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Une plateforme de référence sur le contrôle coercitif voit le jour

Le Regroupement des maisons pour femmes victimes de violence conjugale dévoile une nouvelle plateforme web qui vise à vulgariser auprès du grand public et de professionnel.le.s la notion de contrôle coercitif, alors même que celui-ci pourrait devenir une infraction criminelle sous peu.
« Parler de contrôle coercitif permet de nombreuses prises de conscience, notamment vis-à-vis de formes plus subtiles de violence, autant chez les victimes que chez les proches et les professionnel.le.s qui les entourent. Mieux connaître le contrôle coercitif et le risque qu'il représente, c'est se donner les moyens, collectivement, d'agir face à la violence conjugale bien plus tôt dans la trajectoire des victimes, et bien avant que le pire arrive. » explique Annick Brazeau, présidente du Regroupement.
Des outils et des histoires pour comprendre, repérer et agir face au contrôle coercitif
Cette plateforme novatrice – controlecoercitif.ca – propose des contenus vulgarisés et personnalisés, selon les publics. Face au défi de faire comprendre un terme nouveau et méconnu, le Regroupement a choisi de proposer plusieurs façons de l'explorer.
La visite commence par une expérience interactive qui met en scène des récits de femmes – écrits et audio – inspirés de faits vécus. Le site web propose de plonger dans le coeur du contenu via une bibliothèque, dans laquelle il est possible de trier les articles et les outils grâce à des filtres, ou via trois parcours guidés – Comprendre, Repérer, Agir – qui suggèrent un fil de lectures. D'autres utilisatrices ou utilisateurs pourront choisir de passer par la foire aux questions pour s'initier à la notion de contrôle coercitif.
Le site web, en français pour l'instant, sera accessible en anglais dans quelques semaines et sera bonifié avec le temps avec de nouveaux contenus, notamment vidéos.
Un contexte politique et social favorable
Un projet de loi d'initiative parlementaire (C-332) visant à criminaliser le contrôle coercitif a franchi plusieurs étapes décisives dans les derniers mois. Après avoir été adopté à l'unanimité par la Chambre des Communes en juin 2024, il est désormais étudié par le Sénat en deuxième lecture depuis le 17 septembre dernier.
Dans le sillon de plusieurs autres pays avant lui, le Canada pourrait devenir la 5e nation à faire du contrôle coercitif une infraction criminelle.
« Au contact des plus de 6000 professionnel.le.s que nous avons formés, nous avons été témoins du pouvoir transformateur qu'amène la notion de contrôle coercitif. Si une telle loi entrait en vigueur, il serait d'autant plus nécessaire de faire connaitre au plus grand nombre ce qu'est le contrôle coercitif, partout à travers le Canada » souligne Karine Barrette, avocate et chargée du projet Améliorer la pratique judiciaire au Regroupement.
La nouvelle plateforme annoncée aujourd'hui est une modeste contribution aux efforts de grande envergure qui devront être menés au Québec et au Canada pour que les victimes reconnaissent le contrôle coercitif et pour que les professionnel.le.s et les proches qui les entourent le détectent et puissent agir en conséquence.
Qu'est-ce que le contrôle coercitif ?
– Le contrôle coercitif, c'est une nouvelle paire de lunettes pour voir au-delà de la violence visible et des incidents isolés.
– Le contrôle coercitif désigne une série de stratégies utilisées par un partenaire ou un ex-partenaire pour isoler, contrôler, terroriser sa victime et la priver de liberté, petit à petit.
– C'est une prise de contrôle discrète et progressive de la femme victime par le partenaire, qui n'exerce pas forcément de violence physique.
Consultez la plateforme au controlecoercitif.ca
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La marche mondiale des femmes : une force féministe pour transformer le monde !

En 2023, nous avons célébré le 25ème anniversaire de la première Rencontre Internationale de la Marche mondiale des femmes, notre mouvement d'action féministe qui a vu le jour en octobre 1998 à Montréal, au Québec.
tiré de Entre les lignes et les mots
Nous sommes devenues un mouvement social international-féministe, anticapitaliste et anti-impérialiste enraciné dans les luttes et contextes locaux, lié à la lutte des classes. Nous sommes aujourd'hui organisées en coordinations nationales dans 61 pays.
Nos valeurs et actions visent un changement politique, économique et social pour une transformation radicale du monde. Ces valeurs sont axées sur la mondialisation de la solidarité, l'égalité entre les femmes et les hommes, entre les femmes elles-mêmes et entre les peuples, le respect et la reconnaissance de la diversité entre les femmes et la force des alliances entre les femmes et avec d'autres mouvements sociaux progressistes.
Aujourd'hui, l'avancée de nouvelles formes de colonialisme, de racisme, de misogynie, d'accumulation par dépossession et les impacts du changement climatique nous obligent à développer de nouvelles formes de résistance et à forger des alternatives en mesure de soutenir les luttes des femmes et les possibilités de solutions transformatrices.
Lors de la 13ème Rencontre Internationale en 2023, quatre domaines d'action ont émergé, inspirés par les luttes locales des femmes, autour desquels la MMF entend approfondir son analyse et renforcer son action jusqu'en 2025 :
– La défense des biens communs contre les entreprises transnationales
– L'économie féministe basée sur la viabilité de la vie et la souveraineté alimentaire
– L'autonomie au regard du corps et de la sexualité
– La paix et la démilitarisation
Nous œuvrons pour renforcer l'analyse, les pratiques et les secteurs du mouvement féministe en vue d'un changement structurel, de l'égalité et de l'autonomie réelles de toutes les femmes.
Tous les cinq ans, une action internationale de la Marche mondiale des femmes nous appelle et nous mobilise toutes, reliant nos processus d'organisation et nos luttes au niveau local à la force mondiale du féminisme en mouvement.
Les actions internationales sont des moments de construction et d'expression de notre synthèse politique, lorsque nous présentons nos dénonciations et nos propositions articulées aux niveaux local, régional et international. Notre résistance avance avec nos propositions et nos pratiques de construction de la force, d'auto-organisation des femmes, du féminisme comme axe d'alternatives systémiques.
En 2025, du 8 mars au 1 octobre, nous marcherons dans le monde entier contre les guerres et le capitalisme et pour le « buen-vivir » et la souveraineté de nos corps et de nos territoires.
La 6ème Action Internationale débutera au Sahara Occidental le 8 mars avec des marches et des actions simultanées dans le monde entier et se terminera par un rassemblement international au Népal le 17 octobre.
Nous lions notre lutte contre les sociétés transnationales à la lutte pour la justice sociale en organisant une semaine, laquelle débutera le 24 avril, lors de la journée de solidarité féministe contre les sociétés transnationales, et s'achèvera le 1er mai.
Rejoignez la Marche mondiale des femmes
Vous êtes un groupe de femmes ou un comité de femmes dans un groupe mixte et souhaitez rejoindre à la Marche mondiale des femmes ? Vous pouvez contacter le
Secrétariat international de la Marche mondiale des femmes.
Kızılırmak Cad. No:13/8 Kavaklıdere 06420 – Ankara – Turquie
Tél : +90 533 138 60 73
Courriel : info@marchemondiale.org
Site Web : www.marchemondiale.org
NOUS RÉSISTONS POUR VIVRE,
NOUS MARCHONS POUR TRANSFORMER !
Télécharger le document :WORLD-MARCH-OF-WOMEN-fr
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Projet de loi n°69 : Le gouvernement doit faire les choses dans l’ordre selon des groupes de la société civile

Au lendemain de la fin des consultations particulières sur le projet de loi n°69, Loi assurant la gouvernance responsable des ressources énergétiques et modifiant diverses dispositions législatives, des groupes issus de la société civile réitèrent leur demande de suspendre les procédures parlementaires sur ce projet de loi et de le réviser de fond en comble, après un véritable débat public large sur l'énergie effectué dans le cadre d'une commission indépendante et lors de laquelle l'ensemble des voix de la société québécoise auront été entendues.
Ce débat public, réclamé de toutes parts depuis près de deux ans par de nombreux groupes et spécialistes, devrait constituer le socle sur lequel plusieurs scénarios de plan de gestion intégrée des ressources énergétiques (PGIRE) devront être élaborés et débattus en misant sur une approche systémique plutôt qu'une approche en silo. Ces scénarios devraient notamment inclure :
– l'identification des véritables besoins en énergie pour réussir la décarbonation complète du Québec ;
– les multiples impacts de la production d'énergie sur le territoire ;
– les différents usages possibles de l'énergie ;
– les mesures garantissant l'accès aux services énergétiques et un niveau de vie décent pour toutes et tous, en conservant les tarifs d'électricité à un niveau accessible pour les ménages à faible revenu pour répondre à leurs besoins essentiels ;
– les options liées à la sobriété, la réduction de la demande, à l'efficacité énergétique et aux sources d'énergies renouvelables.
Ces scénarios devraient être débattus au sein d'une institution indépendante du gouvernement. Les groupes réitèrent leur offre de collaboration à cet égard.
Les groupes sont également préoccupés par les éléments suivants :
Le projet de loi ne permettra pas la décarbonation du Québec et la protection du territoire. Si le présent est garant de l'avenir, rien ne permet de croire que l'avalanche de nouvelle puissance bénéficierait nécessairement aux entreprises existantes qui veulent verdir leurs opérations et à qui on refuse les quelques mégawatts nécessaires, comme les Forges de Sorel. Le PL-69 favorise plutôt de nouveaux projets industriels, souvent initiés par des multinationales ayant peu ou même rien à voir avec la décarbonation.
Des impacts importants sur les tarifs. L'ajout massif de capacités électriques favorisé par le PL-69 ferait inévitablement augmenter les tarifs résidentiels et commerciaux, puisque les nouvelles infrastructures coûtent beaucoup plus cher que les capacités existantes et que le gouvernement cherche à appâter les industries avec une électricité à rabais. Les commerces et les ménages, surtout les moins nantis, assumeraient ainsi une part disproportionnée des coûts de la transition.
Un projet de privatisation. Sous le prétexte d'accélérer l'ajout de capacités énergétiques sans preuve à l'appui, le PL-69 ouvrirait des brèches béantes dans le caractère public du secteur électrique québécois, et ce, sans l'aval de la population. En 1962, nous avons collectivement rejeté la mainmise du privé sur l'électricité lors d'une élection référendaire qui a façonné le Québec d'aujourd'hui. De la même façon, nos décisions d'aujourd'hui façonnent le Québec de demain.
Un projet de loi qui ne priorise pas la sobriété énergétique, bien que cela permette de minimiser la construction de nouvelles infrastructures et ainsi contrôler les coûts de production, l'impact tarifaire et les impacts sur le territoire.
Pour toutes ces raisons, nous demandons au gouvernement de mettre le PL-69 de côté, le temps d'élaborer collectivement une politique énergétique et un PGIRE, un outil demandé depuis longtemps par les groupes, qui exprimera clairement la volonté de la population quant à son avenir. Les groupes insistent sur la nécessité que cette politique énergétique et ce PGIRE soient adoptés à la suite d' un véritable débat public – volonté qu'il sera ensuite possible d'enchâsser dans une loi qui serait le fruit d'un véritable processus démocratique.
Signataires
Mélanie Busby, Front commun pour la transition énergétique
Bruno Detuncq, Regroupement vigilance énergie Québec (RVÉQ)
Émilie Laurin-Dansereau, ACEF du Nord de Montréal
Maxime Dorais, Union des consommateurs
Michel Jetté, GroupMobilisation (GMob)
Alice-Anne Simard, Nature Québec
Patricia Clermont, Association québécoise des médecins pour l'environnement (AQME)
Charles-Edouard Têtu, Équiterre
Jacque Lebleu, Mobilisation environnement Ahuntsic-Cartierville
Shirley Barnea, Pour le futur Montréal
Patrick Bonin, Greenpeace Canada
Jean-François Lefebvre, Imagine Lachine-Est
Andréanne Brazeau, Fondation David Suzuki
André Bélanger, Fondation Rivières
Arnaud Theurillat-Cloutier, Travailleuses et travailleurs pour la justice climatique (TJC)
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Mémoire de la Coalition QLAIM dans le cadre des travaux entourant le projet de loi 63 pour une loi des mines respectueuse, claire et bienveillante pour les citoyens

Une nouvelle coalition regroupant de nombreuses associations de protection des lacs du Québec voit le jour le 23 janvier 2023 : la Coalition québécoise des lacs incompatibles avec l'activité minière, ou la Coalition QLAIM. La demande mondiale pour les minéraux a explosé et plusieurs régions du Québec vivaient un boom de claims miniers sans précédent. Cette création de la Coalition QLAIM survient à l'occasion du Forum – Intégration des activités minières : acceptabilité sociale et cohabitation organisé par l'Union des municipalités du Québec, ce même janvier 2023. Au 25 septembre, en date de cette commission parlementaire, la Coalition compte quelque 150 membres, provenant de plusieurs régions du Québec, notamment de l'Outaouais, des Laurentides, de Lanaudière et de la Mauricie.
La Coalition QLAIM est portée par un vaste mouvement citoyen qui trouve aberrant que des entreprises privées obtiennent un titre minier (claim) lui donnant accès au sous-sol sans que les élus locaux aient pris part à la décision. La Coalition est aussi membre actif de la Coalition Québec meilleure mine (QMM) et endosse son action ainsi que son mémoire. Notre mémoire met particulièrement en lumière les enjeux de la loi qui favorise les conflits d'usage entre l'industrie minière et les communautés, notamment celles qui ont des économies florissantes pouvant être affectées négativement par l'industrie minière.
Des lacs et un mode de vie à protéger
À notre avis, la Loi sur les mines fait la démonstration d'une absence de démocratie dans la gestion sur le précieux territoire public québécois, puisqu'un claim est octroyé automatiquement sans dialogue, sans respect des communautés locales et des peuples autochtones. La Coalition QLAIM incarne un mouvement citoyen attaché au territoire, attaché à un mode de vie grandissant, celui de vivre en permanence en toute quiétude entre lacs et rivières. Ces citoyens bénéficient déjà d'une économie équilibrée avec la nature. Nous désirons protéger ces droits de pouvoir habiter dans ces régions que nous considérons incompatibles avec l'activité minière. Pour ce que nous sommes et ce que nous portons, la Coalition QLAIM s'est donc donnée pour mission de contribuer à changer les lois actuelles afin de non seulement protéger les lacs du Québec de l'activité minière et les populations qui en dépendent, mais aussi de convaincre l'État québécois d'accorder plus de considération envers les contribuables et les élus de ces régions.
Le pouvoir du nombre, le pouvoir de l'attachement territorial La Coalition QLAIM est un mouvement bénévole aux ressources financières très limitées, mais pourvu de ressources plus importantes : des humains attachés à leurs territoires qui souhaitent influencer le gouvernement pour que l'industrie minière ne vienne pas altérer le territoire où ils vivent depuis des générations. La Coalition QLAIM représente un pouvoir alternatif : le pouvoir des électeurs. Les entreprises minières ne votent pas, et elles ont suffisamment de ressources pour se représenter elles-mêmes sans l'aide du gouvernement. Aucune ressource publique pour les aider à nous convaincre des bienfaits communautaires de cette industrie n'est justifiable. Le gouvernement du Québec doit mettre autant sinon plus d'écoute du côté de ses électeurs que du côté des lobbyistes, et seulement ainsi le développement minier pourrait être harmonieux. Il est indispensable de planifier le territoire en collaboration avec les gouvernements locaux, plutôt que d'autoriser des projets sans demander l'opinion des élus, sinon à la toute fin et trop tard. L'activité minière pourrait être harmonieuse dans ces conditions, mais le Projet de loi n° 63 ne prend pas cette direction. Les aspirations sociales, écologiques et économiques changent : nos institutions doivent s'adapter.
Section 2 : Notre exposé général
Une loi qui évite l'essentiel
Depuis la formation de notre coalition, nous avons lu et étudié plusieurs documents portant sur le cadre légal et sur la pratique de développement minier au Québec. Nous avons aussi participé aux rencontres en ligne et avons soumis plusieurs mémoires lors de la consultation de 2023 du ministère des Ressources naturelles et des Forêts et de la ministre responsable Maïté Blanchette Vézina, intitulée Démarche participative sur un développement harmonieux de l'activité minière. Nous l'avons fait avec toute l'énergie bénévole de notre mouvement dans le seul espoir de faire comprendre que du développement minier harmonieux, c'est impossible sans un véritable pouvoir pour les MRC dans la gestion du territoire public à partir de la demande d'un titre d'exploration jusqu'à la fermeture d'un projet minier.
C'est avec enthousiasme que nous avons donc pris le temps de lire le projet de loi n° 63 modifiant la Loi sur les mines et d'autres dispositions afin de voir si nos préoccupations ont été entendues et nos recommandations intégrées.
Ce projet de loi s'est attaqué aux lieux de consensus évidents, soit la spéculation sur le territoire public et l'exclusion de l'exploration sur les terres privées. De plus, de nouveaux pouvoirs, qui restent à être précisés, sont accordés au ministre pour considérer les enjeux de consentement des peuples autochtones et d'acceptabilité sociale des communautés. Les lieux de dissension, donc les véritables zones de réformes, n'ont pas été investis, notamment celui de partager le pouvoir décisionnel de l'État - soit la province québécoise - avec les peuples autochtones, les MRC, les élus locaux et les citoyens qui demeurent profondément attachés à ces territoires.
Sans respect et équité, pas de développement harmonieux
Dans sa forme actuelle, nous sommes convaincus que le projet de loi n° 63 ne permettra pas un développement harmonieux sur le territoire car, pour l'activité minière sur le territoire public, il n'y a pas de changement dans le régime minier, si ce n'est que de retirer des pouvoirs aux citoyens qui pouvaient acheter des claims pour protéger leurs lacs et rivières. En retirant ce pouvoir, nous nous attendions à ce que le gouvernement comprenne que les citoyens réclament d'avoir un mot à dire sur l'utilisation du territoire public souvent derrière chez eux. Nous vous rappelons que les territoires publics forment plus de 92% du territoire et qu'ils ne sont pas gérés par des élus locaux. C'est beaucoup de territoires sans démocratie !
La loi doit absolument répondre au besoin de décentralisation des pouvoirs vers les MRC, décentralisation que demande un développement minier harmonieux. Les MRC maîtrisent plus le territoire et l'élection des élus locaux est beaucoup plus en phase avec les aspirations locales. Pour nous, c'est une question de respect.
Bien que nous reconnaissions certaines améliorations à la loi, il en demeure que celles-ci ne touchent pas au fond du problème. Trop de droits pour les entreprises minières et trop peu pour les citoyens.
Nous réclamons de l'équité. Les municipalités et les citoyens nécessitent eux aussi de l'aide lorsqu'une entreprise minière cherche à s'établir dans leur communauté. Il faut prévoir un fond de soutien aux communautés durant l'ensemble des étapes d'un développement minier, notamment pour l'accès aux connaissances et pour assurer une démocratie publique, pas privatisée par les promoteurs.
Sans pouvoirs aux MRC, pas de développement harmonieux
Si le citoyen n'arrive plus à acheter des claims comme moyen de protéger son arrière-pays, quels outils le gouvernement du Québec donnera-t-il en échange pour atteindre son dit développement harmonieux ? En lui enlevant cette seule manière de se prémunir contre le développement minier, la loi doit redonner des outils de protection où il a une voix au chapitre de l'élaboration d'un projet affectant le territoire public derrière ou autour de sa maison, son village, sa communauté. En ce moment, le seul outil qu'il reste aux citoyens pour avoir accès à leurs arrière-pays sans exploitation minière et forestière est l'aire protégée. C'est une manière très aménagiste de voir le monde et, surtout, très conflictuelle.
À quel moment au Québec les citoyens pourront-ils véritablement contribuer à la planification locale de leur territoire public et avoir préséance sur des entreprises privées qui sont plus consultées qu'eux ? Au-delà de réserver le territoire aux entreprises forestières et minières, ou de les mettre sous cloche de verre pour de la conservation, nous, les citoyens, pouvons-nous développer notre territoire public sans mines ? Il y aurait ces Tables régionales de gestion intégrée des ressources et du territoire public qui, aux dires de plusieurs, sont des instances peu porteuses qui diluent, encore, le pouvoir des MRC et, encore plus, celui des peuples autochtones. Qu'estce qu'une entreprise privée fait dans des lieux de concertation qui ne la concerne pas ? N'est-ce pas aux citoyens de décider d'abord et aux compagnies privées de s'adapter aux décisions politiques et culturelles qui les animent ?
Les MRC ont été créées en 1979 dans le but de décentraliser la planification et la gestion du territoire, et d'entendre les élus de cette époque. Les MRC étaient un compromis puisque les régions voulaient une gouvernance régionale plus étendue afin d'éviter les interventions en silo, parfois peu adaptées des ministères provinciaux dans les régions. Encore en 2024, le gouvernement provincial tente de contourner ces MRC pour préserver le contrôle sur les ressources naturelles, comme la Couronne britannique le faisait avec ses colonies. Ironique qu'une province autonomiste aime calquer son colonisateur. Cette centralisation bénéficie néanmoins à un groupe : les entreprises minières puisqu'elles peuvent plus aisément influencer quelques individus par des activités de lobbying.
Sans clarté et bienveillance, pas de développement harmonieux
Bien que considérée par l'industrie minière comme un des principaux risques d'affaires, tel que rapportée par une enquête de Ernst & Young1 en 2024, nous constatons que l'acceptabilité sociale n'est pas mesurée et n'est nommée nulle part dans la Loi sur les mines ou son préambule. Ainsi, lorsque le premier ministre mentionne « il n'y aura pas de mine sans acceptabilité sociale », nous savons que ces mots n'ont aucune portée légale. Il importe que les lois précisent le flou existant qui favorise les décisions discrétionnaires plutôt que la clarté prévisible.
Il faut absolument trouver la bonne manière de mesurer l'acceptabilité sociale.
Si l'opinion de la population demeure inconnue du début à la fin, aucune approche scientifique ne résiste ? On fait l'inventaire des poissons, des mammifères, de la flore et des invertébrés mais on ne demande pas ce que pense la population locale d'un projet ? Pourquoi cette peur de lui demander ? L'État veut-il rester libre de disposer de l'arrière-pays ?
Finalement, nous sommes estomaqués de ne voir aucune modification au chapitre XXIV de la loi, soit l'expropriation. Après avoir vu les documentaires et lu les nombreux documents portant sur le désastre Malartic, il est difficile de comprendre comment, 10 ans plus tard, si peu de bienveillance émerge des autorités. Comment une société avancée en est-elle arrivée à accepter qu'une entreprise privée procède ainsi à des expropriations de citoyens ? Si le sous-sol appartient à l'État, tous les citoyens affectés devraient bénéficier d'un accompagnement équitable, peu importe le promoteur, avec des règles nationales quant à l'éligibilité et les montants.
Le gouvernement doit assumer son rôle d'arbitre bienveillant en donnant un cadre au processus de compensation ou d'expropriation pour éviter des ententes de gré à gré très inégales.
Section 3 : Nos recommandations
Aperçu de nos recommandations
Dans sa forme actuelle, le projet No 63 ne permettra pas un développement harmonieux et il est évident que le conflit sera exacerbé par une Loi qui reste, à nos yeux, la même. Notre mémoire vise essentiellement à contribuer concrètement, à aider les parlementaires à doter le Québec d'une Loi sur les mines modernes qui saura redonner confiance à la population. L'industrie minière ne remporte pas l'affection de nombre de Québécois et sa volonté de sortir de ses régions traditionnelles pour occuper tout le territoire ne va que détériorer cette situation.
Nous invitons le gouvernement à écouter ses citoyens plus que les entreprises et, conséquemment, à modifier la loi sur les mines tel que demandé par la société civile depuis des années.
Recommandation 1 – Partager le pouvoir décisionnel sur les claims avec les MRC
Les pouvoirs provinciaux sur le sous-sol public doivent concrètement être partagés avec les MRC dans le cadre de ses fonctions de planification, de gestion et de décision quant au territoire qu'elle administre. La MRC, et les peuples autochtones, doivent être parties prenantes de la décision avant l'octroi des claims pour pallier les failles de la délimitation des Territoires incompatibles à l'activité minière (TIAM) qui protège surtout des activités actuelles et passées, plutôt que les projets d'avenir.
Recommandation 2 - Définir l'intérêt public
Des conditions devraient être établies - acceptabilité sociale, sensibilité écologique et activités économiques conflictuelles - pour que la ministre puisse retirer ou suspendre des claims qui seraient contradictoires aux priorités territoriales que le dispositif des TIAMs ne semble pas pouvoir assurer de manière dynamique.
Recommandation 3 - Mesurer l'acceptabilité sociale
Les études d'impact inventorient absolument tout sauf l'opinion de la communauté qui fréquente ce territoire. L'acceptabilité sociale des projets miniers - et tous les autres grands projets à fort impact - doit être clarifiée à partir d'un processus démocratique prévu dans la loi, afin que le Conseil des ministres ait accès à cette information avant d'autoriser ou de rejeter un projet. Le flou entretient le cynisme face aux projets et la confiance indispensable envers l'État.
Recommandation 4 - Assurer une responsabilité publique de l'expropriation
En étudiant la section d'expropriation de la Loi sur les mines, nous constatons qu'aucun encadrement n'est proposé quant aux enjeux de cohabitation des riverains avec les projets miniers. La responsabilité est laissée à l'industrie, qui n'ayant aucun cadre de référence, peut agir arbitrairement et affecter l'équité de traitement de l'ensemble des Québécois. Nous demandons que le gouvernement du Québec, le propriétaire du sous-sol, exprime dans la loi sa responsabilité quant à l'accompagnement des riverains du projet minier - les propriétés adjacentes à la propriété minière - notamment pour l'aider à établir l'éligibilité aux indemnisations et les montants justes et équitables selon les conditions du projet.
L'analyse et les recommandations détaillées
Recommandation 1 : Partager le pouvoir décisionnel sur les claims avec les MRC
Analyse
● La loi sur les mines n'a ajouté aucun pouvoir aux MRC et aux municipalités sauf pour les terres privées. Effectivement, pour les terres privées, on inverse la posture gouvernementale (art. 304) : l'accès au sous-sol est interdit et d'emblée sous un Territoire incompatible à l'activité minière (TIAM) sauf si la MRC souhaite lever le TIAM pour exploiter le sous-sol.
● Au niveau de l'octroi des claims, outre l'ajout dans le Règlement des mines de l'obligation de faire une demande d'une autorisation pour travaux d'exploration à impacts (ATI) en y incluant des consultations, le projet de loi n'a pas proposé de partager le pouvoir décisionnel avec les MRC et les municipalités en amont de l'octroi des claims.
● Nous savons que les Orientations générales d'aménagement du territoire (OGAT) ont été bonifiées notamment en facilitant le processus de délimitation d'un TIAM.
● Mais le TIAM demeure un outil de protection des activités passées et actuelles, ce n'est pas un outil de protection des projets en cours et futurs. Les aspirations communautaires, si elles sont adéquatement formulées dans un plan de développement, doivent pouvoir être prises en compte et protégées. Nous pensons que de donner un pouvoir décisionnel à la MRC est la manière de protéger les aspirations communautaires sur le territoire public.
Proposition de modifications
Nous recommandons de modifier un article ou en ajouter dans la section III CLAIM de la Loi sur les mines, proposant un lieu de dialogue avec la MRC et les municipalités concernées avant d'octroyer un droit minier difficile à révoquer et promettant à une entreprise privée de pouvoir explorer et développer librement.
La proposition :
● À l'article 47 de la Loi sur les mines, il est stipulé que « le claim s'acquiert par la présentation d'un avis de désignation sur carte et par son inscription au bureau du registraire ». Nous pensons que c'est à ce moment que la MRC doit faire partie du processus décisionnel, puisqu'elle est celle qui connaît le territoire et saura informer la province si des projets d'un autre secteur économique, social ou écologique sont en développement dans ce secteur et s'il y aura conflit d'usage.
● Nous proposons de modifier l'article 47 ainsi : “le claim s'acquiert par la présentation d'un avis de désignation sur carte, par son inscription au bureau du registraire et par un avis de la MRC concernée”.
● Nous proposons de créer un article qui préciserait la modalité de cet avis de la MRC. Par exemple, « Le bureau du registraire demande un avis à la MRC qui inclura un droit de refuser un claim, sur un motif d'intérêt public, notamment pour éviter ou limiter les impacts sur les communautés locales et autochtones, ou démontrant l'activité en développement sur ce territoire public, que ce soit un processus de protection ou de développement en cours ».
● Nous proposons aussi que dans la Loi sur l'aménagement et l'urbanisme, que le Schéma de développement et d'aménagement de la MRC soit plus dynamique et plus participatif afin que, justement, le développement et la protection du territoire soient plus à jour pour le bureau du registraire. Par ailleurs, les MRC devront rendre ce processus de planification du schéma nettement plus participatif pour être légitime, dynamique et mis à jour.
● Ceci garantira une mise à jour territoriale et réduira à la source le conflit potentiel.
Recommandation 2 : Définir l'intérêt public
Analyse
● Nous reconnaissons qu'il y a eu plusieurs lieux dans la nouvelle proposition de Loi sur les mines où a été ajoutée la phrase « pour des motifs d'intérêt public » et à différents moments. Les lois québécoises ont très souvent ces possibilités discrétionnaires et ces ajouts semblent suggérer que c'était effectivement manquant au regard des autres lois québécoises. Le plus important selon nos demandes est l'article 52.1 : « Le ministre peut imposer à un titulaire de droit exclusif d'exploration, au moment où il le juge opportun, des conditions et des obligations qui, malgré les dispositions de la présente loi, peuvent, notamment, concerner les travaux à effectuer, dans les cas suivants : 1° pour un motif d'intérêt public, notamment pour éviter ou limiter les impacts sur les communautés locales et autochtones ; 2° pour permettre la priorisation ou la conciliation des utilisations et de la protection du territoire. »
● Malheureusement, ce motif d'intérêt public est associé à un pouvoir discrétionnaire de ministre sans un réel encadrement définissant l'intérêt public et pour quel bénéficiaire. Les pouvoirs discrétionnaires sont difficiles aussi à exercer car la décision créée inévitablement un sentiment d'injustice face à la loi. À l'instar de l'acceptabilité sociale, la loi mériterait d'être claire autant pour les promoteurs que les citoyens.
Proposition de modifications
Tel que proposé dans la recommandation 1, nous pensons que la MRC peut aussi en appeler à l'intérêt public avant l'octroi d'un claim plutôt qu'après. Ce sera ainsi plus préventif.
Par ailleurs, nous pensons que l'intérêt public doit être défini notamment en ce qui a trait à l'acceptabilité sociale, au consentement des peuples autochtones et aux seuils écologiques d'effondrement qui devraient guider la décision du Premier ministre avant même d'octroyer un claim.
Nous proposons que la définition d'intérêt public soit ajoutée au début de la loi à partir des écrits juridiques ou la jurisprudence qui le qualifient déjà.
Par exemple, la définition du Grand dictionnaire terminologique est : « Ensemble des intérêts vitaux qui sont favorables à tous les citoyens » auquel devrait s'ajouter l'esprit de la Loi sur le développement durable, soit que ce qui est d'intérêt public aujourd'hui pourrait ne pas l'être dans 25 ans. Nous proposons d'ajouter « maintenant et à long terme ».
Cette même définition pourrait aussi servir aux commissaires du BAPE qui pourrait vérifier si, effectivement, le projet répond à l'intérêt public avec, en main, une étude d'impact et une mesure d'acceptabilité sociale.
Recommandation 3 : Mesurer l'acceptabilité sociale
Analyse
● Outre l'intérêt public accroché au pouvoir de la ministre, la Loi sur les mines n'aborde pas l'acceptabilité sociale. Le mot ne s'y trouve pas bien que l'industrie la reconnaisse comme un risque d'affaire important et qu'elle soit aussi source de conflits sociaux.
● Évidemment, on comprend que ce serait plus la Loi sur l'aménagement et l'urbanisme et la Loi sur la qualité de l'environnement qui encadreraient le processus d'acceptabilité sociale. À notre connaissance, ces deux lois ne le font pas non plus.
● La Loi sur la qualité de l'environnement définit toutefois ce qui constitue des grands projets à risque pour l'environnement dans l'annexe I du Règlement relatif à l'évaluation et l'examen des impacts sur l'environnement de certains projets. Il s'agit de la liste des projets assujettis à la Procédure d'évaluation et d'examen des impacts sur l'environnement.
● Ainsi, l'acceptabilité sociale n'est qu'un mot dans la sphère publique sans portée légale et réglementaire.
● À notre avis, il est fondamental de demander l'opinion des communautés qui sont attachées aux territoires et c'est une donnée que les élus doivent avoir en main pour savoir comment faire évoluer un projet.
● Il y a une Loi sur les élections et les référendums dans les municipalités. Nous comprenons que cette loi s'applique aux compétences municipales qui, typiquement, excluent les pouvoirs sur le territoire public.
● Les MRC ont des pouvoirs sur les territoires publics mais n'ont pas de cadre juridique pour faire un référendum sur les projets proposés sur les territoires publics. Certaines MRC ont choisi d'avoir un préfet au suffrage universel alors il y a des modalités électorales dans ce contexte.
Recommandations dans ce contexte
● Nous sommes d'avis que, pour les projets que notre société a définis comme assez grands ou risqués pour l'environnement, soit ceux situés dans l'Annexe 1 du Règlement relatif à l'évaluation et l'examen des impacts sur l'environnement, un cadre référendaire devrait être mis en place dans un Loi sur les élections et les référendums pour les Municipalités régionales de comtés.
● Ce cadre référendaire s'appliquerait aux projets situés dans les territoires publics.
● Nous savons qu'une telle loi n'existe pas pour l'instant et démontre tout le malaise de faire exister les MRC pour vrai. Mais devant toutes ces MRC qui choisissent un préfet au suffrage universel, un mouvement de démocratie locale est déjà en route et la suite logique serait d'octroyer des pouvoirs référendaires aux MRC notamment et surtout lorsque des projets de telles envergures arrivent sans nécessairement avoir une compatibilité ou une continuité avec le développement territorial actuel.
● Il est impératif que la MRC analyse la proposition, consulte la population et informe le gouvernement de la posture locale. C'est ainsi que la population se sentira protégée par des instances locales qui sont plus réactives aux opinions citoyennes.
● À notre avis, cette consultation référendaire pourrait être tenue au moment du dépôt d'un avis de projet, à la consultation sur les enjeux prévue dans la Procédure d'examen et d'évaluation des impacts sur l'environnement, pour éviter de faire l'étude d'impact si les décideurs constatent la très faible adhésion au projet.
● Après l'étude d'impact, il est trop tard, le conflit s'intensifie à l'approche du BAPE et ternit la réputation de l'entreprise, des citoyens et du gouvernement. Le modèle d'absence de consultation en amont est un modèle conflictuel en soi.
● À ce moment, soit au dépôt de projet, il y a un réel projet avec un aménagement et la consultation porterait sur l'idée même du projet, sa justification, plutôt que sur ses impacts.
● Les études d'impact sont un outil décisionnel mais surtout un plan d'implantation du projet. Les citoyens n'ont pas besoin de tous ces détails pour former leurs opinions sur un tel projet.
● Puis, les ressources sont mieux investies, pour le promoteur et la communauté, en ne s'engageant pas ouvertement dans un conflit pendant l'étude d'impact. Cette responsabilité incomberait aux MRC et le gouvernement provincial financerait l'activité à sa demande.
● À titre de comparaison, en 1995, la Commission nationale du débat public en France fut fondée avec cette prémisse qu'il fallait d'abord dialoguer sur l'opportunité du projet avant de discuter sur la manière de faire le projet. Le modèle québécois cumule les deux activités en même temps, ce qui confond le pourquoi du comment.
● Le BAPE demeure une institution fondamentale pour notre mouvement citoyen. Mais nous souhaitons une consultation plus en amont, et le BAPE pourrait assister la MRC à l'organisation de cette consultation locale pour bien définir les limites géographiques de cette consultation référendaire pré-étude d'impact.
Recommandation 4 : Assurer une responsabilité publique de l'expropriation
Analyse
● Le projet de loi n° 63 ne propose aucune modification à la Loi sur les mines à la section V « expropriation et indemnisation ».
● Pour qu'un projet soit acceptable d'un point de vue du public, il est irrespectueux de déléguer une responsabilité d'expropriation et d'indemnisation à une entreprise privée sans cadre de protection, d'accompagnement et d'équité entre les Québécois.
● Le cadre d'éligibilité - enjeux de nuisances et distances du projet minier - et le cadre d'indemnisation - les valeurs des propriétés ou autres pertes d'usufruit ne sont pas définies dans la loi ou par règlement.
● Comme le sous-sol appartient à l'État, qui est représenté par la province, il a comme devoir d'encadrer l'aspect le plus traumatisant d'un projet minier.
● Les riverains vivent de l'anxiété dès l'arrivée des foreuses car il n'y a pas de cadre légal prévisible pour les accompagner et leur assurer un avenir juste et équitable, indépendant du promoteur ou indépendant des compétences de négociation d'un riverain.
Recommandations dans ce contexte
● Le projet de loi n° 63 doit reprendre la section V concernant l'indemnisation et l'expropriation.
● Selon le principe de développement durable pollueur-payeur, c'est au promoteur minier de payer l'ensemble des indemnisations.
● Toutefois, par l'imputabilité de l'État face à la santé et la sécurité de ses citoyens, l'État doit établir un cadre équitable envers l'ensemble de sa population - chaque Québécois devrait avoir les mêmes conditions d'indemnisation et d'expropriation devant un projet minier (ou autres) et envers les entreprises minières - chaque entreprise devrait payer le même prix pour installer une mine près de milieu habité.
● L'éligibilité à un rachat volontaire des propriétés ou à une indemnisation si un résident souhaite rester doit être déterminée en fonction du projet avec l'aide notamment de la direction régionale de la santé publique. L'éligibilité se caractérise surtout par la distance aux différentes nuisances (bruits, vibration, lumière, poussière, etc.) et c'est la santé publique qui dispose de l'expertise et de la légitimité aux yeux des citoyens.
● C'est la santé des riverains qui doit primer et guider la décision de l'État dans l'accompagnement des riverains face à un projet minier.
● Le cas de la Fonderie Horne est d'une grande évidence. Si l'État avait planifié et encadré l'indemnisation et l'expropriation, il ne serait pas dans une apparence de négligence créant un profond enjeu de confiance avec l'État et les citoyens
● Les indemnisations doivent aussi être encadrées par le développement d'une entente d'indemnisation proposée collaborativement entre l'entreprise et la municipalité, à entériner par le gouvernement au moment du décret si le projet est autorisé
● Pour la valeur de la propriété, il faudra établir un cadre d'évaluation du prix du marché pré-mine pour recouvrer la valeur pour les résidents qui, pour la plupart, en ont fait leur unique fonds de pension. Une question de respect, encore ici.
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La CSN dénonce la privatisation progressive du secteur de la production, du transport et de la distribution d’électricité au Québec.

Nous publions des extraits du mémoire déposé par la CSN à la commission sur le projet de loi 69 concernant la bonne gouvernance des ressources énergétiques. La CSN demande que le gouvernement Legault "sursoie à l'adoption de PL 69 et qu'il devance une consultation publique large sur le PGIRE."
16 septembre 2024 | tiré du site de l'Assemblée nationale du Québec
Pour lire le mémoire de la CSN sur le projet de loi 69, cliquez sur l'icône :
Synthèse
La CSN salue la volonté du gouvernement de mettre en place un plan de gestion intégrée des ressources énergétiques (PGIRE). Cela dit, elle émet des recommandations concernant le PGIRE qui visent à garantir un meilleur processus de consultation, un meilleur suivi de sa mise en œuvre, une plus grande cohérence sur la durée de l'horizon de planification, et de meilleures garanties que l'ensemble des externalités sociales, économiques et environnementales seront dument pris en compte. Ce dernier aspect est d'autant plus important que le Québec n'est pas en voie d'atteindre ses cibles en matière de lutte aux changements climatiques.
Le débat sur le PGIRE est fondamental, étant donné les erreurs récemment commises. La CSN se questionne en effet sur l'allocation rapide de blocs d'énergie à des projets industriels dans un contexte où le Québec ne dispose plus de surplus d'électricité à moyen et long terme. Cela survient de surcroi^t dans une situation où la planification de la demande d'électricité par le gouvernement et Hydro-Québec est déficiente, peu de temps après la signature de contrats d'exportation fermes avec les États de la Nouvelle-Angleterre et celui de New York.
La CSN déplore les nombreuses dispositions du projet de loi qui remettent en question le monopole d'Hydro-Québec sur les activités de production, de transport et de distribution d'électricité. L'accroissement de la place du privé est particulièrement inopportun en raison du caractère stratégique de l'électricité propre qu'elle produit au regard de la lutte aux changements climatiques. Depuis 1963, la nationalisation de l'hydroélectricité a généré des retombées qui sont au cœur du développement économique et social du Québec moderne. La confédération est d'avis qu'Hydro-Québec est encore en mesure de répondre à la demande d'électricité du Québec à moyen et long terme, si le gouvernement lui en donne les moyens.Il est impératif de préserver le patrimoine collectif que représente H-Q et d'assurer son caractère entièrement public.
La CSN est satisfaite que la Régie de l'énergie retrouve le pouvoir de fixer les tarifs relatifs au transport et à la distribution d'électricité, mais aurait toutefois souhaité qu'elle soit aussi responsable de la détermination de la composante des tarifs relatifs à la production. Par ailleurs, la CSN s'inquiète de l'augmentation anticipée des tarifs résidentiels qui ne manquera pas de survenir, malgré la mise sur pied du Fonds d'aide à la clientèle domestique d'Hydro- Québec, à la suite des investissements substantiels annoncés par Hydro-Québec et de l'octroi de nombreux blocs d'énergie à des secteurs industriels émergents.
Enfin, la confédération n'est pas convaincue que les modifications législatives et réglementaires proposées sont nécessaires ou que les bons choix sont faits. Au surplus, nous ne savons pas quels sont les contours du futur PGIRE, ce qui biaise fondamentalement le débat actuel. La CSN appelle donc le législateur à ajuster les dispositions du PL69 concernant le PGIRE, mais à sursoir à l'adoption des autres dispositions, et ce, dans le but d'accélérer le processus de consultation et d'adoption du plan.
Conclusion
Selon le gouvernement, le projet de loi no 69 vise à adapter l'encadrement du secteur de l'énergie afin de permettre au Québec de réaliser ses grands objectifs en matière de transition énergétique et de décarbonation de son économie, dans le respect du principe d'acceptabilité sociale. Toutefois, ces objectifs allégués servent largement de prétextes au développement des secteurs industriels émergents et à la privatisation progressive du secteur de la production, du transport et de la distribution d'électricité au Québec.
La CSN se questionne sur l'allocation rapide de blocs d'énergie à des projets industriels dans un contexte où le Québec ne dispose plus de surplus d'électricité à moyen et long terme, en raison de la planification déficiente de la demande d'électricité par le gouvernement et Hydro-Québec, de me^me que la signature de contrats d'exportation fermes avec les États de la Nouvelle-Angleterre et celui de New York il y a à peine quelques années. Les nombreux projets industriels viennent ajouter à la demande d'électricité découlant de la transition énergétique et il est d'ores et déjà clair que les infrastructures de production additionnelles rendues nécessaires se traduiront par des augmentations importantes de tarifs, incluant la clientèle résidentiele. De plus, puisqu'il n'existe actuellement aucune planification intégrée des ressources énergétiques compatibles avec la politique-cadre sur les changements climatiques, il n'existe aucune garantie que la politique industrielle actuelle n'aille pas à l'encontre des objectifs de décarbonation de l'économie québécoise.
Par ailleurs, la CSN est préoccupée par les nombreuses dispositions qui viennent réduire le ro^le d'Hydro-Québec dans la production, le transport et la distribution d'électricité. Depuis 1963, la nationalisation de l'hydroélectricité a généré des retombées qui sont au cœur du développement économique et social du Québec moderne. Pour des raisons économiques et relatives aux finances publiques [1], ce serait une grave erreur de faciliter l'accroissement de la place du privé. La CSN croit qu'Hydro-Québec est en mesure de répondre aux besoins énergétiques de la société québécoise dans l'avenir. Il est impératif de préserver le patrimoine collectif que représente H-Q et d'assurer son caractère entièrement public.
En conclusion, bien qu'elle ait mis de l'avant des propositions spécifiques relatives au projet de loi, la CSN considère qu'il est impossible d'avoir un débat éclairé sur le PL 69 tant que les modalités du PGIRE ne seront pas connues. Elle appelle donc le législateur à ajuster les dispositions du PL 69 concernant le PGIRE, mais à sursoir à l'adoption des autres dispositions, dans le but d'accélérer l'adoption du plan. Par la suite, le gouvernement aura le loisir de consulter la population sur la nécessité de modifier ou non son cadre législatif.
Recommandation 16 Que le gouvernement sursoie à l'adoption de PL 69 et qu'il devance une consultation publique large sur le PGIRE.
Recommandations
Recommandation 1
Que le législateur modifie le projet de loi no 69 et donne à un organisme indépendant le mandat de mener des consultations, d'effectuer des recommandations et de faire un suivi relatif à la planification intégrée des ressources énergétiques. Qu'il soit introduit au PL 69 des spécifications au mode de consultation de la population et de la société civile de manière qu'il soit ouvert, inclusif et transparent.
Recommandation 2
Que les producteurs privés d'électricité assument la totalité des coûts de transport d'électricité qu'ils occasionnent à Hydro-Québec.
Recommandation 3
Que le gouvernement évite d'intervenir trop directement dans les activités de la Régie de l'énergie et d'Hydro-Québec et qu'il les laisse réaliser leurs missions en s'appuyant sur leurs expertises techniques.
Recommandation 4
La CSN s'oppose à la possibilité, pour Hydro-Québec, de privatiser les infrastructures de son réseau hydroélectrique.
Recommandation 5
Qu'Hydro-Québec soit le maître d'œuvre dans la production d'énergie éolienne sans prise de participation d'entreprise privée à but lucratif. La CSN réitère son opposition au modèle d'appels d'offres au privé.
Recommandation 6
La CSN réitère son opposition à toute forme de privatisation du transport et de la distribution d'électricité´ au Québec.
Recommandation 7
La CSN demande que tout contrat d'approvisionnement à venir entre un autoproducteur existant et Hydro-Québec soit assorti d'une garantie de protection des emplois.
Recommandation 8
Que la Régie de l'énergie conserve le mandat d'analyser de manière exhaustive et objective tout projet d'envergure de production d'électricité post-patrimoniale afin de garantir l'intérêt public.
Recommandation 9
Qu'Hydro-Québec demeure le maître d'œuvre de l'organisation et du développement du réseau électrique sur le territoire québécois, spécialement du réseau hydroélectrique. Seule Hydro-Québec doit pouvoir développer et opérer des complexes hydroélectriques de plus de 50 MW.
Recommandation 10
Que les demandes industrielles d'énergie qui se présentent ne soient pas traitées au cas par cas et que le gouvernement se dote de critères précis permettant de décider de donner suite ou non à l'approvisionnement électrique de chaque projet d'envergure. Les projets doivent s'inscrire dans le cadre d'une vision globale de la politique industrielle qui est cohérente avec les objectifs gouvernementaux en matière de transition énergétique et de lutte aux changements climatiques.
Recommandation 11
Que le plan de gestion intégrée des ressources énergétiques (PGIRE) annoncé par le gouvernement du Québec guide les décisions de donner suite ou non à l'approvisionnem ent électrique des projets de demandes industrielles d'énergie.
Recommandation 12
Que le gouvernement du Québec redonne à la Régie de l'énergie le pouvoir de déterminer l'ensemble des composantes des tarifs d'électricité, y compris celle relative à la production, dans le cadre d'un processus qui garantit la transparence et la participation du public.
Recommandation 13
Que la contribution fiscale qui financera le Fonds d'aide à la clientèle domestique d'Hydro- Québec, qui reste à définir, soit progressive et exempte les ménages à faible revenu, si le gouvernement persiste avec la proposition de le mettre en place.
Recommandation 14
Qu'Hydro-Québec continue d'offrir la tarification dynamique aux clients résidentiels qui le souhaitent, mais seulement sur une base volontaire, et qu'elle déploie des options tarifaires s'adressant aux entreprises, qui sont plus à même de moduler leur consommation dans le temps que les ménages. Toutefois, l'option d'un mode de tarification spéciale dans le secteur résidentiel pourrait être envisageable, mais seulement pour les ménages habitant des résidences luxueuses qui ont une consommation intensive d'électricité.
Recommandation 15
Que les tarifs d'électricité demeurent en lien avec les coûts réels d'exploitation d'Hydro- Québec et que la tarification basée sur les coûts marginaux ne soit pas utilisée pour augmenter les profits de la société d'État. Que des moyens alternatifs soient mis en place pour réduire la consommation de pointe et les investissements dans les moyens de production, notamment en accélérant le développement des programmes d'efficacité énergétique (économie d'énergie et gestion de la demande) et des mesures d'économie d'énergie.
Recommandation 16
Que le gouvernement sursoie à l'adoption de PL 69 et qu'il devance une consultation publique large sur le PGIRE
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[1] D'un point de vue comptable, Hydro-Québec représente un actif important pour le secteur public québécois et contribue de façon positive à la cote de crédit de la province

La FTQ s’oppose à l’adoption du projet de loi 69

Comme, il l'écrit en conclusion de son mémoire, la Fédération des travailleurs et travailleuses du Québec rejette le projet de loi 69. Dans son mémoire elle "réitère sa position ferme contre l'adoption du projet de loi n° 69 dans sa forme actuelle. Le projet de loi, tel que rédigé, présente des risques significatifs pour la gouvernance démocratique des ressources énergétiques et ne tient pas suffisamment compte des impacts environnementaux critiques et des enjeux de gouvernance et de transparence des processus décisionnels qu'il crée.. Nous publions ci-dessous d'importants extraits de son mémoire et la liste de ses recommandations.
5 septembre 2024 | tiré du site de l'Assemblée nationale
Pour lire l'ensemble du mémoire, cliquez sur l'icône :
Introduction
Alors que notre énergie a historiquement été gérée avec une forte dimension publique et démocratique, ce projet de loi semble orienter la gestion des ressources énergétiques vers un modèle privé, dénationalisé et nettement moins transparent, remettant en question les acquis de plusieurs décennies de gestion publique de l'énergie au Québec. Il vient également politiser cette gestion, car si le ministre de l'Économie devient insidieusement responsable des décisions, celles-ci seront prises à courte vue et en accord avec l'orientation politique du gouvernement en place et non pas nécessairement en fonction de la sécurité énergétique, de l'environnement ou de l'intérêt social collectif, détruisant ainsi l'héritage des générations passées.
Dans ce contexte, il est crucial de réexaminer ce projet de loi dans la perspective du bien commun, en veillant à ce que la gestion de l'énergie reste ancrée dans les valeurs de transparence, de participation citoyenne, de préservation de l'environnement et de justice sociale qui ont historiquement guidé le développement énergétique du Québec. Conséquemment, la FTQ recommande le rejet du projet de loi dans sa forme actuelle ainsi que la suspension du processus de consultation, et ce, jusqu'à ce qu'un Plan de Gestion Intégrée des Ressources Énergétiques (PGIRE) soit élaboré, afin de garantir une planification cohérente et durable de la transition énergétique. Le présent mémoire vise donc à offrir une critique constructive du projet de loi 69, à mettre en lumière les risques majeurs qu'il pose pour la survie du filet social québécois, à souligner les incohérences dans l'approche présentée par le gouvernement et à proposer des recommandations substantielles pour une politique énergétique cohérente et durable.
(...)
Les angles abordés
Ce mémoire est structuré en plusieurs sections principales de la façon suivante :
1. Une offensive de centralisation au détriment de l'environnement et de la gouvernance démocratique : Analyse des implications de la centralisation des décisions énergétiques au sein du ministère de l'Économie et réduction du rôle du ministère de l'Environnement.
2. Modifications terminologiques et privatisation des infrastructures énergétiques : Discussion sur les impacts des changements terminologiques proposés dans le projet de loi 69, comme le passage de « consommateur » à « client » et évaluation des risques liés à la privatisation accrue des infrastructures énergétiques.
3. Tarification et sécurité énergétique : Examen des conséquences de la modulation tarifaire résidentielle et de l'incertitude tarifaire après 2026, ainsi que du rôle de la Régie de l'énergie.
4. Enjeux environnementaux : Exploration des impacts environnementaux potentiels et des défis en matière de biodiversité et de changements climatiques.
5. Cohérence dans l'élaboration du PGIRE : Propositions pour l'adoption d'un Plan de Gestion Intégrée des Ressources Énergétiques (PGIRE) avant la mise en œuvre de tout changement législatif et règlementaire.
Une offensive de centralisation au détriment de l'environnement et de la gouvernance démocratique
Le projet de loi 69 est une attaque frontale contre la protection de l'environnement et la transparence démocratique, en centralisant de manière drastique les pouvoirs décisionnels énergétiques au sein du MEIE. Sous prétexte de simplifier la gestion des ressources énergétiques, ce projet de loi marginalise le ministère de l'Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs (MELCCFP) ainsi que celui des Ressources Naturelles et des Forêts (MRNF), concentrant ainsi un pouvoir immense entre les mains d'un seul ministère. Cette manœuvre nous apparaît comme une tentative de museler les voix discordantes (mais nécessaires à la santé démocratique) et de s'assurer que les décisions énergétiques du Québec servent principalement des intérêts économiques étroits, au mépris des impératifs sociaux et environnementaux.
Le MEIE s'arroge désormais le contrôle du PGIRE et l'établissement des cibles énergétiques, reléguant au second plan les considérations environnementales essentielles à la durabilité du Québec (art. 4, PL-69). En donnant carte blanche à un ministère motivé par une logique purement économique, ce projet de loi ouvre la voie à des décisions hâtives, irresponsables et incohérentes dont les conséquences sur la biodiversité, les écosystèmes et le filet social québécois pourraient être dévastatrices pendant plusieurs générations. La mainmise du MEIE sur la gestion des forces hydrauliques de l'État, y compris la perception des redevances (art. 7, 8, PL-69), est un autre exemple criant de cette centralisation dangereuse qui subordonne l'ambition climatique à des intérêts financiers à court terme.
La centralisation des décisions sous l'égide du MEIE constitue, selon la FTQ, une voie directe vers un échec de l'ambition climatique du Québec. En autorisant le ministre de l'Économie à approuver des projets énergétiques sans l'obligation de consulter les autres ministères (art. 4, PL-69), le projet de loi 69 contourne les contre-pouvoirs et vient réduire les règles de gouvernance nécessaires au bon maintien du filet social. Le gouvernement semble prêt à sacrifier les écosystèmes locaux sur l'autel du profit, ignorant les risques graves et irréversibles pour la biodiversité, les habitats naturels et les communautés y vivant.
La FTQ exprime de sérieuses réserves face à cette orientation centralisatrice à l'encontre des principes de transparence et de responsabilité. Le projet de loi 69 met en péril la gouvernance démocratique en limitant les occasions pour les acteurs de la société civile de participer au processus décisionnel. Notons d'ailleurs la modification à l'article 7 de la Loi sur la Régie de l'énergie venant remplacer « 12 régisseurs » par « d'au plus 12 régisseurs » dans sa composition, indiquant clairement un effort de réduction de la capacité de surveillance et d'échange de la Régie. L'article 45, lui, élimine l'obligation pour Hydro-Québec de procéder par appel d'offres pour certains contrats d'approvisionnement en électricité, à moins que le gouvernement n'en décide autrement, restreignant les garanties de transparence et ouvrant la porte à des décisions prises à huis clos, sans véritable consultation publique. Selon la FTQ, cet article doit être révisé pour réintroduire cette exigence, qui est essentielle pour maintenir la transparence et garantir que les contrats énergétiques sont attribués de manière équitable et en conformité avec l'intérêt public.
La FTQ souligne également, l'article 67 du projet de loi qui, une fois de plus, permet au gouvernement de contourner et d'affaiblir les contre-pouvoirs en permettant au ministre de l'Économie d'intervenir directement dans les décisions de la Régie de l'énergie sous prétexte de préoccupations économiques. Ceci nous apparaît comme une tentative flagrante de politisation des processus régulatoires menaçant l'indépendance de cette institution. L'introduction de ce biais politique risque d'affaiblir les critères techniques, scientifiques sociaux et environnementaux au profit de priorités économiques en rendant quasi-obsolète le rôle même de la Régie.
En centralisant ainsi de manière inquiétante les pouvoirs au sein du MEIE, le PL-69 compromet à la fois la protection environnementale et la qualité de la gouvernance démocratique. Il est impératif de réexaminer ce projet sous l'angle de la transparence, de la participation citoyenne, de la transition juste et de la justice environnementale, afin d'éviter des dérives potentielles qui pourraient nuire gravement au bien commun des Québécoises et des Québécois.
(...)
Conclusion
La FTQ réitère sa position ferme contre l'adoption du projet de loi n° 69 dans sa forme actuelle. Le projet de loi, tel que rédigé, présente des risques significatifs pour la gouvernance démocratique des ressources énergétiques et ne tient pas suffisamment compte des impacts environnementaux critiques et des enjeux de gouvernance et de transparence des processus décisionnels qu'il crée. En l'absence d'une vision intégrée pour la gestion des ressources énergétiques, le projet de loi centralise des pouvoirs excessifs au sein du ministère de l'Économie, au détriment d'une approche équilibrée et concertée. Cette façon de procéder chronologiquement incongrue et ne peut qu'exacerber les risques de dérives énergétiques.
La FTQ appelle à la suspension immédiate des travaux parlementaires sur ce projet de loi et demande la mise en place d'un Plan de gestion intégré des ressources énergétiques (PGIRE) avant toute reprise des discussions. Ce plan doit inclure une évaluation exhaustive des impacts environnementaux et économiques, garantir que les décisions énergétiques du Québec soient alignées avec les engagements internationaux en matière de biodiversité et de lutte contre les changements climatiques et assurer un processus décisionnel inclusif qui mettra de l'avant l'expertise des travailleuses et travailleurs ainsi que des nombreux acteurs de la société civile.
La FTQ tient à souligner avec force que la gestion des ressources énergétiques ne peut être laissée au hasard ni soumise à des décisions précipitées. Les choix que nous faisons aujourd'hui définiront l'avenir non seulement de notre économie, mais aussi de notre environnement, de notre qualité de vie, et de notre place sur la scène internationale en tant que chef de file de la transition énergétique juste. Le Québec ne peut se permettre de balayer sous le tapis les préoccupations légitimes soulevées par la société civile, les experts, et les travailleuses et travailleurs qui seront les premiers touchés par les conséquences de ce projet de loi. Ainsi, la FTQ appelle le gouvernement à se hisser à la hauteur des défis de notre époque en exigeant que les décisions prises soient à la mesure de l'histoire que nous souhaitons écrire : celle d'un Québec visionnaire, inclusif, responsable, et engagé envers les générations futures. Il est fondamental que le gouvernement prenne le temps nécessaire pour élaborer un plan nous permettant de naviguer vers un avenir qui soit à la fois ambitieux, créatif et juste.
En conclusion, le moment est venu pour le Québec de démontrer son leadership en empruntant les chemins difficiles, mais nécessaires, afin de garantir un avenir où l'économie, l'ambition climatique et la justice sociale sont indissociables. Il est essentiel que les services d'électricité demeurent publics, avec Hydro-Québec comme responsable des opérations et propriétaire des actifs actuels et futurs. Cette gestion publique est cruciale pour assurer une énergie accessible, équitable et durable, tout en protégeant les intérêts de l'ensemble de la population québécoise. La FTQ se tient prête à collaborer pleinement à cette tâche, tout en restant vigilante et résolue à défendre les intérêts de ses membres et de l'ensemble des Québécoises et Québécois.
Listes des recommandations
Recommandation no 1
La FTQ recommande que le projet de loi 69 soit modifié pour garantir la participation obligatoire à titre d'intervenants, du ministère de l'Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs (MELCCFP) et du ministère des Ressources Naturelles et des Forêts (MRNF) lors des demandes de projet liées aux ressources énergétiques.
Recommandation n o 2
La FTQ recommande que les impacts environnementaux et sociaux soient évalués par des experts indépendants et que ces évaluations soient intégrées dans le processus décisionnel, afin de prévenir les décisions hâtives et irresponsables qui pourraient compromettre la durabilité écologique du Québec.
Recommandation no 3
La FTQ recommande que l'obligation d'appel d'offres pour tous les contrats d'approvisionnement en électricité soit conservée.
Recommandation no 4
La FTQ recommande la mise en place de garanties claires pour l'indépendance de la Régie de l'énergie, et s'oppose fermement à toute ingérence gouvernementale dans ses décisions. L'article 67 doit être modifié pour éliminer la possibilité de politisation des processus régulatoires.
Recommandation no 5
La FTQ recommande que des mesures pour une transition énergétique juste et équitable soient intégrées, en soutenant les travailleuses et travailleurs et les communautés affectées par ces transformations.
Recommandation no 6
La FTQ recommande de maintenir une gestion exclusivement publique des infrastructures énergétiques afin de préserver leur statut de bien commun, crucial pour la collectivité et propose même que le mandat d'Hydro-Québec soit étendu à l'ensemble de la production, du transport et de la distribution électrique quelle qu'en soit la source et que les sources renouvelables soient nationalisées.
Recommandation no 7
La FTQ recommande de renforcer les mécanismes de régulation de la Régie qui assurent une prévisibilité et une stabilité à court et long terme, tout en tenant compte des impacts de l'inflation et des enjeux de vie chère exacerbés depuis la pandémie et réitère le besoin pressant de dépolitiser le mandat de la Régie.
Recommandation no 8
La FTQ recommande de renforcer les mesures environnementales dans le projet de loi 69 en rendant obligatoires les évaluations d'impact pour tous les projets énergétiques d'envergure.
Recommandation no 9
La FTQ recommande d'intégrer des mesures claires et inclusives propres à une transition énergétique juste afin de s'assurer que les décisions économiques respectent nos engagements en matière de biodiversité et de lutte contre les changements climatiques dans un esprit de dialogue social.
Recommandation no 10
La FTQ recommande de mettre en place le PGIRE avant tous changements législatifs ou règlementaires, permettant ainsi de planifier efficacement les besoins énergétiques du Québec, en mettant l'accent sur l'efficacité énergétique et la sobriété énergétique dans une perspective de transition juste avec l'ensemble des acteurs de la société civile, tout en tenant compte des limites planétaires
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Pour qu’il y ait une suite du monde…

Aujourd'hui, nous nous rassemblons dans une quinzaine de villes du Québec pour qu'il y ait une suite du monde.
Jacques Benoit
Co-initiateur de la Déclaration citoyenne universelle d'urgence climatique – DUC
Co-rédacteur du Plan de la DUC
Membre de GMob (GroupMobilisation)
En 2018, GMob (GroupMobilisation) avait rédigé la DUC, laDéclaration d'Urgence climatique, pour qu'il y ait une suite du monde. Cette déclaration disait que l'état d'urgence climatique dans lequel nous étions faisait courir des risques aux générations futures en menaçant les niveaux de sécurité :
• Économique, avec l'augmentation des inégalités ;
• Santé humaine, avec les risques de pandémie ;
• Alimentaire, par les précipitations violentes et les sècheresses sévères détruisant les récoltes ;
• Environnement, par la fonte du couvert de glace arctique et antarctique ;
• Et sécurité nationale et internationale, où des migrations massives déstabilisent des nations entières.
Pour qu'il y ait une suite du monde, des citoyennes et des citoyens de partout au Québec avaient déposé la DUC dans leurs conseils municipaux, et plus de 525 municipalités au Québec avaient reconnu l'urgence climatique. Suivant ce courant, les partis Québécois, Québec solidaire, Parti Vert et NPD-Québec, de même que le BQ, NPD, le Parti Vert du Canada avaient signé la DUC, et le gouvernement du Canada et celui du Québec avaient également reconnu l'urgence climatique.
En septembre 2019, 500 000 personnes marchaient dans les rues de Montréal, pour qu'il y ait une suite du monde… Mais 6 mois plus tard, le monde se voyait confiné par la pandémie de la COVID-19, une pandémie dont le risque était décrit dans la Déclaration d'urgence climatique…
Bâtir prend du temps, mais détruire, quelques instants.
Pour qu'il y ait une suite du monde, nous devons maintenant reprendre là où nous étions, avant que la pandémie ne détruise nos solidarités.
Pour qu'il y ait une suite du monde, nous devons nous rappeler que l'urgence de 2018 n'est pas moins urgente aujourd'hui. Six ans plus tard, alors que les événements extrêmes ne cessent de s'aggraver et de s'additionner partout, nous devons rebâtir notre mouvement.
Pour qu'il y ait une suite du monde, nous devons sortir de nos luttes en silos, et focusser sur ce qui nous unit, notre bien commun, ce bien commun que certain.e.s veulent accaparer.
Ce bien commun, c'est notre seule solution, la seule solution pour lutter contre ce qui cause le réchauffement planétaire, la pollution de l'air, la perte de biodiversité et la destruction de notre environnement.
Le bien commun, c'est la seule voie qu'il nous reste pour qu'il y ait une suite du monde.
Pour qu'il y ait une suite du monde…
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Pour un accompagnement féministe et abolitionniste des personnes victimes de la prostitution, une violence sexuelle et sexiste

Tiré de Entre les lignes et les mots
https://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2024/09/26/pour-un-accompagnement-feministe-et-abolitionniste-des-personnes-victimes-de-la-prostitution-une-violence-sexuelle-et-sexiste/
Vous trouverez ci-dessous la possibilité d'accéder au livre écrit par Geneviève Duché et Marie-Hélène Franjou. Ce travail a été confié à l'Amicale du Nid pour son édition voulant, par-là, marquer notre passage comme présidentes de cette association et inscrire dans son histoire la mutation que nous y avons provoquée et confirmée vers un abolitionnisme cohérent et une analyse féministe de la prostitution.
Le livre est disponible à la consultation et au téléchargement sur le site dans cet article :
https://amicaledunid.org/actualites/pour-un-accompagnement-feministe-et-abolitionniste-des-personnes-victimes-de-la-prostitution-une-violence-sexuelle-et-sexiste-genevieve-duche-et-marie-helene-franjou-anciennes-presid/
Ainsi que dans la rubrique « ressources » de manière permanente :
https://amicaledunid.org/ressources/pour-un-accompagnement-feministe-et-abolitionniste-des-personnes-victimes-de-la-prostitution-une-violence-sexuelle-et-sexiste-genevieve-duche-et-marie-helene-franjou-anciennes-presid/
Quatrième de couverture :
En France, La prostitution est incluse dans les violences contre les femmes depuis 2010. En 2016, l'Assemblée Nationale a voté une loi « visant à renforcer la lutte contre le système prostitutionnel et à accompagner les personnes prostituées » – loi appelée « Olivier-Coutelle » – qui complète l'abolitionnisme français, instauré en 1960, par l'interdiction de l'achat d'un acte sexuel.
Pour faire comprendre l'importance de cette loi et la nécessité de la faire appliquer, pour faire comprendre l'urgence d'une lutte efficace contre le système prostitutionnel qui nourrit l'exploitation sexuelle des plus vulnérables, les autrices proposent une analyse féministe du système prostitutionnel. Elles s'appuient à la fois sur les témoignages de nombreuses personnes ayant subi ou subissant la prostitution ou la pornographie et sur leur expérience de bénévoles à l'Amicale du Nid, association abolitionniste qui confie l'accompagnement des victimes vers la sortie de la prostitution à des professionnel·les du travail social et de la santé.
Leurs analyses montrent les origines de la prostitution et ses effets sur les personnes victimes de cette violence sexiste et sexuelle ainsi que les difficultés de leur accompagnement social dans une société qui privilégie les « besoins » masculins, en particulier en ce qui concerne la prostitution des mineur·es qui ne cesse d'augmenter.
Aucune égalité réelle entre les femmes et les hommes ne peut exister si la société considère que le corps des femmes est un corps disponible. Les autrices montrent que le combat pour l'abolition du système prostitutionnel n'est ni « charitable », ni « moralisant » mais qu'il est un combat féministe et donc politique, à mener avec les personnes victimes de ce système et pour l'égalité et l'émancipation de toutes et tous.
Ce travail veut enrichir la réflexion des bénévoles et des professionnel·les et leurs pratiques dans les domaines de la prévention et de l'accompagnement social des victimes de violences sexistes et sexuelles et contribuer à préciser le cadre médico-social, législatif, politique des actions contre le système prostitutionnel.
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« Sur les routes du poison nazi. Reporters et reportrices de l’Anschluss à Munich »

« Sur les routes du poison nazi. Reporters et reportrices de l'Anschluss à Munich », par Anne Mathieu, éditions Syllepse, collection "Histoire : enjeux et débats", Paris, 2024. EAN : 9791039902298. 163 pages. Prix : 18 Euros. Parution : septembre 2024. https://www.syllepse.net/sur-les-routes-du-poison-nazi-_r_65_i_1088.html
Information publiée le 23 septembre 2024 par Marc Escola < escola[a]fabula.org> sur le site internet « Fabula – La Recherche en littérature » <http://www.fabula.org/actualites/12...> >.
De l'écrasement prémonitoire de « Vienne la rouge » à la victoire nazie au plébiscite en Sarre, ce livre nous conduit sur les routes du poison nazi. 1938 : les dangers se multiplient aux quatre coins de l'Europe. L'Autriche est annexée par l'Allemagne nazie, les accords de Munich sont signés le 30 septembre. Enfin, le 15 mars 1939, c'est au tour de la Bohême-Moravie d'être annexée par Hitler.
Des reporters et des reportrices sont présents de l'Autriche annexée à Prague la vaillante, des Sudètes nazifiées aux frontières menacées par la volonté expansionniste de Hitler, ce qui nous entraîne également en Belgique, en Suisse, en Alsace. Anne Mathieu nous plonge dans une aire géographique où se jouait le sort de l'Europe. Pour cette recherche inédite, elle a dépouillé des dizaines de périodiques et a référencé pour la première fois tous les reportages et les témoignages écrits sur cette question à la gauche de l'échiquier politique. Avec ce livre, elle poursuit le travail mené sur la guerre d'Espagne (/Nous n'oublierons pas les poings levés/, 2020) et confirme la place et la dimension politique du reportage dans le journalisme.
On ne peut s'empêcher de faire des rapprochements avec les conflits et les tensions contemporains et la place que les reportrices et reporters y occupent./Sur les routes du poison nazi/constitue une contribution à l'histoire politique, culturelle et sociale qui permet d'éclairer également l'actualité.
* *URL de référence :*
https://www.syllepse.net/sur-les-routes-du-poison-nazi-_r_65_i_1088.html
* Voir sur Twitter <https://twitter.com/fabula/status/1...>
*
Anne Mathieu, Sur les routes du poison nazi. Reporters et reportrices de l'Anschluss à Munich
*Une suggestion de lecture de André Cloutier, Montréal, 25 septembre 2024*
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Comptes rendus de lecture 1er oct 24

Les têtes brûlées
Catherine Dorion
Ce livre a beaucoup fait parler de lui à sa sortie en novembre dernier. Il est éclairant sur trois aspects importants que l'auteure traite à la lumière de son expérience comme députée solidaire de Taschereau. Le plus essentiel, présent tout au long du livre, est cette course effrénée à laquelle nous contraint la société capitaliste actuelle, ces heures et ces moments perdus à faire des choses inutiles, pour la forme, à consommer, ces communications sans fin et sans intérêt facilitées par les technologies modernes ; course sans fin qui nous use, nous épuise, nous laisse peu de temps pour nous occuper de nous et de nos proches, pour ces instants précieux d'amitié et de solidarité qui donnent à la vie sa vraie saveur. Catherine Dorion nous parle aussi de la gauche, à travers de son parti, Québec solidaire, qui marche souvent de compromis en compromis avec l'establishment, pour ne pas nuire à son image, et des médias, qui en sont pour une bonne part responsables, incitant tout le monde à la prudence en accordant une attention démesurée à des choses somme toute insignifiantes, au détriment des idées et valeurs défendues par les partis. Si quelques idées préconçues sont parfois agaçantes, ce bouquin vaut tout de même grandement la peine d'être lu. Une bouffée d'air frais, en quelque sorte...
Extrait :
Il a fallu en dépenser, des heures de travail, pour convaincre des sociétés entières qu'elles avaient besoin, par exemple, de changer de vêtements tous les ans pour suivre la mode. Il a fallu en dépenser, des heures de travail, pour récolter le coton, pour fabriquer ce linge, pour le transporter d'un bout à l'autre du monde au gré des bas salaires, et enfin pour le vendre. Il en faut, du travail, pour disposer ensuite de tous ces vêtements dont on ne sait plus quoi faire. Aujourd'hui, 60 % de nos vêtements sont jetés dans l'année même où ils ont été produits. L'équivalent d'un camion plein de linge est jeté chaque seconde sur la planète. La mode fait partie des industries les plus polluantes et les plus grandes émettrices de GES au monde. Des exemples comme celui-là, d'industries nuisibles qui scrapent notre planète, il y en a des tonnes. Leurs produits sont intégrés à nos habitudes de vie grâce aux milliards investis dans la publicité, et ce, pourquoi ? Pour que des gens, au top, puissent faire faire de l'argent à leur argent. (Je le spécifie pour ceux qui n'avaient pas encore compris c'est quoi, le capitalisme.)
Bombes larguées
John Steinbeck
Traduit de l'anglais

Simone de Beauvoir nous rappelle, dans « La force des choses », qu'elle et Sartre avaient été outrés d'apprendre que l'écrivain américain John Steinbeck et quelques autres avaient accepté de se livrer à la rédaction d'œuvres de propagande pour l'armée américaine à la demande du président Roosevelt. Le roman « Bombes larguées » de Steinbeck, publié en 1942, est probablement le plus emblématique de ces ouvrages. Il nous décrit, chapitre après chapitre, l'entraînement et les responsabilités des jeunes membres d'une équipe de bombardier B-17 de l'Air Force. On ne peut être que surpris – et même outré – par un tel roman, à la fois chauvin et pompeux, idéalisant le rôle de ces jeunes « experts » (pilotes, bombardiers, mitrailleurs, radios, navigateurs, etc.) et minimisant les conséquences des bombardements. Il est difficile évidemment aujourd'hui d'oublier ces conséquences pour les populations civiles européennes et particulièrement pour la population civile japonaise…
Extrait :
Le but d'un bombardier à long rayon d'action est de rejoindre une cible donnée et de larguer ses bombes sur celle-ci. C'est la façon la plus simple d'expliquer sa mission, mais les complications surviennent lorsqu'il s'agit d'amener le bombardier jusqu'à la cible et de le ramener jusqu'à la base. Le bombardier est là pour lâcher ses bombes sur la cible. Le pilote guide et pilote vaisseau. Le chef mécanicien veille sur ses moteurs. Le mitrailleur protège l'avion des attaques et l'opérateur radio maintient la communication entre le bombardier, le sol et les autres appareils. Mais les bombardiers, une fois qu'on leur a donné une cible pas plus grande qu'une tête d'épingle, doivent avoir des navigateurs pour leur indiquer comment y parvenir.
L'honneur perdu de Katharina Blum
Heinrich Böll
Traduit de l'allemand
Le roman se déroule en Allemagne dans les années 1970. Katharina Blum, une jeune femme travailleuse et honnête, se voit impliquée malgré elle dans un sordide fait divers. Un journal à scandale s'acharne alors sur sa personne à partir d'insinuations et de préjugés, en salissant impunément sa réputation – ce qui n'est pas sans rappeler ce qui se fait ici avec les radios-poubelles. Un très bon roman, dont je vous recommande la lecture, qui nous rappelle par moments ceux de Franz Kafka.
Extrait :
C'est ainsi par exemple que, le terme « importun » mentionné au paragraphe précédent ayant été remplacé dans le procès-verbal par celui de « tendre », la jeune femme indignée, aussitôt insurgée contre une telle interprétation, se lança dans une vive controverse avec les procureurs d'une part et Beizmenne de l'autre, car pour elle la tendresse se caractérisait par la réciprocité alors que l'importunité était une action unilatérale, la seule précisément dont il s'était toujours agi.
La Patente
Hugues Théorêt

C'est mon ami Carlos qui m'a parlé de ce livre paru cette année. Ça m'a tout de suite intéressé parce que je connaissais déjà l'Ordre de Jacques-Cartier, aussi connu sous le nom de « La Patente » et la Paroisse Saint-Charles-Borromée de Vanier où s'est tenue en 1926, autour du curé François-Xavier Barrette, l'assemblée de fondation de cette société secrète. J'ai d'ailleurs beaucoup plus tard eu la chance d'assez bien connaître le chanoine Alfred Boyer, vicaire puis successeur du curé Barrette à Saint-Charles-Borromée, alors âgé de près de quatre-vingts ans. J'ai bien aimé cet ouvrage sur l'Ordre de Jacques-Cartier, mais j'aurais souhaité qu'il traite du sujet plus profondément encore. L'Ordre de Jacques-Cartier se vouait à la protection de la langue française et de la religion catholique entre autres par la promotion des Canadiens français à des postes importants à travers le pays, soit dans la fonction publique, soit dans l'entreprise privée. Il a joué un rôle majeur pendant environ quarante ans dans la défense et la promotion du fait français à travers le Canada. Il s'est dissous vers les débuts de la Révolution tranquille.
Extrait :
Au cours de son histoire, qui aura duré près de 40 ans, l'Ordre aura contribué à la fondation d'organismes comme les Chevaliers de Champlain et les Clubs Richelieu, aura obtenu des gains importants pour les francophones comme la nomination de Mgr Guillaume Forbes à titre d'évêque francophone du diocèse d'Ottawa, le timbre, la monnaie et les chèques bilingues au Canada, puis aura participé à l'expansion des Caisses populaires Desjardins, à la défense des médias francophones, à l'adoption du fleurdelisé en 1948 comme drapeau officiel du Québec, à l'ouverture du Collège militaire royal de Saint-Jean en 1952 et de l'Université de Moncton. L'Ordre a aussi contribué à l'élection d'éminents politiciens qui ont changé le cours de l'histoire. On pense entre autres à l'élection de Jean Drapeau à la mairie de Montréal en 1954 ou à celle de Louis J. Robichaud, à titre de premier ministre du Nouveau-Brunswick en 1960.
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Les infirmières iraniennes en grève pour ne plus mourir au travail

Les infirmières iraniennes sont en grève depuis plusieurs semaines. Au moment où nous écrivons ce sont 40 villes et environ 70 hôpitaux iraniens qui sont touchés. Elles protestent depuis plusieurs mois déjà pour demander au gouvernement d'améliorer leurs conditions de travail et leurs salaires dérisoires, mais c'est le décès de trois de leurs consœurs, en mars dernier, et le décès de Parvaneh Mandani, infirmière à l'hôpital Imam Hossein de Sepidan, le 2 août dernier qui a attisé leur révolte. Ces femmes sont littéralement mortes d'épuisement, victimes de karoshi, un stress chronique qui mène progressivement à l'épuisement et possiblement à la mort par arrêt cardiaque, accident vasculaire cérébral ou suicide.
Invisibles
Alors qu'elles font du temps supplémentaire impayé, qu'il y a des écarts de rémunérations importants avec les médecins et les responsables d'hôpitaux, les gestionnaires des hôpitaux ignorent leurs demandes. Aussi, sur la scène internationale, à l'exception des médias iraniens et de quelques médias européens, on parle peu de ces professionnelles en soins, majoritairement des femmes, qui assurent l'une des fonctions les plus essentielles dans une société patriarcale : soigner la population.
Courageuses
L'Iran est un régime autoritaire et les personnes ou les groupes qui contestent ce régime subissent des représailles et de la répression, allant jusqu'à l'emprisonnement ou à des condamnations à mort. Les droits humains n'y sont pas respectés et particulièrement ceux des femmes. Rappelons le décès de Mahsa (Jina) Amini, jeune femme kurde de 22 ans arrêtée et battue par la « police des mœurs » à Téhéran en 2022 parce qu'une mèche dépassait de sous son voile. La situation est tellement grave que le gouvernement canadien avertit les citoyens « d'éviter tout voyage en Iran en raison […] du risque élevé de détention arbitraire et d'application imprévisible des lois locales. »
Selon les médias iraniens, plusieurs infirmières en grève ont été arrêtées, subissent des menaces de licenciement de la part des employeurs et de l'intimidation de la part des forces de l'ordre. Ce que nous lisons dans les journaux n'est que la pointe de l'iceberg et leur vie et leur intégrité sont menacées. Et pourtant, elles tiennent le coup avec courage et détermination.
Solidarité
Nous avons le devoir de leur apporter notre soutien alors que nous avons la chance de vivre dans une démocratie où l'on peut s'exprimer et protester librement. Devant de telles atteintes des droits humains, de discrimination contre un groupe composé majoritairement de femmes, devant la négation des droits du travail et l'abolition des droits syndicaux, nous ne pouvons pas nous taire. Nous, organisations féministes, syndicales, communautaires, de défense de droits lançons un appel à la solidarité pour que le sort atroce des infirmières iraniennes soit dénoncé. Nous incitons également le gouvernement canadien à interpeler ses vis-à-vis à l'échelle internationale pour que des sanctions ou autres actions soient mises en place. Les représentant-e-s du gouvernement canadien ont le pouvoir dénoncer et faire valoir les droits fondamentaux des infirmières iraniennes dans des instances internationales, comme l'Organisation des nation unies (ONU) et notamment l'Organisation internationale du Travail (OIT), dont la mission est la promotion de la justice sociale et des droits de l'humain et du travail. Quel que soit l'endroit dans le monde, il est intolérable que des femmes, des infirmières, soient exploitées et menacées de la sorte.
Signataires
Ramel françoise
Vice-présidente
Fédération Interprofessionnelle de la santé du Québec (FIQ)
Florence Thomas
Conseillère syndicale
FIQ
Marie-Eve Rancourt
Avocate
Liliane Côté
Coordonnatrice
FIQ
Sébastien Gingras
Conseiller syndical
Fédération interprofessionnelle de la santé (FIQ)
Judith Cardin Poissant
conseillère syndicale
FIQ
Marie Eve Lepage
Conseillère en communication
FIQ
Simon de Carufel
Conseiller en relations de travail
Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec
Pierre-André Audet-Bédard
Conseiller syndical
FIQ
Annie Bélisle
Conseillère syndicale
FIQ
Jean-François Lahaise
conseiller syndical
FIQ
Sonia Danechi
Avocate
Federation interprofessionelle de la santé du Québec
Louis Guertin
Conseiller syndical
FIQ
Naomi Deschambault
Conseillère syndicale
FIQ
Isabelle Trépanier
Secrétaire générale
FIQ
Thomas Rougeaux
Avocat
Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec
Catherine Fauteux
Conseillère syndicale
FIQ
Julie Bouchard
Directrice générale
Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec-FIQ
Malone Docteur
Conseiller syndical
Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec
Marie-Claudel Mathieu
Conseillère syndicale
FIQ
Annie Rousseau
Conseillère syndicale
Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec -FIQ
Patrick Gariépy
Conseillère syndicale
FIQ
Richard-Nathanaël Normandin
Conseiller Syndical
FIQ
Mathilde Rajotte
Conseillère syndicale
FIQ
Caroline Simard
Conseillère
Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec
Caroline Proulx
Infirmière
Fiq
Josée Renaud
Conseillère syndicale
FIQ
Marbezy
Secrétaire
Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec (FIQ)
Karine Pelletier
Conseillère syndicale
FIQ
Patrick Guay
Infirmier
FIQ
Audrée Gosselin
Technicienne en documentation
FIQ
Jean Pierre Roy Valdebenito
Conseiller syndical, infirmier
FIQ
Pasquier Laure
Secrétaire aux relations de travail
FIQ
Josiann Lahaie-Nadeau
Secrétaire juridique
FIQ
Christian Léonard
Conseiller syndical
FIQ
Pierre Charlebois
ASCLO
FIQ (Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec)
Diane Bouchard
Avocate
FIQ
Karine Paiement
Conseillère en relation de travail et infirmière
FIQ
Sara Caron-Guay
infirmière québécoise et conseillère syndicale
OIIQ et FIQ
Myrna Karamanoukian
Conseillère, Sociopolitique
Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec-FIQ
Sebastien Simard
Conseiller
FIQ
Kevin Mailloux
Infirmier Auxiliaire
CHU de quebec
Amélie Dolbec
Conseillère syndicale
Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec (FIQ)
Joannie Michaud
Conseillère
FIQ
Ridza Cléophat
Conseillère syndicale
FIQ
Laurence Fortin-Pellerin
Conseillère syndicale
FIQ
Sarah Proulx Doucet
Avocate
FIQ
Guylaine Boulanger
Conseillère syndicale
FIQ
Emilie Beauchesne
citoyenne
Caroline Valiquette
Conseillère syndicale en relations de travail
FIQ
Julie Antoine
Coordonnatrice générale
Coalition Féministe contre la Violence envers les Femmes
Laurence Desaulniers
Conseillère syndicale
FIQ
Catherine Mac
Avocate - Conseillère syndicale
Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec (FIQ)
Irène Brouillette
Présidente de CA Développement et Paix, retraitée de l'enseignement
Benoit Riopel
Conseiller syndical
FIQ
AREQ, ACIP, JEVI, PNL, Choeur symphonique de Sherbrooke, Ottawa Classical, Choir
Sara Lapointe
Conseillère syndicale en communication
Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec
Sandra Etienne
Vice-présidente
APTS
Rébecca Laurin
avocate
Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec (FIQ)
Isabelle Denis
Avocate-conseillère syndicale
Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec
Élaine Giroux
conseillère syndicale
citoyenne
Annie-Christine Tardif
Vice-présidente à la vie professionnelle, responsable du comité de la condition des femmes
FAE
Béatrice Vaugrante
Directrice générale
Oxfam-Québec
Hélene Vézina
Infirmière Auxiliaire
CISSS des Laurentides
Monica Toro Ospina
Infirmière Auxiliaire
FIQ-Syndicat des ^rpfessionnelles en soins de Laurentides
Mélissa Mc Nicoll
Représentante syndicale et infirmière auxiliaire
FIQ
Chantal Page
Conseillère
FIQ
Dargis
Infirmière auxiliaire
FIQ SPSL
Virginie Riopel
Intervenante psychosociale
CALACS Coup de cœur
Manon St-Denis
Infirmière
FIQ-SPSL
Sonia Vendette
infirmière auxiliaire
CISSS des Laurentides
Sacha Nelson-Masse
Conseillère syndicale
FIQ
Mylène
Lavigueur
FIQ
L'équipe
Intervenante
centre des femmes l'héritage
Demers Kim
Infirmière Auxiliaire
FIQ SPSL
Sandra Perrier
infirmière auxiliaire chef d'équipe, agente syndicale
FIQ SPSLaurentides
Caroline Gravel
Présidente
Syndicat des professionnelles en soins de la Capitale Nationale - FIQ
François Trudelle
Conseillère RLT
FIQ
Sasha Morancy
Conseillère syndicale
FIQ
Nadine Bédard-St-Pierre
1ère vice-présidente
Centrale des syndicats du Québec
Yannick Giroux
Vice-présidente et responsable de la Condition Féminine.
Syndicat de la fonction publique et parapublique du Québec SFPQ
Drouin
Secrétaire
Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec
Justine Lecomte-Rousseau
conseillère syndicale
FIQ
Sophie Ferguson
2e vice-présidente
Syndicat des professionnelles et professionnels du gouvernement du Québec (SPGQ)
Isabelle Dumaine
Présidente
Fédération de la Santé du Québec
Michel Simard
Conseiller syndical
FIQ
Kristina Dionne
Infirmière auxiliaire
ULDM
Évelyne Bessette
Julie Boivin
Présidente
FIQ SPS Saguenay Lac-St-Jean
Isabelle Roy
Présidente
Syndicat Régional des professionnelles en soins du Québec
Helene Gaignard
Secretaire
Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec
Geneviève Goupil
Adjointe administrative
Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec-FIQ
Stéphanie Goulet
Présidente intérim
FIQ-Syndicat des professionnelles en soins des Cantons de l'Est
Jackie Coulombe
Infirmière clinicienne - agente syndicale cat 1
CIUSSSCN
Marie-Hélène Verge
Conseillère syndicale
FIQ
Marie Eve Lepage
Conseillère en communication
FIQ
Carole Mercier
présidente
SPSCA
Marie-Eve Lingard lord
Infirmière clinicienne et agente syndicale
syndicat des professionnelles en soins de la Capitale Nationale - FIQ
Pierre Dionne
ASI
CISSSME
Geneviève Côté
infirmière auxiliaire et agente syndicale
CISSSME et FIQSPSME
Louis-Georges Delisle
Infirmière
CIUSSSCN
Naima Boulmane
Infirmière auxilaire
CIUSSS
Diane Bouchard
Avocate
FIQ
Jeanne Campeau-Devlin
Infirmière clinicienne
CIUSSSCN
Kathy Lagacé
Présidente par intérim
FIQ Syndicat des professionnelles en soins et cardiorespiratoires du Bas-St-Laurent
melanie cote
infirmiere auxiliaire
ciusscn
alexandre Girouard
Infirmière auxiliaire
CISSSME
Ariane Poirier
Infirmière clinicienne
CIUSSS de la Capitale-Nationale
veronic tremblay
infirmière clinicienne
ciussscn
Tim Dronkert
Infirmier
Spss Chum
Aurélie McBrearty
Infirmière
CHUM
Johanne Riendeau
Infirmiere
FIQ
Karine Côté Valcourt
infirmière
FIQ
corriveau
vice président tâche et organisation du travail par intérim
Fiq SPSS Odim
Elizabeth Rich
Inf aux chef d'équipe
CIUSSS ODIM
Jimmy Sincere
V.P. Relation de Travail
FIQ-SPSSODIM
Nicole Roy
Infirmière
CIUSSSODIM
Julie Daignault
Inhalothérapeute
CISSS des Laurentides
Marysa Diadelfo
Registered nurse and rep FIQ
FIQ
Valérie Grondines
Secrétaire
FIQ
Joelle Bilodeau
Inf.aux
SPSS CSMTL
Cynthia Jehoda
Nurse
CIUSSS ODIM
Anusree Nath
Agente syndicale
FIQ-SPSS-CSMTL
Samir hadj arab
Infirmier aux
Ch verdun
Denis Cloutier
Infirmier
CIUSSS de l'est de l'île de Montréal
MARIE-CLAUDE Rolland
infirmière
Ciusss de l'est de Mtl
Veronique Michaud
Infirmière clinicienne
Ciusss Est de Montréal
Justine
Infirmiere auxiliaire
Ciusss de l est
Hafi
Infirmière clinicienne
Ciusss Est de Montréal
Nathalie Thibault
Infirmière auxiliaire Vp Santé et sécurité au travail Fiq-SPS ESTIM
FiQ SPSESTIM
Blais Gina Nadia
Infirmière
Iusmm
Christine Picard
Infirmière
Cemtl
Karine dumulong
Infirmière
Hmr
Pierre
Grace
Hmr
Marjolène Di Marzio
Conseillère en soins,
Ciusss de l'est de Montréal, hôpital Maisonneuve Rosemont
Rosemary Lemaire
Assistante au Supérieur Immédiat.
CIUSSS CEMTL
Sophie McInnis
Infirmière
HMR
Isabelle Simard
Infirmière
Couds de l'est de l'île de Montréal
Ann Ross
Infirmière
CLSC
Javiera kegevic
Infirmière
Hopital
EL MEHMAZI BOUCHRA
Infirmière clinicienne assistante infirmière chef
Ciusss de l'est de l'île de Montréal
Suzanne
Infirmiere
Cemtl
Geneviève rousseau
Infirmière auxiliaire
Lucille Teasdale chsld
Audrey Lalonde
IPSPL
CIUSSS Est Montréal
Sonia Boisvert
Infirmière Auxiliaire
CIUSSS de l'EST de l'île de Montréal
Caitlin pearce
Infirmière auxiliaire
Ciusss de lest de lile de montreal
Fangnigbe
Infirmier Chef d'équipe
Ciusss de l'Ouest de l'île de Montréal
Elena Ciutescu Buse
infirmière
FIQ SPSS centre Sud
Rose-Hélène Tiberio Fontaine
Infirmière Représentante syndicale
Ciusss de l est de l'île de montréal SPSESTIM FIQ
Fraser-Michaud, Maude
Infirmière clinicienne
Ciuss de l'est de l'île de Montréal
Julie Bissonnette
Infirmière
Hôpital Maisonneuve-Rosemont
Mailhot Sophie
infirmière auxiliaire
ciusss ccsmtl
Sonia Lemieux
Infirmière auxiliaire
CIUSSS de l'Est de Montréal
Cathy Thompson
Infirmière auxiliaire
HMR
Nadia Meddouri
Infirmière auxilliaire
Hôpital Maisonneuve-Rosemont
Elisabeth Rodrigues
Infirmiere
Ciuss de l'est
Carole Boulerice
Infirmière
Iusmm
Elahé Machouf
infirmière retraitée
FIIQ
Caroline
Infirmière auxiliaire
Ciusss de lest de Montréal
Sophie Goyette
Infirmière clinicienne
Retraitée
Véronique baril
Infirmière clinicienne
Ciusss nord île Montreal
Edith Barrett
Infirmière auxiliaire
Fiq
Marilyn St-Pierre
Infirmière
HMR
Nancy Hogan
Présidente
SICHU Qc
Nimâ Machouf
Epidémiologiste
L'Association des Femmes Iraniennes de Montréal
Élaheh Chokraï
Militante
Anciennement représentante FIIQ
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Francisation : loin de la flexibilité prônée par le gouvernement caquiste

La récente décision du ministre de l'Immigration, de la Francisation et de l'Intégration, Jean-François Roberge, de cesser de financer des incitatifs à la francisation à temps partiel et en milieu de travail est décevante et envoie un bien mauvais signal à celles et ceux qui souhaitent apprendre le français et pleinement intégrer la société québécoise.
Depuis 2019, le gouvernement du Québec offrait une compensation financière de 28 $ par jour pour encourager les cours de francisation à temps partiel. Il soutenait aussi les entreprises de plus de 100 employés qui offraient de la francisation en remboursant en partie les salaires. En proposant plusieurs manières de se franciser, on augmentait du coup l'accessibilité.
Vingt-huit dollars par jour peut sembler peu, mais pour les personnes immigrantes, qu'on sait plus vulnérables et précaires, ce montant consistait en un soutien précieux et essentiel. Quant au soutien financier offert aux entreprises, nous doutons fortement que les entreprises continueront de libérer leurs employés pour leur permettre de se franciser sans ce soutien. Un consensus existe pourtant entre les différents partenaires syndicaux, patronaux et communautaires quant à la nécessité d'augmenter la francisation.
En effet, le succès de la formation passe par une offre flexible. Tous ne vivent pas les mêmes réalités. Pour les personnes immigrantes, la possibilité d'apprendre le français à temps partiel tout en recevant un soutien financier consiste en des voies intéressantes d'apprentissage qui se conjuguent bien avec le cumul d'autres responsabilités familiales ou professionnelles.
Les organismes communautaires de francisation et les milieux de travail auront appris la nouvelle à deux semaines de préavis. Pour les personnes immigrantes déjà engagées dans une démarche de francisation, elle fait l'effet d'une douche froide et accentuera leur précarité. Alors que les discours publics se durcissent à l'endroit des personnes immigrantes, il est inquiétant de voir le gouvernement mettre la hache dans des mesures qui fonctionnent pourtant bien. Nous le répétons : l'intégration passe par l'accès à la fois à l'emploi et à notre langue commune, et le succès de toute mesure de formation par une offre flexible. La décision du ministre Roberge va exactement dans le sens contraire.
Il n'est pas trop tard pour revenir sur cette décision. Le ministre a encore l'occasion de corriger le tir en montrant qu'il est à l'écoute du milieu, mais surtout de celles et ceux qui ont choisi le Québec.
Signataires
Luc Vachon, président, Centrale des syndicats démocratiques (CSD)
Caroline Senneville, présidente, Confédération des syndicats nationaux (CSN)
Pascal Côté, vice-président, Centrale des syndicats du Québec (CSQ)
Denis Bolduc, secrétaire général, Fédération des travailleurs et travailleuses du Québec (FTQ)
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La FAE à la Commission spéciale sur les impacts des écrans et réseaux sociaux

Hier, la FAE a présenté un mémoire devant la Commission spéciale sur les impacts des écrans et des réseaux sociaux sur la santé et le développement des jeunes. Nous accueillons favorablement cette Commission spéciale. Il est judicieux, selon nous, de se questionner socialement sur les impacts possibles de l'utilisation des outils numériques qui sont, rappelons-le, bien présents dans la vie des jeunes.
Cependant, il est important de rappeler que la technologie et les outils numériques doivent demeurer au service des élèves et de leur éducation, et non l'inverse. De plus, l'autonomie professionnelle des personnes enseignantes doit être préservée.
Les impacts négatifs de ces outils technologiques sur les jeunes sont avérés même s'ils doivent être documentés davantage. Il faut nécessairement faire preuve de prudence dans l'intégration et l'utilisation de ces outils. N'en demeure pas moins que cette vigilance doit être partagée entre la société, les parents et l'école. Souvent, lorsque survient un enjeu de société de la sorte, on demande à l'école de l'encadrer, et les personnes enseignantes se font déléguer la part du lion de la responsabilité de protéger leurs élèves de ces impacts. Notre présence en Commission a été l'occasion de rappeler aux députés membres que l'école a un rôle à jouer mais ne peut être l'unique gardienne de la prudence et de la tempérance.
Vous pouvez lire le mémoire ici !
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30 septembre : exigeons un jour férié pour la Journée nationale de la vérité et de la réconciliation

Le jour du 30 septembre est communément appelé la Journée du chandail orange. Le mouvement de la Journée du chandail orange a commencé en 2013 pour honorer les personnes survivantes des pensionnats autochtones et celles qui n'en sont jamais revenues.
« Une journée rappelant l'engagement face à l'histoire de nos communautés autochtones, pour la guérison et pour un avenir inclusif. Nous voulons que ce jour férié fédéral soit dorénavant observé dans toutes les provinces. Il est grandement temps d'aligner les valeurs de réconciliation du gouvernement fédéral avec les valeurs fondamentales du Québec », souligne la présidente du Conseil québécois des autochtones du SCFP-Québec, Guylaine Bouchard.
À la fin de la période estivale, le Conseil québécois des autochtones du SCFP-Québec a transmis une lettre au premier ministre François Legault afin qu'il reconnaisse officiellement cette journée, comme l'ont fait plusieurs institutions québécoises, et offre cette journée de recueillement national aux travailleuses et travailleurs québécois. Jusqu'à ce jour, nous sommes toujours en attente d'une réponse du premier ministre du Québec.
Origine
La Journée du chandail orange est inspirée de l'histoire de Phyllis Webstad, laquelle a été arrachée à sa communauté et ensuite envoyée au pensionnat St. Joseph Mission, près de Williams Lake, en Colombie-Britannique. Enfant, Phyllis avait reçu de sa grand-mère un chandail orange qu'elle devait porter pour son premier jour à l'école. Celui-ci a été confisqué et détruit par ses professeurs dès son arrivée dans l'établissement.
Son histoire en est venue à symboliser l'objectif colonial des pensionnats, soit l'assimilation des peuples autochtones. Le 30 septembre a été choisi en tant que jour de commémoration parce que c'est en automne que les enfants autochtones étaient forcés d'aller au pensionnat.
En 2015, la Commission de vérité et réconciliation du Canada (CVR) a recommandé la création d'un jour férié pour commémorer l'histoire et l'héritage du système des pensionnats autochtones. La nouvelle Journée nationale de la vérité et de la réconciliation a été instituée dans le cadre du processus de réconciliation.
En juin 2021, le Parlement canadien a fait adopter une loi pour que la date du 30 septembre devienne un nouveau jour férié fédéral, soit la Journée nationale de la vérité et de la réconciliation. Depuis, cette date est devenue un jour férié pour les travailleuses et travailleurs des secteurs qui relèvent du fédéral.
« Hélas, la plupart des provinces n'ont pas ajouté le 30 septembre au calendrier des jours fériés. La majorité des membres du SCFP travaille dans des secteurs de compétence provinciale et ainsi, le 30 septembre est considéré comme une journée de travail normale pour plusieurs d'entre eux à travers le pays. Il revient donc aux membres et aux sections locales de faire pression pour qu'on commémore le 30 septembre et leur accorde ce jour férié dans toutes les provinces », de rappeler Guylaine Bouchard.
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Allons de l’avant : Une véritable réconciliation exige une action significative, pas seulement des gestes symboliques

En cette Journée nationale de la vérité et de la réconciliation, les syndicats du Canada continuent d'exhorter le gouvernement fédéral à prendre des mesures concrètes et significatives en vue de la réconciliation avec les peuples autochtones, allant au-delà des gestes symboliques.
Aujourd'hui, nous commémorons tous les enfants autochtones arrachés à leur famille et à leur communauté et envoyés dans des pensionnats. Nous honorons la vie des personnes qui ne sont jamais rentrées chez elles et de celles qui ont survécu.
La Journée nationale de la vérité et de la réconciliation est une journée de commémoration et d'action. Cette journée nous rappelle notre responsabilité permanente en tant que travailleuses et travailleurs, membres de syndicat et alliés de remédier aux injustices historiques et aux inégalités constantes auxquelles font face les communautés autochtones.
« La vérité et la réconciliation ne sont pas des idées abstraites ; elles sont tangibles et réalisables, mais elles exigent un engagement et une action soutenus en vue d'un changement réel. C'est pourquoi nous demandons aux Canadiennes et aux Canadiens d'un océan à l'autre de profiter de cette journée pour en apprendre davantage sur l'histoire coloniale du Canada, ainsi que les marques laissées par le système des pensionnats sur les communautés autochtones, et pour agir dans leurs communautés, leurs milieux de travail et leurs syndicats en faveur de la réconciliation et de la justice », déclare Bea Bruske, présidente du Congrès du travail du Canada (CTC).
Au sein du mouvement syndical, cela signifie que nous devons continuer de jouer un rôle proactif en soutenant les travailleuses et travailleurs autochtones dans tous les secteurs. Entre autres, cela comprend la lutte pour des salaires équitables, des conditions de travail sûres et des politiques culturellement appropriées qui reflètent les besoins uniques des travailleuses et travailleurs autochtones, ainsi que la promotion d'une représentation et d'un leadership autochtones plus importants au sein de nos propres structures.
Nous devons continuer à faire pression sur le gouvernement et à plaider en faveur d'un changement de politique plus large, notamment sur l'eau potable, la justice pour les femmes, les filles et les personnes bispirituelles autochtones disparues et assassinées et la mise en œuvre des appels à l'action 71 à 76 de la Commission de vérité et réconciliation, Enfants disparus et renseignements sur l'inhumation, afin de répondre de façon adéquate aux séquelles des pensionnats indiens.
Nous devons continuer à travailler afin de démanteler le racisme et la discrimination systémiques à l'endroit des Autochtones et de remédier à l'inégalité d'accès aux possibilités d'emploi que rencontrent les travailleuses et travailleurs autochtones. Nous devons également continuer à mettre l'accent sur l'éducation de nos dirigeants et de nos membres quant à l'histoire et l'héritage de la colonisation et à créer activement des espaces de dialogue et d'apprentissage, ainsi que des possibilités d'action individuelle et collective.
« La réconciliation est un parcours perpétuel – un parcours qui exige une imputabilité et une action cohérente. En cette Journée nationale de la vérité et de la réconciliation, nous exhortons toutes les personnes non-autochtones à tenir compte du rôle qu'elles peuvent jouer dans la lutte pour la justice pour les communautés autochtones et nous encourageons les travailleuses et travailleurs à se demander comment ils peuvent contribuer à la réconciliation au sein de leurs milieux de travail, de leurs syndicats et de leurs communautés. Qu'il s'agisse d'approfondir leur propre connaissance de l'histoire autochtone, de mettre en place et de soutenir des politiques qui favorisent l'équité au travail ou de manifester sa solidarité avec ses collègues autochtones, chaque action fait une différence, non seulement aujourd'hui, mais tous les jours », indique Lily Chang, secrétaire-trésorière du CTC.
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Marx écologiste ?

C'est une facette peu connue de Karl Marx que le sociologue John Bellamy Foster se propose de nous faire découvrir avec son livre « Marx écologiste » publié par les Editions Amsterdam, compilation de cinq textes pour l'essentiel écrits en 2009.
Tiré du blogue de l'auteur.
John Bellamy Foster, Marx écologiste, Editions Amsterdam, 2024.
C'est une facette fort peu connue de Karl Marx que le sociologue John Bellamy Foster se propose de nous faire découvrir avec son livre « Marx écologiste » publié par les Editions Amsterdam, compilation de cinq textes pour l'essentiel écrits en 2009.
Pour certains, la cause est entendue : Marx ne s'intéressait pas à la « nature » et aux écosystèmes. Profondément anthropocentriste, technophile et productiviste, il plaidait pour que le prolétariat s'empare de l'appareil technique, productif capitaliste et s'en serve, sans le questionner, pour construire le socialisme ; d'ailleurs Staline et Mao se sont glissés dans ses pas pour faire de l'URSS et de la Chine les puissances industrielles que l'on connaît. D'autres pondèrent : faire de Marx un écologiste avant l'heure est osé, même si on peut trouver ça-et-là dans ses œuvres des réflexions qui laissent penser que l'impact du capitalisme sur la nature ne le laissèrent pas indifférent. Pour John Bellamy Foster, au contraire, « Marx était profondément conscient des risques inhérents à la dégradation écologique » et, avec Engels, il n'a jamais « cessé de penser ensemble l'histoire naturelle et l'histoire humaine », de prendre en compte « l'interaction complexe entre la société humaine et la nature ».
Marx serait donc écologiste ? Je laisse les marxistes, marxiens et autres marxologues en débattre doctement1, même si, selon Foster, « plus personne à gauche » ne soutient que Marx défendait « une conception prométhéenne du progrès » où l'homme se devait de dominer le monde et de le soumettre à sa volonté, à sa toute-puissance.
Marx a été marqué par les travaux du chimiste Charles Liebig sur l'agriculture intensive britannique. La hausse de la productivité agricole se payait d'un appauvrissement des sols, qu'il a fallu compenser par un recours massif aux engrais naturels comme le guano dont l'importation a explosé au milieu du 19e siècle, puis aux engrais chimiques comme les « superphosphates ». Pour Liebig, le capitalisme pillait et épuisait la terre de la même façon qu'il exploitait les travailleurs : « tout système d'agriculture fondé sur la spoliation de la terre, a-t-il écrit, mène à la pauvreté ». Marx parle alors de rupture métabolique pour « saisir l'aliénation matérielle des êtres humains vis-à-vis des conditions naturelles de leur existence dans le capitalisme ».
Foster soutient que dès lors Marx et Engels ont considéré que l'homme n'était pas le centre de l'univers, et que la terre devait être considérée comme la propriété perpétuelle de la collectivité, autrement dit qu'il fallait la préserver pour les générations suivantes ; plus même, Marx et Engels ont soutenu que « la nature et la société humaine ont coévolué à travers un processus complexe de dépendance mutuelle » : « Les faits, écrit Engels, nous rappellent à chaque pas que nous ne régnons nullement sur la nature comme un conquérant règne sur un peuple étranger, comme quelqu'un qui serait en dehors de la nature. »
Pour John Bellamy Foster, l'écologie marxiste a une histoire, et il est temps que l'on s'en saisisse, confrontés comme nous le sommes à l'urgence écologique planétaire. Car ce n'est pas le capitalisme vert qui nous sauvera de la dévastation.
[Version audio disponible]
1- Pour une approche moins « idolâtre », lire Michaël Löwy, Ecosocialisme. L'alternative radicale à la catastrophe écologique capitaliste, Editions Mille-et-une nuits, 2011.
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Plongée dans le monde des ultra-riches

Les ultra-riches existent et ils ne vivent pas comme tout le monde. Ce livre passionnant nous fait plonger dans leur univers par le biais de leurs rapports à leurs domestiques et décrit l'exploitation dorée qu'ils leur font subir en toute bonne conscience.
Tiré du blogue de l'auteur.
Alizée Delpierre est une jeune sociologue qui a publié en 2022 un livre qui devrait être lu par tous, à commencer par ceux qui doutent que l'on puisse considérer les ultra-riches comme une catégorie sociale spécifique qui mériterait un traitement particulier, notamment en termes de taxation des revenus.
Ce livre, Servir les riches,[1] relate l'enquête qu'elle a menée pendant plusieurs années, pour les besoins de sa thèse de doctorat, pour éclairer les rapports entre les ultra-riches et leurs domestiques, victimes de ce qu'elle appelle une exploitation dorée. Une exploitation qu'elle a elle-même vécue en tant que domestique.
Plus j'avançais dans ma lecture, plus je prenais conscience concrètement d'un autre monde. En tant qu'universitaire, économiste sensible aux inégalités sociales, certain que la réduction de ces inégalités, non seulement de revenus, mais d'accès aux biens communs, de sécurité, de rapport à l'environnement, … était une condition nécessaire (hélas sans doute pas suffisante), pour qu'on modifie collectivement la trajectoire sur laquelle nous entraîne aujourd'hui le capitalisme[2], je savais évidemment que ceux qui étaient dans le dernier dix-millième de la répartition des revenus n'avaient pas la même vie que le reste de la population, mais j'étais loin d'imaginer à quel point.
Cette vie concerne donc les grandes fortunes, c'est-à-dire des milliardaires ou des multimillionnaires. En France, selon une enquête de Crédit Suisse UBS ils sont 3880 qui ont une fortune nette supérieure à 50 millions d'euros, et ils sont 500 à dépasser les 250 millions, c'est donc un tout petit monde.
Et outre des revenus très élevés, ils se caractérisent par de nombreuses propriétés, châteaux, vastes villas, appartements de plusieurs centaines de mètres carrés situés en France et à l'étranger et l'emploi de domestiques, pour tous les travaux dont ils ne souhaitent pas se charger (et ils sont nombreux).
Ils emploient ainsi, des femmes de chambre et de ménage, des gouvernantes ou des majordomes, des cuisiniers, des chauffeurs, des nannies, des lingères, des gardiens ou des emplois plus exotiques comme ce chef d'entreprise qui a créé un poste de gardien rosier, uniquement chargé de l'entretien des roses à qui il doit faire écouter de la musique et raconter des histoires.
Bien sûr, on pourrait parfaitement défendre l'idée que ces employeurs en ayant les moyens, ils ne font que créer des emplois qui profitent à ceux qui les occupent, qui d'ailleurs y trouvent leur intérêt, une femme de ménage d'ultra-riche gagnant nettement plus que si elle le faisait chez plusieurs particuliers des classes moyennes. Et c'est valable pour tous les types d'emplois, certains, comme ce majordome pouvant même avoir un salaire mensuel de plus de 10000 euros.
Mais c'est justement ce conte du riche créateur d'emploi qui plait tant aux libéraux que le livre réduit en cendres en décrivant le contenu de ces emplois si désirables. Car l'envers de la médaille, c'est une subordination absolue aux désirs des maîtres qui exige un investissement illimité des corps au travail que seul légitime le pouvoir que leur donne l'argent. Et si on peut trouver qu'un salaire de gouvernante à 4000 euros par mois est bien au-delà du salaire médian, quand on le rapporte à la charge de travail effective, consistant à travailler douze heures par jour, toute la semaine sans jour de repos dans le mois (une situation courante), on arrive à un salaire horaire de 9 euros.
Et ce pouvoir des maîtres sur leurs domestiques que leur donne leur statut d'ultra-riche, peut conduire à des exigences allant du caprice d'enfant gâté à l'inhumanité la plus odieuse. Comme exemple du premier cas, on peut citer cette femme imposant à ses domestiques dès qu'elle leur parlait, de devoir lui répondre « je vous remercie très chère Madame, de me faire l'honneur de m'adresser la parole », ou telle autre se faisant réveiller chaque matin par une berceuse chantée par deux domestiques en canon. On peut aussi citer cette lingère qui se fait réprimander parce qu'elle a tendu du linge dans le jardin avec des pinces à linge de différentes couleurs, jurant avec le vert du gazon.[3] Quant au second, la palme revient sans doute à cette femme qui exigeait que tous ses domestiques soient habillés en femme quel que soit leur sexe et portent des couches pour ne pas perdre de temps à aller aux toilettes, exigence inscrite dans un « contrat de travail » précisant que l'oubli de la couche entrainerait une retenue de 400 euros sur le salaire mensuel.
Ces exigences multiples, sans limites, impliquent d'avoir un personnel qui ne se rebelle pas malgré les exubérances des maîtres, qui du coup ne cessent de chercher la perle rare qui d'ailleurs ne le reste jamais très longtemps, sauf exceptions peu fréquentes. Et cette recherche a le plus souvent un fort relent de racisme. C'est ce que relève Alyzée Delpierre quand elle écrit que « dans la domesticité, l'assignation raciale des qualités des domestiques est au cœur des pratiques de recrutement ». Les stéréotypes les plus éculés font florès, chacun sachant bien que les arabes sont de bonnes cuisinières ou les Ivoiriennes de bonnes nounous. Mais au-delà des qualités professionnelles dont doivent faire montre les domestiques dans leur domaine, ils doivent avoir un « bon » comportement, souriant, discret et silencieux à bon escient mais toujours disponible et surtout fidèle et dévoué à ses patrons.
Enfin, il faut qu'ils soient dociles et là les critères sont davantage sociaux que raciaux, car ils le sont d'autant plus qu'ils sont dans des conditions difficiles (sans papiers, sans liens sociaux proches, analphabètes). C'est ce qu'explique une Française vivant sur la grosse fortune de son époux qui ne recrute plus de Français, leur préférant les asiatiques « qui font moins d'histoires et ne revendiquent pas à tout bout de champ » et se félicite de sa « domestique moldave qui sait se contenter d'un mot doux ou d'une crème pour les mains », concluant que « tout est plus simple avec ces gens ». Et s'ils ne sont pas assez dociles ils doivent être dressés, il existe des « écoles » pour cela comme celle qui a été créée à Singapour par Anne Genetet, actuelle ministre de l'Éducation nationale du tout nouveau gouvernement Barnier.[4]
Mais même sans exigences absurdes ou révoltantes, le travail demandé est loin de respecter le code du travail. Les journées de travail de 5h à minuit ne sont pas rares. Et il n'y a pas que la journée de travail qui s'allonge au-delà de ce que le droit du travail autorise. Un droit ne cessant d'être contourné, la plupart des grandes fortunes ne déclarant qu'une partie des heures faites chez eux pour bénéficier indûment de déductions fiscales. Quand il existe un contrat de travail, il se garde bien de préciser les jours de repos et la durée du travail journalier ou annuel, des petits détails qui sont traités « au feeling » comme le dit une employeuse, certaine de sa grande humanité en précisant que ses domestiques réclament peu de jours de repos car « ils finissent par s'ennuyer, sinon »[5]. Nombres d'emplois sont portés à la charge de l'entreprise quand l'employeur en a une, comme ce majordome, déclaré comme manager de magasin pour 40 heures par semaine payées pour moitié en liquide quand il en fait au moins le double.
Car être ultra-riche ne dispense pas de rationaliser les dépenses de domesticité, allant jusqu'à la fraude puisque, comme le dit un patron d'entreprise français, qui va vérifier ?
Et bien c'est justement ce qu'il faudrait faire. En juin 2024, Gabriel Zucman, un économiste français professeur à l'École Normale Supérieure de Paris, vient de rendre au président Brésilien dans le cadre du G20, un rapport sur la taxation des grandes fortunes. Selon ses calculs, en tenant compte de la fraude et de l'évasion fiscale que les très riches ne manqueraient pas de pratiquer (ils le font déjà[6]), la taxation des près de 3000 milliardaires dans le monde à un taux de 2% sur leur fortune (ce qui impliquerait un surcroît d'imposition de 1,7% sur leur revenu puisqu'ils sont actuellement taxés à hauteur de 0,3%), rapporterait 193 milliards de dollars de recettes fiscales par an. Selon Challenges, il y a 147 milliardaires en France en 2024 qui, taxés selon les propositions de Gabriel Zucman produiraient un supplément de recettes de 9,47milliards, donc du même ordre de grandeur que les dix milliards d'économie que Bercy veut faire en coupant dans les dépenses. Et ce montant pourrait être facilement augmenté si on étendait la mesure aux 500 millionnaires français à plus de 245 millions de fortune.
On est donc assez loin des sommes négligeables qui seraient perçues par le fisc s'il taxait davantage les ultra-riches, même avec de faibles taux comme celui de 2% proposé par Gabriel Zucman. Car il y a de la marge comme l'explique un rapport d'Oxfam qui constate qu'avec un taux d'imposition de 8% la fortune des milliardaires serait restée constante au cours des deux dernières décennies, ce qui aurait été loin de les mettre sur la paille.[7] Créer quelques postes de fonctionnaires dédiés améliorerait grandement la vie des domestiques en faisant appliquer le droit du travail, et augmenterait les recettes fiscales bien au-delà du coût de ces fonctionnaires. Un investissement rentable pour les finances publiques que même un économiste libéral ne pourrait guère contester au nom de la liberté d'entreprendre.
Mais ce qui est le plus impressionnant dans ce livre, au-delà de l'indignation qu'il ne peut manquer de susciter quand on n'est pas ultra-riche et qu'on prend conscience de ce qu'est leur vie « ordinaire », c'est le portrait qu'il donne de cette catégorie sociale bien particulière, en se gardant bien (c'est une de ses grandes forces) d'opter pour un ton moralisateur en faisant de ces maîtres de « grands méchants ».[8] On ne peut que constater à la lecture que le rapport qu'ils entretiennent avec leur domesticité est partie complètement intégrante de ce que Bourdieu nommerait leur habitus. Une grande part de ce dernier est constitué par leur certitude de mériter leur situation due à leur statut social et leur richesse. S'ils peuvent avoir tant de domestiques et les dresser selon leur convenance, décidant en toute impunité de leurs conditions de travail (un travail consistant à faire toutes les tâches qu'ils estiment ne pas devoir être de leur ressort), c'est parce qu'ils ne conçoivent pas que le monde puisse être autrement que celui où ils évoluent. Les riches ont toujours eu des domestiques et c'est un des marqueurs sociaux qui les caractérisent. Il est impossible pour eux d'imaginer qu'ils puissent vivre sans et comme ce n'est pas le cas de la majorité de la population qui n'a pas les moyens d'en avoir, cela renforce leur certitude d'être différents. Il y a évidemment une longue histoire de la domesticité qui a partie liée avec l'existence d'une aristocratie dont le statut était dû aux lois divines qui justifiaient les stratifications sociales. L'aristocratie, si elle a perdu de son influence politique n'a pas pour autant disparu et continue à marquer socialement les rapports à la domesticité, se diffusant au-delà des aristocrates vers les nouveaux riches.
Il y a d'ailleurs des différences entre une richesse aristocratique remontant à plusieurs générations et une richesse « moderne », obtenue sur les marchés (via le commerce ou la finance). La première est liée, pour les générations présentes, à l'héritage, ce qui réduit le mérite de la possession mais l'inscrit dans une histoire longue qui lui donne une autre forme de légitimité. La seconde, souvent plus importante au stade du capitalisme financier mondialisé d'aujourd'hui, fait soupçonner ces nouveaux riches d'être des parvenus par les riches de la première catégorie et conduit à des manœuvres de différenciation, notamment en ayant plus de domestiques que les riches aristocrates. Alyzée Delpierre note que « les aristocrates érigent l'emploi de domestiques au rang de culture, et les nouvelles fortunes le présentent comme un service bien mérité et indispensable ».
Cette spécificité de pouvoir être servi qui caractérise les riches, uniquement due au pouvoir que l'argent leur donne, renforce leurs privilèges, montrant ici aussi que quand on laisse le marché fonctionner « de manière libre et non faussée », il conduit à des dérives, qui, dans le cas de la domesticité permet aux « grandes fortunes de faire ce qu'elles veulent des personnes qui les servent, quitte à les priver de droits ».
Il serait bien plus indiqué, comme le recommande Alyzée Delpierre, que les pouvoirs publics créent « un véritable service public d'aides et de services à domicile, accessible à toutes et tous, et pourvoyeurs d'emplois stables, bénéficiant d'un statut protecteur équivalent à celui des fonctionnaires et d'un revenu décent ». Il ne faut évidemment pas attendre d'un gouvernement néolibéral obsédé par sa politique de l'offre qui fait la part belle aux riches de mettre en place un tel service.
Mais au-delà d'un service de ce type, la question fondamentale qui se pose et sur laquelle Alyzée Delpierre conclut son livre, c'est celle « du sens d'une société où il faut à tout prix se délester des tâches les plus vitales, aux sens propre et figuré, et se faire servir par les pauvres, les immigrés et les femmes ?[9]
Notes
[1] Alyzée Delpierre, Servir les riches, La Découverte, 2022.
[2] J'en avais même fait la thèse centrale de mon livre, Le climat ET la fin du mois, publié en 2020 aux éditions Maia.
[3] Et il n'y a pas que dans le générique de Downton Abbey qu'on voit des tables où les couverts sont placés au millimètre près à l'aide d'une règle. Elles existent aussi aujourd'hui dans certaines familles.
[4] Il vaut le coup de lire attentivement le lien renvoyant aux propos d'Anne Genetet sur les domestiques, décrits comme « difficiles à gérer, refusant parfois de se soumettre à vos exigences ». Et c'est cette personne qui se trouve chargée de piloter l'Éducation nationale sur laquelle elle est incompétente. L'avenir nous dira si elle est elle-même difficile à gérer et capable de répondre à nos exigences d'une éducation émancipatrice pour tous.
[5] Des domestiques qui n'ont eu finalement que deux jours de repos sur l'année précédent l'entretien, pour un salaire d'environ 1300 euros par mois, une centaine d'heures de travail par semaine et une chambre de 10 m2 pour deux, ce qui ne les autorisent guère à se plaindre « car au Sri Lanka, jamais ils n'auraient eu tout ça ! ».
[6] Il faut évidemment distinguer la fraude pure et simple de l'optimisation fiscale qui consiste à utiliser la loi à son avantage, parfois en l'interprétant de manière discutable, impliquant certes une possibilité de recours mais en fait très limitée parce qu'elle signifierait une procédure judiciaire longue pouvant prendre des années, les contrevenants potentiels ayant à leur service des avocats spécialisés dans cette interprétation des textes et qui ont aussi comme tâche de faire durer les procédures de contestation, incitant les pouvoirs publics à renoncer à l'avance à ce type de mesure entraînant des dépenses publiques qui risquent de ne pas être compensées. Il n'en demeure pas moins que l'argument de la légalité, utilisé à l'envi par les spécialistes de l'optimisation fiscale, peut et doit être rendu caduc en interdisant ces pratiques limites d'optimisation. Un rapport du CESE déjà ancien (2016) en fait le tour et propose un certain nombre de modifications, impliquant évidemment des moyens supplémentaires en matériel (notamment informatique) et surtout en personnel. Mais compte tenu de l'ampleur des « détournements légaux », quelques dizaines de fonctionnaires en plus seraient facilement rentabilisés par les sommes récupérées.
[7] Il n'y a pas que l'imposition sur le revenu qui s'impose (aux deux sens du mot), il y a aussi l'héritage. Oxfam à également publié un rapport sur ce sujet qui indique que « les super-héritier∙es français∙es, soit le top 0,1% des héritier∙es, reçoivent environ 13 millions d'euros – soit 180 fois l'héritage médian – et ne paient, en moyenne, que 10% d'impôt dessus. Dans les 30 prochaines années, 25 milliardaires français transmettront à leurs héritier∙es plus de 460 milliards d'euros de super-héritages sur lesquels l'État risque de perdre 160 milliards en raison des niches fiscales existantes, si rien n'est fait ».
[8] Alyzée Delpierre met en pratique, concernant les ultra-riches, l'avertissement de Marx à propos de ce qu'il dit des capitalistes : « Je ne peins pas en rose, loin s'en faut, le personnage du capitaliste et du propriétaire foncier. Mais ces personnages n'interviennent ici que comme personnification de catégories économiques, comme porteurs de rapports de classes et d'intérêts déterminés. Moins que tout autre encore, ma perspective qui consiste à appréhender le développement de la formation économico-sociale comme un processus historique naturel, ne saurait rendre un individu singulier responsable de rapports et de conditions, dont il demeure socialement le produit, quand bien même il parviendrait à s'élever, subjectivement, au-dessus de ceux-ci. » (Marx, Préface à la première édition allemande du Capital, Le Capital, Éditions sociales, 1983, p.6).
[9] Je suis loin d'avoir épuisé l'intérêt de ce livre car dans ce billet j'ai essentiellement mis l'accent sur les ultra-riches sans trop parler de la situation des domestiques, à l'exception des quelques exemples des exigences de leurs maîtres (un mot plus adapté que « patron », compte tenu du pouvoir que ceux-ci exercent sur leur personnel). Je l'ai fait pour souligner la nécessité aussi bien économique que morale d'arrêter de laisser cette catégorie de population agir en toute impunité comme elle le fait. Mais cette nécessité se renforce encore quand on voit les conséquences humaines sur les domestiques des rythmes de travail auxquels ils sont soumis. Impliquant notamment la quasi-impossibilité d'être malade (le livre fourmille de témoignages de domestiques cachant leurs problèmes de santé de peur d'être congédiés) ou de voir sa famille quand elle est éloignée (comme cette domestique qui n'a vu ses enfants restés en Colombie que quatre fois en quarante ans). Ou encore leur acceptation de cette exploitation dorée, due à un mélange de peur d'être congédié et de sentiment d'être privilégié par comparaison avec d'autres domestiques comme les femmes de chambre des hôtels Ibis qui avaient fait grève pendant plusieurs mois en 2021.
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L’égalité totale aboutit-elle nécessairement à l’accomplissement humain ?

Voici, très (trop ?) résumée la thèse centrale de Karl Marx pour qui la division en classes sociales explique dans une large mesure les maux qui frappent la majorité des gens, en particulier les travailleurs et les travailleuses dont le confiscation des fruits de leur dur labeur par les capitalistes rendrait compte de leur aliénation.
Marx dénonce aussi, en toute logique le règne de l'argent qui "aliène" même la bourgeoisie. L'homme s'Identifie trop ou se sent étranger à lui-même en s'investissant (c'est le cas de le dire) dans cette abstraction dangereuse et illusoire.
"Un jour, le prolétariat sera le genre humain", telle fut longtemps la devise du mouvement communiste et de certains courants syndicaux qui lui étaient affiliés en réponse au règne des capitalistes sur la société.
Je n'ai pas l'intention d'entrer ici dans une discussion détaillée sur les thèses marxistes, lesquelles contiennent une part évidente de vérité. Mais on peut légitimement se demander si les problèmes sociaux de l'humanité ont vraiment débuté avec l'émergence d'une économie complexe ayant dépassé le stade de l'exploitation primaire de la nature (chasse, pêche, cueillette, agriculture primitive). Avec l'avènement du néolithique et la généralisation concomitante de l'économie agricole, la mainmise privée et la constitution d'une caste de guerriers chargée de défendre la collectivité et surtout ses dirigeants, la domination de ceux-ci sur les classes laborieuses s'est affirmée. La division toujours plus poussée de la société en classes sociales avec ses incontestables maux est-elle la responsable exclusive de ceux-ci ou n'est-elle pas le résultat d'une évolution bien antérieure ?
On ne peut se prononcer sur les formes préhumaines (australopithèques, paranthropes, zinjanthropes, etc) faute d'informations suffisantes sur leur mode de vie et leur organisation collective. Des études ont démontré que leur cerveau était plus petit que le nôtre ; on peut donc en déduire que leurs moeurs devaient être assez proches de celles des grands singes actuels. Mais l'accession progressive de certains de nos ancêtres à l'intelligence abstraite (donc à la capacité de penser le monde, à le "réinventer" par la culture, à se doter de principes moraux, à s'élever au-dessus de "l'ici et maintenant" contrairement aux autres animaux) devait aboutir à l'apparition de l'homo sapiens, ce qui a changé la face du monde. L'hostilité entre groupes humains ou individus se traduisant par des morts remonte sans doute loin en arrière, sans qu'on puisse, faute de données significatives, en retracer le début. Même dans les cas rarissimes datant du Paléolithique supérieur où on a retrouvé des squelettes portant des marques de violence intentionnelle, il peut s'agir d'assassinats individuels et non de conflits armés généralisés En tout cas, on n'a retrouvé aucune couche de guerre pour cette époque reculée, ce qui ne signifie pas pour autant l'absence d'affrontements armés mais leurs traces ont disparu. On en ignore donc la fréquence et l'ampleur. Pour le moins, il dut se produire de temps à autre des meurtres pour se venger d'un rival ou s'approprier ses biens.
L'émergence de l'agriculture et le développement du commerce n'ont du faire qu'amplifier des phénomènes de violence qui existaient déjà. Par exemple, on retrouve des traces de massacres (comme celui de Talheim en Allemagne il y a sept mille ans ou celui de Bergheim qui remonte à six mille ans). On n'en connaît pas les causes, mais le fait qu'ils se soient produits dans un contexte néolithique n'est pas un hasard.
La violence sociale remonte donc loin en arrière. Les sociétés de chasseurs-cueilleurs étaient-elles pacifiques ? Prenons l'exemple des Amérindiens.
On les a longtemps dénigrés, déshumanisés, les présentant comme des barbares sanguinaires et peu évolués. On assiste depuis à leur réhabilitation bienvenue. Mais on peut se demander si ce courant indianiste ne va pas à son tour un peu loin. Il en fait des gens doux, égalitaires, "partageux", calmes, ce qui se vérifie jusqu'à un certain point. Toutefois, cette présentation des anciens Amérindiens se heurte à la réalité.
Toute une littérature abondante, portugaise pour le Brésil, espagnole pour le reste de l'Amérique latine, française, néerlandaise et et britannique pour l'Amérique du nord fait état, à partir d"observations directes d'explorateurs et de colonisateurs du goût pour le conflit de beaucoup de ces peuples. Les querelles territoriales étaient assez fréquentes. De même, on sait qu'il y avait des clans dominants dans ces sociétés. La relative égalité économique (redistribution des ressources alimentaires provenant de la chasse, de la cueillette et de la pêche) n'empêchait donc pas une certaine inégalité sociale. Les membres des clans dominants défendaient parfois par la violence leur position à l'encontre d'individus ambitieux qui voulaient les déloger. Il en résultait des règlements de compte sanglants.
Il ne s'agissait donc pas de sociétés paradisiaques où tous et toutes fraternisaient. Des tensions périodiques sévissaient. Par ailleurs, certaines sociétés amérindiennes dans ce qui est aujourd'hui l'Amérique latine avaient atteint un niveau de développement économique et technique suffisant pour constituer des civilisations (au sens propre, des villes) comme les Incas au Pérou, les Mayas au Mexique, au Guatemala, au Salvador, au Honduras, et les Aztèques au Mexique. L'exploitation des paysans et des artisans par la classe dominante était courante.
Ce tour d'horizon conduit à mettre en doute, ou du moins à nuancer beaucoup certaines thèses de Marx et de ses successeurs pour qui le capitalisme constitue représente la forme la plus avancée de l'exploitation, forme destinée un jour, par un processus dialectique, à s'effondrer au profit du prolétariat ; le peuple bénéficiera alors d'une totale égalité. Mais cela a-t-il jamais existé ?
L'ambition politique de certains individus, la volonté d'expansion territoriale et celle d'accomplissement par la guerre, les règlements de compte individuels, la domination de certains clans puissants sur d'autres moins forts, toutes ces réalités sont bien plus vieilles que la structuration formelle des sociétés en classes antagonistes. Elles en ont formé le terreau, peut on croire.
Une égalité sociale aussi poussée que possible, désirable en soi et la redistribution équitable de la richesse , ne suffiront pas à rende les gens heureux, maîtres de leur vie, réconciliés avec eux-mêmes et avec leurs concitoyens.
On a la morale de ses intérêts, dit le proverbe. C'est largement vrai. Mais l'homme est un être moralement ambigu, capable du meilleur et du pire et à la rationalité variable, ce, peu importe la nature du régime politique en place. Il peut rêver, ce qui contribue à façonner sa ligne de conduite. Il a même inventé le paradis terrestre, dans le passé pour le christianisme, dans l'avenir (l'avènement de la société sans classes) pour les communistes.
De tous les animaux, il est la seule espèce pouvant s'interroger sur elle-même et aussi à prendre ses désirs pour des réalités.
Jean-François Delisle
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La Première internationale a 160 ans et résonne encore (plus ou moins fort)

Le 28 septembre 1864, il y a 160 ans, plus de 2 000 travailleurs, ouvriers anglais, français, allemands, italiens et polonais principalement, se réunissent au Saint-Martin's Hall de Londres [1]. Y avait-il des ouvrières ? [2]
Trade unionistes anglais, qui s'opposent aux travailleurs et travailleuses migrant·es du continent au nom des intérêts de la classe ouvrière anglaise ; mutualistes proudhoniens qui refusent de lutter sur le terrain politique et qui condamnent le recours à la grève ou encore communistes qui prônent au contraire une révolution politique, se réunissent dans une même salle , comble. Marx écrira plus tard à Engels : « tant de monde était venu qu'on y étouffait » .
Après des discours des représentants anglais et français, qui appellent à lutter contre la mise en concurrence « des esclaves » entre eux, qui insistent sur l'urgence de s'unir et de s'organiser contre les capitalistes, soit contre « une coterie peu nombreuse de maîtres hautains et de mandarins engraissés » , l'Assemblée adopte à l'unanimité une résolution qui décide d'« élire un comité (…) chargé d'élaborer le projet des statuts et des règlements de l'Union » . Et dès sa première rencontre, ce Comité nouvellement élu, nomme à son tour un sous-comité chargé de rédiger une première proposition de textes.
Marx qui s'était promis « to decline any such invitation » , considère cette fois-ci que des « forces réelles » participent à l'évènement et fait le déplacement. Il est élu sur le Comité et nommé sur le sous-comité. Toutefois, il est malade et absent lors des deux premières rencontres d'octobre 1864. Il ne participe donc pas à la rédaction des premières versions du Préambule et des Statuts. Il confie alors à Engels , qu'il est « effrayé » à la lecture d' « un préambule d'une phraséologie effrayante, mal écrit et tout à fait enfantin (…) » et par des statuts qui « instituaient quelque chose de tout à fait inadmissible, une sorte de gouvernement central ». Déterminé à ce que pas un mot de ces textes ne subsiste , il réussit finalement à complètement réécrire ces « sentiments déjà votés ». La technique utilisée pour imposer ses vues, que certain·es qualifieraient aujourd'hui d'anti-démocratique, mérite d'être de nouveau rappelée, avec les explications de Marx lui-même :
« Pour justifier la très singulière manière dont je me proposais de « rédiger » les sentiments déjà votés, j'écrivis une Adresse aux classes ouvrières (dont il n'était pas question dans le plan primitif), une sorte de revue des faits et gestes des classes ouvrières depuis 1845 ; puis, sous prétexte que tous les faits historiques étaient contenus dans cette Adresse et que nous ne pouvions répéter trois fois les mêmes choses, je changeai tout le Préambule, je déchirai la Déclaration de principes et enfin je réduisis à dix les quarante articles des statuts » .
Finalement les trois textes, l'Adresse , le Préambule et les Statuts, sont reçus avec un « grand enthousiasme » lors de la quatrième rencontre du Conseil général provisoire de l'Association internationale du travail et adoptés à l'unanimité le 1er novembre 1864 .
À l'heure où, un peu partout dans le monde, les partis de gauche, les syndicats, les mouvements féministes, anti-racistes, écologistes tentent à grand peine de se regrouper, que ce soit dans le cadre de nouveaux fronts populaires ou autrement, la lecture de ces textes peut, peut-être, offrir des pistes de réflexion utiles. Deux éléments semblent avoir contribué à cimenter une union qui paraissait bien improbable quelques semaines avant la rencontre du Saint-Martin's Hall.
La nécessité d'arracher des victoires
Dans son Adresse, Marx commence par méthodiquement démontrer et dénoncer l'accroissement exponentiel des écarts de richesses depuis 1845. Puis, il insiste sur le caractère révolutionnaire de l'adoption de la Bill de dix heures au Royaume Uni, « obtenue avec la plus admirable persévérance ». Pour Marx, la loi ne constitue pas seulement un « important succès pratique » mais elle est aussi « le triomphe d'un principe » :
« pour la première fois, au grand jour, l'économie politique de la bourgeoisie avait été battue par l'économie politique de la classe ouvrière ».
Dans le contexte québécois actuel, on peut dire que cela fait bien longtemps que « l'économie politique de la classe ouvrière » n'a pas réussi à imposer quoi que ce soit à la bourgeoisie, alors même que les écarts de patrimoine, notamment, ne cessent de croitre. Si l'on prend les vingt ou trente dernières années, il est très difficile d'identifier une lutte « persévérante », une réelle victoire politique, syndicale, féministe ou anti-raciste, qui puisse faire penser à un quelconque « triomphe de principe » ; la seule exception qui nous vienne en tête est le mouvement étudiant de 2012 qui réussit, après plus de six mois de luttes, à bloquer l'explosion des frais universitaires et à faire chuter le gouvernement libéral de Jean Charest.
On peut toutefois espérer que les récentes mobilisations historiques, comme la manifestation de plus de 500 000 personnes le 26 septembre 2019 à Montréal en défense de l'environnement ou encore la grève illimitée des 65 000 enseignantes de la Fédération autonome de l'enseignement (FAE) rejointes sporadiquement par les 450 000 travailleuses du Front commun (75% à 80% de femmes) constituent des étapes vers une lutte d'une « admirable persévérance » avant un « triomphe de principe ».
L'internationalisme comme condition de l'unité
Dans le Préambule des statuts, comme en conclusion de l'Adresse, Karl Marx insiste fortement sur la nécessité et l'urgence « d'exciter » la solidarité internationale. Il rappelle ainsi que
« les efforts tendant [à l'émancipation économique de la classe ouvrière] ont jusqu'ici échoué, faute de solidarité entre les travailleurs des différentes professions dans le même pays et d'une union fraternelle entre les classes ouvrières des divers pays » .
On ne parle pas encore d'Internationalisme, mais l'idée est là.
Aujourd'hui, les discours de solidarité internationale qui ont déjà du mal à se faire entendre sont, le plus souvent, à géométrie variable. Comment ne pas voir les mises en concurrence des travailleuses et travailleurs entre elleux ?
À titre d'exemple, les dirigeants du parti le plus à gauche de l'échiquier politique, Québec solidaire, n'hésitent pas à affirmer qu'il y a « trop » d'étrangers , comme les trade unionistes britanniques de 1864. Une partie de la gauche québécoise qui se revendique de l'internationalisme refuse de dénoncer les actions terroristes du Hamas du 7 octobre 2023 au motif qu'une telle dénonciation reviendrait à soutenir le génocide à Gaza. Position simpliste et intenable sur le fond, que ne cessent d'ailleurs d'instrumentaliser le Premier ministre du Canada, Justin Trudeau, comme le Premier ministre Québécois, François Legault, pour discréditer toute action de solidarité avec le peuple palestinien et pour justifier une politique de facto complice des atrocités et des actions terroristes commises par le Gouvernement israélien à Gaza, en Cisjordanie et maintenant au Liban.
Cette même gauche reste par ailleurs largement indifférente aux appels à la solidarité des syndicats, des organisations féministes, des mouvements écologistes ou LGBTQI+ ukrainiens qui ne cessent de réclamer des armes pour se défendre. Une partie de cette gauche se prononce même explicitement contre toute forme de soutien armé aux travailleurs et travailleuses ukrainien-ne-s suivant un argumentaire qui consiste à comparer, pour les opposer, les peuples palestiniens et ukrainiens. Comme si les internationalistes de gauche devaient choisir entre les fascistes, les intégristes et les staliniens. Comme si les deux peuples colonisés, envahis et bombardés quotidiennement et aveuglement ne méritaient pas l'appui des internationalistes.
Comme si nous n'avions pas comme première obligation d'écouter et de relayer les revendications des camarades sous les bombes. Or actuellement, ce qu'il reste de gauche en Palestine réclame de toute urgence un cessez-le-feu, l'arrêt des livraisons d'armes et de tout soutien au Gouvernement israélien ainsi que des sanctions économiques susceptibles de fragiliser le pouvoir d'extrême droite en place. En Ukraine, depuis le début de l'invasion à grande échelle l'ensemble des organisations de gauche, réclame constamment et urgemment, des armes pour résister et se protéger contre l'impérialisme russe.
En conclusion de l'Adresse qui parvint à recueillir l'unanimité des différentes tendances politiques présentes à Londres il y a 160 ans, Marx écrivait :
« L'expérience du passé nous a appris comment l'oubli de ces liens fraternels qui doivent exister entre les travailleurs des différents pays et les exciter à se soutenir les uns les autres dans toutes leurs luttes pour l'affranchissement, sera puni par la défaite commune de leurs entreprises divisées (…) Prolétaires de tous les pays, unissez-vous ! ».
Camille Popinot et Paco
27 septembre 2024
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[1] Cette petite note s'appuie en grande partie sur la notice rédigée par Amédée Dunois, à l'occasion de la deuxième réédition en français, en 1921, de l'Adresse de Karl Marx.Nous profitons de cette mention pour souligner le parcours politique exceptionnel de ce militant d'abord anarchiste, puis socialiste, ami de Jean Jaurès, présent au café du Croissant lors de l'assassinat de ce dernier, qui s'oppose à l'Union sacrée pendant la Première guerre mondiale, qui dénonce très tôt la dérive stalinienne du PC, devient la cible des attaques des fascistes comme Charles Maurras, s'engage dans la résistance dès 1940 et meurt en déportation en Allemagne en 1945. https://www.marxists.org/francais/dunois/works/1921/05/adresse.pdf
[2] Nous ne le savons pas mais elles sont en tout cas invisibles dans les gravures accessibles sur internet aujourd'hui. On sait toutefois que c'est lors du Congrès de Genève de 1872 que, pour la première fois, deux femmes font partie des trente délégué.es. Marcello Musto, Traduit de l'italien par Béatrice Propetto Marzi. La Première Internationale et son histoire. La Pensée, 2014/4 N° 380, p.129-143

Il pleut des bombes !

Il pleut des bombes.
L'enfant succombe.
Quand la nuit tombe.
Il pleut des bombes.
Toujours en trombes.
Où es-tu Colombe ?
Il pleut des bombes.
Creusez les tombes !
Déluge intense.
Charniers d'hier, on recommence.
Il pleut des bombes.
Avec cratères.
C'est la Paix qu'on enterre.
Il pleut des bombes.
Signées « Puissance ».
Applaudie en haute Instance.
Il pleut des bombes
Dédicacées
Calquées d'un certain passé
Il pleut des bombes
A tout raser !
Générant des Déplacés (es).
Il pleut des bombes.
Encore intenses.
Dans tous les sens
Il pleut des bombes
Même sur la plage
Point d'orgue d'un grand carnage
Il pleut des bombes
Sur des consciences…
Armées de Résistance !
Texte : Omar HADDADOU Sep. 2024
(Hommage à Gaza)
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Guerre d’Israël contre le Liban : racisme et indécence dans le traitement médiatique occidental

En tant qu'instruments de construction d'une représentation de la réalité et de diffusion massive de cette représentation, les médias occidentaux participent plus que toute autre institution à imposer des principes de vision racistes du monde.
Tiré de la revue Contretemps
25 septembre 2024
Par Lina Mounzer
À partir de son expérience personnelle de femme libanaise qui assiste depuis le Canada à une guerre contre son pays, l'écrivaine Lina Mounzer relate la violence de ce racisme, ainsi que le gouffre entre le narratif spontanément pro-israélien qui domine les médias occidentaux et la réalité d'une guerre qui oppose les populations arabes de l'Orient à un État colonial : Israël.
Depuis sa création, celui-ci déploie une violence à tendance génocidaire visant à annihiler toute tentative de résistance à son projet d'effacement-remplacement de la Palestine.
***
Lorsque la nouvelle me parvient, je suis en train de prendre mon café du matin à Montréal.
Mon ami Rami me fait suivre un message WhatsApp. En arabe, il est écrit « Ouzai, Ghobeiri, Sfeir, Haret Hreik, Saida, les bipeurs explosent. Une brèche. Ils ont piraté des appareils et des téléphones et les ont fait exploser. Beaucoup d'informations contradictoires. Quelque 500 explosions jusqu'à présent ».
À Beyrouth, il est à peu près 15h40.
Inutile de demander qui sont ces « ils ». Ce sont les mêmes « ils » qui déciment et affament les Palestinien·nes de Gazadepuis presque une année entière, qui bombardent des hôpitaux et des camps de réfugiés, qui violent des prisonniers et qui, lorsqu'ils en sont réprimandés, font une émeute pour obtenir le droit de violer des prisonniers.
Ce sont les « ils » qui sont jugés par la Cour internationale de justice pour le summum des crimes, celui de génocide, et qui ont par ailleurs violé, devant les caméras, un certain nombre de soi-disant lignes rouges du droit humanitaire international. Après cela, je ne devrais pas être surprise par ce dont ces « ils » pourraient être capables, ni par la façon dont le monde les excusera.
Pourtant, je commence à recevoir des vidéos et je n'arrive pas à croire ce que je vois. Des images de vidéosurveillance de magasins d'alimentation avec des appareils qui explosent au niveau de la taille des gens ou dans leurs mains. Des rues bondées d'ambulances et d'individus qui hurlent. Des hommes sur des brancards, les restes déchiquetés de leurs mains dégoulinant de sang.
Quel est ce cauchemar dystopique ? Comment ont-ils piraté les appareils de ces gens ? Et quels sont les appareils à risque ? Aussitôt, j'essaie de me rappeler où j'ai acheté mon téléphone. L'ai-je acheté dans un magasin de téléphones portables à Beyrouth, le genre de magasin où les explosions se succèdent à mesure que la marchandise s'enflamme ? Ou l'ai-je commandé directement à l'étranger ? Est-il sûr ou bien risque-t-il d'être piégé ?
Peu importe : je dois décrocher mon téléphone, cette arme potentiellement meurtrière, pour joindre mes amis et ma famille, pour m'assurer qu'ils vont bien, ce qui les oblige à décrocher eux aussi leurs appareils potentiellement meurtriers pour répondre.
Les « bipeurs du Hezbollah »
Cet appareil utilisé pour nous connecter est à présent la chose même qui nous fait craindre de nous connecter. Le niveau de paranoïa est-il absurde ? Pas aussi absurde que les milliers de petites explosions qui se sont produites au Liban en une seule journée, puis les centaines d'autres le lendemain.
Avant que les détails ne deviennent plus clairs – à savoir que ces appareils, y compris les bipeurs, les talkies-walkies et les panneaux solaires qui ont explosé en deux jours, tuant 39 personnes et en blessant plus de 3 250, avaient été interceptés et chargés d'explosifs par Israël, et non piratés – la terreur de l'électronique domestique courante a atteint un tel niveau que les gens se sont précipités chez eux pour déconnecter les batteries UPS et éteindre les appareils de surveillance des bébés.
Le plus absurde, cependant, est le fait qu'aucun média occidental n'a nommé cet acte de terrorisme de masse par son nom. Au lieu de cela, les médias occidentaux ont qualifié ces plus de 4 000 explosions d'« attaques ciblées » et ces appareils – utilisés par des médecins, des livreurs et d'innombrables autres professionnels – des « bipeurs du Hezbollah ».
En l'espace de deux jours et dans tout le pays, plus de quatre mille explosions ont enflammé l'intimité vulnérable des corps de nombre de personnes, parmi lesquelles des jeunes enfants, qui se trouvaient à la maison avec des enfants, dans des épiceries ou des pharmacies, ou qui conduisaient sur les autoroutes, leur voiture devenant soudainement incontrôlable.
Les hôpitaux du pays ont été débordés, avec un afflux de blessés plus important que lors de l'explosion du port de Beyrouth le 4 août 2020. Les chirurgiens traumatologues ont décrit des blessures « comme ils n'en avaient jamais vu auparavant, principalement des blessures aux yeux et aux mains, dues au fait que les patients regardaient leur téléavertisseur avant qu'il n'explose ».
Cette tactique d'un sadisme inégalé, conçue pour provoquer des blessures mortelles, a été qualifiée de « brillante » et décrite comme étant d'une « précision ciblée » [par la presse occidentale].
Des hordes brunes sans visage
Non seulement les médias occidentaux ont-ils refusé de parler de terrorisme, mais aussi ont-ils eu du mal à contenir leur enthousiasme face à ce spectacle.
Même les médias qui ont publié des articles mentionnant les souffrances des civils libanais ou l'effondrement du secteur de la santé l'ont fait à côté d'autres articles vantant l'« audace », la « sophistication » et la « démonstration spectaculaire des prouesses technologiques d'Israël ». Sur les réseaux sociaux, d'innombrables experts ont comparé cette attaque avec jubilation à un film hollywoodien. Ils ont raison. Mais ce n'est pas la « technique d'espionnage » qui la fait ressembler à un film hollywoodien. C'est plutôt le fait qu'il y ait des hordes brunes sans visage qui peuvent être fauchées, tuées en masse sous les acclamations triomphantes du public.
Les personnes assassinées ne sont pas des individus qui, comme chaque individu, sont une étoile unique dans une constellation de relations et dont le décès modifie la gravité même de la partie de l'univers qui les entoure.
Non, ce sont des « figurants », qui ne méritent même pas d'être mentionnés au générique, et dont la mort n'est pas simplement passée sous silence, mais carrément célébrée. Telle est la réalité politique que non seulement Hollywood, mais aussi les médias occidentaux, reflètent et entretiennent. Une réalité dans laquelle le terrorisme est un crime évalué non par l'acte mais par l'auteur.
Je m'efforce depuis longtemps d'expliquer aux gens qui ne connaissent pas la situation de près le sentiment vertigineux que l'on éprouve en regardant son pays dévasté de l'étranger : la façon dont le sentiment d'impuissance est aggravé par la dissonance cognitive avec votre corps à un endroit, cocooné dans la sécurité d'un monde, alors que votre conscience est obnubilée par la terreur d'un autre monde.
Des personnes bien intentionnées demandent : « N'êtes-vous pas reconnaissant de ne pas être là-bas en ce moment ? ». Une question à laquelle il m'est impossible de répondre. Après tout, j'étais là, à m'inquiéter de savoir si l'aéroport fermerait avant le départ de mon vol, à compatir avec des amis à propos de l'anxiété incessante qui se transforme parfois en terreur pure et simple avec laquelle nous vivons depuis octobre.
Un choix difficile
Je mentirais si je ne disais pas que je suis reconnaissante d'être en sécurité. Je mentirais également si je ne disais pas que j'aimerais être de retour à Beyrouth. Parce que pour la première fois dans cette guerre, j'ai été forcée de regarder les événements principalement à travers le filtre déformant des médias occidentaux. Il m'est dès lors plus facile d'exprimer ce qui est si difficile dans le fait d'être partie.
La dissonance cognitive d'être en Occident alors que l'Orient brûle n'est pas simplement le décalage entre l'endroit où se trouve le corps et l'endroit où se trouve l'esprit. Il s'agit d'être dans un endroit où toutes les institutions respectées insistent sur le fait que cet incendie est juste et bon, peu importe combien il s'avère barbare ou sauvage.
Il n'y a rien de plus dissonant que de voir le langage aseptisé des médias occidentaux s'interposer entre moi et l'expérience viscérale de savoir ce que les gens vivent là-bas. Au moins, lorsque je suis là-bas, l'humanité de personne n'est remise en question – y compris la mienne. Je ne suis étranger à aucun des sentiments que je peux éprouver, ni à la peur, ni à l'anxiété, ni même, en fait surtout, à la tristesse.
Tout cela est reflété et affirmé par le monde environnant. Personne n'est sans visage ni superflu ; personne n'est sans passé ni proches. Même les pierres endommagées ont une histoire. L'apaisement mental est tel que l'on est souvent tenté de l'échanger contre la sécurité physique.
À l'horizon, il ne se profile aucun répit à cette dissonance.
Depuis le jour où j'ai commencé à essayer de mettre des mots sur l'horreur de ces derniers événements, Israël a effectué une « frappe aérienne ciblée » dans la banlieue de Beyrouth, à Haret Hreik, faisant s'effondrer deux immeubles résidentiels, tuant 45 personnes, en blessant 66 autres et rendant la guerre régionale de plus en plus inévitable.
Lundi, nous sommes entrés dans une guerre totale, le sud et l'ouest du Liban étant particulièrement décimés. Les pertes sont énormes : déjà 274 morts et 1 000 blessés [558 morts et plus de 1800 blessés au 24 septembre]
L'État d'Israël reproduit à la lettre le scénario de Gaza : il bombarde les ambulances et les routes menant aux hôpitaux, il ordonne aux gens d'« évacuer » et il bombarde ensuite les routes qui pourraient leur permettre de le faire. Pendant ce temps, les armes continuent d'affluer.
Et les prétextes à cette guerre ont déjà été formulés – et acceptés – comme ils l'ont été pendant toute une année. De même que tous les habitant·es de Gaza sont considéré·es comme des membres du Hamas, tou·tes les habitant·es du Liban sont considéré·es comme des membres du Hezbollah et tout cela serait ainsi de bonne guerre.
Le cauchemar que nous anticipions tous depuis un an est devenu réalité. Un cauchemar que tout le monde voyait venir et qui aurait pu être arrêté à n'importe quel moment.
Je ne peux rien faire d'autre que regarder les nouvelles et j'ignore quand – ou si – je pourrai rentrer chez moi à Beyrouth. Pour celles et ceux d'entre nous qui ont la chance de l'avoir, le choix est difficile. Comme le dit un ami qui vit aux États-Unis depuis quelques années : « Soit je suis dans les flammes, soit je suis à l'endroit qui allume le feu ».
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Lina Mounzer est une écrivaine et traductrice libanaise. Son travail a été publié dans The Paris Review, Freeman's, The Washington Post et The Baffler, ainsi que dans les anthologies Tales of Two Planets (Penguin : 2020) et Best American Essays 2022 (Harper Collins : 2022). Elle est rédactrice en chef du magazine artistique et littéraire The Markaz Review.
Cet billet est paru initialement sur le site Middle East Eye.
Illustration : Village de Zeita au Sud Liban, le 23 septembre 2024. Source : Mahmoud Zayyat, AFP.
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France : Communiqué intersyndical Pour les salaires, les services publics, l’abrogation de la loi retraites le 1er octobre en grève et en manifestation pour nos droits !

Nos organisations syndicales et de jeunesse appellent à manifester et à faire grève pour qu'enfin les urgences sociales, exprimées dans les mobilisations comme dans les urnes, soient entendues !
Tiré de Entre les lignes et les mots
Retraites, salaires, services publics, c'est sur ces sujets centraux pour la population que nous pouvons gagner et arracher des victoires au moment où le président de la République et l'alliance jusqu'à l'extrême droite cherchent à imposer contre la volonté générale le maintien du cap libéral et autoritaire.
Nous avons été des millions à nous mobiliser pendant plus de 6 mois contre la retraite à 64 ans. Emmanuel Macron a décidé de passer en force mais a été sanctionné par une lourde défaite aux élections législatives. Nous pouvons donc maintenant gagner l'abrogation de la réforme des retraites !
Nos salaires, pensions, bourses et minima sociaux ne peuvent plus régresser face à l'inflation ! C'est la raison pour laquelle nous rejoignons l'appel des organisations de retraité·es ce même 1er octobre pour exiger l'augmentation des pensions et des salaires, un Smic à 2000 euros et l'indexation des salaires sur l'inflation. Partout, dans les entreprises et les administrations, faisons grève pour obtenir l'augmentation de nos salaires et la fin des inégalités entre les femmes et les hommes !
Nos services publics sont à bout de souffle. Exigeons les moyens financiers et humains pour l'hôpital, les soins, l'éducation, l'enseignement supérieur, la recherche, l'environnement… pour permettre l'accès de tous et toutes à des services publics de qualité.
Les licenciements se multiplient dans l'industrie car les grands groupes continuent à délocaliser. Pourtant, les dividendes atteignent des records et, chaque année, 170 milliards d'euros d'aides publiques sont distribués sans contrepartie aux entreprises. Mobilisons-nous pour gagner l'arrêt immédiat de tous les licenciements, la relocalisation et la transformation environnementale de notre industrie !
Les jeunes sont parmi les premier·es à subir ces politiques de casse sociale. Il est urgent de mettre la jeunesse en protection sociale, de réformer le système des bourses et d'abolir la sélection à l'entrée de l'université.
Le 1er octobre marque le début des discussions sur le budget de l'État et de la Sécurité sociale à l'Assemblée nationale. C'est le moment de gagner qu'enfin les plus riches et les multinationales soient taxés pour financer nos services publics, la justice sociale et environnementale. C'est le moment de gagner l'abrogation de la réforme des retraites !
C'est maintenant qu'il faut peser et gagner. Ce ne sera possible que par un rapport de force clair et massif. Toutes et tous en grève le 1er octobre.
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États-Unis. Les tentatives de suicide des jeunes transgenres en hausse dans les États adoptant des lois anti-trans

Ce sont des conclusions “terrifiantes”, s'alarme them. Selon une étude, publiée cette semaine dans la revue Nature Human Behavior et relayée vendredi 27 septembre par le site d'information américain, les lois anti-transgenres entraînent “jusqu'à 72 % ” d'augmentation des tentatives de suicide chez les jeunes transgenres et non binaires.
Tiré de Courrier international
28 septembre 2024
Un manifestant agite un drapeau des fiertés LGBTQI lors d'un rassemblement de jeunes queers et transgenres près du Capitole, à Washington, le 31 mars 2023. PHOTO BRYAN OLIN DOZIER/NurPhoto/AFP
L'étude, menée par The Trevor Project, une organisation à but non lucratif de prévention du suicide de personnes LGBTQI, est la première à “établir fermement la causalité” entre la législation et les taux de tentatives de suicide chez les jeunes transgenres, explique them.
Les jeunes de 17 ans et moins particulièrement impactés
Les chercheurs ont recueilli les réponses de plus de 61 000 personnes trans et non binaires âgées de 13 à 24 ans dans le cadre d'une série d'enquêtes menées de 2018 à 2022. Ils ont constaté que dans les États qui ont adopté au cours de cette période au moins une loi restreignant ou menaçant les droits des personnes transgenres, les répondants ont signalé une augmentation “statistiquement significative” des taux de tentatives de suicide ou de suicides envisagés.
C'est parmi les jeunes trans et non binaires âgés de 13 à 17 ans que les taux de tentatives de suicide les plus élevés ont été observés, augmentant jusqu'à 72 % au cours de la deuxième année suivant l'adoption d'une loi anti-transgenre, selon l'étude, et de 52 % au cours de la troisième année.
“Ces chiffres ne signifient pas que les tentatives de suicide sont inévitables pour les jeunes trans et non binaires, mais soulignent plutôt l'importance de services de santé mentale efficaces – et les conséquences dangereuses des lois anti-trans”, commente them.
Courrier international
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Gisèle Pélicot, Taylor Swift, Lucie Castets. Un billet par VP.

Samedi 21 septembre, peut-être que ce métastasique gouvernement Macron/Barnier adviendra ce jour, peut-être pas. Mais il est bien possible que dans la durée, ce soit un autre sujet, apparemment autre, qui reste comme marque du moment présent, de cette rentrée 2024. Ce sujet autre, apparemment autre, c'est le « procès Pélicot ».
Tiré de Arguments pour la lutte sociale (aplutsoc)
21 septembre 2024
Un billet de VP
Gisèle Pélicot a été violée pendant des années par des dizaines d'hommes auxquels son mari Dominique Pélicot l'a livrée en la droguant. Inutile ici de détailler les faits, largement connus et médiatisés. Ils ont été établis suite à l'arrestation de Dominique Pélicot dans une autre affaire dite « de mœurs », son épouse, malade des traitements subis mais n'en ayant pas eu conscience, n'ayant pu porter plainte qu'une fois ceux-ci avérés sans aucun doute possible puisque ces viols ont abondamment été filmés par leur organisateur.
L'évènement important, c'est alors l'affirmation de Gisèle Pélicot voulant apparaître à visage découvert et refusant donc le huis clos, soutenue par ses enfants, appelant à ce que « la honte change de camp » et voulant combattre pour « toutes les femmes », et attirer l'attention sur le phénomène de la soumission chimique.
De leur côté, les 54 accusés, sur 83 soupçonnés, donnent l'image d'un monde masculin de prolétaires, de chômeurs et de travailleurs indépendants, parfois de militaires, le tout d'un conformisme et d'une banalité profondes.
La honte a effectivement changé de camp et la cause de Gisèle Pélicot, bien que pas tout de suite, a commencé à apparaître comme une cause féministe, le tout dans le silence assourdissant du monde officiel et politique.
Mais la dignité absolue de Gisèle Pélicot suscite l'irritation, l'énervement et les contre-attaques des tenants de l'ordre, pour qui elle devrait, au fond, se cacher et se taire, bien qu'ils n'osent le dire trop ouvertement, parce que cette dignité absolue est une menace envers leur ordre.
On a vu un avocat de la défense expliquer qu'il n'y a viol que si le violeur est conscient de violer, sinon il n'y a pas viol. On a vu cette défense tenter d'insinuer que la victime aurait aidé à susciter ce dont elle a été victime. On a vu une avocate se répandre sur les réseaux sociaux à dénoncer les « extrémistes de la pensée » qui voudraient soi-disant « museler » la défense des violeurs -lesquels, en tant qu'accusés, ont en effet droit à une défense équitable, là n'est pas la question. Sans oublier le maire de Mazan, proche du RN, s'exclamant que tout de même, ce qui s'est passé là n'est pas si grave : il n'y a pas eu « mort d'homme ou d'enfant ».
En fait, la violence dégradante de ces réactions a enfoncé le clou en couvrant de honte leurs auteurs et autrices … mais pas encore à leurs propres yeux …
En quoi la dignité absolue de Gisèle Pélicot est-elle une menace pour l'ordre établi ?
La raison est donnée par exemple par le chanteur Renaud : « Je ne sais pas si c'est juste de prendre la parole en tant qu'homme aujourd'hui et j'espère que le faire ne portera pas préjudice à cette cause, mais je souhaite apporter mon soutien total ainsi que mon admiration à Gisèle Pelicot dont la vie me bouleverse. (…) J'espère de tout mon cœur que le courage d'avoir demandé des audiences publiques fera enfin bouger cette société patriarcale, et nous les mecs, quant aux violences faites aux femmes et aux enfants. »
Ou par l'ami et camarade Michel Broué : « Ceux qui doivent réfléchir, travailler sur eux-mêmes, affronter leurs démons, ce sont les hommes. » ( La banalité du mâle ? , billet de blog du 16 septembre).
Michel Broué avait pris une initiative politique importante, le 30 avril dernier, en initiant dans le journal Elle un appel aux hommes, entendez par là les individus du genre masculin, à soutenir le mouvement #MeToo : « C'est le pouvoir et son instinct de domination qui s'acharnent, comme toujours, comme partout, sur les plus vulnérables. Nous refusons de nous reconnaître dans cette masculinité hégémonique. Devoir par exemple réserver la douceur et le soin au genre féminin est absurde : un homme ça pleure, un homme ça aime, un homme ça peut être bouleversé. »
Un homme « normal » est heurté par ce qui a été fait à Gisèle Pélicot, mais il peut aussi se sentir heurté par un supposé soupçon qui l'engloberait dans la masculinité des violeurs potentiels, étayé par le fait que les accusés sont tous des « hommes normaux ». Il est certes tout à fait légitime, c'est même sain et il serait inquiétant de ne pas ressentir cela, d'être affecté par l'éventualité d'un tel soupçon.
Mais pourquoi risquer de le ressentir aussi comme une menace, ressenti qui est exploité par les forces sociales accusant le féminisme, #MeToo, d' « exagérer » et de menacer toute liberté relationnelle dans les mœurs ?
Parce que ce qui est menacé ici est bien la masculinité et le patriarcat, qui sont des rapports sociaux fondamentaux et pas forcément des défauts individuels par essence propres aux mâles, même s'ils produisent massivement de tels défauts.
Ce rapport social, de domination masculine et dans lequel la domination est ontologiquement masculine (même lorsqu'exercée occasionnellement par des femmes, de Sémiramis à Thatcher en passant par Catherine II), donne forme aux relations affectives interindividuelles, ce pourquoi sa mise en cause est aussi une mise en cause individuelle, sans qu'il y ait lieu à culpabiliser ou à soupçonner systématiquement. D'autant que chaque individu, dans ce rapport social, en est certes, comme pour tout rapport social, un transmetteur, mais aussi une victime, les hommes compris.
Cette mise en cause arrive, semble-t-il, aujourd'hui à maturité. #MeToo en est une manifestation, loin d'être la seule. Le Chili, l'Argentine, la Pologne, ont connu des mouvements sociaux féminins de masse, bien entendu appuyés par des hommes, de toute première importance, pour la sauvegarde ou l'instauration des libertés individuelles à disposer de soi-même (droit à l'avortement). Ceci est au cœur de l'affrontement sur la question de la liberté et des droits fondamentaux qui déchire les États-Unis, pour ou contre Trump et ce qu'il représente. Les grèves et manifestations bélarusses en 2020 ont placé les femmes en situation stratégique et motrice, et la guerre en Ukraine renouvelle la lutte pour l'égalité dans la société en relation avec l'engagement militaire, de manière ouverte depuis février 2022, mais cela avait en réalité commencé dès 2014 et avait été invisibilisé, ce que souligne le syndicat de soldates Veteranka. En Iran, le mouvement « Femmes, Vie, Liberté », réprimé mais pas vaincu, place le combat des femmes contre le port du voile islamique et pour l'égalité comme pivot central de l'affrontement social contre l'État et flamme vivante de la révolution.
Ce sont là des faits massifs. Le retentissement profond du procès Pélicot s'inscrit pleinement dans cette séquence historique majeure. Mais ce rappel montre aussi que, dans la lutte des femmes comme dans la lutte des prolétaires, il y a deux camps qui s'affrontent et que le camp d'en face ne désarme pas, il contre-attaque, modernise ses méthodes (la « soumission chimique » …), frappe et tue, massivement.
Les viols de masse, cette forme extrême de terreur répressive, en Syrie, dans les zones occupées d'Ukraine, au Tigré … et les sévices exercés par toutes les polices politiques, prisons israéliennes comprises, nous le rappellent -et nous rappellent aussi que le rapport de domination physique sur les femmes et les enfants fait aussi énormément de victimes parmi les hommes adultes, que quand il y a « viols de guerre » une partie de la population masculine est elle aussi directement victime de cette forme extrême de masculinité hégémonique.
Il s'agit du plus ancien rapport de domination. Michel Broué, dans sa récente tribune, cite Françoise Héritier pour qui « Le comportement d'agression des hommes à l'égard des femmes n'est pas un effet de la nature animale et féroce de l'Homme, mais de ce qui fait sa différence, qu'on l'appelle conscience, intelligence ou culture ». J'exprimerai ici une nuance, une précision : la domination masculine n'est pas le propre d'Homo Sapiens. Elle prédomine chez une majorité (pas la totalité) de mammifères. Il s'agit donc bien d'un rapport social d'origine animale (car il y a société chez les animaux), qui reçoit dans notre espèce une forme, ou plusieurs, à travers le langage, la culture, etc., mais n'en est pas une conséquence.
Notre espècehttps://aplutsoc.org/2023/11/20/a-p... est à la fois peut-être la pire sur le plan de la violence masculine, et celle ayant la plus grande aptitude à la mise en cause et au remodelage de ses propres relations sociales, ce qui fait son histoire, et lui confère sa relative liberté. Cette variabilité augmente d'ailleurs entre les grands singes si on les compare les uns aux autres (tout près de nous, les chimpanzés robustes sont des masculinistes dominateurs qui nous ressemblent assez, alors que les bonobos ont des rapports sociaux régulés et relativement pacifiés par des groupes de femelles sexuellement complices). Cette variabilité éclate à l'intérieur même de notre espèce, dans son histoire faite de sauts qualitatifs appelés aujourd'hui des révolutions.
Bien entendu, reconnaître que le rapport de domination masculine remonte à plus loin que notre espèce et est antérieur au langage, n'en fait pas un ordre « naturel » ou « animal » essentiel ou indépassable.
Notre époque a besoin d'une révolution mettant fin à la fois au rapport de domination le plus récent et le plus anonyme et impersonnel, celui du capital qui ne veut rien d'autre que s'accumuler de manière accélérée, et au rapport le plus ancien, le rapport patriarcal ou rapport de domination masculine.
C'est le tourbillon dans lequel le capital entraîne l'espèce et toute la géobiosphère qui conduit à cette double nécessité. La dimension féminine de plus en plus affirmée des révolutions et insurrections dans le monde depuis une dizaine d'année est un signe puissant de cette maturation, et l'assumer pleinement apporte un renouveau radical de force à toutes les mobilisations. Les forces d'avant-garde de la contre-révolution l'assument à leur manière : le pouvoir chinois réprime en même temps la féministe Huang Xuebin et l'organiser d'ouvriers Wang Jianbing. Rien de fortuit.
Ce trait massif du moment actuel des révolutions et des guerres n'est souvent pas assez perçu ni compris dans les débats militants qui s'embarquent souvent sur des thématiques surdimensionnées, autour de constructions idéologiques telles que l'intersectionnalité, ou en France l'écriture inclusive, etc. Je ne crois pas utile de développer ces points ici, que j'ai déjà abordés ailleurs, mais qui me semblent de moindre importance que la saisie de la transformation principale qui a commencé, à savoir le fait que les crises sociales révolutionnaires vont de plus en plus porter aussi, directement, contre la domination patriarcale masculine, pour le plus grand bien des femmes, des enfants, des hommes, et de toutes les formes de relations affectives et sexuelles égalitaires et partagées.
Ce fait a une influence culturelle globale croissante, certes « récupérable » ou retournable par l'industrie des médias et la marchandisation des représentations, mais alimentée de manière continue par les besoins sociaux profonds.
Prenons un autre fait « sociétal » comme on dit, à l'interface du politique : le soutien de la chanteuse-compositrice-interprète Taylor Swift à Kamala Harris, contre Donald Trump, dont on sait le cri du cœur (Trump peut-il être sincère ? A mon avis, là, il l'est) : « Je déteste Taylor Swift ».
On pourrait être tenté de minimiser l'énorme signification politique d'un tel fait. Le camaradeJohn Reiman le juge très important mais trouve quand même que cela illustre la « mentalité lamentable de la plupart des Américains ». Les vedettes ont une grande importance dans l'appréhension du monde de la plupart des Américains, certainement. Est-ce lamentable ? Je n'en suis pas sûr : les peuples font ce qu'ils peuvent avec ce qu'ils ont.
Il faut lire, écouter et regarder Taylor Swift – et faire cet effort si musicalement, ce n'est pas votre tasse de thé, ce qui peut se comprendre ! On y reçoit l'image, et c'est la réalité, d'une jeune femme combattante individuelle dans un monde d'hommes et de chefs façonné par le fric, qui s'y fait sa place à la force du poignet – et du néocortex -, prend des coups et les rends, et émerge toujours, invaincue, scandant shake it off, dont la moins mauvaise traduction française serait peut-être « laisse les pisser », à l'adresse de tous les critiques, brutes, concurrents, moralistes, sales types … elle n'appelle évidemment pas à l'auto-organisation prolétarienne, mais il s'agit bien là d'un contenu, tout à fait cohérent avec l'opposition radicale à Trump.
Taylor Swift, avec quelques autres, affirme une image de « femme forte » qui, dans les séries, a eu à la fin du XX° siècle une expression frappante dans le personnage de Buffy contre les vampires , de Joss Wheedon, qu'il serait puéril de prendre pour une sous-série d'ados affrontant des vampires. Les « vampires » sont l'envers très ressemblant de l'humanité et Buffy, la jeune femme puissante, mais fragile en tant que jeune fille dans la société réellement existante, les affronte et « sors avec » plusieurs d'entre eux, et la bande de copains-copines « sauve le monde » à plusieurs reprises, tout seuls, sans aucune reconnaissance de qui que ce soit : métaphore remarquable de la situation dans laquelle est plongée la jeunesse découvrant ce monde en mode d'autodestruction, et choix culturel et médiatique clef que de mettre des filles à la tête de l'affaire, avec quelques gars qui les apprécient et les respectent.
Revenons, pour finir, au moment présent en France, moment, donc, du procès Pélicot et de la pénible gestation du pénible et pathétique exécutif Macron/Barnier. Jetons un coup d'œil sur ce spectacle de la même façon dont nous pouvons regarder Taylor Swift ou un épisode de Buffy contre les vampires. D'un côté : quelle bande de vampiriques vieux birbes respirant la vieillerie de la V° République ! Et de l'autre côté, cherchons les femmes fortes : elles sont là !
En fait, elles viennent d'arriver à visibilité : est-ce fortuit si la dernière période voit émerger successivement Sophie Binet, Marylise Léon, Marine Tondelier, Lucie Castets … et voit par ailleurs une victime âgée s'affirmer à son tour par la pure force de l'absolue dignité, Gisèle Pélicot ?
Cette observation n'implique aucun alignement a priori sur le rôle politique joué par les femmes citées ici, elle vise seulement à souligner un fait social remarquable. Bien qu'il n'y ait pas eu à ce jour, et on doit le regretter, connexion entre le combat politique pour imposer un gouvernement haussant les salaires, sauvant les services publics et abrogeant la loi retraites, et le procès Pélicot, force est de constater que l'affirmation féminine est présente dans les deux combats. Et qu'aucun des deux n'est gagné, et que la lutte va se poursuivre en s'aiguisant.
VP, le 21/09/2024.
Paru initialement sur le Club de Médiapart
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Les revenus du travail en déclin : Un rapport de l’OIT alerte sur l’aggravation des inégalités et le risque pour les objectifs de développement durable

L'Organisation internationale du Travail alerte sur l'écart croissant entre les revenus du travail et ceux du capital, ainsi que sur les défis auxquels sont confrontés les jeunes sur le marché du travail.
Tiré de Entre les lignes et les mots
GENÈVE (OIT Infos) – La mise à jour dePerspectives sociales et de l'emploidans le monde : Septembre 2024 de l'Organisation internationale du Travail (OIT) révèle une pression accrue sur les inégalités alors que la part des revenus du travail diminue et qu'une grande proportion de jeunes reste sans emploi, ni éducation, ni formation. Ce rapport met en lumière les progrès insuffisants vers les Objectifs de développement durable (ODD) à l'approche de l'échéance de 2030.
Le rapport montre que la part mondiale des revenus du travail, c'est-à-dire la part du revenu total perçue par les travailleurs, a diminué de 0,6 point de pourcentage entre 2019 et 2022, et est restée stable depuis, aggravant ainsi une tendance à la baisse observée depuis des décennies. Si cette part était restée au même niveau qu'en 2004, les revenus du travail auraient été supérieurs de 2,4 trillions USD rien qu'en 2024.
L'étude souligne que la pandémie de COVID-19 a été un facteur déterminant de cette diminution, avec près de 40 pour cent de la baisse de la part des revenus du travail survenue durant les années de pandémie, de 2020 à 2022. Cette crise a exacerbé les inégalités existantes, en particulier en raison de la concentration des revenus du capital parmi les plus riches, compromettant ainsi les efforts pour atteindre l'ODD 10, qui vise à réduire les inégalités au sein des pays et entre eux.
Les avancées technologiques, notamment l'automatisation, ont également contribué à cette tendance. Bien que ces innovations aient stimulé la productivité et la croissance économique, les travailleurs n'ont pas bénéficié équitablement des gains qui en ont découlé. Le rapport avertit que, sans des politiques globales pour garantir que les avantages du progrès technologique soient partagés de manière équitable, les développements récents dans le domaine de l'intelligence artificielle risquent d'accentuer les inégalités, menaçant ainsi l'atteinte des ODD.
« Les pays doivent agir pour contrer la baisse de la part des revenus du travail. Nous avons besoin de politiques qui favorisent une répartition équitable des bénéfices économiques, incluant la liberté d'association, la négociation collective et une administration du travail efficace pour parvenir à une croissance inclusive et ouvrir la voie à un développement durable pour tous », a déclaré Celeste Drake, Directrice générale adjointe de l'OIT.
S'appuyant sur le rapport Tendances mondiales de l'emploi des jeunes (GET Youth) récemment publié par l'OIT, l'étude identifie également la part importante de jeunes qui ne sont ni en emploi, ni en études, ni en formation (NEET) comme un sujet de préoccupation persistant. Comme le montre le rapport GET Youth, le taux mondial de NEET n'a enregistré qu'une modeste diminution, passant de 21,3 pour cent en 2015 à 20,4 pour cent en 2024, et devrait rester stable au cours des deux prochaines années. Le taux de NEET chez les femmes – qui s'élèvera à 28,2% en 2024 – est plus de deux fois supérieur à celui des jeunes hommes.
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L’OIT salue l’accent mis par le Sommet de l’avenir des Nations Unies sur la justice sociale et le travail décent

Un multilatéralisme véritablement inclusif doit embrasser la diversité et placer la solidarité au cœur de la coopération internationale, a souligné le Directeur général de l'OIT.
Tiré de Entre les lignes et les mots
NEW YORK (OIT Infos) – Le Directeur général de l'Organisation internationale du Travail (OIT) s'est félicité des résultats du Sommet de l'avenir des Nations Unies, qui a mis l'accent sur le rôle central de la justice sociale et du travail décent pour relever les défis mondiaux et façonner un avenir durable.
Le Sommet, qui s'est tenu sur le thème des solutions multilatérales pour un avenir meilleur, s'est achevé par l'adoption d'un Pacte pour l'avenir. Le Pacte comprend 56 actions concrètes pour répondre aux problèmes mondiaux urgents et revitaliser le multilatéralisme.
Le directeur général de l'OIT, Gilbert F. Houngbo, a salué l'accent mis par le sommet sur la justice sociale. « La justice sociale par le biais du travail décent doit être la pierre angulaire d'un système multilatéral modernisé », a-t-il déclaré. « Les résultats du sommet constituent une base solide pour une structure de gouvernance mondiale équitable et inclusive qui aligne les objectifs économiques, sociaux et environnementaux ».
Le pacte pour l'avenir vise à revigorer le multilatéralisme et à transformer la gouvernance mondiale afin qu'elle soit en mesure de relever les défis actuels et futurs. Il s'engage à accélérer les progrès sur l'Agenda 2030 pour le développement durable, à renforcer l'action climatique, à réformer le Conseil de sécurité des Nations unies, à faire progresser les efforts de désarmement, à promouvoir l'utilisation responsable des nouvelles technologies, à autonomiser les jeunes et à réformer l'architecture financière internationale.
Lors du sommet, qui s'est tenu au siège de l'ONU les 22 et 23 septembre, les dirigeants ont également adopté une Déclaration historique sur les générations futures, s'engageant à donner la priorité au bien-être des générations futures en faisant progresser le développement durable, la paix et l'équité. Le sommet a également approuvé un Pacte mondial pour le numérique, qui présente une vision audacieuse pour un « avenir numérique inclusif, ouvert, durable, équitable, sûr et sécurisé qui profite à tous ».
« Le Pacte mondial pour le numérique offre une occasion unique d'exploiter la science et la technologie en tant que moteurs de la justice sociale et du travail décent », a déclaré M. Houngbo. « Les organisations de travailleurs et d'employeurs joueront un rôle crucial dans l'élaboration d'une gouvernance mondiale saine pour les technologies numériques ».
La récente déclaration de l'OIT sur le Sommet du Futura mis l'accent sur la nécessité de renforcer la collaboration entre les institutions multilatérales, afin de répondre aux tendances mondiales qui affectent le monde du travail. Elle a également souligné l'importance de la mobilisation des ressources pour relever les principaux défis, en particulier la réalisation des Objectifs de développement durable.
La Coalition mondiale pour la justice socialede l'OIT illustre cet engagement renouvelé en faveur de la coopération multilatérale. Avec près de 30 partenaires, issus de gouvernements, d'organisations internationales, de banques de développement, d'universités, d'organisations de travailleurs et d'employeurs, cette coalition innovante rassemble un large éventail de parties prenantes pour aborder les questions mondiales du travail et faire progresser les objectifs de développement durable.
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Le mythe du dépassement : on ne peut pas continuer à brûler des combustibles fossiles et s’attendre à ce que les scientifiques du futur nous ramènent à 1,5 °C

Tiré de The Conversation
https://theconversation.com/the-overshoot-myth-you-cant-keep-burning-fossil-fuels-and-expect-scientists-of-the-future-to-get-us-back-to-1-5-c-230814
Publié : 20 août 2024 à 7 h 44 HAE
Auteurs
James Dyke
Professeur agrégé en sciences du système terrestre, Université d'Exeter
Robert Watson
Professeur émérite en sciences de l'environnement, Université d'East Anglia
Wolfgang Knorr
Chercheur principal, Géographie physique et sciences des écosystèmes, Université de Lund
Déclaration d'information
James Dyke est affilié à Faculty for a Future.
Robert Watson et Wolfgang Knorr ne travaillent pas, ne consultent pas, ne possèdent pas d'actions ou ne reçoivent pas de financement d'une entreprise ou d'une organisation qui pourrait bénéficier de cet article, et n'ont divulgué aucune affiliation pertinente au-delà de leur nomination universitaire.
Une production recordde combustibles fossiles, des émissions de gaz à effet de serre record et destempératures extrêmes. Comme la proverbiale grenouille dans la casserole d'eau chauffée, nous refusons de répondre à la crise climatique et écologique avec un sentiment d'urgence. Dans de telles circonstances, les affirmations de certains selon lesquelles le réchauffement climatique peut encore être limité à 1,5 °C prennent une tournure surréaliste.
Par exemple, au début des négociations internationales sur le climat de 2023 à Dubaï, le président de la conférence, Sultan Al Jaber, a déclaré avec audace que son objectif était de 1,5 °C et que sa présidence serait guidée par un « profond sentiment d'urgence » pour limiter les températures mondiales à 1,5 °C. Il a fait de telles promesses alors qu'il prévoyait une augmentation massivede la production de pétrole et de gazen tant que PDG de la compagnie pétrolière nationale d'Abu Dhabi.
Nous ne devrions pas être surpris de voir un tel comportement de la part du chef d'une entreprise de combustibles fossiles. Mais Al Jaber n'est pas une exception. Grattez la surface de presque tous les engagements ou politiques de zéro émission nette qui prétendent être alignés sur l'objectif de 1,5 °C de l'accord historique de Paris de 2015 et vous découvrirez le même type de raisonnement : nous pouvons éviter un changement climatique dangereux sans faire ce que cela exige – c'est-à-dire réduire rapidement les émissions de gaz à effet de serre de l'industrie. les transports, l'énergie (70 % du total) et les systèmes alimentaires (30 % du total), tout en renforçant l'efficacité énergétique.
Un exemple particulièrement instructif est Amazon. En 2019, l'entreprise s'est fixé un objectif de zéro émission nette pour 2040, qui a ensuite été vérifié par l'initiative Science Based Targets (SBTi)des Nations Unies, qui a mené la charge pour amener les entreprises à établir des objectifs climatiques compatibles avec l'accord de Paris. Mais au cours des quatre années suivantes,les émissions d'Amazon ont augmenté de 40 %. Compte tenu de cette performance lamentable, la SBTi a été contrainte d'agir et a retiré Amazon et plus de 200 entreprises de sa norme Corporate Net Zero.
Ce n'est pas non plus surprenant étant donné que la neutralité carbone et même l'accord de Paris ont été construits autour de la nécessité perçue de continuer à brûler des combustibles fossiles, du moins à court terme. Ne pas le faire menacerait la croissance économique, étant donné que les combustibles fossiles fournissent encore plus de 80 % de l'énergie mondiale totale. Lesmilliers de milliards de dollars d'actifs liés aux combustibles fossiles menacés par la décarbonisation rapide ont également servi de puissants freins à l'action climatique.
Déborder
La façon de comprendre cette double pensée : que nous pouvons éviter un changement climatique dangereux tout en continuant à brûler des combustibles fossiles – est qu'elle repose sur le concept de dépassement. La promesse est que nous pouvons dépasser n'importe quel réchauffement, le déploiement de l'élimination du dioxyde de carbone à l'échelle planétaire faisant baisser les températures d'ici la fin du siècle.
Non seulement cela paralyse toute tentative de limiter le réchauffement à 1,5 °C, mais cela risque d'entraîner des niveaux catastrophiques de changement climatique, car cela nous enferme dans des solutions à forte intensité énergétique et matérielle qui, pour la plupart, n'existent que sur le papier.
Affirmer que nous pouvons dépasser en toute sécurité 1,5 °C, ou n'importe quelle quantité de réchauffement, c'est dire la chose la plus silencieuse à voix haute : nous ne nous soucions tout simplement pas de la quantité croissante de souffrances et de décès qui seront causées pendant que la reconstruction est en cours.
L'élimination du dioxyde de carbone est un élément clé du dépassement. Il s'agit essentiellement d'une machine à remonter le temps – on nous dit que nous pouvons revenir en arrière de décennies de retard en aspirant le dioxyde de carbone directement de l'atmosphère. Nous n'avons pas besoin d'une décarbonisation rapide maintenant, car à l'avenir, nous serons en mesure de récupérer ces émissions de carbone. Si ou quand cela ne fonctionne pas, nous sommes amenés à croire que des approches de géo-ingénierie encore plus farfelues, telles que la pulvérisation decomposés sulfureux dans la haute atmosphère pour tenter de bloquer la lumière du soleil – ce qui équivaut à la réfrigération planétaire – nous sauveront.
L'accord de Paris de 2015 a été une réalisation étonnante. L'établissement d'un plafond de réchauffement de 1,5 °C convenu au niveau international a été un succès pour les personnes et les nations les plus exposées aux aléas climatiques. Nous savons que chaque fraction de degré compte. Mais à l'époque, croire que le réchauffement pouvait vraiment être limité à bien en dessous de 2 °C nécessitait un acte de foi lorsqu'il s'agissait de nations et d'entreprises mettant l'épaule à la roue de la décarbonisation. Ce qui s'est passé au lieu de cela, c'est que l'approche zéro émission nette de Paris se détache de la réalité car elle s'appuie de plus en plus sur des niveaux de science-fiction de technologie spéculative.
Il y a sans doute un problème encore plus important avec l'accord de Paris. En définissant le changement climatique en termes de température, il se concentre sur les symptômes, et non sur la cause. 1,5 °C ou n'importe quelle quantité de réchauffement est le résultat de la modification du bilan énergétique du climat par l'homme en augmentant la quantité de dioxyde de carbone dans l'atmosphère. Cela emprisonne plus de chaleur. Les changements de la température moyenne mondiale sont la façon établie de mesurer cette augmentation de la chaleur, mais personne ne connaît cette moyenne.
Le changement climatique est dangereux en raison des conditions météorologiques qui affectent des endroits particuliers à des moments particuliers. En termes simples, cette chaleur supplémentaire rend le temps plus instable. Malheureusement, le fait d'avoir des objectifs de température fait que la géo-ingénierie solaire semble être une approche raisonnable, car elle peut faire baisser les températures. Mais il le fait en ne réduisant pas, mais en augmentant notre interférence dans le système climatique. Essayer de bloquer le soleil en réponse à l'augmentation des émissions de carbone, c'est comme allumer la climatisation en réponse à un incendie de maison.
En 2021, nousavons fait valoir que la neutralité carbone était un piège dangereux. Trois ans plus tard, nous pouvons voir les mâchoires de ce piège commencer à se refermer, la politique climatique étant de plus en plus conçue en termes de dépassement. Les impacts qui en résultent sur la sécurité alimentaire et hydrique, la pauvreté, la santé humaine, la destruction de la biodiversité et des écosystèmes produiront des souffrances intolérables.
La situation exige de l'honnêteté et un changement de cap. Si cela ne se concrétise pas, les choses risquent de se détériorer, potentiellement rapidement et d'une manière qui peut êtreimpossible à contrôler.
Au revoir Paris
Le moment est venu d'accepter que la politique climatique a échoué et que l'accord historique de Paris de 2015 est mort. Nous l'avons laissé mourir en prétendant que nous pourrions à la fois continuer à brûler des combustibles fossiles et éviter un changement climatique dangereux. Plutôt que d'exiger l'élimination immédiate des combustibles fossiles, l'accord de Paris a proposé des objectifs de température du 22e siècle qui pourraient être atteints en équilibrant les sources et les puits de carbone. C'est dans cette ambiguïté que le net zéro a prospéré. Et pourtant, en dehors du choc économique de la COVID en 2020, les émissions ont augmenté chaque année depuis 2015, atteignant un niveau record en 2023.
Bien qu'il existe de nombreuses preuves que l'action climatique a du senssur le plan économique (le coût de l'inaction dépasse largement le coût de l'action), aucun pays n'a réaffirmé ses engagements lors des trois dernières COP (les réunions internationales annuelles de l'ONU), même s'il était clair que le monde était sur le point de dépasser les 2 °C, et encore moins 1,5 °C. L'accord de Paris devrait permettre de réduire de 50 % les émissions de gaz à effet de serre d'ici 2030, mais les politiques actuelles signifient qu'elles sont en passe d'être plus élevées qu'elles ne le sont aujourd'hui.
Les émissions de gaz à effet de serre continuent d'augmenter. Catazul/Pixabay, CC BY
Nous ne nions pas que des progrès significatifs ont été réalisés avec les technologies renouvelables. Les taux de déploiement de l'éolien et du solaire ont augmenté chaque année au cours des 22 dernières années et les émissions de carbone diminuent dans certains des pays les plus riches, dont le Royaume-Uni et les États-Unis. Mais cela ne se produit pas assez vite. Un élément central de l'accord de Paris est que les pays les plus riches doivent mener les efforts de décarbonisation afin de donner aux pays à faible revenu plus de temps pour s'éloigner des combustibles fossiles. Malgré certaines affirmations contraires, la transition énergétique mondiale n'est pas en plein essor. En fait, elle n'a pas vraiment commencé parce que la transition exige une réduction de l'utilisation des combustibles fossiles. Au lieu de cela, il continue d'augmenter d'année en année.
C'est pourquoi les décideurs politiques se tournent vers le dépassement pour tenter de prétendre qu'ils ont un plan pour éviter un changement climatique dangereux. Un élément central de cette approche est que le système climatique continuera à l'avenir à fonctionner comme il le fait aujourd'hui. C'est une supposition imprudente.
Les signes avant-coureurs de 2023
Au début de l'année 2023, Berkeley Earth, la NASA, le Met Office du Royaume-Uni et Carbon Brief ont prédit que 2023 serait légèrement plus chaude que l'année précédente, mais qu'il était peu probable qu'elle établisse des records. Douze mois plus tard, les quatre organisations ont conclu que 2023 était de loin l'année la plus chaude jamais enregistrée. En effet, entre février 2023 et février 2024, le réchauffement de la température moyenne mondiale a dépassé l'objectif de Paris de 1,5 °C.
Les événements météorologiques extrêmes de 2023 nous donnent un aperçu des souffrances que produira un réchauffement climatique supplémentaire. Un rapport de 2024 du Forum économique mondial a conclu que d'ici 2050, le changement climatique pourrait avoir causé plus de 14 millions de morts et 12,5 billions de dollars américains de pertes et de dommages.
À l'heure actuelle, nous ne pouvons pas expliquer entièrement pourquoi les températures mondiales ont été si élevées au cours des 18 derniers mois. Les changements dans la poussière, la suie et d'autres aérosols sont importants, et il y a des processus naturels tels qu'El Niño qui auront un effet.
Mais il semble qu'il y ait encore quelque chose qui manque dans notre compréhension actuelle de la façon dont le climat réagit aux impacts humains. Cela inclut les changements dans le cycle naturel vital du carbone de la Terre.
Environ la moitié de tout le dioxyde de carbone que les humains ont émis dans l'atmosphère au cours de l'histoire de l'humanité est allée dans des « puits de carbone » sur terre et dans les océans. Nous obtenons cette élimination du carbone « gratuitement », et sans elle, le réchauffement serait beaucoup plus élevé. Le dioxyde de carbone de l'air se dissout dans les océans (ce qui les rend plus acides, ce qui menace les écosystèmes marins). Dans le même temps, l'augmentation du dioxyde de carbone favorise la croissance des plantes et des arbres, ce qui emprisonne le carbone dans leurs feuilles, leurs racines et leurs troncs.
Toutes les politiques et tous les scénarios climatiques supposent que ces puits de carbone naturels continueront à retirer des dizaines de milliards de tonnes de carbone de l'atmosphère chaque année.Il est prouvé que les puits de carbone terrestres, tels que les forêts, ont éliminé beaucoup moins de carbone en 2023. Si les puits naturels commencent à tomber en panne – ce qui pourrait bien se produire dans un monde plus chaud– la tâche d'abaisser les températures mondiales devient encore plus difficile. La seule façon crédible de limiter le réchauffement à une quelconque quantité est d'arrêter d'émettre des gaz à effet de serre dans l'atmosphère en premier lieu.
Solutions de science-fiction
Il est clair que les engagements pris à ce jour par les pays dans le cadre de l'accord de Paris ne protégeront pas l'humanité alors que les émissions de carbone et les températures continuent de battre des records. En effet, proposer de dépenser des milliards de dollars au cours de ce siècle pour aspirer le dioxyde de carbone de l'air, ou la myriade d'autres moyens de pirater le climat est une reconnaissance que les plus grands pollueurs du monde ne vont pas freiner la combustion des combustibles fossiles.
La capture directe dans l'air (DAC),le captage et le stockage du carbone dans la bioénergie (BECCS), l'alcalinité accrue des océans, le biochar, l'injection d'aérosols sulfatés, l'amincissement des cirrus– toutes les courses farfelues de l'élimination du dioxyde de carbone et de la géo-ingénierie n'ont de sens que dans un monde où la politique climatique a échoué.
Au cours des prochaines années, nous allons voir les impacts climatiques augmenter. Les vagues de chaleur mortelles vont devenir plus courantes. Les tempêtes et les inondations vont devenir de plus en plus destructrices. De plus en plus de personnes vont être déplacées de leurs foyers. Les récoltes nationales et régionales seront mauvaises. D'énormes sommes d'argent devront être dépensées pour s'adapter au changement climatique, et peut-être même plus pour indemniser les personnes les plus touchées. On s'attend à ce que nous croyions que, pendant que tout cela et bien d'autres choses se déroulent, de nouvelles technologies qui modifieront directement l'atmosphère terrestre et l'équilibre énergétique seront déployées avec succès.
De plus, certaines de ces technologies devront peut-être fonctionner pendanttrois cents anspour éviter les conséquences d'un dépassement. Plutôt que de ralentir rapidement les activités polluantes par le carbone et d'augmenter les chances que le système terrestre se rétablisse, nous misons plutôt sur le zéro net et le dépassement dans l'espoir de plus en plus désespéré que des solutions de science-fiction non testées nous sauveront de la dégradation du climat.
On peut voir le bord de la falaise s'approcher rapidement. Plutôt que d'appuyer sur les freins, certaines personnes poussent plutôt leur pied plus fort sur l'accélérateur. Leur justification de cette folie est que nous devons aller plus vite afin de pouvoir faire le saut et atterrir en toute sécurité de l'autre côté.
Nous pensons que beaucoup de ceux qui plaident en faveur de l'élimination du dioxyde de carbone et de la géo-ingénierie le font de bonne foi. Mais ils incluent des propositions visant à regeler l'Arctique en pompant de l'eau de mer sur les calottes glaciaires pour former de nouvelles couches de glace et de neige. Ce sont des idées intéressantes à rechercher, mais il y a très peu de preuves que cela aura un effet sur l'Arctique, sans parler du climat mondial. C'est le genre de nœuds dans lesquels les gens se nouent lorsqu'ils reconnaissent l'échec de la politique climatique, mais refusent de remettre en question les forces fondamentales derrière cet échec. Ils ralentissent involontairement la seule action efficace consistant à éliminer rapidement les combustibles fossiles.
C'est parce que les propositions visant à éliminer le dioxyde de carbone de l'air ou à faire de la géo-ingénierie pour le climat promettent une reprise après le dépassement, une reprise qui sera livrée par l'innovation, tirée par la croissance. Le fait que cette croissance soit alimentée par les mêmes combustibles fossiles qui sont à l'origine du problème ne figure pas dans leur analyse.
L'essentiel ici est que le système climatique est totalement indifférent à nos engagements et promesses. Il ne se soucie pas de la croissance économique. Et si nous continuons à brûler des combustibles fossiles, ceux-ci ne cesseront pas de changer jusqu'à ce que l'équilibre énergétique soit rétabli. D'ici là, des millions de personnes pourraient être mortes, et beaucoup d'autres seraient confrontées à des souffrances intolérables.
Principaux points de basculement climatiques
Même si nous supposons que l'élimination du carbone et même les technologies de géo-ingénierie peuvent être déployées à temps, il y a un très gros problème avec le plan de dépassement de 1,5 °C et d'abaisser les températures plus tard : les points de basculement.
La science des points de basculement progresse rapidement. À la fin de l'année dernière, l'un d'entre nous (James Dyke) et plus de 200 universitaires du monde entier ont participé à la production du Rapport mondial sur les points de basculement. Il s'agissait d'un examen des dernières données scientifiques sur l'emplacement des points de basculement dans le système climatique, ainsi que d'une exploration de la manière dont les systèmes sociaux peuvent entreprendre des changements rapides (dans la direction que nous voulons), produisant ainsi des points de basculement positifs. Les 350 pages du rapport contiennent de nombreuses preuves que l'approche du dépassement est un pari extraordinairement dangereux avec l'avenir de l'humanité. Certains points de basculement ont le potentiel de causer des ravages à l'échelle mondiale.
La fonte du pergélisol pourrait libérer des milliards de tonnes de gaz à effet de serre dans l'atmosphère et aggraver le changement climatique causé par l'homme. Heureusement, cela semble peu probable dans le contexte du réchauffement actuel. Malheureusement, le risque que les courants océaniques de l'Atlantique Nord s'effondrent peut être beaucoup plus élevé qu'on ne le pensait auparavant. Si cela devait se concrétiser, les systèmes météorologiques du monde entier, mais en particulier en Europe et en Amérique du Nord, seraient plongés dans le chaos. Au-delà de 1,5°C, les récifs coralliens d'eau chaude sont en voie d'anéantissement. Les dernières données scientifiques concluent que d'ici 2°C, les récifs mondiaux seraient réduits de 99%. L'épisode dévastateur de blanchissement qui se déroule dans la Grande Barrière de corail fait suite à de multiples événements de mortalité massive. Il ne suffit pas de dire que nous assistons à la mort de l'une des plus grandes merveilles biologiques du monde. Nous le tuons sciemment.
Nous avons peut-être même déjà franchi des points de basculement climatiques majeurs. La Terre a deux grandes calottes glaciaires, l'Antarctique et le Groenland. Les deux disparaissent en raison du changement climatique. Entre 2016 et 2020, la calotte glaciaire du Groenland a perdu en moyenne 372 milliards de tonnes de glace par an.La meilleure évaluation actuelle du moment où un point de basculement pourrait être atteint pour la calotte glaciaire du Groenland se situe autour de 1,5 °C.
Cela ne signifie pas que la calotte glaciaire du Groenland s'effondrera soudainement si le réchauffement dépasse ce niveau. Il y a tellement de glace (environ 2 800 milliards de tonnes) qu'il faudrait des siècles pour qu'elle fonde, période au cours de laquelle le niveau de la mer augmenterait de sept mètres. Si les températures mondiales pouvaient être ramenées à la baisse après un point de basculement, alors peut-être que la calotte glaciaire pourrait être stabilisée. Nous ne pouvons tout simplement pas dire avec certitude qu'une telle reprise serait possible. Alors que nous nous débattons avec la science, 30 millions de tonnes de glace fondent à travers le Groenland toutes les heures en moyenne.
Le message à retenir de la recherche sur ces points de basculement et d'autres est que la poursuite du réchauffement nous accélère vers la catastrophe. C'est une science importante, mais quelqu'un écoute-t-il ?
Il est minuit moins cinq... encore
Nous savons que nous devons agir de toute urgence contre le changement climatique, car on nous répète sans cesse que le temps presse. En 2015, le professeur Jeffrey Sachs, conseiller spécial de l'ONU et directeur de l'Institut de la Terre, a déclaré :
Le moment est enfin arrivé – nous avons parlé de ces six mois pendant de nombreuses années, mais nous y sommes maintenant. C'est certainement la meilleure chance de notre génération de se mettre sur les rails.
En 2019, le prince Charles a prononcé un discours dans lequel il a déclaré : « Je suis fermement convaincu que les 18 prochains mois décideront de notre capacité à maintenir le changement climatique à des niveaux viables et à restaurer la nature à l'équilibre dont nous avons besoin pour notre survie. »
« Nous avons six mois pour sauver la planète », a exhorté le chef de l'Agence internationale de l'énergie, Fatih Birol, un an plus tard, en 2020. En avril 2024, Simon Stiell, secrétaire exécutif de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques, a déclaré que les deux prochaines années étaient « essentielles pour sauver notre planète ».
Soit la crise climatique a une caractéristique très heureuse qui permet de réinitialiser sans cesse le compte à rebours de la catastrophe, soit nous nous berçons d'illusions en déclarant sans fin que le temps n'est pas tout à fait écoulé. Si vous pouvez appuyer à plusieurs reprises sur snooze sur votre réveil et vous rendormir, votre réveil ne fonctionne pas.
Ou il y a une autre possibilité. Souligner que nous avons très peu de temps pour agir vise à attirer l'attention sur les négociations climatiques. Cela fait partie d'une tentative plus large non seulement de réveiller les gens face à la crise imminente, mais aussi de générer des actions efficaces. Ceci est parfois utilisé pour expliquer comment le seuil de réchauffement de 1,5 °C a été convenu. Plutôt qu'un objectif spécifique, il doit être compris comme un objectif ambitieux. Nous pouvons très bien échouer, mais en l'atteignant, nous avançons beaucoup plus vite que nous ne l'aurions fait avec un objectif plus élevé, comme 2°C. Par exemple, considérez cette déclaration faite en 2018 :
Étirer l'objectif à 1,5 degré Celsius ne consiste pas simplement à accélérer. Au contraire, quelque chose d'autre doit se produire et la société doit trouver un autre levier à actionner à l'échelle mondiale.
Quel pourrait être ce levier ? Une nouvelle réflexion sur l'économie qui va au-delà du PIB ? Une réflexion sérieuse sur la façon dont les pays industrialisés riches pourraient aider financièrement et matériellement les pays les plus pauvres à sauter les infrastructures de combustibles fossiles ? Des approches de démocratie participative qui pourraient aider à donner naissance à la nouvelle politique radicale nécessaire à la restructuration de nos sociétés alimentées par les combustibles fossiles ? Rien de tout cela.
Le levier en question est le captage et le stockage du carbone (CSC), car la citation ci-dessus provient d'un article écrit par Shell en 2018. Dans ce publireportage, Shell affirme que nous aurons besoin des combustibles fossiles pendant de nombreuses décennies à venir. Le CSC permet de promettre que nous pouvons continuer à brûler des combustibles fossiles et éviter la pollution par le dioxyde de carbone en piégeant le gaz avant qu'il ne quitte la cheminée. En 2018, Shell faisait la promotion de son élimination du carbone et de ses compensations lourdes Sky Scenario, une approche décrite comme « un fantasme dangereux » par d'éminents universitaires sur le changement climatique, car elle supposait que les émissions massives de carbone pouvaient être compensées par la plantation d'arbres.
Depuis lors, Shell a financé la recherche sur l'élimination du carbonedans les universités britanniques, probablement dans le but de renforcer ses arguments selon lesquels elle doit être en mesure de continuer à extraire de grandes quantités de pétrole et de gaz.
Shell est loin d'être le seul à agiter des baguettes magiques de capture du carbone. Exxon fait de grandes déclarations sur le CSC comme moyen de produire de l'hydrogène net zéro à partir de gaz fossile – des affirmations qui ont fait l'objet de critiques acerbes de la part d'universitaires, des rapports récents exposant l'écoblanchiment à l'échelle de l'industrie autour du CSC.
Mais la pourriture va beaucoup plus loin. Tous les scénarios de politique climatique qui proposent de limiter le réchauffement à près de 1,5 °C reposent sur les technologies largement non éprouvées du CSC et du BECCS. BECCS semble être une bonne idée en théorie. Plutôt que de brûler du charbon dans une centrale électrique, brûlez de la biomasse telle que des copeaux de bois. Il s'agirait initialement d'un moyen neutre en carbone de produire de l'électricité si vous cultiviez autant d'arbres que vous en abattiez et en brûliez. Si vous ajoutez ensuite des épurateurs dans les cheminées des centrales électriques pour capturer le dioxyde de carbone, puis que vous enterrez ce carbone profondément sous terre, vous serez en mesure de produire de l'énergie tout en réduisant les concentrations de dioxyde de carbone dans l'atmosphère.
Malheureusement, il existe maintenant des preuves claires qu'en pratique, les BECCS à grande échelle auraient des effets très néfastes sur la biodiversité et lasécurité alimentaire et hydrique, compte tenu desgrandes quantités de terres qui seraient consacrées à des plantations d'arbres en monoculture à croissance rapide. La combustion de la biomasse peut même augmenter lesémissions de dioxyde de carbone. Drax, la plus grande centrale à biomasse du Royaume-Uni, produit désormais quatre fois plus de dioxyde de carbone que la plus grande centrale à charbon du Royaume-Uni.
Des messages de minuit moins cinq peuvent être motivés pour essayer de galvaniser l'action, pour souligner l'urgence de la situation et le fait que nous avons encore (juste) le temps. Mais le temps pour quoi faire ? La politique climatique n'offre jamais qu'un changement progressif, certainement rien qui ne menacerait la croissance économique ou la redistribution des richesses et des ressources.
Malgré les preuves de plus en plus nombreuses que le capitalisme mondialisé et industrialisé propulse l'humanité vers le désastre, cinq minutes avant minuit ne laissent ni le temps ni l'espace pour envisager sérieusement des alternatives. Au lieu de cela, les solutions proposées sont des solutions technologiques qui soutiennent le statu quo et insistent sur le fait que les entreprises de combustibles fossiles telles que Shell doivent faire partie de la solution.
Cela ne veut pas dire qu'il n'y a pas d'arguments de bonne foi pour 1,5°C. Mais être bien motivé ne change pas la réalité. Et la réalité, c'est que le réchauffement dépassera bientôt 1,5°C, et que l'accord de Paris a échoué. À la lumière de cela, demander à plusieurs reprises aux gens de ne pas perdre espoir, que nous pouvons éviter une issue désormais inévitable risque de devenir contre-productif. Parce que si vous insistez sur l'impossible (brûler des combustibles fossiles et éviter un changement climatique dangereux), alors vous devez invoquer des miracles. Et il y a toute une industrie des combustibles fossiles qui cherche désespérément à vendre de tels miracles sous la forme de CSC.
Quatre suggestions
L'humanité a assez de problèmes en ce moment, ce dont nous avons besoin, ce sont des solutions. C'est la réponse que nous obtenons parfois lorsque nous affirmons que le concept de carboneutralité et l'accord de Paris posent des problèmes fondamentaux. Cela peut se résumer par la simple question : quelle est votre suggestion ? Ci-dessous, nous en proposons quatre.
1. Laisser les combustibles fossiles dans le sol
La réalité inévitable est que nous devons rapidement arrêter de brûler des combustibles fossiles. La seule façon d'en être sûr, c'est de les laisser dans le sol. Nous devons cesser d'explorer de nouvelles réserves de combustibles fossiles et d'exploiter les réserves existantes. Cela pourrait se faire en arrêtant le financement des combustibles fossiles.
Dans le même temps, nous devons transformer le système alimentaire, en particulier le secteur de l'élevage, étant donné qu'il est responsable de près des deux tiers des émissions agricoles. Commencez par là et déterminez ensuite la meilleure façon de distribuer les biens et services des économies. Ayons des arguments à ce sujet basés sur la réalité, pas sur des vœux pieux.
2. Abandonnez les cibles de boule de cristal net zéro
L'ensemble de la définition des objectifs de zéro émission nette du milieu et de la fin du siècle devrait être mis à la poubelle. Nous sommes déjà dans la zone de danger. La situation exige des actions immédiates, et non des promesses d'équilibrer les budgets carbone dans les décennies à venir. La SBTi devrait se concentrer sur les réductions d'émissions à court terme. D'ici 2030, les émissions mondiales devront être deux fois moins élevées qu'aujourd'hui pour avoir une chance de limiter le réchauffement à 2 °C maximum.
Il est de la responsabilité de ceux qui détiennent le plus de pouvoir – les politiciens et les chefs d'entreprise – d'agir maintenant. À cette fin, nous devons exiger deux objectifs : tous les plans de neutralité carbone doivent inclure un objectif distinct de réduction réelle des émissions de gaz à effet de serre. Nous devons cesser de cacher notre inaction derrière des promesses de retraits futurs. Ce sont nos enfants et les générations futures qui devront rembourser la dette excédentaire.
3. Fonder la politique sur la crédibilité des sciences et de l'ingénierie
Toutes les politiques climatiques doivent être basées sur ce qui peut être fait dans le monde réel maintenant, ou dans un avenir très proche. S'il est établi qu'une quantité crédible de carbone peut être éliminée par une approche proposée – qui comprend le captage et son stockage permanent sûr – alors et seulement alors, cela peut être inclus dans les plans de neutralité carbone. Il en va de même pour la géo-ingénierie solaire.
Les technologies spéculatives doivent être retirées de toutes les politiques, de tous les engagements et de tous les scénarios jusqu'à ce que nous soyons sûrs de la façon dont elles fonctionneront, de la façon dont elles seront surveillées, signalées et validées, et de ce qu'elles feront non seulement au climat, mais aussi au système terrestre dans son ensemble. Cela nécessiterait probablement une très forte augmentation de la recherche. En tant qu'universitaires, nous aimons faire de la recherche. Mais les universitaires doivent se méfier du fait que la conclusion « nécessite plus de recherches » n'est pas interprétée comme « avec un peu plus de financement, cela pourrait fonctionner ».
4. Soyez réaliste
Enfin, dans le monde entier, il existe des milliers de groupes, de projets, d'initiatives et de collectifs qui œuvrent pour la justice climatique. Mais alors qu'il existe un projet de majorité climatique et un projet de réalité climatique, il n'y a pas de projet d'honnêteté climatique (bien que People Get Reals'en rapproche). En 2018, Extinction Rebellion a été formé et a exigé que les gouvernements disent la vérité sur la crise climatique et agissent en conséquence. Nous pouvons maintenant voir que lorsque les politiciens faisaient leurs promesses de zéro émission nette, ils croisaient également les doigts dans leur dos.
Nous devons reconnaître que la neutralité carbone et maintenant le dépassement sont de plus en plus utilisés pour affirmer que rien de fondamental ne doit changer dans nos sociétés énergivores. Nous devons être honnêtes au sujet de notre situation actuelle et de la direction que nous prenons. Des vérités difficiles doivent être dites. Il s'agit notamment de mettre en évidence les vastes inégalités de richesse, d'émissions de carbone et de vulnérabilité au changement climatique.
Il est temps d'agir
Nous reprochons à juste titre aux politiciens de ne pas avoir agi. Mais à certains égards, nous avons les politiciens que nous méritons. La plupart des gens, même ceux qui se soucient du changement climatique, continuent d'exiger de l'énergie et de la nourriture bon marché, ainsi qu'un approvisionnement constant en produits de consommation. Réduire la demande en rendant les choses plus chères risque de plonger les gens dans la pauvreté alimentaire et énergétique, et les politiques de réduction des émissions dues à la consommation doivent donc aller au-delà des approches fondées sur le marché. La crise du coût de la vie n'est pas distincte de la crise climatique et écologique. Ils exigent que nous repensions radicalement le fonctionnement de nos économies et de nos sociétés, et à qui elles servent.
Pour revenir à la situation difficile de la grenouille bouillante au début, il est grand temps pour nous de sauter hors de la marmite. On peut se demander pourquoi nous n'avons pas commencé il y a des décennies. C'est ici que l'analogie offre des informations précieuses sur la neutralité carbone et l'accord de Paris. Parce que l'histoire de la grenouille bouillante, telle qu'elle est généralement racontée, passe à côté d'un fait crucial. Les grenouilles ordinaires ne sont pas stupides. Bien qu'ils s'assoient joyeusement dans l'eau qui se réchauffe lentement, ils tenteront de s'échapper une fois que cela deviendra inconfortable. La parabole telle qu'elle est racontée aujourd'hui est basée sur des expériences menées à la fin du 19ème siècle qui impliquaient des grenouilles qui avaient été « piquées » – une tige de métal avait été insérée dans leur crâne qui détruisait leur fonctionnement cérébral supérieur. Ces grenouilles radicalement lobotomisées flottaient en effet inertes dans l'eau qui les cuisait vivantes.
Les promesses de zéro émission nette et de reprise après le dépassement nous empêchent de lutter pour nous mettre en sécurité. Ils nous assurent que rien de trop drastique ne doit se produire pour l'instant. Soyez patient, détendez-vous. Pendant ce temps, la planète brûle et nous voyons toute sorte d'avenir durable partir en fumée.
Admettre les échecs de la politique sur le changement climatique ne signifie pas abandonner. Cela signifie accepter les conséquences d'une erreur et de ne pas faire les mêmes erreurs. Nous devons planifier des itinéraires vers un avenir sûr et juste à partir de là où nous sommes, plutôt que là où nous aimerions être. Le moment est venu de faire un bond en avant.
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Automobile. Comment la Chine est devenue championne du monde des batteries électriques

Les constructeurs chinois ont réussi à supplanter leurs concurrents sur le marché des batteries. Ils le doivent à l'accent mis depuis des années par le gouvernement sur la formation aux disciplines scientifiques et technologiques, ainsi qu'au triplement des dépenses consacrées à la recherche et développement, explique “The New York Times”.
23 septembre 2024 | tiré de Courrier international | Illustration : Xi Jinping. Technolo-Xi. Dessin de Joep Bertrams paru dans De Groene Amsterdammer, Pays-Bas.
https://www.courrierinternational.com/article/automobile-comment-la-chine-est-devenue-championne-du-monde-des-batteries-electriques_221381
La domination de la Chine sur les voitures électriques, qui menace de déclencher une guerre commerciale, trouve en réalité son origine dans certains laboratoires universitaires du Texas, où des chercheurs ont découvert, voilà plusieurs dizaines d'années, comment fabriquer des batteries à partir de minéraux bon marché et disponibles en abondance.
En exploitant cette trouvaille, des entreprises chinoises ont ensuite trouvé des solutions pour permettre aux batteries de tenir plus longtemps la charge et de supporter des recharges quotidiennes pendant plus de dix ans. Elles en fabriquent désormais en quantité, de manière fiable et bon marché. Elles produisent également la plupart des voitures électriques du parc mondial ainsi que de nombreux autres systèmes énergétiques propres.
En fait, les batteries ne sont qu'un exemple parmi d'autres de la capacité de la Chine à atteindre un niveau de sophistication technologique et industrielle lui permettant de rattraper – et même de dépasser – les démocraties industrielles développées. La liste des secteurs dans lesquels elle a effectué une percée est longue : des produits pharmaceutiques aux drones, en passant par les panneaux photovoltaïques ultra-performants.
Pour prendre la mesure du défi posé par Pékin à la suprématie technologique américaine depuis la Seconde Guerre mondiale, il suffit de se rendre dans des salles de cours en Chine ou de consulter les budgets des entreprises chinoises, ainsi que les directives émanant des plus hautes sphères du Parti communiste chinois (PCC).
Priorité aux filières scientifiques
Les étudiants chinois sont beaucoup plus nombreux qu'ailleurs à se spécialiser dans les sciences, les mathématiques et l'ingénierie. De plus, leur proportion continue d'augmenter alors que les inscriptions dans l'enseignement supérieur ont plus que décuplé depuis l'an 2000.
Par ailleurs, les dépenses consacrées à la recherche et développement ont explosé : ces dix dernières années, elles ont triplé, propulsant la Chine à la deuxième place mondiale derrière les États-Unis. Les chercheurs chinois occupent une place de premier plan : ils ont publié des articles très en vue au sujet de 52 des 64 technologies considérées comme essentielles, selon un décompte effectué récemment par l'Australian Strategic Policy Institute [ASPI, l'Institut australien de politique stratégique]. Et le mois dernier, les dirigeants chinois ont promis de faire franchir un nouveau palier à la recherche dans leur pays.
Lors d'une réunion des dirigeants du PCC qui se tient tous les dix ans, ceux-ci ont décrété que la formation et l'enseignement scientifiques devaient être l'une des principales priorités économiques du pays. La résolution finale adoptée à l'issue de cet événement a accordé à cet objectif une importance supérieure à celle de toutes les autres mesures, à l'exception de celle visant à renforcer le parti lui-même.
La Chine “va prendre des dispositions exceptionnelles pour les disciplines et les filières dont elle a besoin de façon urgente”, a déclaré Huai Jinpeng, le ministre de l'Éducation.
“Nous comptons mettre en œuvre une stratégie nationale pour cultiver les meilleurs talents.”
Selon le ministère de l'Éducation, la majorité des étudiants chinois de premier cycle se spécialisent en mathématiques, sciences, ingénierie ou agriculture. C'est aussi le cas de trois doctorants sur quatre. À titre de comparaison, aux États-Unis, ces disciplines n'attirent qu'un cinquième des étudiants de premier cycle et un doctorant sur deux. À noter cependant que ces chiffres se fondent sur une définition un peu plus stricte de ces spécialités aux États-Unis.
Des labos très bien équipés
L'avance de la Chine est particulièrement marquée dans le secteur des batteries. Selon l'ASPI, 65,5 % des articles scientifiques les plus cités sur la technologie des batteries sont le fait de chercheurs chinois, contre seulement 12 % pour les Américains. En outre, les deux plus grands fabricants mondiaux de batteries de voitures électriques, CATL et BYD, sont tous deux chinois.
La Chine propose près de 50 programmes d'études supérieures consacrés à la chimie ou à la métallurgie des batteries, tandis qu'aux États-Unis seuls quelques professeurs travaillent dans ce domaine. Selon Hillary Smith, professeure de physique des batteries au Swarthmore College [université de Swarthmore, près de Philadelphie], on constate aux États-Unis un intérêt croissant des étudiants de premier cycle pour la recherche sur les batteries. Mais “ils vont devoir jouer des coudes, car les places sont rares, et la plupart d'entre eux seront contraints de se réorienter”, ajoute-t-elle.
Pour découvrir les racines du succès de la Chine en matière de batteries, il faut se rendre à la Central South University de Changsha, une ville située dans le sud du pays qui est depuis longtemps un des bastions de l'industrie chimique chinoise. Cette université compte près de 60 000 étudiants de premier et second cycles, répartis sur un grand campus moderne. Son département de chimie, qui se trouvait autrefois dans un petit bâtiment en brique, a déménagé dans un édifice en béton de six étages, véritable labyrinthe de labos et de salles de classe.
Dans l'un de ces laboratoires, où brillent de nombreux voyants rouges, des centaines de batteries présentant de nouvelles compositions chimiques sont en train d'être testées. D'autres salles sont occupées par des microscopes électroniques et divers appareils de pointe. “Les équipements dont nous disposons pour réaliser des expériences sont suffisants à nos yeux pour répondre aux besoins de quiconque veut faire des tests”, explique le doctorant Zhu Fangjun.
Un enjeu géopolitique
Peng Wenjie, un professeur de l'université, a ouvert non loin d'ici un bureau d'études sur les batteries qui emploie une centaine de jeunes diplômés titulaires d'un doctorat ou d'une maîtrise, et plus de 200 assistants. Les assistants travaillent en relais avec les chercheurs. Ils peuvent donc tester de nouvelles compositions chimiques et des architectures de batterie vingt-quatre heures sur vingt-quatre. “Comme beaucoup de personnes sont présentes sur le site en même temps pour les essais, on est très efficaces”, souligne M. Peng.
L'expertise de plus en plus étendue de la Chine dans le secteur manufacturier est à l'origine d'un vif débat dans certains pays, notamment aux États-Unis : faut-il demander à des entreprises chinoises de venir construire des usines sur place ou vaut-il mieux essayer de reproduire ce que fait la Chine ?
“Si les États-Unis veulent mettre en place rapidement une chaîne d'approvisionnement, la meilleure solution pour eux est de solliciter des entreprises chinoises car elles la créeront en un rien de temps, en apportant avec elles leur technologie”, estime Feng An, fondateur du Centre d'innovation dans l'énergie et les transports, un organisme de recherche à but non lucratif implanté à Pékin et à Los Angeles.
L'industrie manufacturière représente 28 % du PIB de la Chine, contre seulement 11 % aux États-Unis. La Chine espère que ses investissements dans l'enseignement et la recherche scientifiques se traduiront par des gains d'efficacité qui contribueront à dynamiser l'ensemble de l'économie, nous confie Liu Qiao, directeur de l'École de gestion Guanghua de l'université de Pékin. Selon lui, “il est facile d'améliorer les niveaux de productivité, dès lors qu'on dispose d'un grand secteur manufacturier”.
Mais les prouesses de la Chine dans ce domaine posent problème sur le plan géopolitique. En effet, l'essor de l'industrie manufacturière étant alimenté en partie par des subventions et des mesures gouvernementales, de nombreux pays rechignent désormais à acheter des exportations chinoises.
Des usines chinoises aux États-Unis ?
Ainsi, l'Union européenne a décidé de taxer lourdement les véhicules électriques en provenance de Chine en leur imposant des droits de douane compensateurs. Les États-Unis ont fait de même pour stopper l'expansion des constructeurs chinois sur leur sol, tandis que les projets de coopération avec les fabricants chinois de batteries subissent des pressions politiques et commerciales qui les entravent.
Les fabricants chinois cherchent malgré tout des solutions pour produire aux États-Unis des batteries pour véhicules électriques. Mais construire et équiper ce genre d'usine aux États-Unis coûte six fois plus cher qu'en Chine, souligne Robin Zeng, président fondateur de CATL, et cela prend plus de temps – “trois fois plus”, selon lui.
Néanmoins, les États-Unis devancent toujours la Chine en ce qui concerne la dépense intérieure en recherche et développement (DIRD), en dollars mais aussi en pourcentage du PIB. L'année dernière, l'effort global de recherche, en hausse depuis plusieurs années, y a atteint 3,4 % du PIB, contre 2,6 % pour la Chine (en augmentation également).
“Que se passera-t-il lorsque la Chine, qui dispose déjà d'une solide assise manufacturière, dépassera les États-Unis en matière de R & D ?” s'interroge Craig Allen, le président de l'US-China Business Council, un organisme qui représente les entreprises américaines commerçant avec la Chine.
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Manifestation du 28 septembre 2024 en défense du droit à l’avortement

Le 28 septembre défendons le droit à l'avortement partout dans le monde
Tiré de Entre les lignes et les mots
https://www.bing.com/search?q=liban&gs_lcrp=EgZjaHJvbWUqBwgAEEUYwgMyBwgAEEUYwgMyBwgBEEUYwgMyBwgCEEUYwgMyBwgDEEUYwgMyBwgEEEUYwgMyBwgFEEUYwgMyBwgGEEUYwgMyBwgHEEUYwgPSAQo5OTgyNTJqMGo0qAIIsAIB&FORM=ANAB01&adppc=EDGEBRV&PC=EDGEBRV
Le 28 septembre, Journée internationale pour le droit à l'avortement, nous afficherons haut et fort notre solidarité avec toutes les femmes du monde et en particulier celles des pays où est interdit totalement ou partiellement le droit à l'avortement !
Chaque année, nous manifesterons pour que ce droit soit établi, appliqué, respecté, dans le monde, en Europe et en France.
En Argentine, le Président Milei cherche à revenir sur le droit à l'avortement, acquis de haute lutte en 2020. Les conséquences de la décision de la Cour suprême état-unienne de 2022, continuent à peser sur les femmes des USA dont certaines se rendent au Mexique où la Cour suprême a dépénalisé l'avortement en septembre 2023.
Partout où l'extrême droite arrive au pouvoir elle n'a de cesse de vouloir restreindre voire interdire les droits des femmes. C'est le cas dans différents pays européens comme en Italie, en Hongrie ou en Pologne. Les femmes polonaises en paient encore le prix fort malgré un changement politique qui peine à rétablir le droit à l'avortement. Il est essentiel d'inscrire le droit à l'avortement dans la Charte Européenne des Droits Fondamentaux
En France, parmi les député.e.s du RN il y a de farouches militant.e.s anti avortement ! Le nouveau gouvernement doit pénaliser les activistes anti IVG qui notamment attaquent des locaux du Planning familial, propagent de fausses informations sur le net, dénigrent les séances d'Éducation à la vie affective et sexuelle à l'école, essaient de dissuader les femmes d'avorter. Il est urgent de dissoudre ces associations anti-IVG.
En mars 2024, la « liberté garantie à la femme d'avoir recours à une interruption volontaire de grossesse » a été inscrite dans la Constitution française, ce dont nous nous réjouissons. Cependant, cette avancée ne suffit pas. Les conditions dans lesquelles s'exercent la « liberté garantie » pourraient toujours être revues à la baisse. Rien ne garantit les moyens humains et matériels, la double clause de conscience du personnel médical existe toujours. En outre, la nomination de Michel Barnier, qui a voté en 1982 contre le remboursement de l'IVG, requiert encore plus notre vigilance.
Nous exigeons afin de garantir l'application de la loi :
– l'accès aux soins, pour toutes, sur tous les territoires, tout le long de l'année avec la réouverture des CIVG fermés, des maternités et hôpitaux de proximité, le maintien de l'offre en ville.
– la garantie pour toutes du choix des méthodes pour l'IVG et la contraception,
– une politique claire et forte impulsant des campagnes publiques d'informations sur les droits sexuels et reproductifs ainsi que les séances d'éducation à la vie affective et sexuelle en milieu scolaire prévues par la loi du 4 juillet 2001
– une politique de production publique des médicaments essentiels, incluant ceux nécessaires à l'IVG, pour éviter toute pénurie Cela passe par la création d'établissements pharmaceutiques nationaux et européens financés par des fonds publics, pour produire, diffuser et gérer les stocks de médicaments. Depuis les effets d'annonce de juin 2023, rien ne s'est concrétisé.
Nous manifesterons donc le 28 septembre 2024 pour la défense et l'application effective du droit fondamental à l'avortement partout dans le monde.
MANIF PARIS 28 SEPTEMBRE 14h30
Premières signataires : Association nationale des centres d'interruption volontaire de grossesse, Association nationale des sages femmes orthogénistes, Collectif national pour les droits des femmes, Collectif CIVG Tenon, Coordination des associations pour le droit à l'avortement et la contraception, Femmes solidaires, Planning familial, Réseau féministe “Ruptures”, Union syndicale Solidaires, Marche Mondiale des Femmes France…
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La « tradition » n’est pas une excuse

Aizada Kanatbekova a été enlevée en plein jour à Bichkek, au Kirghizstan. Deux jours plus tard, cette jeune femme de 27 ans a été retrouvée morte étranglée à l'extérieur de la ville.
Tiré de Entre les lignes et les mots
photo Rassemblement devant le ministère de l'Intérieur du Kirghizstan demandant la démission de ses dirigeants après le meurtre de la jeune mariée kidnappée Aizada Kanatbekova et l'inaction présumée de la police, à Bishkek, le 8 avril 2021. © 2021 Vladimir Pirogov/Reuters
Elle avait été enlevée par un groupe de personnes mené par un homme qui voulait la forcer à l'épouser.
La réaction de la police a été nulle, comme c'est trop souvent le cas dans ces affaires d'« enlèvement de fiancées » au Kirghizstan. Un témoin a raconté l'enlèvement à la police, qui avait également accès aux images des caméras de surveillance de la rue. La police de la ville de Bichkek a affirmé qu'elle menait des recherches sans relâche, mais les bureaux de la police régionale en dehors de Bichkek n'en savaient rien.
Plus de trois ans plus tard, les responsables de la police continuent d'échapper à toute mise en cause pour leur inaction, qui pourrait avoir contribué à la mort de Kanatbekova aux mains de son « kidnappeur de fiancée ». La semaine dernière, le tribunal de la ville de Bichkek a confirmé l'acquittement du chef de la police de l'époque, rejetant les accusations de négligence dans la mort de Kanatbekova.
L'enlèvement de mariées – c'est-à-dire l'enlèvement de femmes en vue d'un mariage forcé – est illégal au Kirghizstan. Toutefois, à l'instar de nombreuses violences fondées sur le genre dans le pays, ce phénomène reste un problème grave, car les autorités ne le prennent pas suffisamment au sérieux.
L'agence nationale de sécurité s'est engagée à s'attaquer au problème, mais les agents des forces de l'ordre sont généralement indifférents aux appels à l'aide des femmes qui subissent d'horribles abus. Des agents de police ont ignoré des cas choquants de femmes ayant reçu des coups de pied à la tête, ayant été brûlées, ayant eu les oreilles et le nez coupés, ou ayant été poignardées à mort dans des postes de police après avoir été laissées seules avec leur kidnappeur.
Je me souviens avoir entendu parler de ces « enlèvements de mariées » lorsque je me suis rendu pour la première fois au Kirghizstan il y a 30 ans. J'ai été choqué, mais les gens m'ont dit que c'était la « tradition ». Je crains que certains raisonnent encore ainsi.
Le mot « tradition » est trop souvent utilisé pour tenter de défendre des violations des droits humains – et pas seulement en Asie centrale – et cet argument semble malheureusement convaincant pour certaines personnes.
Pour ceux qui ont été élevés dans cette culture, il renforce l'idée que les choses sont intemporelles et ne peuvent pas changer. Pour ceux qui ne sont pas issus de cette culture, la crainte est de donner l'impression de critiquer les coutumes des autres et de s'exposer à des accusations de xénophobie.
C'est pourquoi beaucoup se taisent et font semblant de croire que ce qui est manifestement inacceptable est tout à fait normal dans le contexte local. Et la référence à la « tradition » devient l'excuse standard pour commettre d'horribles abus.
Mais, comme c'est souvent le cas, c'est en écoutant les victimes que l'on commence à comprendre clairement les choses. Demandez à la personne qui a été torturée pour ses croyances. Demandez à la personne jetée en prison pour ce qu'elle est. Demandez à la famille et aux amis de la personne enlevée et assassinée.
Ils vous diront que ce n'est pas leur « tradition ». C'est un crime. Et les autorités devraient le prendre au sérieux.
Andrew Stroehlein
Directeur des relations médias en Europe
https://www.hrw.org/fr/news/2024/09/17/la-tradition-nest-pas-une-excuse
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