Derniers articles

La mise en action de la Loi 15 freinée par la FIQ

17 septembre 2024, par Ghislaine Raymond — ,
La Loi 15, adoptée sous le bâillon en décembre 2023, vise à rendre le système de santé plus efficace. Pour ce faire, la flexibilité de la main d'œuvre en est une pièce (…)

La Loi 15, adoptée sous le bâillon en décembre 2023, vise à rendre le système de santé plus efficace. Pour ce faire, la flexibilité de la main d'œuvre en est une pièce maitresse. Malgré les promesses et menaces gouvernementales, la FIQ, sans contrat de travail depuis mars 2023, n'a toujours pas convenu d'une entente avec le gouvernement.

Pourquoi cette résistance ?

Les membres de la FIQ vivent au quotidien depuis de nombreuses années les contraintes imposées par les gestionnaires locaux de leurs établissements. Cela s'est accentué avec la COVID-19, principalement en ce qui concerne le TSO(temps supplémentaire obligatoire) sans compter les congés de maladie de longue durée en augmentation et les postes vacants trop nombreux. Ainsi, plutôt que de valoriser le personnel en place, d'entendre leurs besoins de conciliation travail famille, leur appel à des ratios infirmières-patients, le gouvernement Legault s'est engagé dans une lutte contre ces travailleuses et leur syndicat. Elles doivent s'accommoder des exigences incontournables de flexibilité dictées par la réforme de la santé, la énième en cours où encore une fois, les structures de travail sont modifiées par des gestionnaires qui savent mieux que celles et ceux qui sont sur le terrain ce qui remettra le système de santé sur ses rails.

Non à la flexibilité imposée

Le rejet de l'entente par les membres de la FIQ indique clairement que la solution d'efficience souhaitée par le gouvernement n'améliorera pas leurs conditions de travail. Cette approche dite « Lean management » [1] qui a cours dans le système de santé québécois depuis plus de 10 ans n'a pas apporté les bénéfices escomptés. Les coûts des soins de santé ont augmenté tout comme les contraintes administratives et loin de s'améliorer, la rétention du personnel s'est effritée.

Le premier ministre indiquait cette semaine dans un point de presse que
« … la clé, si on veut vraiment changer le réseau de la santé, c'est qu'il faut changer les ententes avec la FIQ. … Tant qu'on n'aura pas plus de flexibilité pour demander aux infirmières de travailler là où les besoins sont les plus importants, puis ces besoins-là changent continuellement, ça va être difficile d'améliorer de façon importante le réseau de la santé. … Et l'autre chose qui est importante aussi, c'est : Il faut ramener l'équilibre budgétaire sur un certain nombre d'années. Donc, ça va demander des efforts. Ce ne sera pas facile. » [2]

Cette déclaration du premier ministre a de quoi inquiéter. Alors que des clauses de flexibilité existaient dans plusieurs conventions locales, la FIQ a vu l'entente de principe convenue en avril dernier être rejetée par ses membres. « Les professionnelles en soin ne veulent pas de cette mobilité-là, disait la présidente de la FIQ, Julie Bouchard. Les professionnelles en soin ne veulent pas mettre à risque la clientèle, mais aussi leur permis de pratique. » [3]

Mouvements de personnel

Le problème des postes vacants est une situation qui ne semble pas sur le point de se résorber. Les données de l'Institut de la statistique du Québec (ISQ) dévoilées le 5 septembre dernier, indiquent que le nombre de postes à temps plein vacants chez les infirmières est passé « d'environ 3500 en 2019 à environ 9900 en 2023 » [4]

Travailler là où les besoins sont les plus importants, tel que l'affirme le premier ministre, sous-entend que tous les postes ne pouvant être comblés, on déplacera une infirmière d'une équipe qui effectue un travail nécessaire pour remplir une vacance ailleurs. Loin de répondre à la demande d'un ratio infirmière-patient, c'est l'introduction du « va où je te le dis » comme au temps de la covid que l'on souhaite introduire dans la convention collective. Nous ne pouvons que constater que la résistance des membres de la FIQ à cette approche patronale est justifiée.

De plus, cette situation risque de se complexifier. La loi 15 permet dorénavant le déplacement volontaire du personnel qui souhaite travailler dans un autre établissement. Cet avantage pour celles et ceux qui perdent un précieux temps de voyagement entre la maison et le travail, permettra le transfert d'une personne vers un autre établissement où un besoin est affiché mais cela laissera un poste vacant difficile à combler dans l'établissement délaissé. Un poste non comblé laisse entrevoir des remplacements obligés et à la clé du TSO.

Tous les postes vacants à temps complet affichés entraineront des mouvements de personnel. Ils se compteront par centaines à la grandeur du Québec.

Salaire contre tâche

Mais, nous objecte le gouvernement, les salaires ont été bonifiés et les autres composantes santé du front commun ont accepté l'entente proposée. François Legault ne semble pas comprendre que des bonifications salariales ne sont pas la principale préoccupation des membres de la FIQ. Ainsi, tel que l'indique l'ISQ, l'augmentation salariale « la plus forte … a été constatée chez les aides-infirmières, les aides-soignantes et les préposées aux bénéficiaires. Leur salaire est passé de 17 $ en 2019 à 24,16 $ en 2023, une hausse de 42 %. [5] Ce sont les bas salariés de la CSN et de la FTQ qui en ont le plus profité. Pour les 80 000 membres de la FIQ, ce sont les conditions de travail qui doivent être améliorées.

Santé Québec, équilibre budgétaire et déséquilibre syndical

La déclaration de François Legault indiquant que les besoins en santé changent constamment ajoutée aux mesures d'austérité qui se mettent en place pour résorber le déficit de 11 milliards$ ne sont pas pour rassurer les membres de la FIQ. Et cela sans compter que sous prétexte de simplifier le processus des embauches et des paies pour le personnel, Santé Québec sera l'unique employeur. Souhaitons que le système de gestion des paies des 350 000 personnes concernées a déjà été testé et qu'il n'y aura pas de ratées lors de sa mise en application. Le gouvernement fédéral s'est déjà cassé les dents sur cette question.

François Legault n'est pas non plus explicite sur les effets qu'aura la mise en place de Santé Québec sur les organisations syndicales. Pourtant, c'est un portrait syndical chamboulé qui en résultera. Les 136 tables de négociation seront abolies pour faire place à 6 tables nationales, 2 catégories venant s'ajouter aux 4 existantes. Les composantes syndicales visées (APTS, CSN, CSQ, FIQ et FTQ), seront appelées à prendre la tête de l'une ou l'autre de ces composantes. Cette lutte de rangement entre les composantes visées rendra encore plus difficile la vie syndicale dans les établissements, les organisations syndicales étant appelées à changer, les officiers et conseillers syndicaux seront appelés à être réaffectés à la suite des votes d'allégeance qui se tiendront.

La loi 15 est en vigueur depuis janvier dernier, Santé Québec se met en place tout comme les mesures d'austérité qui contraignent à un financement des dépenses inférieur aux coûts de l'inflation.

Comptabilité et gestion managériale des ressources humaines sont des ingrédients explosifs en santé. Une proposition du conciliateur au dossier vient d'être déposée. C'est une solution qu'il considère être un équilibre raisonnable entre les parties pour le renouvellement des conditions de travail.

Une réponse syndicale à cette nouvelle hypothèse de règlement est attendue prochainement.

Ghislaine Raymond
15 septembre 2024

*****

Abonnez-vous à notre lettre hebdomadaire - pour recevoir tous les liens permettant d'avoir accès aux articles publiés chaque semaine.

Chaque semaine, PTAG publie de nouveaux articles dans ses différentes rubriques (économie, environnement, politique, mouvements sociaux, actualités internationales ...). La lettre hebdomadaire vous fait parvenir par courriel les liens qui vous permettent d'avoir accès à ces articles.

Remplir le formulaire ci-dessous et cliquez sur ce bouton pour vous abonner à la lettre de PTAG :

Abonnez-vous à la lettre


[1] Lean management : C'est une philosophie de gestion centrée sur l'élimination des gaspillages ou des activités qui n'apportent pas de valeur ajoutée au client.
https://www.uqar.ca/543-lean-management-changer-la-culture-organisationnelle-dans-le-domaine-de-la-sante/

[2] Point de presse de M. François Legault, premier ministre, 12 septembre 2024, https://www.assnat.qc.ca/fr/actualites-salle-presse/conferences-points-presse/ConferencePointPresse-95263.html

[3] TVA Nouvelles, Les infirmières « tannées d'avoir à faire toujours plus avec moins », 13 avril 2024

[4] Katrine Desautels, Le taux de postes vacants en santé a doublé depuis quatre ans au Québec, Le Devoir, 5 septembre 2024

[5] Idem -N.B. Les aides-infirmières, les aides-soignantes sont des appellations de l'Institut de la statistique du Québec (ISQ) qui ne correspondent pas aux titres d'emplois existants qui se retrouvent sur le site du Comité patronal de négociations du secteur de la santé et des services sociaux(CPNSSS).

Bock-Côté et les sandwiches au jambon

17 septembre 2024, par Pierre Dubuc — ,
« Ventre affamé n'a pas d'oreilles », dit la maxime. Mais il y a aussi ceux qui n'ont pas d'oreilles pour les ventres affamés. Dans sa chronique du Journal de Montréal du 6 (…)

« Ventre affamé n'a pas d'oreilles », dit la maxime. Mais il y a aussi ceux qui n'ont pas d'oreilles pour les ventres affamés. Dans sa chronique du Journal de Montréal du 6 septembre 2024, intitulée « Les lunchs de Québec solidaire et l'État-nounou », Mathieu Bock-Coté s'insurge contre la proposition voulant que « chaque enfant devrait avoir droit à un repas gratuit à l'école ».

Tiré de l'Aut' Journal.

Bien sûr, il reconnaît qu'il est scandaleux qu'un « enfant sur cinq se présenterait à l'école le ventre vide ». Mais c'est un scandale qui n'émeut pas beaucoup le « Gros Joufflu ». Aucune compassion pour cet abonné aux meilleures tables parisiennes et qui, récemment, organisait avec la revue d'extrême-droite française L'incorrect des visites guidées de Rome avec la promesse de « partager un gueuleton mémorable en compagnie de gens proches de vos idées ».

Pour justifier son opposition, il aligne deux raisons. La première est morale. La responsabilité incombe aux parents de « nourrir leur marmaille », lance-t-il. On veut bien, mais que doit faire l'enseignante qui se trouve devant des enfants affamés dont les parents sont irresponsables, déficients mentaux, drogués ou dans une pauvreté extrême ? Appeler la DPJ ?

Touche pas à mon portefeuille

L'autre raison invoquée est qu'un programme universel devrait être payé par l'impôt. Quel malheur pour le portefeuille de celui dont la rumeur veut qu'il encaisse plus d'un million de dollars par année pour ses innombrables chroniques dans les médias écrits, radiophoniques et télévisuels tant en France qu'au Québec !

« Gros portefeuille » est férocement contre l'instauration d'un régime universaliste – et, de façon générale l'État-providence – parce qu'il va de pair avec un régime d'imposition progressiste qui pige dans la poche des plus riches et exempte les plus pauvres. Pas question pour lui de payer pour ces pauvres, surtout, comme nous allons le voir, s'ils ne mangent pas de sandwiches au jambon !

Les sandwiches au jambon

Devant la levée de boucliers, MBC a pondu une deuxième chronique (10 septembre 2024) dans laquelle il se transforme en chef cuisinier, commandité par l'industrie du porc, en s'indignant que « le sandwich au jambon peut aujourd'hui faire scandale » pour les musulmans, les végétariens et les élèves souffrant d'allergies alimentaires. Aussi, il en déduit qu'un programme de repas gratuits pour l'ensemble des élèves serait « impraticable ».
On peut se demander comment font nos hôpitaux pour nourrir les patients de la « diversité ». Une petite recherche Internet permettrait à notre chef cuisinier un accès à une multitude de menus appropriés.

« Gros jambon » pourrait également faire appel à Riccardo pour les menus et consulter le projet de Lab-écoles dont il était un des promoteurs. Le projet a proposé 160 projets d'écoles primaires, mais à peine six ont été retenus, avant que Legault ne mette la hache dans le projet dans le cadre de sa politique d'austérité, qui ne dit pas son nom.

Le projet de Lab-écoles avait comme objectif de « permettre que chaque enfant ait accès à des repas quotidiens à l'école, le matin et le midi, pour favoriser la persévérance et la réussite scolaires. » Il voulait offrir aux enfants des écoles des « environnements et des contextes favorables à l'adoption d'attitudes positives envers les aliments, à l'acquisition de connaissances alimentaires et nutritionnelles, ainsi qu'au développement de compétences culinaires. » Il avait pour but de « positionner la littératie alimentaire comme priorité d'action contribuant ainsi à la réussite éducative de l'ensemble des élèves ».

Mais « la réussite éducative de l'ENSEMBLE DES ÉLÈVES » est la dernière des préoccupations de MBC, qui est un ardent défenseur du système élitiste des écoles privées.

Le gros Bock-Coté, y'é parfa !

L'omniprésence de MBC dans tous les médias de Québecor rappelle un sketch mémorable des Cyniques au cours des années 1960, dans lequel ils se moquaient de Télé-Métropole et de son animateur-vedette Réal Giguère.

Chaque fois qu'il y avait un « trou » dans la programmation, Marc Laurendeau, qui personnifiait le réalisateur, disait : « Passe le gros Giguère, y'é parfâ ! »

Aujourd'hui, en comptant les présences de MBC, on a l'impression que la direction de Québecor dit : « Passe le Gros Bock-Côté, y'é parfa ! »

******

Abonnez-vous à notre lettre hebdomadaire - pour recevoir tous les liens permettant d'avoir accès aux articles publiés chaque semaine.

Chaque semaine, PTAG publie de nouveaux articles dans ses différentes rubriques (économie, environnement, politique, mouvements sociaux, actualités internationales ...). La lettre hebdomadaire vous fait parvenir par courriel les liens qui vous permettent d'avoir accès à ces articles.

Cliquez sur ce bouton pour vous abonner à la lettre de PTAG :

Abonnez-vous à la lettre

Extraits du point de presse de M. Haroun Bouazzi, porte-parole du deuxième groupe d’opposition en matière d’énergie

17 septembre 2024, par Haroun Bouazzi — , ,
Nous publions un extrait du point de presse de M. Haroun Bouazzi sur la question du projet de loi 69, Loi assurant la gouvernance responsable des ressources éneregétiques et (…)

Nous publions un extrait du point de presse de M. Haroun Bouazzi sur la question du projet de loi 69, Loi assurant la gouvernance responsable des ressources éneregétiques et modifiant diverses dispositions législatives. Ce point de presse s'est tenu le 11 septembe 2024.

11 septembre 2024 | Salle de presse de l'Assemblée nationale

M. Bouazzi : Moi, je vais vous parler, sans surprise, du projet de loi n° 69. Hier soir, vous avez probablement entendu parler de chats. Bien, hier, M. Sabia nous a sorti un chat de son sac. Il nous a dit ce qu'on savait, évidemment, depuis longtemps, c'est que M. Fitzgibbon a distribué des mégawatts aux multinationales étrangères et pas aux industries locales, aux PME locales, et pas pour la décarbonation de notre économie.

C'est quelque chose qu'on voyait venir depuis longtemps. La P.D.G., rappelez-vous... on va faire la genèse, rapidement, là, la P.D.G. d'Hydro-Québec, à l'époque, Sophie Brochu, avait dit à peu près la même chose en disant qu'il ne fallait pas transformer le Québec en Dollarama de l'économie. La première chose qu'a faite le ministre démissionnaire Fitzgibbon, c'était le projet de loi n° 2 où il s'est donné des droits absolument énormes de distribuer des mégawatts sans aucun contre-pouvoir, sans critère public, sans... tout seul, là, de son... du haut de son... de sa grosse puissance, il a distribué 2 500 mégawatts, l'équivalent de deux fois La Romaine. On se rend compte, ça a pris 11 ans à construire La Romaine. Et puis ensuite, bien, il est tout simplement parti.

On a aussi eu un spécialiste hier, M. Pineau, qui nous a dit que les chances qu'Hydro-Québec, en 26 ans, construise ce qu'elle a mis sur papier étaient exactement de zéro.

On voit que le débat est important. L'ère de Fitzgibbon devrait être derrière nous. La ministre doit choisir un camp. Ça ne peut pas être celui du bilan de M. Fitzgibbon, ça doit être celui du dialogue.
On a envoyé une lettre hier qui demandait que... de rallonger de seulement une semaine les maigres deux semaines de consultations qu'on avait sur le projet de loi pour avoir des groupes comme l'IRIS, comme des Premières Nations, comme Greenpeace, qui ont demandé, cet été, de participer à cette commission, pour être ajoutés. Et puis on espère qu'elle va justement montrer que les choses changent et qu'il y a plus de débats et de dialogue. Parce que je tiens à vous dire que, s'il y avait eu un débat sur les deux dernières années, eh bien, avant de distribuer les mégawatts, on aurait vu que c'était une grosse erreur.

Journaliste : M. Legault, hier, en disant que, lui, son seul critère pour attribuer de l'énergie, c'est des emplois payants, il ne parle pas de décarbonation, là. Donc, qu'est-ce qui vous fait croire que les choses vont changer avec le départ de M. Fitzgibbon ? On comprend que le premier ministre, lui, la décarbonation, ça ne fait pas partie des critères pour allouer des... de l'énergie.

M. Bouazzi : Bien, c'est là où la ministre doit effectivement montrer qu'elle a un minimum de poids. Ce n'est pas une petite responsabilité. Et effectivement la crise climatique bat son plein : les feux de forêt, les inondations, les coups de chaleur, les réfugiés climatiques. Je veux dire, c'est sérieux. La fenêtre est en train de se fermer. Ça fait que nous, on va faire pression. On est persuadés que, si on a un vrai débat national, non seulement ce gouvernement-là entendra raison, mais aussi il y aura de l'acceptabilité sociale pour les changements. C'est la chose à faire pour nous, pour nos enfants, pour les enfants de Mme Fréchette et pour le Québec. Ça fait qu'on reste... on reste quand même... On espère qu'elle a un certain poids, là.

Journaliste : C'est quoi, les changements ?

M. Bouazzi : Bien, d'abord, aujourd'hui, ce projet de loi ne répond pas aux questions principales. Par exemple, celle qu'a posée M. Sabia hier, qui est que l'électricité... qui on doit prioriser au Québec, à qui on doit donner l'électricité. Ce projet de loi n'y répond pas. Combien de litres... de mètres cubes de gaz on va enlever ?

Journaliste : ...M. Sabia a dit, ça, c'est Hydro-Québec, là. Québec solidaire...

M. Bouazzi : Non, ce n'est pas Hydro-Québec.

Journaliste : Québec solidaire, c'est quoi, vos priorités ? Qui on priorise, là ? Est-ce qu'on coupe les grosses industries ? On fait perdre des emplois dans des régions du Québec puis on coupe l'amiante... pas l'amiante, on coupe l'aluminium, on coupe le fer, on aide la PME qui veut agrandir... Québec solidaire, où vous voulez couper, vous autres, là ?

M. Bouazzi : Ça, c'est le projet de la CAQ actuellement. (...) ...on ne coupe pas... on ne coupe pas dans les industries locales, et c'est bien pour ça qu'on a besoin d'un débat national. C'est parce qu'on priorise des compagnies comme Northvolt, à qui on a donné 1 million et demi la job de subventions, 1 million et demi la job de subventions, plutôt que se demander comment on va faire survivre nos industries en région et les aider à décarboner.

Donc, bien sûr que le projet de la CAQ, comme il est parti à se dire : Moi, je priorise les jobs à 50 $, sans aspect de la décarbonation, sans aspect du développement économique régional et puis de sauver les jobs qui sont déjà là, qui, pour beaucoup d'entre elles, sont des jobs payantes, c'est une erreur terrible, terrible pour la suite.

Journaliste : Est-ce qu'à entendre les remarques de Sabia hier on ne peut pas comprendre justement qu'il y avait un conflit qui s'était dessiné de façon assez ouverte entre M. Fitzgibbon et M. Sabia, ce qui pourrait expliquer le départ de M. Fitzgibbon ?

M. Bouazzi : La remarque de M. Sabia hier est profonde, elle est importante, elle est sur des investissements énormes en énergie qui ont été distribués à des multinationales plutôt qu'aux industries locales pour les décarboner. Je pense que les batailles entre ego, etc., sont très peu intéressantes devant le fond des choses, parce que c'est important, c'est Hydro-Québec. Je veux dire, le projet de loi qui est devant nous ouvre la porte à des pans de privatisation de notre production et notre distribution d'électricité...

Journaliste : ...pas une question d'ego, là. Je veux dire, il était question de deux enjeux puis deux visions qui semblaient complètement différentes puis...

M. Bouazzi : C'est possible, c'est possible. C'est... Évidemment, ce qui a été dit par M. Sabia et ce qui a été dit... fait par M. Fitzgibbon sont des choses tout à fait opposées. De la même manière qu'il s'est opposé à madame... à l'ancienne P.D.G. d'Hydro-Québec. La vision de M. Fitzgibbon, c'était de ne pas prioriser la décarbonation et de distribuer des mégawatts à des multinationales étrangères. Et puis on voit aujourd'hui que c'est plutôt compliqué avec Northvolt. Ça fait que c'est une vision de développement économique, franchement, des années 70, là : Venez prendre notre électricité pas chère, alors qu'elle coûte beaucoup plus cher en 2024. Rendez-vous compte, là, en moyenne, on leur vend à 0,057 $ le kilowattheure, alors que la nouvelle électricité nous coûte 0,11 $ du kilowattheure. C'est qui qui paie pour la différence ? Bien, ça va être vous et moi. C'est ça, la réalité. Il nous l'a dit après avoir distribué les mégawatts. C'est ça, le style Fitzgibbon. La fameuse honnêteté de M. Fitzgibbon, bien, c'est de l'arrogance, puis aussi avoir utilisé l'électricité des Québécois sans leur dire ce qu'il allait en faire. Et puis après, bien oui, on va payer le prix. Il faut que ça s'arrête, là.

Journaliste : Juste pour bien comprendre votre position, M. Bouazzi, Hydro-Québec a établi à 75 % les mégawatts qu'elle... qu'il voulait allouer aux entreprises... en décarbonation des entreprises, contre 25 % pour le... la croissance économique.

M. Bouazzi : Exact.

Journaliste : Est-ce que c'est un chiffre auquel vous vous identifiez ? Puis est-ce que, pour bien comprendre, vous voulez l'inscrire dans la loi ?

M. Bouazzi : Donc, M. Fitzgibbon a distribué déjà le tiers de ce 25 % là et zéro pour le 75 % pour décarboner. C'est ça... Actuellement, on est dans du 100 % du 25 % dont vous parlez...

Journaliste : ...M. Fitzgibbon, il est parti.

M. Bouazzi : Bien, il faut absolument... il faut absolument prioriser la décarbonation, évidemment, et il faut inscrire dans la loi la décarbonation. Il y a beaucoup de groupes qui sont venus nous le dire, que ça devait être... Je veux dire, il n'y a même pas l'objectif de décarboner d'ici 2050 dans cette loi-là. Ça fait qu'évidemment il faut prioriser la décarbonation. Et c'est ce qui fait qu'on va sauver des jobs parce que, dans pas longtemps, économiquement, et on commence à les voir à la barrière, là, la quantité de CO2 associée aux biens que tu paies va être un coût associé aux douanes et puis aux échanges économiques internationaux. Ça fait qu'il va falloir investir tout de suite dans notre économie pour la décarboner parce que, sinon, bien, on ne pourra même pas la vendre à l'étranger, là. Ce n'est pas juste... Ce n'est pas juste une question de sauver la planète, c'est aussi une question de survie économique, là.

*****

Abonnez-vous à notre lettre hebdomadaire - pour recevoir tous les liens permettant d'avoir accès aux articles publiés chaque semaine.

Chaque semaine, PTAG publie de nouveaux articles dans ses différentes rubriques (économie, environnement, politique, mouvements sociaux, actualités internationales ...). La lettre hebdomadaire vous fait parvenir par courriel les liens qui vous permettent d'avoir accès à ces articles.

Remplir le formulaire ci-dessous et cliquez sur ce bouton pour vous abonner à la lettre de PTAG :

Abonnez-vous à la lettre

Le Québec a besoin d’une autre révolution tranquille en éducation !

17 septembre 2024, par Debout pour l'école — , , ,
Debout pour l'école entend produire un Livre blanc citoyen sur l'éducation regroupant les revendications prioritaires de milliers de Québécois qui veulent des changements (…)

Debout pour l'école entend produire un Livre blanc citoyen sur l'éducation regroupant les revendications prioritaires de milliers de Québécois qui veulent des changements majeurs à court et à moyen termes dans leur système d'éducation.

Juillet 2024

Pourquoi un livre blanc sur l'éducation ?

Pour cela, il faut être suffisamment nombreux à endosser ce Livre blanc pour que nos revendications soient présentes dans la campagne électorale de 2026 et obligent le prochain gouvernement à les mettre en œuvre. Non seulement Debout pour l'école, mais aussi plusieurs autres organisations de la société civile, dont l'École ensemble, le MÉMO et Je protège mon école publique (JPMÉP), exigent des changements majeurs en éducation depuis des décennies, parce que tous les aspects de notre système scolaire se dégradent depuis 30 ans.

En 2019, Debout pour l'école a recueilli près de 12 000 signatures à une pétition contenant sept revendications adressées au ministre de l'Éducation d'alors, Jean- François Roberge, sans que celui-ci daigne envoyer un accusé de réception.

Au printemps 2023, près de 4 000 personnes ont participé aux forums citoyens et aux ateliers jeunesse de Parlons éducation organisés par quatre groupements citoyens, dont Debout pour l'école [1].

Au printemps 2024, Debout pour l'école a recueilli les revendications prioritaires lors de rencontres citoyennes dans plusieurs régions du Québec [2].

Qu'est-ce qu'un livre blanc ?

Un livre blanc est un document de quelques pages qui traite d'un sujet précis et qui répond à un ensemble de questions reliées, c'est-à-dire à une problématique. Il est produit par une organisation et vise à faire un exposé exhaustif d'une question ; après un état de fait soulignant les principaux problèmes, le document propose des orientations nouvelles et identifie des objectifs à atteindre.

Comme l'expression « livre blanc » n'est pas limpide pour toute la population, il faudra avoir un titre accrocheur, par exemple Le Québec a besoin d'une autre révolution tranquille en éducation avec, comme sous-titre, Livre blanc citoyen sur l'éducation.

Caractéristiques du document

Il faut un ouvrage au contenu solide sur les plans scientifique et politique, c'est-à-dire fondé sur les valeurs et positions du collectif Debout pour l'école, exposées entre autres dans son ouvrage collectif Une autre école est possible et nécessaire [3] et dans les propos tenus dans les forums de Parlons éducation [4]. Pour obtenir des appuis politiques formels d'un grand nombre d'organisations, de personnalités et de citoyennes et citoyens sur chacune des revendications, il est essentiel que celle-ci soit clairement décrite, expliquée, justifiée et que soit présentée aussi concrètement que possible la mesure à mettre en place pour son actualisation5.

Enfin, le document doit être accessible à une très grande partie de la population. Donc, être écrit très lisiblement, être relativement court avec une mise en page et un graphisme accrocheurs. Comment construire cet outil ?

Une équipe de six personnes, aidées de collaborateurs de milieux et d'expériences diversifiés, assurera la production du projet de livre blanc. Afin d'élaborer un projet solide et cohérent, suffisamment complet pour qu'on puisse appréhender ce que sera la version finale du livre blanc, les membres de l'équipe mèneront tout au long du processus des entrevues auprès de spécialistes de divers domaines (des membres des centres de recherche en éducation, dont des philosophes et des sociologues de l'éducation, des personnalités politiques et médiatiques), mais aussi des membres des personnels scolaires, des parents et des élèves. Il s'agira de fédérer le plus de monde possible, ce qui est en soi une tâche considérable. [5]

Trois thèmes sont retenus pour l'instant et sont sous la responsabilité d'un membre de l'équipe de production :

1. La mission de l'école : comment l'école peut préparer les élèves à faire face aux immenses défis sociétaux (responsable : Suzanne-G. Chartrand avec la collaboration de Christine Favreau et de Maude Jodoin).

2. Une école pour tous équitable et inclusive (resp. pour l'équité : Jean Trudelle avec la collaboration de l'École ensemble ; pour l'inclusivité : Madeleine Ferland).

3. Un système scolaire réellement démocratique (resp. : Jean- Yves Proulx avec la collaboration de Claude Champagne du MÉMO).

Un thème pourrait s'ajouter : les moyens concrets pour que l'école accomplisse sa mission.

Le travail de rédaction a commencé en juin 2024, mais compte tenu de sa complexité et de la nécessité de tenir compte aussi des résultats de la consultation citoyenne en ligne par la firme Cocoriko, le Livre blanc ne sera terminé qu'en septembre 2025.

Calendrier été 2024 — printemps 2026

1. Juin fin — début oct. 2024 : rédaction d'un canevas étoffé du projet de livre blanc et soumission au comité directeur (CD) et au comité des régions ;

2. Oct. 2024 — janv. 2025 : contacts et échanges avec des organisations partenaires et des personnes sur le projet de Livre blanc citoyen sur l'éducation ;

3. Janv. 2025 : bilan du travail accompli et démarche à revoir, si nécessaire ; mobilisation de nos membres et des organisations partenaires pour qu'ils incitent leurs proches ou leurs membres à participer à la consultation de Cocoriko ;

4. Entre la mi-février et la fin avril 2025 : consultation de Cocoriko ;

5. Juin --- septembre 2025 : rédaction de la version définitive du livre blanc ;

6. Oct. 2025 — mars 2026 : diffusion de cette version et démarche pour obtenir des appuis représentant un demi-million de Québécois (que ce soit à titre personnel ou au nom d'une organisation) ; préparation d'un immense rassemblement : le Rendez-vous national sur l'éducation, précédé d'une campagne médiatique menée par des experts et des personnalités publiques pour qu'il ait un important impact médiatique et politique ;

7. Fin du printemps 2026 : Tenue du Rendez-vous national sur l'éducation où sera lancé le Livre blanc citoyen sur l'éducation. Pour plus d'informations : info@deboutpourlecole.org

*****

Abonnez-vous à notre lettre hebdomadaire - pour recevoir tous les liens permettant d'avoir accès aux articles publiés chaque semaine.

Chaque semaine, PTAG publie de nouveaux articles dans ses différentes rubriques (économie, environnement, politique, mouvements sociaux, actualités internationales ...). La lettre hebdomadaire vous fait parvenir par courriel les liens qui vous permettent d'avoir accès à ces articles.

Remplir le formulaire ci-dessous et cliquez sur ce bouton pour vous abonner à la lettre de PTAG :

Abonnez-vous à la lettre


[3] Collectif Debout pour l'école, Une autre école est possible et nécessaire (2022), Del Busso, Montréal.

[4] 4 Voir site web : https://deboutpourlecole.org/uploads/files/syntheseforums (1).pdf 5 L'IRIS pourrait être appelé à chiffrer nos revendications. Il faut donc prévoir des sommes dans la prochaine demande à la Fondation Chagnon.

[5] L'IRIS pourrait être appelé à chiffrer nos revendications. Il faut donc prévoir des sommes dans prochaine demande à la Fondation Chagnon.

Rabais de 20% sur le tarif L : Ça va nous coûter une beurrée tantôt !

17 septembre 2024, par Germain Dallaire — , ,
Le programme PAFI, vous connaissez ? PAFI pour programme d'aide financière à l'investissement. C'est ce fameux programme de réduction de 20% du tarif L offert aux grandes (…)

Le programme PAFI, vous connaissez ? PAFI pour programme d'aide financière à l'investissement. C'est ce fameux programme de réduction de 20% du tarif L offert aux grandes entreprises qui font de l'investissement. Instauré sous les libéraux en 2016, ce programme a pris son essor sous les caquistes. Au 31 mars 2023, on en était à 907 millions$ donnés aux entreprises à partir des dividendes versées par Hydro-Québec.

Germain Dallaire, Climat Québec

On a surtout entendu parler du PAFI dans la deuxième partie de 2023 à partir du moment où le caquistes ont annoncé sa fin pour le 31 décembre de la même année. Suite à cette annonce, les entreprises se sont garrochées. À l'heure où ces lignes sont écrites, le dernier chiffre disponible se rapporte à la période financière 2022-2023 et fait état de subventions pour un total de 179 millions$ correspondant à 32 demandes. Suite à des demandes d'information au Ministère des Finances au nom de Climat Québec, j'ai appris qu'à la fin de juin dernier, six mois après la fin du programme, il y avait encore 68 demandes à traiter.

Comme quoi le Ministère est carrément débordé par la demande. La prochaine information sur ce programme sortira cet automne avec la publication du rapport annuel 2023-2024 couvrant l'année financière se terminant le 31 mars 2024. On peut déjà anticiper une augmentation importante des subventions mais il est permis de penser que ce sera encore pire l'an prochain si les 68 demandes sont traitées puisqu'elles s'ajouteront à celles traitées entre le 1er avril et le début de l'été. Une simple règle de trois permet de prévoir des subventions approchant le demi-milliard$ pour l'exercice financier 2024-2025 et ce, sans tenir compte du fait que ces subventions durent de 4 à 8 ans. Elles s'accumulent donc. Tout est en place pour un dérapage.

À l'heure où le processus de privatisation d'Hydro-Québec s'accélère avec le projet de loi 69, les mauvaises nouvelles concernant la situation d'Hydro-Québec se multiplient. Ces subventions tirées directement des dividendes versées par Hydro-Québec ne manquent pas de grever sa capacité financière. Tout ça est du pain béni pour les propagandistes de la privatisation. Pierre Fitzgibbon a bien placé ses pions avant de se sauver en courant.

*****

Abonnez-vous à notre lettre hebdomadaire - pour recevoir tous les liens permettant d'avoir accès aux articles publiés chaque semaine.

Chaque semaine, PTAG publie de nouveaux articles dans ses différentes rubriques (économie, environnement, politique, mouvements sociaux, actualités internationales ...). La lettre hebdomadaire vous fait parvenir par courriel les liens qui vous permettent d'avoir accès à ces articles.

Remplir le formulaire ci-dessous et cliquez sur ce bouton pour vous abonner à la lettre de PTAG :

Abonnez-vous à la lettre

Le programme PAFI, vous connaissez ? PAFI pour programme d'aide financière à l'investissement.

Vers une transition énergétique ?

17 septembre 2024, par Institut de recherche et d'informations socio-économiques (IRIS) — , ,
Contrairement aux prétentions de François Legault, le projet de loi 69 ne permettra pas de décarboner l'économie : les objectifs qu'il poursuit sont de soutenir la politique de (…)

Contrairement aux prétentions de François Legault, le projet de loi 69 ne permettra pas de décarboner l'économie : les objectifs qu'il poursuit sont de soutenir la politique de croissance industrielle de son gouvernement et d'accélérer la privatisation du secteur de l'énergie au Québec.

12 septembre 2024 | tiré de la lettre de l'Institut de recherche et d'information socio-économiques.| Photo : Sylvain Brousseau (Wikipédia)

Dans le rapport publié aujourd'hui, les chercheurs Bertrand Schepper et Jean-François Blain détaillent les tenants et aboutissants du projet de loi 69 qui amorce une réforme colossale du secteur de l'énergie au Québec.

« Le PL 69 ne garantit pas la décarbonation de l'économie puisqu'il n'est accompagné d'aucun plan de réduction de la consommation de produits pétroliers et gaziers. »
— Jean-François Blain, chercheur associé à l'IRIS et co-auteur du rapport

Le gouvernement ne se prévaut d'aucun des pouvoirs à sa disposition (taxation, fiscalité, réglementation) qui lui permettraient de réduire la consommation totale de produits pétroliers, gaziers et le nombre de véhicules. Le gouvernement a par ailleurs déjà attribué le tiers de la croissance prévue (+- 2500 MW) à des projets industriels qui consommeront jusqu'à 19 TWh d'électricité additionnelle par an et qui ne contribueront pas à la décarbonation.

« Le plan d'action du gouvernement et d'Hydro-Québec repose sur une croissance pharaonique de la consommation et comporte un risque financier majeur qui appauvrira inutilement les ménages et les entreprises. »
— Bertrand Schepper, chercheur à l'IRIS et co-auteur du rapport

Le gouvernement propose d'utiliser Hydro-Québec pour financer des investissements de 150 à 180 G$ d'ici 2035 pour la production d'électricité additionnelle. Il prévoit une croissance de la consommation de 56 TWh en 11 ans, alors que celle-ci n'a augmenté que de 13 TWh au cours des vingt dernières années. Un tel plan entraînera, au minimum, des hausses tarifaires de 65 à 75 % cumulativement sur 11 ans.

« Le PL 69 accélérera la privatisation de la production et du commerce de l'électricité au Québec notamment en accordant des pouvoirs accrus à la ministre responsable. »
— Jean-François Blain

La Ministre de l'Économie, de l'Innovation et de l'Énergie aura le pouvoir d'attribuer de nouveaux droits de distribution d'électricité, d'autoriser la vente directe d'un auto-producteur à des tiers, d'approuver directement certains approvisionnements d'Hydro-Québec, d'intervenir davantage et directement auprès de la Régie de l'énergie, etc

*****

Abonnez-vous à notre lettre hebdomadaire - pour recevoir tous les liens permettant d'avoir accès aux articles publiés chaque semaine.

Chaque semaine, PTAG publie de nouveaux articles dans ses différentes rubriques (économie, environnement, politique, mouvements sociaux, actualités internationales ...). La lettre hebdomadaire vous fait parvenir par courriel les liens qui vous permettent d'avoir accès à ces articles.

Remplir le formulaire ci-dessous et cliquez sur ce bouton pour vous abonner à la lettre de PTAG :

Abonnez-vous à la lettre

PL69 sur l’énergie : Son adoption devrait être reportée

17 septembre 2024, par Front commun pour la transition énergétique — , ,
Montréal, le 16 septembre 2024 – Plusieurs organisations ont analysé le projet de loi n° 69 (PL-69), Loi assurant la gouvernance responsable des ressources énergétiques et (…)

Montréal, le 16 septembre 2024 – Plusieurs organisations ont analysé le projet de loi n° 69 (PL-69), Loi assurant la gouvernance responsable des ressources énergétiques et modifiant diverses dispositions législatives, qui fait l'objet de consultations particulières devant la Commission de l'agriculture, des pêcheries, de l'énergie et des ressources naturelles jusqu'au 19 septembre 2024.

Compte tenu de la nature des propositions, qui touchent 15 lois et 7 règlements, ainsi que de leurs profonds impacts sur la société et l'environnement, nous sommes d'avis que cette réforme législative, dans sa forme actuelle, serait mal avisée. C'est pourquoi nous demandons de suspendre les procédures menant à son adoption et de retourner à la planche à dessin à la suite d'un réel débat public sur l'avenir énergétique du Québec.

Le PL-69 ne mène pas à la décarbonation puisqu'il ne contient aucune disposition assurant l'abandon des énergies fossiles
Le PL-69 favorise un développement industriel énergivore effréné
Le PL-69 reporte injustement le coût de ce développement industriel sur les tarifs d'électricité

Ce qui est une injustice sociale
Et une injustice environnementale

Le PL-69 aide le secteur privé à s'approprier notre patrimoine énergétique en ouvrant de nouvelles portes vers la privatisation d'Hydro-Québec ou d'une grande partie de ses actifs
Le PL-69 aurait des impacts catastrophiques sur le territoire
Le PL-69 ignore les mesures pourtant incontournables à prendre pour favoriser la sobriété collective :

Nécessaire pour une transition énergétique moins coûteuse.
Nécessaire pour respecter les limites des territoires.
Nécessaire pour éviter le nucléaire.

Le PL-69 repose sur des orientations qui n'ont jamais été présentées à la population et n'ont jamais été débattues ;
Nous croyons que l'ensemble de ces considérations justifient de lancer rapidement le débat de société qui devrait servir de socle au plan de gestion intégrée des ressources énergétiques (PGIRE) que le gouvernement s'est engagé à élaborer, et de déposer un projet de loi sur l'énergie fondamentalement remanié, une fois cet exercice complété.

PL69 sur l'énergie : son adoption devrait être reportée

Ce mémoire est issu d'une réflexion collective de groupes citoyens, écologistes, syndicaux, communautaires, scientifiques, professionnels et spécialistes de divers domaines.

Pour consulter le mémoire

Plusieurs organisations regroupées aujourd'hui ont demandé publiquementet directement au gouvernement un débat sur l'avenir énergétique depuis maintenant près de deux ans, ont renouvelé leur demande, le 30 novembre 2023, en présentant à l'Assemblée nationale le Manifeste pour un avenir énergétique juste et viable, appuyé par le Parti Québécois et Québec solidaire. Elles ont égalementdemandé un moratoiresur l'octroi d'électricité pour le développement industriel, le temps de se doter d'une politique énergétique et d'un plan de gestion intégrée des ressources énergétiques basé sur une consultation large et un débat démocratique. Cette politique et ce plan devraient être fondés sur une approche systémique incluant notamment les impacts environnementaux et sociaux. Des organisations ont réitéré cette demande de moratoire alors que le ministre Fitzgibbon accordait un nouveau bloc d'énergie. Plusieurs de ces groupes ont émis des communiqués sur le PL69 lors de son dépôt à l'assemblée nationale.

Plusieurs membres et allié·es du Front commun pour la transition énergétique vous invitent à signer et à diffuser le Manifeste pour un avenir énergétique juste et viable. Ce Manifeste vise à faire connaître 14 revendications portées par une vaste diversité de groupes citoyens, écologistes, syndicaux, communautaires, scientifiques, professionnel·les et spécialistes de divers domaines ainsi qu'un contre-discours sur l'avenir énergétique du Québec.

Front commun pour la transition énergétique

*****

Abonnez-vous à notre lettre hebdomadaire - pour recevoir tous les liens permettant d'avoir accès aux articles publiés chaque semaine.

Chaque semaine, PTAG publie de nouveaux articles dans ses différentes rubriques (économie, environnement, politique, mouvements sociaux, actualités internationales ...). La lettre hebdomadaire vous fait parvenir par courriel les liens qui vous permettent d'avoir accès à ces articles.

Remplir le formulaire ci-dessous et cliquez sur ce bouton pour vous abonner à la lettre de PTAG :

Abonnez-vous à la lettre

Le programme PAFI, vous connaissez ? PAFI pour programme d'aide financière à l'investissement.

Comment réagir à la stigmatisation des immigrants au Canada ?

17 septembre 2024, par Martin Lukacs, Syed Hussan — , ,
Syed Hussan est invité à l'émission The Breach Show pour rétablir les faits concernant les migrants, ces boucs émissaires Mardi 20 août 2024 / DE : The Breach Traduction (…)

Syed Hussan est invité à l'émission The Breach Show pour rétablir les faits concernant les migrants, ces boucs émissaires

Mardi 20 août 2024 / DE : The Breach
Traduction Johan Wallengren

Martin Lukacs : Bienvenue à l'émission The Breach Show, qui propose des analyses pointues sur l'actualité politique et les mouvements sociaux au Canada. Je suis votre animateur Martin Lukacs.

Un vent anti-immigrants souffle sur l'Europe et l'Amérique du Nord. Ici, au Canada, les politiciens et les médias de droite font, comme jamais auparavant, des migrants les boucs émissaires de la crise qui touche l'accessibilité financière, le logement, l'emploi et les services publics, détournant l'attention de l'accumulation de profits des entreprises, des coupes budgétaires et de l'austérité des gouvernements qui sont en fait à la source de ces problèmes.

Alors que l'opinion est poussée vers les idées de droite en matière d'immigration et que les conservateurs progressent constamment et vivement dans les sondages, nous avons vu le gouvernement libéral baisser la garde et céder du terrain sur ces questions.
Revenant sur une promesse historique, les libéraux ont mis au rancart un plan défendu bec et ongles par le Mouvement pour le traitement équitable des migrants. Ce plan vise à accorder un statut de résident permanent à des centaines de milliers de sans-papiers, qui sont les travailleurs les plus vulnérables, les plus mal payés et les plus exploités au pays.
Ce qui vient de se passer en Angleterre met tout cela en perspective, avec les émeutes racistes qui ont eu lieu dans plusieurs villes au début du mois d'août, ce qui montre jusqu'où la xénophobie peut nous mener. Des bandes d'extrémistes de droite ont essayé d'incendier des hôtels hébergeant des demandeurs d'asile, ont pris pour cible des mosquées et ont agressé des personnes racisées.
Aujourd'hui, pour couper court à la propagande et aux analyses biaisées et superficielles, nous nous entretenons avec Syed Hussan, activiste de longue date et directeur exécutif de l'Alliance des travailleurs migrants pour le changement.

Hussan, merci d'avoir accepté notre invitation.

Syed : Merci de m'accueillir, Martin.

Lukacs : Je voudrais commencer par ce qui fait les manchettes au Canada cette semaine.
Durant la semaine qui vient de se terminer, le programme des travailleurs étrangers temporaires du gouvernement fédéral a été critiqué de toutes parts. D'une part, la droite et le centre se sont insurgés contre la façon dont le programme a ouvert plus largement ses portes à la composante des bas salaires, faisant entrer plus d'ouvriers agricoles, plus de cuisiniers, plus de travailleurs de la restauration rapide. D'autre part, un rapport des Nations unies vient de décrire ce programme comme un « terreau de l'esclavage moderne ». On rejoint les préoccupations d'organisations comme la vôtre, Hussan, qui font campagne sur le terrain depuis des années.
Pouvez-vous nous expliquer le fonctionnement de ce programme et nous parler des problèmes qu'il pose ?

Syed : Le programme des travailleurs étrangers temporaires est l'une des nombreuses filières d'immigration temporaire au Canada. Il permet aux travailleurs à bas salaire en particulier, mais aussi aux travailleurs à haut salaire, de venir au Canada si un employeur peut prouver qu'aucun citoyen canadien ou résident permanent ne peut faire le travail proposé.

La principale condition posée par ce programme est que l'employé(e) a un lien obligé avec son employeur, ce qui signifie qu'il ne lui est pas possible de changer d'emploi. Dans la plupart des cas, les travailleuses et travailleurs à bas salaire vivent dans des logements contrôlés par l'employeur. C'est le cas notamment pour les travailleuses et travailleurs œuvrant dans le secteur agricole ou dans celui de la pêche et les employé(e)s de maison. Et on retrouve aussi ça dans d'autres secteurs d'activité.

Et cela signifie que si un(e) employé(e) fait face un à vol de salaire, à une violation des droits de l'homme ou à des problèmes de santé et de sécurité et qu'elle ou il le signale, son employeur est automatiquement en mesure de licencier cette personne et de la mettre dehors, vous voyez, ce qui revient à forcer celle-ci à quitter le pays. Et même si la personne arrive à rester au pays, elle ou il ne pourra pas trouver d'autre emploi à cause du lien exclusif avec son employeur, qui peut donc l'évincer et la mettre à la rue.
Alors dénoncer un abus expose à l'expulsion, à la perte d'un toit, à la déportation, à l'impossibilité d'obtenir des ressources économiques de base et à l'inscription sur une liste noire – ce qui signifie atteindre un point de non-retour –, alors il y a manifestement un déséquilibre fondamental des pouvoirs. Donc les travailleurs migrants ne peuvent pas se protéger.

C'est ce dont parle Tomoya Obokata, rapporteur des Nations Unies sur les formes contemporaines d'esclavage. À l'heure actuelle, le Canada accueille chaque année environ deux millions de personnes en vertu de différents programmes de travail temporaire, en comptant les étudiants et en incluant aussi les réfugiés.

La situation actuelle est que la quasi-totalité de ces personnes occupent des emplois faiblement rémunérés et ne seront pas en mesure d'obtenir le statut de résident permanent, ce qui fait qu'elles ne pourront pas rester. L'économie reçoit cet afflux massif d'environ deux millions de personnes, année après année, qui arrivent, occupent des emplois mal rémunérés, sont exploitées et maltraitées, puis finissent par être mises dehors et remplacées par d'autres.

L'économie a clairement besoin de ces travailleuses et travailleurs, mais le racisme profondément ancré dans les mentalités fait que seul un demi-million se voient accorder le statut de résident permanent. Imaginez que deux millions de personnes cessent de payer des impôts demain. L'économie s'effondrerait, un point c'est tout. L'ensemble de notre système économique repose aujourd'hui sur une main-d'œuvre profondément exploitable, qui rapporte au système mais n'en retire pas suffisamment en retour.

Lukacs : J'ai été frappé par la façon dont les conservateurs, qui ont fait leur miel des problèmes du programme des travailleurs étrangers temporaires la semaine dernière, s'en servent comme un bélier aux fins partisanes, en instrumentalisant des préoccupations non fondées de la classe ouvrière en vue d'attaquer Monsieur Trudeau. C'est une évolution incroyablement riche en enseignements, car l'exploitation des travailleurs temporaires a toujours été un projet bipartisan dans ce pays. Le programme des travailleurs saisonniers, le programme des aides familiaux résidants, tout cela remonte à des décennies. Pour autant que je sache, ce sont les conservateurs eux-mêmes qui ont lancé le programme des travailleurs au bas de l'échelle, programme qu'ils reprochent maintenant aux libéraux de développer.

Syed : Absolument. Comme vous l'avez dit, il s'agit d'un projet bipartisan, des conservateurs et des libéraux.

À cet égard, il est éclairant d'approcher les choses sur la base d'un cycle de huit ans : lorsque les nouveaux gouvernements conservateurs et libéraux arrivent au pouvoir, ils passent les six premières années à augmenter considérablement les flux migratoires temporaires – je veux parler ici de l'expansion des programmes de travailleurs étrangers temporaires – autorisant ainsi l'entrée d'un grand nombre de personnes, puis, au cours des deux dernières années de leur deuxième mandat, ils commencent à s'attaquer à la frontière et à la fermer. C'est un peu comme s'ils disaient à la classe dirigeante : « Alors, vous avez six ans, trois ans, et ensuite nous allons vous attaquer. »

On a vu ça avec les conservateurs en 2014, lorsque Jason Kenney a réformé le système d'immigration après avoir permis une telle expansion massive. Les dirigeants deviennent anti-immigrants à la fin du cycle, sachant qu'avant cela, il leur fallait aussi une main-d'œuvre exploitable. Je pense que les conservateurs et les libéraux jouent le même jeu et que sur cet échiquier, le racisme se conjugue plus ou moins bien avec les intérêts de la classe dirigeante. Si vous lisez le Globe and Mail, par exemple, de nombreux commentateurs appellent les entreprises à se mobiliser pour défendre le système d'immigration canadien.

Lukacs : Je lisais le Globe juste ce matin, et il semble que la réaction de la classe patronale ait essentiellement été la suivante : « Tout doux, tout doux, modérons nos critiques. Nous aimons mieux avoir accès à une main-d'œuvre à basse rémunération vulnérable ». Il semble que ce qui fait l'affaire des employeurs est d'ouvrir ou de fermer le robinet selon les fluctuations de leurs besoins en main-d'œuvre
.
Syed : Absolument. Réfléchissons-y en prenant déjà un certain recul. Au plus fort de la COVID, il y avait des gens pour encenser les travailleurs essentiels. On s'entendait de façon générale pour considérer que ces travailleurs essentiels étaient des migrants. Les travailleurs essentiels étaient à l'honneur, on encensait les migrants, la crise du logement commençait à attirer l'attention et dans le même temps un réel débat s'est engagé à un autre niveau – avec des relents populistes – portant sur l'opportunisme autour de la crise pandémique, sur la façon dont les épiceries augmentaient leurs prix.

Faisons maintenant un bond vers le présent, deux ans plus tard, et tout d'un coup ces migrants sont responsables de la crise du logement – ceux-là mêmes qu'on avait encensés. Et plus personne ne parle de la classe patronale. C'est une victoire pour la classe dirigeante d'avoir réussi à recadrer le débat de manière à laisser dans l'ombre les spéculateurs et les milliardaires et les échecs de tous les gouvernements provinciaux du pays, qui ont profondément sous-financé les services essentiels, et qui peuvent maintenant blâmer d'une seule voix les réfugiés, les travailleurs migrants ou les immigrants. Je pense donc que nous nous sommes fait rouler dans la farine sans pouvoir réagir ou défendre avec succès le soutien naissant à la classe ouvrière qui a émergé lors de la COVID-19 et qui ne s'est pas démenti depuis, et ça s'est retourné contre les travailleurs qui ont essuyé des attaques répercutées dans les syndicats et chez les migrants.

Lukacs : Vous avez très tôt critiqué ce revirement. Vous avez écrit un article pour nous, intitulé « Les médias accusent les immigrants d'être responsables de la crise du logement. Ils ont tort ». Voulez-vous nous parler de la stigmatisation, de la manière dont on a désigné des boucs émissaires qu'on a rendus responsables de la crise du logement et d'autres maux ?

Syed : Absolument, je pense que c'est vraiment fondamental. Il est très rare pour nous de pouvoir réellement extrapoler. On ne peut pas vraiment fermer les frontières et voir ce qui se passerait sur le marché du logement avec les immigrants, car comment réaliser une telle expérience ?

Or, avec la COVID-19, le Canada a effectivement fermé ses frontières. Il n'y a pas eu de nouveaux migrants ou immigrants. C'était rendu à plus ou moins à zéro, pas vrai ? Il n'y avait pour ainsi dire pas d'entrées au pays. Les vols ont été arrêtés. Et nous avons assisté à une aggravation historique de la crise du logement.

De même, nous savons que les personnes qui vivent dans des logements contrôlés par l'employeur ne sont pas celles qui font augmenter le loyer d'un appartement d'une chambre à coucher dans le centre de Toronto, etc. Nous pouvons aussi constater que dans les endroits où il y a très peu de migrants et les lieux où les migrants sont particulièrement nombreux, l'augmentation des prix des logements est du même ordre.

C'est le résultat de l'augmentation massive des spéculateurs. Je pense que c'est le résultat de l'absence de contrôle des loyers et du fait que de nombreuses personnes ont acheté des maisons et ont vu le prix de leurs maisons augmenter de façon incroyable. Bien sûr, les rapports, les uns après les autres, montrent que les spéculateurs et les promoteurs refusent de construire davantage de logements. En fait, un rapport récent a révélé que le stock d'appartements d'une chambre à coucher dans la région du Grand Toronto et de Hamilton est tel qu'il y a de quoi loger des gens pendant les trente-six prochains mois. Il y a trop de logements et pas assez de gens à loger, ce qui est le contraire absolu de ce que nous avons tous été amenés à croire, à savoir qu'il y a trop de gens à loger et pas assez de logements.

Il y a eu une divergence complète entre les faits et le mythe véhiculé par les médias. Les libéraux ont d'ailleurs accepté ça. Ce que je veux dire, c'est que le premier article de presse établissant un lien entre le logement et l'immigration date de juin dernier, n'est-ce pas ?

Nous sommes maintenant en septembre 2024, et c'est devenu la parole de Dieu. Pas de remise en question possible. On l'a bien vu, le gouvernement libéral a en fait commencé par dire que ce n'était pas vrai, puis il s'est rendu compte que ce serait mal vu et qu'il n'avait pas d'autre choix que de donner l'impression de tomber sur le dos de l'immigration. Il a pris une série de mesures pour fermer les frontières de différentes manières, et les médias et les premiers ministres ont travaillé de concert pour que ça devienne le sujet de l'heure.

Lukacs : Parlons des libéraux. Votre organisation et beaucoup d'autres mènent depuis quelques années une campagne qui s'appuie réellement sur le travail d'une génération – une lutte pour obtenir un statut pour les personnes sans papiers sur notre sol – une campagne pour la régularisation de leur situation. En 2021, les libéraux se sont bel et bien engagés à explorer des moyens de parvenir à ce but. Il semble que les espoirs aient pris tout un essor à mesure que la campagne se déployait.
Parlez-nous des objectifs de cette campagne : comment s'est-elle déroulée, où vous a-t-elle menés et comment se situe-t-elle dans le contexte politique actuel ?

Syed : Le 15 mars 2020, le jour où l'OMS a déclaré que la COVID engendrait une situation d'urgence, nous avions déjà vu un peu ce qui se passait dans le monde, et nous avons lancé un appel en faveur des droits des migrants au Canada cette journée-là. Mais le 1er juin 2022, trois mois et demi plus tard, après une évaluation approfondie avec nos membres, nous avons lancé la nouvelle phase de la campagne Un statut pour tous.
Déjà parce qu'il n'y avait pas d'autre choix, n'est-ce pas ? Mais aussi parce que nous avons perçu que nous avions des chances d'arriver à nos fins, que nous pouvions réellement nous coordonner pour soulever une lame de fond. Pendant toute la période 2020-2021, presque tous les mois, il y a eu des manifestations dans cinq à quinze villes réparties dans le pays à l'initiative du Mouvement pour le traitement équitable des migrants. Au total, des centaines et des centaines de milliers de personnes sont descendues dans la rue au cours de cette période, revenant sans cesse à la charge, avec des manifestations massives qui ont réellement poussé le gouvernement libéral, lors des dernières élections, à promettre une série de réformes en faveur de l'immigration.

Bien sûr, ces douze derniers mois où les migrants se sont fait reprocher d'être responsables de la crise du logement et de celle de l'accessibilité financière ont réellement paralysé bon nombre de ces campagnes. Ce qui s'est passé, c'est qu'on s'est tellement concentré sur le nombre de migrants que la question de leurs droits a été largement reléguée à l'arrière-plan. En fait, les libéraux naviguent à vue, et se sont engagés sur une voie balisée par les conservateurs. Ils croient vraiment que s'ils font quoi que ce soit en faveur de l'immigration en ce moment, ils perdront des voix, et que s'ils tiennent un discours anti-immigrants lénifiant en invoquant une « politique d'immigration rationnelle et juste » (ce qui n'est qu'un langage codé pour évoquer une approche raciste avec des frontières fermées), ils seront à même de récupérer les voix sur lesquelles ils comptaient.

Je dirais que le Mouvement pour le traitement équitable des migrants est devenu incroyablement fort – beaucoup plus fort que par le passé – mais l'équilibre des forces, et aussi le contexte, ont changé sous nos yeux. Ce qui a été incroyablement décevant, c'est que nous avons été en mesure de présenter une proposition au Cabinet le 28 mai de cette année – une proposition méritant tout notre soutien – pour un programme de régularisation complet comme on n'en a jamais vu, ni au Canada, ni ailleurs dans le monde. Un programme englobant et inclusif.

Or, le Cabinet a décidé, et Justin Trudeau a décidé, que ce n'était pas le « bon » moment. Le ministre libéral a déclaré : « Je suis en faveur de la régularisation, mais les gens ne sont pas prêts. » On aurait envie de lui rétorquer que les gens ne sont pas prêts parce que vous ne les préparez pas ; en fait, vous ne faites rien pour faire avancer les choses, vu que vous avez claqué la porte.

Les mesures prises par le gouvernement libéral l'an dernier font que le nombre d'étudiants étrangers a été plafonné et ont particulièrement restreint le nombre de membres de la famille pouvant rejoindre les titulaires d'un permis d'études ; il n'est plus possible de faire venir sa famille. Le nombre de résidents permanents a été plafonné ; il a été plafonné à un demi-million. Le nombre de travailleurs étrangers temporaires a été réduit. Un visa a été imposé pour le Mexique et nombre d'autres changements politiques ont rendu de plus en plus difficile la venue des migrants ou l'obtention du statut de résident permanent.
Il s'ensuit aussi une absence de volonté de miser sur un programme de régularisation. Mais j'y reviens, je pense que c'est aussi parce que nous n'avons pas été en mesure de mobiliser adéquatement le type de mouvement massif qu'il aurait fallu dans le contexte actuel pour obtenir une telle chose. Nous avons obtenu le soutien d'une énorme coalition de plus de cinq cents organisations importantes de la société civile, presque tous les grands syndicats du pays, tous les groupes de défense de l'environnement qui comptent, les églises, etc. qui ont écrit des lettres de soutien.

Mais ces organisations ont vu que leurs membres sont maintenant convaincus que le problème est le trop grand nombre d'immigrants, et je pense que parce que nous n'avons pas été capables d'éduquer les membres et que les organisations n'y sont pas parvenues non plus, nous avons perdu des appuis. Nous ne pouvons pas dire que c'est entièrement de notre faute, mais nous ne pouvons pas non plus dire que nous n'y sommes pour rien. Mais je ne crois pas que ce soit une affaire classée pour autant, n'est-ce pas ? Je pense qu'il est important de garder à l'esprit que les libéraux resteront au pouvoir pendant encore au moins quinze mois. Si nous nous contentons de dire « bon, les libéraux sont en sursis, Pierre Poilievre et les conservateurs montent dans les sondages, ce qui veut dire que ces derniers vont décider de toutes les politiques », là nous avons un problème.

Notre intention est de contrecarrer le racisme et parallèlement il s'agit d'obtenir justice pour les immigrants de la part de ce gouvernement, dans l'intervalle que nous avons devant nous, pendant le mandat en cours, et cela nécessite le soutien de tous les mouvements sociaux du pays. J'estime que nous devons faire des gains sur le front de l'immigration tout en combattant avec succès le racisme pour obtenir des victoires dans toutes les batailles de la classe ouvrière. Parce qu'il faut se poser cette question : comment peut-on obtenir des gains sur les enjeux chers à la classe ouvrière si les gens pensent que le problème vient des immigrants et non des patrons ? Je pense qu'il y a encore une brèche et nous devons nous y engouffrer même si la pente va être plus raide maintenant pour essayer d'obtenir la régularisation. En même temps, je sens que nous allons voir les libéraux mettre en place des programmes plus modestes. Ils vont essayer de satisfaire tout le monde.

Lukacs : À ce propos, parlez-nous des victoires que vous avez remportées. Je ne pense pas que beaucoup de nos auditeurs soient au courant, mais en juin, la coalition qui travaille sur ce front a remporté une grande victoire, à savoir que les travailleurs migrants du secteur des soins, qui ont travaillé ici dans des situations extrêmement précaires et de grande vulnérabilité, ont pu obtenir le statut de résident permanent à leur arrivée. Pouvez-vous nous dire quelques mots là-dessus ?

Syed : Permettez-moi de situer ça dans le contexte des trois dernières années. Nous avons empêché une centaine de milliers d'expulsions lorsque nous avons réussi à obtenir le renouvellement du permis de travail d'étudiants de troisième cycle. Nous avons obtenu le premier programme de régularisation, d'abord pour les anges gardiens au Québec, puis pour les travailleurs de la construction de la région du Grand Toronto. Nous avons obtenu une augmentation massive des droits de l'individu dans le cadre de divers programmes.
Le fait est qu'au cours des trois dernières années, nous avons renforcé les droits des migrants et les avons très largement étendus, grâce au pouvoir social que nous avons construit et au soutien de l'opinion publique. Je pense que cela a en partie été dû au fait que les travailleurs domestiques viennent ici depuis plus d'un demi-siècle, des femmes de la classe ouvrière qui vivent dans des maisons d'employeurs et s'occupent souvent des enfants. Deuxièmement, les personnes âgées pourront désormais obtenir le statut de résident permanent à leur arrivée. Nous avons réussi à obtenir ce gain politique suffisamment à temps pour que le changement de culture, si on peut appeler ça comme ça, n'en soit pas arrivé un point où il aurait bloqué cette réforme.

L'autre constatation est tout simplement que la lutte fonctionne. Nous avons remporté plus de victoires que je ne l'aurais cru possible, franchement, et la perte potentielle d'un programme de régularisation complet n'est pas gravée dans le marbre.

Je pense qu'il faut aussi voir ce qui se passe dans l'économie des soins en général. Nous voyons que le gouvernement fédéral a vraiment développé les services de garde d'enfants, l'assurance-médicaments et les soins dentaires. Il y a une large appréciation et compréhension de ce que représente ce secteur alors que la population canadienne vieillit et que le taux de natalité est si bas. Nous espérons voir d'autres changements positifs, ne serait-ce que pour les migrants qui travaillent dans ce secteur.

Lukacs : Vous avez évoqué la perspective d'un gouvernement de droite mené par Poilievre en 2025. Parlons de l'approche Poilievre.
On dirait qu'il est assis entre deux chaises, ce qui est assez intéressant : il s'est clairement prononcé en faveur d'un système d'immigration plus restrictif, bien qu'en termes assez vagues, mais il semble aussi s'être éloigné d'une politique plus ouvertement anti-immigration, et on dirait qu'il veut créer un certain espace pour les immigrants dans sa coalition électorale. Pouvez-vous nous parler de ce qu'un gouvernement Poilievre pourrait nous réserver ?

Syed : La première chose que je voudrais dire, c'est qu'il ne faut pas considérer l'issue comme inéluctable. Je pense qu'on a beaucoup parlé, à gauche, d'une sorte d'acceptation du fait accompli, mais c'est une position intenable. Nous ne devons pas abandonner maintenant, quoi qu'il arrive.

Nous devons renforcer nos défenses et notre capacité à faire face à un gouvernement conservateur populiste de droite. Ce que je pense, c'est que les libéraux fédéraux ont largement mis en œuvre la quasi-totalité des politiques prévues par les conservateurs. Ils ont mis un plafond, comme je l'ai dit, au nombre de résidents permanents. Ils ont limité les travailleurs étrangers temporaires à 5 %. Ils ont également limité le nombre de résidents temporaires à 5 % de la population. Ils ont réduit le nombre d'étudiants étrangers et ont exclu les membres de leur famille. Alors qu'ils allaient étendre les permis de travail des membres de la famille aux travailleurs étrangers temporaires, ils ont abandonné ce projet.

Le tout dans le tout, je pense que les conservateurs ont très bien réussi à forcer les libéraux à faire les changements de politique qu'eux-mêmes feraient. Il ne semble pas que Poilievre ait à en faire état publiquement, parce qu'il y a des réunions qui vont bon train et se traduisent par des mesures concrètes ; ils font des demandes aux libéraux et les libéraux acceptent leurs demandes. C'est un problème majeur parce que, comme je l'ai dit, nous vivons dans une ère où le racisme et la politique anti-immigrants sont des domaines dans lesquels ces deux partis ont des politiques assez convergentes.

Alors, est-ce que les choses vont empirer ? Sous un gouvernement conservateur, oui, mais en ce moment, les libéraux font une grande partie du travail pour eux de toute façon. Et puis, oui, ce sont les premiers ministres qui ont accusé les immigrants d'être responsables de la crise du logement, de la crise de l'accessibilité financière, etc. Dans le même temps, nous voyons le premier ministre Ford en Ontario attaquer les immigrants pour leur rôle supposé dans la crise du logement et celle des soins de santé, sans compter le racisme anti-palestinien autour des manifestations. Monsieur Legault, par exemple, déclare qu'il y a trop d'enfants réfugiés dans notre système scolaire et que c'est ce qui cause une crise au Québec. Dans l'Île-du-Prince-Édouard, Dennis King fait de quelque huit cents anciens étudiants étrangers diplômés le principal moyen de se dédouaner du sous-financement des soins de santé, de l'éducation, etc.

Lors de la dernière en date des réunions des premiers ministres, David Eby et Wab Kinew – des premiers ministres néo-démocrates – ont également déclaré qu'il y avait des problèmes de « capacité d'absorption », ce qui revient en quelque sorte à dire : « il y a trop de gens, pas assez de services, et le gouvernement fédéral en est responsable, alors nous voulons plus de fonds et un financement dédié. »

À ce sujet, les premiers ministres ont également beaucoup amené d'eau au moulin partout au pays. Je pense que la manière dont le débat public se déroule au Canada est très différente de ce qu'on peut voir aux États-Unis ou au Royaume-Uni. En regardant la convention nationale républicaine, j'ai vu des pancartes qui disaient « déportations massives maintenant ». Et il y a bel et bien des promesses d'augmentation des déportations.

Eh bien, il y a un exode en très forte augmentation sous le gouvernement libéral, mais sans le même type de rhétorique qui accompagne ça ailleurs. Les changements politiques sont donc effectués, mais sans diatribes et discours pour enfoncer le clou. Je pense que nous devons être très vigilants. L'année prochaine, le nombre d'étudiants étrangers diminuera et sera même inférieur aux prévisions. Il y aura moins de migrants, et la croissance du PIB du Canada dans son ensemble est tributaire de l'immigration, de sorte que les gens seront confrontés à une crise économique plus profonde. On aura beau attribuer la faute à l'inflation, les prix continueront d'augmenter.

C'est ce qu'on a pu voir au Royaume-Uni, où les gens sont descendus dans la rue pour le Brexit. Le Brexit a en fait aggravé la situation économique, et puis les gens se sont davantage braqués contre les immigrants, et maintenant il y a des émeutes raciales dans les rues. Le fait est que la fermeture des frontières ne résout pas le problème, parce que le problème se situe ailleurs. Nos politiques prennent la même tangente, mais sans que le discours s'en prenne de front aux immigrants.

Et puis il y a un autre aspect à voir : les politiques d'immigration sont une chose, le fait de garnir sa base électorale d'immigrants en est une autre. Car indéniablement les conservateurs disposent d'énormes ressources sur le terrain, dans les banlieues de tous les grands centres urbains, pour démarcher les communautés tamoule, philippine, pendjabie, etc. en vue d'essayer de gagner des votes. Il y a beaucoup d'immigrants qui se laissent convaincre qu'il y a des « coupeurs de file », que les gens arrivent trop vite, qu'ils ne sont pas passés par toutes les étapes et qu'il y a maintenant trop de monde. Les immigrants ne sont pas automatiquement pro-immigrants. Vous voyez ce que je veux dire ? Par exemple, l'idée de fermer la porte après les derniers arrivés peut s'inscrire dans une stratégie à long terme de ceux qui ont été acceptés, donc il faut bien faire la part des choses.

Lukacs : Ce que je note dans ce que vous avez dit, c'est que la dynamique autour des politiques d'immigration est différente ici par rapport au Royaume-Uni et aux États-Unis et qu'une grande partie des politiques chez nous portent en elles une violence d'exclusion, mais en se passant du type de rhétorique nationaliste hideuse susceptible de précipiter le genre d'émeutes que nous avons vues au Royaume-Uni.

Syed : Exactement. En même temps, je tiens à dire qu'il y a une augmentation massive du racisme. Nos membres sont confrontés à davantage de violence dans la rue. Nous constatons davantage de discrimination sur le lieu de travail. On voit des gens accusés de tous les maux. On voit des gens se faire refouler. Le courrier haineux que je reçois a augmenté pour chacun de nos collaborateurs, dans nos appels téléphoniques, nos médias sociaux, nos commentaires, nos messages. De tous les côtés, nous voyons le pouls du racisme battre plus fort, et je suis d'avis que nous ne pouvons pas attendre qu'il y ait des émeutes dans la rue pour faire quelque chose pour contrer ce problème. C'est pourquoi les 14 et 15 septembre, nous faisons campagne dans tout le pays, sur le thème : « Dites non au racisme ! Dites oui à la justice pour les immigrants ! ».

Nous publions maintenant constamment des documents expliquant que les propriétaires sont responsables de la crise du logement, et les milliardaires de la crise de l'accessibilité financière. C'est la classe dirigeante qu'il faut blâmer, et non les immigrants. J'ai participé à une manifestation à Toronto pour dénoncer le discours sur la soi-disant immigration de masse ; il n'y avait qu'une centaine de personnes. Mais ce n'est pas à ce niveau que les choses vont se passer. C'est au niveau de la politique que les choses se passent. Ça se passe chez les premiers ministres. Ça se passe avec l'austérité. Les gens sont privés d'accès. Les gens sont poussés vers la sortie. Alors que la rhétorique anti-immigrants s'intensifie, les politiques favorables aux migrants, notamment en ce qui concerne la régularisation, sont mises de côté.

La situation sur le terrain se détériore pour les migrants, et pour les immigrants et les travailleurs aussi. On se détourne des questions essentielles. Comme je l'ai dit, le plus grand succès a été de nous avoir empêchés de tenir les milliardaires, les spéculateurs, les banquiers, responsables de l'appauvrissement de la classe ouvrière, dont la phase la plus récente et la plus accélérée remonte à la COVID-19, avec une avancée récente encore plus marquée alors que nous souffrons tous de cette crise massive. Il est impossible de joindre les deux bouts pour la plupart des gens, et tous ces gens se sont laissés convaincre que le problème vient des migrants et de l'immigration. Le chômage et l'inflation ne sont pas causés par l'immigration. C'est facile à dire ! « Laissez tomber, c'est ce dont profite l'ennemi », hein, ça c'est une rengaine des années quatre-vingt. Et chaque fois que nous avons du chômage et de l'inflation, on voit le train du racisme entrer en gare, à point nommé.

Lukacs : Pour retrouver de tels slogans, on peut remonter encore plus loin, notamment jusqu'aux premiers socialistes du parti précurseur du NPD, qui avaient l'habitude de dire : « ce n'est pas l'étranger, c'est le capitaliste ».

Syed : J'ai une affiche de la grève générale de Winnipeg. Je pense que la question du racisme est l'enjeu fondamental du moment. Tous les mouvements sociaux qui s'organisent dans notre pays doivent consacrer des ressources à l'arrêt de la montée du racisme, dans leur propre intérêt, parce que le racisme est une stratégie visant à détourner la classe ouvrière de son rôle pour ce qui est de tenir responsables ceux qui le sont vraiment.

Lukacs : L'une des meilleures citations que j'ai pu remarquer dans la réaction antiraciste britannique est la suivante : « L'ennemi arrive en limousine ou en jet privé, pas en bateau de migrants ».

Syed : Pourquoi avons-nous un problème avec le logement ? Pourquoi avons-nous un problème avec les soins de santé ? Pourquoi avons-nous un problème d'accessibilité financière ? On ne peut pas sous-estimer le pouvoir des milliardaires. N'empêche qu'il y a des gens pour blâmer les migrants.

D'autre part, ce qui s'est passé au cours des dix, quinze dernières années, c'est que de petites villes du pays ont vu arriver des étudiants internationaux de couleur, des travailleurs migrants de couleur. Cela a modifié la composition sociale de ces endroits, avec des résultats positifs et négatifs.

Il n'y a pas eu de véritable tentative d'éduquer les gens sur ce que signifie l'arrivée de deux millions de personnes chaque année. Ces gens ne vont plus seulement à Toronto, Montréal ou Vancouver. En particulier – et cela varie – il y a des différences avec les petites villes. Je ne dis pas qu'il s'agit uniquement d'une sorte de populisme et de stéréotypes négatifs, mais la présence de personnes racialisées dans des communautés jusque-là majoritairement blanches a apporté du changement et continue de le faire. Je pense que beaucoup de militants qui ne vivent pas dans les communautés rurales et les petites villes ne le voient pas. Nous parcourons le pays pour nos activités. Les gens ont vraiment besoin de prendre acte de ce qui se passe. Je pense qu'on se situe sur un terrain où les choses peuvent aller dans un sens ou dans l'autre, et nous devons nous montrer à la hauteur de la situation et faire face à la complexité de celle-ci. On ne peut pas s'attendre à ce que les gens voient débarquer de nouveaux arrivants dans leurs communautés sans explication.

Lukacs : Hussan, merci de nous parler de ce moment de grand péril, mais aussi de grande opportunité pour faire avancer nos mouvements progressistes. Où pouvons-nous nous renseigner sur le travail de votre organisation ?

Syed : La campagne nationale conjointe publique est encadrée par le Réseau des droits des migrants. Pour les réseaux sociaux, c'est @migrantrightsca sur Twitter, Facebook, Instagram, et pour le site web, c'est migrantrights.ca. Inscrivez-vous et prenez part à nos actions des 14 et 15 septembre.

*****

Abonnez-vous à notre lettre hebdomadaire - pour recevoir tous les liens permettant d'avoir accès aux articles publiés chaque semaine.

Chaque semaine, PTAG publie de nouveaux articles dans ses différentes rubriques (économie, environnement, politique, mouvements sociaux, actualités internationales ...). La lettre hebdomadaire vous fait parvenir par courriel les liens qui vous permettent d'avoir accès à ces articles.

Remplir le formulaire ci-dessous et cliquez sur ce bouton pour vous abonner à la lettre de PTAG :

Abonnez-vous à la lettre

Le programme PAFI, vous connaissez ? PAFI pour programme d'aide financière à l'investissement.

Mémoire de la Coalition Québec Meilleure Mine et de MiningWatch Canada dans le cadre des consultations sur le décret d’urgence du gouvernement fédéral visant à protéger le caribou boréal au Québec

17 septembre 2024, par Coalition pour que le Québec ait meilleure mine !, MiningWatch Canada — , ,
Par la présente, MiningWatch Canada et la Coalition Québec Meilleure Mine vous soumettent leurs commentaires conjoints concernant le décret d'urgence du gouvernement du Canada (…)

Par la présente, MiningWatch Canada et la Coalition Québec Meilleure Mine vous soumettent leurs commentaires conjoints concernant le décret d'urgence du gouvernement du Canada visant à protéger l'habitat du caribou boréal au Québec (ci-après, le « décret fédéral ») s'inscrivant dans le cadre de la consultation annoncée le 19 juin 2024 et prenant fin aujourd'hui (1).

Contexte

Le 10 mai 2024, le ministre de l'Environnement et du Changement climatique (ci-après « le ministre ») est arrivé au constat que le caribou boréal fait face à des menaces imminentes à son rétablissement, suivant les termes de l'article 80 de la Loi sur les espèces en péril (2).

Le 19 juin 2024, le gouvernement du Canada a chargé le ministre « de procéder à la rédaction d'un décret d'urgence visant à protéger l'habitat du caribou boréal et à interdire les activités qui pourraient nuire à l'espèce et à son habitat » (3). Le même jour, une consultation nationale a été lancée afin de recueillir des commentaires sur le sujet.

Tel que précisé dans le Document de discussion d'Environnement et Changement climatique Canada (ECCC) :

La portée proposée du décret d'urgence vise à réagir aux menaces imminentes et à protéger le caribou boréal et son habitat dans les trois populations déterminées comme étant les plus à risque dans l'évaluation des menaces imminentes effectuée par Environnement et Changement climatique Canada. Il s'agit des populations de Val-d'Or, de Charlevoix et de Pipmuacan. Les zones de protection provisoires à l'intérieur ou à proximité des aires de répartition du caribou boréal et les interdictions proposées qui s'appliqueraient à ces zones sont présentées dans le présent document de discussion (4).

La consultation invite la population à formuler des commentaires concernant deux éléments :

1) Préciser la zone exacte qui sera couverte par le décret et les activités qui seraient interdites et

2) Identifier et atténuer, dans la mesure du possible, les répercussions éventuelles du décret d'urgence (5).

Nos commentaires contribuent à l'étude de ces questions en effectuant une analyse détaillée de la situation prévalant dans la zone provisoire de la population des caribous de Val-d'Or, en nous concentrant particulièrement aux menaces imminentes liées à l'industrie minière. Puisque les enjeux relevés sont universels, nos observations et recommandations visent toutefois à s'appliquer de manière générale et similaire pour les deux autres hardes visées, soit celles de Charlevoix et de Pipmuacan.

Nos préoccupations et nos recommandations

Dans le Document de discussion présentant la portée du décret fédéral, la section 3.2 détermine les « exclusions initiales de la zone provisoire visée par [le] décret » :

Les zones de protection, les terres privées, les terres gérées par les municipalités et le territoire domanial déjà visés par un décret de protection d'un habitat essentiel en vertu de l'article 58 de la LEP seraient exclus des zones provisoires visées par un décret. [1] Les projets fédéraux ou provinciaux approuvés ou en cours d'évaluation environnementale ou d'impact, [2] les installations minières en activité, [3] les agrandissements d'installations minières en activité, [4] les projets miniers à des stades de développement avancé, et [5] les projets dont les ressources primaires figurent sur la liste des minéraux critiques du Canada, quel que soit leur stade de développement, seraient également exclus de la zone visée par le décret afin de limiter les répercussions socio-économiques (voir l'annexe 1 pour la justification) (6).

Nous soutenons qu'il importe d'abroger ces exclusions concernant les activités minières, considérant que celles-ci posent une menace imminente pour la survie des caribous.

En effet, tant les savoirs autochtones que la littérature scientifique s'accordent pour dire que les activités minières représentent des perturbations nocives pour le caribou. Permettre ces opérations dans les zones provisoires visées par le décret reviendrait à autoriser la réalisation d'activités constituant des menaces imminentes à la survie des hardes. Si le décret fédéral devait être adopté tel que proposé, la population du caribou de Val-d'Or verra son habitat essentiel continuer d'être perturbé à des niveaux supérieurs aux objectifs de conservation recherchés en raison des activités minières qui pourront se poursuivre.

1. Les projets fédéraux ou provinciaux approuvés ou en cours d'évaluation environnementale ou d'impact

Le projet Novador de Probe Gold, situé entre deux parties de la zone provisoire, est présentement en cours d'évaluation devant l'Agence d'évaluation d'impact du Canada (AEIC). ECCC considère déjà que ce projet est susceptible de poser un risque sur le caribou des bois puisque l'AEIC, qui relève du ministère, a imposé au promoteur d'analyser les impacts de son projet sur le caribou de Val-d'Or et son habitat comme en attestent les lignes directrices individualisées soumises par l'AEIC le 13 août 2024 (7).

Nous sommes d'avis que ces risques sont considérables et constituent une menace au sens de la Loi étant donné que le promoteur détient des titres miniers à l'intérieur de la zone provisoire (8). À tout le moins, le fédéral devrait exiger du promoteur Probe Gold qu'il abandonne ses titres miniers situés dans la zone de protection visée par le décret fédéral.

Par ailleurs, les promoteurs du projet Novador ne cherchent pas à exploiter des minéraux critiques mais plutôt de l'or, une substance minérale qui n'a pratiquement aucune utilité au niveau de la lutte contre les changements climatiques.

2. Les installations minières en activité

La mine Akasaba Ouest d'Agnico Eagle, qui a amorcé ses activités, jouxte immédiatement la zone provisoire. Les conséquences des opérations, notamment en ce qui concerne les nuisances telles que les émissions sonores et de poussière sont susceptibles d'affecter le rétablissement des caribous à l'intérieur de la zone provisoire. Il est à souligner que la raison d'être de la mine d'Akasaba Ouest n'est pas l'exploitation de minéraux critiques mais plutôt de l'or, une substance minérale qui n'a pratiquement aucune utilité au niveau de la lutte contre les changements climatiques. Du cuivre est extrait de manière secondaire, mais c'est l'or qui permet la viabilité économique du projet.

3. Les agrandissements d'installations minières en activité

Les agrandissements de projets miniers sont fréquents. Uniquement à l'intérieur de l'habitat essentiel du caribou de Val-d'Or et depuis la dernière décennie, nous comptons au moins deux agrandissements de mines en activité : la mine Lamaque d'Eldorado Gold, la mine Canadian Malartic avec le projet Odyssée. Cette possibilité existe pour la mine Akasaba Ouest. Pareillement, si le projet Novador est autorisé au terme de l'évaluation d'impact, celui-ci pourrait éventuellement s'étendre à l'intérieur de la zone visée par le décret fédéral.

4. Les projets miniers à des stades de développement avancé

Faute d'être précisée dans le Document de discussion, la notion subjective de « projet minier à un stade de développement avancé » ouvre la porte à l'industrie pour revendiquer la poursuite de projets miniers de toute sorte. Nous estimons qu'il serait préférable de tout simplement abroger cette catégorie.

Radio-Canada a récemment indiqué que « l'imposition d'un décret d'urgence pourrait aussi toucher environ 10 projets miniers au Québec, pour la plupart des projets de mines d'or, à différents stades d'exploration » (9). Toujours selon Radio-Canada, « Ottawa calcule les pertes potentielles pour le secteur minier entre 20 et 45 millions de dollars » (10). À ce sujet, et considérant que les bénéfices historiques liés à l'extraction de l'or dans la région de l'Abitibi-Témiscamingue qui se chiffrent en dizaines de milliards de dollars, nous estimons que les pertes potentielles associées à ce secteur ne sont pas suffisantes pour justifier une exclusion du décret fédéral pour les activités minières, peu importe leur stade de développement.

5. Les projets dont les ressources primaires figurent sur la liste des minéraux critiques du Canada, quel que soit leur stade de développement

Comme le démontre notre carte produite en annexe intitulée « Présence minière dans la zone provisoire du décret fédéral | Caribous de Val-d'Or », plus de la moitié de la zone provisoire du décret fédéral est remplie de titres miniers. En effet, en date du 5 septembre 2024, 3453 titres miniers couvraient entièrement ou en partie la zone provisoire, pour une superficie d'environ 1725km².

La vaste majorité de ces titres miniers sont des titres d'exploration minière qui ont été acquis depuis 2020, moment qui coïncide avec la publication du Plan québécois pour la valorisation des minéraux critiques et stratégiques dont l'un des principaux objectifs était de favoriser l'acquisition de claims miniers pour la recherche de ces minéraux (11). Une analyse sommaire des compagnies détentrices des claims dans cette région réalisée en 2022 indiquait effectivement que la grande majorité des compagnies détentrices de ces titres miniers se concentrent dans la recherche du lithium. Ce métal est inscrit dans la liste des « minéraux critiques » du Canada (12).

Le portrait réel des titres miniers existant dans la zone provisoire des caribous de Val-d'Or et des autres hardes démontre clairement la nécessité d'abroger l'exclusion au décret fédéral des activités minières concernant les substances inscrites sur la liste des minéraux critiques du Canada. Autrement, les perturbations anthropiques demeureront au-delà des seuils visés pour le rétablissement des populations de caribous et de leurs habitats.

Transformation des chemins forestiers en chemins miniers

Il est établi par la littérature scientifique que les chemins forestiers sont responsables d'une grande partie des menaces imminentes qui pèsent sur les caribous et leurs habitats, autant pour la perte de couvert végétal que pour les corridors de prédation qu'ils constituent pour les prédateurs du caribou comme le loup gris et l'ours noir. Dans l'habitat essentiel des caribous de Val-d'Or comme dans ceux des autres hardes, restaurer ou « fermer » les chemins forestiers est une mesure incontournable pour assurer la survie des caribous.

Ceci dit, même si le décret fédéral était adopté tel que proposé et qu'il interdisait les activités forestières dans les zones provisoires, nous craignons que les chemins forestiers qui morcellent l'habitat du caribou échappent au devoir de les restaurer pour être récupérés par l'industrie minière pour en faire des « chemins miniers ».

En effet, il est largement connu que les compagnies d'exploration minière sont de grands utilisateurs des chemins forestiers pour déplacer leurs lourds équipements de forage dans la forêt boréale difficilement accessible autrement. Or, suivant notre Analyse du projet de loi 63, la responsabilité des chemins miniers, autrefois administrés par le ministère responsable des Transports au Québec, serait dorénavant transférée au Ministère québécois des Ressources naturelles et des Forêts (MRNF) si le projet de loi était adopté (13). Il est à souligner que le MRNF n'a aucune compétence ni ressource spécifique pour assurer un encadrement adéquat de ces chemins.

En tenant pour acquis le favoritisme du MRNF envers l'industrie minière devant la protection des caribous, il y a tout à craindre que le MRNF néglige la fermeture des chemins forestiers pour restaurer l'habitat du caribou en les décrétant plutôt « chemins miniers » au lendemain de l'adoption du décret fédéral. Nous anticipons la possibilité que la ministre québécoise des Ressources naturelles et des Forêts affirme qu'elle ne veuille pas fermer des chemins qui pourraient favoriser le développement des minéraux critiques et stratégiques.

En résumé, nous craignons que si le décret fédéral garde la porte ouverte au développement minier, les perturbations anthropiques d'habitats associées aux chemins restent les mêmes. Les caribous se retrouveraient encerclés par des prédateurs courant dans des chemins miniers au lieu de chemins forestiers.

Conclusion

Prenant acte des obligations du ministre de l'Environnement et du Changement climatique du Canada d'agir pour assurer la protection et le rétablissement du caribou boréal et de son habitat, nous estimons que le projet de décret d'urgence du gouvernement du Canada visant à protéger l'habitat du caribou boréal au Québec doit être bonifié.

En soulignant la reconnaissance du gouvernement du Canada de l'importance « d'interdire les activités susceptibles de nuire à l'espèce et à son habitat » (14) et en tenant compte que toutes les activités minières posent une menace imminente pour la survie des caribous, c'est dans cet esprit que nous recommandons au ministre de l'Environnement et du Changement climatique du Canada d'amender son projet de décret en abrogeant les exclusions du décret fédéral concernant les activités minières et en interdisant toute activité minière à l'intérieur des zones provisoires, peu importe leur stade de développement et les substances minérales recherchées.

Nous vous remercions à l'avance de l'attention et de la diligence que vous accorderez aux présents commentaires et vous assurons, par le fait même, de notre pleine et entière collaboration pour toute information complémentaire que vous jugerez pertinente quant aux enjeux du présent dossier.

Veuillez recevoir, Monsieur le ministre, l'expression de nos sincères salutations.

Notes

1- Environnement et Changement climatique Canada, Menaces imminentes pour le caribou, population boréale, en ligne : <https://registre-especes.canada.ca/...> (consulté le 6 septembre 2024).

2- Loi sur les espèces en péril, L.R.C., art. 80.

3- ECCC, Document de travail : Portée proposée d'un décret en vertu de l'article 80 de la Loi sur les espèces en péril pour assurer la protection du caribou, population boréale (Rangifer tarandus), en ligne : <https://www.canada.ca/fr/environnem...> (consulté le 6 septembre 2024).

4- Id.

5- Id.

6- ECCC, Document de travail, op. cit., section 3.2, nos soulignements et caractères gras.

7- Gouvernement du Canada, ECCC, Agence d'évaluation d'impact du Canada, Lignes directrices individualisées relatives à l'évaluation d'impact – Projet aurifère Novador, section 8.11 « Espèces en péril et leur habitat », p. 84, en ligne : <https://iaacaeic.gc.ca/050/document...> (consulté le 6 septembre 2024). Pour lire nos commentaires sur les lignes directrices provisoires, consulter Coalition Québec meilleure mine, Commentaires sur les versions provisoires des Lignes directrices de l'étude d'impact et du Plan de participation du public – Projet Novador, en ligne : <https://quebecmeilleuremine.org/202...> (consulté le 6 septembre 2024).

8- Gouvernement du Québec, Ministère des Ressources naturelles et des Forêts, GESTIM, en ligne : <https://gestim.mines.gouv.qc.ca/MRN...> (consulté le 6 septembre 2024)

9- Radio-Canada, Le Québec perdrait jusqu'à 900 M$ avec un décret fédéral de protection du caribou, Thomas Gerbet, 9 septembre 2024, en ligne : <https://ici.radio-canada.ca/nouvell...> (consulté le 9 septembre 2024).

10- Id.

11- Gouvernement du Québec, Ministère de l'Énergie et des Ressources naturelles, Plan québécois pour la valorisation des minéraux critiques et stratégiques, 2020, en ligne : <https://www.quebec.ca/gouvernement/...> (consulté le 6 septembre 2024).

12- Gouvernement du Canada, Ministère des Ressources naturelles, Stratégie canadienne sur les minéraux critiques, 2022, en ligne : <https://www.canada.ca/fr/campagne/m...> (consulté le 6 septembre 2024).

13- Coalition Québec meilleure mine, Analyse du projet de loi 63, p. 14 et ss., en ligne : <https://quebecmeilleuremine.org/wpc...> (consulté le 6 septembre 2024).

14- ECCC, Menaces imminentes pour le caribou, population boréale, op. cit.

******

Abonnez-vous à notre lettre hebdomadaire - pour recevoir tous les liens permettant d'avoir accès aux articles publiés chaque semaine.

Chaque semaine, PTAG publie de nouveaux articles dans ses différentes rubriques (économie, environnement, politique, mouvements sociaux, actualités internationales ...). La lettre hebdomadaire vous fait parvenir par courriel les liens qui vous permettent d'avoir accès à ces articles.

Cliquez sur ce bouton pour vous abonner à la lettre de PTAG :

Abonnez-vous à la lettre

Un 54e Grand Prix :Trois-Rivières fait du surplace

17 septembre 2024, par Marc Brullemans — , ,
Les jours passent et les années aussi. Ainsi, un 54e Grand Prix automobile eut lieu il y a quelques jours à Trois-Rivières. On pourrait s'en enorgueillir ou s'en désoler, ou (…)

Les jours passent et les années aussi. Ainsi, un 54e Grand Prix automobile eut lieu il y a quelques jours à Trois-Rivières. On pourrait s'en enorgueillir ou s'en désoler, ou encore, quoique plus rarement semble-t-il, en être indifférent. Pour certains « l'objectif, au final, est de brûler de l'essence pour pouvoir créer des émotions fortes en faisant tourner des voitures en rond » comme l'évoque Dominic Lapointe, professeur au Département d'études urbaines et touristiques de l'UQAM ; pour d'autres, le GP3R semble aussi vital que le pacemaker à la personne souffrant d'insuffisance cardiaque ou l'insuline au diabétique.

Tiré de Press MOb

Marc Brullemans
(Publiée dans Le Nouvelliste, 23 août 2024)

Dans un récent communiqué, nous écrivions : « Tandis que la tempête tropicale Debby poursuit sa route au Québec et qu'elle gâche, semble-t-il, l'Omnium de tennis à Montréal, de trop nombreuses personnes prennent l'anodin pour l'essentiel et l'essentiel comme anodin » ne sachant tout de même pas alors que la tempête laisserait plus de 200 mm de pluie en certains endroits et qu'elle mènerait à l'état d'urgence de nombreuses
municipalités de la Mauricie. Mais l'idée de mettre l'accent sur l'Omnium de Montréal ou la tenue ou non de compétitions au GP3R tout en omettant le dérèglement climatique nous heurtait.

Aujourd'hui encore, il est question d'une erreur d'arbitrage à Cincinnati ou d'un soi-disant derby de démolitionau dernier Grand Prix. Cela tient de l'anecdote si l'on considère que le
jour de dépassement écologique a été évalué au 1er août cette année ou encore que les années 2023 et 2024 seront les deux années les plus chaudes des 125 000 dernières. Là, on touche l'essentiel.

Selon nous, le GP3R est une distraction massive et sa publicité verte passablement mensongère. Dernièrement des Les Olympiques du climat compagnies pétrolières canadiennes annonçant fièrement leur objectif de carboneutralité ont dû cesser leur publicité car la régle-mentation, bien que très imparfaite, se resserre en
matière d'écoblanchiment.
Dans le même ordre d'idées, la F1, le summum du sport automobile, affirmait en 2018 être en mesure de se décarboner en 2030. Or, nous apprenons dans un récent rapportde cette
même F1 qu'elle a réduit de 13% ses émissions depuis 2018.

Pensez-vous alors qu'elle atteindra la neutralité carbone dans 6 ans, sachant, en outre, que 50% des émissions de la série F1 sont causées par la logistique et un autre 30% par les voyages en avion ? La F1 ferait-elle dans l'écoblanchiment ?

Le GP3R a aussi son côté vert mais est-il tendre ou foncé ?

Selon son bilan 2022, le GP3R aurait sauvé 23 tonnes d'équivalents CO2 grâce à son volet vert. 23 tonnes… c'est moins que l'équivalent de 10 voitures à essence sur un an ! De
plus, le GP3R comme la F1, ne tient pas compte dans son bilan de GES du déplacement des spectateurs allant jusqu'à prétendre, l'une comme l'autre, que l'essence des réservoirs
auraient été brûlée de toute façon. Avec le GP3R, on devient vite vert !

Et la Ville dans tout ça… Elle finance cet événement à plus de 600 000 $ cette année, elle qui avait pourtant appuyé il y a 6 ans la déclaration citoyenne universelle d'urgence climatique.

Et en 2024-2025, que feront nos élu.es ? Selon nous, par souci de cohérence, la Ville doit cesser de financer le GP3R. Tel qu'indiqué sur notre pétition qui a présentement cours – et que je vous invite à signer –, elle doit de plus mettre fin à l'étalement urbain et se mettre réellement en état d'urgence climatique. Ainsi, et seulement ainsi, elle contribuera à rétablir l'équilibre énergétique planétaire. Sinon, elle continuera à faire du surplace, comme cela est le cas depuis des décennies.

On avance, on recule, on évite de savoir, de répondre, d'agir quoi !

*****

Abonnez-vous à notre lettre hebdomadaire - pour recevoir tous les liens permettant d'avoir accès aux articles publiés chaque semaine.

Chaque semaine, PTAG publie de nouveaux articles dans ses différentes rubriques (économie, environnement, politique, mouvements sociaux, actualités internationales ...). La lettre hebdomadaire vous fait parvenir par courriel les liens qui vous permettent d'avoir accès à ces articles.

Remplir le formulaire ci-dessous et cliquez sur ce bouton pour vous abonner à la lettre de PTAG :

Abonnez-vous à la lettre

La nécessaire décroissance

17 septembre 2024, par Bruno Marquis — , ,
C'est ma quatrième chronique sur l'environnement dans les pages de Ski-se-Dit et j'aimerais en profiter pour revenir sur ce qui m'a amené en juin dernier à prendre la relève de (…)

C'est ma quatrième chronique sur l'environnement dans les pages de Ski-se-Dit et j'aimerais en profiter pour revenir sur ce qui m'a amené en juin dernier à prendre la relève de M. Yves Nantel comme chroniqueur ; et du même coup sur mon approche en matière d'environnement.

(Ce texte a d'abord été publié dans l'édition de septembre du journal Ski-se-Dit.)

J'ai été très flatté lorsque le président et la rédactrice en chef de Ski-se-Dit (M. Pierre-Michel Sarazin et Mme Maryse Froment-Lebeau) m'ont offert d'écrire cette chronique mensuelle. Mes liens avec le journal se limitaient alors à l'envoi de lettres à l'éditeur sur divers sujets portant sur la lutte à la pauvreté, sur la justice sociale et sur l'environnement. Comme je leur ai mentionné en acceptant de rédiger cette chronique, je ne suis pas un expert en environnement, n'ayant même jamais travaillé dans un domaine qui y soit lié de près ou de loin.

Mon approche est plutôt celle d'un militant. Je ne crois plus, d'expérience, que l'on puisse par exemple créer la volonté politique de procéder aux changements nécessaires sans d'abord conscientiser une très grande partie de la population aux enjeux en cours. Ce serait certainement bien que les pouvoirs politiques soient nos alliés et les alliés des mouvements progressistes dans ce domaine, mais ils ne le sont pas, il faut le reconnaître, pas plus qu'ils ne le sont en matière de justice sociale et de lutte à la pauvreté. Nos avancés dans ces domaines l'ont en effet été de haute lutte, par la conscientisation et par la pression populaire d'un très grand nombre de citoyens. Et souvent en exerçant une très vive et très longue pression sur ces détenteurs du pouvoir.

Dénominateur commun

Nos défis en matière d'environnement ont un dénominateur commun et c'est la croissance sans fin de l'économie, croissance érigée en nécessité et en vertu par les décideurs et ceux qui en tirent parti. Il suffit d'interroger les données sur la croissance des économies, sur l'augmentation de la production de biens, sur l'utilisation croissante des ressources, sur l'augmentation des besoins énergétiques et de la population mondiale au cours des derniers siècles ou même des dernières décennies pour s'en rendre compte. C'est là le nœud du problème, de tous nos problèmes liés à la destruction de notre environnement.
Et c'est en ayant comme objectif fondamental la décroissance des économies et de tous ces facteurs que nous parviendrons à moyen ou long termes à nous attaquer sérieusement à nos problèmes environnementaux. Passer d'un type de production énergétique à un autre supposément moins polluant en augmentant constamment notre consommation énergétique ne sert qu'à déplacer le problème ou à le remplacer par un autre. S'il nous faut cesser d'exploiter les énergies fossiles, ce que nous devons absolument faire, il convient également de ne pas polluer l'air que nous respirons et l'eau que nous buvons par l'exploitation sauvage de nos ressources, la fabrication d'instruments de substitution (je pense au batteries des autos électriques) et la création de nouveaux besoins.

Nous ne pouvons pas, en gardant cette priorité à l'esprit, nous en remettre aux hommes et femmes politiques et encore moins aux entreprises multinationales. L'approche du gouvernement du Canada dans ce domaine, depuis des années, est probante, qu'il soit libéral ou conservateur. Elle en est une de perpétuelle croissance de la consommation de biens et d'énergie.

De toutes les décisions prises en haut lieu, que ce soit au Canada ou ailleurs, au sein d'organismes internationaux ou autres, aucune ne remet en question ou ne crée même de liens entre nos défis environnementaux et cette croissance sans fins des économies mondiales. Même que les engagements qui parfois en découlent ne sont presque jamais suivis des mesures nécessaires à leur réalisation. Qu'on pense aux engagements en matière de réduction des gaz à effet de serre responsables du réchauffement climatique adoptés lors de la Conférence des Parties (COP) tenue à Paris en 2015. Les intérêts financiers et économiques y demeurent toujours ceux auxquels on accorde la priorité absolue.

Population mondiale

L'augmentation de la population mondiale au cours du dernier siècle ne saurait mieux illustrer cette augmentation croissante de la consommation de biens et d'énergie dans le monde. Elle doit cependant être considérée en tenant aussi compte de la consommation moyenne de biens et d'énergie par personne.

En raison des progrès aux niveaux de l'hygiène, de l'alimentation et de la médecine, la population mondiale s'est accrue au cours du dernier siècle plus rapidement qu'elle ne l'avait fait jusque alors. Elle était d'environ 200 millions en l'an 0, 300 millions en l'an 1000, 1 milliard en 1800 et 1,6 milliard en 1900. Elle est ensuite passée à 1,86 milliard en 1920, à 2,30 milliards en 1940, à 3,03 milliards en 1960, à 4,46 milliards en 1980 et à 6,14 milliards en 2000, pour se situer à plus de 8,17 milliards aujourd'hui. Selon un rapport publié en mai dernier par le Département des affaires économiques et sociales de l'ONU, la population mondiale devrait encore croître de deux milliards au cours des prochains 60 ans, pour culminer à environ 10,3 milliards au milieu des années 2080. On prévoit alors que la population devrait commencer à diminuer tranquillement – si rien bien sûr ne vient perturber ce ralentissement.

Il est bien sûr souhaitable que cette réduction de la population mondiale s'effectue le plus rapidement possible. Il faut cependant tenir compte de ce qui constitue probablement le facteur le plus important de ce ralentissement, soit l'amélioration des conditions de vie dans le monde et donc l'augmentation de la consommation de biens et d'énergie par personne. Si l'on prévoit une telle stabilisation puis diminution progressive de la population mondiale dans 60 ans, c'est en considérant que les populations les plus pauvres auront éventuellement accès au niveau de consommation que l'on retrouve chez les populations des pays riches. Le taux de fertilité (naissances par femme) dans les pays riches est inférieur à 2,1 enfants, soit au seuil de remplacement. Il était par exemple entre 1960 et 2021 de 1,43 enfants au Canada, de 1,66 aux États-Unis, de 1,83 en France, de 1,58 en Allemagne et de 1,25 en Italie. Il était par contre de 6,16 au Congo, de 5,98 en République centrafricaine, de 5,30 en Angola, de 5,09 au Burundi, de 4,97 au Bénin et de 4,16 en Éthiopie.

Le seuil de remplacement, qui est de 2,1 enfants, correspond au nombre moyen d'enfants par femme nécessaire pour que chaque génération en engendre une suivante de même effectif.

La croissance moins rapide de la population jusqu'à ce qu'elle se mette à diminuer éventuellement dans 60 ans s'avère donc intrinsèquement liée à une très forte croissance de la consommation d'énergie et de biens par habitant dans le monde. En somme à une fragilisation de plus en plus grande de notre environnement…

Consommation d'énergie par habitant

Pour nous en tenir seulement à la consommation d'énergie par habitant, mentionnons qu'elle est fort élevée mais plutôt stable dans les pays les plus riches. En nous en tenant aux mêmes pays que pour le taux de fertilité, elle est de 70 550 kilowattheures (kWh) par année au Canada, de 76 117 kWh aux États-Unis, de 27 968 kWh en France, de 39 050 kWh en Allemagne et de 18 045 kWh en Italie. Elle a cependant augmenté de façon phénoménale dans de nombreux pays de 1965 à 2023 : de 1 468 % en Chine (de 2 122 kWh à 33 267 kWh), de 1 111 % en Indonésie, de 1 648 % au Vietnam, de 1 852 % en Thaïlande, de 2 501 % en Corée du Sud, de 56 370 % à Oman, de 969 % en Malaisie, de 943 % au Qatar, de 904 % en Iran, de 694 % en Équateur, de 678 % en Turquie et de 671 % en Algérie. Les données sur la consommation de biens suivent la même tendance...
L'augmentation de la population au cours des 60 prochaines années combinée à l'augmentation de la consommation d'énergie et de biens par habitant de la planète, on le voit bien, constitue notre principal défi en matière de protection de l'environnement. Les politiques comme celles sur la taxe carbone ou encore en vue du remplacement d'un type de production d'énergie par un autre, si importantes soient-elles à court terme, demeurent insignifiantes par rapport à ce constat. Les trois quarts de l'environnement terrestre ont été significativement transformés par l'action humaine jusqu'ici sans que nous en connaissions toutes les conséquences à long terme. Nous ne pouvons poursuivre dans ce sens. À la lumière de telles données, lutter contre la destruction de notre environnement c'est avant tout et globalement travailler dans une optique de décroissance.

En l'absence de démocratie directe, ce que je considère comme la seule véritable forme de démocratie, nos moyens d'action restent les mêmes : en parler d'abord entre nous, dans les médias sociaux, dans les journaux, convaincre ces derniers d'en parler aussi, de prendre position en ce sens à la lumière des faits et amener des députés et des partis progressistes à le faire aussi. La multiplication de ces gestes au départ isolés, il faut l'espérer, aboutiront à des courants puissants...

Sources
Jean-Pierre Favennec et Yves Mathieu (2014), Atlas mondial des énergies, Éditions Armand Colin.
Gilles Pison (2019), Tous les pays du monde, Population et Sociétés, no 569.
Béatrice Salviat, Brigitte Proust et Katia Allégraud (2015), Une énergie, des énergies , Éditions Berlin. 2015
Sites Web du Département des affaires économiques et sociales de l'ONU, de l'Institut national d'études géographiques (France), de Wikipedia, de Worldometer, d'Alloprof, de Perspective Monde, de Connaissance des énergies et d'Hydro-Québec.

*****

Abonnez-vous à notre lettre hebdomadaire - pour recevoir tous les liens permettant d'avoir accès aux articles publiés chaque semaine.

Chaque semaine, PTAG publie de nouveaux articles dans ses différentes rubriques (économie, environnement, politique, mouvements sociaux, actualités internationales ...). La lettre hebdomadaire vous fait parvenir par courriel les liens qui vous permettent d'avoir accès à ces articles.

Remplir le formulaire ci-dessous et cliquez sur ce bouton pour vous abonner à la lettre de PTAG :

Abonnez-vous à la lettre

Les Mères au front de Rouyn-Noranda et leurs allié.es, appellent à l’aide

17 septembre 2024, par Mères au front de Rouyn-Noranda — , ,
Montréal, le 11 septembre 2024 - Bafouées par le gouvernement Legault qui autorise la Fonderie Horne à sacrifier leur santé et leur espérance de vie, les Mères au front de (…)

Montréal, le 11 septembre 2024 - Bafouées par le gouvernement Legault qui autorise la Fonderie Horne à sacrifier leur santé et leur espérance de vie, les Mères au front de Rouyn-Noranda et leurs allié.es, appellent à l'aide, pour que leurs corps et ceux de leurs enfants cessent d'être des zones sacrifiées aux profits de la multinationale Glencore, propriétaire de la Fonderie Horne. Ils et elles exigent que Québec impose les mêmes normes environnementales qu'ailleurs au Québec.

Malgré une mobilisation citoyenne qui dure depuis plusieurs années, la voix des citoyen.nes engagé.es a été ignorée par nos décideurs. Ils et elles en appellent à la solidarité pour ne pas être oublié.es, pour rappeler qu'ils et elles subissent encore tous les jours les effets d'une pollution jugée dangereuse, mais pourtant permise par le gouvernement.

« À l'aube de notre 3e année de lutte, nous ressentons une grande fatigue et faisons ce constat : Rouyn-Noranda est une zone sacrifiée. Tout comme notre corps et celui de nos enfants, tout comme chacune de nos cours, de nos rues et ruelles. Ce sacrifice n'a aucun sens, sinon celui du profit de l'industrie, qui ne devrait jamais être plus important que la vie et la santé. »
Isabelle Fortin-Rondeau, mère au front à Rouyn-Noranda pour Elmire et Solène

« Se mobiliser pour faire cesser le dépassement des normes environnementales à Rouyn-Noranda est nécessaire, non seulement pour protéger la santé des enfants de Rouyn-Noranda, mais aussi pour éviter qu'on fasse pareil ailleurs. »
Laure Waridel, écosociologue, professeure associée à l'Institut des sciences de
l'environnement de l'UQAM et co-instigatrice de Mères au front
Faits saillants

Depuis des années, la population de Rouyn-Noranda est exposée à de l'arsenic, du plomb, du cadmium, du nickel, du cuivre et du dioxyde de soufre à des taux beaucoup plus élevés que partout ailleurs au Québec. Au moins 25 contaminants sont mesurés dans l'air, l'eau, la neige ou les sols des environs. Plusieurs de ces contaminants sont des cancérigènes et des neurotoxiques sans seuil, ce qui signifie qu'ils entraînent des risques, quelle que soit la dose. Les normes sont déjà un compromis.

Les permis de polluer accordés par le gouvernement à la Fonderie Horne exposent la population à des risques accrus de maladie du système nerveux, de cancers du poumon et des voies urinaires et un plus grand nombre de naissances de bébé de faible poids et des issues de grossesse défavorables.

Déjà, on observe que :

L'espérance de vie est inférieure de 5 à 7 ans dans certains quartiers comparativement à la moyenne québécoise ;

La prévalence de maladies pulmonaires obstructives chroniques (MPOC) est environ 42% plus élevée qu'ailleurs au Québec ;

La prévalence de l'asthme est de 17% plus élevée qu'ailleurs au Québec ;

En 2018, une étude a montré que les enfants du quartier Notre-Dame étaient en moyenne quatre fois plus imprégnés à l'arsenic que ceux d'Amos. À cause de leur long passé d'exposition aux métaux lourds, les résident.es de Rouyn-Noranda sont donc plus vulnérables. Il y a urgence qu'ils et elles cessent d'être empoisonné.es par les émissions toxiques de la Fonderie Horne.

« Des études ont démontré une augmentation du nombre de fausses couches, du nombre de bébés mort-nés et de la fréquence du retard de croissance intra-utérine des bébés à la suite d'une exposition aux métaux lourds. Nous savons que l'exposition maternelle aux divers métaux présents dans l'environnement de Rouyn-Noranda à des taux au-delà de la norme affecte les fonctions du placenta, organe directeur de la grossesse. Et l'on sait que toute altération de fonctionnement de cet organe peut entraîner des risques de maladie à court, moyen et long terme chez la future maman et son enfant. Il est temps que le gouvernement agisse ! Garder le statu quo sur les émanations de la Fonderie c'est fragiliser la santé de plusieurs générations. »
Cathy Vaillancourt, placentologiste, professeure titulaire à INRS et
directrice du Réseau communautés rurales et éloignées en santé (CARES)

« J'ai honte de notre gouvernement, à genoux devant une entreprise mafieuse qui empoisonne nos enfants sans remords. Il est de notre ressort de ne pas plier : si on accepte qu'une entreprise achète son droit de polluer, si on accepte que les citoyen.nes de Rouyn soient sacrifié.es, ça sera aussi, un jour, notre tour. Il est de notre ressort de s'insurger. Alors non, « IL NE SERA PAS QUESTION DE SE FERMER LA GUEULE. »

Anaïs Barbeau-Lavalette, autrice, cinéaste et co-instigatrice de Mères au front

*****

Abonnez-vous à notre lettre hebdomadaire - pour recevoir tous les liens permettant d'avoir accès aux articles publiés chaque semaine.

Chaque semaine, PTAG publie de nouveaux articles dans ses différentes rubriques (économie, environnement, politique, mouvements sociaux, actualités internationales ...). La lettre hebdomadaire vous fait parvenir par courriel les liens qui vous permettent d'avoir accès à ces articles.

Remplir le formulaire ci-dessous et cliquez sur ce bouton pour vous abonner à la lettre de PTAG :

Abonnez-vous à la lettre

NON MERCI ! au projet de mine de pouzzolane à Baie-des-Hérons (Dalhousie - ÉcoRock)

17 septembre 2024, par Groupe de citoyen(ne)s gaspésien(ne)s — , ,
Gaspésie, Québec, 16 septembre 2024 – Un groupe de citoyen(ne)s gaspésien(ne)s s'est constitué à l'été 2024, formalisé par la création d'un groupe Facebook francophone et d'un (…)

Gaspésie, Québec, 16 septembre 2024 – Un groupe de citoyen(ne)s gaspésien(ne)s s'est constitué à l'été 2024, formalisé par la création d'un groupe Facebook francophone et d'un comité de mobilisation. Ce groupe, en appui à la communauté de Baie-des-Hérons, porte ses propres préoccupations concernant la protection de l'environnement et des paysages de la région.

Groupe de citoyen(ne)s gaspésien(ne)s

Le groupe se mobilise face au changement de zonage à Baie-des-Hérons, un processus qui pourrait permettre le développement minier.

La rencontre du conseil municipal de Baie-des-Hérons le 23 septembre 2024 est d'une importance cruciale. Ce conseil écoutera les préoccupations, objections et questions des citoyen(ne)s concernant le changement de zonage, qui pourrait avoir des conséquences environnementales et sociales majeures.

Appel à la mobilisation
Rencontre du 23 septembre

Notre groupe invite la population, la société civile, ainsi que les entreprises locales à se mobiliser massivement et à être présentes lors de la séance du conseil municipal du 23 septembre. La rencontre se tiendra à 19 h (HAA) | 18 h au Québec au Théatre L.E.R., à Dalhousie. Un transport en bus est organisé pour faciliter la participation. Les personnes intéressées sont invitées à s'inscrire via le formulaire en ligne avant le 20 septembre.

Actions citoyennes en cours
Notre groupe citoyen a déjà lancé plusieurs actions pour s'opposer au projet :
• À la suite de l'avis d'examen des oppositions formulées par le conseil municipal, nous avons entrepris une campagne de lettres d'opposition, qui s'achève aujourd'hui le 16 septembre à 16 h 30 ;
• Un appui à la signature d'une pétition, initiée par une citoyenne de Dalhousie, qui a recueilli un large soutien ;
• La confirmation de notre présence aux rencontres d'information organisées par la compagnie ÉcoRock, prévue pour le 20 septembre à 14 h et à 19 h, au Récréaplex, Dalhousie. ​​

Enfin, nous rappelons nos principales préoccupations concernant ce projet : la destruction de nos paysages uniques, la pollution de l'air, de l'eau et du sol, et les impacts dommageables pour la biodiversité et la qualité de vie. Le changement de zonage ouvrirait la voie à une exploitation minière qui menacerait la qualité de vie des citoyen(ne)s et des futures générations. Il nous apparaît important de partager nos inquiétudes face au développement d'une mined'exploitation de pouzzolane dans la baie des Chaleurs.

À propos du groupe citoyen

Nous sommes un groupe de citoyen(ne)s gaspésien(ne)s unis contre le projet Pozzolan Dalhousie (dit pouzzolane en français). Notre objectif est de regrouper les citoyen(ne)s francophones de la baie des Chaleurs, incluant la Gaspésie et le Nouveau-Brunswick. Nous appuyons les efforts de la communauté de Baie-des-Hérons, qui a déjà initié plusieurs actions sous le nom No Thx Pozzolan v2.0 - Save Dalhousie Mountain.

Les membres de la presse sont invités à nous contacter directement à gaspesie@nopozzolanproject.org pour toute demande d'information ou d'entrevue.

*****

Abonnez-vous à notre lettre hebdomadaire - pour recevoir tous les liens permettant d'avoir accès aux articles publiés chaque semaine.

Chaque semaine, PTAG publie de nouveaux articles dans ses différentes rubriques (économie, environnement, politique, mouvements sociaux, actualités internationales ...). La lettre hebdomadaire vous fait parvenir par courriel les liens qui vous permettent d'avoir accès à ces articles.

Remplir le formulaire ci-dessous et cliquez sur ce bouton pour vous abonner à la lettre de PTAG :

Abonnez-vous à la lettre

Le programme PAFI, vous connaissez ? PAFI pour programme d'aide financière à l'investissement.

Mobilisation 6600 Parc-Nature MHM salue les acquisitions d’espaces verts et réitère son opposition à l’implantation de la plateforme de transbordement de Ray-Mont Logistiques

17 septembre 2024, par Mobilisation 6600 Parc-Nature MHM — , ,
Montréal, 12 septembre 2024 **- Mobilisation 6600 salue sincèrement chaque personne qui a travaillé de près ou de loin à l'acquisition par la Ville de Montréal de l'entièreté (…)

Montréal, 12 septembre 2024 **- Mobilisation 6600 salue sincèrement chaque personne qui a travaillé de près ou de loin à l'acquisition par la Ville de Montréal de l'entièreté du Boisé Steinberg, ainsi qu'à l'abandon du projet de prolongement du boulevard de l'Assomption qui était planifié sur ce terrain. Nous saluons également la protection de la moitié de la friche ferroviaire.

« Ces acquisitions sont une belle victoire pour notre mouvement citoyen ! », a affirmé Paule Dufour, militante de la première heure de Mobilisation 6600 Parc-Nature MHM. « Il s'agit d'une reconnaissance du travail effectué par Mobilisation 6600 depuis 8 ans. L'importance de préserver les espaces verts et de donner un accès à la nature à la population d'Hochelaga-Maisonneuve a enfin été entendue. On commence à voir un Parc-Nature prendre forme avec tous ces milieux renaturalisés mais toujours menacés » a-t-elle ajouté.

« Je me réjouis de ces bonnes nouvelles, mais je déplore fortement qu'une grande partie de la friche ferroviaire soit réservée à la réactivation de la gare de triage pour les activités de Ray-Mont Logistiques. Ce développement consiste en une expansion de l'activité portuaire de plus, dans un secteur qui est déjà saturé. Nous continuons et continuerons à nous y opposer : Ray-Mont Logistiques n'est pas le bienvenu dans MHM, et ne le sera jamais. Que ce soit bien entendu » déclare Élisabeth Greene, citoyenne excédée par l'emprise et l'arrogance des industries portuaires.

Mobilisation 6600 trouve inadmissible que les mesures de mitigation des nuisances provoquées par cette entreprise privée soient prises en charge par la Ville de Montréal et payées par des fonds publics. Ray-Mont Logistiques et le Canadian National Railway coûtent cher aux contribuables en termes de construction d'infrastructures et de dépossession de leurs espaces de vie, et ces entreprises se déresponsabilisent en plus des coûts de santé et des impacts sur l'environnement de leurs activités logistiques. « Les annonces de protection d'espaces verts autour du terrain de Ray-Mont sont-elles une manière de rendre son projet socialement acceptable ? Pour nous, l'implantation d'une méga plateforme logistique et d'une gare de triage à côté de nos maisons ne sera jamais acceptable et nous allons continuer à nous battre contre ! » a affirmé Anaïs Houde, co-porte parole du mouvement Mobilisation 6600 Parc nature-MHM.

Rappelons que la norme canadienne recommande une distance de 350 mètres entre les activités d'une gare de triage et des habitations. La gare de triage que le CN compte remettre en service pour les activités de Ray-Mont se trouve à peine à 50 mètres de Coopératives d'habitation et à 100 mètres d'un CHSLD.

« Cette réindustrialisation sans planification et sans respect des normes, des règlements ou des lois, qui se discute à huis clos et à coup de poursuites, c'est plus qu'inquiétant ! » s'insurge Anaïs Houde. « La friche ferroviaire doit être acquise dans son ensemble et doit servir à la connectivité écologique et la préservation de la biodiversité. Il faut faire ressurgir le ruisseau de la Grande Prairie et restaurer les milieux humides, afin de permettre une gestion de l'eau et favoriser la résilience de l'arrondissement face aux perturbations météorologiques qu'entraînent les changements climatiques » continue Mme. Houde avant d'affirmer : « Le boisé Steinberg, c'est un beau gain, mais ce n'est que le début de notre parc nature ! »

À cette vision de développement anachronique et dangereuse pour notre quartier, Mobilisation 6600 oppose le droit de vivre dans un environnement sain, le droit à la santé et à une vie paisible, dans une perspective de justice environnementale. « Il y a des milliers d'alternatives à cette vision de développement. Il faut protéger tous les espaces verts. Valoriser la production et le commerce local afin de réduire notre dépendance au commerce international. Nous devons être courageux.ses devant les défis environnementaux de notre époque et refuser que les entreprises continuent à nous polluer la vie » a affirmé Anaïs Houde.

Nous appelons tou.t.e.s les élu.e.s de tous les paliers à travailler dès maintenant dans le sens de la limitation des activités industrialo-portuaires et à privilégier les intérêts de la population contre les entreprises qui détruisent les milieux de vie.

**À propos de Mobilisation 6600 Parc-Nature MHM**

Mobilisation 6600 Parc-Nature MHM est un mouvement populaire qui lutte depuis 2016 pour la préservation des espaces verts, de la santé et de la qualité de vie de la population de Mercier-Hochelaga-Maisonneuve. Il revendique la création d'un Parc nature dans le quadrilatère Viau-Dickson-Hochelaga-Notre-Dame et s'oppose à l'installation de Ray-Mont Logistiques. Site web : https://resisteretfleurir.info

*****

Abonnez-vous à notre lettre hebdomadaire - pour recevoir tous les liens permettant d'avoir accès aux articles publiés chaque semaine.

Chaque semaine, PTAG publie de nouveaux articles dans ses différentes rubriques (économie, environnement, politique, mouvements sociaux, actualités internationales ...). La lettre hebdomadaire vous fait parvenir par courriel les liens qui vous permettent d'avoir accès à ces articles.

Remplir le formulaire ci-dessous et cliquez sur ce bouton pour vous abonner à la lettre de PTAG :

Abonnez-vous à la lettre

Réparer le réseau de la santé en écoutant ses piliers

17 septembre 2024, par Julie Bouchard — , ,
La Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec–FIQ est de retour à la table de négociation, après avoir été convoquée par le conciliateur à des séances intensives. (…)

La Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec–FIQ est de retour à la table de négociation, après avoir été convoquée par le conciliateur à des séances intensives.

C'est un développement positif qui démontre que les canaux de communication restent ouverts et que le dialogue est encore possible. Mais ce n'est qu'un début. Nous espérons que le gouvernement n'a pas simplement entendu les cris du cœur de nos 80 000 membres, mais qu'il les a véritablement écoutées et qu'il sera prêt à agir en conséquence.

Les professionnelles en soins du Québec — infirmières, infirmières auxiliaires, inhalothérapeutes et perfusionnistes cliniques — sont les piliers du réseau public de la santé. Elles soutiennent littéralement la santé de la population québécoise, souvent au détriment de leur propre bien-être. Pourtant, leur travail est constamment sous-estimé, voire invisibilisé. Les conditions de travail actuelles bousculent sans cesse leur quotidien, les empêchant de remplir pleinement leur rôle pourtant crucial. Il est temps que cela change.

Le réseau de la santé québécois ne peut plus continuer à fonctionner en s'appuyant sur le travail invisible des femmes. Depuis trop longtemps, les professionnelles en soins sont perçues comme des ressources inépuisables, capables de supporter indéfiniment des charges de travail démesurées. Les conditions de travail dégradées sont devenues la norme. Cette situation est intenable, tant pour elles que pour le réseau lui-même.

Le gouvernement a aujourd'hui l'occasion de redresser la situation. Il peut devenir celui qui réussira à attirer une nouvelle génération de professionnelles en soins, en rendant leur métier attrayant, stable et digne. À l'inverse, il pourrait rester dans les mémoires comme celui qui aura accéléré leur départ, aggravant ainsi la crise déjà profonde du réseau public. Tout repose désormais sur ses choix. Une chose est certaine : pour être du bon côté de l'histoire, il devra écouter les femmes qui, chaque jour, se battent pour maintenir à flot notre système de santé.

Le réseau de la santé est à un tournant. Il est temps, collectivement, de se réengager dans notre filet social et de mener une lutte pour des services publics forts, gratuits et universels. Cependant, ces changements majeurs doivent s'opérer dans le respect et l'écoute de celles qui font vivre notre réseau au quotidien.

Ensemble, nous avons la capacité de reconstruire un réseau public solide et résilient. Cependant, cela ne sera possible que si l'apport indispensable des professionnelles en soins est pleinement reconnu. Il est impératif d'agir dès maintenant pour contenir l'exode de ces professionnelles, essentielles à la pérennité de notre réseau public de santé.

Julie Bouchard, présidente
Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec—FIQ

*****

Abonnez-vous à notre lettre hebdomadaire - pour recevoir tous les liens permettant d'avoir accès aux articles publiés chaque semaine.

Chaque semaine, PTAG publie de nouveaux articles dans ses différentes rubriques (économie, environnement, politique, mouvements sociaux, actualités internationales ...). La lettre hebdomadaire vous fait parvenir par courriel les liens qui vous permettent d'avoir accès à ces articles.

Remplir le formulaire ci-dessous et cliquez sur ce bouton pour vous abonner à la lettre de PTAG :

Abonnez-vous à la lettre

Syndicalisation des stagiaires en éducation : Notre présence fait la différence

17 septembre 2024, par Association des étudiantes et étudiants de la faculté des sciences de l'éducation de l'UQAM (ADEESE) — , ,
Ce vendredi 13 septembre, le Tribunal administratif du travail se penchera sur la demande d'accréditation syndicale soutenue par la SSSQ-AFPC pour les stagiaires en éducation (…)

Ce vendredi 13 septembre, le Tribunal administratif du travail se penchera sur la demande d'accréditation syndicale soutenue par la SSSQ-AFPC pour les stagiaires en éducation des centres de services scolaires.

Montréal, 13 septembre 2024

Cela donne suite à la demande déposée par des centaines de stagiaires en éducation au printemps 2023.

Nous revendiquons une reconnaissance syndicale pour avoir droit de négocier une
convention collective et obtenir un salaire qui reconnaît le travail que nous
effectuons à sa pleine valeur. Peu protégées, les stagiaires en éducation à l'UQAM
effectuent autour de 900 heures de stages tout au long de leur formation.
“Être en stage n'a pas à nous pousser dans la précarité”, rappelle Tatiana Nassif,
coordinatrice de l'ADEESE, “la non-reconnaissance du travail des stagiaires qui
peinent à joindre les bouts en cette période d'inflation permet au système scolaire de
rester à flot. Autant en classe qu'à l'audience, notre présence fait la différence
”.

Sans une éducation de qualité, c'est toute la société qui paie.

Depuis plus de 10 ans, l'ADEESE revendique la salarisation de tous les stages. Elle
représente la voix des 4500 étudiant·es en science de l'éducation de l'UQAM.

Association des étudiantes et étudiants de la faculté des sciences de l'éducation de l'UQAM (ADEESE)
Courriel : communication@adeese.or

*****

Abonnez-vous à notre lettre hebdomadaire - pour recevoir tous les liens permettant d'avoir accès aux articles publiés chaque semaine.

Chaque semaine, PTAG publie de nouveaux articles dans ses différentes rubriques (économie, environnement, politique, mouvements sociaux, actualités internationales ...). La lettre hebdomadaire vous fait parvenir par courriel les liens qui vous permettent d'avoir accès à ces articles.

Remplir le formulaire ci-dessous et cliquez sur ce bouton pour vous abonner à la lettre de PTAG :

Abonnez-vous à la lettre

Des manifestants occupent le bureau du ministre du Travail contre l’esclavage moderne dans l’industrie de la construction

17 septembre 2024, par Comité d'Action en Solidarité avec la Construction au Québec (CASCQ) — , ,
Trois-Rivières, 13 septembre 2024 — Ce vendredi avant-midi, des manifestants ont répondu à l'appel du Comité d'Action en Solidarité avec la Construction au Québec (CASCQ). En (…)

Trois-Rivières, 13 septembre 2024 — Ce vendredi avant-midi, des manifestants ont répondu à l'appel du Comité d'Action en Solidarité avec la Construction au Québec (CASCQ). En occupant le bureau du ministre, le CASCQ manifeste contre le recours aux travailleurs étrangers temporaires dans l'industrie de la construction, un statut qualifié d'esclavage moderne en 2023 par le rapporteur spécial de l'ONU Tomoya Obokata.

« Les patrons voient les travailleurs étrangers temporaires comme des sacs d'épicerie en plastique, ils les utilisent une fois et ils les jettent. Avec l'adoption de la nouvelle réforme de la construction du ministre Boulet, ça s'en vient dans l'industrie » explique Renaud Simard, militant du CASCQ.

Les travailleurs étrangers temporaires sont particulièrement vulnérables aux abus de la part de leurs employeurs, car ils ne peuvent pas dénoncer les abus qu'ils subissent sans craindre d'être expulsés. Cela risque d'entraîner de graves conséquences lorsque ces travailleurs intègreront l'industrie de la construction.

Selon les statistiques de la Commission des Normes, de L'équité, de la Santé et de la Sécurité au Travail (CNESST), les décès dans la construction représentent 32 % du total des décès au travail en 2023, alors que les travailleuses et travailleurs de la construction représentent environ 5 % de la main-d'œuvre en emploi.

« Les travailleurs étrangers temporaires qui travaillent dans d'autres secteurs, tels que l'agriculture, la transformation alimentaire, la restauration, l'hôtellerie et la santé, font fréquemment face à des situations de harcèlement, d'horaire de travail excessif, de pauses
insuffisantes et de travail dans des conditions dangereuses. Rien n'indique que l'industrie de la construction y fera magiquement exception
» soutien Raphaël Laflamme, organisateur communautaire au Centre des Travailleurs Immigrants (CTI).

À propos du CASCQ : Le CASCQ regroupe des organisations de travailleurs, de locataires et de défense des migrants qui s'opposent à la loi 16, la nouvelle réforme de la construction adoptée le 23 mai dernier, et qui s'organisent en solidarité avec les travailleurs de la construction et leurs revendications dans le cadre des prochaines négociations en avril
2025.

*****

Abonnez-vous à notre lettre hebdomadaire - pour recevoir tous les liens permettant d'avoir accès aux articles publiés chaque semaine.

Chaque semaine, PTAG publie de nouveaux articles dans ses différentes rubriques (économie, environnement, politique, mouvements sociaux, actualités internationales ...). La lettre hebdomadaire vous fait parvenir par courriel les liens qui vous permettent d'avoir accès à ces articles.

Remplir le formulaire ci-dessous et cliquez sur ce bouton pour vous abonner à la lettre de PTAG :

Abonnez-vous à la lettre

Étude du projet de loi no 61 sur Mobilité Infra Québec par la FTQ

17 septembre 2024, par Fédération des Travailleurs et des travailleuses du Québec (FTQ) — , ,
Au moment où s'amorce l'étude en commission parlementaire du projet de loi no 61, Loi édictant la Loi sur Mobilité Infra Québec et modifiant certaines dispositions relatives au (…)

Au moment où s'amorce l'étude en commission parlementaire du projet de loi no 61, Loi édictant la Loi sur Mobilité Infra Québec et modifiant certaines dispositions relatives au transport collectif, la Fédération des travailleurs et travailleuses du Québec (FTQ) s'inquiète du bien-fondé de celui-ci. La centrale doute que la création d'une nouvelle agence, selon les paramètres proposés, soit le remède à tous les maux en ce qui a trait aux enjeux de transport collectif et public.

La FTQ émet de fortes réserves quant à la centralisation des pouvoirs. « Bien sûr qu'il faut améliorer la planification et la réalisation des projets de transport, mais la stratégie du gouvernement de centraliser le pouvoir décisionnel, une fois de plus, relève plus de la pensée magique que d'une réelle efficacité », déclare le secrétaire général de la FTQ, Denis Bolduc.

« Le projet de loi prévoit que Mobilité Infra Québec aura son indépendance, mais recevra tout de même ses directives exécutoires du ministère des Transports. Logiquement, la FTQ se questionne donc sur la pertinence de la création de cette agence. C'est quoi cette obsession du gouvernement de la CAQ de vouloir sous-traiter tout ce qui est sous sa responsabilité comme c'est le cas avec Santé Québec, l'Institut national d'excellence en éducation et maintenant Mobilité Infra Québec ? Le Québec a fait le choix, il y a plusieurs années, que les services publics sont une richesse. Pourquoi chercher cette rentabilité à tout prix ? La FTQ rejette ce modèle de marchandisation des services publics », ajoute le secrétaire général.

« Le vrai problème au Québec est un manque d'options pour se déplacer, autant dans les grands centres urbains qu'en milieu rural. Nous sommes à un tournant décisif. Plutôt que de s'entêter à ne regarder que dans une seule direction pour solutionner ses problèmes, le gouvernement devrait travailler à obtenir des consensus avec les principaux intervenants du milieu, tels que les municipalités et la société civile, dont les organisations syndicales, afin de bâtir un Québec plus vert et plus juste où les citoyens et citoyennes auront accès à des options de transport réellement durables », déclare Denis Bolduc.

Enfin, on se demande bien ce que fait le régime de représentation syndicale dans ce projet de loi comme stipulé dans l'article 48. « La FTQ rappelle au gouvernement de la CAQ que le droit d'association est protégé par la constitution canadienne. La CAQ devrait également bien lire le paragraphe 3 du Code du travail qui stipule que “Tout salarié a droit d'appartenir à une association de salariés de son choix et de participer à la formation de cette association, à ses activités et à son administration”. J'invite le gouvernement à en prendre note », conclut le secrétaire général, Denis Bolduc.

Consulter le mémoire de la FTQ.

******

Abonnez-vous à notre lettre hebdomadaire - pour recevoir tous les liens permettant d'avoir accès aux articles publiés chaque semaine.

Chaque semaine, PTAG publie de nouveaux articles dans ses différentes rubriques (économie, environnement, politique, mouvements sociaux, actualités internationales ...). La lettre hebdomadaire vous fait parvenir par courriel les liens qui vous permettent d'avoir accès à ces articles.

Cliquez sur ce bouton pour vous abonner à la lettre de PTAG :

Abonnez-vous à la lettre

La clé pour le droit au logement

17 septembre 2024, par Félix Cauchy-Charest — , ,
La Centrale des syndicats du Québec (CSQ) a réaffirmé son engagement en tant qu'alliée dans la lutte pour le droit au logement lors d'une manifestation à Québec, le 15 (…)

La Centrale des syndicats du Québec (CSQ) a réaffirmé son engagement en tant qu'alliée dans la lutte pour le droit au logement lors d'une manifestation à Québec, le 15 septembre dernier. La mobilisation a permis de mettre en lumière les défis croissants auxquels fait face la population québécoise dans un contexte de crise du logement qui ne cesse de s'aggraver.

Tiré de Ma CSQ cette semaine. Photos : Pascal Ratthé.

En juin dernier, les déléguées et délégués de la CSQ ont voté un mandat clair : militer pour la reconnaissance formelle du droit au logement. La Centrale appelle à un plan d'action concret et urgent pour remédier à cette situation alarmante. « La crise du logement, elle touche du vrai monde », a déclaré la vice-présidente de la CSQ, Nadine Bédard-St-Pierre, présente à l'événement organisé par le Front d'action populaire en réaménagement urbain (FRAPRU).

Moins d'évictions, plus de logements sociaux

Parmi les demandes principales formulées par la CSQ figurent un meilleur contrôle des loyers, une protection renforcée contre les évictions et un investissement public massif dans la création et la rénovation de logements sociaux. La Centrale plaide notamment pour que le logement social devienne un pilier de la solution, en soulignant que la crise actuelle exige des mesures radicales et structurantes.

« Nous revendiquons une reconnaissance formelle du droit au logement et la mise en œuvre de plans d'action gouvernementaux permettant de s'attaquer vigoureusement à l'actuelle crise du logement », a rappelé Nadine Bédard-St-Pierre, en écho à la résolution adoptée lors du 44e Congrès de la CSQ. Ce plan inclurait des investissements importants dans la construction de nouveaux logements sociaux, qu'ils soient publics, coopératifs ou sans but lucratif, afin de répondre à une demande qui ne cesse de croître.

Des citoyens affectés à tous les niveaux

La crise du logement ne touche pas uniquement les grandes métropoles comme Montréal. Les régions, y compris Québec, sont également gravement affectées. La situation devient particulièrement critique pour certains groupes, notamment les femmes, les familles monoparentales, la population étudiante, les personnes aînées et même les enfants.

« La rareté du logement détourne des étudiantes et des étudiants de leur projet d'études… Pas de logement abordable dans la ville où se trouve le programme d'études de leur choix, et c'est l'abandon ! », alerte la vice-présidente de la CSQ. Ce constat met en lumière l'impact social et éducatif de cette crise, qui va bien au-delà de la simple question des prix du marché.courants.

Les intervenantes en petite enfance, les travailleuses du secteur communautaire, les accompagnatrices d'élèves handicapés, les surveillantes d'élèves ou encore les préposées à l'entretien ménager sont directement touchées par cette crise. « C'est entre autres pour elles qu'on est ici aujourd'hui », a affirmé la syndicaliste, soulignant l'importance de cette lutte pour les membres de la Centrale les plus vulnérables.

La CSQ, fière de lutter aux côtés du FRAPRU

La CSQ a tenu à saluer le rôle majeur joué par le FRAPRU, partenaire de longue date dans la défense du droit au logement. « Je veux absolument rendre hommage aux efforts colossaux que déploie cet organisme depuis des années pour faire reconnaître le droit au logement au Québec », a déclaré Nadine Bédard-St-Pierre avant d'ajouter : « Votre militantisme est exemplaire ! »

Le FRAPRU mène actuellement une campagne visant à accroître la part des logements sociaux à 20 % du parc locatif québécois d'ici 15 ans, une solution jugée incontournable pour sortir durablement de la crise. La CSQ s'est engagée à soutenir cette campagne et à continuer de travailler main dans la main avec le FRAPRU et d'autres groupes sociaux pour faire entendre la voix des citoyennes et citoyens affectés par cette crise.

Un appel aux gouvernements

Pour la Centrale, le droit au logement doit être une priorité nationale, et l'indifférence des décideurs politiques ne fait qu'aggraver les inégalités. La crise actuelle brise des projets, des parcours, des familles et des vies. La CSQ a réitéré son engagement à lutter pour que chaque Québécoise et chaque Québécois puisse accéder à un logement digne, abordable et sécurisé. La Centrale promet de continuer à mener cette bataille aux côtés de ses alliés.

******

Abonnez-vous à notre lettre hebdomadaire - pour recevoir tous les liens permettant d'avoir accès aux articles publiés chaque semaine.

Chaque semaine, PTAG publie de nouveaux articles dans ses différentes rubriques (économie, environnement, politique, mouvements sociaux, actualités internationales ...). La lettre hebdomadaire vous fait parvenir par courriel les liens qui vous permettent d'avoir accès à ces articles.

Cliquez sur ce bouton pour vous abonner à la lettre de PTAG :

Abonnez-vous à la lettre

Deux ans de lockout des débardeurs du port de Québec

17 septembre 2024, par Syndicat canadien de la fonction publique (SCFP-Québec) — , , ,
Le 15 septembre a marqué le deuxième triste anniversaire du lockout des débardeurs du port de Québec. Ce lockout a été possible car il y a encore absence de loi qui interdit (…)

Le 15 septembre a marqué le deuxième triste anniversaire du lockout des débardeurs du port de Québec. Ce lockout a été possible car il y a encore absence de loi qui interdit les travailleurs de remplacement. Cela changera au mois de juin 2025 lorsque la nouvelle loi entrera en vigueur, mais en attendant, 81 personnes sont toujours dans la rue, méprisés par leur employeur.

« Le port utilise des travailleurs de remplacement, ce qui est illégal pour des compagnies sous juridiction québécoise. Notre combat a aidé le passage d'une loi qui empêchera le recours à des travailleurs de remplacement. Malheureusement, nous ne sommes pas les premiers, mais heureusement, nous avons espoir d'être les derniers. Utiliser des travailleurs de remplacement, c'est inacceptable, irresponsable et déplorable ! » de déclarer Stéphane Arsenault, président du Syndicat des débardeurs du port de Québec.

Le différend qui oppose les débardeurs à la Société des arrimeurs de Québec (SAQ) repose principalement sur la question des horaires de travail. Ces salariés refusent d'être forcés de travailler jusqu'à 80 heures par semaine.

Situation dangereuse pour l'environnement

La perte d'expertise découlant de ce lockout a causé plusieurs accidents et dégâts au port. Le syndicat est choqué du manque de considération envers la santé et le bien-être des citoyennes et citoyens de la Capitale Nationale.

« Le débardage est une spécialité qui nécessite une formation de pointe. C'est une chose de mépriser les individus et leurs familles en les jetant à la rue, mais c'est plus grave lorsqu'on joue avec la santé des personnes vivant à proximité », rappelle le président du syndicat.

Une grande mobilisation des débardeurs et leurs allié.e.s est prévue le 25 septembre à Québec pour souligner les deux ans du conflit.

******

Abonnez-vous à notre lettre hebdomadaire - pour recevoir tous les liens permettant d'avoir accès aux articles publiés chaque semaine.

Chaque semaine, PTAG publie de nouveaux articles dans ses différentes rubriques (économie, environnement, politique, mouvements sociaux, actualités internationales ...). La lettre hebdomadaire vous fait parvenir par courriel les liens qui vous permettent d'avoir accès à ces articles.

Cliquez sur ce bouton pour vous abonner à la lettre de PTAG :

Abonnez-vous à la lettre

Il faut aller voir... La bataille de Saint Léonard de Félix Rose

17 septembre 2024, par Pierre Mouterde — , ,
Au théâtre du Diamant, en plein cœur de la ville de Québec et de son festival de cinéma , se donnait le samedi 14 septembre, l'avant-première du documentaire de Felix Rose, La (…)

Au théâtre du Diamant, en plein cœur de la ville de Québec et de son festival de cinéma , se donnait le samedi 14 septembre, l'avant-première du documentaire de Felix Rose, La bataille de Saint Léonard.

Devant une salle pleine à craquer et un public conquis d'avance —on sein duquel on pouvait reconnaître des personnalités du monde municipal et de la mouvance nationaliste progressiste (dont Sol Zanetti, Julie Vignola, etc.)—, on a pu découvrir un réalisateur ému jusqu'aux larmes, en particulier lorsqu'à la fin de la projection, il a eu droit à une longue ovation debout...

Il faut dire —qu'au-delà de tout ce qu'on a pu déjà en dire— ce documentaire mérite d'être vu et revu, en particulier au regard des drames migratoires et déchirements linguistiques que nous pouvons vivre au Québec des années 2020, car il se présente comme un éclat de lumière violemment jeté sur une histoire oubliée, mais dont le sens profond reste brûlant d'actualité et apparaît comme une clef pouvant nous aider à déchiffrer les temps présents.

C'est là son originalité première : nous entraîner –grâce à un impressionnant choix d'archives en noir et blanc judicieusement choisies— à effectuer une plongée dans l'histoire passée des années 1967-1969 ainsi qu'à découvrir un épisode peu connu de la bataille linguistique qui se donnait alors et dont le héros méconnu du coté québécois fut l'architecte Raymond Lemieux, dirigeant du MIS, le Mouvement pour l'intégration scolaire. L'intéressant reste cependant le fait que Félix Rose – déjà auteur d'un film portant sur son père Les Rose— ne s'est pas contenté de rendre compte des interventions courageuses et déterminées de Raymond Lemieux, il a aussi voulu offrir la parole au leader de la communauté italienne d'alors, le promoteur Mario Barone (dont il est devenu depuis un ami), nous donnant ainsi les moyens de comprendre tout à la fois la complexité comme la récurrence à travers le temps des problèmes linguistiques et migratoires rencontrés au Québec.

À l'aube de la révolution tranquille

On s'en souviendra peut-être : d'un côté se dressait Le mouvement pour l'intégration scolaire (le MIS), dirigé par Raymond Lemieux et soutenu par le mouvement indépendantiste québécois qui se battait pour l'existence d'un enseignement public donné en français (jusqu'à occuper en 1968 l'école secondaire Aimé-Renaud que la communauté italienne avait transformé en école anglaise !). Et de l'autre, se faisaient entendre haut et fort les membres récemment immigrés de la communauté italienne de Montréal qui refusaient l'éducation uniquement en français et voulaient pouvoir parler anglais et disposer d'écoles bilingues pour leurs enfants (jusqu'à créer en 1969 une école anglaise privée clandestine !). Le tout, pendant que le gouvernement nationaliste du premier ministre provincial Jean-Jacques Bertrand tergiversait en se réfugiant derrière la prudente défense des seuls droits individuels (celui de pouvoir choisir sa langue), et que le peuple québécois, emmené par sa fraction nationaliste la plus radicale, prenait conscience de sa force et commençait, manifestations massives et grandissantes à l'appui, à s'affranchir de sa condition collective de citoyen de seconde zone. Nous étions à l'aube de la révolution tranquille.

Ce retour à l'histoire que nous amène à faire Félix Rose, a quelque chose de saisissant. Il est rare en effet de voir des documentaires ou des films sur l'histoire passée du Québec, susceptibles de nous faire saisir la force, le dynamisme et l'énergie d'une société qui se réveille, prend conscience de sa force et se découvre au travers de porte-parole audacieux et déterminés n'ayant pas peur d'aller à l'encontre des consensus mous défendus par ses élites. Et avec la Bataille de Saint Léonard, c'est ce que parvient à nous faire ressentir Félix Rose : l'énergie et l'enthousiasme d'un peuple qui s'est mis en marche et lutte plein d'espoirs pour son émancipation culturelle et linguistique. ; mais sans rien oublier des drames existentiels que peuvent vivre les nouveaux immigrants italiens qui cherchent de leur côté à faire leur vie au Québec en anglais, tout en aidant pleinement et activement au développement même de Montréal.

Surtout, Félix Rose nous fait apercevoir, ou tout au moins nous laisse entendre –mais sans aucun prosélytisme, par la force même des images— comment les problèmes linguistiques d'hier sont quelque part encore ceux d'aujourd'hui, et comment donc il reste à nous, « les Québécois d'aujourd'hui », la tâche de poursuivre la lutte entreprise à cette époque, tout comme celle de retrouver l'énergie transformatrice d'alors. Et, quel qu'aient pu être les avancées effectuées sous la loi 101, n'a-t-il pas bien raison ?

Après tout rien aujourd'hui de l'existence du français au Québec n'est vraiment assuré, et rien de la présence et de l'intégration des immigrants n'est définitivement scellé pour en faire les membres d'une nouvelle communauté qui serait co-construite par les uns et les autres. Tout donc... pour nous pousser à nous retrousser les manches et à reprendre dans les termes d'aujourd'hui cette longue marche historique.

N'est-ce pas le message que, mine de rien mais avec beaucoup de force et de finesse, nous laisse ici Félix Rose ?

Pierre Mouterde
Sociologue essayiste
Québec, le 15 septembre 2024

*****

Abonnez-vous à notre lettre hebdomadaire - pour recevoir tous les liens permettant d'avoir accès aux articles publiés chaque semaine.

Chaque semaine, PTAG publie de nouveaux articles dans ses différentes rubriques (économie, environnement, politique, mouvements sociaux, actualités internationales ...). La lettre hebdomadaire vous fait parvenir par courriel les liens qui vous permettent d'avoir accès à ces articles.

Remplir le formulaire ci-dessous et cliquez sur ce bouton pour vous abonner à la lettre de PTAG :

Abonnez-vous à la lettre

Fadwa Touqan. La poésie palestinienne en résistance

Le Cri de la pierre rassemble en un seul volume deux ouvrages de Fadwa Touqan : Le Rocher et la peine et Le Cri de la pierre, publiés en français pour la première fois à la fin (…)

Le Cri de la pierre rassemble en un seul volume deux ouvrages de Fadwa Touqan : Le Rocher et la peine et Le Cri de la pierre, publiés en français pour la première fois à la fin des années 1990, juste avant sa mort, et qui viennent d'être réédités. L'ensemble retrace le parcours de vie de la « poétesse de la Palestine » célèbre dans tout le monde arabe, entre la déclaration Balfour de 1917 – année de sa naissance — et la première Intifada.

Tiré d'Orient XXI.

À mi-chemin entre l'autobiographie et l'Histoire, Le Cri de la pierre est un recueil de mémoires qui donnent à lire la vie de la « poétesse de la Palestine » dans le contexte sociohistorique qui a vu advenir la tragédie palestinienne depuis une centaine d'années, de 1917, l'année de sa naissance et de la déclaration Balfour jusqu'au début des années 2000 avec la seconde Intifada. Cependant, même si le choix d'écrire sous la forme nommée « mémoires » exclut théoriquement la seule « écriture de soi », Fadwa Touqan inscrit l'histoire de son combat personnel pour exister en tant que femme de lettres dans une époque et un milieu peu propices, et dans l'histoire de la lutte des Palestiniens pour la reconnaissance de leurs droits.

Cette réédition par L'Asiathèque rassemble en un seul volume Le rocher et la peine, publié en 1997 et Le Cri de la pierre, publié en 1998, rendant ainsi plus sensible l'imbrication de l'histoire de l'émancipation d'une jeune femme dans l'Histoire de la Palestine et des Palestiniens au XXe siècle.

Les « seigneurs de la famille »

Le rocher et la peine raconte comment Fadwa Touqan s'est libérée du « moule d'acier dans lequel nous enferme la famille, […] les coutumes qu'il est difficile d'enfreindre, les traditions dépourvues de bon sens et qui emprisonnent la jeune fille dans un monde d'absurdités […] » pour devenir l'une des rares voix féminines de la poésie palestinienne.

Car, comment fait-on pour devenir poétesse quand on est une jeune fille née en 1917 dans le milieu aisé de Naplouse pour lequel l'enfermement des filles sous la houlette d'une cheikha dévote et glaciale dans la grande et belle demeure familiale est une règle qui souffre peu d'exceptions ?

Fadwa Touqan a souffert en tant qu'enfant non désirée dans sa famille traditionnelle, avec un père despotique et une mère soumise de dix enfants. Elle naît à Naplouse, dans l'actuelle Cisjordanie occupée, en 1917. Elle grandit dans la Palestine mandataire, assiste à la création d'Israël, et vit dans un pays en guerre. Dans sa famille aussi, c'est la guerre. Sous l'autorité de son père et de l'un de ses frères, Youssef, elle est interdite dès l'âge de treize ans d'aller à l'école. Le motif ? Un jeune homme a essayé de lui offrir une rose. Elle relate cet épisode majeur de sa vie et la violence de la sanction et de sa condition : « Tu ne sortiras plus que le jour de ta mort, lorsque nous t'emmènerons au cimetière. » Dès lors, son histoire devient celle de « la lutte d'une graine aux prises avec la terre rocailleuse et dure. C'est l'histoire d'un combat contre la sécheresse et la roche. » Les « seigneurs de la famille », ainsi qu'elle les appelle, « s'habillaient à l'européenne, parlaient le turc, le français et l'anglais, mangeaient avec des fourchettes et des couteaux, tombaient amoureux ; puis ils se mettaient à l'affût, prêts à intervenir si l'une d'entre nous voulait affirmer sa personnalité […]. » Elle décrit des personnalités « scindées en deux », moitié progressistes, moitié conservatrices et machistes, objet de sa profonde révolte et cause de sa propre dislocation en écho.

L'un des aspects les plus intéressants de ce premier volume réside dans le portrait de la communauté bourgeoise de Naplouse dans les années 1930 et 1940, une communauté qu'elle qualifie de « peu cultivée », aux yeux de laquelle elle passe pour « une créature anormale et antisociale ».

« Dans les jarres du peuple »

Ibrahim Touqan (1905-1941), un autre de ses frères, est l'un des fondateurs du courant nationaliste et révolutionnaire de la poésie palestinienne dans les années 1930. Son poème Mawtini (ma patrie) a été repris par le compositeur libanais Mohamed Fleyfel et est connu dans tout le monde arabe et est aujourd'hui considéré par de nombreux Palestiniens comme leur hymne national. Cet enseignant en littérature arabe à l'École nationale An-Najah puis à l'université américaine de Beyrouth est celui qui la sauva de « l'effondrement intérieur », selon ses propres mots. D'abord par les manifestations de son affection et ses encouragements, puis en lui enseignant très sérieusement la poésie arabe classique pendant plusieurs années.

Les premières poésies de Fadwa sont des élégies. Sans surprise, la jeune fille commence par s'exprimer sur le mode majeur de la plainte, tout en « recherchant ce qu'on appelle la solennité du style et de l'éloquence », avant de découvrir et d'adopter le vers libre sous l'influence des poètes modernistes Ibrahim Naji, Al-Shabbi, Ali Mahmoud Taha et Al-Tijani, ainsi que de la poétesse « d'avant-garde » Nazik Al-Malaika : « J'abandonnai la forme allongée et le rythme régulier du vers classique, et me consacrai à la poésie nouvelle ». Cette poésie nouvelle est d'emblée une littérature de résistance, laquelle s'exprime en vers libres, délivrée des contraintes de la prosodie classique, comme une métaphore de l'aspiration révolutionnaire.

En avril 1936, c'est la grève générale et le début de la rébellion contre les Britanniques qui durera trois ans. Pour elle, cette grève signe le début de la lutte politique et armée à laquelle participeront les masses populaires. Si elle décrit le quotidien sous la répression coloniale britannique à cette époque, elle avoue sa frustration et son impuissance. Elle ne connaîtra l'engagement, « son intensité et sa douceur », que bien plus tard, après la guerre de juin 1967 et l'occupation israélienne qui lui fait prendre conscience de son identité « sociale ».

  • C'est seulement à l'ombre de cette occupation, lorsque j'ai commencé à lire mes poèmes devant des foules, que j'ai saisi la valeur et le sens véritable de la poésie qui fermente et vieillit dans les jarres du peuple.

Après la défaite arabe de 1967 et l'occupation de la Cisjordanie et de la Bande de Gaza par Israël, sa poésie devient politique. Elle décrit alors son peuple, et sa belle ville de Naplouse qui se consume en vain et qui n'a de cesse d'armer le bras « des enfants des pierres ».

« Les Martyrs de l'Intifada »

Faisant suite à Le Rocher et la peine, le deuxième volume des mémoires de Fadwa Touqan, Le cri de la pierre, donne son titre à la publication. Tout commence au premier jour de la guerre israélo-arabe de 1967, le 5 juin. Elle rapporte l'atmosphère de ces journées « funestes » à Naplouse, la résistance, la défaite et la chute totale de la Cisjordanie, de Gaza, du Golan et du Sinaï. Puis c'est le temps paradoxal d'une vie culturelle riche et foisonnante en pays occupé, des nombreux échanges et rencontres avec d'autres poètes, écrivains, artistes, « pour qui la politique et l'appartenance à un parti étaient une question de survie — la leur, celle du pays et de l'être humain », malgré les efforts persistants des autorités israéliennes pour empêcher tout rapprochement intellectuel entre Palestiniens. Que de fois, écrit-elle, « ayant été invitée à participer à quelque manifestation littéraire nationaliste, à Nazareth ou à Jérusalem, je me suis heurtée, et me heurte encore, aux ordres militaires m'interdisant de quitter Naplouse ce jour-là précisément. »

La poétesse y évoque ses amis, palestiniens et israéliens, la compréhension et le soutien qu'ils lui ont toujours témoigné. Elle détaille — non sans ironie — deux rencontres avec Moshé Dayan qui souhaite lui « parler de poésie », avant et après celle avec Gamal Abdel Nasser qui veut savoir l'objet de son entretien avec le ministre de la défense israélien, lequel se demande à son tour ce que le président égyptien a bien pu lui confier. Elle relate également ses entretiens avec Anouar el-Sadate et Yasser Arafat à qui elle formule le vœu de voir la paix s'instaurer au Proche-Orient.

Même si les trois dernières pages portent sur la conférence de Madrid de 1991 et les espoirs de paix vite déçus, le récit mémoriel se clôt juste avant sur l'Intifada des pierres avec le célèbre poème intitulé « Les Martyrs de l'Intifada », qui prend une nouvelle résonance aujourd'hui :

  • […]
  • Ils sont morts debout
  • Illuminant le chemin
  • Scintillant comme des étoiles, baisant la bouche de la vie
  • Regarde-les au loin, ils embrassent la mort pour notre survie,
  • Ils montent dans les cieux, dans les yeux du monde
  • Aux cordes du sang versé
  • Ils montent, ils montent, ils montent
  • La mort traîtresse ne s'emparera pas de leur cœur
  • L'image de la renaissance et de la nouvelle aube
  • Les accompagne sur le chemin du martyre
  • Regarde les aigles de l'Intifada
  • Ils nouent la terre sacrée au ciel ! (« Les Martyrs de l'Intifada »)

Fadwa Touqan meurt à Naplouse le 12 décembre 2003. Elle a reçu de nombreux prix littéraires tels que le Prix international de poésie à Palerme (Italie), le prix Jérusalem pour la culture et le Prix des lettres par l'Organisation de libération de la Palestine (OLP) en 1990, le Prix des Émirats arabes unis la même année ainsi que le Prix d'honneur palestinien pour la poésie en 1996. Ses recueils de poèmes n'ont malheureusement jamais été publiés en français.

******

Abonnez-vous à notre lettre hebdomadaire - pour recevoir tous les liens permettant d'avoir accès aux articles publiés chaque semaine.

Chaque semaine, PTAG publie de nouveaux articles dans ses différentes rubriques (économie, environnement, politique, mouvements sociaux, actualités internationales ...). La lettre hebdomadaire vous fait parvenir par courriel les liens qui vous permettent d'avoir accès à ces articles.

Cliquez sur ce bouton pour vous abonner à la lettre de PTAG :

Abonnez-vous à la lettre

Temps – Ou réflexion sur un temps qui ne passe plus …

17 septembre 2024, par Gaétan Roberge — ,
Nous voici maintenant parvenus à un temps où nous sommes contraints d'habiter des villes-musées en compétition les unes avec les autres. Des cités et où l'on y marchandise (…)

Nous voici maintenant parvenus à un temps où nous sommes contraints d'habiter des villes-musées en compétition les unes avec les autres. Des cités et où l'on y marchandise allègrement l'immobilier et chasse la plèbe des quartiers centraux pour mieux appâter les hordes de touristes, ces bruyants brouteurs de Formule I parfumés à la « fienteur » du fioul et alléchés par les poutines exotiques.

Des cités hautement affairées qui grattent le ciel, balafrées de rues asphaltobétonnées, serpentées et sanglées d'assourdissants boulevards qui égratignent nos oreilles, crevassées et surplombées d'autoroutes et submergées de chars avec en prime un smog accablant et sournois qui se cramponne insidieusement aux fragiles parois de nos gorges pour y graver de fiévreux graffitis de douleur pour ensuite se réfugier furtivement dans les catacombes profondes et sombres de nos cavités pulmonaires. Ce temps s'amuse maintenant à braquer ses phares aveuglants sur notre nouvelle et prévisible embrasée et dramatique réalité climatique.

Un temps où l'on parvient difficilement à pouvoir contempler les magnifiques canopées des forêts et le sommet des montagnes majestueusement chapeautées de leurs calottes de glace maintenant dégoulinantes, s'emmitoufler dans l'azur protecteur du ciel et embrasser d'un regard admiratif et humble les Pléiades de notre Voie Lactée qui rappellent notre infime place dans la fantastique incommensurabilité de l'Univers.

Un temps où la chaleur intense et douloureuse des rayons ardents du soleil accable et fragilise nos yeux, calcine et cancérise nos corps, assèche nos cours d'eau, incendie nos forêts et désertifie nos champs et nos terres.

Un temps où les saisons ne se reconnaissent plus entre elles, où les tempêtes, les tornades et les ouragans hurlent à tout vent leur furie en se déchaînant et fracassant tout sur leur passage et inondant les terres des campagnes et submergeant les rues sales des quartiers de nos cités transformées en véritables piscines que l'on a peine à vider. Le climat de la terre se réchauffe à une allure vertigineusement destructrice, l'eau des océans s'acidifie corrodant une flore marine et tuant ainsi toute une faune nourricière. L'augmentation du niveau des mers ravage et gruge les contreforts de nos continents, menace des villes portuaires et charrie depuis un certain temps déjà des vagues déferlantes de réfugié-e-s climatiques animé-e-s par un profond désespoir, gorgé-e-s d'une colère justifiée et pour l'instant contenue, mais qui, pour assurer leur survie, seront de plus en plus contraint-e-s d'envahir nos littoraux et de fracasser nos frontières et demander asile dans un monde de plus en plus fou.

Un temps où il est devenu de plus en plus ardu de saisir le jour, contempler et préserver les beautés du monde, penser la vie et panser l'espoir en rêvant à des temps meilleurs.

Un temps où la menaçante montée des dictatures et la renaissance des néofascismes aux visages multiples et fourbes déploient perfidement leur emprise tentaculaire et malicieuse sur les grands enjeux économiques, politiques et sociaux de l'heure. Tout cela accompagné de l'insatiable et indécente cupidité, de l'outrageante richesse échafaudée sur le dos voûté de la misère et les affres d'une pauvreté systémique. Les conflits patentés et les guerres injustifiées dynamitent et sabotent nos espérances de paix, la cupidité et la corruption gangrènent nos sociétés, les sentiers de la liberté sont outrageusement saccagés, nos discours charcutés ou muétisés et nos aspirations ligotées. L'état se désengage de ses obligations en matière de services publics pour les confier aux « bonnes œuvres » des fondations privés ayant pour conséquence que la charité débondieusée remplace dorénavant la solidarité. La santé publique est malade du privé, l'éducation s'est enchaînée au système capitaliste en s'inféodant aux diktats productivistes ainsi qu'au financement des entreprises et des industries. Nos libres consciences sont tétanisées, nos paroles muselées et quant au bonheur, on le baigne, on le savonne et on achève le tout en le noyant dans un océan de commandites mousseuses aux allures de doucereuses illusions. Le bien-vivre ensemble on le scrape à volonté afin de pouvoir mieux l'immoler sur l'autel sacré d'un individualisme triomphant et baignant dans un multiculturalisme fourre-tout dysfonctionnel et obsessionnel couplé d'une mondialisation néolibérale sans scrupules et sans limites.

Un temps où les humains, tels d'intrépides petits soldats de plomb dépossédés de leur âme, s'acharnent toujours à jouer à la guerre, se « kalachnikover » entre eux et massacrer sans raison d'innocentes victimes dites collatérales. Ils se refusent outrageusement à nourrir, loger, éduquer et soigner leurs semblables ainsi qu'à partager les ressources et les richesses de notre planète.

Pendant ce temps, le monde entier n'en continue pas moins de s'illusionner sur les promesses d'un avenir meilleur et préférant plutôt s'activer à se gaver de métadonnées provenant des supers et problématiques machines ventripotentes d'énergie qui parviendront peut-être un jour à supplanter indûment les humains et au final les laisseront faisander dans l'Ignorance et l'Agonie … Certes, l'IA générative, qui à ce jour n'est encadrée par aucune réglementation, augmentera la productivité des entreprises et favorisera sans doute un accroissement du PIB. Mais à terme, elle risque d'avoir des conséquences potentiellement néfastes et permanentes sur l'ensemble de l'économie et du monde du travail en faisant disparaître des emplois, en s'attaquant aux conditions de travail en plus d'entraîner une chute des salaires et de la demande de main-d'œuvre.

Un temps où les humains évolueront tant bien que mal dans un univers semblable à celui des poules et des coqs de basse-cour dépourvus de boussole intérieure, mais plutôt munis d'un GPS sociétal de location. Ainsi, ils se retrouveront encagés dans une sorte d'enclos miné par des essaims de caméras et harponnés par des drones de surveillance, grillagé de faux interdits où même les mots (c'est déjà commencé) seront menottés et mis aux arrêts. Les humains seront condamnés à perpète à devoir se satisfaire de picorer de fugaces morceaux de destinée saupoudrés çà et là afin de laisser de beaux et juteux restes savamment calculés pour le plus grand bien-être et la satisfaction des autocrates et des ploutocrates. Ceux-là même qui s'évertuent à viraliser les valeurs, régenter les destinées, infecter les sociétés de dogmes dénués de sens propagés à l'aide de millions de clics de « post-vérités ».

Un temps où les humains devront obligatoirement et essentiellement être gracieusement dotés d'un passeport de vie en société tout à l'image de celui du régime totalitaire chinois actuel de Xi Jinping. Dans un avenir rapproché, ce sera un passeport numérique prenant la forme de puces électroniques sous-cutanées offrant un nombre prédéterminé et surtout mérité de crédits sociaux. Grâce aux nouvelles technologies de reconnaissance faciale nous aurons une humanité protégée … et soumise à un destin sclérosant et scrupuleusement préprogrammé afin d'assurer la pérennité de régimes impitoyables qui continuent de carburer avec force aux énergies fossiles de la duperie, de la peur et de la violence.

Un temps où les cyberattaques de fieffés fourbes forbans se multiplieront et ne cesseront de mettre en péril les données confidentielles et sensibles de nos vies ainsi que celles de nos infrastructures et nos institutions. Ces hordes de hackers incarneront la nouvelle génération de corsaires du numérique à la solde de groupes criminels ou d'États voyous.

Ce temps effiloche déjà le fil cassé de nos horizons. Les humains seront bientôt casés dans un univers virtuel, constamment abreuvés et nourris aux mamelles contrôlantes de réseaux sociaux invasifs et obnubilés par une joviale et rassurante bien-pensance et une novlangue aseptisée à souhait. Ils auront la tête bien engoncée dans leur casque de réalité virtuelle et le cerveau encapsulé conformément à d'alléchants paradigmes trompeurs et absents de réelles finalités. Ainsi, au nom du contrôle et de la sacro-sainte sécurité, le Genre humain se verra alors échantillonné, digitalisé, codifié et marchandisé à travers les dédales abscons d'un système économique dévastateur et taré de l'intérieur et pour lequel, comme l'affirmait l'économiste Olivier Passet : « Seuls les fous (et les économistes) croient à une croissance sans fin ».

Ce temps où les humains, condamnés à demeurer de perpétuels fœtus, se retrouveront tout recroquevillés dans leur petit cocon confort et bien campés dans leurs coussinets achetés à crédit et livrés par des « amazones volantes », interdits de paroles et aux idéaux chloroformés, sans véritable destination, privés de leurs racines et fermement embastillés par la nouvelle doctrine plénipotentiaire de l'instantanéité pénitentiaire. Ils seront aveuglés par des nuées d'illusions ludiquement concoctées et judicieusement dystopiques. Ils se sentiront inlassablement déroutés, privés de boussole et à la terrible merci de courants idéologiques délibérément confus et oppressants, mais néanmoins toujours salvateurs pour le système. Ce temps tragique et asphyxiant pour nos libertés oxygénera les idéologies des droites extrémistes fascistes en ascension fulgurante et il essaiera de gazer le souffle des dernières démocraties qui tentent tant bien que mal de se maintenir debout et vivantes.

L'humanité assistera alors non pas au retour de l'Ère de la Vierge ou à la fin de celle du Verseau, mais elle sera plutôt assise sur un banc fragile et se tenant aux premières loges pour saluer l'avènement de l'Ère de la Catastrophe. Elle sera par la suite garrochée, voire propulsée à vive allure, et sans son consentement, vers des destinations non souhaitées et inconnues !

Actuellement, nous disposons des connaissances et des données nécessaires et lors des quatre dernières décennies perdues nous aurions pu et dû intervenir et ce non pas pour nous, mais pour le bien-être de nos enfants et pour la suite du monde. Nous avons maintenant l'obligation suprême de prendre la rue, de prendre la parole et de siéger et d'assiéger toutes les tribunes et d'agir en solidarité car le temps presse et l'humanité ne bénéficiera pas d'une seconde chance ! La planète terre veut vivre et nous chassera de sa surface si nous ne cessons pas de lui faire violence, de nous entretuer et si nous ne changeons pas notre mode de vie car la croissance sans fin est un funeste leurre et le système actuel avec son Olympisme scabreux ne nous sauverons pas de notre turpitude. Nous nous devons d'agir maintenant, sinon le temps ne passera plus …

Gaétan Roberge
9 septembre 2024

*****

Abonnez-vous à notre lettre hebdomadaire - pour recevoir tous les liens permettant d'avoir accès aux articles publiés chaque semaine.

Chaque semaine, PTAG publie de nouveaux articles dans ses différentes rubriques (économie, environnement, politique, mouvements sociaux, actualités internationales ...). La lettre hebdomadaire vous fait parvenir par courriel les liens qui vous permettent d'avoir accès à ces articles.

Remplir le formulaire ci-dessous et cliquez sur ce bouton pour vous abonner à la lettre de PTAG :

Abonnez-vous à la lettre

Moyen-Orient : Comment réagir à l’apartheid de genre ?

17 septembre 2024, par Michel Gourd — , ,
Il ne semble pas y avoir actuellement de réponse mondiale cohérente à l'Apartheid de genre grandissant que subissent les Afghanes et Iraniennes, malgré une condamnation de (…)

Il ne semble pas y avoir actuellement de réponse mondiale cohérente à l'Apartheid de genre grandissant que subissent les Afghanes et Iraniennes, malgré une condamnation de l'Organisation des Nations (ONU).

Narges Mohammadi, prix Nobel de la paix 2023 a rédigé en décembre dernier un appel à ONU. Incarcérée dans la prison d'Evin, à Téhéran, elle demandait au secrétaire général des Nations unies, António Guterres, et aux représentants de ses États membres de criminaliser l'apartheid de genre. Le texte intitulé « L'apartheid de genre est un crime contre l'humanité » rendu public le 25 janvier a été publié en français dans des médias internationaux en mars.

Elle y donnait une vingtaine d'exemples des sévices que vivaient les femmes dans ce pays. En Iran, une femme ne peut obtenir un passeport ni voyager sans l'autorisation de son père ou son époux. Elles doivent être deux pour égaler le témoignage d'un homme en cours, et la vie d'un homme vaut le double de celle d'une femme.

La journaliste à France 2, Dorothée Olliéric, a affirmé en mars que les Afghanes subissaient aussi un apartheid de genre après s'être rendu une vingtaine de fois dans ce pays. Quelques mois plus tard, en juin, une jeune Afghane affirmait anonymement devant le Conseil des droits de l'homme à l'ONU que les femmes y étaient considérées comme des esclaves. Fin 2022, le ministère de la Propagation de la vertu et de la Prévention du vice a interdit aux Afghanes l'accès aux parcs et aux salles de sport. L'Afghanistan est le seul pays au monde où l'éducation des filles a été interdite après l'école primaire.

C'est cependant la promulgation en fin août d'une loi, de 87 pages en 35 articles pour « promouvoir la vertu et prévenir le vice », interdisant les relations amicales avec les non-musulmans, qui a mis le feu aux poudres. L'essentiel des restrictions de cette loi visait les femmes qui doivent maintenant être accompagnées d'un mâle de leur famille pour se déplacer. La ségrégation entre les sexes est exigée dans la plupart des lieux publics. La voix des femmes ne doit plus être entendue hors de leur domicile.

Le haut-commissaire de l'ONU aux droits de l'homme, Volker Türk, a trouvé répugnant cet apartheid de genre. Selon lui, on ne parle plus de rigorisme, mais d'une persécution systématique des femmes. Le rapporteur spécial pour l'Afghanistan du Conseil des droits de l'homme des Nations unies, Richard Bennett, affirme que la situation des femmes et des jeunes filles dans ce pays « était l'une des pires au monde ».

Réponses des talibans

Le chef suprême de l'Afghanistan, Hibatullah Akhundzada, ne voit naturellement pas les choses de cet œil. Il affirmait en juin 2023 à l'occasion de l'Aïd al-Adha, que les femmes ont été « sauvées de l'oppression » par les talibans, que leur statut d'êtres humains libres et dignes avait été rétabli et que des mesures avaient été prises pour assurer une vie confortable et prospère aux femmes conformément à la charia. « Toutes les institutions ont été obligées d'aider les femmes à faire valoir leurs droits en matière de mariage, d'héritage et d'autres droits », commente le gouvernement afghan.

Les autorités d'Afghanistan ont aussi dénoncé en fin août l'arrogance des Occidentaux qui ont condamné cette nouvelle loi. Elle est « fermement ancrée dans les enseignements islamiques », affirme dans un communiqué le porte-parole du gouvernement, afghan Zabihullah Moujahid. « Rejeter ces lois sans chercher à les comprendre est, selon nous, une expression d'arrogance », dit-il, soulignant que le fait pour un musulman de critiquer cette loi « pouvait même conduire au déclin de sa foi » et que l'oppression et la force ne seront pas utilisées lors de l'application de ces règles, ce qui devrait être fait avec ménagement, en faisant appel à la compréhension des gens, et en les guidant.

Réactions internationales

La réaction mondiale a été importante. Pas de « réintégration » de l'Afghanistan sans évolution sur les droits des femmes, insiste l'ONU. Pour l'UE, la reconnaissance du régime des taliban par les Européens ne pourra se faire que si Kaboul respecte pleinement ses obligations internationales et envers le peuple d'Afghanistan ». Le chef de la diplomatie américaine, Antony Blinken, a affirmé à la mi-août que toute amélioration des relations avec les talibans est tributaire des droits des femmes. Actuellement, aucun pays n'a reconnu le gouvernement taliban.

La réaction négative à l'Apartheid de genre vient de partout. Le CIO a contourné le gouvernement taliban lors des Jeux olympiques. En juin, il a annoncé qu'il avait pris des dispositions pour qu'une équipe spéciale de six athlètes représentant l'Afghanistan, à parité entre les hommes et les femmes, se rende aux Jeux olympiques de Paris. Ses membres ont été sélectionnés par le Comité international olympique (CIO) en consultation avec le Comité olympique afghan.

Richard Bennett a demandé en juin aux États membres de l'ONU d'examiner si l'apartheid de genre mis en place par les talibans à l'encontre des femmes pouvait constituer un crime international, tel que le crime contre l'humanité. Cette importante violation des droits humains ne serait pas reconnue par le statut de Rome de la Cour pénale internationale comme un crime international. Il demande donc aux États d'étudier cette question.

Un collectif d'associations et d'ONG demandait aussi le 10 septembre, deux ans après la mort le 16 septembre 2022 de Mahsa Amini, assassinée par la police des mœurs pour un voile mal porté, et à l'occasion du deuxième anniversaire du mouvement « Femme, vie, liberté », que la France se donner les moyens de condamner l'Iran. La République islamique s'attaque ces dernières semaines aux femmes et à la société civile, prononçant à la chaine des condamnations à mort. Il y en aurait eu 29 pour le 7 août. Sont entre autres visées la militante féministe Varisheh Moradi, la syndicaliste Sharifeh Mohammadi et la militante des droits humains kurde, Pakhshan Azizi.

Le collectif demande au gouvernement français de mettre en œuvre tous les instruments diplomatiques à sa disposition pour que l'Iran ratifie les conventions internationales abolissant la peine de mort. Il voudrait que la France subordonne au respect des droits humains la poursuite des relations diplomatiques avec l'Iran, qu'elle travaille aussi au plan international pour la reconnaissance et la criminalisation de l'apartheid de genre et que soit facilitée l'obtention des visas humanitaires pour les Iraniens qui trouvent refuge en France. Accorder une protection spéciale aux Afghans qui le demandent est mise de l'avant au niveau mondial. En désespoir de cause, couper l'aide internationale fait aussi partie des possibilités. Cela viendrait cependant avec des risques pour la population afghane, vivant à 80 % sous le seuil de pauvreté.

Michel Gourd

*****

Abonnez-vous à notre lettre hebdomadaire - pour recevoir tous les liens permettant d'avoir accès aux articles publiés chaque semaine.

Chaque semaine, PTAG publie de nouveaux articles dans ses différentes rubriques (économie, environnement, politique, mouvements sociaux, actualités internationales ...). La lettre hebdomadaire vous fait parvenir par courriel les liens qui vous permettent d'avoir accès à ces articles.

Remplir le formulaire ci-dessous et cliquez sur ce bouton pour vous abonner à la lettre de PTAG :

Abonnez-vous à la lettre

Le programme PAFI, vous connaissez ? PAFI pour programme d'aide financière à l'investissement.

Génocide sioniste à Gaza : Netanyahou bloque tout accord

17 septembre 2024, par Branko Marcetic — , , ,
Pour justifier leur soutien inconditionnel à Israël et leurs critiques adressées à la gauche, les dirigeants occidentaux n'ont de cesse d'évoquer les otages israélien-nes – (…)

Pour justifier leur soutien inconditionnel à Israël et leurs critiques adressées à la gauche, les dirigeants occidentaux n'ont de cesse d'évoquer les otages israélien-nes – dissimulant au passage la question des milliers de Palestinien-nes enfermé-es dans les prisons israéliennes depuis tant d'années et dans des conditions terrifiantes, sans droits ni procès. Mais qui est responsable de l'échec d'un retour des otages israéliens sains et saufs, par le refus de tout accord incluant un cessez-le-feu durable et un retrait des trouples israéliennes de Gaza ? Nul autre que le chef de l'État israélien : Benjamin Netanyahou.

Tiré du site de la revue Contretemps. Cet article a d'abord été publié en anglais par Jacobin. Traduction par Contretemps.

Avec la mort de six otages israéliens, dont un citoyen américain, et les manifestations israéliennes massives contre le Premier ministre Benjamin Netanyahou qui font rage dans le pays, le débat public sur la désignation des coupables est engagé. Interrogé lundi sur la question de savoir si M. Netanyahou en faisait assez pour obtenir la libération des otages encore détenus par le Hamas, le président Joe Biden a répondu sèchement : « Non ».

Piqué au vif, Netanyahou a répliqué par sa propre déclaration publique, en lisant des déclarations récentes de responsables américains qui ont félicité Israël pour son travail constructif en vue d'un accord et qui ont mis à la charge du Hamas l'obligation d'accepter ses conditions, en insistant sur le fait que le Hamas était le véritable obstacle à un cessez-le-feu et à un accord sur la libération des otages. Qui faut-il croire ?

L'une des réponses consiste à écouter les sources haut placées dans le gouvernement ou impliquées dans les pourparlers avec des pays médiateurs comme l'Égypte, les États-Unis, voire Israël lui-même. Pendant des mois, ces voix n'ont cessé de répéter aux médias – souvent des organes de presse israéliens et des journaux de l'establishment américain extrêmement favorables à Israël – que le principal obstacle à un accord de cessez-le-feu est Netanyahou lui-même, et qu'il n'a cessé de mettre des bâtons dans les roues dans les pourparlers pour saboter les négociations afin de se maintenir au pouvoir.

« Tout faire pour empêcher un accord »

Ces derniers jours, la découverte samedi dernier des corps des six otages israéliens a déclenché la colère des Israéliens qui reprochent à M. Netanyahu de ne pas les avoir ramenés chez eux.

Alors que les représentants des pays médiateurs se sont de nouveau téléphonés pour tenter de parvenir à un accord, CNN a rapporté qu'une « source familière avec les discussions » a déclaré à la chaîne que M. Netanyahou avait « tout torpillé en un seul discours », dans lequel il a réitéré sa demande d'occupation permanente par Israël du corridor de Philadelphie, une mince bande de terre le long de la frontière entre Gaza et l'Égypte. Cette demande est devenue le principal point d'achoppement des pourparlers au cours du dernier mois et demi. Curieusement, la citation a fait la une des principaux médias israéliens, tels que le Times of Israel, Haaretz et Yedioth Ahronoth (mieux connu sous le nom de Ynet dans son édition en ligne), mais a été enterrée au vingt-quatrième paragraphe de l'article original de CNN dont elle est tirée.

Le même jour, Ynet a publié son propre rapport sur les changements que Netanyahou a personnellement apportés à une proposition de cessez-le-feu antérieure qui, comme il l'a souligné, avait « reçu l'accord du Hamas sur la plupart des conditions ». La nouvelle proposition de M. Netanyahou, qui avait été présentée aux médiateurs le 27 juillet, comportait « des changements et des ajouts spectaculaires » qui « ont complètement changé le cours des négociations », selon le journal.

Ces propos s'inscrivent dans le prolongement d'un rapport distinct publié par le journal deux jours plus tôt. Il contenait un verdict accablant sur cette proposition modifiée d'accord de la part d'une personne décrite par Ynet comme « un haut responsable de la sécurité qui a été cité ici à de nombreuses reprises, et qui avait si sombrement et tragiquement raison dans toutes ses prédictions » :

  • « L'histoire jugera un jour ce document très sévèrement… En haut du document, il est écrit qu'il s'agit d'un « document de clarification », mais à mon avis, le surnom le plus approprié pour ce document est « document sanglant » – parce que ses pages sont tachées du sang des six personnes enlevées qui ont été assassinées dans un tunnel à Rafah. S'il n'y avait pas eu le sabotage délibéré contenu dans ce document pour empêcher un accord, il y a de fortes chances qu'elles aient été libérées il y a déjà un mois et qu'elles soient ici avec nous en vie ».

La source poursuivait en qualifiant le document de « tentative de [Netanyahou] de torpiller le moment positif des négociations » et en affirmant qu'il avait été « créé spécifiquement pour empêcher » un accord de libération d'otages – une accusation, selon le journal, qui a été « renforcée de manière significative dans les conversations avec d'autres responsables liés aux négociations » et dans d'autres documents de négociation.

Sur la base de ces sources, Ynet a décrit la demande de Netanyahou sur le couloir de Philadelphie comme étant à l'origine de l'impasse actuelle des négociations, et a rapporté que les négociateurs israéliens sont extrêmement mécontents du document, « qui, à leur avis, détruit toute chance d'un accord ».

Quelques jours plus tôt, lorsque les corps des otages ont été découverts, le même haut responsable de la sécurité israélienne (d'après la description identique utilisée par le journal) a déclaré à Ynet que Netanyahu et d'autres négociaient délibérément de manière à s'assurer que la guerre ne se termine pas. Si le Hamas est évidemment le plus directement responsable de la mort des otages, a déclaré le haut fonctionnaire au journal, « en vérité ce qui conduit à la mort de nombreuses personnes enlevées . . . [c'est] le refus israélien, en pratique, il n'y a pas d'autre façon de l'appeler, de signer un accord qui ramènerait tous les survivants chez eux et mettrait fin à la guerre dans la bande de Gaza ».

L'ensemble de l'establishment militaire et sécuritaire israélien ne voyait aucun inconvénient à se retirer du corridor de Philadelphie, a déclaré la source au journal. Au lieu de cela, la source a déclaré que l'accord était entièrement entre les mains de Netanyahou, mais qu'il « ferait tout pour empêcher un accord ».

Avant cela, il y avait eu deux rapports distincts sur la réunion du cabinet de sécurité israélien du 29 août, l'un du Times of Israel, l'autre d'Axios, rédigé par le bien informé journaliste israélien Barak Ravid. Les deux rapports offraient un compte-rendu étonnamment détaillé de la réunion qui racontait la même histoire : une discussion animée entre Netanyahou et son ministre de la Défense, Yoav Gallant, qui accusait Netanyahou d'avoir imposé la demande de Philadelphie à une armée qui ne pensait pas que c'était nécessaire, et qu'Israël devait choisir entre rester dans Philadelphie et récupérer les otages – une position du ministre qui sera mise en minorité par Netanyahou.

Le rapport du Times of Israel est particulièrement accablant. Par exemple, lorsque M. Gallant a demandé à M. Netanyahou ce qu'il dirait si le Hamas dans un ultimatum le sommait de choisir entre rester dans Philadelphie ou ramener les otages, le rapport notait : « M. Netanyahou a répondu que l'impératif de maintenir les [Forces de défense israéliennes] dans le corridor était d'une importance cruciale pour l'État ». En d'autres termes, comme l'indique le titre du journal, Netanyahu a explicitement indiqué qu'il « donnait la priorité à Philadelphie plutôt qu'aux otages ».

Les lecteurs attentifs qui parcourront les deux rapports ne trouveront pas le cabinet israélien en train de mentionner le Hamas, ni d'énumérer les obstacles qu'il a dressés sur la voie d'un accord – seulement une discussion sur la question de savoir si Israël doit accepter l'accord et ramener les siens chez eux, ou faire pression pour obtenir davantage de concessions de la part du groupe terroriste, cette dernière opinion l'ayant emporté.

Il n'y a tout simplement pas d'autre conclusion que l'on puisse tirer de la lecture des propos de hauts fonctionnaires contenus dans ces rapports récents : Netanyahou pourrait conclure un accord sur le retour des otages quand il le souhaite, mais fait tout ce qu'il peut pour éviter de le faire. Pourtant, la plupart de ces informations n'ont pas été rapportées dans les médias américains, et peu d'Américains consomment la presse israélienne.

« Netanyahou ne veut pas la paix »

Il serait erroné de penser que tout cela est récent. Nous pouvons revenir en arrière et voir des affirmations presque identiques de la part de sources de haut niveau dans des reportages datant de plusieurs mois également presque identiques. Prenons les travaux de cette « ancienne source de renseignement de haut niveau » qui fait partie de l'équipe de l'un des négociateurs israéliens, citée dans un rapport de Haaretz du 28 mars :

  • « Il y a de plus en plus de signes que [Netanyahou] fait presque tout ce qui est possible pour repousser, retarder et ruiner les chances d'un accord de libération des otages en échange de terroristes ».

Ce rapport révélait les diverses actions entreprises par M. Netanyahou pour saper les négociations, notamment en évitant ou en retardant la convocation du cabinet de guerre, en faisant diverses déclarations publiques visant à entacher une discussion productive et en excluant les négociateurs de la participation aux pourparlers, sans compter sur le fait même que la position de M. Netanyahou s'opposait à celles des chefs militaires israéliens.

Voici ce que le New York Times rapportait le 5 mai d'une conversation entre un fonctionnaire israélien ayant requis l'anonymat et son journaliste à propos de l'insistance absurde de M. Netanyahou sur le fait que, dans le cadre de tout accord de cessez-le-feu, Israël aurait le droit de reprendre les tirs après une courte pause, ce que le journal avait alors qualifié de « principal obstacle aux pourparlers » :

  • « Israël et le Hamas étaient plus proches d'un accord il y a quelques jours, mais les déclarations de M. Netanyahou sur Rafah ont contraint le Hamas à durcir ses exigences afin de s'assurer que les forces israéliennes n'entreraient pas dans la ville ».

Quant à l'ancien négociateur israélien Gershon Baskin, voilà ce qu'il déclarait un jour plus tard, lorsque M. Netanyahou a ordonné l'invasion de Rafah, dont le monde entier avait correctement prévenu qu'elle serait un désastre :

  • « Il semble que Netanyahou tente de saboter l'accord avant même que le cabinet n'en reçoive les détails et ne le vote. L'opération militaire israélienne en cours (près de 23 heures, heure d'Israël) vise clairement à pousser le Hamas à revenir sur son accord de cessez-le-feu. Il semble que Netanyahou fasse une fois de plus passer ses propres intérêts politiques avant ceux du pays et des otages israéliens ».

Regardez ce que Biden lui-même disait le 4 juin lorsqu'on lui demandait si Netanyahou prolongeait la guerre pour ses propres raisons politiques – non pas dans une conversation privée qui a été divulguée par la suite, mais dans une interview de politique étrangère très médiatisée dans le magazine Time : « Il y a toutes les raisons de tirer cette conclusion ».

Regardez encore ce que divers responsables ont déclaré à propos des quatre exigences « non négociables » formulées par M. Netanyahou le 7 juillet, qui comprenaient notamment le refus de restituer ceux qu'Israël détenait comme prisonniers (une disposition qui faisait pourtant partie des versions précédentes de l'accord) et une clause qui permettrait à Israël de « reprendre le combat jusqu'à ce que ses objectifs de guerre soient atteints ».

Ces exigences ont été formulées juste au moment où les pourparlers devaient reprendre et juste après que le Hamas eut fait une concession majeure, à savoir qu'il accepterait un accord sans qu'Israël s'engage d'emblée à un « cessez-le-feu complet et permanent » au cours de la première phase de libération des otages, ce que même l'administration Biden avait qualifié d'« ajustement significatif » de la part du groupe.

Voici, par exemple, ce que rapportait le Times of Israel :

  • « Un haut fonctionnaire de l'un des pays assurant la médiation entre Israël et le Hamas a également accusé M. Netanyahou d'essayer de saboter l'accord. . . . [déclarant] que la demande non négociable de reprise des combats après la première phase du cessez-le-feu et de l'accord de libération des otages rendue publique par le bureau de M. Netanyahu avait frappé à l'aspect le plus sensible des négociations en cours ».

Voici ce que rapportait Haaretz :

  • « Une autre source a averti que les nouvelles exigences d'Israël devraient retarder l'achèvement des négociations, et qu'il n'était pas certain que le Hamas accède à ces nouvelles exigences. « Le Hamas a déjà accepté la dernière position présentée par Israël. Mais lors de la réunion de vendredi, Israël a présenté de nouveaux points qu'il demande au Hamas d'accepter », a déclaré une source au fait des détails ».

Voici comment une autre « source sécuritaire » décrivait la démarche de M. Netanyahou à Ynet :

  • « Une conduite inappropriée qui nuira aux chances de retour des personnes enlevées chez elles. Il y a également une question de timing…Avec ce comportement, les personnes enlevées ne reviendront pas ».

Un responsable israélien de la sécurité, dont le nom n'a pas été révélé, s'était, lui exprimé à ce sujet sur la chaîne israélienne Channel 12 : « Netanyahou fait semblant de vouloir un accord mais s'efforce de le torpiller ».

Regardez également les diverses réactions à l'annonce faite par Netanyahou le 11 juillet, qui introduisait pour la première fois au cours des pourparlers l'idée qu'Israël devrait occuper de manière permanente le corridor Philadelphie dans tout accord final, qualifiée par de nombreux rapports israéliens de « durcissement » de la position d'Israël dans les pourparlers. Voilà ce que déclarait à Channel 12 une source proche des négociations :

  • « Il s'agit d'une exigence qui empêchera la conclusion d'un accord. Dans le meilleur des cas, il s'agit d'un obstacle qui rendra la poursuite [des pourparlers] plus difficile, et dans le pire des cas, elle vise à mettre des bâtons dans les roues des négociations et à éliminer la possibilité de parvenir à un accord…Le Premier ministre Netanyahu a ajouté des exigences qui s'écartent des accords conclus avec les médiateurs ».

Voilà ce que déclarait au Washington Post un « ancien haut fonctionnaire égyptien au fait des négociations » : « Netanyahou ne veut pas la paix. C'est tout. Il trouvera des excuses […] pour prolonger cette guerre jusqu'au 5 novembre [date de l'élection américaine] ».

Reuters en se basant sur « deux sources de sécurité égyptiennes » rapportait au même moment :

  • « Selon certaines sources, la délégation israélienne approuvait plusieurs conditions en cours de discussion, mais revenait ensuite avec des amendements ou introduisait de nouvelles conditions qui risquaient de faire échouer les négociations. Ces mêmes sources ont déclaré que les médiateurs considéraient les « contradictions, les retards dans les réponses et l'introduction de nouvelles conditions contraires à ce qui avait été convenu précédemment » comme des signes que la partie israélienne considérait les pourparlers comme une formalité destinée à influencer l'opinion publique ».

Même le quotidien de droite Jerusalem Post abondait dans ce sens, rapportant que des sources anonymes lui avaient confié que « Netanyahou sabote activement la possibilité d'un accord sur les otages, afin d'éviter l'effondrement de son gouvernement », en introduisant la demande de corridor Philadelphie à la dernière minute.

Ces sources ont également « ridiculisé » ces nouvelles exigences « qui ne sont pas pertinentes du point de vue de la sécurité », estimant que le premier ministre était « confiant dans la réélection de [Donald] Trump et ressentait ainsi moins de pression » pour se conformer aux exigences de M. Biden. Elles ont également estimé que « l'énorme concession du Hamas aurait pu conduire à la conclusion de l'accord cette semaine ou la suivante, et qu'un grand nombre d'otages auraient de ce fait pu déjà rentrer chez eux ».

Ces propos ont été confirmés par un rapport publié plus tard, le 28 juillet, par le New York Times, qui a été informé par six responsables israéliens que :

  • « M. Netanyahou était la principale raison du durcissement de la position d'Israël lors des négociations de Rome, et que les principaux responsables de la sécurité faisaient pression pour que le premier ministre fasse preuve d'une plus grande souplesse afin de parvenir à un accord. La marge de manœuvre de M. Netanyahou est limitée par les membres de sa coalition gouvernementale de droite ; certains d'entre eux s'opposent à une trêve qui permettrait au Hamas de survivre à la guerre et ont menacé de faire tomber le gouvernement si leurs souhaits n'étaient pas satisfaits ».

« Les obstacles viennent de Netanyahou »

Quelques jours plus tard, l'assassinat du négociateur qui se trouvait en face de lui, Ismail Haniyeh, un représentant plus modéré du Hamas, a probablement été la preuve la plus évidente du manque de sérieux de M. Netanyahou à l'égard des pourparlers.

Cet acte irréfléchi et totalement illégal a été largement dénoncé, y compris par des responsables de pays participant aux pourparlers. Le premier ministre qatari, Mohammed bin Abdulrahman bin Jassim al-Thani, s'est notamment interrogé à ce propos : « Comment la médiation peut-elle réussir lorsqu'une partie assassine le négociateur de l'autre côté ? ». Ainsi que le ministère égyptien des affaires étrangères, qui, dans un communiqué, a déclaré que :

  • « La coïncidence de cette escalade régionale avec l'absence de progrès dans les négociations sur le cessez-le-feu à Gaza accroît la complexité de la situation et indique l'absence de volonté politique israélienne de la calmer ».

Et même M. Biden lui-même. Selon un fonctionnaire américain dans Axios, le président américain s'est plaint auprès de Netanyahou qu'il ait procédé à l'assassinat alors qu'ils s'étaient entretenus une semaine plus tôt sur la possibilité de conclure un accord, et il lui a dit :

  • « Nous sommes à un point d'inflexion : […] nous devons tout faire pour mettre fin à la guerre et parvenir à la stabilité régionale, même si l'accord n'est pas parfait. Le Hamas veut l'accord maintenant. Cela pourrait changer. »

Il n'est pas étonnant que « trois responsables de pays médiateurs » aient déclaré au Times of Israel, début août, que l'équipe de négociation israélienne avait perdu toute crédibilité. L'un des responsables, un diplomate, avait alors déclaré au journal :

  • « Il est clair qu'il s'agit de tactiques dilatoires ; chaque fois que nous nous rapprochons d'un accord, d'autres attentats se produisent. Haniyeh était quelqu'un qui voulait un accord. Pour l'instant, les obstacles viennent de Netanyahou ».

Ce même diplomate déclarait également que « les négociateurs israéliens disaient une chose aux médiateurs dans la salle et que Netanyahou disait le contraire en public », ce qui retardait les pourparlers, tandis qu'un autre fonctionnaire affirmait que les négociateurs israéliens assuraient à plusieurs reprises aux médiateurs les conditions que le gouvernement israélien était prêt à accepter, pour ensuite revenir sur ces conditions après s'être entretenu avec Netanyahou. Un autre diplomate a révélé, lui, que Netanyahou avait rejeté une offre du Hamas faite quelques jours après le 7 octobre de libérer tous les otages civils en échange d'une pause d'une semaine dans les combats.

En raison de ce comportement, Channel 12 a rapporté que lorsque M. Netanyahou s'est disputé avec ses propres chefs de la sécurité, qui se sont demandé s'il voulait réellement conclure un accord et l'ont exhorté à accepter celui qui était sur la table, le premier ministre israélien leur a répondu en les traitant de « faibles » et leur intimant de faire pression sur le Hamas plutôt que sur lui-même. Cela a conduit les chefs de la sécurité à conclure que M. Netanyahou ne voulait pas d'un accord, selon Channel 12, une source anonyme ayant déclaré à la chaîne : « Il a renoncé aux otages ».

Des récits de ce type se sont poursuivis tout au long de la fin du mois d'août concernant la demande de M. Netanyahou à Philadelphie, jusqu'à la découverte, samedi dernier, des otages exécutés.

Un rapport de Haaretz du 20 août, par exemple, citait deux sources qui affirmaient que Netanyahou « sabotait une fois de plus les pourparlers » et « sapait constamment les négociations et retardait la conclusion d'un accord », rejetant même les propositions de l'establishment de la défense israélienne sur la manière de se retirer de Philadelphie. Un haut fonctionnaire américain voyageant avec le secrétaire d'État Antony Blinken s'est alors plaint « que des déclarations maximalistes comme celles-ci ne sont pas constructives pour faire passer la ligne d'arrivée à un accord de cessez-le-feu et qu'elles risquent certainement de compromettre la capacité » d'avancer dans les négociations.

La semaine dernière, le 28 août, « une source impliquée dans l'accord » a déclaré à Haaretz qu'« à moins d'une certaine flexibilité sur ces questions » – y compris l'insistance de Netanyahou sur une présence israélienne continue dans le corridor de Philadelphie – « il est peu probable que nous soyons en mesure d'obtenir la libération des otages ».

Cela s'est poursuivi jusqu'à hier, lorsque le Washington Post a rapporté que neuf actuels et anciens négociateurs des pays médiateurs étaient d'accord pour dire que la demande de Philadelphie de Netanyahou était le principal obstacle à un accord sur les otages. Un fonctionnaire israélien « se défoulant » dans le journal a ainsi déclaré :

  • « Nous aurions pu les sauver. Le Hamas a commis le crime et doit être tenu pour responsable, mais mon gouvernement avait la responsabilité de faire tout ce qu'il fallait pour les sauver, et il a failli à ses devoirs envers eux et leurs familles. Nous leur devons des excuses ».

Absurdité meurtrière

Il ne s'agit pas d'un, de deux ou même de trois rapports. Il s'agit de plus de deux douzaines d'entre eux, au cours des six derniers mois, émanant de divers organes de l'establishment israélien et américain, qui disent tous la même chose : Netanyahou est le principal obstacle à un accord de cessez-le-feu. Il a systématiquement saboté toute perspective de paix et se soucie bien plus de maintenir sa coalition gouvernementale – et donc de s'accrocher au pouvoir politique – que de ramener les otages chez eux, persuadé qu'il peut simplement s'accrocher jusqu'à ce que les démocrates perdent face à Trump en novembre.

Il est difficile de dire ce qui est le plus absurde : qu'il subsiste un doute sur les raisons pour lesquelles un accord de cessez-le-feu à Gaza, que l'administration Biden appelle de ses vœux, ne peut être conclu, ou que l'administration Biden continue de soutenir et d'armer volontairement l'homme dont tout le monde sait qu'il est son principal saboteur.

*

Illustration : Wikimedia Commons.

******

Abonnez-vous à notre lettre hebdomadaire - pour recevoir tous les liens permettant d'avoir accès aux articles publiés chaque semaine.

Chaque semaine, PTAG publie de nouveaux articles dans ses différentes rubriques (économie, environnement, politique, mouvements sociaux, actualités internationales ...). La lettre hebdomadaire vous fait parvenir par courriel les liens qui vous permettent d'avoir accès à ces articles.

Cliquez sur ce bouton pour vous abonner à la lettre de PTAG :

Abonnez-vous à la lettre

Les dynamiques de l’élection présidentielle étatsunienne

17 septembre 2024, par Kay Mann — ,
L'élection présidentielle américaine a été bouleversée cet été par une série d'événements dramatiques qui ont inversé les prévisions électorales des partis démocrate et (…)

L'élection présidentielle américaine a été bouleversée cet été par une série d'événements dramatiques qui ont inversé les prévisions électorales des partis démocrate et républicain, tandis que des candidats alternatifs, dits third-party, de gauche tels que la candidate écosocialiste du Green Party USA, Jill Stein, et l'intellectuel radical Cornell West se battent pour accéder au scrutin dans de nombreux États.

Tiré de Inprecor
16 septembre 2024

Par Kay Mann

Kamala Harris et Tim Walz à la Desert Diamond Arena, à Glendale, en Arizona, le 9 août 2024. © Gage Skidmore –CC BY-SA 2.0

La prestation désastreuse de Biden lors du débat du 27 juin a soulevé des questions sur les capacités cognitives de Biden, âgé de 81 ans, et a conduit les dirigeants du Parti démocrate et les journalistes qui soutiennent ce dernier à réclamer de plus en plus fortement, et finalement avec succès, le retrait de Biden. Une tentative ratée d'assassinat contre Trump a été suivie d'une convention nationale républicaine bien orchestrée où la domination totale de l'ancien président sur le parti est apparue clairement. Puis Biden s'est retiré, faisant place à l'ascension rapide de la vice-présidente Kamala Harris en tant que candidate à la présidence au nom du Parti démocrate. Alors que selon les sondages Biden et Trump étaient tous deux impopulaires, la convention républicaine semblait avoir renforcé Trump, encourageant les Républicains dans leurs espoirs de pouvoir non seulement remporter la présidence, mais aussi d'accroître leur majorité au Sénat et même de remporter la majorité à la Chambre des représentants.

La dynamique Harris

Toutefois, lorsque Biden a cédé à la pression des poids lourds du parti – tels que Nancy Pelosi et Barack Obama – et des grands donateurs qui avaient commencé à réduire leurs contributions financières à la campagne, et qu'il a passé le flambeau à sa vice-présidente Kamala Harris, les démocrates ont bénéficié d'un regain d'énergie surprenant. Lorsque Harris a annoncé la nomination de son colistier, le gouverneur démocrate Tim Walz, un homme politique de centre gauche en mesure de séduire les électeurs du Midwest, sa campagne a bénéficié d'un regain d'enthousiasme et les dons ont afflué, avec notamment une collecte de 200 millions d'euros dans la semaine qui a suivi le retrait de Biden.

À la veille de la convention nationale du Parti démocrate qui s'est ouverte à Chicago le 19 août, les sondages montraient que Harris devançait légèrement Trump au niveau national et dans certains États clés. La convention nationale du Parti démocrate (DNC) a été l'occasion de réaliser une grande démonstration d'unité et d'énergie. L'extrémisme de Trump a permis à la DNC de présenter Harris et Walz comme un rempart contre le retour des États-Unis à la période d'avant les droits civiques et les droits des femmes, avec le slogan, répété par de nombreux orateurs, « nous ne reviendrons pas en arrière », cela sans proposer le moindre élément de rupture avec la politique de Biden.

Un programme très modéré

Les déclarations politiques de Harris sont plus populistes que progressistes. Lors de la convention, elle s'est prononcée, avec d'autres, en faveur de la défense des droits reproductifs, qui avaient subi un sérieux revers à l'été 2023 lorsque la Cour suprême des États-Unis a rendu son arrêt Dobbs v. Jackson, qui annulait la décision Roe v. Wade de 1973, qui légalisait l'avortement. Mais d'autres déclarations ont également été formulées sur la lutte contre la criminalité et le projet de mettre en place des contrôles frontaliers stricts, des projets généralement associés au Parti républicain. Harris est elle-même une ancienne procureure de San Francisco, et un gradé de la police s'est exprimé depuis la salle lors de la Convention. Alors que Trump et les experts de droite se sont emparés des appels de Harris en faveur d'un contrôle des prix pour lutter contre l'inflation afin de la qualifier de « communiste », la mesure qu'elle propose est populiste, et pas anticapitaliste. Il existe d'ailleurs un précédent : le président républicain Richard Nixon avait instauré un gel des salaires et des prix pendant 90 jours en 1971.

Trump désorienté et affaibli

Face à la dynamique du ticket Harris-Walz, Trump n'a pas réussi à changer de discours, à passer efficacement d'une campagne contre Biden, qu'il dénigrait comme trop vieux et trop faible, à une campagne contre Harris, beaucoup plus jeune avec ses 59 ans – et ses hésitations apparaissent aux yeux du plus grand nombre. Ses conseillers et divers dirigeants républicains lui ont suggéré d'adopter un ton rassembleur, de cesser les attaques ouvertement racistes et sexistes contre Harris, une femme « biraciale » dont le père est un immigrant jamaïcain et la mère une immigrante indienne, et de se concentrer sur les différences politiques. Cependant, il semble incapable de dépasser les injures et la théorie du complot, à l'image de son affirmation selon laquelle la foule du meeting de Harris aurait été gonflée par intelligence artificielle. Ses tentatives pour qualifier Harris et Walz de « communistes » tombent également à l'eau compte tenu du passé conservateur de Harris en tant que procureur, mais aussi parce que les musulman·es et les immigré·es ont depuis longtemps supplanté le communisme en tant qu'épouvantail pour les conservateurs.

Lors d'un meeting en Géorgie, Trump a également lancé une espèce de vendetta contre son gouverneur, pourtant républicain, Brian Kemp, qui n'a pas soutenu la tentative de Trump de voler les élections de 2020. Il est maintenant possible que l'impopularité croissante de Trump et la perte de soutien parmi les électeurs indécis nuisent à la campagne républicaine pour les nombreux sièges du Congrès qui seront également en jeu le 5 novembre prochain.

Le projet fasciste de Trump

S'il gagne en novembre, Trump ne va pas rester les bras croisés… Il menace de « châtiments » et a déclaré qu'il agirait en dictateur « seulement le premier jour ». Il fait régulièrement des immigrés les boucs émissaires de vagues de criminalité inexistantes et a encouragé les nationalistes chrétiens d'extrême droite. Les démocrates se sont emparés d'un document de 900 pages, le Projet 2025, préparé par un « groupe de réflexion » de droite appelé Heritage Foundation et des dizaines d'anciens collaborateurs de Trump pendant sa présidence, qui est une liste de courses rassemblant toutes sortes de propositions réactionnaires. Ceux qui ont regardé le débat national républicain à Milwaukee, dans le Wisconsin, ont vu des délégués à la convention brandir des pancartes réclamant une « déportation massive immédiate » (« Mass Deportation Now ») et les orateurs ont blâmé Biden et les immigré·es pour les décès par fentanyl de leurs proches. Aucune mention n'a été faite du changement climatique. Le projet 2025 prévoit également le remplacement de dizaines de milliers de fonctionnaires par des personnes nommées par Trump.

Le choix par Trump d'un sénateur républicain réactionnaire de l'Ohio, J.D. Vance, investisseur en capital-risque, a reflété la confiance de Trump dans sa capacité à gagner contre Biden sans établir des alliances régionales, démographiques ou politiques, ce qu'un autre candidat à la vice-présidence aurait représenté. Depuis qu'il a été nommé colistier de Trump, les médias ont accordé beaucoup d'attention aux déclarations passées de Vance attaquant les femmes sans enfant et suggérant que les citoyens avec enfants devraient avoir plus de pouvoir de vote que les personnes sans enfant, que le « but » des femmes ménopausées est de s'occuper des petits-enfants dans une sorte de natalisme fasciste réchauffé du vingtième siècle. Pendant les jeux Olympiques d'été à Paris, il a envoyé des commentaires dégradants et transphobes sur Twitter à l'encontre de la boxeuse algérienne cisgenre Imane Khelif qui a remporté une médaille d'or.

Gaza, le talon d'Achille de Harris

Les deux campagnes sont confrontées à un défi programmatique sur une question clé qui pourrait être décisive pour chacune d'entre elles. Harris est associée au soutien de Biden à l'assaut meurtrier d'Israël contre Gaza, ce qui a affaibli sa position auprès des Arabes-Américains et des jeunes, comme en témoignent les nombreuses abstentions « non engagées » lors des primaires du Parti démocrate. Confrontée à des manifestants de soutien à la Palestine lors de l'un de ses premiers événements de campagne en tant que candidate à la présidence, Harris a répondu sèchement en leur demandant s'ils souhaitaient la victoire de Trump. Quelques jours plus tard, elle a solidifié sa position, se déclarant favorable à un cessez-le-feu à Gaza et au retour des otages israéliens. Mais pendant ce temps, Joe Biden approuvait un programme d'aide militaire de 3,5 milliards de dollars à Israël pour l'achat d'armements de haute technologie.

Alors que la DNC semblait unifiée, une série de marches et d'événements pour la Palestine et en faveur des droits reproductifs et des LGBTQI ont été organisés. Mais ces manifestations ont été décevantes et peu nombreuses. Une manifestation organisée la veille de la Convention a attiré moins de 1 000 manifestant·es. Une manifestation à l'appel de la Coalition to March on the DNC, qui s'est déroulée le premier jour de la Convention, a rassemblé environ 3 000 personnes. Les organisateurs avaient espéré une participation dix fois plus forte, étant donné que la région de Chicago, la plus grande des États-Unis, compte 50 000 Américain·es d'origine palestinienne. Cette participation décevante est due notamment à la difficulté d'obtenir de la ville de Chicago les autorisations de manifester, ainsi que l'approche sectaire de Freedom Road Socialist Organization (une organisation maoïste, NDLR), qui a étroitement contrôlé l'organisation des marches.

Le mouvement pour la Palestine revendique un cessez-le-feu à Gaza et un embargo sur les armes à destination d'Israël. Bien qu'il faille un mouvement beaucoup plus large et puissant pour empêcher les États-Unis d'armer Israël, un cessez-le-feu est en revanche possible. Si un accord de cessez-le-feu était conclu, Harris pourrait regagner une partie des électeurs et électrices qui se sont détourné·es de Biden en raison de son soutien à l'assaut israélien contre Gaza. Un autre facteur dans cette équation sera la reprise des cours entre fin août et début septembre dans la centaine d'universités où les étudiant·es ont installé des campements propalestiniens au printemps dernier. Il reste cependant à voir si le ton plus sympathique de Harris et un éventuel cessez-le-feu suffiront à reconquérir certains des milliers d'électeurs et électrices démocrates « non engagé·es » qui en veulent à « Genocide Joe » Biden pour son soutien à Israël et ainsi à démobiliser les protestations sur les campus.

Trump et les droits reproductifs

Trump est confronté à un dilemme similaire en ce qui concerne les droits reproductifs. Le courant anti-avortement est très fort dans son parti, mais Trump comprend que le droit à l'avortement est soutenu par une majorité d'Américain·es, y compris des Républicain·es. Il a tenté de surmonter cette contradiction en affirmant que la question devait être tranchée au niveau des États. Cette tentative de paraître pro-vie aux yeux de l'aile anti-avortement de son parti sans aliéner les républicain·es pro-choix et les indépendant·es semble se retourner contre lui. L'aile républicaine la plus farouchement opposée à l'avortement, qui rêve d'une interdiction nationale de l'avortement, estime qu'il a abandonné sa cause. Vance, le candidat à la vice-présidence de Trump, a récemment déclaré à un journaliste que Trump opposerait son veto à une interdiction nationale de l'avortement, tandis que les républicain·es pro-choix soulignent qu'il s'est fièrement attribué le mérite de l'annulation de Roe v. Wade, l'arrêt de 1973 de la Cour suprême qui a légalisé l'avortement, grâce aux trois juges réactionnaires nommés par ses soins au sein de la Cour composée de neuf personnes.

Le champ de bataille des États

Le système électoral présidentiel américain – mis en place peu après que les colonies américaines eurent gagné leur indépendance vis-à-vis de la Grande-Bretagne dans les années 1790 – est basé sur le système électoral winner-take-all. Au collège électoral, chaque État dispose d'un nombre de voix déterminé par sa population. Le candidat qui obtient la majorité simple des voix dans un État se voit attribuer toutes les voix de cet État. Le candidat qui obtient la majorité – 270 des 538 voix du collège électoral – remporte la présidence.

Au cours des dernières élections, de nombreux États sont devenus très majoritairement républicains (rouges dans le langage politique américain actuel) ou bleus (démocrates). Les États où l'écart est suffisamment faible pour qu'ils puissent pencher d'un côté ou de l'autre, parfois appelés « violets », jouent un rôle prépondérant dans les élections nationales serrées. Un facteur clé de l'élection sera la capacité des démocrates à reconquérir les électeurs de la classe ouvrière dans les États clés comme le Michigan, la Pennsylvanie et le Wisconsin, où de nombreux travailleurs/ses ont abandonné le Parti démocrate, qui bénéficiait du soutien des syndicats jusqu'à ce qu'il démontre son incapacité à trouver des solutions aux fermetures d'usines généralisées qui ont décimé les syndicats, les communautés ouvrières et réduit drastiquement le niveau de vie à partir des années 1980. La victoire de Trump dans l'État industriel et anciennement bleu du Michigan a été décisive face à Hillary Clinton en 2016.

Les syndicats et les élections

Les syndicats américains ont été l'un des piliers de la coalition New Deal du Parti démocrate avec les organisations de défense des Black civil rights, qui s'est formée sous la présidence de Franklin Delano Roosevelt dans les années 1930. Bien que les syndicats n'aient reçu grand-chose en échange de leur soutien au PD, les bureaucrates syndicaux sont restés fidèles au PD et se sont opposés aux efforts visant à rompre avec lui.

Sean O'Brien, président du syndicat des chauffeurs Teamsters, a été vivement critiqué dans les milieux syndicaux progressistes pour avoir pris la parole lors de la convention républicaine. Il n'a pas été invité à s'exprimer lors de la convention des Démocrates à Chicago.

Le président du syndicat United Auto Workers (UAW), Sean Fain, un syndicaliste très lutte des classes qui s'est imposé comme l'un des leaders de la classe ouvrière américaine, a d'abord refusé de soutenir les candidats, avant d'apporter son soutien à Harris au nom du syndicat. Fain a souligné que Biden avait participé à un piquet de grève et soutenu verbalement les grévistes lors d'une grève de l'automobile menée par l'UAW au début de l'année, alors que Trump a organisé des rassemblements avec des travailleurs non syndiqués. Fain a commencé à dénoncer publiquement Trump comme un représentant de la « classe milliardaire », hostile à la classe ouvrière.

Trump a clairement exprimé ses opinions antisyndicales lors d'un entretien avec l'entrepreneur Elon Musk sur X, anciennement Twitter, dont Musk est le propriétaire. Trump a félicité Musk pour avoir licencié des travailleurs pro-syndicats, ce qui a donné lieu à une plainte pour pratiques déloyales au travail déposée par l'UAW le lendemain. Il a bien sûr raison au sujet de Trump et du Parti républicain, même si – alors que Biden, Harris et Walz sont loin d'être eux-mêmes des milliardaires – le parti démocrate est lui aussi contrôlé par les 1 %, par les plus riches. Outre l'UAW, certains des plus grands syndicats des États-Unis, comme le Service Employees International Union (SEIU), l'American Federation of State, County and Municipal Employees (AFSCME) et l'American Federation of Teachers (AFT), ainsi que la fédération syndicale AFL-CIO, soutiennent Harris et Waltz.

L'action politique indépendante ou le « moindre mal »

Les États-Unis restent le seul pays industriel avancé à ne pas disposer d'un parti ouvrier de masse, socialiste ou communiste ayant des liens forts avec le mouvement ouvrier. La gauche débat depuis des décennies des stratégies de « moindre mal » (voter pour les démocrates comme un moindre mal). Les partisans de cette stratégie affirment que le Parti républicain, historiquement ouvertement pro-entreprise et antisyndical, est qualitativement pire pour les travailleurs/ses et les opprimé·es que le Parti démocrate. Les opposants à cette stratégie soulignent l'importance d'une politique indépendante de la classe ouvrière, c'est-à-dire en dehors du PD, en soutenant des candidats third-party de gauche qui mènent des campagnes de propagande et soutiennent les luttes actuelles des travailleurs/ses et du mouvement social, ainsi que la rupture avec les démocrates.

Pour les élections de 2024, les partisans du « moindre mal » soulignent les dangers d'une nouvelle présidence Trump. Certains à gauche ont proposé des systèmes d'échange de votes par lesquels un électeur de Harris dans un État à majorité démocrate « sûr » (non gagnable par Trump, NDLR) accepterait de voter pour Jill Stein en échange de la promesse d'un partisan de Stein dans un État « non sûr » de voter pour Harris.

La plus grande organisation socialiste des États-Unis, Democratic Socialists of America (DSA), a résisté à la dynamique du « moindre mal » et n'a pas soutenu de candidat·e. Lors de l'élection présidentielle de 2020, Solidarity, organisation sympathisante de la Quatrième Internationale, a soutenu le candidat du Parti Vert et membre de Solidarity Howie Hawkins. Cette année, il y a eu très peu de soutien au sein de Solidarity pour un vote de « moindre mal » en faveur de Biden. L'organisation socialiste révolutionnaire appelée le collectif Tempest, n'a pas soutenu de candidat, mais a publié des articles contre le choix du « moindre mal » sur son site internet.

Jill Stein, qui était également la candidate du Green Party USA en 2012 et 2020, a appelé à un cessez-le-feu à Gaza et à un embargo sur les armes contre Israël, et a gagné un soutien très important dans la communauté arabo-américaine. Un récent sondage a montré qu'un pourcentage impressionnant de 43 % des Arabes-Américains du Michigan soutiennent Stein. D'autres sondages montrent qu'elle est soutenue par 1 % des électeurs et électrices du Michigan. Stein devrait être présente sur les bulletins de vote dans 35 à 40 des 50 États. Dans plusieurs États, le Parti démocrate s'est efforcé d'exclure Stein et d'autres personnes du scrutin, tandis que les Républicains ont cyniquement déposé une pétition pour que l'intellectuel noir progressiste Cornell West soit inscrit sur le bulletin de vote. West, qui a récemment gagné une bataille pour figurer sur le bulletin de vote dans le Michigan, n'a obtenu l'accès au scrutin que dans une poignée d'États.

La crise n'est pas finie

Alors que les chances de M. Trump de reprendre la Maison Blanche semblent s'éloigner, il a commencé à préparer le terrain pour dénoncer un supposé vol des élections des 2024 par les Démocrates. Bien que toutes les actions en justice intentées par Trump pour fraude électorale en 2020 aient échoué, le risque demeure que les assemblées législatives des États contrôlées par les Républicains refusent de certifier la victoire de Harris, comme elles l'ont fait pour Biden en 2020. Toutefois, en 2020, Trump était le président en exercice, alors que cette année, c'est Biden qui tiendra les rênes du pouvoir.

Si Trump l'emporte en novembre, nous pouvons nous attendre à des attaques virulentes contre les immigrés et les personnes LGBTQI, à une tentative d'interdiction de l'avortement à l'échelle nationale, à un encouragement de la misogynie et du racisme des nationalistes chrétiens blancs, à des attaques contre les syndicats et les droits de vote des minorités, à la suppression de la sécurité des travailleurs et des protections environnementales, et à une augmentation de l'exploration des combustibles fossiles. La gauche pourra pousser un soupir de soulagement si Harris bat Trump, mais il restera le soutien des États-Unis à Israël, une grave crise du logement, d'énormes inégalités sociales et la tâche historique de construire un mouvement politique de masse de la classe ouvrière et un parti indépendant des partis des classes dominantes.

Le 28 août 2024

*****

Abonnez-vous à notre lettre hebdomadaire - pour recevoir tous les liens permettant d'avoir accès aux articles publiés chaque semaine.

Chaque semaine, PTAG publie de nouveaux articles dans ses différentes rubriques (économie, environnement, politique, mouvements sociaux, actualités internationales ...). La lettre hebdomadaire vous fait parvenir par courriel les liens qui vous permettent d'avoir accès à ces articles.

Remplir le formulaire ci-dessous et cliquez sur ce bouton pour vous abonner à la lettre de PTAG :

Abonnez-vous à la lettre

Le Nouveau Parti Démocratique et le Québec : un fossé infranchissable ?

17 septembre 2024, par Jean-François Delisle — , ,
On a fait grand cas du récent "divorce" Parti libéral du Canada/Nouveau parti démocratique. Plusieurs observateurs ont alors soutenu que cette "rupture de contrat" (conclu en (…)

On a fait grand cas du récent "divorce" Parti libéral du Canada/Nouveau parti démocratique. Plusieurs observateurs ont alors soutenu que cette "rupture de contrat" (conclu en mars 2022) allait favoriser le Parti conservateur de Pierre Poilieve qui caracole en ce moment dans les sondages. En déchirant l'entente qui le liait à Justin Trudeau au profit d'objectifs à court terme, Jagmeet Singh faciliterait donc l'arrivée au pouvoir du plus réactionnaire des partis en présence au Parlement d'Ottawa. On pourrait ajouter que le "gagnant" pour l'instant est le Bloc québécois qui détient la balance du pouvoir. Mais il n'aspire pas à exercer le pouvoir à Ottawa pour d'évidentes raisons puisqu'il s'agit d'une formation souverainiste.

Le NPD ne peut lui non plus espérer accéder au pouvoir mais pour des causes différentes. À l'exception de l'épisode Jack Layton (2003-2011), il n'a jamais vraiment essayé de percer au Québec. Le Québec, son talon d'Achille...

Depuis l'historique performance du parti en 2011 (59 députés élus au Québec, ce qui l'a propulsé au statut d'opposition officielle à Ottawa), le parti n'a cessé d'en perdre sous Thomas Mulcair et surtout Jagmeet Singh. Il ne subsiste plus qu'Alexandre Boulerice ; un type sympathique certes, mais dépourvu de charisme et qui, à première vue s'aligne sans rechigner sur les positions de Singh et de sa garde rapprochée. Dans le comté de Rosemont-La Petite-Patrie, on le réélit à répétition depuis 2011. Mais les gens votent peut-être davantage pour l'homme que pour le parti. Une fois qu'il aura démissionné (ce qui viendra bien un jour), son successeur arrivera-t-il à se faire élire ? Ça reste à voir. Si ce n'est pas le cas, le NPD ne disposera alors plus d'aucun représentant au Québec.
De toute évidence, la direction du parti ne comprend pas l'importance de réussir une percée majeure dans "la Belle province" si elle veut conquérir un jour le pouvoir à Ottawa. Après tout, le Québec est la province la plus peuplée (un peu plus de 9 millions d'habitants) après l'Ontario (15 millions) et par conséquent, possède le plus important réservoir de comtés en second lieu après la province voisine. N'est-ce pas déjà un motif majeur pour tenter d'y faire élire le plus de députés possible ?

Avant tout, le Québec forme une nation dont la plupart des francophones tiennent à divers degrés, à assurer l'autonomie, même à l'intérieur de la fédération canadienne.
Jagmeet Singh ne paraît pas mesurer toute l'ampleur de ce sentiment. Par exemple, lorsqu'il a insisté pour que François Legault adhère au programme de soins dentaires gratuits mis sur pied par le fédéral, il a qualifié l'opposition de celui-ci comme le résultat d'un refus fondé sur des "motifs académiques", c'est-à-dire secondaires et artificiels. Or, n'en déplaise à Justin Trudeau et Jagmeet Singh, le Canada est un État fédéral avec division des pouvoirs entre le niveau central et les provinces, un partage qu'on ne peut bousculer de manière désinvolte, même avec les meilleurs intentions du monde.

Au fond, comme beaucoup de socialistes dans le monde, la plupart des néo-démocrates considèrent le nationalisme comme un discours de diversion par rapport aux "vrais problèmes" sociaux et économiques, un discours qui aurait été inventé par des classes politiques dominantes pour asseoir leur pouvoir sur une société donnée. Ils refusent de voir la réalité en face : le nationalisme constitue un mode fondamental de rassemblement de gens qui partagent une histoire et une culture spécifiques. Il voit les francophones canadiens comme un tout, à l'instar de Justin Trudeau dont il partage par ailleurs le multiculturalisme. La spécificité québécoise, très peu pour lui.

Tant que le Nouveau Parti démocratique regardera le nationalisme québécois comme un obstacle à l'établissement de politiques sociales justes "from coast to coast" et qu'il ne déploiera pas les efforts requis pour s'y tailler une place, il se coupera de toute possibilité d'accéder un jour au pouvoir à Ottawa.

Espérons que le successeur du chef actuel acceptera de comprendre cette réalité élémentaire.

Jean-François Delisle

*****

Abonnez-vous à notre lettre hebdomadaire - pour recevoir tous les liens permettant d'avoir accès aux articles publiés chaque semaine.

Chaque semaine, PTAG publie de nouveaux articles dans ses différentes rubriques (économie, environnement, politique, mouvements sociaux, actualités internationales ...). La lettre hebdomadaire vous fait parvenir par courriel les liens qui vous permettent d'avoir accès à ces articles.

Remplir le formulaire ci-dessous et cliquez sur ce bouton pour vous abonner à la lettre de PTAG :

Abonnez-vous à la lettre

Le programme PAFI, vous connaissez ? PAFI pour programme d'aide financière à l'investissement.

Le brise-glace doit être construit au Québec

17 septembre 2024, par Guy Roy — , ,
Le fédéral vient d'attribuer aux Chantiers Davie un contrat de plusieurs millions pour la conception d'un brise-glace polaire, le plus gros jamais construit et qui aura comme (…)

Le fédéral vient d'attribuer aux Chantiers Davie un contrat de plusieurs millions pour la conception d'un brise-glace polaire, le plus gros jamais construit et qui aura comme fonction d'assurer la souveraineté dans l'Arctique.

Mais il n'est pas encore garanti que le bateau sera construit à Lévis. En effet la compagnie qui possède les Chantiers a aussi un chantier en Finlande. Il se pourrait donc que la construction n'ait pas les retombées qu'on lui prête au Québec.

Pourquoi les Libéraux n'exigent-ils pas que la construction, en plus de la conception, se fasse à Lévis ? Par calcul. Ils veulent en tirer un avantage politique. Et étirer la sauce pour que cela se fasse.

Alors il faut que les indépendantistes se mobilisent à nouveau comme ils l'ont fait quand a été annoncé le Plan de Construction Navale du Canada pour, non seulement avoir notre juste part, mais pour obtenir la certitude que le gouvernement fédéral mette se culottes et exige des propriétaires des Chantiers Davie que la construction du brise-gale polaire se fasse aux Chantiers à Lévis, au Québec, de manière que soient garanties les retombées, pour tout le Québec et pour Lévis.

En plus d'une résolution à l'Assemblée Nationale, le Parti Québécois et Québec Solidaire devraient ensemble revendiquer bien haut que le gouvernement fédéral exige des propriétaires des Chantiers Davie, auxquels ont été accordé le contrat de conception, mette en chantier à Lévis le futur brise-glace sans que ne soit considéré une quelconque construction en dehors du pays.

Ce serait le minimum qu'après avoir attendu pendant des années d'incertitude opportuniste des Libéraux pour réparer la grave injustice des Conservateurs que le brise-glace, dont on a fait miroiter la construction aux ouvriers de la Davie tout ce temps, soit construit à Lévis. Il n'y a pas d'hésitation a à y avoir : le tout doit se concrétiser dans les plus brefs délais par des engagements clairs et doit cesser l'insécurité des ouvriers quant à ces garantis d'emplois ainsi que les promesses douteuses des Libéraux.

Sans cet engagement du gouvernement libéral. Il n'y aura pas de justice à attribuer au Plan de Construction Navale du Canada pour le Québec. Il demeurera une tare dans la répartition des impôts dans ce pays. Nous nous retrouverons à la case départ du combat, non seulement pour notre juste part, mais pour des considérations d'équité élémentaire entre les chantiers canadiens gavés de contrats selon l'expression d'un Harper battu aux élections.

Si la part du Québec n'est pas garantie par un engagement sans équivoque des Libéraux avant qu'ils ne perdent le pouvoir, les Conservateurs pourraient trouver prétexte à laisser aller la construction dans un autre pays, en Finlande en occurrence. Et ce serait une autre belle entourloupette de la députation québécoise parmi la plus servile qu'on ait connue depuis des années.

Guy Roy, retraité

*****

Abonnez-vous à notre lettre hebdomadaire - pour recevoir tous les liens permettant d'avoir accès aux articles publiés chaque semaine.

Chaque semaine, PTAG publie de nouveaux articles dans ses différentes rubriques (économie, environnement, politique, mouvements sociaux, actualités internationales ...). La lettre hebdomadaire vous fait parvenir par courriel les liens qui vous permettent d'avoir accès à ces articles.

Remplir le formulaire ci-dessous et cliquez sur ce bouton pour vous abonner à la lettre de PTAG :

Abonnez-vous à la lettre

Le programme PAFI, vous connaissez ? PAFI pour programme d'aide financière à l'investissement.

15 septembre 2024La fluidité du genre est...

17 septembre 2024, par JéRelle — ,
15 septembre 2024 La fluidité du genre est l'avenir de l'humanité. Nous sommes les pionnières et les pionniers d'une nouvelle époque de l'humanité à venir et à construire. (…)

15 septembre 2024

La fluidité du genre est l'avenir de l'humanité.

Nous sommes les pionnières et les pionniers d'une nouvelle époque de l'humanité à venir et à construire.

JéRelle

L’agenda des féministes 2025

17 septembre 2024, par Les Éditions du remue-ménage — ,
En librairie : le 3 septembre, au Québec | le 27 septembre, en Europe Transféminismes Rien ne rime davantage avec la rentrée que l'arrivée de L'agenda des féministes des (…)

En librairie : le 3 septembre, au Québec | le 27 septembre, en Europe

Transféminismes

Rien ne rime davantage avec la rentrée que l'arrivée de L'agenda des féministes des Éditions du remue-ménage chez les libraires.

En 2025, l'agenda s'intéresse aux transféminismes. Contre les J.K. Rowling, Elon Musk et autres transphobes notoires, nous faisons le choix des solidarités qui refusent l'essentialisme, des féminismes qui permettent d'identifier et de combattre les oppressions et ne se butent pas à des préoccupations anatomiques.

Dans un climat toujours plus hostile aux communautés LGBTQ+, et aux personnes trans en particulier, l'édition 2025 de L'agenda des féministes porte sur les transféminismes, mouvements qui cherchent à dépasser les frontières de sexe, de genre et de race. À l'offensive réactionnaire, ils opposent une pensée politique dissidente et frondeuse qui refuse les catégories imposées par les dominants. Cela passe par une lutte aux côtés de toutes les personnes subissant les violences d'un système injuste et destructeur. L'agenda 2025 est un espace de célébration de la diversité des corps et des idées, et de la puissance des mouvements qui bousculent les dogmes.

Avec les textes de Mihena Alsharif, Barbada, Michaëla Danjé, Freya Dogger, Am Gagnon, Adam K., Judith Lefebvre, la Ligue des droits et libertés, Gabrielle Richard, Leïla Sofiane, Lou St-Pierre, Celeste Trianon et Tranna Wintour.

Illustration de la couverture par Lee Laï

*****

Abonnez-vous à notre lettre hebdomadaire - pour recevoir tous les liens permettant d'avoir accès aux articles publiés chaque semaine.

Chaque semaine, PTAG publie de nouveaux articles dans ses différentes rubriques (économie, environnement, politique, mouvements sociaux, actualités internationales ...). La lettre hebdomadaire vous fait parvenir par courriel les liens qui vous permettent d'avoir accès à ces articles.

Remplir le formulaire ci-dessous et cliquez sur ce bouton pour vous abonner à la lettre de PTAG :

Abonnez-vous à la lettre

7433 résultat(s).
Regroupement des médias critiques de gauche (RMCG)

gauche.media

Gauche.media est un fil en continu des publications paraissant sur les sites des médias membres du Regroupement des médias critiques de gauche (RMCG). Le Regroupement rassemble des publications écrites, imprimées ou numériques, qui partagent une même sensibilité politique progressiste. Il vise à encourager les contacts entre les médias de gauche en offrant un lieu de discussion, de partage et de mise en commun de nos pratiques.

En savoir plus

Membres