Presse-toi à gauche !
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Le dernier flip : démarchandiser l’immobilier ?

Saviez-vous que l'Écoquartier Louvain est présenté comme une solution innovante pour démarchandiser l'habitation dans le documentaire : Le dernier flip : démarchandiser l'immobilier ?
INFOLETTRE SDÉL
ÉDITION SPÉCIALE
Saviez-vous que l'Écoquartier Louvain est présenté comme une solution innovante pour démarchandiser l'habitation dans le documentaire :
Le dernier flip : démarchandiser l'immobilier ?
Ce documentaire sera diffusé sur ICI TÉLÉ (Radio-Canada),
le jeudi 16 mai, à 20 h. Il est également disponible sur TOU.TV
Nous en avons discuté avec Ghislaine Raymond et Barbara Maass, dès après la séance de pré-visionnement du 13 mai.
Cliquez sur la vidéo - juste au bas - pour connaître leurs premières impressions, à chaud.
Scoop : on les voit dans le documentaire !!!
Nous attendons vos commentaires sur notre page Facebook
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Personnes sans statut migratoire : Trudeau, Miller ne reculez pas ! Défendez un programme de régularisation digne de ce nom !

La quarantaine d'organisations de la Campagne québécoise pour la régularisation rappelle à Ottawa sa responsabilité de protéger toutes les personnes sur le territoire canadien, quel que soit leur statut migratoire.
Le Premier ministre Justin Trudeau l'a promis. Marc Miller, son ministre de l'Immigration, des Réfugiés et de la Citoyenneté du Canada, doit défendre un programme complet et inclusif pour la régularisation des personnes sans statut migratoire. Alors que le 17 mai dernier, Justin Trudeau a confirmé qu'un programme sera présenté, la Campagne québécoise pour la régularisation, qui rassemble une quarantaine d'organisations, rappelle, à quelques jours de la fin de la session parlementaire, que le Canada a la responsabilité de protéger toutes les personnes sur son territoire, quel que soit leur statut migratoire et demandent d'adopter, sans plus de délai, un programme de régularisation, complet et inclusif. Monsieur le Premier ministre, ne brisez pas votre promesse. Monsieur Marc Miller, défendez un programme digne de ce nom !
Contre la politique du bouc-émissaire, la société civile québécoise se tient aux côtés des personnes sans statut migratoire
La société civile québécoise ne se reconnaît pas dans les discours toxiques qui alimentent la xénophobie et le racisme de certains partis politiques et élu-es transformant les personnes migrantes et immigrantes en boucs-émissaires. Elle se tient debout aux côtés de ces personnes, quel que soit leur statut.
C'est pourquoi nous réclamons un programme de régularisation complet et inclusif depuis la pandémie et le confinement, qui ont clairement mis en lumière comment les sociétés québécoise et canadienne se reposent sur les personnes migrantes et immigrantes sans statut ou avec un statut temporaire et précaire, qui sont toutes très vulnérables aux abus et violences de toutes sortes.
Un tel programme permettra aux personnes sans papier en butte aux abus, à la peur et à la souffrance d'avoir accès à un travail décent et aux conditions requises pour exercer leurs droits civils, politiques, économiques et sociaux. Ce programme leur ouvrira aussi l'accès aux soins de santé et à l'éducation, tout en leur permettant de contribuer au financement des services publics. Leur régularisation n'exercera en outre aucune pression sur le marché locatif, puisqu'elles vivent déjà ici.
Nous ne laisserons pas nos gouvernements leur faire payer le poids de leur incompétence ou de leur timidité à mettre en œuvre des politiques publiques qui s'attaquent aux inégalités criantes et à l'augmentation de la pauvreté.
Citations
« Ne pas régulariser ces personnes qui ont perdu leur statut le plus souvent à cause des failles des politiques d'immigration, ou trier parmi elles celles qui seront régularisées, ne fera que les enfoncer encore plus profondément dans la peur et les abus. Nous ne pouvons le tolérer. » –Imene, comité des femmes du Centre des travailleurs et travailleuses immigrants
- « La CSN est aux côtés des personnes immigrantes, des précaires et des sans-papiers, depuis de très nombreuses années. Les centrales syndicales québécoises CSD, CSN, CSQ et FTQ sont fières d'avoir réalisé l'unité pour revendiquer des politiques migratoires plus inclusives et plus respectueuses de la dignité des migrantes et des migrants, et aussi plus justes et plus structurantes pour notre société et nos milieux de travail. Le Premier ministre Trudeau a une excellente occasion de montrer que ses bottines suivent ses babines. S'il croit vraiment à une société fondée sur des valeurs humanistes, il doit traduire ces valeurs dans des politiques publiques qui respectent la dignité humaine et qui garantissent l'égalité des droits des familles les plus précaires, comme le réclament toutes les centrales syndicales québécoises. » –Katia Lelièvre, vice-présidente, Confédération des syndicats nationaux (CSN)
« Il est inconcevable que le gouvernement fédéral laisse tomber les personnes sans statut et à statut précaire qui font partie de notre société en contribuant non seulement à notre économie, mais aussi à notre développement social en tant que peuple. Nous n'avons pas le droit de les abandonner, et le gouvernement fédéral a le devoir de régulariser leurs statuts. Comme le souligne le mémoire remis conjointement par la CSD, la CSN, la CSQ et la FTQ au Comité permanent de la citoyenneté et de l'Immigration, il est temps d'intégrer pleinement et dignement les personnes vivant sans statut ou avec un statut temporaire ! » –Marc-Édouard Joubert, le président du Conseil régional FTQ Montréal-Métropolitain.
- « M. Trudeau, nous sommes à la croisée des chemins. Il y a inéluctablement un choix à faire : Souhaiteriez-vous maintenir des personnes sans statut ou les expulser au risque qu'elles soient en proie aux abus de toutes sortes, confinées dans une précarité et une vulnérabilité à nul autre pareil ? Ou, a contrario, souhaiteriez-vous agir en harmonie avec les valeurs que vous entendez défendre, en l'occurrence, celles de la défense des droits humains et de la liberté ? M. Trudeau, TOUS les regards sont rivés vers vous ! » –Harrold Babon, organisateur communautaire à la Clinique pour la justice migrante.
« Les discriminations encourues par la non-régularisation des femmes sans statut les maintiennent dans la marginalisation et l'exploitation. Ces femmes, rappelons-le, assurent en grande partie des métiers de soin essentiels à la population. Il est temps d'exiger qu'elles puissent bénéficier des mêmes traitements que l'ensemble de la société québécoise comme les soins de santé, les services de garde, les protections prévues par le droit de la famille et bien d'autres. » –Sylvie St-Amand, présidente, Fédération des femmes du Québec (FFQ)
- « Les statuts migratoires précaires et l'absence de statut engendrent de nombreuses violations des droits humains, notamment des droits économiques et sociaux. C'est la responsabilité de l'État de protéger les droits de toute personne sur son territoire. Le gouvernement de Justin Trudeau ne doit pas céder au discours toxique qui a pris le dessus dernièrement : il doit tenir sa promesse envers les personnes sans papiers, mettant en place un programme de régularisation véritablement large et inclusif. » –Marisa Berry Méndez, responsable des campagnes chez Amnistie internationale Canada francophone.
À propos
La Campagne québécoise pour la régularisation des personnes sans statut migratoire a été lancée en octobre 2022 (https://www.facebook.com/regulariser.qc/) et réunit actuellement une quarantaine d'organisations communautaires, syndicales et de défense de droit, dont :
Accueil et Intégration Bas-Saint-Laurent
Action Réfugiés Montréal
Amnistie internationale Canada francophone
Association pour les droits des travailleuses.rs de main et de ferme (DTMF)
Au bas de l'échelle
Centrale des syndicats démocratiques (CSD)
Centrale des syndicats du Québec (CSQ)
Centre d'aide et de lutte contre les agressions à caractère sexuel (CALACS) de l'Est du Bas-Saint-Laurent
Centre des travailleurs et travailleuses immigrants (CTTI)
Centre femmes de la Mitis
Centre femmes de Rimouski
Centre international de solidarité ouvrière (CISO)
CLEF Mitis-Neigette
Clinique pour la justice migrante (CJM)
Collectif bienvenue
Collectif pour un Québec sans pauvreté
Comité d'action de Parc-Extension
Comité d'Action des personnes sans statut (CAPSS)
Comité logement Bas-Saint-Laurent (CLBSL)
Confédération des syndicats nationaux (CSN)
Conseil canadien pour les réfugiés (CCR)
Conseil central de la Gaspésie et des Îles-de-la-Madeleine (CCGIM-CSN)
Conseil central des syndicats nationaux des Laurentides (CCSNL)
Conseil central des syndicats nationaux de l'Estrie (CCSNE-CSN)
Conseil central du Montréal métropolitain-CSN (CCMM-CSN)
Conseil régional FTQ Montréal métropolitain (CRFTQMM)
Fédération des femmes du Québec
Fédération des travailleurs et travailleuses du Québec (FTQ)
Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec (FIQ)
Foyer du Monde
Front d'action populaire en réaménagement urbain (FRAPRU)
Illusion Emploi de l'Estrie
La Débrouille
Le Québec c'est nous aussi (LQCNA)
Ligue des droits et libertés (LDL)
Médecins du Monde Canada
Migrante Québec
Mission communautaire de Montréal
PINAY (Organisation des femmes philippines du Québec)
Projet Accompagnement Solidarité Colombie (PASC)
Réseau d'aide aux travailleuses et travailleurs migrants agricoles du Québec (RATTMAQ)
Solidarité populaire Estrie
Table des groupes de femmes de Montréal (TGFM)
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Des groupes ripostent en faveur du libre choix

En réponse à une marche anti-avortement le 1er juin à Québec
Montréal, 27 mai, 2027
En réponse à la première « Marche pour la vie » au Québec, une manifestation anti-avortement, la Fédération du Québec pour le planning des naissances (FQPN) et les groupes alliés du Comité riposte pro-choix appellent à la mobilisation samedi, le 1 juin 2024 à 11h45, pour défendre le droit fondamental à l'avortement lors d'un grand rassemblement au Parc de la Francophonie, près de l'Assemblée nationale, à Québec.
Les groupes féministes, 2SLGBTQIA+, syndicats et militant.es pour le droit à l'avortement se mobilisent pour dénoncer cette marche anti-choix qui souhaite priver les femmes de leur liberté, et réitérer que la majorité de la population québécoise est fermement pro-choix.
« Alors que nous observons une montée de la droite conservatrice à travers le monde, dit Jess Legault, coordonnatrice générale de la FQPN, nous voulons rappeler à l'ensemble de la population québécoise que ces reculs des droits reproductifs n'auront jamais leur place ici. »
« Nous serons toujours vigilantes, nous maintiendrons toujours une veille pour garantir le droit et améliorer l'accès à l'avortement dans toutes les régions de la province et pour défendre un vrai libre choix pour chacune, » souligne la représentante de la FQPN.
Le libre choix, c'est de défendre le droit de chaque femme ou personne de décider si elle veut ou non des enfants, d'en déterminer le nombre et le moment où elle sera enceinte. C'est aussi revendiquer des minima sociaux, tels qu'un nombre adéquat de places en services de garde éducatifs et l'accès au logement sain et abordable, pour permettre un choix libre de contraintes.
Les membres du Comité riposte célèbrent le droit à l'avortement tout en revendiquant des mesures concrètes pour garantir cet accès et pour soutenir pleinement les droits reproductifs et d'autonomie corporelle de chacun.e.
Ensemble, nous continuons à nous battre pour un avenir où le droit à l'avortement est respecté, protégé et accessible à toustes.
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Journée internationale contre l’homophobie et la transphobie, l’occasion pour l’Amicale du Nid de rappeler son engagement contre toutes les formes de discriminations

La journée internationale contre l'homophobie et la transphobie permet à l'Amicale du Nid de rappeler son inscription dans le refus de toute forme de discrimination, de racisme, de sexisme, d'homophobie et de transphobie.
Tiré de Entre les lignes et les mots
Si la majorité des personnes victimes du système prostitutionnel sont des femmes et des enfants, les personnes trans sont aussi surreprésentées.
A l'échelle nationale, en moyenne 5% des personnes en situation de prostitution sont des personnes trans, 11% des hommes et 85% des femmes.
Les chiffres issus des diagnostics territoriaux sur l'état des lieux de la prostitution réalisé dans 11 départements par l'Amicale du Nid, conduisent à la même estimation.
Au 1er janvier 2022, 14% des 643 personnes en cours de parcours de sortie de prostitution étaient des hommes ou des personnes trans.
Ces chiffres nous rappellent que le système prostitutionnel ne peut être considéré en dehors des rapports de domination liés au sexe et au genre qui structurent nos sociétés : la prostitution est, de manière systémique, une violence à l'encontre des femmes et des minorités de genre.
A l'Amicale du Nid en 2022, 28% des personnes rencontrées en maraudes de rues, routes, bois et autre lieux extérieurs sont des personnes trans.
Dans le cadre de nos actions d'aller-vers numériques, nos équipes ont contacté 600 personnes trans.
Notre accompagnement global est sans discrimination et s'adapte à la singularité de chacun·e.
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Les professionnelles en soins font pression sur les élu-e-s au Conseil général de la CAQ

De nombreuses professionnelles en soins se sont fait voir et entendre aujourd'hui à Saint-Hyacinthe lors du Conseil général de la CAQ. Elles voulaient ainsi rappeler aux député-e-s caquistes qu'elles sont toujours sans entente de principe pour le renouvellement de leur convention collective et que les élu-e-s caquistes ont un rôle à jouer auprès des ministres responsables de la négociation.
« Alors que le réseau craque de partout et qu'il manque cruellement de professionnelles en soins aux quatre coins de la province, le gouvernement a la responsabilité de leur offrir rapidement de meilleures conditions de travail et salariales. Pour le bien des 80 000 professionnelles en soins que l'on représente de même que pour celui des patient-e-s du réseau, il est plus qu'urgent que le gouvernement se concentre sur des solutions pérennes et souhaitées par celles qui donnent des soins au quotidien », de déclarer Roberto Bomba, trésorier de la FIQ.
Au nombre de ces solutions, on retrouve le volontariat avec incitatifs financiers pour répondre aux besoins d'accessibilité aux soins et permettre une plus grande stabilité des équipes de soins. « C'est d'ailleurs la proposition que nous avons faite à la table de négociation cette semaine. Si le gouvernement est prêt à instaurer une équipe volante publique élargie pour pallier entre autres au retrait de la main‑d'œuvre indépendante (MOI) dans l'ensemble des régions et des centres urbains du Québec, que ça répond à sa vision de mobilité et que ça permet de débloquer la négociation, nous répondons présentes », de poursuivre monsieur Bomba.
C'est aux côtés, entre autres, des membres du Syndicat des professionnelles et professionnels du gouvernement du Québec (SPGQ) et de ceux du Syndicat de la fonction publique du Québec (SFPQ) que les professionnelles en soins de la FIQ ont rendu visite aux député-e-s de la CAQ. « La défense des services publics est au cœur de nos revendications respectives. Tout comme nous, les collègues du SPGQ et du SFPQ espèrent une entente de principe qui sera satisfaisante et qui permettra ultimement d'améliorer les services offerts à la population. Tout le monde sera gagnant à ce que les négociations se terminent de manières positive et rapide : le gouvernement, les employé‑e‑s et les citoyen‑ne‑s », de souligner monsieur Bomba.
Une mobilisation qui se poursuivra
Comme elles l'ont fait aujourd'hui, les professionnelles en soins membres de la FIQ maintiendront les moyens de pression et continueront de se faire voir tant et aussi longtemps qu'il le faudra afin de soutenir leur Comité de négociation. « On parle ici de 90 % du personnel infirmier et cardiorespiratoire qui est sans contrat de travail. Le gouvernement doit les entendre et mettre en place des solutions à court, moyen et long termes s'il veut espérer attirer et retenir des professionnelles en soins dans toutes les régions du Québec », de conclure monsieur Bomba.
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« Comment Israël dévoie les allégations d’antisémitisme pour projeter ses propres crimes sur les Palestiniens »

Dans la foulée de la multiplication des campements d'étudiant·e·s pro-palestiniens sur les campus universitaires des Etats-Unis, les accusations d'antisémitisme sont de nouveau au centre du discours politique états-unien et mondial. Il ne fait aucun doute, comme Peter Beinart (Notebook, 28 avril 2024) et d'autres l'ont indiqué, que des expressions d'antisémitisme sont apparues dans certaines de ces actions, mais leur fréquence a été fortement exagérée. En effet, des personnalités juives et non juives influentes dans les médias et la politique ont délibérément cherché à créer une inquiétude morale publique en associant les critiques sévères d'Israël et du sionisme à de l'antisémitisme.
Tiré d'À l'encontre.
Cet amalgame est le résultat d'une campagne menée depuis des décennies par Israël et ses partisans dans le monde entier afin d'étouffer toute opposition aux politiques violentes d'occupation [Cisjordanie, Jérusalem-Est, Gaza…], d'apartheid et de domination de l'Etat sur les Palestiniens – qui, au cours des sept derniers mois, ont pris des proportions immenses, voire génocidaires.
Cette stratégie n'est pas seulement cynique, hypocrite et nuisible à la lutte essentielle contre le véritable antisémitisme. Elle permet également à Israël et à ses partisans, comme nous le soutiendrons ici, de nier les propres crimes et le discours violent d'Israël en les inversant et en les projetant sur les Palestiniens et leurs partisans, et en appelant cela de l'antisémitisme [1].
Ce mécanisme psycho-discursif d'inversion et de projection sous-tend le document fondateur de la prétendue « lutte contre l'antisémitisme » : la définition de l'antisémitisme de l'Alliance internationale pour la mémoire de l'Holocauste (IHRA-International Holocaust Remembrance Alliance), qu'Israël et ses alliés diffusent agressivement dans le monde entier [2].
En réponse aux protestations des étudiant·e·s, la Chambre des représentants des Etats-Unis a récemment adopté un projet de loi qui, s'il était approuvé par le Sénat, intégrerait cette définition dans la législation, et ce malgré le fait que l'IHRA elle-même la décrive comme une « définition de travail juridiquement non contraignante ».
Une définition par inversion et projection
L'IHRA est une organisation internationale influente composée de 35 Etats membres provenant principalement du Nord (y compris Israël et l'Europe de l'Est). L'organisation a adopté une définition de travail de l'antisémitisme en 2016 qui comprend une vague articulation de l'antisémitisme comme « haine envers les Juifs » ainsi que 11 exemples qui prétendent l'illustrer ; sept d'entre eux se concentrent sur Israël, assimilant essentiellement la critique d'Israël et l'opposition au sionisme à l'antisémitisme. Cette définition a donc suscité une énorme controverse dans le monde juif et au-delà, bien qu'elle ait été adoptée par des dizaines de pays et des centaines d'organisations, des universités aux clubs de football [3].
D'innombrables exemples ont été enregistrés au fil des ans pour montrer comment cette définition sert à restreindre la liberté d'expression, à faire taire les critiques à l'égard d'Israël et à harceler ceux qui les expriment. A tel point que Kenneth Stern, principal rédacteur de la définition, en est devenu le principal opposant. D'autres définitions, comme la Déclaration de Jérusalem sur l'antisémitisme (dont les auteurs de cet article ont été parmi les initiateurs et les rédacteurs), ont été proposées comme des outils plus précis et moins politiquement biaisés à utiliser à des fins éducatives dans la lutte contre l'antisémitisme.
La définition de l'IHRA met en évidence le mécanisme d'inversion et de projection par lequel Israël et ses partisans nient les crimes d'Israël et les attribuent aux Palestiniens. L'un des exemples de la définition stipule, par exemple, que « nier au peuple juif son droit à l'autodétermination » est antisémite. Pourtant, la politique officielle d'Israël en matière de colonisation, d'occupation et d'annexion au cours des dernières décennies a nié au peuple palestinien son propre droit à l'autodétermination.
Cette politique s'est intensifiée sous la direction de Benyamin Netanyahou qui, en janvier 2024, s'est publiquement engagé à résister à toute tentative de création d'un Etat palestinien. Les principes directeurs fondamentaux de la coalition gouvernementale déclarent en outre, en écho à la loi sur l'Etat-nation juif de 2018, que « le peuple juif a un droit exclusif et inaliénable sur toutes les régions de la Terre d'Israël ». Alors qu'Israël s'oppose activement à l'autodétermination des Palestiniens, la définition de l'IHRA inverse et projette cet état de fait sur les Palestiniens eux-mêmes, en la qualifiant d'antisémitisme.
Selon la définition de l'IHRA, « établir des comparaisons entre la politique israélienne contemporaine et celle des nazis » est un autre exemple d'antisémitisme. Ici aussi, le schéma d'inversion et de projection est évident, puisqu'Israël et ses partisans ne cessent d'associer les Arabes et surtout les Palestiniens aux nazis.
Il s'agit d'un discours profondément enraciné et très populaire en Israël. Il va de David Ben-Gourion, premier Premier ministre israélien, qui considérait les Arabes qui combattaient Israël comme les successeurs des nazis, à Benyamin Netanyahou, qui affirme que le Hamas représente de nouveaux nazis, en passant par le ministre des Finances Bezalel Smotrich, qui a récemment affirmé qu'il y avait deux millions de nazis en Cisjordanie occupée (Times of Israel,28 novembre 2023).
A la lumière de ce narratif inversé, l'affirmation de la définition de l'IHRA selon laquelle « appliquer deux poids deux mesures » dans les jugements moraux sur Israël est antisémite traduit un autre exemple de ce mécanisme d'inversion et de projection. La définition de l'IHRA elle-même utilise deux poids deux mesures : alors qu'Israël est autorisé à refuser aux Palestiniens leur droit à l'autodétermination et à les comparer aux nazis, la définition affirme que refuser aux Juifs le droit à l'autodétermination et établir des liens entre la politique israélienne et la politique nazie est antisémite.
Pour la défense du génocide
Ce mécanisme psycho-discursif va au-delà de la définition de l'IHRA, comme l'a révélé la récente audition au Congrès de trois présidents d'universités d'élite des Etats-Unis. Un moment clé s'est produit lorsque la députée républicaine Elise Stefanik a demandé aux présidents si leurs institutions toléreraient des appels au génocide des Juifs.
Je suppose que vous connaissez le terme « intifada », n'est-ce pas ? a demandé Elise Stefanik à Claudine Gay, présidente de l'Université de Harvard. « Et vous comprenez, a-t-elle poursuivi, que l'utilisation du terme intifada dans le contexte du conflit israélo-arabe est en fait un appel à la résistance armée violente contre l'Etat d'Israël, y compris la violence contre les civils et le génocide des Juifs. Le savez-vous ? »
Cette assimilation de l'intifada au génocide est sans fondement : l'intifada est le mot arabe qui désigne un soulèvement populaire contre l'oppression et pour la libération et la liberté (le verbe intafad signifie littéralement « se débarrasser »). Il s'agit d'un appel à l'émancipation qui a été répété à de nombreuses reprises dans le monde arabe contre des régimes oppressifs, et pas seulement en Israël. Une intifada peut être violente, comme l'a été la seconde intifada en Israël-Palestine entre 2000 et 2015, ou non violente, comme l'a été la majeure partie de la première intifada entre 1987 et 1991, ou l'« intifada WhatsApp » au Liban en 2019. Dans ces conditions, la seule allusion au génocide réside dans l'imagination d'Elise Stefanik et de ses semblables. Ce fut un moment douloureux : Stefanik a tendu un piège à Claudine Gay, et elle est tombée dedans.
Un autre exemple de fausse allégation pernicieuse est l'affirmation d'Israël et de ses partisans selon laquelle le slogan de libération palestinien « Du fleuve à la mer, la Palestine sera libre » est génocidaire et antisémite [voir l'article de Stephen Zunes publié sur ce site le 7 mai 2024]. Comme l'ont affirmé les historiens Maha Nasser, Rashid Khalidi et d'autres, la grande majorité des Palestiniens et de leurs partisans qui scandent ce slogan veulent simplement dire que la terre de la Palestine historique sera libérée politiquement – en rejet absolu de la réalité actuelle de l'absence de liberté pour les Palestiniens, sous diverses formes, entre le Jourdain et la mer Méditerranée. Cela pourrait prendre la forme d'un seul Etat avec des droits égaux pour tous, de deux Etats-nations pleinement indépendants ou d'une sorte d'arrangement binational ou confédéral.
Dans les deux cas, Israël et ses partisans trouvent un appel au génocide contre les Juifs là où il n'existe pas. Pourtant, en Israël, après les massacres et les atrocités du 7 octobre, de nombreux dirigeants israéliens, ministres du cabinet de guerre, hommes politiques, journalistes et rabbins ont appelé explicitement et ouvertement à un génocide à Gaza dans plus de 500 cas documentés rien qu'au cours des trois premiers mois (Law for Palestine, 4 janvier 2024), certains d'entre eux lors d'émissions de télévision à des heures de grande écoute. Cela a été exposé de manière bouleversante au monde entier dans la plainte que l'Afrique du Sud a déposée contre Israël en décembre 2023 devant la Cour internationale de justice (CIJ).
Il s'agit, par exemple, du président Isaac Herzog, du ministre de la Défense Yoav Gallant et du ministre du Patrimoine Amichai Eliyahu. Plus récemment, l'influent rabbin Eliyahu Mali a exhorté l'armée israélienne à tuer tous les enfants et toutes les femmes de Gaza, tandis que Bezalel Smotrich a appelé à l'anéantissement total des villes de Rafah, Deir al-Balah et Nuseirat. Ces voix représentent une large part de l'opinion publique israélienne et correspondent à ce qui se passe réellement sur le terrain.
Le 26 janvier, la CIJ a rendu un arrêt provisoire déclarant qu'il existe un « risque plausible » de violation du droit des Palestiniens à être protégés d'un génocide. La situation s'est encore détériorée depuis, Israël étendant son invasion à Rafah et affamant délibérément les 2,3 millions d'habitants de Gaza [4].
De nombreux spécialistes du génocide – parmi lesquels Raz Segal, Omer Bartov, Ronald Grigor Suny, Marion Kaplan, Amos Goldberg et Victoria Sanford – sont parvenus plus ou moins à la même conclusion que la CIJ. La rapporteuse spéciale des Nations unies sur les territoires palestiniens occupés, Francesca Albanese, a également affirmé, dans son récent rapport intitulé « Anatomie du génocide », qu'« il y a des motifs raisonnables de croire que le seuil indiquant qu'Israël a commis un génocide est atteint ».
Ainsi, ce qu'Israël et ses partisans accusent les Palestiniens d'inciter à commettre, les fonctionnaires et les personnalités israéliennes le déclarent explicitement et ouvertement, et l'armée israélienne le perpètre. Et tandis que les Palestiniens et leurs partisans chantent la libération « du fleuve à la mer », Israël impose la suprématie juive « du fleuve à la mer » sous la forme de l'occupation, de l'annexion et de l'apartheid.
Nous suggérons donc d'interpréter cette inversion et cette projection non seulement comme un cas classique de double standard hypocrite contre des Palestiniens, mais aussi – comme c'est souvent le cas avec les processus de projection – comme un mécanisme de défense et de déni. Comme Israël et ses partisans ne peuvent pas faire face à la structure d'apartheid oppressive de l'Etat, à sa délégitimation des Palestiniens ou à sa rhétorique et à ses crimes génocidaires, alors ils déforment ces allégations et les projettent sur les Palestiniens.
La prétendue « lutte contre l'antisémitisme » menée par Israël et ses partisans, fondée sur la définition de l'antisémitisme de l'IHRA, doit donc être considérée comme un moyen supplémentaire utilisé par un Etat puissant pour nier ses actes criminels et ses atrocités massives. Le gouvernement des Etats-Unis doit le refuser catégoriquement. (Article publié sur le site israélien +972 le 21 mai 2024 ; traduction rédaction A l'Encontre)
Amos Goldberg est professeur d'histoire de l'Holocauste. Ses ouvrages les plus récents sont Trauma in First Person : Diary Writing during the Holocaust (Indiana University Press, 2017) et un ouvrage coédité avec Bashir Bashir, The Holocaust and the Nakba : A New Grammar of Trauma and History (Columbia University Press, 2018).
Alon Confino est titulaire de la chaire Pen Tishkach d'études sur l'Holocauste à l'Université du Massachusetts, à Amherst. Son dernier ouvrage est A World Without Jews : The Nazi Imagination from Persecution to Genocide (Yale University Press, 2014).
Notes
[1] Henry Laurens, professeur au Collège de France, dans un entretien avec le quotidien Libération, à la question « L'usage du slogan « Du Jourdain à la mer » ou le symbole des mains ensanglantées sont-ils le signe d'une radicalisation des manifestants pro-palestiniens ? » répond : « Ce symbole est utilisé depuis des siècles et renvoie simplement à l'expression « avoir du sang sur les mains ». C'est le célèbre monologue de Lady Macbeth ! Quant au slogan « Du Jourdain à la mer », on a oublié que c'est aussi un vieux discours sioniste d'extrême droite. Il renvoie au droit à l'autodétermination des Palestiniens. Juridiquement, Israël n'a pas de frontières officielles. En 2004, un avis de la Cour internationale de justice déclare que ses frontières sont celles d'avant juin 1967 mais Israël ne le reconnaît pas et se revendique dans de nombreuses occasions comme le seul héritier territorial de la Palestine mandataire. Côté palestinien, le discours officiel depuis Oslo a toujours distingué un Etat à construire dans les territoires occupés libérés, et une Palestine historico-géographique, qui existe indépendamment de l'Etat palestinien à construire, comme une origine, un passé qui ne peut être effacé. La solution des deux Etats, une fois appliquée, implique des deux côtés l'abandon de toute revendication territoriale. » (Réd.)
[2] Voir l'ouvrage Whatever Happened to Antisemitism ? : Redefinition and the Myth of the ‘Collective Jew, d'Antony Lerman, Pluto Press, June 2022.
[3] A ce sujet, voir sur ce site la tribune « Antisémitisme : combattre le feu avec le pyromane ? », signée par Mateo Alaluf, Vincent Engel, Fenya Fischler, Henri Goldman, Heinz Hurwitz, Simone Süsskind. (Réd.)
[4] La Cour internationale de justice a ordonné, ce vendredi 24 mai 2024, à Israël d'arrêter « immédiatement » son offensive militaire à Rafah dans le sud de Gaza. Voir ONU Info. « La Cour considère également que, d'après les informations dont elle dispose, “les risques immenses associés à une offensive militaire à Rafah ont commencé à devenir réalité, et augmenteront encore si l'opération se poursuit”. Face à cette situation, dans son ordonnance du vendredi 24 mai, la Cour réaffirme, par 13 voix contre deux, les mesures conservatoires indiquées dans ses ordonnances des 26 janvier et 28 mars 2024, qui doivent être immédiatement et effectivement mises en œuvre. »
Dans ONU Info, il est aussi indiqué : « L'ordonnance de vendredi survient quelques jours après que le Procureur de la Cour pénale internationale (CPI), Karim Khan, a demandé des mandats d'arrêt contre le Premier ministre israélien, Benyamin Netanyahou, son ministre de la Défense, Yoav Gallant, et trois dirigeants du Hamas, pour des crimes présumés commis à Gaza et en Israël. » (Réd.)
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« The Apprentice » de Ali Abbasi – Don’t feed the Trump

La force du portrait d'Ali Abbasi est d'opposer l'empathie à la cruauté, la force de l'enquête à l'impunité. Il déconstruit ainsi intelligemment le mythe du patriote américain. En compétition en sélection officielle au Festival de Cannes. « The Apprentice » d'Ali Abbasi, avec Sebastian Stan, Jeremy Strong, Maria Bakalova…
Tiré du blogue de l'autrice.
Dans The Apprentice, le réalisateur dano-iranien Ali Abbasi s'intéresse à la fabrique du monstre Donald Trump. C'est une nouvelle pierre à la déconstruction du mythe méritocratique, déjà entamée par le précédent documentaire "Trump, un rêve américain" qui se concentrait davantage sur les talents de Donald héritier pour accumuler les dettes et les procès. Ali Abbasi se concentre ici sur la genèse du magnat de l'immobilier, son apprentissage de l'agressivité et de la masculinité toxique, le développement de son phrasé caractéristique rempli d'hyperboles, de la candeur naïve de sa jeunesse jusqu'à son addiction au pouvoir et à l'argent.
La sortie du film est prévue à la mi-septembre, avant les élections américaines de novembre. Alors que Donald Trump, 77 ans, ancien président, est donné gagnant par la majorité des sondages, malgré les affaires qui le visent, son sexisme notoire, ses liens avec des groupuscules suprémacistes, et les mensonges qu'il a proférés, rien ne semble interférer avec son inexorable retour au pouvoir. Le biopic a donc l'ambition au moins d'expliquer et idéalement de contrer la nouvelle ascension jusqu'au pouvoir de celui que la moitié des Américains abhorre alors que l'autre moitié l'adore.
Pas étonnant de voir que cet homme, héritier de l'empire de son père, grandit dans le culte du self-made man, mais surtout avec des millions dans les poches. Ce que l'on ignore davantage c'est qu'il tient son éthique de requin à un illustre avocat, connu pour son agressivité redoutable. Pour Roy Cohn (les Français les plus malintentionnés y verront une déclinaison américaine d'un Nicolas Sarkozy, petit homme à la gouaille hargneuse criblé d'enquêtes pour corruption, aux mouvements de menton saccadés et au franc-parler provocateur), l'essentiel est de gagner. La vie se sépare en deux catégories, les killers et les losers. Pour cela, tous les moyens sont bons : l'attaque, l'argent, le mensonge. Toujours surenchérir. Tout s'achète. Toujours prétendre qu'on a gagné même quand on a perdu.
Le jeune Trump, qui paraît si inoffensif, suivra à la lettre la leçon fondatrice d'un délire narcissique botoxé au capitalisme décomplexé. Il y a les exemples que détaille le film : le chantage exercé sur un fonctionnaire pour gagner une affaire, la corruption et les menaces sur le maire de New York. Dans la catégorie masculinité toxique on retrouve : la Trump Tower que Donnie veut plus grande que les autres, l'achat du consentement d'Ivanka au mariage, le viol. Mais il y a aussi le hors champ, ces exemples que le film invoque immanquablement : les réalités alternatives, le gros bouton du nucléaire que Trump se dispute avec Kim Jong Un, et bien sûr la prise du Capitole par un groupuscule encouragé par un Trump contestant sa défaite.
pprentice » reprend le nom de la série de télé-réalité animée et produite par Donald Trump. C'est un trompe-l'œil ; face aux réalités alternatives propagées et revendiquées par Trump, le réalisateur convoque justement la seule arme qui vaille : l'analyse sociologique et la vérité. La prestation de l'acteur est époustouflante, autant dans les moues proéminentes qu'arbore le personnage que dans sa transformation d'un être méché, jamais éméché, d'abord complètement gauche puis si imposant. La force du parti pris est aussi celle d'un regard empreint de compréhension, presque de compassion face à la rudesse d'un père et aux moqueries d'un milieu impitoyable. Ali Abbasi nous rappelle qu'avant d'être un être abject, Donnie aussi a été innocent. La société, ou plus exactement le capitalisme et son agitation d'ego et d'ambitions débridés prête à tout écraser, est profondément responsable de phénomènes médiocratiques comme le trumpisme.
La force du portrait d'Ali Abbasi est d'opposer l'empathie à la cruauté, la force de l'enquête à l'impunité. Il déconstruit ainsi intelligemment le mythe du patriote américain s'élevant au-dessus d'une loi du Talion. Don't feed the troll qui s'engraisse des attaques et des coups bas. Dans un ultime pied de nez qui clot son film, le réalisateur convoque un journaliste chargé de tirer le portrait de Trump dans un livre. L'intéressé se moque un peu du résultat, pourvu que le livre fasse parler de lui. En conférence de presse, Abbasi persiste et signe : il n'est pas contre une rencontre avec le héros de son film. Il n'est d'ailleurs pas sûr que le film lui déplairait, « il serait probablement surpris ».
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Taylor Swift, l’icône pop qui influence la technologie

Tournée record, album record, personnalité de l'année… le phénomène Taylor Swift semble inarrêtable. Son influence est significative, en particulier dans le secteur de la technologie.
Tiré de Europe Solidaire Sans Frontières
2 mai 2024
Par Oihab Allal-Cherif
Taylor Swift en août 2023, à Los Angeles, lors de sa tournée « Eras ». Flickr/Paolo Villanueva, CC BY
Le 19 avril, Taylor Swift a sorti son onzième album Tortured Poets Department, qui bat tous les records. Elle avait déjà à son actif celui de l'album le plus streamé sur Spotifyen 24 heures, ses albums Midnights et 1989 étant maintenant respectivement en deuxième et troisième place. Elle est actuellement la première artiste à occuper les 14 premières places duBillboard Hot 100, après être devenue la première à occuper les dix premières places en 2022 avec son précédent album. Le 2 avril, Taylor Swift est également entrée dans le classement Forbesdes milliardaires uniquement grâce à sa musique, ce qui est exceptionnel pour une artiste. Sa tournée « Eras » se poursuit et elle sera en France du 9 au 12 mai pour quatre concerts à Paris La Défense Arena.
Youtube : Décryptage du « Eras Tour » de Taylor Swift.
Recordwoman absolue des albums classés N°1, Taylor Swift n'est pas seulement une chanteuse populaire et créative : c'est une artiste engagée et militante qui lutte pour changer certaines mauvaises pratiques des entreprises de la tech. Elle est aussi une inventeuse qui révolutionne l'industrie musicale et crée une nouvelle relation avec son public. Sa capacité à être en phase avec la société et la technologie a contribué à son succès exceptionnel. C'est sans doute ce qui a conduit à sa désignation comme[ personnalité de l'année 2023par le magazine Times.
L'amour-haine pour les plates-formes de streaming
Taylor Swift n'hésite pas à utiliser sa notoriété et son influence pour mettre en place un rapport de force avec les géants du numérique, les studios de cinéma, et les professionnels de la musique.
Si son dernier album est le premier au monde à atteindre 300 millions de streams en une seule journée, Taylor Swift n'a pas toujours eu de bonnes relations avec les plates-formes musicales, surtout gratuites. Fin 2014,Taylor Swift a retiré tout son catalogue de Spotify, Deezer, Google Play, Amazon Music et Tidal, pour manifester son mécontentement concernant le niveau de rémunération des artistes. Elle ne reviendra qu'au début de l'année 2018.
Pourtant, la consommation de la musique se faisait, et se fait toujours, essentiellement gratuitement via YouTubeou SoundCloud, sans parler du piratage. Bien que sa décision de boycott la prive de millions de dollars de revenus annuels,elle l'assume et explique défendre les jeunes artistes pour lesquels gagner 0,00029 dollar par écoute est inacceptable. Dans une tribune pour le Wall Street Journal, elle dénonce la valeur trop faible accordée à la musique par les services de streaming.
Une plus grande transparence sur les droits d'auteurs et certaines nouvelles règles comme le délai de deux semaines avant que les nouveaux titres soient accessibles, de même que les contraintes d'écoute pour les abonnés non payants ont contribué au retour de Taylor Swift sur ces plates-formes. La lutte de la chanteuse aura donc favorisé l'émergence d'un modèle de streaming plus juste. En 2023, Taylor Swift est devenue l'artiste mondiale de l'année de Spotify avec plus de 26 milliards d'écoutes sur la plate-forme.
Toutube : Taylor Swift est l'artiste la plus écoutée sur Spotify en 2023.
Lors du lancement d'Apple Music en 2015, Taylor Swift a annoncé qu'elle allait refuser que son album 1989 soit accessible sur la plate-forme de streaming qui avait prévu un essai gratuit de trois mois au cours desquels les droits de propriété intellectuelle ne seraient pas payés aux interprètes, auteurs, compositeurs et producteurs. À la suite de sa lettre ouverte sur Tumblroù elle dit très clairement « Nous ne vous demandons pas d'iPhones gratuits. Ne nous demandez pas de vous fournir notre musique sans compensation », Apple est revenu sur sa décision et a décidé de verser les droits d'auteurs pendant la période d'essai. Taylor Swift deviendra ensuite l'ambassadrice de la plate-forme.
L'innovation technologique au cœur des concerts
La tournée « The Eras Tour » de Taylor Swift est la plus lucrative de tous les temps, ayant déjà rapporté plus d'un milliard de dollars. Le spectacle de trois heures trente, qui rassemble une quarantaine de titres et nécessite 50 camions, a même causé un tremblement de terre de magnitude 2,3 à Seattle.Sa scénographie très élaborée se compose d'un écran géant et de trois scènes avec des plates-formes mobiles connectées par une rampe, le tout recouvert d'écrans pour générer des effets visuels. Viennent s'ajouter des projecteurs, des lasers, des lance-flammes, des canons à fumée, des feux d'artifice… dans une surenchère technologique.
Taylor Swift crée des images associées à ses musiques dans la foule grâce à des bracelets distribués aux spectateurs.La technologie LED de PixMoba aussi été utilisée par plusieurs artistes en 2022 comme Coldplay (« Music of the Spheres World Tour »), Lady Gaga (« Chromatica Ball »), Imagine Dragons (« Mercury World Tour »), The Weeknd (« After Hours til Dawn Tour ») et Bad Bunny (« The World's Hottest Tour »). Dès 2015, pour son « 1989 World Tour », Taylor Swift est une des premières à utiliser ces effets visuels, déjà très populaires dans la K-pop. Depuis, elle les intègre systématiquement à ses concerts, avec des fonctionnalités nouvelles à chaque tournée.
Youtube : Comment fonctionnent les bracelets LED utilisés aux concerts de Taylor Swift ?
Le dispositif s'appuie sur des fréquences radio, des signaux infrarouges ou le Bluetooth pour transmettre aux bracelets les couleurs qui forment des images dynamiques dans le public sans passer par la géolocalisation. Le public devient donc une extension du show dont il est cocréateur pour une expérience encore plus interactive. En tant que pionnière dans cet usage des bracelets LED, Taylor Swift a largement influencé les autres artistes qui l'ont adopté ensuite, tout comme la NBA pour les matchs de basket et la NHL pour ceux de hockey.
Taylor Swift a utilisé la reconnaissance faciale– autorisée dans tous les états sauf l'Illinois – lors de ses concerts américains pour la protéger des harceleurs. Les spectateurs passent par des kiosques qui sont capables de vérifier leur identité en moins d'une seconde. En plus de la dimension sécuritaire, la vidéosurveillance algorithmique permet d'établir des statistiques sur le profil des spectateurs des concerts.Les données démographiques sont collectées et exploitées à des fins marketing. Bien entendu, cet usage pose de nombreuses questions éthiques, même s'il s'agit d'événements privés. Malgré certaines menaces,la reconnaissance faciale reste interdite en France, y compris pendant les prochains Jeux olympiques.
Pour le film de sa tournée, Taylor Swift a eu recours à L.A. Drones, une entreprise spécialisée dansles prises de vues aériennes d'événements. La dynamique et l'esthétique des plans sont époustouflantes et ont favorisé le succès du film, proposé dans les cinémas d'une centaine de pays pour offrir aux fans qui n'auraient pas pu y assister en live un show hyperimmersif.
Youtube : The Eras Tour (Taylor's Version) – Bande-annonce officielle | Disney+
Taylor Swift a aussi innové en distribuant elle-même le film en partenariat avec la chaîne de salles de cinéma AMC, sans passer par un studio comme c'est l'usage. Taylor Swift : The Eras Tour est le concert filmé le plus rentable jamais diffusé au cinéma. Ce film bat le record de vente de billets en 24 heures d'AMC en 103 ans d'existence. Le film a également étéprojeté au Tech Interactive, renommé « Swift Interactive » pour l'occasion, un cinéma en forme de dôme avec un écran enveloppant de 840 mètres carrés et 13 000 watts de son surround numérique pour être au plus près des conditions réelles du concert.
Réalité augmentée et réalité virtuelle
Les « swifties » (comme se nomment les fans de la chanteuse) contribuent à l'accélération de l'adoption de nouvelles technologies comme la réalité augmentée et la réalité virtuelle. Depuis plus d'une décennie, Taylor Swift s'appuie sur les innovations technologiques pour faire évoluer la façon dont on consomme de la musique et en particulier pour stimuler la vente d'objets physiques face à la domination du digital.
Dès 2012, l'application officielle de Taylor Swift utilisait la réalité augmentéepour permettre à ceux qui faisaient l'acquisition de son album Red d'obtenir du contenu exclusif en 3D. Ce type d'expérience interactive ravit les fans qui se sentent privilégiés, modernes et complices de la star. Leur niveau d'engagement et de loyauté est donc significativement plus élevé.
En 2014, pour l'album 1989, Taylor Swift s'est associée à American Express pour lancer l'application Taylor Swift Blank Space Experience. Grâce à leur smartphone, les « swifties » sont emmenés dans un monde virtuel réplique du décor du clip de la chanson « Blank Space », où ils peuvent interagir avec des personnages et des objets qui représentent des souvenirs et révèlent des photos et des histoires.
Youtube : Taylor Swift Blank Space Experience, une exploration à 360° d'un monde virtuel.
Pour sa tournée « Reputation » en 2018, Taylor Swift a proposé à ses fans uneautre application en partenariat avec Glu, The Swift Life, elle aussi basée sur la réalité augmentée, pour leur donner accès à des filtres personnalisés, à des jeux associés à chaque chanson, et à des visites virtuelles des coulisses.
En 2022, pour l'album Midnights, Taylor Swift noue unpartenariat avec Snapchatet l'entreprise BLNK pour développer des lentilles de réalité augmentée qui projettent les « swifties » à Londres ou à New York afin d'y vivre une expérience basée sur l'imagerie de l'artiste. Toutes ces innovations permettent à Taylor Swift de donner plus d'originalité et de valeur aux albums physiques, CDs ou vinyles, et donc d'en augmenter significativement les ventes. En 2023, Taylor Swift areçu le Prix de l'Innovation aux iHeartRadio Awards pour sa contribution continue à l'industrie musicale.
Un modèle de marketing d'influence
Taylor Swift est uncas d'école de communication multicanalcohérente qui s'appuie sur un grand nombre de plates-formes et de technologies combinées pour donner une image faite pour paraître la plus authentique possible. La carrière de Taylor Swift a connu un essor très rapide en s'appuyant sur une maîtrise parfaite des réseaux sociaux et sur la consolidation progressive d'une relation intime avec sa communauté de fans.
Elle développe un puissant storytelling pour captiver son audience, transmettre des messages engagés, cultiver son originalité et construire sa légende. Star iconique, elle s'adapte continuellement aux nouvelles tendances de la technologie et anticipe même certaines évolutions pour rester à la pointe de l'innovation. Elle joue sans cesse avec les codes de la pop culture et avec son image pour créer le mystère et la frénésie autour de ses projets.
Taylor Swift utilise aussi les réseaux sociaux pourdiffuser un discours militant concernant la diversité, l'inclusion, l'égalité, et la protection de l'environnement, sans craindre de faire face aux controverses. Elle fédère sa communauté autour de ces valeurs partagées, ce qui se traduit en une mobilisation sans faille. Cependant, son engagement lui vaut d'être la cible de très nombreuses fake news et théories complotistes.Les « swifties » et leur icône pop pourraient bien [jouer un rôle décisif dans les prochaines élections présidentielles]https://theconversation.com/2024-taylors-version-taylor-swift-et-les-elections-americaines-224015) américaines.
Oihab Allal-Chérif, Business Professor, Neoma Business School
< !—> The Conversationhttp://theconversation.com/republishing-guidelines —>
P.-S.
• The Conversation. Publié : 2 mai 2024, 19:55 CEST.
Cet article est republié à partir de The Conversation sous licence Creative Commons. Lire l'article original.
•Oihab Allal-Chérif, Neoma Business School
Oihab Allal-Chérif est professeur de Management à Neoma Business School. Ses recherches portent principalement sur le numérique avec des thématiques telles que : la transformation digitale des organisations, les nouvelles technologies, le côté obscure (menaces) des technologies, l'intelligence artificielle, le big data, le management des systèmes d'information, l'innovation, l'open innovation, l'open access/content, et la prospective des métiers. Il a également publié de nombreux articles sur le management des achats, la collaboration fournisseurs, les équipes multifonctionnelles, ou l'e-business. Il étudie principalement les secteurs de l'aéronautique, de l'automobile et de la culture, avec un intérêt particulier pour le gaming (e-sport, serious games, casual games, gamification,...), le digital dans les musées et les monuments, les plateformes de streaming, et les nouveaux modes de création et de diffusion d'objets culturels. Il travaille également sur des projets liés au leadership et à l'éthique dans le management.
• The Conversation est un média indépendant, sous un statut associatif. Avec exigence, nos journalistes vont à la rencontre d'expert•es et d'universitaires pour replacer l'intelligence au cœur du débat. Si vous le pouvez, pour nous soutenirfaites un don.
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L’Université populaire Al-Aqsa de l’UQAM dénonce la judiciarisation*

Pour une politique de boycott académique, maintenant !
*Montréal le 28 mai 2024* - L'Université Populaire Al-Aqsa de l'UQAM (UPA-UQAM) dénonce la voie que l'UQAM a choisie en déposant une demande d'injonction provisoire le 22 mai dernier afin de judiciariser la lutte palestinienne, portée notamment par les étudiant-es uqamien-nes au campement situé au Coeur des sciences. Ce choix constitue une attaque visant à taire les revendications pro-palestinniennes et à maintenir la
complicité de l'UQAM avec le gouvernement criminel israélien.
Plutôt que de répondre à notre revendication principale, à savoir l'adoption d'une politique de boycott académique, l'UQAM a choisi de détourner l'attention du fond de la question, vers des technicalités spatiales dites « sécuritaires », qui ne font que faciliter le profilage
politique des étudiant-e-s et empêcher tout réel dialogue.
Nous nous désolons aussi que l'attention soit portée presque exclusivement sur la répression de notre mouvement et non sur la violence extrême qui a cours en ce moment même en Palestine.
Hier, l'armée d'occupation israélienne a bombardé sans relâche le camp de réfugié-e-s de Rafah, causant un massacre indescriptible. La violence génocidaire de l'occupation par l'État sioniste doit cesser immédiatement.
Nous trouvons insupportable que les dirigeant-e-s et les médias préfèrent s'attarder sur des formalités judiciaires plutôt que d'informer réellement sur le génocide du peuple palestinien et ses conditions d'existence. Le gouvernement canadien tient actuellement une position de complicité dans la perpétuation de ce génocide, et refuse de sanctionner Israël pour ses crimes contre l'humanité.
Lorsque l'État sioniste avait évoqué au début du génocide des rumeurs de bébés décapités, sans fournir de preuves, ces allégations ont tout de même bénéficié d'une large couverture médiatique et du soutien des puissances impériales. Or, depuis hier à Rafah, nous sommes témoins de scènes d'horreur sans précédent à notre époque : des corps complètement brûlés, des bébés décapités en direct, le tout dans un silence total et avec la complicité de l'Occident. Ce traitement à double standard est révoltant et
nous refusons d'être complices de ce silence.
Nous déplorons également le harcèlement juridique et policier des campements étudiants et de toutes les personnes qui militent pour la Palestine.
Le campement s'est pourtant engagé depuis le 13 mai dernier, au lendemain de son installation, dans des pourparlers de bonne foi avec la direction de l'UQAM visant à adresser les enjeux de sécurité réels et pratiques liés aux sorties de secours et aux accès affectés par sa présence. Les solutions proposées, notamment la création d'un corridor de sécurité menant à la voie publique, avec l'appui logistique et moral du Festival TransAmériques (FTA) qui occupe le bâtiment jusqu'au 5 juin prochain, ont toutes été rejetées par l'UQAM. En effet, malgré ses interventions médiatiques à l'effet qu'elle recherche le dialogue et une résolution pacifique à la situation, la direction de l'UQAM n'a à aucun moment accepté les solutions concrètes sur les enjeux les plus urgents quant aux accès aux bâtiments.
Les syndicats de professeur-e-s et chargé-e-s de cours représentant la communauté universitaire de l'UQAM ont quant à eux multiplié les représentations afin de plaider pour une solution pacifique et offrir une médiation facilitant le dialogue entre le campement et la direction de l'UQAM.
Plutôt que de saisir les occasions de résolution proposées par le FTA et la communauté universitaire, l'UQAM a préféré avoir recours aux tribunaux. Cette judiciarisation nuit de façon effective au dialogue que l'UQAM prétend privilégier.
Nous considérons que la demande d'injonction provisoire de l'UQAM, bien qu'elle n'exige pas un démantèlement du campement, impose des mesures restrictives qui équivalent à un démantèlement "déguisé".
Nous ferons toutefois de notre mieux pour nous conformer aux ordonnances, en tenant compte de nos capacités et des ressources matérielles disponibles, tout en garantissant la sécurité de toutes et tous. Mais, il est important de noter que certains facteurs échappent à notre contrôle.
Nous exigeons aussi de recentrer l'attention sur le génocide en cours en Palestine et sur les véritables revendications du campement, dont l'adoption d'une politique de boycott académique contre toutes collaborations présentes ou futures avec les universités israéliennes.
Vive l'intifada étudiante, longue vie au mouvement des camps partout !
La Palestine sera libérée, de notre vivant !
Solidarité pour les droits Humains des Palestiniennes et Palestiniens
(SDHPP) basé à l'UQAM
sdhpp.uqam@gmail.com
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Appel urgent à l’action pour les Rohingyas de l’État de Rakhine, au Myanmar

Le Réseau des femmes pour la paix appelle à une action immédiate pour protéger la minorité ethnique et religieuse des Rohingyas dans l'État de Rakhine, ou Arakan, et empêcher que d'autres crimes atroces soient commis au Myanmar.
Tiré de Entre les lignes et les mots
Le 17 mai 2024, à partir d'environ 22 heures (heure de Myanmar), l'armée de l'Arakan a mis le feu au centre-ville de Buthidaung et aux villages environnants, notamment Tat Min Chaung et Kyauk Phyu Taung, selon des informations provenant de ces localités. Des témoins ont raconté que des membres de l'AA avaient brûlé la grande majorité des quartiers de la ville, y compris les maisons, les écoles et d'autres édifices à caractère civil. Des centaines de Rohingyas auraient été tués ou mutilés, et près de 150 000 d'entre eux auraient été déplacés de force. C'est dans la commune de Buthidaung que l'on trouve la plus forte concentration de Rohingya – plus de 200 000 civils – dans l'État.
Selon ces rapports, l'attaque de l'Armée contre le centre-ville de Buthidaung, qui compte sept quartiers, n'a pas de lien direct avec le conflit armé en cours, qui s'intensifie, avec les militaires birmans dans l'État de Rakhine. Trois jours avant l'attaque de l'AA, les militaires birmans se seraient retirés du centre-ville de Buthidaung. L'Armée du Salut des Rohingyas de l'Arakan, dont il est connu qu'elle coopère avec l'armée, s'est retirée du centre-ville de Buthidaung quelques jours avant l'attaque. Les Rohingyas recrutés de force par l'armée, qui avaient brûlé plusieurs maisons que les habitants de l'ethnie rakhine avaient fuies il y a quelques semaines, n'étaient pas non plus présents dans la zone touchée.
Il est alarmant de constater que l'attaque de l'AA contre Buthidaung s'inscrit dans un contexte d'escalade des atrocités contre les civils rohingyas. Au cours des deux dernières semaines, le WPN a été informé de cas où l'AA a incendié des dizaines de villages rohingyas et a bombardé l'école secondaire d'éducation de base n°1 et le seul hôpital de la commune, où les Rohingyas déplacés à l'intérieur du pays cherchaient refuge. Des cas de massacres de familles rohingyas dans plusieurs villages de la commune ont également été signalés ; il s'agit notamment d'un groupe d'anciens rohingyas qui ont tenté d'engager des pourparlers avec les membres des AA présents dans le secteur dans le but de modérer les agressions des AA contre eux et leurs communautés. Ces attaques ont fait des centaines de morts et de blessés parmi les civils, et dans l'État de Rakhine, près de 100 000 Rohingyas ont été déplacés de force. Le WPN continue de vérifier les informations et de rechercher activement des preuves dans un contexte où les lignes téléphoniques et l'Internet sont constamment coupées arbitrairement dans l'État de Rakhine, assorti de la diffusion en ligne et hors ligne de fausses informations et de désinformation, de la promotion de discours de haine et de rhétorique génocidaire de la part d'acteurs tels que l'armée birmane et les dirigeants de l'AA, ainsi que d'actes visant à exacerber les tensions ethniques et à instrumentaliser (weaponize) les Rohingyas à l'encontre des objectifs et des efforts du mouvement pro-démocratique birman.
Il n'est sans doute pas nécessaire de rappeler que les centaines de milliers de Rohingyas déplacés, qui risquent de plus en plus de subir de nouvelles atrocités sont des victimes et des survivants des attaques génocidaires de 2017. Ils font également partie des 600 000 Rohingyas restés au Myanmar, dont environ 130 000 déplacés internes, dans des conditions de précarité extrêmes sur ple plan humain. Systématiquement privés de citoyenneté, de liberté de mouvement et d'autres droits fondamentaux, les Rohingyas n'ont aucun moyen de fuir ou de se protéger d'un régime d'apartheid, de la conscription forcée, d'actes généralisés d'enlèvement, de torture, de meurtre, ainsi que d'autres attaques ciblées de la part de l'armée birmane et d'autres acteurs. Dans le même temps, l'évacuation récente du personnel des Nations unies et de diverses organisations non gouvernementales internationales a privé les civils rohingyas de l'État de Rakhine de tout accès à l'aide humanitaire, notamment à la nourriture et aux produits de première nécessité. Les coupures généralisées des communications et des transports sont toujours d'actualité. La famine, en particulier pour les femmes et les enfants, est désormais imminente dans la région.
Le droit international doit être respecté pour que la situation dans l'État de Rakhine soit traitée de manière globale. Il est essentiel que toutes les mesures nécessaires soient prises pour protéger la minorité ethnique et religieuse rohingya, qui a été reconnu par la Cour internationalede justice comme un « groupe protégé » en vertu de la Convention pour la prévention et la répression du crime de génocide
Une action immédiate est nécessaire pour mettre fin aux atrocités en cours dans l'État de Rakhine et pour empêcher que d'autres crimes atroces ne soient commis contre les Rohingyas. La communauté internationale ne doit plus laisser tomber les Rohingyas comme elle l'a fait dans les jours, les mois, les années et les décennies qui ont précédé les attaques génocidaires de 2017.
En conséquense, WPN appelle immédiatement :
– la communauté internationale à déployer des observateurs indépendants dans l'État de Rakhine afin que des experts puissent vérifier les faits et établir un rapport sur la crise actuelle ;
– les États membres de l'ONU et les gouvernements donateurs à fournir une assistance humanitaire aux Rohingyas déplacés de force par la crise actuelle dans l'État de Rakhine ;
– le Secrétaire général des Nations unies à invoquer l'article 99 de la Charte des Nations unies concernant la situation dans l'État de Rakhine et à faire en sorte que l'aide transfrontalière puisse être apportée aux communautés touchées ;
– le Conseil de sécurité des Nations unies à tenir une réunion publique sur la situation dans l'État de Rakhine, en mettant l'accent sur le non-respect des mesures conservatoires demandées par la CIJ ;
– les dirigeants du mouvement démocratique birman, y compris le gouvernement d'unité nationale, le Conseil consultatif d'unité nationale et les organisations révolutionnaires des communautés ethniques à prendre toutes les mesures nécessaires pour empêcher l'escalade des atrocités contre la minorité ethnique et religieuse rohingya dans l'État de Rakhine, et à lutter activement contre l'utilisation manipulatrice des divisions ethniques par l'armée birmane contre le mouvement démocratique et ses efforts pôur aller vers une démocratie fédérale véritablement inclusive ; et
– l'AA et ses dirigeants à s'engager immédiatement et de manière significative auprès de la communauté rohingya dans le but bien circonscrit d'empêcher que d'autres atrocités soient commises à leur encontre, d'assurer leur protection, leur accès à la justice et aux responsabilités, de façon à établir une base solide pour la coexistence pacifique de toutes les communautés dans l'Arakan.
19 mai 2024
Réseau des femmes pour la paix
Déclaration au format PdF
http://www.europe-solidaire.org/spip.php?article70805
Traduit pour ESSF par Pierre Vandevoorde avec l'aide de DeeplPro.
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