Presse-toi à gauche !
Presse-toi à gauche ! propose à tous ceux et celles qui aspirent à voir grandir l’influence de la gauche au Québec un espace régulier d’échange et de débat, d’interprétation et de lecture de l’actualité de gauche au Québec...

8 mars : notre colère est sans limite et sans frontières !

Chaque année, nous avons encore plus de raisons d'être dans la rue pour hurler notre colère devant ce monde injuste et violent, en particulier pour les femmes.
Photo et article tirés de NPA 29
Solidaires avec toutes les femmes en situation de guerre
Depuis des mois nous parviennent des images et des témoignages insupportables de la situation de Palestine. Les femmes en particulier tentent de survivre avec leurs enfants, accouchent dans des conditions horribles… En ce 8 mars 2024, la solidarité avec le peuple palestinien, et en particulier avec les femmes de Palestine, est au premier rang de nos revendications.
Au Soudan ou en République démocratique du Congo, ce sont des millions de femmes qui sont exposées aux violences sexistes et sexuelles dans des contextes de conflits armés, de déplacements massifs de population, de relégation dans des camps de refugié.es.
En Ukraine aussi des viols et des violences sexistes sont perpétrées par l'armée russe.
Et lorsqu'elles fuient les situations de guerre, les migrantes, en plus de toutes les autres violences, sont soumises aux viols, aux agressions sexuelles, à l'escalavage.
Nous nous battons pour les femmes du monde entier
Nous voulons une paix juste et durable partout dans le monde parce que c'est une condition indispensable pour l'émancipation des toutes les femmes et des personnes LGBTI. Pour cela, ici en France, nous devons combattre les puissances impérialistes. En tout premier lieu, nous combattons la politique du gouvernement Français qui soutient Israël, qui défend ses intérêts en soutenant des dictatures en Afrique depuis des dizaines d'années, qui asphyxie les pays pauvres par le mécanisme de la dette, qui laisse mourir les migrant.es aux frontières de l'Europe… Ce sont les intérêts des grands groupes capitalistes à travers le monde, les profits générés par les ventes d'armes, les politiques impérialistes des Etats à leur service qui sont à l'origine de ces bains de sang, de toutes ces violences contre l'humanité, contre les femmes en particulier.
Se battre ici comme ailleurs
Pour enrayer ces logiques mortifères, nous devons trouver les forces pour peser sur nos gouvernements, construire nos luttes pour qu'elles pèsent politiquement. Pour cela nous devons être extrêmement nombreuses à manifester, à dénoncer le capitalisme, le patriarcat et leurs conséquences. Pour manifester massivement le 8 mars, nous devons être en lutte et nous sortir de la contrainte du travail salarié et du travail domestique. Pour cela, il n'y a pas d'autre solution que d'être en grève.
Le 8 mars, nous devons être dans la rue, en grève, nombreuses, solidaires et déterminées, pour détruire ce système capitaliste et patriarcal qui détruit nos vies.
Nous sommes en grève…
Nous sommes en grève pour les femmes du monde entier, contre les guerres impérialistes, pour le droit des peuples à vivre en paix sur leur territoire.
Nous sommes en grève contre toutes les violences subies par les femmes et les minorisé.es de genre ici comme ailleurs. La nouvelle vague de libération de la parole des femmes contre les violences sexistes et sexuelles dans le cinéma français résonne avec celles de toutes les femmes, dans tous les milieux.
Nous sommes en grève pour l'accueil inconditionnel de tou.tes les migrant.es victimes de violences sexistes et sexuelles, de violences de genre, des guerres…
Nous sommes en grève contre la domination et la surexploitation que subissent les femmes et les minorisé.es de genre.
Par nos mobilisations, par la grève, nous nous attaquons à l'ordre capitaliste et patriarcal, et parce que nous sommes unies, fortes et solidaires, nous changerons la société !
Mardi 27 février 2024
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*8 mars : la grève féministe s’organise*

Une cinquantaine d'associations féministes et de syndicats, soutenus par des partis politiques, appellent à cesser le travail et les tâches domestiques afin d'être nombreux et nombreuses à manifester pour les droits des femmes, le 8 mars.
Tiré de L'Humanité, France. Mise à jour le 28 février 2024 à 18h55
Par Kareen Janselme <https://www.humanite.fr/auteurs/kar...>
,
www.humanite.fr/feminisme/feminisme/8-mars-la-greve-feministe-sorganise <http://www.humanite.fr/feminisme/fe...>
Les Françaises seront-elles aussi nombreuses que leurs voisines suisses l'été dernier, où 300 000 personnes ont défilé dans les rues helvétiques à l'occasion de la grève féministe du 14 juin 2023 ? C'est l'enjeu de l'appel du Collectif du 8 mars pour la <https:/www.humanite.fr/social-et-e...>'>grève féministe .
« Face aux attaques du gouvernement, des droites et extrêmes droites, partout les femmes résistent ! » proclament une cinquantaine de signataires ( Collectif national pour les droits des femmes, Fédération nationale solidarité femmes, Osez le féminisme, Planning familial, NousToutes, Organisation de solidarité trans, Unef, CGT, Solidaires, FSU… ), soutenus par une vingtaine de partis politiques ( PCF, FI, les Écologistes… ).
*« L'extrême droite est toujours l'ennemie des femmes »*
« Le 8 mars est l'occasion de prendre la rue pour les premières de corvée, les femmes victimes de violence, les associations de terrain qui les soutiennent, les précaires, les mères isolées, les femmes migrantes attaquées par les dernières lois racistes de Gérald Darmanin », précise Anne Leclerc au nom du collectif.
Ce, dans un contexte particulier :vote au Sénat pour la https://www.humanite.fr/politique/a...>
,">constitutionnalisation de l'IVG<https:/www.humanite.fr/feminisme/m...>'>déclarations pro-Depardieu du président de la République malgré des accusations d'agressions sexuelles et de viols, banalisation des idées de l'extrême droite… Maryse rappelle d'ailleurs au nom deVisa ( Vigilance et initiatives syndicales antifascistes ) que « misogyne, réactionnaire, menteuse, l'extrême droite est toujours l'ennemie des femmes ». Et de décrire comment ce parti instrumentalise la cause au niveau européen pour mettre en avant des arguments racistes et xénophobes, ou essentialisant les femmes pour les renvoyer dans leur foyer.
Cette mobilisation sera aussi l'occasion, pour Ana Azaria, de Femmes Égalité, de dénoncer la loi immigration dont les nouvelles exigences de maîtrise du français pour obtenir une carte pluriannuelle sont particulièrement difficiles pour les femmes « qui travaillent sur des postes isolés ne leur permettant pas de parler le français régulièrement, avec des horaires hachés et des enfants à charge qui ne leur donnent pas du temps libre pour apprendre la langue ».
*Grève du travail domestique*
Myriam Lebkiri, de la CGT, rappelle les 80 % de temps partiels subis par des femmes, leur précarisation et le sexisme vécu au travail pour 80 % d'entre elles. « Pour la première fois, met en avant Murielle Guilbert de Solidaires, la CFDT et l'Unsa s'associent à la FSU, Solidaires et la CGT pour appeler à cette grève féministe. » Et celle-ci ne concernera pas exclusivement les travailleuses.
« Nous appelons aussi à la grève du travail domestique », insiste Soad Baba Aissa de Femmes solidaires, condamnant un inégal et sexué partage des tâches à la maison, entretenant la société patriarcale et capitaliste. « Ce n'est pas une question purement privée, mais un enjeu de politique publique alors qu'on comptabilise 16,4 milliards d'heures de travail domestique, soit 9 % du PIB mondial, aux trois quarts portés par des femmes. »
Concluant sur les tergiversations des sénateurs pour inscrire l'IVG dans la Constitution, Suzy Rojtman ( Avortement en Europe, les femmes décident a réclamé « 3 milliards pour lutter contre les violences et une loi-cadre », sous les applaudissements de toutes les associations.
Des femmes marchent derrière une banderole intitulée « Grève féministe » lors d'une manifestation
contre le projet de réforme des retraites, à l'occasion de la Journée internationale de la femme,
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La « marée verte » ou l’espoir féministe de démocratie en Amérique latine

La « marée verte » [1] qui traverse l'Amérique latine, dans la foulée des mobilisations pour la légalisation de l'avortement en Argentine, met au grand jour la lutte des femmes contre les inégalités. Et démontre qu'un féminisme actif est la condition sine qua non de l'avènement, de la revalorisation ou de l'intensification de la démocratie sur le continent. La participation des femmes est un frein social aux différentes formes d'autoritarisme et de violence.
Tiré de Entre les ligne et les mots
https://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2024/03/03/la-maree-verte-ou-lespoir-feministe-de-democratie-en-amerique-latine/
Avec l'aimable autorisation des Editions Syllepse
La télévision va de catastrophe en catastrophe : guerres, incendies, sécheresses, vagues de chaleur, tempêtes, tremblements de terre, tsunamis, pandémies, naufrages, etc. Le monde ne présente plus seulement une scène désolante, mais désespérée. Bien souvent, il semble qu'il est désormais impossible de changer cette situation. Au-delà de la clé poétique, épique ou pittoresque, l'idée d'espoir est, en ces temps, un outil central qui contribue à nous épargner l'angoisse d'un monde en crise et à surmonter la déception causée par la croyance en l'impossibilité de toute transformation. Il concourt en outre à renforcer la rébellion contre la frivolité et l'entertainment informatif comme unique façon de tolérer la réalité. La « marée verte » qui parcourt l'Amérique latine participe de ce nouvel espoir.
Même s'il ne constitue pas la solution à tous les problèmes, le féminisme a généré un mode d'organisation et de résistance mettant en évidence le fait que la participation sociale et politique vaut la peine. Son slogan « la lucha sirve (la lutte sert) » rend compte d'un espoir qui traverse différentes latitudes et qui peut se transformer en une consigne pour le changement.
Le chemin actuel, initié avec le mouvement « Ni Una Menos » (né en 2015 en Argentine et qui s'est ensuite étendu à toute l'Amérique latine), a provoqué une vague de manifestations et de revendications qui s'est concrétisée, en 2017, avec la campagne #MeToo et la revendication argentine pour un avortement légal, sûr et gratuit en 2018. Même s'il ne s'agit pas d'une course pour savoir qui a commencé, il s'avère important de souligner qu'il existe différents narratifs au sujet de l'actualité du mouvement féministe. Bien que certain·es préfèrent d'abord regarder vers les États-Unis et d'autres pays dénommés « centraux », le rôle joué par l'Amérique latine dans le renouvellement et renforcement du féminisme est évident.
De temps à autre, les caméras ne rappellent que le chemin foulé du tapis rouge. Elles s'arrêtent sur Hollywood, démontrant que certains yeux ne voient que ce que l'on veut bien leur montre r ; l'espace prétendument unique où les choses se passent. Cependant, s'il s'agit d'éclairer le chemin menant à une construction politique singulière, la lumière verte doit se poser sur les multiples héroïnes qui unirent la résistance aux dictatures, en exigeant une démocratie participative de citoyennes responsables. Et ce regard se focalise principalement sur l'Amérique latine.
Marée verte
La lutte pour la légalisation de l'avortement en Argentine en 2018 a provoqué un tsunami dans la région. Le foulard vert – né en Argentine, en écho au foulard blanc des « Mères et Grands-mères de la place de Mai » qui luttaient et continuent à lutter pour leurs fils, filles et petits-enfants disparu·es – s'est converti en un symbole d'identité et d'autonomie, de revendication pour les droits sexuels et reproductifs, ainsi qu'en une complicité entre femmes et diversités sexuelles des différents coins de toute l'Amérique latine. Mais la « marée verte » ou l'espoir féministe de démocratie aujourd'hui, c'est encore beaucoup plus que cela. C'est une bannière – peut-être la dernière multinationale et la seule qui soit née et se soit répandue au 21e siècle – qui exprime la conception plurinationale des féminismes latino-américains.
Le foulard comme la couleur furent adoptés en 2003 dans le cadre de la campagne pour l'avortement légal, sécurisé et gratuit, lancée cette même année lors de la Rencontre internationale des femmes qui s'est tenue dans la ville de Rosario. « Le foulard, comme l'écrivit la chercheuse chilienne Sofia Calvo (2019), s'est converti en un élément qui marquait non seulement sa présence, exprimait un récit clair et direct, mais qui faisait aussi communauté et appelait à la sororité ». La différence entre la possibilité d'accéder à l'avortement légal ou être condamnée à la clandestinité est une question de vie ou de mort. C'est la différence entre le plaisir et la souffrance, entre l'enfermement et la liberté.
La principale caractéristique de la marée verte fut, cependant, de promouvoir une façon singulière de faire de la politique. Il ne s'agissait pas seulement d'obtenir un droit, d'imposer un agenda, d'obtenir un jugement ou la sanction d'une loi, mais d'imprimer un cachet distinct. Il s'agissait et il s'agit d'une forme de combat pour les droits politiques qui portent en leur sein un espoir actif. Une manière de faire du monde un espace plus habitable, un endroit pour lequel l'effort et le plaisir de la lutte valent la peine.
Telle est en définitive la différence essentielle : celle qui confirme le fait qu'une démocratie est davantage aboutie avec un féminisme actif. La participation populaire, la création de consensus sociaux et les luttes législatives (avec des dynamiques d'assemblées, des discussions horizontales et la volonté d'occuper les espaces) ouvrent une fenêtre dans un monde qui conduit à la dépression, au découragement, à l'autoritarisme et à la répression.
Ce n'est pas seulement que le plat servi à table est délicieux, c'est surtout que la façon de le préparer crée la possibilité de mieux cuisiner d'autres plats pour beaucoup d'autres personnes, qui, autrement, souffriraient de la faim, mangeraient compulsivement ou tomberaient de la table. Ce n'est pas seulement que des lois ou des jugements soient édictés (même si certain·es se sentent déçu·es ; de toute façon, ils et elles luttent), mais bien que se mettent en place des modes alternatifs pour faire émerger de nouveaux consensus. La lutte féministe génère des modalités alternatives, davantage par-icipatives, de discussion et de prise de décision, développant la démocratie et la citoyenneté active au-delà du vote (mais intégrant celui-ci).
Ayelén Mazzina est secrétaire d'État de la femme, de la diversité et de l'égalité à la province de San Luis en Argentine. Âgée de trente et un ans seulement, elle est lesbienne et a les cheveux rasés sur les côtés. Détonnant dans les réunions formelles du cabinet, elle affirme : « Nous sommes le changement d'époque et nous devons réussir, quand nous occupons les endroits où se prennent les décisions importantes, à démocratiser et à humaniser la politique. Il faut écouter la base, appuyer sa participation et voir quels sont ses besoins réels, et non ceux qui se dessinent quand les pouvoirs publics les planifient depuis un bureau ».
La participation des femmes est un frein social aux différentes formes d'autoritarisme et de violence (violence de genre, mais pas uniquement), dans la mesure où elle met en avant le slogan « sí te metas » (si tu t'en mêles) qui prend le contrepied de la consigne répétée durant la dictature militaire argentine – « no te metas » (ne t'en mêle pas) – par laquelle, par crainte de disparaître, la citoyenneté était intimidée et amenée à ne pas s'occuper de ce qui « ne la regardait pas ».
La société de celles qui s'occupent de ce qui ne les regarde pas – celle où les voisin·es sauvent une jeune femme qui se fait violer dans une voiture, celle où un·e enseignant·e alerte lorsqu'une fille est battue chez elle, celle où une inconnue aide une adolescente harcelée dans le train, celle où une femme ramène une jeune chez elle plutôt que de la laisser s'effondrer dans un bar sous les effets de l'alcool – ne se réduit pas à un ensemble de « gestes individuels ». Elle met en évidence les manières de faire réseau que le féminisme promeut et qui génère une citoyenneté plus engagée et davantage de liens sociaux.
Défis à venir
Face à un monde dont les principales préoccupations semblent n'avoir pu être prévues quelques années plus tôt que par une série apocalyptique comme Years and Years, les questions soulevées par le féminisme ne doivent pas être considérées comme mineures ou collatérales par rapport aux conflits armés, aux guerres, aux désastres environnementaux et aux pandémies. À la différence de ce qui s'est souvent passé au cours de l'histoire, les inégalités auxquelles sont confrontées les femmes ne doivent pas être déplacées la « marée verte » ou l'espoir féministe de démocratie à un rang inférieur sur l'échelle des priorités, être considérées comme « moins importantes » ni oubliées en fonction d'urgences d'un autre ordre.
Les principaux conflits qui dévastent l'humanité ne se résoudront pas sans la participation des femmes. Au contraire, on aura besoin de femmes fortes, protégées et participatives. Et même si nous affirmons qu'on ne peut plus faire marche arrière, c'est exactement ce qui est en train de se passer : selon les rapports de la Commission économique pour l'Amérique latine et les Caraïbes (CEPAL), depuis la pandémie de covid-19, l'insertion des femmes au sein du travail a reculé de dix ans dans notre région.
Les reculs des droits des femmes sont intolérables. Non seulement parce que négliger le travail féminin et sous-estimer l'importance d'éradiquer les féminicides, la violence de genre, le harcèlement et les abus sexuels s'avère insupportables, mais parce que les femmes vives, épanouies et autonomes sont indispensables face à la crise climatique, aux conflits armés et aux urgences sanitaires.
Cela n'est pas seulement imputable au fait qu'historiquement ce sont les femmes qui ont consacré leur temps à prendre soin des un·es et des autres et que ce monde a besoin qu'on en prenne soin, mais bien parce que les rôles traditionnellement féminisés s'avèrent indispensables et ne peuvent être écartés. Il ne s'agit pas de demander aux femmes qu'elles continuent de prendre soin des autres sans être reconnues, mais de reconnaître l'importance de ses soins (del cuidado).
On a besoin, de plus, d'une attention politique et de la création de stratégies novatrices. Et cela non seulement pour l'agenda du genre, mais comme moteur de confluences. La marée verte en Argentine constitue un exemple. Elle n'a pas seulement obtenu la dépénalisation de l'avortement ; elle a dynamisé la « prise de soin du vert ». Les liens créés au cours de la campagne pour demander la légalisation de l'avortement forment aujourd'hui de nouveaux réseaux pour réclamer une loi sur les marécages et zones humides et nourrissent la participation active au Congrès et sur les réseaux sociaux pour obtenir une loi d'étiquetage des aliments.
La combinaison entre cause et effet, marketing des réseaux et approfondissement des enjeux, unité et mobilisation, campagnes et plaidoyer législatif est le résultat d'une tradition née en Argentine dans la lutte contre la dictature et pour les droits humains, qui a abreuvé le féminisme et s'est transplantée dans le combat environnemental. C'est une tresse qui, loin de se terminer dans un petit foulard, tresse d'autres foulards pour sortir du puits d'une société en phase terminale qui ne voit pas d'issue. Celle-ci existe cependant, à condition d'arriver à collaborer pour voir à nouveau la lumière à travers la participation sociale.
Le slogan des foulards verts qui a circulé en Argentine était : « éducation sexuelle pour décider, contraceptifs pour ne pas avorter, avortement légal pour ne pas mourir ». Aujourd'hui, les foulards sont un gage pour une paix active. Ni blanche ni neutre ni soumise, mais active. Ne pas mourir, c'est savoir encore se battre pour un monde où vit le vert de l'espoir. « La lutte sert ».
[1] Depuis le début du siècle en Argentine, puis en Amérique latine, le vert est devenu la couleur symbolique du militantisme féministe pour la légalisation du droit à l'avortement (NDLR).
Luciana Peker
Journaliste, écrivaine et militante pour les droits des femmes en Argentine, membre du collectif « Ni Una Menos » contre les féminicides, chroniqueuse à Infobae et Pagina/12, autrice de plusieurs essais dont La Révolution des filles (traduit et publié en français en 2022).
Article paru dans Nueva Sociedad (www.nuso.org), 2022, sous le titre : « La esperanza de la democracia es verde ».
Traduction de l'espagnol : Pierre Loyen et Frédéric Thomas
Bibliographie
Calvo S. Bonilla A. (2019), La revolución de los cuerpos : moda, feminismo y diversidad, Santiago de Chile, RIL.
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Déclaration bilan de clôture du FSM 2024 par le comité d’organisation népalais

Marche d'ouverture du FSM 2024 à Katmandou - crédit photo - droits réservés : Luna Choquette Loranger
Alors que la foule se déplaçait dans le centre de Katmandou jeudi, la taille du rassemblement était massive, mais c'est la diversité des participant.es qui s'est distinguée lors de la marche de solidarité de la 16e édition du Forum social mondial (FSM) 2024.
Tiré de Journal des Alternatives
https://alter.quebec/declaration-bilan-de-cloture-du-fsm-2024-par-le-comite-dorganisation-nepalais/?utm_source=Cyberimpact&utm_medium=email&utm_campaign=JdA-PA-2024-02-29
Par Collectif québécois En route pour le FSM 2024 au Népal -21 février 2024
Des vagues et des vagues de personnes venues du monde entier, la plupart en tenue traditionnelle, d'autres en vêtements indigènes, d'autres encore en vêtements de travail, d'autres en tenues décontractées ou en costumes, ont marché main dans la main au son du cri « Un autre monde est possible ». Il y avait des travailleuses et des travailleurs, la main-d'œuvre agricole et paysanne, des syndicats, des organisations de femmes, des organisations LGBTQI, des groupes indigènes, des organisations ethniques, des organisations de la société civile et des mouvements sociaux du monde entier. Cette marche et la grande cérémonie d'ouverture qui a suivi ont marqué le début du FSM 2024 à Katmandou.
Le Forum social mondial trouve son origine dans les mouvements de la société civile qui ont émergé contre la mondialisation à la fin des années 1990, ce qui a donné lieu au premier FSM à Porto Alegre, au Brésil, en 2001. Le processus d'organisation du FSM 2024 a débuté en novembre 2022, lorsque le Népal a été sélectionné comme pays d'accueil potentiel pour la 16e édition du FSM. Le processus de sélection a été mené par le Conseil international (CI) et le Forum social Asie-Pacifique (FSAP).
En mars 2023, le CI a décidé que le Népal serait le pays hôte et que Katmandou serait la ville. Cette décision a été immédiatement suivie par la mobilisation d'un conseil général, d'un comité d'organisation et de divers sous-comités au Népal, dont les membres travaillent bénévolement, tous et toutes déterminé.es à faire du FSM 2024 un succès.
Le comité d'organisation népalais (NOC) a ensuite entamé une planification minutieuse et a procédé à une mobilisation de masse dans le monde entier, ainsi qu'au lancement du site web du FSM. Les inscriptions organisationnelles et individuelles ont été mises en place, le Bhrikuti Mandap a été choisi comme lieu d'accueil et le comité d'organisation a tenu des réunions hebdomadaires pour suivre les progrès et faciliter les processus. Un programme de bénévolat a été lancé, ainsi qu'un programme d'applications. Tous les préparatifs visaient à assurer le bon déroulement du FSM 2024 à Katmandou.
Le calendrier du FSM a été finalisé après la date limite d'inscription, fin janvier. Les participant.es ont commencé à arriver en grand nombre pour le FSM et la cérémonie d'ouverture a commencé le 15 février avec le Bhrikuti Mandap rempli de personnes de tous les coins du monde, à la recherche d'espoir, d'inspiration et de solidarité.
Le FSM 2024 a vu plus de 50 000 participant.es, avec plus de 1400 organisations de six continents et 98 nations. Le Forum intercontinental de la jeunesse s'est déroulé simultanément avec 410 participant.es de plus de 30 nations. Plus de 400 activités ont été enregistrées, sous treize thèmes variés, y compris (mais sans s'y limiter) l'économie, la migration, la discrimination, le genre, la culture, la guerre et la paix, le changement climatique, les groupes indigènes, les droits humains, les mouvements sociaux, etc. La place des déclarations d'aujourd'hui a vu plus de 60 déclarations d'organisations du monde entier, s'engageant à continuer à travailler à la réalisation d'un autre monde, plus équitable et plus juste.
e FSM doit son succès à divers mouvements sociaux, institutions, organisations et individus. Nous souhaitons exprimer notre gratitude à Antonio Guterres, le Secrétaire général de l'ONU, pour son soutien et son message de solidarité. Nous remercions du fond du cœur les distinguées personnes intervenantes de notre cérémonie d'ouverture.
Nous remercions toutes les facultés, le personnel et les étudiant.es des campus Ratna Rajya, Nepal Law Campus et Balmiki Campus de l'université de Tribhuvan, ainsi que tout le personnel de Bhrikuti Mandap pour avoir mis à disposition les lieux pour le FSM 2024. Nous remercions la ville métropolitaine de Katmandou, la ville métropolitaine de Lalitpur, le bureau de l'administration du district de Katmandou, l'Office du tourisme du Népal, la police népalaise et le gouvernement du Népal pour leur soutien.
Nous remercions les forces de sécurité sur le site, les bénévoles du FSM qui nous ont donné de leur temps et de leurs efforts, la fédération des ONG du Népal qui a mis gratuitement ses bureaux à la disposition du secrétariat, la Fédération nationale des personnes handicapées du Népal qui a mis gratuitement ses bureaux à la disposition du secrétariat pendant le FSM, M. Pushpa Lal Shrestha, une personne habitant la municipalité de Budhanilkantha, qui a fourni gratuitement l'eau potable, et le Comité de gestion du Bhrikuti Mandap. Nous sommes reconnaissant.es à Phect Nepal et à l'hôpital Kathmandu Model de nous avoir fourni gratuitement un soutien médical et des ambulances pendant les cinq jours du FSM.
En outre, nous sommes reconnaissant.es aux membres de notre conseil international pour leur soutien continu, leurs suggestions et leurs efforts de collaboration, ainsi qu'au comité de facilitation Asie-Pacifique pour son soutien, ses conseils et pour avoir comblé les lacunes en matière de communication. Nous remercions les membres de la sous-commission du CNO pour leurs efforts inlassables afin de faire de cet événement un succès. Nous remercions toute la presse et le personnel des médias pour leur couverture et leur participation.
Enfin, nous remercions l'équipe du secrétariat pour ses efforts dévoués à la réussite du FSM 2024.
Enfin, nous vous remercions d'avoir participé à ce magnifique voyage et de faire partie de l'histoire et de l'héritage du FSM.
Comité d'organisation du Népal
19 février 2024
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Défendons tous les peuples contre les impérialismes, d’où qu’ils viennent !

Il y a près de deux ans, la Russie lançait une guerre d'invasion brutale contre l'Ukraine. Enchaînant les crimes de guerre, l'armée russe a massacré des civilEs et bombardé massivement des villes ukrainiennes, pour tenter d'intégrer l'Ukraine dans « l'espace » dominé par la Russie…
20 février 2024 | tiré de l'Hebdo anticapitaliste
https://nouveaupartianticapitaliste.org/actualite/international/defendons-tous-les-peuples-contre-les-imperialismes-dou-quils-viennent
Soutenir la résistance populaire ukrainienne
Au-delà des millions de réfugié·es et de déplacé·es, des dizaines de milliers de victimes civiles et de soldat·es ukrainien·nes ont déjà payé le prix de cette guerre. Les annexions illégales et les crimes de guerre se multiplient : russification forcée d'enfants et des territoires occupés, pluies de missiles sur les infrastructures… La Russie de Poutine utilise quant à elle ses prisonnier·es et populations pauvres comme chair à canon.
Nous sommes totalement solidaires du peuple ukrainien. Les troupes russes doivent quitter l'ensemble du territoire ukrainien, et chaque région ukrainienne doit pouvoir faire valoir son droit démocratique à l'auto-détermination. Les sanctions économiques doivent être renforcées contre l'oligarchie au pouvoir en Russie, la dette ukrainienne doit être annulée, et le peuple ukrainien doit recevoir des aides financières et les armes pour protéger ses vies, ses infrastructures vitales et ses droits.
Nous soutenons particulièrement la gauche ukrainienne qui continue à lutter pour les droits sociaux remis en cause par le gouvernement Zelensky, sous la pression des grandes puissances occidentales. Ces politiques néolibérales, mais aussi la répression politique contre la gauche, affaiblissent la résistance populaire ukrainienne.
Combattre le régime ultra-autoritaire de Poutine
En Russie, Poutine emprisonne les opposant·es… quand il ne les assassine pas comme c'est le cas d'Alexeï Nalvany (même si nous ne partagions pas ses positions nationalistes et racistes, son soutien à l'annexion de la Crimée). Des centaines de ses partisan·nes ont été arrêté·es pour avoir osé manifester leur colère face à cet assassinat.
Notre solidarité va à celles et ceux qui, au sein de la fédération de Russie, combattent la guerre, la corruption de l'oligarchie russe qui tient les rênes du pouvoir politique et économique, et résistent au régime de plus en plus fascisant de Poutine. C'est le cas de la gauche russe, ainsi que de personnalités comme le politologue et sociologue marxiste Boris Kagarlitsky, condamné à une peine de cinq ans de prison, notamment pour avoir pris position contre la guerre en Ukraine.
De l'Ukraine à la Palestine, l'occupation est un crime
Les grandes puissances membres de l'OTAN veulent tirer de la guerre en Ukraine le plus grand profit possible et globalement préserver leur « sphères d'influence » sur le dos des peuples. Dans un contexte où la Russie et la Chine contestent l'hégémonie occidentale mais n'y opposent aucune alternative progressiste, la course aux armements et la surenchère militariste, en Ukraine comme ailleurs, sont lourdes de danger pour l'ensemble de l'humanité.
Il faut dénoncer les discours hypocrites des États-Unis ou de l'Union européenne qui prétendent défendre « la démocratie » en Ukraine contre l'occupation russe… et soutiennent l'État d'Israël dans sa politique génocidaire à Gaza. Ainsi la Cour internationale de Justice a souligné le risque de génocide à Gaza, où plus de 30 000 GazaouiEs ont été assassiné·es (dont 70% de femmes et d'enfants). Et Netanyahu annonce qu'il veut finir le travail à Rafah où 1,8 million de Palestinien·nes sont réfugié·es dans des conditions épouvantables !
Cela rend d'autant plus urgent et nécessaire de développer concrètement la solidarité : peser sur nos gouvernements pour les forcer à infléchir leur politique (notamment en manifestant le plus massivement possible), participer aux campagnes comme BDS (Boycott, désinvestissement et sanctions) contre l'État d'Israël ou aux réseaux solidaires de la résistance ukrainienne, aider les populations victimes des guerres, et soutenir les forces de résistance armées et non armées.
Mardi 20 février 2024
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Panama : Stop attaques contre Suntracs

Action conjointe avec l'IBB (Internationale des travailleurs du Bâtiment et du Bois), il concerne une fédération syndicale internationale regroupant 361 syndicats libres et démocratiques, représentant un total de 12 millions de travailleurs dans les secteurs de la construction, des matériaux de construction, du bois, de la sylviculture et des secteurs connexes dans 115 pays. La mission principale de l'IBB est de sauvegarder et de promouvoir les droits des travailleurs afin d'améliorer leurs conditions de travail et de vie, en affirmant que les droits syndicaux sont intrinsèquement des droits de l'homme, enracinés dans les principes d'égalité, de solidarité et de démocratie.
Tiré de Entre les lignes et les mots
L'Internationale des travailleurs du Bâtiment et du Bois (IBB) et LabourStart vous demandent instamment de vous joindre à nous pour exiger du gouvernement panaméen qu'il respecte la liberté d'association et cesse de persécuter les syndicats. SUNTRACS, le Sindicato Único Nacional de Trabajadores de la Indústria de la Construcción y Similares de Panamá, et ses dirigeants, sont objet de persécutions, de répressions et d'intimidations de la part des autorités panaméennes en raison de leur rôle de premier plan dans les manifestations qui ont fait échouer l'octroi d'une concession minière de 40 ans à la société transnationale First Quantum Minerals. La politique d'extraction aurait provoqué de graves dommages sociaux et environnementaux. En raison de ces manifestations, les syndicalistes sont accusés à tort de terrorisme.
Les dirigeants de SUNTRACS, Saúl Méndez, Secrétaire Général, Jaime Caballero, Secrétaire aux Relations Extérieures, ainsi que le dirigeant de la comarca Toribio García et l'enseignant Diógenes Sánchez sont poursuivis par le Ministère Public, accusés d'avoir commis des crimes contre la liberté et l'ordre économique au détriment de la société panaméenne. En outre, le 13 novembre, l'entreprise publique Caja de Ahorros a fermé les comptes bancaires de SUNTRACS, dans le cadre d'une action délibérée visant à entraver le droit de manifester et l'exercice de la liberté d'association, ce qui a entraîné une ingérence illégale de l'État dans la vie syndicale sur la base de fausses accusations de terrorisme.
Le syndicalisme n'est pas un crime ! Les syndicats ne devraient pas être criminalisés pour leur mobilisation en faveur de la défense des droits sociaux et environnementaux !
Nous demandons au gouvernement panaméen de mettre fin immédiatement à la persécution de SUNTRACS et de respecter la liberté d'association !
Vous pouvez nous aider ! Saisissez votre nom et votre adresse électronique et cliquez sur « Envoyer le message » au bas de cette page.
https://www.labourstartcampaigns.net/show_campaign.cgi?c=5385
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Burkina Faso : une école des mamans pour lutter contre la mortalité maternelle

La sage-femme spécialisée en soins obstétricaux et gynécologiques, Agnès Hien, a fondé une « école des mamans » dans la capitale du Burkina Faso, Ouagadougou. Malgré les réticences des premières années, de plus en plus de femmes, et leurs maris, viennent s'y préparer à l'accouchement.
Tiré de Journal des Alternatives
https://alter.quebec/burkina-faso-une-ecole-des-mamans-pour-lutter-contre-la-mortalite-maternelle/?utm_source=Cyberimpact&utm_medium=email&utm_campaign=JdA-PA-2024-02-29
Par Amélie David -27 février 2024
crédit photo : Amélie David
« Allez ! On lève les jambes… » Sur une musique rythmée, un groupe de six femmes enceintes suivent avec attention les instructions d'Agnès Hien, sage-femme burkinabè. Après les cours théoriques sur la gestion des douleurs ou l'allaitement,
place à la séance de sport. « Tu es fatiguée, tu veux que bébé sorte…lance Agnès Hien à sa classe. On lève les bras et un, deux, trois… » L'école des mamans a ouvert ses portes en 2020 à Ouagadougou.
Agnès Hien a créé cette structure après être revenue d'une mission au Maroc, où elle a découvert les bienfaits de l'accompagnement des futures mamans. « Je suis sage-femme depuis 20ans et j'ai vu comment, ici au Burkina Faso, elles souffrent pendant l'accouchement ici au Burkina Faso. Depuis de nombreuses années, cela me trottait dans la tête d'améliorer leur préparation à l'accouchement », expose la sage-femme, qui a créé cette école particulière avec ses fonds personnels et l'aide de ses proches.
Une réduction de la mortalité toujours insuffisante
D'après un rapport de l'Organisation mondiale de la Santé (OMS)de 2017, le niveau de mortalité maternelle au Burkina Faso est de 330décès pour 100000 naissances dans le pays. Dans une étude intitulée La lutte contre la mortalité maternelle au Burkina Faso est-elle adaptée pour réduire les trois retards ?parue dans la revue Santé publique, Issiaka Sombié explique qu'au Burkina Faso : « Le ratio de mortalité maternelle a connu une réduction passant de 727 à 371 pour 100000 naissances vivantes entre 1990 et 2015. Cette amélioration a cependant été jugée insuffisante, car n'ayant pas permis d'atteindre les Objectifs du millénaire pour le développement. »
Agnès Hien a elle-même été confrontée à cette triste réalité. « Une femme est décédée en couche alors que ce décès était évitable, si seulement elle était arrivée plus tôt… », soupire-t-elle toujours la professionnelle. Dans ces cours, la professionnelle de santé sensibilise aussi ses patientes-élèves à la connaissance de leur propre corps, de leurs besoins et de leurs attentes. « Donner la vie, c'est important. Quand une personne arrive à accoucher sans problème, je suis heureuse », continue la sage-femme qui accompagne parfois ses patientes jusque dans la chambre d'hôpital.
C'est le cas de Laurette Nikiema, une élève à l'école des Mamans, qui a été assistée d'Agnès Hien pour mettre au monde son premier enfant. Pour sa deuxième grossesse, elle est revenue suivre des cours de préparation à l'accouchement. « Je viens ici pour apprendre à mieux gérer la douleur et prendre soin du bébé après…Et puis les séances de sport sont très bénéfiques…ça te fatigue dans le bon sens et, ensuite, tu es prête pour la compétition ! », déclare la jeune maman dans un rire.
Comme elle, les autres élèves aimeraient que l'approche d'Agnès Hien se démocratise et que de plus en plus de Burkinabè rejoignent les bancs de son école. « Il faut vraiment oser venir. Bien souvent, les femmes ne voient que la douleur, mais un accouchement peut se passer autrement si on est bien préparé », ajoute Elsa Kaboré, enceinte de huit mois.
Avoir les partenaires présents et aller dans les campagnes
Les débuts de l'aventure de l'école des mamans ont été difficiles. Agnès Hien attribue ça à des idées arrêtées sur la maternité et l'accouchement. « Il ne faut pas que les gens pensent que c'est juste une histoire de Blancs… » Aujourd'hui environ 200 futures mamans suivent les cours de l'école. Parfois, elles sont accompagnées par leurs partenaires. « En général, les maris financent, explique Agnès. Mais n'accompagnent pas assez, il faut changer cela. »
Autre défi à relever pour la sage-femme : celui des moyens matériels financiers pour aller dans les zones les plus reculées du Burkina Faso. Cette année, elle s'est rendue auprès des populations rurales pour donner quelques séances où des Personnes déplacées internes (PDI) ont pu participer. « Mais il faut y aller plus souvent, car c'est là qu'il y a le plus de mortalité maternelle. »
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Sénégal : Les calculs électoraux de Macky Sall

La Cour constitutionnelle vient d'infliger un cinglant démenti à Macky Sall en refusant d'avaliser la prolongation de son mandat présidentiel. Cela ne l'empêche nullement de continuer ses manœuvres.
Tiré d'Afrique en lutte.
La famille libérale a fait taire ses divergences pour préparer un coup tordu. Le parti du président, l'Alliance pour la République (APR), et le Parti démocratique sénégalais (PDS) ont voté la mise en place d'une commission d'enquête visant deux juges du Conseil constitutionnel accusés de corruption.
Préserver le régime
En cause, l'interdiction pour Karim Wade, leader du PDS, de se présenter du fait de sa double nationalité franco-sénégalaise.
Saisissant ce prétexte, Sall avait différé les élections. Aussitôt la coalition libérale votait une loi repoussant les élections à la mi-décembre 2024 et prolongeant le mandat présidentiel. Chacun y trouvait son compte : le PDS pour tenter de remettre en selle son candidat, et le camp présidentiel pour affiner son plan électoral au vu de prévisibles résultats médiocres du Premier ministre Amadou Ba.
Leur but est de construire une coalition libérale visant au second tour à faire barrage à Bassirou Diomaye Faye, le candidat de substitution d'Ousmane Sonko. Si les deux dirigeants nationalistes sont en prison, Faye conserve son éligibilité, contrairement à Sonko, et semble être un des favoris de ce scrutin.
Manœuvres en tous genres
Au vu de leur position sur les coups d'État au Mali, au Burkina Faso et au Niger, les puissances occidentales ne pouvaient pas faire moins que de prendre leurs distances avec les manigances de Macky Sall. Certainement sensible à cette situation, la Cour constitutionnelle, dans son rendu du 15 février, déclare que le président ne peut aller au-delà de la fin de son mandat, soit le 2 avril, et enjoint les autorités à organiser les élections dans les plus brefs délais. Macky Sall a déclaré qu'il respecterait cette décision. Depuis, plus rien… ou plutôt si, l'ouverture d'un dialogue national qui s'accompagne de la libération de quelques centaines de prisonniers politiques sur plus d'un millier. Cette concertation nationale risque d'être une gageure entre celles et ceux qui souhaitent le maintien de la liste des candidats et celles et ceux qui ambitionnent la présence de Wade aux élections. Elle peut être aussi l'objet d'un marchandage, avec en ligne de mire la libération de Bassirou Faye voire d'Ousmane Sonko.
La plupart des candidats refusent ce dialogue et exigent une date pour le scrutin présidentiel. Même position pour la coalition « Aar Sunu Élection » (Protégeons notre élection) organisatrice d'une manifestation samedi dernier rassemblant des milliers de personnes. Il est clair que Macky Sall est prêt à aller jusqu'au bout pour maintenir en place ce régime. Il n'a pas hésité à réprimer dans le sang les manifestations, emprisonner les opposantEs, fermer des médias, couper internet et dissoudre le PASTEF (Patriotes africains du Sénégal pour le travail, l'éthique et la fraternité), le parti de Sonko. Il a plongé le pays dans une grave crise politique et tente de continuer dans la même voie pour protéger une élite soucieuse de son seul avenir.
Paul Martial
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Conséquences de la guerre au Soudan et de l’instabilité au Niger : El Koufra, nouveau carrefour migratoire sahélo-maghrébin

Le porte-parole du Conseil municipal d'El Koufra, Abdallah Souleymane, joint au téléphone par El Watan, a déclaré que « la situation des réfugiés soudanais est confuse puisqu'ils entrent en ville de manière désordonnée, ce qui empêche le Conseil municipal d'évaluer les besoins de manière rationnelle, même après avoir introduit la carte de réfugié ».
Tiré d'El Watan.
Abdallah Souleymane a déploré « l'absence de statistiques fiables concernant le nombre de réfugiés, faute d'organisme de prise en charge et en raison de l'effritement des arrivants dans les champs et les demeures délaissées entourant l'oasis d'El Koufra, en plus des nombreux départs vers Sebha, Benghazi et Tripoli ».
Le responsable municipal a toutefois avancé le chiffre de « milliers », très loin des 400 000 réfugiés annoncés par le président du programme de lutte contre la migration irrégulière, Malek Dijaoui, dont l'organisation assure que « le chiffre réel de Soudanais ayant fui leur pays vers la Libye avoisinerait le million ».
Les Soudanais ne sont plus uniquement à Sebha, El Gatroun ou El Koufra au Sud libyen où leurs nouvelles ne sont pas très médiatisées, hormis quelques vidéos à travers les réseaux sociaux. Beaucoup de Soudanais sont déjà montés au Nord et encerclent depuis plusieurs jours le siège du Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (UNHCR) à Tripoli, pour obtenir des cartes de réfugiés leur permettant d'être pris en charge par les Nations unis.
Pour faire les 1800 kilomètres séparant El Koufra de Tripoli, ces colonnes de Soudanais ont bénéficié de complicités diverses parmi les forces sécuritaires contrôlant les axes routiers qu'ils soient à l'Est, sous le contrôle de Khalifa Haftar, ou à l'Ouest, sous le contrôle des forces du gouvernement d'Union nationale.
« Il suffit de payer pour passer. Cela est valable aussi bien pour la traversée des frontières que pour aller vers le Nord », assure-t-on sous couvert de l'anonymat. « Il y aurait même des traversées sécurisées vers l'Italie moyennant 2000 euros », ajoute la même source.
Soucis
Abdallah Souleymane déplore la situation difficile vécue par les Soudanais pour arriver à El Koufra et y survivre. « La ville soudanaise la plus proche se trouve à près de 700 kilomètres, c'est le troisième choix possible après le Tchad et l'Egypte. Certains préfèrent la Libye et les Libyens parce que les conditions matérielles sont meilleures », ajoute le porte-parole du Conseil municipal d'El Koufra. Souleymane regrette, néanmoins, les moyens limités de la commune isolée dans le désert et très éloignée des autres villes libyennes, ce qui rend davantage difficile son approvisionnement en besoins élémentaires de vie.
Le porte-parole de la commune ne cache pas non plus ses soucis sécuritaires puisque « des criminels et des terroristes peuvent filtrer parmi ces colonnes désordonnées de réfugiés et en l'absence d'un véritable contrôle à la frontière ou d'un quelconque recensement fiable à l'accueil ici ».
Il est utile de rappeler que l'oasis libyen d'El Koufra, au Sud-Est libyen, est considéré comme l'entrée africaine de la Libye et la plaque tournante nord de la migration clandestine, en opposition avec la ville nigériane d'Agadez, carrefour sud des migrants irréguliers subsahariens.
El Koufra se trouve, certes, à 1500 kilomètres au nord-est d'Agadez mais à quelques centaines de kilomètres des frontières soudanaises et tchadiennes. El Koufra se trouve donc à proximité immédiate des turbulences, puisque c'est la province soudanaise de Darfour qui la côtoie au Soudan.
Et bien que distante respectivement de 1000 et 1800 kilomètres des principales villes libyennes de Benghazi et Tripoli, l'oasis d'El Koufra est un passage obligé pour les migrants, plus que Sebha, capitale de la province Fezzan du Sud libyen et distante de plus de 900 kilomètres vers l'Ouest.
Les colonnes de rescapés de la guerre du Soudan et de migration irrégulière d'Ethiopie et d'Erythrée chutent à El Koufra, la petite localité confrontée à un défi humanitaire croissant.
Tunis
De notre correspondant Mourad Sellami
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Human Rights Watch accuse le Burkina Faso d’enlèvements d’opposants

La junte au pouvoir au Burkina Faso organise l'enlèvement d'activistes de la société civile et d'opposants politiques « dans le cadre de sa répression de la dissidence pacifique » accuse Human Rights Watch dans un communiqué diffusé le 28 février.
Tiré de MondAfrique.
Depuis fin novembre 2023, précise Human Rights Watch, « des hommes non identifiés ont enlevé au moins six activistes et membres de partis d'opposition dans la capitale, Ouagadougou, dans ce qui semble constituer des disparitions forcées. »
« Les autorités burkinabè ont recours à des méthodes de plus en plus brutales pour punir et réduire au silence les personnes perçues comme des détracteurs et des opposants », a déclaré Ilaria Allegrozzi, chercheuse senior sur le Sahel au sein de l'ONG de défense des droits humains. « Les autorités devraient enquêter de toute urgence et de manière impartiale sur tous les enlèvements, les disparitions forcées et les conscriptions abusives, et remettre en liberté les personnes injustement détenues ».
Un mode opératoire identique
Le 20 février 2024, des hommes armés en tenues civiles ont enlevé Rasmané Zinaba, un membre du Balai Citoyen, à son domicile à Ouagadougou. « Au moins quatre hommes en armes sont venus le chercher entre 6h15 et 6h30 du matin », a affirmé un membre du Balai citoyen à Human Rights Watch. « Ils l'ont emmené à bord d'un véhicule civil ».
Le lendemain, ce fut le tour de son collègue Bassirou Badjo, enlevé au ministère des Affaires humanitaires. Ce jour-là, le Balai citoyen a publié une déclaration condamnant les enlèvements et exigeant la libération immédiate de ses membres. Les familles de ces hommes et le Balai citoyen ont porté plainte auprès de la police mais cette démarche n'a connu aucune suite.
Un peu plus tôt, dans la nuit du 24 au 25 janvier, des hommes non identifiés ont enlevé, à l'aéroport international de la capitale, Guy Hervé Kam, avocat de premier plan et coordinateur du mouvement politique Servir et non se servir (SENS). Dans les heures suivantes, le mouvement a publié un communiqué affirmant que « des hommes en civil se présentant comme des membres des services nationaux de renseignement du pays » avaient appréhendé Guy Hervé Kam et l'avaient emmené en voiture vers une destination inconnue.
Un mois plus tôt, le 24 décembre 2023 vers 18h30, Ablassé Ouédraogo, 70 ans, ancien ministre des Affaires étrangères du Burkina Faso et président du parti d'opposition Le Faso Autrement, avait également été pris à son domicile à Ouagadagou par « des individus qui se sont présentés comme étant des éléments de la police nationale ».
Avant lui, le 1er décembre, c'est Daouda Diallo, éminent défenseur des droits humains et secrétaire général du Collectif contre l'Impunité et la Stigmatisation des Communautés (CISC), qui avait été emmené de force en sortant du service des passeports du gouvernement, après y avoir rencontré des agents pour renouveler son passeport. On ignore toujours où il se trouve.
Le même sort avait été réservé le 29 novembre à Lamine Ouattara, un membre du Mouvement burkinabè des Droits de l'Homme et des Peuples (MBDHP).
La conscription forcée
Début novembre, les forces de sécurité burkinabè, s'appuyant sur une loi d'urgence de vaste portée, avaient notifié à au moins une douzaine de journalistes, d'activistes de la société civile et de membres de partis d'opposition, dont Daouda Diallo, Ablassé Ouédraogo, Rasmané Zinaba et Bassirou Badjo, qu'ils seraient enrôlés pour participer aux opérations de sécurité du gouvernement.
Le 18 février, Ablassé Ouédraogo et Daouda Diallo sont apparus dans une vidéo postée sur les réseaux sociaux, en tenue de camouflage militaire, munis de fusils d'assaut kalachnikov et participant à des exercices militaires, probablement dans une zone de conflit. Human Rights Watch n'a pas été en mesure de vérifier l'authenticité de cette vidéo. Les autorités n'ont jamais fourni la moindre information à propos du lieu où se trouvent Ablassé Ouédraogo et Daouda Diallo ou à propos des autres personnes récemment enlevées.
Les autorités militaires de transition ont affirmé que les ordres de conscription émis en novembre étaient autorisés dans le cadre de la mobilisation générale décrétée le 13 avril 2023, qui s'inscrit dans un plan de reconquête des zones tombées aux mains des groupes armés islamistes, soit environ la moitié du territoire national. Ce plan vise à créer un « cadre juridique, légal à l'ensemble des actions à mettre en œuvre pour faire face » aux insurgés et il donne au Président des pouvoirs étendus pour combattre l'insurrection, notamment celui de réquisitionner des personnes et des biens et de restreindre les libertés publiques. Cependant, des organisations de la société civile nationale, des organisations de protection des médias, des syndicats et des organisations internationales de défense des droits humains ont fermement condamné le décret de mobilisation générale, arguant qu'il a été utilisé pour réduire au silence la dissidence pacifique.
« Si les gouvernements sont effectivement habilités à conscrire des membres de la population civile âgés de plus 18 ans à des fins de défense nationale, la conscription ne devrait avoir lieu que si elle a été dûment autorisée et est conforme à la loi nationale. La loi de conscription doit respecter des normes d'équité dans la répartition de la charge du service militaire. Elle doit être appliquée de manière à ce que le conscrit potentiel soit informé de la durée du service militaire et qu'il ait la possibilité de contester l'obligation de servir à ce moment-là. La conscription doit aussi être effectuée selon des normes conformes aux principes de non-discrimination et d'égalité devant la loi », martèle Human Rights Watch.
Des conscriptions illégales, selon un tribunal
Le 6 décembre, un tribunal de Ouagadougou saisi par une plainte du journaliste Issiaka Lingani et des activistes du Balai citoyen Bassirou Badjo et Rasmané Zinaba, qui avaient reçu des notifications de conscription en novembre, avait déclaré que ces conscriptions étaient illégales, violaient leurs droits à la liberté d'expression et de déplacement et constituaient un risque pour leur intégrité physique, avant d'ordonner leur suspension. Guy Hervé Kam, l'avocat enlevé en janvier, était l'un de leurs défenseurs.
Des activistes des droits humains et des journalistes ont déclaré à Human Rights Watch qu'ils évitaient de s'exprimer publiquement sur la junte de peur d'être conscrits. « Nous sommes paralysés par la peur », a déclaré un membre du SENS le 26 janvier. « Même organiser une conférence de presse, l'un de nos droits les plus fondamentaux, devient un acte héroïque ». Un défenseur des droits humains basé dans la région du Sahel a déclaré : « Un journaliste m'a appelé pour que je commente une récente attaque par des combattants islamistes armés présumés dans la ville d'Essakane. Je lui ai dit : ‘Voulez-vous que je sois conscrit ?' Exprimer votre opinion sur la situation du pays en matière de sécurité peut vous envoyer directement au front, c'est la réalité ».
« Depuis le coup d'État d'octobre 2022, la junte militaire du Burkina Faso réprime de plus en plus la dissidence pacifique et les médias, réduisant l'espace civique dans le pays. Les journalistes nationaux et internationaux, ainsi que les membres de la société civile, subissent de plus en plus d'actes de harcèlement, de menaces et d'arrestations arbitraires », écrit Human Rights Watch.
L'organisation rappelle à cette occasion que « le Burkina Faso est un État partie à la Convention internationale pour la protection de toutes les personnes contre les disparitions forcées », en vertu de laquelle « un État commet une disparition forcée lorsque les autorités gouvernementales ou leurs agents détiennent une personne tout en refusant de reconnaître la privation de liberté ou en dissimulant le sort de la personne ou le lieu où elle se trouve, ce qui la soustrait à la protection de la loi. »
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