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Réflexions stratégiques sur l’escalade de l’intimidation israélienne au Liban

1er octobre 2024, par Gilbert Achcar — , , ,
Intimidation, terrorisme, guerre asymétrique, dissuasion, contre-dissuasion et doctrine Dahiya dans l'aggression israélienne en cours contre le Liban Gilbert Achcar (…)

Intimidation, terrorisme, guerre asymétrique, dissuasion, contre-dissuasion et doctrine Dahiya dans l'aggression israélienne en cours contre le Liban

Gilbert Achcar

Professeur, SOAS, Université de Londres

À peine une heure s'était écoulée après que j'eus écrit mon article de la semaine dernière (« Le Liban et la stratégie d'intimidation israélienne », 17/9/2024) lorsque les services de renseignement israéliens ont lancé une opération terroriste de masse au Liban en faisant exploser des appareils de communication individuels en deux vagues successives sur deux jours, tuant plus de 40 personnes et en blessant plus de 3 500. Ces deux vagues de terrorisme de masse ont été suivies d'une escalade dans l'échange de bombardements de part et d'autre de la frontière entre le Hezbollah et les Forces d'agression israéliennes (dites « Forces de défense »), en prélude aux bombardements violents et intenses qui se sont déversés lundi sur le sud du Liban et autres zones de présence du Hezbollah, tuant près de 500 personnes et en blessant plus de 1 600. Le bombardement se poursuit toujours au moment où ces lignes sont écrites.

La question qui s'est imposée à tout le monde, à commencer par ceux qui sont visés au Liban, est de savoir si cette escalade soudaine de ce que nous avons appelé la « stratégie d'intimidation israélienne » prélude à une agression à grande échelle contre le Liban qui comprendrait des bombardements intensifs aveugles de toutes les zones où le Hezbollah est présent, y compris la banlieue sud densément peuplée de Beyrouth, et ce dans le but de la faire « ressembler à Gaza », selon les termes de l'un des proches collaborateurs de Benjamin Netanyahu. Il est à craindre, en effet, que l'État sioniste ne mène une agression brutale contre certaines parties du Liban, similaire à l'agression qui a visé l'ensemble de la bande de Gaza, conformément à ce que l'un des commandants de l'agression israélienne contre le Liban en 2006 a appelé la « doctrine Dahiya » (par référence à la banlieue sud de Beyrouth, le mot arabe dahiya signifiant « banlieue »). Cette doctrine vise à créer un effet dissuasif sur quiconque aurait l'intention d'affronter Israël, en menaçant d'infliger un niveau élevé de violence aux zones habitées par la population civile à laquelle appartiennent ceux qui entretiennent cette intention, comme ce qu'a subi en 2006 la banlieue sud de Beyrouth, qui est la principale zone où se concentre la base populaire du Hezbollah.

C'est un fait que l'agression de 2006 qui a suivi une opération menée par des combattants du Hezbollah contre des soldats israéliens en traversant la frontière sud du Liban, tuant huit soldats et en capturant deux, a eu un effet dissuasif, reconnu par le secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, lorsqu'il exprima son regret, en déclarant à la télévision au lendemain de cette guerre : « Si j'avais su pour un pour cent que cette opération d'enlèvement conduirait à une guerre de cette ampleur, nous ne l'aurions certainement pas faite pour des raisons humanitaires, morales, militaires, sociales, sécuritaires et politiques. »

Ce que ne disent pas les médias occidentaux, qui s'empressent de condamner les crimes de guerre lorsqu'ils sont commis par des ennemis de l'Occident, à l'instar du régime russe en Ukraine, c'est que la « doctrine Dahiya » n'est pas un exemple de génie militaire et une doctrine digne d'être enseignée dans les collèges militaires des pays civilisés, mais plutôt une violation flagrante des lois de la guerre, qui consiste en la pratique de crimes de guerre à grande échelle, jusqu'au niveau génocidaire atteint à Gaza, de par l'intention explicite de cibler les civils afin de dissuader les combattants. En d'autres termes, il s'agit d'une stratégie terroriste formulée par un État terroriste par excellence, qui constitue une confirmation éclatante du fait que le terrorisme d'État est beaucoup plus dangereux que le terrorisme des groupes non étatiques, car il applique la même logique, c'est-à-dire le meurtre de civils à des fins politiques, mais avec un potentiel de létalité et de destruction incommensurablement plus grand.

Le Hezbollah a tiré deux leçons de la guerre des 33 jours de 2006. La première se traduit par le fait qu'il a pris en compte, depuis lors, ce qu'il considère comme une ligne rouge qui, si elle était franchie, donnerait à l'État sioniste un nouveau prétexte pour attaquer les civils libanais. Afin d'épargner sa base populaire au premier chef, le Hezbollah n'a plus mené d'opération audacieuse comme celle qui a déclenché la guerre de 2006 – ou celle menée par le Hamas il y a environ un an, déclenchant la guerre de destruction de Gaza et d'extermination de son peuple. La deuxième leçon a conduit le Hezbollah à se doter d'un énorme arsenal de missiles, établissant ainsi une contre-dissuasion en menaçant les zones civiles à l'intérieur de l'État sioniste, réalisant ainsi ce que l'on appelle dans le vocabulaire de la dissuasion nucléaire un « équilibre de la terreur ».

Cette équation est ce qui explique l'initiative prise par le Hezbollah de commencer une guerre d'usure limitée avec l'État sioniste au lendemain de l'opération « Déluge d'Al-Aqsa », en réponse à l'appel du Hamas l'incitant à se joindre à ce qu'il avait initié. Cet appel fut lancé dans le message du chef militaire du mouvement islamique dans la bande de Gaza, Mohammed al-Deif, diffusé au début de l'opération : « Ô frères de la résistance islamique, au Liban, en Iran, au Yémen, en Irak et en Syrie, le jour est venu où votre résistance va fusionner avec votre peuple en Palestine afin que ce terrible occupant comprenne que le temps où il se déchaînait et assassinait des religieux et des dirigeants est révolu. Le temps du pillage de vos richesses est terminé. Les bombardements presque quotidiens en Syrie et en Irak vont cesser. Le temps de la division de la umma et de la dispersion de ses forces dans les conflits internes est révolu. Le temps est venu pour toutes les forces arabes et islamiques de s'unir pour balayer cette occupation de nos lieux saints et de notre terre. »

Le Hezbollah était cependant plus intelligent que de se laisser emporter par l'euphorie au point de croire que le jour de la victoire sur Israël et de la libération de la Palestine était arrivé. Il décida donc d'entrer dans la bataille en tant que force de soutien plutôt qu'en tant que participant à part entière, une décision qui se traduisit par la guerre d'usure limitée. Le parti voulait ainsi exprimer sa solidarité avec le peuple de Gaza, mais sans exposer sa base populaire à un sort similaire à celui des habitants de l'enclave. Toutefois, ce calcul se retourne à présent contre le Hezbollah, car l'armée d'agression sioniste, ayant terminé ses opérations intensives à grande échelle à Gaza, concentre maintenant son attention sur son front nord et a lancé ce que nous avons appelé « stratégie d'intimidation », qui est une escalade progressive des attaques assortie de la menace de passer à la mise en œuvre de la « doctrine Dahiya ».

Ce comportement israélien démontre l'efficacité de la contre-dissuasion du Hezbollah, en ce que le gouvernement sioniste est contraint d'être prudent avant de déclencher une guerre à grande échelle dont il sait qu'elle sera coûteuse pour la société israélienne, même si le coût pour la base du Hezbollah sera beaucoup plus élevé compte tenu de la grande supériorité des capacités militaires israéliennes. Le gouvernement sioniste a donc eu recours d'abord à l'escalade au moyen de la « guerre asymétrique », un terme qui décrit généralement les actions d'une force irrégulière contre une armée régulière. Ici, c'est l'État sioniste qui porte un coup sournois et douloureux au Hezbollah et à son milieu civil en faisant exploser des appareils de communication. Cela a été suivi d'une escalade de la guerre conventionnelle qui a commencé lundi, constituant une escalade dangereuse de la pression sur le Hezbollah pour le forcer à capituler et accepter les conditions fixées par Washington avec l'approbation du gouvernement sioniste, dont la plus importante est le retrait des forces du parti au nord du fleuve Litani.

Confronté à cette pression croissante, le Hezbollah se retrouve piégé dans une dissuasion mutuelle, mais inégale. Il ne possède pas la capacité de mener une « guerre asymétrique » au cœur d'Israël et ne peut pas le frapper d'une manière qui causerait des centaines de morts, comme ce que l'armée sioniste a infligé au Liban lundi, de crainte que la réponse ne soit écrasante, sachant qu'Israël est tout à fait capable de répondre à un niveau beaucoup plus élevé. Le gouvernement sioniste, de son côté, est parfaitement conscient des conditions de l'équation. Bien qu'il souhaite démanteler la capacité de dissuasion du Hezbollah, il ne peut pas lancer une guerre de grande envergure sans s'assurer de la pleine participation des États-Unis, à l'instar de la participation de Washington à la guerre contre Gaza durant plusieurs mois, les mois les plus meurtriers et les plus destructeurs, au point de contrer tous les appels à un cessez-le-feu. Le gouvernement sioniste a besoin de pareille complicité totale des États-Unis pour le cas où il lancerait une agression à grande échelle contre le Liban, et les conditions politiques n'en sont pas encore réunies. Il s'efforce cependant d'y parvenir et pourrait adresser un ultimatum assorti d'un délai limité au Hezbollah à cette fin, comme nous l'avons mentionné la semaine dernière.

Tout cela indique que Netanyahu semble avoir commencé à craindre que son ami Donald Trump puisse échouer aux prochaines élections présidentielles américaines dans environ un mois et demi. Il semble qu'il ait décidé par conséquent d'escalader les choses, profitant des derniers mois de présence de son autre ami, le « fier sioniste irlando-américain » Joe Biden, à la Maison Blanche. La question qui se pose maintenant est la suivante : Biden fera-t-il suffisamment pression sur Netanyahu pour empêcher une guerre susceptible d'affecter négativement la campagne de la candidate de son parti, Kamala Harris, ou bien soutiendra-t-il une fois de plus l'entreprise criminelle de son ami, voire même en exprimant regret et rancœur afin d'esquiver le blâme de la manière hypocrite qui est habituellement la sienne et celle de son secrétaire d'État Blinken ?

Traduction de ma tribune hebdomadaire dans le quotidien de langue arabe, Al-Quds al-Arabi, basé à Londres. Cet article est paru le 24 septembre en ligne et dans le numéro imprimé du 25 septembre. Vous pouvez librement le reproduire en indiquant la source avec le lien correspondant.

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Harris et Trump font campagne au milieu des grèves et des manifestations

1er octobre 2024, par Dan La Botz — ,
Donald Trump et Kamala Harris continuent de faire campagne dans une course au coude à coude, organisant tous deux de grands rassemblements dans les États en balance pour tenter (…)

Donald Trump et Kamala Harris continuent de faire campagne dans une course au coude à coude, organisant tous deux de grands rassemblements dans les États en balance pour tenter de prendre de l'avance.

Hebdo L'Anticapitaliste - 723 (03/10/2024)

Par Dan La Botz

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Trump poursuit ses diatribes racistes contre les immigrés, qu'il qualifie de « tueurs sans pitié », et ses insultes vicieuses à l'encontre de Mme Harris, qu'il traite désormais d'« handicapée mentale ». Trump a accusé les immigrantEs, libéréEs des prisons et des hôpitaux psychiatriques d'autres pays, d'être responsables d'une invasion des États-Unis qui a « empoisonné notre sang » et détruit l'économie, pris les emplois des AméricainEs Noirs et Latinos. « Et si l'on y réfléchit bien », a dit Trump, « seule une personne mentalement handicapée a pu permettre à notre pays d'en arriver là ».

Une position démocrate sur l'immigration très dure

Harris, qui se sent vulnérable sur la question de l'immigration, s'est rendue à la frontière sud en adoptant la position la plus dure jamais présentée par un démocrate. « Les États-Unis sont une nation souveraine et je pense que nous avons le devoir de fixer des règles à notre frontière et de les faire respecter », a-t-elle déclaré. Elle a demandé plus de juges de l'immigration, plus d'agents de patrouille frontalière, de nouveaux systèmes d'inspection pour détecter le fentanyl, une réforme du système d'asile, et fait valoir ses antécédents en matière de poursuites judiciaires contre les cartels de la drogue et le trafic d'êtres humains en tant que procureure générale de Californie.

Pourtant, son approche reste plus humaine que celle de Trump. Elle a condamné ce dernier, affirmant qu'il avait « arraché des bambins des bras de leur mère » et « mis des enfants dans des cages ». Elle a déclaré : « Nous devons réformer notre système d'immigration pour nous assurer qu'il fonctionne de manière ordonnée, qu'il est humain et qu'il rend notre pays plus fort. »

Trump a qualifié de « conneries » les remarques de K. Harris sur la sécurité des frontières et la réforme de l'immigration.

Les travailleurs en grève veulent des hausses de salaires

Alors que la campagne présidentielle se poursuit, les grèves ainsi que les manifestations contre Israël se multiplient. Chez Boeing, dans l'État de Washington, 33 000 membres du syndicat Association internationale des machinistes (IAM) sont toujours en grève, réclamant en particulier une augmentation de salaire de 40 %. La grève a coûté jusqu'à présent un milliard de dollars à l'entreprise et les travailleurEs n'ont pas été payés depuis le début du débrayage, le 13 septembre. La firme a augmenté sa proposition salariale de 25 % à 30 % sur quatre ans, ce qui est encore loin de la demande des travailleurs.

Pendant ce temps, 25 000 dockers de la côte Est et de la côte du Golfe, du Mexique, membres de l'ILA (International Longshoremen's Association), se préparent à faire grève le 1er octobre pour obtenir des salaires plus élevés. S'ils débrayent, ce sera la première grève de ce type depuis 1977. Si les dockers de la côte Ouest appartiennent à l'ILWU (International Longshore and Warehouse Union), autrefois dirigé par des communistes, et ont une longue histoire de grèves militantes, l'ILA est tout à fait différente. L'ILA était dominée par la mafia, et cet héritage perdure. Un de ses dirigeants perçoit un salaire de plus de 500 000 dollars par an.

Les membres de l'ILA gagnent actuellement 39 dollars de l'heure après six ans de travail, tandis que les membres de l'ILWU sur la côte Ouest gagnent 54,85 dollars de l'heure. En supposant une semaine de travail de 40 heures, les travailleurEs portuaires de la côte Ouest gagnent plus de 116 000 dollars par an, contre 81 000 dollars pour ceux de la côte Est et du golfe du Mexique. L'ILA a commencé par demander une augmentation de 77 %. Le gouvernement américain a le pouvoir d'intervenir dans la grève, mais Joe Biden a déclaré qu'il ne le ferait pas.

Le soutien démocrate à Israël est un problème

Entre-temps, les manifestations contre les guerres d'Israël à Gaza et maintenant au Liban se poursuivent. Des milliers de personnes ont manifesté à New York, défilant dans Manhattan et protestant devant les Nations unies contre le Premier ministre Benjamin Netanyahou, qui était venu y prendre la parole. Organisée par Jewish Voice for Peace et Not in Our Name, entre autres, la manifestation portait des banderoles sur lesquelles on pouvait lire : « Pas de vote pour le génocide ». Lors d'un rassemblement sous la pluie, un orateur a déclaré : « Arrêtez de tuer des enfants, mettez fin à la guerre, signez l'accord, ramenez les otages chez eux » ; « Il n'y a pas de solution militaire ».

Le terrorisme israélien, les explosions de téléphones portables, de bippers et de talkies-walkies, les bombardements intensifs sur le Liban, l'assassinat de Hassan Nasrallah conduiront à de nouvelles protestations. Tout cela pose un problème à Harris, qui continue cependant à soutenir Israël.

Dan La Botz, traduction Henri Wilno

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PL69 : brader notre héritage pour un plat de lentilles ?

1er octobre 2024, par Comité des citoyens et citoyennes pour la protection de l'environnement maskoutain — , ,
Tout d'abord, le CCCPEM (Comité des citoyens et citoyennes pour la protection de l'environnement maskoutain) affirme, haut et fort, que nous sommes en faveur de la transition (…)

Tout d'abord, le CCCPEM (Comité des citoyens et citoyennes pour la protection de l'environnement maskoutain) affirme, haut et fort, que nous sommes en faveur de la transition énergétique. Les désastres climatiques de l'année 2023 ne nous laissent pas le choix. L'humanité doit changer sa façon d'agir. Mais comment ? De quelle façon ?

Notre électricité a été le symbole et la locomotive économique de notre société depuis la Révolution tranquille avec son « Maître chez nous ». C'était avant-gardiste ! C'était visionnaire ! Il faut réaliser qu'au 21e siècle, l'électricité sera l'énergie primordiale. Est-ce qu'il y aura une seule maison, une seule entreprise, un seul commerce, une seule ferme, un seul moyen de communication électronique, sans oublier la majorité des moyens de transport, qui n'aient pas besoin d'électricité pour fonctionner ? Dans cette partie de poker énergétique planétaire, l'électricité sera notre atout.

La démocratie, ce n'est pas une dictature de quatre ans entre deux échéances électorales. C'est la participation active de l'ensemble de la population à l'élaboration de notre société face aux changements climatiques !

Le PL69 ; nos constats

Malgré notre manque de connaissances dans le domaine juridique et dans le domaine de la grande finance, notre perception du PL 69 nous amène aux constats préliminaires suivants.

Primo - Le PL69 semble une cassure radicale avec la démarche de la nationalisation qui a été acceptée lors de l'élection référendaire de 1962. C'est aussi une cassure avec la notion que cette énergie est pour le bien commun de l'ensemble de la population. Hydro-Québec doit toujours être le maître d'œuvre, pas un simple partenaire avec des actionnaires privés.

Secundo - Si le gouvernement veut se débarrasser de ce pacte de 1962 qui est devenu un symbole identitaire, il doit le faire à travers un large débat de société ; une simple commission parlementaire avec seulement quelques intervenants triés sur le volet est tout sauf un large débat de société. L'exclusion de la vaste majorité des intervenants est une entorse inacceptable à un consensus social !

Tertio - De nombreux groupes, incluant le CCCPEM, ont exigé un BAPE générique au sujet de la transition énergétique. Une série de BAPE, limités à de nombreux petits projets, est une solution totalement inadéquate. Il faut débattre de la place du PL69 dans l'empreinte totale (big picture) de cette transition énergétique.

Quattro - La « vente de feu » de notre électricité (à des promoteurs privés et à des États limitrophes) nous oblige à construire des capacités de production à grands frais pour combler une pénurie d'électricité créée de toute pièce. S'y ajoutent des contrats « léonins » garantissent des prix fixes aux promoteurs privés, même si Hydro-Québec doit y perdre de l'argent chaque fois qu'elle vendra un kilowatt/heure. À moyen terme, cela semble un cheval de Troie qui conduira inévitablement à la déchéance de notre symbole national !

Quinto. Comment départager INFORMATION et MARKETING ? Les promoteurs privés nous donnent uniquement l'information qui mousse leurs projets. Par conséquent, nous n'avons pas accès à l'autre côté de la médaille.

C'est notre perception de la situation. Est-elle fondée ? Est-elle fausse ? Seul, un débat élargi pourra nous éclairer ! N'oublions pas : c'est un enjeu fondamental qui influencera la vie quotidienne de tous les Québécois pendant un siècle. Présentement, le Québec a dans « sa main » un atout puissant, soit LA SOURCE d'énergie du 21e siècle. Il faudrait un manque flagrant de sens stratégique pour DONNER « cette carte » à des compagnies privées comme Algonquin Power, EDF, Boralex, Hydroméga ou Innergex. Contrairement à Esaü dans la Genèse, le Québec ne doit pas brader son héritage pour un plat de lentilles.

Notre recommandation

C'est pourquoi le CCCPEM demande de rejeter le PL69 car il ne répond pas à des critères minimalistes d'un débat public pour un enjeu aussi important que la transition énergétique dans un Québec en pleine crise climatique.

Au lieu de cette commission parlementaire très, très limitée, nous exigeons, encore une fois, un BAPE générique.

Le peuple du Québec doit avoir son mot à dire !

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Littoral Est - Ensemble, tissons nos quartiers

1er octobre 2024, par AmiEs de la terre, Table citoyenne du littoral Est — , ,
Québec, le 28 septembre 2024 - La Table citoyenne Littoral Est, les AmiEs de la Terre et leurs partenaires sont heureux du déroulement et de la participation au forum populaire (…)

Québec, le 28 septembre 2024 - La Table citoyenne Littoral Est, les AmiEs de la Terre et leurs partenaires sont heureux du déroulement et de la participation au forum populaire ce samedi. Ce forum se poursuit toute la journée au Centre Mgr Marcoux afin qu'ensemble, nous tissions nos quartiers.

Les activités de cet avant-midi, sous forme de kiosques interactifs, permettent aux militant.es de la Table citoyenne et aux partenaires d'échanger avec la population sur les enjeux locaux liés à l'aménagement des quartiers du Littoral Est. On parle notamment de l'accès au fleuve, du droit au logement et du centre social autogéré. Afin de rendre ces échanges plus ludiques et utilitaires, des ateliers sur l'agriculture urbaine, de sérigraphie, de macarons, de bricolage pour les tout petits, de jeux géants et d'activités physiques pour
tous ainsi que des services de réparation de vélo seront aussi de la partie. Ces échanges de vive voix, dans un cadre rassembleur et convivial, permettent de mobiliser bien des gens et de tisser de nouveaux liens interpersonnels.

« Ces enjeux locaux s'inscrivent dans un contexte plus global de crise de logement, de développement portuaire, d'augmentation de la capacité autoroutière et de dépossession territoriale. En plus, ceux-ci s'articulent sur un territoire habité par une population à faible revenu et parmi les plus vulnérables de la grande région de Québec. Malgré toute la mobilisation citoyenne réalisée jusqu'à date, nous constatons malheureusement, que les autorités perpétuent de graves injustices sociales et environnementales en proposant un. terminal de conteneurs (QSL-Port de Québec) et un troisième lien autoroutier à l'est de la
ville, ce que la population ne tolère plus
» dénonce, Marie-Hélène Deshaies, présidente de la Table citoyenne. « Assez, c'est assez ! Nous n'avons plus confiance et passons maintenant à l'action à la vitesse grand V », ajoute-t-elle.

« Nos invité.es à la table ronde sont impliqué.es dans de nombreuses luttes urbaines et sociales ailleurs au Québec et seront de bonnes sources d'inspiration pour nos luttes locales afin d'améliorer les conditions de vie dans nos quartiers.. Ils feront état de quelques cas similaires à notre vécu qui ont nécessité une grande mobilisation et participation citoyenne pour changer les choses. Caractéristiques communes, ces quartiers
à revitaliser sont sur le bord du fleuve et ont au lourd passé industriel
», annonce madame Deshaies.

Les panélistes, François Saillant, Judith Cayer, Margot Silvestro et Marie-Hélène Deshaies, des gens engagés et riches de nombreuses années d'expérience, mettront sur la table leurs expériences et leurs réflexions pour transformer nos mobilisations en victoires.
Les personnes présentes seront invitées à poursuivre leurs réflexions et à se mobiliser activement en vue de dynamiser nos luttes locales pour une plus grande justice sociale et environnementale.

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Rassemblement commémoratif à la mémoire de Joyce Echaquan : quatre années se sont écoulées et le gouvernement du Québec refuse toujours d’adopter le Principe de Joyce

1er octobre 2024, par Bureau du Principe de Joyce, Collectif Soignons la Justice Sociale — , ,
*Manawan, le 28 septembre 2024 – *Plus d'une centaine de personnes se sont réunies aujourd'hui à 17 h à la Place du Canada de Tiohtià:ke (Montréal) afin de rendre hommage à (…)

*Manawan, le 28 septembre 2024 – *Plus d'une centaine de personnes se sont réunies aujourd'hui à 17 h à la Place du Canada de Tiohtià:ke (Montréal) afin de rendre hommage à Joyce et réitérer l'importance de l'héritage qu'elle nous a fait collectivement en mettant au grand jour la triste réalité des peuples autochtones.

Organisé par le Collectif Soignons la justice sociale et avec le soutien du Bureau du Principe de Joyce, ce rassemblement a non seulement permis de dénoncer l'injustice et les inégalités que subissent encore les Autochtones à ce jour, mais aussi de montrer l'ostensible solidarité sociétale qui ne cesse de s'accroître.

Pour une quatrième année consécutive, plusieurs veillées commémoratives à la mémoire de Joyce Echaquan ont eu au Québec et pour une quatrième année consécutive, plusieurs organisations et individus autochtones et non- autochtones ont uni leur voix afin que le gouvernement du Québec adopte le Principe de Joyce et reconnaisse enfin l'existence du racisme et de la discrimination systémiques au Québec. Un prérequis pour entamer ensemble la prochaine étape visant l'amélioration de la qualité de vie des Peuples
autochtones. Malgré la résistance du gouvernement, le Collectif Soignons la justice sociale et le Bureau du Principe de Joyce sont plus que jamais déterminés à se serrer les coudes pour que la voie que Joyce a tracée mène à un réel bien-être des Autochtones dans le système de la santé et des services sociaux.

Le rassemblement a débuté par une prière d'ouverture par l'auteure et militante Katsi'tsakwas Ellen Gabriel et par une prestation musicale des Powwow Rangers. Plusieurs allocutions ont été prononcées, notamment par M. Sipi Flamand, Chef du Conseil des Atikamekw de Manawan et M. Ghislain Picard, Chef régional de l'Assemblée des Premières Nations du Québec-Labrador (APNQL). Par la suite une minute de silence a été tenue afin d'honorer la mémoire et l'héritage de Joyce. L'événement a pris fin par un beau texte de
la poète et activiste engagée Maya Cousineau Mollen. Des délégations de la communauté Atikamekw de Manawan et de Wemotaci sont également venues assister à cet événement rassembleur et touchant pour leur sœur Joyce.

« J*'ose espérer que les termes « sécurisation culturelle » et « réconciliation » prendront finalement tout leur sens avec l'adoption du Principe de Joyce par le gouvernement du Québec. Tout juste la semaine dernière, l'Association médicale Canadienne (AMC) déclarait son soutien envers ce Principe qui est tant important et qui repose sur des droits fondamentaux. Combien de temps prendra-t-il à notre gouvernement d'emboîter le pas et de reconnaître l'évidence ? Chose est certaine est que nous continuons de travailler fort afin de mettre en place des outils pour que les Autochtones connaissent leurs droits en matière de santé et à les faire respecter. L'un des nouveaux chantiers dont nous sommes fiers d'avoir annoncé lors du rassemblement à la mémoire de Joyce est la mise sur pied de
nos ambassadaires qui seront en mesure de faire la promotion du Principe de Joyce en offrant un soutien aux diverses organisations de la santé et des services sociaux dans leurs travaux pour l'adoption et surtout de mise en œuvre du Principe de Joyce * », affirme Jennifer Petiquay-Dufresne, directrice générale du Bureau du Principe de Joyce.

« *Nous, membres du Collectif, militons pour un système de santé égalitaire qui valorise chaque individu, peu importe son statut et son origine. Ce qui est arrivé à Joyce est déplorable et nous continuerons à honorer son courage et à être des alliés envers les Autochtones pour revendiquer leurs droits vitaux aussi longtemps qu'il le faudra. Notre vision, qui est de décoloniser le système de santé public conventionnel pour bâtir un système fondé sur une vision solidaire et communautaire de la santé ancrée dans une
perspective de justice sociale, est sur ce dont on se base pour lutter contre des injustices et pour faire notre part pour mettre fin au racisme systémique et au colonialisme médical », *attestent les membres du Collectif Soignons la Justice sociale.

À propos du Principe de Joyce

Le Bureau du Principe de Joyce, créé à la suite du décès tragique de Mme Joyce Echaquan en septembre 2020 à l'hôpital de Joliette, vise à faire adopter le Principe de Joyce auprès de diverses instances, notamment par le gouvernement du Québec.

Source :

Bureau du Principe de Joyce \ www.principedejoyce.com

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Danielle Smith : les nouveaux arrivants doivent « posséder /partager nos valeurs communes »

1er octobre 2024, par David J. Climenhaga — , ,
L'Alberta a toujours accueilli les nouveaux arrivants qui partagent les mêmes valeurs qu'elle. dit la Première Ministre Danielle Smith dans une déclaration publiée le jeudi sur (…)

L'Alberta a toujours accueilli les nouveaux arrivants qui partagent les mêmes valeurs qu'elle. dit la Première Ministre Danielle Smith dans une déclaration publiée le jeudi sur le site web du gouvernement.

Tiré de Rabble

David J. Climenhaga
par David J. Climenhaga
16 septembre 2024
Texte traduit de l'anglais au français par JEANTY Marvens

« Qui possèdent nos valeurs communes ! » De quelles valeurs s'agit-il, je vous prie ?

Je ne sais pas ce qu'il en est pour vous, mais je ne pense pas avoir déjà entendu l'aboiement d'un chien plus fort que celui provenant de la part d'un représentant élu depuis que je suis arrivé en Alberta il y a plusieurs décennies, et il y en a eu beaucoup. Il y a eu beaucoup de ces aboiements de chien / sifflets de chien ici depuis que le Parti Conservateur Unifié (PCU) dirigé par Smith a pris le pouvoir en 2019.

La Première Ministre Smith a essayé de dissimuler son message à la base de l'UCP dans les dénégations codées, habituelles, alors qu'elle préparait une nouvelle attaque contre le gouvernement fédéral du premier Ministre Justin Trudeau pour avoir tenté de trouver un moyen d'assurer l'installation des demandeurs d'asile dans toutes les régions du pays.

« Le gouvernement de l'Alberta s'oppose au plan du gouvernement fédéral visant à relocaliser des dizaines de milliers de demandeurs d'asile en Alberta, en particulier sans aucune aide financière pour soutenir la province dans cette démarche ». Smith a soufflé au début de sa déclaration, répétant un mensonge répandu par le Premier Ministre conservateur du Nouveau-Brunswick, M. Blaine Higgs.

M. Higgs participera aux élections le mois prochain et les sondages indiquent que la course sera serrée, surtout cela s'annonce comme un référendum sur son style de conservatisme qui sème la discorde. Mercredi, il a affirmé que les autorités fédérales envisageaient d'envoyer davantage de demandeurs d'asile dans sa province sans aide financière, et cela a été rapidement rejetée par le Ministre fédéral de l'Immigration, Marc Miller, qui a qualifié la démarche de « fictif ».

Nous n'avons jamais dit que nous imposerions des demandeurs d'asile aux provinces sans compensation financière », a déclaré M. Miller à la presse lors de la retraite du caucus libéral à Vancouver.

Cet élément fictif n'a pas empêché le commentaire de M. Smith, bien entendu. « Nous informons le gouvernement du Canada que les demandeurs d'asile ne sont pas pris en charge par le gouvernement fédéral. Nous informons le gouvernement du Canada que jusqu'à nouvel ordre, l'Alberta n'est pas ouverte à l'installation de ces demandeurs d'asile supplémentaires », a conclu la déclaration de Mme Smith avec un air de défi. « Nous ne pouvons tout simplement pas nous le permettre.

C'est très pesant de la part d'un premier Ministre qui parle depuis des mois de son ambition de faire passer la population de l'Alberta à 10 millions d'habitants d'ici 2050 ! En même temps, tant pis pour ces wagons de métro à Toronto que son prédécesseur, l'ancien Premier Ministre Jason Kenney, a payé pour avoir enveloppé de photos des Montagnes Rocheuses disant aux Ontariens que « l'Alberta vous appelle ». Apparemment, « le rêve de l'accession à la propriété est vivant en Alberta » seulement jusqu'à ce que des personnes ayant de mauvaises valeurs y viennent s'installer peu importe la base de leurs pensées.

Lorsque j'étais un réfugié polonais, je n'ai jamais eu à passer un « test de valeurs partagées » », a fait remarquer l'ancien député progressiste-conservateur Thomas Lukaszuk dans un tweet en réponse à un mème publié par la Commission européenne. Tweet répondant à un mème publié par le Premier Ministre. Il a demandé : « Vous voulez dire Pas de musulmans ? »

On peut se demander ce que Mme Smith va dire ensuite. Va-t-elle nous avertir que les demandeurs d'asile vont manger les chiens, manger les chats, comme ce vieux con de républicain qui se présente à l'élection présidentielle au sud de la Medicine
Line ?

Je n'en doute pas. Donald Trump a mentionné le pipeline Keystone XL en passant, mardi soir, alors que la candidate démocrate Kamala Harris, l'a frappé jusqu'à ce qu'il devienne insensible.

Je ne plaisante pas. Parce que, comme Higgs, l'auteur de la fiction, Smith a un problème électoral qui lui est propre. Les extrémistes de droite qui constituaient la base de son parti et qui sont aujourd'hui à peu près tout ce qu'il en reste pourraient bien. L'abandonner, tout comme ils ont abandonné Kenney, si elle ne se montre pas assez « MAGAfiée » à leur goût.

Elle cherche désespérément à les amadouer, au moins jusqu'au vote sur son leadership lors l'assemblée générale annuelle de l'UCP à Red Deer les 1er et 2 novembre.

C'est pourquoi elle participera à une interview en direct avec leur source d'information préférée, Rebel News, le 5 octobre. C'est pourquoi elle publier des absurdités à propos de certains types d'immigrants dans des déclarations officielles du gouvernement. Et cela ne va certainement pas s'arrêter jusqu'à la fin de l'AGA.

Cela ne s'arrêtera peut-être pas non plus à ce moment-là.

Mme Smith comprend que la base MAGA du parti représente aujourd'hui la plus grande menace pour sa survie politique. Et quand il est question de premiers Ministres conservateurs, l'observateur national, Max Fawcett du National stipule que « l'appel vient presque toujours de l'intérieur de la maison ».

La situation risque d'empirer jusqu'à ce que les électeurs de l'Alberta prennent sur eux de purger l'UCP en élisant un autre gouvernement.

D'autres informations ont été publiées cette semaine...
Pendant ce temps, beaucoup de choses continuent d'exploser cette semaine, trop même pour être détaillées.

Le procès de l'ancienne star de l'UCP, Derek Fildebrandt, accusé d'avoir menacé d'abattre un groupe de trois jeunes adolescents devant son domicile à l'époque de la guerre civile dans le quartier de Crestmont au printemps dernier, s'est poursuivi ce week-end à Calgary.

Un groupe d'experts de Law Society of Alberta a rendu hier une décision concluant que l'ancien Ministre conservateur de la Justice de l'Alberta, Jonathan Denis, coupable de deux chefs d'accusation de faute professionnelle pour des événements qui ont eu lieu en 2020 et 2021. Il a déclaré qu'il méritait d'être sanctionné. Plus d'informations ici.

The Progress Report a révélé que des fonctionnaires des services de santé de l'Alberta ont fait pression sur deux cliniques de santé mentale du centre-ville d'Edmonton pour qu'elles transfèrent les ordonnances de leurs patients à Shoppers-Drug Mart. Des employés actuels et anciens travailleurs de la santé de ces cliniques affirment que les pharmaciens de Shoppers ont perturbé leurs relations avec les patients.

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28 septembre : Journée internationale de l’avortement sécurisé

1er octobre 2024, par Confédération des syndicats nationaux (CSN) — , ,
Au Québec, toutes les régions ne sont pas toutes desservies de la même façon en matière d'accès à l'avortement. De plus, l'accès s'avère encore plus restreint pour les (…)

Au Québec, toutes les régions ne sont pas toutes desservies de la même façon en matière d'accès à l'avortement. De plus, l'accès s'avère encore plus restreint pour les personnes sans couverture de la RAMQ, du Programme fédéral de santé intérimaire (PFSI) ou d'assurances privées.

Ce n'est pas en prohibant ou en limitant le droit à l'avortement que l'on empêche toute procédure d'interruption de grossesse. Ainsi, le manque d'accès à un avortement sécurisé dans le monde met à risque la santé des femmes.

Ici, au Québec, toutes les régions ne sont pas toutes desservies de la même façon en matière d'accès à l'avortement. De plus, l'accès s'avère encore plus restreint pour les personnes sans couverture de la Régie d'assurance-maladie du Québec (RAMQ), du Programme fédéral de santé intérimaire (PFSI) ou d'assurances privées. Ces personnes peuvent être des étudiantes internationales, des travailleuses avec un permis de travail temporaire, des personnes sans statut, etc.

Ces femmes n'ont pas non plus accès à des soins gynéco-obstétricaux de base (contraception, test Pap, dépistage de maladies transmises sexuellement, soins de grossesse, planification familiale). Les coûts des interruptions volontaires de grossesse (IVG) de premier trimestre peuvent atteindre tout près de 500 $. Les délais nécessaires pour amasser des fonds peuvent souvent retarder l'intervention. Les montants peuvent s'élever à plusieurs milliers de dollars si l'interruption s'effectue au cours des 2e et 3e trimestres.

Pour leur venir en aide, la Fédération du Québec pour le planning des naissances (FQPN) coordonne un fonds de dépannage afin de couvrir ces frais. Profitons de cette Journée internationale de l'avortement sécurisé pour faire un don : https://www.zeffy.com/fr-CA/donation-form/18811d1f-3087-496c-a7f2-c6b2274ee894

La Fédération du Québec pour le planning des naissances (FQPN) est un regroupement féministe de défense de droits et d'éducation populaire en matière de santé sexuelle et reproductive.

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Pourquoi tenir une Journée nationale des centres de femmes du Québec ?

1er octobre 2024, par L'R des centres de femmes du Québec — , ,
Les centres de femmes jouent un rôle essentiel dans nos communautés. Ils offrent un espace sécuritaire où les femmes peuvent se rassembler, partager leurs expériences, et (…)

Les centres de femmes jouent un rôle essentiel dans nos communautés. Ils offrent un espace sécuritaire où les femmes peuvent se rassembler, partager leurs expériences, et trouver du soutien. Ces lieux sont des endroits pour que les femmes prennent du pouvoir sur leur vie par l'éducation populaire autonome et la défense de leurs droits.

D'où l'importance de tenir annuellement notre Journée nationale des centres de femmes du Québec.

Le 1er octobre, cette journée nationale dédiée aux centres de femmes du Québec permettra de reconnaître à l'échelle de la province l'immense contribution de ces centres à notre société.

Ils sont souvent à l'avant-garde des luttes pour l'égalité, offrant des services variés.

Cette journée est aussi l'occasion de sensibiliser le public et les décideurs politiques aux enjeux qui touchent les femmes.

Joignez-vous à nous pour célébrer et soutenir les centres de femmes du Québec ! Ensemble, continuons à bâtir une communauté plus forte et plus juste.

Trouvez ici le centre de femmes le plus près de chez vous !

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Une plateforme de référence sur le contrôle coercitif voit le jour

1er octobre 2024, par Regroupement des maisons pour femmes victimes de violence conjugale — , ,
Le Regroupement des maisons pour femmes victimes de violence conjugale dévoile une nouvelle plateforme web qui vise à vulgariser auprès du grand public et de professionnel.le.s (…)

Le Regroupement des maisons pour femmes victimes de violence conjugale dévoile une nouvelle plateforme web qui vise à vulgariser auprès du grand public et de professionnel.le.s la notion de contrôle coercitif, alors même que celui-ci pourrait devenir une infraction criminelle sous peu.

« Parler de contrôle coercitif permet de nombreuses prises de conscience, notamment vis-à-vis de formes plus subtiles de violence, autant chez les victimes que chez les proches et les professionnel.le.s qui les entourent. Mieux connaître le contrôle coercitif et le risque qu'il représente, c'est se donner les moyens, collectivement, d'agir face à la violence conjugale bien plus tôt dans la trajectoire des victimes, et bien avant que le pire arrive. » explique Annick Brazeau, présidente du Regroupement.

Des outils et des histoires pour comprendre, repérer et agir face au contrôle coercitif

Cette plateforme novatrice – controlecoercitif.ca – propose des contenus vulgarisés et personnalisés, selon les publics. Face au défi de faire comprendre un terme nouveau et méconnu, le Regroupement a choisi de proposer plusieurs façons de l'explorer.

La visite commence par une expérience interactive qui met en scène des récits de femmes – écrits et audio – inspirés de faits vécus. Le site web propose de plonger dans le coeur du contenu via une bibliothèque, dans laquelle il est possible de trier les articles et les outils grâce à des filtres, ou via trois parcours guidés – Comprendre, Repérer, Agir – qui suggèrent un fil de lectures. D'autres utilisatrices ou utilisateurs pourront choisir de passer par la foire aux questions pour s'initier à la notion de contrôle coercitif.

Le site web, en français pour l'instant, sera accessible en anglais dans quelques semaines et sera bonifié avec le temps avec de nouveaux contenus, notamment vidéos.

Un contexte politique et social favorable

Un projet de loi d'initiative parlementaire (C-332) visant à criminaliser le contrôle coercitif a franchi plusieurs étapes décisives dans les derniers mois. Après avoir été adopté à l'unanimité par la Chambre des Communes en juin 2024, il est désormais étudié par le Sénat en deuxième lecture depuis le 17 septembre dernier.

Dans le sillon de plusieurs autres pays avant lui, le Canada pourrait devenir la 5e nation à faire du contrôle coercitif une infraction criminelle.

« Au contact des plus de 6000 professionnel.le.s que nous avons formés, nous avons été témoins du pouvoir transformateur qu'amène la notion de contrôle coercitif. Si une telle loi entrait en vigueur, il serait d'autant plus nécessaire de faire connaitre au plus grand nombre ce qu'est le contrôle coercitif, partout à travers le Canada » souligne Karine Barrette, avocate et chargée du projet Améliorer la pratique judiciaire au Regroupement.

La nouvelle plateforme annoncée aujourd'hui est une modeste contribution aux efforts de grande envergure qui devront être menés au Québec et au Canada pour que les victimes reconnaissent le contrôle coercitif et pour que les professionnel.le.s et les proches qui les entourent le détectent et puissent agir en conséquence.

Qu'est-ce que le contrôle coercitif ?

Le contrôle coercitif, c'est une nouvelle paire de lunettes pour voir au-delà de la violence visible et des incidents isolés.

Le contrôle coercitif désigne une série de stratégies utilisées par un partenaire ou un ex-partenaire pour isoler, contrôler, terroriser sa victime et la priver de liberté, petit à petit.

C'est une prise de contrôle discrète et progressive de la femme victime par le partenaire, qui n'exerce pas forcément de violence physique.

Consultez la plateforme au controlecoercitif.ca

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La marche mondiale des femmes : une force féministe pour transformer le monde !

1er octobre 2024, par Secrétariat international de la Marche mondiale des femmes. — ,
En 2023, nous avons célébré le 25ème anniversaire de la première Rencontre Internationale de la Marche mondiale des femmes, notre mouvement d'action féministe qui a vu le jour (…)

En 2023, nous avons célébré le 25ème anniversaire de la première Rencontre Internationale de la Marche mondiale des femmes, notre mouvement d'action féministe qui a vu le jour en octobre 1998 à Montréal, au Québec.

tiré de Entre les lignes et les mots

Nous sommes devenues un mouvement social international-féministe, anticapitaliste et anti-impérialiste enraciné dans les luttes et contextes locaux, lié à la lutte des classes. Nous sommes aujourd'hui organisées en coordinations nationales dans 61 pays.

Nos valeurs et actions visent un changement politique, économique et social pour une transformation radicale du monde. Ces valeurs sont axées sur la mondialisation de la solidarité, l'égalité entre les femmes et les hommes, entre les femmes elles-mêmes et entre les peuples, le respect et la reconnaissance de la diversité entre les femmes et la force des alliances entre les femmes et avec d'autres mouvements sociaux progressistes.

Aujourd'hui, l'avancée de nouvelles formes de colonialisme, de racisme, de misogynie, d'accumulation par dépossession et les impacts du changement climatique nous obligent à développer de nouvelles formes de résistance et à forger des alternatives en mesure de soutenir les luttes des femmes et les possibilités de solutions transformatrices.

Lors de la 13ème Rencontre Internationale en 2023, quatre domaines d'action ont émergé, inspirés par les luttes locales des femmes, autour desquels la MMF entend approfondir son analyse et renforcer son action jusqu'en 2025 :

La défense des biens communs contre les entreprises transnationales

L'économie féministe basée sur la viabilité de la vie et la souveraineté alimentaire

L'autonomie au regard du corps et de la sexualité

La paix et la démilitarisation

Nous œuvrons pour renforcer l'analyse, les pratiques et les secteurs du mouvement féministe en vue d'un changement structurel, de l'égalité et de l'autonomie réelles de toutes les femmes.

Tous les cinq ans, une action internationale de la Marche mondiale des femmes nous appelle et nous mobilise toutes, reliant nos processus d'organisation et nos luttes au niveau local à la force mondiale du féminisme en mouvement.

Les actions internationales sont des moments de construction et d'expression de notre synthèse politique, lorsque nous présentons nos dénonciations et nos propositions articulées aux niveaux local, régional et international. Notre résistance avance avec nos propositions et nos pratiques de construction de la force, d'auto-organisation des femmes, du féminisme comme axe d'alternatives systémiques.

En 2025, du 8 mars au 1 octobre, nous marcherons dans le monde entier contre les guerres et le capitalisme et pour le « buen-vivir » et la souveraineté de nos corps et de nos territoires.

La 6ème Action Internationale débutera au Sahara Occidental le 8 mars avec des marches et des actions simultanées dans le monde entier et se terminera par un rassemblement international au Népal le 17 octobre.

Nous lions notre lutte contre les sociétés transnationales à la lutte pour la justice sociale en organisant une semaine, laquelle débutera le 24 avril, lors de la journée de solidarité féministe contre les sociétés transnationales, et s'achèvera le 1er mai.

Rejoignez la Marche mondiale des femmes
Vous êtes un groupe de femmes ou un comité de femmes dans un groupe mixte et souhaitez rejoindre à la Marche mondiale des femmes ? Vous pouvez contacter le

Secrétariat international de la Marche mondiale des femmes.

Kızılırmak Cad. No:13/8 Kavaklıdere 06420 – Ankara – Turquie
Tél : +90 533 138 60 73
Courriel : info@marchemondiale.org
Site Web : www.marchemondiale.org

NOUS RÉSISTONS POUR VIVRE,
NOUS MARCHONS POUR TRANSFORMER !

Télécharger le document :WORLD-MARCH-OF-WOMEN-fr

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Projet de loi n°69 : Le gouvernement doit faire les choses dans l’ordre selon des groupes de la société civile

1er octobre 2024, par Collectif — , ,
Au lendemain de la fin des consultations particulières sur le projet de loi n°69, Loi assurant la gouvernance responsable des ressources énergétiques et modifiant diverses (…)

Au lendemain de la fin des consultations particulières sur le projet de loi n°69, Loi assurant la gouvernance responsable des ressources énergétiques et modifiant diverses dispositions législatives, des groupes issus de la société civile réitèrent leur demande de suspendre les procédures parlementaires sur ce projet de loi et de le réviser de fond en comble, après un véritable débat public large sur l'énergie effectué dans le cadre d'une commission indépendante et lors de laquelle l'ensemble des voix de la société québécoise auront été entendues.

Ce débat public, réclamé de toutes parts depuis près de deux ans par de nombreux groupes et spécialistes, devrait constituer le socle sur lequel plusieurs scénarios de plan de gestion intégrée des ressources énergétiques (PGIRE) devront être élaborés et débattus en misant sur une approche systémique plutôt qu'une approche en silo. Ces scénarios devraient notamment inclure :

l'identification des véritables besoins en énergie pour réussir la décarbonation complète du Québec ;

les multiples impacts de la production d'énergie sur le territoire ;

les différents usages possibles de l'énergie ;

les mesures garantissant l'accès aux services énergétiques et un niveau de vie décent pour toutes et tous, en conservant les tarifs d'électricité à un niveau accessible pour les ménages à faible revenu pour répondre à leurs besoins essentiels ;

les options liées à la sobriété, la réduction de la demande, à l'efficacité énergétique et aux sources d'énergies renouvelables.

Ces scénarios devraient être débattus au sein d'une institution indépendante du gouvernement. Les groupes réitèrent leur offre de collaboration à cet égard.

Les groupes sont également préoccupés par les éléments suivants :

Le projet de loi ne permettra pas la décarbonation du Québec et la protection du territoire. Si le présent est garant de l'avenir, rien ne permet de croire que l'avalanche de nouvelle puissance bénéficierait nécessairement aux entreprises existantes qui veulent verdir leurs opérations et à qui on refuse les quelques mégawatts nécessaires, comme les Forges de Sorel. Le PL-69 favorise plutôt de nouveaux projets industriels, souvent initiés par des multinationales ayant peu ou même rien à voir avec la décarbonation.

Des impacts importants sur les tarifs. L'ajout massif de capacités électriques favorisé par le PL-69 ferait inévitablement augmenter les tarifs résidentiels et commerciaux, puisque les nouvelles infrastructures coûtent beaucoup plus cher que les capacités existantes et que le gouvernement cherche à appâter les industries avec une électricité à rabais. Les commerces et les ménages, surtout les moins nantis, assumeraient ainsi une part disproportionnée des coûts de la transition.

Un projet de privatisation. Sous le prétexte d'accélérer l'ajout de capacités énergétiques sans preuve à l'appui, le PL-69 ouvrirait des brèches béantes dans le caractère public du secteur électrique québécois, et ce, sans l'aval de la population. En 1962, nous avons collectivement rejeté la mainmise du privé sur l'électricité lors d'une élection référendaire qui a façonné le Québec d'aujourd'hui. De la même façon, nos décisions d'aujourd'hui façonnent le Québec de demain.

Un projet de loi qui ne priorise pas la sobriété énergétique, bien que cela permette de minimiser la construction de nouvelles infrastructures et ainsi contrôler les coûts de production, l'impact tarifaire et les impacts sur le territoire.

Pour toutes ces raisons, nous demandons au gouvernement de mettre le PL-69 de côté, le temps d'élaborer collectivement une politique énergétique et un PGIRE, un outil demandé depuis longtemps par les groupes, qui exprimera clairement la volonté de la population quant à son avenir. Les groupes insistent sur la nécessité que cette politique énergétique et ce PGIRE soient adoptés à la suite d' un véritable débat public – volonté qu'il sera ensuite possible d'enchâsser dans une loi qui serait le fruit d'un véritable processus démocratique.

Signataires

Mélanie Busby, Front commun pour la transition énergétique

Bruno Detuncq, Regroupement vigilance énergie Québec (RVÉQ)

Émilie Laurin-Dansereau, ACEF du Nord de Montréal

Maxime Dorais, Union des consommateurs

Michel Jetté, GroupMobilisation (GMob)

Alice-Anne Simard, Nature Québec

Patricia Clermont, Association québécoise des médecins pour l'environnement (AQME)

Charles-Edouard Têtu, Équiterre

Jacque Lebleu, Mobilisation environnement Ahuntsic-Cartierville

Shirley Barnea, Pour le futur Montréal

Patrick Bonin, Greenpeace Canada

Jean-François Lefebvre, Imagine Lachine-Est

Andréanne Brazeau, Fondation David Suzuki

André Bélanger, Fondation Rivières

Arnaud Theurillat-Cloutier, Travailleuses et travailleurs pour la justice climatique (TJC)

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Mémoire de la Coalition QLAIM dans le cadre des travaux entourant le projet de loi 63 pour une loi des mines respectueuse, claire et bienveillante pour les citoyens

1er octobre 2024, par Coalition QLAIM — , ,
Une nouvelle coalition regroupant de nombreuses associations de protection des lacs du Québec voit le jour le 23 janvier 2023 : la Coalition québécoise des lacs incompatibles (…)

Une nouvelle coalition regroupant de nombreuses associations de protection des lacs du Québec voit le jour le 23 janvier 2023 : la Coalition québécoise des lacs incompatibles avec l'activité minière, ou la Coalition QLAIM. La demande mondiale pour les minéraux a explosé et plusieurs régions du Québec vivaient un boom de claims miniers sans précédent. Cette création de la Coalition QLAIM survient à l'occasion du Forum – Intégration des activités minières : acceptabilité sociale et cohabitation organisé par l'Union des municipalités du Québec, ce même janvier 2023. Au 25 septembre, en date de cette commission parlementaire, la Coalition compte quelque 150 membres, provenant de plusieurs régions du Québec, notamment de l'Outaouais, des Laurentides, de Lanaudière et de la Mauricie.

La Coalition QLAIM est portée par un vaste mouvement citoyen qui trouve aberrant que des entreprises privées obtiennent un titre minier (claim) lui donnant accès au sous-sol sans que les élus locaux aient pris part à la décision. La Coalition est aussi membre actif de la Coalition Québec meilleure mine (QMM) et endosse son action ainsi que son mémoire. Notre mémoire met particulièrement en lumière les enjeux de la loi qui favorise les conflits d'usage entre l'industrie minière et les communautés, notamment celles qui ont des économies florissantes pouvant être affectées négativement par l'industrie minière.

Des lacs et un mode de vie à protéger

À notre avis, la Loi sur les mines fait la démonstration d'une absence de démocratie dans la gestion sur le précieux territoire public québécois, puisqu'un claim est octroyé automatiquement sans dialogue, sans respect des communautés locales et des peuples autochtones. La Coalition QLAIM incarne un mouvement citoyen attaché au territoire, attaché à un mode de vie grandissant, celui de vivre en permanence en toute quiétude entre lacs et rivières. Ces citoyens bénéficient déjà d'une économie équilibrée avec la nature. Nous désirons protéger ces droits de pouvoir habiter dans ces régions que nous considérons incompatibles avec l'activité minière. Pour ce que nous sommes et ce que nous portons, la Coalition QLAIM s'est donc donnée pour mission de contribuer à changer les lois actuelles afin de non seulement protéger les lacs du Québec de l'activité minière et les populations qui en dépendent, mais aussi de convaincre l'État québécois d'accorder plus de considération envers les contribuables et les élus de ces régions.

Le pouvoir du nombre, le pouvoir de l'attachement territorial La Coalition QLAIM est un mouvement bénévole aux ressources financières très limitées, mais pourvu de ressources plus importantes : des humains attachés à leurs territoires qui souhaitent influencer le gouvernement pour que l'industrie minière ne vienne pas altérer le territoire où ils vivent depuis des générations. La Coalition QLAIM représente un pouvoir alternatif : le pouvoir des électeurs. Les entreprises minières ne votent pas, et elles ont suffisamment de ressources pour se représenter elles-mêmes sans l'aide du gouvernement. Aucune ressource publique pour les aider à nous convaincre des bienfaits communautaires de cette industrie n'est justifiable. Le gouvernement du Québec doit mettre autant sinon plus d'écoute du côté de ses électeurs que du côté des lobbyistes, et seulement ainsi le développement minier pourrait être harmonieux. Il est indispensable de planifier le territoire en collaboration avec les gouvernements locaux, plutôt que d'autoriser des projets sans demander l'opinion des élus, sinon à la toute fin et trop tard. L'activité minière pourrait être harmonieuse dans ces conditions, mais le Projet de loi n° 63 ne prend pas cette direction. Les aspirations sociales, écologiques et économiques changent : nos institutions doivent s'adapter.

Section 2 : Notre exposé général

Une loi qui évite l'essentiel

Depuis la formation de notre coalition, nous avons lu et étudié plusieurs documents portant sur le cadre légal et sur la pratique de développement minier au Québec. Nous avons aussi participé aux rencontres en ligne et avons soumis plusieurs mémoires lors de la consultation de 2023 du ministère des Ressources naturelles et des Forêts et de la ministre responsable Maïté Blanchette Vézina, intitulée Démarche participative sur un développement harmonieux de l'activité minière. Nous l'avons fait avec toute l'énergie bénévole de notre mouvement dans le seul espoir de faire comprendre que du développement minier harmonieux, c'est impossible sans un véritable pouvoir pour les MRC dans la gestion du territoire public à partir de la demande d'un titre d'exploration jusqu'à la fermeture d'un projet minier.

C'est avec enthousiasme que nous avons donc pris le temps de lire le projet de loi n° 63 modifiant la Loi sur les mines et d'autres dispositions afin de voir si nos préoccupations ont été entendues et nos recommandations intégrées.

Ce projet de loi s'est attaqué aux lieux de consensus évidents, soit la spéculation sur le territoire public et l'exclusion de l'exploration sur les terres privées. De plus, de nouveaux pouvoirs, qui restent à être précisés, sont accordés au ministre pour considérer les enjeux de consentement des peuples autochtones et d'acceptabilité sociale des communautés. Les lieux de dissension, donc les véritables zones de réformes, n'ont pas été investis, notamment celui de partager le pouvoir décisionnel de l'État - soit la province québécoise - avec les peuples autochtones, les MRC, les élus locaux et les citoyens qui demeurent profondément attachés à ces territoires.

Sans respect et équité, pas de développement harmonieux

Dans sa forme actuelle, nous sommes convaincus que le projet de loi n° 63 ne permettra pas un développement harmonieux sur le territoire car, pour l'activité minière sur le territoire public, il n'y a pas de changement dans le régime minier, si ce n'est que de retirer des pouvoirs aux citoyens qui pouvaient acheter des claims pour protéger leurs lacs et rivières. En retirant ce pouvoir, nous nous attendions à ce que le gouvernement comprenne que les citoyens réclament d'avoir un mot à dire sur l'utilisation du territoire public souvent derrière chez eux. Nous vous rappelons que les territoires publics forment plus de 92% du territoire et qu'ils ne sont pas gérés par des élus locaux. C'est beaucoup de territoires sans démocratie !

La loi doit absolument répondre au besoin de décentralisation des pouvoirs vers les MRC, décentralisation que demande un développement minier harmonieux. Les MRC maîtrisent plus le territoire et l'élection des élus locaux est beaucoup plus en phase avec les aspirations locales. Pour nous, c'est une question de respect.

Bien que nous reconnaissions certaines améliorations à la loi, il en demeure que celles-ci ne touchent pas au fond du problème. Trop de droits pour les entreprises minières et trop peu pour les citoyens.

Nous réclamons de l'équité. Les municipalités et les citoyens nécessitent eux aussi de l'aide lorsqu'une entreprise minière cherche à s'établir dans leur communauté. Il faut prévoir un fond de soutien aux communautés durant l'ensemble des étapes d'un développement minier, notamment pour l'accès aux connaissances et pour assurer une démocratie publique, pas privatisée par les promoteurs.

Sans pouvoirs aux MRC, pas de développement harmonieux

Si le citoyen n'arrive plus à acheter des claims comme moyen de protéger son arrière-pays, quels outils le gouvernement du Québec donnera-t-il en échange pour atteindre son dit développement harmonieux ? En lui enlevant cette seule manière de se prémunir contre le développement minier, la loi doit redonner des outils de protection où il a une voix au chapitre de l'élaboration d'un projet affectant le territoire public derrière ou autour de sa maison, son village, sa communauté. En ce moment, le seul outil qu'il reste aux citoyens pour avoir accès à leurs arrière-pays sans exploitation minière et forestière est l'aire protégée. C'est une manière très aménagiste de voir le monde et, surtout, très conflictuelle.

À quel moment au Québec les citoyens pourront-ils véritablement contribuer à la planification locale de leur territoire public et avoir préséance sur des entreprises privées qui sont plus consultées qu'eux ? Au-delà de réserver le territoire aux entreprises forestières et minières, ou de les mettre sous cloche de verre pour de la conservation, nous, les citoyens, pouvons-nous développer notre territoire public sans mines ? Il y aurait ces Tables régionales de gestion intégrée des ressources et du territoire public qui, aux dires de plusieurs, sont des instances peu porteuses qui diluent, encore, le pouvoir des MRC et, encore plus, celui des peuples autochtones. Qu'estce qu'une entreprise privée fait dans des lieux de concertation qui ne la concerne pas ? N'est-ce pas aux citoyens de décider d'abord et aux compagnies privées de s'adapter aux décisions politiques et culturelles qui les animent ?

Les MRC ont été créées en 1979 dans le but de décentraliser la planification et la gestion du territoire, et d'entendre les élus de cette époque. Les MRC étaient un compromis puisque les régions voulaient une gouvernance régionale plus étendue afin d'éviter les interventions en silo, parfois peu adaptées des ministères provinciaux dans les régions. Encore en 2024, le gouvernement provincial tente de contourner ces MRC pour préserver le contrôle sur les ressources naturelles, comme la Couronne britannique le faisait avec ses colonies. Ironique qu'une province autonomiste aime calquer son colonisateur. Cette centralisation bénéficie néanmoins à un groupe : les entreprises minières puisqu'elles peuvent plus aisément influencer quelques individus par des activités de lobbying.

Sans clarté et bienveillance, pas de développement harmonieux

Bien que considérée par l'industrie minière comme un des principaux risques d'affaires, tel que rapportée par une enquête de Ernst & Young1 en 2024, nous constatons que l'acceptabilité sociale n'est pas mesurée et n'est nommée nulle part dans la Loi sur les mines ou son préambule. Ainsi, lorsque le premier ministre mentionne « il n'y aura pas de mine sans acceptabilité sociale », nous savons que ces mots n'ont aucune portée légale. Il importe que les lois précisent le flou existant qui favorise les décisions discrétionnaires plutôt que la clarté prévisible.

Il faut absolument trouver la bonne manière de mesurer l'acceptabilité sociale.

Si l'opinion de la population demeure inconnue du début à la fin, aucune approche scientifique ne résiste ? On fait l'inventaire des poissons, des mammifères, de la flore et des invertébrés mais on ne demande pas ce que pense la population locale d'un projet ? Pourquoi cette peur de lui demander ? L'État veut-il rester libre de disposer de l'arrière-pays ?

Finalement, nous sommes estomaqués de ne voir aucune modification au chapitre XXIV de la loi, soit l'expropriation. Après avoir vu les documentaires et lu les nombreux documents portant sur le désastre Malartic, il est difficile de comprendre comment, 10 ans plus tard, si peu de bienveillance émerge des autorités. Comment une société avancée en est-elle arrivée à accepter qu'une entreprise privée procède ainsi à des expropriations de citoyens ? Si le sous-sol appartient à l'État, tous les citoyens affectés devraient bénéficier d'un accompagnement équitable, peu importe le promoteur, avec des règles nationales quant à l'éligibilité et les montants.

Le gouvernement doit assumer son rôle d'arbitre bienveillant en donnant un cadre au processus de compensation ou d'expropriation pour éviter des ententes de gré à gré très inégales.

Section 3 : Nos recommandations

Aperçu de nos recommandations

Dans sa forme actuelle, le projet No 63 ne permettra pas un développement harmonieux et il est évident que le conflit sera exacerbé par une Loi qui reste, à nos yeux, la même. Notre mémoire vise essentiellement à contribuer concrètement, à aider les parlementaires à doter le Québec d'une Loi sur les mines modernes qui saura redonner confiance à la population. L'industrie minière ne remporte pas l'affection de nombre de Québécois et sa volonté de sortir de ses régions traditionnelles pour occuper tout le territoire ne va que détériorer cette situation.

Nous invitons le gouvernement à écouter ses citoyens plus que les entreprises et, conséquemment, à modifier la loi sur les mines tel que demandé par la société civile depuis des années.

Recommandation 1 – Partager le pouvoir décisionnel sur les claims avec les MRC

Les pouvoirs provinciaux sur le sous-sol public doivent concrètement être partagés avec les MRC dans le cadre de ses fonctions de planification, de gestion et de décision quant au territoire qu'elle administre. La MRC, et les peuples autochtones, doivent être parties prenantes de la décision avant l'octroi des claims pour pallier les failles de la délimitation des Territoires incompatibles à l'activité minière (TIAM) qui protège surtout des activités actuelles et passées, plutôt que les projets d'avenir.

Recommandation 2 - Définir l'intérêt public

Des conditions devraient être établies - acceptabilité sociale, sensibilité écologique et activités économiques conflictuelles - pour que la ministre puisse retirer ou suspendre des claims qui seraient contradictoires aux priorités territoriales que le dispositif des TIAMs ne semble pas pouvoir assurer de manière dynamique.

Recommandation 3 - Mesurer l'acceptabilité sociale

Les études d'impact inventorient absolument tout sauf l'opinion de la communauté qui fréquente ce territoire. L'acceptabilité sociale des projets miniers - et tous les autres grands projets à fort impact - doit être clarifiée à partir d'un processus démocratique prévu dans la loi, afin que le Conseil des ministres ait accès à cette information avant d'autoriser ou de rejeter un projet. Le flou entretient le cynisme face aux projets et la confiance indispensable envers l'État.

Recommandation 4 - Assurer une responsabilité publique de l'expropriation

En étudiant la section d'expropriation de la Loi sur les mines, nous constatons qu'aucun encadrement n'est proposé quant aux enjeux de cohabitation des riverains avec les projets miniers. La responsabilité est laissée à l'industrie, qui n'ayant aucun cadre de référence, peut agir arbitrairement et affecter l'équité de traitement de l'ensemble des Québécois. Nous demandons que le gouvernement du Québec, le propriétaire du sous-sol, exprime dans la loi sa responsabilité quant à l'accompagnement des riverains du projet minier - les propriétés adjacentes à la propriété minière - notamment pour l'aider à établir l'éligibilité aux indemnisations et les montants justes et équitables selon les conditions du projet.

L'analyse et les recommandations détaillées

Recommandation 1 : Partager le pouvoir décisionnel sur les claims avec les MRC

Analyse

● La loi sur les mines n'a ajouté aucun pouvoir aux MRC et aux municipalités sauf pour les terres privées. Effectivement, pour les terres privées, on inverse la posture gouvernementale (art. 304) : l'accès au sous-sol est interdit et d'emblée sous un Territoire incompatible à l'activité minière (TIAM) sauf si la MRC souhaite lever le TIAM pour exploiter le sous-sol.

● Au niveau de l'octroi des claims, outre l'ajout dans le Règlement des mines de l'obligation de faire une demande d'une autorisation pour travaux d'exploration à impacts (ATI) en y incluant des consultations, le projet de loi n'a pas proposé de partager le pouvoir décisionnel avec les MRC et les municipalités en amont de l'octroi des claims.

● Nous savons que les Orientations générales d'aménagement du territoire (OGAT) ont été bonifiées notamment en facilitant le processus de délimitation d'un TIAM.

● Mais le TIAM demeure un outil de protection des activités passées et actuelles, ce n'est pas un outil de protection des projets en cours et futurs. Les aspirations communautaires, si elles sont adéquatement formulées dans un plan de développement, doivent pouvoir être prises en compte et protégées. Nous pensons que de donner un pouvoir décisionnel à la MRC est la manière de protéger les aspirations communautaires sur le territoire public.

Proposition de modifications

Nous recommandons de modifier un article ou en ajouter dans la section III CLAIM de la Loi sur les mines, proposant un lieu de dialogue avec la MRC et les municipalités concernées avant d'octroyer un droit minier difficile à révoquer et promettant à une entreprise privée de pouvoir explorer et développer librement.

La proposition :

● À l'article 47 de la Loi sur les mines, il est stipulé que « le claim s'acquiert par la présentation d'un avis de désignation sur carte et par son inscription au bureau du registraire ». Nous pensons que c'est à ce moment que la MRC doit faire partie du processus décisionnel, puisqu'elle est celle qui connaît le territoire et saura informer la province si des projets d'un autre secteur économique, social ou écologique sont en développement dans ce secteur et s'il y aura conflit d'usage.

● Nous proposons de modifier l'article 47 ainsi : “le claim s'acquiert par la présentation d'un avis de désignation sur carte, par son inscription au bureau du registraire et par un avis de la MRC concernée”.

● Nous proposons de créer un article qui préciserait la modalité de cet avis de la MRC. Par exemple, « Le bureau du registraire demande un avis à la MRC qui inclura un droit de refuser un claim, sur un motif d'intérêt public, notamment pour éviter ou limiter les impacts sur les communautés locales et autochtones, ou démontrant l'activité en développement sur ce territoire public, que ce soit un processus de protection ou de développement en cours ».

● Nous proposons aussi que dans la Loi sur l'aménagement et l'urbanisme, que le Schéma de développement et d'aménagement de la MRC soit plus dynamique et plus participatif afin que, justement, le développement et la protection du territoire soient plus à jour pour le bureau du registraire. Par ailleurs, les MRC devront rendre ce processus de planification du schéma nettement plus participatif pour être légitime, dynamique et mis à jour.

● Ceci garantira une mise à jour territoriale et réduira à la source le conflit potentiel.

Recommandation 2 : Définir l'intérêt public

Analyse

● Nous reconnaissons qu'il y a eu plusieurs lieux dans la nouvelle proposition de Loi sur les mines où a été ajoutée la phrase « pour des motifs d'intérêt public » et à différents moments. Les lois québécoises ont très souvent ces possibilités discrétionnaires et ces ajouts semblent suggérer que c'était effectivement manquant au regard des autres lois québécoises. Le plus important selon nos demandes est l'article 52.1 : « Le ministre peut imposer à un titulaire de droit exclusif d'exploration, au moment où il le juge opportun, des conditions et des obligations qui, malgré les dispositions de la présente loi, peuvent, notamment, concerner les travaux à effectuer, dans les cas suivants : 1° pour un motif d'intérêt public, notamment pour éviter ou limiter les impacts sur les communautés locales et autochtones ; 2° pour permettre la priorisation ou la conciliation des utilisations et de la protection du territoire. »

● Malheureusement, ce motif d'intérêt public est associé à un pouvoir discrétionnaire de ministre sans un réel encadrement définissant l'intérêt public et pour quel bénéficiaire. Les pouvoirs discrétionnaires sont difficiles aussi à exercer car la décision créée inévitablement un sentiment d'injustice face à la loi. À l'instar de l'acceptabilité sociale, la loi mériterait d'être claire autant pour les promoteurs que les citoyens.

Proposition de modifications

Tel que proposé dans la recommandation 1, nous pensons que la MRC peut aussi en appeler à l'intérêt public avant l'octroi d'un claim plutôt qu'après. Ce sera ainsi plus préventif.

Par ailleurs, nous pensons que l'intérêt public doit être défini notamment en ce qui a trait à l'acceptabilité sociale, au consentement des peuples autochtones et aux seuils écologiques d'effondrement qui devraient guider la décision du Premier ministre avant même d'octroyer un claim.

Nous proposons que la définition d'intérêt public soit ajoutée au début de la loi à partir des écrits juridiques ou la jurisprudence qui le qualifient déjà.

Par exemple, la définition du Grand dictionnaire terminologique est : « Ensemble des intérêts vitaux qui sont favorables à tous les citoyens » auquel devrait s'ajouter l'esprit de la Loi sur le développement durable, soit que ce qui est d'intérêt public aujourd'hui pourrait ne pas l'être dans 25 ans. Nous proposons d'ajouter « maintenant et à long terme ».

Cette même définition pourrait aussi servir aux commissaires du BAPE qui pourrait vérifier si, effectivement, le projet répond à l'intérêt public avec, en main, une étude d'impact et une mesure d'acceptabilité sociale.

Recommandation 3 : Mesurer l'acceptabilité sociale

Analyse

● Outre l'intérêt public accroché au pouvoir de la ministre, la Loi sur les mines n'aborde pas l'acceptabilité sociale. Le mot ne s'y trouve pas bien que l'industrie la reconnaisse comme un risque d'affaire important et qu'elle soit aussi source de conflits sociaux.

● Évidemment, on comprend que ce serait plus la Loi sur l'aménagement et l'urbanisme et la Loi sur la qualité de l'environnement qui encadreraient le processus d'acceptabilité sociale. À notre connaissance, ces deux lois ne le font pas non plus.

● La Loi sur la qualité de l'environnement définit toutefois ce qui constitue des grands projets à risque pour l'environnement dans l'annexe I du Règlement relatif à l'évaluation et l'examen des impacts sur l'environnement de certains projets. Il s'agit de la liste des projets assujettis à la Procédure d'évaluation et d'examen des impacts sur l'environnement.

● Ainsi, l'acceptabilité sociale n'est qu'un mot dans la sphère publique sans portée légale et réglementaire.

● À notre avis, il est fondamental de demander l'opinion des communautés qui sont attachées aux territoires et c'est une donnée que les élus doivent avoir en main pour savoir comment faire évoluer un projet.

● Il y a une Loi sur les élections et les référendums dans les municipalités. Nous comprenons que cette loi s'applique aux compétences municipales qui, typiquement, excluent les pouvoirs sur le territoire public.

● Les MRC ont des pouvoirs sur les territoires publics mais n'ont pas de cadre juridique pour faire un référendum sur les projets proposés sur les territoires publics. Certaines MRC ont choisi d'avoir un préfet au suffrage universel alors il y a des modalités électorales dans ce contexte.

Recommandations dans ce contexte

● Nous sommes d'avis que, pour les projets que notre société a définis comme assez grands ou risqués pour l'environnement, soit ceux situés dans l'Annexe 1 du Règlement relatif à l'évaluation et l'examen des impacts sur l'environnement, un cadre référendaire devrait être mis en place dans un Loi sur les élections et les référendums pour les Municipalités régionales de comtés.

● Ce cadre référendaire s'appliquerait aux projets situés dans les territoires publics.

● Nous savons qu'une telle loi n'existe pas pour l'instant et démontre tout le malaise de faire exister les MRC pour vrai. Mais devant toutes ces MRC qui choisissent un préfet au suffrage universel, un mouvement de démocratie locale est déjà en route et la suite logique serait d'octroyer des pouvoirs référendaires aux MRC notamment et surtout lorsque des projets de telles envergures arrivent sans nécessairement avoir une compatibilité ou une continuité avec le développement territorial actuel.

● Il est impératif que la MRC analyse la proposition, consulte la population et informe le gouvernement de la posture locale. C'est ainsi que la population se sentira protégée par des instances locales qui sont plus réactives aux opinions citoyennes.

● À notre avis, cette consultation référendaire pourrait être tenue au moment du dépôt d'un avis de projet, à la consultation sur les enjeux prévue dans la Procédure d'examen et d'évaluation des impacts sur l'environnement, pour éviter de faire l'étude d'impact si les décideurs constatent la très faible adhésion au projet.

● Après l'étude d'impact, il est trop tard, le conflit s'intensifie à l'approche du BAPE et ternit la réputation de l'entreprise, des citoyens et du gouvernement. Le modèle d'absence de consultation en amont est un modèle conflictuel en soi.

● À ce moment, soit au dépôt de projet, il y a un réel projet avec un aménagement et la consultation porterait sur l'idée même du projet, sa justification, plutôt que sur ses impacts.

● Les études d'impact sont un outil décisionnel mais surtout un plan d'implantation du projet. Les citoyens n'ont pas besoin de tous ces détails pour former leurs opinions sur un tel projet.

● Puis, les ressources sont mieux investies, pour le promoteur et la communauté, en ne s'engageant pas ouvertement dans un conflit pendant l'étude d'impact. Cette responsabilité incomberait aux MRC et le gouvernement provincial financerait l'activité à sa demande.

● À titre de comparaison, en 1995, la Commission nationale du débat public en France fut fondée avec cette prémisse qu'il fallait d'abord dialoguer sur l'opportunité du projet avant de discuter sur la manière de faire le projet. Le modèle québécois cumule les deux activités en même temps, ce qui confond le pourquoi du comment.

● Le BAPE demeure une institution fondamentale pour notre mouvement citoyen. Mais nous souhaitons une consultation plus en amont, et le BAPE pourrait assister la MRC à l'organisation de cette consultation locale pour bien définir les limites géographiques de cette consultation référendaire pré-étude d'impact.

Recommandation 4 : Assurer une responsabilité publique de l'expropriation

Analyse

● Le projet de loi n° 63 ne propose aucune modification à la Loi sur les mines à la section V « expropriation et indemnisation ».

● Pour qu'un projet soit acceptable d'un point de vue du public, il est irrespectueux de déléguer une responsabilité d'expropriation et d'indemnisation à une entreprise privée sans cadre de protection, d'accompagnement et d'équité entre les Québécois.

● Le cadre d'éligibilité - enjeux de nuisances et distances du projet minier - et le cadre d'indemnisation - les valeurs des propriétés ou autres pertes d'usufruit ne sont pas définies dans la loi ou par règlement.

● Comme le sous-sol appartient à l'État, qui est représenté par la province, il a comme devoir d'encadrer l'aspect le plus traumatisant d'un projet minier.

● Les riverains vivent de l'anxiété dès l'arrivée des foreuses car il n'y a pas de cadre légal prévisible pour les accompagner et leur assurer un avenir juste et équitable, indépendant du promoteur ou indépendant des compétences de négociation d'un riverain.

Recommandations dans ce contexte

● Le projet de loi n° 63 doit reprendre la section V concernant l'indemnisation et l'expropriation.

● Selon le principe de développement durable pollueur-payeur, c'est au promoteur minier de payer l'ensemble des indemnisations.

● Toutefois, par l'imputabilité de l'État face à la santé et la sécurité de ses citoyens, l'État doit établir un cadre équitable envers l'ensemble de sa population - chaque Québécois devrait avoir les mêmes conditions d'indemnisation et d'expropriation devant un projet minier (ou autres) et envers les entreprises minières - chaque entreprise devrait payer le même prix pour installer une mine près de milieu habité.

● L'éligibilité à un rachat volontaire des propriétés ou à une indemnisation si un résident souhaite rester doit être déterminée en fonction du projet avec l'aide notamment de la direction régionale de la santé publique. L'éligibilité se caractérise surtout par la distance aux différentes nuisances (bruits, vibration, lumière, poussière, etc.) et c'est la santé publique qui dispose de l'expertise et de la légitimité aux yeux des citoyens.

● C'est la santé des riverains qui doit primer et guider la décision de l'État dans l'accompagnement des riverains face à un projet minier.

● Le cas de la Fonderie Horne est d'une grande évidence. Si l'État avait planifié et encadré l'indemnisation et l'expropriation, il ne serait pas dans une apparence de négligence créant un profond enjeu de confiance avec l'État et les citoyens

● Les indemnisations doivent aussi être encadrées par le développement d'une entente d'indemnisation proposée collaborativement entre l'entreprise et la municipalité, à entériner par le gouvernement au moment du décret si le projet est autorisé

● Pour la valeur de la propriété, il faudra établir un cadre d'évaluation du prix du marché pré-mine pour recouvrer la valeur pour les résidents qui, pour la plupart, en ont fait leur unique fonds de pension. Une question de respect, encore ici.

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La CSN dénonce la privatisation progressive du secteur de la production, du transport et de la distribution d’électricité au Québec.

1er octobre 2024, par Confédération des syndicats nationaux (CSN) — , ,
Nous publions des extraits du mémoire déposé par la CSN à la commission sur le projet de loi 69 concernant la bonne gouvernance des ressources énergétiques. La CSN demande que (…)

Nous publions des extraits du mémoire déposé par la CSN à la commission sur le projet de loi 69 concernant la bonne gouvernance des ressources énergétiques. La CSN demande que le gouvernement Legault "sursoie à l'adoption de PL 69 et qu'il devance une consultation publique large sur le PGIRE."

16 septembre 2024 | tiré du site de l'Assemblée nationale du Québec
Pour lire le mémoire de la CSN sur le projet de loi 69, cliquez sur l'icône :

Synthèse

La CSN salue la volonté du gouvernement de mettre en place un plan de gestion intégrée des ressources énergétiques (PGIRE). Cela dit, elle émet des recommandations concernant le PGIRE qui visent à garantir un meilleur processus de consultation, un meilleur suivi de sa mise en œuvre, une plus grande cohérence sur la durée de l'horizon de planification, et de meilleures garanties que l'ensemble des externalités sociales, économiques et environnementales seront dument pris en compte. Ce dernier aspect est d'autant plus important que le Québec n'est pas en voie d'atteindre ses cibles en matière de lutte aux changements climatiques.

Le débat sur le PGIRE est fondamental, étant donné les erreurs récemment commises. La CSN se questionne en effet sur l'allocation rapide de blocs d'énergie à des projets industriels dans un contexte où le Québec ne dispose plus de surplus d'électricité à moyen et long terme. Cela survient de surcroi^t dans une situation où la planification de la demande d'électricité par le gouvernement et Hydro-Québec est déficiente, peu de temps après la signature de contrats d'exportation fermes avec les États de la Nouvelle-Angleterre et celui de New York.

La CSN déplore les nombreuses dispositions du projet de loi qui remettent en question le monopole d'Hydro-Québec sur les activités de production, de transport et de distribution d'électricité. L'accroissement de la place du privé est particulièrement inopportun en raison du caractère stratégique de l'électricité propre qu'elle produit au regard de la lutte aux changements climatiques. Depuis 1963, la nationalisation de l'hydroélectricité a généré des retombées qui sont au cœur du développement économique et social du Québec moderne. La confédération est d'avis qu'Hydro-Québec est encore en mesure de répondre à la demande d'électricité du Québec à moyen et long terme, si le gouvernement lui en donne les moyens.Il est impératif de préserver le patrimoine collectif que représente H-Q et d'assurer son caractère entièrement public.

La CSN est satisfaite que la Régie de l'énergie retrouve le pouvoir de fixer les tarifs relatifs au transport et à la distribution d'électricité, mais aurait toutefois souhaité qu'elle soit aussi responsable de la détermination de la composante des tarifs relatifs à la production. Par ailleurs, la CSN s'inquiète de l'augmentation anticipée des tarifs résidentiels qui ne manquera pas de survenir, malgré la mise sur pied du Fonds d'aide à la clientèle domestique d'Hydro- Québec, à la suite des investissements substantiels annoncés par Hydro-Québec et de l'octroi de nombreux blocs d'énergie à des secteurs industriels émergents.

Enfin, la confédération n'est pas convaincue que les modifications législatives et réglementaires proposées sont nécessaires ou que les bons choix sont faits. Au surplus, nous ne savons pas quels sont les contours du futur PGIRE, ce qui biaise fondamentalement le débat actuel. La CSN appelle donc le législateur à ajuster les dispositions du PL69 concernant le PGIRE, mais à sursoir à l'adoption des autres dispositions, et ce, dans le but d'accélérer le processus de consultation et d'adoption du plan.

Conclusion

Selon le gouvernement, le projet de loi no 69 vise à adapter l'encadrement du secteur de l'énergie afin de permettre au Québec de réaliser ses grands objectifs en matière de transition énergétique et de décarbonation de son économie, dans le respect du principe d'acceptabilité sociale. Toutefois, ces objectifs allégués servent largement de prétextes au développement des secteurs industriels émergents et à la privatisation progressive du secteur de la production, du transport et de la distribution d'électricité au Québec.

La CSN se questionne sur l'allocation rapide de blocs d'énergie à des projets industriels dans un contexte où le Québec ne dispose plus de surplus d'électricité à moyen et long terme, en raison de la planification déficiente de la demande d'électricité par le gouvernement et Hydro-Québec, de me^me que la signature de contrats d'exportation fermes avec les États de la Nouvelle-Angleterre et celui de New York il y a à peine quelques années. Les nombreux projets industriels viennent ajouter à la demande d'électricité découlant de la transition énergétique et il est d'ores et déjà clair que les infrastructures de production additionnelles rendues nécessaires se traduiront par des augmentations importantes de tarifs, incluant la clientèle résidentiele. De plus, puisqu'il n'existe actuellement aucune planification intégrée des ressources énergétiques compatibles avec la politique-cadre sur les changements climatiques, il n'existe aucune garantie que la politique industrielle actuelle n'aille pas à l'encontre des objectifs de décarbonation de l'économie québécoise.

Par ailleurs, la CSN est préoccupée par les nombreuses dispositions qui viennent réduire le ro^le d'Hydro-Québec dans la production, le transport et la distribution d'électricité. Depuis 1963, la nationalisation de l'hydroélectricité a généré des retombées qui sont au cœur du développement économique et social du Québec moderne. Pour des raisons économiques et relatives aux finances publiques [1], ce serait une grave erreur de faciliter l'accroissement de la place du privé. La CSN croit qu'Hydro-Québec est en mesure de répondre aux besoins énergétiques de la société québécoise dans l'avenir. Il est impératif de préserver le patrimoine collectif que représente H-Q et d'assurer son caractère entièrement public.

En conclusion, bien qu'elle ait mis de l'avant des propositions spécifiques relatives au projet de loi, la CSN considère qu'il est impossible d'avoir un débat éclairé sur le PL 69 tant que les modalités du PGIRE ne seront pas connues. Elle appelle donc le législateur à ajuster les dispositions du PL 69 concernant le PGIRE, mais à sursoir à l'adoption des autres dispositions, dans le but d'accélérer l'adoption du plan. Par la suite, le gouvernement aura le loisir de consulter la population sur la nécessité de modifier ou non son cadre législatif.

Recommandation 16 Que le gouvernement sursoie à l'adoption de PL 69 et qu'il devance une consultation publique large sur le PGIRE.

Recommandations

Recommandation 1
Que le législateur modifie le projet de loi no 69 et donne à un organisme indépendant le mandat de mener des consultations, d'effectuer des recommandations et de faire un suivi relatif à la planification intégrée des ressources énergétiques. Qu'il soit introduit au PL 69 des spécifications au mode de consultation de la population et de la société civile de manière qu'il soit ouvert, inclusif et transparent.

Recommandation 2
Que les producteurs privés d'électricité assument la totalité des coûts de transport d'électricité qu'ils occasionnent à Hydro-Québec.

Recommandation 3
Que le gouvernement évite d'intervenir trop directement dans les activités de la Régie de l'énergie et d'Hydro-Québec et qu'il les laisse réaliser leurs missions en s'appuyant sur leurs expertises techniques.

Recommandation 4
La CSN s'oppose à la possibilité, pour Hydro-Québec, de privatiser les infrastructures de son réseau hydroélectrique.

Recommandation 5
Qu'Hydro-Québec soit le maître d'œuvre dans la production d'énergie éolienne sans prise de participation d'entreprise privée à but lucratif. La CSN réitère son opposition au modèle d'appels d'offres au privé.

Recommandation 6
La CSN réitère son opposition à toute forme de privatisation du transport et de la distribution d'électricité´ au Québec.

Recommandation 7
La CSN demande que tout contrat d'approvisionnement à venir entre un autoproducteur existant et Hydro-Québec soit assorti d'une garantie de protection des emplois.

Recommandation 8
Que la Régie de l'énergie conserve le mandat d'analyser de manière exhaustive et objective tout projet d'envergure de production d'électricité post-patrimoniale afin de garantir l'intérêt public.

Recommandation 9
Qu'Hydro-Québec demeure le maître d'œuvre de l'organisation et du développement du réseau électrique sur le territoire québécois, spécialement du réseau hydroélectrique. Seule Hydro-Québec doit pouvoir développer et opérer des complexes hydroélectriques de plus de 50 MW.

Recommandation 10
Que les demandes industrielles d'énergie qui se présentent ne soient pas traitées au cas par cas et que le gouvernement se dote de critères précis permettant de décider de donner suite ou non à l'approvisionnement électrique de chaque projet d'envergure. Les projets doivent s'inscrire dans le cadre d'une vision globale de la politique industrielle qui est cohérente avec les objectifs gouvernementaux en matière de transition énergétique et de lutte aux changements climatiques.

Recommandation 11
Que le plan de gestion intégrée des ressources énergétiques (PGIRE) annoncé par le gouvernement du Québec guide les décisions de donner suite ou non à l'approvisionnem ent électrique des projets de demandes industrielles d'énergie.

Recommandation 12
Que le gouvernement du Québec redonne à la Régie de l'énergie le pouvoir de déterminer l'ensemble des composantes des tarifs d'électricité, y compris celle relative à la production, dans le cadre d'un processus qui garantit la transparence et la participation du public.

Recommandation 13
Que la contribution fiscale qui financera le Fonds d'aide à la clientèle domestique d'Hydro- Québec, qui reste à définir, soit progressive et exempte les ménages à faible revenu, si le gouvernement persiste avec la proposition de le mettre en place.

Recommandation 14
Qu'Hydro-Québec continue d'offrir la tarification dynamique aux clients résidentiels qui le souhaitent, mais seulement sur une base volontaire, et qu'elle déploie des options tarifaires s'adressant aux entreprises, qui sont plus à même de moduler leur consommation dans le temps que les ménages. Toutefois, l'option d'un mode de tarification spéciale dans le secteur résidentiel pourrait être envisageable, mais seulement pour les ménages habitant des résidences luxueuses qui ont une consommation intensive d'électricité.

Recommandation 15
Que les tarifs d'électricité demeurent en lien avec les coûts réels d'exploitation d'Hydro- Québec et que la tarification basée sur les coûts marginaux ne soit pas utilisée pour augmenter les profits de la société d'État. Que des moyens alternatifs soient mis en place pour réduire la consommation de pointe et les investissements dans les moyens de production, notamment en accélérant le développement des programmes d'efficacité énergétique (économie d'énergie et gestion de la demande) et des mesures d'économie d'énergie.

Recommandation 16
Que le gouvernement sursoie à l'adoption de PL 69 et qu'il devance une consultation publique large sur le PGIRE

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[1] D'un point de vue comptable, Hydro-Québec représente un actif important pour le secteur public québécois et contribue de façon positive à la cote de crédit de la province

La FTQ s’oppose à l’adoption du projet de loi 69

1er octobre 2024, par Fédération des Travailleurs et des travailleuses du Québec (FTQ) — , ,
Comme, il l'écrit en conclusion de son mémoire, la Fédération des travailleurs et travailleuses du Québec rejette le projet de loi 69. Dans son mémoire elle "réitère sa (…)

Comme, il l'écrit en conclusion de son mémoire, la Fédération des travailleurs et travailleuses du Québec rejette le projet de loi 69. Dans son mémoire elle "réitère sa position ferme contre l'adoption du projet de loi n° 69 dans sa forme actuelle. Le projet de loi, tel que rédigé, présente des risques significatifs pour la gouvernance démocratique des ressources énergétiques et ne tient pas suffisamment compte des impacts environnementaux critiques et des enjeux de gouvernance et de transparence des processus décisionnels qu'il crée.. Nous publions ci-dessous d'importants extraits de son mémoire et la liste de ses recommandations.

5 septembre 2024 | tiré du site de l'Assemblée nationale
Pour lire l'ensemble du mémoire, cliquez sur l'icône :

Introduction

Alors que notre énergie a historiquement été gérée avec une forte dimension publique et démocratique, ce projet de loi semble orienter la gestion des ressources énergétiques vers un modèle privé, dénationalisé et nettement moins transparent, remettant en question les acquis de plusieurs décennies de gestion publique de l'énergie au Québec. Il vient également politiser cette gestion, car si le ministre de l'Économie devient insidieusement responsable des décisions, celles-ci seront prises à courte vue et en accord avec l'orientation politique du gouvernement en place et non pas nécessairement en fonction de la sécurité énergétique, de l'environnement ou de l'intérêt social collectif, détruisant ainsi l'héritage des générations passées.

Dans ce contexte, il est crucial de réexaminer ce projet de loi dans la perspective du bien commun, en veillant à ce que la gestion de l'énergie reste ancrée dans les valeurs de transparence, de participation citoyenne, de préservation de l'environnement et de justice sociale qui ont historiquement guidé le développement énergétique du Québec. Conséquemment, la FTQ recommande le rejet du projet de loi dans sa forme actuelle ainsi que la suspension du processus de consultation, et ce, jusqu'à ce qu'un Plan de Gestion Intégrée des Ressources Énergétiques (PGIRE) soit élaboré, afin de garantir une planification cohérente et durable de la transition énergétique. Le présent mémoire vise donc à offrir une critique constructive du projet de loi 69, à mettre en lumière les risques majeurs qu'il pose pour la survie du filet social québécois, à souligner les incohérences dans l'approche présentée par le gouvernement et à proposer des recommandations substantielles pour une politique énergétique cohérente et durable.

(...)

Les angles abordés

Ce mémoire est structuré en plusieurs sections principales de la façon suivante :

1. Une offensive de centralisation au détriment de l'environnement et de la gouvernance démocratique : Analyse des implications de la centralisation des décisions énergétiques au sein du ministère de l'Économie et réduction du rôle du ministère de l'Environnement.

2. Modifications terminologiques et privatisation des infrastructures énergétiques : Discussion sur les impacts des changements terminologiques proposés dans le projet de loi 69, comme le passage de « consommateur » à « client » et évaluation des risques liés à la privatisation accrue des infrastructures énergétiques.

3. Tarification et sécurité énergétique : Examen des conséquences de la modulation tarifaire résidentielle et de l'incertitude tarifaire après 2026, ainsi que du rôle de la Régie de l'énergie.

4. Enjeux environnementaux : Exploration des impacts environnementaux potentiels et des défis en matière de biodiversité et de changements climatiques.

5. Cohérence dans l'élaboration du PGIRE : Propositions pour l'adoption d'un Plan de Gestion Intégrée des Ressources Énergétiques (PGIRE) avant la mise en œuvre de tout changement législatif et règlementaire.

Une offensive de centralisation au détriment de l'environnement et de la gouvernance démocratique

Le projet de loi 69 est une attaque frontale contre la protection de l'environnement et la transparence démocratique, en centralisant de manière drastique les pouvoirs décisionnels énergétiques au sein du MEIE. Sous prétexte de simplifier la gestion des ressources énergétiques, ce projet de loi marginalise le ministère de l'Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs (MELCCFP) ainsi que celui des Ressources Naturelles et des Forêts (MRNF), concentrant ainsi un pouvoir immense entre les mains d'un seul ministère. Cette manœuvre nous apparaît comme une tentative de museler les voix discordantes (mais nécessaires à la santé démocratique) et de s'assurer que les décisions énergétiques du Québec servent principalement des intérêts économiques étroits, au mépris des impératifs sociaux et environnementaux.

Le MEIE s'arroge désormais le contrôle du PGIRE et l'établissement des cibles énergétiques, reléguant au second plan les considérations environnementales essentielles à la durabilité du Québec (art. 4, PL-69). En donnant carte blanche à un ministère motivé par une logique purement économique, ce projet de loi ouvre la voie à des décisions hâtives, irresponsables et incohérentes dont les conséquences sur la biodiversité, les écosystèmes et le filet social québécois pourraient être dévastatrices pendant plusieurs générations. La mainmise du MEIE sur la gestion des forces hydrauliques de l'État, y compris la perception des redevances (art. 7, 8, PL-69), est un autre exemple criant de cette centralisation dangereuse qui subordonne l'ambition climatique à des intérêts financiers à court terme.

La centralisation des décisions sous l'égide du MEIE constitue, selon la FTQ, une voie directe vers un échec de l'ambition climatique du Québec. En autorisant le ministre de l'Économie à approuver des projets énergétiques sans l'obligation de consulter les autres ministères (art. 4, PL-69), le projet de loi 69 contourne les contre-pouvoirs et vient réduire les règles de gouvernance nécessaires au bon maintien du filet social. Le gouvernement semble prêt à sacrifier les écosystèmes locaux sur l'autel du profit, ignorant les risques graves et irréversibles pour la biodiversité, les habitats naturels et les communautés y vivant.

La FTQ exprime de sérieuses réserves face à cette orientation centralisatrice à l'encontre des principes de transparence et de responsabilité. Le projet de loi 69 met en péril la gouvernance démocratique en limitant les occasions pour les acteurs de la société civile de participer au processus décisionnel. Notons d'ailleurs la modification à l'article 7 de la Loi sur la Régie de l'énergie venant remplacer « 12 régisseurs » par « d'au plus 12 régisseurs » dans sa composition, indiquant clairement un effort de réduction de la capacité de surveillance et d'échange de la Régie. L'article 45, lui, élimine l'obligation pour Hydro-Québec de procéder par appel d'offres pour certains contrats d'approvisionnement en électricité, à moins que le gouvernement n'en décide autrement, restreignant les garanties de transparence et ouvrant la porte à des décisions prises à huis clos, sans véritable consultation publique. Selon la FTQ, cet article doit être révisé pour réintroduire cette exigence, qui est essentielle pour maintenir la transparence et garantir que les contrats énergétiques sont attribués de manière équitable et en conformité avec l'intérêt public.

La FTQ souligne également, l'article 67 du projet de loi qui, une fois de plus, permet au gouvernement de contourner et d'affaiblir les contre-pouvoirs en permettant au ministre de l'Économie d'intervenir directement dans les décisions de la Régie de l'énergie sous prétexte de préoccupations économiques. Ceci nous apparaît comme une tentative flagrante de politisation des processus régulatoires menaçant l'indépendance de cette institution. L'introduction de ce biais politique risque d'affaiblir les critères techniques, scientifiques sociaux et environnementaux au profit de priorités économiques en rendant quasi-obsolète le rôle même de la Régie.

En centralisant ainsi de manière inquiétante les pouvoirs au sein du MEIE, le PL-69 compromet à la fois la protection environnementale et la qualité de la gouvernance démocratique. Il est impératif de réexaminer ce projet sous l'angle de la transparence, de la participation citoyenne, de la transition juste et de la justice environnementale, afin d'éviter des dérives potentielles qui pourraient nuire gravement au bien commun des Québécoises et des Québécois.

(...)

Conclusion

La FTQ réitère sa position ferme contre l'adoption du projet de loi n° 69 dans sa forme actuelle. Le projet de loi, tel que rédigé, présente des risques significatifs pour la gouvernance démocratique des ressources énergétiques et ne tient pas suffisamment compte des impacts environnementaux critiques et des enjeux de gouvernance et de transparence des processus décisionnels qu'il crée. En l'absence d'une vision intégrée pour la gestion des ressources énergétiques, le projet de loi centralise des pouvoirs excessifs au sein du ministère de l'Économie, au détriment d'une approche équilibrée et concertée. Cette façon de procéder chronologiquement incongrue et ne peut qu'exacerber les risques de dérives énergétiques.

La FTQ appelle à la suspension immédiate des travaux parlementaires sur ce projet de loi et demande la mise en place d'un Plan de gestion intégré des ressources énergétiques (PGIRE) avant toute reprise des discussions. Ce plan doit inclure une évaluation exhaustive des impacts environnementaux et économiques, garantir que les décisions énergétiques du Québec soient alignées avec les engagements internationaux en matière de biodiversité et de lutte contre les changements climatiques et assurer un processus décisionnel inclusif qui mettra de l'avant l'expertise des travailleuses et travailleurs ainsi que des nombreux acteurs de la société civile.

La FTQ tient à souligner avec force que la gestion des ressources énergétiques ne peut être laissée au hasard ni soumise à des décisions précipitées. Les choix que nous faisons aujourd'hui définiront l'avenir non seulement de notre économie, mais aussi de notre environnement, de notre qualité de vie, et de notre place sur la scène internationale en tant que chef de file de la transition énergétique juste. Le Québec ne peut se permettre de balayer sous le tapis les préoccupations légitimes soulevées par la société civile, les experts, et les travailleuses et travailleurs qui seront les premiers touchés par les conséquences de ce projet de loi. Ainsi, la FTQ appelle le gouvernement à se hisser à la hauteur des défis de notre époque en exigeant que les décisions prises soient à la mesure de l'histoire que nous souhaitons écrire : celle d'un Québec visionnaire, inclusif, responsable, et engagé envers les générations futures. Il est fondamental que le gouvernement prenne le temps nécessaire pour élaborer un plan nous permettant de naviguer vers un avenir qui soit à la fois ambitieux, créatif et juste.

En conclusion, le moment est venu pour le Québec de démontrer son leadership en empruntant les chemins difficiles, mais nécessaires, afin de garantir un avenir où l'économie, l'ambition climatique et la justice sociale sont indissociables. Il est essentiel que les services d'électricité demeurent publics, avec Hydro-Québec comme responsable des opérations et propriétaire des actifs actuels et futurs. Cette gestion publique est cruciale pour assurer une énergie accessible, équitable et durable, tout en protégeant les intérêts de l'ensemble de la population québécoise. La FTQ se tient prête à collaborer pleinement à cette tâche, tout en restant vigilante et résolue à défendre les intérêts de ses membres et de l'ensemble des Québécoises et Québécois.

Listes des recommandations

Recommandation no 1
La FTQ recommande que le projet de loi 69 soit modifié pour garantir la participation obligatoire à titre d'intervenants, du ministère de l'Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs (MELCCFP) et du ministère des Ressources Naturelles et des Forêts (MRNF) lors des demandes de projet liées aux ressources énergétiques.

Recommandation n o 2
La FTQ recommande que les impacts environnementaux et sociaux soient évalués par des experts indépendants et que ces évaluations soient intégrées dans le processus décisionnel, afin de prévenir les décisions hâtives et irresponsables qui pourraient compromettre la durabilité écologique du Québec.

Recommandation no 3
La FTQ recommande que l'obligation d'appel d'offres pour tous les contrats d'approvisionnement en électricité soit conservée.

Recommandation no 4
La FTQ recommande la mise en place de garanties claires pour l'indépendance de la Régie de l'énergie, et s'oppose fermement à toute ingérence gouvernementale dans ses décisions. L'article 67 doit être modifié pour éliminer la possibilité de politisation des processus régulatoires.

Recommandation no 5
La FTQ recommande que des mesures pour une transition énergétique juste et équitable soient intégrées, en soutenant les travailleuses et travailleurs et les communautés affectées par ces transformations.

Recommandation no 6
La FTQ recommande de maintenir une gestion exclusivement publique des infrastructures énergétiques afin de préserver leur statut de bien commun, crucial pour la collectivité et propose même que le mandat d'Hydro-Québec soit étendu à l'ensemble de la production, du transport et de la distribution électrique quelle qu'en soit la source et que les sources renouvelables soient nationalisées.

Recommandation no 7
La FTQ recommande de renforcer les mécanismes de régulation de la Régie qui assurent une prévisibilité et une stabilité à court et long terme, tout en tenant compte des impacts de l'inflation et des enjeux de vie chère exacerbés depuis la pandémie et réitère le besoin pressant de dépolitiser le mandat de la Régie.

Recommandation no 8
La FTQ recommande de renforcer les mesures environnementales dans le projet de loi 69 en rendant obligatoires les évaluations d'impact pour tous les projets énergétiques d'envergure.

Recommandation no 9
La FTQ recommande d'intégrer des mesures claires et inclusives propres à une transition énergétique juste afin de s'assurer que les décisions économiques respectent nos engagements en matière de biodiversité et de lutte contre les changements climatiques dans un esprit de dialogue social.

Recommandation no 10
La FTQ recommande de mettre en place le PGIRE avant tous changements législatifs ou règlementaires, permettant ainsi de planifier efficacement les besoins énergétiques du Québec, en mettant l'accent sur l'efficacité énergétique et la sobriété énergétique dans une perspective de transition juste avec l'ensemble des acteurs de la société civile, tout en tenant compte des limites planétaires

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Pour qu’il y ait une suite du monde…

1er octobre 2024, par Jacques Benoit — , ,
Aujourd'hui, nous nous rassemblons dans une quinzaine de villes du Québec pour qu'il y ait une suite du monde. Jacques Benoit Co-initiateur de la Déclaration citoyenne (…)

Aujourd'hui, nous nous rassemblons dans une quinzaine de villes du Québec pour qu'il y ait une suite du monde.

Jacques Benoit
Co-initiateur de la Déclaration citoyenne universelle d'urgence climatique – DUC
Co-rédacteur du Plan de la DUC
Membre de GMob (GroupMobilisation)

En 2018, GMob (GroupMobilisation) avait rédigé la DUC, laDéclaration d'Urgence climatique, pour qu'il y ait une suite du monde. Cette déclaration disait que l'état d'urgence climatique dans lequel nous étions faisait courir des risques aux générations futures en menaçant les niveaux de sécurité :

• Économique, avec l'augmentation des inégalités ;
• Santé humaine, avec les risques de pandémie ;
• Alimentaire, par les précipitations violentes et les sècheresses sévères détruisant les récoltes ;
• Environnement, par la fonte du couvert de glace arctique et antarctique ;
• Et sécurité nationale et internationale, où des migrations massives déstabilisent des nations entières.

Pour qu'il y ait une suite du monde, des citoyennes et des citoyens de partout au Québec avaient déposé la DUC dans leurs conseils municipaux, et plus de 525 municipalités au Québec avaient reconnu l'urgence climatique. Suivant ce courant, les partis Québécois, Québec solidaire, Parti Vert et NPD-Québec, de même que le BQ, NPD, le Parti Vert du Canada avaient signé la DUC, et le gouvernement du Canada et celui du Québec avaient également reconnu l'urgence climatique.

En septembre 2019, 500 000 personnes marchaient dans les rues de Montréal, pour qu'il y ait une suite du monde… Mais 6 mois plus tard, le monde se voyait confiné par la pandémie de la COVID-19, une pandémie dont le risque était décrit dans la Déclaration d'urgence climatique…

Bâtir prend du temps, mais détruire, quelques instants.

Pour qu'il y ait une suite du monde, nous devons maintenant reprendre là où nous étions, avant que la pandémie ne détruise nos solidarités.

Pour qu'il y ait une suite du monde, nous devons nous rappeler que l'urgence de 2018 n'est pas moins urgente aujourd'hui. Six ans plus tard, alors que les événements extrêmes ne cessent de s'aggraver et de s'additionner partout, nous devons rebâtir notre mouvement.

Pour qu'il y ait une suite du monde, nous devons sortir de nos luttes en silos, et focusser sur ce qui nous unit, notre bien commun, ce bien commun que certain.e.s veulent accaparer.

Ce bien commun, c'est notre seule solution, la seule solution pour lutter contre ce qui cause le réchauffement planétaire, la pollution de l'air, la perte de biodiversité et la destruction de notre environnement.

Le bien commun, c'est la seule voie qu'il nous reste pour qu'il y ait une suite du monde.
Pour qu'il y ait une suite du monde…

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Pour un accompagnement féministe et abolitionniste des personnes victimes de la prostitution, une violence sexuelle et sexiste

1er octobre 2024, par Geneviève Duché, Marie-Hélène Franjou — , ,
Tiré de Entre les lignes et les mots https://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2024/09/26/pour-un-accompagnement-feministe-et-abolitionniste-des-personnes-victimes-de-la-pr

Tiré de Entre les lignes et les mots
https://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2024/09/26/pour-un-accompagnement-feministe-et-abolitionniste-des-personnes-victimes-de-la-prostitution-une-violence-sexuelle-et-sexiste/

Vous trouverez ci-dessous la possibilité d'accéder au livre écrit par Geneviève Duché et Marie-Hélène Franjou. Ce travail a été confié à l'Amicale du Nid pour son édition voulant, par-là, marquer notre passage comme présidentes de cette association et inscrire dans son histoire la mutation que nous y avons provoquée et confirmée vers un abolitionnisme cohérent et une analyse féministe de la prostitution.

Le livre est disponible à la consultation et au téléchargement sur le site dans cet article :
https://amicaledunid.org/actualites/pour-un-accompagnement-feministe-et-abolitionniste-des-personnes-victimes-de-la-prostitution-une-violence-sexuelle-et-sexiste-genevieve-duche-et-marie-helene-franjou-anciennes-presid/

Ainsi que dans la rubrique « ressources » de manière permanente :
https://amicaledunid.org/ressources/pour-un-accompagnement-feministe-et-abolitionniste-des-personnes-victimes-de-la-prostitution-une-violence-sexuelle-et-sexiste-genevieve-duche-et-marie-helene-franjou-anciennes-presid/

Quatrième de couverture :
En France, La prostitution est incluse dans les violences contre les femmes depuis 2010. En 2016, l'Assemblée Nationale a voté une loi « visant à renforcer la lutte contre le système prostitutionnel et à accompagner les personnes prostituées » – loi appelée « Olivier-Coutelle » – qui complète l'abolitionnisme français, instauré en 1960, par l'interdiction de l'achat d'un acte sexuel.

Pour faire comprendre l'importance de cette loi et la nécessité de la faire appliquer, pour faire comprendre l'urgence d'une lutte efficace contre le système prostitutionnel qui nourrit l'exploitation sexuelle des plus vulnérables, les autrices proposent une analyse féministe du système prostitutionnel. Elles s'appuient à la fois sur les témoignages de nombreuses personnes ayant subi ou subissant la prostitution ou la pornographie et sur leur expérience de bénévoles à l'Amicale du Nid, association abolitionniste qui confie l'accompagnement des victimes vers la sortie de la prostitution à des professionnel·les du travail social et de la santé.

Leurs analyses montrent les origines de la prostitution et ses effets sur les personnes victimes de cette violence sexiste et sexuelle ainsi que les difficultés de leur accompagnement social dans une société qui privilégie les « besoins » masculins, en particulier en ce qui concerne la prostitution des mineur·es qui ne cesse d'augmenter.

Aucune égalité réelle entre les femmes et les hommes ne peut exister si la société considère que le corps des femmes est un corps disponible. Les autrices montrent que le combat pour l'abolition du système prostitutionnel n'est ni « charitable », ni « moralisant » mais qu'il est un combat féministe et donc politique, à mener avec les personnes victimes de ce système et pour l'égalité et l'émancipation de toutes et tous.

Ce travail veut enrichir la réflexion des bénévoles et des professionnel·les et leurs pratiques dans les domaines de la prévention et de l'accompagnement social des victimes de violences sexistes et sexuelles et contribuer à préciser le cadre médico-social, législatif, politique des actions contre le système prostitutionnel.

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« Sur les routes du poison nazi. Reporters et reportrices de l’Anschluss à Munich »

1er octobre 2024, par Marc Escola —
« Sur les routes du poison nazi. Reporters et reportrices de l'Anschluss à Munich », par Anne Mathieu, éditions Syllepse, collection "Histoire : enjeux et débats", Paris, 2024. (…)

« Sur les routes du poison nazi. Reporters et reportrices de l'Anschluss à Munich », par Anne Mathieu, éditions Syllepse, collection "Histoire : enjeux et débats", Paris, 2024. EAN : 9791039902298. 163 pages. Prix : 18 Euros. Parution : septembre 2024. https://www.syllepse.net/sur-les-routes-du-poison-nazi-_r_65_i_1088.html

Information publiée le 23 septembre 2024 par Marc Escola < escola[a]fabula.org> sur le site internet « Fabula – La Recherche en littérature » <http://www.fabula.org/actualites/12...> >.

De l'écrasement prémonitoire de « Vienne la rouge » à la victoire nazie au plébiscite en Sarre, ce livre nous conduit sur les routes du poison nazi. 1938 : les dangers se multiplient aux quatre coins de l'Europe. L'Autriche est annexée par l'Allemagne nazie, les accords de Munich sont signés le 30 septembre. Enfin, le 15 mars 1939, c'est au tour de la Bohême-Moravie d'être ­annexée par Hitler.

Des reporters et des reportrices sont présents de l'Autriche annexée à Prague la vaillante, des Sudètes nazifiées aux frontières menacées par la volonté expansionniste de ­Hitler, ce qui nous entraîne également en Belgique, en Suisse, en Alsace. Anne Mathieu nous plonge dans une aire géographique où se jouait le sort de l'Europe. Pour cette recherche inédite, elle a dépouillé des dizaines de périodiques ­et a référencé pour la première fois tous les reportages et les témoignages écrits sur cette question à la gauche de l'échiquier politique. Avec ce livre, elle poursuit le travail mené sur la guerre d'Espagne (/Nous n'oublierons pas les poings levés/, 2020) et confirme la place et la dimension politique du reportage dans le journalisme.

On ne peut s'empêcher de faire des rapprochements avec les conflits et les tensions contemporains et la place que les reportrices et reporters y occupent./Sur les routes du poison nazi/constitue une contribution à l'histoire politique, culturelle et sociale qui permet d'éclairer également l'actualité.

* *URL de référence :*
https://www.syllepse.net/sur-les-routes-du-poison-nazi-_r_65_i_1088.html

* Voir sur Twitter <https://twitter.com/fabula/status/1...>
*

Anne Mathieu, Sur les routes du poison nazi. Reporters et reportrices de l'Anschluss à Munich
*Une suggestion de lecture de André Cloutier, Montréal, 25 septembre 2024*

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Comptes rendus de lecture 1er oct 24

1er octobre 2024, par Bruno Marquis — , ,
Les têtes brûlées Catherine Dorion Ce livre a beaucoup fait parler de lui à sa sortie en novembre dernier. Il est éclairant sur trois aspects importants que l'auteure (…)

Les têtes brûlées
Catherine Dorion

Ce livre a beaucoup fait parler de lui à sa sortie en novembre dernier. Il est éclairant sur trois aspects importants que l'auteure traite à la lumière de son expérience comme députée solidaire de Taschereau. Le plus essentiel, présent tout au long du livre, est cette course effrénée à laquelle nous contraint la société capitaliste actuelle, ces heures et ces moments perdus à faire des choses inutiles, pour la forme, à consommer, ces communications sans fin et sans intérêt facilitées par les technologies modernes ; course sans fin qui nous use, nous épuise, nous laisse peu de temps pour nous occuper de nous et de nos proches, pour ces instants précieux d'amitié et de solidarité qui donnent à la vie sa vraie saveur. Catherine Dorion nous parle aussi de la gauche, à travers de son parti, Québec solidaire, qui marche souvent de compromis en compromis avec l'establishment, pour ne pas nuire à son image, et des médias, qui en sont pour une bonne part responsables, incitant tout le monde à la prudence en accordant une attention démesurée à des choses somme toute insignifiantes, au détriment des idées et valeurs défendues par les partis. Si quelques idées préconçues sont parfois agaçantes, ce bouquin vaut tout de même grandement la peine d'être lu. Une bouffée d'air frais, en quelque sorte...

Extrait :

Il a fallu en dépenser, des heures de travail, pour convaincre des sociétés entières qu'elles avaient besoin, par exemple, de changer de vêtements tous les ans pour suivre la mode. Il a fallu en dépenser, des heures de travail, pour récolter le coton, pour fabriquer ce linge, pour le transporter d'un bout à l'autre du monde au gré des bas salaires, et enfin pour le vendre. Il en faut, du travail, pour disposer ensuite de tous ces vêtements dont on ne sait plus quoi faire. Aujourd'hui, 60 % de nos vêtements sont jetés dans l'année même où ils ont été produits. L'équivalent d'un camion plein de linge est jeté chaque seconde sur la planète. La mode fait partie des industries les plus polluantes et les plus grandes émettrices de GES au monde. Des exemples comme celui-là, d'industries nuisibles qui scrapent notre planète, il y en a des tonnes. Leurs produits sont intégrés à nos habitudes de vie grâce aux milliards investis dans la publicité, et ce, pourquoi ? Pour que des gens, au top, puissent faire faire de l'argent à leur argent. (Je le spécifie pour ceux qui n'avaient pas encore compris c'est quoi, le capitalisme.)

Bombes larguées
John Steinbeck
Traduit de l'anglais

Simone de Beauvoir nous rappelle, dans « La force des choses », qu'elle et Sartre avaient été outrés d'apprendre que l'écrivain américain John Steinbeck et quelques autres avaient accepté de se livrer à la rédaction d'œuvres de propagande pour l'armée américaine à la demande du président Roosevelt. Le roman « Bombes larguées » de Steinbeck, publié en 1942, est probablement le plus emblématique de ces ouvrages. Il nous décrit, chapitre après chapitre, l'entraînement et les responsabilités des jeunes membres d'une équipe de bombardier B-17 de l'Air Force. On ne peut être que surpris – et même outré – par un tel roman, à la fois chauvin et pompeux, idéalisant le rôle de ces jeunes « experts » (pilotes, bombardiers, mitrailleurs, radios, navigateurs, etc.) et minimisant les conséquences des bombardements. Il est difficile évidemment aujourd'hui d'oublier ces conséquences pour les populations civiles européennes et particulièrement pour la population civile japonaise…

Extrait :

Le but d'un bombardier à long rayon d'action est de rejoindre une cible donnée et de larguer ses bombes sur celle-ci. C'est la façon la plus simple d'expliquer sa mission, mais les complications surviennent lorsqu'il s'agit d'amener le bombardier jusqu'à la cible et de le ramener jusqu'à la base. Le bombardier est là pour lâcher ses bombes sur la cible. Le pilote guide et pilote vaisseau. Le chef mécanicien veille sur ses moteurs. Le mitrailleur protège l'avion des attaques et l'opérateur radio maintient la communication entre le bombardier, le sol et les autres appareils. Mais les bombardiers, une fois qu'on leur a donné une cible pas plus grande qu'une tête d'épingle, doivent avoir des navigateurs pour leur indiquer comment y parvenir.

L'honneur perdu de Katharina Blum
Heinrich Böll
Traduit de l'allemand

Le roman se déroule en Allemagne dans les années 1970. Katharina Blum, une jeune femme travailleuse et honnête, se voit impliquée malgré elle dans un sordide fait divers. Un journal à scandale s'acharne alors sur sa personne à partir d'insinuations et de préjugés, en salissant impunément sa réputation – ce qui n'est pas sans rappeler ce qui se fait ici avec les radios-poubelles. Un très bon roman, dont je vous recommande la lecture, qui nous rappelle par moments ceux de Franz Kafka.

Extrait :

C'est ainsi par exemple que, le terme « importun » mentionné au paragraphe précédent ayant été remplacé dans le procès-verbal par celui de « tendre », la jeune femme indignée, aussitôt insurgée contre une telle interprétation, se lança dans une vive controverse avec les procureurs d'une part et Beizmenne de l'autre, car pour elle la tendresse se caractérisait par la réciprocité alors que l'importunité était une action unilatérale, la seule précisément dont il s'était toujours agi.

La Patente
Hugues Théorêt

C'est mon ami Carlos qui m'a parlé de ce livre paru cette année. Ça m'a tout de suite intéressé parce que je connaissais déjà l'Ordre de Jacques-Cartier, aussi connu sous le nom de « La Patente » et la Paroisse Saint-Charles-Borromée de Vanier où s'est tenue en 1926, autour du curé François-Xavier Barrette, l'assemblée de fondation de cette société secrète. J'ai d'ailleurs beaucoup plus tard eu la chance d'assez bien connaître le chanoine Alfred Boyer, vicaire puis successeur du curé Barrette à Saint-Charles-Borromée, alors âgé de près de quatre-vingts ans. J'ai bien aimé cet ouvrage sur l'Ordre de Jacques-Cartier, mais j'aurais souhaité qu'il traite du sujet plus profondément encore. L'Ordre de Jacques-Cartier se vouait à la protection de la langue française et de la religion catholique entre autres par la promotion des Canadiens français à des postes importants à travers le pays, soit dans la fonction publique, soit dans l'entreprise privée. Il a joué un rôle majeur pendant environ quarante ans dans la défense et la promotion du fait français à travers le Canada. Il s'est dissous vers les débuts de la Révolution tranquille.

Extrait :

Au cours de son histoire, qui aura duré près de 40 ans, l'Ordre aura contribué à la fondation d'organismes comme les Chevaliers de Champlain et les Clubs Richelieu, aura obtenu des gains importants pour les francophones comme la nomination de Mgr Guillaume Forbes à titre d'évêque francophone du diocèse d'Ottawa, le timbre, la monnaie et les chèques bilingues au Canada, puis aura participé à l'expansion des Caisses populaires Desjardins, à la défense des médias francophones, à l'adoption du fleurdelisé en 1948 comme drapeau officiel du Québec, à l'ouverture du Collège militaire royal de Saint-Jean en 1952 et de l'Université de Moncton. L'Ordre a aussi contribué à l'élection d'éminents politiciens qui ont changé le cours de l'histoire. On pense entre autres à l'élection de Jean Drapeau à la mairie de Montréal en 1954 ou à celle de Louis J. Robichaud, à titre de premier ministre du Nouveau-Brunswick en 1960.

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Les infirmières iraniennes en grève pour ne plus mourir au travail

1er octobre 2024, par Collectif — , ,
Les infirmières iraniennes sont en grève depuis plusieurs semaines. Au moment où nous écrivons ce sont 40 villes et environ 70 hôpitaux iraniens qui sont touchés. Elles (…)

Les infirmières iraniennes sont en grève depuis plusieurs semaines. Au moment où nous écrivons ce sont 40 villes et environ 70 hôpitaux iraniens qui sont touchés. Elles protestent depuis plusieurs mois déjà pour demander au gouvernement d'améliorer leurs conditions de travail et leurs salaires dérisoires, mais c'est le décès de trois de leurs consœurs, en mars dernier, et le décès de Parvaneh Mandani, infirmière à l'hôpital Imam Hossein de Sepidan, le 2 août dernier qui a attisé leur révolte. Ces femmes sont littéralement mortes d'épuisement, victimes de karoshi, un stress chronique qui mène progressivement à l'épuisement et possiblement à la mort par arrêt cardiaque, accident vasculaire cérébral ou suicide.

Invisibles

Alors qu'elles font du temps supplémentaire impayé, qu'il y a des écarts de rémunérations importants avec les médecins et les responsables d'hôpitaux, les gestionnaires des hôpitaux ignorent leurs demandes. Aussi, sur la scène internationale, à l'exception des médias iraniens et de quelques médias européens, on parle peu de ces professionnelles en soins, majoritairement des femmes, qui assurent l'une des fonctions les plus essentielles dans une société patriarcale : soigner la population.

Courageuses

L'Iran est un régime autoritaire et les personnes ou les groupes qui contestent ce régime subissent des représailles et de la répression, allant jusqu'à l'emprisonnement ou à des condamnations à mort. Les droits humains n'y sont pas respectés et particulièrement ceux des femmes. Rappelons le décès de Mahsa (Jina) Amini, jeune femme kurde de 22 ans arrêtée et battue par la « police des mœurs » à Téhéran en 2022 parce qu'une mèche dépassait de sous son voile. La situation est tellement grave que le gouvernement canadien avertit les citoyens « d'éviter tout voyage en Iran en raison […] du risque élevé de détention arbitraire et d'application imprévisible des lois locales. »

Selon les médias iraniens, plusieurs infirmières en grève ont été arrêtées, subissent des menaces de licenciement de la part des employeurs et de l'intimidation de la part des forces de l'ordre. Ce que nous lisons dans les journaux n'est que la pointe de l'iceberg et leur vie et leur intégrité sont menacées. Et pourtant, elles tiennent le coup avec courage et détermination.

Solidarité

Nous avons le devoir de leur apporter notre soutien alors que nous avons la chance de vivre dans une démocratie où l'on peut s'exprimer et protester librement. Devant de telles atteintes des droits humains, de discrimination contre un groupe composé majoritairement de femmes, devant la négation des droits du travail et l'abolition des droits syndicaux, nous ne pouvons pas nous taire. Nous, organisations féministes, syndicales, communautaires, de défense de droits lançons un appel à la solidarité pour que le sort atroce des infirmières iraniennes soit dénoncé. Nous incitons également le gouvernement canadien à interpeler ses vis-à-vis à l'échelle internationale pour que des sanctions ou autres actions soient mises en place. Les représentant-e-s du gouvernement canadien ont le pouvoir dénoncer et faire valoir les droits fondamentaux des infirmières iraniennes dans des instances internationales, comme l'Organisation des nation unies (ONU) et notamment l'Organisation internationale du Travail (OIT), dont la mission est la promotion de la justice sociale et des droits de l'humain et du travail. Quel que soit l'endroit dans le monde, il est intolérable que des femmes, des infirmières, soient exploitées et menacées de la sorte.

Signataires

Ramel françoise
Vice-présidente
Fédération Interprofessionnelle de la santé du Québec (FIQ)

Florence Thomas
Conseillère syndicale
FIQ

Marie-Eve Rancourt
Avocate

Liliane Côté
Coordonnatrice
FIQ

Sébastien Gingras
Conseiller syndical
Fédération interprofessionnelle de la santé (FIQ)

Judith Cardin Poissant
conseillère syndicale
FIQ

Marie Eve Lepage
Conseillère en communication
FIQ

Simon de Carufel
Conseiller en relations de travail
Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec

Pierre-André Audet-Bédard
Conseiller syndical
FIQ

Annie Bélisle
Conseillère syndicale
FIQ

Jean-François Lahaise
conseiller syndical
FIQ

Sonia Danechi
Avocate
Federation interprofessionelle de la santé du Québec

Louis Guertin
Conseiller syndical
FIQ

Naomi Deschambault
Conseillère syndicale
FIQ

Isabelle Trépanier
Secrétaire générale
FIQ

Thomas Rougeaux
Avocat
Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec

Catherine Fauteux
Conseillère syndicale
FIQ

Julie Bouchard
Directrice générale
Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec-FIQ

Malone Docteur
Conseiller syndical
Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec

Marie-Claudel Mathieu
Conseillère syndicale
FIQ

Annie Rousseau
Conseillère syndicale
Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec -FIQ

Patrick Gariépy
Conseillère syndicale
FIQ

Richard-Nathanaël Normandin
Conseiller Syndical
FIQ

Mathilde Rajotte
Conseillère syndicale
FIQ

Caroline Simard
Conseillère
Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec

Caroline Proulx
Infirmière
Fiq

Josée Renaud
Conseillère syndicale
FIQ

Marbezy
Secrétaire
Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec (FIQ)

Karine Pelletier
Conseillère syndicale
FIQ

Patrick Guay
Infirmier
FIQ

Audrée Gosselin
Technicienne en documentation
FIQ

Jean Pierre Roy Valdebenito
Conseiller syndical, infirmier
FIQ

Pasquier Laure
Secrétaire aux relations de travail
FIQ

Josiann Lahaie-Nadeau
Secrétaire juridique
FIQ

Christian Léonard
Conseiller syndical
FIQ

Pierre Charlebois
ASCLO
FIQ (Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec)

Diane Bouchard
Avocate
FIQ

Karine Paiement
Conseillère en relation de travail et infirmière
FIQ

Sara Caron-Guay
infirmière québécoise et conseillère syndicale
OIIQ et FIQ

Myrna Karamanoukian
Conseillère, Sociopolitique
Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec-FIQ

Sebastien Simard
Conseiller
FIQ

Kevin Mailloux
Infirmier Auxiliaire
CHU de quebec

Amélie Dolbec
Conseillère syndicale
Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec (FIQ)

Joannie Michaud
Conseillère
FIQ

Ridza Cléophat
Conseillère syndicale
FIQ

Laurence Fortin-Pellerin
Conseillère syndicale
FIQ

Sarah Proulx Doucet
Avocate
FIQ

Guylaine Boulanger
Conseillère syndicale
FIQ

Emilie Beauchesne
citoyenne

Caroline Valiquette
Conseillère syndicale en relations de travail
FIQ

Julie Antoine
Coordonnatrice générale
Coalition Féministe contre la Violence envers les Femmes

Laurence Desaulniers
Conseillère syndicale
FIQ

Catherine Mac
Avocate - Conseillère syndicale
Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec (FIQ)

Irène Brouillette
Présidente de CA Développement et Paix, retraitée de l'enseignement

Benoit Riopel
Conseiller syndical
FIQ

AREQ, ACIP, JEVI, PNL, Choeur symphonique de Sherbrooke, Ottawa Classical, Choir

Sara Lapointe
Conseillère syndicale en communication
Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec

Sandra Etienne
Vice-présidente
APTS

Rébecca Laurin
avocate
Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec (FIQ)

Isabelle Denis
Avocate-conseillère syndicale
Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec

Élaine Giroux
conseillère syndicale
citoyenne

Annie-Christine Tardif
Vice-présidente à la vie professionnelle, responsable du comité de la condition des femmes
FAE

Béatrice Vaugrante
Directrice générale
Oxfam-Québec

Hélene Vézina
Infirmière Auxiliaire
CISSS des Laurentides

Monica Toro Ospina
Infirmière Auxiliaire
FIQ-Syndicat des ^rpfessionnelles en soins de Laurentides

Mélissa Mc Nicoll
Représentante syndicale et infirmière auxiliaire
FIQ

Chantal Page
Conseillère
FIQ

Dargis
Infirmière auxiliaire
FIQ SPSL

Virginie Riopel
Intervenante psychosociale
CALACS Coup de cœur

Manon St-Denis
Infirmière
FIQ-SPSL

Sonia Vendette
infirmière auxiliaire
CISSS des Laurentides

Sacha Nelson-Masse
Conseillère syndicale
FIQ

Mylène
Lavigueur
FIQ

L'équipe
Intervenante
centre des femmes l'héritage

Demers Kim
Infirmière Auxiliaire
FIQ SPSL

Sandra Perrier
infirmière auxiliaire chef d'équipe, agente syndicale
FIQ SPSLaurentides

Caroline Gravel
Présidente
Syndicat des professionnelles en soins de la Capitale Nationale - FIQ

François Trudelle
Conseillère RLT
FIQ

Sasha Morancy
Conseillère syndicale
FIQ

Nadine Bédard-St-Pierre
1ère vice-présidente
Centrale des syndicats du Québec

Yannick Giroux
Vice-présidente et responsable de la Condition Féminine.
Syndicat de la fonction publique et parapublique du Québec SFPQ

Drouin
Secrétaire
Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec

Justine Lecomte-Rousseau
conseillère syndicale
FIQ

Sophie Ferguson
2e vice-présidente
Syndicat des professionnelles et professionnels du gouvernement du Québec (SPGQ)

Isabelle Dumaine
Présidente
Fédération de la Santé du Québec

Michel Simard
Conseiller syndical
FIQ

Kristina Dionne
Infirmière auxiliaire
ULDM

Évelyne Bessette

Julie Boivin
Présidente
FIQ SPS Saguenay Lac-St-Jean

Isabelle Roy
Présidente
Syndicat Régional des professionnelles en soins du Québec

Helene Gaignard
Secretaire
Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec

Geneviève Goupil
Adjointe administrative
Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec-FIQ

Stéphanie Goulet
Présidente intérim
FIQ-Syndicat des professionnelles en soins des Cantons de l'Est

Jackie Coulombe
Infirmière clinicienne - agente syndicale cat 1
CIUSSSCN

Marie-Hélène Verge
Conseillère syndicale
FIQ

Marie Eve Lepage
Conseillère en communication
FIQ

Carole Mercier
présidente
SPSCA

Marie-Eve Lingard lord
Infirmière clinicienne et agente syndicale
syndicat des professionnelles en soins de la Capitale Nationale - FIQ

Pierre Dionne
ASI
CISSSME

Geneviève Côté
infirmière auxiliaire et agente syndicale
CISSSME et FIQSPSME

Louis-Georges Delisle
Infirmière
CIUSSSCN

Naima Boulmane
Infirmière auxilaire
CIUSSS

Diane Bouchard
Avocate
FIQ

Jeanne Campeau-Devlin
Infirmière clinicienne
CIUSSSCN

Kathy Lagacé
Présidente par intérim
FIQ Syndicat des professionnelles en soins et cardiorespiratoires du Bas-St-Laurent

melanie cote
infirmiere auxiliaire
ciusscn

alexandre Girouard
Infirmière auxiliaire
CISSSME

Ariane Poirier
Infirmière clinicienne
CIUSSS de la Capitale-Nationale

veronic tremblay
infirmière clinicienne
ciussscn

Tim Dronkert
Infirmier
Spss Chum

Aurélie McBrearty
Infirmière
CHUM

Johanne Riendeau
Infirmiere
FIQ

Karine Côté Valcourt
infirmière
FIQ

corriveau
vice président tâche et organisation du travail par intérim
Fiq SPSS Odim

Elizabeth Rich
Inf aux chef d'équipe
CIUSSS ODIM

Jimmy Sincere
V.P. Relation de Travail
FIQ-SPSSODIM

Nicole Roy
Infirmière
CIUSSSODIM

Julie Daignault
Inhalothérapeute
CISSS des Laurentides

Marysa Diadelfo
Registered nurse and rep FIQ
FIQ

Valérie Grondines
Secrétaire
FIQ

Joelle Bilodeau
Inf.aux
SPSS CSMTL

Cynthia Jehoda
Nurse
CIUSSS ODIM

Anusree Nath
Agente syndicale
FIQ-SPSS-CSMTL

Samir hadj arab
Infirmier aux
Ch verdun

Denis Cloutier
Infirmier
CIUSSS de l'est de l'île de Montréal

MARIE-CLAUDE Rolland
infirmière
Ciusss de l'est de Mtl

Veronique Michaud
Infirmière clinicienne
Ciusss Est de Montréal

Justine
Infirmiere auxiliaire
Ciusss de l est

Hafi
Infirmière clinicienne
Ciusss Est de Montréal

Nathalie Thibault
Infirmière auxiliaire Vp Santé et sécurité au travail Fiq-SPS ESTIM
FiQ SPSESTIM

Blais Gina Nadia
Infirmière
Iusmm

Christine Picard
Infirmière
Cemtl

Karine dumulong
Infirmière
Hmr

Pierre
Grace
Hmr

Marjolène Di Marzio
Conseillère en soins,
Ciusss de l'est de Montréal, hôpital Maisonneuve Rosemont

Rosemary Lemaire
Assistante au Supérieur Immédiat.
CIUSSS CEMTL

Sophie McInnis
Infirmière
HMR

Isabelle Simard
Infirmière
Couds de l'est de l'île de Montréal

Ann Ross
Infirmière
CLSC

Javiera kegevic
Infirmière
Hopital

EL MEHMAZI BOUCHRA
Infirmière clinicienne assistante infirmière chef
Ciusss de l'est de l'île de Montréal

Suzanne
Infirmiere
Cemtl

Geneviève rousseau
Infirmière auxiliaire
Lucille Teasdale chsld

Audrey Lalonde
IPSPL
CIUSSS Est Montréal

Sonia Boisvert
Infirmière Auxiliaire
CIUSSS de l'EST de l'île de Montréal

Caitlin pearce
Infirmière auxiliaire
Ciusss de lest de lile de montreal

Fangnigbe
Infirmier Chef d'équipe
Ciusss de l'Ouest de l'île de Montréal

Elena Ciutescu Buse
infirmière
FIQ SPSS centre Sud

Rose-Hélène Tiberio Fontaine
Infirmière Représentante syndicale
Ciusss de l est de l'île de montréal SPSESTIM FIQ

Fraser-Michaud, Maude
Infirmière clinicienne
Ciuss de l'est de l'île de Montréal

Julie Bissonnette
Infirmière
Hôpital Maisonneuve-Rosemont

Mailhot Sophie
infirmière auxiliaire
ciusss ccsmtl

Sonia Lemieux
Infirmière auxiliaire
CIUSSS de l'Est de Montréal

Cathy Thompson
Infirmière auxiliaire
HMR

Nadia Meddouri
Infirmière auxilliaire
Hôpital Maisonneuve-Rosemont

Elisabeth Rodrigues
Infirmiere
Ciuss de l'est

Carole Boulerice
Infirmière
Iusmm

Elahé Machouf
infirmière retraitée
FIIQ

Caroline
Infirmière auxiliaire
Ciusss de lest de Montréal

Sophie Goyette
Infirmière clinicienne
Retraitée

Véronique baril
Infirmière clinicienne
Ciusss nord île Montreal

Edith Barrett
Infirmière auxiliaire
Fiq

Marilyn St-Pierre
Infirmière
HMR

Nancy Hogan
Présidente
SICHU Qc

Nimâ Machouf
Epidémiologiste

L'Association des Femmes Iraniennes de Montréal

Élaheh Chokraï
Militante
Anciennement représentante FIIQ

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Francisation : loin de la flexibilité prônée par le gouvernement caquiste

1er octobre 2024, par Centrale des syndicats démocratiques (CSD), Centrale des syndicats du Québec (CSQ), Confédération des syndicats nationaux (CSN), Fédération des Travailleurs et des travailleuses du Québec (FTQ) — , ,
La récente décision du ministre de l'Immigration, de la Francisation et de l'Intégration, Jean-François Roberge, de cesser de financer des incitatifs à la francisation à temps (…)

La récente décision du ministre de l'Immigration, de la Francisation et de l'Intégration, Jean-François Roberge, de cesser de financer des incitatifs à la francisation à temps partiel et en milieu de travail est décevante et envoie un bien mauvais signal à celles et ceux qui souhaitent apprendre le français et pleinement intégrer la société québécoise.

Depuis 2019, le gouvernement du Québec offrait une compensation financière de 28 $ par jour pour encourager les cours de francisation à temps partiel. Il soutenait aussi les entreprises de plus de 100 employés qui offraient de la francisation en remboursant en partie les salaires. En proposant plusieurs manières de se franciser, on augmentait du coup l'accessibilité.

Vingt-huit dollars par jour peut sembler peu, mais pour les personnes immigrantes, qu'on sait plus vulnérables et précaires, ce montant consistait en un soutien précieux et essentiel. Quant au soutien financier offert aux entreprises, nous doutons fortement que les entreprises continueront de libérer leurs employés pour leur permettre de se franciser sans ce soutien. Un consensus existe pourtant entre les différents partenaires syndicaux, patronaux et communautaires quant à la nécessité d'augmenter la francisation.

En effet, le succès de la formation passe par une offre flexible. Tous ne vivent pas les mêmes réalités. Pour les personnes immigrantes, la possibilité d'apprendre le français à temps partiel tout en recevant un soutien financier consiste en des voies intéressantes d'apprentissage qui se conjuguent bien avec le cumul d'autres responsabilités familiales ou professionnelles.

Les organismes communautaires de francisation et les milieux de travail auront appris la nouvelle à deux semaines de préavis. Pour les personnes immigrantes déjà engagées dans une démarche de francisation, elle fait l'effet d'une douche froide et accentuera leur précarité. Alors que les discours publics se durcissent à l'endroit des personnes immigrantes, il est inquiétant de voir le gouvernement mettre la hache dans des mesures qui fonctionnent pourtant bien. Nous le répétons : l'intégration passe par l'accès à la fois à l'emploi et à notre langue commune, et le succès de toute mesure de formation par une offre flexible. La décision du ministre Roberge va exactement dans le sens contraire.

Il n'est pas trop tard pour revenir sur cette décision. Le ministre a encore l'occasion de corriger le tir en montrant qu'il est à l'écoute du milieu, mais surtout de celles et ceux qui ont choisi le Québec.

Signataires

Luc Vachon, président, Centrale des syndicats démocratiques (CSD)

Caroline Senneville, présidente, Confédération des syndicats nationaux (CSN)

Pascal Côté, vice-président, Centrale des syndicats du Québec (CSQ)

Denis Bolduc, secrétaire général, Fédération des travailleurs et travailleuses du Québec (FTQ)

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La FAE à la Commission spéciale sur les impacts des écrans et réseaux sociaux

1er octobre 2024, par Fédération autonome de l'enseignement (FAE) — , , ,
Hier, la FAE a présenté un mémoire devant la Commission spéciale sur les impacts des écrans et des réseaux sociaux sur la santé et le développement des jeunes. Nous accueillons (…)

Hier, la FAE a présenté un mémoire devant la Commission spéciale sur les impacts des écrans et des réseaux sociaux sur la santé et le développement des jeunes. Nous accueillons favorablement cette Commission spéciale. Il est judicieux, selon nous, de se questionner socialement sur les impacts possibles de l'utilisation des outils numériques qui sont, rappelons-le, bien présents dans la vie des jeunes.

Cependant, il est important de rappeler que la technologie et les outils numériques doivent demeurer au service des élèves et de leur éducation, et non l'inverse. De plus, l'autonomie professionnelle des personnes enseignantes doit être préservée.

Les impacts négatifs de ces outils technologiques sur les jeunes sont avérés même s'ils doivent être documentés davantage. Il faut nécessairement faire preuve de prudence dans l'intégration et l'utilisation de ces outils. N'en demeure pas moins que cette vigilance doit être partagée entre la société, les parents et l'école. Souvent, lorsque survient un enjeu de société de la sorte, on demande à l'école de l'encadrer, et les personnes enseignantes se font déléguer la part du lion de la responsabilité de protéger leurs élèves de ces impacts. Notre présence en Commission a été l'occasion de rappeler aux députés membres que l'école a un rôle à jouer mais ne peut être l'unique gardienne de la prudence et de la tempérance.

Vous pouvez lire le mémoire ici !

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30 septembre : exigeons un jour férié pour la Journée nationale de la vérité et de la réconciliation

1er octobre 2024, par Syndicat canadien de la fonction publique (SCFP-Québec) — , , ,
Le jour du 30 septembre est communément appelé la Journée du chandail orange. Le mouvement de la Journée du chandail orange a commencé en 2013 pour honorer les personnes (…)

Le jour du 30 septembre est communément appelé la Journée du chandail orange. Le mouvement de la Journée du chandail orange a commencé en 2013 pour honorer les personnes survivantes des pensionnats autochtones et celles qui n'en sont jamais revenues.

« Une journée rappelant l'engagement face à l'histoire de nos communautés autochtones, pour la guérison et pour un avenir inclusif. Nous voulons que ce jour férié fédéral soit dorénavant observé dans toutes les provinces. Il est grandement temps d'aligner les valeurs de réconciliation du gouvernement fédéral avec les valeurs fondamentales du Québec », souligne la présidente du Conseil québécois des autochtones du SCFP-Québec, Guylaine Bouchard.

À la fin de la période estivale, le Conseil québécois des autochtones du SCFP-Québec a transmis une lettre au premier ministre François Legault afin qu'il reconnaisse officiellement cette journée, comme l'ont fait plusieurs institutions québécoises, et offre cette journée de recueillement national aux travailleuses et travailleurs québécois. Jusqu'à ce jour, nous sommes toujours en attente d'une réponse du premier ministre du Québec.

Origine

La Journée du chandail orange est inspirée de l'histoire de Phyllis Webstad, laquelle a été arrachée à sa communauté et ensuite envoyée au pensionnat St. Joseph Mission, près de Williams Lake, en Colombie-Britannique. Enfant, Phyllis avait reçu de sa grand-mère un chandail orange qu'elle devait porter pour son premier jour à l'école. Celui-ci a été confisqué et détruit par ses professeurs dès son arrivée dans l'établissement.

Son histoire en est venue à symboliser l'objectif colonial des pensionnats, soit l'assimilation des peuples autochtones. Le 30 septembre a été choisi en tant que jour de commémoration parce que c'est en automne que les enfants autochtones étaient forcés d'aller au pensionnat.

En 2015, la Commission de vérité et réconciliation du Canada (CVR) a recommandé la création d'un jour férié pour commémorer l'histoire et l'héritage du système des pensionnats autochtones. La nouvelle Journée nationale de la vérité et de la réconciliation a été instituée dans le cadre du processus de réconciliation.

En juin 2021, le Parlement canadien a fait adopter une loi pour que la date du 30 septembre devienne un nouveau jour férié fédéral, soit la Journée nationale de la vérité et de la réconciliation. Depuis, cette date est devenue un jour férié pour les travailleuses et travailleurs des secteurs qui relèvent du fédéral.

« Hélas, la plupart des provinces n'ont pas ajouté le 30 septembre au calendrier des jours fériés. La majorité des membres du SCFP travaille dans des secteurs de compétence provinciale et ainsi, le 30 septembre est considéré comme une journée de travail normale pour plusieurs d'entre eux à travers le pays. Il revient donc aux membres et aux sections locales de faire pression pour qu'on commémore le 30 septembre et leur accorde ce jour férié dans toutes les provinces », de rappeler Guylaine Bouchard.

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Allons de l’avant : Une véritable réconciliation exige une action significative, pas seulement des gestes symboliques

1er octobre 2024, par Congrès du travail du Canada (CTC) — , ,
En cette Journée nationale de la vérité et de la réconciliation, les syndicats du Canada continuent d'exhorter le gouvernement fédéral à prendre des mesures concrètes et (…)

En cette Journée nationale de la vérité et de la réconciliation, les syndicats du Canada continuent d'exhorter le gouvernement fédéral à prendre des mesures concrètes et significatives en vue de la réconciliation avec les peuples autochtones, allant au-delà des gestes symboliques.

Aujourd'hui, nous commémorons tous les enfants autochtones arrachés à leur famille et à leur communauté et envoyés dans des pensionnats. Nous honorons la vie des personnes qui ne sont jamais rentrées chez elles et de celles qui ont survécu.

La Journée nationale de la vérité et de la réconciliation est une journée de commémoration et d'action. Cette journée nous rappelle notre responsabilité permanente en tant que travailleuses et travailleurs, membres de syndicat et alliés de remédier aux injustices historiques et aux inégalités constantes auxquelles font face les communautés autochtones.

« La vérité et la réconciliation ne sont pas des idées abstraites ; elles sont tangibles et réalisables, mais elles exigent un engagement et une action soutenus en vue d'un changement réel. C'est pourquoi nous demandons aux Canadiennes et aux Canadiens d'un océan à l'autre de profiter de cette journée pour en apprendre davantage sur l'histoire coloniale du Canada, ainsi que les marques laissées par le système des pensionnats sur les communautés autochtones, et pour agir dans leurs communautés, leurs milieux de travail et leurs syndicats en faveur de la réconciliation et de la justice », déclare Bea Bruske, présidente du Congrès du travail du Canada (CTC).

Au sein du mouvement syndical, cela signifie que nous devons continuer de jouer un rôle proactif en soutenant les travailleuses et travailleurs autochtones dans tous les secteurs. Entre autres, cela comprend la lutte pour des salaires équitables, des conditions de travail sûres et des politiques culturellement appropriées qui reflètent les besoins uniques des travailleuses et travailleurs autochtones, ainsi que la promotion d'une représentation et d'un leadership autochtones plus importants au sein de nos propres structures.

Nous devons continuer à faire pression sur le gouvernement et à plaider en faveur d'un changement de politique plus large, notamment sur l'eau potable, la justice pour les femmes, les filles et les personnes bispirituelles autochtones disparues et assassinées et la mise en œuvre des appels à l'action 71 à 76 de la Commission de vérité et réconciliation, Enfants disparus et renseignements sur l'inhumation, afin de répondre de façon adéquate aux séquelles des pensionnats indiens.

Nous devons continuer à travailler afin de démanteler le racisme et la discrimination systémiques à l'endroit des Autochtones et de remédier à l'inégalité d'accès aux possibilités d'emploi que rencontrent les travailleuses et travailleurs autochtones. Nous devons également continuer à mettre l'accent sur l'éducation de nos dirigeants et de nos membres quant à l'histoire et l'héritage de la colonisation et à créer activement des espaces de dialogue et d'apprentissage, ainsi que des possibilités d'action individuelle et collective.

« La réconciliation est un parcours perpétuel – un parcours qui exige une imputabilité et une action cohérente. En cette Journée nationale de la vérité et de la réconciliation, nous exhortons toutes les personnes non-autochtones à tenir compte du rôle qu'elles peuvent jouer dans la lutte pour la justice pour les communautés autochtones et nous encourageons les travailleuses et travailleurs à se demander comment ils peuvent contribuer à la réconciliation au sein de leurs milieux de travail, de leurs syndicats et de leurs communautés. Qu'il s'agisse d'approfondir leur propre connaissance de l'histoire autochtone, de mettre en place et de soutenir des politiques qui favorisent l'équité au travail ou de manifester sa solidarité avec ses collègues autochtones, chaque action fait une différence, non seulement aujourd'hui, mais tous les jours », indique Lily Chang, secrétaire-trésorière du CTC.

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Marx écologiste ?

1er octobre 2024, par Christophe Patillon — ,
C'est une facette peu connue de Karl Marx que le sociologue John Bellamy Foster se propose de nous faire découvrir avec son livre « Marx écologiste » publié par les Editions (…)

C'est une facette peu connue de Karl Marx que le sociologue John Bellamy Foster se propose de nous faire découvrir avec son livre « Marx écologiste » publié par les Editions Amsterdam, compilation de cinq textes pour l'essentiel écrits en 2009.

Tiré du blogue de l'auteur.

John Bellamy Foster, Marx écologiste, Editions Amsterdam, 2024.

C'est une facette fort peu connue de Karl Marx que le sociologue John Bellamy Foster se propose de nous faire découvrir avec son livre « Marx écologiste » publié par les Editions Amsterdam, compilation de cinq textes pour l'essentiel écrits en 2009.

Pour certains, la cause est entendue : Marx ne s'intéressait pas à la « nature » et aux écosystèmes. Profondément anthropocentriste, technophile et productiviste, il plaidait pour que le prolétariat s'empare de l'appareil technique, productif capitaliste et s'en serve, sans le questionner, pour construire le socialisme ; d'ailleurs Staline et Mao se sont glissés dans ses pas pour faire de l'URSS et de la Chine les puissances industrielles que l'on connaît. D'autres pondèrent : faire de Marx un écologiste avant l'heure est osé, même si on peut trouver ça-et-là dans ses œuvres des réflexions qui laissent penser que l'impact du capitalisme sur la nature ne le laissèrent pas indifférent. Pour John Bellamy Foster, au contraire, « Marx était profondément conscient des risques inhérents à la dégradation écologique » et, avec Engels, il n'a jamais « cessé de penser ensemble l'histoire naturelle et l'histoire humaine », de prendre en compte « l'interaction complexe entre la société humaine et la nature ».

Marx serait donc écologiste ? Je laisse les marxistes, marxiens et autres marxologues en débattre doctement1, même si, selon Foster, « plus personne à gauche » ne soutient que Marx défendait « une conception prométhéenne du progrès » où l'homme se devait de dominer le monde et de le soumettre à sa volonté, à sa toute-puissance.

Marx a été marqué par les travaux du chimiste Charles Liebig sur l'agriculture intensive britannique. La hausse de la productivité agricole se payait d'un appauvrissement des sols, qu'il a fallu compenser par un recours massif aux engrais naturels comme le guano dont l'importation a explosé au milieu du 19e siècle, puis aux engrais chimiques comme les « superphosphates ». Pour Liebig, le capitalisme pillait et épuisait la terre de la même façon qu'il exploitait les travailleurs : « tout système d'agriculture fondé sur la spoliation de la terre, a-t-il écrit, mène à la pauvreté ». Marx parle alors de rupture métabolique pour « saisir l'aliénation matérielle des êtres humains vis-à-vis des conditions naturelles de leur existence dans le capitalisme ».

Foster soutient que dès lors Marx et Engels ont considéré que l'homme n'était pas le centre de l'univers, et que la terre devait être considérée comme la propriété perpétuelle de la collectivité, autrement dit qu'il fallait la préserver pour les générations suivantes ; plus même, Marx et Engels ont soutenu que « la nature et la société humaine ont coévolué à travers un processus complexe de dépendance mutuelle » : « Les faits, écrit Engels, nous rappellent à chaque pas que nous ne régnons nullement sur la nature comme un conquérant règne sur un peuple étranger, comme quelqu'un qui serait en dehors de la nature. »

Pour John Bellamy Foster, l'écologie marxiste a une histoire, et il est temps que l'on s'en saisisse, confrontés comme nous le sommes à l'urgence écologique planétaire. Car ce n'est pas le capitalisme vert qui nous sauvera de la dévastation.

[Version audio disponible]

1- Pour une approche moins « idolâtre », lire Michaël Löwy, Ecosocialisme. L'alternative radicale à la catastrophe écologique capitaliste, Editions Mille-et-une nuits, 2011.

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Plongée dans le monde des ultra-riches

1er octobre 2024, par Gilles Rotillon — ,
Les ultra-riches existent et ils ne vivent pas comme tout le monde. Ce livre passionnant nous fait plonger dans leur univers par le biais de leurs rapports à leurs domestiques (…)

Les ultra-riches existent et ils ne vivent pas comme tout le monde. Ce livre passionnant nous fait plonger dans leur univers par le biais de leurs rapports à leurs domestiques et décrit l'exploitation dorée qu'ils leur font subir en toute bonne conscience.

Tiré du blogue de l'auteur.

Alizée Delpierre est une jeune sociologue qui a publié en 2022 un livre qui devrait être lu par tous, à commencer par ceux qui doutent que l'on puisse considérer les ultra-riches comme une catégorie sociale spécifique qui mériterait un traitement particulier, notamment en termes de taxation des revenus.

Ce livre, Servir les riches,[1] relate l'enquête qu'elle a menée pendant plusieurs années, pour les besoins de sa thèse de doctorat, pour éclairer les rapports entre les ultra-riches et leurs domestiques, victimes de ce qu'elle appelle une exploitation dorée. Une exploitation qu'elle a elle-même vécue en tant que domestique.

Plus j'avançais dans ma lecture, plus je prenais conscience concrètement d'un autre monde. En tant qu'universitaire, économiste sensible aux inégalités sociales, certain que la réduction de ces inégalités, non seulement de revenus, mais d'accès aux biens communs, de sécurité, de rapport à l'environnement, … était une condition nécessaire (hélas sans doute pas suffisante), pour qu'on modifie collectivement la trajectoire sur laquelle nous entraîne aujourd'hui le capitalisme[2], je savais évidemment que ceux qui étaient dans le dernier dix-millième de la répartition des revenus n'avaient pas la même vie que le reste de la population, mais j'étais loin d'imaginer à quel point.

Cette vie concerne donc les grandes fortunes, c'est-à-dire des milliardaires ou des multimillionnaires. En France, selon une enquête de Crédit Suisse UBS ils sont 3880 qui ont une fortune nette supérieure à 50 millions d'euros, et ils sont 500 à dépasser les 250 millions, c'est donc un tout petit monde.

Et outre des revenus très élevés, ils se caractérisent par de nombreuses propriétés, châteaux, vastes villas, appartements de plusieurs centaines de mètres carrés situés en France et à l'étranger et l'emploi de domestiques, pour tous les travaux dont ils ne souhaitent pas se charger (et ils sont nombreux).

Ils emploient ainsi, des femmes de chambre et de ménage, des gouvernantes ou des majordomes, des cuisiniers, des chauffeurs, des nannies, des lingères, des gardiens ou des emplois plus exotiques comme ce chef d'entreprise qui a créé un poste de gardien rosier, uniquement chargé de l'entretien des roses à qui il doit faire écouter de la musique et raconter des histoires.

Bien sûr, on pourrait parfaitement défendre l'idée que ces employeurs en ayant les moyens, ils ne font que créer des emplois qui profitent à ceux qui les occupent, qui d'ailleurs y trouvent leur intérêt, une femme de ménage d'ultra-riche gagnant nettement plus que si elle le faisait chez plusieurs particuliers des classes moyennes. Et c'est valable pour tous les types d'emplois, certains, comme ce majordome pouvant même avoir un salaire mensuel de plus de 10000 euros.

Mais c'est justement ce conte du riche créateur d'emploi qui plait tant aux libéraux que le livre réduit en cendres en décrivant le contenu de ces emplois si désirables. Car l'envers de la médaille, c'est une subordination absolue aux désirs des maîtres qui exige un investissement illimité des corps au travail que seul légitime le pouvoir que leur donne l'argent. Et si on peut trouver qu'un salaire de gouvernante à 4000 euros par mois est bien au-delà du salaire médian, quand on le rapporte à la charge de travail effective, consistant à travailler douze heures par jour, toute la semaine sans jour de repos dans le mois (une situation courante), on arrive à un salaire horaire de 9 euros.

Et ce pouvoir des maîtres sur leurs domestiques que leur donne leur statut d'ultra-riche, peut conduire à des exigences allant du caprice d'enfant gâté à l'inhumanité la plus odieuse. Comme exemple du premier cas, on peut citer cette femme imposant à ses domestiques dès qu'elle leur parlait, de devoir lui répondre « je vous remercie très chère Madame, de me faire l'honneur de m'adresser la parole », ou telle autre se faisant réveiller chaque matin par une berceuse chantée par deux domestiques en canon. On peut aussi citer cette lingère qui se fait réprimander parce qu'elle a tendu du linge dans le jardin avec des pinces à linge de différentes couleurs, jurant avec le vert du gazon.[3] Quant au second, la palme revient sans doute à cette femme qui exigeait que tous ses domestiques soient habillés en femme quel que soit leur sexe et portent des couches pour ne pas perdre de temps à aller aux toilettes, exigence inscrite dans un « contrat de travail » précisant que l'oubli de la couche entrainerait une retenue de 400 euros sur le salaire mensuel.

Ces exigences multiples, sans limites, impliquent d'avoir un personnel qui ne se rebelle pas malgré les exubérances des maîtres, qui du coup ne cessent de chercher la perle rare qui d'ailleurs ne le reste jamais très longtemps, sauf exceptions peu fréquentes. Et cette recherche a le plus souvent un fort relent de racisme. C'est ce que relève Alyzée Delpierre quand elle écrit que « dans la domesticité, l'assignation raciale des qualités des domestiques est au cœur des pratiques de recrutement ». Les stéréotypes les plus éculés font florès, chacun sachant bien que les arabes sont de bonnes cuisinières ou les Ivoiriennes de bonnes nounous. Mais au-delà des qualités professionnelles dont doivent faire montre les domestiques dans leur domaine, ils doivent avoir un « bon » comportement, souriant, discret et silencieux à bon escient mais toujours disponible et surtout fidèle et dévoué à ses patrons.

Enfin, il faut qu'ils soient dociles et là les critères sont davantage sociaux que raciaux, car ils le sont d'autant plus qu'ils sont dans des conditions difficiles (sans papiers, sans liens sociaux proches, analphabètes). C'est ce qu'explique une Française vivant sur la grosse fortune de son époux qui ne recrute plus de Français, leur préférant les asiatiques « qui font moins d'histoires et ne revendiquent pas à tout bout de champ » et se félicite de sa « domestique moldave qui sait se contenter d'un mot doux ou d'une crème pour les mains », concluant que « tout est plus simple avec ces gens ». Et s'ils ne sont pas assez dociles ils doivent être dressés, il existe des « écoles » pour cela comme celle qui a été créée à Singapour par Anne Genetet, actuelle ministre de l'Éducation nationale du tout nouveau gouvernement Barnier.[4]

Mais même sans exigences absurdes ou révoltantes, le travail demandé est loin de respecter le code du travail. Les journées de travail de 5h à minuit ne sont pas rares. Et il n'y a pas que la journée de travail qui s'allonge au-delà de ce que le droit du travail autorise. Un droit ne cessant d'être contourné, la plupart des grandes fortunes ne déclarant qu'une partie des heures faites chez eux pour bénéficier indûment de déductions fiscales. Quand il existe un contrat de travail, il se garde bien de préciser les jours de repos et la durée du travail journalier ou annuel, des petits détails qui sont traités « au feeling » comme le dit une employeuse, certaine de sa grande humanité en précisant que ses domestiques réclament peu de jours de repos car « ils finissent par s'ennuyer, sinon »[5]. Nombres d'emplois sont portés à la charge de l'entreprise quand l'employeur en a une, comme ce majordome, déclaré comme manager de magasin pour 40 heures par semaine payées pour moitié en liquide quand il en fait au moins le double.

Car être ultra-riche ne dispense pas de rationaliser les dépenses de domesticité, allant jusqu'à la fraude puisque, comme le dit un patron d'entreprise français, qui va vérifier ?

Et bien c'est justement ce qu'il faudrait faire. En juin 2024, Gabriel Zucman, un économiste français professeur à l'École Normale Supérieure de Paris, vient de rendre au président Brésilien dans le cadre du G20, un rapport sur la taxation des grandes fortunes. Selon ses calculs, en tenant compte de la fraude et de l'évasion fiscale que les très riches ne manqueraient pas de pratiquer (ils le font déjà[6]), la taxation des près de 3000 milliardaires dans le monde à un taux de 2% sur leur fortune (ce qui impliquerait un surcroît d'imposition de 1,7% sur leur revenu puisqu'ils sont actuellement taxés à hauteur de 0,3%), rapporterait 193 milliards de dollars de recettes fiscales par an. Selon Challenges, il y a 147 milliardaires en France en 2024 qui, taxés selon les propositions de Gabriel Zucman produiraient un supplément de recettes de 9,47milliards, donc du même ordre de grandeur que les dix milliards d'économie que Bercy veut faire en coupant dans les dépenses. Et ce montant pourrait être facilement augmenté si on étendait la mesure aux 500 millionnaires français à plus de 245 millions de fortune.

On est donc assez loin des sommes négligeables qui seraient perçues par le fisc s'il taxait davantage les ultra-riches, même avec de faibles taux comme celui de 2% proposé par Gabriel Zucman. Car il y a de la marge comme l'explique un rapport d'Oxfam qui constate qu'avec un taux d'imposition de 8% la fortune des milliardaires serait restée constante au cours des deux dernières décennies, ce qui aurait été loin de les mettre sur la paille.[7] Créer quelques postes de fonctionnaires dédiés améliorerait grandement la vie des domestiques en faisant appliquer le droit du travail, et augmenterait les recettes fiscales bien au-delà du coût de ces fonctionnaires. Un investissement rentable pour les finances publiques que même un économiste libéral ne pourrait guère contester au nom de la liberté d'entreprendre.

Mais ce qui est le plus impressionnant dans ce livre, au-delà de l'indignation qu'il ne peut manquer de susciter quand on n'est pas ultra-riche et qu'on prend conscience de ce qu'est leur vie « ordinaire », c'est le portrait qu'il donne de cette catégorie sociale bien particulière, en se gardant bien (c'est une de ses grandes forces) d'opter pour un ton moralisateur en faisant de ces maîtres de « grands méchants ».[8] On ne peut que constater à la lecture que le rapport qu'ils entretiennent avec leur domesticité est partie complètement intégrante de ce que Bourdieu nommerait leur habitus. Une grande part de ce dernier est constitué par leur certitude de mériter leur situation due à leur statut social et leur richesse. S'ils peuvent avoir tant de domestiques et les dresser selon leur convenance, décidant en toute impunité de leurs conditions de travail (un travail consistant à faire toutes les tâches qu'ils estiment ne pas devoir être de leur ressort), c'est parce qu'ils ne conçoivent pas que le monde puisse être autrement que celui où ils évoluent. Les riches ont toujours eu des domestiques et c'est un des marqueurs sociaux qui les caractérisent. Il est impossible pour eux d'imaginer qu'ils puissent vivre sans et comme ce n'est pas le cas de la majorité de la population qui n'a pas les moyens d'en avoir, cela renforce leur certitude d'être différents. Il y a évidemment une longue histoire de la domesticité qui a partie liée avec l'existence d'une aristocratie dont le statut était dû aux lois divines qui justifiaient les stratifications sociales. L'aristocratie, si elle a perdu de son influence politique n'a pas pour autant disparu et continue à marquer socialement les rapports à la domesticité, se diffusant au-delà des aristocrates vers les nouveaux riches.

Il y a d'ailleurs des différences entre une richesse aristocratique remontant à plusieurs générations et une richesse « moderne », obtenue sur les marchés (via le commerce ou la finance). La première est liée, pour les générations présentes, à l'héritage, ce qui réduit le mérite de la possession mais l'inscrit dans une histoire longue qui lui donne une autre forme de légitimité. La seconde, souvent plus importante au stade du capitalisme financier mondialisé d'aujourd'hui, fait soupçonner ces nouveaux riches d'être des parvenus par les riches de la première catégorie et conduit à des manœuvres de différenciation, notamment en ayant plus de domestiques que les riches aristocrates. Alyzée Delpierre note que « les aristocrates érigent l'emploi de domestiques au rang de culture, et les nouvelles fortunes le présentent comme un service bien mérité et indispensable ».

Cette spécificité de pouvoir être servi qui caractérise les riches, uniquement due au pouvoir que l'argent leur donne, renforce leurs privilèges, montrant ici aussi que quand on laisse le marché fonctionner « de manière libre et non faussée », il conduit à des dérives, qui, dans le cas de la domesticité permet aux « grandes fortunes de faire ce qu'elles veulent des personnes qui les servent, quitte à les priver de droits ».

Il serait bien plus indiqué, comme le recommande Alyzée Delpierre, que les pouvoirs publics créent « un véritable service public d'aides et de services à domicile, accessible à toutes et tous, et pourvoyeurs d'emplois stables, bénéficiant d'un statut protecteur équivalent à celui des fonctionnaires et d'un revenu décent ». Il ne faut évidemment pas attendre d'un gouvernement néolibéral obsédé par sa politique de l'offre qui fait la part belle aux riches de mettre en place un tel service.

Mais au-delà d'un service de ce type, la question fondamentale qui se pose et sur laquelle Alyzée Delpierre conclut son livre, c'est celle « du sens d'une société où il faut à tout prix se délester des tâches les plus vitales, aux sens propre et figuré, et se faire servir par les pauvres, les immigrés et les femmes ?[9]

Notes

[1] Alyzée Delpierre, Servir les riches, La Découverte, 2022.

[2] J'en avais même fait la thèse centrale de mon livre, Le climat ET la fin du mois, publié en 2020 aux éditions Maia.

[3] Et il n'y a pas que dans le générique de Downton Abbey qu'on voit des tables où les couverts sont placés au millimètre près à l'aide d'une règle. Elles existent aussi aujourd'hui dans certaines familles.

[4] Il vaut le coup de lire attentivement le lien renvoyant aux propos d'Anne Genetet sur les domestiques, décrits comme « difficiles à gérer, refusant parfois de se soumettre à vos exigences ». Et c'est cette personne qui se trouve chargée de piloter l'Éducation nationale sur laquelle elle est incompétente. L'avenir nous dira si elle est elle-même difficile à gérer et capable de répondre à nos exigences d'une éducation émancipatrice pour tous.

[5] Des domestiques qui n'ont eu finalement que deux jours de repos sur l'année précédent l'entretien, pour un salaire d'environ 1300 euros par mois, une centaine d'heures de travail par semaine et une chambre de 10 m2 pour deux, ce qui ne les autorisent guère à se plaindre « car au Sri Lanka, jamais ils n'auraient eu tout ça ! ».

[6] Il faut évidemment distinguer la fraude pure et simple de l'optimisation fiscale qui consiste à utiliser la loi à son avantage, parfois en l'interprétant de manière discutable, impliquant certes une possibilité de recours mais en fait très limitée parce qu'elle signifierait une procédure judiciaire longue pouvant prendre des années, les contrevenants potentiels ayant à leur service des avocats spécialisés dans cette interprétation des textes et qui ont aussi comme tâche de faire durer les procédures de contestation, incitant les pouvoirs publics à renoncer à l'avance à ce type de mesure entraînant des dépenses publiques qui risquent de ne pas être compensées. Il n'en demeure pas moins que l'argument de la légalité, utilisé à l'envi par les spécialistes de l'optimisation fiscale, peut et doit être rendu caduc en interdisant ces pratiques limites d'optimisation. Un rapport du CESE déjà ancien (2016) en fait le tour et propose un certain nombre de modifications, impliquant évidemment des moyens supplémentaires en matériel (notamment informatique) et surtout en personnel. Mais compte tenu de l'ampleur des « détournements légaux », quelques dizaines de fonctionnaires en plus seraient facilement rentabilisés par les sommes récupérées.

[7] Il n'y a pas que l'imposition sur le revenu qui s'impose (aux deux sens du mot), il y a aussi l'héritage. Oxfam à également publié un rapport sur ce sujet qui indique que « les super-héritier∙es français∙es, soit le top 0,1% des héritier∙es, reçoivent environ 13 millions d'euros – soit 180 fois l'héritage médian – et ne paient, en moyenne, que 10% d'impôt dessus. Dans les 30 prochaines années, 25 milliardaires français transmettront à leurs héritier∙es plus de 460 milliards d'euros de super-héritages sur lesquels l'État risque de perdre 160 milliards en raison des niches fiscales existantes, si rien n'est fait ».

[8] Alyzée Delpierre met en pratique, concernant les ultra-riches, l'avertissement de Marx à propos de ce qu'il dit des capitalistes : « Je ne peins pas en rose, loin s'en faut, le personnage du capitaliste et du propriétaire foncier. Mais ces personnages n'interviennent ici que comme personnification de catégories économiques, comme porteurs de rapports de classes et d'intérêts déterminés. Moins que tout autre encore, ma perspective qui consiste à appréhender le développement de la formation économico-sociale comme un processus historique naturel, ne saurait rendre un individu singulier responsable de rapports et de conditions, dont il demeure socialement le produit, quand bien même il parviendrait à s'élever, subjectivement, au-dessus de ceux-ci. » (Marx, Préface à la première édition allemande du Capital, Le Capital, Éditions sociales, 1983, p.6).

[9] Je suis loin d'avoir épuisé l'intérêt de ce livre car dans ce billet j'ai essentiellement mis l'accent sur les ultra-riches sans trop parler de la situation des domestiques, à l'exception des quelques exemples des exigences de leurs maîtres (un mot plus adapté que « patron », compte tenu du pouvoir que ceux-ci exercent sur leur personnel). Je l'ai fait pour souligner la nécessité aussi bien économique que morale d'arrêter de laisser cette catégorie de population agir en toute impunité comme elle le fait. Mais cette nécessité se renforce encore quand on voit les conséquences humaines sur les domestiques des rythmes de travail auxquels ils sont soumis. Impliquant notamment la quasi-impossibilité d'être malade (le livre fourmille de témoignages de domestiques cachant leurs problèmes de santé de peur d'être congédiés) ou de voir sa famille quand elle est éloignée (comme cette domestique qui n'a vu ses enfants restés en Colombie que quatre fois en quarante ans). Ou encore leur acceptation de cette exploitation dorée, due à un mélange de peur d'être congédié et de sentiment d'être privilégié par comparaison avec d'autres domestiques comme les femmes de chambre des hôtels Ibis qui avaient fait grève pendant plusieurs mois en 2021.

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L’égalité totale aboutit-elle nécessairement à l’accomplissement humain ?

1er octobre 2024, par Jean-François Delisle — ,
Voici, très (trop ?) résumée la thèse centrale de Karl Marx pour qui la division en classes sociales explique dans une large mesure les maux qui frappent la majorité des gens, (…)

Voici, très (trop ?) résumée la thèse centrale de Karl Marx pour qui la division en classes sociales explique dans une large mesure les maux qui frappent la majorité des gens, en particulier les travailleurs et les travailleuses dont le confiscation des fruits de leur dur labeur par les capitalistes rendrait compte de leur aliénation.

Marx dénonce aussi, en toute logique le règne de l'argent qui "aliène" même la bourgeoisie. L'homme s'Identifie trop ou se sent étranger à lui-même en s'investissant (c'est le cas de le dire) dans cette abstraction dangereuse et illusoire.

"Un jour, le prolétariat sera le genre humain", telle fut longtemps la devise du mouvement communiste et de certains courants syndicaux qui lui étaient affiliés en réponse au règne des capitalistes sur la société.

Je n'ai pas l'intention d'entrer ici dans une discussion détaillée sur les thèses marxistes, lesquelles contiennent une part évidente de vérité. Mais on peut légitimement se demander si les problèmes sociaux de l'humanité ont vraiment débuté avec l'émergence d'une économie complexe ayant dépassé le stade de l'exploitation primaire de la nature (chasse, pêche, cueillette, agriculture primitive). Avec l'avènement du néolithique et la généralisation concomitante de l'économie agricole, la mainmise privée et la constitution d'une caste de guerriers chargée de défendre la collectivité et surtout ses dirigeants, la domination de ceux-ci sur les classes laborieuses s'est affirmée. La division toujours plus poussée de la société en classes sociales avec ses incontestables maux est-elle la responsable exclusive de ceux-ci ou n'est-elle pas le résultat d'une évolution bien antérieure ?

On ne peut se prononcer sur les formes préhumaines (australopithèques, paranthropes, zinjanthropes, etc) faute d'informations suffisantes sur leur mode de vie et leur organisation collective. Des études ont démontré que leur cerveau était plus petit que le nôtre ; on peut donc en déduire que leurs moeurs devaient être assez proches de celles des grands singes actuels. Mais l'accession progressive de certains de nos ancêtres à l'intelligence abstraite (donc à la capacité de penser le monde, à le "réinventer" par la culture, à se doter de principes moraux, à s'élever au-dessus de "l'ici et maintenant" contrairement aux autres animaux) devait aboutir à l'apparition de l'homo sapiens, ce qui a changé la face du monde. L'hostilité entre groupes humains ou individus se traduisant par des morts remonte sans doute loin en arrière, sans qu'on puisse, faute de données significatives, en retracer le début. Même dans les cas rarissimes datant du Paléolithique supérieur où on a retrouvé des squelettes portant des marques de violence intentionnelle, il peut s'agir d'assassinats individuels et non de conflits armés généralisés En tout cas, on n'a retrouvé aucune couche de guerre pour cette époque reculée, ce qui ne signifie pas pour autant l'absence d'affrontements armés mais leurs traces ont disparu. On en ignore donc la fréquence et l'ampleur. Pour le moins, il dut se produire de temps à autre des meurtres pour se venger d'un rival ou s'approprier ses biens.

L'émergence de l'agriculture et le développement du commerce n'ont du faire qu'amplifier des phénomènes de violence qui existaient déjà. Par exemple, on retrouve des traces de massacres (comme celui de Talheim en Allemagne il y a sept mille ans ou celui de Bergheim qui remonte à six mille ans). On n'en connaît pas les causes, mais le fait qu'ils se soient produits dans un contexte néolithique n'est pas un hasard.

La violence sociale remonte donc loin en arrière. Les sociétés de chasseurs-cueilleurs étaient-elles pacifiques ? Prenons l'exemple des Amérindiens.

On les a longtemps dénigrés, déshumanisés, les présentant comme des barbares sanguinaires et peu évolués. On assiste depuis à leur réhabilitation bienvenue. Mais on peut se demander si ce courant indianiste ne va pas à son tour un peu loin. Il en fait des gens doux, égalitaires, "partageux", calmes, ce qui se vérifie jusqu'à un certain point. Toutefois, cette présentation des anciens Amérindiens se heurte à la réalité.

Toute une littérature abondante, portugaise pour le Brésil, espagnole pour le reste de l'Amérique latine, française, néerlandaise et et britannique pour l'Amérique du nord fait état, à partir d"observations directes d'explorateurs et de colonisateurs du goût pour le conflit de beaucoup de ces peuples. Les querelles territoriales étaient assez fréquentes. De même, on sait qu'il y avait des clans dominants dans ces sociétés. La relative égalité économique (redistribution des ressources alimentaires provenant de la chasse, de la cueillette et de la pêche) n'empêchait donc pas une certaine inégalité sociale. Les membres des clans dominants défendaient parfois par la violence leur position à l'encontre d'individus ambitieux qui voulaient les déloger. Il en résultait des règlements de compte sanglants.

Il ne s'agissait donc pas de sociétés paradisiaques où tous et toutes fraternisaient. Des tensions périodiques sévissaient. Par ailleurs, certaines sociétés amérindiennes dans ce qui est aujourd'hui l'Amérique latine avaient atteint un niveau de développement économique et technique suffisant pour constituer des civilisations (au sens propre, des villes) comme les Incas au Pérou, les Mayas au Mexique, au Guatemala, au Salvador, au Honduras, et les Aztèques au Mexique. L'exploitation des paysans et des artisans par la classe dominante était courante.

Ce tour d'horizon conduit à mettre en doute, ou du moins à nuancer beaucoup certaines thèses de Marx et de ses successeurs pour qui le capitalisme constitue représente la forme la plus avancée de l'exploitation, forme destinée un jour, par un processus dialectique, à s'effondrer au profit du prolétariat ; le peuple bénéficiera alors d'une totale égalité. Mais cela a-t-il jamais existé ?

L'ambition politique de certains individus, la volonté d'expansion territoriale et celle d'accomplissement par la guerre, les règlements de compte individuels, la domination de certains clans puissants sur d'autres moins forts, toutes ces réalités sont bien plus vieilles que la structuration formelle des sociétés en classes antagonistes. Elles en ont formé le terreau, peut on croire.

Une égalité sociale aussi poussée que possible, désirable en soi et la redistribution équitable de la richesse , ne suffiront pas à rende les gens heureux, maîtres de leur vie, réconciliés avec eux-mêmes et avec leurs concitoyens.

On a la morale de ses intérêts, dit le proverbe. C'est largement vrai. Mais l'homme est un être moralement ambigu, capable du meilleur et du pire et à la rationalité variable, ce, peu importe la nature du régime politique en place. Il peut rêver, ce qui contribue à façonner sa ligne de conduite. Il a même inventé le paradis terrestre, dans le passé pour le christianisme, dans l'avenir (l'avènement de la société sans classes) pour les communistes.
De tous les animaux, il est la seule espèce pouvant s'interroger sur elle-même et aussi à prendre ses désirs pour des réalités.

Jean-François Delisle

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La Première internationale a 160 ans et résonne encore (plus ou moins fort)

1er octobre 2024, par Camille Popinot , Paco — , ,
Le 28 septembre 1864, il y a 160 ans, plus de 2 000 travailleurs, ouvriers anglais, français, allemands, italiens et polonais principalement, se réunissent au Saint-Martin's (…)

Le 28 septembre 1864, il y a 160 ans, plus de 2 000 travailleurs, ouvriers anglais, français, allemands, italiens et polonais principalement, se réunissent au Saint-Martin's Hall de Londres [1]. Y avait-il des ouvrières ? [2]

Trade unionistes anglais, qui s'opposent aux travailleurs et travailleuses migrant·es du continent au nom des intérêts de la classe ouvrière anglaise ; mutualistes proudhoniens qui refusent de lutter sur le terrain politique et qui condamnent le recours à la grève ou encore communistes qui prônent au contraire une révolution politique, se réunissent dans une même salle , comble. Marx écrira plus tard à Engels : « tant de monde était venu qu'on y étouffait » .

Après des discours des représentants anglais et français, qui appellent à lutter contre la mise en concurrence « des esclaves » entre eux, qui insistent sur l'urgence de s'unir et de s'organiser contre les capitalistes, soit contre « une coterie peu nombreuse de maîtres hautains et de mandarins engraissés » , l'Assemblée adopte à l'unanimité une résolution qui décide d'« élire un comité (…) chargé d'élaborer le projet des statuts et des règlements de l'Union » . Et dès sa première rencontre, ce Comité nouvellement élu, nomme à son tour un sous-comité chargé de rédiger une première proposition de textes.

Marx qui s'était promis « to decline any such invitation » , considère cette fois-ci que des « forces réelles » participent à l'évènement et fait le déplacement. Il est élu sur le Comité et nommé sur le sous-comité. Toutefois, il est malade et absent lors des deux premières rencontres d'octobre 1864. Il ne participe donc pas à la rédaction des premières versions du Préambule et des Statuts. Il confie alors à Engels , qu'il est « effrayé » à la lecture d' « un préambule d'une phraséologie effrayante, mal écrit et tout à fait enfantin (…) » et par des statuts qui « instituaient quelque chose de tout à fait inadmissible, une sorte de gouvernement central ». Déterminé à ce que pas un mot de ces textes ne subsiste , il réussit finalement à complètement réécrire ces « sentiments déjà votés ». La technique utilisée pour imposer ses vues, que certain·es qualifieraient aujourd'hui d'anti-démocratique, mérite d'être de nouveau rappelée, avec les explications de Marx lui-même :

« Pour justifier la très singulière manière dont je me proposais de « rédiger » les sentiments déjà votés, j'écrivis une Adresse aux classes ouvrières (dont il n'était pas question dans le plan primitif), une sorte de revue des faits et gestes des classes ouvrières depuis 1845 ; puis, sous prétexte que tous les faits historiques étaient contenus dans cette Adresse et que nous ne pouvions répéter trois fois les mêmes choses, je changeai tout le Préambule, je déchirai la Déclaration de principes et enfin je réduisis à dix les quarante articles des statuts » .

Finalement les trois textes, l'Adresse , le Préambule et les Statuts, sont reçus avec un « grand enthousiasme » lors de la quatrième rencontre du Conseil général provisoire de l'Association internationale du travail et adoptés à l'unanimité le 1er novembre 1864 .

À l'heure où, un peu partout dans le monde, les partis de gauche, les syndicats, les mouvements féministes, anti-racistes, écologistes tentent à grand peine de se regrouper, que ce soit dans le cadre de nouveaux fronts populaires ou autrement, la lecture de ces textes peut, peut-être, offrir des pistes de réflexion utiles. Deux éléments semblent avoir contribué à cimenter une union qui paraissait bien improbable quelques semaines avant la rencontre du Saint-Martin's Hall.

La nécessité d'arracher des victoires

Dans son Adresse, Marx commence par méthodiquement démontrer et dénoncer l'accroissement exponentiel des écarts de richesses depuis 1845. Puis, il insiste sur le caractère révolutionnaire de l'adoption de la Bill de dix heures au Royaume Uni, « obtenue avec la plus admirable persévérance ». Pour Marx, la loi ne constitue pas seulement un « important succès pratique » mais elle est aussi « le triomphe d'un principe » :

« pour la première fois, au grand jour, l'économie politique de la bourgeoisie avait été battue par l'économie politique de la classe ouvrière ».

Dans le contexte québécois actuel, on peut dire que cela fait bien longtemps que « l'économie politique de la classe ouvrière » n'a pas réussi à imposer quoi que ce soit à la bourgeoisie, alors même que les écarts de patrimoine, notamment, ne cessent de croitre. Si l'on prend les vingt ou trente dernières années, il est très difficile d'identifier une lutte « persévérante », une réelle victoire politique, syndicale, féministe ou anti-raciste, qui puisse faire penser à un quelconque « triomphe de principe » ; la seule exception qui nous vienne en tête est le mouvement étudiant de 2012 qui réussit, après plus de six mois de luttes, à bloquer l'explosion des frais universitaires et à faire chuter le gouvernement libéral de Jean Charest.

On peut toutefois espérer que les récentes mobilisations historiques, comme la manifestation de plus de 500 000 personnes le 26 septembre 2019 à Montréal en défense de l'environnement ou encore la grève illimitée des 65 000 enseignantes de la Fédération autonome de l'enseignement (FAE) rejointes sporadiquement par les 450 000 travailleuses du Front commun (75% à 80% de femmes) constituent des étapes vers une lutte d'une « admirable persévérance » avant un « triomphe de principe ».

L'internationalisme comme condition de l'unité

Dans le Préambule des statuts, comme en conclusion de l'Adresse, Karl Marx insiste fortement sur la nécessité et l'urgence « d'exciter » la solidarité internationale. Il rappelle ainsi que

« les efforts tendant [à l'émancipation économique de la classe ouvrière] ont jusqu'ici échoué, faute de solidarité entre les travailleurs des différentes professions dans le même pays et d'une union fraternelle entre les classes ouvrières des divers pays » .

On ne parle pas encore d'Internationalisme, mais l'idée est là.

Aujourd'hui, les discours de solidarité internationale qui ont déjà du mal à se faire entendre sont, le plus souvent, à géométrie variable. Comment ne pas voir les mises en concurrence des travailleuses et travailleurs entre elleux ?

À titre d'exemple, les dirigeants du parti le plus à gauche de l'échiquier politique, Québec solidaire, n'hésitent pas à affirmer qu'il y a « trop » d'étrangers , comme les trade unionistes britanniques de 1864. Une partie de la gauche québécoise qui se revendique de l'internationalisme refuse de dénoncer les actions terroristes du Hamas du 7 octobre 2023 au motif qu'une telle dénonciation reviendrait à soutenir le génocide à Gaza. Position simpliste et intenable sur le fond, que ne cessent d'ailleurs d'instrumentaliser le Premier ministre du Canada, Justin Trudeau, comme le Premier ministre Québécois, François Legault, pour discréditer toute action de solidarité avec le peuple palestinien et pour justifier une politique de facto complice des atrocités et des actions terroristes commises par le Gouvernement israélien à Gaza, en Cisjordanie et maintenant au Liban.

Cette même gauche reste par ailleurs largement indifférente aux appels à la solidarité des syndicats, des organisations féministes, des mouvements écologistes ou LGBTQI+ ukrainiens qui ne cessent de réclamer des armes pour se défendre. Une partie de cette gauche se prononce même explicitement contre toute forme de soutien armé aux travailleurs et travailleuses ukrainien-ne-s suivant un argumentaire qui consiste à comparer, pour les opposer, les peuples palestiniens et ukrainiens. Comme si les internationalistes de gauche devaient choisir entre les fascistes, les intégristes et les staliniens. Comme si les deux peuples colonisés, envahis et bombardés quotidiennement et aveuglement ne méritaient pas l'appui des internationalistes.

Comme si nous n'avions pas comme première obligation d'écouter et de relayer les revendications des camarades sous les bombes. Or actuellement, ce qu'il reste de gauche en Palestine réclame de toute urgence un cessez-le-feu, l'arrêt des livraisons d'armes et de tout soutien au Gouvernement israélien ainsi que des sanctions économiques susceptibles de fragiliser le pouvoir d'extrême droite en place. En Ukraine, depuis le début de l'invasion à grande échelle l'ensemble des organisations de gauche, réclame constamment et urgemment, des armes pour résister et se protéger contre l'impérialisme russe.

En conclusion de l'Adresse qui parvint à recueillir l'unanimité des différentes tendances politiques présentes à Londres il y a 160 ans, Marx écrivait :

« L'expérience du passé nous a appris comment l'oubli de ces liens fraternels qui doivent exister entre les travailleurs des différents pays et les exciter à se soutenir les uns les autres dans toutes leurs luttes pour l'affranchissement, sera puni par la défaite commune de leurs entreprises divisées (…) Prolétaires de tous les pays, unissez-vous ! ».

Camille Popinot et Paco
27 septembre 2024

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[1] Cette petite note s'appuie en grande partie sur la notice rédigée par Amédée Dunois, à l'occasion de la deuxième réédition en français, en 1921, de l'Adresse de Karl Marx.Nous profitons de cette mention pour souligner le parcours politique exceptionnel de ce militant d'abord anarchiste, puis socialiste, ami de Jean Jaurès, présent au café du Croissant lors de l'assassinat de ce dernier, qui s'oppose à l'Union sacrée pendant la Première guerre mondiale, qui dénonce très tôt la dérive stalinienne du PC, devient la cible des attaques des fascistes comme Charles Maurras, s'engage dans la résistance dès 1940 et meurt en déportation en Allemagne en 1945. https://www.marxists.org/francais/dunois/works/1921/05/adresse.pdf

[2] Nous ne le savons pas mais elles sont en tout cas invisibles dans les gravures accessibles sur internet aujourd'hui. On sait toutefois que c'est lors du Congrès de Genève de 1872 que, pour la première fois, deux femmes font partie des trente délégué.es. Marcello Musto, Traduit de l'italien par Béatrice Propetto Marzi. La Première Internationale et son histoire. La Pensée, 2014/4 N° 380, p.129-143

Il pleut des bombes !

1er octobre 2024, par Omar Haddadou — ,
Il pleut des bombes. L'enfant succombe. Quand la nuit tombe. Il pleut des bombes. Toujours en trombes. Où es-tu Colombe ? Il pleut des bombes. Creusez les tombes ! (…)

Il pleut des bombes.
L'enfant succombe.
Quand la nuit tombe.
Il pleut des bombes.
Toujours en trombes.
Où es-tu Colombe ?
Il pleut des bombes.
Creusez les tombes !
Déluge intense.
Charniers d'hier, on recommence.

Il pleut des bombes.
Avec cratères.
C'est la Paix qu'on enterre.
Il pleut des bombes.
Signées « Puissance ».
Applaudie en haute Instance.
Il pleut des bombes
Dédicacées
Calquées d'un certain passé
Il pleut des bombes
A tout raser !
Générant des Déplacés (es).
Il pleut des bombes.
Encore intenses.
Dans tous les sens
Il pleut des bombes
Même sur la plage
Point d'orgue d'un grand carnage
Il pleut des bombes
Sur des consciences…
Armées de Résistance !

Texte : Omar HADDADOU Sep. 2024
(Hommage à Gaza)

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Guerre d’Israël contre le Liban : racisme et indécence dans le traitement médiatique occidental

1er octobre 2024, par Lina Mounzer — , ,
En tant qu'instruments de construction d'une représentation de la réalité et de diffusion massive de cette représentation, les médias occidentaux participent plus que toute (…)

En tant qu'instruments de construction d'une représentation de la réalité et de diffusion massive de cette représentation, les médias occidentaux participent plus que toute autre institution à imposer des principes de vision racistes du monde.

Tiré de la revue Contretemps
25 septembre 2024

Par Lina Mounzer

À partir de son expérience personnelle de femme libanaise qui assiste depuis le Canada à une guerre contre son pays, l'écrivaine Lina Mounzer relate la violence de ce racisme, ainsi que le gouffre entre le narratif spontanément pro-israélien qui domine les médias occidentaux et la réalité d'une guerre qui oppose les populations arabes de l'Orient à un État colonial : Israël.

Depuis sa création, celui-ci déploie une violence à tendance génocidaire visant à annihiler toute tentative de résistance à son projet d'effacement-remplacement de la Palestine.

***

Lorsque la nouvelle me parvient, je suis en train de prendre mon café du matin à Montréal.

Mon ami Rami me fait suivre un message WhatsApp. En arabe, il est écrit « Ouzai, Ghobeiri, Sfeir, Haret Hreik, Saida, les bipeurs explosent. Une brèche. Ils ont piraté des appareils et des téléphones et les ont fait exploser. Beaucoup d'informations contradictoires. Quelque 500 explosions jusqu'à présent ».

À Beyrouth, il est à peu près 15h40.

Inutile de demander qui sont ces « ils ». Ce sont les mêmes « ils » qui déciment et affament les Palestinien·nes de Gazadepuis presque une année entière, qui bombardent des hôpitaux et des camps de réfugiés, qui violent des prisonniers et qui, lorsqu'ils en sont réprimandés, font une émeute pour obtenir le droit de violer des prisonniers.

Ce sont les « ils » qui sont jugés par la Cour internationale de justice pour le summum des crimes, celui de génocide, et qui ont par ailleurs violé, devant les caméras, un certain nombre de soi-disant lignes rouges du droit humanitaire international. Après cela, je ne devrais pas être surprise par ce dont ces « ils » pourraient être capables, ni par la façon dont le monde les excusera.

Pourtant, je commence à recevoir des vidéos et je n'arrive pas à croire ce que je vois. Des images de vidéosurveillance de magasins d'alimentation avec des appareils qui explosent au niveau de la taille des gens ou dans leurs mains. Des rues bondées d'ambulances et d'individus qui hurlent. Des hommes sur des brancards, les restes déchiquetés de leurs mains dégoulinant de sang.

Quel est ce cauchemar dystopique ? Comment ont-ils piraté les appareils de ces gens ? Et quels sont les appareils à risque ? Aussitôt, j'essaie de me rappeler où j'ai acheté mon téléphone. L'ai-je acheté dans un magasin de téléphones portables à Beyrouth, le genre de magasin où les explosions se succèdent à mesure que la marchandise s'enflamme ? Ou l'ai-je commandé directement à l'étranger ? Est-il sûr ou bien risque-t-il d'être piégé ?

Peu importe : je dois décrocher mon téléphone, cette arme potentiellement meurtrière, pour joindre mes amis et ma famille, pour m'assurer qu'ils vont bien, ce qui les oblige à décrocher eux aussi leurs appareils potentiellement meurtriers pour répondre.
Les « bipeurs du Hezbollah »

Cet appareil utilisé pour nous connecter est à présent la chose même qui nous fait craindre de nous connecter. Le niveau de paranoïa est-il absurde ? Pas aussi absurde que les milliers de petites explosions qui se sont produites au Liban en une seule journée, puis les centaines d'autres le lendemain.

Avant que les détails ne deviennent plus clairs – à savoir que ces appareils, y compris les bipeurs, les talkies-walkies et les panneaux solaires qui ont explosé en deux jours, tuant 39 personnes et en blessant plus de 3 250, avaient été interceptés et chargés d'explosifs par Israël, et non piratés – la terreur de l'électronique domestique courante a atteint un tel niveau que les gens se sont précipités chez eux pour déconnecter les batteries UPS et éteindre les appareils de surveillance des bébés.

Le plus absurde, cependant, est le fait qu'aucun média occidental n'a nommé cet acte de terrorisme de masse par son nom. Au lieu de cela, les médias occidentaux ont qualifié ces plus de 4 000 explosions d'« attaques ciblées » et ces appareils – utilisés par des médecins, des livreurs et d'innombrables autres professionnels – des « bipeurs du Hezbollah ».

En l'espace de deux jours et dans tout le pays, plus de quatre mille explosions ont enflammé l'intimité vulnérable des corps de nombre de personnes, parmi lesquelles des jeunes enfants, qui se trouvaient à la maison avec des enfants, dans des épiceries ou des pharmacies, ou qui conduisaient sur les autoroutes, leur voiture devenant soudainement incontrôlable.

Les hôpitaux du pays ont été débordés, avec un afflux de blessés plus important que lors de l'explosion du port de Beyrouth le 4 août 2020. Les chirurgiens traumatologues ont décrit des blessures « comme ils n'en avaient jamais vu auparavant, principalement des blessures aux yeux et aux mains, dues au fait que les patients regardaient leur téléavertisseur avant qu'il n'explose ».

Cette tactique d'un sadisme inégalé, conçue pour provoquer des blessures mortelles, a été qualifiée de « brillante » et décrite comme étant d'une « précision ciblée » [par la presse occidentale].

Des hordes brunes sans visage

Non seulement les médias occidentaux ont-ils refusé de parler de terrorisme, mais aussi ont-ils eu du mal à contenir leur enthousiasme face à ce spectacle.

Même les médias qui ont publié des articles mentionnant les souffrances des civils libanais ou l'effondrement du secteur de la santé l'ont fait à côté d'autres articles vantant l'« audace », la « sophistication » et la « démonstration spectaculaire des prouesses technologiques d'Israël ». Sur les réseaux sociaux, d'innombrables experts ont comparé cette attaque avec jubilation à un film hollywoodien. Ils ont raison. Mais ce n'est pas la « technique d'espionnage » qui la fait ressembler à un film hollywoodien. C'est plutôt le fait qu'il y ait des hordes brunes sans visage qui peuvent être fauchées, tuées en masse sous les acclamations triomphantes du public.

Les personnes assassinées ne sont pas des individus qui, comme chaque individu, sont une étoile unique dans une constellation de relations et dont le décès modifie la gravité même de la partie de l'univers qui les entoure.

Non, ce sont des « figurants », qui ne méritent même pas d'être mentionnés au générique, et dont la mort n'est pas simplement passée sous silence, mais carrément célébrée. Telle est la réalité politique que non seulement Hollywood, mais aussi les médias occidentaux, reflètent et entretiennent. Une réalité dans laquelle le terrorisme est un crime évalué non par l'acte mais par l'auteur.

Je m'efforce depuis longtemps d'expliquer aux gens qui ne connaissent pas la situation de près le sentiment vertigineux que l'on éprouve en regardant son pays dévasté de l'étranger : la façon dont le sentiment d'impuissance est aggravé par la dissonance cognitive avec votre corps à un endroit, cocooné dans la sécurité d'un monde, alors que votre conscience est obnubilée par la terreur d'un autre monde.

Des personnes bien intentionnées demandent : « N'êtes-vous pas reconnaissant de ne pas être là-bas en ce moment ? ». Une question à laquelle il m'est impossible de répondre. Après tout, j'étais là, à m'inquiéter de savoir si l'aéroport fermerait avant le départ de mon vol, à compatir avec des amis à propos de l'anxiété incessante qui se transforme parfois en terreur pure et simple avec laquelle nous vivons depuis octobre.

Un choix difficile

Je mentirais si je ne disais pas que je suis reconnaissante d'être en sécurité. Je mentirais également si je ne disais pas que j'aimerais être de retour à Beyrouth. Parce que pour la première fois dans cette guerre, j'ai été forcée de regarder les événements principalement à travers le filtre déformant des médias occidentaux. Il m'est dès lors plus facile d'exprimer ce qui est si difficile dans le fait d'être partie.

La dissonance cognitive d'être en Occident alors que l'Orient brûle n'est pas simplement le décalage entre l'endroit où se trouve le corps et l'endroit où se trouve l'esprit. Il s'agit d'être dans un endroit où toutes les institutions respectées insistent sur le fait que cet incendie est juste et bon, peu importe combien il s'avère barbare ou sauvage.

Il n'y a rien de plus dissonant que de voir le langage aseptisé des médias occidentaux s'interposer entre moi et l'expérience viscérale de savoir ce que les gens vivent là-bas. Au moins, lorsque je suis là-bas, l'humanité de personne n'est remise en question – y compris la mienne. Je ne suis étranger à aucun des sentiments que je peux éprouver, ni à la peur, ni à l'anxiété, ni même, en fait surtout, à la tristesse.

Tout cela est reflété et affirmé par le monde environnant. Personne n'est sans visage ni superflu ; personne n'est sans passé ni proches. Même les pierres endommagées ont une histoire. L'apaisement mental est tel que l'on est souvent tenté de l'échanger contre la sécurité physique.

À l'horizon, il ne se profile aucun répit à cette dissonance.

Depuis le jour où j'ai commencé à essayer de mettre des mots sur l'horreur de ces derniers événements, Israël a effectué une « frappe aérienne ciblée » dans la banlieue de Beyrouth, à Haret Hreik, faisant s'effondrer deux immeubles résidentiels, tuant 45 personnes, en blessant 66 autres et rendant la guerre régionale de plus en plus inévitable.

Lundi, nous sommes entrés dans une guerre totale, le sud et l'ouest du Liban étant particulièrement décimés. Les pertes sont énormes : déjà 274 morts et 1 000 blessés [558 morts et plus de 1800 blessés au 24 septembre]

L'État d'Israël reproduit à la lettre le scénario de Gaza : il bombarde les ambulances et les routes menant aux hôpitaux, il ordonne aux gens d'« évacuer » et il bombarde ensuite les routes qui pourraient leur permettre de le faire. Pendant ce temps, les armes continuent d'affluer.

Et les prétextes à cette guerre ont déjà été formulés – et acceptés – comme ils l'ont été pendant toute une année. De même que tous les habitant·es de Gaza sont considéré·es comme des membres du Hamas, tou·tes les habitant·es du Liban sont considéré·es comme des membres du Hezbollah et tout cela serait ainsi de bonne guerre.

Le cauchemar que nous anticipions tous depuis un an est devenu réalité. Un cauchemar que tout le monde voyait venir et qui aurait pu être arrêté à n'importe quel moment.

Je ne peux rien faire d'autre que regarder les nouvelles et j'ignore quand – ou si – je pourrai rentrer chez moi à Beyrouth. Pour celles et ceux d'entre nous qui ont la chance de l'avoir, le choix est difficile. Comme le dit un ami qui vit aux États-Unis depuis quelques années : « Soit je suis dans les flammes, soit je suis à l'endroit qui allume le feu ».

*

Lina Mounzer est une écrivaine et traductrice libanaise. Son travail a été publié dans The Paris Review, Freeman's, The Washington Post et The Baffler, ainsi que dans les anthologies Tales of Two Planets (Penguin : 2020) et Best American Essays 2022 (Harper Collins : 2022). Elle est rédactrice en chef du magazine artistique et littéraire The Markaz Review.

Cet billet est paru initialement sur le site Middle East Eye.

Illustration : Village de Zeita au Sud Liban, le 23 septembre 2024. Source : Mahmoud Zayyat, AFP.

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France : Communiqué intersyndical Pour les salaires, les services publics, l’abrogation de la loi retraites le 1er octobre en grève et en manifestation pour nos droits !

1er octobre 2024, par Collectif — , ,
Nos organisations syndicales et de jeunesse appellent à manifester et à faire grève pour qu'enfin les urgences sociales, exprimées dans les mobilisations comme dans les urnes, (…)

Nos organisations syndicales et de jeunesse appellent à manifester et à faire grève pour qu'enfin les urgences sociales, exprimées dans les mobilisations comme dans les urnes, soient entendues !

Tiré de Entre les lignes et les mots

Retraites, salaires, services publics, c'est sur ces sujets centraux pour la population que nous pouvons gagner et arracher des victoires au moment où le président de la République et l'alliance jusqu'à l'extrême droite cherchent à imposer contre la volonté générale le maintien du cap libéral et autoritaire.

Nous avons été des millions à nous mobiliser pendant plus de 6 mois contre la retraite à 64 ans. Emmanuel Macron a décidé de passer en force mais a été sanctionné par une lourde défaite aux élections législatives. Nous pouvons donc maintenant gagner l'abrogation de la réforme des retraites !

Nos salaires, pensions, bourses et minima sociaux ne peuvent plus régresser face à l'inflation ! C'est la raison pour laquelle nous rejoignons l'appel des organisations de retraité·es ce même 1er octobre pour exiger l'augmentation des pensions et des salaires, un Smic à 2000 euros et l'indexation des salaires sur l'inflation. Partout, dans les entreprises et les administrations, faisons grève pour obtenir l'augmentation de nos salaires et la fin des inégalités entre les femmes et les hommes !

Nos services publics sont à bout de souffle. Exigeons les moyens financiers et humains pour l'hôpital, les soins, l'éducation, l'enseignement supérieur, la recherche, l'environnement… pour permettre l'accès de tous et toutes à des services publics de qualité.

Les licenciements se multiplient dans l'industrie car les grands groupes continuent à délocaliser. Pourtant, les dividendes atteignent des records et, chaque année, 170 milliards d'euros d'aides publiques sont distribués sans contrepartie aux entreprises. Mobilisons-nous pour gagner l'arrêt immédiat de tous les licenciements, la relocalisation et la transformation environnementale de notre industrie !

Les jeunes sont parmi les premier·es à subir ces politiques de casse sociale. Il est urgent de mettre la jeunesse en protection sociale, de réformer le système des bourses et d'abolir la sélection à l'entrée de l'université.

Le 1er octobre marque le début des discussions sur le budget de l'État et de la Sécurité sociale à l'Assemblée nationale. C'est le moment de gagner qu'enfin les plus riches et les multinationales soient taxés pour financer nos services publics, la justice sociale et environnementale. C'est le moment de gagner l'abrogation de la réforme des retraites !

C'est maintenant qu'il faut peser et gagner. Ce ne sera possible que par un rapport de force clair et massif. Toutes et tous en grève le 1er octobre.

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