prix Antoine-Desilets), des explorations photographiques de Benoit Aquin (prix Pictet) sur la chasse, ou des reportages d'actualité de Normand Blouin ou Horacio Paone, les 117 photographies en couleurs et noir et blanc qui composent cet ouvrage brossent un portrait sensible et précieux de la société québécoise.
Le livre comprend une introduction de l'auteure et photographe Sophie Bertrand, un essai de l'historien de la photographie Vincent Lavoie et deux grands entretiens avec les photographes inédits Jean-François LeBlanc et Caroline Hayeur.
Agence Stock Photo est une invitation à voir ou à revoir les images qui ont fait l'histoire du Québec et qui constituent, par leur richesse humaniste, un véritable hommage au Québec et aux Québécois.es !
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Nous n’en avons pas fini avec l’anti-impérialisme des imbéciles
La formule de la militante syrienne Leïla Al-Shami, reprise par Pierre Madelin dans le n°2 d'Adresses ne cesse de s'imposer à nous dans l'actualité mondiale [1] : « Nous n'en avons pas fini avec l'anti-impérialisme des imbéciles ! » Pas plus que nous en avons fini avec celles et ceux qui taisent, excusent souvent, certains crimes au nom de la lutte contre d'autres crimes et criminel·les.
29 août 2024 | tiré du site entre les lignes entre les mots
https://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2024/08/29/nous-nen-avons-pas-fini-avec-lanti-imperialisme-des-imbeciles/
Nous avons abordé dans les précédents numéros d'Adresses, certains aspects du droit international, la prévention du risque de génocide, les crimes de guerres, les crimes contre l'humanité. Il faudrait développer, encore et encore, sur les spatiocides, les domicides, les écocides, les scolasticides, sans oublier les crimes les plus répandus et les plus « banals » : les féminicides et les crimes contre les enfants. Ce numéro comporte des analyses de certains de ces crimes contre les êtres humains et leurs organisations sociales. Les possibles criminels de guerre, les plausibles criminels contre l'humanité, qu'ils soient responsables d'États ou de bandes armées, doivent être jugés dans le respect du droit, dans des procédures contradictoire et publique.
Des soldats israéliens sont soupçonnés de torture et de viols contre des prisonniers palestiniens. L'extrême droite israélienne, des ministres – avec la complicité tacite du Premier ministre – proclament que ces soldats sont des héros. Voilà qui en dit long sur les effets de la colonisation sur les colonisateurs, sur la nature du pouvoir israélien.
L'usage et la justification d'actions criminelles ne sont pas seulement contraire au droit, elles détruisent notre part commune d'humanité, elles pèsent sur les luttes émancipatrices et les futurs possibles.
La fermeture des frontières, la construction de murs (en violation du droit international) pour empêcher les êtres humains de circuler entraînent chaque année des milliers de mort·es. Dans l'histoire du 20e siècle, la fermeture de certaines frontières et le refus d'accepter les exilé·es fut aussi le prélude à des massacres de masses, des génocides.
Il ne faut pas oublier le sinistre Mur de Berlin érigé pour empêcher la population de la RDA de fuir la dictature stalinienne que certain·es considèrent encore comme « socialiste ».
Les choix démocratiques, les souverainetés des communautés, dans le respect des autres groupes humains, les possibles émancipateurs impliquent des luttes résolues contre les exclusions, les inégalités, les stigmatisations, les haines des autres.
Certaines pratiques aujourd'hui éclairent d'une lumière rayonnante les possibles. Dans cette livraison, nous avons choisi d'aborder la question de l'eau. Nécessaire à toute vie, c'est un bien commun qui suppose donc une gestion commune. Nous pouvons pour ce faire regarder du côté de Valencia (État espagnol).
Loin des représentations déformées des médias, des espaces de solidarité sont en construction, parfois peu visibles, quelques fois davantage. Il convient d'en faire la publicité : un réseau international étudiant·es-travailleur·euses, La Via Campesina, la Marche mondiale des femmes, les soutiens aux réfugié·es et aux migrant·es et des milliers d'autres pratiques qui préfigurent aujourd'hui un autre avenir…
Qu'est-ce qu'une paix juste et durable ? Une chose est sûre cela ne peut être quelques arrangements secrets imposés par un impérialisme envahisseur, un colonisateur violant les droits des êtres humains ou un voisin étatique dominant.
Juste et durable, implique de ne pas détourner les yeux des questions nationales : en Palestine, au Kurdistan, au Sahara occidental, en Kanaky, à Mayotte…
Le cadre de la revue a été expliqué dans le numéro 0
Comment élargir à d'autres sujets ? À l'occasion des élections au Parlement européen et à l'Assemblée nationale de l'État français, nous proposons un cahier, un « Parti pris ». Des prises de position engagées mais non polémiques.
D'autres « Parti pris » pourront être envisagés, en numéros spéciaux séparés et toujours téléchargeables gratuitement. Cela permettrait de regrouper des textes sur un thème, un pays, etc. Éventuellement plus ouvert aux contradictions, aux discussions mais sans insultes ni délirantes fantaisies, faut-il toujours le préciser ? N'hésitez pas à faire des suggestions.
Le refus du campisme – l'ennemi de mon ennemi rebaptisé ami –, le refus d'opposer certaines luttes à d'autres ou de taire certaines contradictions –pour ne pas « désespérer Billancourt », comme il se disait hier –, le refus de la multipolarité positive cache-sexe des régimes « autoritaires » sont au cœur d'Adresses (Syrie, invasion russe en Ukraine, place réelle des Brics, mollarchie iranienne, suprémacisme hindou, néolibéralisme et impérialisme, colonialisme français, etc.). Des positionnements réactionnaires de nature purement pavlovienne circulent aujourd'hui à propos des élections au Venezuela.
Avant de discuter du rejet des candidatures par un pouvoir en place (comment ne pas penser à la Russie, à l'Iran, sans oublier les pays où les oppositions sont interdites), des fraudes électorales, de la contestation des résultats, des proclamations antidémocratiques comme celles de Donald Trump aux États-Unis, nous tenons à rappeler que nous avons applaudi lorsque le Front sandiniste de libération nationale, au Nicaragua, a reconnu sa défaite électorale en février 1990.
Une leçon foulée aujourd'hui aux pieds par ce même Daniel Ortega et par bien d'autres, toujours plus accrochés au pouvoir qu'aux vertus vitales de la démocratie.
[1] Pierre Madelin, « Des pensées décoloniales à l'épreuve de la guerre en Ukraine », Adresses, n°2, 1er mai 2024.
Didier Epsztajn, Michel Lanson, Patrick Silberstein
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Le viol - Anatomie d’un crime, de Lucrèce à #MeToo
Pour la première fois traduite en français, la journaliste et autrice allemande Mithu Sanyal renverse toutes les opinions reçues sur le viol et nous offre un essai appelé à devenir un classique du féminisme.
Notre façon de parler du viol et de le penser en dit long sur nos sociétés et sur les rapports de genre. De la figure de Lucrèce dans la Rome antique à la vague #MeToo, que révèle notre façon d'aborder le viol ? Au moyen d'une analyse historique, sociale, juridique et féministe, Mithu Sanyal montre que notre regard sur ce crime est teinté de stéréotypes de genre et de racisme. En effet, quand nous pensons aux violeurs, pourquoi pensons-nous aux étrangers dans les ruelles sombres, plutôt qu'aux oncles, aux maris, aux prêtres ou aux copains ? Et qu'entendons-nous par la culture du viol ?
Plongeant dans certaines histoires médiatiquement célèbres (Weinstein, Polanski, Trump, etc.), elle déconstruit le traitement du viol dans l'espace public. Dans la lignée de Virginie Despentes et de bell hooks, Mithu Sanyal plaide pour l'autonomisation des femmes (et des hommes victimes d'agression) dans leur vécu, leurs limites et l'expression de leur consentement. Expérience émancipatrice, la lecture de ce livre, fort documenté, ne laissera personne indifférent.
Née d'une mère polonaise et d'un père indien au début des années 1970, Mithu Sanyal est une docteure en études culturelles, autrice et journaliste allemande. Militante féministe, conférencière spécialiste des questions de genre et chargée de cours dans différentes universités, elle écrit notamment pour l'hebdomadaire indépendant Der Spiegel, The Guardian et Vice. Ses livres ont été traduits en plusieurs langues, notamment en anglais et en espagnol.
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Les autonomes d’hier à aujourd’hui Chronologie, débats et analyse
L'auteurr, chercheur indépendant spécialiste des ex-trêmes politiques, présente un document permettant de mieux appréhender la réalité d'une mouvance certes très minoritaire, mais qui a résisté à l'érosion du temps depuis près d'un demi-siècle.
Outre des repères historiques actualisés, les débats au sein de l'Autonomie sont retranscrits à l'aide de nom-breux textes, abordant notamment les thèmes de la vio-lence, des cortèges de tête, du machisme ou des rapports avec les médias.
Le lecteur découvrira également que les violences exer-cées le 1er mai 2021 contre des syndicalistes de la CGT viennent de loin.
Un ouvrage indispensable pour cerner une galaxie complexe, qui a su diversifier ses interventions au-delà de ses pratiques émeutières. Elle est présente dans les
luttes écologistes, antifascistes, contre les grands projets « inutiles » et la précarité, défendant les mal-logés, migrants et sans-papiers, active dans le courant féministe
et homosexuel ainsi que dans les luttes sociales.
Jacques Leclercq, 67 ans, est un ancien formateur. Il a publié neuf ouvrages chez L'Harmattan.
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« Un jour meilleur viendra » : poésie des femmes Afghanes migrantes
Capire partage la poésie des femmes afghanes qui ont dû quitter leur patrie. L'une des premières politiques mises en œuvre par le Taliban a été l'interdiction de la poésie et des arts. La poétesse Somaia Ramish nous a parlé du paradoxe de migrer pour échapper à une guerre. Zuzanna Olszewska explique comment la poésie des personnes réfugiées des années 1980 a ouvert la voie à une poésie lyrique plus subjective.
En août 2021, le Taliban a envahi Kaboulet a repris le contrôle du gouvernement en Afghanistan. L'avancée du groupe était annoncée depuis 2015, lorsque les Talibans ont pris le contrôle de leur première province après leur défaite supposée en 2001. Actuellement, plus de 90% des Afghans souffrent d'insécurité alimentaire, de manque de liberté d'organisation et d'expression, de difficultés d'accès à l'éducation, à la santé, à l'eau potable et au travail. Pendant ce temps, chaque jour, des personnes fuient leurs maisons et, en situation de danger, traversent les frontières vers des pays voisins pour tenter d'obtenir des visas humanitaires dans différentes parties du monde ou, encore, se rendre irrégulièrement en Iran, en Turquie et, éventuellement, en Europe.
Outre le démantèlement favorisé par la politique fondamentaliste des Talibans, le peuple Afghan a également été confronté récemment à de graves catastrophes naturelles dans 33 de ses 34 provinces. Depuis le 10 janvier 2024, plus de 166 mille personnes ont été touchées par des tremblements de terre, des inondations, des sécheresses, des glissements de terrain et des avalanches, tandis que trois décennies de guerre épuisent à la fois les communautés et la nature environnante.
Les guerres rendent impossible de continuer à vivre sur le territoire, en raison de la violence, de la contamination des sols, de la pauvreté, entre autres. Comme dernière alternative, les gens se déplacent à la recherche d'une vie dans la dignité. Les personnes fuyant des conflits violents sont considérées par les gouvernements d'autres pays comme des chiffres qui doivent temporairement vivre sur leur territoire sans droits, comme une main-d'œuvre bon marché, ou qui doivent être barrées aux frontières, parfois même assassinées en essayant de les franchir. Avec la militarisation des frontières et le manque d'intégration au sein des pays d'accueil, les personnes migrantes sont privées de leur propre autonomie.
L'une des premières politiques mises en œuvre par le Taliban a été l'interdiction de la poésie et des arts. Écrire de la poésie est interdit en Afghanistan depuis que les talibans ont pris le pouvoir. Pour les femmes, la situation est encore pire : la pratique est considérée comme honteuse et peut entraîner des coups et même la mort. Les femmes ne peuvent même pas marcher librement sous le régime Taliban ; elles doivent être accompagnées d'un mahram, un membre masculin de la famille. Ainsi, la poésie est un outil important pour la justice sociale, surtout à un moment où il est nécessaire d'imaginer de nouvelles possibilités d'intégration et de coexistence.
La poésie orale reflète les expériences de vie des communautés, s'adaptant aux dynamiques locales et régionales. Il existe une histoire riche et diversifiée de la poésie parmi les Tadjiks, les Hazaras, les Ouzbeks, les Aimaq, les Turkmènes, les Baloutches, les Nuristanis, les Sadates, les Kirghizes et les Arabes, avec leurs traditions. Dans la poésie populaire Afghane, les femmes sont des écrivaines et des créatrices actives. Les femmes Afghanes ont utilisé la poésie pour se rebeller, exprimer les inégalités et aussi comme outil de communication du mouvement féministe.
Dans La Perle du Dari : Poésie et personnalité chez les jeunes Afghanes en Iran [The Pearl of Dari : Poetry and Personhood among Young Afghans in Iran] (2015), Zuzanna Olszewska explique comment la poésie des personnes réfugiées des années 1980 a ouvert la voie à une poésie lyrique plus subjective, entraînant une prolifération de formes, de genres et de styles, avec expérimentation, critique, questionnement et découverte des identités. Il existe des collectifs et des plateformes virtuelles qui rassemblent des textes de femmes afghanes, tels que Femmes Écrivaines Libres [Free Women Writers], Projet d'écriture des femmes afghanes [Afghan Women'sWriting Project], Filles de Plaza [Plaza Girls], Poésie de la Chambre Rouge [Red RommPoetry] et la Maison BaamDaad de la poésie en exil [BaamDaad House of Poetry in Exile].
La poétesse Somaia Ramish nous a parlé du paradoxe de migrer pour échapper à une guerre : « Bien que nos corps soient en dehors de la géographie de la guerre, nos âmes restent marquées par la guerre ». Somaia souligne également l'importance de la poésie populaire pour sa mère lorsqu'elle avait le mal du pays : « Ces poèmes traditionnels ont été transmis de génération en génération. Cette poésie n'est pas écrite dans les livres, mais elle existe dans le cœur de nos mères et grands-mères ». Dans le poème ci-dessous, Somaia Ramish écrit sur la « géographie de la guerre » :
Porte des poèmes comme armes
Porte des poèmes comme armes – la géographie de la guerre vous appelle pour se munir.
L'ennemi ne donne aucune alerte,
contre-alerte,
couleurs
signes
symboles ! Porte des poèmes comme armes –
chaque instant est chargé
avec des bombes
balles
explosions
sons de mort –
mort et guerre
ils ne suivent pas les règles
tu peux transformer tes pages en drapeaux blancs
mille fois
mais ravale tes mots, ne dis rien d'autre.
Porte tes poèmes –
ton corps –
tes pensées –
comme des armes.
Les écoles de guerre se lèvent
à l'intérieur de toi.Peut-être que toi
tu seras la prochaine.
Pour Somaia, son pays fait partie de son existence, et « le désir de rentrer chez elle est enraciné dans son cœur ». Selon elle, la poésie peut créer de nouvelles réalités pour une maison qui a été détruite. L'espoir de voir à nouveau l'Afghanistan comme un lieu de liberté est présent dans la poésie de différentes manières. Un poème écrit par une autre auteure,Hosnia Mohseni, expose cela. Il rend hommage à l'écrivaine du 10ème siècle Rabia Bhalki, reliant passé et futur. Rabia était la première femme poète persane enregistrée, qui a été tuée par son frère pour être tombée amoureuse et pour avoir écrit de la poésie.
Un jour meilleur viendra
Sœur, Le jour viendra où toi et moi volerons
Sur les fières montagnes de notre terre.
Il viendra un jour où les portes ne seront plus verrouillées
Et tomber amoureuse ne sera pas un crime.
Toi et moi laisserons nos cheveux voler,
Nous porterons des robes rouges,
Et enivrerons les oiseaux
De nos vastes déserts
Avec nos rires.
Nous danserons parmi les tulipes rouges de Mazar
En mémoire de Rabia,
Ce jour n'est pas loin.
Il est peut-être au coin de la rue.
Il est peut-être dans notre poésie.
Clarice Rangel Schreiner, Brésilienne vivant en Turquie, est militante de la Marche Mondiale des Femmes.
Traduit du portugais par Andréia Manfrin Alves
https://capiremov.org/fr/culture-fr/un-jour-meilleur-viendra-poesie-des-femmes-afghanes-migrantes/
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Tesla sape les conditions de travail et brise les grèves : exemple en Suède
L'entreprise d'Elon Musk refuse de dialoguer avec les syndicats en Suède. C'est pourtant d'usage dans le pays. Lorsque les salariés ont fait grève, Tesla y a envoyé des employés étrangers. Cette pratique risque d'être reproduite ailleurs en Europe.
Photo et article tirés de NPA 29
Un jeune homme, assis sur le siège conducteur d'une voiture à l'arrêt, met ses mains sur le volant, le regard au loin. Puis il examine l'habitacle, touche le cuir, se penche vers le large écran de contrôle. Son ami fait le tour du véhicule bordeaux, l'observe sous chaque couture, puis revient vers le vendeur.
Les trois hommes continuent la discussion à deux pas de la Tesla Y. Ce jour-là, dans le « store », quatre conseillers sont à la disposition des curieux et futurs acheteurs. Le parking devant est rempli de voitures Tesla, et émanent de l'atelier des bruits de réparation.
Chez ce vendeur de Tesla, dans le sud de la Suède, en cette fin de mois de juin, il n'y a plus une trace du bras de fer qui oppose l'entreprise d'Elon Musk et les syndicats suédois. La banderole « conflit » accrochée aux grilles a disparu, tout comme les syndicalistes en gilets jaunes fluo du piquet de grève. Dans le magasin, on admet à demi-mot avoir eu « quelques soucis avec la réception des plaques d'immatriculation, au début ». Aucune mention explicite des grévistes, en lutte depuis le 27 octobre 2023.
Huit mois de grève
Depuis plus de huit mois, le syndicat suédois IF Metall se bat avec Tesla pour que l'entreprise états-unienne signe la convention collective du secteur. En Suède, les conventions collectives organisent le monde du travail. La loi suédoise ne prévoit pas de salaire minimum interprofessionnel. Ce sont les conventions collectives qui les définissent, par branche. Traditionnellement, chaque entreprise négocie avec les syndicats les conditions de travail et de rémunération.
« Tesla met en péril le cœur du système suédois »
Mais voilà : l'entreprise d'Elon Musk a refusé de négocier avec les représentants des salariés un accord pour ses près de 300 employés. « Le syndicat suédois IF Metall n'a eu d'autre choix que de faire grève : la position de Tesla met en péril le cœur du système suédois de négociation collective », explique l'universitaire suédois Christer Thörnqvist, spécialiste des grèves et du monde du travail.
« La principale raison pour laquelle IF Metall entreprend une action industrielle chez Tesla est de garantir à nos membres des conditions de travail décentes et sûres, lit-on sur le site du syndicat. Pendant une longue période, nous avons tenté de discuter avec Tesla de la signature d'une convention collective, mais sans succès. Aujourd'hui, nous ne voyons pas d'autre solution que de mener une action syndicale. »
- Certains salariés sont encore en grève. « Je resterai en grève pendant des mois ou bien des années pour avoir cette convention collective », témoigne une travailleuse interrogée par Equal Times dans un reportage à la rencontre des salarié·es en lutte. « IF Metall dispose de fonds de grève très importants et pourrait ainsi poursuivre la grève pendant une longue période », précise Christer Thörnqvist.
Grèves de solidarité
De son côté, concernant la situation de ses travailleurs et travailleuses, « Tesla affirme que leur salaire de départ est bien supérieur au salaire minimum prévu dans la convention collective et que leurs conditions sont globalement comparables ou meilleures que celles de l'accord de l'industrie automobile », rapporte le média suédois Dagens Arbete. IF Metall répond que tout cela est faux.
Ces « soucis » avec les plaques auxquels le vendeur Tesla fait référence sont une des conséquences des grèves de solidarité organisées par d'autres syndicats. La poste suédoise a refusé d'acheminer les plaques d'immatriculation aux ateliers Tesla dans le pays, bloquant momentanément la vente de véhicules. Des électriciens ont refusé de réparer les bornes de recharge Tesla. Des salariés d'autres secteurs, comme les éboueurs, les dockers ou transporteurs, ont pris part à des grèves dites « de sympathie ».
Des syndicats des pays voisins – Danemark, Norvège et Finlande – se sont aussi joints à la lutte, empêchant les véhicules Tesla de transiter par leurs ports. « Le fait que nous nous appuyons sur des conventions collectives et que les syndicats se soutiennent mutuellement sont des éléments essentiels du modèle de marché du travail nordique », affirmait mi-juillet Ismo Kokko, président du syndicat finlandais AKT, à Reuters.
Briseurs de grèves, un problème européen
Si, au fil des mois, les chiffres de participation à la grève ont inévitablement baissé, cette lassitude ne suffit pas à expliquer la reprise quasi-intégrale de l'activité de Tesla en Suède. « L'une des principales raisons pour lesquelles la grève n'a pas eu l'impact escompté sur Tesla est sans aucun doute le recours aux briseurs de grèves », affirme le chercheur Christer Thörnqvist.
L'entreprise a eu recours à un subterfuge, permis par la législation européenne : elle a « détaché » des travailleurs d'autres pays européens pour remplacer les grévistes. Jonas Sjöstedt, ancien leader du Parti de gauche (Vänsterpartiet) suédois et désormais eurodéputé, l'a vu de ses propres yeux dans sa ville natale, Umeå.
« Nous avons vu des gens arriver en taxi. Ils venaient de l'aéroport et parlaient polonais, néerlandais, allemand »
« En tant qu'ancien membre du syndicat, j'ai demandé à être sur le piquet de grève à Umeå à plusieurs reprises, raconte l'ancien syndicaliste de chez Volvo. Une fois, alors que nous étions devant l'atelier Tesla, nous avons vu des gens arriver en taxi. Ils venaient de l'aéroport et parlaient polonais, néerlandais ou allemand. Ils étaient venus pour travailler. Il est devenu évident que Tesla utilise systématiquement des briseurs de grève. »
« Tesla, en faisant venir des briseurs de grève d'autres pays européens, viole une règle d'or acceptée par les acteurs du marché du travail suédois depuis plus de 80 ans, retrace le chercheur Christer Thörnqvist. L'accord dit de Saltsjöbaden, conclu en décembre 1938, constitue un point de repère pour le modèle suédois. Pour garantir la paix sur le marché du travail, les syndicats ont accepté de centraliser la décision de l'utilisation de la grève et, en retour, la confédération des employeurs a accepté de ne plus avoir recours à des briseurs de grève. »
Cette lutte dépasse les frontières suédoises, et va même au-delà des pays nordiques. « Si les syndicats suédois obtiennent gain de cause, les travailleurs du monde entier pourront négocier des accords collectifs avec Tesla. C'est pourquoi ce conflit est si important », affirme Jonas Sjöstedt.
Jusqu'ici, l'entreprise n'a pas cédé aux revendications de ses employés, où que ce soit dans le monde. « Même si cela n'est pas dit haut et fort, il est clair que Tesla craint qu'un accord avec les syndicats suédois ne sape l'autorité de l'entreprise dans d'autres pays européens », complète Christer Thörnqvist, maître de conférences à l'Université de Skövde.
Une lutte vitale
« Tesla est un cas particulier car elle appartient à Elon Musk, l'une des personnes les plus riches du monde et peut-être la personne la plus égocentrique du monde. Je pense qu'il déteste les syndicats », avance le politicien de gauche Jonas Sjöstedt. L'homme a donc décidé de faire du problème des briseurs de grève son combat de la campagne pour les européennes. Aujourd'hui élu au Parlement européen, il compte bien tenir ses promesses.
Avec ses alliés de gauche finlandais et danois, son parti à envoyé le 27 juin une lettre au commissaire européen en charge du travail, Nicolas Schmit. « Nous demandons à la Commission européenne de confirmer et de clarifier que les entreprises qui font l'objet d'une action syndicale en cours ne devraient pas être autorisées à recourir à des dispositifs transnationaux ou de sous-traitance impliquant le détachement de travailleurs d'un autre État membre sur le territoire de l'État membre où l'entreprise fait l'objet d'une action syndicale », écrivent-ils dans le courrier signé du logo rouge de chacun des trois partis.
Tesla est « un exemple de violations des droits de négociation collective dans plus de la moitié des pays européens », selon la Confédération européenne des syndicats. Mais aussi une menace pour la nature : l'agrandissement de sa « gigafactory » près de Berlin menace 50 hectares de forêt. Sur place, des activistes se battent contre la déforestation, en parallèle d'une lutte syndicale pour les conditions de travail dans l'usine.
« Elon Musk agit ici comme si c'était le Far West », témoignait pour Basta ! un élu régional du parti de gauche Die Linke. La lutte suédoise ressemble à celle de son voisin européen. « Il est vital que Tesla ne s'en tire pas si facilement, conclut l'ancien syndicaliste suédois Jonas Sjöstedt. Cette lutte pose une question plus large autour des emplois de la transition écologique. Seront-ils de bons emplois protégés et syndiqués, ou des jobs sans droits ? »
Emma Bougerol 25 juillet 2024
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Uber une nouvelle fois condamné, les droits des travailleurs reconnus !
Le 22 juillet 2024, en coopération avec la Cnil, l'autorité néerlandaise de protection des données a prononcé une amende record de 290 millions d'euros à l'encontre des sociétés Uber B.V. et Uber Technologies INC. pour avoir transféré des données personnelles des chauffeurs VTC collaborant sur leur plateforme hors de l'Union européenne, et notamment vers les Etats-Unis, sans garanties suffisantes, sur le fondement de l'article 44 du RGPD.
Tiré de Entre les lignes et les mots
Parmi les données qui ont été transférées illégalement, des données de localisation, des documents d'identité et des données de santé !
Les 170 chauffeurs à l'initiative de cette plainte, ainsi que Brahim Ben Ali du syndicat INV-FO et la LDH (Ligue des droits de l'Homme), qui l'ont portée, se réjouissent de cette condamnation qui, par son montant exceptionnel, témoigne de la gravité des faits sanctionnés.
Il s'agit de la seconde plainte engagée contre Uber, la première ayant abouti à la condamnation de la plateforme à 10 millions d'euros, en janvier 2024, pour ne pas avoir suffisamment informé les chauffeurs VTC du sort de leurs données personnelles, massivement collectées sur la plateforme et de leurs droits d'accès, sur le fondement des articles 12 et 13 du RGPD. Deux autres plaintes sont encore à l'instruction, concernant notamment la déconnexion automatique des chauffeurs, sans intervention humaine, également attentatoire au RGPD.
« La LDH se félicite de cette condamnation exemplaire, après celle de janvier 2024, qui reconnait le droit des travailleurs Uber, elle souhaite qu'elle serve de « moteur » à toutes les autres victimes des « Big Tech » prouvant ainsi que le droit peut protéger les citoyens ou résidents européens » a déclaré Nathalie Tehio sa présidente. Il faut cependant préciser qu'Uber a interjeté appel de ces deux décisions.
Brahim ben Ali déclare : « En plus de violer le droit des travailleurs, sans les salarier, Uber viole leurs données personnelles aux fins de maximiser ses profits et de nourrir l'algorithme ».
Jérôme Giusti, avocat de la LDH et des plaignants, précise : « Il s'agit d'une première mondiale. A ma connaissance, aucun autre Gafam n'a été condamné pour avoir transféré les données personnelles des Européens vers les Etats-Unis ou ailleurs dans le monde alors que tout le monde sait que c'est la règle ! ».
Le syndicat INV-FO et la LDH (Ligue des droits de l'Homme) envisagent d'engager une action de groupe contre Uber pour permettre aux 40 000 à 50 000 chauffeurs en France, tous victimes de ces mêmes infractions, d'être indemnisés au regard des préjudices subis.
Paris, le 26 août 2024
https://www.ldh-france.org/uber-une-nouvelle-fois-condamne-les-droits-des-travailleurs-reconnus/
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gauche.media
Gauche.media est un fil en continu des publications paraissant sur les sites des médias membres du Regroupement des médias critiques de gauche (RMCG). Le Regroupement rassemble des publications écrites, imprimées ou numériques, qui partagent une même sensibilité politique progressiste. Il vise à encourager les contacts entre les médias de gauche en offrant un lieu de discussion, de partage et de mise en commun de nos pratiques.











