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Un premier campement qui investit l’espace public pour dénoncer la complicité du Québec

23 juin 2024, par collectif « Désinvestir pour la Palestine » — , ,
Tiohtià:ke/Moonyang/Montréal, le 22 juin 2024 - Aujourd'hui, le collectif « Désinvestir pour la Palestine » a établi un campement au Square Victoria, près des bureaux de la (…)

Tiohtià:ke/Moonyang/Montréal, le 22 juin 2024 - Aujourd'hui, le collectif « Désinvestir pour la Palestine » a établi un campement au Square Victoria, près des bureaux de la Caisse de dépôt et placement du Québec (CDPQ) et du Ministère des Relations internationales et de la Francophonie (MRIF).

La CDPQ est le deuxième plus grand fonds de pension au Canada, avec des investissements de 432 milliards $ en 2023. Nous exigeons que la CDPQ arrête de financer le génocide en Palestine. En date du 31 décembre 2023, la CDPQ détenait 14,2 milliards de dollards d'investissements dans 87 entreprises complices du génocide, de l'occupation israélienne et des violations des droits du peuple palestinien, ce qui représente 3% de ses investissements.

À travers le lancement du Campement populaire Al-Soumoud, nous rejoignons le mouvement international contre le génocide et la violence coloniale d'Israël à Gaza et en Palestine. Malgré la pression croissante, le silence et la complicité des institutions canadiennes et québécoises se poursuivent. Il est temps de hausser le ton et d'interpeller les institutions publiques complices des violations des droits humains et du droit international.

Deux revendications du collectif Désinvestir pour la Palestine

Le Campement populaire Al-Soumoud s'inscrit dans la continuité des campements étudiants qui appellent au désinvestissement des institutions d'enseignement canadiennes et québécoises.

Revendication # 1 - Nous exigeons que la CDPQ se départisse immédiatement de ses 14,2 milliards de dollars d'investissements dans les 87 entreprises identifiées comme complices de l'occupation israélienne.

La CDPQ doit également mettre en place un processus transparent de contrôle pour garantir qu'aucune entreprise dans laquelle elle investira à l'avenir n'est associée à des violations des droits humains et du droit international.

Revendication # 2 - Nous exigeons du gouvernement du Québec la fermeture immédiate du bureau du Québec en Israël. Accroître les relations commerciales et la coopération diplomatique avec Israël participe à légitimer le génocide et le nettoyage ethnique du peuple palestinien.

L'intifada s'élargit !

Dans la multitude d'actions entreprises dans les quatre coins du monde en solidarité avec le peuple palestinien depuis le début du génocide, le campement de l'Université de Columbia avait lancé un mouvement étudiant d'envergure qui s'est propagé dans plus de 150 universités dans le monde.

Le collectif « Désinvestir pour la Palestine » appelle à l'élargissement de cette lutte en multipliant les zones libres et en investissant l'espace public, en plus de celui des institutions universitaires.

Campement populaire Al-Soumoud

Soumoud, signifiant « résilience » ou « persévérance inébranlable en la résistance » en arabe, est mis à l'honneur dans ce campement. Le collectif a choisi de nommer cette nouvelle zone libre « Campement populaire Al-Soumoud » en hommage à la lutte de libération des Palestinien.ne.s, qui sacrifient leur chair et leur âme contre le colonialisme et les intérêts impérialistes dans la région.

Leur lutte est aussi la nôtre, et nous ne cesserons notre combat que lors de la libération totale et complète de la Palestine, car la lutte palestinienne a toujours été et restera une source d'inspiration pour nos propres combats, nous guidant vers notre libération collective.

Depuis les terres non cédées, nous appelons toutes les personnes de conscience à se joindre à nous pour exiger des actions concrètes de la part de nos institutions afin de rompre tout lien avec le génocide en cours à Gaza.

De l'Île à la Tortue à la Palestine libre, désinvestissons le génocide !

Collectif Désinvestir pour la Palestine

Collectif de citoyen.ne.s, militant.e.s et groupes de la société civile
engagés dans la lutte palestinienne à Tiohtià:ke/Mooniyang/Montréal.

desinvestirpourlapalestine@proton.me

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Québec : les dangers de l’utilisation du « trop d’immigrant.es » ?

22 juin 2024, par André Jacob
André Jacob Le 17 juin, dans une entrevue assez complaisante avec le journaliste Patrice Roy à Radio-Canada, le premier ministre Legault a repris son bâton de propagandiste (…)

André Jacob Le 17 juin, dans une entrevue assez complaisante avec le journaliste Patrice Roy à Radio-Canada, le premier ministre Legault a repris son bâton de propagandiste avec brio. Fort à l’aise dans un discours identitaire décomplexé, il a martelé ses clichés fétiches : trop de demandeurs (…)

Lettre ouverte du personnel mis à pied du Centre justice et foi

21 juin 2024, par Comité de soutien aux employé-es mis à pied du Centre justice et foi — , ,
Auteur : Le personnel mis à pied du Centre justice et foi et de la revue Relations Source : tiré du site so

Auteur : Le personnel mis à pied du Centre justice et foi et de la revue Relations
Source : tiré du site soutenonslesemployesducjf.org

Cela fera bientôt trois mois que le conseil d'administration (CA) du Centre justice et foi (CJF) annonçait sa décision d'en suspendre toutes les activités jusqu'à nouvel ordre et de mettre à pied son équipe de travail pour une période indéterminée, en invoquant des défis organisationnels, opérationnels et financiers très vagues et peu convaincants.

Cette décision incompréhensible, effective le 22 mars 2024 et annoncée avec à peine 2 jours d'avis aux employé-es du CJF, a suscité une vague d'indignation et de solidarité qui nous a beaucoup touché-es, voire bouleversé-es, nous le personnel mis à pied si cavalièrement par une œuvre jésuite censée avoir la justice sociale et la solidarité au cœur de sa mission. Plusieurs lettres ouvertesont été publiées dans les médias, détaillant les graves conséquences de cette décision pour Relations et le secteur Vivre ensemble du CJF, particulièrement, ainsi que le caractère contreproductif d'une suspension des activités qui affaiblit dramatiquement l'organisme qu'on prétend pourtant vouloir pérenniser en procédant ainsi. Nous avons nous-mêmes expliqué de manière détaillée plusieurs de ces conséquences au CA, qui a admis ignorer un grand nombre de celles-ci. Quelque 1300 personnes, parmi lesquelles d'importantes figures des milieux religieux, politique, social, communautaire, artistique et littéraire, ont également signé la déclaration publique « Solidarité avec le personnel mis à pied du Centre justice et foi ! », lancée par le comité de soutien qui s'est formé spontanément pour nous appuyer dès les premiers jours. Nous avons aussi reçu plusieurs lettres d'appui et de généreux dons.

Le silence de notre part n'est plus possible

Jusqu'ici, l'équipe mise à pied est toutefois demeurée discrète. Il faut comprendre que la manière si irrespectueuse de traiter des employé-es – dont certain-es cumulent jusqu'à 12, 17, voire 25 ans de service – a été vécue comme un véritable traumatisme, quoi qu'en dise le communiqué du CA qui assurait que tout cela se passait « sans heurts pour les employés »… Alors que nous avons donné le meilleur de notre temps et de nos talents pour une mission qui touchait nos valeurs profondes de justice et de solidarité, nous vivons des sentiments de dévalorisation, de trahison et de mépris. D'une année à l'autre, le CA et le Provincial des Jésuites du Canada nous félicitaient pourtant pour la qualité de notre travail et de notre engagement, et ce, encore en décembre dernier lors de la visite annuelle du Provincial – lui qui a plus d'une fois qualifié le CJF de « phare dans la nuit » ces dernières années !

Le CJF a, de plus, été parmi les instances les plus engagées dans le discernement sur les préférences apostoliques universelles de la Compagnie de Jésus et dans le processus d'appropriation nécessaire à leur mise en œuvre dans son travail comme dans celui des autres œuvres jésuites canadiennes. Cette contribution a, elle aussi, été régulièrement soulignée et reconnue. C'est donc bien plus que notre gagne-pain dont nous avons été privé-es de manière brutale, mais bien du sens profond de notre engagement au sein de cette œuvre jésuite qu'est le CJF. Nous en demeurons profondément blessé-es et nous, ainsi que nos proches, traversons une difficile période de deuil.

Le sentiment d'injustice est d'autant plus grand qu'à aucun moment la suspension complète des activités et la mise à pied de l'ensemble de l'équipe de travail n'ont été évoquées explicitement, ni par la direction, ni par le CA, comme étant une option possible face aux défis budgétaires que connaît le CJF. Surtout, à aucun moment le CA ou la direction n'ont proposé à l'équipe de solutions précises et concrètes pour remédier à cette situation. Soyons clairs : il n'est pas question pour nous de nier ces défis, qui sont du reste semblables à ceux que vivent bien d'autres organismes similaires. La situation était connue de tous : depuis 2018, les jésuites réduisent considérablement leur subvention annuelle au CJF. En conséquence, entre 2018 et 2022, un travail important avait été mené et l'autofinancement est passé d'un peu moins de 30% à 55%. Si le soutien des jésuites du Canada est fondamental, ces derniers sont donc loin d'assurer seuls la pérennité du CJF, contrairement à ce qu'on pouvait déduire du communiqué qu'ils ont diffusé aux médias, le 9 mai dernier.

De plus, l'amélioration de l'autofinancement a été faite tout en préservant une réserve financière substantielle dont dispose encore en partie le CJF et dont il aurait pu se prévaloir, si le CA l'avait souhaité, pour éviter des mises à pied contreproductives et pour mettre en place ce qu'il faut pour assurer la pérennité de l'œuvre.

Dans ce contexte, quel sens peut avoir l'interruption abrupte des activités et, par le fait même, la campagne de financement 2024 ? Le tout en nuisant aux abonnements et subventions de Relations, en choquant des bailleurs de fonds ainsi que des donateurs, dont certains ont suspendu leurs dons – y compris des legs testamentaires ?
Une planification stratégique aux contours ambigus…

Alors que la priorité aurait dû être mise sur la poursuite des démarches d'autofinancement, les efforts pour aller chercher des revenus supplémentaires ont décliné après le départ d'Élisabeth Garant en 2022. Ni les personnes qui lui ont succédé, ni le CA ne se sont montrés très proactifs sur ce plan. Pire, en février dernier, des membres de l'équipe ont réussi à déposer une importante demande de subvention au ministère du Patrimoine canadien pour le renforcement organisationnel du CJF ; l'initiative a reçu un accueil glacial par le CA, qui a insisté pour dire qu'il se réservait le droit de refuser les sommes si jamais la subvention nous était octroyée.

En fait, bien plus que des stratégies d'autofinancement, à partir de l'automne 2023, ce qui semblait accaparer l'attention du CA était plutôt la tenue urgente d'une planification stratégique dans laquelle on semblait placer tous les espoirs, mais dont les contours et les échéanciers nous ont toujours été présentés de manière très vague.

Notre équipe s'y était tout de même préparée avec sérieux et avait des propositions concrètes pour assurer un avenir à cette œuvre unique qu'est le CJF, qui n'avait rien perdu de son dynamisme et de sa pertinence. Et bien que nous ayons eu à vivre l'échec d'une première nouvelle direction après le départ d'Élisabeth Garant (qui était en poste depuis 2007), et malgré une gestion intérimaire menée à temps partiel, entre janvier et mai 2023, nous n'avons ni abandonné le bateau, ni réduit la qualité de notre engagement, ni négligé le 40e anniversaire du CJF tout au long de l'année 2023, bien au contraire. Nous sommes resté-es et nous souhaitions tous et toutes ardemment qu'une stabilité s'installe enfin avec l'arrivée de la nouvelle directrice générale, Isabelle Lemelin.

À peine quelques mois après son arrivée, Mme Lemelin nous a informés de l'importance que semblait accorder le CA à la tenue d'une planification stratégique, et elle nous a répété qu'elle plaidait sans toujours beaucoup de succès en faveur de l'inclusion de l'équipe dans ce processus. Elle a laissé entendre plus d'une fois que le CA voulait faire cette démarche sans les employé-es. Finalement, un comité de pilotage incluant des membres de l'équipe et du CA a fini par voir le jour en février dernier pour déterminer les étapes de ce processus et trouver le ou la consultante qui nous accompagnerait dans la démarche. Mais peu de temps après, nous apprenions que le CA avait procédé unilatéralement au choix de cette personne. C'était quelques semaines à peine avant qu'il procède à notre mise à pied.

Depuis, dans nos communications avec le CA et la direction, la participation de l'équipe demeure une inconnue.

Nos propositions et idées continuent d'être refusées

Si nous avons été discrèt-es jusqu'ici, c'est aussi parce que malgré ce contexte délétère, nous avons été très actifs et actives pour tenter de sauver ce qui pouvait encore l'être. Dès le moment où nous avons été informé-es de notre mise à pied, le 19 mars, nous avons fait de nombreuses offres, demandes et propositions au CA et à la direction. Malheureusement, aucune d'entre elles n'a été retenue.

Ainsi, le 20 mars dernier, nous avons demandé formellement au CA de reporter la suspension des activités afin de pouvoir boucler adéquatement nos dossiers et réduire les conséquences importantes sur le plan financier et réputationnel d'un tel arrêt non planifié. Bien que nous proposions de le faire en recevant la moitié de notre salaire pendant un mois, la proposition a été refusée par le CA. Parmi les raisons évoquées par certains membres du conseil pour justifier ce refus, figurait notamment la crainte que nous nous adonnions à du sabotage, rien de moins ! Ensuite, le 12 avril, en détaillant pourquoi nous estimions que rien de sérieux ne pouvait justifier notre mise à pied et qu'il s'agissait vraisemblablement d'un congédiement déguisé, nous avons demandé au CA de réintégrer l'équipe pour le 1er mai, notamment afin de participer activement au processus de planification stratégique que nous avions appuyé. Devant le rejet de cette nouvelle demande et le constat que la confiance était rompue, nous avons proposé au CA et à la direction, le 14 mai dernier, de mandater une personne médiatrice – choisie avec l'accord de toutes les parties –, afin de tenter de rétablir un climat de confiance indispensable à tout dialogue. Là encore, ce fut l'impasse, le CA et la direction estimant qu'il revient à eux-seuls de « structurer la démarche », les grandes orientations et les priorités du CJF avant d'envisager une médiation.

Nos démarches ont donc été systématiquement écartées. Cela dit, la pression exercée par les partenaires et alliés du CJF sur les autorités concernées leur a tout de même permis de comprendre en partie l'injustice financière dont le personnel était victime. Ainsi, nous avons appris récemment que la direction et le CA du CJF ont finalement décidé d'offrir un complément à l'assurance-emploi au personnel mis à pied, dans le cadre du Programme de prestations supplémentaires de chômage (PSC). Chaque personne admissible recevra donc 95% de son salaire pendant 15 semaines, mais la mesure n'est pas rétroactive. Le CJF nous versera donc l'équivalent de près de la moitié de notre salaire pendant cette période, lors de laquelle nous ne ferons aucun travail…

Si elle réduit l'insécurité financière qui nous a été imposée, cette nouvelle est cependant loin de nous réjouir. Nous trouvons aberrant d'être payé-es sans pouvoir activement jouer le rôle que nous devions jouer comme équipe dans la planification de l'avenir du CJF, dont on nous exclut de facto. Le CA et la direction continuent vraisemblablement de vouloir réaliser en vase clos la réflexion visant à assurer la pérennité du CJF et de la revue Relations alors que ce sont les membres de l'équipe qui connaissent non seulement le fonctionnement du Centre et son inscription dans l'histoire de la présence jésuite au Québec, mais aussi ses partenaires ainsi que ses nombreux collaborateurs et collaboratrices. C'est cette équipe, avec la direction, qui réalise depuis de nombreuses années l'analyse collective et le discernement en commun sur les enjeux sociaux de l'heure. Comment comprendre une telle fermeture de la part du Conseil d'administration, de la direction actuelle et des autorités jésuites ? Tout cela nous choque profondément.

Quel est le véritable enjeu ?

À la lumière de tout ceci, on peut remettre en doute la version officielle présentée par les jésuites et le CA voulant que ce soient des problèmes d'ordre financier et organisationnels qui aient motivé la décision de mettre à pied presque tout le personnel.
Les coûts importants découlant des décisions du CA – de l'interruption abrupte des activités, susceptible d'entraîner des pertes de revenus importantes, au versement de prestations de chômage équivalant environ à la moitié de nos salaires, pour ne nommer que celles-là – laissent clairement penser que l'organisme avait encore une marge de manœuvre pour trouver collectivement des solutions. D'ailleurs, lorsque le CA nous a annoncé notre mise à pied, certains de ses membres l'ont avoué d'emblée : « l'argent n'est pas vraiment le problème », nous a-t-on répété.

Alors quel est le vrai problème ? Quels sont les vrais motifs justifiant cet immense gâchis, qui risque de réduire au silence une voix unique au Québec, si le CJF et la revue Relations ne se relevaient pas de cette crise, ce qui est malheureusement une possibilité, vu l'ampleur des dégâts ? Pourquoi le CA et les jésuites semblent si déterminés à exclure l'équipe de travail du processus de réflexion sur l'avenir du CJF, quitte à les mettre à pied et à les payer à ne rien faire ?

Une différence de culture ?

Rappelons ici quelques faits historiques qui nous semblent importants dans le contexte de cette crise. Dès la fondation du CJF, la province jésuite du Canada français a approuvé le choix d'appeler ce Centre « justice et foi » – et non « foi et justice » – en s'appuyant sur la conviction des co-fondateurs que l'engagement pour la justice au cœur du projet de ce centre social est intrinsèquement « un idéal qui est transcendance » (texte de référence 2007). Cette orientation est donc très différente, dès le départ, de celle prise par la Province du Canada anglais pour son centre social à Toronto, qui consistait à partir de la foi pour s'engager vers la justice. Et il nous semble que la crise que traverse le CJF en ce moment a quelque chose à voir avec cette différence fondamentale dans la façon de faire Église en contexte séculier. Cette différence de culture est particulièrement patente depuis 2018, lorsque les deux provinces jésuites du Canada ont été réunies en une seule, dans laquelle les francophones sont devenus minoritaires, en particulier au sein de l'administration.

La posture que proposaient les jésuites québécois fondateurs du CJF consistait à s'investir dans les débats sociaux à partir de la réalité des personnes appauvries, d'utiliser un langage significatif et rassembleur pour les femmes et les hommes préoccupé-es par la justice, et d'apporter une contribution au sein des instances démocratiques de la société québécoise. Cela, en développant une culture organisationnelle empreinte de synodalité, de coresponsabilité et de véritable partenariat entre jésuites et non-jésuites, chrétiens et non-chrétiens, intellectuels et militants sociaux, hommes et femmes, membres de la majorité historique et Québécois-es issu-es de l'immigration.

Depuis sa fondation, la mission du CJF est portée par des personnes animées par un idéal de justice sociale et enracinées dans des convictions diverses. Nous, membres de l'équipe actuelle, avons appris à traduire le fondement ignatien de l'œuvre en termes séculiers, audibles et recevables, à l'interne comme à l'externe, afin que la mission du CJF ait non seulement tout son sens mais une portée dans la société québécoise. Il semble que nous y parvenions bien, puisque notre travail et notre professionnalisme étaient largement appréciés et reconnus, notamment par certaines des mêmes personnes qui nous excluent aujourd'hui des réflexions sur l'avenir du CJF.

Nous ne demandons qu'à soutenir la nouvelle direction dans cet exercice. Rappelons que cette dernière, encore en probation, n'est en poste que depuis juin 2023 (sans compter 3 mois d'absence), et qu'elle n'a pas d'ancrage dans le monde jésuite et ignatien. Comment ne pas trouver que notre expertise n'est pas respectée, en voyant que les jésuites se sentent obligés de signifierpubliquement leur appui à une nouvelle directionqui aurait, dit-on, une « vision » et des « idées » – dont nous ignorons tout – et qui, visiblement, nécessitent notre mise à l'écart pour s'imposer ? Tout cela pose de nombreuses questions.

Penser - et sauver - l'œuvre collectivement

Ce qui est aussi majeur dans l'héritage du CJF c'est la démarche collective faite par plusieurs jésuites pour donner naissance à ce centre social. Bien que l'un ou l'autre des co-fondateurs ait pu avoir des idées fortes et des intuitions porteuses, c'est ensemble qu'ils en ont déterminé les grandes lignes de fondation et c'est ensemble, en tant que Province, que les jésuites du Canada français ont décidé d'en faire une œuvre majeure de leur action au Québec à l'époque.

De la même façon, nos prises de position sur des enjeux complexes et sensibles découlaient de discussions et de discernements en commun au sein de l'équipe afin de déterminer des orientations auxquelles tous les membres pouvaient consentir, bien qu'elles ne soient pas nécessairement tout à fait leurs positions respectives. Ces démarches collectives ont demandé une certaine humilité de toutes les personnes, suscitant le développement d'une générosité intellectuelle et humaine propre à la manière de procéder particulière au CJF.

Ainsi, nous sommes d'avis que toute solution à la crise que traverse actuellement le Centre ne pourra venir que de ce qui a toujours fait sa force, à savoir sa capacité à discerner collectivement les enjeux et les défis à relever. Si le CA est sérieux lorsqu'il dit vouloir rouvrir le Centre d'ici la fin de l'été et demeurer fidèle à sa mission, il ne peut espérer que nous rentrions au travail comme de simples exécutant-es d'une mission décidée par d'autres derrière des portes closes ; le faire serait dénaturer l'esprit au fondement même du CJF. L'équipe doit être au coeur des discussions.

Sans quoi le CJF survivra peut-être, mais il ne sera plus qu'une coquille vide dans laquelle sa mission de justice sociale sonnera bien creux… Et nous ne pourrons conclure qu'une seule chose : la décision du CA visait dès le départ à faire table rase en poussant l'équipe à démissionner afin de relancer le CJF sans elle, dans une version édulcorée.

Le personnel mis à pied du Centre justice et foi et de la revue Relations.

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Où loge l’entraide ?

21 juin 2024, par Jimmy St-Gelais — , ,
Il est de croyance populaire de penser que la crise du logement actuelle se cantonne uniquement dans les grands centres comme Montréal ou Québec. Dans ma ville, Saint-Jérôme, (…)

Il est de croyance populaire de penser que la crise du logement actuelle se cantonne uniquement dans les grands centres comme Montréal ou Québec. Dans ma ville, Saint-Jérôme, ses effets se font grandement sentir avec une itinérance plus visible et c'est dans ce contexte que j'ai découvert, à la suite de discussions avec des amis, un organisme qui vient en aide aux locataires et aux assistés sociaux en ces temps difficiles. Étant plutôt
conscientisé aux causes sociales, j'ai décidé alors de cogner à sa porte et j'ai été accueilli chaleureusement par Monique Côté, une femme engagée qui est aussi intervenante au Carrefour d'Actions Populaires.

L'organisme, localisé dans le centre-ville de Saint-Jérôme, fondé à l'origine par Dolores Léger, sœur du Bon Conseil, célébrera sa 35e année d'opération le 25 septembre prochain. Bien qu'au départ, il s'occupe surtout à briser l'isolement avec des ateliers, la défense des droits et une cuisine communautaire, l'OBNL se voue désormais à donner des ateliers d'information et des rencontres individuelles aux locataires ainsi qu'aux assistés sociaux en leur faisant connaître leurs droits, en les rendant plus autonomes et en les appuyant dans la préparation de leurs dossiers en rapport à l'aide sociale ou au logement.

L'intervenante me racontait que les appels pour des demandes d'aide sont passés, dans la MRC de La Rivière-du-Nord, de 700 par année avant la pandémie à plus de 1400 l'année dernière ! Ainsi, 90 % des demandes concernaient des cas de « rénoviction », de reprises de logement, d'insalubrité ou de hausses injustifiées du loyer qui n'étaient pas en conformité avec la Loi et qui aboutissaient donc devant le Tribunal administratif du logement (anciennement la Régie du logement).

Madame Côté en a vu de toutes les couleurs au fil des années, des locataires démunis au bord des larmes ou même des ménages entiers jetés à la rue, qui n'avaient pas les moyens financiers de se payer un avocat pour se défendre ou qui n'ont simplement pas les outils pour comprendre leurs droits et cela à un tel point que 80 % acceptent l'éviction au lieu de se battre par crainte de subir le harcèlement de leurs propriétaires.

La Loi devrait être modifiée, affirme Madame Côté, pas seulement subir un moratoire de trois ans sur les évictions comme vient de le décréter le gouvernement, car l'ensemble de la Loi sur le Tribunal administratif du logement facilite les évictions en raison de rénovations, de subdivisions et agrandissements des logements ou encore de changements d'affectation tel que les « Airbnb », donnant ainsi la possibilité aux propriétaires de changer de locataires tout en augmentant le prix du loyer par la suite
selon les aléas du marché. Une autre possibilité légale pour le propriétaire est d'accueillir dans le logement un parent proche, sa mère ou son père par exemple, et de la sorte évincer l'ancien locataire.

Cependant, quelques propriétaires informent leurs locataires de ce genre de projets pour les obliger à déménager, mais une fois la chose faite, ne débutent pas leurs projets ! Le cas le plus patent fut celui d'une dame âgée qui a quitté son logement après avoir été informée par son propriétaire de son intention d'accueillir un membre de sa famille dans le
logement. Par contre, la dame a constaté, quelques jours plus tard, que son logement était disponible dans les petites annonces sur internet avec une hausse substantielle du loyer ! Bien que la majorité des propriétaires soient honnêtes, ce genre de dossiers ne constitue pas une exception, selon l'intervenante du CAP.

Un autre défaut de la Loi, de dire Madame Côté, est que le fardeau de la preuve revient toujours au locataire, qui doit alors mettre toutes ses énergies et parfois débourser de ses poches souvent bien peu garnies pour mettre en demeure le propriétaire et éventuellement le poursuivre au Tribunal administratif du logement, ce qui constitue, selon elle, une grande injustice.

Malgré tous ces besoins sociaux, l'organisme du Carrefour d'Actions Populaires est en difficulté. Le financement, que cela soit du gouvernement ou des dons individuels, n'est pas à la hauteur de la demande de service grandissante au CAP, un peu comme tous les organismes communautaires au Québec. Les soupes populaires, par exemple, ont aussi de la difficulté à assurer leur pérennité.

Mais le véritable problème portant atteinte à la survie du CAP réside dans le manque de relève comme nous pouvons le constater dans plusieurs autres sphères d'activité. Phénomène qui peut probablement être observable dans tout autre organisme communautaire du genre au Québec. En effet, l'âge moyen des membres (réguliers ou sympathisants) est plutôt élevé, ce qui accentue la nécessité d'une prise de conscience collective pour réunir de nouveaux adhérents à la cause et c'est précisément le but de cette lettre ouverte à l'approche du 1er juillet et de la saison des déménagements. Même
un nouveau site internet a été créé récemment afin de faire connaître encore plus le CAP et de donner aussi la possibilité aux personnes intéressées de devenir gratuitement membres sympathisants en quelques clics.

Évidemment, les récentes annonces de construction de logements sociaux et l'établissement du moratoire temporaire de trois années sur les évictions (sauf en cas de reprise de logement par un membre de la famille du propriétaire) donnent un répit aux locataires. Toutefois, les effets de ces nouvelles mesures risquent de prendre du temps avant d'être ressentis, un temps que plusieurs personnes évincées n'ont pas… ce qui démontre davantage la pertinence de l'existence d'organismes au Québec comme le Carrefour d'Actions Populaires à l'approche de cette nouvelle période de déménagements dans laquelle on se demande bien, parfois, où loge l'entraide ?

Pour rejoindre l'organisme
https://carrefouractionspopulaires.org/

Jimmy St-Gelais, membre sympathisant

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Anarchisme, anarchosyndicalisme, nationalisme et sionisme | Frank Mintz, 2004

https://liberteouvriere.com/wp-content/uploads/2024/06/20087b4c7535596fa09080bf745a0661.jpg https://0.gravatar.com/avatar/08b9589eb27d3c06729f93084302d98e4131a5e1c0977a835d8b57b967e3a53b?s=96&d=identicon&r=G20 juin 2024, par liberteouvriere
« Il est certain qu’à partir du moment où les Juifs auront leur propre État, ils deviendront aussi réactionnaires et centralistes que toutes les autres nations.» -Emma Goldman

« Il est certain qu’à partir du moment où les Juifs auront leur propre État, ils deviendront aussi réactionnaires et centralistes que toutes les autres nations.» -Emma Goldman

Cuba since COVID : Communist Party represses social unrest | Boris Milián Díaz – June 2024

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Since 2020, there's been more than 900 people jailed for various acts of dissent. The peak was reached during the demonstrations of July 11th 2021 when the Cuban State shut the (…)

Since 2020, there's been more than 900 people jailed for various acts of dissent. The peak was reached during the demonstrations of July 11th 2021 when the Cuban State shut the door to any possible dialogue between the common people and the rulers. Many intellectuals found this to be a turning (…)

Amazon achète du temps au Tribunal administratif du travail

https://etoiledunord.media/wp-content/uploads/2024/06/tat-1024x755.png20 juin 2024, par Comité de Montreal
Le vendredi 14 juin, Amazon a affronté la CSN devant le Tribunal administratif du travail (TAT) du Québec. Dans une tentative désespérée d'échapper à son obligation de négocier (…)

Le vendredi 14 juin, Amazon a affronté la CSN devant le Tribunal administratif du travail (TAT) du Québec. Dans une tentative désespérée d'échapper à son obligation de négocier avec les travailleurs du nouveau syndicat de son entrepôt DXT4 à Laval, Amazon conteste la validité de l'accréditation (…)

Deuxième édition du festival ARCHIPEL

20 juin 2024, par Marc Simard
L’auteur fait partie de l’Initiative de journalisme local Le 12, 13 et 14 juillet aura lieu le festival ARCHIPEL dans la ville de Kamourska et dans les villages aux alentours. (…)

L’auteur fait partie de l’Initiative de journalisme local Le 12, 13 et 14 juillet aura lieu le festival ARCHIPEL dans la ville de Kamourska et dans les villages aux alentours. C’est un festival innovant autant dans sa forme que dans son fond. La spécificité de la forme du festival tient dans (…)

C-27 | Un trio législatif… accommodant pour l’industrie

20 juin 2024, par Ligue des droits et libertés
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Retour à la table des matières Droits et libertés, printemps / été 2024

Un trio législatif… accommodant pour l’industrie

Anne Pineau, membre du comité Surveillance des populations, intelligence artificielle et droits humains de la Ligue des droits et libertés Le lancement du robot conversationnel ChatGPT-4 au printemps 2023 a créé une véritable onde de choc, au point d’amener des experts et industriels du secteur de l’intelligence artificielle (IA) à réclamer une pause de six mois dans le développement de systèmes plus puissants1. Comme si les experts n’avaient pas vu venir le train ; et comme si l’encadrement sécuritaire de tels outils pouvait se résoudre en 6 mois ! Le besoin pressant d’un cadre législatif solide en matière d’IA coule de source. Mal conçue ou mal utilisée, cette technologie peut être dommageable : hameçonnage, cyberharcèlement, discrimination, désinformation, manipulation, surveillance, atteinte à la vie privée et au droit d’auteur, impacts sur l’emploi et l’environnement, etc. Mais l’urgence ne saurait justifier l’adoption d’une loi au rabais.

La Charte du numérique

Depuis quatre ans, Ottawa tente de moderniser le régime fédéral de protection des renseignements personnels (RP) dans le secteur privé. Le projet de loi C-11, déposé en 2020, est mort au feuilleton en 2021. Il a été remplacé en juin 2022 par le C-27. Alors que C-11 ne concernait que les RP et la création d’un Tribunal des données, C-27 ajoute en catimini un troisième volet sur l’intelligence artificielle. C-27 vise donc l’édiction de trois lois : partie 1 : Loi sur la protection de la vie privée des consommateurs (LPVPC) ; partie 2 : Loi sur le Tribunal de la protection des renseignements personnels et des données (Loi sur le Tribunal) ; partie 3 : Loi sur l’intelligence artificielle et les données (LIAD). C’est le ministre de l’Industrie (Innovation, Science, ISDE) qui pilote le projet, ce qui en dit déjà long sur l’orientation donnée au dossier. Le C-27 est en examen devant le Comité permanent de l’industrie et de la technologie (INDU) depuis septembre 2023. Plus de 100 mémoires ont été soumis2 plusieurs critiquant vivement l’ensemble de l’œuvre. Nous faisons un survol des principaux reproches formulés à l’endroit de ce projet de loi omnibus.

1.   LOI SUR LA PROTECTION DE LA VIE PRIVÉE DES CONSOMMATEURS

La Loi fédérale qui encadre actuellement les renseignements personnels dans le secteur privé a été adoptée en 20003. Une modernisation tenant compte des avancées technologiques s’impose. C’est ce que tente de faire la LPVPC, la partie 1 de C-27. Notons que dans les provinces disposant d’une loi essentiellement semblable à la LPVPC, c’est la loi provinciale qui s’applique. Ainsi, la LPVPC n’aura pas d’application au Québec.

Droit à la vie privée

La LPVPC vise, selon son titre, à promouvoir le commerce électronique au moyen de la protection des renseignements personnels utilisés dans le cadre d’activités commerciales. Son objet est défini à l’article 5 : dans un contexte où « une part importante de l’activité économique repose sur l’analyse, la circulation et l’échange de renseignements personnels », la loi vient fixer des « règles régissant la protection des renseignements personnels d’une manière qui tient compte, à la fois, du droit fondamental4 à la vie privée des individus […] et du besoin des organisations de recueillir, d’utiliser ou de communiquer des renseignements personnels […] ». On mise donc sur un équilibre entre droit humain et activité économique, comme si les deux éléments pouvaient s’équivaloir ! De plus, cet équilibre n’est que façade car plusieurs autres dispositions de la loi font en réalité primer les besoins commerciaux de l’entreprise — ou organisation — sur le droit des individus. Comme le souligne le Centre pour la défense de l’intérêt public dans son mémoire : « Les récentes modifications apportées par le ministre dans le but d’ajouter la vie privée comme droit fondamental au préambule et à l’objet du projet de loi sont inutiles, car rien d’autre dans le projet de loi et, plus largement dans le cadre juridique, ne protège la vie privée en tant que droit de la personne ».

Sans consentement

En principe, le consentement est nécessaire pour recueillir, utiliser ou communiquer des RP. Mais en réalité le C-27 établit une multitude d’exceptions (art. 18 à 52). Certaines sont reprises de la loi actuelle. Mais plusieurs sont nouvelles. Il sera notamment possible de faire usage de RP à l’insu et sans le consentement de la personne concernée (voir encadré ci-dessous).
Exceptions prévues dans la Loi pour l’usage sans consentement des renseignements personnels :

•   pour des activités d’affaires art. 18 (1)

•   en vue d’une activité dans laquelle l’organisation a un intérêt légitime qui l’emporte (selon elle !) sur tout effet négatif que la collecte ou l’utilisation peut avoir pour l’individu art. 18 (3)

•   à des fins de recherche, d’analyse et de développement internes, si les RP sont d’abord dépersonnalisés art. 21

•   communication à des fins de statistiques ou d’étude ou de recherche lorsque le consentement est pratiquement impossible à obtenir art. 35

•   entre organisations en vue de la détection d’une fraude art. 27

•   à une institution gouvernementale pour une fin socialement bénéfique (si les RP sont d’abord dépersonnalisés) art. 39

•   pour l’application de la loi art. 43 à 46 et 49

•   à une institution gouvernementale (à sa demande ou de la propre initiative de l’organisation en cas de soupçons que les RP concernent la sécurité nationale, la défense du Canada ou la conduite des affaires internationales) art. 47-48

Notons que la dépersonnalisation consiste à « modifier des renseignements personnels afin de réduire le risque, sans pour autant l’éliminer, qu’un individu puisse être identifié directement ». Il s’agit d’un niveau de protection très faible. Comme le note le Commissaire à la protection de la vie privée (CPVP) dans son mémoire sur C-27 : « Compte tenu de la définition large de ce qui peut être considéré comme des renseignements dépersonnalisés au paragraphe 2 (1), les organisations pourraient, dans certaines circonstances, utiliser et communiquer une grande quantité de renseignements personnels, qui pourraient être repersonnalisés assez facilement, à l’insu ou sans le consentement de l’individu concerné5 ».
On mise donc sur un équilibre entre droit humain et activité économique, comme si les deux éléments pouvaient s’équivaloir! De plus, cet équilibre n’est que façade car plusieurs autres dispositions de la loi font en réalité primer les besoins commerciaux de l’entreprise — ou organisation — sur le droit des individus.
Il sera aussi permis d’utiliser les RP sans contrainte en les anonymisant puisqu’ils se trouvent alors exclus de la loi. Or, on sait que l’anonymisation est un procédé faillible et qu’un risque de réidentification demeure toujours possible. De plus, même anonymisés, les RP sont porteurs d’informations qui devraient faire l’objet d’un contrôle, comme le constate Brenda McPhail : « Considérant que même l’anonymisation des renseignements personnels est inefficace contre les pratiques de tri social, qui sont à l’intersection de la vie privée et de l’égalité, toutes les données dérivées de renseignements personnels, qu’elles soient identifiables, non personnalisées ou anonymisées, devraient faire l’objet d’une surveillance proportionnelle par le commissaire à la vie privée6 ».

Système décisionnel automatisé

L’organisation qui utilise un système décisionnel automatisé (SDA) pour faire une recommandation ou prendre une décision ayant une incidence importante sur une personne doit, à sa demande, lui fournir une explication (renseignements utilisés, principaux facteurs ayant mené à la décision). Ce droit à l’explication est fort restreint. Le CPVP note que « le fait de limiter cette obligation aux décisions qui pourraient avoir une incidence importante ne permettrait pas d’assurer la transparence des algorithmes ». Qui plus est, la loi n’offre aucun recours : pas le droit de s’opposer à ce qu’une décision soit prise par SDA et aucun droit d’appel de la décision.

Pouvoirs du CPVP

La loi accorde un nouveau pouvoir d’ordonnance au CPVP. Et les organisations pourraient écoper de fortes sanctions administratives en cas d’infraction à certaines dispositions de la loi. Malheureusement le commissaire ne peut que recommander et non imposer lui-même7 ces sanctions qui sont de la compétence du nouveau Tribunal des données.

2.   LOI SUR LE TRIBUNAL DE LA PROTECTION DES RENSEIGNEMENTS PERSONNELS ET DES DONNÉES

Cette loi (partie 2 de C-27) instituerait un nouveau Tribunal, agissant en appel des conclusions et décisions du CPVP. Ce tribunal statuera aussi sur les recommandations de sanctions administratives du commissaire. Il se compose de trois à six membres choisis par le gouverneur en conseil (gouvernement) sur recommandation du ministre. Plusieurs groupes ont condamné la création de ce Tribunal qui ne fera qu’étirer les délais et saper l’autorité du CPVP. De l’avis du CPVP dans son mémoire sur C-27 : « La création du Tribunal ajoute donc un palier de contrôle supplémentaire dans le processus causant des délais et des coûts additionnels ». Le commissaire propose plutôt de limiter les recours à un contrôle judiciaire directement en Cour d’appel fédérale.

3. LOI SUR L'INTELLIGENCE ARTIFICIELLE ET LES DONNÉES

La LIAD (partie 3 de C-27) n’a fait l’objet d’aucune consultation avant son dépôt, sauf peut-être auprès de l’industrie et de certains experts. De très nombreux groupes, dont la Ligue des droits et libertés (LDL), ont dénoncé ce fait et demandent le retrait de cette partie de C-27 jusqu’à la tenue de véritables consultations publiques8. On conteste également que le ministère de l’Industrie (ISDE) soit le principal voire l’unique rédacteur d’un projet de loi qui aura des impacts sur l’ensemble de la société.

Exclusion du secteur public

La LIAD se limite au secteur privé ; elle ne s’applique pas aux institutions fédérales (ministères, organismes publics, sociétés d’État). Elle ne s’applique pas non plus à l’égard des produits, services ou activités relevant : a) du ministre de la Défense ; b) du SCRS ; c) du Centre de la sécurité des communications ; d) de toute autre personne désignée par règlement. L’exemption gouvernementale a été décriée par de nombreux intervenants, dont la LDL. L’utilisation de l’IA par les institutions fédérales et organismes de sécurité doit faire l’objet d’un encadrement légal assurant un contrôle indépendant et public.

Objet de la loi

La LIAD vise l’établissement d’exigences canadiennes pour la conception, le développement et l’utilisation des systèmes d’intelligence artificielle (SIA) ainsi que l’interdiction de certaines conduites relativement aux SIA qui peuvent causer un préjudice sérieux aux individus (physique ou psychologique, dommages aux biens, perte économique) ou un préjudice à leurs intérêts. La loi ne prend donc en compte que le préjudice personnel et non les graves préjudices collectifs que peuvent engendrer les SIA. Cela est fortement critiqué.

Système d’IA à incidence élevée

La LIAD impose diverses obligations au responsable d’un système d’IA à incidence élevée (SIÉ), obligations qui peuvent varier selon qu’il gère ou rend disponible ce système : évaluation des effets négatifs potentiels, la prise de mesures pour évaluer et atténuer les risques, la mise en place d’une surveillance humaine, le signalement d’incidents graves, la publi- cation sur un site web de la description du SIÉ et la tenue de registres pertinents. Les amendements déposés en novembre dernier étendent ces obligations aux systèmes à usage général comme ChatGPT (voir l’encadré ci-dessous).
Ces amendements établissent en outre sept classes d’activités où l’utilisation de l’IA est considérée à incidence élevée : 1. décisions concernant l’emploi (recrutement, embauche, rémunération, etc.) ; 2. décision de fournir ou non un service à un particulier (ex. : prêt, assurance) ; 3. le traitement de données biométriques relativement à : a) l’identification d’une personne (sauf consentement) ou ; b) l’évaluation du comportement ou de l’état d’esprit d’une personne physique ; 4. la modération ou la priorisation de contenu sur les plateformes en ligne ; 5. les services de santé ou d’urgence ; 6. la prise de décision par les tribunaux ou les organismes administratifs ; 7. pour assister un agent de la paix dans l’exercice de ses fonctions liées au contrôle d’application de la loi.
D’autres classes pourraient être ajoutées par voie règlementaire et chaque secteur pourra faire l’objet d’une règlementation particulière. En renvoyant le tout à la règlementation, le gouvernement s’octroie un vaste pouvoir quant à la portée de la loi. De fait, la LIAD met en place un système d’autorégulation. C’est l’organisation elle-même qui évalue si elle opère un SIÉ. Pas de certification ou audit préalables des systèmes d’IA par un tiers indépendant. Tout au plus, le commissaire à l’IA (dont il sera question ci-après) pourra-t-il demander à voir l’évaluation réalisée par l’entreprise et signifier ou non son accord. Il pourrait aussi exiger une vérification s’il a des motifs raisonnables de croire qu’il y a eu contravention à certains articles de la loi. De son côté, le ministre pourrait exiger la mise hors service d’un SIA en cas de préjudice sérieux et imminent. Le tout n’a rien de rassurant. L’utilisation de l’IA pour les sept finalités de l’annexe n’est pas interdite, mais seulement soumise à quelques obligations, principalement règlementaires. Or chacun de ces secteurs devrait à lui seul faire l’objet d’une légis- lation (et non d’un règlement) fixant notamment des limites et des interdits. Pensons à la biométrie (incluant la reconnaissance faciale) pour laquelle le comité ETHI de la Chambre des communes réclamait en 2022 « Que le gouvernement définisse dans la ou les lois appropriées les utilisations acceptables de la technologie de reconnaissance faciale ou d’autres technologies algorithmiques et interdise les autres utilisations, dont la surveillance de masse9 ». Par ailleurs, les SIA n’entrant pas dans la catégorie à incidence élevée ou dans la classe système à usage général sont laissés à découvert, ce que de nombreuses organisations ont condamné : « Cela com- porte toutefois un problème du même ordre, l’accent mis actuellement sur les systèmes à incidence élevée étant fondé sur une mauvaise compréhension des conséquences cumulatives et corrélatives potentielles des systèmes à faible incidence qui n’atteindraient probablement pas ce seuil et échapperaient à la règlementation. » (Lettre collective10 signée par la LDL).

Mécanismes non indépendants

Le ministre de l’Industrie (ISDE), rédacteur de la LIAD, serait aussi chargé de sa règlementation, de sa surveillance et de son application. Le ministre pourra aussi désigner un cadre supérieur de son ministère au poste de Commissaire à l’IA. Le conflit d’intérêts est patent. Le ministre chargé de la promotion de l’industrie de l’IA ne saurait agir en toute indépendance dans l’application de la loi ; pas plus que son subordonné, le commissaire à l’IA. Cette faille a été signalée par de nombreux groupes, dont la LDL.

Conclusion

Le projet de loi C-27 a de la suite dans les idées. En multipliant les exceptions au consentement, il facilite la circulation, l’accès, l’utilisation et la communication de renseignements personnels (qu’ils soient nominatifs, dépersonnalisés ou anonymisés). Ce qui ne manquera pas de servir l’industrie de l’IA, toujours avide de données. Ce secteur économique profitera en outre d’un encadrement législatif minimal, supervisé par un ministre gagné à sa cause. Cela dit, évidemment, si C-27 est adopté dans sa forme actuelle…
  1. En ligne : https://futureoflife.org/open-letter/stoppons-les-experimentations-sur-les-ia-une-lettre-ouverte/
  2. Pour accéder aux différents mémoires cités dans ce Voir : https://www.noscommunes.ca/committees/fr/INDU/StudyActivity?studyActivityId=12157763
  3. Loi sur la protection des renseignements personnels et les documents électroniques, C. 2000, ch. 5.
  4. Le mot fondamental a été ajouté par un amendement déposé à l’automne par le ministre. Voir   :   https://www.ourcommons.ca/content/Committee/441/INDU/WebDoc/WD12633023/12633023/MinisterOfInnovationScienceAndIndustry-2023-10-20-f.pdf
  5. En ligne : https://www.priv.gc.ca/fr/mesures-et-decisions-prises-par-le-commissariat/memoires-presentes-dans-le-cadre-de-consultations/sub_indu_c27_2304/
  6. Témoignage de Mme Brenda McPhail (directrice exécutive par intérim, maitresse de programme de politique publique dans la société numérique, McMaster University, à titre personnel) devant le comité INDU, le 26 octobre 2023. En ligne : https://www.ourcommons.ca/DocumentViewer/fr/44-1/INDU/reunion-92/temoignages
  7. Sauf si violation d’un accord de conformité.
  8. En ligne : https://liguedesdroits.ca/lettre-collective-c-27-reglementation_intelligence_artificielle
  9. En ligne : https://www.noscommunes.ca/Content/Committee/441/ETHI/Reports/RP11948475/ethirp06/ethirp06-pdf
  10. En ligne : https://liguedesdroits.ca/lettre-collective-c-27-reglementation_intelligence_artificielle/

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Cette activité fera la critique de la démarche suivie par le gouvernement de la CAQ pour réaliser ce projet et mettra de l'avant la position de Québec solidaire et celles des syndicats et des groupes écologistes impliqués dans les mobilisations actuelles.

Rencontre citoyenne - Northvolt, critique d'un mégaprojet industriel
Date et heure 22 juin 2024 14:00

MANIÈRES DE REJOINDRE ZOOM
1. Rejoindre ZOOM avec un PC, un Mac, un iPad ou un appareil Android
Rejoindre la réunion
Si le bouton ci-dessus ne fonctionne pas, collez cet élément dans votre navigateur :
https://quebecsolidaire-net.zoom.us/w/81192581439?tk=n7LEY_kttTAYL8CIy9WnUUwxkzbIVW7LkxIVhGhGNrg.DQYAAAAS53R5PxZhekVmZjdsdFR6U3dsck1NejFuNnFRAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAA

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Déclaration du CISO sur la liberté d’expression en solidarité avec la Palestine

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Le Centre international de solidarité ouvrière (CISO) et ses membres saluent l'engagement des étudiant.e.s se mobilisant dans les campus universitaire afin de demander la fin du génocide envers les Palestiniennes et Palestiniens et le désinvestissement d'industries israéliennes complices des graves violations des droits humains, du droit international humanitaire et de crimes contre l'humanité à Gaza.

Leur mobilisation contribue non seulement à rehausser la pression en faveur du respect du droit à l'autodétermination du peuple palestinien, mais aussi, à défendre le respect du système de droit international, fragilisé par les actions d'Israël et la complaisance de nombreux États, dont le Canada.

Le CISO, à l'instar de la Ligue des droits et libertés du Québec, rappelle aux forces policières et aux dirigeant.e.s universitaires « que toutes les mesures doivent être prises pour assurer la sécurité des manifestant.e.s, de même que pour respecter et protéger le droit de manifester. Il s'agit d'un droit reconnu par les Chartes québécoise et canadienne, et non un simple privilège dépendant du bon vouloir des autorités ou bien, de certaines personnes ou organisations ».

Dans un contexte :

où se déroule présentement, de l'avis de nombreux expert.e.s des droits humains, dont à l'ONU, un génocide en Palestine ;

où, malgré les multiples mises en garde d'organisations internationales, de la Cour pénale internationale et de la Cour internationale de justice, Israël bombarde des écoles et des camps de réfugié.e.s qui n'ont nulle part où aller et qui souffent de la faim à Rafah et ailleurs ;

où des demandes d'injonction ont été déposées contre les campements universitaires, et

où la répression policière semble imminente ;

La participation à des manifestations et la liberté d'expression sont des droits fondamentaux dans une société démocratique, c'est pourquoi le mouvement syndical considère qu'ils doivent absolument être défendus. Ce sont quelques-uns des outils les plus puissants dont nous disposons pour défendre nos droits et nous les défendrons partout où les gens demandent justice.

Le CISO et ses membres réaffirment leur attachement envers ces droits, ils rappellent que ces occupations en milieu universitaire visent à dénoncer une situation d'une extrême gravité. En conséquence, ils demandent de ne pas judiciariser ces actions militantes, ni de réprimer ces mouvements solidaires par des interventions policières, que ce soit à l'Université McGill, à l'UQAM, à l'Université de Sherbrooke, à l'Université Laval ou ailleurs au Québec ou au Canada.

Le CISO rappelle que les dénonciations des actions illégales d'Israël ne constituent pas des actes antisémites, mais bien des actions légitimes de solidarité internationale avec le peuple palestinien.

Centre international de solidarité ouvrière (CISO)

Si vous êtes membre du CISO et que vous voulez co-signer cette lettre, vous pouvez envoyer un courriel au ciso@ciso.qc.ca.

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Northvolt : Aller de l’avant, en toute transparence

18 juin 2024, par Sylvie Cantin — , ,
À la suite de l'annonce du gouvernement Legault donnant le feu vert au projet Northvolt pour aller de l'avant avec la construction des premiers bâtiments de sa méga-usine de (…)

À la suite de l'annonce du gouvernement Legault donnant le feu vert au projet Northvolt pour aller de l'avant avec la construction des premiers bâtiments de sa méga-usine de cellules de batteries en Montérégie, nous, Mères au front – Rive-Sud, avons choisi de faire une mise à jour concernant notre positionnement tant sur nos demandes à Northvolt qu'à nos gouvernements devant les prochaines étapes annoncées.

Les impacts directs et indirects ne sont plus à démontrer, et pourtant, il nous faudra demeurer vigilantes et vigilants.

Nous tenons à rappeler que notre demande d'un examen du Bureau d'audiences publiques sur l'environnement (BAPE) pour ce qui s'inscrivait comme étant le projet industriel le plus important de l'histoire récente du Québec a non seulement été refusée, mais son rejet a été accompagné d'explications très discutables et non satisfaisantes aux yeux de la population, des organisations impliquées et des journalistes, qui se sont fait un devoir de donner l'heure juste.

Nous avons soulevé des questions sur la qualité de l'eau, de l'air ; sur les aspects écologiques et économiques du projet ; à propos de l'impact sur les écoles, les CPE, la circulation routière dans le secteur touché, et plus encore.

Des préoccupations pour la rivière Richelieu

La qualité de l'eau du Richelieu nous préoccupe particulièrement, puisque le terrain est fortement contaminé par endroits. Avec le déboisement et les travaux de construction, il y a des risques que ces éléments se retrouvent dans la rivière. De plus, les sédiments contaminés au fond de la rivière sont à risque d'être soulevés par les grandes quantités d'eau utilisées puis rejetées par Northvolt, libérant ainsi lesdits contaminants.

Sans compter les rejets d'eau potentiellement pollués par les processus de transformation, qui se retrouveront dans la rivière, sans avoir été testés dans leur intégralité par les usines d'épuration des eaux.

Entre mensonges et demi-vérités, ou simplement le néant du silence, nos questions sont demeurées, pour la plupart, dans les limbes des dédales administratifs et bureaucratiques du gouvernement et dans le secret des dieux des dirigeants de Northvolt.

Se positionner aujourd'hui, pour la suite

Voilà pourquoi nous nous positionnons haut et fort contre la manière dont le projet Northvolt a été mené jusqu'à maintenant – tant par l'entreprise que par les gouvernements fédéral, provincial et municipal. Nous, à l'instar de plusieurs groupes et comités citoyens de la région et d'ailleurs au Québec, exigeons d'une même voix que cette façon de mener les projets cesse immédiatement.

Considérant que nous n'avons toujours pas pu nous prononcer en faveur du projet Northvolt en raison des manquements énumérés précédemment, nous aimerions en revanche insister sur le fait que nous sommes pour :

que les gouvernements et l'usine s'assurent que la qualité de l'air et de l'eau ne soit pas compromise par le projet Northvolt ;

que les gouvernements et l'usine s'engagent à préserver la biodiversité restante sur le site en plus de compenser réellement celle perdue dans le processus.

Pour atteindre ces deux objectifs et rebâtir la confiance de la population envers nos décideurs et l'entreprise elle-même, nous demandons aux gouvernements et à Northvolt de changer d'approche et d'attitude en regard à la population dans tout ce qui suivra dans le déploiement du projet Northvolt. Nous demandons :

1- Un respect sans restriction et sans dérogation des normes et des règlements existants sur la qualité de l'air et de l'eau.

2- La création de normes et de règlements rigoureux pour les substances impliquées dans les processus de Northvolt, qui ne font l'objet d'aucune réglementation à l'heure actuelle.

3- Un programme de surveillance de la qualité de l'air et de l'eau développé conjointement par Northvolt, le ministère de l'Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs et des experts externes, et dont les résultats seront rendus publics de manière régulière, transparente et sans délai.

4- La communication des mesures de compensation prévues par Northvolt, ainsi qu'un suivi serré des investissements prévus, des échéanciers et des retombées attendues et réelles.

5- Une participation de citoyennes, citoyens, expertes et experts dans le processus d'autorisation en cours pour les usines de cathode et de cellules, en amont des décisions.

Bref, nous leur demandons d'être transparents, ouverts aux avis externes, et de considérer véritablement les impacts irréversibles sur la biodiversité, l'air et les cours d'eau.

Nous avons toujours considéré nos demandes comme légitimes et fondamentales. Bien qu'elles aient été rejetées par le passé, nous souhaitons vivement que ces exigences ajustées soient sincèrement prises en compte et mises en œuvre, au bénéfice de la population et des générations futures.

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Presse-toi à gauche prend une pause estivale

18 juin 2024, par Presse-toi à gauche —
Vous lisez présentement la dernière édition de PTAG avant la pause estivale. Nous serons de retour le 20 août. D'ici là nous ferons la mise à jour régulière de la section des (…)

Vous lisez présentement la dernière édition de PTAG avant la pause estivale. Nous serons de retour le 20 août. D'ici là nous ferons la mise à jour régulière de la section des communiqués. Il est également possible que, compte tenu de l'importance de ces événements, nous placions un article couvrant ces sujets d'intérêt : la situation en France avec le déclenchement des législatives et la mise sur pied du Nouveau Front Populaire et le génocide qui se poursuit à Gaza. Nous vous souhaitons un été rempli de belles rencontres, de lectures passionnantes et de réflexions constructives. Refaire le plein pour de nouvelles mobilisations à l'automne est une bonne façon de passer les prochaines semaines. Préparer la rentrée, les débats dans QS, les mobilisations contre les féminicides, la lutte contre les changements climatiques,... L'agenda sera bien rempli. D'ici là, bon été.

La coalition Non au troisième lien réagit à la « résurrection » du 3e lien autoroutier

18 juin 2024, par Coalition Non au troisième lien — ,
La coalition nationale Non au troisième lien se désole des engagements du premier ministre concernant l'idée de relancer, planifier et construire le projet de troisième lien (…)

La coalition nationale Non au troisième lien se désole des engagements du premier ministre concernant l'idée de relancer, planifier et construire le projet de troisième lien autoroutier entre Québec et Lévis.

« Il est décevant qu'une grande annonce comme celle du tramway soit assombrie par l'entêtement du gouvernement à maintenir en vie son projet de troisième lien autoroutier, et ce, malgré les nombreux avis défavorables des expert(e)s qui s'accumulent depuis des années, dont celui de la CDPQ Infra », affirment les membres de la coalition.

Les membres rappellent également qu'il est complètement irresponsable de s'engager à construire un troisième lien autoroutier alors qu'il n'y a encore aucune étude sur la table nous permettant de connaître tous les tenants et aboutissants du projet.

Par ailleurs, le rapport de la CDPQ Infra démontre clairement qu'un 3e lien risque d'augmenter la congestion dans la ville de Québec et qu'aucun des scénarios envisagés ne répondait aux besoins de mobilité dans la région.

À ce stade, ramener le 3e lien sur la table à dessin ne fait qu'ajouter plus de cynisme face aux décisions politiques, en plus d'engager des dépenses inutiles.


La mobilisation nationale Non au troisième lien a été initiée en mai 2021 par Accès transports viables, le Conseil régional de l'environnement - région de la Capitale-Nationale, Équiterre, la Fondation David Suzuki, Trajectoire Québec et Vivre en Ville.

Toutes les citoyennes et tous les citoyens, ainsi que les organisations désirant dénoncer ce projet autoroutier peuvent signer la pétition, désormais rendue à plus de 50 000 signataires, sur le site nonautroisiemelien.quebec <https://www.nonautroisiemelien.quebec/> .

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Pierre Poilievre ami de la classe ouvrière ?

18 juin 2024, par Paul Moist — ,
Le leader conservateur recherche l'appui des travailleurs.euses aux dépends des Libéraux et du NPD. À moins de 18 mois des prochaines élections fédérales, le leader du parti (…)

Le leader conservateur recherche l'appui des travailleurs.euses aux dépends des Libéraux et du NPD. À moins de 18 mois des prochaines élections fédérales, le leader du parti conservateur se tourne et se retourne pour augmenter sa base et s'assurer d'une forte majorité de gouvernement. Plusieurs pensent qu'il réussira.

Paul Moist, Canadian Dimension 11 juin 2024

Traduction, Alexandra Cyr

Il est clair que les Conservateurs.trices ont considérablement amélioré leurs atouts après la pauvre performance des chefs précédents, Andrew Sheer et Erin O'Toole.

Il faut dire que P. Poilievre est un très bon communicateur, capable de maintenir son message. Son parti a 20 points d'avance sur les Libéraux. Rien de ce qu'ils peuvent dire ne se reflète dans les sondages. Il pousse le parti libéral et le N.P.D. vers le bas et Maxime Bernier a complètement disparu.

Il a non seulement maintenu la base conservatrice de Stephen Harper dans le parti mais il s'est tourné vers la classe ouvrière et y a fait des progrès aux dépends des deux autres partis.

En avril dernier, Ginny Roth écrivait à ce sujet dans The Hub : « plusieurs de ceux et celles qui constituaient traditionnellement la base du N.P.D., donc membres des syndicats ouvriers, se tournent vers le chef conservateur ».

Dans un article dans Canada's National Observer, Max Fawcett fait remarquer que les supporters libéraux qui quittent le parti ne se tournent pas vers le N.P.D. Les données publiées par Abacus démontrent que « 10% de ceux et celles qui ont voté pour le N.P.D. en 2021, soutiennent maintenant P. Poilievre et le P.C.C.

M. Fawcett cite également un sondage Angus Reed qui révèle que « plus d'un tiers, (36%) des électeurs.trices du N.P.D. disent qu'il leur serait possible de se tourner vers le parti Libéral ».

On pourrait s'acharner à disséquer le parcours parlementaire de P. Poilievre pour conclure qu'il n'offre rien aux travailleurs.euses et qu'on ne peut pas lui faire confiance. Mais ça n'expliquerait en rien sa stratégie populiste actuelle, les raisons pour lesquelles il semble avoir autant de succès comme ses semblables dans la récente élection européenne.

Il s'est saisi de certaines plaintes de la population canadienne : les revenus stagnants, le coût de l'alimentation qui ne cesse de monter et l'accès impossible à la propriété.

Bien sûr, 18 mois c'est une éternité en politique spécialement en période d'incertitude économique et politique mondiales. Mais, il est de plus en plus clair que les Conservateurs.trices sont susceptibles d'avoir une majorité parlementaire. Si ce succès s'avérait, il s'expliquerait par divers facteurs dont l'habileté de P. Poilievre à s'emparer des frustrations de la classe ouvrière. D'une certaine façon, il est la réponse en lui- même. Il est habile avec les médias sociaux et il a admis que la population est en peine partout dans le pays. L'inflation frappe à l'épicerie, le prix du loyer et des hypothèques. Les salaires augmentent mais pas au niveau de l'inflation de l'an passé ni à celui des pertes réelles qui se sont accumulées depuis deux décennies.

Les taux d'intérêt sont toujours élevés comparativement à ce qu'ils étaient antérieurement. 60% des hypothèques arrivent à échéance au pays. Elles avaient été contractées avant la hausse des taux. Donc, chaque jour, les Canadiens.nes prennent conscience de la détérioration de leur situation par rapport à ce quelle était en 2021 lorsque les Libéraux de J. Trudeau ont obtenu un 3ième mandat, un 2ième minoritaire.

Laissons de côté P. Poilievre pour le moment. Il y a toujours d'autres forces qui ont une influence pour expliquer que les Conservateurs aient 20 points d'avance aujourd'hui (dans les sondages). D'abord et avant tout, il y a le fait que Justin Trudeau soit hors- jeu aux yeux de l'électorat. Beaucoup ne le croient plus. La plupart pense qu'il a fait son temps. Il semble bien qu'il demeurera le leader du parti. Ce qui est moins évident, c'est ce qui se produira avec un caucus réduit après la prochaine élection qui devrait arriver en octobre 2025 ou plus tard.

Mais le plus étonnant est que ces pertes chez les libéraux se portent presque exclusivement chez les Conservateurs. On aurait pu penser que le N.P.D puisse en profiter lui qui recherche ses appuis dans les mêmes talles que les Libéraux, qu'il aurait donc pu bénéficier de leur déclin. Tel n'est pas le cas.

Un sondage publié fin mai 2024 montre que le N.P.D. se situe à 17% des intentions de vote soit un de moins que lors de la décevante élection de 2021. Il semble bien qu'il paye un lourd tribut pour s'être accroché aux Libéraux avec l'entente apport et confiance de 2022.

C'était pourtant habile. Personne ne voulait d'une 3ième élection en 30 mois et il se plaçait, avec 25 députés.es, dans une position pour exercer son influence bien au-delà de son nombre de sièges. D'ailleurs il a réussi à faire adopter des lois qui sont d'importance en matière de politiques sociales : les frais de garde des enfants à 10$ par jour, le plan de soins dentaires pour les familles à faibles revenus et pour deux millions de personnes âgées en plus de préparer un programme d'assurance médicaments.

Cette majorité libérale et néo-démocrate a fait adopter à l'unanimité, une loi anti briseurs de grève qui s'appliquera dans les entreprises et agences fédérales.

Ces accomplissements d'une certaine importance coûtent cher au N.P.D. Dans les grandes villes les listes d'attente pour les places de garderies à 10$/jour sont longues ce qui hypothèque les bénéfices politiques pour le N.P.D. La plupart des travailleurs.euse ont déjà une assurance dentaire liée à leur travail. Ce qui ne veut pas dire que ces succès ne soient pas significatifs mais ils ne rendent pas les fruits politiques attendus.

On peut se demander pourquoi le N.P.D. persiste à honorer son entente avec les Libéraux qui permet à P. Poilievre de parler du « gouvernement libéral-néo démocrate ». Selon un néo démocrate de longue date, qui soutient le lien entre le parti et les travailleurs.euses qui ont aidé à le créer : « qu'il ne soit pas encore sorti de cette entente est à la fois surprenant et décevant pour plusieurs y compris l'auteur de ces lignes ».

Les Canadiens.nes font face à une crise du coût de la vie. L'augmentation des prix de l'alimentation et des loyers a mis les familles ouvrières à la marge de l'économie et elles ne font plus confiance la J. Trudeau pour aller de l'avant. Le profil du leader néo démocrate est faible et il est parfois réduit au rôle de figurant dans les conférences de presse quand on lui demande comment il voterait au parlement.

Plus l'alliance avec les Libéraux se prolonge plus le N.P.D. ne représente plus une option valide pour les Canadiens.nes. Il se peut que la situation de 1993 se répète : le gouvernement progressiste conservateur a été pour ainsi dire éliminé réduit à deux sièges et le N.P.D. n'en a eu que neuf. À l'époque il avait un leader peu connu et lors de cette élection de changement, il a payé un lourd tribut.

Ce fut très différent en 1984 quand les Conservateurs. trices de Brian Mulroney ont gagné 211 sièges. Les Libéraux ont été assommés mais les néo démocrates avec un chef crédible, Ed. Broadbent, ont recueilli 20% des votes et gardé leurs 31 sièges.

Si l'élection se tenait aujourd'hui, si les Conservateurs.trices se retrouvaient au-delà de la majorité absolue, il est plus que probable que le N.P.D. se retrouverait avec moins que les 25 sièges qu'il a gagnés en 2021. Difficile de croire qu'il y a moins d'une décennie il formait l'opposition officielle à Ottawa.

Les gouvernements perdent leurs élections plus souvent qu'ils ne les gagnent. En ce moment, P. Poilievre profite de ce que le gouvernement libéral soit fatigué et ne produise pas grand-chose Nonobstant le fait que les libéraux aient gouverné le pays pendant la majeure partie de l'histoire canadienne, ils ont été envoyés au banc des punitions pour une ou deux périodes électorales régulièrement. C'est le cas en ce moment. Ça ne devrait surprendre personne.

Ce qui est surprenant c'est que les sociaux-démocrates et leur option ne soient pas en progression alors qu'il est si important que les services universels dispensés aux citoyen.nes de ce pays soient protégés. Le N.P.D. doit prendre la place pour laquelle P. Poilievre se bat en appelant au renvoie du Gouverneur de la Banque du Canada parce qu'il aurait désavantagé les familles ouvrières en combattant l'inflation pour ainsi dire à tout prix.

Mais, les Conservateurs.trices n'offrent rien aux familles ouvrières. Leur discours se limite à dire à la population dans quelle mauvaise situation elle se trouve, ce qui est vrai par ailleurs. Je m'attends à ce qu'en 2025, la participation au vote continue à diminuer. Cela aussi va être un avantage pour le parti conservateur et va s'ajouter à celle de leur solide base et à celle venant d'autres allégeances.

Il reste du temps pour donner une jambette aux Conservateurs.trices à condition de poser des gestes allant dans le bon sens, dont :

|- Donner son plein appui au congrès du Syndicat canadien du travail et de s'y affilier pour mener une campagne d'information vers les 3 millions et demis de ménages syndiqués sur le véritable dossier politique de P. Poilievre. En 20 ans de carrière parlementaire il s'est constamment opposé à toutes les réformes en faveur des travailleurs.euses. Les syndicats ne peuvent se contenter de soutenir la campagne qu'en la finançant. Ils doivent s'impliquer, encourager tous les affiliés à rejoindre leurs membres grâce à des membres liaison, à des plans d'intervention sur les lieux de travail et en exposant les positions des conservateurs.trices.

|- Le caucus fédéral du N.P.D. doit révoquer l'entente avec le gouvernement libéral immédiatement. Il s'agit de déclencher une élection dès maintenant qui offrirait au N.P.D. l'occasion de se présenter comme la seule force militant pour des changements positifs pour les familles ouvrières.

|- Le dernier défi est de pouvoir présenter en 2025, aux électeurs.trices , une plateforme solide et progressiste qui aille au cœur de ces familles et atteigne leurs sentiments du moment. Il faut confronter les deux autres partis à leurs politiques et en présenter qui s'accordent à ce que la population attend et mérite de la part d'un pays social-démocrate. Il est fondamental que le N.P.D. offre un tel leadership pour travailler à un Canada prospère et socialement juste pour la totalité de ses citoyens.nes.

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Northvolt Critique d’un mégaprojet industriel : entre écoblanchiment et extractivisme

18 juin 2024, par Réseau Militant Écologiste de Québec solidaire (RMÉ-QS) — ,
Nous publions ici un texte du Réseau Militant Écologiste de Québec solidaire sur la filière batterie. Cette analyse sera présentée dans une rencontre publique du RMÉ le 22 juin (…)

Nous publions ici un texte du Réseau Militant Écologiste de Québec solidaire sur la filière batterie. Cette analyse sera présentée dans une rencontre publique du RMÉ le 22 juin prochain.

Le Réseau militant écologiste de Québec solidaire (QSRMÉ) rassemble les membres qui militent dans les groupes écologistes ou qui souhaitent participer aux luttes actuelles et à venir.
Le Réseau diffuse le programme du parti par des rencontrespubliques, des interventions médiatiques et des publications. Également, il aspire à créer des liens forts avec tous les groupes écologistes dans une perspective de changements profonds dans les rapports économiques, environnementaux et sociaux et, à terme, pour une sortie du capitalisme.

1. Introduction

Ce document analyse l'installation de l'usine de fabrication de batteries de Northvolt au Québec. Il met en évidence la politique utilisée par le gouvernement de la Coalition Avenir Québec (CAQ) pour faciliter la réalisation de ce projet sans considération de ses
risques sociaux, environnementaux et financiers.

L'analyse discutera d'abord du contexte énergétique québécois et examinera l'écoblanchiment employé par ce gouvernement et l'entreprise pour masquer l'extractivisme minier qui sous-tend ce projet. Le texte se termine par un résumé des revendications de Québec solidaire (QS) concernant cet enjeu et un bref rappel de son programme.

2. Le contexte

Le développement de la filière batterie et la hauteur des subventions pour en favoriser la croissance sont l'expression d'un nouveau modèle économique pour le Canada et le Québec reposant sur le renforcement des liens de dépendance avec l'économie américaine et internationale. Ce modèle ne répond en rien à l'urgence de la crise climatique et environnementale. Il va directement à l'encontre d'une lutte conséquente contre ces dernières. En effet, la filière batterie est avant tout une pérennisation de la société capitaliste actuelle et une « solution » technocentrique des crises climatique, écologique et de leurs conséquences.

Manipulateur, le gouvernement de la CAQ est dans une démarche de prophétie autoréalisatrice : il crée une demande gigantesque d'électricité en favorisant l'installation, par des multinationales, de grands projets de productions énergétiques. [1]Ces projets répondent plus au besoin croissant de profit de ces firmes qu'à une augmentation réelle de la consommation énergétique. Ainsi, « Hydro-Québec calcule qu'il faudra 150 à 200 TWh additionnels pour répondre à la demande d'électricité du Québec à l'horizon 2050 » [2]. Ce qui représente deux fois plus QS-RMÉ – Northvolt – Critique d'un mégaprojet industriel – Juin 2022 d'électricité que celle produite actuellement et ne tient aucune considération de sobriété. Après les 940 MW réservés pour 11 entreprises, dont Northvolt en novembre 2023, le ministre de l'Économie, Pierre Fitzgibbon, prévoit allouer 600 à 700 MW supplémentaires [3] . Pour y parvenir, la société d'État entend notamment « ajouter de la capacité de production hydroélectrique ». Cela se fera en augmentant « la puissance de centrales existantes ainsi qu'en en créant de nouvelles ». Le ministre poursuivra la privatisation d'Hydro-Québec en ouvrant la production de l'électricité et sa distribution au libre marché : chaque appel d'offres est le fruit d'un décret ministériel qui identifie certains types de production énergétique et les volumes associés. L'éolien a contribué pour 77 % de l'énergie postpatrimoniale au Québec en 2023 (postpatrimoniale signifie d'origine privée et dépassant un quota public arbitraire dit patrimonial de 165 TWh au prix de vente de 2,79 ¢/kWh déterminé par décret en 2001 en préparation de la privatisation d'HydroQuébec) [4] . À coups d'appels d'offre, Fitzgibbon projette de quadrupler la production actuelle de 4 TW des 40 parcs éoliens d'ici 15 ans. [5]

D'ailleurs, le Bureau d'audiences publiques sur l'environnement (BAPE) a été contourné par la CAQ pour que Northvolt s'installe au Québec [6] . En février 2023, sachant que Northvolt allait produire 56 000 tonnes de cathodes, le gouvernement de la CAQ a haussé le plafond pour déclencher une étude du BAPE à 60 000 tonnes.

L'exigence de la tenue d'un BAPE [7] a été au centre d'intenses protestations populaires qui exigent un processus de décision démocratique et transparent dans les questions de protection de l'environnement, de santé publique et contre l'accaparement des biens publics par le privé.

3. Un modèle économique extractiviste et son écoblanchiment

Les données scientifiques du GIEC ne peuvent être plus claires : la décarbonation - toute forme de réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES) et la sobriété [8] sont les bases pour répondre à l'urgence climatique et environnementale. En ce qui concerne les véhicules électriques et leurs batteries, il est évident que le tout à l'auto électrique est un modèle incompatible avec une gestion écologique des ressources minières locales et mondiales et de l'énergie renouvelable [9] .

Cette évidence semble avoir complètement disparu du radar de la CAQ.

L'usine de Northvolt produira des batteries composées notamment de nickel, de manganèse, de cobalt et de lithium. Ce projet nous est présenté comme étant une réponse à l'urgence climatique ; un développement technologique pour la transition énergétique à haute valeur ajoutée pour le Québec. Le gouvernement de la CAQ prétend que les retombées positives de ce projet pour le Québec seront l'accélération de la décarbonation et l'électrification de l'Amérique du Nord [10] ! En fait, l'implantation d'une méga usine de fabrication de batteries et des projets extractivistes très dépendants des énergies fossiles, remettent en question la décarbonation propre que met de l'avant la CAQ. Le développement de la filière batterie ne prend pas en considération une planification de la mobilité durable et omet le questionnement nécessaire de la rationalité de l'automobile comme moyen de transport préférentiel. Le gouvernement de la CAQ joue sur la vision d'un « développement durable » qui ne tient pas compte de la réalité des flux physiques d'énergie et de matériaux et ni du fait que la croissance infinie est impossible dans un monde fini.

De plus, ce gouvernement prétend que les batteries de Northvolt seront vertueuses car elles sont les plus vertes [11] et produites par les mines les plus propres du monde avec l'énergie hydroélectrique du Québec ! Or, les mines propres n'existent pas et l'implantation de l'usine ne réduira pas les émissions des gaz à effet de serre au Québec et accaparera une portion non négligeable de l'électricité produite par Hydro-Québec [12]. En réalité, ce gouvernement met ainsi de l'avant un plan économique qui n'est qu'une partie d'un réseau mondial d'entreprises [13] dont juste quelques-unes seront québécoises. Même si la CAQ met de l'avant le potentiel minier du pays, il n'existe aucune transparence au sujet de la provenance des minerais et des quantités qui seront utilisées par l'usine en question puisque Northvolt se cache derrière des secrets industriels [14]. Il n'y aura pas plus de transparence au sujet de la destination finale, certainement internationale, de ses produits. Il est à remarquer que les industries de l'auto en Ontario comme Ford, GM, Volkswagen Stellantis et Honda, comptent dans leurs filières leurs propres usines de fabrication de batteries et pourraient ne pas avoir besoin de la production de Northvolt.

Force est d'admettre que le Québec n'est qu'un satellite dans le grand ensemble des fabricants de pièces pour véhicules électriques.

En conclusion, la CAQ défend une politique croissantiste et use de tactiques d'écoblanchiment en prétendant l'existence de retombées positives sur le climat par la réduction des émissions de GES alors que dans les faits ses processus décisionnels sont orientés vers le profit, basés sur une croissance soi-disant « verte » et sans réelles considérations pour l'environnement.

4. La filière batterie et ses conséquences pour le Québec

Depuis octobre 2018 le gouvernement de la CAQ a développé le concept de « zones d'innovation », avec « de l'instinct [15] »…

Le développement de Northvolt est un cas représentatif de la filière batterie tout entière et le questionnement sur le bien-fondé de cette usine doit s'appliquer à l'ensemble de cette filière. En effet, l'installation de Northvolt est subventionnée avec profusion par des dollars publics. Alors même que cette implantation a des retombées environnementales désastreuses et met en péril, par exemple, les ressources en eau des populations riveraines. Il en va de même pour l'ensemble de la filière. Ceci inclut d'autres sites industriels, l'exploration et l'exploitation des mines mais aussi les aménagements d'infrastructures payées par le public, comme des routes, qui permettront le développement de la filière. En date du 12 mars 2024, le gouvernement de la CAQ reconnaît qu'à elles seules, les onze entreprises de la filière batterie totalisent plus que 3,29 milliards de dollars du trésor public québécois. On peut émettre l'hypothèse que des sommes aussi colossales feront passer le profit avant la nature et avant la population québécoise [16] !

On peut résumer ainsi les conséquences de la situation : des investissement risqués, des prêts ou des prêts pardonnables et des garanties de prêts transférés à des multinationales privées, ce qui impose des budgets austéritaires pour les services publics, les infrastructures publiques, la lutte et l'adaptation aux changements climatiques alors que le gouvernement de la CAQ prévoit 8,8 milliards de dollars de déficit pour l'exercice 2024-25 [17]. De plus, le contexte légal favorable et l'activité des lobbys donnent l'occasion aux multinationales de polluer et de détruire des milieux naturels et des milieux de vie. Selon une évaluation récente, la restauration des sites miniers coûte plus de 1,2 milliards de dollars au trésor public. [18]

L'usine de Northvolt à elle seule bénéficie d'un soutien de 7,3 milliards de fonds publics fédéraux et du Québec. Pour le Québec ce sont 1,37 milliards pour la construction, puis de 1,5 milliards pour la production des batteries à partir de 2032 [19].

Plus largement, selon Investissement Québec [20], 5,9 milliards de dollars, soit 54% de la valeur totale des projets seront investis par Québec dans les principaux programmes de la filière batterie.

Dans le contexte mondial compétitif, rien ne permet d'exclure que les largesses pour Northvolt ne se font pas en pure perte. [21]

La population québécoise connaît bien les effets du laxisme des gouvernements successifs en matière de protection environnementale. Les cas de la fonderie Horne à Rouyn Noranda, l'aluminerie Rio Tinto au Saguenay ou le port de Québec font craindre que la filière batterie bénéficiera du même traitement complaisant.

En soustrayant le projet de Northvolt à un examen du BAPE, l'enfumage du gouvernement de la CAQ met en évidence que dans le livre néolibéral, les considérations économiques, même risquées, priment sur l'environnement, la lutte au changement climatique, le soutien aux services publics et à toute fin utile au bien-être de la population québécoise. L'autorisation pour la construction de l'usine Northvolt ne tient pas compte de l'étude précédente du BAPE qui s'opposait à la construction d'un ensemble immobilier dans ce même milieu humide abritant des espèces en péril. Ironiquement, l'usine de Northvolt ne respecte pas 5 des 23 cibles de l'entente des parties de la COP15 signée à Montréal en 2022. [22]

De plus, en date du 21 mars 2024, Northvolt propose d'utiliser des sols toxiques [23] pour remblayer ces milieux humides. Les risques de rejets toxiques dans la rivière Richelieu liés à l'imperméabilisation des sols lors la construction de l'usine, les futurs rejets toxiques dans l'air et dans l'eau de McMasterville et Saint-Basile-le-Grand, où Northvolt installe son usine, n'ont pas été évalués par le ministère de l'Environnement.

Cette approche permissive du gouvernement de la CAQ est absurde face à la multiplication de l'implantation des industries de la filière. Il faut baisser les seuils admissibles plutôt que de les augmenter pour tenir en compte des impacts négatifs potentiellement synergiques des diverses installations industrielles [24] : Northvolt et Lithion Technologies se concentrent à Saint-Basile-le-Grand, McMasterville et Saint-Bruno de Montarville. General Motors, Ford, Nemaska Lithium, Nouveau Monde Graphite et le futur développement de Vale se concentrent à Bécancour. Il n'existe pas d'évaluation environnementale globale des retombées dangereuses de la filière batterie au Québec.

La CAQ étend sa volonté de privatisation et son indifférence pour l'environnement à l'ensemble de son plan d'électrification du secteur énergétique québécois. Ce serait une erreur de penser que la situation de Northvolt est isolée. Les installations liées à la filière batterie sont multiples et s'insèrent dans des processus d'extraction, de purification des métaux, de transport et de fabrication des composantes et des batteries qui utilisent des quantités faramineuses d'énergies fossiles, d'eau et de réactifs chimiques. Y sont associés les rejets de gaz à effet de serre, la pollution chimique et thermique des cours d'eau, la pollution des aquifères ainsi que les émanations gazeuses. Au Québec, les mines sont les plus grandes utilisatrices d'eau après les papetières. [25] Des mines jusqu'aux batteries, chaque maillon de la chaîne de production nécessite des volumes d'eau immenses avec les risques afférents de pollution lorsqu'elle est rejetée dans la nature. Les mines produisent des quantités ingérables de déchets de roches et de boues et il n'existe pas de processus de purification et de concentration des métaux qui soit propre et sans effluents liquides et gazeux. [26]

L'impact de l'exploitation des mines exige une refonte de la Loi sur les mines. Il n'existe pas de mine propre, ceci d'autant plus que cette loi n'a guère évolué depuis 150 ans. [27]

Pour ajouter l'insulte à l'injure, les « claims » miniers (titres miniers), couverts par cette même loi, mettent en danger les terres agricoles, les villes, les villages, les collectivités autochtones situées à proximité des filons et toutes les agglomérations qui subiraient, aussi à distance, les émissions polluantes produites par l'industrie minière.

Les projets d'exploitation minière grugent les terres agricoles et cela ne fait que commencer à cause de la recherche des minerais stratégiques, particulièrement du graphite dans le sud du Québec. La Commission de protection du territoire agricole du Québec a accordé aux minières 100 % des demandes d'exploration en milieu agricole et a autorisé 97 % des projets d'infrastructures liés au transport et à la production d'électricité ainsi que 99 % des demandes d'implantation des parcs éoliens sur les terres agricoles. [28]

5. Le constat

Par son implantation tentaculaire au travers de la géographie québécoise, le développement de la filière batterie et de ses mines se fait au détriment des populations locales, des droits des peuples autochtones et de l'environnement. L'exploitation des mines et le développement des entreprises multinationales de cette filière se fera aussi aux dépens de la lutte contre les changements climatiques et de l'adaptation.

Voilà donc le modèle de développement que veut nous imposer le gouvernement de CAQ : refuser de remettre en question le libre accès aux ressources minières (free mining) et le pillage de nos ressources ; soutenir les multinationales qui veulent faire mainbasse sur la production des énergies renouvelables ; mettre fin au monopole d'Hydro-Québec sur la production de l'énergie électrique ; fermer les yeux et permettre à des entreprises polluantes de ne pas tenir compte des normes environnementales ; refuser de donner la priorité au développement des transports publics ; refuser de s'engager dans une politique de sobriété énergétique et d'extraction ; balayer du revers de la main les propositions écologiques des citoyens et citoyennes des différentes régions et des institutions qui les représentent.

6. Ce que nous voulons

Face à la banalisation du risque lié à la filière batterie de la CAQ, il paraît évident que les analyses du BAPE - sans interférence du premier ministre et de ses subordonnés - sont plus que jamais nécessaires pour évaluer les projets de développement énergétique. Nous voulons un BAPE générique applicable sur l'avenir énergétique du Québec. Cela inclut Northvolt. Mais, il n'est pas suffisant de remettre en cause les politiques néolibérales du gouvernement de la CAQ, ni les outils financiers qu'il utilise pour réaliser son plan énergétique, notamment les ponctions dans le trésor public, ni l'oblitération des procédures démocratiques de décision.

La véritable question est le type de société dans laquelle nous voulons vivre ; la véritable question est la lutte contre la crise climatique, le dépérissement de la biodiversité et la destruction de l'environnement. Les développements technologiques doivent être systématiquement évalués à l'aune de leur intégration possible et désirable dans une planification démocratique compatible avec les notions de décarbonation et de sobriété. Avant tout, il faut éviter l'inadaptation qui utilise la technologie comme solution prépondérante et qui finalement aggrave les vulnérabilités aux changements climatiques. [29] . Les projets qui ne contribuent pas à la décarbonation doivent être abandonnés tout comme ceux qui

s'opposent à la décroissance énergétique en prétendant simplement remplacer les hydrocarbures par de l'électricité « propre ». Il en est de même pour les projets visant la production de la richesse et sa concentration dans les mains de la classe dominante.

Le programme de Québec solidaire présente une vision écologique qui respecte et favorise la diversité des écosystèmes et la protection du patrimoine naturel du Québec. Il propose un système économique écologiste privilégiant la production de biens et services en respectant les limites de l'environnement. Il s'engage à réduire les émissions de GES « d'au moins 55 % par rapport au niveau de 1990 d'ici 2030, en se rapprochant le plus possible de la cible de 65 % ».

Également, il rejette l'extractivisme et veut en finir avec le libre accès aux ressources minières (free mining) imposé par la loi des mines. Il propose la nationalisation des énergies renouvelables et refuse la privatisation de la production de l'énergie. De plus, il donne la priorité au transport publics et à l'économie d'énergie.

C'est une alternative concrète à la politique énergétique du gouvernement de la CAQ.

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Rencontre Citoyenne
Northvolt :
critique d'un mégaprojet industriel :
entre écoblanchiment et extractivisme
22 juin 2024

Le réseau militant écologiste de Québec solidaire organise une rencontre citoyenne le 22 juin prochain à Montréal en compagne du député solidaire Haroun Bouazzi et d'invités de la société civile sur le projet Northvolt. Retrouvez-nous au à 14h au Centre Saint-Pierre (1212 rue Panet).
Cette activité fera la critique de la démarche suivie par le gouvernement de la CAQ pour réaliser ce projet et mettra de l'avant la position de Québec solidaire et celles des syndicats et des groupes écologistes impliqués dans les mobilisations actuelles.


[1] Martine Ouellet, "Le détournement de la transition énergétique", https://www.facebook.com/watch/live/ ? ref=watch_permalink&v 1=1615855215869611

[2] Hydro-Québec dévoile un plan « ambitieux » de transition énergétique, https://www.ledevoir.com/economie/801249/hydro-quebec-devoile-planambitieux-transition-energetique

[9] Est-ce qu'il y a assez de minéraux au Québec pour les voitures électriques https://pivot.quebec/2024/03/22/est-ce-quil-y-a-suffisamment-de-minerauxau-quebec-pour-les-voitures-electriques/

[10] À propos du projet d'implantation du fabricant de cellules de batteries Northvolt, https://www.quebec.ca/gouvernement/ministere/economie/publications/ developpement-filiere-batterie/northvolt/a-propos

[11] Northvolt, le « plus beau projet privé » jamais vu au Québec, https://lecollectif.ca/northvolt-le-plus-beau-projet-prive-jamais-vu-auquebec/

[14] Quel rôle pour les minéraux québécois chez Northvolt ? https://www.ledevoir.com/economie/800869/quel-role-mineraux-quebecoisnorthvolt

[15] Pierre Fitzgibbon : « Dans la filière batterie, on est rendu trop loin pour reculer », https://www.lesaffaires.com/secteurs/manufacturier/pierrefitzgibbon---dans-la-filiere-batterie-on-est-rendu-trop-loin-pour-reculer-/649597

[16] Retombées de Northvolt sur l'économie, https://www.quebec.ca/gouvernement/ministere/economie/publications/ developpement-filiere-batterie/northvolt/retombees-economiques#c255819

[17] Discours du budget, https://www.finances.gouv.qc.ca/Budget_et_mise_a_jour/budget/discours.as p# : :text=En%202024%E2%80%912025%2C%20apr%C3%A8s %20la,1%2C5%20%25%20du%20PIB

[20] Filière batterie, Investissement Québec, https://filierebatterie.investquebec.com/#guide-fournisseurs

[23] Northvolt a proposé de remblayer des milieux humides avec des sols contaminés, https://www.ledevoir.com/environnement/809400/northvoltpropose-remblayer-illegalement-milieux-humides

[26] Sources de pollution : traitement des métaux et des minéraux, https://www.canada.ca/fr/environnement-changement-climatique/services/ gestion-pollution/sources-industrie/traitement-metaux-mineraux.html

[27] Mémoire concernant la consultation sur l'encadrement minier, https://eausecours.org/sites/eausecours.org/wp-content/uploads/2023/06/ Memoire-Eau-Secours-Consultations-sur-lencadrement-minier.pdf

400 organisations et personnalités LGBTI appellent à faire barrage à l’extrême droite

18 juin 2024, par Collectif — , ,
Près de 400 organisations et personnalités LGBTI ont signé une tribune dans l'Humanité, appelant à voter pour les candidat·e·s du Nouveau Front Populaire aux élections (…)

Près de 400 organisations et personnalités LGBTI ont signé une tribune dans l'Humanité, appelant à voter pour les candidat·e·s du Nouveau Front Populaire aux élections législatives des 30 juin et 7 juillet pour sanctionner le gouvernement et contrer l'extrême droite.

Tiré du blogue de l'auteur.

Initiée par le collectif "Les Inverti·e·s" et publiée le 17 juin 2024 dans le journal l'Humanité, la tribune intitulée "LGBTI, soyons fier.e.s de faire Front populaire" rassemble plus de 377 signatures de militant·e·s, artistes, lieux communautaires, collectifs, et organisations politiques, syndicales et associatives LGBTI. Cette liste s'est allongé depuis lundi.

Voir la tribune dans l'Humanité

Suite au score historique de l'extrême droite aux élections européennes, Emmanuel Macron a dissous l'Assemblée Nationale. Son gouvernement composés d'ancien·nes de La Manif Pour Tous, a promulgué des lois racistes, antisociales et transphobes, et favorisé l'extrême droite, menaçant les droits des LGBTI et autres opprimés. L'extrême droite, opposée de longue date aux droits LGBTI, est un danger mortel en France comme en Europe. Les signataires appellent à l'unité et à la lutte collective pour contrer cette menace dans la rue et dans les urnes et construire un nouveau front populaire avec des forces sociales, féministes, antiracistes et écologistes. Le Nouveau Front Populaire doit s'ouvrir plus largement aux organisations LGBTI et leur faire une place pour gagner de nouveaux droits, et lutter contre les LGBTIphobies.

Parmi les signataires notables figurent Felix Maritaud, Virginie Despentes, Fatima Daas, Paloma (Hugo Bardin), Sara Forever (Matthieu Barbin), Andy Kerbrat, Ségolène Amiot, Lou Trotignon, Océan, Aloïse Sauvage, Catherine Corsini, Claire Burger, Kalika, Paul B. Preciado, Tahnee et Les Vulves Assassines et bien d'autres.
Parmi les organisations signataires, outre les inverti·e·s, ont signé Act Up (sud ouest et Paris), Acceptess-t, Toutes des Femmes, Queer Education, Les degommeuses, Le couvent de paname les soeurs de la perpetuelle indulgence, La MIF, Centre LGBTQIA + KAP Caraïbe de Martinique et les commissions LGBTI+ du NPA, LFI, Generation·s, Les écolos et HES et près de 200 autres organisations.

Le mois des fiertés sera aussi une période de lutte contre le fascisme, car l'extrême droite est notre ennemi mortel !

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Selon une enquête du Guardian, "Ampleur sans précédent" des violations commises à l’encontre des enfants à Gaza, en Cisjordanie et en Israël, selon un rapport de l’ONU

Selon un rapport des Nations unies qui doit être publié cette semaine, les violations graves commises à l'encontre des enfants à Gaza, en Cisjordanie et en Israël ont été plus (…)

Selon un rapport des Nations unies qui doit être publié cette semaine, les violations graves commises à l'encontre des enfants à Gaza, en Cisjordanie et en Israël ont été plus nombreuses que partout ailleurs dans le monde l'année dernière.

Tiré de France Palestine Solidarité. Photo : Réduction de moitié de l'aide humanitaire entrant à Gaza en février © UNRWA

Le rapport sur les enfants et les conflits armés, dont le Guardian a eu connaissance, a recensé plus de cas de crimes de guerre contre des enfants dans les territoires occupés et en Israël que partout ailleurs, y compris en République démocratique du Congo, au Myanmar, en Somalie, au Nigeria et au Soudan.

"Israël et les territoires palestiniens occupés présentent une échelle et une intensité sans précédent de violations graves à l'encontre des enfants", indique le rapport.

L'évaluation annuelle - qui doit être présentée à l'assemblée générale des Nations unies dans le courant de la semaine par le secrétaire général, António Guterres - mentionne Israël pour la première fois dans une annexe des États responsables de violations des droits de l'enfant, ce qui a suscité l'indignation du gouvernement israélien.

Le premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a déclaré que les Nations unies s'étaient "ajoutées à la liste noire de l'histoire en se joignant à ceux qui soutiennent les assassins du Hamas".

Le rapport ne détaille que les cas que les enquêteurs de l'ONU ont pu vérifier, et ne représente donc qu'une partie du nombre total de morts et de blessés parmi les enfants au cours de l'année dernière.

Au total, les Nations unies ont vérifié "8 009 violations graves à l'encontre de 4 360 enfants" en Israël, à Gaza et en Cisjordanie, soit plus de deux fois les chiffres de la RDC, deuxième pays le plus touché par la violence à l'encontre des enfants.

Sur le nombre total d'enfants victimes vérifiés, 4 247 étaient palestiniens, 113 étaient israéliens.

Au total, 5 698 violations ont été attribuées aux forces armées et de sécurité israéliennes, et 116 à la branche armée du Hamas, les Brigades Izz ad-Din al-Qassam. Les colons israéliens ont été jugés responsables dans 51 cas, et les brigades al-Quds du Jihad islamique palestinien ont été impliquées dans 21 cas.

Entre le 7 octobre et la fin décembre de l'année dernière, l'ONU a vérifié le meurtre de 2 051 enfants palestiniens, et a déclaré que le processus d'attribution des responsabilités était en cours, mais le rapport note : "La plupart des incidents ont été causés par l'utilisation d'armes explosives dans des zones peuplées par les forces armées et de sécurité israéliennes."

Le rapport reconnaît qu'il ne reflète qu'une image partielle de la situation à Gaza.

"En raison de graves difficultés d'accès, en particulier dans la bande de Gaza, les informations présentées ici ne reflètent pas toute l'ampleur des violations commises à l'encontre des enfants dans cette situation", indique le rapport.

Le rapport fait également état de graves abus commis par les forces israéliennes en Cisjordanie, avec 126 enfants palestiniens tués et 906 détenus. L'ONU a vérifié cinq cas où les soldats ont utilisé des garçons "pour protéger les forces pendant les opérations de maintien de l'ordre".

Au cours de l'année 2023, avant l'attaque du Hamas contre Israël le 7 octobre, les Nations unies ont déclaré que les branches armées du Hamas et du Jihad islamique palestinien avaient organisé des "camps d'été", dans lesquels les enfants étaient exposés à "un contenu et des activités militaires".

Au cours des trois premiers mois de la guerre, l'ONU a vérifié 23 cas distincts de refus d'accès humanitaire par les autorités israéliennes "liés au refus de coordination des missions d'aide humanitaire et à l'empêchement de l'accès aux soins médicaux".

Au cours de l'offensive israélienne à Gaza, l'ONU a constaté que "la quasi-totalité des infrastructures, installations et services essentiels ont été attaqués, notamment les sites d'hébergement, les installations des Nations unies, les écoles, les hôpitaux, les installations d'approvisionnement en eau et d'assainissement, les moulins à grains et les boulangeries".

"Les enfants sont menacés de famine, de malnutrition sévère et de mort évitable", indique le rapport de l'ONU.

"Je suis consterné par l'augmentation spectaculaire et l'ampleur et l'intensité sans précédent des violations graves commises à l'encontre des enfants dans la bande de Gaza, en Israël et en Cisjordanie occupée", déclare M. Guterres à l'Assemblée générale dans le rapport.

Traduction : AFPS

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L’écosocialisme pour tout changer

18 juin 2024, par German Bernasconi — , ,
Les 10 et 11 mai derniers, en Argentine, se sont déroulées les sixièmes Rencontres écosocialistes internationales. Elles avaient lieu pour la première fois ailleurs qu'en (…)

Les 10 et 11 mai derniers, en Argentine, se sont déroulées les sixièmes Rencontres écosocialistes internationales. Elles avaient lieu pour la première fois ailleurs qu'en Europe, une décennie après la première édition en Suisse, à Genève, en 2014.

Tiré de Quatrième internationale
12 juin 2024

Par Germán Bernasconi

Argentine

Le projet de la dernière édition a commencé il y a plus d'un an, lorsque ATTAC et Poder Popular ont été contactés afin de savoir s'il était possible de les organiser. Après des mois de débats traversés par la dure réalité argentine, avec la campagne électorale, nous avons dû suspendre l'évènement prévu initialement en 2023, mais nous avons continué le travail et nous nous sommes fixé des objectifs politiques.

Les réunions suivantes du groupe de travail, où étaient présent·es des camarades du Brésil, du Chili, du Pays basque et du Portugal, ont été renforcées par une série de réunions internationales, où nous avons été rejoint·es par l'organisation locale Marabunta (Argentine). Après la période électorale et la victoire de Javier Milei, nous avons décidé de continuer la préparation des rencontres pour le mois de mai. Elle fut validée immédiatement après la victoire du candidat libertarien, au vu de son programme d'ajustement structurel du capitalisme contre la classe travailleuse, car la solidarité internationale est vitale pour déjouer ses plans.

Quelques objectifs des Rencontres

Le mouvement pour le climat dans notre pays est ample et divers. Les luttes contre l'extractivisme, contre les OGM et l'utilisation de pesticides en font l'un des secteurs les plus dynamiques, et qui touche énormément les plus jeunes générations. Cependant, la perspective écosocialiste n'est pas encore suffisamment entendue. Nous voyons donc les Rencontres comme une plateforme visant à réunir l'ensemble des militant·es qui s'inscrivent dans cette perspective.

L'objectif était de donner une continuité politique et militante, de consolider les débats, s'homogénéiser et tracer de véritables perspectives programmatiques et stratégiques, à la hauteur du défi que représente la crise climatique, résultat direct du système productiviste capitaliste.

Finalement, l'organisation de la COP30 à Belem en 2025 imposait un nouveau débat sur les rapports avec cet évènement, ainsi qu'au contre-sommet en préparation.

Le déroulement des Rencontres

Après près d'un an de travail, les 10 et 11 mai, plus de 200 personnes se sont réunies dans l'Auditorium central de l'Association des travailleurs/ses de l'État et les deux auditoriums de l'hôtel Quagliaro, qui lui appartient également. Le 9 mai, des activités étaient prévues, mais elles ont été suspendues en raison de la nécessaire grève générale convoquée ce jour-là par tou·tes les travailleurs/ses argentin·es, dans le contexte des attaques de grande ampleur mises en œuvre par le gouvernement de Javier Milei.

Au cours des deux journées suivantes, différents thèmes de l'agenda écosocialiste ont été abordés, en commençant par l'histoire des Rencontres elles-mêmes, sachant que chaque lutte doit avoir une mémoire pour ne pas avoir à repartir de zéro. Les problèmes de l'écomarxisme, la spoliation des territoires, la dette et le commerce, avec un point de vue écosocialiste, la montée du militarisme et de l'extrême droite et la répression ont été quelques-uns des thèmes de la première journée, qui s'est clôturée par un panel représentant les grandes luttes environnementales qui ont eu lieu en Argentine au cours des dernières décennies.

Le samedi 11 a commencé par une intervention de Michael Löwy sur le débat entre le centre et la périphérie, suivie d'un débat approfondi sur ce qu'il faut faire face à la COP30. La souveraineté alimentaire, l'écoféminisme, l'énergie et les classes sociales ont animé l'après-midi.

Le dernier panel a traité de l'état actuel du mouvement écosocialiste et de ses perspectives d'avenir, avec une intervention vidéo de l'une des figures du mouvement écosocialiste, Daniel Tanuro.

La Rencontre a été couronnée par la promesse d'une triple continuité : la participation au contre-sommet de Belem, en y organisant la Deuxième rencontre écosocialiste d'Amérique latine et des Caraïbes ; l'organisation des 7e Rencontres écosocialistes internationales en Belgique, autour de la Gauche anticapitaliste. Et la poursuite du débat programmatique et stratégique au sein d'un réseau international qui tiendra sa première réunion dans les prochaines semaines.

Quelques conclusions

Les 6e Rencontres ont été un succès. Avec la participation de plus de 40 organisations et de plus de 15 pays, ainsi que d'une grande partie des provinces argentines, le mouvement écosocialiste dispose d'une base solide pour mieux intervenir dans le mouvement environnemental. Le défi consiste maintenant à donner une continuité à ses propres instances permanentes de réflexion et de construction, ainsi qu'à intervenir de manière unie dans la lutte contre les négationnistes d'extrême droite de la crise climatique et à être toujours vigilants pour ne pas tomber dans les fausses solutions du capitalisme vert. Aujourd'hui, nous sommes plus proches d'une alternative écosocialiste systémique qui permettra à la classe ouvrière de jouir d'un environnement sain, d'un temps de travail réduit et de plus de temps pour la jouissance collective. Il est temps de passer à l'offensive et d'articuler un programme systémique contre la barbarie climatique et sociale du capitalisme.

Le 20 mai 2024

* Germán Bernasconi est membre de Poder Popular en Argentine. Traduit par Félix B.

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Regroupement des médias critiques de gauche (RMCG)

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