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Depuis 0h01 aujourd'hui, Postes Canada est complètement à l'arrêt. Son PDG, Doug Ettinger, a forcé les travailleurs postaux à entrer en grève après avoir ignoré leurs revendications. Il les a également menacés de renvois massifs et d'une dégradation de leurs conditions de travail. Le nœud du (…)

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15 novembre 2024, par Par Germain Dallaire
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Grève imminente pour 55 000 postiers, le PDG menace de lock-out

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Quand la prison fait mourir

14 novembre 2024, par Ligue des droits et libertés

Retour à la table des matières Droits et libertés, printemps / été 2024

Quand la prison fait mourir

Catherine Chesnay, professeure à l'École de travail social de l'UQAM Mathilde Chabot-Martin, candidate à la maîtrise en travail social à l'UQAM En novembre 2019, Michelle Messina, également connue sous le pseudonyme Madame M, s’est enlevée la vie dans sa cellule de l’Établissement de détention Leclerc de Laval. Quelques mois plus tard, le 20 mai 2020, Robert Langevin, un homme de 72 ans incarcéré à l’Établissement de détention de Montréal (Bordeaux) en attente de son procès, a succombé à la COVID-19. Dès le 19 mars 2020, la Ligue des droits et libertés (LDL) a fait valoir les droits des personnes incarcérées et œuvré à ce qu’un maximum de personnes puissent sortir de prison. À la demande des proches de personnes incarcérées ainsi que de la famille de Robert Langevin, la LDL a aussi tenté d’obtenir plus d’informations sur les derniers moments de M. Langevin, sur les soins qui lui ont été prodigués. Tout au long de ces démarches, la LDL a dénoncé l’opacité des services correctionnels. Le 24 décembre 2022, Nicous D’Andre Spring, un homme noir de 21 ans détenu illégalement à Bordeaux est décédé des suites d’une intervention violente des agents correctionnels. Récemment, en l’espace de quelques mois seulement, deux femmes sont décédées à l’Établissement Leclerc, l’une par suicide (novembre 2023) et l’autre de causes dites naturelles (janvier 2024). [caption id="attachment_19979" align="alignright" width="380"] Évolution par Eve | Projet Société Elizabeth Fry 2024.[/caption] Ces décès ayant retenu une certaine attention médiatique au moment de leur annonce ne sont que quelques exemples d’une problématique largement répandue dans les prisons provinciales du Québec. Dans une recherche visant à faire l’analyse des décès répertoriés par le ministère de la Sécurité publique (MSP) entre 2009-2010 et 2021-2022, nous avons constaté qu’au moins 256 personnes sont décédées dans une prison provinciale (Chesnay, Chabot-Martin et Ouellet, 2024). Pour l’ensemble de cette période, le nombre de décès survenus s’est situé entre 13 décès (2010-2011) et 29 décès (2020-2021), avec une hausse totale de 87 % du taux de décès annuel entre le début et la fin de la période. Si l’on s’attarde à la classification de ces décès, 38 % des décès ont été classés comme suicide, 33 % comme mort de cause naturelle et 28 % comme mort de cause indéterminée. Selon nos analyses, c’est principalement la hausse dans le nombre de décès classés comme suicide qui explique l’augmentation du nombre de décès dans les prisons. Plus précisément, l’analyse de l’évolution des taux de suicide dans les prisons démontre qu’il y a à la fois une hausse globale dans les taux de suicide et trois pics d’augmentation ponctuels pour 2011-2012 ; 2017-2018 et ; 2020-2021.

Imprécision des causes de décès

L’importante proportion de décès classés comme suicide s’inscrit en continuité avec les recherches sur les décès en prisons menées dans le Nord global (par ex., voir Bensimon, Liebling), ainsi qu’avec celles menées par Jean Claude Bernheim en 1997, démontrant l’influence des conditions de détention sur le nombre de suicides. Ainsi, de façon non exhaustive, le régime d’incarcération, l’architecture carcérale, la cote de sécurité de l’établissement, l’accès aux soins de santé, les transferts d’établissement, et toute forme d’isolement ou de confinement sont des éléments ont des effets importants sur les taux de suicide. En ce sens, la hausse des suicides nous renseigne sur une certaine dégradation des conditions d’incarcération, s’étant exacerbée au moment de la pandémie de COVID-19. Les décès classés comme mort naturelle par le MSP, entendus comme tous les décès découlant d’une maladie ou d’une complication associée à une maladie, soulèvent aussi plusieurs questions. Selon nos analyses, l’évolution du taux de mort naturelle pendant la période ne suit pas de tendance claire ou significative, rendant inutile une analyse chronologique de leur distribution. C’est plutôt la stabilité dans le nombre de morts naturelles qui nous invite à nous questionner sur les conditions de détention, ainsi que l’accès à des soins de santé adéquats pour les personnes incarcérées. Dans presque tous les rapports annuels produits, le Protecteur du citoyen dénonce l’insalubrité des établissements de détention ainsi que des mesures d’hygiène défaillantes1. La LDL s’est également maintes fois manifestée dans l’espace public pour dénoncer les violations du droit à la santé dans les prisons provinciales. L’accès à des soins de santé de qualité équivalents à ceux offerts à l’extérieur des murs de la prison est aussi un enjeu majeur, tel que souligné par le Protecteur du citoyen. Finalement, en ce qui concerne les décès classés comme mort de cause indéterminée, ceux-ci soulèvent également plusieurs questions, tant sur leurs causes, que sur la classification des décès. D’une part, les documents fournis aux chercheuses et chercheurs par le MSP ne contiennent aucune information concernant les critères utilisés pour établir qu’une mort est de cause indéterminée. La classification en devient à la fois si vaste et si imprécise que des décès survenant dans des circonstances très variées pourraient s’y retrouver. Par exemple, un récent rapport du Bureau du Coroner de l’Ontario souligne la hausse du nombre de décès attribuable aux surdoses dans les prisons provinciales2. Or, selon la classification actuelle des décès, la seule catégorie qui pourrait capter ces décès est celle de cause indéterminée. Or, du fait de l’imprécision de cette catégorie, il est impossible de vérifier si le même phénomène se joue dans les prisons québécoises. À la lumière des analyses des taux de décès pour chaque catégorie, il en ressort que le système de classification des décès est à la fois un révélateur du contexte dans lequel ces décès se produisent, mais aussi, de l’opacité des mécaniques institutionnelles qui entourent la mort en prison.

Plus de questions que de réponses

Les données que nous avons présentées soulèvent plus de questions qu’elles n’apportent de réponses. D’abord, ces dernières reposent sur des documents fournis par le MSP, obtenus grâce à 11 demandes d’accès à l’information s’échelonnant sur quatre années. Les documents obtenus reposent sur des classifications préétablies et sur l’interprétation des employé-e-s des services correctionnels. Ils n’offrent donc qu’une vision partielle (et même partiale) des évènements qui se déroulent dans les prisons provinciales. Ensuite, la qualité même des données est questionnable. En plus de noter des différences entre les documents que nous avons obtenus, une autre équipe de recherche (Tracking (In)justice)3, ayant mené une démarche similaire d’accès à l’information, a obtenu une liste comportant 52 décès supplémentaires à celle que nous avons obtenue pour la même période. Bien que nous ayons demandé une clarification au MSP au sujet de cette disparité, nous n’avons pas obtenu de réponse de leur part. Nous faisons l’hypothèse que cette différence est en partie attribuable à l’inclusion des décès de personnes suivies par les services correctionnels dans la communauté dans les données fournies à l’équipe de recherche de McClelland. Néanmoins, avec les informations dont nous disposons, on ne peut infirmer ou confirmer cette hypothèse.
[…] le système de classification des décès est à la fois un révélateur du contexte dans lequel ces décès se produisent mais, aussi, de l’opacité des mécaniques institutionnelles qui entourent la mort en prison.
L’enjeu de la piètre qualité des données correctionnelles provinciales a déjà été soulevé à maintes reprises, par différents actrices et acteurs, et dans plusieurs juridictions canadiennes. En 1997, Bernheim faisait état du peu de fiabilité des données issues des services correctionnels. Au Québec, le système de gestion des données carcérales, soit le système DACOR (dossier administratif correctionnel), est reconnu comme étant obsolète et peu convivial à l’usage. Il contient des informations judiciaires sur les personnes incarcérées, mais aussi des données démographiques et des informations sur leurs antécédents médicaux, entre autres. Le manque de rigueur avec lequel les données carcérales sont consignées se répercute non seulement sur les personnes incarcérées elles-mêmes (incarcération qui dépasse les délais judiciaires ; manque d’information sur le risque suicidaire, etc.), mais également sur la possibilité de brosser un portrait fiable de la population carcérale. Ce même phénomène a par ailleurs été soulevé en Ontario dans un rapport du Bureau du coroner en 2023 faisant état d’enjeux de fiabilité et de transparence des données des services correctionnels de la province4. D’ailleurs, dans le cadre de recommandations pour prévenir les décès en détention, on suggère notamment la mise sur pied d’une stratégie sur la transparence et la qualité des données correctionnelles.

Toujours un décès de trop

À ce stade-ci de nos analyses, bien que nos données ne nous permettent pas d’articuler des analyses sur les causes et les circonstances de chaque décès, nous ne pouvons pas éluder le caractère mortifère de la prison. D’emblée, souli-gnons que le personnel correctionnel peut être directement impliqué dans le décès d’une personne incarcérée. C’est d’ailleurs ce qui est en jeu dans le décès de Nicous D’Andre Spring. Cependant, les personnes impliquées ne se retrouvent que rarement devant une cour de justice — faisant des accusations criminelles l’exception et non la règle. Une exception notable est la poursuite criminelle d’un agent correctionnel, au Manitoba, pour des accusations de négligence et de non- assistance à une personne à la suite du décès d’un homme Anishinaabe de 45 ans. Son décès le 7 février 2021 faisait suite à une intervention d’agents correctionnels durant laquelle il avait répété à 27 reprises ne pas pouvoir respirer5. Soulignons aussi que l’inaction du personnel correctionnel en ce qui a trait à des mesures de soin et de prévention, conjuguée avec des pratiques disciplinaires et des techniques de contention, peut aussi entraîner des conséquences mortifères. Sept ans après le décès de Soleiman Faqiri et au terme d’une lutte acharnée de sa famille, le jury appelé dans le cadre de l’enquête du Bureau du coroner de l’Ontario a conclu en décembre 2023 que son décès devait être considéré comme un homicide. Son incarcération alors qu’il était en crise, l’absence totale de services en santé mentale ainsi que l’escalade de la réponse correctionnelle (allant de l’isolement à l’usage de mesures de contention) sont tous des éléments ayant mené à son décès6. Les conclusions de l’enquête, tenue avec des audiences publiques, ne sont toutefois pas contraignantes, elles visent uniquement à informer le public sur les circonstances du décès. Dans son rapport, le jury, formé de cinq membres de la collectivité, a émis plus de 57 recommandations, incluant la création d’un organisme indépendant pour enquêter sur chaque décès de personnes incarcérées ainsi que sur les enjeux systémiques.

Plus que compter les morts

Bien que chaque mort soit unique, et que les causes et circonstances soient toujours différentes, il en ressort que chacune d’entre elles révèle simultanément les failles d’un système correctionnel déficient et mortifère. Or, l’absence de surveillance institutionnelle des décès en prison — se manifestant, entre autres, par l’inhabilité à compter avec exactitude le nombre de morts qui s’y produit et à en identifier la cause dans 28 % des cas — est symptomatique d’une certaine banalisation de la mort entre ces murs. La prison (re)produit les violences coloniales, racistes, sexistes, capacitistes, en toute impunité. En milieu carcéral, certains corps considérés comme irrécupérables par l’institution en raison de leur identité de genre, de leur état mental ou de certaines caractéristiques physiques sont plus exposés à la mort7. Se questionner sur la mort en prison va donc au-delà de « compter les morts » ; il s’agit d’interroger pourquoi autant de personnes meurent en prison et de réfléchir à la manière dont les morts sont comprises, classifiées et, surtout, ignorées.
  1. En ligne : https://protecteurducitoyen.qc.ca/fr/enquetes/rapports-annuels/2022-2023
  2. Office of the Chief coroner, An obligation to prevent - Report from the Ontario Chief Coroner’s Expert Panel on Deaths in Custody, 2023.
  3. En ligne : https://trackinginjustice.ca/
  4. Office of the Chief coroner, 2023.
  5. En ligne : https://www.aptnnews.ca/national-news/i-cant-breathe-court-sees-video-of-guards-overpowering-inmate-william-ahmo/
  6. En ligne : https://toronto.ctvnews.ca/soleiman-faqiri-s-jailhouse-death-ruled-a-homicide-1.6683448  En ligne : https://globalnews.ca/news/10167257/faqiri-family-coroners-inquest/
  7. Bromwich, Theorizing the Official Record of Inmate Ashley Smith : Necropolitics, Exclusions, and Multiple Agencies. Manitoba Law Journal, 2017 ; A. Mbembe, Nécropolitique, 2006 ; Razack, It Happened More Than Once : Freezing Deaths in Saskatchewan, Canadian Journal of Women and the Law, 2014. En ligne : https://doi.org/10.3138/cjwl.26.1.51 ; C. M. Zhang,Biopolitical and Necropolitical Constructions of the Incarcarated Trans Body, Columbia Journal of Gender and Law, 2019.

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Au lendemain de la COP16, le financement demeure incertain

14 novembre 2024, par Sabine Bahi
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Les histoires deviennent vraies

14 novembre 2024, par Marc Simard
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L’auteur fait partie de l’Initiative de journalisme local Face aux nombreuses actions collectives qui émergent dans les régions, il semble urgent d’explorer des moyens nouveaux pour construire des récits qui inspirent un avenir plus durable. Des initiatives comme celles du groupe Églantine, qui (…)

Un hôtel en grève contre ses patrons adeptes de paradis fiscaux

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Les travailleurs de l'Hôtel Pur sont en grève depuis presque deux mois et se battent contre une direction qu'ils accusent d'intimidation. Même avec de riches propriétaires qui sont liés à des paradis fiscaux, la direction refuse toujours d'accepter les demandes des grévistes et semble vouloir (…)

Lettre : La promesse aux accidentés de la route a été trahie

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L'article suivant est une lettre de la présidente de l'Association des Accidentés de la Route en Litige avec la SAAQ. Elle a été envoyée à l'Étoile du Nord, de même qu'au premier Ministre François Legault, à la Vice-première-ministre Geneviève Guilbault, les anciens ministres des Transports (…)

Conférence du journaliste André Noël sur le réseau Atlas

13 novembre 2024, par Association québécoise pour la Taxation des Transactions financières et pour l'Action Citoyenne (ATTAC-Québec) — ,
À l'heure où Donald Trump est réélu à la présidence des États-Unis, et en lien avec les prochaines élections fédérales au Canada, cette conférence d'André Noël sur le réseau (…)

À l'heure où Donald Trump est réélu à la présidence des États-Unis, et en lien avec les prochaines élections fédérales au Canada, cette conférence d'André Noël sur le réseau Atlas, le puissant lobby de la droite radicale, tombe à point. Attac Québec vous y convie le 23 novembre prochain à 13 h, à la salle multi de la CSN au 1601, avenue De Lorimier à Montréal. Entrée libre (pas de webdiffusion). Événement Facebook à partager.

Journaliste indépendant, M. Noël est ex-journaliste d'enquête à La Presse et ex-enquêteur/rédacteur à la Commission Charbonneau. Il nous fera connaître ses recherches sur ce réseau tentaculaire qui doit nous préoccuper, mais qui reste méconnu. Le réseau Atlas est l'un des plus grands réseaux diffusant des idées libertariennes et de droite radicale, en faveur de la privatisation des services publics, de la baisse de la taxation des grandes entreprises, du déni du réchauffement climatique, etc. Il rassemble plus de 500 think tanks conservateurs dans le monde, parmi lesquels l'Institut économique de Montréal. Il chapeaute les activités de ses partenaires et les met en relation.

Cette activité suivra l'Assemblée générale annuelle d'Attac Québec qui se tiendra en avant-midi. Nous espérons vous y voir nombreux et nombreuses !

Lieu Salle multi de la CSN
1601, avenue De Lorimier Montréal, QC CA

Le lien à mettre :

https://quebec.attac.org/conference-du-journaliste-andre-noel-sur-le-reseau-atlas/
<https://quebec.attac.org/conference...>

Offre d’emploi : Représentant.e aux ventes publicitaires

13 novembre 2024, par Marc Simard
Relevant du directeur du journal Le Mouton Noir et de son Conseil d’administration, les principales responsabilités du représentant.e aux ventes sont de proposer des solutions (…)

Relevant du directeur du journal Le Mouton Noir et de son Conseil d’administration, les principales responsabilités du représentant.e aux ventes sont de proposer des solutions publicitaires multiplateformes répondant aux besoins des clients afin de générer des revenus de ventes et une croissance (…)

Les années de formation de Stanley Ryerson – Andrée Lévesque

13 novembre 2024, par Archives Révolutionnaires
Alors qu’il s’était jadis démarqué comme l’imposante figure de l’intellectuel du Parti communiste du Canada (PCC), Stanley B. Ryerson est aujourd’hui moins connu des nouvelles (…)

Alors qu’il s’était jadis démarqué comme l’imposante figure de l’intellectuel du Parti communiste du Canada (PCC), Stanley B. Ryerson est aujourd’hui moins connu des nouvelles générations. En tant qu’historien marxiste, il a proposé une synthèse inégalée de l’origine socio-économique du Canada, en s’intéressant à l’articulation des catégories de nation et de classe. Son ouvrage Capitalisme et confédération, initialement paru aux éditions Parti pris en 1972, sera d’ailleurs réédité chez M Éditeur à l’automne 2024.

Archives Révolutionnaires entend aussi contribuer à faire connaître Ryerson. C’est pourquoi nous publions un article tiré du livre Stanley Bréhaut Ryerson, un intellectuel de combat (1996). Cet ouvrage est, à ce jour, la somme la plus aboutie portant sur la vie et les travaux de celui que l’on peut sans doute considérer – sans adulation excessive – comme le plus grand historien révolutionnaire canadien. Dans son article « Les années de formation du militant » (chapitre 1, p. 23-34), l’historienne Andrée Lévesque plonge dans la jeunesse de Ryerson et ses premières expériences politiques. Sa formation intellectuelle et idéologique est notamment façonnée par la crise économique de 1929 et la crainte qu’inspire la montée du fascisme en Europe. Après ses années d’études en France, où il participe au Front populaire antifasciste, Ryerson embrasse rapidement le rôle de « révolutionnaire professionnel », comme intellectuel du PCC et rédacteur de son journal québécois Clarté. Dans cette première période, Ryerson pose aussi les grands jalons de son travail intellectuel futur, notamment avec la publication de ses ouvrages 1837 : The Birth of Canadian Democracy (1937) et French Canda (1943), où il défend le caractère républicain et universel des insurrections patriotes, en plus de la spécificité de l’oppression nationale des Canadiens français.

Le livre Stanley Bréhaut Ryerson, un intellectuel de combat est disponible intégralement sur les classique de l’UQAC.


Les années de formation du militant

Andrée LÉVESQUE

STANLEY BRÉHAUT RYERSON s’engage dans l’action militante au moment de la plus grande débâcle qu’ait connue le capitalisme au XXe siècle. Cette période, qualifiée d’apocalyptique, voit la montée des idéologies de droite et le triomphe du fascisme et du nazisme. Les bouleversements économiques et idéologiques favorisent une prise de conscience des lacunes du capitalisme, une vague d’engagements sociaux et une relecture du passé à la lumière des préoccupations de l’heure. Cette remise en cause de la société, Stanley Bréhaut Ryerson a tôt choisi d’y contribuer à l’intérieur du mouvement communiste. Il demeurera fidèle à cette idéologie et à cette orientation politique pendant quatre décennies.

En 1932, la gauche canadienne accueille une recrue qu’une trajectoire inusitée a conduite à la Ligue des jeunes communistes de Toronto. Le jeune militant a vingt et un ans, il vient de passer une année à la Sorbonne et termine des études de philosophie et de langues modernes à l’Université de Toronto. Ryerson se plaira à rappeler son intérêt marqué pour l’étude des langues. À l’instar de Vico et de Marx, il reconnaît l’importance épistémologique de la langue, instrument d’expression des sociétés. Initié très tôt par sa mère au français et à l’italien, il entreprend des cours d’allemand et de français au Upper Canada College qu’il fréquente de 1919 à 1929. Mme Dumarbois, l’épouse de son professeur de français, est d’origine russe et elle lui apprend les premiers rudiments de sa langue maternelle. Lorsqu’il obtient une bourse de l’État français pour faire à la Sorbonne l’équivalent de sa troisième année d’université, il choisit les lettres italiennes et rédige un mémoire sur le romancier réaliste Giovanni Verga, en vue de l’obtention du diplôme d’études supérieures en langue et littérature italiennes.

Cette année à Paris marquera profondément sa formation politique. Pendant l’été 1931, il y rencontre des professeurs de Toronto qui préparent une grande randonnée dans les Pyrénées : Otto Berkelbach van der Sprenkel, professeur d’économie à l’Université de Toronto qui, le premier, éveille son intérêt pour la politique et pour le marxisme, Felix Walter, professeur de français à Trinity College, et Dorothea Walter, futurs traducteurs de Trente Arpents de Ringuet [1], ainsi que Barker Fairley, éminent spécialiste de Goethe et de Heine, critique d’art et critique littéraire, et Margaret Fairley, tous deux bien connus dans les milieux progressistes torontois et fondateurs de la revue Canadian Forum. À Paris, il se familiarise avec la gauche par le biais de l’Association des écrivains et artistes révolutionnaires. Le 5 mars 1932, il participe aux manifestations organisées à l’occasion de la mort de Zéphyrin Camélinat, le dernier survivant de la Commune de Paris de 1871. Plus tard, il participe à une réunion de protestation contre la répression française en Indochine. L’année 1931-1932 est cruciale pour son éducation politique – il lit pour la première fois Le Manifeste du Parti communiste – et contribue au développement chez lui d’un sens aigu de l’histoire qui ne le quittera jamais [2].

Depuis le VIe congrès de l’Internationale en 1928, le communisme est entré dans une nouvelle période. Période dure, où la stratégie de la lutte des classes est au premier plan. Les exclusions pleuvent à droite et à gauche. D’une part, les réformistes et les sociaux-démocrates sont répudiés comme agents du capitalisme ; d’autre part, les trotskystes sont dénoncés et expulsés. C’est une période sans compromis pendant laquelle le Parti communiste du Canada (PCC), qui, en 1930, compte près de 3000 membres, développe ses propres institutions : la Ligue d’unité ouvrière (LUO) pour l’organisation syndicale, la Ligue de défense ouvrière (LDO) pour assurer la défense des travailleurs poursuivis pour leurs activités ouvrières, la Ligue ouvrière des femmes, la Ligue des jeunes communistes et les amis de l’Union soviétique [3].

De retour à Toronto en 1932 pour y terminer ses études universitaires, Ryerson participe à la formation de la Ligue étudiante du Canada [4], et devient membre de la direction de la Ligue des jeunes communistes. Il est délégué au congrès international de la Ligue étudiante du Canada à Chicago ou s’affrontent trotskystes et staliniens. Il y défend la proposition de ces derniers sur l’étude des problèmes économiques face à la contre-proposition trotskyste sur la dictature du prolétariat. Les dissensions au sein de la gauche canadienne ne font que refléter les déchirements qui frappent tout le mouvement communiste international.

Au Canada, la répression s’est intensifiée depuis l’arrivée au pouvoir du Parti conservateur à l’automne 1930. La « peur du rouge » est alimentée par l’agitation qui accompagne les pires années de la crise économique, par les manifestations de travailleurs et de chômeurs, premières victimes de la faillite du capitalisme. À Toronto, le chef de police Daniel Draper lance sa propre vendetta anticommuniste. En août 1931, les leaders du Parti sont arrêtés ; sept d’entre eux, dont le secrétaire Tim Buck et le secrétaire de la LUO Tom McEwen, sont condamnés à cinq ans de détention qu’ils purgent au pénitencier de Kingston. Avec ses camarades de la Ligue des jeunes communistes, Ryerson participe, avant son second départ pour Paris en 1933, aux campagnes de la Ligue de défense ouvrière en faveur des détenus. Les manifestations et les campagnes de mobilisation sollicitent beaucoup les militants, mais, outre ces actions à caractère public, les membres du Parti sont tenus de participer aux groupes de formation politique. Celui de Ryerson est dirigé par Bill Sparks du Parti communiste des États-Unis, son mentor [5].

Ryerson débute dans le journalisme marxiste a la rédaction de Young Worker, le journal de la jeunesse communiste, et il collabore bientôt aussi à Masses, l’organe du Progressive Arts Club (PAC) de Toronto, publié d’avril 1932 à mars-avril 1934 [6]. Le premier numéro annonçait l’objectif de la revue : « Fournir la base pour le développement d’une littérature et d’un art ouvriers militants […] Elle s’adresse aux travailleurs, aux fermiers pauvres, aux chômeurs. » Et il proclame : « L’Art est propagande ! [7] »

Les premiers articles de Ryerson dans Masses traitent de l’éducation, ou plutôt des inégalités de l’accès à l’éducation. Il s’insurge contre les écarts entre l’école privée réservée aux classes supérieures et l’école publique de l’enfant prolétaire [8]. L’ancien élève du Upper Canada College, l’arrière-petit-fils d’Adolphus Egerton Ryerson, père du système d’éducation publique de l’Ontario, aborde l’éducation en tant qu’instrument de propagande, lieu d’endoctrinement contrôlé par les classes dirigeantes.

Ryerson est le premier à admettre l’influence de ses maîtres. Le Upper Canada College, reconnu comme une des meilleures institutions d’enseignement au Canada anglais, où étaient formés les fils de l’élite anglo-saxonne ontarienne, pouvait se permettre de tolérer certains non-conformistes qui allaient lui insuffler « un esprit de contestation radicale [9] ». Ainsi, le professeur de français Owen Classey, ancien tuteur de H.G. Wells, a fortement impressionné le jeune Stanley en motivant ainsi son absence lors d’une visite d’Edward Beatty, président du Canadien Pacifique et grand apôtre de l’impérialisme britannique : « I hate flags, expliqua le professeur, and all people who wave them ! » Une position que son étudiant allait rapidement faire sienne [10]. En ce qui concerne Wells lui-même, la lecture de Outline of History éveilla Ryerson à l’universalité de l’histoire et suscita chez lui un grand intérêt pour la géologie [11]. Si Ryerson a pu profiter d’une éducation de qualité supérieure, il a pris conscience du privilège que représentait une telle formation. Aussi, à l’époque où il obtient son Baccalauréat es arts, au printemps 1933, partage-t-il son temps entre ses études et diverses activités artistiques et politiques.

La session universitaire terminée, il s’embarque de nouveau pour la France où il va continuer des études de littérature italienne. Outre Vico et Santayana, son emploi du temps réserve une place à la poursuite de son éducation politique et il développe des amitiés qui marqueront son séjour. Il est membre de la Fédération des Jeunesses communistes et collabore à L’avant-garde, Rabcor, la revue d’informations ouvrières, à titre d’assistant à la rédaction. Toujours attiré par le théâtre et les arts, il fait partie de l’Association des écrivains et artistes révolutionnaires dont le secrétaire général, Paul Vaillant-Couturier, écrivain et homme politique d’allégeance communiste, se fait le défenseur du rôle des écrivains au sein du mouvement ouvrier.

Il fréquente de jeunes amies torontoises, la poétesse Dorothy Livesay et « Jim » Watts, infirmière et future metteuse en scène, toutes deux liées au PAC de Toronto [12]. Il partage pendant quelque temps, avec Livesay, un petit appartement boulevard Saint-Germain. Ensemble ils vont au théâtre, aux manifestations organisées par le Parti et au mur des Fédérés, au cimetière du Père-Lachaise, pour la célébration annuelle du massacre des communards [13].

Ryerson est gagné par l’effervescence des années 1933-1934. Hitler accède au pouvoir en Allemagne ; en France les gouvernements se succèdent après l’échec de l’union des gauches de 1932. Ryerson partage les inquiétudes des communistes français sur la position à adopter devant la menace fasciste. En février 1934, il se trouve au congrès des Jeunesses communistes à Ivry quand les ligues d’extrême droite déferlent violemment dans les rues de Paris. Dans la foulée des événements de février, le Parti communiste français (PCF) amorce une tentative de collaboration avec la Section française de l’Internationale ouvrière : la gauche française s’achemine vers la formation du front populaire. Deux mois plus tard, Ryerson s’embarque à Anvers pour un séjour de dix jours à Leningrad [14]. Il y trouvera une confirmation des fondements de son option politique. Son voyage en URSS, l’expérience directe des affrontements entre la droite et la gauche en France, et les débats qu’ils suscitent au sujet de la collaboration entre communistes et socialistes, de même que son engagement dans la lutte antifasciste, laisseront leurs traces chez lui et influenceront son analyse politique pendant toute cette décennie.

De Paris, il garde contact avec le Progressive Arts Club et maintient sa collaboration à Masses. Il se mêle aux débats qui agitent l’intelligentsia de gauche autour des questions relatives à l’esthétique et à la propagande. Dans les pages de la revue du PAC, Ryerson entretient une polémique avec le dramaturge Cecil-Smith sur une définition marxiste de la propagande [15]. Cecil-Smith a porté à la scène sa vision du théâtre-propagande ; sa pièce Eight Men Speak s’inspire de l’emprisonnement des leaders communistes. Le succès de cette pièce illustre le rôle très important du théâtre dans le mouvement communiste des années 30. De New York à Toronto, Montréal et Vancouver, on met en scène des pièces inspirées par la dépression économique, la situation ouvrière et le chômage. Forme privilégiée d’agit-prop, le théâtre se veut un véhicule didactique, un instrument de conscientisation des travailleurs, tout en constituant un moyen de levée de fonds pour les organisations du Parti. Le dynamisme du théâtre prolétaire engagé, auquel a participé Ryerson, a fortement animé la culture de gauche nord-américaine pendant la crise économique [16].

Ryerson a été très jeune attiré par le théâtre. N’a-t-il pas joué Prospero à quatorze ans ? À l’université, il compose une pièce sur Abélard, montée par le Players’ Guild de Toronto, et dont il s’attribue le rôle-titre. En 1934, inspiré par la situation internationale, il  écrit « War in the East », joué à Toronto et publié dans Masses [17]. En un acte et quatre scènes, la solidarité internationale des travailleurs japonais et chinois triomphe de l’alliance du Mikado, de l’armée, du capitalisme et de la religion lors de l’invasion de la Mandchourie par le Japon. Cette courte pièce d’un dramaturge de vingt-deux ans, qui se termine par le chant de l’Internationale, s’inscrit tout à fait dans le courant agitprop révolutionnaire. Il ne faudrait pas y voir une production servile, obéissant aux exigences du moment et du Parti, mais bien une dénonciation des puissances impérialistes, dont le Japon incarnait le cynisme depuis 1932, et un appel à un internationalisme qui transcende les différences ethniques, internationalisme auquel Ryerson était bien sensibilisé.

À partir de 1934, son engagement est entier. Il y est arrivé non sans déchirements, après des mois de réflexion. En toute lucidité, il réalise que l’adoption de son « approche » (outlook) exigera le sacrifice de tout confort matériel, de toute quiétude intellectuelle et probablement d’une carrière universitaire. Une lettre de dix pages à ses parents, écrite à la veille de son départ pour l’Union soviétique, exprime toutes ses angoisses devant un avenir incertain, et sa crainte de les blesser par son option politique [18] [voir : annexe].

Chargé de cours en littérature française au Sir George William’s College à l’automne de 1934, il s’arrête d’abord à Toronto au début d’août pour présider le premier congrès de la jeunesse contre la guerre et le fascisme. Plus de deux cents délégués, représentant un grand nombre d’organisations préoccupées par la montée du fascisme en Europe et la répression de la gauche au Canada, élisent Ryerson président national de la nouvelle organisation [19]. À Montréal, il rejoint immédiatement la section québécoise du PCC et devient directeur du programme d’éducation du Parti. Il anime un groupe d’études marxistes ouvert aux membres du Parti et à des sympathisants, pour discuter du matérialisme historique ou de la solidarité internationale contre le fascisme. Grâce à sa connaissance de la langue, il fait le lien entre les groupes de gauche francophones et anglophones, et agit souvent comme interprète. Ainsi, quand la Ligue de défense ouvrière invite Louis Retigaud, du Comité mondial contre la guerre et le fascisme, on fait appel à Ryerson pour la traduction simultanée [20]. En décembre 1935, il devient secrétaire provincial du Parti au Québec et accède au Comité central du PCC, poste qu’il conservera jusqu’en 1969.

La section québécoise du Parti a alors pour président Évariste Dubé, pour organisateur William Kashtan et pour secrétaire Stanley Bréhaut Ryerson. Afin de protéger l’anonymat des membres les plus vulnérables, on crée une cellule spéciale ou se réunissent certains intellectuels et même des membres des professions libérales. C’est ce groupe qui accueille Norman Bethune à l’automne de 1935 [21]. Le médecin a alors quarante-cinq ans, Ryerson vingt-quatre. Une affinité se développe, mêlée d’admiration de la part du jeune militant dont le père, chirurgien, vice-doyen de la faculté de médecine à l’Université de Toronto, avait aussi participé à des projets de médecine sociale sans toutefois aller jusqu’au socialisme. Les parents étaient d’ailleurs loin d’approuver les choix politiques de leur fils. Mais ce dernier rencontrait chez Bethune l’aîné compréhensif à qui, ironiquement, il servait un peu de mentor dans leur cercle d’études marxistes.

En 1935, la section québécoise du Parti lance son journal, Clarté, avec comme rédacteur Stanley Bréhaut Ryerson, qui signe ses articles : Étienne Roger. Les succès du fascisme en Europe amènent un changement dans la ligne du Parti, faisant tomber l’intransigeance qui le caractérisait depuis 1929. Durant l’été de 1935, en réaction contre la montée de l’extrême droite en Italie, en Allemagne et en France, la Troisième Internationale, à son septième congrès, adopte la politique de front commun. Désormais, tous les partis membres du Komintern tenteront des alliances avec un large éventail de forces démocratiques. Ce nouvel esprit de conciliation et de solidarité empreint désormais tous les écrits de Ryerson, et le journal Clarté sera marqué au sceau de l’unité ouvrière [22].

Au Canada, le PCC est toujours sujet aux accusations de sédition selon l’article 98 du Code criminel ; conformément aux vœux des représentants de la Cooperative Commonwealth Federation (CCF) à la Chambre des communes d’Ottawa, le Parti libéral avait promis de le supprimer. Au début de l’année 1936, le rappel de l’article 98 facilite les activités des organisations de front commun, comme la Ligue pour la paix et la démocratie, mais au Québec le gouvernement d’Union nationale et le cardinal Villeneuve conjuguent leurs efforts pour contrer la tolérance des mouvements de gauche. En mars 1937, l’Assemblée législative vote à l’unanimité la « loi du cadenas » permettant d’apposer les scellés à toute salle servant à propager le bolchevisme. Les réunions du Parti devront se tenir dans la clandestinité ou risqueront d’être interrompues par la police, alors que les propriétaires de salles hésiteront à s’exposer à la fermeture et refuseront de louer à ces gênants locataires. Les communistes doivent faire preuve d’ingéniosité pour déjouer les forces de l’ordre. Ils tiennent même des réunions dans les hôtels les plus huppés de la ville, car qui songerait à appliquer un cadenas au Ritz Carleton ou à l’hôtel Windsor ? La loi ne parvient pas à freiner le recrutement puisque, de l’avis même des informateurs de la Gendarmerie royale du Canada, le Parti comptera 150 nouveaux membres en 1938 [23]. Malgré les mesures clandestines, le Sir George Williams College a vent des allégeances de son professeur et ne renouvellera pas son contrat pour l’automne 1937. La Police provinciale est également renseignée sur les activités de Ryerson et, en vertu de la « loi du cadenas », elle opère une perquisition à son domicile, le 24 décembre 1937, et confisque une quarantaine d’ouvrages ainsi que des notes de travail [24].

Dès son arrivée au Québec, à l’automne de 1934, Ryerson s’intègre à son nouveau milieu. Il ne cache pas sa fierté pour les ascendants français de sa mère – les Bréhaut ont immigré des îles anglo-normandes en 1637. Il établit des contacts avec les organisations de gauche francophones. Depuis 1925, les socialistes francophones de toutes tendances fréquentaient l’Université ouvrière fondée par Albert Saint-Martin. En proie à la répression policière et aux scissions idéologiques, l’Université donne naissance à l’Association humanitaire, dirigée par Abel et Émile Godin et vouée à la défense des intérêts des chômeurs. Ryerson participe bientôt aux réunions qui rassemblent jusqu’à trois cents personnes dans la salle sise à l’intersection nord-ouest des rues Montcalm et Sainte-Catherine. Les conférences portent sur l’histoire ou le matérialisme historique, et Ryerson participe à un débat public avec le père Archange Godbout, o.f.m., célèbre pour ses attaques contre le « péril rouge [25] ».

Ses activités de militant ne le confinent pas à Montréal. En janvier 1937, il s’en va en train à Mexico, en tant que membre du Progressive Arts Club, participer au congrès de l’Association internationale des artistes et travailleurs. Or, le Parti communiste mexicain tient en même temps son congrès au Palacio de Bellas Artes, et Ryerson profite de l’occasion pour y assister. Il voyage aussi dans la campagne mexicaine et publiera ses impressions dans deux articles parus en anglais dans New Frontier et en français dans Clarté [26].

Durant l’année 1938, il consacre de plus en plus de chroniques à la politique provinciale et participe aux grands débats sur la politique ouvrière, l’éducation, le retour à la terre, la liberté d’expression. Pendant la coalition contre la législation ouvrière du gouvernement d’Union nationale – les fameux Bills 19 et 20 qui ont une incidence sur les conventions collectives et exemptent le gouvernement d’offrir dans ses contrats des salaires raisonnables -, il propose de transformer cette opposition en un vaste parti politique des travailleurs et des cultivateurs. Il revient plusieurs fois sur la nécessité impérative de créer un troisième parti, une « action démocratique ». Le PCC existe certes, mais à l’échelon provincial il est plus réaliste de miser sur une coalition rassemblant les socialistes de toutes tendances et les libéraux progressistes. La menace fasciste, la politique du gouvernement de Maurice Duplessis, rendent le front commun aussi nécessaire au Québec qu’en Europe.

À la recherche d’appuis dans les milieux libéraux, il rencontre Jean-Charles Harvey avec qui il se lie bientôt d’amitié, ainsi que les membres les plus progressistes de l’Action libérale nationale. Il partage certaines critiques de Harvey sur l’éducation et déplore le bas niveau de scolarité de la population québécoise [27]. Comme son collègue du jour, il ne ménage pas ses sarcasmes à l’endroit du mouvement en faveur d’un retour à la terre, qu’il nomme le « retour au rouet [28] ».

À l’automne de 1938, il est mêlé de près aux deux élections complémentaires qui se déroulent dans la circonscription provinciale de Cartier et dans la circonscription fédérale de Saint-Louis, lesquelles occupent sensiblement le même espace géographique. Dans ce quartier des minorités ethniques de Montréal, nombre de travailleurs originaires d’Europe centrale appuient diverses organisations socialistes ou communistes. Dans l’esprit d’un front commun, Ryerson discutera de tactiques concertées avec le CCE. Finalement, pour ne pas diviser les votes de la gauche, le Parti ne présentera pas de candidat dans Saint-Louis et retirera Fred Rose dans Cartier. Ryerson s’acquitte de la délicate mission d’expliquer ce geste sur les ondes de Radio-Canada [29]. Deux mois plus tard, en décembre 1938, des élections municipales posent des problèmes stratégiques et demandent une constante réévaluation du potentiel progressiste des forces en présence. Comme en témoignent ses rapports à titre de secrétaire général de la section québécoise du Parti et ses articles dans Clarté, Ryerson est toujours bien au fait de la situation politique au Québec.

Le Québec auquel il s’identifie n’est pas celui des formations politiques traditionnelles, mais plutôt celui de la base ouvrière montréalaise ; celui de la critique du clérico-nationalisme et de la bourgeoisie d’affaires. On détecte les mêmes accents dans ses dénonciations du grand capitalisme et des trusts que dans celles des dissidents libéraux de l’Action libérale nationale (ALN). D’ailleurs, le front commun favorise les appels à l’unité des forces progressistes dont il se fait l’apôtre. Il multiplie dans les journaux et les conférences publiques les exhortations à l’établissement d’une coalition qui réunirait les « véritables libéraux, les éléments de l’ALN qui savent résister à l’engouement du corporatisme, et même les nationalistes honnêtes ouverts à la collaboration avec le mouvement syndical [30] ».

Malgré les exigences d’une vie de militant, Ryerson parvient à concilier les demandes incessantes du Parti et une activité intellectuelle remarquable. Suivant son penchant pour la philosophie, il assiste au Congrès international de philosophie de Stuttgart en 1937. Or, cette même année il termine la rédaction de son ouvrage 1837 : The Birth of Canadian Democracy [31] auquel il travaille depuis quelques années, mais qui est rédigé en quelques semaines [32]. Le livre paraît en anglais ; Clarté en publiera la traduction par tranches, de décembre 1938 à mai 1939 [33]. La rébellion de 1837 demeure pour Ryerson l’événement le plus décisif de l’histoire canadienne [34]. Il en fait le sujet d’articles dans The Worker, New Frontier, The Daily Clarion et Clarté [35]. Pour en célébrer le centenaire, le 30 novembre 1938, Clarté consacre un numéro spécial aux rébellions. Près de cinquante ans plus tard, en 1987, Ryerson se penchera de nouveau sur son interprétation des événements : « La lecture proposée des soulèvements de 1837-38 comportait une mise en relief du rôle dynamique des forces populaires dans le mouvement séculaire pour la démocratisation décolonisatrice [36]. »

Ryerson déplorera plus tard de n’avoir pas eu assez de temps pour accomplir tout le travail d’archives nécessaire à une telle entreprise. Ses recherches sur les rébellions de 1837-1838 l’ont toutefois mené au British Museum, à la Bibliothèque nationale à Paris et, grâce à Jean-Charles Harvey [37], à la Bibliothèque du parlement à Québec [38]. Toujours en 1937, il publie en français, sous le nom de E. Roger, Le réveil du Canada français [39]. L’historien Gregory Kealey a fait une analyse poussée de l’œuvre historique de Ryerson [40]. Il convient ici de s’attarder sur quelques lignes maîtresses qui se retrouvent à l’époque parmi tous ses écrits. Dans ces deux ouvrages, on relève les grands thèmes qui avaient fait l’objet de ses chroniques depuis quelques années : l’héritage démocratique du Québec et du Canada, la solidarité internationale, l’oppression économique du Québec.

Dans le contexte québécois, les marxistes devaient expliquer pourquoi le Canada français qui, objectivement, offrait un potentiel révolutionnaire, avec son prolétariat et l’aliénation de ses richesses, semblait résister à l’action révolutionnaire. Peuple de prédilection, les Québécois ne formaient-ils pas le « maillon faible » du système capitaliste, les « Nègres blancs d’Amérique » comme les qualifiait Earl Browder [41] ? Ryerson, dans Le réveil du Canada français, se penche sur les causes de l’infériorité économique du Québec depuis 1760 et adopte dans son analyse ce qu’il est maintenant convenu d’appeler la « thèse de la Conquête ». Ryerson devient l’historien de la résistance à l’oppression économique de la colonie britannique. Pour croire au potentiel révolutionnaire du Canada français, il fallait reconnaître un esprit démocratique à la base, plongeant ses racines dans l’histoire, et qui ne demandait qu’à s’exprimer. Cet « esprit démocratique », Ryerson le soulève constamment, à une époque où le Parti est présenté par la droite comme une menace à la démocratie, noyauté par des agents étrangers tentant de s’implanter dans un Québec imperméable aux valeurs matérialistes. Or, le Québec est aussi présenté, cette fois par certains éléments de gauche et par des représentants du libéralisme anglo-saxon, comme réfractaire à la démocratie. Les positions de Ryerson repoussent tous ces postulats : loin d’être étranger, le Parti est ancré dans la situation québécoise, dans un peuple aux traditions démocratiques. Il se fait l’héritier des premiers héros de la lutte démocratique au Canada et au Québec, les rebelles de 1837.

Pour contrer ce qu’il nomme « la légende » de l’anti-démocratie du Québec, Ryerson se donnera pour mission de ressusciter tout un passé de luttes contre le pouvoir établi, depuis les rebelles de 1837 jusqu’aux Rouges de 1848, évoquant Louis Fréchette qui cite Victor Hugo, en passant par l’Institut canadien jusqu’au mouvement ouvrier et à la lutte contre le capitalisme de monopoles et les fameux « trustards » [42]. Dans l’esprit conciliateur du front commun, il souligne la filiation du Parti libéral qui remonte jusqu’en 1837, renforçant ainsi la légitimité du libéralisme, la possibilité de collaboration de toutes les forces de gauche, libéraux inclus, dans la lutte contre le fascisme et dans la campagne contre le capitalisme de monopoles qu’incarnent les compagnies comme la Montreal Light, Heat and Power. Un vaste mouvement démocratique s’appuie sur une longue tradition.

Longtemps avant la rébellion, la politique occupait une place dans la vie du peuple du Québec, soit à la campagne ou la ville, beaucoup plus importante, généralement parlant, que dans les autres provinces […] ce qui signifie un attachement à la substance de la démocratie, [… à] la liberté de discussion et d’expression [43].

Si cet esprit démocratique constitue un leitmotiv dans les écrits des années 30, l’universalisme de la situation québécoise forme un autre thème persistant. À l’encontre des traditionalistes qui insistent sur la spécificité québécoise, Ryerson ne rate jamais une occasion de situer l’expérience québécoise dans un contexte global. Il insiste sur « la signification universelle de notre rébellion » qui, suivant les lois du matérialisme historique, appartient à la transition du féodalisme au capitalisme [44].

Il partage l’optimisme de tous ceux qui ont la conviction d’appartenir à un mouvement universel, d’aller dans le sens de l’histoire, d’en être les agents. L’universalisme appelle à la solidarité internationale. La dimension internationale du communisme est mise en relief et se trouve reflétée, par exemple, dans la solidarité des travailleurs londoniens avec les rebelles du Haut-Canada. Par ailleurs, les divisions au sein des forces rebelles de 1837 reproduisent celles entre Jacobins et Girondins [45]. Un siècle plus tard, « la masse canadienne-française […] se sent spontanément solidaire de ces masses ouvrières et démocratiques qui manifestent dans les rues de Londres, de Prague, de Paris… » contre Hitler [46].

Seul l’internationalisme pourra servir de rempart contre le fascisme. En ces temps où le nationalisme se situe à droite, où il fait des ravages en Europe et s’allie au corporatisme au Québec, il n’est pas étonnant qu’il soit décrié par Ryerson. Lorsque Dostaler O’Leary lance Séparatisme.  Doctrine constructive, la recension signée E. Roger dénonce son antisémitisme, sa perspective bourgeoise, sa complaisance pour le nazisme et un nationalisme qui occulte l’exploitation capitaliste [47]. La situation internationale et québécoise explique la position antinationaliste de Ryerson, surtout dans son ouvrage Le réveil du Canada français. Il revient à Robert Comeau d’analyser dans le présent ouvrage l’évolution de sa pensée sur ce sujet, évolution qui le mènera à appuyer le mouvement en faveur de l’autodétermination puis l’idée de l’indépendance du Québec quelques quarante ans plus tard.

La crise économique des années 30 suscite chez Ryerson la contestation de l’ordre établi et les engagements politiques. En tant que militant et intellectuel, il ancre son action dans les bouleversements de son époque, dans les problèmes sociaux, économiques et politiques de son pays. De Toronto à Paris puis à Montréal, il fait l’apprentissage du militantisme tout en poursuivant des analyses historiques. Il a la chance de bientôt voir ses premières années d’activité politique profiter du réalignement du communisme vers un front commun. Il milite dans un parti qui s’est assoupli et qui se consacre à des luttes quotidiennes et immédiates : contre les grandes corporations, pour l’assurance-chômage, pour l’organisation syndicale sur une base industrielle. Un parti soucieux de trouver racine dans les situations locales. Ses convictions guident ses recherches qui, en retour, nourrissent son orientation idéologique. Sa prédilection pour les rebelles de 1837 s’inscrit donc dans la logique de ses choix politiques. La cause de la classe ouvrière, le combat antifasciste, tout converge dans l’intérêt de Ryerson pour les Patriotes dont la célébration du centenaire coïncide avec le déploiement de la menace nazie en Europe.

Avec le recul du temps, il serait intéressant de percer le mystère de l’universitaire que nous connaissons, de révéler, dans le sens photographique, le jeune étudiant d’hier pour y discerner ce que sera le militant des décennies suivantes, d’y repérer déjà les bornes qui jalonneront tout son itinéraire politique et intellectuel. Il est intéressant également de saisir le parcours de cet homme qui vit au Québec depuis vingt-six ans, qui s’est engagé dans la lutte sociale, qui a pris parti pour l’indépendance du Québec et qui, dès son arrivée à Montréal en 1934, avait analysé la situation québécoise en fonction de critères auxquels il est toujours reste attaché.

L’importance accordée à l’essence même de la démocratie dans les années 60 et 70, « une question urgente exigeant une action immédiate [48] », fait écho aux écrits de 1937 et de 1938. Sa lutte contre l’assujettissement à l’URSS lors de l’invasion de la Tchécoslovaquie en 1968, traduit le même souci de reconnaître le milieu dans lequel se déploie la lutte socialiste. Communiste historien, historien communiste, les deux attributs se confondent totalement.


Annexe

Extraits d’une lettre de Stanley B. Ryerson à Edward Stanley et Tessie Ryerson. Paris, 13 avril 1934 (Archives personnelles de Stanley B. Ryerson).

Dearest Mum & Dad –

Late again : my letters this year are terribly spasmodic […]

When I got here in the autumn, I felt utterly hopeless about everything, being in a dilemma that was insoluble. I’ve still the dilemma, & have worried consistently over it since then; but I’ve got back my energy into the bargain, which changes things somewhat.

University work & political work are mutually exclusive […]

Art & culture can only flourish – now – under socialism; & only the workers can bring it in. That the millionnaires will use machine guns as well as slander to prevent it, & to keep the right to starve the poeple, doesn’t prove them in the right. Far from it.

If someone were to ask me if I had the strength to fight for the liberation of the wage workers, for the wiping out of unemployment & mass starvation of the poor by the rich – Id say I didn’t know. I don’t know. The worry of my hurting you, the trouble of my nerves, & my horror of discomfort & physical pain, may prove too much for me. All I’m sure of is, that if there’s anything worth while in me, any ‘guts’ at all, I’ll have to try […]

The fact that my being a communist […]

Dad knows what it is to do a work that’s bigger than oneself, for something beyond oneself. And both of you should believe in me enough to feel that I wouldn’t give myself’ for a thing that hadn’t some good in it.

So terribly much love to both of you

Stan.


Notes

[1] Philippe Panneton RINGUET, Thirty Acres, Trad. Dorothea and Felix Walter, Toronto, Macmillan, 1940.

[2] Ces renseignements biographiques sont en partie contenus dans Stanley Bréhaut RYERSON, « Connaître l’histoire, comprendre la société : un rapport en voie de mutation ? Histoire de cas : une prise de conscience des vecteurs sociohistoriques du casse-tête Canada/Québec », texte présenté à l’École des gradués de l’Université Laval pour l’obtention du grade de Philosophie Doctor (Ph.D.), 1987. Voir aussi Sydney JORDAN, « Stanley B. Ryerson, Author of a New Book, Brilliant Personality », Daily Clarion, 2 novembre 1937; Gregory S. KEALEY, « Stanley Bréhaut Ryerson : intellectuel révolutionnaire canadien », dans Robert COMEAU et Bernard DIONNE (dir.), Le droit de se taire. Histoire des communistes au Québec, de la Première Guerre mondiale à la Révolution tranquille, Outremont, VLB éditeur, 1989, p. 202-206; Vivian MCCAFFREY, « Stanley B. Ryerson : Marxist Intellectual and the French-Canadian Question », thèse de M.A., Université d’Ottawa, 1981, p. 7-9. Des renseignements supplémentaires nous ont été fournis par Stanley Bréhaut Ryerson lors d’une entrevue réalisée au mont Saint-Grégoire, le 31 juillet 1994.

[3] Annie KRIEGEL, « La Troisième Internationale », dans Jacques Droz (dir.), Histoire générale du socialisme, vol. III : de 1919 à 1945, Paris, Presses universitaires de France, 1977, p. 92-100. Andrée LÉVESQUE, Virage à gauche interdit. Les communistes, les socialistes et les ennemis au Québec, 1929-1939, Montréal, Boréal Express, 1984, p. 45-46. Ian ANGUS, Canadian Bolsheviks. The Early Years of the Communist Party of Canada, Montréal, Vanguard Publications, 1981, p. 269-270.

[4] La Canadian Student League, fondée à l’Université de Toronto par des étudiants communistes, tentait d’unir les étudiants et étudiantes avec les élèves de niveau secondaire pour obtenir des bourses pour les jeunes, pour abolir l’entraînement militaire dans les écoles, ainsi que pour garantir la liberté d’expression. Paul AXELROD, Making a Middle Class. Student Life in English Canada during the Thirties, Montreal & Kingston, McGill-Queen’s University Press, 1990, p. 132-133.

[5] Bill Sparks, né George Rudas, était originaire de Yougoslavie.

[6] Le Progressive Arts Club est fondé à Toronto en 1931 et aura bientôt des succursales dans toutes les villes canadiennes, de Halifax à Vancouver. Voir Toby RYAN, Stage Left. Canadian Workers Theatre 1929-1940, Toronto, Simon & Pierre, 1981, p. 24-47.

[7] Masses, vol. 1, no 1 (avril 1932). Traduction libre.

[8] Stanley B. RYERSON, « Education and the Proletariat », Masses, vol.1, no 8 (mars-avril 1933), et vol. 1, no 9 (mai-juin 1933).

[9] Idem, « Connaître l’histoire, comprendre la société », op. cit., p. 4.

[10] Entrevue avec Stanley Bréhaut Ryerson, mont Saint-Grégoire, 31 juillet 1994. En 1992, il affirmait : « C’est le Upper Canada College qui m’a amené au communisme. » (Le Devoir, 8 juin 1992.)

[11] H. G. WELLS, The Outline of History : being a Plain History of Life and Mankind, 3e éd., New York, Macmillan, 1921. RYERSON, « Connaître l’histoire, comprendre la société… », op. cit., p. 5-6.

[12] « Jim » Watts, née Myrtle Eugenia Watts, avait changé son nom pour Jean et était connue sous le nom de Jim.

[13] Dorothy LIVESAY, Right Hand Left Hand, Toronto, Press Porcepic, 1977, p. 36, 40; Idem, journey with My Selves. A Memoir 1909-1963, Vancouver et Toronto, Douglas & McIntyre, 1991, p. 139. Dans ses mémoires, Livesay cache Stanley sous le pseudonyme de Tony. Entrevue avec Stanley Bréhaut Ryerson, 31 juillet 1994.

[14] Lettre de Stanley Bréhaut Ryerson à Edward Stanley et Tessie Ryerson, 13 avril 1934. Archives personnelles de Stanley B. Ryerson.

[15] Stanley B. RYERSON, « Out of the Frying Pan », Masses, vol. 1, no 12 (mars-avril 1934).

[16] Toby RYAN, op. cit. Voir aussi le témoignage éloquent d’une militante new-yorkaise, Annette T. RUBENSTEIN, dans Michael BROWN, et al (dir.), New Studies in the Politics and Culture of U.S. Communism, New York, Monthly Review Press, 1993, p. 248-260.

[17] Masses, vol.1, no 12 (mars-avril 1934).

[18] Lettre de Stanley Bréhaut Ryerson à Edward Stanley et Tessie Ryerson, 13 avril 1934. Archives personnelles de Stanley B. Ryerson.

[19] Gregory S. KEALEY et Reginald WHITAKER (dir.), RCMP Security Bulletins. The Depression Years, Part 1, 1933-1934, St. Johns, Canadian Committee on Labour History, 1993, p. 200-203. Le Canada est le premier pays où une section jeunesse a précédé la fondation de la Ligue contre la guerre et le fascisme en 1935. Peter HUNTER, Which Side Are You On Boys ? Toronto, Lugus Productions, 1988, p. 52-53, 70.

[20] Gregory S. KEALEY et Reginald WHITAKER, op. cit., p. 346.

[21] Stanley RYERSON, « Comrade Beth », dans Wendell MACLEOD, Libbie PARK et Stanley RYERSON, Bethune. The Montreal Years, Toronto, James Lorimer & Company, 1978, p. 148-149, 153.

[22] Ce n’est pas un hasard si le journal porte le nom du groupe intellectuel français et de sa revue, fondés en 1919, pour promouvoir une « internationale de la pensée » et un nouvel ordre social opposé à la guerre. On y trouvait, entres autres sommités intellectuelles, Henri Barbusse et Paul Vaillant-Couturier qui eut une influence déterminante sur Ryerson. Nicole RACIE, « The Clarté Movement in France, 1919-1921 », Journal of Contemporary History, vol.2, no 2 (avril 1967), p. 195-208.

[23] Archives nationales du Canada, Service canadien du renseignement et de la sécurité (SCRS), Parti communiste du Canada, document 157, vol. 1, A.R. Gagnon, Commanding « C » Division, 11 janvier 1939.

[24] Clarté, 1er janvier 1938.

[25] Andrée LÉVESQUE, op. cit., p. 128.

[26] E. ROGER, « Le Mexique : pays d’ombres et de lumières », Clarté, 20 et 27 février 1937. Stanley RYERSON, « Mexican Daybreak », New Frontier, vol. 1, no 11 (mars 1937); « Mexico’s Age of Enlightenment », New Frontier, vol. 1, no 12 (avril 1937).

[27] Clarté, 7 février 1935.

[28] Clarté, 19 et 26 décembre 1936.

[29] Andrée LÉVESQUE, op. cit., p. 111-113. Clarté, 19 octobre 1938.

[30] Archives nationales du Canada, Service canadien du renseignement et de la sécurité (SCRS), Parti communiste du Canada, document 157, vol. 1, 2252-2255. Stanley RYERSON, « Building the Democratic Front in Quebec » (23 février 1939). Traduction libre.

[31]1837 : The Birth of Canadian Democracy, Toronto, Francis White Publ., 1937.

[32] S. JORDAN, op. cit.

[33] E. ROGER, « 1837-1838 : la naissance de la démocratie canadienne », Clarté, 6, 21, 28 décembre 1938, 11, 18, 25 janvier, 1er, 8, 18, 25 février, 8, 15, 22, 29 avril, 6, 20 mai 1939.

[34] Clarté, 24 juin 1937. Cent ans auparavant, le père de la grand-mère paternelle de Ryerson, John Beatty; aumônier, accompagnait à l’échafaud deux leaders du soulèvement de 1837 au Haut-Canada. RYERSON, « Connaître l’histoire, comprendre la société… », op. cit., p.4.

[35] Idem, « Our Fathers Fought for our Freedom : LouisJoseph Papineau and 1837 », The Worker, 28 septembre 1935; « God be Thanked for These Rebels ! », New Frontier, vol.1, no 2 (mai 1936) ; « 1837-1838 : la naissance de la démocratie canadienne » et « La rébellion de 1837, bataille pour la démocratie ! », Clarté, 22 mai 1937.

[36] Il regrettera aussi d’avoir sous-estimé le « national » dans son analyse de 1837. RYERSON, « Connaître l’histoire, comprendre la société… » op, cit., p. 12.

[37] Ryerson a toujours apprécié l’amitié de Jean-Charles Harvey. Le journaliste avait vu son roman Les Demi-Civilisés condamné par Son Éminence le cardinal Villeneuve de Québec et, conséquemment, avait été démis de son poste de rédacteur au journal Le Soleil. Le premier ministre Alexandre Taschereau, qui le sacrifiait ainsi aux intérêts du Parti libéral, le fit nommer conservateur de la Bibliothèque de l’Assemblée législative. Marcel-Aimé GAGNON, Jean-Charles Harvey. Précurseur de la Révolution tranquille, Montréal, Beauchemin, 1970, p. 65-66.

[38] Entrevue avec Stanley Bréhaut RYERSON, 31 juillet 1994.

[39] E. ROGER, Le réveil du Canada français, Montréal, Éditions du peuple, 1937.

Rassemblement de protestation contre l’OTAN : une menace pour l’humanité

13 novembre 2024, par Collectif Échec à la guerre
Appel du Collectif Échec à la guerre Rassemblons-nous pour protester contre l’OTAN le vendredi 22 novembre ! Du 22 au 25 novembre 2024, l’Assemblée des parlementaires de l’OTAN (…)

Appel du Collectif Échec à la guerre Rassemblons-nous pour protester contre l’OTAN le vendredi 22 novembre ! Du 22 au 25 novembre 2024, l’Assemblée des parlementaires de l’OTAN (AP-OTAN) se tiendra à Montréal. Cette assemblée réunira près de 400 délégué·es de 57 pays, incluant les 32 pays (…)

Quand La Presse+ trouve du « positif » dans la victoire de Trump

13 novembre 2024, par Par Pierre Dubuc
Hy2Gen, un « Northvolt » passé en catimini

Hy2Gen, un « Northvolt » passé en catimini

Une "COP de la paix" ? Comment l’Azerbaïdjan, pays autoritaire qui bafoue les droits humains, peut-il accueillir cela ?

12 novembre 2024, par Greta Thunberg — , ,
La COP29 : Ne pas rire ni pleurer mais comprendre l'indicible Lors de son discours de bienvenu comme hôte de la COP29 sur le climat, le président de l'Azerbaïdjan a qualifié (…)

La COP29 : Ne pas rire ni pleurer mais comprendre l'indicible

Lors de son discours de bienvenu comme hôte de la COP29 sur le climat, le président de l'Azerbaïdjan a qualifié de « cadeau de Dieu » la richesse pétrolière et gazière de son pays. Il faut le faire. L'élection de Trump plombe la COP de dire le correspondant de Radio-Canada à l'émission Midi-Info d'aujourd'hui. Pour renchérir sur ses propos, les grands pays émetteurs de GES se disent pourquoi faires des sacrifices si les ÉU quittent le navire des COP ? Tant l'attention portée aux guerres génocidaires en cours que la difficile conjoncture économique (ressac de la Grande Dépression de 2008 et de la pandémie) et les « finances publiques exsangues » en découlant étant donné l'austérité néolibérale devenue dogmatique font que seulement quatre des plus hauts dirigeants du G-20 vont se présenter à cette troisième COP d'affilée qui se tient dans une dictature et la deuxième d'affilée dans un État pétrolier.

Le défi financier de cette COP veut aboutir à un fonds annuel de mitigation de mille milliards $US. Il n'atteint aujourd'hui qu'un peu plus de 100 milliards dont 70% en prêts alors que des dizaines de pays bénéficiaires risquent la banqueroute. Cet objectif majeur de la COP en devient une farce macabre quand on pense à l'urgence climatique. Mais d'entrée de jeu, pour sauver la face, ont été quasi imposées les règles du marché du carbone mondial convenu à la COP de Paris sans garantie de protection des droits humains. Greta Thunberg, avec son discours factuel, incisif, droit au but sans fioritures, dénonce les contradictions insolubles de cette « COP de la paix » :

Introduction et traduction : Marc Bonhomme, 12/11/24

11 novembre 2024 | The Guardian
https://www.theguardian.com/commentisfree/2024/nov/11/greta-thunberg-cop29-authoritarian-human-rights-azerbaijan-greenwashing

Alors que les crises climatiques et humanitaires s'aggravent rapidement, un autre État pétrolier autoritaire ne respectant pas les droits humains accueille la COP29, le dernier sommet annuel des Nations unies sur le climat qui commence aujourd'hui et se tient après la réélection d'un président américain hostile au climat.

Les réunions de la COP se sont révélées être des conférences d'écoblanchiment qui légitiment l'incapacité des pays à garantir un monde et un avenir vivables et ont également permis à des régimes autoritaires comme l'Azerbaïdjan et les deux hôtes précédents - les Émirats arabes unis et l'Égypte - de continuer à violer les droits humains.

Les génocides, les écocides, les famines, les guerres, le colonialisme, les inégalités croissantes et l'escalade de l'effondrement climatique sont autant de crises interconnectées qui se renforcent mutuellement et entraînent des souffrances inimaginables. Alors que des crises humanitaires se déroulent en Palestine, au Yémen, en Afghanistan, au Soudan, au Congo, au Kurdistan, au Liban, au Baloutchistan, en Ukraine, au Nagorno-Karabakh/Artsakh et dans de très nombreux autres endroits, l'humanité est également en train de dépasser la limite de 1,5 °C fixée pour les émissions de gaz à effet de serre, sans qu'aucun signe de réduction réelle ne se profile à l'horizon. C'est plutôt le contraire qui se produit : l'année dernière, les émissions mondiales ont atteint un niveau record. Des records de chaleur ont été battus, et il est « pratiquement certain » que cette année sera la plus chaude jamais enregistrée, avec des phénomènes météorologiques extrêmes sans précédent qui poussent la planète vers des territoires inexplorés. La déstabilisation de la biosphère et des écosystèmes naturels dont nous dépendons pour survivre entraîne des souffrances humaines indicibles et accélère encore l'extinction massive de la flore et de la faune.

Toute l'économie de l'Azerbaïdjan repose sur les combustibles fossiles, les exportations de pétrole et de gaz de la compagnie pétrolière publique Socar représentant près de 90 % des exportations du pays. Malgré ce qu'il pourrait prétendre, l'Azerbaïdjan n'a pas l'ambition de prendre des mesures en faveur du climat. Il prévoit d'accroître la production de combustibles fossiles, ce qui est totalement incompatible avec la limite de 1,5 °C et les objectifs de l'accord de Paris sur le changement climatique.

De nombreux participants à la COP de cette année ont peur de critiquer le gouvernement azerbaïdjanais. Human Rights Watch a récemment publié une déclaration expliquant qu'elle ne pouvait être certaine que les droits des participant-e-s à manifester pacifiquement seraient garantis. En outre, les frontières terrestres et maritimes de l'Azerbaïdjan resteront fermées pendant la COP29, de sorte qu'il ne sera possible d'entrer et de sortir du pays que par voie aérienne, ce qui est polluant et que de nombreux citoyen-ne-s azerbaïdjanais n'ont pas les moyens de s'offrir. La raison invoquée pour fermer les frontières lors de toutes les COP depuis le début de la pandémie de Covid est le maintien de la « sécurité nationale », mais j'ai entendu de nombreux Azerbaïdjanais décrire la situation comme étant « enfermés dans une prison ».

Le régime azerbaïdjanais est coupable de nettoyage ethnique, de blocus humanitaire et de crimes de guerre, ainsi que de répression de sa propre population et de persécution de la société civile du pays. L'organisme de surveillance indépendant Freedom House classe le pays comme l'État le moins démocratique d'Europe, le régime s'en prenant activement aux journalistes, aux médias indépendants, aux militants politiques et civiques, ainsi qu'aux défenseurs des droits de l'homme. L'Azerbaïdjan représente également environ 40 % des importations annuelles de pétrole d'Israël, alimentant ainsi la machine de guerre israélienne et se rendant complice du génocide en Palestine et des crimes de guerre d'Israël au Liban. Les liens entre l'Azerbaïdjan et Israël sont mutuellement bénéfiques puisque la majorité des armes utilisées par l'Azerbaïdjan pendant la deuxième guerre du Haut-Karabakh et probablement celles utilisées lors de l'opération militaire de septembre 2023 dans la région du Karabakh ont été importées d'Israël.

La "Cop de la paix" est l'un des thèmes choisis pour la conférence sur le climat de cette année par l'hôte, qui souhaite encourager les États à observer une "trêve de la Cop". Parler de paix mondiale après les terribles violations des droits de l'homme commises par le régime azerbaïdjanais d'Aliyev à l'encontre des Arméniens de souche vivant dans la région du Haut-Karabakh/Artsakh est pour le moins dérangeant. En outre, l'Azerbaïdjan prévoit de blanchir ses crimes contre les Arméniens en construisant une "zone d'énergie verte" sur des territoires où la population a été ethniquement nettoyée.

Comment ce pays a-t-il pu accueillir le sommet sur le climat ? C'était le tour de l'Europe de l'Est. La Russie ayant mis son veto aux États membres de l'UE, il ne restait plus que l'Arménie ou l'Azerbaïdjan. L'Arménie a levé son veto contre l'Azerbaïdjan et a soutenu sa candidature en échange de la libération de prisonniers, bien qu'un grand nombre de prisonniers politiques arméniens soient toujours détenus. L'année dernière, Gubad Ibadoghlu, critique du régime, a été emprisonné après avoir critiqué l'industrie des combustibles fossiles de l'Azerbaïdjan. Parmi les autres prisonniers politiques figurent le militant pacifiste Bahruz Samadov, le chercheur sur les minorités ethniques Iqbal Abilov, les militants politiques Akif Gurbanov et Ruslan Izzatli, ainsi que des journalistes.

Pendant ce temps, l'UE continue d'acheter des combustibles fossiles à l'Azerbaïdjan et prévoit de doubler ses importations de gaz fossile en provenance de ce pays d'ici 2027.

La crise climatique concerne tout autant la protection des droits humains que la protection du climat et de la biodiversité. On ne peut prétendre se soucier de la justice climatique si l'on ignore les souffrances des personnes opprimées et colonisées aujourd'hui. Nous ne pouvons pas choisir les droits humains dont nous nous soucions et ceux que nous laissons de côté. La justice climatique est synonyme de justice, de sécurité et de liberté pour tous.

Pendant la COP29, l'image de l'Azerbaïdjan rapportée par les médias sera une version blanchie et écologisée que le régime s'efforce désespérément de présenter. Mais ne vous y trompez pas : il s'agit d'un État répressif accusé de nettoyage ethnique.

Nous avons besoin de sanctions immédiates contre le régime et d'un arrêt des importations de combustibles fossiles azerbaïdjanais. Des pressions diplomatiques doivent également être exercées sur le régime pour qu'il libère les otages arméniens et tous les prisonniers politiques, et qu'il garantisse le droit au retour en toute sécurité des Arméniens.

Tunisie : où va l’UGTT ?

12 novembre 2024, par Stage Été 2024 Alternatives
Mycea Thebaudeau, stagiaire d’Alternatives en Tunisie Nous publions ci-dessous les faits saillants d’une étude sur l’Union générale des travailleurs tunisiens (UGTT) qu’a (…)

Mycea Thebaudeau, stagiaire d’Alternatives en Tunisie Nous publions ci-dessous les faits saillants d’une étude sur l’Union générale des travailleurs tunisiens (UGTT) qu’a réalisée Mycea Thebaudeau durant son séjour en Tunisie. Nous joignons le texte en pièce jointe qui fait le point de manière (…)

Allemagne. L’industrie automobile face à une crise systémique

12 novembre 2024, par Stephan Krull — , ,
[Le mercredi 6 novembre 2024 a éclaté une crise du gouvernement Ampel (feu tricolore : SPD, Grünen, FDP) portant sur la politique budgétaire. Un des éléments de cette politique (…)

[Le mercredi 6 novembre 2024 a éclaté une crise du gouvernement Ampel (feu tricolore : SPD, Grünen, FDP) portant sur la politique budgétaire. Un des éléments de cette politique porte sur le financement par le gouvernement de l'industrie automobile. Option choisie par le chancelier Olaf Scholz (SPD) à laquelle le ministre des Finances Christian Lindner (FDP) s'est opposé par un veto. Cela intervient alors que la crise de l'industrie automobile – composante centrale de l'industrie de l'Allemagne – s'affirme depuis quelques années, mais a éclaté avec force au premier semestre 2024. En effet, l'indice de production dans ce secteur a chuté de 7,9% sur un an, en juillet. Après une relance en août, en septembre le recul s'est de nouveau manifesté. C'est dans ce contexte que se pose, du point de vue d'une « orientation écosocialiste », le thème du futur de l'industrie automobile et d'une reconversion des modes de transport, dans ce pays de même qu'en Europe. C'est à cette interrogation que Stephan Krull, dans le cadre de la Fondation Rosa Luxemburg, répond en dessinant les lignes de force d'un programme à moyen terme. – Réd. A l'Encontre]

8 novembre 2024 tiré de alencontre.org
http://alencontre.org/europe/allemagne-lindustrie-automobile-face-a-une-crise-systemique.html

Les crises dans l'industrie automobile arrivent régulièrement, les intervalles entre elles se raccourcissent et elles deviennent plus violentes. Comme actuellement, il s'agit de la concurrence entre groupes, d'accès à marchés et de parts de marché, de l'édification puis de la destruction de capacités productives sur des sections de marchés en déclin.

Les crises ont tendance à éliminer des concurrents, à provoquer une tendance plus ou moins grande à la monopolisation et à la concentration et centralisation, à des restructurations de l'ensemble de l'appareil productif, comme annoncé en fin octobre 2024 chez Volkswagen [1]. La fermeture de l'usine Opel de Bochum (2014) et celle de l'usine Ford de Sarrelouis [début février 2024 est annoncé l'arrêt de production de la Ford Focus en novembre 2025, avec suppression de plus de 2000 emplois] sont des exemples du premier processus. La formation du groupe Stellantis [en 2021], avec Peugeot, Citroën, Opel, Fiat et Chrysler, est l'un des exemples de la concentration dans le secteur. Au cours des cinq dernières années, plus de 60'000 emplois ont été délocalisés ou détruits dans l'industrie de la sous-traitance, et de nombreux sites ont été abandonnés.

La crise est avant tout une crise de l'emploi (avec ses diverses facettes), pas une crise des profits. Les bénéfices réalisés l'année dernière par Volkswagen (22 milliards d'euros), Mercedes (15 milliards) et BMW (12 milliards) s'élèvent à 49 milliards d'euros, le total des bénéfices non distribués des trois groupes (Konzerne) s'est élevé à 250 milliards.

On peut le montrer clairement avec l'exemple de Volkswagen. Il ne s'agit nullement de pertes, comme l'entreprise l'affirme publiquement et comme les journalistes zélés se plaisent à le relayer. Les propriétaires et les managers ne se contentent pas d'une marge opérationnelle [2] de 3,5% sur le chiffre d'affaires de la marque Volkswagen [elle est évaluée à 2,3% pour le premier semestre 2024 – réd.], ils veulent 6,5%. Sur un chiffre d'affaires d'un peu plus de 100 milliards d'euros, la seule question est donc de savoir si l'on réalise 3,5 milliards ou 6,5 milliards d'euros de profits.

Les surcapacités productives créées à grands frais constituent bien sûr un problème réel – il y a peu, le groupe VW voulait construire à Wolfsburg (Basse-Saxe) une « Gigafactory » pour de nouveaux véhicules de luxe (Trinity), sur le modèle de Tesla. Or, aujourd'hui, il est question de licenciements massifs et de fermetures d'usines [Le projet Trinity devait se concrétiser en 2028, il a été repoussé en 2032, et est mis en question étant donné le recul des ventes de voitures électriques.]

Stagnation et recul des ventes

La conduite continue en marche arrière de VW a commencé avec la gigantesque fraude sur les gaz d'échappement en 2016 – depuis lors, la demande baisse en Allemagne et en Europe. A cela s'ajoute la présence sur le marché de plusieurs nouvelles entreprises technologiquement avancées en provenance de Chine [BYD, NIO, XPeng, Li Auto, et SAIC Motor, qui produit des véhicules sous la marque MG].

Et bien sûr, s'y ajoutent : les guerres et les rivalités internationales à la tonalité agressive [tarifs douaniers et diverses normes protectionnistes], la course à l'armement accompagné du démantèlement de l'Etat social avec ses effets sur le pouvoir d'achat, le débat sur le changement de motorisation au profit des voitures électriques et l'infrastructure à cet effet qui piétine. Tout cela joue un rôle important dans la demande de voitures.

Après 40 ans de bonnes affaires, les ventes de Volkswagen, BMW et Mercedes ont chuté de manière spectaculaire en Chine. La production mondiale de voitures a chuté de 73 millions en 2017 à 55 millions en 2020, avant de remonter à 67 millions en 2023.

La même année, il s'est vendu en Europe deux millions de voitures de moins que cinq ans auparavant, ce qui correspond à la capacité de quatre très grandes usines automobiles ou aux ventes mondiales réunies d'Audi et de Peugeot. Mais cela touche particulièrement un constructeur de gros volumes comme Volkswagen, pour lequel il manque dans son bilan les ventes d'environ 500 000 véhicules. En revanche, le luxe se vend toujours très bien.

Crise climatique

Depuis quelques années, la simultanéité entre la crise climatique, le débat sur l'avenir de l'automobile et la perte de centaines de milliers d'emplois donne un mélange explosif. Le glissement général vers la droite, le soutien au parti de Björn Höcke (un des leaders de l'Afd-Alternative für Deutschland) dans les clusters automobiles de Saxe, du Bade-Wurtemberg, de Hesse et de Basse-Saxe est extrêmement préoccupant. Il existe un risque de backlash en matière de politique des transports, ce qui aggraverait la crise climatique, gaspillerait des milliards et mettrait en danger d'autres emplois.

La construction ininterrompue de nouvelles autoroutes et les subventions aberrantes qui sont versées à l'industrie automobile constituent une redistribution de la richesse allant du bas vers le haut. De nombreuses personnes dépendent encore de la voiture faute de transports publics de qualité, alors que la densité des voitures [nombre de véhicules pour 1000 personnes] et les émissions décroissent avec le niveau de revenu des ménages

Au lieu de répondre aux exigences de la majorité du pays, comme la limitation de vitesse et la suppression des subventions, le gouvernement fait des concessions à l'industrie automobile et renforce encore sa politique centrée sur la voiture.

Même l'abandon du moteur à combustion est sans cesse remis en question par des forces anti-écologiques comme le FDP (Freie Demokratische Partei, libéral), la CSU (Christlich-Soziale Union in Bayern) et le BSW (Büdnis Sarah Wagenknecht). La protection du climat et le tournant en matière de mobilité sont ainsi mis à mal, ou plutôt passe sous le bitume.

Pourtant, des centaines de milliers d'emplois peuvent être créés dans la construction de véhicules ferroviaires (matériel roulant), dans les chemins de fer et dans les entreprises de transport public à condition que ces firmes disposent d'une planification assurée sur le long terme. Cela accompagné, pour les générations futures, de la perspective d'obtenir un bon salaire, une vie de qualité et un avenir digne d'être vécue. Dans ce processus, il s'agit d'assurer la sécurité des salarié·e·s, notamment par le biais d'une formation continue et d'un perfectionnement professionnel garantis par la loi, d'une garantie d'emploi et d'une indemnité de reconversion professionnelle.

Un programme immédiat pour la reconversion écologique

L'argent pour la reconversion de l'industrie automobile est disponible. La reconversion est l'alternative à une concurrence exacerbée, au démantèlement social, aux licenciements massifs et aux fermetures d'usines, à plus de subventions pour l'industrie automobile. A la place, il faudrait créer un fonds spécial par l'Etat fédéral de 200 milliards d'euros ainsi qu'un prélèvement sur les bénéfices des groupes automobiles pour la réorientation des transports, le développement des infrastructures, la création de capacités pour la production de matériel ferroviaire et de bus intelligents.

De larges alliances pour la protection du climat et opérer un virage dans les transports. En vue d'un meilleur travail et d'une meilleure vie pour tous et toutes !

Le syndicat Ver.di et Fridays for Future luttent ensemble pour le développement des transports publics et pour de meilleures conditions de travail des personnes qui y sont employées. Les syndicats, les associations environnementales et sociales ont fondé « l'Alliance pour un tournant vers la mobilité socialement acceptable ». Le mouvement pour la justice climatique met du sable dans les rouages de la machinerie de promotion d'automobiles comme l'IAA-Internationaler Automobil-Ausstellung (Salon international de l'automobile de Francfort). Cette perspective complète les revendications pour une transformation de l'industrie et un tournant dans les transports urbains et dans les zones rurales.

Cela permet de nouvelles alliances pour la transformation socio-écologique. Il existe des déclarations communes des syndicats, des associations environnementales et des églises, mais on ne leur donne pas assez de poids – surtout dans la pratique des syndicats, mais aussi de la gauche. La gauche sociale a la grande responsabilité de résoudre la contradiction prétendument insoluble entre l'écologie et l'emploi et de lier à la réorientation des transports, les intérêts légitimes des travailleurs et travailleuses à un bon travail et à une vie de qualité.

Récemment, plusieurs études ont montré le grand potentiel pour un travail de qualité dans le cadre d'un développement résolu d'un changement de la mobilité [voir les études éditées par Mario Candeias et Stephan Krull (Hrsg.), Spurwechsel Studien zu Mobilitätsindustrien, Beschäftigungs potenzialen und alternativer Produktion, VSA Verlag, 2022]. Il existe un grand besoin de main-d'œuvre dans la construction de matériel roulant ferroviaire, dans les entreprises de transport ferroviaire et de transport public. Si l'on ajoute à cela le besoin de main-d'œuvre lié au nécessaire développement du secteur des soins et que l'on prend en compte le potentiel d'une réduction du temps de travail vers la semaine de 28 heures en termes de politique de l'emploi et de sociabilité, il devient évident qu'il y a beaucoup à y gagner.

Mais cela présuppose que les syndicats et la gauche reprennent systématiquement les initiatives de changement de mode de transport. Cela suppose en outre que les syndicats assument leur engagement politique en faveur d'une transformation socio-écologique. Et cela présuppose que les nombreuses approches et réflexions positives émanant des salarié·e·s de l'industrie automobile ne soient plus balayées par les directions respectives, mais qu'elles soient reprises par les scientifiques, les syndicats et les courants de gauche, réunies sur l'ensemble des différents sites et intégrées de manière offensive dans les débats sociopolitiques.

Le nombre de voitures sur nos routes doit être réduit de manière drastique, surtout dans les grandes villes dotées de transports publics développés. Les manques dans les zones rurales peuvent être comblés par des services de transport, des bus à la demande et le covoiturage, dans le cadre d'une planification intégrée des transports et des services publics d'intérêt général. Pour cela, il faut une politique d'investissement durable dans les transports publics. Une mobilité publique peu coûteuse et, à long terme, gratuite est un droit socio-économique fondamental.

Ce dont il faudrait s'occuper maintenant

1. La mise en place de conseils de transition régionaux composés de syndicats, de responsables politiques régionaux, d'associations de protection de l'environnement et de transport, de groupes de réflexion sur la transition énergétique et les transports. Ils ont pour mission d'initier des forums sociaux et d'exercer une influence directe sur la transformation socio-écologique des productions dans l'ensemble de l'industrie de la mobilité. Ces forums sociaux doivent être soutenus, tout comme les conseils régionaux de transformation, par le Fonds d'avenir pour l'automobile.

2. Encourager et soutenir les initiatives et les alliances locales pour la transformation socio-écologique de l'industrie automobile et de la mobilité.

3. La création et le développement d'entreprises (d'utilité publique, démocratiques) qui comblent les lacunes de l'industrie actuelle de la mobilité pour le transport écologique des bus, des trains et de la logistique, ce qui permet de compenser judicieusement les emplois supprimés. En complément : la socialisation des entreprises qui bloquent le tournant des transports, conformément aux articles 14 et 15 de la Constitution allemande.

4. Une réforme du code de la route et de la loi sur la circulation routière, afin que les communes soient habilitées à décider et à mettre en œuvre des mesures socio-écologiques telles que des limitations de vitesse, des voies de bus et autres.

5. Une politique industrielle européenne visant à développer une industrie européenne de la mobilité pour la construction si nécessaire de bus et de matériel roulant ferroviaires. La possibilité d'adjudication directe pour les transports publics et les chemins de fer doit être maintenue.

6. Telles sont les propositions du groupe de discussion de la fondation Rosa Luxemburg sur l'avenir de l'automobile, de l'environnement et de la mobilité.

7. Un tournant dans le domaine des transports et de la mobilité ainsi compris fait partie d'une transformation de la production et des services dans notre pays axée sur les besoins. Il s'agit de remettre l'économie à l'endroit, de réduire les activités socialement et écologiquement nuisibles et de mettre la créativité humaine et les ressources sociales au service d'une vie de qualité. Le tournant dans la mobilité est à la fois un élément constitutif et le résultat d'une telle transformation. (Article publié sur le site de la SoZ, novembre 2024 ; traduction et édition rédaction A l'Encontre)


[1] Thomas Schaefer PDG de Volkswagen a déclaré le 28 octobre 2024 : « Nous ne gagnons pas assez d'argent avec nos voitures actuellement. Dans le même temps, nos coûts en matière d'énergie, de matériaux et de personnel continuent d'augmenter. Ce calcul ne peut pas fonctionner à long terme. Nous devons donc nous attaquer à la racine du problème : nous ne sommes pas assez productifs sur nos sites allemands et nos coûts d'usine sont actuellement 25 à 50 % plus élevés que ce que nous avions prévu. Cela signifie que les usines allemandes sont deux fois plus chères que la concurrence.

»En outre, chez Volkswagen, nous traitons encore en interne de nombreuses tâches que la concurrence a déjà externalisées de manière plus rentable. Cela signifie que nous ne pouvons pas continuer comme avant. Nous devons rapidement trouver une solution commune et durable pour l'avenir de notre entreprise. » (Reuters-Réd.)

[2] La marge opérationnelle mesure le bénéfice qu'une entreprise réalise sur un dollar de ventes après avoir payé les coûts variables de production, tels que les salaires, les matières premières et les biens intermédiaires, mais avant de payer les intérêts ou les impôts. (Réd.)

[3] Les articles 14 et 15 de la Constitution allemande (appelée Loi fondamentale pour la République fédérale d'Allemagne ou Grundgesetz) sont les suivants :

Article 14 : Droit de propriété, droit d'héritage

1. La propriété et le droit d'héritage sont garantis.
2. L'expropriation n'est permise que pour un intérêt public, dans le cadre des lois. Elle doit être suivie d'une indemnisation équitable.

Article 15 : Transfert de biens à la collectivité

1. Des biens peuvent être transférés à la collectivité en vertu de lois spéciales, en vue de leur exploitation ou de la mise en œuvre d'objectifs d'intérêt public. Ces biens peuvent être expropriés dans le cadre de cette procédure.
2. La compensation doit être décidée par un tribunal, et elle doit être équitable pour les personnes concernées. (Réd.)

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Le programme PAFI, vous connaissez ? PAFI pour programme d'aide financière à l'investissement.

Appel à la solidarité internationale avec la population des régions catalanes

12 novembre 2024, par Esquerra Independentista dels Països Catalans — , ,
Chers camarades, À la lumière des terribles événements qui se sont produits dans la région de Valence au cours des derniers jours nous, les organisations de Esquerra (…)

Chers camarades,

À la lumière des terribles événements qui se sont produits dans la région de Valence au cours des derniers jours nous, les organisations de Esquerra Independentista dels Països Catalans ( Gauche indépendantiste des pays Catalans), lançons un appel à tous et toutes pour la solidarité internationale en ce moment de grande tristesse.

Leur nationalisme espagnol et leur déni du changement climatique les ont amenés à se débarrasser de leurs propres unités d'urgence dans le Pais Valencia et ont été incapables d'apporter une réponse immédiate pour aider les milliers de personnes piégées sur les routes, dans les rues, sur leur lieu de travail ou chez eux. Ils ont ignoré les avertissements du service météorologique et n'ont pas envoyé les alarmes d'urgence à la population jusqu'à ce que l'eau et la boue recouvrent déjà de nombreux villages. À l'heure où ce genre d'événement peut se produire plus fréquemment, le gouvernement laisse dans une situation de grande fragilité les services publics qui pourraient y répondre. En échange, ils continuent d'investir dans les « corridas » de taureaux et les fêtes espagnoles.

Les inondations font des centaines de morts. Nous nous joignons au deuil pour chacun d'entre eux et envoyons tout notre soutien et notre chaleur aux personnes qui ont perdu des parents, des amis et des collègues. Mais la douleur que nous ressentons ne nous fait pas oublier que la grande majorité des victimes auraient pu être évitées et qu'il y a des responsables directs de cette tragédie : le président du gouvernement de Pais Valencia, Carlos Mazon, et son parti, le PP (Parti populaire), et ils doivent assumer leurs responsabilités.

Nous dénonçons également le gouvernement de l'État du PSOE (le Parti socialiste espagnol) et de Sumar (leurs partenaires gouvernementaux), car ils n'ont pris aucune mesure pour éviter la tragédie, par exemple, en déterminant l'arrêt de toute activité non essentielle. De plus, leur programme économique est aussi dévastateur contre la nature et la terre que celui de leurs adversaires électoraux, le PP, et est maintenant la cause de ces événements naturels qui causent tant de destruction.

Enfin, nous attirons l'attention sur tous les propriétaires d'entreprises qui ont mis en danger la vie de milliers de travailleurs en les obligeant à continuer à travailler alors qu'il y avait un avertissement de cette ampleur. Des hommes d'affaires comme Juan Roig, propriétaire de la plus grande marque de supermarché de l'État espagnol, ont un tel pouvoir et se sentent si impunis qu'ils n'ont pas risqué un centime de leurs prestations pour laisser leurs employés partir pour se rendre dans un endroit sûr. Ils bénéficient de la connivence et de la collaboration totales des gouvernements, soit par le soutien direct du gouvernement de Mazon, soit par le cynisme montré par le gouvernement de l'État, lorsque le ministre du Travail, Yokanda Diaz, a simplement demandé aux propriétaires d'entreprises de faire preuve d' « empathie ».

Pour tout ce qui précède, nous demandons aux organisations et aux collectivités des peuples du monde de :

Exprimez leur solidarité avec les victimes et dénoncez les coupables de ce drame sur les réseaux sociaux, en utilisant les hashtags #MazónDimissió #DANA

• Nous mettons à disposition un compte de solidarité et de résistance afin de collecter des fonds pour apporter une aide matérielle aux personnes touchées. Toute contribution sera reçue avec plaisir.
• Montrons que la solidarité, c'est vraiment la tendresse des peuples et qu'elle peut aller là où les institutions ont tant à le faire, en montrant clairement qu'elles sont redevables au capital.
Pour plus d'informations, vous pouvez suivre les comptes de nos organisations sur les réseaux sociaux.

Arran- Youth organisation : @Arran_jovent
Canditatura d'Undat Popular (CUP) : @cupnacional
Coordinadora Obrera Sindical- Workers' Union : @COSnacional
Endavant – Socialist organisation for national liberation : @Endavant_OSAN
Itaca- International organisation : @ItacaPPCC
Sindicat d'Estudiants dels Països Catalans (SEPC)- Student's Union of the Catalan Countries : @SEPC_nacional
Solidarity account : IBAN ES74 3025 0002 4614 3344 7057

La réélection de Trump place le Canada sous une nouvelle pression

12 novembre 2024, par Rana Bouazer
Rana Bouazer, correspondante Avec la réélection de Donald Trump, une nouvelle ère de tensions et de défis s’annonce pour le Canada. Entre protectionnisme économique et (…)

Rana Bouazer, correspondante Avec la réélection de Donald Trump, une nouvelle ère de tensions et de défis s’annonce pour le Canada. Entre protectionnisme économique et polarisation sociale, le voisin du Nord devra s’adapter à des vents contraires. A l’occasion des élections américaines, (…)

L’art pour visibiliser les récits palestiniens

12 novembre 2024, par Charline Caro
Charline Caro, collaboratrice L’exposition P pour Palestine rassemble les œuvres de huit artistes d’origine palestinienne. Le projet est présenté au centre d’exposition Plein (…)

Charline Caro, collaboratrice L’exposition P pour Palestine rassemble les œuvres de huit artistes d’origine palestinienne. Le projet est présenté au centre d’exposition Plein Sud à Longueuil, et cherche à rendre visibles des récits peu présents dans l’espace artistique et médiatique. Dans un (…)

Planifier l’obsolescence de Postes Canada

12 novembre 2024, par Paris Marx — , ,
Si vous avez entendu parler de Postes Canada récemment, c'est probablement qu'elle perd de l'argent. Beaucoup d'argent. Et rien n'indique que cette hémorragie s'arrêtera de (…)

Si vous avez entendu parler de Postes Canada récemment, c'est probablement qu'elle perd de l'argent. Beaucoup d'argent. Et rien n'indique que cette hémorragie s'arrêtera de sitôt.

4 novembre 2024 | tiré de Canadian Dimension | Photo : Boîte aux lettres de Postes Canada à Markham, en Ontario. Photo de Raysonho/ Wikimedia Commons.
https://canadiandimension.com/articles/view/planning-the-obsolescence-of-canada-post

L'an dernier, la société d'État a déclaré une perte annuelle de 748 millions de dollars et a prévenu qu'elle pourrait manquer de fonds de roulement d'ici le début de 2025, à moins qu'elle ne trouve de nouvelles options d'emprunt ou de refinancement. Les activités de Postes Canada ne sont pas subventionnées par le gouvernement fédéral. On s'attend à ce que Postes Canada desserve chaque adresse du pays et qu'elle parvienne à atteindre le seuil de rentabilité, avec des limites quant aux prix qu'elle peut facturer et aux services qu'elle peut offrir.

Avec l'essor des communications électroniques, les volumes de courrier ont chuté, ce qui signifie que les revenus tirés de la vocation première de Postes Canada sont moindres. Elle livre également des colis, mais elle doit faire face à la concurrence non seulement des services de livraison de colis traditionnels, mais aussi d'un modèle de salaires encore plus bas lancé par Amazon.

Postes Canada a commencé à vendre des parties de ses activités pour tenter de combler le vide, ce qui a amené les détracteurs de longue date de la poste, comme Ian Lee, professeur d'administration des affaires à l'Université Carleton, à déclarer que le service postal « disparaît sous nos yeux ». Ces dernières années, Lee a mis de l'avant une proposition radicale visant à réduire le nombre de bureaux de poste desservant les collectivités rurales, à réduire les effectifs des deux tiers et à réduire considérablement le réseau de livraison. Il ne s'agit pas seulement d'un plan visant à réduire les coûts, mais aussi de forcer le service public à devenir une entreprise comme une autre sur le marché.
Le débat sur cette question est délibérément circonscrit. Il y a un refus d'envisager un avenir dans lequel le rôle de Postes Canada pourrait évoluer en permanence pour répondre aux besoins des Canadiens. Et la dégradation du travail de livraison par Amazon est acceptée comme un fait accompli, au lieu d'être quelque chose que nous pouvons inverser si le gouvernement est prêt à défendre les droits des travailleurs contre une entreprise dont le modèle d'affaires vise à les affaiblir.

La réponse des travailleurs

Ce genre de discours au sujet de Postes Canada est promu par des organisations patronales et de gens comme monsieur Lee, qui ont des préjugés contre l'idée que le service postal public puisse survivre et prospérer au 21e siècle. Les médias le reprennent sans discernement, laissant entendre au public que Postes Canada est condamnée et qu'il n'y a que peu d'options pour se sortir du trou dans lequel elle se trouve, à part répondre aux appels à la privatisation et au démantèlement. Mais les choses ne doivent pas se passer comme ça.

Depuis plusieurs années, le Syndicat des travailleurs et travailleuses des postes (STTP) prône une vision beaucoup plus optimiste de cette institution dont dépend chaque personne au Canada. La Campagne Vers les Collectivités Durables du syndicat envisage un avenir où Postes Canada pourra se développer afin d'offrir des services bancaires, assurer des services de garde pour les personnes âgées et pourra jouer un rôle encore plus essentiel dans les collectivités durables de l'avenir. Contrairement au projet de Lee qui vise à fermer des bureaux de poste partout au pays, ce plan reconnaît le rôle crucial que joue cette institution et cherche à garantir qu'elle puisse continuer à fournir des services essentiels aux Canadiens même si leur dépendance à la poste aux lettres diminue. Mais il y a des obstacles à la réalisation de cette vision.

L'expansion du service postal nécessitera des fonds, ce qui n'est pas une mince affaire compte tenu des pertes financières que subit Postes Canada. Pourtant, le STTP conteste le discours adopté par la direction de l'entreprise et ceux et celles qui veulent voir la fin du service postal tel que nous le connaissons. Selon le syndicat, Postes Canada a vu ses dépenses non liées à la main-d'œuvre augmenter de plus de 56 % entre 2017 et 2023, ce qui comprend un plan quinquennal visant à dépenser 4 milliards de dollars pour des mises à niveau de l'infrastructure en raison d'une forte croissance du trafic de colis qui ne s'est pas concrétisée. Le syndicat soutient que ces décisions de dépenses expliquent en grande partie les pertes que subit Postes Canada. De plus, le volume de colis n'a pas réellement diminué, mais le marché total de la livraison de colis s'est plutôt élargi et Postes Canada n'a pas maintenu sa part de cette croissance, en partie parce que la direction a indiqué à Amazon qu'elle ne pourrait pas répondre à ses demandes en 2022, ce qui a fait fuir un client important.

La vision du STTP brosse un tableau différent des difficultés auxquelles Postes Canada est confrontée. Il ne s'agit pas tant d'une entreprise en phase terminale de déclin, mais plutôt d'une entreprise mal gérée qui prend de mauvaises décisions quant à l'avenir d'une institution publique. La vision limitée de la direction, combinée au manque d'intérêt du gouvernement à réinventer l'avenir de Postes Canada, explique en partie ce qui a mis l'entreprise dans cette situation difficile. La banque postale générerait des revenus importants qui pourraient aider à financer l'entreprise de livraison, mais le gouvernement n'aurait pas seulement à donner à la société d'État la permission d'élargir son mandat ; il devrait probablement aussi investir dans l'infrastructure nécessaire pour assurer la livraison du courrier. Et ni les libéraux ni les conservateurs n'ont intérêt à dépenser cet argent – ​​et à mettre en colère les grandes banques par la même occasion.

Postes Canada fait face à une autre menace qui pourrait être bien plus existentielle que ce que beaucoup de gens pensent. Amazon n'est pas seulement un client de Postes Canada, qui compte sur elle pour les livraisons hors de portée de son propre réseau ; c'est aussi un concurrent majeur dont le modèle d'affaires repose sur des offres de prix les plus bas rendus possibles en partie par des offensives agressives contre le pouvoir des travailleurs et travailleuses. Si ce problème n'est pas réglé, il sera difficile pour les employés syndiqués de Postes Canada de faire face à la concurrence.

La menace d'Amazon

Amazon a indéniablement changé la façon dont beaucoup de gens effectuent leurs achats au cours des dernières décennies et a joué un rôle important dans l'augmentation du nombre de colis que la plupart des gens reçoivent en moyenne au cours d'une année. Amazon est généralement considérée comme une plateforme de commerce électronique prospère qui a utilisé sa position dominante pour s'étendre à de nombreux autres secteurs d'activité, comme le streaming vidéo et les soins de santé. Mais ce succès est également le résultat de sa vigoureuse opposition aux syndicats et de la baisse des salaires de ses employés.

Si vous pensez à la manière dont un colis arrive d'Amazon à un client, il doit passer par un entrepôt, puis être chargé dans le camion d'un livreur avant d'arriver à la porte de celui-ci. Au fil du temps, Amazon s'est implanté dans ces secteurs et a essayé de transformer leur façon de travailler. La logistique est un secteur traditionnellement syndiqué où les travailleurs et travailleuses ont tendance à percevoir de bons salaires, mais ce n'est pas le cas avec le modèle d'Amazon. Le géant du commerce électronique combat farouchement toute tentative des travailleurs et travailleuses de former des syndicats dans ses centres de traitement des commandes, car il tente de redéfinir le travail en entrepôt comme un travail non qualifié pour lequel les employéEs ne devraient guère s'attendre à plus que le salaire minimum, et bien moins que dans les installations syndiquées.

Amazon a adopté une approche similaire dans le domaine de la livraison. Contrairement à ses entrepôts, Amazon n'embauche pas ses propres chauffeurs-livreurs. Au lieu de cela, elle fait appel à des entrepreneurs indépendants ou à des travailleurs et travailleuses « indépendantEs » via sa plateforme Amazon Flex, ou elle sous-traite le service à des partenaires de services de livraison comme Intelcom, qui effectuent eux-mêmes l'embauchent. Avec ce modèle, Amazon peut fixer des objectifs de livraison agressifs qui contraignent les travailleurs et travailleuses à une existence stressante et précaire . Il n'est pas étonnant que les employéEs d'Amazon, affectéEs aux entrepôts et à la livraison subissent un taux élevé de blessures.

Considérons maintenant les conséquences plus larges de cette évolution. À mesure que les modèles d'entreposage et de livraison d'Amazon se développent, ils exercent une pression sur leurs concurrents pour qu'ils suivent le mouvement : accélérer le rythme de travail, adopter de nouvelles formes de surveillance et de gestion algorithmique, et restreindre les salaires des travailleurs et travailleuses, voire attaquer leurs syndicats. Lorsque Lee parle de la nécessité de rendre les services de livraison de Postes Canada plus compétitifs par rapport à Amazon ou FedEx, dont les employéEs ne sont pas non plus syndiqués, on voit assez clairement ce qu'il suggère : pas seulement des licenciements massifs, mais aussi une attaque contre le Syndicat des Travailleurs et Travailleuses des Postes.

Cela nous amène à une question importante à laquelle nous devons réfléchir. Non seulement ce que nous voulons pour l'avenir de Postes Canada, mais aussi dans quel genre de société nous voulons vivre. Nous devrions vouloir tirer parti de l'infrastructure nationale unique de Postes Canada pour offrir des services plus nombreux et de meilleure qualité à la population canadienne au lieu de démanteler un service que nous ne pourrons peut-être jamais reconstruire. Mais plus encore, le gouvernement devrait considérer le modèle à bas salaires et non syndiqué d'Amazon comme une menace non seulement pour Postes Canada, mais pour l'ensemble des travailleurs et travailleuses du Canada, et intervenir pour le maîtriser.

Paris Marx est critique technologique et animateur du podcast Tech Won't Save Us. Il rédige la newsletter Disconnect et est l'auteur de Road to Nowhere : What Silicon Valley Gets Wrong about the Future of Transportation.

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Lock out à l’Hôtel Radisson, chez Prelco inc., grève à la SAQ…

12 novembre 2024, par Martin Gallié, Francis Dupuis-Déri — ,
Les Assemblées générales du Conseil central du Montréal métropolitain – CSN, qui se tiennent le premier mercredi de chaque mois et accueillent une soixantaine de délégué·es des (…)

Les Assemblées générales du Conseil central du Montréal métropolitain – CSN, qui se tiennent le premier mercredi de chaque mois et accueillent une soixantaine de délégué·es des syndicats de la région, sont de rares occasion d'entendre des travailleurs et des travailleuses en lutte. Ces récits des conflits en cours nous apportent de précieuses informations que les médias traditionnels ne relaient pas, préférant réserver leurs pages économiques au point de vue des patrons, à la valeur des actions des grandes compagnies et à la gestion des finances personnelles.

Nous restituons ici, à partir de nos notes prises sur le vif en tant que délégués, les témoignages au sujet du déroulement des négociations et une partie des revendications de ces travailleurs et travailleuses en lutte.

- Journées de grève à la Société des alcools du Québec (SAQ)

C'est tout d'abord un travailleur de la Société des alcools du Québec (SEMB-SAQ) qui raconte que cela fait presque deux ans que les employé·es sont sans Convention collective, car l'employeur fait délibérément trainer les négociations. La SAQ est pourtant en plein développement, avec un profit net de 1.4 milliard de dollars en 2023-2024. C'est une augmentation de 5.6% qui permettra certainement de bonifier le salaire fixe de son patron (528 215$), dont le contrat de travail prévoit des bonis liés au rendement.

En revanche, l'entreprise ne semble pas prête à partager ces profits avec les travailleurs et les travailleuses. Au contraire, début 2024, en plein milieu des négociations, la SAQ a décidé de couper 64 postes.

« Quand ça fait 21 ans que tu travailles là, que t'as réussi à avoir ton poste permanent, que tu commences à pouvoir choisir tes horaires et qu'un jour on te dit que t'as plus de poste, tout s'écroule ».

Ces coupures n'ont évidemment pas facilité les négociations et les salarié·es, dont environ 70% sont précaires, ont adopté 15 jours de grève « à utiliser au moment opportun ». Plusieurs jours de grève ont déjà eu lieu en avril 2024 et il y a eu des « actions de visibilité » au Centre-ville, ce qui permis quelques avancées :

« On a obtenu des gains sur l'aménagement des horaires, la création d'un babillard. C'était une nouveauté incorporée dans la Convention, qui permet des horaires un peu plus prévisibles pour les précaires, mais également pour les personnes permanentes ».

Mais depuis que les discussions monétaires ont débuté, « la SAQ n'a montré aucune ouverture ». Elle propose « 16.5% pour six ans ; 5% pour la première année ; après, faites le calcul : c'est à peine 2% par année. Et puis ils n'arrêtent pas de nous demander de renoncer à toute revendication salariale ; ils disent qu'il n'y a aucune marge de manœuvre ». D'autres journées de grève sont prévues.

Au micro à la période de questions et d'échanges, une déléguée s'insurge, dénonce la rapacité des dirigeants et rapporte qu'elle a vu des gens traverser les lignes de piquetage, y compris des camarades de la CSN : « alors non ! On ne traverse pas les lignes de piquetage ! ».

- Lock out à l'Hôtel Radisson de Montréal

« J'ai rêvé d'être ici devant vous pour pouvoir enfin parler de notre conflit à l'Hôtel Radisson, pour faire connaitre et dénoncer ce que nous fait vivre notre employeur », déclare d'emblée l'un·e des trois travailleur·euse de l'Hôtel (STT de l'Hôtel Côte-de-Liesse) qui ont témoigné mercredi soir.

L'employeur a décrété un lock out le vendredi 1er novembre. Les salarié·es ont alors adopté un mandat de grève illimitée, « pour décider, nous, quand on retournera au travail ; car c'est pas l'employeur qui va décider ».

La principale demande porte sur un rattrapage de 2$ de l'heure.

« Aujourd'hui, une préposée aux chambres gagne 17$ de l'heure ; dans d'autres hôtels équivalents, elles gagnent déjà 23$. Donc, même si on obtenait les 2$, notre hôtel il sera toujours en arrière et il faudra des années pour arriver à obtenir les mêmes salaires qu'ailleurs dans le secteur ».

Comme à la SAQ, la négociation sur le normatif a trainé en longueur, mais elle n'a pas posé de problème majeur.

« On a avancé beaucoup sur le normatif. Mais c'est le rattrapage salarial qui empêche la négociation de finir. Le propriétaire ne veut pas payer les 2$. Le représentant de l'employeur nous dit : “vous savez, 2$ de l'heure, ça nous coute plus de 100 000$ chaque année” ».

L'hôtel a cependant des revenus importants. Il a notamment un contrat avec le Gouvernement fédéral qui lui rapporte 1.7 millions de dollars par mois ; « donc, c'est pas 100 000$ qui vont le ruiner » :

« Un côté fait le travail, un autre côté s'enrichit du travail de l'autre. Ce n'est plus un enjeu de négociation, c'est un enjeu de société. Les travailleurs s'appauvrissent chaque jour, incapables de participer dans la vie économique ; c'est triste de voir des conditions de travail comme ça... On ne peut pas laisser l'indifférence gagner ! Il faut aller jusqu'à la fin, jusqu'au bout ! Solidarité ! »

- 5 mois de lock out chez Prelco

C'est ensuite un travailleur du STT de chez Prelco, une entreprise spécialisée dans le vitrage, qui vient présenter leur conflit de travail : l'assemblée le connait bien, puisque ça fait presque 5 mois que le patron ne leur verse plus de salaire et que ce salarié est déjà venu présenter le conflit. Les négociations ont débuté le 1er février et l'employeur a décrété un lock out le 19 juin dernier. Depuis le conflit s'envenime, l'employeur a déposé de multiples recours judiciaires et il ne montre aucune ouverture pour le moment. Malgré la durée du conflit, malgré l'absence de ressource, malgré les pratiques patronales, les travailleurs maintiennent la pression et viennent de rejeter la dernière proposition patronale à 92% :

« Pour le normatif ça a ben été ; mais quand le monétaire a commencé, c'est là que ça a commencé à se corser. Il nous propose 10.5% pour 6 ans ! Et depuis, on a été scabé, beaucoup judiciarisé, on a eu une injonction… On a fait une plainte en 12 [article du code du travail qui interdit d'entraver les activités syndicales] à l'employeur, car il s'amuse à nous envoyer des lettres à la maison, pour faire peur aux membres, en disant que tout le monde va pas rentrer après le conflit…Aussi, le 30 octobre dernier, on avait une AG pour se prononcer sur l'offre finale de l'employeur, qui était la même offre qu'au début des négos. On avait un peu peur du vote des membres, car après cinq mois, c'est dur de tenir, c'est difficile… L'offre finale a été rejetée à 92% ; on était vraiment fier de nos membres… Mais je veux vous remercier, c'est grâce à vous autres qu'on tient. Grâce aux dons, mais pas seulement. Après 5 mois c'est difficile ».

La conseillère syndicale renchérit :

« C'est un conflit extrêmement judiciarisé. L'injonction est très restrictive. On a eu 9 outrages au tribunal ; 20 mises en demeure ; l'employeur essaie de casser les membres, qui sont pourtant bizarrement très sages, très disciplinés… C'est violent, un lock out, c'est violent quand ton employeur te méprise à ce point là… Et te scabe. Quand tu vois les cadres rentrer tous les jours, passer devant toi ; c'est violent de vivre ça pendant 5 mois de temps. Ce qui aide les gens à tenir bon, c'est les messages de solidarité qu'ils reçoivent ».

À la période des questions et d'échange, un camarade à pris la parole pour suggérer que les travailleurs et travailleuses dans la constriction refusent de poser des vitres de chez Prelco. Pour participer à la campagne de dons (50$ suggérés), voir ici.

Francis Dupuis-Déri, délégué du Syndicat des professeurs et et professeures de l'Université du Québec à Montréal (SPUQ-CSN) au CCMM.

Martin Gallié, délégué du Syndicat des professeurs et et professeures de l'Université du Québec à Montréal (SPUQ-CSN) au CCMM.

Le 12 novembre 2024.

Un enseignant dénonce la répression par la commission scolaire

https://etoiledunord.media/wp-content/uploads/2024/11/pic_title-1024x643.png12 novembre 2024, par Southern Ontario Committee
L'enquête du Ministère de l'Éducation de l'Ontario sur les politiques du Toronto District School Board (TDSB) en matière de sorties scolaires, annoncée le 18 octobre, a relancé (…)

L'enquête du Ministère de l'Éducation de l'Ontario sur les politiques du Toronto District School Board (TDSB) en matière de sorties scolaires, annoncée le 18 octobre, a relancé le débat sur la liberté des enseignants d'aborder des sujets sensibles et politiques. Après la participation des élèves (…)

Déclaration de Bernie Sanders suite au résultat de l’élection présidentielle 2024

12 novembre 2024, par Bernie Sanders — ,
Bernie Sanders a été réélu pour un quatrième mandat dans l'État du Vermont. Au lendemain de la défaite de Kamala Harris et de la perte du Sénat au profit des républicains, il (…)

Bernie Sanders a été réélu pour un quatrième mandat dans l'État du Vermont. Au lendemain de la défaite de Kamala Harris et de la perte du Sénat au profit des républicains, il dresse un bilan sévère envers son parti qui est passé à côté des besoins de la classe ouvrière américaine.

Il ne devrait pas être surprenant qu'un Parti Démocrate qui a abandonné la classe ouvrière se retrouve abandonné par la classe ouvrière. D'abord, c'était la classe ouvrière blanche, et maintenant ce sont aussi les travailleurs latinos et noirs. Pendant que la direction du Parti Démocrate défend le statu quo, la population américaine est furieuse et revendique du changement. Et elle a raison.

Aujourd'hui, alors que les biens nantis nagent dans l'opulence, 60% de la population américaine vit d'une paye à l'autre et nous avons plus d'inégalités de revenus et de richesse que jamais auparavant. Incroyablement, les salaires hebdomadaires réels, pris en compte de l'inflation, pour le travailleur américain moyen sont en fait inférieurs aujourd'hui à ce qu'ils étaient il y a 50 ans.

Aujourd'hui, malgré l'explosion de la technologie et de la productivité des travailleurs et travailleuses, les jeunes auront un niveau de vie inférieur à celui de leurs parents. Et beaucoup d'entre eux et elles craignent que l'intelligence artificielle sur la robotique n'aggrave encore une situation déjà mauvaise.

Aujourd'hui, bien que nous dépensions beaucoup plus per capita que d'autres pays, nous restons le seul pays riche à ne pas garantir les soins de santé à tous et toutes en tant que droit humain et nous payons, de loin, les prix les plus élevés au monde pour les médicaments sur ordonnance. Nous, seuls parmi les grands pays, ne pouvons même pas garantir des congés familiaux et médicaux payés.

Aujourd'hui, malgré la forte opposition d'une majorité de femmes et d'hommes Américains, nous continuons à dépenser des milliards pour financer la guerre totale du gouvernement extrémiste de Netanyahu contre le peuple Palestinien, qui a conduit à l'horrible désastre humanitaire de la malnutrition de masse et à la famine de milliers d'enfants.

Les grands intérêts financiers et les consultants grassement payés qui contrôlent le Parti Démocrate tireront-ils de véritables leçons de cette campagne désastreuse ? Comprendront-ils la douleur et l'aliénation politique que vivent des dizaines de millions d'Américains ? Ont-ils des idées sur la façon dont nous pouvons affronter l'oligarchie de plus en plus puissante qui a tant de pouvoir économique et politique ? Probablement pas.

Dans les semaines et les mois à venir, ceux qui se préoccupent de la démocratie populaire et de la justice économique doivent avoir des discussions politiques très sérieuses.
Restez à l'écoute.

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Mort de Madeleine Riffaud, sentinelle d’un siècle de tempêtes

12 novembre 2024, par Rosa Moussaoui — , ,
Une héroïne s'en est allée. Son legs : tout un siècle de combats. La liberté c'est ce cours d'eau...* par Madeleine RIFFAUD La liberté c'est ce cours d'eau Qui vient (…)

Une héroïne s'en est allée. Son legs : tout un siècle de combats.

La liberté c'est ce cours d'eau...*
par Madeleine RIFFAUD

La liberté c'est ce cours d'eau
Qui vient passer sur ta maison.
Tous les gens de la rue y puisent à pleins seaux
Les filles fatiguées y viennent se baigner
Le soir, quand la sirène ouvre les ateliers.
Et l'on y lave, aussi, les vestes de travail.

Je te regarde face à face
Et je vois l'eau du fleuve
Aux hublots de tes yeux.

Tu t'en vas sur le fleuve,
Avec le fleuve, vers la mer.
Je viens, nous venons tous, nous nageons près de toi,
Écume du sillage ou feuilles emportées,
Frôlés de poissons d'or, survolés d'éperviers.

C'est un fleuve sans rive et notre foule s'y perdra,
Se fondra, fraternelle, à celle de partout.

Demain, ceux qui vivront trouveront naturel
D'être au large, au soleil, sur la mer Liberté.

Madeleine RIFFAUD

Poème écrit en 1946, dédié à Paul ÉLUARD

Tiré de l'Humanité
https://www.humanite.fr/culture-et-savoir/deces/mort-de-madeleine-riffaud-sentinelle-dun-siecle-de-tempetes

* Madeleine Riffaud, poétesse, résistante, ancienne journaliste à l'Humanité, est décédée ce mercredi 6 novembre. Elle était un personnage de roman, à l'existence tramée par la lutte, l'écriture, trois guerres et un amour. Une vie d'une folle intensité, après l'enfance dans les décombres de la Grande guerre, depuis ses premiers pas dans la résistance jusqu'aux maquis du Sud-Vietnam.

Dans son appartement parisien, la vieille dame, front plissé, traits durs, regard perçant malgré la cécité, dépliait d'elle-même un récit sûr, précis, ponctué du pépiement des oiseaux qui l'entouraient, dans leurs grandes volières. Vêtue de noir, ses longs cheveux toujours nattés de côté, elle fumait, en se remémorant l'intime et l'histoire, et jusqu'à la première blessure, longtemps enfouie dans l'oubli, un viol enduré alors qu'adolescente, elle devait passer la ligne de démarcation pour rejoindre le sanatorium. La tuberculose était tombée sur elle comme un malheur de plus, dans l'exode, alors que sa famille fuyait Paris occupé.

Embrasser le combat

De la maladie, elle se releva, pour embrasser le combat. « Je suis entrée dans la Résistance avec un nom d'homme, un nom d'Allemand, un nom de poète » : dans la clandestinité, elle était Rainer, pour Rainer Maria Rilke. Il avait fallu la force de conviction de Raymond Aubrac pour qu'elle accepte de témoigner de son action dans la Résistance – « Je suis un antihéros, quelqu'un de tout à fait ordinaire. Il n'y a rien d'extraordinaire dans ce que j'ai fait, rien du tout », insistait-elle dans le documentaire que lui consacra en 2020 Jorge Amat, Les sept vies de Madeleine Riffaud.

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Le 16 novembre, ensemble contre les violences faites aux enfants et adolescent·es

12 novembre 2024, par Collectif — ,
Texte collectif Associations, collectifs, personnalitéEs et organisations syndicales, engagéEs contre les violences faites aux enfants et aux ados appellent à une (…)

Texte collectif Associations, collectifs, personnalitéEs et organisations syndicales, engagéEs contre les violences faites aux enfants et aux ados appellent à une mobilisation générale le samedi 16 novembre 2024 à 14h à Paris et dans plusieurs villes de France.

Tiré de Entre les lignes et les mots
https://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2024/11/12/le-16-novembre-ensemble-contre-les-violences-faites-aux-enfants-et-adolescent%c2%b7es/?jetpack_skip_subscription_popup

Pour les enfants et les ados, nous appelons la société à dire stop aux infanticides, à l'inceste, à la pédocriminalité, à l'exploitation sexuelle, aux mutilations sexuelles, aux maltraitances, au mariage forcé, à la violence éducative ordinaire, aux violences intra-familiales et institutionnelles, aux multiples discriminations et à toutes formes de violences qui leur sont faites.

Certaines figures publiques et/ou politiques orientent l'attention de la société vers une image d'enfants et de jeunes prétendument incontrôlables ou délinquantEs, occultant ainsi la réalité de ces violences qu'iels subissent partout, tout le temps et dans tous les milieux. La jeunesse n'est vue par la classe politique que sous un angle autoritariste, considérant qu'il faudrait simplement « dresser » les enfants et les jeunes.

Pendant que nous critiquons les supposés enfants-rois, des bébés dépérissent dans nos pouponnières, des enfants se suicident, des ados sont violéEs, chaque jour iels meurent un peu plus, dans l'indifférence générale. Mobilisons-nous pour que cela change !

La protection des enfants et des ados est une urgence pour notre société

Les discours et les actes en faveur de la protection des enfants et des jeunes sont trop peu nombreux. 80% des violences sexuelles en France, commencent ou ont lieu avant 18 ans [1]. Cela concerne 130 000 filles et 30 000 garçons par an. 1 enfant meurt tous les 5 jours [2], tué majoritairement par ses propres parents. 400 000 enfants sont victimes de violences conjugales parentales [3], 129 sont devenus orphelinEs de féminicide en 2022 [4]. Que fait la France pour tous ces enfants ? Elle les abandonne parce qu'il y a d'autres priorités et des économies à faire. Cette société semble de plus en plus déconnectée des besoins primaires des enfants, oubliant parfois l'importance de les écouter et de les protéger. Mobilisons-nous pour que cela change !

Des enfants vulnérables qu'on ne veut pas voir

Les enfants et les ados raciséEs sont parmi les plus vulnérables. Iels sont stigmatiséEs et exposéEs à un racisme décomplexé, systémique et quotidien. Cela affecte gravement leur développement et leur confiance en la société.

Les enfants en situation de handicap sont 3 à 4 fois plus exposés aux violences sexuelles [5] que les autres. Iels n'ont pas tous·tes Toustes accès à la scolarité alors que l'école est un droit pour tous·tes Toustes en France. Les enfants placéEs sont, quant à eux, elleux invisibles. Personne ne se préoccupe de leur sort. Iels peuvent subir des maltraitances au sein de leur famille d'accueil, mourir seulE dans leur foyer, sans que cela suscite la moindre réaction. En moyenne, les enfants issus de l'ASE ont 20 ans d'expérience de vie en moins [6]. Le harcèlement des jeunes LGBTQIA+ est en constante augmentation et conduit à des suicides que nous aurions pu prévenir. Les enfants trans sont aujourd'hui particulièrement victimes de campagnes réactionnaires visant à pathologiser leur situation et à remettre en question leur libre-arbitre. Les enfants intersexes sont mutilés dès la naissance sans justification pour leur santé et avec souvent des conséquences néfastes durables sur leur corps et leur vie.

Chaque année, environ 2000 enfants et ados dorment dans la rue [7] et 1 enfant sur 5 vit en dessous du seuil de pauvreté [8]. En Outre-mer, les difficultés d'accès à l'éducation, à la santé, à l'eau, à la nourriture et à la protection affectent de enfants. A Mayotte, ce sont 8 enfants sur 10 en situation de pauvreté [9], certainEs n'ont pas accès à l'eau potable. Tous les territoires ultramarins sont touchés par ces inégalités et l'Hexagone semble bien muet. La précarité impacte gravement le développement des enfants, comment pouvons-nous laisser faire cela ?

Les enfants et les ados sont victimes de violences partout dans le monde, premières victimes des guerres actuelles, premières victimes de la colonisation, on leur enlève leur culture et leur humanité pour mieux contrôler les peuples. Actes de torture, mutilations, éducation coloniale, placement, emprisonnement : de nombreux enfants seront détruitEs par nos sociétés. Nous en sommes tous·tes responsables.

Mobilisons-nous pour que cela change !

Des institutions en crise

A cela s'ajoutent des institutions en crise : petite enfance, éducation nationale, aide sociale à l'enfance, justice, santé à bout de souffle, elles n'ont ni les moyens, ni parfois les formations adéquates pour prendre en charge les nombreux enfants et ados victimes de violences. De plus, dans un contexte de réduction systématique des dépenses publiques et de dégradation de la qualité de vie au travail, même les professionnels formés, et aux pratiques adaptées, sont conduits malgré eux, à adopter des comportements inappropriés. Il est urgent de mettre en place une véritable politique publique dédiée à la protection des mineur·es et de redonner des moyens financiers conséquents pour restaurer pleinement le fonctionnement de ces institutions essentielles.

Mobilisons-nous pour que cela change !
La libération de la parole face à une société adultiste

Les enfants et les ados parlent, mais leurs voix restent souvent ignorées voire niées. 92 % d'entre elleux ayant dénoncé des violences sexuelles n'ont pas été protégéEs [10]. Trop souvent, iels sont réduitEs à leur statut de mineurEs, perçus comme insignifiants, soumisEs à un devoir d'obéissance aveugle envers leurs aînés. Pire encore, la présence des enfants est considérée comme si dérangeante que certains espaces leur sont désormais interdits alors même que l'espace public, largement occupé par les adultes, n'est en très grande partie déjà pas conçu pour les enfants. Notre société est adultiste. Mobilisons-nous pour que cela change ! Un pays qui ne s'occupe pas des enfants est un pays qui va mal, une société qui a peur des ados est une société à la dérive. Comment notre société pourrait bien se porter quand elle accepte sans broncher qu'un enfant ou un·e ados soit violéE toutes les 3 minutes dans notre pays [11]. Qui décide des priorités pour l'avenir de notre peuple ? Qui se lèvera pour dire stop ?

Aujourd'hui, nous comptons sur vous tous·tes pour vous lever avec nous et dire stop aux violences faites aux enfants et aux ados. Nous invitons les enfants, les jeunes et toute la société à se mobiliser le 16 novembre. Montrons à tous les enfants et aux ados que nous sommes là, que nous nous indignons face à leur souffrance et que nous ferons tout pour que ces jeunes puissent grandir en toute sécurité.

« Chaque monde sera jugé sur ce qu'il a considéré comme négociable ou non négociable ». – Charles Peguy

[1] Enquête IPSOS – Violences sexuelles de l'enfance – 2019
[2] Rapport Igas, IGJ, IGAENR – Mission sur les morts violentes d'enfants au sein des familles – 2019
[3] Haut conseil à l'égalité entre les femmes et les hommes – 2019
[4] Ministère de l'Intérieur – Étude nationale sur les morts violentes au sein du couple – 2022
[5] Etude publié dans The lancet child & adolescent health – 2022
[6] Association Impactes
[7] Unicef – 2024
[8] Unicef–Insee–2018
[9] Rapport Unicef – 2023
[10] Rapport Ciivise – 2023
[11] Rapport Ciivise – 2023

Premiers et premières signataires : Collectif Enfantiste ; Cofrade ; Protéger l'enfant ; Association Allegria ; AVI – Action contre les Violences Infantiles ; Chris-à-VIF ; Collectif féministe contre le viol (CFCV) ; Collectif Nos Enfants Trans ; Embrase Le Monde ; Enfance sauvage 84 ; EspacCollective des mères isolées Mineur.e.s Trans Toulouse (EM2T) ; FAGE ; Fondation pour l'enfance ; FNAREN ; FSU ; Héroïnes 95 ; Fédération Nationale des victimes de féminicides ; IELES ; Je te crois, je te protège ; Justice des familles ; Le déni, ça suffit ! ; Le monde à travers un regard, groupeFemmes avec.. de parole Chateaulin ; Les chiens de justice ; Les Unschorrigibles ; Les Midis du MIE ; Mendorspas ; Mouv'enfants ; NonSco'llectif ; #NousToutes ; Observatoire des politiques du handicap ; OVEO ; Pépite sexiste ; Pour une M.E.U.F. (Pour une Médecine Engagée Unie et Féministe) ; Prévenir & protéger ; Renaitre après l'inceste, agir avec les Bonnes Mères Organisation de Solidarité Trans (OST) ; SNJMG Syndicat National des Jeunes Médecins Généralistes ; SNPPE ; Soutien Ciivise ; Stop Bébé Secoué ; StopVEO Enfance sans violences ; Team Eunomie ; Toustes en colo ; UNEF, le syndicat étudiant ; Union syndicale Solidaires ; SOS Inceste & Violences Sexuelles

Publié dans le Courrier N° 437 de la Marche Mondiale des Femmes

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École Bedford, plus jamais de climat malsain dans une école du Québec

12 novembre 2024, par Ghislaine Raymond — ,
Depuis plus d'un mois, la dynamique interne à l'école Bedford occupe les manchettes. Des problématiques concernant le climat à l'école et des lacunes au niveau pédagogique ont (…)

Depuis plus d'un mois, la dynamique interne à l'école Bedford occupe les manchettes. Des problématiques concernant le climat à l'école et des lacunes au niveau pédagogique ont été relevées depuis l'année scolaire 2016-17 nous apprend-on. À la suite de la parution récente d'un rapport d'enquête demandé par le ministère de l'Éducation (MEQ), le Centre de services scolaires de Montréal (CSSDM) a suspendu 11 des 22 titulaires de l'école. Les partis politiques s'en mêlent. On va même jusqu'à parler d'entrisme religieux dans les écoles publiques. La laïcité de nos écoles est menacée, affirme certain-es. Des enquêtes journalistiques dans les quotidiens La Presse et Le Devoir complètent l'information disponible. Regardons cela de plus près. Qu'en est-il vraiment ? Qui est responsable d'un tel gâchis ? Et quelles seraient les pistes de solution ?

L'école Belford en 2024

Cette école de 370 élèves est composée de 5 groupes de niveau préscolaire, 4 et 5 ans, et de 17 groupes de niveau primaire. C'est une équipe comprenant 22 groupes classe ayant chacun un-e titulaire dont l'enseignement est complété par 5 enseignant-es spécialisé-es en éducation physique, musique, anglais et art dramatique.

Située dans le quartier Côte-des-Neiges, l'école a une cote de défavorisation de 10 sur 10, ce qui lui permet de recevoir plus de services pour les élèves et d'avoir un ratio d'élèves moindre par classe (17 ou 18 au maximum).

Les services complémentaires sont assurés par une psychoéducatrice, une orthophoniste, des orthopédagogues (3), un enseignant en soutien linguistique et des techniciennes en éducation spécialisées (3). Un service de garde qui compte plus de 30 intervenantes est actif au sein de l'école. Une aide aux devoirs pour les élèves de 4e, 5e et 6e année est disponible à raison de 2 fois semaine.

Rapports d'enquête de la CSSDM (2020) et du MEQ (2024) et suivi ministériel

Comme nous l'avons mentionné, des problématiques concernant le climat de l'école et des lacunes au niveau pédagogique ont été relevées dès l'année scolaire 2016-17. Dès 2018-2019, une clarification des attentes de la direction à l'endroit de certain-es enseignant-es est faite. La direction demande aussi au CSSDM la tenue d'une enquête sur le climat qui prévaut à l'école Bedford. Le CSSDM, plutôt que d'acquiescer à cette demande, choisit une approche ciblant les relations interculturelles. La situation ne se résorbant pas, il s'ensuit en 2020 une première enquête effectuée par une firme de psychologues industriels qui constate des problèmes relationnels entre les membres de l'équipe école ainsi qu'un besoin de supervision des pratiques pédagogiques. Un plan d'action est alors mis en place en septembre 2020. Malgré cela, la situation continue de se détériorer.

En 2022, une nouvelle direction met fin au plan d'action. S'en est suivi le départ de plusieurs membres du personnel enseignant. En 2023, des reportages faits par Valérie Lebeuf sur 98,5 FM ont permis de recueillir 18 témoignages sous couvert de l'anonymat dénonçant le climat de travail qui prévaut à Bedford. En septembre 2023, le MEQ sollicite du CSDM toute la documentation pour faire enquête sur la situation médiatisée. Un rapport d'enquête réalisé à la demande du MEQ est rendu public en octobre 2024.

Voici les différents constats effectués :

• Il y a absence de mécanisme efficace d'évaluation de la compétence des enseignants en cours d'emploi ;
• Globalement, le niveau de compétence des enseignants de l'école Bedford est inquiétant ;
• Le climat de l'école Bedford ne s'est pas amélioré malgré toutes les actions entreprises par le CSSDM ;
• Le CSSDM a perdu de vue la situation de l'école Bedford en cours de route ;
• Le CSSDM dispose d'une faible capacité à effectuer des suivis ;
• Les directions peinent à imposer des formations aux membres du personnel ;
• Certains enseignants cherchent à se dérober des mesures de surveillance.

Par la suite, 11 enseignant-es concerné-es par les allégations faites à leur endroit ont été suspendus. « Les suspensions resteront en vigueur durant toute la durée des travaux des comités d'enquête mandatés par le ministre de l'Éducation ». Ces derniers doivent déterminer si les 11 enseignant-es en question « ont commis une faute grave ou un acte dérogatoire à l'honneur ou à la dignité de la profession enseignante dans l'exercice de leurs fonctions ».

Dans sa conclusion, le rapport affirme que « la CSSDM a utilisé les moyens dont elle disposait, sans qu'une amélioration de la situation ne s'observe. »

Problématiques tues

Il importe de considérer quelles sont les problématiques qu'on a tues ou dont on n'a pas tenu compte, pour espérer une vraie sortie de crise et assurer qu'une telle situation ne se reproduise pas.

1- À l'interne :
• Le roulement du personnel de direction : pendant la période où on a noté un climat et des lacunes pédagogiques problématiques, soit entre 2016 et 2024, 4 directions et 5 directions adjointes se succéderont à l'école Bedford.
• L'identification du problème lié au climat malsain a été mal circonscrite voire erronée : la CSSDM a ciblé les rapports interculturels et non un non-respect des exigences de la Loi de l'instruction publique (LIP), du régime pédagogique ou de l'application de la convention collective qui définit la tâche des enseignant-es et les obligations associées dont celle de travailler en collaboration avec les autres membres de l'équipe école, sur des bases de respect mutuel, exempt de harcèlement. Est-ce par crainte d'être taxée de racisme ?
• L'absence de mesures disciplinaires explicites face à des manquements sévères. Le rapport indique que le CSSDM « conseillait plutôt de faire attention et de ne pas être coercitifs pour ménager le climat. « (p. 67)
• Les exigences pédagogiques non explicites, l'encadrement déficient et l'absence de suivi sont énoncés sans relation aux élèves. Le rapport ne comporte aucune mention des résultats scolaires de l'ensemble des groupes classe de l'école.
• L'absence de données comparatives et longitudinales sur la réussite éducative des élèves (2014-2024) pour l'ensemble des écoles primaires du quartier Côte-des-Neiges. Ces données sont nécessaires pour savoir si les élèves de l'école Bedford ont des résultats scolaires comparables à ceux des élèves d'écoles similaires malgré les approches pédagogiques décriées.
• Le projet éducatif de l'école n'est jamais mentionné. Quelle place joue l'équipe école dans la détermination du projet éducatif de l'école ?
• Le mode de fonctionnement en assemblée générale de l'ensemble du personnel de l'école (enseignant, non enseignant et service de garde), n'est pas abordé. Les problèmes identifiés concernent-ils l'ensemble du personnel de l'école ? Les organisations syndicales du personnel de soutien, des services professionnels et des services de garde ont-ils été associés aux démarches faites par le CSSDM auprès de l'Alliance des professeures et professeurs de Montréal (APPM) ?
• La place des parents et des élèves dans ce processus scolaire n'est pas abordée. Nulle part ne fait-on référence aux besoins, demandes ou critiques tant des parents que celles des enfants. Ils sont pourtant les premiers concernés. La suspension des titulaires des enfants a eu des impacts directs sur eux.
• Le conseil d'établissement n'est pas mentionné dans le rapport d'enquête. Qu'en est-il de sa composition et de son fonctionnement ? Quels échanges s'y déroulent en lien avec le climat qui a prévalu et qui prévaut à l'école ?

2- Au CSSDM :
• L'abandon d'un soutien soutenu à la direction de l'école par le CSSDM et le tâtonnement dans l'approche. Le CSSDM n'a pas eu une approche cohérente dans le soutien aux directions de l'école. La direction en poste en 2018 qui cherchait à encadrer les enseignant-es récalcitrant-es n'a pas été outillée adéquatement et la débandade s'est enclenchée. Les interventions faites n'ont pas été évaluées, ni des ajustements apportés. On a plutôt privilégié un changement de cap, une approche multiculturelle. Deux enquêtes et 4 directions plus tard, la situation perdure.
• Malgré les reportages de Valérie Lebeuf, la direction générale du CSSDM dit publiquement en 2023 que les problèmes soulevés à cette école sont réglés.
• La quantité de services déployés au détriment d'une réponse adéquate validée à la problématique de climat malsain indique non pas que le CSSDM a fait tout ce qu'il pouvait mais plutôt qu'il a failli à analyser correctement les manquements qui sévissaient dans cette école. Le dossier de l'école est éparpillé au sein de plusieurs services du CSSDM nous dit le rapport d'enquête.
• Les outils de la convention collective locale des enseignant-es ont-ils été utilisés ? Deux comités existants, le comité des politiques pédagogiques (CPE) et le comité des relations de travail (CRT) sont les endroits où les problématiques de climat malsain et de compétence pédagogique peuvent être soulevées et des solutions apportées. On n'en fait aucunement mention dans le rapport d'enquête.
• Le français langue de travail en milieu scolaire est-il garanti au sein du CSSDM ? Comment peut-on justifier que le français en tout temps et en tout lieu ne soit pas exigible au sein du CSSDM ? L'école publique francophone ne doit-elle pas être le lieu privilégié pour ce faire ?

3- À l'Alliance des profs :
• L'absence de prise en compte des plaignant-es et de soutien explicite quant au climat malsain. Des problématiques signalées entre membres d'un même syndicat ne peuvent être banalisées, voire non répondues. Des enquêtes ne doivent-elles pas être entreprises, des réponses trouvées, des revendications à la faveur d'un climat sain faites auprès de l'employeur ?
• La définition erronée par certain-es enseignant-es du concept de l'autonomie professionnelle n'a pas été contredite par le syndicat. L'autonomie professionnelle ne peut se substituer au devoir de travailler conjointement à la réussite des élèves, à la complémentarité des approches et à la nécessaire coordination entre toutes celles et ceux qui interviennent auprès des élèves d'un même groupe classe. Le soutien aux élèves en difficultés d'apprentissages doit être garanti ainsi que leur accès aux services adéquats offerts.
• Quelles ont été les interventions effectuées en CRT à la suite du rapport de la firme de psychologues industriels en 2021 ? Cette instance paritaire syndicale-patronale n'est pas abordée dans le rapport.
• Quel suivi le syndicat a-t-il fait auprès de ses membres à l'école Bedford ? Et auprès du CSSDM ?

4- Au ministère de l'Éducation
• La compétence professionnelle de certain-es enseignant-es est remise en cause dans le rapport d'enquête. Toutefois, le ministère qui décerne l'autorisation d'enseigner le fait en suivi à des qualifications acquises et reconnues par les universités. Comment le rapport d'enquête peut-il mener à modifier cette démarche ?
• Le rapport conclut que le CSSDM a fait tout ce qu'il a pu. Nous pouvons en douter. Le rapport n'indique nullement que tous les outils à sa disposition ont été utilisés. Les enseignant-es ciblés ne semblent pas avoir de dossier disciplinaire en lien avec des manquements dans l'exercice de leur tâche ou liés à de l'insubordination. Les résultats des élèves de ces groupes classes ne sont pas considérés.

Somme toute, le CSSDM a failli à sa tâche, n'ayant pas assuré le respect des lois, règlements et contrats de travail permettant de résoudre les problèmes rencontrés.
Les recours pédagogiques et disciplinaires à sa portée n'ont pas été utilisés, les directions d'école ont été laissées à elles-mêmes.
Le syndicat n'a pas pris fait et cause pour les enseignant-es victimes de harcèlement, voire de violence. Le syndicat devrait pouvoir assurer un mécanisme de traitement neutre et sans parti pris des plaintes.

Sortie de crise

Pour assurer une sortie de crise satisfaisante du point de vue du personnel mais aussi des parents et des élèves, il convient d'agir.

• En offrant une réponse adéquate et valorisante de la qualification légale des enseignant-es et de son encadrement. Elle doit être apportée non seulement pour les enseignant-es suspendu-es mais pour l'ensemble du personnel enseignant du CSSDM.
Alors que la pénurie d'enseignant-es dans les écoles du Québec subsiste, que la lourdeur de la tâche est décriée et n'a pas été répondue à la satisfaction des enseignantes et enseignants au sortir de la grève de 2024, il faut trouver une réponse qui favorise l'acquisition des savoirs essentiels aux apprentissages des élèves et valoriser la complémentarité des approches pédagogiques plutôt que de les opposer.

• En mettant de l'avant une approche multipartite CSSDM/directions écoles/syndicat pour :

    • Solutionner et garantir un climat sain à l'école Bedford en mettant en place des mesures explicites et concrètes ;
    • Prévenir toute récidive là ou ailleurs d'un tel climat malsain ;
    • Rassurer les familles de Côte-des-Neiges de la prise en compte des besoins de leurs enfants au sein des écoles du quartier (assemblées citoyennes, médiation au besoin en lien avec les organismes du quartier, etc.) ;
    • Promouvoir l'école québécoise publique laïque où le français et la culture québécoise sont au cœur du projet éducatif à convenir.

Des réponses innovantes doivent être trouvées tant par les premières et premiers intervenants de l'école soit le personnel, les élèves et les parents que par les instances en autorité (CSSDM, directions d'école et syndicats). Le MEQ doit s'assurer que le CSSDM assume ses responsabilités et qu'il clarifie, pour le bénéfice de tous les personnels à son emploi, ce que signifie travailler dans un climat de travail sain, où le français et la culture québécoise sont au cœur du projet éducatifs de toutes et tous. Le cas échant, l'employeur doit être sanctionné pour ses manquements. Plus jamais un climat malsain dans une école du Québec ne doit être toléré.

Ghislaine Raymond

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De quel parti avons-nous besoin ?

12 novembre 2024, par Benoît Renaud — ,
Avant d'aborder les sujets qui seront à l'ordre du jour du congrès de Québec solidaire sur les statuts, il convient de se demander quelles sont les tâches de la gauche dans la (…)

Avant d'aborder les sujets qui seront à l'ordre du jour du congrès de Québec solidaire sur les statuts, il convient de se demander quelles sont les tâches de la gauche dans la période actuelle et quel type d'organisation convient le mieux à la réalisation de ces tâches. En effet, un parti n'est rien d'autre qu'un instrument, un outil, dont l'utilité ne se mesure qu'à sa capacité à accomplir ce qui est nécessaire.

En ce qui concerne les tâches de la gauche pour les années qui viennent, il apparaît évident, notamment suite aux résultats de la présidentielle étasunienne, que nous aurons à mener de multiples batailles difficiles contre un vent de droite et d'extrême-droite intense. Le simple respect des droits humains n'est pas une référence pour bien des gens. En particulier, le droit de quitter son pays pour fuir la guerre, la misère ou la répression est nié par l'autoritarisme sécuritaire et le nationalisme étroit. Les efforts visant à minimiser le chaos climatique se heurtent à un individualisme exacerbé et parfois violent, en plus des intérêts financiers du capitalisme extractiviste. Les acquis du mouvement féministe des dernières générations sont remis en question par divers mouvements conservateurs, nationalistes ou religieux.

La liste des batailles à venir pourrait être très longue. L'essentiel est de s'entendre sur le fait que l'évolution récente et prévisible du paysage politique n'est pas favorable aux idées féministes, humanistes, écologistes ou internationalistes. La démocratie libérale elle-même est minée par les tendances autoritaires démagogiques, parfois fascisantes. Partout, les forces politiques de centre-droite et de centre-gauche démontrent leur incapacité à mener les batailles nécessaires avec succès. Bref, nous allons devoir ramer à contre-courant pour toute une période et s'atteler à construire, patiemment, des contre-pouvoirs, des mouvements de résistance et une vision collective d'une alternative globale et radicale. Les petites réformes à la marge ou le simple remplacement des personnes présentement au pouvoir par d'autres ne suffiront pas. Gagner les élections ne suffira pas. On l'a vu récemment en France avec la victoire du Nouveau front populaire, effacée par l'autoritarisme présidentiel et les manigances de coulisse entre les partis de droite.

ACTION POLITIQUE OU CONSOMMATION POLITIQUE ?

Quel type de parti convient à ces efforts de résistance sur plusieurs fronts à la fois, à la construction patiente d'un mouvement social capable de renverser la vapeur ? Une machine électorale bien huilée avec un plan de communication en béton, des candidatures prestigieuses et un gros budget ne fera pas l'affaire. On vient de voir les limites de ce modèle avec la faillite totale du Parti démocrate étasunien. Si on se limite à une compétition électorale pour attirer des consommateurs politiques atomisés vers “notre produit”, nous n'avancerons pas. Québec solidaire pourrait même perdre des plumes d'une élection à l'autre, face au rouleau compresseur institutionnel et au capitalisme médiatique.

Face à l'individualisme exacerbé et de plus en plus autoritaire qu'on pourrait qualifier d'égofascisme, l'alternative doit être une démarche d'action politique collective. La gauche doit se définir non seulement par ce qu'elle propose, mais aussi par sa manière de mener le travail politique, toujours sur le terrain des luttes et des résistances quotidiennes. Notre mode de fonctionnement doit être centré sur la délibération collective dans des espaces de démocratie participative. Le parti dans son ensemble doit être une école de militantisme, un incubateur de résistances, un point de rencontre pour toutes les personnes qui refusent de se laisser assimiler par la machine à produire des travailleurs-consommateurs-citoyens dociles.

QUE PENSER DES CHANGEMENTS PROPOSÉS AUX STATUTS ?

Plusieurs propositions en débat au congrès vont clairement dans la mauvaise direction. Tout ce qui encourage un rapport de consommation politique individuelle entre les membres et la structure de l'organisation est à rejeter. Non aux référendums décisionnels. Non au suffrage universel pour toute élection interne. Dans les deux cas, les membres se retrouvent seuls face à une décision politique et n'ont pas l'obligation d'en discuter avec qui que ce soit. On peut créer “des espaces de formation et de discussion”, tel que souhaité par le conseil national, mais les membres n'ont aucune obligation d'y participer.

Les grandes décisions politiques et les élections internes devraient demeurer entre les mains des structures de délibération, d'échange et de débat, comme le congrès ou le conseil national. C'est ce qui fait notre force depuis presque vingt ans. À noter, tant pour les élections au suffrage universel que pour les référendums, on abandonnerait le principe de la parité. On peut difficilement imaginer une manière de limiter les droits de vote individuels dans ce contexte.

Tout ce qui mine la collégialité des structures exécutives et l'égalité entre les personnes qui y participent est aussi à rejeter. C'est le cas de l'élection des porte-paroles ou de la présidence au suffrage universel. C'est certainement le cas avec l'introduction de courses à la chefferie. On nous dit que c'est pour que les courses au porte-parolat s'autofinancent et aussi que la collégialité du CCN sera maintenue. Ce sont là de belles intentions et de belles paroles qui font fi de la réalité politique. Si des milliers de dollars sont recueillis et dépensés pour une course à la chefferie, la personne qui va emporter cette course n'aura pas un statut égal à l'autre porte-parole, tant dans les yeux de la plupart des membres que dans les médias et dans l'opinion publique. Et la loi nous interdit d'utiliser ces sommes pour autre chose que la course. Alors pourquoi rompre avec nos principes pour ce plat de lentilles ?

Il y a aussi de bonnes idées dans ce cahier de synthèse. Un conseil national composé de personnes désignées pour des mandats d'un an (comme les membres des comités de coordination des associations) sera mieux à même de jouer son rôle de supervision de l'ensemble des activités du parti. Il pourra se réunir plus rapidement, plus souvent, pour des rencontres de durée variable, et donc réagir aux revirements fréquents de la conjoncture. Bref, ce sera un gouvernail efficace dans les tempêtes politiques qui s'annoncent.

L'ajout d'une personne responsable des liens pancanadiens et internationaux au CCN est aussi une excellente idée. Les luttes que nous aurons à mener seront internationales par la force des choses. Notamment, la bataille pour l'indépendance du Québec va devoir se mener avec des alliances pancanadiennes et internationales pour briser la résistance de l'État fédéral et obtenir la reconnaissance rapide du nouveau pays.

DES DÉBATS À POURSUIVRE

Sur d'autres questions, il semble, après quelques mois d'échanges sur le cahier initial de propositions, que le fruit n'est pas mûr et que le congrès devrait reporter les décisions à plus tard. C'est notamment le cas avec la réforme des structures locales et régionales. Des échanges plus approfondis sont nécessaires pour fignoler une réforme qui nous donne de la flexibilité tout en respectant le principe de l'égalité des droits pour les membres. Présentement, trop de membres n'ont pas la possibilité de participer à une association locale et ce sont ces associations qui dominent le congrès et le CN. Aussi, trop d'associations régionales sont moribondes ou dormantes. On doit redéfinir leur rôle en pratique avant de refléter ces nouvelles pratiques dans une réforme des structures.

C'est aussi le cas avec l'idée intéressante des comités d'action politique. Ceux-ci devraient représenter un renforcement du rôle des structures thématiques dans le parti, en combinant les rôles de la mobilisation, de la formation et du développement des orientations. Mais il y a trop de résistance à cette idée parmi les personnes présentement impliquées dans les réseaux militants et les commissions thématiques. Manifestement, les intentions initiales du comité de révision des statuts ont été mal traduites en amendements spécifiques. Aussi, les répercussions indirectes de cette réforme (sur la commission politique notamment) manquent de précision.

En conclusion, le congrès sur les statuts sera une occasion de décider quel type de parti nous voulons construire au cours des prochaines années. Allons-nous céder aux pressions institutionnelles et médiatiques et faire de QS un parti de plus en plus semblable aux autres ? Allons-nous au contraire résister à ces pressions et insister sur la nécessité de “faire de la politique autrement”, comme on le disait souvent dans les premières années ? Espérons que le congrès retiendra la seconde option.

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Pourquoi le gouvernement Trudeau annule-t-il soudainement la rencontre prévue avec Francesca Albanese, la rapporteuse spéciale de l’ONU pour les territoires palestiniens occupés depuis 1967

12 novembre 2024, par Ovide Bastien — ,
La semaine passée, je critiquais de façon cinglante l'ambassadrice étatsunienne au Conseil de sécurité de l'ONU, Linda Thomas-Greenfield, qui s'en prenait carrément à Francesca (…)

La semaine passée, je critiquais de façon cinglante l'ambassadrice étatsunienne au Conseil de sécurité de l'ONU, Linda Thomas-Greenfield, qui s'en prenait carrément à Francesca Albanese, cette si courageuse et impressionnante rapporteuse spéciale de l'ONU pour les territoires palestiniens occupés depuis 1967, qui ose dénoncer sans relâche, publiquement et avec force et ténacité, les atrocités en cours à Gaza, qu'elle n'hésite pas, d'ailleurs, à qualifier de génocide.

Et qui faisait cela alors que l'assaut ne montre aucun signe de relâche ? Israël, non satisfaite d'avoir déjà tué 43 000 Palestiniens et Palestiniennes, dont 17 000 enfants et 700 bébés, d'avoir fait 103 000 blessés et bombardé tellement d'infrastructures que Gaza en soit devenu majoritairement que débris et restes humains, impose, depuis un mois, un siège total sur le nord de Gaza, coupant systématiquement cette région de toute énergie et de tout aliment et produit médical, et ordonnant à nouveau à la population de se déplacer vers le sud ; alors que la Knesset, le parlement israélien, vient d'adopter, et ce à très forte majorité, une motion déclarant terroriste la seule agence de l'ONU ayant l'infrastructure et l'expérience nécessaire pour fournir aide humanitaire, éducation, et services de santé au peuple palestinien, l'UNRWA, et bannissant formellement toutes les opérations de celle-ci à Gaza, en Cisjordanie, et à Jérusalem-est alors qu'elle se trouve à New York pour assister à la réunion urgente du Conseil de sécurité de l'ONU, convoquée à cause de la motion si troublante adoptée par la Knesset le jour précédent.

Ce qui m'indigne et me révolte profondément, c'est de voir Thomas-Greenfield, dans un tel contexte apocalyptique, diriger sa fureur contre Albanese, celle qui dénonce le génocide en cours, et non contre le pays qui est en train de le perpétuer.

« Je tiens à réaffirmer la conviction des États-Unis qu'elle est indigne de ses fonctions », tweete Thomas-Greenfield. « Les Nations Unies ne devraient pas tolérer de l'antisémitisme de la part d'une fonctionnaire affiliée à l'ONU et engagée pour promouvoir les droits de la personne. »

Ce qui m'indigne et me révolte profondément cette semaine, c'est de voir le comportement de notre gouvernement canadien.

Le 5 novembre, Francesca Albanese se trouvait à Ottawa pour une rencontre avec la ministre des Affaires étrangères, Mélanie Joly, et d'autres hauts fonctionnaires du gouvernement canadien. Et voilà que, soudainement et à la toute dernière minute, on lui apprend que le gouvernement annule la rencontre.

Incroyable et révoltant !

N'est-ce pas une stratégie grossière et immorale de la part de notre gouvernement que de refuser de rencontrer la personne qui pourrait lui occasionner énormément d'embarras public ? La personne qui l'obligerait à se regarder dans le miroir... La personne qui l'inviterait publiquement à sanctionner et rompre ses liens commerciaux et diplomatiques avec un pays qui, selon la Cour internationale de justice, non seulement occupe de façon totalement illégale des territoires palestiniens depuis 1967, mais serait aussi plausiblement en train de commettre un génocide...

Pourquoi Israël a-t-elle toujours refusé à Francesca Albanese d'aller enquêter directement dans les territoires occupés ? N'a-t-elle pas reçu son mandat directement de l'ONU ? Selon l'ONU, tout pays n'a-t-il pas l'obligation formelle d'ouvrir ses portes à tout rapporteur spécial ? Si Israël et son grand allié étatsunien trouvent qu'Albanese est antisémite et ne donne qu'une version des événements, pourquoi ne pas lui donner l'opportunité d'exercer son droit d'aller sur le terrain ? Cette expérience ne constituerait-elle pas la meilleure façon de lui permettre de voir la réalité comme la perçoivent les Israéliens ?

Pourquoi Israël refuse-t-elle systématiquement aux médias étrangers d'entrer à Gaza ? Est-ce vraiment la meilleure façon de se protéger de toute fausse information qui serait teintée d'antisémitisme ? Est-ce vraiment la meilleure façon de démontrer au monde entier qu'Israël représente, dans le Moyen-Orient, le joyau de la liberté et de la démocratie ? N'est-ce pas tout simplement un effort on ne peut plus grossier de cacher la réalité ?

Pourquoi les militaires israéliens, le 5 mai dernier,envahissaient-ils les bureaux d'Al Jazeera en Israëll, confisquant son matériel de diffusion, coupant cette chaîne de télévision des compagnies de câble et de satellite et bloquant tous ses sites web ? Al Jazeera, qui, grâce à ses nombreux reporters palestiniens qui vivent à Gaza, permet aux téléspectateurs et téléspectatrices de voir en direct les images d'horreurs. Des reporters, dont le courage et la persévérance sont extraordinaires, un nombre historiquement sans précédent d'eux ayant trouvé la mort, souvent directement ciblés par les militaires israéliens.

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Je reproduis ci-bas, pour lectrices et lecteurs, de larges extraits de la conférence de presse qu'accordait Francesca Albanese, peu après qu'elle eut appris que sa rencontre avec Mélanie Joly n'aurait pas lieu.UN Special Rapporteur on the Palestinian Territories Speaks to Media in Ottawa, CPAC, le 5 novembre 2024. Consulté le jour même.

« Il ne m'a pas échappé qu'en dépit de l'urgence du moment, à quelques exceptions près, les dirigeants politiques de ce pays ont choisi de ne pas me rencontrer ou ont retiré leurs invitations. En attendant, c'est un honneur pour moi de savoir que les premiers gardiens de cette terre prévoient venir de tout le pays pour me rencontrer et discuter de ce qui se passe en Palestine. Ce sont également les jeunes et un bon nombre de mes pairs qui se sont battus pour que je prenne la parole et qui ont cherché des lieux de rencontre.

« Il semblerait que mes paroles, ma lecture franche des faits, du droit international et de la justice, mon insistance à parler honnêtement du génocide qui se déroule à Gaza et du risque sérieux qu'il se propage dans toute la région, effraient la classe politique et ceux qui détiennent le pouvoir. Y compris le pouvoir économique et financier. Nous savons, depuis Edward Said jusqu'à Antonio Gramsci, que la détention du pouvoir détermine également l'hégémonie culturelle.

« Il est clair pour moi que le peuple canadien veut plus de clarté, d'intégrité et d'actions concrètes de la part de son gouvernement par rapport aux atrocités que nous voyons tous se dérouler en Palestine. À Gaza, nous sommes contraints de regarder les bombardements, les tirs de snipers et les tirs d'artillerie incessants d'Israël qui n'épargnent personne : journalistes, médecins, enseignants, universitaires, infirmières, personnes handicapées, personnes en quête de nourriture et de sécurité, travailleurs humanitaires, y compris le personnel des Nations unies, notamment dans les zones dites humanitaires.

« Selon des estimations prudentes, l'assaut israélien sur Gaza a tué, blessé, mutilé ou enseveli sous les décombres quelque 155 000 Palestiniens, des familles entières ayant été exterminées. Et 70 % des personnes tuées sont des femmes et des enfants. Parmi les 17 000 enfants tués, 700 étaient des bébés. Gaza n'est plus qu'un champ de ruines, d'ordures et de restes humains, où les survivants s'accrochent à la vie au milieu des privations et des maladies.

« Les Palestiniens qui y sont piégés ont connu un niveau de violence sans précédent au cours de ce siècle. Leurs résidences ont été démolies. Et tout cela se fait de façon intentionnelle. Et pourtant, Israël intensifie ses attaques en ce moment même.

« Pendant ce temps, la violence s'étend à la Cisjordanie, où on voit se reproduire le même pattern qu'à Gaza. Depuis le 7 octobre 2023, le nombre de Palestiniens tués en Cisjordanie a été multiplié par dix par rapport à la moyenne des vingt années précédentes, dont 169 enfants. Cela représente un cinquième de tous les enfants qu'Israël a tués en Cisjordanie depuis 2000. Des universitaires palestiniens, des défenseurs des droits de l'homme, des universitaires, des médecins, des infirmières, des enfants sont arbitrairement arrêtés et incarcérés dans le cadre d'une campagne d'arrestations massives, et sont maintenant confrontés à la privation et à la torture dans des conditions sordides, et tout cela sans inculpation ni procès.

« Des milliers de Palestiniens ont été déplacés dans le cadre de la plus grande opération d'accaparement de terres en Cisjordanie et à Jérusalem-Est de ces trente dernières années.
« Alors que je continue à enquêter et à documenter les actes de génocide, il est clair qu'il existe également un déni et un obscurantisme qui se cachent derrière la perception commune de ce qu'est un génocide. Cette perception a été clairement façonnée par les horreurs massives de l'Holocauste et probablement par les caractéristiques du génocide rwandais. Dans les deux cas, l'échelle quasi industrielle et la brutalité de l'extermination ont défini notre compréhension collective du crime. Mais je vous rappelle que le génocide n'est pas défini par des opinions ou des histoires personnelles. Il peut y avoir génocide sans massacre ni extermination ; cependant, on retrouve ces deux éléments en Palestine.

« L'amnésie coloniale de la plupart des États occidentaux nous a fait oublier les centaines de millions de personnes qui ont vécu un génocide, que ce soit en Namibie, en Australie, dans les Amériques ou ici. C'est la mémoire du passé qui permettra à l'avenir d'être différent. C'est pourquoi la connaissance est aujourd'hui subversive.

« Le crime de génocide consiste en des actes accompagnés de l'intention de détruire, en tout ou en partie, un groupe national, ethnique, racial ou religieux comme tel. Si la destruction du groupe s'interprète en termes physiques, biologiques, la loi génocidaire découle d'actes dont l'intention est de détruire l'esprit d'un peuple, la volonté de vivre, la vie elle-même. Ainsi, lorsque nous exprimons l'intention, nous devons nous rappeler que le génocide est un processus, et non un acte unique, comprenant une pluralité d'actes et d'acteurs. L'essentiel est donc d'identifier le fil conducteur de cette conduite collective.

« Ainsi, conformément à la jurisprudence la plus récente, mon dernier rapport évalue l'intention d'Israël de détruire le peuple palestinien de manière holistique par le biais d'une approche à triple lentille. En considérant la totalité de la conduite et des crimes israéliens contre la totalité du peuple palestinien en tant que tel, à travers la totalité du territoire palestinien illégalement occupé par Israël.
« Et si j'insiste sur ce cadre, permettez-moi de vous expliquer pourquoi. Parce que les Palestiniens subissent des crimes de guerre et des crimes contre l'humanité depuis des décennies. Mais ces faits ne suffisent pas à révéler l'ampleur du crime, ni à mettre en lumière le risque sérieux d'effacement auquel ils sont confrontés. Et je suis loin d'être le seul à le penser. En novembre 2023, 13 experts indépendants des Nations unies avaient déjà conclu à l'existence d'un génocide plausible. »

Enfin, j'invite lectrices et lecteurs à lire le rapport complet que Francesca Albanese soumettait, le 1 octobre dernier, à l'Assemblée générale des Nations Unies. [1] Une lecture aussi difficile à digérer, sur le plan humain et émotionnel, que les horreurs que nous voyons dérouler quotidiennement sur nos écrans.

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Le programme PAFI, vous connaissez ? PAFI pour programme d'aide financière à l'investissement.


Grand rassemblement syndical 23 novembre 2024 Colisée de Trois-Rivières

12 novembre 2024, par Confédération des syndicats nationaux (CSN) — ,
La CSN invite ses membres et leur famille au grand rassemblement syndical de l'année ! Sous le thème Pas de profit sur la maladie, l'événement sera animé par la comédienne (…)

La CSN invite ses membres et leur famille au grand rassemblement syndical de l'année ! Sous le thème Pas de profit sur la maladie, l'événement sera animé par la comédienne engagée Eve Landry et réunira une variété d'artistes, d'humoristes et de conférenciers.

Plusieurs invité-es surprise seront annoncés dans les prochaines semaines.

L'événement est gratuit, réservez dès maintenant votre place en vous inscrivant en ligne.

S'inscrire

Détails de l'événement

Quand ? 23 novembre 2024, de 10 h 30 à 14 h 30

Où ? Colisée Vidéotron de Trois-Rivières

Qui ? Les membres de la CSN, tous secteurs d'activité confondus, ainsi que leur famille.

Comment ? Transport gratuit en autobus fourni. Pour vous inscrire, cliquez sur ce lien.

Vous voulez être tenu au courant ? Rendez-vous sur la page Facebook de l'événement.

Événement Facebook

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La victoire de Trump, un avertissement majeur !

12 novembre 2024, par Daniel Tanuro — ,
L'élection nette de Donald Trump à la présidence des Etats-Unis d'Amérique constitue un développement majeur du processus de droitisation et d'extrême-droitisation en cours au (…)

L'élection nette de Donald Trump à la présidence des Etats-Unis d'Amérique constitue un développement majeur du processus de droitisation et d'extrême-droitisation en cours au niveau du capitalisme mondial.

Tiré de Gauche anticapitaliste
6 novembre 2024

Par Daniel Tanuro

Alors que le néolibéralisme a creusé des inégalités sociales abyssales qui frappent en premier lieu les femmes et les personnes racisés.e.s ;

Alors que les classes dominantes se vautrent chaque jour davantage dans une opulence dont les sources légales et illégales se mélangent au point qu'on ne peut plus les distinguer ;

Alors que la catastrophe climatique et l'effondrement de la biodiversité causés par la course au profit du capital fossile frappent durement et menacent d'emporter des millions de pauvres ;

Alors que la course à l'hégémonie prend de plus en plus le visage hideux du suprémacisme néocolonial et de l'appropriation sauvage des richesses au prix de massacres monstrueux ;

Bref, alors que le monde se rapproche d'une bascule dans la barbarie, un système électoral hérité de l'esclavage, des médias privés ouvertement réactionnaires et des réseaux sociaux actionnés par des capitalistes voyous à la Elon Musk livrent le gouvernement de la principale superpuissance à un milliardaire fasciste sans scrupule. Un lumpen-capitaliste, fraudeur, menteur, violeur, manipulateur, raciste, putschiste avéré, ouvertement climatonégationniste et militariste à tout crin…

C'est un tremblement de terre planétaire, une avancée majeure du nihilisme autoritaire qui gangrène les classes dominantes.

Poutine et Netanyahou jubilent : ils pourront continuer à faire couler des fleuves de sang et de larmes, en Ukraine et en Palestine, sans même un semblant de réprobation de Washington.

Orban, Meloni, Le Pen, Wilders et leurs ami.e.s d'extrême-droite jubilent : ils voient se rapprocher le moment où l'Union Européenne pourrait tomber complètement dans leurs filets.

Du Nord au Sud, de l'Est à l'Ouest, les criminels jubilent : les insultes, la démagogie, le virilisme, les mensonges les plus éhontés permettent de s'emparer du pouvoir pour se blanchir et s'enrichir encore plus au service du dieu Capital.

Déjà incapable d'assurer la paix et la justice, ou de protéger le climat face aux diktats des puissants, l'ONU et ses agences ne peuvent qu'être de plus en plus impuissantes face aux périls de toutes sortes. On le vérifiera rapidement, lors de la COP de Bakou, en Azerbaïdjan. Ou en cas de nouvelle pandémie… Sans parler du danger de guerre entre la Chine et les USA !

Aux Etats-Unis même, le pire est à craindre. A la différence de son premier mandat, Donald Trump arrive au pouvoir avec une équipe résolue à appliquer un programme précis : le « Project 2025 » concocté par le lobby catholique ultra-réactionnaire de la « Heritage Foundation ».

Financé par l'aile la plus droitière de la classe dominante (notamment les frères Koch, magnats de l'industrie chimique et fossile), ce programme est un véritable déclaration de guerre contre les exploité.e.s et les opprimé.e.s :

. l'instauration d'un pouvoir fort avec une administration fédérale et une justice à sa botte ;
. la traque, l'enfermement et la déportation de 10 à 11 millions de migrant.e.s illégaux/ales ;
. la restauration de l'autorité patriarcale par l'interdiction de l'avortement, la suppression des droits des LGBTQ et la remise en cause des politiques d'inclusion ;
le démantèlement des régulations environnementales, notamment pour favoriser l'extraction des combustibles fossiles ;
. le démantèlement des timides protections sociales instaurées par l'Affordable Care Act (« Obamacare ») ;
. une nouvelle vague de réduction massive des impôts payés par les entreprises et les riches ;
. une option délibérée en faveur du protectionnisme économique.

Il n'est pas sûr que Trump pourra réaliser ce programme, qui est bourré de contradictions (les impôts à l'import, notamment, ne peuvent que relancer l'inflation !) . Mais la direction générale est sans ambiguïté.

Cette victoire de la réaction ne tombe pas du ciel. D'une part, elle s'enracine dans le passé esclavagiste et ségrégationniste des Etats-Unis, terreau d'une droite conservatrice blanche, revanchiste, patriarcale et catholique, paniquée par la crainte fantasmatique du « grand remplacement ». D'autre part, elle est l'expression frelatée du dégoût populaire croissant face aux élites politiques des deux partis, surtout depuis que Démocrates et Républicains (Bush et Obama en tête) se sont donné la main pour sauver les banques frappées par la crise des surprimes, en 2008. Tout en s'appuyant sur l'histoire longue de la domination blanche, le succès de Trump est d'avoir réussi le pari improbable de capitaliser ce dégoût, non pas pour construire un nouveau parti – à l'instar de Mussolini ou d'Hitler – mais pour conquérir le parti républicain au point de le transformer complètement en instrument à son service…

Après le retrait de Joe Biden, « Kamala, you're fired » est devenu le cri de guerre de Trump. Face à sa brutalité, alors que la candidature de la vice-présidente avait d'abord soulevé beaucoup d'enthousiasme et de combativité, l'état-major démocrate a opté pour une campagne fade et lisse, entièrement subordonnée à la quête d'un rassemblement « bipartisan » avec les Républicains anti-Trump. Face au « Project 2025 », Harris s'est ralliée à l'exploitation du gaz de schiste par « fracking ». Face à Elon Musk et à ses semblables, elle n'a même pas osé revendiquer un impôt sur les grosses fortunes. Sa tournée de meetings avec Liz Cheney, politicienne ultra-conservatrice, fille du faucon Dick Cheney, délivrait un message très clair : électeurs et électrices, vous n'avez le choix qu'entre la continuité néolibérale (emballée dans de belles paroles sur la « démocratie ») ou « le changement ». Les électeurs/trices ont choisi « le changement »… Le changement concret incarné par Trump – sur le dos des femmes, des migrant.e.s, du climat et des pauvres en général.

Cette séquence aurait pu avoir une autre issue. Il aurait fallu pour cela que la gauche incarnée un moment par Bernie Sanders ose aller jusqu'à la rupture avec les Démocrates. Il aurait fallu aussi qu'elle ose porter radicalement le message qu'un autre monde est possible – un monde non capitaliste où il fait bon vivre pour toutes et tous sur une planète préservée. Il aurait fallu enfin que, face à Trump, s'amplifient les puissantes mobilisations sociales, féministes, antiracistes et antifascistes des années 2016-2018. Au lieu de cela, on a misé principalement sur l'opposition démocrate au Congrès.

Toute cette courbe rentrante a culminé quand Sanders s'est rallié à Biden en 2020 et que les principales figures des Démocratic Socialists of America ont fait de même. Résultat : l'ébauche d'alternative sociale et écologique, que représentait le « Green New Deal » s'est dégonflée au profit de la politique de capitalisme vert de Biden. Une politique violemment inflationniste dont Trump a cueilli les fruits. Une politique protectionniste donnant raison à Trump. Une politique impérialiste portée à son comble par le soutien indéfectible de Biden à la guerre génocidaire de Netanyahou contre le peuple palestinien.

Au-delà de l'inquiétude légitime qu'elle suscite, la victoire de Trump sonne comme un avertissement – un de plus : face à la catastrophe sociale et écologique qui grandit, les stratégies du moindre mal pavent toujours la voie d'un mal plus grand encore. Ce n'est pas encore « le fascisme », mais on s'en rapproche. Trump est un genre de fasciste et il ne manque pas de fascistes authentiques dans son entourage. Seules des luttes de masse, l'indépendance politique des luttes et leur convergence en vue d'une alternative politique radicalement écosocialiste pourront arrêter la marche à l'abîme. Cette voie devient encore plus ardue, tant la victoire de Trump amplifie la dégradation des rapports de forces. Mais il n'y en a pas d'autre. Aux Etats-Unis, les syndicalistes de la santé, de l'enseignement et de l'automobile, qui ont mené des luttes importantes récemment, seront sans doute en première ligne. Avec les femmes en lutte pour leurs droits. Leur combat est le nôtre.

Crédit photo : Licence Creative Commons

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