Derniers articles

Quelles perspectives énergétiques pour le Québec

PTAG publie des vidéos de la rencontre organisée par l'Association Maurice Richard de Québec solidaire. Cette rencontre s'est tenue au Cégep Ahuntsic le 21 septembre dernier. Jean-François Blain (analyste indépendant en réglementation de l'énergie), Mélanie Busby (Front commun pour la transition énergétique) et Haroun Bouazzi (député de Québec solidaire dans Maurice-Richard) ont ouvert la rencontre. Cette dernière a été animée par Karine Cliche du Réseau Militant Écologiste (RMÉ). André Frappier nous a fait parvenir ses enregistrements vidéos de l'événement. Nous publions ci-dessous les vidéos de chacune de ces interventions.
Intervention de Jean-François Blain sur les orientations du gouvernement Legault en matière d'énergie
Intervention de Mélanie Busby du Front commun pour la transition énergétique
Intervention d'Haroun Bouazzi sur les ambitions des grandes entreprises du secteur de l'énergie et les réponses des groupes écologistes
Abonnez-vous à notre lettre hebdomadaire - pour recevoir tous les liens permettant d'avoir accès aux articles publiés chaque semaine.
Chaque semaine, PTAG publie de nouveaux articles dans ses différentes rubriques (économie, environnement, politique, mouvements sociaux, actualités internationales ...). La lettre hebdomadaire vous fait parvenir par courriel les liens qui vous permettent d'avoir accès à ces articles.
Remplir le formulaire ci-dessous et cliquez sur ce bouton pour vous abonner à la lettre de PTAG :
Abonnez-vous à la lettre

Le GNR et ses « bibittes »

« Je roule au gaz naturel produit ici ». C'est le slogan qu'on peut lire sur les portières des véhicules de la ville de Saint-Hyacinthe.
Nous avons applaudi la mise en marche de cette usine de biométhanisation voilà déjà quelques années. La production de biogaz parfois appelé « gaz naturel renouvelable » (GNR) est une façon de retirer le méthane des matières putrescibles et de le réutiliser à la place du gaz fossile dit naturel. Cela fait partie du « cycle court » du carbone. Le résidu (appelé digestat) peut devenir un engrais utile.[1] D'un point de vue climatique, il vaut donc mieux brûler le méthane que le laisser filer vers le ciel. Donc, en théorie, récupérer le méthane qui serait éventuellement rejeté dans l'atmosphère et gérer utilement les boues de l'usine d'épuration sont de très bonnes idées.
À l'usage, on découvre quelques pépins. Le procédé de biométhanisation se fait dans un biodigesteur, sorte « d'estomac » géant où des millions de milliards de bactéries digèrent la matière organique. Normalement, ça va bien. Cependant, il arrive que les bactéries aient une « indigestion ».[2] Comme pour un être humain qui a une indigestion, l'entourage doit subir des odeurs et des rejets peu ragoûtants qui sont l'antonyme du bon goût. Dans un tel cas, nous sommes tentés de dire au malotru : « Va péter ailleurs ! »
L'utilisation des boues d'épuration dans une usine de biométhanisation est une bonne idée, mais parfois, elle dérange. Depuis le 30 mai, quatre articles, deux éditoriaux et deux lettres ouvertes du maire de Saint-Hyacinthe se sont retrouvés dans Le Courrier de Saint-Hyacinthe pour faire état de ces problèmes. Comme dommages collatéraux, les odeurs intermittentes obligent la ville à geler le développement immobilier dans ce secteur pour trois ans sans oublier une poursuite judiciaire contre la ville par le groupe immobilier Robin.[3] Voilà quelques exemples concrets des désagréments que la biométhanisation peut faire subir au voisinage lorsqu'il y a des dérapages de ce procédé. En terre maskoutaine, nous avons présentement deux de ces usines qui sont en opération : celle de la ville sur la rue Girouard, et CTBM à Saint-Pie. On peut également penser à un projet de traitement du lisier que la Coop de Saint-Jean-Baptiste prévoit implanter à Saint-Damase.
Dans le cas de Saint-Pie, ce sont parfois des rejets d'une eau de couleur douteuse dans le ruisseau des glaises qui posent problème.[4] Pour respecter la qualité de l'eau qui sort de son usine, le Centre de traitement de la biomasse de la Montérégie (CTBM ) expédie les résultats de 3 inspections par année à un laboratoire mandaté. Comme la compagnie n'enverra jamais des échantillons lorsque les « bactéries sont en grève », ces tests sont peu utiles. Des citoyens riverains ont demandé que des inspections soient faites sans préavis par ce laboratoire. La compagnie s'y objecte. Pourtant, une usine de filtration ou de purification de l'eau d'une municipalité doit fournir des tests de la qualité de l'eau quotidiennement. Pourquoi CTBM aurait-elle la présomption de fournir seulement 3 tests annuellement ? Tout comme à Saint-Hyacinthe, c'est la qualité de l'eau du bassin versant de la Yamaska et les citoyens qui vivent à proximité de l'usine qui subissent les contrecoups lorsque « ça va mal » !
Si elle est bien faite, la biométhanisation peut être une bonne manière de gérer les boues d'épuration et certaines matières putrescibles. Mais cette technologie sera toujours une façon marginale de produire du méthane. N'en déplaise à la publicité quasi-mensongère d'Énergir, cela ne représente qu'environ 1% de ce qui circule dans les tuyaux de la compagnie, même si on espère pouvoir augmenter ce ratio légèrement.[5] Bien sûr, cette production de méthane peut faire rouler la flotte de véhicules de Saint-Hyacinthe, mais c'est nettement insuffisant pour tous les besoins d'énergie du Québec, qu'ils soient thermiques ou électriques. Le reste du gaz dit naturel provient de la fracturation hydraulique. Donc, la très vaste majorité du gaz « naturel » d'Énergir est un carburant fossile dont l'empreinte totale est pire que celle du charbon. Alors, il faut prendre la publicité d'Énergir avec des pincettes [6] car, dans ce dossier et dans le cadre des changements climatiques, l'objectif est de gérer les boues et les lisiers sans oublier la qualité de l'eau de la Yamaska. La biométhanisation ne doit jamais être un remède qui soit pire que la pollution originale !
En recherche et développement, il est normal qu'une nouvelle technologie ait besoin d'une période de rodage avant d'être complètement à point. Dans une lettre ouverte en date du 13 juin, le maire de Saint-Hyacinthe, M. Beauregard affirmait que « la ville a décidé de s'attaquer à la situation afin de diminuer, voire d'enrayer, cette source de désagréments. » Le nez collectif des Maskoutains a bien hâte que ces améliorations deviennent réalité. Il en va de même pour les Saint-Piens !
Gérard Montpetit
membre du CCCPEM
le 8 septembre 2024
3] liste des parutions dans Le Courrier de Saint-Hyacinthe depuis le 30 mai 2024 :
Le Courrier de Saint-Hyacinthe, édition du 30 mai 2024,
a) page 9, article par Sarah-Eve Charland « Les mauvaises odeurs reviennent de façon intermittente » ;
b) page 10, éditorial par Martin Bourassa dont le titre est « Que nous cache-t-on ? »
Le Courrier de Saint-Hyacinthe, édition du 13 juin 2024,
a) page 11, Lettre ouverte du Maire « Des travaux essentiels pour une gestion durable des eaux »
Le Courrier de Saint-Hyacinthe, édition du 15 août 2024,
a) page 15, article par Sarah-Eve Charland « Filière biométhanisation ; revoir les attentes » ;
b) page 16, article par Sarah-Eve Charland « Plus de questions que de réponses »
Le Courrier de Saint-Hyacinthe, édition du 5 septembre 2024,
a) page 10, éditorial par Martin Bourassa, dont le titre est « Le trop-plein » ;
b) page 11, Questions et réponses sur ce sujet par le maire de Saint-Hyacinthe, M. Beauregard,
sous le titre « Le maire fait le point » ;
c) page 15, article d'Adaée Beaulieu dont le titre est « La ville de Saint-Hyacinthe interdit l'ajout de
logements et de commerces dans ce secteur »
5] https://www.ledevoir.com/economie/770944/energir-rate-la-cible-de-1-de-gnr
6] https://www.energir.com/fr/a-propos/nos-energies/gaz-naturel/gaz-naturel-renouvelable/
*****
Abonnez-vous à notre lettre hebdomadaire - pour recevoir tous les liens permettant d'avoir accès aux articles publiés chaque semaine.
Chaque semaine, PTAG publie de nouveaux articles dans ses différentes rubriques (économie, environnement, politique, mouvements sociaux, actualités internationales ...). La lettre hebdomadaire vous fait parvenir par courriel les liens qui vous permettent d'avoir accès à ces articles.
Remplir le formulaire ci-dessous et cliquez sur ce bouton pour vous abonner à la lettre de PTAG :
Abonnez-vous à la lettre
Le programme PAFI, vous connaissez ? PAFI pour programme d'aide financière à l'investissement.

Les attentats d’Israël au Liban sont du terrorisme d’État

Le moins qu'on puisse dire c'est que la dernière vague d'attentats israéliens au Liban n'a guère suscité d'émotion dans les médias et les opinions publiques occidentales, qui les ont à peu de choses près présentés comme la riposte inévitable (voire justifiée) d'Israël aux actions que mène le Hezbollah contre Israël et au son soutien qu'il accorde au Hamas.
Tiré du site de la revue Contretemps. Article initialement publié sur le site de Jewish Voice For Peace : The Wire. Illustration : Wikimedia Commons.
Le 19 septembre, Le Monde titrait ainsi « le Hezbollah pris au piège dans son soutien au Hamas ». D'autres médias donnent complaisamment la parole à des spécialistes et des anciens agents du renseignement qui s'extasient devant cette prouesse du Mossad. Pourtant, même s'il est supposé viser des combattants ennemis, l'usage détourné d'appareils civils à des fins létales en dehors des zones de combat est illégal au regard du droit humanitaire, comme l'a rappelé le Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l'homme, Volker Türk, dans l'une des très rares déclarations de responsables d'organismes internationaux condamnant ces attentats.
La directrice pour le Moyen Orient et l'Afrique du nord de Human Rights Watch Lama Fakih a souligné de son côté que « le droit international humanitaire interdit l'utilisation d'engins piégés, c'est-à-dire d'objets susceptibles d'attirer les civils ou associés à un usage civil quotidien normal, précisément pour éviter d'exposer les civils à un risque grave et de produire les scènes dévastatrices qui continuent de se dérouler dans tout le Liban aujourd'hui. Une enquête rapide et impartiale sur ces attaques doit être menée d'urgence. »
En effet, une proportion indéterminée (pour l'instant) des 3000 blessés et des dizaines de morts sont de simples civils, souvent des enfants, qui se trouvaient à proximité de utilisateurs des bipeurs ou des autres appareils piégés de télécommunications lorsque ceux-ci ont explosé, c'est-à-dire, la plupart du temps, dans des commerces, dans la rue, dans des espaces publics très fréquentés ou dans le domicile.
Selon Amnesty International, qui demande également une enquête internationale pour établir la responsabilité de ces attentats, « les éléments dont [nous] disposons indiquent que les bipeurs n'ont pas seulement été distribués à des combattants, mais probablement aussi à des employés d'institutions du Hezbollah qui travaillent à titre civil. Le Hezbollah a déclaré dans un communiqué publié le 17 septembre que les téléavertisseurs appartenaient à des ‘employés de diverses unités et institutions du Hezbollah'. Le ministre de la santé du Liban a déclaré à l'organisation qu'au moins quatre professionnels de la santé avaient été grièvement blessés lors de ces attaques. Deux d'entre eux (…) sont décédés des suites de leurs blessures ».
Le but premier de ces attentats est en effet de semer la terreur dans la population libanaise et préparer le terrain à des attaques d'ampleur, voire à une guerre en bonne et due forme, contre ce pays martyrisé à plusieurs reprises au cours des dernières décennies par les agressions et l'occupation infligées par Israël.
C'est dans cette perspective qu'il faut comprendre le volet proprement militaire de ces actes terroristes, à savoir désorganiser temporairement une partie du système de communication du Hezbollah, tout en poursuivant les assassinats de ses figures dirigeantes. En ligne de mire, l'embrasement de toute la région et une guerre avec l'Iran, qui impliquerait les Etats-Unis et les puissances occidentales, objectif stratégique d'Israël, et tout particulièrement de Netanyahou, depuis plusieurs décennies.
Quant aux médias et aux responsables politiques, en France plus particulièrement, on notera leur silence, qui vaut complicité, face à ce terrorisme d'Etat. Les vies de civils libanais, arabes, musulmans, ne méritent aucun acte, même formel, de contrition ou de compassion. Seule exception, une fois de plus, parmi les formations représentées à l'assemblée, la France insoumise, qui souligne, dans son communiqué, que « ces actes de guerre ont touché indistinctement les personnes présentes autour des appareils piégés, tuant ou mutilant notamment des enfants.
Quelles que soient les justifications avancées, ces attaques constituent de nouvelles violations du droit international, et de la souveraineté du Liban ». Dans un message sur son compte X, Jean-Luc Mélenchon est encore plus explicite : « Netanyahou massacre à présent aussi au Liban. Après l'assassinat des porteurs de bipeurs, de nouveau des frappes visant à terroriser la population non-combattante ». Mais comme le Figaro, non sans malice, le relève : « Si La France Insoumise est rapidement montée au créneau, ses partenaires de gauche sont pour le moment bien silencieux ».
Les attentats ont également été vigoureusement condamnés à l'extrême gauche, notamment par le NPA, qui pointe dans son communiqué « le cynisme et la cruauté d'un État sans aucune limite et dont l'objectif principal est d'entraîner l'ensemble de la région dans une guerre totale et de poursuivre la colonisation effrénée de la Palestine et bientôt du Liban sud ».
Dans l'article qui suit, Madeleine Hall, responsable des médias numériques de Jewish Voice For Peace, le réseau de militant·es Juif·ves basé aux Etats-Unis qui se mobilise massivement contre le génocide à Gaza et en soutien du peuple palestinien, analyse la signification de ces attentats et pointe les responsabilités écrasantes des Etats-Unis, de leur politique étrangère et du poids de leur complexe militaro-industriel.
Stathis Kouvélakis
***
Israël a perpétré deux attentats terroristes au Liban cette semaine, amenant un peu plus la région entière au bord dela guerre totale. Ces actes sont ceux d'un État voyou et le résultat direct d'un sentiment d'impunité totale. Mardi et mercredi, ce sont den effet des milliers de bipeurs et de walkies-talkies chargés d'explosifs qui ont explosé dans tout le Liban. Les explosions ont eu lieu dans des supermarchés bondés, sur des routes très fréquentées, dans des maisons, des écoles et des hôpitaux. Cette vague d'attentats a mutilé plus de 3 000 personnes et tué au moins trente, dont des enfants.
« Israël n'a ni confirmé ni nié son rôle dans les explosions », rapporte le New York Times, « mais 12 responsablesactuels et anciens de la défense et du renseignement [des Etats-Unis] qui ont été informés de l'attaque affirment que lesIsraéliens en sont à l'origine, décrivant l'opération comme complexe et longue à mettre au point ».
Des voitures et des appartements ont été incendiés et les hôpitaux ont été submergés par des milliers de victimes. Comme les engins en question émettaient des signaux sonores répétés avant d'exploser, de nombreuses victimes les tenaient près de leur visage lorsqu'ils ont explosé, provoquant des blessures horribles.
Une grande partie des médias occidentaux s'est émerveillée de la soi-disant « précision » et de la « sophistication » de l'attaque, la présentant comme une opération destinée uniquement à cibler les membres du Hezbollah. C'est manifestement faux, car de nombreux civils ont été blessés et tués.
Le véritable objectif d'Israël était clair : susciter la peur et la panique au sein d'une population entière. Lors de la deuxième attaque, mercredi, des explosions ont été entendues pendant les funérailles de quatre personnes tuées laveille. Selon des informations non confirmées, des panneaux solaires et des distributeurs automatiques de billets ont également explosé lors des attentats. Les habitants de toutes les régions du Liban ont déclaré qu'ils avaient peur d'utiliser des appareils électroniques.
Il existe un mot pour cela : le terrorisme.
Netanyahou, la guerre sans fin pour rester au pouvoir
Les attentats terroristes perpétrés au Liban sont des actes qui pourraient entraîner toute la région dans la guerre, lesautorités israéliennes menaçant d'une invasion imminente le sud du pays.
Le génocide perpétré par Israël à Gaza a dévasté sa propre économie et suscité l'indignation et la condamnation de la communauté internationale. Pourtant, le premier ministre israélien, Benjamin Netanyahou, a toujours intérêt à ce que la guerre s'éternise. C'est la raison pour laquelle il a à chaque fois fait échouer les négociations sur le cessez-le-feu, en insistant sur des conditions impossibles à satisfaire pour prolonger indéfiniment le génocide à Gaza.
C'est également la raison pour laquelle il tente d'entraîner toute la région dans une guerre plus vaste. Après tout, legouvernement israélien bombarde le Liban depuis le début du génocide à Gaza. Ces bombardements ont comporté de nombreuses attaques au phosphore blanc dans des zones peuplées, ce qui constitue une violation flagrante du droit international. En octobre, quelques jours seulement après le début du génocide, une frappe israélienne dans le sud du Liban a tué un reporter de Reuters et blessé six autres journalistes.
Netanyahou veut une guerre sans fin parce qu'il veut rester au pouvoir. Sa coalition gouvernementale est faible et elles'effondrera probablement lorsque l'assaut génocidaire d'Israël sur Gaza prendra fin. Une invasion du Liban entraînerait l'Iran et la Syrie dans la mêlée et transformerait le génocide de Gaza en une guerre sur plusieurs fronts. Il est alors probable que la coalition autour de Netanyahou puisse se maintenir et que son procès pour corruption soit évité.
La guerre signifie plus d'armes pour Israël et plus d'argent pour les entreprises de défense étatsuniennes
Les États-Unis ont déclaré qu'ils s'opposaient à toute nouvelle « escalade » et qu'ils soutenaient une « solution diplomatique » au conflit entre Israël et le Hezbollah. Quoi qu'en disent les responsables étatsuniens, une guerre d'Israël contre le Liban garantira à Israël davantage d'armes et de financements militaires américains – et remplira les poches des fabricants d'armes basés aux États-Unis.
Quand la région est au bord de la guerre, les entreprises de défense comme Lockheed Martin voient leurs actions grimper en flèche. Elles font, en effet, partie d'une industrie dont le chiffre d'affaires est de plusieurs milliards de dollars qui a tout intérêt à ce que la guerre s'éternise.
Voici comment cela fonctionne : les États-Unis envoient à Israël des milliards d'argent du contribuable qui sont ensuite utilisés pour acheter des armes sur le marché américain, produits par des industriels de l'armement basés aux États-Unis, qui exercent une influence énorme sur la politique étrangère et de défense des États-Unis et ont un impact massif sur leur économie.
Israël s'appuie sur un flux constant d'armes étatsuniennes pour maintenir un « état de guerre permanent », y compris son occupation militaire de plusieurs décennies sur des millions de Palestinien.nes et près d'un an degénocide à Gaza. En échange du soutien militaire et diplomatique indéfectible des États-Unis, Israël joue le rôle de pilier central de la domination américaine dans la région en protégeant ce que l'on appelle les « intérêts américains ». Les fabricants d'armes étant très influents, les « intérêts américains » s'alignent généralement sur ceux des entreprises basées aux États- Unis qui fabriquent les bombes.
Israël est un État voyou. S'il continue à bénéficier de l'impunité, il n'y aura que davantage de morts et de destructions. Le seul moyen de mettre fin au génocide à Gaza et d'empêcher une guerre régionale est que le gouvernement américain cesse d'armer Israël, un point c'est tout.
*
Abonnez-vous à notre lettre hebdomadaire - pour recevoir tous les liens permettant d'avoir accès aux articles publiés chaque semaine.
Chaque semaine, PTAG publie de nouveaux articles dans ses différentes rubriques (économie, environnement, politique, mouvements sociaux, actualités internationales ...). La lettre hebdomadaire vous fait parvenir par courriel les liens qui vous permettent d'avoir accès à ces articles.
Remplir le formulaire ci-dessous et cliquez sur ce bouton pour vous abonner à la lettre de PTAG :
Abonnez-vous à la lettre

Trump et les Haïtiens "mangeurs de chiens" : pourquoi son grand-père en a peut-être consommé

Histoire. En accusant les immigrés de "manger du chien", le candidat républicain a oublié que l'Allemagne, dont est originaire sa famille paternelle, a longtemps pratiqué la cynophagie. Et que les Etats-Unis doivent aux immigrés allemands le fameux "hot dog"…
Tiré de l'Express du 16 septembre 2024. L'auteur est directeur adjoint de la rédaction de l'Express.
« À Springfield, ils mangent des chiens, ils mangent des chats. Les gens qui viennent, ils mangent les animaux de compagnie des habitants ». En relayant, lors de son débat du 10 septembre face à sa rivale démocrate Kamala Harris, une fake news particulièrement grotesque sur les immigrés haïtiens qui se nourriraient d'animaux domestiques dans cette commune de l'Ohio, Donald Trump a provoqué une polémique comme il en a le secret. Mais l'ex-président américain a aussi mis en lumière un tabou, censé distinguer notre civilisation d'autres cultures jugées barbares : la cynophagie, ou le fait de manger de la viande de chien. En Occident prédomine aujourd'hui l'idée que ceux qui mangent des animaux canins, devenus les plus proches amis de l'homme, ne peuvent être que des cannibales.
Bas du formulaire
Le Vietnam, la Chine ou l'Afrique tropicale n'ont pourtant pas le monopole de la cynophagie. Il fut un temps, pas si lointain, où mettre un chien dans la casserole n'avait rien de honteux en Europe. L'ironie, c'est que le pays dont est originaire le grand-père de Donald Trump, l'Allemagne, a longtemps manifesté un véritable "amour" pour la consommation de chiens, attendant les années 1980 pour officiellement prohiber la pratique. Jusqu'à cette époque, des bêtes y étaient abattues dans des abattoirs contrôlés par l'Etat. Comme le rappelle le magazine Der Spiegel, qui cite l'ouvrage historique de Rüdiger von Chamier intitulé Hunde essen, Hunde lieben, "ce n'est qu'en 1986 que la loi a interdit de tuer les canidés (chiens) et les félidés (chats) pour obtenir de la viande".
235 144 chiens abattus en Allemagne entre 1905 et 1940
En Europe, la cynophagie a été particulièrement pratiquée en temps de crise. Au XIXe siècle, des scientifiques et autorités ont ainsi mis en avant les atouts protéinés et à bas coûts de la viande canine. "La nature et le goût de la viande de chien ne doivent pas donner lieu à un sentiment de dégoût. Elle peut être consommée sans inconvénient avéré en période de pénurie", déclarait par exemple en 1848 un vétérinaire nommé Höhning. Des boucheries canines se développent dans la deuxième moitié du XIXe siècle. Le kilo de viande de chien coûte alors près de trois fois moins cher que celui de bœuf ou de porc. En France aussi, ces boucheries connaissent un essor durant la guerre franco-prussienne de 1870. "Quelques-uns nous quittèrent/Devant une boucherie canine/Pour y acheter leur repas du soir", témoigne le poète Guillaume Apollinaire dans Alcools en 1913.
A l'argument économique s'ajoute alors une croyance, répandue depuis des siècles, que la graisse de chien a des vertus curatives, notamment en cas de maladies des voies respiratoires. Selon une statistique officielle, 235 144 chiens sont abattus entre 1905 et 1940 en Allemagne, chiffre qui ne prend pas en compte les abattages clandestins. La consommation de viande de chien a particulièrement augmenté pendant la Première Guerre mondiale et la crise économique des années 1920. Amoureux des chiens, Hitler n'a rien fait pour empêcher cet abattage, se contentant d'introduire en 1933 l'obligation d'étourdissement pour les animaux de boucherie. Si le miracle économique allemand de l'après-guerre met un gros coup de frein à la consommation canine, ce n'est qu'en 1985 que le dernier abattoir de chiens, situé à Augsbourg, cesse son activité.
Le "chien chaud" des immigrés allemands
Aujourd'hui, manger du chien est devenu le tabou culturel absolu. Disparu en 2018, le prince Henrik de Danemark, époux de la reine Margrethe II, pourtant grand fan de teckels, avait fait scandale en avouant avoir mangé du chien, comparant son goût à celui du veau. Même le Parlement coréen vient, en début d'année, de voter à l'unanimité l'interdiction de la consommation de cette viande à partir de 2027, un tournant historique sous l'impulsion de la Premier dame Kim Keon-hee, ardente défenseuse du bien-être animal. Nommé "boshintang", le ragoût de chien était en Corée du Sud considéré comme un mets délicat, mais en perte de vitesse chez les jeunes générations. Pourtant, au cœur de l'Europe, en Suisse, la consommation de chien reste toujours autorisée à titre personnel et dans le cadre de l'usage privé. La pratique se perpétuerait discrètement dans des cantons ruraux. En 2014, une association de protection des animaux assurait qu'"environ 3 % des Suisses" mangeraient encore "en cachette du chat ou du chien". La viande de chien serait principalement utilisée pour faire des saucisses et de la graisse contre les rhumatismes.
L'autre ironie historique de la sortie de Donald Trump, c'est qu'au moment même où son grand-père Frederick Trump (né Friedrich Trumpf) émigrait du Palatinat vers New York en 1885, ce n'étaient pas les Haïtiens, mais les immigrés allemands qui, aux Etats-Unis, étaient associés à la viande de chien. A la fin du XIXe siècle, les saucisses dites Frankfurter se popularisent dans le sillage de l'importante vague migratoire venue des ports de Hambourg ou Brême. Mais la rumeur selon laquelle la viande de chien serait utilisée dans sa conception lui vaut rapidement l'appellation de "dog". En anglais, le terme "chien" comme synonyme de "saucisse" est ainsi utilisé depuis 1886.
Selon la tradition, c'est un boulanger originaire de Hanovre, Charles Feltman, qui, le premier à Coney Island, a commencé à vendre des saucisses dans des petits pains allongés, pratiques pour ne pas se brûler les mains. Cet aliment bon marché se répand, notamment via les matchs de base-ball, autre fleuron de la culture américaine. Le "hot dog", ancêtre des fast-foods, est né. En 1913, la chambre de commerce de New York a beau interdire l'utilisation de ce nom à Coney Island pour éviter une mauvaise publicité, le "chien chaud" devient l'une des gloires de la "gastronomie" américaine. Jusqu'à figurer, en 1939, au menu officiel d'un pique-nique organisé à New York par le président Roosevelt pour le roi George VI, au plus grand bonheur du souverain anglais.
Abonnez-vous à notre lettre hebdomadaire - pour recevoir tous les liens permettant d'avoir accès aux articles publiés chaque semaine.
Chaque semaine, PTAG publie de nouveaux articles dans ses différentes rubriques (économie, environnement, politique, mouvements sociaux, actualités internationales ...). La lettre hebdomadaire vous fait parvenir par courriel les liens qui vous permettent d'avoir accès à ces articles.
Remplir le formulaire ci-dessous et cliquez sur ce bouton pour vous abonner à la lettre de PTAG :
Abonnez-vous à la lettre

Pour la paix, pour Gaza, pour notre humanité

Cette année, l'ONU a choisi pour thème de la Journée internationale de la paix (21 septembre) « Promouvoir une culture de paix ». Entre pays, cela implique minimalement l'exigence du respect du droit international et des droits humains par tous.
Depuis un peu plus de deux ans, les postures diamétralement opposées prises par le Canada face à la guerre en Ukraine, puis face à l'assaut génocidaire d'Israël contre Gaza, nous ont révélé à quel point son attachement au droit international et aux droits humains est factice et instrumentalisé.
Condamnations et sanctions contre la Russie
Quand la Russie a envahi l'Ukraine en février 2022, le Canada et tous les pays occidentaux ont instantanément sonné l'alarme. La Russie viole « l'ordre mondial basé sur des règles », cible des infrastructures civiles, crée des millions de réfugié·e·s et des milliers de victimes civiles, annexe illégalement des territoires, etc. Toutes choses vraies, bien sûr… mais un seul côté de la médaille, occultant l'autre, celui de leurs propres responsabilités.
Le Canada a aussi immédiatement mis en branle tout un train de sanctions contre des proches collaborateurs du pouvoir, des « entités » financières de défense et d'énergie et des banques. Il a interdit les exportations pouvant profiter à l'armée russe et celles de services essentiels au fonctionnement des industries pétrolière, gazière et chimique de la Russie, etc. À peine une semaine après le début de la guerre, avec 38 autres États, le Canada a demandé au Procureur de la Cour Pénale Internationale (CPI) d'enquêter sur d'éventuels crimes de guerre et crimes contre l'humanité commis par la Russie en Ukraine. Et deux mois plus tard, le Parlement canadien a adopté une motion condamnant « des actes de génocide contre le peuple ukrainien » !
Mais face à l'horreur sans fin à Gaza, rien de tout ça
Depuis octobre 2023, le blocus total et l'assaut monstrueux d'Israël ont à la fois réduit en ruines la bande de Gaza et plongé toute la population dans des conditions d'errance, de famine, d'insalubrité, d'épuisement et de traumatismes. En se basant sur les chiffres du ministère de la Santé, grandement sous-estimés selon plusieurs experts, on calcule aisément que plus de 3 600 civils ont été tués en moyenne chaque mois à Gaza, contre moins de 400 par mois en Ukraine (selon les chiffres de l'ONU). À Gaza, plus de 1 400 enfants ont été tués en moyenne chaque mois, contre 23 en Ukraine. Où sont les condamnations et les sanctions du Canada à la hauteur de ces crimes ?
À Gaza, selon les grandes organisations internationales humanitaires et de droits humains, l'échelle des violations du droit et des souffrances infligées aux humains est sans précédent. L'ampleur de la destruction généralisée des infrastructures est sans précédent. La rapidité avec laquelle toute une population a été plongée dans une situation de famine est sans précédent. Jamais une crise n'a vu autant d'agences et de rapporteurs spéciaux des Nations Unies sonner l'alarme. À répétition. Sans compter qu'en août 2024, l'organisation israélienne B'Tselem a publié un rapport intitulé « Bienvenue en enfer : le système pénitentiaire israélien, un réseau de camps de torture ». Où sont les condamnations et les sanctions du Canada à la hauteur de ces crimes ?
Dès le 13 octobre 2023, les organisations palestiniennes de défense des droits de l'homme ont lancé un appel auxÉtats tiers à intervenir d'urgence pour protéger le peuple palestinien contre un génocide. Par la suite, de très nombreux experts internationaux, dont le dernier en lice est Omer Bartov, éminent historien de la Shoah et des génocides du 20e siècle, ont qualifié de génocide les actions israéliennes à Gaza.
De plus, la Cour internationale de Justice (CIJ) a statué, le 26 janvier 2024, qu'il était plausible qu'Israël commette des actes de génocide à Gaza. Le24 mai, elle a ordonné à Israël de cesser son offensive militaire à Rafah. Le 20 mai, le procureur du TPI, Karim Khan, a demandé des mandats d'arrêt pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité contre le premier ministre et le ministre de la Défense israéliens. Pour toute réponse, Israël a qualifié la CIJ et le procureur du TPI d'antisémites.
Où sont les condamnations et les sanctions du Canada pour s'acquitter de sa responsabilité de prévenir un génocide en vertu de la Convention internationale dont il est signataire à cet égard ?
Instrumentalisation des droits et répression
Face à tout cela, donc, le Canada n'a rien fait de ce qu'il a fait dans le cas de l'Ukraine. Que devrait-on en comprendre ? Simplement, que face aux violations commises par des rivaux stratégiques (Russie, Chine) de l'hégémonie étasunienne, ou face à des pays qui refusent cette hégémonie (Cuba, Iran, Venezuela), le Canada et les autres pays occidentaux – menés en cela par les États-Unis, maître d'œuvre de l'OTAN – montent une propagande, dénoncent et sanctionnent tous azimuts. Alors que face aux violations d'un allié, coupable de pire, on regarde ailleurs, on feint la compassion pour les victimes, on répète des paroles creuses ad nauseam et on ne fait rien.
Pour défendre l'indéfendable, on va même plus loin : on vilipende celles et ceux qui dénoncent sans relâche les crimes d'Israël et la complicité du Canada, en assimilant leur action à de l'antisémitisme, et on les réprime.
Notre devoir d'humanité et notre survie
Les tendances lourdes à l'œuvre au Canada et dans les autres sociétés occidentales sont antinomiques d'une culture de paix. Rhétorique de confrontation avec les pays « menaçant » l'hégémonie occidentale, militarisation et course aux armements accélérées, montée du racisme, de la xénophobie, de l'islamophobie et de l'intolérance au sein de nos sociétés, tout cela gangrène de plus en plus notre commune humanité et nos chances de survie comme espèce, advenant une troisième guerre mondiale vers laquelle on semble vouloir absolument nous mener !
Promouvoir une culture de paix, c'est d'abord et avant tout avoir le courage de s'opposer à ces courants de toutes nos forces. Et cela passe urgemment par la solidarité grandissante avec le peuple de Palestine, la dénonciation du génocide et du soutien inconditionnel de nos gouvernants à Israël.
Jean Baillargeon
Judith Berlyn
Martine Eloy
Raymond Legault
Suzanne Loiselle
– Porte-paroles du Collectif Échec à la guerre
*****
Abonnez-vous à notre lettre hebdomadaire - pour recevoir tous les liens permettant d'avoir accès aux articles publiés chaque semaine.
Chaque semaine, PTAG publie de nouveaux articles dans ses différentes rubriques (économie, environnement, politique, mouvements sociaux, actualités internationales ...). La lettre hebdomadaire vous fait parvenir par courriel les liens qui vous permettent d'avoir accès à ces articles.
Remplir le formulaire ci-dessous et cliquez sur ce bouton pour vous abonner à la lettre de PTAG :
Abonnez-vous à la lettre
Le programme PAFI, vous connaissez ? PAFI pour programme d'aide financière à l'investissement.

La Ville que nous voulons appuie le Collectif Avenir Saint-Patrick

Le collectif _La Ville que nous voulons_ a pris connaissance récemment d'un projet visant à récupérer l'école Saint-Patrick qui sera transférée dans un nouvel établissement en contruction ce qui devrait permettre la réalisation de projets utiles pour le quartier à la suite du transfert de l'école de la rue de Maisonneuve en 2027.
Le _Collectif Avenir Saint-Patrick propose les objectifs suivants :
* Bâtir des logements abordables et sociaux organisés en cooporative d'habitation
* Préserver et bonifier l'espace vert public qu'est la cour de l'école
* Intrégrer des principes écologiques dans l'aménagement de la coopérative et du centre communautaire
* Mettre ce lieu à l'abri de la spéculation immobilière et le collectiviser
* Renforcer et bonifier l'offre en services communautaires dans le quartier, au sein d'une structure à but non lucratif
* Devenir un pôle, un lieu dynamique et rassembleur, un acteur important de la vie du quartier
* Conserver et valoriser le patrimoine bâti, ainsi que l'héritage culturel anglophone des lieux
Ces objectifs rejoignent parfaitement ceux du Collectif La ville que nous voulons. En ce qui concerne le logement il est bien connu que de nombreuses citoyennes et de nombreux citoyens se voient privé.e.s d'un logement abordable et coopératif ce qui les place dans une situation de pauvreté inacceptable.
Notre société est confrontée à des enjeux majeurs : réchauffement climatique, inégalités sociales et économiques, aménagements axés en fonction des projets des promoteurs, démocratie déficiente, pour ne citer que les plus criants. De nombreuses organisations sociales agissent à longueur d'année pour défendre les intérêts de la population avec des succès mais aussi avec des difficultés dues à une vision dépassée du pouvoir municipal actuel qui piétine sur les questions urgentes comme le transport collectif, la construction de logements sociaux, l'aménagement viable et une densification intelligente sur l'ensemble du territoire, la protection des terres agricoles présentes à Québec, etc.
Le projet proposé pour l'avenir de l'école Saint-Patrick permet d'apporter une contribution au renforcement de la vie sociale et solidaire dans ce secteur important et vivant de Québec. La Ville de Québec devrait donc soutenir le projet du Collectif _Avenir Saint-Patrick_ notamment en prenant les dispositions afin de garantir l'acquisition des lieux par les organisateurs des projets de ce Collectif.
Il est donc essentiel d'exprimer notre appui à ce projet et d'inviter le plus grand nombre d'organismes et de personnes à faire de même.
– - - - - - - - - - - - - - - - - -
Pour plus d'information communiquez avec le courriel suivant :
villequenousvoulons@reseauforum.org
à l'attention de Serge Roy
xxxxxxxxxxxxxx
Voici également l'accès à une lettre d'appui que vous pouvez signer et transmettre à titre personnel au Collectif Avenir Saint-Patrick :
https://docs.google.com/forms/d/e/1FAIpQLScBkkc5TKja0UHHDeDxFpEimp9_DTzUa1pZpcYrIjMoxXynhA/viewform
*****
Abonnez-vous à notre lettre hebdomadaire - pour recevoir tous les liens permettant d'avoir accès aux articles publiés chaque semaine.
Chaque semaine, PTAG publie de nouveaux articles dans ses différentes rubriques (économie, environnement, politique, mouvements sociaux, actualités internationales ...). La lettre hebdomadaire vous fait parvenir par courriel les liens qui vous permettent d'avoir accès à ces articles.
Remplir le formulaire ci-dessous et cliquez sur ce bouton pour vous abonner à la lettre de PTAG :
Abonnez-vous à la lettre
Le programme PAFI, vous connaissez ? PAFI pour programme d'aide financière à l'investissement.

VJI condamne la campagne de terreur menée par Israël au Liban

Ces derniers jours, une campagne de terreur a semé la désolation et la mort au Liban. Mardi, une explosion coordonnée de téléavertisseurs dans tout le Liban a fait 12 morts, des centaines de personnes dans un état critique et des milliers de blessés. Mercredi, une explosion coordonnée similaire d'appareils de communication tels que des téléphones et des « talkies-walkies » a fait 14 morts et des centaines de blessés.
19 septembre 2024 IJV Canada
Bien que les autorités israéliennes n'en aient pas encore assumé la responsabilité, plusieurs rapports ont confirmé que l'explosion avait été orchestrée et planifiée des mois auparavant par les services de renseignement israéliens.
Plusieurs médias grand public et experts ont déformé cette campagne de terreur israélienne contre la population civile du Liban en la présentant comme une attaque ciblée et sophistiquée contre de hauts responsables du Hezbollah. Nous savons que ce n'était pas le cas. L'attaque israélienne sur les méthodes de communication a visé et tué des civils, dont Fatima Abdullah, âgée de 9 ans.
Certains responsables canadiens, comme l'ancien conseiller spécial sur l'antisémitisme de l'université d'Ottawa, Artur Wilczynski, ont fait l'éloge du déploiement de terreur qu'Israël a déclenché au sein de la société libanaise. Des groupes de pression pro-israéliens tels que le CIJA ont également publié des déclarations faisant l'apologie de la mort et de la destruction engendrées par la campagne de terreur israélienne. Soyons clairs : le meurtre indiscriminé de civils et l'utilisation d'infrastructures civiles comme armes létales sont des crimes au regard du droit international.
La démission de M. Wilczynski est la première étape d'un mouvement plus large de responsabilisation des fonctionnaires et des lobbyistes, et la confirmation que le public canadien et les Juif.ve.s canadiens n'accepteront jamais l'idée que le recours à la terreur est digne d'éloges.
Bien que les actions d'Israël doivent être dénoncées avec la plus grande fermeté, ces crimes n'ont malheureusement pas reçu la condamnation universelle qu'ils méritent.
Alors que nous sommes sur le point de marquer le premier an du génocide israélien contre le peuple palestinien de Gaza, la campagne meurtrière d'Israël semble s'étendre à la Cisjordanie et aux pays voisins tels que le Liban. Les crimes du gouvernement israélien risquent d'embraser toute la région.
Le Canada doit condamner cet acte d'agression israélien et sa campagne visant à terroriser la population civile du Liban. Le Canada doit prendre toutes les mesures diplomatiques, politiques et économiques nécessaires pour sanctionner les crimes contre l'humanité et les crimes de guerre commis par Israël à Gaza, en Cisjordanie et au Liban.
Le gouvernement canadien doit honorer ses obligations internationales, condamner la campagne de terreur d'Israël et prendre les mesures nécessaires pour prévenir d'autres violences en sanctionnant Israël et ses dirigeants civils et militaires, qui ont violé les normes les plus élémentaires du droit international humanitaire.
VJI se tient aux côtés du peuple libanais à la suite de ces horribles attaques et continuera à travailler avec ses allié.e.s en vue d'un avenir meilleur empreint de justice, d'égalité et de paix pour tous.tes.
*****
Abonnez-vous à notre lettre hebdomadaire - pour recevoir tous les liens permettant d'avoir accès aux articles publiés chaque semaine.
Chaque semaine, PTAG publie de nouveaux articles dans ses différentes rubriques (économie, environnement, politique, mouvements sociaux, actualités internationales ...). La lettre hebdomadaire vous fait parvenir par courriel les liens qui vous permettent d'avoir accès à ces articles.
Remplir le formulaire ci-dessous et cliquez sur ce bouton pour vous abonner à la lettre de PTAG :
Abonnez-vous à la lettre
Le programme PAFI, vous connaissez ? PAFI pour programme d'aide financière à l'investissement.

Pour sortir le Nouveau Parti Démocratique de la marginalité au Québec : ajuster le tir.

Le Québec est-il décidément une terre stérile pour le grand parti social-démocrate fédéral ? Ce dernier peut-il encore entretenir l'espoir d'une quelconque percée électorale sérieuse dans la "Belle province" ?
Tout d'abord, examinons les résultats du scrutin partiel tenu lundi le 16 septembre dans le comté de La Salle-Émard-Verdun. La direction du parti a investi des efforts soutenus pour le remporter ; le chef Jagmeet Singh y a affirmé une présence fréquente. On ne peut affirmer que la performance du NPD y a été décevante. Qu'on en juge par les résultats en termes de votes obtenus : Le Bloc québécois a raflé 28,2% des voix, le Parti libéral 27,3%, le NPD 26,1% et le Parti conservateur a végété avec 11,5%. La formation dirigée par Jagmeet Singh a donc terminé en troisième position, talonnant ses deux principaux adversaires.
Cette élection confirme par ailleurs que les politiques sociales et économiques restrictives prônées par le Parti conservateur ainsi que le style de leadership abrasif de son chef Pierre Poilievre ne conviennent pas à une majorité d'électeurs et d'électrices francophones.
Alors, pourquoi les néo-démocrates n'arrivent-ils pas à en profiter pour améliorer leur score au Québec ? Croient-ils seulement encore à cette possibilité ?
J'ai déjà abordé à ce propos les obstacles généraux rencontrés par le parti pour y parvenir : méfiance à l'endroit du nationalisme québécois, politiques centralisatrices et peu d'efforts consentis pour rallier l'électorat québécois à sa cause.
Pourtant, celle-ci n'est pas désespérée comme l'a prouvé la réussite (cependant éphémère) de Jack Layton en 2011. Toutefois, le NPD n'a pas poursuivi sur sa lancée et les successeurs de Layton, Thomas Mulcair et Jagmeet Singh ont laissé passer la chance d'implanter leur formation de manière durable au Québec.
Quand on regarde la situation de plus près, on s'aperçoit que les Québécois et Québécoises connaissent mal le NPD. Pourquoi ? En raison du peu d'efforts investis par sa direction au Québec.
Il n'existe aucune équipe substantielle dont la mission consisterait à assurer une présence continue du NPD ici ni de lieutenant québécois prestigieux ou convaincant. Alexandre Boulerice, en dépit d'évidentes qualités comme député, n'a pas la stature d'un leader "national" québécois capable de conseiller le chef du parti sur la politique à suivre chez nous. Bref, la direction du parti à Ottawa ne fait guère d'efforts pour se doter au Québec d'une équipe chargée d'effectuer une percée électorale significative.
Cette situation déprimante est-elle due aux échecs répétés du parti auprès de l'électorat québécois, ce qui ferait que les candidats ne se bousculent pas aux portes ou l'inverse, c'est-à-dire que les échecs consécutifs du NPD s'expliqueraient par cette absence ? Sans doute un peu des deux. On ne peut non plus faire surgir un représentant d'envergure au poste de conseiller d'un coup de baguette magique.
Mais il me semble que mettre sur pied un groupe de conseillers expérimentés et éventuellement trouver un leader relève du possible à condition d'y consacrer le temps et les efforts requis. Ce groupe et ce "leader" pourraient alors "travailler" le Québec, donc être présents sur beaucoup de tribunes et participer à des luttes sociales. Ils se donneraient aussi comme mission de "réconcilier" le NPD avec le nationalisme québécois, ce qui ne se ferait pas sans tiraillements internes, mais le jeu en vaut la chandelle.
La domination électorale de plus en plus relative du Parti libéral fédéral au Québec (33,7%et 35 sièges obtenus en septembre 2021) et la large part qu'est allé chercher le Bloc à la même occasion (32,1% pour 32 sièges) ne sont pas inévitables. Notons que lors de ce scrutin général, le NPD a du se contenter de 9,8% des voix et d'un seul député, Alexandre Boulerice. Il était à la traîne derrière les conservateurs (18,6% et dix députés).
Enfin, Jagmet Singh n'est peut-être pas le chef idéal pour orienter le parti dans cette direction. Il est aussi multiculturaliste que Justin Trudeau et méfiant à l'endroit du nationalisme québécois. Il faudrait penser à le remplacer tôt ou tard, et vaudrait mieux tôt que tard.
En conclusion, oui le NPD peut s'imposer au Québec mais à certaines conditions qui n'ont pas été respectées jusqu'à maintenant. Il doit corriger le tir.
Jean-François Delisle
*****
Abonnez-vous à notre lettre hebdomadaire - pour recevoir tous les liens permettant d'avoir accès aux articles publiés chaque semaine.
Chaque semaine, PTAG publie de nouveaux articles dans ses différentes rubriques (économie, environnement, politique, mouvements sociaux, actualités internationales ...). La lettre hebdomadaire vous fait parvenir par courriel les liens qui vous permettent d'avoir accès à ces articles.
Remplir le formulaire ci-dessous et cliquez sur ce bouton pour vous abonner à la lettre de PTAG :
Abonnez-vous à la lettre
Le programme PAFI, vous connaissez ? PAFI pour programme d'aide financière à l'investissement.

Ma place au travail remet des témoignages à l’Assemblée nationale, alors que 34 000 enfants sont toujours sans place en service de garde

Québec, le 19 septembre 2024 – Ce jeudi, l'organisme Ma place au travail, accompagné de parents et d'alliés, se rendra à l'Assemblée nationale du Québec afin de remettre des recueils de témoignages de familles affectées par la pénurie de places en services de garde aux porte-paroles en matière de famille et à la ministre de la Famille, Madame Suzanne Roy.
Cette action fait suite à la campagne de mobilisation en ligne #loteriedesgarderies, une initiative visant à dénoncer les impacts de cette pénurie sur des dizaines de milliers de familles québécoises en cette période de rentrée.
La pénurie de places en services de garde occupe une place centrale dans l'actualité depuis quelques semaines, et la situation ne s'améliore pas : 34 000 enfants sont toujours sur la liste d'attente du guichet unique, la qualité éducative est en baisse, la moitié des CPE sont en déficit financier et les éducatrices à la petite enfance, en pleine négociation, envisagent la grève. Autant de constats démontrant qu'il reste encore beaucoup à faire pour nos décideurs afin de trouver des solutions rapides et durables pour compléter le réseau. Obtenir une place de qualité et abordable ne devrait pas être comparable à une victoire à la loterie.
« Bien que nous saluons les efforts du gouvernement pour créer de nouvelles places en services de garde, il est évident que la liste d'attente, qui compte toujours plus de 34 000 enfants, ne diminue pas assez vite. Ce chiffre est l'indicateur le plus crucial pour les parents. Créer des places, c'est une chose, mais sont-elles abordables ? Sont-elles de qualité ? Dispose-t-on du personnel qualifié pour les combler durablement ? Si la
liste d'attente reste inchangée malgré les annonces et initiatives, cela démontre qu'il y a un problème structurel qui nécessite une réponse rapide et efficace. » déclare Marylin Dion, directrice générale de Ma place au travail.
Ma place au travail appelle le gouvernement à compléter le réseau des services de garde en prenant en compte les impacts à long terme de ses décisions. Il est essentiel de créer rapidement des places de qualité et abordables pour toutes les familles. Investir dans le réseau de services de garde éducatifs, c'est répondre aux besoins immédiats des parents tout en misant sur l'avenir économique et social de notre société. Les experts s'accordent à dire que l'accessibilité à des services de garde de qualité représente un investissement stratégique pour le Québec, dont les retombées positives sont prouvées et incontestables.
À propos
Ma place au travail est un organisme à but non lucratif assurant une veille de l'offre proposée aux familles québécoises en matière de services de garde et intervient auprès des instances gouvernementales afin que chaque parent qui le désire puisse avoir accès à une place de qualité et subventionnée pour son enfant. L'organisme vise à faire connaître les difficultés bien réelles que les familles rencontrent dans leurs recherches d'un milieu de garde, et ce, tous types de milieux confondus. Ma place au travail expose régulièrement les répercussions de la pénurie sur la vie personnelle, professionnelle et financière des parents.
*****
Abonnez-vous à notre lettre hebdomadaire - pour recevoir tous les liens permettant d'avoir accès aux articles publiés chaque semaine.
Chaque semaine, PTAG publie de nouveaux articles dans ses différentes rubriques (économie, environnement, politique, mouvements sociaux, actualités internationales ...). La lettre hebdomadaire vous fait parvenir par courriel les liens qui vous permettent d'avoir accès à ces articles.
Remplir le formulaire ci-dessous et cliquez sur ce bouton pour vous abonner à la lettre de PTAG :
Abonnez-vous à la lettre
Le programme PAFI, vous connaissez ? PAFI pour programme d'aide financière à l'investissement.

Protéger les enfants trans ; Des militants queer, antifascistes et des personnes trans unissent leurs forces contre la haine

*Tio'tia:ke/Mooniyang/Montréal, le 20 septembre 2024* – *Une coalition de militants queer, antifascistes et de personnes trans de divers horizons [la coalition]* se mobilise ce vendredi 20 septembre pour contrer la propagation de la haine et de la discrimination.
En réponse aux récents appels à des manifestations nationales lancés par des organisations conservatrices telles que Hands Off Our Kids (HOOK) et Ensemble Pour Protéger Nos Enfants (EPPNE), la coalition organise une contre-manifestation le *20 septembre* sur la *Place Vauquelin - 275 Notre Dame à Montréal *à partir de *8h00*. La contre-manifestation comprendra diverses activités, y compris des discours, des performances et de la musique. L'objectif est de lutter pour la protection des enfants trans partout, de l'Île de la Tortue à la Palestine, en s'opposant à la montée de la haine au Canada tout en envoyant un message de solidarité et de soutien aux jeunes trans du monde entier. Trois porte-parole de la contre-manifestation seront disponibles pour entrevues en français et en anglais de *7h30 à 9h30* ; *Aziz Jamil (iel/il, accords masculisn)* – intervenant psychosocial, *Rebecca Lavoie (iel, accords féminins)* – Miliante pour la Faction Contre le Génocide, en Solidarité (F.A.G.S.) et *Zev Saltiel (il, accords masculins)* – Travailleur social , intervenant psychosocial et parent.
Les groupes conservateurs HOOK et EPPNE ont activement promu une rhétorique nuisible contre les personnes trans et les droits LGBTQ+, affirmant faussement que les écoles endoctrinent les enfants et sapent l'autorité parentale. Leurs efforts ont entraîné une augmentation de la discrimination, du harcèlement et des menaces envers les communautés marginalisées. La mobilisation des protestataires anti-trans et anti-drag
l'année dernière a donné naissance au Comité des Sages, qui a travaillé main dans la main avec l'EPPNE pour ralentir les réformes pro-trans au sein du gouvernement provincial.
Cependant, la coalition ne restera pas silencieuse. Elle est là pour marcher pour la protection de tous les enfants, quelle que soit leur identité de genre ou sexuelle. « Nous luttons pour le même objectif, le nôtre incluant la protection et le bien-être des jeunes trans et queer, des jeunes qui ont des parents ou des proches queer et trans, ou des jeunes qui ont des amis trans et queer. Nous luttons pour les jeunes dans TOUTES leurs
identités croisées », a déclaré Zev Saltiel. Les mesures que l'EPPNE et HOOK préconisent auront un impact direct sur la santé mentale des enfants trans. La coalition cherche donc à contrer leurs efforts et à protéger les enfants trans et queer.
Adam Philomena du Centre de lutte contre l'oppression des genres, une organisation à but non lucratif indépendante qui a mené la célèbre affaire judiciaire contre le procureur général du Québec en faveur des droits des jeunes trans au Québec,
<https://www.canadianlawyermag.com/p...>
déclare : « Cette contre-manifestation est absolument nécessaire dans les temps que nous vivons, et nous félicitons les organisateurs pour leurs efforts inlassables en faveur de notre communauté. Les enfants et les jeunes trans méritent une protection maintenant et toujours, et ils méritent des foyers sûrs et accueillants où ils peuvent s'exprimer
librement et explorer leurs identités sans jugement. De plus, il est vital que les étudiants cishet apprennent également l'existence des réalités queer – ce n'est pas de l'endoctrinement, c'est de l'éducation. Refuser cette connaissance aux jeunes étudiants, c'est leur refuser une éducation qui reflète les réalités de notre monde. Nous sommes ici pour nous battre pour les jeunes trans, qu'ils.elles soient arabes, musulman.es et/ou
racisé.es <http://xn--racis-fsa.es>
, pour les jeunes autochtones et bispirituel.les, et tous les enfants et jeunes trans qui méritent la sécurité et l'acceptation. »
« Nous croyons qu'enseigner aux enfants la simple existence des personnes trans et queer est bénéfique, tant pour les enfants queer et hétéro », souligne Aziz Jamil, un porte-parole de la coalition. « La queerness et la transness ont toujours existé, et ne pas en parler augmente la haine envers notre communauté et les risques de problèmes de santé mentale chez les enfants queer. Les enfants queer méritent un espace sûr et, si la maison ne peut pas être cela pour eux, cela doit être l'école. Sans mes enseignants m'ayant aidé à naviguer dans mon genre et ma sexualité et, surtout, sans leur respect de ma confidentialité, je ne suis pas sûr que je serais en vie aujourd'hui. Il s'agit d'une question de sécurité, de vie ou de mort pour les enfants queer et trans. », réaffirme Rebecca Lavoie, une militante de F.A.G.S. Une étude publiée par le Canadian Medical Association Journal (CMAJ) <https://www.cmaj.ca/content/194/22/E767> a révélé que les jeunes
2SLGBTQ+ présentent un risque suicidaire et de présence d'idéations suicidaires disproportionnellement plus élevé, les jeunes trans ayant cinq fois plus de risques d'idées suicidaires et 7,6 fois plus de risques de tentative de suicide. Ces chiffres stupéfiants reflètent l'importance de l'objectif global de la coalition, *« Protégeons tous.te.s les enfants
trans ».*
À propos : La coalition *Protégeons tous.te.s les enfants trans* est un regroupement ad hoc de militant.es queer, antifascistes et de personnes trans d'horizons multiples qui se sont rassembler pour organiser une contre-manifestation agissant comme un contre-poids politique aux revendications transphobes d'organisations comme Hands Off Our Kids (HOOK) et Ensemble Pour Protéger Nos Enfants (EPPNE) qui s'attaquent aux droits de
toute la communauté 2SLGBTQ+.
*****
Abonnez-vous à notre lettre hebdomadaire - pour recevoir tous les liens permettant d'avoir accès aux articles publiés chaque semaine.
Chaque semaine, PTAG publie de nouveaux articles dans ses différentes rubriques (économie, environnement, politique, mouvements sociaux, actualités internationales ...). La lettre hebdomadaire vous fait parvenir par courriel les liens qui vous permettent d'avoir accès à ces articles.
Remplir le formulaire ci-dessous et cliquez sur ce bouton pour vous abonner à la lettre de PTAG :
Abonnez-vous à la lettre
Le programme PAFI, vous connaissez ? PAFI pour programme d'aide financière à l'investissement.

Belgique - Meurtre et agression homophobe à Ixelles : pour des lieux communautaires sortant des logiques marchandes !

Une famille a été attaquée fin août dans son domicile, près de la place Flagey. Des coups de feu ont été tirés, entraînant la mort du père et blessant sa femme et son fils. Dans la presse, les circonstances ne sont pas encore tout à fait claires mais il semblerait que les agresseurs aient débarqué dans l'appartement familial pour extorquer le fils qu'ils avaient alors hameçonné sur l'application de rencontre Grindr.
Tiré de Gauche anticapitaliste
17 septembre 2024
Par Goto Van Kern
Grindr est d'abord pensé à destination des personnes LGBTI et notamment populaires chez les hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes.
Cette histoire a eu un certain écho dans les médias suite au dénouement tragique qu'on lui connaît mais ce n'est malheureusement pas un cas isolé : de juin à fin août, l'ASBL Ex Aequo rapporte dix guet-apens ayant un mode opératoire similaire via Grindr.
Un chiffre évidemment sous-estimé selon le secrétaire de l'ASBL, Mike Mayné, qui fait remarquer que la plupart des gens ne portent pas plainte. Une remarque étayée par le récent rapport de l'Agence européenne des droits fondamentaux en 2023 faisant état que seulement 14% des victimes de violences homophobes vont se plaindre à la police, notamment par manque de confiance dans la police, voire carrément par crainte de subir d'autres brimades homophobes. (1)
Quiconque connaît quelques personnes LGBTI peut se rendre compte que ces histoires de guet-apens sont loin d'être un phénomène récent et que nombre d'ancien.ne.s dans la communauté ont pu rapporter des histoires similaires. Le site d'information LGBTI français “Têtu” a même une catégorie d'articles consacrée à ce genre de crimes et la liste est longue avec une quinzaine d'articles sur le sujet en 2024. (2)
Le parquet reste néanmoins prudent sur la qualification de ces crimes comme étant homophobes. C'est pourtant une posture plus que naïve et assez symptomatique de la façon erronée dont on peut comprendre le fonctionnement des oppressions. En effet, il faudrait sans doute pour le parquet lire dans les pensées des agresseurs pour savoir si la haine homophobe était réellement leur motif. Au lieu de cela, nous préférons nous demander pourquoi ces truands ont choisi spécifiquement d'extorquer un homme gay via Grindr plutôt que d'autres applications de rencontre.
La réponse est simple, ces agresseurs exploitent sciemment la vulnérabilité d'une population marginalisée pour faire leur business. Les agressions de ce type augmentent et de plus en plus de personnes LGBTI témoignent de violences, et il est clair que des irresponsables politiques comme David Clarinval (et Georges-Louis Bouchez son complice enthousiaste) contribuent à un climat qui rend ces violences propices.
Pointer les personnes queer comme étant un mal menaçant la civilsation les déshumanise et légitime dans la tête des agresseurs le passage à l'acte. Cela contribue également à les isoler, en les encourageant à dissimuler leur orientation et leur identité, ce qui est un frein pour leur accès à la justice.
Un autre enjeu de l'affaire, plus complexe, consiste à trouver un équilibre entre deux attentes importantes dans ce genre d'applications. D'une part, la nécessité d'avoir des profils vérifiés pour éviter que l'application devienne un outil pour les guet-apens. D'autre part, l'anonymat sur ces applications de rencontres peuvent être un plus pour les personnes qui ne sont pas out et qui préféreraient éviter qu'une entreprise privée dispose de leurs données personnelles, d'autant plus quand on sait que Grindr a déjà été condamné pour partage illégal des données dans le cadre de marketing ciblé en Norvège. (3)
Une des pistes évoquées par les utilisateurs serait une vérification optionnelle du profil et qui laisserait le choix aux personnes qui souhaitent prendre le risque de fréquenter des profils anonymes.
Ex Aequo a publié quelques conseils d'autodéfense en utilisant des applications de rencontre : “Échange les numéros de téléphone avec la personne qui te propose un rendez-vous
. Conserve ce numéro chez toi et, si possible, partage-le avec une personne de confiance
. Parle au téléphone ou en visio avec la personne avant de te rendre sur le lieu de la rencontre
. Choisis si possible un lieu que tu connais et qui te permet de mettre fin à la rencontre si tu n'es pas à l'aise
. Vérifie si ton téléphone portable te permet de pré-configurer des appels ou des sms d'urgence que tu peux déclencher de manière ‧discrète (…)
. Il est plus prudent que tu puisses voir la personne à travers une vitre ou un judas ‧avant de lui ouvrir la porte de chez toi. Ne laisse pas la porte ouverte en avance” (4)
Reste que ce dilemme entre anonymat et sécurité illustre la nécessité criante pour la communauté LGBTI d'avoir des lieux communautaires sortant des logiques marchandes néfastes afin de pouvoir se rencontrer et sociabiliser.
Des lieux qui soient en mesure d'organiser l'autodéfense collective des personnes queers sans pour autant aspirer leur argent en encourageant des pratiques addictives (les personnes LGBTI étant plus vulnérables face aux assuétudes comme avec l'alcool ou le tabac notamment).
Photo : Licence Creative Commons
Print Friendly, PDF & Email
1. https://fra.europa.eu/sites/default/files/fra_uploads/fra-2024-lgbtiq-equality_en.pdf
2. https://tetu.com/tag/guet-apens-homophobes
3. https://www.lemonde.fr/pixels/article/2021/12/16/la-norvege-inflige-une-amende-record-a-l-appli-grindr-pour-partage-illegal-des-donnees_6106278_4408996.html
4. https://www.exaequo.be/fr/ta-sante/victime-de-violence
*****
Abonnez-vous à notre lettre hebdomadaire - pour recevoir tous les liens permettant d'avoir accès aux articles publiés chaque semaine.
Chaque semaine, PTAG publie de nouveaux articles dans ses différentes rubriques (économie, environnement, politique, mouvements sociaux, actualités internationales ...). La lettre hebdomadaire vous fait parvenir par courriel les liens qui vous permettent d'avoir accès à ces articles.
Remplir le formulaire ci-dessous et cliquez sur ce bouton pour vous abonner à la lettre de PTAG :
Abonnez-vous à la lettre

La CSN se mobilise pour un réseau de la santé public

Des dizaines de militantes et de militants de la Confédération des syndicats nationaux (CSN) ont installé des affiches contre la privatisation du réseau de la santé devant la clinique médicale privée RocklandMD, ce midi. Cette mobilisation est la première d'un plan d'action prévu cet automne par le Conseil central du Montréal métropolitain-CSN contre la réforme de la santé Dubé.
La clinique médicale privée RocklandMD n'est pas un choix anodin pour la CSN.
« Rockland, c'est un véritable centre d'achat médical. Les patients deviennent des clients et magasinent leurs soins, comme si c'était une paire de souliers. Les Québécoises et les Québécois paient donc leurs soins en double : une fois à travers leurs impôts et une deuxième fois de leur poche ou à travers leurs assurances », dénonce Dominique Daigneault, présidente du Conseil central du Montréal Métropolitain-CSN.
« Comme si ce n'était pas assez, ce phénomène fragilise le réseau et exacerbe les inégalités sociales. Les gens les plus vulnérables sont les premiers à subir les impacts de la privatisation et du manque d'investissement dans le système public », ajoute Mme Daigneault.
L'adoption de la réforme Dubé consacre la centralisation extrême des pouvoirs au sein de l'agence Santé Québec et pave ainsi la voie à un nouvel élargissement du secteur privé. Cela accélèrera l'effritement du secteur public, au profit d'entreprises et des médecins-entrepreneurs.
Depuis quelques mois, la CSN s'organise partout à travers le Québec sous le signe de la campagne Pour un réseau vraiment public ! Elle lance cet automne une campagne d'affichage publicitaire ayant comme slogan « Pas de profit sur la maladie », laquelle invite les Québécoises et les Québécois à visiter le site vraimentpublic.org et à joindre leurs voix à la lutte pour un réseau vraiment public.
Abonnez-vous à notre lettre hebdomadaire - pour recevoir tous les liens permettant d'avoir accès aux articles publiés chaque semaine.
Chaque semaine, PTAG publie de nouveaux articles dans ses différentes rubriques (économie, environnement, politique, mouvements sociaux, actualités internationales ...). La lettre hebdomadaire vous fait parvenir par courriel les liens qui vous permettent d'avoir accès à ces articles.
Remplir le formulaire ci-dessous et cliquez sur ce bouton pour vous abonner à la lettre de PTAG :
Abonnez-vous à la lettre

Semaine de l’égalité des sexes 2024 : les femmes méritent de meilleures conditions

Les syndicats du Canada demandent aux chefs de partis politiques fédéraux de saisir l'occasion offerte en cette Semaine de l'égalité des sexes pour s'engager à améliorer les conditions des femmes.
Les grandes entreprises aggravent la crise de l'abordabilité pour les travailleuses et travailleurs et leurs familles, provoquant une hausse vertigineuse du coût du logement, de l'épicerie et d'autres produits de première nécessité. Cette crise fait mal à tout le monde, mais elle est beaucoup plus difficile pour les personnes pour qui les ressources sont déjà limitées, notamment les femmes et les personnes d'identités de genre diverses.
Au Canada, 60 % des personnes qui travaillent au salaire minimum sont des femmes, près d'un tiers des femmes vivent dans un logement inabordable, de taille inadéquate ou en mauvais état et, selon un rapport de Statistique Canada de 2023, 21 % des familles dont le principal soutien économique est une femme était en situation d'insécurité alimentaire par rapport à 16 % des familles dont le principal soutien économique est un homme et l'insécurité alimentaire était la plus importante parmi les familles monoparentales dont le parent est de sexe féminin (41 %).
Les travailleuses et travailleurs canadiens rejettent la politique de haine et de division véhiculée par les conservateurs. Nous savons que tout le monde est étranglé, et nous exigeons de chaque parti politique qu'il se mette sérieusement à la tâche et s'engage à trouver de vraies solutions qui ouvrent la voie à un avenir meilleur.
Agissez pendant la Semaine de l'égalité des sexes 2024 ! Joignez-vous à notre campagne Travaillons ensemble et dites aux leaders politiques fédéraux :
Nous exigeons de meilleures conditions et que les entreprises paient leur juste part afin que les travailleuses et travailleurs puissent enfin améliorer leur sort.
En obligeant les riches entreprises à payer leur juste part d'impôt, nous pourrons réinvestir dans ce qui maintient nos collectivités fortes, comme par exemple des programmes rendant la vie plus abordable, nos systèmes de soins et le logement pour tous.
Nous exigeons une assurance-médicaments : les travailleuses et travailleurs ont besoin de meilleures conditions qui font enfin passer nos besoins avant tout.
Un trop grand nombre de travailleuses et travailleurs n'ont pas les moyens de payer leurs médicaments en raison de la cupidité des entreprises et des efforts des conservateurs qui visent à protéger les profits des entreprises. Les femmes sont particulièrement plus susceptibles que les hommes de ne pas se procurer un médicament sur ordonnance en raison des coûts – qu'elles soient couvertes ou non par un régime d'assurance-médicaments.
Nous exigeons de meilleures conditions qui donnent la priorité aux soins et aux personnes qui les fournissent.
Les femmes constituent la majeure partie de l'économie des soins rémunérés et non rémunérés, et les emplois de soins aux enfants, aux personnes âgées et aux personnes en situation de handicap ont tendance à être sous-rémunérés et précaires.
Les travailleuses des soins s'occupent de nos enfants, de nos parents et de nos proches ; or, les dirigeants conservateurs provinciaux et fédéraux préfèrent prioriser les coupures plutôt que de les soutenir. Il n'est pas étonnant qu'il y ait des pénuries de personnel dans les soins de santé, les services de garde d'enfants et d'autres secteurs de soins, et que les services de garde deviennent de plus en plus difficiles à trouver.
Nous exigeons de meilleures conditions afin de donner la priorité aux bons emplois et d'avoir un mot à dire sur notre avenir.
Les phénomènes météorologiques extrêmes menacent nos vies et nous privent de notre gagne-pain. La hausse des températures provoque d'intenses feux de forêt, des pénuries d'eau, des sécheresses et des déplacements de population ; on prévoit également qu'elle entraînera des pertes de revenu chez les Canadiens, en particulier pour les ménages à faible revenu.
Les changements climatiques ont une incidence disproportionnée sur les cultures, les traditions et les économies des peuples autochtones et sur les rôles traditionnels des femmes, des filles et des personnes d'identités de genre diverses autochtones dans leurs communautés. Il a également été démontré que les phénomènes météorologiques extrêmes augmentent la demande pour des services liés à la violence conjugale.
Il est temps d'exiger de meilleures conditions faisant passer les travailleuses et travailleurs avant tout et ouvrant la voie à un avenir meilleur. Travaillons ensemble et faisons-nous entendre.
Siobhán Vipond, vice-présidente exécutive du CTC : « Le fossé salarial se creuse en raison des effets inéquitables de la crise de l'abordabilité, et la situation ne semble pas s'améliorer. Les femmes sont surreprésentées dans les emplois à temps partiel et faiblement rémunérés, et les femmes et les personnes d'identités de genre diverses sont plus susceptibles d'être mal logées et de vivre dans l'insécurité alimentaire. Lorsque les coûts des produits de première nécessité comme la nourriture, le logement et les services publics augmentent, ces inégalités de longue date sont aggravées. Le temps est venu pour le gouvernement fédéral d'agir. »
Bea Bruske, présidente du CTC : « La flambée des prix a provoqué une hausse vertigineuse des bénéfices chez les personnes les plus riches et les entreprises, alors que tous les autres en font les frais. Les travailleuses et travailleurs en ont assez de subventionner le mode de vie somptueux des multimillionnaires et milliardaires du Canada. Il est maintenant temps pour ces profiteurs de payer leurs dus. Le gouvernement fédéral a le devoir d'obliger les grandes entreprises et les investisseurs à payer ce qu'ils doivent et de réinjecter cet argent dans des programmes sociaux qui soutiennent les travailleuses et travailleurs et nos familles. »
Abonnez-vous à notre lettre hebdomadaire - pour recevoir tous les liens permettant d'avoir accès aux articles publiés chaque semaine.
Chaque semaine, PTAG publie de nouveaux articles dans ses différentes rubriques (économie, environnement, politique, mouvements sociaux, actualités internationales ...). La lettre hebdomadaire vous fait parvenir par courriel les liens qui vous permettent d'avoir accès à ces articles.
Remplir le formulaire ci-dessous et cliquez sur ce bouton pour vous abonner à la lettre de PTAG :
Abonnez-vous à la lettre

Le Liban et la stratégie d’intimidation israélienne

[Cet article a été écrit quelques heures avant l'acte terroriste de masse qui a visé des membres du Hezbollah par le biais de bipeurs dans l'après-midi du 17 septembre, illustrant ainsi l'actualité de son titre.]
Gilbert Achcar
Professeur, SOAS, Université de Londres
Les menaces israéliennes concernant une attaque imminente contre le Liban se sont multipliées ces derniers jours, en particulier depuis l'attaque préventive israélienne contre le Hezbollah le 25 août, qui a été suivie par l'attaque lancée par le parti en représailles à l'assassinat de son chef militaire Fouad Shukr. Depuis ce jour, Benjamin Netanyahu a commencé à être blâmé en chœur pour la taille de l'opération préventive, que certains commentateurs sionistes ont considérée comme inférieure à ce qui était nécessaire, car ils souhaitent une attaque qui va au-delà des cibles militaires pour atteindre des proportions dissuasives en causant des destructions intensives dans les concentrations de population dans lesquelles le parti prévaut.
Ce qui est remarquable, c'est que l'exercice du blâme ne s'est pas limité aux membres les plus extrémistes de l'extrême droite sioniste, champions de la surenchère permanente, mais qu'il a également compris le « centre » sioniste représenté par Benny Gantz, l'un des dirigeants de l'opposition à Netanyahou, ancien chef d'état-major de l'armée israélienne et membre du cabinet de guerre formé pour superviser la réoccupation de Gaza jusqu'à sa démission en juin dernier, provoquant ainsi sa dissolution. Gantz a commenté l'attaque en comme étant « trop peu, trop tard ». Un commentateur de Maariv, le journal qui représente le point de vue du « centre-droit » sioniste, a écrit que prévenir ce que le Hezbollah préparait n'était pas suffisant, mais qu'il fallait plutôt une campagne aérienne à grande échelle qui dissuaderait le parti de continuer à échanger des missiles à la frontière, de façon à permettre aux Israéliens déplacés depuis le début de la guerre en cours de rentrer chez eux.
Le débat s'est depuis intensifié dans les cercles sionistes, tandis que les piliers de l'extrême droite sioniste se sont empressés de détourner l'accusation de leur allié Netanyahou, qui les a permis d'accéder au pouvoir, en cherchant à diriger les critiques vers le ministre de la guerre, rival de Netanyahu au gouvernement et au sein du parti Likoud, Yoav Galant. La réponse de ce dernier a été de surenchérir sur ses détracteurs en soulignant la nécessité d'élargir la portée de la guerre avec le Hezbollah et de lui donner la priorité sur la guerre à Gaza, dont les principaux objectifs ont été atteints selon lui. L'actuel chef d'état-major israélien, Herzi Halevi, a depuis souligné l'efficacité des attaques que ses forces ont lancées et continuent de lancer alors qu'elles se préparent à une guerre à grande échelle contre le Hezbollah, y compris des exercices menés à la fin du mois dernier qui comprenaient un entraînement d'infanterie pour une attaque terrestre contre le Liban.
Netanyahou lui-même a contribué à battre les tambours de la guerre à venir contre le Liban, par l'intermédiaire de l'un de ses proches collaborateurs du Likoud qui lui a attribué l'intention de lancer une guerre qui fera ressembler la banlieue de Beyrouth à Gaza, selon ses propos, et qui sera précédée d'une attaque « préventive » similaire à celle du 25 août, mais durant quelques jours plutôt que quelques minutes ou quelques heures. Le chef du Commandement Nord d'Israël, le général de division Ori Gordin, un vétéran d'une longue série de guerres commençant par la dernière phase de l'occupation sioniste du Sud-Liban (1985-2000), a participé à cette surenchère. Selon des informations divulguées par son entourage, Gordin a demandé le feu vert pour que l'armée sioniste puisse réoccuper une zone tampon dans le sud du Liban. Étant donné que les mêmes nouvelles indiquaient que Galant et Halevi étaient en désaccord avec Gordin sur le lancement d'une guerre à grande échelle contre le Liban à l'heure actuelle, la question semble relever du bras de fer entre Netanyahu et Galant. La querelle entre les deux hommes a atteint un point tel que des rumeurs ont circulé selon lesquelles le premier serait sur le point de limoger le second de son poste ministériel.
L'administration Biden a craint que cette surenchère ne conduise à une attaque israélienne majeure contre le Liban à l'heure actuelle, ce qu'elle ne souhaite pas pour deux raisons : d'une part, parce qu'elle est dans une situation de « canard boiteux » qui l'empêcherait de pouvoir contrôler la situation, et d'autre part, parce qu'une nouvelle guerre apparaîtrait comme un échec de ses efforts, que son adversaire, Donald Trump, exploiterait dans sa campagne électorale aux dépens de l'actuelle vice-présidente de Biden et candidate de son parti pour lui succéder à la présidence. Washington a donc dépêché en toute hâte son envoyé spécial pour le conflit entre Israël et le Hezbollah, Amos Hochstein, qui a rencontré Galant lundi. Le ministre de la guerre a haussé le ton, soulignant au cours de la réunion que la guerre contre le Liban était imminente et qu'il ne croyait plus à la possibilité de parvenir pacifiquement à ce que Washington tente d'obtenir par des négociations. L'administration Biden prône un retour à la résolution 1701 du Conseil de sécurité de l'ONU adoptée à la fin de la guerre de 2006, avec le retrait des forces du Hezbollah du sud du Liban au nord du fleuve Litani, et leur remplacement par l'armée régulière libanaise, en plus des forces de l'ONU présentes sur les lieux.
Où est la vérité dans toute cette surenchère et cette intimidation ? Nous ne pouvons que répéter ici ce que nous avons souligné à la fin du mois de juin dernier, à savoir que « les deux parties, Netanyahu et l'opposition, estiment qu'il n'y a pas de troisième option sur leur front nord : soit le Hezbollah accepte de se retirer vers le nord […], soit ils mèneront une guerre dévastatrice contre le Hezbollah à un coût élevé qu'ils jugent tous nécessaire pour rétablir la capacité de dissuasion de leur État, considérablement diminuée sur le front libanais depuis le 7 octobre ». (« Les battements de tambour au Sud-Liban préludent-ils à une guerre totale ? », 25 juin 2024). Étant donné que l'État sioniste ne peut pas lancer une guerre à grande échelle contre le Liban sans la pleine participation des États-Unis, surtout que l'administration Biden l'a averti qu'une telle guerre se transformerait en conflagration régionale, il est difficile pour Netanyahu ou Galant de soutenir l'initiative de lancer une agression surprise à grande échelle contre le Liban sans feu vert de Washington. Israël n'aurait même pas pu mener sa guerre génocidaire contre Gaza sans la participation des États-Unis, et le Hezbollah est beaucoup plus fort que le Hamas et ses alliés à l'intérieur de la bande de Gaza.
Netanyahou agit donc actuellement en gardant les yeux rivés sur les élections américaines : s'il estime que Trump va gagner, il attendra que ce soit confirmé, voire que Trump revienne à la Maison Blanche, avant de lancer une guerre contre le Liban en collusion avec lui et en préambule à une agression à grande échelle contre les réacteurs nucléaires en Iran même. Si, en revanche, il estime que la victoire de Kamala Harris est la plus probable, ou si cette victoire se produit lors des élections du 5 novembre, cela l'incitera à profiter du temps restant de la présence de Biden à la Maison Blanche pour faire escalader les choses jusqu'à l'état de guerre. Il est probable qu'il cherchera alors à s'assurer que Biden est impliqué dans le soutien à l'agression en donnant au Hezbollah un ultimatum avec un délai précis et court pour se soumettre à la pression et se retirer.
Les récentes positions de Netanyahou, y compris son rejet du cessez-le-feu à Gaza et de l'échange de prisonniers demandé par l'administration Biden, ne peuvent en effet pas être comprises sans tenir compte des élections américaines. Contrairement aux analyses qui se sont concentrées sur la seule politique intérieure israélienne, il ne fait aucun doute que le refus de Netanyahu d'accorder à l'administration Biden ce qui semblerait être un succès politique au milieu de la campagne électorale américaine actuelle est un grand service rendu à Trump, dont Netanyahu cherchera à récolter les fruits si ce dernier remporte la présidence pour la deuxième fois.
Traduction de ma tribune hebdomadaire dans le quotidien de langue arabe, Al-Quds al-Arabi, basé à Londres. Cet article est paru le 10 septembre en ligne et dans le numéro imprimé du 11 septembre. Vous pouvez librement le reproduire en indiquant la source avec le lien correspondant.
*****
Abonnez-vous à notre lettre hebdomadaire - pour recevoir tous les liens permettant d'avoir accès aux articles publiés chaque semaine.
Chaque semaine, PTAG publie de nouveaux articles dans ses différentes rubriques (économie, environnement, politique, mouvements sociaux, actualités internationales ...). La lettre hebdomadaire vous fait parvenir par courriel les liens qui vous permettent d'avoir accès à ces articles.
Remplir le formulaire ci-dessous et cliquez sur ce bouton pour vous abonner à la lettre de PTAG :
Abonnez-vous à la lettre
Le programme PAFI, vous connaissez ? PAFI pour programme d'aide financière à l'investissement.

Consultations particulières dans le cadre du projet de loi 69

Le projet de loi n° 69, déposé à l'Assemblée nationale du Québec le 6 juin 2024, s'inscrit dans un effort de modernisation des lois entourant le secteur de l'énergie, dans un contexte où le Québec s'est engagé à atteindre la décarbonation de son économie d'ici 2050. Ce projet de loi, intitulé Loi assurant la gouvernance responsable des ressources énergétiques et modifiant diverses dispositions législatives, vise à adapter les cadres législatifs et réglementaires pour répondre aux défis d'une transition énergétique majeure.
Environ 50 % de l'énergie consommée au Québec provient encore de combustibles fossiles, ce qui donne une idée de l'ampleur des défis à relever pour y arriver.
Pour réussir cette transition, le gouvernement du Québec propose des actions pour accroître l'efficacité énergétique, diversifier et augmenter les sources d'approvisionnement en énergies renouvelables, et investir dans les infrastructures existantes pour optimiser la production. Les modifications législatives envisagées couvrent plusieurs axes, notamment l'accélération des projets énergétiques, la gouvernance du secteur, la gestion de l'offre et de la demande, ainsi que la tarification de l'électricité et du gaz naturel.
Tel qu'il est proposé, le projet de loi n° 69 semble privilégier une approche centrée sur la maximisation des gains économiques ($) et des mégawatts (MW), tout en négligeant d'autres aspects cruciaux liés à la justice sociale, à l'équité environnementale et à la transition énergétique. L'allocation prioritaire des nouvelles ressources énergétiques à des fins d'industrialisation, particulièrement d'origine étrangère, et non de décarbonation, compromet la transition énergétique de la province. Autrement dit, l'électricité « propre » du Québec est mise au service de la croissance économique et du développement industriel plutôt qu'au service de la décarbonation complète des bâtiments.
Il s'agit là d'un choix politique et non d'un enjeu de capacité. On détourne des mégawatts qui devraient être consacrés à la transition énergétique pour les allouer à l'industrialisation. Ensuite, on nous dit que si nous voulons décarboner, il faudra recourir au nucléaire, au solaire, et à d'autres sources d'énergie. Cette approche met en péril les objectifs de transition énergétique en priorisant la croissance industrielle aux dépens du développement de solutions réellement durables. De plus, en misant principalement sur l'accroissement de la production d'énergie et en maintenant un soutien implicite au gaz naturel, ce projet de loi risque de compromettre les objectifs plus larges de décarbonation, mais aussi de réduction des inégalités socio-économiques. Il est fondamental de repenser les fondements de ce projet de loi pour qu'il permette non seulement d'accomplir une transition énergétique, mais aussi que ce soit via un modèle juste et équitable qui impute les coûts de cette transition aux véritables pollueurs, et non aux consommateur.trices d'énergie renouvelable.
Des enjeux majeurs entourant la justice sociale, l'équité environnementale et la compétitivité de l'électricité renouvelable par rapport au gaz doivent être soigneusement pris en compte. Une véritable consultation publique autour de ce projet de loi est une nécessité comme opportunité cruciale de soulever ces préoccupations et de garantir que la transition énergétique proposée soit à la fois durable et juste pour l'ensemble des Québécois.es.
Soulignons que nous avons demandé le retrait du projet de loi n° 69 le 4 septembre 2024, à la suite du départ du ministre Fitzgibbon. Puisque le gouvernement veut néanmoins aller de l'avant avec ses consultations particulières, nous présentons dans ce mémoire nos analyses et recommandations en regard de ce projet de loi inquiétant.
Regroupement vigilance énergie Québec (RVEQ)
Front commun pour la transition énergétique (FCTÉ)
Regroupement des organismes environnementaux en énergie (ROEÉ)
Regroupement national des conseils régionaux en environnement du Québec
Institut de recherche et d'information socio-économique (IRIS)
Association coopérative d'économie familiale (ACEF) du Nord de Montréal
Abonnez-vous à notre lettre hebdomadaire - pour recevoir tous les liens permettant d'avoir accès aux articles publiés chaque semaine.
Chaque semaine, PTAG publie de nouveaux articles dans ses différentes rubriques (économie, environnement, politique, mouvements sociaux, actualités internationales ...). La lettre hebdomadaire vous fait parvenir par courriel les liens qui vous permettent d'avoir accès à ces articles.
Remplir le formulaire ci-dessous et cliquez sur ce bouton pour vous abonner à la lettre de PTAG :
Abonnez-vous à la lettre

Plus de 10 000 livres censurés par les écoles publiques américaines, selon une association

Selon une enquête publiée le lundi 23 septembre par Pen America, le nombre de cas de censures de livre dans les établissements publics américains aurait triplé en un an. Un autre rapport, rendu public le même jour et utilisant une autre méthode d'analyse, décrit, à l'inverse, une baisse des interdictions.
Tiré de Courrier international. Légende de la photo : Un rayon LGBTQI dans la bibliothèque d'une école élémentaire à Richmond, en Californie, le 17 mai 2022. Photo Justin Sullivan/Getty Images/AFP
La censure des livres aux États-Unis continue son accélération, selon un nouveau rapport. Plus de 10 000 livres ont été interdits – au moins temporairement – dans les écoles publiques américaines entre 2023 et 2024, selon une étude publiée le lundi 23 septembre par Pen America, une association défendant la liberté d'expression.
“L'enquête de Pen America suggère que les interdictions de livres ont presque triplé à l'échelle nationale”, écrit The Guardian. “Les États et les collectivités locales interdisent les livres à un rythme bien plus soutenu qu'avant la pandémie”, ajoute de son côté The New York Times.
Près de “8 000 de ces interdictions ont été observées en Floride et dans l'Iowa, où les lois nouvellement mises en place ont conduit au retrait d'un grand nombre de livres, alors qu'ils étaient en cours d'évaluation” à la suite d'un signalement, précise le titre new-yorkais.
Conclusion différente
Une autre étude, publiée le même jour, émanant de l'American Library Association (ALA, l'association des bibliothèques américaines), amène une conclusion différente. L'ALA s'appuie sur un comptage différent : pour être considéré comme censuré, un livre doit être définitivement retiré des étalages, et non soustrait provisoirement le temps que le signalement soit traité.
Et “selon cette définition, les cas d'interdiction de livres étaient en légère baisse par rapport à l'année précédente, avec 414 contestations de documents de bibliothèque, concernant 1 128 titres uniques, du 1er janvier au 31 août 2024”, contre 695 réclamations portant sur 1 915 ouvrages uniques sur la même période l'année précédente, détaille The New York Times.
Depuis plusieurs années, des élus conservateurs, des parents d'élèves, des militants, des membres de commissions scolaires et des législateurs demandent l'interdiction d'un nombre croissant d'ouvrages au motif qu'ils seraient choquants pour de jeunes lecteurs. Sont principalement visés les ouvrages portant sur la question raciale, le genre ou la sexualité.
Le livre le plus censuré est Gender Queer (Genre queer en français, paru en 2022 chez Casterman), de Maia Kobabe, qui traite de non-binarité et d'asexualité.
L'année 2023 avait déjà battu tous les records, avec 4 240 livres censurés, soit “une augmentation de 65 % par rapport à 2022”, notait en avril le quotidien américain USA Today.
Abonnez-vous à notre lettre hebdomadaire - pour recevoir tous les liens permettant d'avoir accès aux articles publiés chaque semaine.
Chaque semaine, PTAG publie de nouveaux articles dans ses différentes rubriques (économie, environnement, politique, mouvements sociaux, actualités internationales ...). La lettre hebdomadaire vous fait parvenir par courriel les liens qui vous permettent d'avoir accès à ces articles.
Remplir le formulaire ci-dessous et cliquez sur ce bouton pour vous abonner à la lettre de PTAG :
Abonnez-vous à la lettre

Un film puissant sur les abus des travailleurs illégaux en Amérique du Nord

MONTRÉAL, le 17 sept. 2024 - Righteous Pictures est fier d'annoncer la première de son dernier film, Undocumented (Sans papiers), réalisé par le comédien Christian de la Cortina, et produit par Vanessa Caceres et Frank Baylis. Le film aura une sortie en salles limitée au Québec et en Ontario à partir du 4 octobre, avec une première au Cinéma du Parc à Montréal. Coïncidant avec le Mois du patrimoine hispanique au Canada, Undocumented célèbre et amplifie les voix hispaniques, rendant sa sortie particulièrement significative en cette période de reconnaissance culturelle des hispanophones. Le film sera également diffusé dans plus de 200 salles à travers Cuba, marquant un moment révolutionnaire dans l'histoire du cinéma canadien.
Le film a été acclamé sur le circuit des festivals internationaux, captivant les spectateurs par son récit percutant et son impact social. Il est actuellement en cours d'acquisition par une grande plateforme de streaming pour ses droits mondiaux.
Une histoire qui compte
Ce drame international suit un journaliste mexicain contraint de fuir aux États-Unis après avoir reçu des menaces de mort. Sans statut ni papiers, il trouve un emploi au noir dans une ferme du Vermont, où il se retrouve confronté aux mêmes abus et injustices qu'il subissait dans son propre pays. Undocumented (sans Papiers) met en lumière les dures réalités des travailleurs migrants en Amérique du Nord. Ce film de fiction fait suite au documentaire produit par la même équipe il y a quelques mois "Mon ami Omar", qui exposait les luttes des travailleurs saisonniers et les dangers du système de permis fermé, récemment mis en lumière par le Rapporteur spécial des Nations Unies sur les formes contemporaines d'esclavage.
Découvrez la bande-annonce
De la Cortina : « J'espère que mon film éveillera l'empathie dans le cœur du public »
« Ce film est plus pertinent que jamais à l'approche d'un nouveau cycle électoral aux États-Unis, où le racisme et la stigmatisation des personnes sans papiers reviennent au premier plan du discours politique. Je veux que les spectateurs s'immergent pleinement dans le parcours de Fernando et voient les choses de son point de vue. Il n'a jamais travaillé dans une ferme laitière ni connu le froid. À travers son expérience, le public comprendra les sacrifices des personnes qui doivent repartir de zéro dans un nouveau pays. J'espère que mon film éveillera l'empathie dans le cœur du public », ajoute de la Cortina.
Fondée en 2007, Righteous Pictures s'engage à produire des films, documentaires et séries qui explorent des enjeux sociaux et environnementaux, en mettant également l'accent sur l'inclusivité, dont entre autres la communauté hispanique. Christian de la Cortina, reconnu pour sa polyvalence en tant qu'acteur dans des séries et films tels que 5e rang, Dumas, O, et La marraine, dirige Undocumented (Sans papiers) avec un style narratif distinctif. Sa réalisation a été saluée par la critique, remportant notamment le Prix du public au Seattle Latino Film Festival 2023.
La productrice Vanessa Caceres apporte une perspective nouvelle et une passion pour les récits socialement engagés. Elle a été essentielle pour donner vie à cette histoire.
Frank Baylis, collaborateur de longue date de Christian de la Cortina, a été un partenaire clé dans la production de Undocumented (Sans papiers). Avec plus de vingt ans d'expérience en tant que producteur, Baylis se distingue par son engagement à soutenir des films percutants et ambitieux qui racontent des histoires significatives et inspirent le changement.
Le trio travaille actuellement sur son prochain film, Grey Gold, un thriller centré sur des pilotes humanitaires au Congo. Le film sera tourné en Afrique du Sud en 2025.

Abonnez-vous à notre lettre hebdomadaire - pour recevoir tous les liens permettant d'avoir accès aux articles publiés chaque semaine.
Chaque semaine, PTAG publie de nouveaux articles dans ses différentes rubriques (économie, environnement, politique, mouvements sociaux, actualités internationales ...). La lettre hebdomadaire vous fait parvenir par courriel les liens qui vous permettent d'avoir accès à ces articles.
Remplir le formulaire ci-dessous et cliquez sur ce bouton pour vous abonner à la lettre de PTAG :
Abonnez-vous à la lettre

Sortie du film de Simon Moutaïrou : « Ni chaînes ni maîtres »

À l'occasion de la sortie mercredi 18 septembre du film de Simon Moutaïrou, « Ni chaînes ni maîtres », mettant en scène la révolte d'esclaves au XVIIIe siècle contre l'ordre colonial français en Isle de France ( l'actuelle île Maurice ), Parenthèse cinéma propose aux enseignants, en accès libre, un remarquable dossier pédagogique, éclairé par des chercheurs spécialistes du ‘marronnage' – à savoir : l'évasion, ultime recours des esclaves pour tenter d'échapper à l'enfer de leur condition -, un sujet très peu représenté dans les fictions françaises au cinéma (1).
Un article de Samra Bonvoisin, Le Café pédagogique, Paris, 17 septembre 2024
https://cafepedagogique.net/2024/09/17/cinema-ni-chaines-ni-maitres-de-simon-moutairou/
Voir la bande-annonce.
*Exploration d'un pan méconnu de l'histoire de l'esclavage*
Un riche dossier aux pistes historiques étayées et précises, complétées par des déclinaisons pédagogiques par thèmes, dates-clés, cartes, gravures d'époque et photographies du film à l'appui, comme autant d'appels à la créativité, à l'intelligence et à l'imaginaire des élèves.Un ensemble méthodique et cohérent, conçu par une professeure d'histoire-géographie, en partenariat avec la Fondation pour la mémoire de l'esclavage. Et des références de ressources sur le sujet disponibles en ligne au Musée d'histoire de Nantes.
Pour découvrir le film avec leurs élèves, les enseignants sont également invités à organiser, en prenant contact avec la salle la plus proche de leur établissement, des séances dédiées.
« Ni chaînes ni maîtres » : des esclaves ‘marrons' héros de leur propre histoire
Argument
1759. Isle de France (actuelle île Maurice)
Massamba ( Ibrahima Mbaye ) et Mati ( Anna Diakhere Thiandoum ), esclaves dans la plantation d'Eugène Larcenet ( Benoît Magimel ), vivent dans la peur et le labeur. Lui rêve que sa fille soit affranchie, elle de quitter l'enfer vert de la canne à sucre. Une nuit, elle s'enfuit. Madame La Victoire ( Camille Cottin ), célèbre chasseuse d'esclaves, est engagée pour la traquer. Massamba n'a d'autre choix que de s'évader à son tour. Par cet acte, il devient un ‘marron', un fugitif qui rompt à jamais avec l'ordre colonial.
Propos de Simon Moutaïrou : « Je rêve que le film puisse circuler et créer des ponts entre la France métropolitaine, les Antilles, la Guyane, la Réunion, l'île Maurice, le Sénégal, le Bénin et tout le continent africain. Il existe une continuité, un cousinage des mémoires entre ces territoires.
Je pense aussi à la jeune génération, celle de mes filles. Jeune, j'aurais aimé qu'on m'en dise davantage sur l'esclavage et le marronnage. Je manquais d'images. Pour s'envoler, mon imagination d'adolescent avait un besoin vital d'icônes françaises qui me ressemblaient ».
(1) le dossier pédagogique <https://cafepedagogique.net/wp-cont...>
https://cafepedagogique.net/wp-content/uploads/2024/09/DOSSIER-PEDAGOGIQUE-NCNM.pdf
Proposé par André Cloutier
*****
Abonnez-vous à notre lettre hebdomadaire - pour recevoir tous les liens permettant d'avoir accès aux articles publiés chaque semaine.
Chaque semaine, PTAG publie de nouveaux articles dans ses différentes rubriques (économie, environnement, politique, mouvements sociaux, actualités internationales ...). La lettre hebdomadaire vous fait parvenir par courriel les liens qui vous permettent d'avoir accès à ces articles.
Remplir le formulaire ci-dessous et cliquez sur ce bouton pour vous abonner à la lettre de PTAG :
Abonnez-vous à la lettre
Le programme PAFI, vous connaissez ? PAFI pour programme d'aide financière à l'investissement.

Les enfants doivent entendre une autre histoire

Une rétrospective de l'œuvre d'Alanis Obomsawin au Musée d'art contemporain de Montréal
Montréal, le 18 septembre 2024 – Le Musée d'art contemporain de Montréal (MAC) et l'Office national du film du Canada (ONF) sont fiers de dévoiler Alanis Obomsawin : les enfants doivent entendre une autre histoire, la toute nouvelle exposition du MAC qui sera ouverte au public du 26 septembre 2024 au 26 janvier 2025 dans l'espace temporaire du MAC à Place Ville Marie. L'exposition consacrée à l'œuvre de la documentariste, activiste et chanteuse abénakise Alanis Obomsawin, une des réalisatrices autochtones les plus acclamées au monde, sera accompagnée de Wàbigon, une murale exclusive de l'artiste Caroline Monnet.
Après avoir connu un grand succès à Berlin, Vancouver et Toronto, Les enfants doivent entendre une autre histoire mettra en lumière le travail d'Alanis Obomsawin au cœur de la métropole montréalaise. Découpée par décennies, cette rétrospective dresse un panorama exhaustif de son œuvre cinématographique, visuelle et musicale. L'exposition se penche notamment sur les motivations de l'artiste, qui s'est distinguée par sa force et son courage dès son plus jeune âge ; suivent les années 1960, période durant laquelle elle se fait connaître du public en tant qu'artiste et militante pour les droits autochtones, puis les époques suivantes, tout aussi marquantes, qui permettent de suivre l'évolution de sa trajectoire et de sa pensée.
« Toute ma vie, je me suis principalement intéressée à l'éducation, parce que c'est par l'éducation qu'on se développe, qu'on fait l'apprentissage de la haine ou de l'amour. » - Alanis Obomsawin
L'exposition présente 13 films parmi les 64 réalisés par Alanis Obomsawin à l'ONF, dont son premier, Christmas at Moose Factory (1971), qui dépeint la communauté crie à travers les dessins et la voix de ses enfants, Kanehsatake – 270 ans de résistance (1993), filmé derrière les barricades durant la crise d'Oka, ou On ne peut pas faire deux fois la même erreur (2016), qui suit le procès intenté au gouvernement fédéral par des représentants des Premières Nations. Ces films sont accompagnés de documents d'archives donnant un nouvel éclairage sur le processus de leur création, de dessins d'enfants de Moose Factory ainsi que de masques, gravures et monotypes de l'artiste.
Citations
« Il est essentiel de soutenir les musées et les expositions qui favorisent l'accès de la population canadienne au patrimoine pour apprendre du passé et façonner l'avenir. Je suis très fière que, grâce à l'investissement de notre gouvernement, le Musée d'art contemporain de Montréal mette en valeur l'œuvre de l'artiste et cinéaste autochtone Alanis Obomsawin et offre aux visiteurs une occasion unique de découvrir l'incidence de son travail cinématographique au fil des décennies. » − L'honorable Pascale St-Onge, ministre du Patrimoine canadien
« C'est un honneur et un privilège pour moi de présenter cette exposition rétrospective d'Alanis Obomsawin dans la ville où elle vit et travaille depuis 70 ans. Figure marquante de notre paysage culturel, politique et social, Alanis est un modèle et une inspiration pour tant de cinéastes, artistes et activistes autochtones et allochtones. Nous la connaissons pour ses films ; l'exposition nous permet de découvrir la chanteuse, la conteuse, ainsi que la profondeur et la richesse de son engagement pour les Autochtones à travers le Canada. » - Lesley Johnstone, commissaire de l'exposition au MAC
« L'ONF est la maison de création d'Alanis Obomsawin depuis près de 60 ans. Cette artiste d'exception a ouvert la voie à une véritable reconnaissance des peuples autochtones, pour que leurs réalités et leurs aspirations soient vues, entendues et mieux connues. Son cinéma documentaire témoigne des changements sociaux et culturels vécus par les Premiers Peuples et a contribué à sa façon à ces grandes transformations. Le travail essentiel et accessible de Mme Obomsawin continue d'inspirer de nouvelles générations de cinéastes au Canada et dans le monde. » - Suzanne Guèvremont, commissaire du gouvernement à la cinématographie et présidente de l'ONF
Organisée par Richard Hill et Hila Peleg, l'exposition Alanis Obomsawin : les enfants doivent entendre une autre histoire est rendue possible grâce à un partenariat entre la Haus der Kulturen der Welt (Berlin), l'Art Museum at the University of Toronto et la Vancouver Art Gallery, en collaboration avec l'Office national du film du Canada et avec le généreux soutien de CBC/Radio-Canada et du Conseil des arts du Canada. Ce projet a été réalisé en partie grâce au Gouvernement du Canada. L'exposition au Musée d'art contemporain de Montréal est organisée par la commissaire Lesley Johnstone, avec Marjolaine Labelle, et rendue possible grâce au Gouvernement du Québec.
Une murale signée Caroline Monnet
Parallèlement à l'exposition, le MAC dévoilera une murale exclusive de Caroline Monnet qui rend hommage à l'influence majeure d'Alanis Obomsawin : Wàbigon, qui signifie « une fleur éclot » en anishinaabemowin. Caroline Monnet, artiste d'origine anishinaabe et française, a créé un portrait photographique monumental de huit femmes autochtones et une enfant dans une forêt enchantée. Y sont représentées la cheffe de la Première Nation Acho Dene Koe et artiste Swaneige Bertrand avec sa fille Aja-Eyal Ferron ; la sœur de l'artiste, Émilie Monnet, performeuse interdisciplinaire ; Caroline Monnet elle-même ; la danseuse et chorégraphe guinéenne-wendat Aïcha Bastien N'Diay ; l'écrivaine et artiste eeyou (crie) Virginia Pésémapéo Bordeleau ; l'artiste visuelle atikamekw Catherine Boivin ; l'autrice-compositrice-interprète inuk Elisapie Isaac ; et la soprano innue Elisabeth St-Gelais.
« Cette œuvre met en lumière les bourgeons qu'Alanis aura réussi à déployer au cours de son impressionnante carrière. C'est aussi une réaction contre les dérives de l'industrialisation. Elle se caractérise par l'inventivité, la présence de rythmes, de couleurs et d'ornementations inspirés de la faune et de la flore. » - Caroline Monnet, artiste
À propos du Musée d'art contemporain de Montréal (MAC)
Depuis 60 ans, le MAC assure la rencontre entre des artistes locaux et internationaux, leurs œuvres et des publics variés, célébrant l'art comme une composante essentielle de la vie à Montréal et au Québec. Le siège social du Musée au cœur du Quartier des spectacles faisant l'objet d'une transformation architecturale majeure, le MAC a temporairement relocalisé ses activités à Place Ville Marie, autre lieu emblématique de la métropole. Pendant toute la durée des travaux, le Musée rejoint le public au moyen d'expositions temporaires mettant en lumière des artistes exceptionnels et présentant une variété de pratiques. Le MAC à Place Ville Marie offre également une vaste gamme de services éducatifs, d'ateliers de création et d'activités de sensibilisation communautaire. (https://u7061146.ct.sendgrid.net/ls/click?upn=u001.b00YhNV2Nr0-2BaZn7eVNAdZoJHJ-2B3qxsFH9MJXVcvR2w-3DHtSZ_Cy1gKJ78C7YbA-2Bj-2BlN-2Brdqsh6g4-2FldGwd-2BE6JiQnoshLfSDFCWtE3HjSaZaTmGGgeMYJSOQftXY1VaE25TJMTPZKMJ-2B0-2FqrpnYbhOyTD7K-2BlXD6Hfe6cEWYDrfjG6CIuYjc7WYlq-2FtG-2FZXX7HZRYhGyDywWh7hTg3GoCXOeZbw2oECQM6oq0W3YhhwTVIBszVLlxDIgYmK-2FC5uC7ifgdkYK8n-2BS5UDxQDxt5N7ICqmVyfGKmwLsgukcMzQp5NBCpfuX-2Fz-2Bhd10j7b2jnNdmVc9waRMF5I0mq9amSSjDuQpKYUrsWASSE0NJWJhV5QsFqIyk4Eq6A1wj9oqXNpLof0Ej-2Bja0FHMXj-2FERkCB8nQW8-3D www.macm.org (https://u7061146.ct.sendgrid.net/ls/click?upn=u001.b00YhNV2Nr0-2BaZn7eVNAdZoJHJ-2B3qxsFH9MJXVcvR2w-3Deq0C_Cy1gKJ78C7YbA-2Bj-2BlN-2Brdqsh6g4-2FldGwd-2BE6JiQnoshLfSDFCWtE3HjSaZaTmGGgeMYJSOQftXY1VaE25TJMTPZKMJ-2B0-2FqrpnYbhOyTD7K-2BlXD6Hfe6cEWYDrfjG6CIuYjc7WYlq-2FtG-2FZXX7HZRYhGyDywWh7hTg3GoCXOeZbw2oECQM6oq0W3YhhwTVIBszVLlxDIgYmK-2FC5uC7ifgdkaYEMqkV2-2B6fuT0JYl8DioiNxxR7fWtc5aigpHJLhLQ9qzBb-2Fh6KUm-2FaqpbJBZQS-2B8G3Q3GnQc3I-2FKkQZ111xNt4NTl1aV2BCagFOzuA26i4TY1xD2Hq8kiFdGsBfF2xhYe1srnndOF7nVecIR-2FGHFg-3D
À propos de l'Office national du film du Canada (ONF)
Fondé en 1939 et unique en son genre, l'ONF produit, coproduit et distribue des documentaires et des films d'animation distinctifs, engageants, pertinents et innovants. Incubateur de talents, il est un des plus grands laboratoires de création au monde. Depuis plus de huit décennies, l'ONF permet aux Canadiennes et aux Canadiens de se raconter et de se rencontrer. Ses films sont de plus une ressource éducative fiable et accessible. L'ONF possède également une expertise reconnue mondialement en préservation et en conservation, en plus d'une riche collection vivante d'œuvres qui constituent un pilier important du patrimoine culturel du Canada. Jusqu'à maintenant, l'ONF a produit plus de 14 000 œuvres, dont 7000 sont accessibles gratuitement en ligne sur onf.ca (https://u7061146.ct.sendgrid.net/ls/click?upn=u001.gqh-2BaxUzlo7XKIuSly0rCwZWRVNHleOOlZBcc6BVyny1uNv9-2Bk9szG0e-2F8wSKMt9xYEzrIg6TEtk5kjLlFMZEHhMR4dJ9Ue1I0lL4AicrXnbt6f27-2FABaJyOEj2YyEpFtMCzvV-2FGzC-2Fc0FgKO3qFRlXfUKivqeZoDnLMcHcoz-2Bf6SeEEnZK2-2FGwbx-2BOTCLZIUMDVLZtBBZddsX48jlsrfZLbvI1u4PSBs28QZ-2BU55Cc9Yyj0U8JyRNn6-2FB3s55q7s4iH7eDY05lG5F8eLXPoXUuOuLhHqmr5jb70dhDGp4IQqsVhy9wBU-2BVv06thzOOGgNSyirKMInuZq-2F0pRunbFrPrL5QGtrDspldJezpKN3X8Xp6zh7cUjrLZ8mVWmpbYiYMRWdFBNjEDA-2BBxEL29af9oIfSXo37ZvGR-2BhlI4D5g6oLWq4lpX75PsD6YlC-2FlCfkj-2FBNh-2FoZhI2IZ5CLHXk99RG3dula8Tq96oj-2FQM233qEcfHyGdAV-2BEz9EqDb2pdi8SNPHV3Q4is2DMcxsAnAw-3D-3DqUT2_Cy1gKJ78C7YbA-2Bj-2BlN-2Brdqsh6g4-2FldGwd-2BE6JiQnoshLfSDFCWtE3HjSaZaTmGGgeMYJSOQftXY1VaE25TJMTPZKMJ-2B0-2FqrpnYbhOyTD7K-2BlXD6Hfe6cEWYDrfjG6CIuYjc7WYlq-2FtG-2FZXX7HZRYhGyDywWh7hTg3GoCXOeZbw2oECQM6oq0W3YhhwTVIBszVLlxDIgYmK-2FC5uC7ifgdke4A4ZZPikeNI9qSAlHUS2urpPV-2BUSWDN-2BOobgXBtzqFMG3NadEbxRewjVDMB-2BlyDcWnvpMXFEzTOrlpBF6asMI-2FUr6FcORGRTHl0lYwywDoZvfmPE8FscDvUJQSPNZ9U-2BeiBBMDFB3tUlvVwVASfc8-3D . L'ONF ainsi que ses productions et coproductions ont remporté au-delà de 7000 prix, dont 11 Oscars et un Oscar honorifique récompensant l'excellence de l'organisation dans toutes les sphères de la cinématographie.
Crédit : Richard Cardinal : le cri d'un enfant métis, 1986 (photographie de production). Avec l'aimable permission de l'Office national du film du Canada et d'Alanis Obomsawin.
*****
Abonnez-vous à notre lettre hebdomadaire - pour recevoir tous les liens permettant d'avoir accès aux articles publiés chaque semaine.
Chaque semaine, PTAG publie de nouveaux articles dans ses différentes rubriques (économie, environnement, politique, mouvements sociaux, actualités internationales ...). La lettre hebdomadaire vous fait parvenir par courriel les liens qui vous permettent d'avoir accès à ces articles.
Remplir le formulaire ci-dessous et cliquez sur ce bouton pour vous abonner à la lettre de PTAG :
Abonnez-vous à la lettre
Le programme PAFI, vous connaissez ? PAFI pour programme d'aide financière à l'investissement.

Dans Personne morale, Justine Augier revient sur l’affaire Lafarge

Dans Personne morale, Justine Augier revient sur l'affaire Lafarge, la multinationale qui aurait financé le terrorisme en Syrie pour pouvoir y poursuivre son activité. Une enquête documentaire rigoureuse et captivante.
Tiré de l'Humanité
https://www.humanite.fr/culture-et-savoir/conflit-syrien/justine-augier-laffaire-lafarge-est-symptomatique-de-la-maniere-dont-les-multinationales-tentent-de-se-rendre-irresponsables-des-crimes-commis
Publié le 18 septembre 2024
Sophie Joubert
« La langue joue un rôle très important dans le livre. D'un côté, j'essaie de faire entendre la langue de l'entreprise, creuse, pleine de clichés, qui vide de leur substance des mots comme « éthique », « valeurs », « responsabilité ». », explique l'autrice.
L'enquête commence un jour d'été, dans de petits bureaux près de la gare Saint-Lazare. On y découvre Marie-Laure Guislain, Babaka Tracy Mputu et Sarah Brimboeuf, respectivement juriste et élèves avocates au sein de l'association Sherpa, fondée en 2001 par William Bourdon. Pas à pas, elles vont échafauder une plainte contre le cimentier Lafarge qui, entre 2011 et 2014, aurait financé la guerre et Daech pour poursuivre ses activités en Syrie.
À partir d'entretiens, l'autrice suit ce travail de fourmi et le combat de ces jeunes femmes, galvanisées par leur foi dans le droit, contre une multinationale défendue par une armée d'avocats. Avec ce récit documentaire en lice pour le prix Décembre, Justine Augier poursuit un travail important sur la Syrie, entamé en 2017.
Ce livre forme, avec De l'ardeur (2017) et Par une espèce de miracle (2021), une trilogie autour de la Syrie, quel est votre lien avec ce pays ?
J'ai écrit sur la révolution syrienne et son écrasement, notamment dans l'idée de montrer que cette histoire nous concerne. Avec l'affaire Lafarge, ces liens apparaissent de manière indéniable. L'angle du récit m'est apparu quand j'ai découvert le travail des juristes qui portaient plainte aux côtés des salariés syriens. Ces jeunes femmes travaillaient au sein de deux associations, Sherpa en France et ECCHR en Allemagne, qui tentent d'obtenir justice pour les crimes commis par de grands acteurs économiques.
Sur quels motifs se bâtit la plainte que les juristes échafaudent ?
Pour rester en Syrie, Lafarge a financé des groupes armés. Les dirigeants ont aussi demandé à leurs salariés syriens de continuer à travailler, les exposant ainsi au danger alors qu'ils avaient mis leurs salariés expatriés à l'abri. Ces juristes reviennent à la souffrance des salariés syriens kidnappés et pris pour cible pendant trois ans.
« On peut penser que l'argent versé à Daech pendant des années a pu permettre de financer les attentats qui ont eu lieu en France. »
Il y a donc plusieurs chefs d'accusation : financement d'entreprise terroriste, complicité de crime contre l'humanité – c'est la première fois dans l'histoire qu'une entreprise est mise en examen pour un tel fait – et mise en danger de la vie d'autrui. La plainte a été déposée en 2016 et les mises en examen datent de 2017 et 2018.
Évidemment, Lafarge a utilisé tous les recours possibles et fait appel sur tous les fronts. Aujourd'hui, les mises en examen pour financement d'entreprise terroriste, complicité de crime contre l'humanité et violation d'un embargo tiennent encore.
Le lien évident entre cette affaire et nous, c'est le financement du terrorisme y compris sur le sol français…
Cette affaire a eu un grand retentissement en France car on en a pris connaissance après le 13 novembre 2015. On peut penser que l'argent versé à Daech pendant des années a pu permettre de financer les attentats qui ont eu lieu en France. Les sommes versées aux différents groupes armés sont difficiles à évaluer mais pourraient aller jusqu'à 15 millions de dollars. Sachant que le coût des attentats du 13 novembre est estimé à 80 000 euros.
Le livre s'intitule Personne morale. Pourquoi ce concept juridique est-il essentiel ?
Les dirigeants de Lafarge sont responsables mais ils ont commis leurs crimes dans l'intérêt de l'entreprise, parce qu'elle le permettait et les a peut-être encouragés. Pour obtenir justice, il faudra questionner les intérêts supérieurs incarnés par la personne morale, évaluer la responsabilité de tout le système lors d'un procès qui n'a pas encore eu lieu.
En quoi l'affaire Lafarge est-elle symptomatique d'un fonctionnement plus large ?
Elle est symptomatique de la manière dont les multinationales tentent de se rendre irresponsables des crimes commis par leurs filiales. Le travail des juristes consiste notamment à démontrer que les décisions étaient prises au siège. Lafarge a financé les groupes armés entre 2011 et 2014. Pour se justifier, l'un des dirigeants a dit à la police que « c'était une affaire syrienne », puisque les attentats du 13 novembre 2015 n'avaient pas encore eu lieu.
Sur le même thème
Les attentats de Paris et Saint-Denis ont fait 131 morts et 413 blessés. © Benoit Tessier/Reuters
13 novembre 2015. Du Stade de France au Bataclan, trois heures de tuerie dans la capitale
On voit bien à quel point cette vision étroite est potentiellement criminelle. Je précise que le génocide yézidi, la prise de Raqqa, les massacres de civils, avaient déjà eu lieu, à quelques centaines voire dizaines de kilomètres de l'usine. Au cœur de cette affaire, il y a aussi le scandale du mépris de certaines vies.
Quel travail avez-vous mené sur le langage et les brèches qu'on peut y trouver ?
La langue joue un rôle très important dans le livre. D'un côté, j'essaie de faire entendre la langue de l'entreprise, creuse, pleine de clichés, qui vide de leur substance des mots comme « éthique », « valeurs », « responsabilité ». J'ai voulu montrer le potentiel criminel de cette langue obsédée par le profit, qui devient incapable de saisir ce qui advient.
« Les faits sont d'une telle énormité qu'il ne faut rien surligner. »
De l'autre côté, les juristes sont persuadées que les mots peuvent changer les choses. Elles rédigent une plainte avec un soin immense, sont attentives au temps des verbes, au moindre mot, à la moindre virgule. Elles écoutent la parole des victimes. Ce sont deux visions du monde qui s'affrontent.
Comment avez-vous trouvé la forme et le ton du livre ?
Svetlana Alexievitch parle de « récit documentaire ». J'ai commencé à procéder ainsi avec De l'ardeur, qui retraçait la trajectoire de l'avocate syrienne Razan Zaitouneh, car je ne pouvais pas avoir recours à la fiction. Face à l'oubli cultivé par le régime syrien, les révolutionnaires ont fait de la documentation une arme primordiale, qui leur permettait de se réapproprier leur histoire et d'ouvrir le futur.
Mais chaque livre appelle sa propre forme. Dans celui-là, je m'efface davantage. Les faits sont d'une telle énormité qu'il ne faut rien surligner. C'est aussi pour cela que je n'ai pas eu recours à la fiction : personne n'aurait cru à certains personnages, à certaines phrases prononcées.
La narration se veut fluide, linéaire. Les avocats de Lafarge tentent de ralentir l'affaire, de la démembrer, de séparer les infractions pour faire perdre le sens des faits. Face à cela, j'ai voulu retrouver de la vitesse, de la clarté.
C'est ce que peut la littérature selon vous ?
Sur ce genre d'affaire, la justice est rendue de façon extrêmement lente en France. Par exemple, les appels sur les procès de Karachi se poursuivent, ça n'a plus de sens. La justice doit être rendue quand elle fait sens, elle doit être lisible, sinon le procès perd de sa charge.
Il me semblait important de se saisir de l'affaire aujourd'hui et d'essayer de trouver des points de résonance. La littérature a quelque chose à voir avec la justice, on y travaille la temporalité, l'idée de conséquence, de responsabilité.
Vous terminez le livre en parlant de Razan Zaitouneh, est-ce une manière de boucler la trilogie syrienne ?
C'est une démonstration de gratitude. En travaillant sur sa trajectoire, j'ai pris la mesure de la puissance du désir de justice. Dans son cas, rien n'en est venu à bout, ni les disparitions et la torture de ses proches, ni le fait d'être dans une zone bombardée et assiégée.
Sur le même thème
Les défenseurs des droits de l'homme dénoncent les conditions de vie sordides des prisonniers du camp d'Al-Hol, qualifié de bombe à retardement et de « terrain fertile » pour le recrutement de l'EI. Baderkhan Ahmad/Ap/SIPA
Les Kurdes de Syrie veulent juger les djihadistes de Daech
Même si ce n'est pas comparable, j'ai retrouvé chez ces juristes la force, l'élan, la créativité que peut donner ce désir de justice. Nous sommes dans un temps où les perspectives sont fermées, où le politique semble impuissant. En utilisant le droit, ces femmes trouvent collectivement et de manière humble des brèches où s'engouffrer pour rouvrir le champ des possibles. En utilisant le droit de cette manière, elles le rapprochent de la justice.
*****
Abonnez-vous à notre lettre hebdomadaire - pour recevoir tous les liens permettant d'avoir accès aux articles publiés chaque semaine.
Chaque semaine, PTAG publie de nouveaux articles dans ses différentes rubriques (économie, environnement, politique, mouvements sociaux, actualités internationales ...). La lettre hebdomadaire vous fait parvenir par courriel les liens qui vous permettent d'avoir accès à ces articles.
Remplir le formulaire ci-dessous et cliquez sur ce bouton pour vous abonner à la lettre de PTAG :
Abonnez-vous à la lettre
Le programme PAFI, vous connaissez ? PAFI pour programme d'aide financière à l'investissement.

Revue Les Temps qui restent - qui sommes-nous ?

Les Temps qui restent (TQR) est un collectif multimédia déployé autour d'une revue généraliste en ligne, lancé à l'initiative du dernier comité de rédaction des Temps Modernes (interrompu en 2018). Outre la revue, il organise aussi des événements publics, des publications papier et rédige un rapport annuel sur les temps qui restent. Il souhaite contribuer à reconstituer une capacité d'action collective, par-delà l'épuisement des modèles de l'engagement et des imaginaires du futur hérités des temps modernes, discrédités par leur incapacité à se rendre sensibles à leurs impacts planétaires dévastateurs.
Les Temps qui restent a été constitué en 2024 à l'initiative de l'ancien comité de rédaction de la revue Les Temps Modernes, sous l'impulsion de Patrice Maniglier et Juliette Simont, après la décision prise par Gallimard, propriétaire du titre, d'y mettre un terme. Il repose sur la conviction que le projet inaugural de la revue fondée par Sartre, loin d'être périmé par la situation présente, y est au contraire devenu d'autant plus pertinent – à condition d'être profondément transformé.
Il s'agissait, pour la revue historique, de prendre acte, après la Deuxième Guerre Mondiale, de l'impossibilité de s'isoler du contexte global dans quelque tour d'ivoire que ce soit et de la nécessité d'y voir plus clair sur nos manières collectives et individuelles d'être prises dans un mouvement de totalisation qui les dépassait, mais aussi les compromettait. Aujourd'hui, dans le contexte des bouleversements des systèmes biogéochimiques à l'échelle planétaire sous l'effet d'activités humaines, et précisément d'activités qui se voulaient de « modernisation », ce diagnostic et cette exigence s'avèrent d'autant plus pertinents. Les Temps qui restent se propose d'être ce lieu où la notion sartrienne d'engagement se redéfinit à l'âge de « l'Anthropocène », c'est-à-dire dans le contexte de la planétarisation de nos modes d'existence, à la fois en continuité et en rupture avec l'histoire des Temps Modernes.
La revue Les Temps qui restent mélange des périodicités différentes : elle est constituée de numéros trimestriels, mais les contributions sont mises en ligne en flux continu, et certaines sont des séries et des chroniques régulières ayant leur propre périodicité.
La revue publie des contributions dans tous les mediums imaginables (textes, images, sons, vidéos, évènements même) qui nous aident à y voir plus clair au sujet de la tâche la plus urgente de notre présent, qu'on peut qualifier dans les mots de Bruno Latour : comment faire revenir la Modernité sur Terre ?
Le titre de la revue peut s'entendre en quatre sens, qui dessinent l'espace problématique de la revue.
– Hériter des Temps Modernes : Les Temps qui restent, c'est d'abord ce qui reste de la revue Les Temps Modernes. Les Temps qui restent se revendique du geste fondateur des Temps Modernes sur deux points en particulier : articuler les vies et les expériences individuelles à une perspective globale ou totalisante ; le faire sans ligne dogmatique a priori, dans un esprit synthétique ou diagonal.
– Agir tant qu'il est encore temps : Les Temps qui restent, c'est aussi le temps qui nous reste avant qu'il ne soit trop tard. Trop tard pour quoi ? Pour faire « revenir sur Terre » les trajectoires sociotechniques dominantes, c'est-à-dire les modifier de sorte qu'elles n'altèrent pas les dynamiques du système planétaire avec des conséquences potentiellement apocalyptiques sur ces systèmes sociotechniques eux-mêmes et la vie terrestre.
– Apprendre à vivre dans les restes de la Modernité : On ne se débarrasse pas de la Modernité comme la Modernité a cru se débarrasser de la tradition. Les gaz à effet de serre, les déchets radioactifs, les microplastiques, mais aussi les infrastructures matérielles et mentales que la Modernité a mises en place, ont la temporalité d'un reste avec lequel il va falloir vivre longtemps. La revue Les Temps qui restent explorera la manière dont nous pouvons vivre avec le reste de la Modernité pour mieux la désactiver.
– Ouvrir à d'autres temps : Les Temps qui restent, ce sont enfin les autres temps qui restent dans les coffres de l'avenir, ces histoires virtuelles parallèles à la nôtre et que notre trajectoire actuelle oblitère. Les Temps qui restent a pour vocation de libérer ces temps alternatifs, ces temps qui restent encore, et qui restent même à imaginer.
Une des originalités les plus significatives des TQR est son mode de gouvernance : dépourvue de comité de rédaction, elle est gérée par une communauté très large répartie en trois cercles (le Comité, le Conseil et le Collectif), soucieuse d'éviter autant que possible les effets pervers des mécanismes de pouvoir et d'encourager le plus grand engagement possible de chacune et de chacun dans l'action. Un Comité scientifique veille à la qualité des contenus à caractère scientifique publiés dans la revue.
Il veut susciter la réflexion sur l'héritage de la Modernité, tenter un inventaire nuancé de la démodernisation et accueillir toutes les initiatives susceptibles de contribuer à faire atterrir les dynamiques historiques actuellement dominantes. Il espère contribuer à l'émergence un sujet collectif et pluriel capable de faire quelque chose des temps qui restent.
Pour un développement approfondi des intentions de la revue, on peut lire le texte programmatique de Patrice Maniglier « Des Temps Modernes aux Temps qui restent : histoire et avenir d'une revue, histoire et avenir du monde » disponible sur le site en plusieurs langues.
Abonnez-vous à notre lettre hebdomadaire - pour recevoir tous les liens permettant d'avoir accès aux articles publiés chaque semaine.
Chaque semaine, PTAG publie de nouveaux articles dans ses différentes rubriques (économie, environnement, politique, mouvements sociaux, actualités internationales ...). La lettre hebdomadaire vous fait parvenir par courriel les liens qui vous permettent d'avoir accès à ces articles.
Remplir le formulaire ci-dessous et cliquez sur ce bouton pour vous abonner à la lettre de PTAG :
Abonnez-vous à la lettre

Journée de l’égalité de rémunération : L’écart de rémunération entre les hommes et les femmes dans le journalisme doit être comblé immédiatement

Alors que l'écart de rémunération entre les hommes et les femmes avoisine les 20% au niveau mondial, les femmes journalistes ne font pas exception à la règle et sont systématiquement moins bien payées que leurs homologues masculins.
À l'occasion de la Journée internationale de l'égalité de rémunération, le 18 septembre, la Fédération internationale des journalistes et le Media Diversity Institute appellent les gouvernements à mettre en œuvre une législation comblant l'écart de rémunération entre les hommes et les femmes dans le journalisme et au sein de l'industrie des médias et à adopter des politiques concrètes pour éradiquer la discrimination salariale.
À une époque où le journalisme joue un rôle crucial dans le maintien de la démocratie et la défense de l'égalité et du droit du public de savoir, les femmes journalistes du monde entier sont confrontées à une réalité troublante : bien qu'elles représentent une part importante de la main-d'œuvre journalistique, elles sont toujours moins bien payées que leurs homologues masculins. Cette inégalité porte atteinte non seulement aux droits des femmes sur le marché du travail, mais aussi à la crédibilité et aux normes éthiques de la profession dans son ensemble.
Une multitude d'études, y compris des rapports émanant d'organismes de surveillance du secteur, d'organisations syndicales et d'institutions universitaires, révèlent que l'écart de rémunération entre les hommes et les femmes dans le journalisme s'étend à tous les continents, à toutes les organisations médiatiques et à tous les domaines.
Au Brésil, les femmes journalistes employées dans le cadre d'un contrat formel gagnent en moyenne 5,7% de moins que les hommes pour le même travail. Cette différence s'accroît à mesure que le poste est plus élevé. Dans le cas des rédacteurs en chef, par exemple, les femmes gagnent 41,3% de moins que les hommes à ce poste. Ces chiffres proviennent d'une enquête commandée par la FENAJ.Au Royaume-Uni, le rapport 2023de la BBC sur l'écart des rémunérations entre les hommes et les femmes a révélé une augmentation, portant l'écart à son niveau le plus élevé depuis 2018.
EnFrance, une étude menée de 2010 à 2021 révèle que les femmes sont plus nombreuses à être embauchées pour des contrats de courte durée (18% contre 10% pour les hommes).
En Australie, une publication datant de 2024 révèle que « l'écart de salaire de base dans le secteur des médias et de la publicité est de 14,5% entre les hommes et les femmes, alors qu'il atteint 19% une fois que les primes des cadres et autres sont prises en compte ». Dans l'ensemble des secteurs de l'UE, en 2022 « les salaires horaires bruts des femmes étaient en moyenne inférieurs de 12,7% à ceux des hommes ».
Le chiffre global est estimé à 20%, selon le rapport mondial 2023 de l'OIT. Cela signifie que les femmes gagnent en moyenne 80% du salaire des hommes. Au rythme actuel, il faudra attendre au moins jusqu'en 2086 pour atteindre l'égalité salariale dans le monde, selon les estimations de l'Organisation internationale du travail (OIT).
Dans le journalisme, l'une des raisons de cette disparité salariale est la faible présence des femmes aux postes de direction hautement rémunérés. Une étude réalisée par le Reuters Institute en 2024a révélé que le pourcentage de femmes occupant des postes éditoriaux de haut niveau « varie considérablement d'un marché à l'autre, allant de 0% au Japon à 43% aux États-Unis ». Le plafond de verre continue de limiter l' accès des femmes aux postes de direction, à la direction éditoriale et à la gestion. De nombreuses candidates sont orientées vers les secteurs moins bien rémunérés du journalisme, tels que les reportages sur le style de vie ou la culture, tandis que les hommes dominent les domaines mieux payés comme la politique, les affaires ou le journalisme d'enquête.
Les femmes journalistes sont plus susceptibles d'accepter des postes en free-lance ou à temps partiel leurs permettant de garder un équilibre avec leurs obligations familiales. Elles sont engagées sur des postes où la rémunération est souvent irrégulière, le temps et les frais de déplacement pour les travaux d'enquête et de rédaction sont non rémunérés, les avantages sociaux rares et la sécurité de l'emploi limitée, sans parler de la sécurité numérique et du peu de soutien des employeurs en cas de harcèlement en ligne.
L'écart de rémunération est encore plus prononcé pour les femmes de couleur, les personnes LGBTQ+ et celles issues de communautés marginalisées, qui sont confrontées à de multiples niveaux de discrimination.
Pour éradiquer l'écart de rémunération entre hommes et femmes dans le journalisme, la FIJ et le MDI recommandent de :
* conduire des audits dans toutes les organisations médiatiques afin d'évaluer l'écart de rémunération entre les hommes et les femmes
* introduire des politiques de transparence des rémunérations obligatoires dans les entreprises de médias
* adopter des possibilités d'avancement équitables pour soutenir les femmes dans des rôles de premier plan et garantir qu'elles sont représentées de manière égale dans les postes de décision
* adopter des politiques de non-discrimination et des conventions collectives pour éliminer les préjugés, le harcèlement et la violence au travail et garantir un lieu de travail sûr
* mettre en place des politiques de rémunération équitable pour les freelances, y compris des salaires équitables, des avantages sociaux et la sécurité de l'emploi.
« En s'attaquant à l'écart de rémunération entre les hommes et les femmes dans le journalisme, nous ne créons pas seulement une profession plus juste et plus équitable, mais nous garantissons également que les histoires qui façonnent notre monde soient racontées par des voix diverses, responsabilisées et rémunérées équitablement pour leurs contributions. La lutte pour l'équité salariale entre hommes et femmes dans le journalisme est une lutte pour l'équité, la transparence et la dignité dans le secteur et dans la société en général. Les syndicats ont un rôle important à jouer dans la promotion de conventions collectives et de politiques solides en faveur de l'équité salariale », a déclaré Maria Angeles Samperio, Présidente du Conseil pour l'égalité des genres de la FIJ.
« L'écart de rémunération dans l'industrie des médias tend à être plus prononcé pour les personnes issues de communautés marginalisées et diverses, ce qui limite leur rôle dans la production médiatique. Cette situation doit cesser immédiatement, car elle contribue à l'émergence de perspectives différentes, de récits biaisés et au renforcement des stéréotypes qui façonnent les perceptions du public et influencent les attitudes. Dans un monde de plus en plus polarisé, nous appelons les gouvernements à promouvoir l'égalité salariale pour tous et toutes et à réduire les inégalités qui alimentent les divisions au sein de la société », a déclaré Milica Pesic, directrice exécutive de l'ONG Media Diversity Institute.
Equal Pay Day : Global gender pay gap in journalism must be addressed immediately
https://www.ifj.org/media-centre/news/detail/category/press-releases/article/equal-pay-day-global-gender-pay-gap-in-journalism-must-be-addressed-immediately
Día de la Igualdad Salarial : La brecha salarial global entre hombres y mujeres en el periodismo debe abordarse de inmediato
https://www.ifj.org/es/sala-de-prensa/noticias/detalle/category/comunicados-de-prensa/article/dia-de-la-igualdad-salarial-la-brecha-salarial-global-entre-hombres-y-mujeres-en-el-periodismo-debe-abordarse-de-inmediato
*****
Abonnez-vous à notre lettre hebdomadaire - pour recevoir tous les liens permettant d'avoir accès aux articles publiés chaque semaine.
Chaque semaine, PTAG publie de nouveaux articles dans ses différentes rubriques (économie, environnement, politique, mouvements sociaux, actualités internationales ...). La lettre hebdomadaire vous fait parvenir par courriel les liens qui vous permettent d'avoir accès à ces articles.
Remplir le formulaire ci-dessous et cliquez sur ce bouton pour vous abonner à la lettre de PTAG :
Abonnez-vous à la lettre
Le programme PAFI, vous connaissez ? PAFI pour programme d'aide financière à l'investissement.

Procès des viols de Mazan : plus de 200 hommes signent une feuille de route contre la domination masculine

Beaucoup disent que le procès des 51 violeurs est en réalité le procès de la masculinité. Beaucoup s'en offusquent, trouvant de bon ton de s'indigner parce qu'ils sont mis dans le même panier plutôt que de s'insurger face aux atrocités orchestrées par Dominique Pelicot et adoubées par tant d'autres hommes.
Aujourd'hui pourtant, la question se pose : sept ans après le début de #MeToo, où en sommes-nous ? Qu'avons-nous appris ? Comment nous sommes-nous positionnés ? Où sommes-nous lorsque nos potes, nos collègues, nos frères ont des comportements ou des propos sexistes ? Où sommes-nous lorsque les femmes sont agressées ? Sans doute occupés à questionner la crédibilité de la victime, tout en affirmant que « pas tous les hommes », encore moins nous.
Pourtant, l'affaire Pelicot nous l'a prouvé, la violence masculine n'est pas une affaire de monstres, c'est une affaire d'hommes, de monsieur Tout-le-Monde.
Dire « tous les hommes », c'est parler de violences systémiques perpétrées par tous les hommes, parce que tous les hommes, sans exception, bénéficient d'un système qui domine les femmes. Et puisque nous sommes tous le problème, nous pouvons tous faire partie de la solution.
Mais alors par quoi commence-t-on lorsqu'on se rend compte que le patriarcat s'essouffle, que le vieux monde se meurt ?
Avant toute chose, on arrête de se croire indispensables. On comprend que les femmes n'ont pas besoin de nous et encore moins en ce qui concerne la libération féministe. Elles ont surtout besoin qu'on cesse de leur mettre des bâtons dans les roues. Comprenez que nos gros ego les empêchent d'avancer, que les « not all men » ne servent qu'à vous rassurer vous, pas elles. Il ne suffit pas de dire « moi je ne suis pas comme tous les hommes », ici les mots n'ont aucune valeur face à l'ampleur des violences. Aucune tant qu'ils ne sont pas suivis d'actions concrètes et quotidiennes.
Alors à ceux pour qui le procès Pelicot est le point de bascule. A ceux qui refusent de continuer à participer à un système qui, pour exister, a besoin de dominer la moitié de la population. Il est un peu tard mais il est encore temps. Toutefois, ne pensez pas que la mission consiste à jouer les héros, ne les libérez pas, cela fait des siècles qu'elles s'en chargent.
Il y a quelques mois, dans une interview, un acteur disait être prêt à mettre la main à la pâte mais demandaitune feuille de route.
La voici, donnée par un homme aux autres hommes parce qu'il va falloir arrêter de demander aux femmes de nous mâcher le travail.
– Arrêtons de considérer que le corps des femmes est un corps à disposition. Assurons-nous toujours du consentement de nos partenaires, cessons de le considérer comme une entrave mais plutôt comme le fondement nécessaire à toutes nos relations.
– Prenons en charge nos émotions, arrêtons de nous regarder le nombril, d'inverser la charge victimaire, acceptons de nous remettre en question.
– Désapprenons ce que l'on nous a enseigné, raconté de la masculinité, arrêtons de penser qu'il existe une nature masculine qui justifierait nos comportements. Il n'y a pas de nature dominante mais bien une volonté de dominer.
– Examinons nos très nombreux privilèges pour les mettre au service du bien commun puis, à long terme, acceptons de les perdre complètement. Pour rappel, l'objectif final étant d'en finir avec cette organisation genrée qui induit « une division hiérarchique de l'humanité en deux moitiés inégales ».
– Eduquons-nous tout seul en continu et en profondeur, et arrêtons de penser que parce qu'on a lu un livre féministe, nous pouvons désormais mansplainer aux femmes les tenants et les aboutissants de leur lutte.
– Apprenons à prendre au sérieux la parole féministe et pas uniquement lorsqu'elle sort de la bouche d'un homme. Nous ne faisons que répéter ce que les féministes disent depuis des siècles. Il serait alors de bon ton de commencer à croire directement celles qui sont à l'origine de ces théories sans attendre que la gueule du messager, parce qu'elle nous ressemble, nous revienne davantage.
– Cessons de perpétuer les boys club, de protéger nos homologues masculins. Soyons solidaires avec les victimes, pas les agresseurs.
– Comprenons que si aucune femme dans notre entourage ne se confie à nous sur les violences qu'elle a subies, cela ne sous-entend pas que ça n'existe pas. Par exemple, ce n'est pas parce que vous n'avez pas d'obus dans votre salon, que la guerre n'a pas lieu. La violence masculine est une réalité systémique. Il y a urgence à nous décentrer de nos propres expériences pour se forger une vision du monde plus ajustée. Il y a aussi urgence à nous montrer suffisamment dignes de confiance pour qu'elles puissent enfin nous raconter leurs réalités sans craindre nos réactions.
– Ecoutons vraiment les femmes lorsqu'elles nous font part de leurs besoins et de leurs limites. Il est probable que si nous cessions deux secondes d'être en posture défensive, nous serions sans doute surpris par ce que l'on peut apprendre quand nous ne sommes pas occupés à nous justifier. N'acceptons pas uniquement de les écouter lorsque leur ton est plaisant. Elles sont tristes et en colère à raison, laissons-les nous l'exprimer.
– N'attendons pas qu'une femme nous dise quoi faire pour nous mettre au travail. On a deux yeux pour voir et analyser notre environnement, on peut donc savoir ce qu'il est nécessaire de faire. Parce que c'est aussi une charge mentale de devoir nous dire les choses.
– Et enfin : faisons tout ceci en silence, sans le crier sur tous les toits, sans attendre des applaudissements ou des félicitations.
On ne le dira jamais assez : « allié » n'est pas un statut qu'on s'auto-attribue, c'est un nom et un verbe. Il ne s'agit pas seulement de se dire mais d'agir et ce 365 jours par an. C'est un rôle qui devrait nous coûter, a minima, un peu de notre confort personnel. Et si tu souhaites te mobiliser tout de suite aux côtés des femmes dans la lutte contre les violences sexuelles, tu peux participer à la campagne #NotAllMen de la Fondation des femmes.
Alors voilà, tu l'as ta feuille de route. Tu ne pourras plus, aucun de nous ne pourra désormais dire qu'il ne sait pas quoi faire.
P.S : il est fort probable que d'autres hommes vous reprochent de mettre à mal votre virilité. Si tel est le cas, c'est un signe que vous êtes sur la bonne voie. Continuez.
Morgan N. Lucas, essayiste, spécialiste des questions de genre
Dernier ouvrage paru : Ceci n'est pas un livre sur le genre aux éditions Hachette Pratique.
Parmi les signataires : Guillaume Meurice Humoriste, Ouissem Belgacem Ecrivain, Gaël Faye Ecrivain, Gilles Lellouche Acteur, Eddy de Pretto Chanteur Bruno Sanchès Acteur Grégory Montel Acteur, Alexis Michalik Dramaturge, Alex Ramirès Humoriste, Julien Ménielle Youtubeur, Martin Winckler Médecin, Kevin Razy Humoriste, Waly Dia Humoriste, Cyril Dion Réalisateur, Juan Arbelaez Chef cuisinier, Marco Prince Musicien, Waxx Musicien, Mehdi Kerkouche Danseur, Pierre de Maere Chanteur, Mathieu Palain Journaliste, Jérôme Niel Humoriste, Maxence Lapérouse Musicien, Eloi Spinnler Chef cuisinier, Arnaud Gallais Cofondateur du mouvement M'endors pas et de Mouv'Enfants, Emmanuel Noblet Comédien et metteur en scène…
Retrouvez ici la liste complète des signataires.
*****
Abonnez-vous à notre lettre hebdomadaire - pour recevoir tous les liens permettant d'avoir accès aux articles publiés chaque semaine.
Chaque semaine, PTAG publie de nouveaux articles dans ses différentes rubriques (économie, environnement, politique, mouvements sociaux, actualités internationales ...). La lettre hebdomadaire vous fait parvenir par courriel les liens qui vous permettent d'avoir accès à ces articles.
Remplir le formulaire ci-dessous et cliquez sur ce bouton pour vous abonner à la lettre de PTAG :
Abonnez-vous à la lettre
Le programme PAFI, vous connaissez ? PAFI pour programme d'aide financière à l'investissement.

Iran : plusieurs libérations de prisonniers ont été obtenues, dont celles des syndicalistes Reza Shahabi et Hassan Saeedi

Nos organisations syndicales se félicitent des libérations de :
– Reza Shahabi, et Hassan Saeedi, membres du Syndicat des travailleurs/travailleuses de la compagnie de bus de Téhéran et sa banlieue (VAHED) ;
– Keyvan Mohtadi, écrivain et traducteur apportant son soutien au mouvement ouvrier.
17 septembre 2024 | tiré du site Solidaires
Shahabi, Saeedi et Mohtadi, ont été libérés le 1er septembre 2024 de la sinistre prison d'Evin où ils étaient détenus depuis mai 2022. Ils avaient été arrêtés en raison de leurs activités syndicales et de défense des droits des salarié.es. Ils ont été détenus à l'isolement et interrogés pendant des mois. Leur peine de six ans de prison a été finalement réduite en appel.
Nous continuons de suivre de près la situation en Iran et en particulier le sort des activistes des droits des salarié.es et des droits humains.
A cet égard, nous appelons à la libération immédiate de Davoud Razavi, Ebrahim Madadi, Reyhaneh Anssari et Anishah Assadolahi, Esmail Guerami et Rassool Bodaghi.
Nous sommes profondément préoccupé.es par la situation d'urgence des militantes et particulièrement celle de Sharifeh Mohammadi et Pakhshan Azizi, ainsi que de deux militantes féministes Varisheh Moradi et Nassim Gholami Fard, condamnées à mort. Nous demandons leur libération immédiate.
Notre mouvement syndical ne tolére pas le harcèlement des militants syndicaux où que ce soit dans le monde.
Nous sommes, déterminé.es à poursuivre notre combat sur la scène mondiale et à faire campagne pour que le gouvernement iranien respecte les libertés fondamentales dont les droits syndicaux.
L'ensemble des prisonnier.es politiques et d'opinion doivent être également libéré.es !
Confédération française démocratique du travail (CFDT)
Confédération générale du travail (CGT)
Fédération syndicale unitaire (FSU)
Union syndicale Solidaires
Union nationale des syndicats autonomes (UNSA)
Paris, le 16/09/2024
Abonnez-vous à notre lettre hebdomadaire - pour recevoir tous les liens permettant d'avoir accès aux articles publiés chaque semaine.
Chaque semaine, PTAG publie de nouveaux articles dans ses différentes rubriques (économie, environnement, politique, mouvements sociaux, actualités internationales ...). La lettre hebdomadaire vous fait parvenir par courriel les liens qui vous permettent d'avoir accès à ces articles.
Remplir le formulaire ci-dessous et cliquez sur ce bouton pour vous abonner à la lettre de PTAG :
Abonnez-vous à la lettre

« Les travailleurs et travailleuses de Boeing votent massivement en faveur de la grève, une défaite pour l’entreprise… déjà en difficulté »

SEATTLE – Les travailleurs de Boeing ont dressé un piquet de grève devant les usines de la société Boeing dans l'Etat de Washington, tôt ce vendredi matin (13 septembre), après avoir voté massivement en faveur de la grève.
É13 septembre 2024 | tiré du site alencontre.org
Des dizaines de milliers de machinistes [94,6%] ont voté jeudi pour rejeter une proposition d'accord entre l'entreprise et le syndicat qui aurait augmenté de manière significative les salaires et les avantages sociaux, même s'il n'a pas répondu aux autres demandes du syndicat.
Quelque 96% des membres de l'Association internationale des machinistes et des travailleurs de l'aérospatiale (International Association of Machinists and Aerospace Workers District 751- IAM) ont voté en faveur de la grève, soit bien plus que les deux tiers nécessaires pour déclencher l'arrêt de travail.
« Boeing doit cesser d'enfreindre la loi, doit négocier de bonne foi et nous reviendrons à la table des négociations chaque fois que nous pourrons nous y rendre pour faire avancer les dossiers que nos membres jugent importants », a déclaré Jon Holden, président du district 751 de l'IAM, devant une salle de machinistes réunis dans le local syndical de Seattle.
Il a été accueilli par des applaudissements nourris et un chant aux accents de « grève, grève, grève », dont beaucoup portaient des pancartes exigeant d'arrêter le travail.
Le débrayage est une rebuffade cinglante pour Boeing et pourrait représenter le défi le plus perturbant à ce jour pour une entreprise qui a passé la majeure partie de l'année à limiter les dégâts alors qu'elle passait d'une crise à l'autre.
La grève risque de faire échouer le redressement du géant de l'aérospatiale qui foit faire face aux défis financiers et aux problèmes de sécurité [de ses avions, entre autres]. Elle pourrait coûter à l'entreprise à court d'argent environ 1 milliard de dollars par semaine, selon les analystes. Les travailleurs syndiqués jouent un rôle clé dans l'assemblage de certains des avions les plus vendus de la société.
L'impact le plus direct concerne les usines d'assemblage de Boeing dans l'Etat de Washington, en particulier à Everett et à Renton. Un arrêt de travail prolongé pourrait également avoir un impact sur les fournisseurs de Boeing et éventuellement réduire sa part du marché dans l'aérospatiale.
Les machinistes de Seattle ont déclaré que la grève était envisagée depuis longtemps. « Nous voulons simplement être traités correctement et ils ne le font pas », a déclaré le mécanicien Charles Fromong, qui travaille pour Boeing depuis plus de 37 ans. « Alors je suppose que nous allons obtenir gain de cause ».
La direction deBoeing a déclaré tôt vendredi (13 septembre) qu'elle retournerait à la table des négociations. « Le message était clair : l'accord de principe conclu avec les dirigeants de l'IAM n'était pas acceptable pour les membres », a déclaré l'entreprise dans un communiqué. « Nous restons déterminés à rétablir nos relations avec nos employés et le syndicat, et nous sommes prêts à retourner à la table des négociations pour parvenir à un nouvel accord. »
Après une série de négociations tendues et marathoniennes au cours des dernières semaines, l'IAM et Boeing aient annoncé dimanche (8 septembre) qu'ils étaient parvenus à un accord de principe pour quatre ans, comprenant une augmentation de salaire de 25% sur quatre ans et une amélioration des prestations de santé et de retraite. Autre point important : si les travailleurs avaient voté en faveur de l'accord avant le contrat actuel, Boeing se serait engagé à construire ses prochains avions dans l'Etat de Washington, une revendication clé des syndicats. Les deux parties et les investisseurs avaient salué l'accord [1].
L'optimisme s'est toutefois avéré de courte durée. Lundi 9 septembre, Jon Holden de la direction de l'IAM a déclaré au Seattle Times que les membres rejetteraient probablement l'accord. L'opposition s'est accrue au fur et à mesure que les travailleurs et travailleuses organisaient des rassemblements et se retrouvaient sur les réseaux sociaux pour exprimer leurs frustrations face à la proposition de Boeing. Une copie d'un tract recueilli par le Washington Post invitait les membres à « VOTER POUR REJETER LE MAUVAIS ACCORD DE BOEING ». Il fut distribué dans de nombreuses usines de l'entreprise. Les machinistes ont également été irrités par la suppression de leur système de primes annuelles.
« Nous avons beaucoup d'influence, pourquoi la gâcher ? », a déclaré Joe Philbin, un mécanicien intervenant sur les structures des avions, devant la salle de vote à Renton, jeudi 12 septembre. Il travaille pour l'entreprise depuis six mois et souhaite que les règles relatives aux heures supplémentaires obligatoires soient modifiées.
Plusieurs membres du syndicat, transportés en bus depuis l'usine voisine de Renton, ont déclaré qu'ils votaient pour le rejet de l'accord parce qu'ils souhaitaient des augmentations de salaire plus importantes. « Quatre ans [avec 25%] ne suffisent pas à compenser les 16 dernières années », a déclaré Roger Ligrano, un ouvrier de Boeing, avant de voter. Il a ajouté qu'il votait pour la grève, en partie, pour donner aux membres du syndicat plus de temps pour aboutir à un accord.
Harold Ruffalo, qui travaille chez Boeing depuis 28 ans, a déclaré après l'annonce des résultats du vote que l'entreprise était trop cupide et que les travailleurs avaient besoin de plus d'argent pour vivre au moment où l'inflation [particulièrement sur l'alimentation, le logement…] affecte les salaires. « Ils doivent prendre soin de nous », a-t-il déclaré.
***
L'administration Biden surveille la situation. La secrétaire d'Etat au Travail par intérim [depuis le 11 mars 2023, sous-secrétaire depuis le 17 juillet 2021], Julie Su, est en contact avec les deux parties.
Les dirigeants de Boeing ont passé une bonne partie de la semaine à essayer de sauver l'accord, en exhortant les membres de l'IAM à mettre les plaintes passées derrière eux. « J'espère que vous choisirez l'avenir radieux qui s'offre à vous », a déclaré Robert Kelly Ortberg, PDG de Boeing [depuis août 2024 ; auparavant à la direction de Rockwell Collins, firme spécialisée dans l'avionique, les systèmes de pilotes automatiques et d'équipements] dans un message adressé aux employés mercredi.
« En travaillant ensemble, je sais que nous pouvons nous remettre sur de bons rails », a-t-il poursuivi. « Mais une grève mettrait en péril notre redressement conjoint, éroderait davantage la confiance de nos clients et nuirait à notre capacité à déterminer notre avenir ensemble. »
Mais les travailleurs ont rejeté son appel à la coopération.
« Je veux que l'entreprise soit juste avec nous », a déclaré T. E. Sue, qui travaille chez Boeing depuis plus de 35 ans et qui a déclaré qu'il s'agissait du « pire contrat » de son époque. « Nous sommes le pain et le beurre de la firme. »
***
A l'approche de la date limite de la grève, les « analystes » ont déclaré qu'ils s'inquiétaient de la durée de la grève. Selon eux, de nombreux travailleurs n'ont pas oublié les précédents cycles de négociations au cours desquels Boeing a obtenu des concessions – notamment la fin du programme de retraite traditionnel – afin de maintenir la production d'avions dans l'Etat de Washington.
Michael Bruno, rédacteur en chef du réseau Aviation Week, a déclaré que lors des précédents cycles de négociations, Boeing avait menacé de délocaliser la production d'avions dans d'autres Etats [où la présence syndicale est faible ou nulle] pour obtenir des concessions de la part du syndicat, ce qui avait envenimé les relations.
La dernière grève des membres de l'IAM remonte à 2008, avec un débrayage de 57 jours qui, selon Moody's [« gestion des risques » et analyse financière] a coûté à Boeing environ 1,5 milliard de dollars par mois. Boeing a rouvert les négociations sur ce contrat à deux reprises, en 2011 et en 2013, et a obtenu d'importantes concessions de la part des syndicats.
***
Boeing s'est efforcé de se remettre d'importants revers en matière de sécurité, de finances et de contentieux, qui ont commencé en janvier lorsqu'un panneau de porte d'un 737 Max s'est détaché du fuselage en plein vol, laissant un trou béant. Les multiples enquêtes menées sur cette catastrophe ont mis au jour de graves lacunes dans les systèmes de fabrication et de contrôle de la sécurité de l'entreprise. Elles ont conduit l'administration fédérale de l'aviation à limiter le nombre de jets 737 Max que Boeing pourrait construire jusqu'à ce qu'il atteigne certains objectifs de qualité et de sécurité.
En mai 2024, le ministère de la Justice a annoncé que Boeing n'avait pas respecté les conditions d'un accord qui le mettait à l'abri de poursuites pénales dans le cadre de l'accident d'un Boeing Max survenu en 2018 en Indonésie et d'un second en 2019 en Ethiopie, qui ont fait 346 morts. Boeing a accepté de plaider coupable face à une accusation de fraude criminelle [dans le processus de certification du 737 MAX] dans le cadre de cette affaire [ce qui doit lui permettre éviter un procès pénal]. Un règlement doit encore être approuvé par un juge fédéral.
L'entreprise a également connu d'importants revers dans le cadre de son programme spatial Starliner, qui a été marqué par des retards et des dépassements de coûts. La capsule spatiale est revenue sur Terre au début du mois, mais sans les deux astronautes qu'elle avait transportés jusqu'à la Station spatiale internationale, la NASA ayant décidé qu'il était trop risqué d'utiliser l'engin de Boeing.
Or, Robert Kelly Ortberg a pris ses fonctions le mois dernier, promettant un nouveau départ ! (Article publié par le Washington Post, le 13 septembre 2014, à 12h32 am ; traduction par la rédaction A l'Encontre)
[1] Le dirigeant, Jon Holden, du District 751 du syndicat IAM avait écrit aux syndiqué·e·s qu'il fallait accepter l'accord « car on ne pouvait pas obtenir plus avec une grève ». Selon la radio NPR du 13 septembre : « L'accord aurait permis d'augmenter les salaires de 25%, de réduire la part des salari·é·es dans les coûts des soins de santé et d'augmenter les cotisations de retraite de l'entreprise. En outre, Boeing avait promis que le prochain avion de la société serait construit dans ses installations du nord-ouest du Pacifique – plutôt que dans l'usine non syndiquée de Boeing en Caroline du Sud. Mais de nombreux syndiqué·e·s de la base n'étaient pas satisfaits par cette proposition. Elle n'atteignait pas les 40% d'augmentation salariale et la réforme des pensions que le syndicat réclamait ». (Réd.)
Précédent
Abonnez-vous à notre lettre hebdomadaire - pour recevoir tous les liens permettant d'avoir accès aux articles publiés chaque semaine.
Chaque semaine, PTAG publie de nouveaux articles dans ses différentes rubriques (économie, environnement, politique, mouvements sociaux, actualités internationales ...). La lettre hebdomadaire vous fait parvenir par courriel les liens qui vous permettent d'avoir accès à ces articles.
Remplir le formulaire ci-dessous et cliquez sur ce bouton pour vous abonner à la lettre de PTAG :
Abonnez-vous à la lettre

Plus ça chauffe, plus ça brûle, plus ça brûle, plus ça chauffe !

Los Angeles est encerclée par trois mégafeux restés incontrôlables pendant plusieurs jours, détruisant des dizaines de milliers d'hectares et conduisant à l'évacuation de milliers de personnes.
Hebdo L'Anticapitaliste - 721 (19/09/2024)
Par Commission nationale écologie
Au mois d'août, plus de 6 % de la surface de l'île de Madère ont brûlé pendant plus d'une semaine.
Les incendies, qui ont détruit plus de 10 000 hectares, causé la mort d'une femme et des dizaines de blesséEs, menaçaient la banlieue d'Athènes.
Le Brésil, déjà durement touché les années précédentes, connaît des records. En Amazonie, 38 226 incendies ont été détectés au cours du mois d'août. Le Cerrado, près de São Paulo, et le Pantanal, la plus importante zone humide du monde, située à l'ouest du pays, ont subi des feux très nombreux et importants.
Sécheresse et agrobusiness
Ces incendies sont directement liés à la sécheresse et aux chaleurs extrêmes. L'Amazonie paye le prix des records historiques de chaleur et de sécheresse de l'été 2023 qui ont fragilisé les écosystèmes forestiers (perte de verdure, stress hydrique…) Mais le changement climatique n'est pas le seul en cause. L'autre grand fléau au Brésil n'a rien de « naturel », il a pour nom l'agrobusiness. Les grands éleveurs industriels de bovins déclenchent volontairement des incendies pour transformer la forêt en zone de pâturage. Avec la chaleur et la sécheresse, ces incendies peuvent rapidement devenir incontrôlables. Les mêmes, qui sont de fervents partisans de Bolsonaro, sont aussi soupçonnés d'incendies criminels volontaires pour décrédibiliser la politique de protection de la forêt du gouvernement Lula. Une politique « zéro déforestation » qui n'est pas sans contradictions, puisque Lula prétend toujours concilier l'agriculture industrielle, productiviste et le « développement durable ».
Déforestation et consommation de CO2
La déforestation est la deuxième grande cause du basculement climatique — après les émissions dues à la combustion des énergies fossiles. Mais localement, elle est aussi directement responsable de l'asséchement, donc des incendies. Un cercle infernal qui rend de plus en plus menaçant le scénario de la savanisation de l'Amazonie qui aurait des conséquences sur la globalité du système climatique mondial.
L'inquiétude vient aussi de l'état des forêts boréales ravagées par les mégafeux de l'été 2023. 4 % de la surface forestière du Canada ont brûlé, faisant passer le Canada du 11e au 4e rang des pays les plus émetteurs de CO2. Pourtant comme l'indique une étude parue en mars 2024 dans la revue Science « même les modèles climatiques les plus avancés utilisés par le Giec ne prennent pas en compte les feux extrêmes ni leurs rétroactions. Cela nous pousse à surestimer le budget carbone restant dont nous disposons ».
Avec les incendies et les sécheresses, ce sont aussi les capacités d'absorption du CO2 par les puits de carbone que constituent les sols et les forêts, qui s'effondrent, de trois à cinq fois moindres en 2023.
Manifestations spectaculaires du bouleversement climatique, les mégafeux sont aussi au cœur des menaces de basculements irréversibles.
Commission nationale écologie
Abonnez-vous à notre lettre hebdomadaire - pour recevoir tous les liens permettant d'avoir accès aux articles publiés chaque semaine.
Chaque semaine, PTAG publie de nouveaux articles dans ses différentes rubriques (économie, environnement, politique, mouvements sociaux, actualités internationales ...). La lettre hebdomadaire vous fait parvenir par courriel les liens qui vous permettent d'avoir accès à ces articles.
Remplir le formulaire ci-dessous et cliquez sur ce bouton pour vous abonner à la lettre de PTAG :
Abonnez-vous à la lettre

La révolution verte de Bill Gates en Afrique : OGM, fertilisants et disettes

Mettre fin à la faim… un rêve de philanthrope ou d'apprenti sorcier. Le fondateur de Microsoft mène ainsi une véritable révolution de l'agriculture africaine. Mais ses expérimentations comme ses recommandations, quand elles ont été appliquées par des pays africains, ont engrangé moins de récoltes que les techniques traditionnelles jusque-là mises en œuvre, constate “The Continent”.
18 septembre 2024 | tiré du Courrier international | produit par The continent | Photo : Bill Gates, lors de la COP 28 à Dubaï, le 1er décembre 2023.Bill Gates, lors de la COP 28 à Dubaï, le 1er décembre 2023. PHOTO Getty Images / AFP
https://www.courrierinternational.com/article/enquete-la-revolution-verte-de-bill-gates-en-afrique-ogm-fertilisants-et-disettes_221836
La population d'Afrique est celle qui connaît la croissance la plus rapide. Et, à l'horizon 2050, le continent pourrait compter plus de 2,4 milliards d'habitants. D'ores et déjà, nourrir toutes ces bouches constitue le grand défi politique de tous les dirigeants africains.
Sur les 1,5 milliard de personnes qui vivent en Afrique aujourd'hui, environ 10 % se trouvent dans une situation d'insécurité alimentaire grave – concrètement, elles passent parfois des journées entières sans prendre un seul vrai repas. Des centaines de millions d'autres ne savent pas toujours d'où viendra leur prochain repas. Ajoutez à cela 900 millions de personnes. Il va de soi que quelque chose doit changer.
Lire aussi : Une du jour. Au Soudan, la guerre provoque “la pire crise humanitaire du monde”
L'idée de base est faussement simple : pour nourrir la population, il faut transformer les exploitations agricoles – en particulier les 33 millions de petites fermes du continent. Ces exploitations, qui produisent aujourd'hui 70 % de l'alimentation de l'Afrique, possèdent des rendements parmi les plus faibles de la planète. Mais comment améliorer les rendements tout en protégeant les communautés agricoles ?
La figure la plus influente de ce débat n'est pas un agriculteur ni un leader politique africain, non, c'est un ingénieur informatique venu des États-Unis, un ingénieur qui n'a jamais travaillé dans un champ de sa vie, même si des champs, il en possède, et pas qu'un peu : on estime à 109 000 hectares la surface des exploitations qu'il détient dans 19 États américains.
Un riche propriétaire agricole
Bill Gates, la septième des personnes les plus riches du monde, est passionné d'agriculture. Et il pense mordicus que l'agriculture industrielle moderne peut résoudre le problème de la faim dans le monde. Aux États-Unis, il a pioché dans sa fortune, estimée à 129 milliards de dollars [117 milliards d'euros], pour acheter une multitude de champs, au point d'être aujourd'hui le premier propriétaire de terres agricoles du pays.
L'agriculture américaine est fort différente de l'agriculture africaine. Aux États-Unis, les exploitations sont gigantesques : en moyenne, les fermes américaines sont 100 fois plus grandes que les fermes africaines. Elles ont aussi tendance à pratiquer la monoculture, par exemple du maïs ou du soja, à partir de semences “hybrides” génétiquement modifiées. Aussi, chaque année, elles doivent acheter de nouvelles semences – car celles-ci ne peuvent pas se reproduire – à des géants de l'agro-industrie comme Bayer ou Syngenta, ainsi que les engrais chimiques, les herbicides et les pesticides nécessaires à leur croissance.
Des pollinisateurs en or : Reportage. En Californie, la traque aux voleurs d'abeilles
Conséquence : c'est un modèle qui coûte cher, et les agriculteurs ont besoin de financements. Mais lorsque tout fonctionne, le jeu en vaut la chandelle : aux États-Unis, le rendement du maïs est d'environ 11 tonnes par hectare. Alors qu'au Kenya, par exemple, il ne dépasse pas 1,4 tonne.
D'après M. Gates, la solution à la faim en Afrique est évidente : il faut combler le fossé qui sépare encore l'agriculture africaine de sa cousine américaine. Pour nourrir un plus grand nombre de personnes, les agriculteurs africains doivent produire davantage de nourriture, et pour ce faire ils doivent apprendre les méthodes de leurs collègues américains. Les exploitations doivent s'agrandir. Elles doivent avoir accès aux semences hybrides modernes et à des capitaux pour les acheter. Les sols fatigués doivent être amendés avec des engrais chimiques, les cultures protégées contre les nuisibles et les maladies, et les récoltes être vendues plutôt que stockées pour être consommées par les fermiers.
L'échec zambien
C'est une véritable révolution de l'agriculture du continent, qui pratique depuis des siècles et des siècles les mêmes méthodes traditionnelles.
Et c'est bien une révolution que M. Gates propose aujourd'hui. En 2006, la Fondation Bill-et-Melinda-Gates et la Fondation Rockefeller ont créé l'Alliance pour une révolution verte en Afrique (Alliance for a Green Revolution in Africa), ou Agra. À elles deux, elles ont investi plus de 1 milliard de dollars [910 millions d'euros] pour repenser de fond en comble les politiques agricoles nationales et continentales.
Sauf que la révolution ne s'est pas passée comme prévu. En juillet 2024, le Centre africain pour la biodiversité a publié un rapport sur cette question : le système alimentaire de Zambie est-il en train de s'effondrer ? Le fait est que le pays traverse l'une des pires sécheresses qu'il ait jamais connues. Près de la moitié des cultures de maïs ont été perdues, alors que le prix des aliments de base a augmenté de 30 %. Résultat : plus de 6 millions de Zambiens, sur une population totale de 20 millions, sont exposés à de graves pénuries alimentaires et à la malnutrition.
Lire aussi : Éthiopie. Le plus grand barrage d'Afrique bouleverse l'équilibre de la vallée de l'Omo
Tout cela ne faisait pas partie de la vision de Bill Gates. Les gouvernements successifs de Zambie ont été parmi les plus enthousiastes à adopter les politiques recommandées par la Fondation Gates et le pays est un élève modèle du projet d'industrialisation de l'agriculture africaine. En 2009, il a mis en place un programme de subventions incitant les agriculteurs à passer aux semences commerciales et à utiliser les engrais de façon intensive.
Plus de 1 million d'agriculteurs se sont lancés dans l'aventure. Mais, loin d'augmenter les récoltes, ces nouvelles méthodes n'ont fait qu'accroître la vulnérabilité des fermiers aux phénomènes climatiques extrêmes, comme l'actuelle sécheresse.
Une révolution vert-de-gris
Le recours aux semences hybrides et aux engrais importés a dégradé les sols, rendant leur mise en culture difficile. Et comme les cultures de subsistance traditionnelles ont été remplacées par des cultures commerciales – qui ont fait un fiasco –, les paysans n'ont rien à se mettre sous la dent.
“Avant, nous avions plusieurs cultures, explique l'agricultrice zambienne Mary Sakala, présidente de l'Assemblée rurale des femmes (Rural Women's Assembly), qui a commandé le rapport. Mais le gouvernement et l'agro-industrie ont poussé les fermiers à se mettre à la monoculture, qui repose sur l'achat d'intrants. Et leurs programmes nous ont tous rendus plus vulnérables.”
À écouter : Les Sentinelles. Assata Doumbia, en Côte d'Ivoire : “Nous permettons aux femmes d'avoir leurs propres revenus”
Le constat ne se limite pas à la Zambie : plusieurs études menées sur le continent mettent également en doute l'efficacité des politiques de l'Agra, y compris une étude commandée par la Fondation Gates.
Selon cette étude, publiée il y a deux ans, “l'Agra n'a pas atteint son objectif principal, qui est d'augmenter les revenus et la sécurité alimentaire de 9 millions de petits exploitants”.
Une autre étude, de l'université Tufts, aux États-Unis, n'a trouvé aucun élément dans les données nationales des 13 pays clés ciblés par l'Agra indiquant que ses “politiques de la révolution verte avaient une incidence positive significative sur le rendement des cultures ou la sécurité alimentaire”.
Bien qu'elle ait contesté ces résultats, l'Agra semble en avoir pris note, dans une certaine mesure : en 2022, elle a retiré “révolution verte” de son nom et se présente désormais sous ce seul acronyme.
Une action “immorale et injuste”
“Bill Gates et l'agrobusiness se prennent pour Dieu, clame l'évêque Takalani Mufamadi, de Durban, en Afrique du Sud. Ils prétendent être les messies des pauvres et de ceux qui ont faim, or c'est un échec cuisant : leur approche industrielle dégrade les sols, détruit la biodiversité et privilégie le profit des entreprises au détriment des personnes. Ce qu'ils font est immoral et injuste. C'est un péché.”
Mercredi 28 août, M. Mufamadi s'est exprimé au nom de l'Institut pour l'environnement des communautés confessionnelles d'Afrique du Sud (Southern African Faith Communities' Environment Institute), qui a demandé à la Fondation Gates de verser des réparations pour compenser les dommages causés par ses politiques d'industrialisation en Afrique. Il a dit que la fondation devait travailler main dans la main avec les populations lésées pour “réparer les sols et les nappes phréatiques”.
Cet appel a été repris en écho par l'Alliance pour la souveraineté alimentaire en Afrique (Alliance for Food Sovereignty in Africa), un groupe de la société civile qui dit représenter plus de 200 millions de petits exploitants agricoles, pasteurs et groupes autochtones de tout le continent. Selon son coordinateur général Million Belay :
“L'agriculture vers laquelle ils nous entraînent est une agriculture dépendante des produits agrochimiques.”
Ce qui, dénonce-t-il, accentue la vulnérabilité des exploitants aux événements climatiques extrêmes et aux fluctuations des prix des intrants, comme les engrais, qui sont généralement importés. M. Belay va plus loin : selon lui, la Fondation Gates s'est servie de son immense influence politique et financière pour étouffer toutes les autres formes d'agriculture. “Je ne dis pas que les gouvernements d'Afrique n'agissent pas, car ils agissent, mais ils ont les mains liées par la dette et d'autres difficultés économiques, ce qui laisse la porte grande ouverte à la Fondation Gates et d'autres grands bailleurs de fonds, qui viennent influencer nos politiques et nos stratégies.”
Lorsque The Continent l'a contactée, la Fondation Gates a rejeté ces critiques. “Le soutien que nous apportons à de nombreuses organisations comme l'Agra aide les pays à prioriser, à coordonner et à mettre en œuvre efficacement leurs stratégies nationales de développement agricole sur la base de leurs plans nationaux.”
Abonnez-vous à notre lettre hebdomadaire - pour recevoir tous les liens permettant d'avoir accès aux articles publiés chaque semaine.
Chaque semaine, PTAG publie de nouveaux articles dans ses différentes rubriques (économie, environnement, politique, mouvements sociaux, actualités internationales ...). La lettre hebdomadaire vous fait parvenir par courriel les liens qui vous permettent d'avoir accès à ces articles.
Remplir le formulaire ci-dessous et cliquez sur ce bouton pour vous abonner à la lettre de PTAG :
Abonnez-vous à la lettre

France - L’extrême droite et les femmes

Si l'extrême droite se caractérise notamment par son nationalisme exacerbé et sa défense d'un « intérêt » et d'une « identité nationale », elle est aussi marquée par une vision conservatrice de la société prônant des rôles traditionnels aux femmes et aux hommes, rôles qu'elle va considérer comme naturels (1). Historiquement opposée aux avancées des droits des femmes, comment l'extrême droite a-t-elle fini par s'adresser spécifiquement à elles ?
Revue L'Anticapitaliste n° 158 (juillet 2024)
Par Aurélie-Anne Thos
Crédit Photo
Paris, 23 juin 2024, manifestation féministe contre l'extrême droite. © Photothèque Rouge / Martin Noda / Hans Lucas.
De manière générale, les différents groupes d'extrême droite défendent chacun une « idéologie de genre » rigide selon laquelle les femmes doivent prendre en charge le soin à la famille et aux enfants en raison de leur capacité reproductrice tandis que les hommes sont associés au monde extérieur du travail et de la politique, sont chargés de gérer leur foyer « en bons pères de famille ». Cela s'accompagne de la vision fantasmée d'un passé regretté qui serait en train de définitivement disparaître, où les hommes seraient seuls pourvoyeurs de ressources pour la famille et où les femmes seraient des bonnes épouses dociles. Pour l'extrême droite, cette famille hétéronormée tendrait à disparaître, ce qui mettrait en danger la société tout entière.
Une pensée dominée par la peur
En particulier la pensée d'extrême droite est déterminée par la peur : peur de l'effondrement de la société et de la chute de la civilisation, peur du métissage et du « grand remplacement ». Il faut noter que si l'extrême droite ne parle plus ouvertement de race, elle déroule le même argumentaire xénophobe habituel concernant les étranger·es, les immigré·es, les musulman·nes au nom de différences culturelles et/ou religieuses, développant l'idée d'un « ennemi intérieur » qui viendrait ronger l'ordre établi. Mais cette idéologie repose aussi sur la peur de l'indifférenciation des sexes, de la destruction du masculin et de l'hétérosexualité. Éric Zemmour incarnera parfaitement cette pensée lorsqu'il parle par exemple de « crise de la masculinité » et en revendique un retour aux anciens rôles de genre (2) ; tandis qu'en Allemagne, le parti d'extrême droite AFD luttera pour une « masculinité renforcée » (3).
Pour l'idéologie d'extrême droite, la famille joue un rôle privilégié. Elle est considérée à la fois comme la cellule de base de la société et à la fois comme le cadre dans lequel vont se transmettre les valeurs et l'identité nationale, d'où le mot d'ordre historique : « Travail, Famille, Patrie ». Or les femmes occupent un rôle central dans la famille : elles assurent la reproduction générationnelle et elles prennent en charge l'éducation des enfants. Dans ce contexte, les femmes représentent un moyen de répondre aux dangers créés et perçus par l'extrême droite : face au grand remplacement, il faut que les femmes (blanches et françaises) fassent des enfants ; face au risque de destruction de la famille, il faut que les femmes soient en couple (hétérosexuel) etc.
Les femmes comme instrument pour déployer l'idéologie
Cela signifie au fond que l'extrême droite a besoin de l'adhésion des femmes à son projet politique patriotique et réactionnaire. Or, de ce point de vue, l'extrême droite a longtemps été confrontée à un problème : les femmes s'engageaient moins auprès des groupes d'extrême droite et votaient moins pour leurs formations politiques. On parle alors de Radical Right Gender Gap. Ce fossé (gap) a longtemps existé : il trouvait probablement sa source dans la réticence des femmes à s'engager pour des idées extrêmes, par ailleurs souvent représentées par des hommes politiques particulièrement virulents et traditionnellement opposés à l'avancée des droits des femmes. On retrouvera d'ailleurs l'existence de ce même écart d'engagement entre les hommes et les femmes parmi le public d'Éric Zemmour, ce qui a poussé ce dernier à s'engager dans la campagne #LesFemmesAvecZemmour afin de gonfler son électorat. Pour les groupes d'extrême droite, ce Radical Right Gender Gap constitue deux difficultés majeures : d'abord, le projet porté par l'extrême droite repose en grande partie sur l'adhésion y compris idéologique de ces dernières, ensuite, sans le vote des femmes se pose la question de leur accession au pouvoir. Ainsi, en 2002, si seules des femmes avaient pu voter, Jean-Marie Le Pen ne serait pas parvenu au second tour de l'élection présidentielle. Gagner les voix des femmes est donc primordial.
Fémonationalisme et masculinisme
Pour répondre à ces difficultés, l'extrême droite a développé une rhétorique fémonationaliste (qui va parfois se décliner en homonationalisme, sous certaines conditions) qui vient instrumentaliser les droits des femmes dans l'objectif de défendre son projet raciste, xénophobe et islamophobe. Cette rhétorique se développe selon trois angles principaux : le choc civilisationnel, l'instrumentalisation des violences faites aux femmes et la proposition d'une forme protectrice du patriarcat.
Pour l'extrême droite, il s'agit d'abord de s'approprier les précédentes victoires obtenues par le mouvement féministe en France et en Europe, afin d'asseoir l'idée de la supériorité civilisationelle de l'Occident sur les cultures arabes, musulmanes ou africaines. Cela leur permet alors, tout en développant un discours raciste qui dénonce les autres cultures comme arriérées, et de défendre des lois antivoile en France au prétexte de « libérer » les femmes musulmanes. Marine Le Pen déclarait par exemple en 2015 : « Si nous perdons, le voile sera imposé à toutes les femmes, la charia remplacera notre Constitution, la barbarie s'installera ». On retrouve peu ou prou la même dynamique au sujet des violences sexistes et sexuelles : l'extrême droite s'est approprié les discours de lutte contre les violences faites aux femmes mais uniquement dans le but de servir sa propagande raciste. Ainsi, alors que l'écrasante majorité des violences sont commises par des hommes proches, connus de la victime, l'extrême droite choisit de se concentrer uniquement sur les agressions commises dans l'espace public, par des hommes racisés. Et ce discours va largement se diffuser : en avril 2024, Europe 1 titrait ainsi un article « Les étrangers à l'origine de 77 % des viols élucidés dans les rues de Paris en 2023 » (4) en parlant seulement des 28 viols élucidés à Paris et en oubliant les 93 970 autres ayant lieu en moyenne chaque année. Enfin, apparaît de plus en plus dans leur discours l'idée que le patriarcat serait un cadre de vie protecteur pour les femmes : le mariage et la famille leur offriraient un cadre de sécurité (financière et physique) et permettraient l'épanouissement. Cette tendance explose avec le mouvement Tradwife (contraction de Traditional Wife « épouse traditionnelle ») aux États-Unis qui a pris des proportions considérables durant le Covid où près de 860 000 femmes ont perdu leur emploi (contre 200 000 hommes) en popularisant l'image de la femme au foyer tout entière consacrée au bien-être de son mari et de ses enfants. En France, des influenceuses TradWife vont aussi faire leur apparition et se développer sur les réseaux sociaux : ainsi, l'influenceuse Thaïs d'Escufon, ancienne porte-parole de Génération identitaire, explique « Une femme vous aime pour le statut que vous lui apportez, le style de vie que vous lui offrez, le divertissement que vous lui procurez ».
Le déni de la réalité
Il faut bien noter que pour l'extrême droite il ne s'agit donc jamais de « coller au réel » : peu importe donc que la majorité des violences faites aux femmes se déroule dans leur propre foyer. Peu importe que les violences faites aux femmes trouvent leur source dans la domination patriarcale. Peu importe aussi les vraies disparités en matière de droits des femmes dans les pays d'Europe. Tout ce qui compte, au final, c'est le discours de peur déployé pour gagner : l'instrumentalisation de faits divers, la déformation de la vérité, le mensonge, l'aveuglement, ne sont que des tactiques consciemment utilisées pour prendre le pouvoir.
En miroir, l'extrême droite a aussi un projet pour les hommes et tend donc à s'adresser à eux au travers de discours masculinistes. L'idée étant d'abord de prétendre que le féminisme a mis les femmes en position de force et qu'aujourd'hui les hommes se retrouvent affaiblis, voire opprimés par les avancées de ces dernières années. À travers la rhétorique incel (célibataire involontaire), des pans entiers de l'extrême droite vont faire le lien entre le sexisme et le racisme. Si les femmes ne veulent pas avoir de rapport avec eux, c'est à la fois parce que le féminisme les a détournées des hommes mais aussi parce qu'elles choisissent les hommes noirs ou arabes5 plutôt que les hommes blancs. L'antiféminisme est ainsi lié à l'idéologie raciste et extrémiste. Ces mouvances vont jusqu'au passage à l'acte terroriste : à Montréal et aux États-Unis, l'extrême droite masculiniste tue.
Les femmes de plus en plus attirées vers l'extrême droite
En parallèle de ces discours politiques, les partis et les groupes d'extrême droite bénéficient des avancées féministes pour les femmes dans la société. Ainsi, Marine Le Pen déclarait par exemple, au sujet des lois sur la parité en politique : « J'étais assez contre mais, avec le recul, cette loi a permis aux femmes d'arriver en nombre dans ce monde ». Au fur et à mesure, de nouvelles figures féminines de la droite et de l'extrême droite émergent : Marine Le Pen, Marion Maréchal Le Pen, Doria Moutot, Thaïs d'Escufon etc. Ces femmes ont alors deux rôles : d'abord de propager la parole du Rassemblement national ou de l'extrême droite en général, ensuite de féminiser leur organisation et d'attirer vers elle d'autres femmes. Cette arrivée des femmes va accompagner et renforcer le processus de dédiabolisation de l'extrême droite et du RN en cours depuis plusieurs années.
Et cette technique finit malheureusement par porter ses fruits : les femmes se tournent de plus en plus vers l'extrême droite. Selon Christèle Marchand-Lagier : « Il y avait sept points d'écart entre les femmes et les hommes lors de l'élection présidentielle de 1988 et de 1995, six points d'écart en 2002, et trois en 2007. En 2012, il reste vraisemblablement un point d'écart » (6). Ainsi, le RN aurait gagné dix points dans l'électorat féminin entre 2019 et 2024, passant de 19 % à 30 % (7). Selon elle, c'est auprès des femmes les plus dépendantes que le vote RN progresse le plus : moins diplômées, dans des emplois plus précaires ou sans emploi, mariées plus jeunes, avec de faibles ressources. Elle écrit : « C'est donc bien le rapport au monde politique mais également social et professionnel des classes populaires qu'il faut interroger pour comprendre le repli sur l'abstention ou le vote FN de ces femmes ». Pour ces femmes, l'extrême droite a donc réussi à s'imposer comme une option enviable.
Pourtant l'extrême droite représente une imposture et un piège total pour les femmes : attaques contre le droit à l'avortement comme en Italie, en Pologne ou aux États-Unis, attaques contre le droit à porter le voile et stigmatisation des femmes musulmanes, attaques générales contre les salaires, les aides sociales, qui porteront préjudice d'abord aux femmes. Tout le programme développé par l'extrême droite vise uniquement à maintenir les femmes dans leur foyer et à leur faire perdre leur autonomie.
Un espoir se porte toutefois sur la nouvelle génération de jeunes femmes qui se politisent en grande partie sur les réseaux sociaux et qui bénéficie d'un renouveau des luttes féministes et antiracistes : au sein de cette jeune génération, le Radical Right Gender Gap est en train de réapparaitre (8).
Notes
1. Juliette Léonard, « Féminisation de l'extrême droite. La comprendre pour mieux la combattre ? », Collectif contre les violences familiales et l'exclusion (CVFE asbl), décembre 2022.
2. Noémie Lair, « Nous avons exhumé 25 ans de sorties sexistes d'Éric Zemmour », France Inter, 4 novembre 2021.
3. « Antiféminisme », Kreatur. Le Magazine féministe d'Arte, épisode 13, disponible jusqu'au 2 mars 2051.
4. Jean-Baptiste Marty, « Les étrangers à l'origine de 77 % des viols commis dans les rues de Paris en 2023 », Info Europe 1, 18 avril 2024.
5. Pierre Gault, “MASCUS : Infiltration chez les hommes qui détestent les femmes”, france.tv slash / enquêtes, everprod, 2024. Documentaire complet disponible sur Youtube.
6. Christèle Marchand-Lagier, « Le vote des femmes pour Marine Le Pen. Entre effet générationnel et précarité socioprofessionnelle », dans Travail, genre et sociétés, n° 40, 2018/2, p. 85-106.
7. Agence France Presse, « En France, la fin du “fossé de genre” vis-à-vis du vote d'extrême droite », 14 juin 2024. Dépêche AFP disponible sur Mediapart.
8. « A new global gender divide is emerging », The Financial Times.
*****
Abonnez-vous à notre lettre hebdomadaire - pour recevoir tous les liens permettant d'avoir accès aux articles publiés chaque semaine.
Chaque semaine, PTAG publie de nouveaux articles dans ses différentes rubriques (économie, environnement, politique, mouvements sociaux, actualités internationales ...). La lettre hebdomadaire vous fait parvenir par courriel les liens qui vous permettent d'avoir accès à ces articles.
Remplir le formulaire ci-dessous et cliquez sur ce bouton pour vous abonner à la lettre de PTAG :
Abonnez-vous à la lettre

La GPA : une conception patriarcale de la reproduction

Réponse à la tribune parue dans Le Monde du 4 Septembre 2024 intitulée « ll faut dépasser le débat binaire sur la GPA »
Tiré de Entre les lignes et les mots
https://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2024/09/20/la-gpa-une-conception-patriarcale-de-la-reproduction/
Coalition Internationale pour l'Abolition de la Maternité de Substitution
Le 3 septembre 2024, une tribune intitulée « Il faut dépasser le débat binaire sur la GPA » paraissait dans le journal Le Monde. Cette tribune se présente comme progressiste et dégagée de schémas encore ancrés dans la société, mais la plupart des arguments s'appuient sur une conception patriarcale de la reproduction et de la filiation, et oublient que l'éthique ne se confond pas avec la morale.
Les auteurs affirment que « la GPA [gestation pour autrui] et la transplantation utérine sont les seules solutions médicales à l'infertilité utérine absolue ». Pour eux, une femme vivrait une grossesse, puis remettrait l'enfant à des commanditaires sans conséquence pour elle-même et l'enfant ! C'est faire fi de l'épigénique et du microchimérisme qui nous ont appris l'importance du lien materno-foetal [1]. De plus, la GPA ne soigne en rien l'infertilité des commanditaires et ne leur permet pas de donner naissance.
Dans un contexte où les femmes ont dû batailler pour faire reconnaître leurs droits, comme celui de transmettre leur nom en France, il nous semble surprenant de considérer comme progressiste une pratique dans laquelle la femme qui met au monde un enfant est privée de droits sur lui.
Critiques de cette tribune, nous sommes convaincues que divers modèles de famille peuvent coexister indépendamment de l'orientation sexuelle de leurs membres. Mais cette diversité ne doit pas servir à manipuler les concepts et les droits des femmes au nom de l'empathie à l'égard des « personnes sans capacité gestationnelle » désireuses d'obtenir un enfant issu de leurs gènes.
Depuis des millénaires, dans les sociétés patriarcales, les femmes accouchent au risque de leur santé et de leur vie pour donner des enfants aux hommes. Avec l'accès à la contraception et à l'IVG, elles ont enfin obtenu la capacité et la liberté de gérer leur propre fécondité et de s'abstraire de l'assignation à la reproduction. Avec la GPA revient, orchestré par un marché lucratif, l'utilisation des femmes à des fins procréatives, non pour leur propre projet parental, mais pour celui de tierces personnes.
La tribune évoque les « réflexions féministes autour de la maternité et de ses normes, que la GPA vient interroger ». Justement ! Un féminisme sans concession ne peut que dénoncer la misogynie de la GPA qui considère que les femmes y consentent naturellement par générosité, qualité assignée aux femmes dans les sociétés patriarcales.
C'est le mouvement féministe qui a permis de porter à l'agenda politique la criminalisation du viol, les questions d'accès à la contraception et à l'avortement, et aujourd'hui de lutte contre l'exploitation des femmes dans la prostitution et la GPA. La GPA ne relève pas de la « libre disposition de soi », mais organise la mise à disposition du corps et de la fécondité des femmes pour autrui. Le sens du slogan féministe « mon corps mon choix » est subverti en « mon corps, le choix des commanditaires ».
Il existe toute une série d'arguments autour de la valorisation du pragmatisme comme levier d'acceptation de la GPA. Parce que « l'interdiction n'endigue pas la pratique », il nous faudrait donc nous résigner à son inéluctable développement. Mais une interdiction n'a jamais abouti à la disparition d'une pratique, pensons par exemple à l'excision, l'inceste, l'esclavage qui survivent malgré tout. Une interdiction a d'abord pour fonction de poser des limites, de protéger les plus vulnérables et défendre notre humanité commune, ce que vise clairement l'abolition du recours à la GPA.
Le pragmatisme a conduit le Royaume-Uni, la Grèce, le Canada, à légiférer sur la GPA selon un modèle dit « altruiste ». Mais sous la pression du marché, les dispositions législatives en faveur des mères porteuses sont progressivement édulcorées. En Grèce des scandales en matière de GPA éclatent sporadiquement, la Rapporteuse spéciale des Nations Unis sur la violence contre les femmes et les filles vient de le dénoncer [2].
En matière de droits humains, la GPA relève des violences en raison de l'exploitation reproductive des femmes au même titre que la stérilisation imposée, l'absence d'accès légal à l'avortement et à la contraception ou encore l'avortement forcé.
Refuser l'instrumentalisation des femmes au profit de tierces personnes, refuser que des enfants deviennent objets de contrat pour être vendus et achetés ne relève pas de la morale, mais bien de conceptions qui ont émergé récemment : égalité entre les femmes et les hommes, intégrité de la personne humaine, justice sociale. La question de la GPA est éminemment politique et s'analyse au seul prisme des droits humains, et non en « problème relatif à la vie sociale d'individus », qui est la définition de la notion de « sociétal » employée par les auteurs de cette tribune. De plus, placer toute opposition à la GPA sous l'oripeau de la morale constitue une tentative éculée de discréditer toute critique, ce qui n'est pas pertinent dans une société démocratique.
Berta O. Garcia, Ana-Luana Stoicea Deram, Marie-Josèphe Devillers
Co-présidentes de la CIAMS, Coalition Internationale pour l'Abolition de la Maternité de Substitution.
https://abolition-ms.org/nos-actions-fr/institutions-nationales/france/la-gpa-une-conception-patriarcale-de-la-reproduction-reponse-tribune-du-monde-03-09-2024/
Cette coalition féministe rassemble 50 organisations actives dans 17 pays (Australie, Corée du Sud, Japon, Ukraine, Roumanie, Grèce, Autriche, Italie, Belgique, Suède, RU, Irlande, France, Espagne, Colombie, Canada, USA).
Ses actions en faveur de l'abolition de la GPA sont soutenues par plus de 500 ONG issues de près de 60 pays.
[1] https://www.polytechnique-insights.com/tribunes/sante-et-biotech/microchimerisme-ces-cellules-etrangeres-qui-nous-veulent-du-bien/
[2] Rapport de Reem Alsalem :
https://spcommreports.ohchr.org/TMResultsBase/DownLoadPublicCommunicationFile?gId=29143.
Voire également l'Interview de Laila Agorram par Béatrix Moreau, la réalisatrice de Grèce, le prix d'un enfant, 2017.
https://www.publicsenat.fr/article/societe/grece-le-commerce-lucratif-de-la-gpa-75298
De nombreux scandales ont été mis à jour :
en 2013
https://www.europol.europa.eu/media-press/newsroom/news/66-suspected-of-arranging-illegal-adoptions-and-surrogacies-and-human-egg-trafficking-in-greece.
En 2019
https://www.euronews.com/2019/09/27/greek-police-smash-alleged-500-000-baby-smuggling-network.
En 2023
https://neoskosmos.com/en/2023/08/14/news/greece/major-human-trafficking-and-baby-adoption-ring-dismantled-in-chania-greece
*****
Abonnez-vous à notre lettre hebdomadaire - pour recevoir tous les liens permettant d'avoir accès aux articles publiés chaque semaine.
Chaque semaine, PTAG publie de nouveaux articles dans ses différentes rubriques (économie, environnement, politique, mouvements sociaux, actualités internationales ...). La lettre hebdomadaire vous fait parvenir par courriel les liens qui vous permettent d'avoir accès à ces articles.
Remplir le formulaire ci-dessous et cliquez sur ce bouton pour vous abonner à la lettre de PTAG :
Abonnez-vous à la lettre
Le programme PAFI, vous connaissez ? PAFI pour programme d'aide financière à l'investissement.

Nouvelle-Calédonie : comment les exactions de l’État ont mené au chaos insurrectionnel

« Ceux qui rendent une révolution pacifique impossible rendront une révolution violente inévitable » J. F. Kennedy. Quelles sont les causes profondes du chaos insurrectionnel actuel en Kanaky ? Une analyse synthétique.
Tiré du blogue de l'auteur. L'auteur est écrivain & militant indépendantiste en NC.
La France a le statut de « puissance administrante » du « territoire non autonome » de la Nouvelle-Calédonie, suivant le vote en 1986 de l'assemblée générale de l'ONU. Le peuple Kanak autochtone veut à 90 % son indépendance, éventuellement en lien avec la France, et tend la main aux non Kanak solidement établis pour construire le pays ensemble.
L'État veut empêcher cela, bien que l'opinion publique française y soit largement favorable. Il se livre ainsi à nombre d'exactions colonialistes d'un nouveau genre pour contrer cette « menace » apparue depuis 1956.
Il est important pour le proche avenir d'en faire une analyse synthétique qui mette en perspective les causes profondes du chaos insurrectionnel actuel.
Ce qui se passe depuis le 13 mai 2024
Le 13 mai 2024 éclate sur le Grand Nouméa une insurrection indépendantiste violente et spontanée.
Ce jour-là, l'Assemblée Nationale vote à Paris un projet de révision de la constitution pour modifier le corps électoral calédonien, ce que le Sénat a fait peu avant. La route est ouverte pour l'étape ultime : la réunion des deux assemblées en congrès à Versailles et le vote réitéré mais cette fois commun du même texte. La modification constitutionnelle serait alors entérinée.
Problème : ce corps électoral est partie intégrante de l'Accord de Nouméa - ADN - signé en 1998 par l'État, les indépendantistes et leurs ex opposants. Un ADN exceptionnellement inséré dans la constitution, qui édicte que « l'organisation politique » du pays est, jusqu'à la pleine souveraineté, « sans possibilité de retour en arrière, cette "irréversibilité" étant constitutionnellement garantie ».
Ce 13 mai 2024, le marbre de la constitution se fissure donc. La révolution pacifique vers la souveraineté est rendue impossible et le chaos insurrectionnel populaire commence, débordant largement les protestations plus conventionnelles des diverses structures indépendantistes.
Depuis ce jour l'agglomération du Grand Nouméa, essentiellement, a connu au moins 13 morts, presque tous par balle, presque tous Kanak : un massacre plus intense que lors des « évènements » 1984/1988 (80 tués en 4 ans), et équivalent à 3 250 (1) tués dans l'Hexagone.
Les dégâts matériels - plus de 1,5 milliard d'Euros - sont aussi massivement supérieurs. Plus de 600 entreprises, souvent métropolitaines, sont pillées et/ou incendiées, mais aussi des maisons, des écoles, des équipements miniers, parfois des biens de l'église catholique. Certains actes semblent ciblés, d'autres non.
Le tout sur moins d'un dixième du pays regroupant 2/3 de ses 270 000 habitants, pour l'essentiel allogènes. Les Kanak, 42 % de la population du pays et majoritaires ailleurs, y sont 26 % contre 16 % dans les années 1980.
Là se juxtaposent les quartiers pauvres d'Océaniens/Kanak, et des zones huppées regroupant surtout des « métros », avec trop souvent - pas toujours - leurs racismes et plaisanteries malsaines parfois light ou plus trash sur les cafards et autres singes. Les contacts entre ces gens et le monde kanak se font principalement avec leurs employé(e)s ; trop peu se déplacent vers la « brousse », trop kanak, inquiétante.
Ce racisme diffus est perçu avec un ressentiment croissant par des Kanak souvent jeunes - mais pas toujours -, viscéralement indépendantistes mais peu encartés, maintenant plus diplômés et plus citadins qu'aux précédentes révoltes plus rurales de 1984, et qui se voient minorisés, snobés, méprisés voire marginalisés dans leur pays.
Les inégalités sociales, fruit de politiques dures de droite au long terme exacerbent la montée d'une rage froide.
Ce qui s'était passé avant
Si le soulèvement en cours est une première sur la forme et le lieu, il ne l'est pas sur le fond.
Les Kanak, peuple premier du pays, sont contraints à d'incessantes luttes depuis la venue des « blancs » (J. Cook, 1774) : alors probablement près de 300 000, ils frôlent l'extinction par maladies, cantonnement en réserves, tueries et répressions d'une soixantaine de révoltes, incendies de villages, déportation de leaders (en Polynésie et jusqu'à Djibouti). Ils peinent plus d'un siècle mais remontent à 120 000 personnes de nos jours.
En 1956, ayant dû combattre lors de deux guerres mondiales pour le colonisateur, ils passent de sujets parqués à citoyens votants… et électoralement majoritaires. Une situation qui leur fait obtenir en 1958 une autonomie dont le but est de les dissuader de vouloir l'indépendance : aussitôt leur allégeance obtenue, l'autonomie est annulée et ils sont minorisés par des vagues d'immigration planifiées pour cela (1956 puis 1971).
Suite à la dernière révolte (1984-1988) ils parviennent, via les Accords de Matignon (1988-1998), à récupérer une bonne part de leurs terres, à bénéficier d'un certain rééquilibrage, et à prendre un chemin pacifique vers la liberté.
Car en 1998 la puissance administrante signe cet ADN avec les allochtones et les autochtones, en remplacement du référendum d'autodétermination promis cette année-là mais escamoté. Ce cheminement prometteur admiré dans le monde vise à une « complète émancipation (2) » progressive que « La France est prête à accompagner ».
Malgré la colonisation de peuplement qui les submerge toujours, les Kanak invitent alors les « citoyens » locaux désignés comme tels par l'ADN (arrivés avant 1998 et descendants) au processus de destin souverain commun.
Las, à côté de la signature indépendantiste de l'ADN - qu'ils appellent un « pari sur l'intelligence » -, la signature de leurs vis-à-vis se révèle progressivement être un pari cynique sur la duplicité.
Il y a bien quelques alertes lors des prémices de l'accord, ignorées dans l'euphorie. Certains ex adversaires de l'indépendance, inquiets du but final, interpellent leur leader Jacques Lafleur, lequel leur susurre discrètement sa certitude que les Kanak finiront par reculer devant les responsabilités. Son collègue Harold Martin, plus cash, invite les suspicieux au silence, faisant valoir qu'il leur donne ainsi 20 ans de rallonge à se remplir les poches.
Tic tac. Le temps passe et passe mal pour les dépendantistes (3) déguisés en indépendantistes.
Sans le secours de nouveaux arrivants, puisque le corps électoral est bloqué aux présents dans le pays avant 1998 (et leurs descendants), les résultats des élections locales (Provinces et Congrès) invalident peu à peu leurs pronostics secrets, au point de menacer leur tactique : il y eut 32,8 % de votes pro-indépendance aux Provinciales 1989 ; mais 39,9 % en 1999, puis 42,2 % en 2009, et 47 % en 2019 !
Ce qui a rallumé l'incendie
Les élus dépendantistes donc, majoritaires au Congrès et au gouvernement, en profitent 22 ans (jusqu'en 2021).
Et se renient peu à peu, dûment accompagnés par l'État qui espère in fine une « décolonisation dans la France » (sic) mais promet d'accompagner le pays vers sa pleine souveraineté. La duplicité s'amplifie en deux phases.
De 1998 à 2018 l'État et les droites savonnent la planche
– En jouant la montre : il faut choisir des signes identitaires en commun, mais la 1e réunion n'est programmée qu'en 2007. L'État s'investit aussi dans quelques transmutations : le « les compétences suivantes seront transférées » de l'ADN est changé en « pourront être transférées » (assorti de conditions) dans la loi d'application : des transferts de compétences importants sont ainsi escamotés et les buts de l'ADN non finalisés.
– En sapant l'ADN signé : M. Frogier, alors Sénateur RPR et cosignataire de l'ADN va jusqu'à contester publiquement que celui-ci soit un accord de décolonisation alors que le terme y est bien inscrit !
Il conteste aussi qu'il faille chercher un drapeau commun, exprimant sa crainte que cela crée un ciment national.
Le plus éhonté est la contestation du « gel » du corps électoral à 1998. Sur l'interprétation d'un mot ambigu de l'ADN, la loi d'application l'estime « glissant » : chacun pourrait voter après dix ans de présence. Le vote identique des deux chambres dès 1999 met les points sur les i, mais ça ne suffit pas aux dépendantistes, pas plus que la confirmation du parlement à 89 % à Versailles en 2007 : ils crient toujours à la trahison de… J. Chirac !
– En gardant des circonscriptions législatives trafiquées : C. Pasqua les a charcutées dès 1986 et malgré la progression indépendantiste, les 2 députés ont depuis lors toujours été anti indépendance (4), jusqu'à 2024.
– En contrôlant de plus en plus les médias : en 2013 trois fortunes locales dépendantistes rachètent l'unique quotidien de l'île, préparant ainsi la 1ère consultation sur la pleine souveraineté qui pouvait être déclenchée dès 2014 (5). La radio quasi officielle RPR/LR locale a toujours eu plus de subventions que toute autre, et la télévision d'État sous pression des droites se fait plus critique de l'indépendance à l'approche des scrutins, via des reportages, magazines « historiques », tables rondes favorisant les dépendantistes ou lectures sèches en porte-parole de documents fournis par l'État.
– En minimisant le social pour se remplir les poches : l'autonomie économique leur permet des impositions sur mesure, des niches fiscales démesurées, des programmes sociaux plus mesurés qu'en France. Ils contournent la loi favorisant l'emploi local et ignorent l'exigence de l'ONU de « décourager ou prévenir l'afflux de colons... ».
Mais cela les a conduit à leur perte : à l'opposé des valeurs sociales océaniennes d'empathie, solidarité et entraide, ils provoquent la colère des trois élus d'un parti centriste d'océaniens auparavant inféodés, lequel s'allie au FLNKS (6) en 2021 : cette coalition rafle alors les présidences du Congrès et du gouvernement jusqu'en 2024.
De 2018 à ce jour, l'État et nos droites balayent les règles, de droit comme éthiques.
- Consultation du 4/11/2018
L'ADN affirme que « L'État reconnaît la vocation de la Nouvelle-Calédonie à bénéficier, à la fin de cette période, d'une complète émancipation ». L'État doit donc l'accompagner. Mais lorsque le chef de l'État Emmanuel Macron vient à Nouméa début mai 2018… il lance la campagne du Non à l'indépendance !
Les sondages locaux, eux, ressemblent plutôt à des chiffres manipulés pour décourager les Kanak : le Oui à l'indépendance y oscille entre 14 et 22,5 %, selonI-scope (patronat local) ou Quid-Novi Kantar (France – le fils de Mme Macron en est alors un « senior vice président »).
Le Oui obtient finalement 43,3 % des voix, malgré tous ces obstacles, dont 85 % des électeurs Kanak, population théoriquement décisionnaire pour l'ONU.
- Consultation du 4/10/2020
Les dépendantistes croient piteux leur résultat 2018 (56,7 % de Non). Mme Backès, chef de file de la droite dure, accuse la droite modérée alors au pouvoir de mollesse voire de trahison ! Proche de l'extrême droite mais soutenue par la Macronie elle promet d'écraser le FLNKS, qui emporte pourtant en 2019 la majorité relative en sièges aux élections du congrès pour la 1e fois de son histoire.
« Pire », à la 2e consultation en 2020 le score du Oui s'améliore à 46,7 %, avec 84 % de votants !
En projection, cela ferait 50,41 % à l'ultime consultation prévue en 2022 ! Et l'hypothèse est crédible : le recensement 2019 a montré que l'émigration (européenne) l'emporte pour la 1ère fois sur l'immigration. Le nombre de jeunes Kanak atteignant la majorité augmente. Des quartiers pauvres votant peu commencent à basculer vers le FLNKS. C'est la panique en face, les magouilles s'amplifient.
- Consultation de 2022… 2021 !
Emmanuel Macron, qui vient d'écarter son 1er ministre Édouard Philippe, chargé de la Calédonie, confie alors le dossier au ministre des Outre-Mer, Sébastien Lecornu, un obligé transfuge de LR.
Celui-ci bafoue aussitôt à la fois la parole de l'État et l'ADN en fixant la 3e consultation au 12/12/2021 :
– La parole de l'État car Édouard Philippe avait signé, avec le Comité des Signataires 2019 (CDS, instance de suivi annuel créée par l'ADN7) pour une 3e consultation fin 2022, après les élections (présidentielle/législatives).
– L'ADN car celui-ci prescrit expressément que l'intervalle de temps doit être le même que le précédent, soit deux ans.
L'intérêt ? Raccourcir la campagne Kanak, longue car de terrain, les médias étant pour la plupart contre eux. Diminuer les impacts du temps sur l'électorat dépendantiste. Peut-être espérer des désordres de protestation défavorables aux Kanak ? Le FLNKS conteste, hésite à boycotter, voit qu'il sera ainsi plus difficile de gagner, mais tente le défi.
Sébastien Lecornu entame aussitôt la campagne du Non, avec Sonia Backès (8) en caisse de résonance locale :
– Il invente un futur invraisemblable en cas de Non : l'ADN serait caduc (il reste en vigueur), le pays serait rayé des territoires à décoloniser (l'ONU l'a confirmé). Mieux, les Kanak rentreraient dans le rang (!) via un « référendum de projet » dans les 18 mois
: encore une promesse improbable car la période inclut la présidentielle, les législatives, puis la formation d'un gouvernement. Son successeur Gérald Darmanin l'annulera aussitôt arrivé.
– Il produit un document suggérant une catastrophe en cas de Oui, intitulé « les conséquences du Oui et du Non », bafouant l'ADN, la parole d'É. Philippe et les prescriptions de l'ONU : ses services le rédigent seuls (et mal) en 15 jours alors que l'ex 1er ministre et l'ONU le voulaient débattu (par exemple au CDS) voire consensuel.
Le 6 septembre 2021, le Covid arrive au pays.
Il y a des milliers de malades et 443 morts de plus sur cette fin d'année, essentiellement dans les populations paupérisées, Kanak et Océaniennes. Une hécatombe équivalente à 110 000 décès dans l'Hexagone. Sébastien Lecornu persiste : « en République les élections se tiennent à l'heure ». Le FLNKS puis le Sénat Coutumier et plusieurs pays du Pacifique demandent en vain le report. Le FLNKS finit par décider une « non participation pacifique » - les 22 maires FLNKS tiennent leurs bureaux de vote -, mais prévient qu'il ne validera pas le résultat.
L'État envoie pourtant 2 000 gendarmes supplémentaires, 2 hélicoptères, 130 véhicules dont 30 blindés VBRG… et des juges ! Tous repartiront, et ne reviendront pas aux prémices pourtant bien plus menaçantes du 13 mai 2024.
Le FLNKS et les groupes indépendantistes hors du Front créent alors un « Comité Stratégique Indépendantiste de Non Participation », héritier des Comités de Lutte de 1984 et précurseur de la CCAT (9), afin de fédérer toute la mouvance et d'intégrer les « inorganisés », pour plus de force et de cohésion voire de contrôle.
La campagne référendaire adverse, unilatérale, est odieuse et inclut des clips méprisants et racistes acceptés complaisamment par la chaîne publique.
Le 12 décembre n'enregistre pourtant que 42,5 % de votants (contre 84,6 % en 2020) ; un pitoyable 41 % des inscrits votent Non à l'indépendance.
Emmanuel Macron assène pourtant aussitôt ses constats improbables : « Les Calédoniens se sont prononcés massivement (sic) contre l'accès à la pleine souveraineté […] La Nouvelle-Calédonie restera donc française […]
L'ADN arrive à son terme juridique (?!) […] La promesse du destin commun […] n'a jamais été aussi tangible […] Nous pouvons être fiers de ce cheminement inédit et pacificateur (sic).
D'autres concluront différemment :
– L'AG de l'ONU 2022 rejette indirectement ces résultats (résolution L22 du 16/06/2022), confirme l'opérationnalité de l'ADN, exige la poursuite des transferts, et demande une nouvelle consultation « conforme aux principes et à la charte de l'ONU ».
– Le « Forum des Iles du Pacifique » (18 pays dont Australie et NZ) à son AG 2022 voit dans le résultat de la 3e consultation « une représentation inexacte de la volonté des électeurs inscrits ».
– La mission d'information du Sénat français conclut à son retour à « l'absence de solution pérenne » car le processus « n'a pas tranché toutes les questions quant à l'avenir institutionnel », puis engage l'État à « un nouveau cycle de négociations » n'excluant « par principe aucun sujet de l'agenda ».
Malgré tout cela, les leaders de droite et leurs médias clament toujours qu'ils ont « gagné 3 fois », que l'ADN est caduc, que « la communauté internationale a validé la 3e consultation (10) », etc.
Et depuis 3 ans, l'État garde le cap d'un arrimage accru de la Calédonie dans la France.
La position indépendantiste est claire : vous n'avez pas gagné et vous avez abondamment triché.Le FLNKS pointe de surcroît la position doublement fallacieuse de l'adversaire : même si vous aviez gagné, cela n'entraînerait pas ce que vous prétendez faire car vous devez suivre les préceptes de l'ADN en ce qu'il prévoit pour ce cas de figure :
– « Si la réponse est encore négative, les partenaires politiques se réuniront pour examiner la situation ainsi créée. »
– « Tant que les consultations n'auront pas abouti à la nouvelle organisation politique proposée, l'organisation politique mise en place par l'accord de 1998 restera en vigueur, à son dernier stade d'évolution, sans possibilité de retour en arrière, cette "irréversibilité" étant constitutionnellement garantie ».
La « nouvelle organisation politique proposée » est celle du libellé de la proposition faite aux consultations : la pleine souveraineté. Celle-ci n'a pas encore « abouti », donc le pays est toujours en « transition (11) » vers ce but.
En bonne logique juridique, le pays reste à vivre sous les règles de l'ADN jusqu'à l'aboutissement de la pleine souveraineté ou à minima jusqu'à un accord qui le dirigerait vers l'aboutissement prévu.
En d'autres termes l'ADN constitutionnalisé et qui plus est à valeur de traité, interdit au législateur de défaire quoi que ce soit de ses règles et des avancées engrangées dans l'autonomie par ses prescriptions, jusqu'à la pleine souveraineté. Le corps électoral en est un élément constitutif clé reconnu par diverses juridictions.
Or, sous menace confirmée de finaliser la révision constitutionnelle unilatérale de dégel du corps électoral, Emmanuel Macron venu 18h au pays le 23 mai 2024 exige encore un accord global dont les contours reprennent en fait les demandes à minima d'une droite extrême qui préférerait aller jusqu'à la partition (!) :
– Reprise en main de la citoyenneté calédonienne, plus ouverte aux arrivants plus récents.
– Reprise en main de la priorité à l'emploi local, plus laxiste encore (déjà très galvaudée).
– Reprise en main du foncier pour favoriser le développement par des non kanak sur foncier kanak.
– Reprise en main du statut d'état civil coutumier Kanak, intégré au répertoire national.
– Reprise en main du secteur Nickel (dévolu selon l'ONU au peuple autochtone) vers les intérêts français.
– Reprise en main de la fiscalité, pour résorber les inégalités (?!)… en favorisant les entreprises !
– Reprise en main des relations extérieures pour favoriser le rayonnement de la France et un improbable Indopacifique.
– Renvoi d'un référendum d'autodétermination aux « calendes grecques » et finalisation du dégel à 10 ans.
Dès lors, pourquoi le FLNKS aurait-il souscrit à un accord colonial incluant de plus l'objet de son chantage ?!
In fine, une radicalisation populaire en désespoir de cause
Depuis nombre d'années, des groupes indépendantistes hors FLNKS se sont créés, frappant à sa porte de façon insistante, voire le bousculant. L'Union Calédonienne (12) a tenté en 2023 une voie médiane, espérant y rallier le Palika, arguant aussi du besoin d'organiser une lutte de terrain unitaire planifiée.
La CCAT, Cellule de Coordination des Actions de Terrain, est ainsi créée le 18/11/2023 entre l'UC et les partis non affiliés au FLNKS, suscitant aussi l'agrégation enthousiaste de nombreux indépendantistes non encartés.
Depuis lors la CCAT a organisé avec succès une centaine de réunions d'information et une quinzaine de mobilisations contre la réforme constitutionnelle, sous deux mots d'ordre : « restons discipliné et pacifique ».
En avril notamment, deux manifestations gigantesques d'au moins 20 000 participants (soit 5 M de manifestants en France) ont lieu à Nouméa, pacifiques voire bon enfant. Mais elles sont l'avertissement ultime d'une foule qui commence à grogner, alors que sénateurs puis députés débattent.
Dernier effort désespéré, le Congrès Calédonien vote le 13 mai 2024 une résolution demandant le retrait du projet.
Le même jour à Paris les députés l'entérinent pourtant. Souvent sur la simple consigne politique de leur groupe.
Dans la nuit la révolte rageuse déborde soudain, au-delà de tout contrôle (13), étrangère à toute prescription de boucs émissaires de la CCAT et de l'UC, désignés et emprisonnés ensuite par le procureur aux ordres de l'État.
Des prisonniers de facto politiques, car présumés innocents et pourtant pour certains déportés brutalement à 22 000 km de chez eux, en infraction à plusieurs règles de droit (14).
Une rage réduite au qualificatif « d'exactions » pour en invisibiliser le sens politique trop évident.
Des actions souvent ciblées, et bien des fois aveugles aussi, alimentées par l'empilement dans le temps des forfaitures de l'État, par son irrédentisme, puis par la férocité de sa répression qui humilie, mutile, et tue. Qu'elles soient cadrées par les décisions collectives de la CCAT qui conserve son éthique, ou spontanées et erratiques trop souvent, elles sidèrent aussi bien des Kanak, qui restent pourtant globalement solidaires malgré l'effarement et malgré des souffrances qui sont loin d'être les premières.
Le retour au projet de l'ADN, à sa conclusion de souveraineté, accompagnée par la France -voire partagée-, fermera logiquement la transition. C'est le seul chemin d'avenir prometteur pour toutes les parties.
Notes
1- La France a 250 fois plus d'habitants que la NC ( 67 millions contre 270 000).
2- Le terme « décolonisation » est inscrit une fois dans l'ADN, qui fait 8 pages ; celui de « pleine souveraineté » y est écrit 8 fois. Exemples : « Fondation d'une nouvelle souveraineté, partagée dans un destin commun ». « Partage de souveraineté avec la France, sur la voie de la pleine souveraineté ». « La France est prête à accompagner la Nouvelle- Calédonie dans cette voie ». « Les institutions de la Nouvelle-Calédonie traduiront la nouvelle étape vers la souveraineté ». « L'État reconnaît la vocation de la Nouvelle-Calédonie à bénéficier, à la fin de cette période, d'une complète émancipation ».
3- L'ONU parle des « peuples dépendants » (Rés. 1514, 1960) ; il semble logique de dénommer dépendantistes ceux qui assument de conserver cette dépendance. Le terme « loyaliste » utilisé en fierté malgré sa connotation historique, est trop ambigu voire décalé.
4- Le découpage précédent donnait régulièrement un député de chaque bord. Les remodelages post 1986 évitèrent de toucher le pays. Quant aux Sénateurs, l'avantage proportionnel en grands électeurs de ville a agit de même … jusqu'en 2023 !
5- Ce journal « Les Nouvelles Calédoniennes » fut revendu juste après la dernière consultation : mission accomplie ?
6- Le Front de Libération Kanak et Socialiste, créé le 24/09/1984, signataire de l'ADN, regroupe divers partis indépendantistes, notamment l'Union Calédonienne -UC-, le Parti de libération Kanak -Palika-, l'Union Progressiste en Mélanésie -UPM-, et Rassemblement Démocratique Océanien -RDO.
7- Déjà existant dans les Accords de Matignon sous la forme d'un Comité de Suivi. Ces organes sont la clé de voûte de la concertation.
8- Elle sera remerciée en étant nommée secrétaire d'État à la citoyenneté (!) le 4/07/2022 ; son conseiller spécial était d'extrême droite.
9- Voir quelques paragraphes plus loin.
10- Radio Rythme Bleu – RRB -, la radio de LR, pour la énième fois le 16/08/24, lors de l'ITW du président de la Province Iles J. Lalié
11- La constitution française « héberge » l'ADN en son titre XIII intitulé « Dispositions transitoires relatives à la Nouvelle-Calédonie »
12- L'UC, forte d'environ 4 000 membres cotisants, est le plus ancien (1953) et principal parti indépendantiste en nombre
13- D'autant que les droites pilonnent avec des mots très durs et des mensonges dans les médias, et que les forces de l'ordre bloquent en plein parcours et sans explication un cortège pacifique sur un trajet autorisé.
14- La « déportation » semble avoir été organisée avant tout débat contradictoire légal. Les avocats n'ont pu faire valoir leurs arguments (contre ou report). Il y a atteinte au respect du procès équitable, à la dignité humaine, à la vie privée et familiale.
Abonnez-vous à notre lettre hebdomadaire - pour recevoir tous les liens permettant d'avoir accès aux articles publiés chaque semaine.
Chaque semaine, PTAG publie de nouveaux articles dans ses différentes rubriques (économie, environnement, politique, mouvements sociaux, actualités internationales ...). La lettre hebdomadaire vous fait parvenir par courriel les liens qui vous permettent d'avoir accès à ces articles.
Remplir le formulaire ci-dessous et cliquez sur ce bouton pour vous abonner à la lettre de PTAG :
Abonnez-vous à la lettre
gauche.media
Gauche.media est un fil en continu des publications paraissant sur les sites des médias membres du Regroupement des médias critiques de gauche (RMCG). Le Regroupement rassemble des publications écrites, imprimées ou numériques, qui partagent une même sensibilité politique progressiste. Il vise à encourager les contacts entre les médias de gauche en offrant un lieu de discussion, de partage et de mise en commun de nos pratiques.