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Décarbonation ou propulsion industrielle ?

5 mars 2024, par Fondation Rivières — , ,
Ce printemps hâtif est un percutant rappel des changements climatiques dans notre quotidien et de l'importance de décarboner le Québec. De André, Fondation Rivières , le (…)

Ce printemps hâtif est un percutant rappel des changements climatiques dans notre quotidien et de l'importance de décarboner le Québec.

De André, Fondation Rivières , le 2024-03-04 14:49

Nous sommes très inquiets des décisions précipitées du gouvernement qui met en place une propulsion industrielle plutôt qu'une véritable décarbonation du Québec. Avec cette vente à rabais d'électricité qu'il faudra produire rapidement et à n'importe quel prix, le gouvernement prétend qu'on n'a pas le choix et qu'il faut construire de nouveaux barrages.

Ces arguments fallacieux étaient les mêmes il y a 50 ans, lorsque Hydro-Québec tentait de justifier son projet de détruirela vallée de la rivière Jacques-Cartier. Un biologiste a mobilisé les citoyens pour sauver la rivière. À
nous de faire de même pour sauver les dernières rivières naturelles du Québec.

Protéger la biodiversité par l'hybridation des barrages existants

Les centrales hydroélectriques actuelles sont sous-utilisées, alors qu'il suffirait d'installer des éoliennes dans les réservoirs et autour des réservoirs pour produire jusqu'à 900 TW d'énergie, soit neuf fois ce dont on a besoin.
C'est ce que détaille Louis-Gilles Francoeur dansun texte important dans Le Devoirsur le potentiel du couplage de l'énergie éolienne avec les réservoirs déjà existants. Un texte à lire.

Non à la production inutile d'hydrogène à partir de méga éoliennes

Le mégaprojet de production d'hydrogène TES en Mauriciequi pourrait mener à la construction de 150 éoliennes de plus de 150 mètres de hauteur dans un territoire agricole habité. Le but : alimenter le réseau d'Énergir en gaz naturel
« renouvelable » en couplant l'hydrogène produit par l'électricité avec du carbone. Les deux tiers de la production de TES sera faite de méthane dans le seul but d'aider Énergir à atteindre son objectif de distribuer 10% de gaz
naturel « vert » dans sonréseau d'ici 2030. Pendant ce temps, Hydro-Québec invite les Villes àretarder de nouveaux projets résidentielsdevant la crainte de manquer d'électricité.

Notre responsable mobilisation, énergie et climat, Normand Beaudet, s'est rendu en Mauricie et il a constaté que le projet suscite une vive inquiétude chez les citoyens, les élus et les groupes environnementaux qui exigent des réponses.
Nous ne sommes pas contre la production éolienne, mais il faut que ça se fasse correctement.

Pendant ce temps, nous sommes actifs autour de Northvolt Nous participons activement aux différentes coalitions et nous exigeons de la transparence et la tenue d'une consultation menée par le Bureau d'audiences publiques sur l'environnement. En parallèle, on s'inquiète sérieusement des risques pour la rivière Richelieu.

Nous avons donc écrit à Paolo Cerruti, président de Northvolt en Amérique du Nord, afin de soulever les enjeux qui touchent la protection de la rivière Richelieu. Sylvain Lapointe, directeur général du COVABAR, participera au comité
de liaison avec la communauté mis en place par l'entreprise et il portera ces préoccupations auprès des dirigeants.

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Quand les hauts fonctionnaires défendent Northvolt

5 mars 2024, par Germain Dallaire — , ,
J'ai assisté hier (jeudi le 29) à la séance publique « d'information » sur le projet Northvolt à Saint Basile le Grand. Ce qui m'a frappé au départ, c'était la configuration de (…)

J'ai assisté hier (jeudi le 29) à la séance publique « d'information » sur le projet Northvolt à Saint Basile le Grand. Ce qui m'a frappé au départ, c'était la configuration de la salle.

Germain Dallaire

À l'avant, 7 ou 8 hauts fonctionnaires des ministères (industrie, environnement, transports). Dans le coin gauche, l'animateur (employé de la firme National) debout devant un lutrin. À sa droite, tout le long de la salle jusqu'en arrière, une rangée de tables en long avec derrière une bonne quinzaine de représentants de la Ville (conseillers et employés). Au côté de l'animateur en tête de liste, le maire Yves Lessard à qui il ne manquait qu'une couronne et dont le passé syndical était décidément bien loin. Tous ces gens, tels des notables d'un rang supérieur, étaient installés dans des chaises basculantes confortables bien espacées qui contrastaient avec les chaises droites en rang d'oignon réservées à la centaine de spectateurs présents. On aurait dit des spectateurs VIP ou encore un juré assistant à un procès. Globalement donc, une trentaine « d'officiels » par rapport à une centaine de spectateurs. Le moins qu'on puisse dire était que l'encadrement et le protocole étaient bien assurés.

La rencontre s'est déroulée en deux temps : présentation du projet par les hauts fonctionnaires suivie des questions et interventions de la salle. Le ton a été donné dès le départ avec la formation d'une longue file derrière le micro. La rencontre s'est terminée vers 11 hres 30 soit 1 hre 30 de plus que prévu. Très, très majoritairement, les citoyen(ne)s ont exprimé inquiétudes et scepticisme. Sans surprise, les hauts fonctionnaires ont joué leur rôle de gardien de but. À les écouter, tout est sous contrôle et suit le cours normal des choses. Ce qui est supposément le plus important projet industriel du Québec est quasiment banal. Confortés dans leur statut d'experts, ils se sont même permis des faussetés. Le représentant du ministère de l'industrie à affirmé que Northvolt paierait le tarif L pour son électricité. Peut-être n'était-t-il pas au courant du programme de réduction de 20% qui a connu un engouement important à la fin de 2023… Celui de l'environnement a affirmé que Northvolt paierait les aménagements futurs compensant la perte de milieu humide. C'est oublier bien vite que cette compagnie bénéficie d'une subvention publique de 7 milliards$.

Les spectateurs présents n'étaient pas d'humeur à se laisser mettre en boîte. L'animateur de National a bien tenté d'encadrer les choses mais a dû rapidement baisser les bras. Au final donc, le spectacle lamentable d'une réunion de propagande où on a vu des hauts fonctionnaires et des cadres municipaux à la botte d'une firme étrangère vivant de notre argent. Au final, une population se posant de sérieuses questions tout en restant poli mais qui ne montre aucun signe d'apaisement. Le peuple québécois est bien bon et bien patient.

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Demandeurs d’asile et services éducatifs : la CSQ dénonce la décision du gouvernement

5 mars 2024, par Centrale des syndicats du Québec (CSQ) — , ,
La délégation du conseil général de la Centrale des syndicats du Québec (CSQ) a adopté la semaine dernière une motion dénonçant la décision du gouvernement du Québec de (…)

La délégation du conseil général de la Centrale des syndicats du Québec (CSQ) a adopté la semaine dernière une motion dénonçant la décision du gouvernement du Québec de contester en Cour suprême l'accès des enfants de familles demanderesses d'asile aux services de garde éducatifs à l'enfance régis et subventionnés.

Tiré de Ma CSQ cette semaine.

Le 7 février dernier, la Cour d'appel du Québec avait rendu son jugement dans lequel elle concluait que refuser l'accès aux services éducatifs subventionnés à 9,20 $ par jour aux familles demanderesses d'asile est discriminatoire et constitue une atteinte au droit à l'égalité des femmes. Or, le gouvernement a décidé de demander à la Cour suprême de revoir cette récente décision.

Dans une lettre adressée aux directions des centres de la petite enfance, le ministère de la Famille indique que le gouvernement « a aussi déposé une demande de sursis d'exécution du jugement rendu par la Cour d'appel, jusqu'à ce que la Cour suprême du Canada ait rendu un jugement mettant fin au débat ».

La CSQ et la FIPEQ-CSQ appuient les familles

Rappelons que la CSQ et sa Fédération des intervenantes en petite enfance du Québec (FIPEQ-CSQ) militent en faveur d'un plus grand accès aux services publics pour les personnes demanderesses d'asile et leurs enfants. Depuis le début de cette saga judiciaire, la Centrale et sa fédération appuient les familles. Après avoir obtenu l'accès à l'éducation publique pour les enfants de parents ayant un statut migratoire précaire et l'accès à l'assurance maladie, l'annonce de l'accès aux services éducatifs pour ces enfants au début du mois de février avait été accueillie comme une excellente nouvelle par la Centrale et la FIPEQ-CSQ.

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Lettre ouverte - Assurance médicaments | Cessons de bloquer le progrès social

5 mars 2024, par Collectif — , ,
Plus de quatre ans après le dépôt du rapport Hoskins, le gouvernement fédéral a enfin déposé un projet de loi sur l'assurance médicaments. Les problèmes du système actuel sont (…)

Plus de quatre ans après le dépôt du rapport Hoskins, le gouvernement fédéral a enfin déposé un projet de loi sur l'assurance médicaments. Les problèmes du système actuel sont connus depuis des décennies. Le régime public-privé du Québec se caractérise par des coûts très élevés, un financement inéquitable et un accès restreint. Selon nous, les politiques publiques actuelles briment le droit à la santé des Québécois et des Québécoises. En effet, comment peut-on tolérer qu'une personne sur dix se prive de médicaments d'ordonnance, en raison d'enjeux financiers ? Le régime hybride québécois est donc loin d'être un exemple à suivre pour le Canada.

Bien que ce projet de loi soit perfectible, il s'agit d'un pas dans la bonne direction ainsi qu'une occasion de jeter les bases d'un véritable régime public et universel d'assurance médicaments. D'ici à ce que cela devienne réalité, nos organisations entrevoient plusieurs difficultés. D'abord, on peut s'attendre à ce que les lobbyistes de l'industrie pharmaceutique et des assureurs soient très actifs derrière les portes closes et dans l'espace public afin de torpiller toute initiative qui vise à réduire les coûts des médicaments et donc leurs profits. Collectivement, des efforts devront être déployés pour faire primer les intérêts collectifs sur ceux d'une minorité.

L'enjeu des coûts risque d'occuper une grande place dans les débats. Pour plusieurs, un régime public et universel est trop coûteux pour les finances publiques, et ce, surtout dans un contexte où l'état de l'économie se détériore. Selon nous, cet argument n'est pas recevable. Environ 10 milliards de dollars sont dépensés en médicaments d'ordonnance au Québec par année. Que l'on paie une prime à un régime privé d'assurances collectives ou au régime public n'y change rien. Il s'agit d'un bien essentiel dont on ne peut se passer et qu'il faudra payer d'une manière ou d'une autre. La question n'est donc pas de savoir si un régime public et universel d'assurance médicaments est trop coûteux, mais plutôt combien d'argent sommes-nous prêts à gaspiller collectivement pour maintenir en vie un système dysfonctionnel incapable de contrôler les coûts ?

Il existe également des craintes légitimes parmi la population, malgré un fort appui pour la mise sur pied d'un régime public et universel d'assurance médicaments. Plusieurs redoutent la perte de certaines protections avec un tel programme. Pourtant, tous les Québécois et Québécoises en sortiraient gagnants. Des efforts devront donc être déployés pour bien informer la population des bienfaits d'un régime public et universel.

Mais c'est le refus du gouvernement québécois qui demeure le principal obstacle au progrès social. Depuis plusieurs années, celui-ci a préféré dénoncer l'ingérence du fédéral plutôt que de régler lui-même les problèmes du système actuel. Le Québec aurait intérêt à négocier avec Ottawa pour financer un régime public et universel québécois, plutôt que de réclamer un droit de retrait avec pleine compensation dans l'unique but de maintenir un statu quo problématique. Le Québec doit profiter des convergences possibles et ainsi améliorer son pouvoir de négociation face à l'industrie pharmaceutique. D'ailleurs, il collabore déjà avec le fédéral et les autres provinces pour réduire les coûts de certains médicaments. Dans ce débat, le gouvernement du Québec devra s'expliquer. Veut-il collaborer de manière constructive avec le palier fédéral et prendre le parti des Québécois et des Québécoises qui doivent choisir entre se nourrir et se soigner ? Ou, au contraire, préfère-t-il continuer de se cacher derrière le paravent des champs de compétence pour favoriser une poignée d'intérêts privés au détriment du bien-être collectif ?

Signataires

Luc Beauregard, secrétaire-trésorier de la Centrale des syndicats du Québec (CSQ)

Julie Bouchard, présidente de la Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec (FIQ)

Émilie Charbonneau, 2e vice-présidente de l'Alliance du personnel professionnel et technique de la santé et des services sociaux (APTS)

Maxime Dorais, codirecteur général d'Union des consommateurs

Geneviève Lamarche, coordonnatrice de la Coalition solidarité santé

Magali Picard, présidente de la Fédération des travailleurs et travailleuses du Québec (FTQ)

Caroline Senneville, présidente de la Confédération des syndicats nationaux (CSN)

Luc Vachon, président de la Centrale des syndicats démocratiques (CSD)

Stéphanie Vallée, présidente de la Table des regroupements provinciaux d'organismes communautaires et bénévoles (TRPOCB)

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Déclaration de Bea Bruske : Interdire les briseurs de grève, c’est protéger les droits des travailleurs

5 mars 2024, par Congrès du travail du Canada (CTC) — , ,
Le mouvement syndical peut célébrer une autre victoire aujourd'hui avec le vote sur le projet de loi C-58, qui vise à interdire le recours aux travailleurs et travailleuses de (…)

Le mouvement syndical peut célébrer une autre victoire aujourd'hui avec le vote sur le projet de loi C-58, qui vise à interdire le recours aux travailleurs et travailleuses de remplacement.

Les syndicats du Canada se réjouissent des progrès significatifs qui ont été accomplis pour interdire le recours aux travailleurs de remplacement, une pièce manquante cruciale de la législation du travail au Canada, depuis des décennies. Cette avancée a été rendue possible grâce à des milliers de militants syndicaux à travers le pays qui se sont levés et ont exigé du gouvernement qu'il fasse mieux.

Il s'agit d'une étape importante vers une véritable protection des travailleurs et de leur droit de grève. Cette législation doit s'appliquer à tout travail régulièrement effectué par des travailleurs appartenant à une unité de négociation et ne doit pas priver les travailleurs de leur droit de grève légal, en créant davantage d'obstacles à l'exercice de ce droit.

Depuis des années, les entreprises enregistrent des profits records, alors que les salaires des travailleurs continuent d'accumuler du retard. Les travailleurs exigent à juste titre des salaires plus équitables, de meilleures normes de sécurité et le respect de leurs employeurs.

En interdisant une fois pour toutes le recours aux briseurs de grève, nous ferons un grand pas en avant pour réduire les interruptions de travail et bâtir une économie plus équilibrée, tout en augmentant les avantages et le respect que les travailleurs méritent.

Il faut maintenant que tous les parlementaires travaillent ensemble et modifient le projet de loi pour assurer une entrée en vigueur dès qu'il recevra la sanction royale. Il s'agit d'un élément essentiel pour assurer une protection immédiate des droits des travailleurs et rétablir l'équité dans le processus de négociation collective. Nous avons attendu assez longtemps.

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Le Prisonnier du désert – sur Dune, deuxième partie de Denis Villeneuve

5 mars 2024, par Serge Kaganski — ,
Luttes de pouvoir, trahisons, amours, grandes familles dysfonctionnelles, conflits de territoire, guerres inexpugnables, foi, croyances… Dune, deuxième partie concasse et fond (…)

Luttes de pouvoir, trahisons, amours, grandes familles dysfonctionnelles, conflits de territoire, guerres inexpugnables, foi, croyances… Dune, deuxième partie concasse et fond ensemble tous les thèmes qui ont peuplé les grands mythes de l'humanité. Seulement esquissés dans le premier volet, ces enjeux dramaturgiques mijotent et cuisent à point dans ce nouvel opus de Denis Villeneuve nettement plus limpide scénaristiquement et visuellement.

28 février 2024 | tiré d'AOC media

Je n'avais pas vraiment aimé Dune, première partie : scénario filandreux, impression visuelle d'un perpétuel brouillard grisâtre, sentiment d'une très longue séquence d'exposition des personnages et des enjeux, le tout scandé par une bande-son (musique et bruitages) tonitruante qui faisait un peu mal à la tête.

Beaucoup de muscles, pas beaucoup de grâce. Je précise cela pour dire à quel point j'ai préféré ce deuxième volet, plus limpide scénaristiquement et visuellement, avec une colorimétrie globalement plus chaude et lumineuse. Après la géniale génération des Lucas, Spielberg ou Scorsese qui vieillit ou se retire (mais on guettera avec attention le Megalopolis de Francis Ford Coppola), Denis Villeneuve représente (avec Christopher Nolan) la classe actuelle et trop rare des auteurs de blockbusters, un genre qui s'est formaté et « marvelisé » ces dernières années, déversant à la chaine des produits bien fabriqués mais sans âme ni personnalité. Comme son remake de Bladerunner, ce Dune 2 est une belle réussite et donne presqu'envie de revoir le premier volet qui en serait peut-être bonifié à la lumière rétrospective du second.

Souvenez-vous : l'empereur Shaddam avait attribué aux Atréides la gouvernance de la planète Arrakis, aride, désertique, dangereuse, mais riche en « épice », le pétrole-charbon-lithium-métal rare-potion magique du monde de Dune. Ce cadeau spacio-politique était une ruse machiavélique de l'empereur, qui complotait avec les sombres Harkonnen pour récupérer Arrakis et éliminer les Atréides. À la fin du premier volet, on avait quitté Paul Atréides (Timothée Chalamet), le jeune héritier, accompagné de sa mère, Dame Jessica, errant dans le désert avec le peuple local, les Fremen, bien décidé à combattre les Harkonnen et à se venger de ceux qui ont trahi sa famille. Outre la lutte opposant les Fremen aux Harkonnen et à l'empire, ce deuxième volet suit deux pistes, celle du pouvoir et celle de l'amour. Paul est considéré par les Fremen comme le Mahdi, leur Messie, mais il renâcle : non seulement il sait qu'il n'est pas ce Mahdi, mais il n'a pas de goût particulier pour le pouvoir. D'autant qu'il tombe amoureux de Chani, une Fremen, et affronte le classique dilemme des héros mythologiques (et des grands hommes de l'Histoire ?) entre l'amour et… l'appel de la Destinée.

On le voit, Dune 2 compile, concasse et fond ensemble tous les thèmes qui ont peuplé les grands mythes de l'humanité (la Bible, la tragédie grecque, le Nouveau testament, le drame shakespearien ou racinien, le Coran…) : luttes de pouvoir, trahisons, amours, grandes familles dysfonctionnelles, conflits de territoire, guerres inexpugnables, foi, croyances… Seulement esquissés dans le premier volet, ces enjeux dramaturgiques mijotent et cuisent à point dans ce second épisode. La beauté de ces thématiques éternelles, c'est que l'on peut y projeter toutes les périodes historiques qui ont vu s'affronter des forces impérialistes et des peuples autochtones (guerre de Troie, conquêtes romaines, colonisation, nazisme…) en remontant bien sûr jusqu'au présent le plus brûlant : invasion de l'Ukraine par la Russie ou conflit israélo-palestinien. Prenons les Fremen : on pourrait les identifier aussi bien comme les Juifs pourchassés par Rome ou par le nazisme que comme les Palestiniens opprimés par Israël. Par contre, leur Mahdi est emprunté au chiisme. C'est toute l'intelligence universaliste (et commerciale) de Dune que de combiner ainsi divers éléments historiques et culturels, puis de les fondre ensemble en une sorte d'objet syncrétique afin de donner du grain identificatoire à tout le monde. Quant aux affreux Harkonnen, avec leurs crânes rasés, leurs mines patibulaires, leur uniformes noirs dignes d'un groupe de death metal, leur brutalité et leur cynisme, ils évoquent autant les nazis que le régime de Vladimir Poutine.

Dune 2 offre une vraie proposition esthétique pour un space opéra.

Dune 2, c'est aussi, et peut-être avant tout, une débauche de créativité à tous les postes : costumes, décors, objets, accessoires, photo, tout attrape l'œil. Ce n'est pas sans risque. S'il n'y avait la puissance des batailles et la tension des enjeux, le film pourrait parfois prendre les allures d'un exotisme chic, d'un défilé de mode et de design, voire si on était vraiment sévère, d'une pub luxueuse pour parfum. Malgré cette imagerie subliminale, Dune 2 offre quand même une vraie proposition esthétique pour un space opéra, toute une gamme chromatique d'ocres, de beiges et de grèges, les espaces somptueux du désert, un vol d'hélicoptères dans le soleil qui rappelle la chevauchée des Walkyries de Coppola, ou encore ces séquences où Villeneuve passe subitement des couleurs chaudes des Fremen au noir et blanc métallique des affreux Harkonnen. Le tout sans cesse rehaussé par la musique grandiose (frisant le grandiloquent) de Hans Zimmer. Si le scénario brasse tous les mythes, la fresque esthétique de Villeneuve amalgame toute l'histoire des films à grand spectacle du péplum au space opéra en passant par le western et le film de guerre, distillant ses réminiscences de Ben Hur, Lawrence d'Arabie, Gladiator, La Guerre des étoiles, Apocalypse now…

Puisque l'on évoque les grands films spectaculaires digérés par Villeneuve, on a envie de terminer en jouant Dune 2 face à un autre film du genre space opéra encore à l'affiche : L'Empire de Bruno Dumont, qui se passe aussi dans les dunes – celles plus modestes du Pas-de-Calais. On pourrait facilement pointer quelques ressemblances entre les deux films : un affrontement physique et métaphysique entre bien et mal, avec d'un côté Paul Atréides/Timothée Chalamet et Anna-Maria Vartolomei représentant les lumières, de l'autre les Harkonnen et Fabrice Luchini/Belzébuth champions des ténèbres. Il y a aussi des différences pas minces, qui sont celles entre le cinéma français et le cinéma hollywoodien : L'Empire a coûté 7 millions d'euros, Dune 2 190 millions de dollars. Cette différence de force de frappe est un symbole cruel au moment où les Etats-Unis sont en train de lâcher l'Ukraine et l'Europe. Le geste de Dumont est certainement plus original, plus audacieux, plus libre, plus foutraque, plus transgressif, celui de Villeneuve étant du côté de la puissance et du perfectionnisme à gros moyens. C'est un peu comme si l'on comparait d'un côté une bizarre voiture hybride assemblant une Mercédès et une 2CV avec de l'autre côté une Rolls luxueuse dans tous les détails. La Mercédès-2CV a plus de charme et de singularité mais le voyage en Rolls est un plaisir de cinéma premium qui ne se refuse pas.

Serge Kaganski

JOURNALISTE, CRITIQUE DE CINÉMA

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Shabjdeed et Al-Nather, les sultans du rap palestinien

Figures influentes de la scène palestinienne, le rappeur Shabjdeed et le producteur Al-Nather ont sorti leur second album, “Sultan”, le 29 février. Leur œuvre au son unique (…)

Figures influentes de la scène palestinienne, le rappeur Shabjdeed et le producteur Al-Nather ont sorti leur second album, “Sultan”, le 29 février. Leur œuvre au son unique reflète la réalité d'une jeunesse cisjordanienne étouffée, mais résiliente, sous l'occupation israélienne. Le site panarabe “The New Arab” retrace aussi l'histoire de BLTNM, le collectif auquel ils appartiennent.

Tiré de Courrier international. Légende de la photo : Le rappeur palestinien Shabjdeed (au centre) et son producteur Al-Nather (à droite) dans un extrait du clip de leur chanson "NKD GLG", sortie en 2019. Capture d'écran YouTube / @BLTNM

Shabjdeed et Al-Nather, figures majeures de la scène alternative palestinienne, sont de retour avec Sultan. Ce second disque du tandem, sorti le 29 février, reflète les réalités de la jeunesse de Cisjordanie, alors que l'occupation israélienne se durcit. Dithyrambique, la critique palestinienne Salma Moussa salue, dans le site panarabe The New Arab, “le courage de Shabjdeed pour cette exploration sensible, honnête, lucide, responsable et élégante en territoire dangereux”. Elle retrace aussi retrace la genèse du duo et leur implication dans le collectif BLTNM.

Ce nouvel album était très attendu depuis la sortie du premier morceau, Nasheed (“Hymne”, en arabe), en décembre 2023. “Sortie en toute discrétion et sans référence directe à cette période si tendue et particulière”, avec les massacres commis à Gaza, la chanson mêle mélancolie, résilience et espoir.

“Rien d'extraordinaire, là encore, le quotidien des Palestiniens est ainsi, les mots comme ‘guerre' en font simplement partie, de la même manière qu'on les retrouve dans le répertoire du musicien depuis le début de sa carrière”, car la “guerre est une constante de la vie des Palestiniens”.

“Un jeune homme ordinaire”

Shabjdeed a émergé sur le devant de la scène musicale à Ramallah, en 2018, tandis qu'Al-Nather se faisait connaître comme le producteur le plus en vue de la scène alternative en Cisjordanie. Ils se sont retrouvés alliés au sein du collectif BLTNM, alors à l'affiche du premier Boiler Room palestinien − nouvelle déclinaison de ces soirées clubbing organisées à travers le monde et devenues une véritable institution.

L'une des raisons du succès du rappeur, c'est qu'il “parle d'une expérience plus largement partagée, du quotidien des habitants de Cisjordanie, de leur vie, de leurs clivages, et plus précisément du point de vue d'un jeune homme ordinaire”, analyse Salma Moussa.

Comme beaucoup de jeunes Palestiniens, la musique de Shabjdeed a accompagné les virées nocturnes, en voiture, de la journaliste à travers Ramallah, terrifiée par la peur d'être interpellée. “C'est ce qu'on appelle la paranoïa naturelle de Ramallah, c'est quelque chose qui vous vient naturellement quand vous vivez – ou essayez de vivre – dans ce qui est de facto votre pays. Aussi traumatique soit-elle, pour une Cisjordanienne comme moi, cette paranoïa est un sentiment tangible et familier, presque réconfortant, c'est quelque chose que tout le monde comprend” avec cette musique.

Des marginaux

En 2021, une chanson en particulier a trouvé un large écho auprès de la jeunesse palestinienne et arabe, rappelle la journaliste : Inn Ann, un duo entre Shabjdeed et le rappeur Daboor, accompagnés d'Al-Nather. Ils louaient le courage des jeunes de Jérusalem et faisaient référence à Cheikh Jarrah, quartier de Jérusalem-Est occupé et annexé par Israël, où des colons israéliens attaquaient les maisons de Palestiniens et où des expulsions et démolitions des demeures palestiniennes étaient ordonnées.

Des collaborations de Shabjdeed et Al-Nather se dégagent beaucoup de solidarité, de courage et de mélancolie. “Tissée par les liens forts qui unissent ses artistes, la scène hip-hop a résisté à l'épreuve du temps et reste bien vivante dans les Territoires occupés”, selon Salma Moussa. À l'image du parcours de BLTNM, miroir d'une certaine résilience d'une jeunesse marginalisée.

“On qualifie [cette musique] d'‘underground', pour désigner ce sentiment d'invisibilité qui vous vient quand vous êtes un étranger parmi les étrangers, le marginal des marginaux, et pour parler de ce rejet absolu du monde et de ce qui vient avec.” D'où cette envie de protéger jalousement cette “vraie bonne musique”.

Courrier international

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« Taxons les riches » : Attac déploie une banderole géante sur l’hôtel de luxe de Bernard Arnault

5 mars 2024, par ATTAC France — , , ,
Samedi 24 février, nous avons déployé une immense banderole sur la façade du futur hôtel Vuitton, récemment acquis par Bernard Arnault sur les Champs-Élysées à Paris. Avec un (…)

Samedi 24 février, nous avons déployé une immense banderole sur la façade du futur hôtel Vuitton, récemment acquis par Bernard Arnault sur les Champs-Élysées à Paris. Avec un message : « Tax the Rich », en référence à l'enrichissement indécent des milliardaires avec la complicité du gouvernement.

Mobilisation 27 février 2024

Cette action lance une grande mobilisation pour la justice fiscale : « Superprofits, ultra-riches, méga-injustices ». Dans ce cadre, nous organiserons de nombreuses actions dans tout le territoire. Rejoignez-nous dans cette mobilisation !

Ce 24 février à 18h30, plus d'une centaine d'activistes d'Attac ont pris part au déploiement d'une immense banderole sur la façade du futur hôtel LVMH sur laquelle on pouvait lire « Tax the Rich ».

Un groupe s'est infiltré dans un échafaudage pour accéder au toit afin de déployer le message et déverser des faux-billets de 60 milliards, une somme qu'Attac propose de récupérer en imposant mieux les ultra-riches et les multinationales.

Un autre groupe a pris le temps d'expliquer les raisons de cette action et les revendications d'Attac aux passant·es et aux touristes par le biais de prises de paroles de partenaires associatifs et syndicaux et distribution de tracts.

Revoir l'action en images

Cette action, sans dégradation et sans violence, a fait l'objet d'une répression disproportionnée : le rassemblement devant l'hôtel Vuitton a été nassé par la police et trois activistes ont été interpelés. Leur garde à vue a été prolongée dimanche, portant ainsi à 48h la durée de leur détention pour une action pourtant symbolique.

Un des activistes a même été déféré le lundi 26 février au soir pour une comparution immédiate, et devrait être poursuivi pour « dégradation d'une chaîne appartenant à Louis Vuitton ». Outre l'inanité du motif, ces intimidations constituent une atteinte grave à la liberté d'expression et à la liberté de manifestation. Cette répression ne nous empêchera pas de continuer à dénoncer l'impunité des ultra-riches !

Pourquoi cette action ?

Le lieu ciblé par cette action, racheté par Bernard Arnault pour en faire un hôtel Vuitton de très haut standing, matérialise l'opulence et l'enrichissement indécent des ultra-riches. En déployant le message géant « Tax the Rich » sur la façade de ce futur hôtel, nous appelons à ce que les plus riches paient enfin leur juste part d'impôt ( voir notre article : « Pourquoi s'en prendre à Bernard Arnault ? » )

À l'opposé de la politique d'austérité injuste et injustifiée annoncée par le gouvernement, Attac a formulé des solutions pour financer les urgences écologiques et sociales en imposant mieux les ultra-riches. Ces 6 propositions permettraient de récupérer à minima 60 milliards d'euros. En réinstaurant un ISF rénové et en améliorant la taxation sur les héritages, ce sont 15 à 20 milliards qui pourraient être collectés chaque année.

Ces recettes supplémentaires permettraient de financer la rénovation énergétique des bâtiments, une vraie politique de logement social, des alternatives alimentaires face à l'inflation, la remise sur pied de l'hôpital public...

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Le G20 se penche sur les ultras-riches

5 mars 2024, par Michel Gourd — , ,
Les ministres des finances des vingt pays du G20, réunis à São Paulo, ont discuté de la taxation des ultras-riches ce qui pourrait aider les économies les plus défavorisées de (…)

Les ministres des finances des vingt pays du G20, réunis à São Paulo, ont discuté de la taxation des ultras-riches ce qui pourrait aider les économies les plus défavorisées de la planète.

Le G20, une version du G7 élargie aux grandes économies émergentes, représente plus de 80 % du PIB mondial et les deux tiers de la population de la planète. L'organisme tenait les 28 et 29 février la première réunion de l'année de ses ministres des Finances. Le Brésil avait choisi la taxation minimale des ultras-riches à l'échelle internationale comme un des sujets de discussion. L'impôt personnel effectif des milliardaires est souvent bien inférieur à celui que paient les autres contribuables. Selon les chiffres de l'Observatoire européen de la fiscalité, il ne dépasse pas, en moyenne, 0,5 % de leur fortune. L'organisme souligne leur niveau élevé d'optimisation qui serait souvent à la limite de la légalité. « C'est très facile quand on dispose de beaucoup de patrimoine de le structurer pour qu'il ne génère pas de revenu taxable », commente à ce sujet le porte-parole de l'Observatoire, Quentin Parrinello. Cela se ferait dans de nombreux pays, les techniques variant d'un à l'autre.

Dans les pas d'Oxfam

À ce sujet, le 15 janvier dernier, l'organisme onusien Oxfam affirmait que les fortunes des cinq hommes les plus riches du monde auraient augmenté de 114 % depuis 2020, passant de 405 à 869 milliards de dollars, soit 14 millions de dollars d'augmentation par heure. En comparaison, selon la progression actuelle, il faudra environ 230 ans pour mettre fin à la pauvreté dans le monde.

Au total, la fortune des milliardaires aurait augmenté de 3 300 milliards de dollars depuis 2020, soit trois fois plus rapidement que l'inflation mondiale. Il y aurait un grand écart de distribution de ces milliardaires entre les pays. Ceux de l'hémisphère nord possèderaient près de 70 % des richesses mondiales. Environ 1 % de la population mondiale aurait 43 % de tous les actifs financiers de la planète.

Selon le directeur général par intérim d'Oxfam International, Amitabh Behar, des milliards de personnes subiraient les chocs économiques dus à la pandémie, à l'inflation et à la guerre, tandis que les milliardaires prospèreraient. Ces inégalités seraient dues, selon lui, au fait que les mieux nantis veilleraient à ce que les entreprises contribuent avant tout à leur propre enrichissement, au détriment du reste de la population. Dans une note récemment publiée par cette ONG, sur chaque dollar de recette fiscale généré dans les pays du G20, moins de 8 cents proviennent de l'impôt sur la fortune.

Le Brésil et la France montrent le chemin

La réunion s'est terminée sans communiqué conjoint, mais le ministre brésilien des Finances, Fernando Haddad, a déclaré après qu'il voudrait que les ultras-riches paient leur juste part d'impôt avec un système de taxation minimale des milliardaires à l'échelle internationale. Il espère un accord sur une déclaration commune à ce sujet d'ici la prochaine réunion ministérielle du G20 en juillet.

Ce sujet a eu une résonnance particulière en France où 10 % des ménages possèdent 54 % des richesses, un pourcentage stable depuis 2019. Ceux-ci auraient un patrimoine d'au moins 716 000 euros d'actifs, tandis que les 10 % les plus pauvres auraient 163 fois moins, soit un maximum de 4 400 euros. En 2018, année de la précédente étude, l'écart était de 158 fois entre les deux catégories. Cette inégalité serait encore plus élevée dans plusieurs autres pays de la zone euro. Le ministre français de l'économie, Bruno Le Maire, a affirmé se battre pour une taxation mondiale plus simple, plus efficace et plus juste.

L'économiste français, qui s'intéresse beaucoup à l'évasion fiscale, Gabriel Zucman, avait été invité le 29 février à s'exprimer sur le sujet. Selon lui, il y a de plus en plus de preuves que les systèmes fiscaux actuels, au lieu d'être progressifs, tendent à être nettement régressifs au sommet de la distribution. L'explosion de l'extrême richesse serait l'une des principales caractéristiques de l'économie mondiale actuelle.

De l'argent pour aider les pays en difficultés

Selon Oxfam, un impôt annuel sur la fortune allant jusqu'à 5 % rapporterait près de 1 500 milliards de dollars par an. L'Observatoire européen de la fiscalité a indiqué dans une étude publiée au mois d'octobre que l'instauration d'un impôt minimum mondial sur les milliardaires pourrait rapporter 250 milliards de dollars par an. Cette somme, bien qu'imposante, ne représenterait que 2 % des 13 000 milliards de dollars de richesses qu'ont les milliardaires du monde entier.

Pour leur part, les pays en développement auraient besoin annuellement de 500 millions de dollars pour faire face aux défis du changement climatique. Ces pays sont confrontés à d'importantes pressions pour atteindre les objectifs de développement et de transition climatique.

Chose encourageante à ce sujet, un groupe appelé les « Millionnaires patriotes », regroupant des personnes fortunées à travers la planète, a plusieurs fois demandé une augmentation de leur niveau d'imposition. Ces grandes fortunes, telle l'héritière du géant allemand BASF, Marlene Engelhorn, ont affirmé lors de la rencontre à Davos cette année qu'ils seraient fiers de payer plus de taxe. Le président américain, Joe Biden, répète aussi régulièrement son souhait d'augmenter l'imposition des plus nantis.

Michel Gourd

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“Avec conviction, nous construisons la souveraineté alimentaire et luttons contre les crises et la violence”

5 mars 2024, par Vía Campesina — ,
Bagnolet, 22 février 2024 | Ce 8 mars, Journée Internationale de luttes pour les droits des femmes, en tant que La Via Campesina, nous sommes ressorties plus fortes après notre (…)

Bagnolet, 22 février 2024 | Ce 8 mars, Journée Internationale de luttes pour les droits des femmes, en tant que La Via Campesina, nous sommes ressorties plus fortes après notre notre8ème Conférence Internationalequi s'est tenue en Colombie en décembre 2023 avec des propositions claires basées sur la défense de la Souveraineté Alimentaire et la reconnaissance du rôle fondamental des femmes dans cette construction.

Photo et article tiré de NPA 29

Elles sont également engagées dans le renforcement du Féminisme Paysan et Populaire, dans la lutte contre le patriarcat et pour l'égalité, comprenant que la diversité est au cœur de la Souveraineté Alimentaire dans tous les territoires.Pendant ces 31 années, nous avons renforcé un mouvement d'unité en faveur de la transformation. Nous nous sommes organisées en approfondissant et en explorant des voies de lutte qui reflètent notre réalité, nos revendications, ainsi que les multiples situations qui impactent les femmes dans nos territoires paysans.

Aujourd'hui, le féminisme paysan et populaire représente notre stratégie en tant que femmes évoluant dans les champs, les eaux, les forêts, les déserts, les savanes, les landes, les marécages et les montagnes. C'est à travers cette approche que nous pouvons efficacement mener notre combat contre la violence et le patriarcat au sein de nos territoires, communautés, organisations et pays. Notre lutte s'articule autour de la compréhension de nos réalités en tant que femmes rurales, la valorisation de nos forces, et l'identification de nos ennemis communs

Dans le cadre de cette journée d'action, nous dénonçons vigoureusement tous les types de violence engendrés par le système capitaliste et patriarcal, qui exploite et opprime les femmes. Notre mobilisation vise à exprimer notre opposition aux féminicides, considérés comme la manifestation la plus brutale de la violence infligée aux femmes, aux enfants et aux diversités de genre. Chaque année, des dizaines de milliers de filles et de femmes, y compris des femmes trans, sont assassinées à travers le monde en raison de leur sexe. De plus, de nombreuses autres sont exposées au risque de perdre la vie en raison de violences de genre, résultant du manquement des États à leur devoir de protéger efficacement la vie des survivantes et d'assurer leur sécurité.

Face à la montée alarmante des discours de droite et conservateurs, aux reculs des droits, au fascisme, aux menaces néo-fascistes, aux guerres, aux occupations, aux déplacements, au pillage des campagnes par le capitalisme en Palestine, Haïti, Niger, Pérou, Équateur, et bien d'autres régions du monde, ainsi qu'à l'action criminelle des multinationales et de la justice qui s'approprient nos systèmes alimentaires à l'échelle mondiale, nous continuons à affirmer que la souveraineté alimentaire n'est possible qu'avec les paysan·nes. C'est nous qui refroidissons la planète, qui nourrissons les peuples, et qui construisons des sociétés de paix et de justice sociale !

Depuis que La Via Campesina a élaboré notre proposition politique et éthique de souveraineté alimentaire, qui affirme le droit des peuples à définir leurs propres politiques agricoles et alimentaires, nous, les femmes rurales, avons joué un rôle essentiel dans la concrétisation de ce principe au sein de nos communautés et de nos territoires. Nous l'avons présenté comme une alternative tangible de la paysannerie, favorisant le commerce équitable et la solidarité face à la crise alimentaire, environnementale et sociale.

Cependant, nous persistons à faire entendre notre voix pour dénoncer et résister face à plusieurs problématiques :

-Les États qui utilisent l'alimentation comme une arme de guerre, accentuant la misère et la faim. On ne vise pas la sécurité alimentaire, on veut plutôt la souveraineté alimentaire !
Le modèle capitaliste agro-hydro-minier qui marchandise les aliments et la terre, exploitant le sous-sol par le biais de l'extraction minière. Cette pratique creuse des puits dans nos terres, entraînant la destruction de l'environnement et du tissu social.
Les vagues migratoires alarmantes à la recherche de travail et de dignité dans un monde exploitant la main-d'œuvre.
Les pratiques religieuses qui, au nom de la culture, menacent la vie et la liberté des femmes ainsi que la diversité de genre à l'échelle mondiale.
Le système judiciaire complice qui favorise l'impunité et revictimise les survivants de la violence.
Le racisme enraciné aujourd'hui, justifiant la supériorité raciale et rendant les femmes paysannes, noires et autochtones particulièrement vulnérables.
Le génocide de nos peuples et communautés ancestrales, de leurs valeurs, de leurs droits et de leurs formes d'organisation.
-Le viol, les mariages précoces et la violence envers les enfants – les petites filles ne sont pas destinées à être mères ! Nous revendiquons des droits sexuels et reproductifs ainsi qu'une éducation axée sur le genre.

En tant que mouvement paysan, nous persistons dans le renforcement de la nécessité d'égalité et d'alliances entre le milieu rural et urbain. Ces alliances, qui nous mettent au défi de construire de nouvelles relations de genre entre les êtres humains, nous encouragent également à prendre soin de la terre mère. Notre féminisme paysan et populaire accorde une valeur particulière à l'agriculture paysanne en tant que garante de la souveraineté alimentaire. Il remet en question les processus d'exploitation des personnes, l'accaparement des terres et de l'eau, ainsi que l'extractivisme colonisateur.

Pour nous, la terre et les territoires sont des espaces de vie où nous aspirons à construire des relations saines, exemptes d'agrotoxiques et de violence. Notre engagement demeure ferme, nous demeurons organisés et uni·es en tant que premier front de résistance contre l'extractivisme, le capitalisme et le patriarcat dans nos territoires. Cette lutte vise à préserver la biodiversité, les semences, nos biens communs et nos savoirs ancestraux.

Nous poursuivons la construction d'un mouvement, œuvrant à la révolution des cœurs et des consciences, tout en luttant pour la souveraineté populaire, la souveraineté alimentaire, la souveraineté de nos peuples et de nos communautés, ainsi que pour notre souveraineté en tant que femmes.

Nous affirmons notre Déclaration de la 6ème Assemblée des Femmes de La Via Campesinacomme un instrument politique rassemblant nos défis, nos revendications et guidant nos actions pour la période à venir.

Joignez-vous à notre journée d'action mondiale :

Téléchargez votre kit de communication et personnalisez notre affiche officielle dans les langues locales pour étendre notre plaidoyer dans toutes les régions du monde.
Partagez vos actions, déclarations, affiches, photos et vidéos sur communications@viacampesina.org Nous souhaitons créer un padlet https://padlet.com/lvcweb/8m2024-la-via-campesina-tpl9hrx7hcgd09lt d'actions du monde entier.
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22 février 2024

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