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Journée mondiale de lutte contre le sida, regarder vers le passé pour définir le futur
En 2023, la science et les diverses méthodes de prévention de la propagation du VIH permettent aux personnes atteintes du virus de vivre une vie presque normale. Bien que l'infection initialement mortelle ait été réduite au fil des ans à une maladie chronique, elle demeure toujours bien présente, tout particulièrement au sein des communautés LGBTQ+. Retour sur l'évolution du virus et perspectives des principaux intervenants dans la lutte au VIH à propos des solutions pour parvenir, une fois pour toutes, à son éradication.
Par
Steven Ross
30 novembre 2023
Le 5 juin 1981 paraît le tout premier article faisant mention d'une infection touchant cinq hommes gais à Los Angeles. Le nom français utilisé mondialement pour identifier l'infection fatale est établi la même année par la Direction de la terminologie du gouvernement canadien : syndrome d'immunodéficience acquise (SIDA). En mars de l'année suivante, le Canada signale son premier cas de sida.
La lutte s'organise au milieu des années 1980 alors que la première Semaine de sensibilisation au sida au Canada est présentée à Toronto, tandis que la première Conférence canadienne sur le sida est mise sur pied à Montréal en 1985. En 1988, l'OMS proclame le 1er décembre Journée mondiale de lutte contre le sida, et, en 1990, le gouvernement canadien crée la première stratégie sur le VIH. Malgré l'avènement de la trithérapie, développée à Montréal au milieu des années 1990, le VIH devient tout de même la principale cause de décès dans le monde chez les personnes âgées de 15 à 59 ans en 2002.
Pour l'équipe de RÉZO, les communautés font aujourd'hui partie de l'équation pour éradiquer le virus, comme elles l'ont été dès le début du combat. L'organisme met donc en place plusieurs services adaptés qui ne jugent pas les pratiques et réalités des communautés, dont le dépistage communautaire à la Zone Rose de RÉZO.
Selon Alexandre Dumont Blais, directeur général de RÉZO : « Pour mettre fin à l'épidémie du VIH/sida d'ici 2030, l'exercice d'un leadership communautaire et politique est crucial afin de mettre les moyens reconnus à disposition des communautés affectées. Sans réserve ni barrière. »
La Maison d'Hérelle adopte une approche axée sur les déterminants sociaux, c'est-à-dire les éléments qui ont un impact direct sur la santé des gens. La directrice générale de l'organisme, Michèle Blanchard, pointe vers diverses pistes de solution concrètes : « Notre vision est qu'il faut prendre position pour l'accès au logement, à l'alimentation, et à du soutien pour demeurer indétectable et donc intransmissible. Ces bases sont pour nous la clé afin d'être des acteurs qui mettront fin au VIH. »
À la Coalition des organismes communautaires québécois de lutte contre le sida (COCQ-SIDA), on identifie cinq axes d'action prioritaires pour éliminer la transmission du VIH d'ici 2030 : le dépistage, l'adhérence aux traitements, la réduction des méfaits, les déterminants sociaux de la santé (besoins de base, droits) et les partenariats durables. Selon le directeur général de l'organisme, Ken Monteith, les acteurs communautaires ont les connaissances et les outils d'intervention qui peuvent mener à la fin de la transmission du VIH, mais les ressources sont manquantes pour les déployer adéquatement : « Ce que nous revendiquons de nos gouvernements va au-delà des questions de financement : ça nous prend en plus un engagement moral et le courage d'arrêter de mettre des bâtons dans les roues de la réponse au VIH par des lois qui éloignent les personnes des soins et fragilisent leur vie. Ça nous prend la décriminalisation de la non-divulgation du statut VIH, de la possession simple des drogues, du travail du sexe, et un accès universel à la couverture sanitaire pour toute personne sur le territoire. »
Du côté d'ACCM, on abonde dans le même sens : « Le contexte actuel de crise du logement, de crise des surdoses, d'inflation et de haine envers les communautés LGBTQ+ n'a fait qu'augmenter la précarité, la stigmatisation et les enjeux intersectionnels auxquels font face les personnes vivant avec le VIH, relate la directrice générale de l'organisation, Emilie Renahy. Force est de constater que les priorités que nous avions identifiées dans le cadre des élections municipales et fédérales de 2021 pour mettre fin à l'épidémie d'ici 2030 restent identiques : nous demandions la fin de la criminalisation de la non-divulgation du statut VIH, des drogues et du travail du sexe ; l'accès universel et la couverture de tous les services de santé, incluant les thérapies antirétrovirales, la PrEP, la PEP, le dépistage et les services de santé sexuelle. »
En plus des membres des communautés LGBTQ+, certains autres groupes ou minorités sont disproportionnellement touchés par les cas de VIH. C'est le cas notamment des personnes migrantes, rappelle Joseph Jean-Gilles, directeur général de GAP-VIES : « Nous devrons trouver une réponse adéquate au portrait accablant et inquiétant de l'infection par le VIH chez les migrants originaires de pays où la prévalence du VIH et de l'hépatite C est élevée. Un combat de tous les jours s'impose pour combattre de front la stigmatisation, la discrimination, le racisme, l'homophobie et la transphobie sous toutes leurs formes et par tous les moyens afin de contribuer à réduire les inégalités sociales en santé et en soins, ainsi que faciliter un accès universel aux soins et aux services de santé. À Montréal, éradiquer le VIH et le sida est un défi de taille et, à GAP-VIES, nous avons compris que pour atteindre cet objectif, on ne doit pas travailler de façon isolée, ce qui explique notre ancrage au quotidien dans tous les secteurs de la vie de nos populations clés qui sont très diversifiées. »
Au-delà des organismes communautaires, plusieurs acteurs privés du secteur de la santé sont mobilisés pour soutenir les personnes vivant avec le VIH et identifier les moyens les plus efficaces d'éliminer le virus.
Mentionnons à cet effet ViiV Soins de santé Canada, notamment, la seule société pharmaceutique vouée entièrement à la recherche sur le VIH/sida et à son traitement, ainsi qu'à l'amélioration de la vie des personnes touchées par le VIH/sida. L'entreprise possède une longue histoire d'engagement, en partenariat avec la communauté canadienne du VIH par le biais de son programme d'action positive pour soutenir et améliorer les initiatives communautaires qui améliorent la vie des personnes vivant avec le VIH au Canada.
Par ailleurs, du côté des efforts mis en place au niveau fédéral, le Canada est engagé dans la stratégie 95-95-95 établie par l'ONUSIDA et l'OMS afin d'aider à éliminer le virus d'ici 2030. Alors que plus de 62 000 personnes vivent avec le VIH au pays, l'objectif est d'atteindre les cibles 95-95-95 : 95 % des personnes infectées connaîtront leur statut sérologique, 95 % recevront un traitement antirétroviral continu et 95 % de celles-ci auront une suppression virale, comparativement au profil actuel qui est respectivement de 86 %, 97 % et 92 %.
Plus de 40 ans après l'apparition du VIH, les divers organismes communautaires, privés et publics sont donc toujours à pied d'œuvre pour établir les solutions les plus prometteuses afin de limiter la propagation et d'éliminer le virus de l'immunodéficience acquise.
Au moment où l'objectif semble de plus en plus près, un mot est plus que jamais de mise : espoir.
INFOS | Pour en connaître davantage sur les progrès et les actions nécessaires pour mettre fin à l'épidémie de VIH d'ici 2030, lisez le dernier rapport de l'ONUSIDA
https://www.unaids.org
À propos d'ACCM : https://accmontreal.org
À propos de RÉZO : https://www.rezosante.org
À propos de GAP-VIES : https://gapvies.ca
À propos de la Maison d'Hérelle : https://www.maisondherelle.org
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Pourquoi le pinkwashing d’Israël fonctionne-t-il autant ?
Depuis des années, les militantexs LGBTQIA+ critiquent le discours d'Israël sur les questions d'orientation sexuelle et de genre. Alors qu'il semblait y avoir une victoire – toute maigre – sur ce front, le regain des discours de soutien aux forces de « défense » israéliennes (IDF) face à une Palestine présumée homophobe est inquiétant et demande analyse.
Tiré de Gauche anticapitaliste
1er décembre 2023
Par Seb Zürcher
En 1993, la plupart des lois d'héritage britannique criminalisant l'homosexualité dans l'armée israélienne ont été révoquées, ce qui a laissé les personnes ouvertement gays et lesbiennes servir dans l'armée. Néanmoins, une division géographique au sein de l'État colonial se fait sentir, entre Tel-Aviv, bastion libéral, et le reste des zones occupées beaucoup plus religieuses et conservatrices, notamment Jérusalem.
Dès la fin des années 90, la Pride de Tel-Aviv est ainsi déjà un grand événement, largement dépolitisé comme dans une partie du monde occidental, avec un accent mis sur la fête plutôt que sur des dimensions révolutionnaires. Pour autant, des groupes tels que Black Laundry (en hébreu Kvisa Shchora) utilisent cet espace au début du 21e siècle pour visibiliser des thématiques queer et l'occupation des terres palestiniennes, en réponse à la deuxième intifada commencée en 2000.
Colonialisme aux couleurs arc-en-ciel
Ces groupes ont malheureusement peu d'échos face à la stratégie du gouvernement israélien adoptée les mêmes années. Dénommée Brand Israël en 2005, la campagne propagandiste au cœur de cette stratégie vise à redorer l'image de marque d'Israël auprès de l'Occident comme un pays moderne, cosmopolite et progressiste.
Principalement, l'idée est d'évacuer l'occupation de la Palestine le plus possible des communications internationales au profit d'aspects culturels, touristiques et festifs. Que ce soit au travers de campagnes montrant des femmes de l'IDF dans des magazines érotiques, des avancées technologiques des industries ou des spécialités culinaires.
C'est dans ce contexte que les notions identitaires sont mobilisées. Une des opérations les plus agressives de Brand Israël est de faire miroiter l'État, ici surtout Tel-Aviv, comme une des destinations les plus gay-friendly du monde. C'est un succès à une période de plus grande acceptation des identités homosexuelles (principalement masculines) dans les sociétés capitalistes, qui voient désormais les hommes gays comme un marché juteux disposant d'un certain pouvoir d'achat.
Au travers d'images aspirationnelles, Israël se crée l'image d'un pays avec de magnifiques plages pleines d'hommes musclés qu'il ne faudrait pas trop tarder d'aller rencontrer, peu importe le sort des Palestinnien.nes qui de toute façon seraient homophobes et dangereux.euses.
Fragmentation et opposition
Comme l'explique le théoricien marxiste Peter Drucker, les communautés LGBTQIA+ se retrouvent dans un processus de fragmentation dès les années 90. Si l'augmentation de la tolérance dans une partie du monde laisse découvrir à une partie des lesbiennes et des gays les joies du capitalisme, une autre partie – notamment les personnes trans, précaires et/ou racisées – se retrouve laissée sur le carreau face à un processus d'homonormalisation. Il ne s'agit plus dès lors de demander libération mais acceptation. Il devient possible de réclamer une partie du gâteau de l'exploitation capitaliste. Cela implique un glissement de la compréhension des activismes LGBTQIA+ et de leur champ d'action.
En effet, comme le dit lae chercheureuse El Chenier, ce glissement s'opère sur la notion d'identité. Un activisme basé sur la notion de libération révolutionnaire aura tendance à s'identifier avec, c'est-à-dire qu'il porte en lui une solidarité inhérente qui permet d'imaginer un changement sociétal. En revanche, lorsque l'activisme représente la protection des intérêts d'un groupe dans l'espace capitaliste, cet activisme permet au sujet d'uniquement s'identifier comme, c'est-à-dire aux autres personnes LGBTQIA+ sans réussir à étendre sa pensée sur les autres opprimé.es.
Cette fragmentation (qui n'est bien sûr pas si claire) entre un espace homonormatif et un espace révolutionnaire dans les communautés LGBTQIA+ donne ainsi lieu à des discours distincts et une incompréhension constante d'une partie du public qui a intégré un discours normatif.
Pour une grande partie des gens, si le sujet discuté par des personnes queer ne touche pas directement aux thématiques LGBTQIA+, il parait hors-sujet vu l'impossibilité de s'identifier avec mais seulement comme. Ainsi, beaucoup peuvent s'identifier aux gays en Israël, mais pas avec les Palestiniennxes sous les bombes.
Les activistes queers ont pourtant été nombreuxses à critiquer l'État d'Israël et ses campagnes de pinkwashing. Mais peut-être n'est-il pas tant surprenant que leur écho ait été au final plus limité que ce que l'on pensait.
Article initialement publié sur le site de solidaritéS le 10 Novembre 2023.
Image : Queers Against Israeli Apartheid, Edmonton Pride Parade 2011 (au Canada). Crédit photo : Kurayba ; disponible sur flickr.
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Les organismes communautaires des Laurentides craignent la réforme de santé
Saint-Jérôme, 28 novembre 2023 - Le Regroupement des organismes communautaires des Laurentides (ROCL) s'inquiète de la nouvelle réforme du système de santé et des services sociaux, tant pour ses impacts sur les organismes communautaires que pour la privatisation accrue qu'elle entraînera.
Le projet de loi 15, qui vise à rendre le système de santé et de services sociaux plus efficace, est actuellement à l'étude en commission parlementaire. Ce projet de loi, dont les quelques 1200 articles font 308 pages, modifie 37 lois existantes et vient chambouler plusieurs pans du réseau de la santé. Dans la dernière décennie, les gouvernements successifs ont laissé la porte grande ouverte à la mise en place d'un réseau parallèle de santé privé. Le PL-15 s'inscrit dans cette lignée de réformes qui viendra une fois de plus fragiliser le caractère public du système de santé.
Pour le ROCL, l'adoption de ce projet de loi centralisateur n'améliora en rien l'accès aux soins dont la population a cruellement besoin.
La création de l'Agence Santé Québec, qui viendra du coup intégrer les CISSS et les CIUSSS dans la nouvelle structure, soulève aussi des questions pour les organismes communautaires notamment au niveau de la gestion du programme de soutien aux organismes communautaires (PSOC).
La mégastructure envisagée par le gouvernement Legault générera inévitablement un accroissement de la bureaucratisation ainsi qu'une perte des espaces démocratiques permettant d'entendre les voix citoyennes. Avec le PL-15, le gouvernement choisit d'orchestrer un système où l'État subventionne les compagnies privées pour qu'elles dispensent des soins de santé. Ce choix contribue à l'effritement des services publics et entrave l'accès gratuit et universel aux soins.
Le ROCL se questionne aussi sur la prise en compte des réalités locales ainsi que sur l'instrumentalisation des organismes communautaires en santé et services sociaux. Dans les visées du projet de loi, les organismes semblent être perçus comme une extension du système de santé plutôt que comme des entités autonomes à part entière.
Rappelons que l'autonomie des groupes communautaires demeure un rempart démocratique important de la société québécoise. “Les groupes communautaires sont souvent ceux qui mettent en lumière les iniquités sociales et proposent des solutions pour les atténuer”, explique Farah Wikarski, agente de liaison au ROCL. La détresse sociale s'accroît avec le taux d'inflation fulgurant, ce qui exerce une pression décuplée sur les groupes communautaires et se manifeste par un accroissement notoire des demandes d'aide. Farah Wikarski ajoute : “ Devant cela, le gouvernement actuel propose très peu de mécanismes structurants qui viendraient agir sur les causes des problématiques sociales, il se contente de saupoudrer des fonds vers les causes qu'il juge importantes, sans considérer les demandes de financement global et récurrent dont les groupes communautaires ont besoin depuis longtemps.”
Afin de signifier ses craintes et son mécontentement au gouvernement Legault, le ROCL a signé la lettre de la Coalition Solidarité Santéet a participé à l'envoi de lettres aux 10 députés de la région en copie conforme au bureau de François Legault. En réponse à cette campagne de lettres, le ROCL a reçu cette réponse questionnable : “Sachez également que le nombre excessivement élevé de courriels envoyés à notre adresse constitue du harcèlement. Nous préférions vous en avertir avant de devoir transmettre cette situation problématique à la Sûreté du Québec pour analyse afin de décider de la suite à donner à ceux-ci. Nous vous prions de cesser ces envois non sollicités et d'agréer nos respectueuses salutations.”
Sophie Dion, présidente du ROCL, partage sa consternation devant cette réponse préoccupante : “ Au ROCL, on est inquiet, parce qu'on a toujours considéré que l'envoi de lettres constituait un mécanisme démocratique sain pour se faire entendre. La menace de judiciariser cette tentative d'expression ne fait que confirmer les craintes que nous avions déjà concernant le mode de gouvernance du gouvernement actuel, tout comme envers le PL-15 et le recul démocratique qu'il laisse présager”.
Le ROCL est un regroupement existant depuis maintenant 30 ans constitué de près de 170 organismes communautaires autonomes qui œuvrent dans les Laurentides. Lieu de rassemblement pour les organismes de la région, il offre de la formation, de l'accompagnement et du soutien aux organismes du territoire afin de leur permettre de s'épanouir pleinement dans leurs racines communautaires. Il vise par son action, son approche et son rôle de représentation à faire rayonner l'identité des organismes communautaires autonomes et à opérer de profonds changements pour plus de démocratie, d'équité et de justice sociale.
Voir la campagne de la Coalition Solidarité Santé :
Action en cours : Lettre aux élus pour faire obstacle au PL-15 • Coalition Solidarité Santé (cssante.com)
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Le projet de loi 15 devant une opposition sociale en pleine effervescence
Montréal, le 1er décembre 2023._ La Table des regroupements provinciaux d'organismes communautaires et bénévoles (Table) tient à souligner la force du message d'opposition au projet de loi 15 (PL15) transmis depuis plusieurs semaines par les mouvements sociaux.
Uniquement cette semaine, au moins quatre actions ont eu lieu, à l'initiative de différentes organisations et alliances et réunissant des groupes communautaires et des
organisations syndicales. Alors que le gouvernement risque de recourir au bâillon pour adopter le PL15, nous l'invitons à tenir compte de la voix de la population et à poursuivre l'analyse au-delà du 8 décembre.
Le 30 novembre, le Regroupement des groupes de femmes de la région de la
Capitale-Nationale [1] (RGF-CN), ainsi que le Regroupement d'éducation populaire en action communautaire des régions de Québec [2] (RÉPAC 03-12) ont tenu un rassemblement devant l'Assemblée nationale [3] pour sonner l'alarme. Des représentantes et des représentants ont souligné le manque d'écoute du gouvernement à l'égard des mouvements sociaux et des besoins de la population. « À l'instar des personnes et organisations présentes à ce rassemblement, la Table estime que le gouvernement fait fausse route. Il doit notamment cesser d'encourager la privatisation du système public de santé et de services sociaux, d'attaquer l'autonomie de la pratique sage-femme et des groupes communautaires, et cesser de refuser de reconnaître le racisme systémique présent dans le réseau » de dire Stéphanie Vallée, présidente de la Table.
Rassemblement devant l'Assemblée nationale contre le projet de loi 15
Le même jour, la Coalition solidarité santé [4], composée de syndicats, de groupes communautaires et de diverses organisations de la société civile, a lancé la déclaration « La réforme Dubé – Tout sauf santé [5] » soulignant l'absence évidente de consensus et la poursuite de l'étude détaillée du PL15 au-delà du 8 décembre, dans le cadre d'un point de presse à l'Assemblée nationale. Cette déclaration s'ajoute à une campagne de lettres demandant aux membres de l'Assemblée nationale de faire tout en leur pouvoir pour freiner le projet de loi 15.
« En octobre dernier la Table a d'ailleurs fait partie des 250 groupes, [6] associations et organisations issus des milieux communautaire, syndical, coopératif et médical ayant signé la lettre ouverte initiée par la Coalition, intitulée Réforme Dubé : une absence évidente de
consensus [7] (La Presse, 25 octobre) et elle continuera de participer au mouvement d'opposition » poursuit Stéphanie Vallée.
Deux jours plus tôt, environ 150 féministes ont participé à une journée entière de réflexion intitulée « Les ratés de la CAQ : Perspectives féministes [8] », le 28 novembre, à l'initiative de la FSSS-CSN [9]. Provenant des milieux syndical, communautaire et universitaire, les participantes et les panélistes ont dénoncé la réforme menée par le ministre Christian Dubé, en particulier en mettant en lumière les conséquences du projet de loi 15 sur les femmes. La
rencontre a donné lieu à la création des premières étapes d'un mouvement qui prendra assurément de l'ampleur sous le titre « Font féministe de résistance et d'action politique (FFRAP) [10] ». « La Table participera au premier appel lancé à cette occasion, en invitant
les féministes du mouvement communautaire à arborer un carré mauve [11].
Le 8 décembre, jour présumé de l'adoption du PL15 sous le bâillon, sera d'ailleurs un moment important où le mouvement communautaire démontrera sa solidarité envers les travailleuses et travailleurs de la fonction publique, en participant bruyamment aux lignes de piquetage et en arborant le carré mauve » de dire Mercédez Roberge, coordonnatrice de la
Table. Panéliste durant l'événement, celle-ci a notamment présenté les articles du projet de loi compromettant l'autonomie des organismes communautaires autonomes du domaine de la santé et des services sociaux (OCASSS), ainsi que les démarches en cours pour corriger la situation.
En effet, le 8 novembre dernier, la Table [12] a fait parvenir une lettre demandant à la Commission de la Santé et des Services sociaux de reconsidérer l'adoption des articles 435 à 450 [13] du PL15. Adoptés le 4 octobre, sans que les parlementaires ne disposent de toutes les informations, ces articles obligeront les groupes communautaires à détenir un « agrément » pour obtenir du financement sous la forme d'entente de services. « Si des OCASSS se tournent vers ce mode de financement c'est en raison de l'insuffisance de leur subvention pour leur mission globale. Ainsi, même s'il ne s'agit que d'une petite
part de leurs budgets, les groupes devront se conformer aux pratiques dictées par le MSSS pour l'obtenir, ce qui est totalement contradictoire avec les exigences d'autonomie du Programme de soutien aux organismes communautaires (PSOC) qui verse la subvention pour leur mission globale.
Ayant obtenu l'appui des partis d'opposition, la Table espère que sa demande sera traitée prochainement » poursuit Mercédez Roberge. Ces actions s'ajoutent à de nombreuses autres menées ces derniers mois. La « Coalition Riposte au Plan Santé » vient d'ailleurs de relancer la diffusion des vignettes « Stoppons la machine [14] » en réaction au manque de débat démocratique entourant l'adoption du projet de loi 15.
Conçues par ses membres, soit la Coalition Solidarité Santé, le Collectif soignons la justice sociale, Head & Hands / À 2 mains, la Ligue des droits et libertés, Solidarité sans frontières et la Table des regroupements provinciaux d'organismes communautaires et bénévoles, ces
vignettes (disponibles en français et en anglais) circulent à nouveau par les médias sociaux. « Le débat public demandé dès avril lors du dépôt du PL15 n'ayant toujours pas eu lieu, il ne portera que la couleur du gouvernement de la CAQ. La santé et les services sociaux sont
trop importants pour prendre des décisions sans un vrai débat public démocratique. La Table réitère donc ce message au gouvernement : il doit stopper la machine et non adopter le PL15 sous le bâillon » conclut Stéphanie Vallée. La Table des regroupements provinciaux d'organismes communautaires et bénévoles se joint à ce large mouvement et demande au
gouvernement de prendre acte de l'ampleur de l'opposition au projet de loi 15, et surtout, de ne pas l'adopter le sous le bâillon.
SOURCE Table des regroupements provinciaux d'organismes communautaires et
bénévoles (TRPOCB),
À propos
Fondée en 1995, la Table des regroupements provinciaux d'organismes communautaires et bénévoles [16] (TRPOCB) est formée de 44 regroupements nationaux [17], rejoignant plus de 3 000 groupes communautaires autonomes à travers le Québec. Ce sont, par exemple, des maisons de jeunes, des centres de femmes, des cuisines collectives, des maisons d'hébergement, des groupes d'entraide, des centres communautaires, des groupes qui
luttent contre des injustices ayant des répercussions sur la santé. Ceux-ci représentent les ¾ des organismes communautaires autonomes du Québec. Ceux-ci abordent la santé et les services sociaux sous différentes perspectives (femmes, jeunes, hébergement, famille, personnes handicapées, communautés ethnoculturelles, sécurité alimentaire, santé
mentale, violence, périnatalité, toxicomanie, etc.).
* Stéphanie Vallée est présidente de la Table des regroupements
provinciaux d'organismes communautaires et bénévoles. Elle est
également co-coordonnatrice de L'R des centres de femmes du Québec
[18].
* Mercédez Roberge est coordonnatrice de la Table des regroupements
provinciaux d'organismes communautaires et bénévoles [19].
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Le projet de loi 15 devant une opposition sociale en pleine effervescence
La Table des regroupements provinciaux d'organismes communautaires et bénévoles (Table) tient à souligner la force du message d'opposition au projet de loi 15 (PL15) transmis depuis plusieurs semaines par les mouvements sociaux. Uniquement cette semaine, au moins quatre actions ont eu lieu, à l'initiative de différentes organisations et alliances et réunissant des groupes communautaires et des organisations syndicales. Alors que le gouvernement risque de recourir au bâillon pour adopter le PL15, nous l'invitons à tenir compte de la voix de la population et à poursuivre l'analyse au-delà du 8 décembre.
Le 30 novembre, le Regroupement des groupes de femmes de la région de la Capitale-Nationale (RGF-CN), ainsi que le Regroupement d'éducation populaire en action communautaire des régions de Québec (RÉPAC 03-12) tenaient un rassemblement devant l'Assemblée nationale pour sonner l'alarme. Des représentant·es ont souligné le manque d'écoute du gouvernement à l'égard des mouvements sociaux et des besoins de la population. « À l'instar des personnes et organisations présentes à ce rassemblement, la Table estime que le gouvernement fait fausse route. Il doit notamment cesser d'encourager la privatisation du système public de santé et de services sociaux, d'attaquer l'autonomie de la pratique sage-femme et des groupes communautaires, et cesser de refuser de reconnaître le racisme systémique présent dans le réseau » de dire Stéphanie Vallée, présidente de la Table.
Le même jour, la Coalition solidarité santé, composée de syndicats, de groupes communautaires et de diverses organisations de la société civile, lançait la déclaration La réforme Dubé – Tout sauf santé soulignant l'absence évidente de consensus et la poursuite de l'étude détaillée du PL15 au-delà du 8 décembre, dans le cadre d'un point de presse à l'Assemblée nationale. Cette déclaration s'ajoute à une campagne de lettres demandant aux membres de l'Assemblée nationale de faire tout en leur pouvoir pour freiner le PL15. « En octobre dernier, la Table a d'ailleurs fait partie des 250 groupes, associations et organisations issus des milieux communautaire, syndical, coopératif et médical ayant signé la lettre ouverte initiée par la Coalition, intitulée Réforme Dubé : une absence évidente de consensus (La Presse, 25 octobre) et elle continuera de participer au mouvement d'opposition » poursuit Stéphanie Vallée.
Le 28 novembre, environ 150 féministes participaient à une journée de réflexion à l'initiative de la FSSS-CSN. Provenant des milieux syndical, communautaire et universitaire, les participantes et panélistes ont dénoncé la réforme menée par le ministre Christian Dubé, en particulier en mettant en lumière les conséquences du PL15 sur les femmes. La rencontre a donné lieu à la création des premières étapes d'un mouvement qui prendra assurément de l'ampleur, soit le Front féministe de résistance et d'action politique (FFRAP). « La Table participera au premier appel lancé à cette occasion, en invitant les féministes du mouvement communautaire à arborer un carré mauve. Le 8 décembre, jour présumé de l'adoption du PL15 sous le bâillon, sera d'ailleurs un moment important où le mouvement communautaire démontrera sa solidarité envers les travailleuses et travailleurs de la fonction publique, en participant bruyamment aux lignes de piquetage et en arborant le carré mauve » de dire Mercédez Roberge, coordonnatrice de la Table. Panéliste durant l'événement, celle-ci a notamment présenté les articles du PL15 compromettant l'autonomie des organismes communautaires autonomes du domaine de la santé et des services sociaux (OCASSS), ainsi que les démarches en cours pour corriger la situation.
En effet, le 8 novembre dernier, la Table faisait parvenir une lettre demandant à la Commission de la Santé et des Services sociaux de reconsidérer l'adoption des articles 435 à 450 du PL15. Adoptés le 4 octobre sans que les parlementaires ne disposent de toutes les informations, ces articles obligeront les groupes communautaires à détenir un « agrément » pour obtenir du financement sous la forme d'entente de services. « Si des OCASSS se tournent vers ce mode de financement, c'est en raison de l'insuffisance de leur subvention pour leur mission globale. Ainsi, même s'il ne s'agit que d'une petite part de leurs budgets, les groupes devront se conformer aux pratiques dictées par le MSSS pour l'obtenir, ce qui est totalement contradictoire avec les exigences d'autonomie du Programme de soutien aux organismes communautaires (PSOC) qui verse la subvention pour leur mission globale. Ayant obtenu l'appui des partis d'opposition, la Table espère que sa demande sera traitée prochainement », poursuit Mercédez Roberge.
Ces actions s'ajoutent à de nombreuses autres menées ces derniers mois. La Coalition Riposte au Plan Santé vient d'ailleurs de relancer la diffusion des vignettes Stoppons la machine en réaction au manque de débat démocratique entourant l'adoption du PL15. Conçues par ses membres, soit la Coalition Solidarité Santé, le collectif Soignons la justice sociale, À 2 mains / Head & Hands, la Ligue des droits et libertés, Solidarité sans frontières et la Table des regroupements provinciaux d'organismes communautaires et bénévoles, ces vignettes circulent à nouveau par les médias sociaux. « Le débat public demandé dès avril lors du dépôt du PL15 n'ayant toujours pas eu lieu, il ne portera que la couleur du gouvernement de la CAQ. La santé et les services sociaux sont trop importants pour prendre des décisions sans un vrai débat public démocratique. La Table réitère donc ce message au gouvernement : il doit stopper la machine et non adopter le PL15 sous le bâillon », conclut Stéphanie Vallée.
La Table des regroupements provinciaux d'organismes communautaires et bénévoles, dont L'R des centres de femmes du Québec est un membre actif, se joint à ce large mouvement et demande au gouvernement de prendre acte de l'ampleur de l'opposition au PL15, et surtout, de ne pas l'adopter sous le bâillon.
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États généraux de la presse indépendante : les débats en vidéo
Cent médias et organisations ont formulé 59 propositions pour réformer la presse et le système d'information en France. Elles ont été détaillées et débattues lors d'une grande réunion publique, jeudi 30 novembre à Paris, à voir en streaming vidéo.
Tiré de Médiapart.
Après deux mois de discussion et les réunions de quatre groupes de travail, les États généraux de la presse indépendante ont soumis mercredi 29 novembre 59 propositions de réforme de la presse et de notre système d'information. Cette initiative, proposée début octobre par le Fonds pour une presse libre, est une réponse aux États généraux de l'information présidentiels, officiellement lancés le 3 octobre par l'Élysée.
Cette démarche officielle nous a inquiétés à plusieurs titres. La méthode politique choisie n'est pas la bonne : nommer une commission dans des conditions obscures, selon des critères inconnus et dans le secret du pouvoir élyséen ne confère aucune légitimité ; formuler un ordre du jour vague parce que terriblement vaste, alors que les urgences s'accumulent depuis des années… ; fixer un calendrier interminable puisque cette initiative présidentielle est censée déboucher sur un rapport (un de plus ?) à l'horizon du mois de juin... Enfin, le pouvoir suprême prétendant réformer « le contre-pouvoir », cela fait sourire ou protester.
Cent médias indépendants et organisations, syndicats de journalistes (SNJ, SNJ-CGT), collectifs de journalistes (Informer n'est pas un délit, Profession pigiste, etc.), associations de défense des droits (Sherpa, Maison des lanceurs d'alerte, etc.), associations de défense de la liberté d'informer (Un Bout des médias, Fonds pour une presse libre, Acrimed, etc.), ont donc décidé de se réunir. Pour construire d'autres états généraux, ceux d'une presse indépendante au service des citoyennes et citoyens.
C'est une initiative rare, exceptionnelle même, tant il ne s'agissait pas pour ces cent participants de mettre seulement leur signature sous un texte, mais de tenter de construire ensemble, malgré leur diversité et leurs désaccords légitimes, une plateforme commune de réformes urgentes et indispensables. Pas pour nous, journalistes. Mais pour l'ensemble de nos publics, pour défendre et renforcer cette liberté fondamentale qui est le droit de savoir de chacune et chacun, celui de connaître toute information qui relève de l'intérêt public.
Une consultation en ligne a été organisée durant trois jours, du 24 au 27 novembre, pour valider ou exprimer des désaccords sur les propositions soumises. Le résultat est là : 59 propositions réunies dans un livret numérique.
Ces propositions ont été détaillées et débattues lors de la grande réunion publique organisée le 30 novembre, à Paris, à voir en streaming vidéo. Cette réunion est suivie d'événements et débats organisés les semaines suivantes en régions, à Lille, Strasbourg, Lyon, Marseille, Toulouse, Bordeaux, Nantes, Clermont-Ferrand ou Vire.
Visionner la vidéo des échanges et débats.
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Précarité des femmes sans statut
Samira Jasmin, militante à Solidarité sans frontière, sans papier pendant 10 ans et membre du comité des 12 jours d'action contre les violences faites aux femmes, nous offre son témoignage.
« Des milliers de personnes atterrissent au Canada en quête d'une vie meilleure. On se retrouve vite rejetées par le système d'immigration qui nous ferme toutes les portes pour devenir rapidement des sans statuts.
On est heurtées par la dureté de la vie ici : on n'a pas le droit de travailler puisqu'on n'a pas de permis de travail. Si on trouve un emploi, on est exploitées à l'extrême avec des heures de travail interminables pour un salaire minable. Des conditions inhumaines qu'on ne peut pas dénoncer. Dénoncer aujourd'hui, c'est être sans emploi demain. On est vraiment considérées comme de la main-d'œuvre jetable.
On se tait et on reste tout simplement parce qu'on n'a pas d'autre choix, on a des familles derrière nous et des enfants.
On contribue à l'économie du Canada légalement ou illégalement, mais on n'est jamais reconnues, jamais remerciées d'être au premier rang du danger comme pendant la pandémie.
Si on a besoin de services de santé, sans la RAMQ, ça coûte 1000$ juste pour l'ouverture du dossier à l'hôpital et ça fait qu'on devient de plus en plus vulnérables.
On n'a pas de pièce d'identité même pour louer un appartement qui nous abrite avec nos familles et quand on trouve un logement on est une cible facile d'abus sexuels par le propriétaire.
On vit dans la peur constante d'être arrêtées et déportées.
Mon témoignage décrit à peine 1% de ce que vivent les personnes sans statut au Canada.
Un programme de régularisation inclusif et sans exception est la solution pour améliorer les conditions de vie de milliers de personnes. »
Il faut un statut pour tous et toutes.
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Déclaration populaire canadienne sur la Justice Climatique et la Paix
Mettre fin aux guerres et aux combustibles fossiles : Décoloniser, Démilitariser, Décarboner
Dessin de presse par Boris (Jacques Goldstyn) Artiste pour la Paix de l'Année - Échec à la guerre
L'humanité vit une urgence climatique exacerbée par un conflit globalisé. L'été a vu des feux de forêts faire rage à travers le Canada, entraînant destructions et déplacements de masse de communautés face à d'intenses incendies sans précédents, à des vagues de chaleur, inondations ou sécheresses, sans avoir été préparées pour affronter ces désastres climatiques. Le gouvernement canadien a failli à réduire les émissions de carbone et à adapter le pays aux changements climatiques. Le Commissaire fédéral pour l'Environnement et le Développement viable vient de rapporter par la voix du Bureau de l'Auditeur Général que le Canada ne sera pas en mesure de rencontrer sa cible de 2030 prévoyant une coupure de ses émissions carboniques d'au moins 40% par rapport à 2005.1
Le refus du gouvernement canadien d'appeler des cessez-le-feu pour les guerres qui font rage à Gaza et en Ukraine et de continuer à y envoyer des armes prolonge honteusement ces conflits, exacerbe les souffrances des populations et accélère le réchauffement climatique. Avec l'augmentation de ses dépenses et pollutions militaires, le Canada s'éloigne de ses engagements pris lors de l'Accord de Paris, avec depuis décembre 2015 une augmentation de 95% en dépenses militaires grimpées à $39 milliards, selon le rapport de l'OTAN2 sur les dépenses militaires mondiales, classant le Canada malgré sa faible population et ses frontières sûres au 14e rang le plus élevé dans le monde et au 16e rang des transferts d'armes3.
Le ministère de la Défense nationale du Canada est responsable de plus de 60 % de toutes les émissions polluantes du gouvernement fédéral.4 Le gouvernement fédéral a récemment annoncé son intention d'acheter de nouveaux avions de combat F-35 propulsés par des combustibles fossiles, ainsi que des ravitailleurs (sortes de pipelines ailés), pour des coûts exorbitants5. L'armée canadienne dépense sans compter pour une nouvelle flotte de vaisseaux de guerre, propulsés au diésel, mettant davantage en péril nos océans6. Ces systèmes d'armements enferment notre pays dans un militarisme à forte intensité de carbone pour des décennies à venir, sans aucun plan crédible de compensation écologique.
L'entraînement et les opérations de l'armée canadienne avec les États-Unis et l'OTAN intensifient le réchauffement climatique7 et accroissent les risques de guerres. Le Canada déploie régulièrement des navires de guerre aux côtés des forces marines américaines et de l'OTAN en mer de Chine méridionale. Le Canada dirige un groupement tactique de l'OTAN en Lettonie et entraîne des forces en Irak. Le Canada militarise également l'Arctique, un écosystème fragile, avec installations et exercices de l'armée de l'air et de la marine aux côtés des États-Unis dans le cadre du Commandement de la défense aérospatiale de l'Amérique du Nord (NORAD)8.
Dans son 6e rapport d'évaluation, le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC - ONU) a déclaré que « la coopération internationale est un catalyseur essentiel de mesures ambitieuses d'atténuation, d'adaptation et de résilience climatiques »9. Le Canada doit mettre fin aux guerres et aux exportations d'armes et coopérer avec tous les pays pour éviter un changement climatique catastrophique et atteindre les objectifs de développement durable des Nations Unies.10 Le Canada doit se retirer de l'OTAN et du NORAD, alliances militaires qui entravent la coopération et la paix mondiales.
La paix est à l'ordre du jour du programme thématique du sommet climatique pour la première fois en 8 ans à Dubaï. La justice climatique signifierait la fin des guerres fratricides et écocides, ainsi que la terminaison des armes, spécialement celles propulsées par des combustibles fossiles, en vue de la conversion de l'économie guerrière en économie verte.11
Le désir de paix universelle cherche à faire adopter le Traité sur l'Interdiction des Armes Nucléaires (NWPT), comme plus de 120 pays l'ont fait, à l'appel du Costa Rica.
La paix concerne à la base les défenseurs autochtones des terres et des eaux, cherchant à mettre fin au colonialisme de peuplement et au capitalisme extractiviste. Un climat de paix est atteignable par le désarmement, la démilitarisation, la consolidation de la paix environnementale, la coopération, l'entraide et la solidarité mondiales. La paix par la justice climatique est le changement transformateur nécessaire pour garantir un avenir viable.
Pour prévenir un changement climatique catastrophique, l'effondrement de la biodiversité, les famines massives et les guerres, nous adressons les demandes pressantes suivantes au gouvernement Trudeau :
1. Appeler des cessez-le-feu pour tous les conflits et appuyer des plans de paix à Gaza, en Ukraine, au Yémen, au Soudan et en République Démocratique du Congo
2. Annuler la commande de $74 milliards de F-35 propulsés par des carburants fossiles
3. Annuler la commande de drones opérés à distance par les militaires exerçant une surveillance domestique et des opérations en sols étrangers
4. Annuler la commande à $306 milliards de vaisseaux de guerre
5. Annuler la commande de $3 milliards pour des ravitailleurs
6. Mettre fin à l'exportation des armes et à toute technologie militaire
7. Mettre fin au programme de modernisation de la militarisation de l'Arctique à $38 milliards
8. Réduire et réallouer les dépenses militaires en actions et financement climatiques
9. N'investir ni dans l'énergie nucléaire ni dans les réacteurs nucléaires modulaires et adhérer au Traité sur l'Interdiction des Armes Nucléaires (NWPT)
10. Assurer une vigilance contre toutes les émissions militaires de gaz à effets de serres
11. Développer un plan national de conversion prévoyant une transition juste mais accélérée transformant les secteurs de défense (aérospatiale et autres) en vue d'une transformation radicale de notre économie de guerre en une économie verte
12. Convertir des soldats de la défense nationale en combattants contre les feux de forêts, équipés de « Canadairs » et d'expertise verte
13. Développer des systèmes non-militaires pour prévenir ou guérir les désastres naturels et civils (ruptures de pipelines, échouages de navires pétroliers, etc.)
14. Se retirer du NORAD et de l'OTAN, alliances coûteuses en pollution de carbone dirigées par l'armée américaine, la plus grande consommatrice d'énergie fossile et coupable d'avoir mené de terribles guerres pour s'accaparer des ressources naturelles
15. Investir dans la paix environnementale, dans la diplomatie et la coopération globale avec tous les pays pour protéger la planète, en respectant l'entente de Paris et en rencontrant les objectifs de développement viable de l'ONU.
Réseau pancanadien pour la paix et la justice - peaceandjusticenetwork.ca
Tamara Lorincz* - notre représentante canadienne à Dubai-COP28 le 28 novembre 2023
Traduction P. Jasmin – Artistes pour la Paix 28 novembre
* Doctorante à la Balsillie School for International Affairs (Université Wilfred Laurier-Université de Waterloo), Tamara Lorincz œuvre dans le domaine de la gouvernance mondiale - conflits et sécurité. Ses recherches actuelles portent sur les impacts de l'armée sur l'environnement et le changement climatique, les liens entre paix, développement durable et sécurité, le genre et les relations internationales, ainsi que la violence sexuelle militaire.
Diplômée d'une maîtrise en politiques internationales et études de sécurité de l'Université de Bradford au Royaume-Uni (2015), récipiendaire de la bourse Rotary International World Peace (2013-2014), Tamara a été chercheure principale pour le Bureau international de la paix (Suisse).
Membre du conseil d'administration de la Voix canadienne des femmes pour la paix et du comité consultatif international du Réseau mondial contre l'énergie nucléaire et les armes dans l'espace, membre du Groupe canadien Pugwash, membre de la Ligue internationale des femmes pour la paix et la liberté, elle est diplômée d'un LLB/JSD et d'un MBA spécialisé en droit et gestion de l'environnement de l'Université Dalhousie en 2003 (alors directrice du Réseau environnemental de Nouvelle-Écosse et co-fondatrice de l'Association du droit de l'environnement - Maritimes).
Notes
1. Commissaire à l'environnement et au développement durable au Parlement du Canada (2023)
Rapport 6— Loi canadienne sur la responsabilité en matière de carboneutralité -2030 Plan de réduction des émissions : https://www.oag-bvg.gc.ca/internet/docs/parl_cesd_202311_06_e.pdf
2. NATO Defence Expenditures Report : https://www.nato.int/cps/en/natohq/topics_49198.htm
3. Institut international de recherche sur la paix de Stockholm (2023) Tendances des dépenses militaires mondiales, 2022 : https://www.sipri.org/research/armament-and-disarmament/arms-and-military-expenditure/military-expenditure ; and Trends in International Arms Transfers, 2022 : https://www.sipri.org/sites/default/files/2023-03/2303_at_fact_sheet_2022_v2.pdf
4.Ligue internationale des femmes pour la paix et la liberté (WILPF Canada) Canada's Carbon Bootprint : https://wilpfcanada.ca/wp-content/uploads/2021/11/01-Military-Emissions-and-Military-Expenditures_Fact-Sheet.pdf
5. Directeur parlementaire du budget (2023) : « Le coût du cycle de vie du programme F-35 du Canada, une analyse financière » : https://www.pbo-dpb.ca/fr
6.Directeur parlementaire du budget (2022) : « Le coût du cycle de vie des navires de combat canadiens, une analyse financière » : https://www.pbo-dpb.ca/fr
7.Transnational Institute (2023) « Feux croisés du climat mondial : Comment les objectifs de dépenses militaires de 2 à 3 % de l'OTAN contribuent à la dégradation du climat »
8. Canada, National Defence, Arctic Security – CAF Operations and Exercises : https://www.canada.ca/en/department-national-defence/corporate/reports-publications/proactive-disclosure/secd-april-24-2023/arctic-security.html
9. Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC), 6e rapport d'évaluation : https://www.ipcc.ch/2023/03/20/press-release-ar6-synthesis-report/
10. Objectifs de développement durable des Nations Unies : https://www.un.org/sustainabledevelopment/sustainable-development-goals/
11.Campagne contre le commerce des armes (2015) Rapport « Arms to Renewables : Work for the Future » : https://caat.org.uk/publications/arms-to-renewables
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Des groupes de la société civile canadienne lancent « Paix pour la justice climatique », une déclaration pour la COP 28
(Montréal) – Le Réseau pancanadien pour la paix et la justice (CWPJN), une coalition de 45 groupes pacifistes et anti-guerre à travers le pays, lance leur déclaration « Paix pour la justice climatique » en avance sur la journée thématique consacrée à la paix au sommet sur le climat à Dubaï, aux Émirats arabes unis.
Pour la première fois depuis 2015, la paix figure au programme thématique de la Conférence des Parties (COP) à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques. Le dimanche 3 décembre verra la paix inscrite comme thème aux côtés de la santé, des secours et de la relance d'une action climatique. Ce jour-là, le président Dr Sultan al-Jaber tiendra un événement pour publier la Déclaration de la COP28 sur le climat, les secours, le redressement et la paix. On s'attend à une faible déclaration peu efficace à contrer les impacts climatiques sévères infligés par les conflits armés et le militarisme.
La déclaration du Réseau pan-canadien pour la justice climatique et la paix (CWPJN) appelle résolument à la fin des guerres et des combustibles fossiles. Elle identifie 15 mesures qu'elle incite le gouvernement fédéral à prendre pour une action climatique favorable à la paix. Elle réclame des cessez-le-feu à Gaza, en Ukraine et en d'autres pays déchirés par la guerre, ainsi que des négociations avec des plans de paix permanents. Elle recommande, en faveur du fonds onusien pour dédommager les pays gravement touchés par les effets climatiques, une réduction draconienne des dépenses militaires, entre autres l'annulation d'achats de systèmes d'armes alimentés par des combustibles fossiles. Elle prône un engagement ferme du Canada dans la consolidation de la paix environnementale pour la prévention des conflits.
Tamara Lorincz, membre fondatrice du RCPJ, a expliqué : « Notre déclaration représente le changement transformateur dont nous avons besoin en ces temps où les guerres font rage et où le réchauffement climatique s'emballe. Nous avons besoin d'une transition juste d'une économie de guerre à une économie verte, pour éviter un changement climatique catastrophique. »
« Avec la paix, nous pouvons garantir la coopération mondiale nécessaire à une action climatique ambitieuse », a affirmé Bianca Mugyenyi, directrice de l'Institut Canadien de Politique Étrangère.
La déclaration rejette également l'énergie nucléaire, comme pseudo-solution aux dommages climatiques. Pierre Jasmin, secrétaire général des Artistes pour la Paix, explique que « l'énergie nucléaire et les réacteurs modulaires nucléaires comportent des risques de prolifération au profit des armes nucléaires, loin de constituer des solutions garantissant la paix et la justice climatique ». Il invite le gouvernement fédéral à adhérer au Traité sur l'interdiction des armes nucléaires.
La déclaration de paix est accompagnée d'une pétition en ligne adressée au premier ministre Trudeau et à la ministre des Affaires étrangères Mélanie Joly.
Le Réseau pancanadien pour la paix et la justice climatique (CWPJN) a été fondé en 2020. Il rassemble des groupes, des organisations et des individus de partout au pays qui s'engagent et font campagne pour un monde en paix, pour une solidarité internationale basée sur le désarmement, la décolonisation et la démilitarisation. Pour plus d'informations, visitez : www.peaceandjusticenetwork.ca
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À l’énoncé économique fédéral, le conseil national des chômeurs et chômeuses répond par une journée d’action
Le CNC a tenu aujourd'hui (29 novembre) une journée d'action, avec des rassemblements et marches dans les villes et régions suivantes : Capitale-Nationale,Abitibi Témiscamingue, Charlevoix, Montréal ...
Dans le cadre de sa campagne « La vie coûte cher : Il faut une réforme de l'assurance-emploi », le CNC dénonce l'abandon de la réforme de l'assurance-emploi par le gouvernement Trudeau, alors qu'il s'y était engagé à de nombreuses reprises. De plus, il cible l'acharnement de Service Canada auprès des citoyens et citoyennes et la désorganisation chronique de cette institution fédérale.
Citations :
« _Parmi les gens qui contactent nos groupes, plusieurs doivent composer avec des délais d'attente exorbitants, alors qu'ils dépendent du chômage pour les aider dans une période sans revenu. Même si leur dossier est simple, certains attendent 6, 8, voir 10 mois avant que leur dossier ne soit réglé. Sans l'aide de nos groupes, ces travailleurs et travailleuses doivent se tourner vers des informations souvent contradictoires, et des dates butoirs sans cesse reportées. Ces personnes s'endettent, se précarisent et vont parfois jusqu'à perdre leur
logement. C'est tout simplement inacceptable !_ »
– Gabriel Pelletier, avocat au Comité Chômage de Montréal, membre du CNC
« _Le processus actuel chez Service Canada soulève plusieurs préoccupations au sein du Syndicat. Nos membres font face à des défis significatifs lorsqu'ils sollicitent de l'aide. Au bout du compte, un dossier peut rester en attente pendant 4 mois avant d'être pris en charge, sans garantie de résolution. Les conséquences peuvent être désastreuses, nos membres peuvent se retrouver sans revenu stable._ »
– Maxime Gendron Chevrier, Secrétaire Trésorier du Syndicat des
Débardeurs (SCFP, section locale 375)
« _Les chômeurs et chômeuses doivent évoquer des difficultés financières pour espérer voir leur dossier être traité, c'est méprisant. La plupart d'entre eux ont assez d'heures assurables pour se qualifier, mais pas de pain à mettre sur la table pour manger !_ »
– France Robert, du Comité Chômage du Haut-Richelieu et du Suroît,
membre du CNC
« _Les travailleuses et les travailleurs de la construction ont besoin d'un véritable filet social pour assurer une stabilité de revenu entre leurs périodes de travail. C'est une nécessité ! Le gouvernement fédéral se doit de remplir son engagement de réforme pour que l'assurance-emploi puisse enfin mieux répondre aux réalités économiques des salariés de l'industrie de la construction._ »
– Julie Brissette, du Syndicat québécois de la construction (SQC)
« _Nos membres dans l'industrie du transport scolaire ont eu un été difficile, mais ils ne sont pas les seuls. Chaque année, des travailleurs et travailleuses de notre section doivent composer avec un système d'assurance-emploi dépassé, qui n'offre qu'une couverture imparfaite. Il est temps que ça change._ »
– Éric Buisson, Président, Unifor Section Locale 510
« _Chrystia Freeland a déposé la semaine dernière son Énoncé économique de l'automne. Aucune véritable avancée. L'assurance-emploi actuelle, c'est le toit d'une maison qui coule. Et au lieu de réparer ou de le remplacer, les Libéraux n'ont pour solution que quelques centimètres de gaffer tape. C'est honteux ! C'est à se demander si le gouvernement Trudeau craint à ce point Pierre Poilievre, et choisit de s'aligner sur les Conservateurs en matière de politiques néfastes !_ »
– Pierre Céré, porte-parole du Conseil national des chômeurs et
chômeuses (CNC)
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Ukraine : « Les coopératives sont une façon de propager les principes de l’auto-organisation dans la société »
Dès les premiers jours de la guerre à grande échelle, la capacité d'auto-organisation de la société ukrainienne a été cruciale. Là où l'Etat ne pouvait pas assumer ses tâches, la société s'est organisée pour y répondre. Un gigantesque travail social, humanitaire et de solidarité, s'est développé. Même dans le domaine miliaire avec la Défense territoriale qui est devenue d'une certaine façon l'organisation du peuple en armes. Cette tradition d'auto-organisation ne vient pas de nulle part. La Commune de Maïdan (novembre 2013 – février 2014) avait déjà montré au monde entier la disposition profonde du peuple ukrainien de prendre ses affaires en mains.
Tiré de Entre les lignes et les mots
Plus avant, le puissant mouvement des coopératives ukrainiennes au début du 20e siècle a certainement nourri cette aptitude. Il a été un chemin et un instrument autant d'émancipation nationale (anticoloniale) que d'émancipation sociale et économique. L'un des programmes du festival du film féministe de 2023 sera consacré aux droits du travail. Selon les organisatrices « Bien qu'on nous vende activement l'idée de la réussite professionnelle et que le bureau soit comme une deuxième maison, le travail n'est souvent pas une question de plaisir mais une question de survie. Pour nous, les droits du travail sont avant tout une question de solidarité et d'empathie. C'est pourquoi nous avons invité à co-organiser ce programme une coopérative de couture ReSew – Швейний Кооператив (Chveïniï kooperativ), qui existe politiquement et écologiquement sans patrons ni subordonnées et est unie par l'amour de leur travail – la couture ». Nous poursuivons notre exploration du monde des coopératives et des formes inédites d'auto-organisation de la société ukrainienne avec un échange avec les animatrices de cette coopérative.
Patrick Le Tréhondat
Racontez-nous l'histoire de votre coopérative et de ses activités, avant et après le 24 février. Comment travaillez-vous ou décidez-vous ? Quelles sont les perspectives d'avenir ?
Nous nous sommes organisés en coopérative en août 2016. Nous avons considéré ce projet comme économique, environnemental et féministe et qui prévoyait de travailler dans les domaines suivants :
1) populariser la réparation et du recyclage des vêtements et textiles et d'un mode de vie respectueux de l'environnement.
2) publier des informations sur la discrimination dans la production de vêtements et de textiles (économique, environnementale, de genre), la reconnaissance d'une valeur juste du travail dans l'industrie de l'habillement, la critique de la fast fashion et la surproduction de vêtements et de textiles.
3) responsabilité conjointe des participants au projet pour le fonctionnement de la coopérative : réunions collectives, prise de décision par consensus, gestion conjointe des réseaux sociaux utilisant un marketing alternatif (non agressif), communication avec les clients, approvisionnement/recherche de matériaux, constitution d'un un système financier transparent contrôlé par tous les membres de la coopérative et d'autres fonctions.
Plus tard, nous avons commencé à organiser des ateliers où nous enseignions, conseillions et aidions à réparer les vêtements, à les modifier pour les adapter aux besoins de celui-celle qui les portait. Rénovez des poches et des sacs en toile pour remplacer ceux en plastique, ainsi que des serviettes menstruelles réutilisables. Nous avons commencé à travailler beaucoup avec les communautés queer et trans*, créant des vêtements confortables et abordables pour les membres de ces communautés. Tout cela était important et intéressant pour nous. Nous avions des clients réguliers et des participants aux ateliers, qui soutenaient nos principes.
Petit à petit, nous avons gagné suffisamment d'argent pour acheter des machines à coudre et un générateur de vapeur, et nous avons créé des conditions confortables dans l'atelier. Selon les années, il y avait 5, 3, 2, 4, 3 participants. En 2018, en collaboration avec l'initiative artistique Zboku, nous avons loué un espace commun et avons commencé à fonctionner comme un centre communautaire pour les personnes queer, trans* et non binaires à Kyiv.
Nous voulions inciter des couturières à travailler avec nous ou à créer des coopératives similaires. En général, pour populariser la forme coopérative comme alternative à la forme hiérarchique, nous avons participé à des manifestations contre le nouveau Code du travail et à des événements artistiques, culturels et éducatifs dédiés à la lutte pour les droits du travail et les conditions de travail en Ukraine. Bien sûr, nous avons été confrontés à de nombreux problèmes : le faible coût des produits sur le marché textile, la dévaluation et le manque de prestige du travail de couture, et même le harcèlement en ligne. Mais grâce à notre enthousiasme et au fait que nous étions entourés de personnes partageant nos principes, la coopérative a continué à innover.
À partir du 24 février 2022, nous sommes restés à Kyiv pendant environ un mois. Nous avons déménagé dans cet atelier car c'était un demi-sous-sol ; nous cousions bénévolement des chevrons et des sous-vêtements pour les militaires et les membres de la Défense territoriale. Nous avons aidé tout le monde que nous pouvions parmi nos proches, nos amis et dans le quartier où nous vivions.
Le 20 mars 2022, 2 membres de la coopérative partent en Finlande. À l'étranger, nous avons commencé à organiser des événements (dîners de solidarité, projections de films, présentations) pour collecter des fonds pour nos camarades et des initiatives qui, nous le savons, continuent de fonctionner en Ukraine, notamment en fournissant une aide humanitaire aux civil.es en première ligne et une aide militaire aux personnes issues des communautés anti-hiérarchiques, féministes et queer. Il est également important pour nous désormais d'entretenir des relations avec nos amis et camarades avec lesquels nous avons fait des activités au cours des dernières années et qui ont formé notre communauté, mais qui sont désormais dispersés dans le monde entier.
Le festival féministe de Kiev vous présente comme « politiquement et écologiquement sans patrons ni employés ». Quel sens donnez-vous à cette présentation ?
Une des idées et des principes de la coopérative était la structure horizontale de l'organisation. Tonya (Ton)Melnyk, une des fondatrices de la coopérative, nous a dit qu'elle avait l'expérience du fonctionnement del'industrie du vêtement en Ukraine et ce à divers postes, à la fois comme subordonnée et commegestionnaire de production. Sous tous ses aspects, c'était une expérience décevante, car soit on économise sur les salaires et les conditions de travail, soit on est contraint de le faire parce que les personnes les plus haut placées dans la hiérarchie imposent de telles exigences dans un souci de rentabilité. Tout cela conduit à l'exploitation de soi, des autres et des ressources naturelles, ce qui ne convenait pas à Ton, qui a un passé de militant. À l'époque, il y a 10 ans, est née l'idée d'une entreprise de couture horizontale, où il n'y aurait ni patron ni subordonnée, où toutes les décisions seraient prises selon le principe du consensus, c'est-à-dire en tenant compte des intérêts et de la voix de chaque membre de la coopérative, où les bénéfices seraient répartis de manière égale, ou selon des principes alternatifs, en fonction de l'accord des participantes. Au départ, les personnes intéressées par la création de ReSew étaient des personnes issues des milieux environnementaux, et c'est avec elles que ReSew a été conçu comme un projet d'upcycling1. Mais surtout, l'idée a trouvé un écho dans les milieux de gauche, anarchistes, féministes et queer. L'attitude critique de tous les membres de la coopérative à l'égard de la fast fashion, de la surproduction et de la pollution engendrées par l'industrie mondiale de l'habillement, ainsi que de l'exploitation de personnes principalement féminines et socialisées, a donné naissance à l'idée fondamentale de s'opposer politiquement et écologiquement à toute forme d'exploitation.
Connaissez-vous d'autres coopératives comme la vôtre à Kiev ou en Ukraine et, si oui, entretenez des relations avec elles ?
Lorsque nous travaillions à Kyiv, nous avons coopéré avec de nombreuses initiatives et organisations horizontales de base, telles que ZBOKU, Salt, Femsolutions, FreeFilmers et d'autres. Mais si nous parlons de coopératives de production, il y avait Bar Koshchei et la coopérative Hleb Nasushchnyi (Le pain quotidien). Cette dernière prépare des plats végétaliens à partir de produits lyophilisés et les propose à la communauté à des prix très abordables ou gratuitement. Nous les avons invités à plusieurs de nos événements, dont le Freemarket 2018. C'était une coopération intéressante et positive. Nous connaissons également plusieurs coopératives qui existaient et dont certaines existent encore en Ukraine, bien qu'il n'y ait pas eu de coopération spécifique entre nous. Par exemple, à Nyzhnye Selyshche en Zakarpattia, il y a la coopérative Longo Mai, qui produit des jus directement pressés ; à Lviv, il y a une coopérative qui vend des vêtements et des chaussures de sport ; à Kharkiv, il y a une coopérative alimentaire basée sur le squat anarchiste depuis un certain temps. Nous connaissons également plusieurs coopératives de Biélorussie et de Russie qui partagent des principes similaires aux nôtres, et nous avons coopéré à plusieurs reprises dans le cadre d'événements anarchistes communs. Par exemple, la coopérative d'impression Listovka et le magasin de falafels Horizontal.
Au début du 20e siècle, l'Ukraine a connu un important mouvement coopératif qui a été un levier pour la libération nationale et sociale de l'Ukraine. Quel rôle donnez-vous aux coopératives comme la vôtre dans une transformation sociale de l'Ukraine en vue d'une émancipation sociale ?
Les coopératives sont, à notre avis, l'un des moyens de diffuser les principes et les idées d'auto-organisation dans la société. De nombreux mouvements populaires sont redevables de ces idées. Et les mouvements de base, à leur tour, conduisent à des changements et à des transformations sociales majeures. Notre coopérative est suffisamment jeune pour pouvoir mesurer l'impact des activités de Resew sur la société. Parallèlement, au fil des années d'activité de Resew, l'attitude à l'égard d'idées telles que le recyclage, l'upcycling et les comportements respectueux de l'environnement a considérablement évolué. Les serviettes hygiéniques réutilisables, les culottes menstruelles, les pochettes et les sacs sont déjà à la mode et ne sont pas associés au passé soviétique. Mais si nous parlons du mouvement coopératif en général, c'est une école pour les gens qui peuvent s'organiser et agir dans différentes situations sans leadership, ce qui s'est reflété à maintes reprises dans la société ukrainienne au début des manifestations du Maïdan, ainsi qu'au début et pendant l'invasion à grande échelle. La capacité d'auto-organisation est un outil qui permet à la société de se montrer comme un acteur politique que le soi-disant gouvernement actuel doit écouter. Et la direction que prendra la société dépendra de la façon dont cet outil sera utilisé. C'est pourquoi il est très important de renforcer la voix des communautés de base, féministes et anti-hiérarchiques en Ukraine pour empêcher la domination du discours de droite, qui s'empare facilement de tous les meilleurs outils d'organisation sociale dans un contexte de guerre.
Nous associons souvent les coopératives comme la vôtre au terme d'autogestion [самокерованість]. Ce terme d'autogestion vous semble-t-il refléter ce qu'est votre coopérative ? Est-ce une idée familière au sein de la gauche ukrainienne ou plus généralement dans les activités sociales ?
Nous distinguons les termes « autogestion » et « auto-organisation ». Pour nous, c'est l'auto-organisation des personnes, des individus qui investissent beaucoup de ressources dans les activités d'une organisation horizontale de base, qui est la plus applicable. Après tout, tous les membres de la coopérative ne sont pas seulement des couturières, elles communiquent également avec les clients, achètent du matériel, font de la publicité sur activités de l'organisation, rédigent des articles éducatifs et militants, elles sont comptables, chargées des relations publiques, s'occupent de nettoyer, elles sont community managers et militantes. Toutes les actrices impliquées dans le fonctionnement de la coopérative sont également responsables de son fonctionnement. Le terme autogestion, à notre avis, efface quelque peu la contribution de chacun œuvrant dans la coopérative. Nous ne pensons pas non plus que quiconque puisse adhérer à notre coopérative à tout moment. Cette personne doit partager les principes du féminisme intersectionnelle, les idées écologiques de production et être prête à travailler de manière responsable dans une structure non hiérarchique. D'après nos observations, des principes similaires guident la plupart des organisations de gauche en Ukraine et à l'étranger, qui se positionnent comme horizontales ou non hiérarchiques (ou faiblement hiérarchiques) et pratiquent des outils de démocratie directe.
9 novembre 2023
Page Facebook de la coopérative ReSew
https://www.facebook.com/ReSewKyiv
Instagram de la coopérative ReSew : @resew_cooperative
Soutenir Patreon : Choisissez un abonnement 2, 4, 6… euros par mois
https: //www.patreo n.com/ReSew _
Note
1 Récupérer des matériaux ou des produits dont on n'a plus l'usage afin de les transformer en matériaux ou produits de qualité ou d'utilité supérieure. Il s'agit donc d'un recyclage « par le haut ».
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Revenir à l’essentiel
Ça y est, nous avons atteint le point culminant de la négociation. Notre mobilisation est à son comble : quatre journées de grève réalisées et quatre autres annoncées les 11, 12, 13 et 14 décembre prochains.
Ça brasse aussi dans les médias, alors que les déclarations du gouvernement se succèdent à un rythme effréné et que les messages prennent parfois de drôles de raccourcis. Dans ces moments, le doute devient une arme redoutable qui peut rapidement nous faire perdre pied.
Cette semaine, pendant que le Comité de négociation se trouvait littéralement à la table et que les travaux allaient bon train, monsieur Legault y est allé sur la place publique de cette déclaration à l'effet que les discussions avec la FIQ seraient supposément « difficiles », et que nous refusions les primes pour les quarts de travail « défavorables ». Je n'ai qu'une chose à dire à ce sujet : c'est TOTALEMENT FAUX. Toute personne travaillant dans le réseau de la santé sait que des primes selon les quarts et les départements, il y en a déjà. C'est même dans nos demandes de négociation de bonifier la prime de nuit et de transformer la prime de fin de semaine en salaire majoré de 50 %.
Il est par ailleurs INSULTANT de se faire dire que nous sommes « difficiles » à la table. S'il est vrai que nous sommes fermes, et que nous avons un bon rapport de force, depuis quand cela constitue-t-il un problème dans une négociation ? Le premier ministre dirait-il la même chose s'il négociait avec une profession majoritairement masculine ? Je vais vous le dire, la seule chose difficile dans cette négociation, ce fût d'obtenir de la partie patronale qu'elle accepte enfin de discuter de nos propositions.
Depuis le début de cette négociation, et même avant, le paternalisme et l'arrogance avec lequel ce gouvernement traite les professionnelles en soins, mais aussi les enseignantes, est exaspérant. Vous avez le droit d'être en colères. Et vous savez quoi ? Vous avez bien raison, parce que cette façon de traiter les professions majoritairement féminines est non seulement insultante et dépassée, mais elle est aussi en grande partie responsable des problèmes que nous voulons justement régler dans le réseau de la santé.
Si monsieur Legault souhaitait faire dérailler cette négociation, il n'aurait pu s'y prendre autrement. Avec cette sortie, il avait clairement l'intention de retourner l'opinion publique contre nous. Mais les Québécois-e-s ne sont pas dupes ! Ils-elles ont très bien compris que des soins de qualité passent nécessairement par de meilleurs salaires, une diminution de la charge de travail et une meilleure conciliation travail-vie personnelle. C'est pour cette raison que présentement, près de 7 citoyen-e-s sur 10 appuient nos revendications.
Revenons donc à l'essentiel. C'est à la table de négociation que se feront les gains, et toute notre mobilisation, notre colère et notre indignation doivent être canalisées de façon à maintenir cet appui dans la population, ainsi que le rapport de force dont le Comité de négociation bénéficie à l'heure actuelle.
Ne vous laissez pas berner par ce spectacle auquel se livre présentement monsieur Legault et compagnie sur la place publique. La pression que nous exerçons, elle porte ses fruits à la table de négociation. Le ton a changé, le rythme s'est accéléré et l'employeur discute enfin de nos demandes.
Les 5 et 6 décembre prochains, vos représentantes réunies en Conseil fédéral prendront connaissance de l'état des avancées des travaux du Comité de négociation. À partir de là, nous pourrons en discuter plus ouvertement avec vous. Suivez-nous pour plus d'information.
D'ici là, restons unies, déterminées et mobilisées !
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FAE : Une contre-offre au gouvernement, la grève se poursuit
Mardi soir, le 28 novembre dernier, la FAE a reçu une nouvelle offre du gouvernement qu'elle a analysée rigoureusement. Lors d'un Conseil fédératif de négociation (CFN), qui s'est déroulé hier et aujourd'hui en mode virtuel, les personnes déléguées provenant des neuf syndicats affiliés à la FAE ont jugé que la proposition du gouvernement ne permet pas de suspendre la grève générale illimitée.
Bien que la FAE reconnaisse l'ouverture de la partie patronale, il ne s'agit que de la première avancée du gouvernement sur les demandes des enseignantes et enseignants après 11 mois de négociation, plus de 70 rencontres et 7 jours de grève générale illimitée. Néanmoins, la FAE est tout à fait consciente des effets de la grève générale illimitée et c'est pourquoi elle déposera une contre-offre à la présidente du Conseil du trésor afin d'en arriver le plus rapidement possible à une entente de principe à présenter à ses membres.
"Je n'ai jamais vu les enseignantes et le enseignants aussi mobilisés et déterminés à améliorer leur sort, celui de leurs élèves et de l'école publique québécoise"
« Leur présence massive sur les lignes de piquetage devant les établissements scolaires et dans nos manifestations témoigne de leur colère et de leur épuisement, mais aussi de leur volonté à trouver des solutions durables qui feront une réelle différence pour offrir une instruction de qualité, et ce, pour tous les élèves du Québec. Au cours des prochains jours, nos membres auront les yeux rivés sur Sonia LeBel qui a une occasion unique dans l'histoire de valoriser leur profession, d'alléger leur tâche et de reconnaître leur autonomie professionnelle », a déclaré Mélanie Hubert, présidente de la FAE.
La priorité de la FAE demeure d'améliorer la composition de la classe, puisque la classe ordinaire a franchi un seuil de difficulté tel qu'elle constitue une contrainte à l'enseignement et aux apprentissage.
« Leur présence massive sur les lignes de piquetage devant les établissements scolaires et dans nos manifestations témoigne de leur colère et de leur épuisement, mais aussi de leur volonté à trouver des solutions durables qui feront une réelle différence pour offrir une instruction de qualité, et ce, pour tous les élèves du Québec. Au cours des prochains jours, nos membres auront les yeux rivés sur Sonia LeBel qui a une occasion unique dans l'histoire de valoriser leur profession, d'alléger leur tâche et de reconnaître leur autonomie professionnelle », a déclaré Mélanie Hubert, présidente de la FAE.
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La réforme Dubé est « tout sauf santé »
Des centaines d'organisations s'unissent pour mettre en lumière les dangers du projet de loi no 15 en santé et services sociaux. Composée de syndicats, de groupes communautaires et de diverses organisations de la société civile, cette vaste coalition se mobilise sous le slogan « Tout sauf santé ».
Tiré de Ma CSQ cette semaine.
Réitérant leur appel au dialogue, ces organisations demandent au ministre de la Santé et des Services sociaux, Christian Dubé, de prendre un pas de recul et de ne pas imposer aux Québécoises et Québécois une nouvelle réforme centralisatrice qui soulève bien plus de questions qu'elle n'apporte de réponses.
« Ça fait des mois que des groupes, associations et experts de tous les horizons mettent en garde le ministre de la Santé et des Services sociaux contre les conséquences dévastatrices que risque d'engendrer sa réforme si elle est adoptée dans sa mouture actuelle. À quelques jours de la fin des travaux parlementaires, l'heure est à l'unité. C'est pourquoi nous lançons tous ensemble cette campagne qui a été conçue pour que tout le monde puisse se l'approprier afin d'exiger du ministre qu'il revoie impérativement son projet de loi et, par conséquent, son calendrier d'adoption », ont déclaré la présidente et la trésorière de la Coalition Solidarité Santé, Lise Goulet et Nathalie Déziel, dans le cadre d'une conférence de presse organisée le 30 novembre, à l'Assemblée nationale.
« Même si beaucoup de groupes se sont exprimés [lors des consultations parlementaires], beaucoup d'autres n'ont pas encore eu la chance de le faire », a rappelé le porte-parole du troisième groupe d'opposition en matière de santé, de services sociaux et de soins à domicile, Joël Arseneau, lors du point de presse.
« De plus en plus d'organisations et d'individus saisissent les enjeux [du projet de loi no 15] en cause et veulent se faire entendre. On croit aux approches démocratiques et on invite nos élus à respecter les principes démocratiques et à prendre les moyens d'entendre ce que les gens ont à dire. On n'est pas à deux ou trois semaines d'une réforme. C'est l'avenir de nos services publics qui est en jeu », a mentionné Lise Goulet.
Vers un bâillon ?
Les porte-paroles de l'opposition en matière de santé et services sociaux présents à la conférence de presse ont été questionnés à savoir si des indications de la part de Christian Dubé laissent présager une adoption sous bâillon du projet de loi.
« Le ministre a refusé de dire qu'il ne le ferait pas, alors cela me dit que c'est son intention. Il nous rappelle régulièrement qu'il a besoin des prochains mois pour mettre en place [l'agence] Santé Québec. Nous, ce qu'on lui dit, c'est qu'il faut faire l'étude du projet de loi correctement, prendre le temps d'entendre tous les groupes et bien comprendre l'impact que le projet de loi et ses amendements vont avoir sur le réseau », a dit, quant à lui, le porte-parole de l'opposition officielle en matière de santé, André Fortin.
Campagne citoyenne de lettres aux députées et députés
Outre cet appel à la mobilisation, une campagne citoyenne de lettres adressées à l'ensemble des députées et députés de l'Assemblée nationale est également en cours afin de demander aux élues et élus de faire tout en leur pouvoir pour freiner le projet de loi no 15.
Rappelons également qu'en octobre dernier, plus de 250 groupes, associations et organisations issus de différents milieux ont signé une lettre ouverte pour dénoncer l'absence évidente de consensus autour de la réforme du ministre Dubé.
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Construire la souveraineté alimentaire avec le féminisme paysan et populaire
Les femmes de la CLOC-Via Campesina soulignent l'importance politique des espaces internationaux auto-organisés
Tiré de Entre les lignes et les mots
« Avec conviction, nous ouvrons la voie au féminisme paysan et populaire, nous construisons la souveraineté alimentaire et nous luttons contre les crises et les violences ». Nous nous unissons à cette devise forte et puissante, qui nous représente en tant que femmes de la Via Campesina. Avec elle, nous soulignons un engagement pour les années à venir.
De nos territoires, nous avons fait une histoire de lutte contre le capitalisme, le patriarcat, le racisme et l'avancée du fascisme. Dans notre articulation des femmes, nous avons vécu un processus d'années de coordination de nos revendications, de nos actions et de notre organisation. Nos compagnes sont des femmes qui ont un processus non seulement de théorie, mais de pratique.
Pour parvenir à la souveraineté alimentaire, nous devons parler du rôle et de l'impact des femmes. La préparation de notre 6ème Assemblée des femmes de la Via Campesina est l'occasion de renforcer notre vision commune. En cours de route, nous recherchons de nouvelles solutions aux concepts que nous connaissons, ainsi qu'aux propositions et aux demandes qui surgissent sur les territoires.
L'Assemblée des femmes, un espace d'avancement organisationnel
Lors de l'Assemblée, nous, femmes du monde entier, nous sommes réunies dans la diversité et l'unité. Des compagnes d'autres continents semblent plus proches lorsque nous abordons tous nos problèmes et notre expérience de lutte. Nous faisons l'histoire. Et l'histoire nous amène toujours au présent, afin que nous puissions prédire la prochaine étape que nous franchirons.
Nous avons créé une mystique du travail des femmes et de la vie paysanne qui transcende les barrières et qui pourra être vue dans l'Assemblée. Nous y parlerons de la trajectoire de la Via Campesina, de la relation avec les organisations alliées, de la présence et de la lutte des paysannes dans le contexte international et dans chaque région.
Comment allons-nous promouvoir notre travail à l'Assemblée ? Quelles seront nos contributions et initiatives ? À cet égard, il est important de travailler sur la mémoire. Nous avons accumulé une expérience de plus de 30 ans. Nous étions, par exemple, en 1989, à l'Assemblée pour organiser la réunion sur le 500e anniversaire de l'invasion de l'Amérique. Dans ce document, une voix forte d'Amérique latine s'est élevée pour dire qu'à partir de nos racines, nous devons nous découvrir, non pas pour pouvoir regarder le présent avec optimisme, mais pour y faire face avec une grande détermination.
De nos propositions sont nées d'importantes campagnes dans la Via Campesina : pour les semences, contre la violence envers les femmes, contre les pesticides. Maintenant, cette Conférence et Assemblée à venir doivent être un élan pour nos actions futures, en approfondissant la construction du féminisme paysan et populaire et en stimulant la mobilisation et la solidarité dans le monde entier.
Situation actuelle des femmes
L'une des grandes difficultés qui secoue notre continent et le monde aujourd'hui est la renaissance du fascisme. Nous devons rester vigilantes, poursuivre la lutte et continuer à développer des idées. Le fascisme inonde notre peuple de peur, mais nous continuons sans peur, avec beaucoup d'espoir. Nous devons continuer à réaliser nos rêves.
La Covid-19 est le résultat des formes systémiques de production du capital et a révélé la gravité de la crise mondiale. Nous étions chez nous, mais pas en silence. Durant cette période, nous avons accumulé beaucoup d'expérience et rétabli des liens entre la campagne et la ville.
Nous luttons pour la souveraineté alimentaire non seulement pour que l'agriculture paysanne continue à produire de la nourriture – c'est notre responsabilité –, mais pour garantir un droit humain fondamental, qui est d'assurer la nourriture aux peuples du monde.
En tant que Coordination latino-américaine des organisations rurales (CLOC-Via Campesina), nous contribuons à renforcer la coordination internationale avec des processus régionaux articulés, ainsi qu'à renforcer les agendas féministes auxquels nous sommes appelées, tels que le 8 mars et le 25 novembre.
Nous voulons faire avancer les processus de formation à tous les niveaux de notre mouvement. La formation nous aide à comprendre les fondements de l'oppression et de la violence et à élaborer des stratégies pour les surmonter. Nous voulons former des formatrices, changer le mode de combat et l'organisation régionale, ainsi que renforcer nos outils de communication, indispensables pour diffuser nos processus et nos luttes, notamment avec la participation des jeunes femmes des régions.
Féminisme paysan et populaire
Actuellement, nous avons un nouveau scénario pour le développement du mouvement féministe, qui nous impose des questions. Le féminisme a émergé à cette époque d'une manière très forte et pleine d'espoir. En même temps, également selon une méthodologie décourageante dans certains domaines et secteurs. Notre féminisme, comme nous l'avons dit depuis le début, est un féminisme de classe, qui s'inscrit dans un cadre politique et cherche la construction du socialisme.
En Amérique latine, notre proposition est basée sur les principes de l'histoire de notre mouvement. Nous avions l'habitude de dire que « sans féminisme, il n'y a pas de socialisme ». Mais nous passons par un processus de maturation, pensant que nos défis à chaque instant doivent être constitués en actions positives. En avançant dans ce débat, nous continuons en disant qu' « avec le féminisme, nous construirons le socialisme ».
Cette avancée est l'autonomisation politique des femmes paysannes, autochtones et noires dans nos organisations membres. Nous sommes sûres que des changements ne seront possibles que lorsque nous élèverons le niveau d'organisation et de conscience collective. Nous avons pris des mesures importantes pour souligner que nous nous battons pour le pouvoir. Il est de la plus haute importance que les femmes participent à la prise de décision et à la mise en œuvre d'actions de politique publique plus décisives, transformant ainsi en réalité ce qui est inscrit dans la Déclaration des Nations unies sur les droits des paysans (UNDROP en anglais).
La Déclaration s'inscrit dans une perspective féministe selon laquelle il ne peut y avoir de progrès sans la pleine participation des femmes. Dans notre histoire, nous exigeons la parité des sexes, ce qui n'est pas « moitié-moitié », mais plutôt responsabilité, chemins partagés dans la lutte, construction politique en même temps. Et nous ne sommes pas, chacune de nous, « juste une autre » ; nous sommes la voix de toutes les autres femmes que nous représentons dans ces instances politiques.
Nous, les femmes, montrons notre force : oui, nous sommes une construction politique ; oui, nous sommes une percée dans la lutte paysanne et nous avons été des guides pour l'action de la Via Campesina.
Nous marquons le territoire sur des questions clés. Nous avons dit que la souveraineté alimentaire nous permettait de retrouver notre identité. Et nous avons lutté sans relâche pour la souveraineté alimentaire, en mettant au centre toutes les connaissances, l'expérience et la sagesse des femmes. Nous devons faire une forte offensive des femmes dans les espaces de pouvoir les plus pertinents, en cherchant à utiliser notre principal outil de bataille, qui est la Déclaration.
Nous avons déjà commencé à légitimer un féminisme basé sur notre lutte, notre identité, nos propositions et nos revendications. Ce féminisme doit être largement abordé avec nos semblables, dans chacun de nos territoires. Faisons de notre devise une réalité.
***
Alicia Amarilla vit au Paraguay, Elsa Sánchez en République dominicaine, María Canil au Guatemala et Pancha Rodríguez au Chili. Elles font partie de l'articulation des femmes de la Coordination latino-américaine des organisations rurales (CLOC-Via Campesina). Ce texte est une édition de ses interventions lors de l'atelier virtuel « Construire la souveraineté alimentaire et le féminisme paysan et populaire », organisé en septembre 2023, en préparation de la 6e Assemblée des femmes de la Via Campesina, qui aura lieu le 2 décembre 2023, à Bogotá, en Colombie. La conférence aura ensuite lieu avant la 8e Conférence internationale de LVC, qui se tiendra du 1er au 8 décembre.
Édition par Helena Zelic
Traduit du portugais par Andréia Manfrin Alves
Langue originale : espagnol
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Syndicats du Canada à la COP28 : façonner un avenir durable pour les travailleurs et travailleuses
Bruske : Les dirigeants canadiens et mondiaux doivent s'assurer que les travailleurs et travailleuses soient appuyés dans le virage vers une économie carboneutre. Bea Bruske, présidente du Congrès du travail du Canada (CTC), a publié la déclaration suivante.
« Le CTC est fier de se joindre à une délégation syndicale de toutes les parties du Canada au sommet mondial sur le climat, soit la COP28. En ce moment charnière, les syndicats du Canada revendiquent que les décideurs répondent aux inquiétudes des travailleurs et travailleuses. Il est de la plus haute importance que les gouvernements du monde entier prennent rapidement des mesures décisives pour lutter contre les changements climatiques et bâtir une économie durable pour des générations à venir. Puisqu'ils sont le moteur de l'économie, les travailleurs et travailleuses doivent participer à la prise des décisions au sujet de notre avenir collectif.
Pendant tout le sommet, des personnes représentant les syndicats du Canada, y compris Larry Rousseau, vice-président exécutif du CTC, consulteront des collègues syndicaux du monde entier et des dirigeants politiques locaux et mondiaux. Nous lançons un appel à l'action clair : les gouvernements doivent donner la priorité aux bons emplois syndiqués qui assureront la prospérité de la population travailleuse et des collectivités au cours du virage vers la carboneutralité.
Les décisions prises pendant la COP28 influenceront l'avenir du travail ; nous sommes là pour nous assurer que les travailleurs et travailleuses soient au cœur de ces décisions. Une des principales priorités consiste à voir à ce que le programme de travail pour une transition juste qui est en voie de négociation donne la priorité aux travailleurs et travailleuses. Les gouvernements ont pour responsabilité de mettre les outils et le soutien nécessaires à la disposition des travailleurs et travailleuses pour qu'ils puissent nous mener à un avenir durable, et nous sommes prêts à voir à ce qu'ils l'assument.
Au cours de notre événement parallèle à la COP28, placé sous le thème « Les travailleurs et travailleuses et le travail dans le cadre des transitions justes canadienne et mondiale », nous avons présenté des politiques concrètes appuyant et habilitant les travailleurs et travailleuses à l'heure où les pays prennent des mesures pour décarboner leur économie. Nous publierons sous peu un rapport donnant des précisions sur les sujets traités pendant cet événement. Ce rapport exige des investissements appréciables dans les emplois durables et comprend de claires recommandations sur une politique industrielle carboneutre.
Les droits du travail sont des éléments fondamentaux de l'édification d'une économie durable. Cela exige de s'assurer que les travailleurs et travailleuses du Canada et du monde entier puissent avoir des discussions valables avec leurs employeurs et leurs gouvernements pour définir les paramètres d'un bon emploi.
Les travailleurs et travailleuses ont les outils et les solutions nécessaires pour créer une économie durable et un avenir favorable à tous. Que ce soit à la COP28 ou ici au Canada avec le projet de loi C-50, Loi sur les emplois durables, les syndicats du Canada seront une forte voix pour le travail et les travailleurs et travailleuses. »
Le CTC a lancé dernièrement Travailler pour l'avenir, une campagne rassemblant les travailleurs et travailleuses pour dresser un plan axé sur les travailleurs et travailleuses pour de bons emplois durables. Pour obtenir plus d'information, rendez-vous au site www.travaillerpourlavenir.ca/.
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La Cop à Magali
Tous les médias critiquent et chialent contre la COP28 à cause de « ce que ça coûte » ! On critique Magali Picard (« Aller là-bas pendant que ses membres sont en grève ici, quel manque de jugement !... »). On va même jusqu'à évoquer le fait qu'elle s'en va « se promener à la chaleur de Dubaï aux frais de ses membres qui, eux, se gèlent le cul à faire du piquetage, c'est ben effrayant ! »
Jacques Benoit,
Co-rédacteur du Plan de la DUC
Membre de Gmob
Pis on trouve qu'il y a « ben trop de monde qui va là, ça sert à rien qu'il y ait autant de monde, de toute façon, ça donne jamais rien, ces COP-là », pis gnangnangnan !...
Mais personne ne parle des véritables enjeux derrière cette COP28 : de la situation climatique mondiale, du danger qui nous pend au bout du nez, qu'on se rapproche à vitesse « grand V » de la COP de la fin du monde. (Admettons aussi que Magali a manqué une belle occasion de relever le débat sur ces véritables enjeux quand elle s'est expliquée sur les raisons qui l'avaient motivée à y aller !... Désolé, Magali, mais la « transition juste », ça fait pas très urgent quand, dans les faits, c'est la fin du monde est au bout du tunnel !)
On peut très bien être critique des COPi, on peut même être convaincu que les véritables solutions ne sortiront jamais de là ii, mais pourrait-on d'abord et avant tout parler « des solutions À QUOI » ?
On ne parle pas du problème, on ne parle que du bruit autour. On ne parle pas du cancer de stade 3 dont on est atteint, on cause du personnel, de leurs uniformes, de l'ambulance, de la couleur des murs, du climat de travail, des vacances qu'on a eues ou qu'on n'aura pas, du compte de dépenses, etc., mais du cancer qui va nous tuer ? Pas un mot ! De ce qu'il faudrait faire, rendu à ce stade de la maladie ? Nada ! De comment on se prépare pour y faire face ? Nope ! Du temps qu'il nous reste à vivre ? Hon-hon !...
Et si on inversait les choses ! Si on parlait du problème, de l'éléphant dans la pièce (la pièce étant la Terre parce qu'il n'y a pas d'autre pièce, il n'y a pas de planète B) : le réchauffement climatique qui progresse rapidement et qui est causé par notre utilisation d'énergies fossiles (pétrole, gaz, charbon), et par notre (sur)consommation en général et d'énergie en particulier !
Et si on en parlait à la hauteur de la gravité du problème sur lequel les scientifiques du monde entier tentent de nous alerter depuis si longtemps qu'ils ne savent plus comment s'y prendre pour qu'on s'arrête et qu'on les écoute…
Peut-être aussi que si les médias faisaient leur travail d'information et d'éducation sur les enjeux de survie qui sont déjà à nos portes au lieu de jouer aux perroquets avec nos dirigeant.e.s politiques et économiques, à l'allègement du message et du ton, à la peopolisation de l'information, à la priorisation des chatons et des chiens écrasés, au divertissement, aux cancans et aux rumeurs, peut-être que notre monde aurait une chance de ne pas se terminer comme dans le film « Don't look up ! »
Notes
1. « COP-out : pourquoi le festival de discussions sur le climat organisé par Petrostate échouera dans sa tâche clé de réduction des émissions » (en anglais) https://www.climatecodered.org/2023/11/cop-out-why-petrostate-hosted-climate.html
2.« Les COP sous la loupe : une révélation révoltante » https://www.groupmobilisation.com/_files/ugd/bf4f35_4ec657c79b9e460ba18533525af02ec1.pdf
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La vraie défaite d’Israël sera son dépeuplement.
Israël : Une caserne occidentale d'apartheid (bien cacher) est un état mafieux, raciste et envieux au paroxysme et avec pour sionisme l'unique l'idéologie d'État d'Israël
Au lieu de gober le baratin des soi-disant israéliens modérés à l'intention des naïfs, il faut tout simplement consulter un manuel scolaire édité par le sioniste pour ses écoliers en Palestine et regardez la carte de leur futur « Etat Juif » il s'étend du Jourdain à la Méditerranée. Il n'y a pas de Palestine Il n'y en a jamais eu. Alors Il ne faut jamais perdre de vue qu'il s'agit fondamentalement d'un conflit de décolonisation, de lutte de libération d'un Peuple subissant un colonialisme de peuplement depuis plus de 75 ans.
Une solution à deux états n'est qu'une illusion. Le long terme fera que, forcément, les moins nombreux seront absorbés, c'est inévitable. C'est une loi de la nature.
Cette entité sioniste s'est peu à peu transformé en méritocratie extrémiste et religieuse ce qu'elle est aujourd'hui, où il vaut mieux faire partie d'une communauté que d'être un individu atomisé et aliéné par le système religieux en faisant de la suprématie, de l'égoïsme, le raciste le moteur de toute action. On comprend que la plupart des Israéliens soient attachés à cette méritocratie religieuse qui leur a donné des droits d'être raciste.
L'art du contre-pied !
Ainsi les va-t'en guerre, outre qu'ils envoient les autres à la casse, n'ont pas toujours raison. Bien des compromis s'avèrent plus payants que les affrontements dans la Bande de Gaza, mais pour les politiques et les religieux extrémistes c'était le bal des faux-culs. Ces pleutres bien planqués qui font tuer des civils car ils ne savent pas faire la guerre. Tout en lançant à Israël l'ultime estocade qu'ils pensaient définitive : « Israël a le droit de se défendre et même d'appliquer la loi du talion. »
Vraiment ? Cela aurait été risible si cela n'avait été aussi cyniquement pervers. La guerre expliquée aux petits enfants et aux débiles sionistes qui applaudissent les bombardements de Tsahal sur Gaza et une probable purification ethnique comme celle pratiquée par les colons en Cisjordanie !
Y'a pas à dire, le sioniste est vraiment vicieux en humanité, soudain, sur le terrain, son armée découvre qu'elle fut bien nue dans sa peur mais plus signifiante et expressive dans l'image de jouissance du soldat israélien devant son travail de destruction de Gaza. Une nouvelle version plus Nazie-Tsahal conciliable remixée.
Bien sûr en Israël, il y a énormément de politiques médiocres et foireux qui ramènent leurs fraises sur Gaza ils sont même la majorité, cela ne trompe personne, c'est même un peu pathétique, une entité au nazisme que l'Occident intimidé par le passé à propos des pogroms, appelle démocratie et soutient aveuglement. L'Occidental dénonce le terrorisme du Hamas pourtant déclaré comme mouvement de résistance, ne dit mot concernant la colonisation israélienne en Palestine. Les Palestiniens ont accepté le principe de l'existence d'Israël mais avec l'existence à ses côtés d'un état palestinien, pourquoi Israël refuse-t-il ?
Gageons que le monde Occidental dénoncera avec force l'horrible colonisation et l'antisémitisme des affreux palestiniens. Tout le problème est là : le 2 poids 2 mesures. la réalité est bien plus simple : les gouvernants israéliens ne veulent pas d'état palestinien, ils jouent la carte du fait accompli et baladent les occidentaux et les Arabes. Mais les résistants ne lâcheront pas l'affaire et la lutte palestinienne se poursuivra.
Non, il faut le dire clairement et tout haut : Les Israéliens et maintenant leurs extrémistes ne veulent pas la paix. S'ils la voulaient, il y a belle lurette que cette région serait un havre de prospérité. Non, ils l'ont montré depuis 70 ans en prenant comme prétexte la sécurité d'Israël, ils le montrent tous les jours en agression contre les agressions le Palestinien pour provoquer un nouveau carnage. Ils le montrent en férocités contre les enfants palestiniens qui jettent des pierres, Ils le montrent en devenant hystériques dès que le moindre rabbin démagogue leur annonce la fin de l'Entité sioniste.
Non, ils n'ont jamais voulu la paix, ne serait-ce qu'une seule seconde. Par contre, dès qu'ils sentent que leurs « glorieuses » armées sont en train de se faire mettre en déroute, ils viennent jouer les pauvres victimes d'une « agression terroriste, barbare » qu'ils ont eux-mêmes déclenché et voulue, qu'ils puissent crier victoire contre la résistance sur le cadavre encore fumant de Gaza meurtrie, Faute de venir à bout des combattants du Hamas, Israël s'acharne sur les civils (enfants, femmes et également les journalistes.) !
Fouettage de gueule ! Il n'y a qu'avec Israël, avec les Palestiniens que l'on se permet une telle abjection dans les génocides, Les médias internationaux devraient dire au monde qu'ils n'ont pas hésité à massacrer des bébés, des enfants, et même leur propres enfants, Ils pourraient ajouter l'apartheid, l'humiliation, l'impérialisme racisme colonialisme nazisme sans oublier de noter le non-respect des décisions de l'ONU etc.
Ce qui se passe est terrible, mais il ne s'agit pas d'un combat, à moins de pervertir totalement le sens des mots. Il s'agit d'un génocide et crimes contre l'humanité qui vise à l'extermination des Palestiniens en attendant mieux, Ils ont tué des enfants parce qu'ils étaient Palestiniens. Ils sont même allés jusqu'à tuer leurs animaux de compagnie. Ces ordures ont tué femmes, enfants y compris des bébés parce qu'ils étaient Palestiniens, Israël assume commettre un génocide ciblé à Gaza., et qui vient d'assassiner dans des conditions effroyables plus 15 000 morts, dont une majorité de femmes et d'enfants, dont le plus jeune est âgé de neuf mois. Israël assume de mener une politique nazie et d'avoir commis les pires crimes contre les palestiniens, en taxant les Palestiniens "d'animaux" (ministre de la Défense etc.), en les déshumanisant et en les bombardant. La réalité d'une escalade génocidaire
Il y a des évidences qui altèrent les versions arrangées que la presse occidentale sert quotidiennement sans même prendre la précaution de rendre vraisemblable l'histoire ordonnée. Si le journalisme devrait être résumé à cela, point besoin de faire de longues études pour arriver à si vil résultat de mensonges. Israël est forte de ses soutiens médiatiques et plus facile d'avoir une grande gueule avec dans les mains une épée en acier surtout que l'adversaire reste des enfants, des femmes et des personnes âgées, mais nous avons vu que face aux combattants Palestiniens, son armée sioniste n'avait pas tellement de bravoure.
En occidental la simple évocation de cette évidence reste punit médiatiquement par le vocable conspirationniste en vous plaçant au banc de la société. Mais lorsque l'on a compris que le monde de l'occidental reste une société qui vénère le mensonge, conspirationniste, en effet ceci n'est pas une insulte mais la reconnaissance à l'insu de sionistes d'une intelligence qui ne se soumet pas aux mensonges.
Parcourir les partis politiques, on y trouvera de meilleurs spécialistes autant qu'on pourrait en trouver aux seins des bazars politiques.
Les résistants du Hamas ont foi en la victoire et sont conscient des enjeux notamment que la guerre sera terrible pour le peuple Palestinien mais qu'elle le sera également pour les familles des soldats. Aujourd'hui c'est différent le peuple de la Palestine s'est normalisé en terme sociétal et cela faisait partie également de sa politique .Ils fallait faire des jeunes Palestiniens aptes pour que la simulation des valeurs et pour que la solidarité joue à plein Aujourd'hui la jeunesse Palestinienne ne veut plus porter aucun fardeau de la colonisation.
Tout cela n'est pas nouveau, c'est vrai, mais la légalisation de certaines pratiques de génocides du peuple Palestinien ne peut qu'encourager Israël à devenir encore plus performante, en temps de l'Occupation, lorsque les sionistes amélioraient les ordonnances nazies. Des mineurs, dont certains âgés de moins de 12 ans sont embastillés par Israël, certains depuis 2021 pour jets de pierres. Les Palestiniens tués chaque jour par l'armée sioniste Tsahal sont un bonus, parce que c'est creuser plus profondément le fossé entre Israël et Arabes, aujourd'hui les "bouchers de Gaza", font désormais partie de ceux dont on peut dire "J'irai cracher sur vos tombes", et j'espère bien qu'ils brûleront dans les flammes de l'Enfer ad vitam æternam.
Je pense que les résistants Palestiniens doivent créer un service de renseignements secret pour traquer, pourchasser et juger tous les criminels de ce génocide à tous les niveau et appliquer une jugement adéquat vis-à-vis de ses assassins.
Chasser les palestiniens de Gaza et de Palestine comme en 1948, en assassinant des milliers de civils, sans autres considérations, afin de les terroriser, ne signe pas la fin de la lutte palestinienne, mais celle d'un colonialisme nommé Israël, ayant perdu ce qu'il a cru posséder, à savoir une quelconque légitimité à l'exemple de la reconnaissance internationale de l'apartheid sud-africain, ne l'a pas empêché de disparaitre et il en sera de même pour le l'entité sioniste d'Israël.
Comme en Algérie en 1962, l'état unique à terme où les palestiniens pourront jouir de la totalité d'une terre ancestrale totalement décolonisée reste une certitude, car la vraie défaite d'Israël sera le dépeuplement, il y aura encore plus de sionistes en Europe en faillite qui doit néanmoins se préparer à accueillir des millions d'individus, refusant de vivre à égalité de droits avec un Palestinien voisin de palier.
La Palestine est victime, avec la complicité des médias, d'un négationnisme historique et territorial sans précédent. Ce déni de justice au long cours ne se résoudra que par la restitution des terres volées ce qui permettra à la Palestine d'être judenreïn.
Kader Tahri
www.kader.tahri.com
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Le Hamas fait partie de la solution bien plus que du problème
Le Hamas et le Djihad islamique sont classés comme "organisations terroristes" par les États-Unis, le Canada et l'Union européenne, les principaux alliés d'Israël. À ce titre, ils sont bannis de ce qu'on appelle "la communauté internationale", en fait le club dirigeant des puissances occidentales. Ils se trouvent donc rejetés par les élites politiques occidentales. Mais en Palestine (Cisjordanie et Gaza), ces groupes recueillent au contraire un appui assez large moins en raison de leur idéologie religieuse rétrograde que de leur résistance à l'oppression israélienne. L'Autorité palestinienne de Mahmoud Abbas pour sa part, plus laïque, autoritaire, corrompue et incompétente souffre d'un discrédit démocratique considérable comme on sait.
Évidemment, la charte des ces groupes prône la restauration de la Palestine arabe "de la mer au Jourdain", ce qui implique le démantèlement de l'État hébreu. C'est ce qui dérange avant tout la plupart des classes politiques occidentales et leur sert de prétexte pour leur refuser toute participation à des futures négociations de paix pour le règlement du conflit israélo-palestinien.
"C'est écrit en toutes lettres", fait-on valoir dans les milieux sionistes et pro-israéliens dont les membres se réfèrent à la position du Hamas et du Djihad islamique à l'endroit d'Israël.
Mais entre les positions de principe et la pratique, il existe une distance. Refuser tout contact et par conséquent d'associer ces organisations aux futures négociations sous prétexte qu'elles ne reconnaissent pas formellement le "droit à l'existence d'Israël" contribue au contraire à les radicaliser davantage et à les convaincre que la lutte armée constitue la seule solution.
Ils ne sont pas politiquement homogènes. Il existe parmi eux une aile pragmatique, plus ouverte aux compromis et une autre, plus intransigeante. La seule manière d'isoler celle-ci est d'entamer le dialogue avec celle-là. Ces organisations se fractionneraient alors entre pragmatiques et jusqu'au-boutistes, ce qui entraînerait sans doute entre eux de sérieux conflits que les modérés auraient des chances de remporter, vu le traumatisme et la lassitude de la population palestinienne devant le sanglant blocage actuel de la situation.
La stratégie la plus équitable et la plus juste serait d'admettre ces groupes aux négociations globales entre Palestiniens et Israéliens qui finiront bien par avoir lieu. On doit donc leur retirer l'étiquette de terroristes.
Surtout, cette ligne de conduite permettrait d'avoir une délégation palestinienne représentative de tous les grands courants idéologiques présents en Cisjordanie et à Gaza, la seule garantie d'obtenir une délégation palestinienne vraiment complète et d'aboutir enfin à une paix durable.
Jean-François Delisle
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Le cas Susan Sarandon, ou les limites du militantisme à Hollywood
Contre la guerre en Irak, contre la peine de mort, contre l'incarcération de masse… et pour un cessez-le-feu à Gaza. L'actrice américaine a toujours milité pour de nombreuses causes, sans que cela ne nuise à sa carrière, relate “The New York Times”. Jusqu'à sa déclaration à une manifestation propalestinienne, qui lui a valu d'être renvoyée de l'agence United Talent Agency.
Tiré de Courrier international.
Pendant des décennies, la carrière de l'actrice Susan Sarandon est restée florissante, alors qu'elle a toujours montré “un intérêt robuste pour l'activisme” et défendu des causes “qui la plaçait bien à la gauche du petit monde de Hollywood”, souligne The New York Times.
La comédienne à la carrière bien fournie, devenue célèbre pour son rôle dans le road-movie Thelma & Louise, sorti en 1991, et qui a remporté l'Oscar de la meilleure actrice en 1996 pour le film contre la peine de mort La Dernière Marche, s'est de tout temps illustrée “en participant à des manifestations, en prononçant des discours engagés à Hollywood ou pour ses déclarations de soutien en faveur de tel ou tel candidat politique”.
Corde sensible
Mais tous ces engagements n'ont eu que “peu d'effet sur sa carrière”, jusqu'à la semaine dernière quand Susan Sarandon, aujourd'hui âgée de 77 ans, a été virée de United Talent Agency, l'une de plus grosses agences artistiques hollywoodienne, pour avoir déclaré, mégaphone en main, lors d'une manifestation propalestinienne organisée le 17 novembre à New York :
“Il y a beaucoup de gens qui ont peur, qui ont peur aujourd'hui parce qu'ils sont juifs, et qui découvrent ce que vivent tant de musulmans, si souvent victimes de violence, dans notre pays.”
Cette déclaration est venue toucher “une corde sensible, à un moment où Hollywood se retrouve divisé sur la guerre entre Israël et le Hamas”, note le quotidien. Certains, dans l'industrie hollywoodienne, s'alarment de la hausse de l'antisémitisme et du fait que le petit monde du cinéma n'ait pas suffisamment exprimé son soutien à Israël après les attaques du Hamas du 7 octobre.
Mais le débat s'est aussi déplacé sur la question de la liberté d'expression. Le clivage sur la guerre en cours à Gaza va en effet bon train dans le monde des arts et du cinéma américain, où “des professionnels du cinéma et des comédiens ont perdu leur emploi ou un rôle après avoir critiqué Israël pour avoir tué des milliers de civils à Gaza”, rappelle le journal.
Si ses prises de position passées “contre la guerre en Irak, contre la faim dans le monde, contre le trafic d'êtres humains à des fins d'exploitation sexuelle, contre l'incarcération de masse aux États-Unis ou contre la peine de mort” n'ont pas eu de conséquences, le soutien affiché par Susan Sarandon à la candidate du Green Party, Jill Stein, lors de la présidentielle de 2016, et son refus de soutenir la candidate démocrate Hillary Clinton face à Donald Trump lui ont tout de même valu quelques inimitiés.
Au ban du box-office
Mais sa dernière déclaration pourrait bien empoisonner la fin de sa carrière et la mettre au ban du box-office, estime, dans les colonnes du New York Times, Steven J. Ross, professeur à l'université de Californie du Sud.
Pour l'universitaire, Susan Sarandon “comprend qu'il y a un risque. Mais elle croit clairement qu'il est de son devoir de s'exprimer en tant que citoyenne quand elle a la sensation que son pays se fourvoie et qu'une politique ne devrait pas être menée.”
L'actrice a d'ailleurs souligné par le passé que le militantisme était pour elle une obligation morale dérivant de son statut de célébrité, souligne le New York Times. En 2016, elle déclarait déjà à propos de son métier de comédienne qu'il était de nature à “donner au public la possibilité de repenser sa vie et de s'informer”.
Et l'actrice d'enfoncer le clou : “Même si je ne suis vraiment pas experte en rien, cela me donne l'opportunité de faire briller une petite lumière et d'avoir une petite voix au chapitre.”
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Courrier international

En réécoutant « L’Amérique pleure »
L'écoute de « L'Amérique pleure » dans une salle de cours en sociologie relève des points captivants. Naguère lors de la dernière séance d'un cours en sociologie, nous avons essayé de voir le nombre des enjeux sociopolitiques discutés dans notre cours que nous pouvons retrouver dans la chanson « L'Amérique pleure » de Les Cowboys Fringants.
Kaveh Boveiri
Voilà le bilan non exhaustif : le travail, l'épuisement professionnel, l'aliénation, la crise climatique, l'inégalité sociale, la survaleur, l'abondance, la solitude, l'hyperindividualisme, l'atomisation, l'automatisation, la surconsommation, l'identité, la violence, et le fétichisme.
Il y a une myriade des livres, des thèses, des recherches et mêmes sous-disciplines qui se trouvent pour chacun de ces enjeux.
Cela dit, tandis que ces derniers majoritairement gardent leur jargon saisissable uniquement pour les gens qui ont déjà maîtrisé un haut niveau d'érudition théorique, le chanteur, Karl Tremblay, l'écrivain de cette chanson, Jean-François Pauzé, et Les Cowboys Fringants relèvent les mêmes enjeux et les mêmes concepts à travers un ensemble des moyens qui touche immédiatement le grand public.
À part ses valeurs musicales dont la répercussion peut être vue en réaction énergétique de la foule, cette mise en lien est créée en deux volets. D'une part, à travers cette compétence unique à pénétrer dans l'âme de personnages de cette « réalité crue », notamment le Québec : un camionneur qui roule sur les routes en Amérique partage ses témoignages et ses réflexions avec nous dans un langage distinct et direct (son accent, son anglicisme, etc.) dans lequel le peuple du Québec se reconnait parfaitement. D'autre part, dans cette médiation, les codes culturels et géographiques de même peuple sont tous mobilisés pour engager l'écouteur ou le spectateur.
Sans une telle médiation qui transmet ces enjeux au grand public, la spéculation purement théorique reste hautement ésotérique et perd son rapport concret avec la vie sociale.
Imaginons un monde dans lequel ce n'est pas « Shape of You » d'Ed Sheeran mais « L'Amérique pleure » qui est vue 6 milliards de fois sur YouTube ! L'image de monde actuel serait sans doute radicalement différente, et cela dans une direction prometteuse. Pour créer ce Nouveau Monde, les artistes comme Karl Tremblay sont incontournables.
Laissons-nous espoir que le monde en général et le Québec en particulier témoigne l'apparition d'un plus grand nombre de Karl Tremblays et ses collègues avant que notre étoile filante ne s'éteigne.
Bonne continuation Les Cowboys Fringants !
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Dulcie, de Benoît Collombat et Grégory Mardon
Cela se fait de plus en plus. Voilà une histoire vraie, une enquête menée par Benoît Collombat, et racontée sous la forme d'une bande dessinée, par Grégory Mardon. Cela permet une lecture plus facile alors qu'il s'agit d'évènements plutôt sordides.
Photo et article tirés de NPA 29
Philippe Poutou Hebdo L'Anticapitaliste (30/11/2023)
Dulcie, de Benoît Collombat et Grégory Mardon Du Cap à Paris, enquête sur l'assassinat d'une militante anti-apartheid, Éditions Futuropolis, 2023, 304 pages, 26 euros
Il est question d'un assassinat politique, celui de Dulcie September, une militante noire sud-africaine contre le régime d'apartheid, le 29 mars 1988 à Paris. Enseignante, Dulcie avait été déjà condamnée à de la prison pour activité militante dans le parti de Nelson Mandela, l'ANC (African National Congress) considéré alors comme terroriste.
Libérée, elle reste sous surveillance et sous menace permanente du pouvoir, alors elle quitte son pays et se retrouve en exil en France. Elle y devient représentante de l'ANC. Elle milite à fond pour soutenir à distance la résistance de son peuple.
À travers le combat de Dulcie, c'est aussi l'histoire des relations de la France et de nombreux pays européens avec le régime sud-africain, qui demeureront plus ou moins officiels et secrets, alors que se développe une mobilisation internationale contre l'apartheid et le racisme, avec une campagne de boycott.
Au fil des pages, les auteurs nous rappellent l'hypocrisie et le cynisme des gouvernants français, notamment celui de Mitterrand, la gauche de l'époque, d'un côté dénonçant le racisme, d'un autre continuant les affaires commerciales avec le régime raciste qui réprime les révoltes noires, qui emprisonne, qui exécute régulièrement les militantEs noirEs.
Parmi ces affaires, il y a la coopération nucléaire et militaire, par la vente importante d'armes, en passant par des intermédiaires européens et le réseau classique de banques. Pas original du tout dans ce monde capitaliste ! Et puis, on retrouve l'État d'Israël (ironie de l'histoire), très impliqué dans l'aide nucléaire et militaire, le trafic passant par là et par l'île de la Réunion (possession française) pour finir en Afrique du Sud.
Cette enquête a le mérite de rappeler toute cette histoire, oubliée ou effacée. Le crime reste impuni trente-cinq ans après, malgré les tentatives de la famille, des militantEs anti-apartheid en France de relancer la justice. Par ce livre, l'hommage est rendu à Dulcie et à toutes celles et ceux qui ont participé au combat anti-apartheid et pro-boycott. Un combat qui en rappelle d'autres.
Vendredi 1 décembre 2023
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Quelle caractérisation politique de l’initiative du Hamas du 7 octobre 2023 ?
Nous sommes un mois et demi après le 7 octobre. Au moment où sont écrites ces lignes, les libérations « goutte à goutte » d'otages du Hamas d'une part, de prisonniers politiques palestiniens en Israël d'autre part, ont commencé, mais peuvent être stoppées à tout instant, dans le cadre d'une trêve censée durer quatre jours, dont la mise en œuvre a confirmé au grand jour que les contacts officieux entre toutes les parties concernées, du gouvernement Netanyahou au Hamas en passant par le Qatar, l'Égypte, l'Iran, les États-Unis, n'ont jamais été rompus : la collaboration au sommet continue même quand on se fait la guerre, otages et prisonniers, et civils, étant ceux qui trinquent.
25 novembre 2023 | tiré d'aplutsoc
https://aplutsoc.org/2023/11/25/quelle-caracterisation-politique-de-linitiative-du-hamas-du-7-octobre-2023-par-vp/
La « trêve » permet aux gazaouis de revenir dans leurs maisons, souvent détruites, dans un paysage de dévastation. Si la première annonce d'un bombardement d'hôpital par l'armée israélienne avait été un fake (il s'agissait en fait du parking voisin), les atteintes aux hôpitaux et aux structures de santé qui ont eu lieu depuis classent largement les actes de l'armée israélienne dans la même catégorie que ceux des armées de Poutine en Ukraine et de Bachar el Assad en Syrie depuis des années. Une autre ressemblance entre l'orientation ethno-nationaliste du gouvernement Netanyahou et celle de Poutine, qui vient de se manifester, réside dans les attaques contre le grand journal Haaretz, qualifié, en termes tout à fait poutiniens, d'« agent de l'étranger ».
Dans ce moment présent, cet article entend tenter de faire le bilan des conséquences globales de l'« offensive » lancée par le Hamas le 7 octobre – nous verrons d'ailleurs pourquoi le terme « offensive » n'est pas le plus approprié, en reprenant pour terminer la question de la caractérisation de cette opération, après en avoir examiné les conséquences, qui étaient toutes, c'est là un point important, absolument prévisibles, et donc, en un sens, prévues, si ce n'est des exécutants, du moins des commanditaires les plus haut placés.
Il était en effet absolument prévisible, et donc prévu, que cette opération allait momentanément suspendre la crise politique israélienne mettant en cause l'existence même du gouvernement Netanyahou en provoquant une union nationale anti-palestinienne, féroce et vengeresse, union nationale dont l'homme clef, de fait, reste Netanyahou, qui a tout intérêt à la prolonger et donc à prolonger l'écrasement de Gaza et la situation de guerre, car au-delà, c'est la rupture de l'union de façade et la déchéance et la justice qui le cernent.
Pour la nation palestinienne tronçonnée en différents secteurs géographiques sous le contrôle direct ou indirect de l'appareil d'état israélien, situation qu'il est techniquement justifié de qualifier de régime d'apartheid, les conséquences sont catastrophiques. C'est bien sûr le bombardement et l'écrasement de Gaza avec la menace d'une « seconde Nakba ». C'est aussi la violence coloniale en Cisjordanie, avec des centaines de morts palestiniens. C'est une discrimination renforcée et des menaces aggravées contre la population palestinienne ayant la citoyenneté israélienne, et contre les résidents de Jérusalem Est. Tout cela mis bout à bout, avec Gaza comme épicentre, constitue la mise à l'ordre-du-jour de la destruction de la nation palestinienne comme telle, par massacres et/ou déportation de populations. Il ne s'agit pas d'un génocide mais bien d'une dynamique génocidaire, pouvant conduire au génocide, et cela doit être dit.
Naturellement, ce sont des potentialités qui étaient tout à fait à l'œuvre avant le 7 octobre qui se déchaînent ainsi. Mais c'est le 7 octobre qui a créé les conditions socio-politiques du changement d'échelle que constitue leur mise en œuvre. Elles lui sont redevables.
Même un analyste qui entend mordicus conférer à l'opération du 7 octobre le label d'insurrection populaire anticoloniale au point de raconter absolument n'importe quoi, comme nous le verrons plus loin, est bien obligé de reconnaître que « la contre-offensive d'octobre du Hamas a déjà réussi à réunifier une société et un système politique israéliens auparavant profondément divisés. Elle permettra à Benjamin Netanyahu de mettre en œuvre ses plans les plus féroces visant à infliger une terreur massive aux Palestinien.ne.s afin de précipiter leur déplacement forcé. » (Gilbert Achcar, Premiers commentaires sur la contre-offensive d'octobre du Hamas, publié en français dans l'Anticapitaliste le 8 octobre dernier).
Pourrait-on, du point de vue palestinien, envisager à la rigueur que l'unité contre l'adversité coloniale et destructrice, forcée par cette prétendue « contre-offensive », puisse constituer un progrès ?
Cette question appelle une réponse claire : l'unité sous l'égide du Hamas n'est pas possible et elle l'est encore moins après qu'il ait délibérément fourni à Netanyahou les moyens de piéger la nation palestinienne dans la nasse. Juste avant l'opération du 7 octobre, un sondage publié le 25 octobre dans Foreign Affairs indiquait que le soutien des gazaouis au Hamas était au maximum de 20 % des sondés et plus près de 11 %, le Fatah remontant légèrement dans ces conditions mais sans dépasser lui-même les 20 %. Autrement dit, et cela se comprend, 70 % des gazaouis rejettent le Fatah et plus encore le Hamas, qui les gouverne, les flique et les rançonne, et qui a déclaré publiquement depuis l'offensive israélienne que ses tunnels n'avaient jamais eu vocation à servir d'abris aux gens « ordinaires » !
Lors de l'opération du 7 octobre, quelques habitants et quelques jeunes ont suivi les miliciens et nervis entraînés du Hamas qui l'ont réalisée, et il est compréhensible qu'aux toutes premières informations, la masse des Palestiniens ait frémi à l'idée de ce qui semblait s'apparenter au renversement d'un mur, façon mur de Berlin, hé oui. Mais très vite il est apparu qu'il ne s'agissait absolument pas de cela et il n'y a eu aucune levée en masse du peuple palestinien, ce qui n'a d'ailleurs jamais été l'intention du Hamas.
La population de Gaza ne s'implique pas dans les combats. Ce n'est pas pour elle un combat de rue anticolonial, mais un carnage dans lequel il lui est interdit, par les deux forces militaires en présence, d'intervenir. Il n'y a aucune barricade urbaine, aucune foule contre les chars comme en Ukraine en février-mars 2022.
Une nouvelle résistance armée clandestine avait commencé à émerger à Jénine et à Naplouse notamment, avant le 7 octobre, et elle est plus active depuis, en réaction aux agressions coloniales qui s'aggravent bien plus vite. Son avenir militaro-politique dépend de son degré d'indépendance politique, c'est-à-dire avant tout, aujourd'hui, de son degré d'indépendance envers le Hamas. Si, comme y appellent plusieurs organisations de matrice stalino-nationaliste comme le FPLP, elles s'alignent sur lui ou à son service, ce sera pour elles l'impasse et la mort.
Voilà pour ce qui concerne les Palestiniens. Mais une autre conséquence absolument majeure du 7 octobre est une vague antisémite mondiale, grave par elle-même et qui, de plus, parasite la défense nécessaire des Palestiniens et permet parfois de la dénigrer ou de la réprimer. Cet aspect est totalement dénié et tu par tous ceux qui s'accrochent peu ou prou, tel Gilbert Achcar, à la légende campiste d'union sacrée maquillant cette sordide opération en un pseudo-héroïsme désespéré désigné comme « la contre-offensive ». Contre-offensive contre qui ? Contre l'armée israélienne ? Nullement.
Les miliciens islamistes, machistes, fascisants, ont massacré, violé, éventré, égorgé, plus de 1200 personnes, dont une majorité d'israéliens de gauche et pacifistes, comme Vivian Silver, qui rencontrait publiquement Arafat quand c'était interdit, identifiée des jours après par des morceaux de son corps – des morceaux de son corps … Ils s'en sont pris aussi à des Palestiniens et à des travailleurs étrangers, notamment thaïlandais. Ils se sont acharnés sur les jeunes femmes. C'est un pogrom.
Faire passer un pogrom pour un acte de « résistance », fut-ce en dissertant sur son caractère contre-productif ou mal ciblé, c'est cautionner, c'est légitimer, la pire réaction, et c'est, qu'on le veuille ou non, nourrir l'antisémitisme. Moralement, politiquement, et intellectuellement, ce n'est pas mieux que lorsque d'autres légitiment et cautionnent l'écrasement de Gaza et le massacre des gazaouis au nom du « droit d'Israël à se défendre ».
Cette dimension capitale de l'opération du Hamas du 7 octobre est celle qui n'arrive pas à passer parmi les couches militantes qui veulent à tout prix s'en tenir à la rhétorique pro-palestinienne d'antan. Donc ils n'en disent rien ou ils trépignent contre l'indécence des gouvernements occidentaux, et des courants allant de l'extrême-droite à la social-démocratie qui disent dénoncer l'antisémitisme. Mais ce sont eux qui leur laissent, qui leur offrent, ce terrain.
Si l'opération du 7 octobre a mis à l'ordre-du-jour le risque génocidaire menaçant le peuple palestinien, elle a aussi mis mondialement, je dis bien mondialement, à l'ordre-du-jour, l'actualité de la réédition du génocide antisémite comme possibilité historique de la période présente.
On ne combattra ni le capitalisme en général, ni le colonialisme israélien en particulier, si l'on n'intègre pas cette réalité présente et qu'on veut à tout prix continuer à réciter ses petites leçons si faciles sur une Palestine et une bande de Gaza fétichisées, dont l'invocation évite d'avoir à penser non seulement tout le reste, de l'Ukraine au Xinjiang, mais aussi d'avoir à comprendre le présent de Gaza et de la Palestine réelles.
En ce 25 novembre, journée internationale de lutte contre les violences faites aux femmes, c'eut été l'honneur des défenseurs des droits démocratiques et nationaux des Palestiniens de dénoncer les violences machistes pogromistes du Hamas, et cela aurait été un soutien efficace aux Palestiniens, car brisant des obstacles politiques et moraux. Inutile de dire que la « gauche pro-palestinienne » mondiale n'y a pas pensé, ou si on le lui a dit, n'a émis que des hoquets de refus …
Sur le plan des relations internationales, la guerre ouverte depuis le 7 octobre est une bénédiction pour Poutine. Elle a fait se dessiner la menace d'une guerre régionale impliquant le Hezbollah et les Houtis, et finalement l'Iran, Israël et les États-Unis, guerre qui se mène déjà en « basse intensité ». Mais simultanément, et ce n'est pas contradictoire, elle a permis, sinon un rapprochement, du moins une manifestation ostensible de volonté de coopération au sommet, entre Biden et Xi Jinping, suivie d'un sommet du G20 auquel Poutine a participé, en visio.
Les éléments de marche à la guerre mondiale et les éléments de coopération contre-révolutionnaire globale, de « sainte Alliance », se développent de manière combinée, et accélérée, depuis l'opération du 7 octobre.
Dans ce cadre, l'armée ukrainienne est plus que jamais privée des moyens d'avancer et son chef d'état-major, Valery Zaluznhy , a, comme on le sait, « mis les pieds dans le plat » à ce sujet.
Ce sont bien les conditions politiques mises en place par et au moyen de l'opération du 7 octobre qui font maintenant envisager à de larges secteurs de l'impérialisme nord-américain et des puissances européennes la nécessité « inéluctable », qu'ils cherchent en fait à créer en retardant et rationnant les armes et les munitions, d'un armistice qui sauverait le régime poutinien en Russie, et ses zones occupées en Ukraine.
De plus, les faiblesses politiques inévitables de Zelenski apparaissent au grand jour précisément depuis le 7 octobre : voulant s'inscrire dans le sillage de Biden, il a tenté de s'affirmer comme soutien résolu d'Israël et de Netanyahou (qui ne veut pas de lui !), faisant un tête-à-queue par rapport à son orientation diplomatique antérieure. On peut ajouter à cela son approbation à l'élection de Milei en Argentine même si celle-ci n'est pas une conséquence directe du 7 octobre.
Enfin, l'opération du 7 octobre, avec toutes les conséquences que je viens d'énumérer, a mis en branle les réflexes campistes à l'échelle mondiale : exit l'Ukraine, cette gêneuse, place au « camp de la paix » contre « Israël » et contre « Washington », et aux théorisations sur l'union nécessaire du « Sud global » contre
« l'Occident » : ce discours est, aujourd'hui, il faut le dire, un discours d'union sacrée avec la bourgeoisie soi-disant « non-occidentale ».
Nous retombons à nouveau, à ce sujet, sur l'article de Gilbert Achcar mentionné plus haut : non seulement celui-ci s'y livre à un exercice violent d'intimidation visant à paralyser la pensée des jeunes militants en leur serinant que la « contre-offensive du Hamas » était légitime et relevait de l'agentivité propre des Palestiniens, mais il préconise de rejeter avec le plus grand « mépris » toute référence à un rôle clef de l'Iran dans l'opération du 7 octobre. Il est pourtant évident qu'une telle provocation était préparée techniquement de manière minutieuse depuis des mois et ne pouvait qu'avoir l'aval d'une puissance militaire disposant de structures de renseignement plus importante que le seul Hamas …
Que le Hamas ait cru que le Hezbollah et les Houtis, voire l'Iran directement, allaient rapidement courir à la rescousse, et que la guerre régionale appelée à se solder, non pas par l'émancipation des Palestiniens dont il n'a cure, mais par le génocide des judéo-israéliens (faisant suite à la répression contre les kurdes et à l'écrasement des syriens arabes sunnites), c'est bien possible. Il est en tout cas indispensable d'intégrer ces éléments dans toute analyse sérieuse – et donc de rejeter … avec mépris, toute tentative d'interdire l'analyse au nom du « mépris » qu'inspirerait la référence au rôle de l'Iran.
Je viens un peu plus haut d'employer le mot-clef, avec celui de pogrom : les pogroms du 7 octobre ont été une énorme provocation, au sens de la provocation policière, internationale, qui a en grande partie, pour l'instant, réussi, à l'échelle mondiale. Cette opération a été totalement réactionnaire dans ses moyens et dans ses finalités.
Que des jeunes militants, notamment dans les milieux les plus directement concernés par la question palestinienne, s'y soient trompés, aient cru, au moins dans un premier temps, y voir une « Intifada » peut se comprendre. Ce qui est beaucoup plus grave est la mise en branle de l'armada idéologique visant à leur interdire de réfléchir et d'analyser pour gagner.
Sans doute, certains Palestiniens grisés d'avoir franchi la frontière le 7 octobre ont été entraînés. Mais les miliciens du Hamas, qui oppriment Gaza avec la complicité israélienne depuis 2007, n'ont jamais voulu infliger une défaite à l'armée israélienne et ont sciemment organisé des pogroms, viols, tortures, crimes. Que, derrière ces miliciens, des idéologues viennent théoriser le fait qu'il s'agirait là d'une violence d'opprimés qu'expliquerait le « contexte » de décennies d'oppression, ne doit pas leur faire prendre des vessies pour des lanternes.
Nous avons eu Didier Fassin comparant les pogroms du Hamas au massacre d'une centaine de colons par des Hereros en Namibie en 1907, qui furent ensuite exterminés, avec les Nama'a, dans le premier génocide (et double génocide) du XX° siècle. Et le pompon revient, devinez … à Gilbert Achcar qui, dans le même article, ne trouve rien de mieux que de comparer ce massacre au soulèvement du ghetto de Varsovie : il a donc choisi d'être celui qui oserait cela. Nous avons là une insulte aux Hereros et une insulte aux insurgés du ghetto, amalgamés à des miliciens oppresseurs, oppresseurs à Gaza, pogromistes sur les lisières de Gaza. On pourrait, et certains d'ailleurs l'ont fait, avec les mêmes raisonnements, faire passer les SA pour des révoltés plaçant juste un peu mal leur anticapitalisme, et leur accorder la même empathie qu'aux Hereros et aux jeunes insurgés du ghetto de 1943 qui savaient très bien qu'ils périraient et avaient choisi de mourir en combattant …
D'ailleurs, la terreur populaire, celle des opprimés, elle-même, ne doit pas être notre « tasse de thé ». Gracchus Babeuf écrivait à sa femme le 25 juillet 1789 :
« Je comprends que le peuple se fasse justice, j'approuve cette justice lorsqu'elle est satisfaite par l'anéantissement des coupables ; mais pourrait-elle aujourd'hui n'être pas cruelle ? Les supplices de tous genres, l'écartèlement, la torture, la roue, les bûchers, les gibets, les bourreaux multipliés partout, nous ont fait de si mauvaises mœurs ! Les maîtres au lieu de nous policer, nous ont rendus barbares parce qu'ils le sont eux-mêmes. Ils récoltent et récolteront ce qu'ils ont semé ; car tout cela, ma pauvre petite femme, aura des suites terribles : nous ne sommes qu'au début. »
Ce que Jean Jaurès commente ainsi dans son Histoire socialiste de la Révolution française :
« O dirigeants d'aujourd'hui, méditez ces paroles : et mettez dès maintenant dans les mœurs et dans les lois le plus d'humanité qu'il se peut pour la retrouver au jour inévitable des Révolutions ! Et vous, prolétaires, souvenez-vous que la cruauté est un reste de servitude : car elle atteste que la barbarie du régime oppresseur est encore présente en nous. Souvenez-vous qu'en 1789, quand la foule ouvrière et bourgeoise se livrait un moment à une cruelle ivresse de meurtres, c'est le premier des communistes, le premier des grands émancipateurs du prolétariat, qui a senti son cœur se serrer. »
Mais, répétons-le, la provocation du 7 octobre ne relève pas de cette violence-là. Contre-révolutionnaire sur toute la ligne, alignée à 100% sur l'impérialisme multipolaire, elle a placé la nation palestinienne dans la pire situation de toute son histoire, fait surgir des profondeurs une vague antisémite, affaibli la résistance ukrainienne, rapproché le risque de guerre mondiale tout en intensifiant la collaboration de toutes les puissances impérialistes du « Nord » comme du « Sud ». Elle renforce l'urgence de comprendre le monde réel de l'impérialisme multipolaire, si l'on veut, tout simplement, ne pas finir en petits soldats de l'union sacrée et de la réaction sur toute la ligne.
VP, le 25/11/2023.
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La « triple inégalité » qui est au cœur de cette crise climatique
Les conférences internationales telles que la prochaine COP28 [qui se tiendra à Dubaï du 30 novembre au 12 décembre 2023] peuvent apparaître comme des événements routiniers et conventionnels. Mais elles sont importantes.
25 novembre 2023 | trié du site alencontre.org | Photo : São Paulo : des enfants d'une favela jettent de l'eau pendant la vague de chaleur extrême (58,5°C), antérieure à l'été.
http://alencontre.org/ecologie/la-triple-inegalite-qui-est-au-coeur-de-cette-crise-climatique.html
Si l'on examine la carte climatique du monde que nous devrions habiter dans 50 ans, on voit une ceinture de chaleur extrême encerclant le milieu de la planète. La modélisation du climat à partir de 2020 suggère que d'ici à un demi-siècle, environ 30% de la population mondiale projetée – à moins d'être contrainte de se déplacer – vivra dans des endroits où la température moyenne sera supérieure à 29 °C. C'est une chaleur insupportable. A l'heure actuelle, pas plus de 1% de la surface terrestre est aussi chaude, et il s'agit principalement de zones inhabitées du Sahara.
Si le scénario est aussi dramatique, c'est parce que les régions du monde les plus gravement touchées par le réchauffement climatique – surtout l'Afrique subsaharienne – sont celles qui devraient connaître la croissance démographique la plus rapide au cours des prochaines décennies.
Mais malgré cette croissance démographique, ce sont aussi les régions qui, selon les données actuelles, contribueront le moins aux émissions à l'origine de la catastrophe climatique. L'inégalité est si grande que les 50% de la population mondiale qui ont les revenus les plus faibles – 4 milliards de personnes – ne contribuent qu'à 12% des émissions totales. Et ceux et celles qui se trouvent tout en bas de l'échelle ne sont pratiquement pas des contributeurs. Les émissions de CO2 par habitant au Mali représentent environ un soixante-dixième de celles des Etats-Unis. Même si le tiers de la population mondiale qui dispose du revenu le moins élevé – plus de 2,6 milliards de personnes – parvenait à dépasser le seuil de pauvreté fixé à 3,20 dollars par jour, les émissions totales n'augmenteraient que de 5%, soit un tiers des émissions des 1% les plus riches.
La moitié de la population mondiale, sous la conduite des 10% les plus élevés de la pyramide des revenus – et, surtout, l'élite mondiale – alimente et gère un système de production à l'échelle planétaire qui perturbe l'environnement pour tout le monde. Les répercussions les plus graves sont subies par les plus pauvres et, dans les décennies à venir, elles deviendront progressivement plus extrêmes. Pourtant, étant donné leur pauvreté, ils sont pratiquement dans l'incapacité de se protéger.
C'est la triple inégalité qui définit l'équation climatique mondiale : la disparité des responsabilités dans la survenue du problème, la disparité des impacts de la crise climatique et la disparité des ressources disponibles pour l'atténuation et l'adaptation.
Dans la zone dangereuse de la dégradation climatique, tout le monde n'est pas pauvre et désarmé. Le sud-ouest des Etats-Unis dispose des ressources nécessaires pour faire face lui-même. L'Inde est un Etat doté. Mais le réchauffement planétaire posera d'énormes problèmes de répartition. Comment les réfugiés climatiques seront-ils réinstallés ? Comment l'économie s'adaptera-t-elle ? Pour des Etats fragiles comme l'Irak, cela pourrait s'avérer trop difficile. Le risque est qu'ils passent d'une situation de survie à un effondrement pur et simple, faute de pouvoir fournir de l'eau et de l'électricité pour la climatisation – éléments essentiels à la survie dans des conditions de chaleur extrême. En Irak, cet été, des milliers de personnes se sont entassées dans leurs voitures climatisées, faisant tourner leur moteur pendant des heures pour survivre à des pics de chaleur dépassant les 50 degrés.
On pourrait dire, plus ça change, plus les pauvres souffrent et les riches prospèrent. Mais les conséquences de la triple inégalité climatique sont radicales et nouvelles. Les pays riches ont longtemps commercé sur la base d'un change inégal avec les pays pauvres. A l'époque du colonialisme, ils ont pillé les matières premières et réduit en esclavage des dizaines de millions de personnes. Pendant les deux générations qui ont suivi la décolonisation, la croissance économique a largement délaissé ce que l'on appelait alors le tiers-monde.
Depuis les années 1980, avec l'accélération de la croissance économique de la Chine, le rayon du développement s'est considérablement élargi. Les 40% du milieu de la pyramide des revenus dans le monde contribuent aujourd'hui à 41% des émissions mondiales, ce qui signifie qu'ils ont atteint un niveau considérable de consommation d'énergie. Mais cette « classe moyenne mondiale », concentrée surtout en Asie de l'Est, réduit à néant le budget carbone restant pour les personnes aux revenus les plus faibles, et sa croissance entraîne des dommages irréversibles à certaines des populations les plus pauvres et les plus démunies du monde.
Telle est la nouveauté historique de la situation actuelle. Alors que nous nous rapprochons de plus en plus de la limite de la tolérance environnementale – soit les conditions dans lesquelles notre espèce peut prospérer – le développement du monde riche compromet systématiquement les conditions de survie de milliards de personnes dans la zone de danger climatique. Ces personnes ne sont pas seulement exploitées ou évincées mais aussi victimes des effets climatiques de la croissance économique qui a lieu ailleurs. Cet enchevêtrement violent et indirect est inédit par sa qualité et son ampleur.
Les relations violentes et inégales entre les collectivités impliquent généralement un certain degré d'interaction et peuvent, par conséquent, faire l'objet d'une résistance. Les travailleurs et travailleuses peuvent faire grève. Ceux qui sont pris dans des relations commerciales déloyales peuvent boycotter et imposer des sanctions. En revanche, la « victimisation » écologique sans lien de subordination n'implique aucune relation de ce type et offre donc moins de possibilités de résistance à l'intérieur du système. Il est possible que l'explosion des pipelines qui transportent l'énergie des pays pauvres vers les consommateurs riches devienne une forme de protestation (voir l'ouvrage d'Andreas Malm, Comment saboter un pipeline, Ed. La Fabrique, 2020). Ce serait certainement un signal. Mais ne pouvons-nous pas espérer des ripostes plus constructives à la triple inégalité ?
C'est encore cette question qui donne toute son importance aux conférences mondiales sur le climat, comme la COP28, qui débute le 30 novembre. Elles peuvent sembler être des événements routiniers et conventionnels, mais c'est dans ces espaces que peut être exposé, sous une forme politique, le lien mortifère entre la production de pétrole, de gaz et de charbon, le type de consommation [et de production] des pays riches et les risques mortels auxquels s'affrontent ceux qui se trouvent dans la zone de danger climatique.
C'est sur cette tribune que les activistes et les gouvernements peuvent clouer au pilori le refus honteux des pays riches de coopérer à la mise en place d'un fonds de compensation pour dédommager les pays les plus menacés de leurs préjudices et dommages. La nécessité d'un tel fonds a été reconnue en principe lors de la COP27 en Egypte [du 8 au 18 novembre 2022]. Mais depuis, la résistance des négociateurs états-uniens et européens s'est durcie. A l'approche de la COP28, l'organisation et le financement du fonds restent toujours à définir.
Un tel fonds n'est pas une solution au problème de la triple inégalité. Pour cela, nous avons besoin d'une transition énergétique globale et de nouveaux modèles de développement véritablement inclusifs et durables. Mais un fonds pour les préjudices et les dommages ferait ressortir une chose essentielle : la reconnaissance que la crise climatique mondiale n'est plus un problème de développement à venir. Nous sommes entrés dans une phase où le fait de ne pas s'attaquer d'urgence à la crise croissante devient un processus actif de pénalisation. Une pénalisation qui réclame, au moins, une reconnaissance de responsabilité et une compensation adéquate. (Article publié dans The Guardian le 23 novembre 2023 ; traduction rédaction A l'Encontre)
Adam Tooze est professeur d'histoire à l'université de Columbia.
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La lutte contre le colonialisme israélien est aussi un combat syndical
On oublie parfois que l'une des dimensions de l'occupation et de la colonisation israélienne, c'est la surexploitation des travailleurs·ses palestinien·nes et leur extrême marginalisation économique (marquée notamment par un sous-emploi massif), en particulier à Gaza soumis à un blocus inhumain depuis plus de quinze ans. Le combat anticolonialiste a donc nécessairement une dimension syndicale, à la fois en Palestine-Israël mais aussi dans le mouvement international de solidarité avec la lutte des Palestinien·nes.
Cet article de Verveine Angeli est un point de vue qui ne saurait être exhaustif sur la question syndicale et la Palestine. Il est le produit des réflexions et des actions de militant·es de l'Union syndicale Solidaires actif·ves dans le groupe Palestine du syndicat.
28 novembre 2023 | tiré de contretemps.eu
https://www.contretemps.eu/syndicalisme-palestine-anticolonialisme-israel-guerre-gaza/
Il est encore plus difficile dans ces temps de guerre de faire un point précis sur la situation des syndicats palestiniens et leur place dans le contexte. Néanmoins il est remarquable que ceux-ci aient produit un appel international commun « Stop arming Israël, End all complicity » appelant à des prises de position et à l'action pour arrêter d'armer Israël, ce qui n'est pas arrivé depuis longtemps. Cette déclaration est significative à deux titre : elle regroupe des syndicats de Cisjordanie et de la bande de Gaza ; et d'autre part elle regroupe des syndicats officiels et des syndicats indépendants.
Elle est le signe d'une volonté commune d'agir dans une situation dramatique pour le peuple palestinien que ce soit à Gaza sous les bombardements et en Cisjordanie avec les violences des colons et des forces de répression israéliennes qui tuent et emprisonnent, violences qui redoublent depuis le 7 octobre. Elle est un appel aux syndicats du monde…
Un syndicalisme ancré dans la réalité de la colonisation
Travailler en Palestine, être syndicaliste en Palestine, c'est être en permanence confronté à une double contrainte, celle de la lutte quotidienne pour un salaire, pour un emploi, c'est aussi le faire dans des conditions très spécifiques, celles de l'occupation et de la colonisation.
Les conditions inhumaines relayées par la presse dans lesquelles les travailleurs de Gaza employés en Israël ont été renvoyés à Gaza bombardée ou expulsés vers la Cisjordanie sont l'expression de la violence de l'Etat d'Israël dans le contexte actuel. Mais ces événements ne font que refléter ce que ceux et celles, Palestinien·nes qui travaillent avec (ou sans permis) dans les territoires de 48 vivent de façon quotidienne : passages de check-points en pleine nuit, massé·es dans des couloirs grillagés comme des cages, menaces permanentes de suppression des permis de travail si on a des traces de produit chimique (un engrais par exemple) ou un membre de la famille ou du village qui a été arrêté, fermeture des check-points au moindre incident… ce qui veut dire l'absence de travail et l'absence de ressource.
Pour ceux et celles qui travaillent de façon illégale dans les colonies de Cisjordanie c'est une précarité encore plus grande sans salaire minimum, sans convention, sans garanties pour des travaux dangereux comme sont ceux du bâtiment. En Cisjordanie, ce sont des taux de chômage élevés, des emplois très précaires tant l'économie est bridée par la situation coloniale : développement des télécommunication entravé (ce qu'avait dénoncé le rapport demandant le désinvestissement d'Orange), interdictions d'installer des panneaux solaires, services postaux non reconnus internationalement, courrier et colis bloqués parfois pendant des mois voire des années…
En Cisjordanie le taux de chômage est était de 18% en 2018 et de 52% à Gaza et globalement de 44% chez les jeunes, l'emploi de fonctionnaires est soumis aux subsides que l'Autorité palestinienne reçoit et transmet ou non à Gaza. Et dans la situation actuelle, les salaires ne sont pas versés, les ressources étant bloquées par Israël. La lutte pour le droit à un salaire, à un emploi, pour l'égalité des droits prend un sens évidemment particulier.
Il faut citer la situation des travailleur·euses palestinien·nes d'Israël soumis·es aux discriminations, aux interdits professionnels qui s'ajoutent à des conditions d'existence contrôlées, de logement limitées parce que toute parcelle de territoire supplémentaire est impossible à obtenir pour les Palestinien·nes d'Israël1.
Un syndicalisme marqué par le virage néolibéral et répressif lié aux accords d'Oslo
Les accords d'Oslo sont connus pour avoir porté la perspective de la construction de deux Etats, perspective qui s'éloigne entre autres à cause de l'installation de colons sans cesse plus nombreux·euses en Cisjordanie. La mise en place de toute une série de mesures économiques et financières néo-libérales a accompagné ces accords. Elles pèsent sur le monde du travail d'autant plus qu'elles s'appliquent dans le contexte colonial : c'est le cas des prêts immobiliers alors que l'espace est grignoté par les colonies illégales et de la mise en place de réformes inspirées par le Fond monétaire international.
Une des grandes mobilisations syndicales des années 2018-2020 a été la lutte contre la mise en place d'une sécurité sociale sur un mode néo-libéral dans lesquels les travailleur·euses ne pouvaient avoir aucune confiance : Un des enjeux était la récupération des cotisations sociales des travailleur·euses employé·es en Israël, projet perçu comme l'objet d'un véritable chantage. Bref, un espace sans Etat et sans démocratie, soumis aux diktats d'Israël et au bon vouloir des pays occidentaux et des organismes internationaux qui versent l'argent sous condition.
Oslo, c'est aussi la mise en place des permis pour travailler dans les territoires de 48 quand les travailleur·euses viennent de Cisjordanie et plus récemment de Gaza (ce qui a été présenté comme une des ouvertures de Netanyahou), alors qu'ils n'étaient pas nécessaires avant Oslo. Ces permis constituent un chantage permanent et ont tous été supprimés s'agissant de Gaza aujourd'hui et aucun·e travailleur·euse de Cisjordanie ne peut venir travailler. L'appel d'Israël à l'émigration en provenance des pays asiatiques vise à remplacer la main d'œuvre palestinienne toujours suspectée.
C'est aussi une situation où les fonctionnaires payés par l'Autorité palestinienne (avec l'argent donné par l'occident…) se serrent la ceinture, y compris après des grèves ayant conduit à des accords (cela a été le cas amenant les enseignants à une grève générale en 2016). Et où la répression des mouvements syndicaux est sévère conduisant à des emprisonnements, des licenciements…
Un mouvement syndical émietté et corseté
Autre conséquence d'Oslo, les cotisations syndicales que paient les travailleur·euses palestinien·nes en Israël (elles sont obligatoires) sont normalement reversées au syndicat palestinien officiel, la PGFTU. La Histadrout, est le syndicat israélien qui reçoit de façon automatique les cotisations. Elle a été créée en 1920 comme Fédération des Travailleurs hébreux en Terre d'Israël et a été un élément essentiel de la colonisation.
Ce reversement est vécu par de très nombreux·ses travailleur·euses et les syndicats indépendants comme le signe d'une collaboration de fait avec l'Etat d'Israël et l'occupation. C'est un moyen, quand ces cotisations sont effectivement versées, ce qui n'est pas toujours le cas, de financement du syndicalisme officiel. L'Autorité palestinienne défend cette pratique et en fait un moyen de pression sur l'ensemble du mouvement syndical, en réprimant et supprimant tout moyen d'existence aux syndicats indépendants. Cela ne l'empêche pas de tenter de contrôler, notamment en nommant les dirigeants syndicaux, certains secteurs de la PGFTU qui deviennent trop remuant (comme cela a été le cas pendant la grande grève des enseignant·es de 2016).
Dans les faits les syndicats indépendants sont organisés en une multitude de secteurs professionnels. Ce fonctionnement éclaté est lié tant à la volonté de contrôle des travailleur·euses de l'action sur leur champ professionnel, qu'aux difficultés d'un fonctionnement démocratique d'une organisation syndicale dans un contexte répressif et de faibles moyens, sans oublier les positionnements et liens avec des courants politiques qui peuvent exister2.Un syndicalisme interprofessionnel a de fait des difficultés à exister hormis dans sa forme officielle. Il faut noter aussi l'existence d'organisations de base de chômeurs, de femmes, liées à la santé qui ont une action sur les enjeux du travail sans être formellement des syndicats, ou la constitution lors de mobilisations comme celle des enseignant·es de structures d'auto-organisation en lieu et place de la fédération de la PGFTU sous contrôle de l'AP.
On peut dire que les syndicats indépendants en Cisjordanie participent d'un mouvement social multiforme qui prend sa place dans des mobilisations récurrentes contre l'occupation et la colonisation et de contestation de la politique de l'Autorité palestinienne. Mais il n'est pas en situation d'être de premier plan y compris lors de l'évènement décisif qu'a été la grève générale de 2018 qui concernait la totalité des territoires et populations palestiniennes. A Gaza il semble que le Hamas ait tenté d'avoir lui aussi la mainmise sur le mouvement syndical à travers la PGFTU locale.
Dans les territoire de 48, le petit syndicat des travailleurs arabes « Arab workers union » installé dans la ville palestinienne de Nazareth est actif à défendre les travailleur·euses palestinien·nes et à relayer des informations. Nombreux sont les syndicats qui ont appelé à la solidarité et dénoncé les conditions de la guerre actuelle contre le peuple palestinien3.
Les syndicats en Occident et le soutien à la Palestine
Les organisations syndicales internationales Confédération syndicale internationale (CSI), la Confédération européenne des syndicats (CES), les branches syndicales internationales pratiquent un équilibrisme qui exprime l'absence de volonté de prendre position sur la situation en Palestine en assumant des relations avec la PGFTU palestinienne et la Histadrout. Une des demandes traditionnelle des syndicats palestiniens indépendants est la rupture des liens avec la Histadrout. Cette exigence a porté ses fruits dans certaines occasions par exemple lors du congrès de l'European public services union (EPSU) en Irlande en 2019 où la décision de rompre les liens a été prise.
Un réseau syndical européen de solidarité avec la Palestine (ETUN) porte entre autres ces batailles. Ce réseau est constitué pour l'essentiel de syndicats norvégiens, irlandais, anglais, belges et de l'Etat espagnol, ainsi que de Solidaires, tous très engagés dans la solidarité avec la Palestine par l'organisation de campagnes, de délégations, de soutien direct aux syndicats sur place. Des syndicats ont ainsi décidé de répondre à l'appel intersyndical à l'action venu de Palestine contre le commerce des armes4.
Il faut citer en France l'initiative à laquelle ont participé pour plusieurs campagnes la CGT et Solidaires, rejointes par la CFDT, au côté d'associations de solidarité (en particulier l'AFPS), de l'organisation palestinienne Al Haq (devenue organisation terroriste selon Israël) et d'ONG (notamment le CCFD, la FIDH, la LDH…) pour exiger le désinvestissement de certains projets dans lesquels sont présentes des entreprises françaises en complicité avec la colonisation : cela a été le cas avec une victoire pour Orange, une victoire partielle pour le tramway de Jérusalem dans lequel étaient présentes deux filiales de la SNCF et de la RATP, une campagne sur les banques qui ont des participations dans les banques israéliennes et/ou projets d'investissement dans les colonies.
Il faut citer encore la campagne Boycott, désinvestissement, sanctions (BDS) à laquelle de nombreux syndicats palestiniens nous invitent à participer étant eux-mêmes partie prenante de la Boycott national campaign en Palestine (notamment contre AXA, Puma, HP, Carrefour…). Il faut souligner pour toutes ces actions le rôle décisif de ceux et celles qui documentent la complicité des entreprises avec l'occupation et la colonisation. C'est le cas de Who profits, centre de recherche basé en Israël.
Evidemment, les liens directs sont entre syndicats sont décisifs, et encore mieux entre syndicats des mêmes secteurs professionnels parce qu'ils concrétisent la solidarité. Cette nécessité étant renforcée par l'éclatement des organisations en Palestine.
L'ensemble de ce travail effectué depuis des années a permis que s'expriment des prises de positions syndicales dans la guerre actuelle notamment sur l'arrêt des livraisons d'armes à Israël et que le positionnement de Solidaires dans ce contexte de forte pression sur les forces militantes puisse s'appuyer sur une activité et des engagements existants. Il nous faut néanmoins constater qu'au regard de l'aggravation de la situation sur place pour la population palestinienne, quel que soit l'endroit où elle se trouve, il serait nécessaire de renforcer encore l'action syndicale dans notre pays aujourd'hui pour un cessez-le-feu immédiat et demain pour l'arrêt de l'occupation et de la colonisation.
Références
⇧1 Voir le film Contrefeux qui présente cette situation lors d'une délégation syndicale en 2019 https://vimeo.com/345343417
⇧2 Voir la revue internationale Palestine de l'Union syndicale Solidaires : https://solidaires.org/sinformer-et-agir/brochures/international/revue-internationale-n14-palestine-fragments-luttes-et-analyses/
⇧3 Syndicat des professeur.e.s et des employé.e.s de l'Université de Birzeit : https://agencemediapalestine.fr/blog/2023/10/13/nous-sommes-tous-tes-des-palestinien-ne-s-le-communique-du-syndicat-des-professeur-e-s-et-des-employe-e-s-de-luniversite-de-birzeit/ et https://agencemediapalestine.fr/blog/2023/11/10/nous-sommes-toutes-et-tous-le-sud/.
Syndicat des journalistes palestiniens, 16 octobre 2023 : https://agencemediapalestine.fr/blog/2023/10/16/syndicat-des-journalistes-palestiniens-a-gaza-des-crimes-contre-les-journalistes/ et https://agencemediapalestine.fr/blog/2023/11/03/le-journalisme-nest-pas-un-crime-lettre-du-syndicat-des-journalistes-palestinien-ne-s/
Syndicat des Travailleurs Palestiniens des Services postaux sur l'occupation sioniste et la guerre contre les Palestiniens : https://agencemediapalestine.fr/blog/2023/10/15/communique-du-syndicat-des-travailleurs-palestiniens-des-services-postaux-sur-loccupation-sioniste-et-la-guerre-contre-les-palestiniens/
Appel des étudiants palestiniens aux étudiants du monde entier : Stop au génocide et fin de la complicité avec l'apartheid israélien, 23 octobre 2023 : https://www.bdsfrance.org/appel-des-etudiants-palestiniens-aux-etudiants-du-monde-entier-stop-au-genocide-et-fin-de-la-complicite-avec-lapartheid-israelien/
⇧4 En Belgique : http://www.etun-palestine.org/site/2023/10/31/belgian-transport-unions-refuse-to-load-and-unload-weapons-going-to-israel-and-call-for-an-immediate-ceasefire/
En France : https://sudindustrie.org/wp-content/uploads/2023/11/Communique-secteur-armement-SUD-Industrie.pdf

Tout achat d’acte sexuel est une violence sexuelle et sexiste
Nous sommes dans une période, novembre, de rappel de la nécessité d'une lutte sans faille contre les violences masculines envers les femmes et les enfants. Elles sont toujours là, partout, variées, nombreuses, accrues par les conflits armés et les migrations, terribles par ce qu'elles disent des agresseurs, par les conséquences destructrices sur les victimes et par ce qu'elles montrent des structures profondes de nos sociétés.
Tiré de Entre les lignes et les mots
Parmi les viols, incestes, harcèlements, coups, enfermements, violences psychologiques, féminicides il y a la prostitution et le système prostitutionnel qui concerne ceux qui le créent, les prostitueurs (clients et proxénètes-trafiquants), leurs victimes : les personnes prostituées, les institutions qui laissent faire ou promeuvent ce pur produit de la domination masculine et les médias qui entretiennent l'idée de pulsions sexuelles masculines incontrôlables (une essentialisation de la virilité) à satisfaire sous peine de désordres… Il y a celles et ceux aussi qui restent dans l'impensé d'une violence – et donc l'autorisent -, la prostitution, qui fait des millions de victimes chaque année dans le monde, femmes, enfants, personnes trans et hommes et une massive mise en esclavage.
Pour maintenir en place cet élément important du rapport social de sexe, la mise à disposition des corps des femmes, leur exploitation sexuelle au profit des hommes, tout est bon, même l'appel aux bons sentiments comme le font ceux (et quelques celles) qui réclament ou mettent en place une « assistance sexuelle » pour les personnes en situation de handicap.
Cette « idée », devenue réalité, de créer une « assistance sexuelle », n'est pas une assistance à la vie affective et sexuelle des personnes en situation de handicap mais l'offre à des hommes puisque c'est eux qui le demandent en grand nombre, d'un « service sexuel » apporté par une personne qui est ou serait rémunérée pour cela.
En fait il s'agit de prostitution habillée de compassion pour ceux qui disent ne pouvoir accéder à la jouissance sexuelle seuls ou en relation avec une autre personne. Il s'agit de contourner la loi abolitionniste de la France, celle du 13 avril 2016, qui sanctionne le proxénétisme et les clients de la prostitution. Toute une énergie et un lobbying sont mis en œuvre pour obtenir cela. Nous l'avons constaté lors d'une table ronde organisée lors de l'université d'été du CNCPH, Conseil National Consultatif des Personnes Handicapées, les 18-20 septembre 2023, intitulée « assistance sexuelle qu'est-ce qui bloque ? ». C'est avec stupéfaction que nous avons appris que le Département de Meurthe et Moselle, par un projet-expérience soutenu par la première vice-présidente du conseil départemental, s'engageait sur la voie de la mise à disposition de personnes payées aux personnes handicapées qui demanderaient des actes sexuels.
La loi abolitionniste de 2016 ne peut en aucun cas subir des exceptions. Pensez à une loi abolitionniste de l'esclavage qui permettrait des exceptions… La loi de 2016 doit être totalement appliquée et renforcée quant aux sanctions contre les clients. Au lieu de cela, la volonté politique manquant sur ce sujet comme sur le sujet général de l'égalité entre les femmes et les hommes, le développement de l'assistance sexuelle s'est fait en France à bas bruit et ses tenants ont diffusé leurs plaidoyers dans les instituts de formation de travailleur·ses sociaux·ales, avec certainement le projet d'ouvrir une option « service sexuel » dans les formations proposées… Tout pour conforter les représentations attentatoires à la loi abolitionniste et réglementaristes de la prostitution comme travail, « travail du sexe ». Toute brèche dans la loi de 2016 serait une remise en cause de la loi et ce serait, comme le dit le CCNE (Conseil Consultatif National d'Ethique), s'affranchir des principes éthiques qui s'y réfèrent.
La plupart de ces demandeur·ses de « prostitution spécifiqu » ont une très, trop, faible conscience que la violence et toutes sortes de violences rodent autour et dans la sexualité. Iels ne veulent pas voir la violence que constitue l'utilisation d'autrui comme objet sexuel et demandent donc la formation et le suivi des personnels affectés à ces tâches. Qui va former ces intervenant·es (certainement plutôt des femmes), comment vont être organisés les travaux pratiques ? Parents, si votre fille choisit de faire des études de travail social, méfiez-vous !
Hélas, une association créée par Marcel Nuss connu pour son opposition violente à la loi de 2016, a mis en place depuis quelques années une formation d'assistanat sexuel. L'Etat a laissé faire et des instituts de travail social ont osé faire la publicité de ces formations. Mais pour contourner la rareté des candidates, n'est-il pas fait appel à des femmes vulnérables, exactement les mêmes qui sont recrutées par les proxénètes, voire à des femmes qui seraient déjà en situation de prostitution ? Dans la table ronde évoquée était invitée une personne qui se disait escort et qui faisait de « l'assistance sexuelle », une prostitution qu'on ne va pas tarder à voir appelée « prostitution éthique ».
Pour emporter le consensus, les promoteurs·rices d'une mise en place officielle de l'assistance sexuelle, affichent une prudence équivoque et ne craignent pas le ridicule. Ainsi le projet du Département de Moselle qui enfreint la loi, est de ne pas aller jusqu'à la pénétration dans cette prestation sexuelle, comme si seule la pénétration était un acte sexuel, certes potentiellement le plus agressif, mais l'agression sexuelle est faite aussi d'attouchements, de paroles, de modes divers de coercition du corps de l'autre. Et qui assistera à la séance pour contenir les actes, interdire la pénétration ?
Vraiment celleux qui promeuvent l'assistance sexuelle jouent avec le feu et surtout avec les vulnérabilités des personnes. Rappelons que dans cet arrangement pour service sexuel il y a deux acteurs·trices :
D'une part le client, personne en situation à des degrés divers de handicap, qui paie ou pour lequel la collectivité paie et qui comme les autres clients de la prostitution est violent dans sa demande et sa pratique de chosification de l'autre et peut exiger et exercer diverses formes de violences pendant la séance. Pourquoi un homme en situation de handicap ne ferait pas partie du système de domination masculine ? Une façon bizarre de mettre à part des hommes que l'on juge tellement vulnérables qu'ils ne peuvent faire violence à d'autres. Pourtant nous avons des exemples du contraire.
D'autre part le ou la « prestataire de service » : dès que l'on a approché la situation et la vie des personnes prostituées, on connait les vulnérabilités et les emprises qui les ont amenées à la prostitution et les conséquences, souffrances et atteintes graves à leur santé. Toute effraction de l'intimité est traumatisante, un titre « d'assistant·e sexuelle » ne l'évitera pas mais par contre banalisera la prostitution et la transformera en bienfaisance, comme souvent encore dans les représentations : porter secours à des hommes en « besoins irrépressibles ». Il faut aussi penser aux prestataires hommes qui verraient dans cette « activité » une façon de violer sans risque pour eux des personnes vulnérables, femmes, hommes, trans.
Pendant la table ronde évoquée, un député socialiste qui avait mis un certain temps à comprendre la nécessité de la loi abolitionniste de 2016, et qui avait eu le projet de l'assistance sexuelle dans son Département, a proposé de faire appel à des bénévoles pour cette « assistance sexuelle ». Naïveté ou duplicité ?
Si deux personnes ont un attrait réciproque, l'une pour l'autre, alors elles peuvent avoir une relation sexuelle et cela ne s'appelle pas du bénévolat. Mais si par bénévolat, on entend que des femmes qui savent et aiment se sacrifier, aider les autres, prendre soin etc. – c'est leur vocation n'est-ce pas ? – peuvent décider de prendre en charge bénévolement les actes sexuels désirés par des hommes en situation de handicaps – et c'est de cela qu'il s'agit -, le propos relève de la discrimination et d'une atteinte profonde et violente aux droits des femmes et à l'égalité.
Et pour couronner le tout, le CNCPH organisateur du colloque avait mis en avant une femme cette fois-ci pour défendre « l'assistanat sexuel ». Malin·es !
Rémi Gendarme-Cerquetti, handicapé, cinéaste et auteur de « Je n'accepterai aucune assistante sexuelle si lui faire l'amour ne la fait pas elle-même trembler de plaisir (FLBLB Éditions) » n'a pu être vraiment entendu à cause d'une défaillance technique. Dommage !
Il faut lutter contre cette fausse solution, cette nouvelle violence que l'on mettrait en place légalement. Nous sommes en total accord et soutien avec la FDFA, Femmes pour le Dire, Femmes pour Agir, association féministe et abolitionniste, qui présente un argumentaire complet et précis contre l'assistance sexuelle sur son site.
Encore une fois, nous refusons toute atteinte à la loi abolitionniste de 2016 et exhortons les responsables politiques à la faire appliquer dans son entièreté.
Cette position n'est pas contraire à une réflexion et à des actions à propos de la sexualité et de l'inclusion dans la société des personnes en situation de handicaps physiques et mentaux.
Mais commençons par rappeler que la pulsion sexuelle n'est pas irrépressible à partir du moment où le cerveau fonctionne ; par contre les hommes en particulier, inscrits dans le système de domination masculine qui les avantage, usent et abusent de cette fable de l'irrépressibilité et de la légitimité de leurs besoins pour violer, incestuer, prostituer, pornographier. La question du handicap mental se pose, certes, puisque là, il peut y avoir défaillance du cerveau pour contrôler les pulsions. Mais la solution ne peut être la prostitution d'autres à leur service. C'est aux chercheur·ses, soignant·es, et accompagnateur·rices (travail social), en relation avec les personnes concernées, de proposer des solutions respectueuses de la dignité de tous et toutes.
Pourquoi par ailleurs mettre cette lumière sur les personnes en situation de handicap ? Pour tranquilliser nos consciences ?
Il y a plein de personnes, de toutes sortes, qui sont isolées ou qui ne trouvent pas de partenaires et qui n'ont pas d'activité sexuelle. Faut-il organiser pour autant un service sexuel national, en clair développer bordels et salons de massage déjà très nombreux dans un pays abolitionniste comme la France et qui devraient être fermés par l'Etat dont la Constitution met en avant l'égalité entre les femmes et les hommes.
Mais attribuer ou proposer un service particulier aux personnes handicapées c'est les mettre à part, voire les criminaliser en tant que client-prostitueur. C'est ne pas les considérer comme des partenaires comme les autres.
Bien sûr la liberté d'avoir une vie sexuelle, chercher et avoir du plaisir et avoir le droit de vivre sa sexualité en paix, sont très importants. Le Comité consultatif national reconnait pour les personnes handicapées le droit à une vie intime et sexuelle, certes ! Mais le droit à la sexualité avec un·e partenaire ne peut réellement exister, il n'est pas opposable puisqu'il ne dépend pas directement d'une subvention, d'un accompagnement mais de l'existence du désir d'un·e autre. La compensation que l'on doit aux personnes handicapées dans une société de solidarité ne peut être organisée sur la violence faite à d'autres (acte sexuel tarifé ou pas). La dignité des un·es ne s'obtient pas par l'indignité des autres. Par contre faire tout pour que les personnes en difficulté, isolées, en situation de handicap… se rapprochent des conditions de la vie dite normale (y-en-a-t-il une ?), exercent leur liberté, leur citoyenneté, fassent des rencontres à partir desquelles elles peuvent avoir une vie affective et sexuelle, c'est le sens dans lequel il faut agir et former les travailleur·ses sociales et les divers aidant·es-soignant·es. Il faut organiser les aides et les établissements de façon à rendre inclusive la vie des personnes handicapées, c'est évident ! C'est plus difficile, il est vrai, que d'accompagner un homme chez une personne prostituée…
Difficile est, oui, ce qui touche au sexuel, à la vie intime : mettre dans un lit deux personnes qui veulent avoir un rapport sexuel et qui ne peuvent pas s'organiser seules, mettre à disposition un sextoy pour la masturbation, par exemples, demande une intervention humaine qui n'est pas de la prostitution, mais qui met en jeu l'intimité et le rapport au sexe et des demandeur·ses et des aidant·es. Ces dernier·es peuvent être bousculé·es par ce rôle, même s'iels acceptent de le faire au départ. De la même façon les personnes handicapées qui ont besoin d'une intervention pour réaliser une vie sexuelle peuvent être gênées d'être aidées par la personne qui est présente à leurs côtés pour la vie courante. Tout cela mérite une profonde réflexion et une grande prudence qui ne doit pas être déviée par le désir de bienfaisance et le sentiment de compassion mais qui doit se baser sur les conditions de dignité, de non chosification du corps de l'autre, d'égalité entre les femmes et les hommes.
La règle de base pour traiter cette question est que personne ne peut exiger de l'autre un soulagement sexuel. Quelqu'un·e a-t-iel dit à cette femme qui a déclaré avoir fait jouir son fils qui devenait intenable, qu'elle avait commis un inceste ? Les jeunes handicapé·es doivent comme les autres, être protégé·es et recevoir une prévention sur les violences sexuelles et sexistes ; comme les autres, les garçons en situation de handicap doivent être éduqués à la remise en question de la domination masculine.
En tant qu'association féministe et abolitionniste, l'Amicale du Nid combat les violences sexuelles et sexistes dont sont victimes la plupart de femmes et en particulier les femmes en situation de handicap comme le souligne souvent la FDFA. Elle refuse toute forme de violences et de marchandisation du corps humain et particulièrement du corps des femmes.
Amicale du Nid, association laïque, féministe et abolitionnist
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Reza Shahabi : Il est nécessaire de s’organiser et de descendre dans la rue
Depuis la prison iranienne d'Evin, le syndicaliste des autobus de Téhéran et sa banlieue (VAHED) a fait parvenir le message suivant :
Tiré de Entre les lignes et les mots
Ces jours-ci, de nombreux articles parus dans les médias officiels traitent des problèmes de subsistance des travailleurs. Parfois, des salarié-es et des retraité.es sont également interviewés.
Ce reflet de la situation intolérable des travailleurs/euses dans les médias officiels, qui avaient l'habitude de nier ou de minimiser les problèmes des travailleurs, montre les progrès réalisés par les travailleurs/euses, ainsi que leur capacité à faire entendre leurs revendications.
Par ailleurs, des militant.es ouvriers ont contribué à faire avancer ces revendications en participant activement aux médias sociaux et aux journaux de diverses manières.
Dans ces articles, il est question de l'écart important et croissant entre revenus et dépenses, de la réduction de l'accès des travailleurs/euses à la nourriture, ainsi que de la baisse du pouvoir d'achat.
Il est ensuite mentionné qu'en dépit de ses slogans sur le contrôle de l'inflation et la croissance économique, le pouvoir est concrètement incapable de répondre aux problèmes de manière appropriée. Il ne prête aucune attention aux organisations syndicales et au tripartisme figurant dans les Conventions de l'Organisation internationale du travail (OIT). Les salaires ne sont pas augmentés en fonction de l'inflation actuelle.
Ces discussions sont absolument inutiles si on ne s'attaque pas à l'une des racines les plus importantes des problèmes, à savoir la répression sévère de toutes les organisations indépendantes.
Existe t-il une seule organisation syndicale – formée uniquement par les travailleurs/euses sans l'interférence du gouvernement-employeur et dans une atmosphère démocratique – qui ait jamais participé au processus du soi-disant « tripartisme », actuellement « ignoré » ?
Ces dernières années, une poignée d'organisations indépendantes, ont été créées : le Syndicat des travailleurs de la compagnie d'autobus de Téhéran et de sa banlieue (Vahed), le Syndicat des travailleurs de la sucrerie de Haft Tappeh, les syndicats d'enseignants, des organisations indépendantes de retraité.es, le syndicat des écrivain.es, etc.
Et cela malgré des milliers d'obstacles systématiques et une répression multiforme : beaucoup de leurs membres ont été soit licenciés et arrêtés, soit toujours en prison, sous la surveillance et le contrôle permanents des forces sécuritaires.
Ce n'est que si de telles organisations se développent et jouent leur rôle, avec le soutien et l'implication maximum des travailleurs, que le gouvernement et les autres petits et grands employeurs seront forcés de prendre en compte nos droits en respectant les conventions de l'Organisation internationale du travail (OIT) dont ceux des enfants et des femmes, ainsi que les conditions de vie des travailleurs.
Il est évident que les soi-disant organisations syndicales artificielles telles que le Conseil islamique du travail, la Maison du travail, l'Assemblée des représentants, etc. ne mettent pas la pression sur le gouvernement parce que les personnes à la tête de ces organisations sont des personnes agissent à leur guise et n'ont jamais été démocratiquement élues. Mais les travailleurs et les militants syndicaux indépendants savent que ces faux représentants n'ont pas le soutien des travailleurs et qu'ils sont dans l'incapacité de gagner leur confiance.
Nous voulons :
– nous débarrasser des millions de cas de chômage et de malnutrition,
– améliorer les conditions de l'ensemble du monde du travail.
– en finir avec des anomalies sociales comme la criminalité, le vol, les fugues, les meurtres familiaux, la toxicomanie, le fait de se retrouver sans-abri.
Les causes fondamentales de toutes ces anomalies sociales sont l'exploitation, le chômage, la pauvreté, l'instabilité et l'insécurité de l'emploi et de l'accès aux moyens de subsistance, toutes sortes de discriminations et de doubles oppressions.
Pour y parvenir, nous ne devons pas avoir peur de déclarer que les travailleurs n'obtiendrons rien avec les promesses vides du gouvernement, des autorités en place et des organisations syndicales-bidons mises en place par le pouvoir.
Nous ne faisons confiance à aucune entité ou organisation liée au pouvoir en place, et nous savons que le temps des tentatives d'apaisement est arrivé à son terme.
Nos jeunes sont assassinés tous les jours, et tout ce que nous avons obtenu jusqu'à présent ne l'a été que par la démonstration du véritable pouvoir des travailleurs, de la solidarité et de l'unité de tous les travailleurs et des opprimés, ainsi qu'en s'organisant et en occupant les rues.
Par conséquent, parler de revalorisation des salaires et d'amélioration des conditions de travail sans insister sur la nécessité d'une organisation indépendante et nationale des travailleurs, et sans essayer de mettre en œuvre nos droits fondamentaux tels que ceux de se réunir, de protester, de faire grève, de manifester dans la rue afin de faire avancer les revendications des travailleurs, serait futile et même trompeur.
Reza Shahabi
Prison d'Evin
03/11/2023
Publié par Alternative Workers News Iran, réseau international auquel participe Solidarité socialiste avec les travailleurs d'Iran, organisation membre du Réseau syndical international de solidarité et de luttes
https://laboursolidarity.org/fr/n/2965/reza-shahabi–il-est-necessaire-de-s039organiser-et-de-descendre-dans-la-rue
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Javier Milei, un président argentin antiféministe et anti IVG
Les féministes et progressistes se sont aujourd'hui réveillés.es avec la gueule de bois en Argentine : Javier Milei, candidat ultra-libéral, climatosceptique et antiféministe, vient d'être élu Président du pays.
tiré de Entre les lignes et les mots
Alors que 3000 femmes sont mortes entre 1983 et 2020 d'avortements clandestins, Javier Milei veut soumettre à référendum la légalisation de l'avortement, obtenu de haute lutte par les mobilisations féministes en 2020. Suppression du ministère des Femmes, négation de l'existence d'inégalités salariales entre femmes et hommes quand celles-ci s'élèvent à 27,7% selon l'Institut national des statistiques… Les dangers qui pèsent sur les femmes argentines mais aussi toutes celles des pays alentours, tant l'Argentine représente un modèle dans la région dépassant la seule remise en cause de l'IVG. L'ultralibéralisme de Milei, qui veut s'attaquer aux aides sociales, à la santé et à l'éducation publique, pèsera en premier lieu sur les femmes, en moyenne plus précaires et à qui les services publics bénéficieront particulièrement en ce qu'ils contribuent à réduire les inégalités femmes-hommes. De même, la marchandisation prônée par Milei s'étend au-delà des services publics, jusqu'au corps humain et en particulier celui des femmes (pro-GPA, pro-prostitution, libéralisation de la vente d'organes…). Enfin la libéralisation du port d'armes aura essentiellement pour conséquence une hausse des féminicides. Candidat masculiniste assumé, Milei s'est notamment appuyé sur le vote de jeunes hommes, déterminant dans l'élection, quand les femmes ont majoritairement voté pour son opposant Sergio Massa.
Osez le Féminisme ! apporte son soutien aux féministes et à toutes et tous les Argentin.es qui souffriront de la politique de Javier Milei et rappelle la priorité qui constitue partout la lutte contre l'extrême-droite qui s'attaque toujours, systématiquement, aux droits des femmes. Toutes et tous les progressistes doivent se mobiliser contre la montée des extrêmes qui nous menacent chaque jour un peu plus, à l'étranger comme en France.
Les féministes se battront toujours contre l'extrême droite,en France comme ailleurs dans le Monde
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La marée féministe engloutit l’Italie le 25 novembre
Le 25 novembre, une vague massive de plus d'un demi-million de personnes a envahi les rues de Rome, avec de nombreux rassemblements spontanés sur les places de tout le pays - en premier lieu à Messine, en Sicile, pour crier toute leur colère et leur détermination contre la violence patriarcale, contre ceux qui la commettent et ceux qui la reproduisent.
Tiré de International Viewpoint
https://internationalviewpoint.org/spip.php?article8335
DIMANCHE 3 DÉCEMBRE 2023, PAR MARTA AUTORE
S'il est vrai que depuis des années, les manifestations convoquées par Non Una Di Meno à l'occasion de la journée internationale contre la violence masculine à l'égard des femmes et les violences de genre ont connu une participation vive et significative, le nombre et la détermination observés dans les rues cette année semblent marquer un changement de rythme, une possible nouvelle explosion de mouvements. une irruption puissante et envahissante sur la scène publique des questions du féminisme.
Les raisons de cette irruption sont à chercher dans un contexte de violence structurelle à l'égard des femmes, à laquelle le gouvernement Meloni ne s'oppose que formellement et démagogiquement, instrumentalisant les viols et les féminicides pour durcir les peines et militariser le pays.
Déjà l'été dernier, deux cas de viols collectifs de jeunes filles avaient secoué l'opinion publique, à Caivano et à Palerme. Puis, le 11 novembre, une jeune fille de 22 ans, Giulia Cecchettin, a disparu avec son ex-petit ami de son village du nord-est de l'Italie. Pendant une semaine, les deux hommes sont restés introuvables. Et, tandis que certains journalistes spéculaient dans la presse sur des escapades romantiques irréelles, la conscience amère grandissait que l'histoire se terminerait par un autre féminicide. Numéro 107 en 2023. La jeune fille a été retrouvée morte sept jours plus tard, près d'un lac, après avoir saigné à mort après avoir été poignardée 26 fois. Son meurtrier, son ex-petit ami Filippo Turetta, 22 ans, a été arrêté en Allemagne quelques jours plus tard. [1] (en anglais)
Le chagrin, la frustration et la colère se répandent, surtout chez les très jeunes. Une histoire dont la fin était déjà écrite, dans une société profondément marquée par la violence patriarcale. Cela a été très clair comme de l'eau de roche par Elena Cecchettin, la sœur de Giulia, dans une interview explosive, dans laquelle elle a déclaré :
Turetta est souvent décrit comme un monstre, mais ce n'est pas un monstre. Un monstre est une exception, une personne qui est en dehors de la société, une personne pour laquelle la société n'a pas besoin de prendre ses responsabilités. Au lieu de cela, il y a la responsabilité. Les « monstres » ne sont pas malades, ce sont des fils sains du patriarcat et de la culture du viol. La culture du viol est ce qui légitime tous les comportements qui nuisent aux femmes, à commencer par les choses qui ne sont parfois même pas considérées comme importantes, mais qui sont très importantes, comme le contrôle, la possessivité, les injures. Chaque homme est privilégié par cette culture.
On dit souvent « pas tous les hommes ». Tous les hommes ne le sont pas, mais ils restent des hommes. Aucun homme n'est bon s'il ne fait rien pour démanteler la société qui lui donne tant de privilèges. Il est de la responsabilité des hommes dans cette société patriarcale, compte tenu de leur privilège et de leur pouvoir, d'éduquer et d'interpeller leurs amis et collègues dès qu'ils entendent le moindre soupçon de violence sexiste. Dites-le à cet ami qui prend des nouvelles de sa petite amie, dites à ce collègue qui interpelle les passants, rendez-vous hostile à de tels comportements acceptés par la société, qui ne sont que le prélude au féminicide.
Le féminicide est un meurtre d'État parce que l'État ne nous protège pas. Le féminicide n'est pas un crime passionnel, c'est un crime de pouvoir. Nous avons besoin d'une éducation sexuelle et émotionnelle généralisée, nous devons enseigner que l'amour n'est pas une possession. Nous devons financer des centres de lutte contre la violence et donner à ceux qui en ont besoin la possibilité de demander de l'aide. Pour Giulia, ne gardez pas un moment de silence, car Giulia brûlez tout.
(Lettre au Corriere della Sera, 20 novembre 2023)
« Ne garde pas une minute de silence, brûle tout », « C'était ton bon garçon ». Les phrases résonnent sur les réseaux sociaux des très jeunes et pas seulement, sur les murs des villes, soulignant une rébellion contre le récit de l'homme violent comme un monstre malade. Au lieu de cela, il y a trop de connexions que chaque femme ressent avec cette histoire de possession, de jalousie, de chantage psychologique.
Ainsi, lorsque le ministre de l'Éducation, Valditara, a proposé une minute de silence dans chaque école pour se souvenir de Giulia et des autres victimes, dans de nombreuses écoles, il y a eu une minute de bruit : cris, coups aux portes, secousses de clés pour symboliser d'une part que le féminicide a trop souvent les clés de la maison, et d'autre part que nous ne voulons plus avoir à faire de bruit pour nous rendre courageux en rentrant chez nous seul. (https://www.youtube.com/watch?v=D9quZBf1jfI)
Assemblées bondées, marches nocturnes spontanées, occupations d'écoles, initiatives en dehors des bureaux des journaux... La semaine qui a suivi a été une succession de mobilisations dans tout le pays.
Le 25 novembre, des centaines de bus se sont mis en route dès le matin pour se rendre aux rassemblements de Rome et de Messine, et les demandes de participation ont été si nombreuses que dans de nombreuses villes, d'autres cortèges ont été appelés pour donner à chacun la possibilité de manifester.
À Rome, tous ceux qui quittaient leur domicile pour se rendre au Circo Massimo se retrouvaient dans les transports en commun remplis de personnes se dirigeant vers le même but, il y avait des marches pratiquement parallèles qui se dirigeaient vers la marche principale, et la vue pour ceux qui arrivaient sur la place était impressionnante.
La plus grande manifestation de ces dernières années a inondé les rues de la ville de manière désordonnée et déterminée, encerclant spontanément le Colisée, laissant sa marque sur les volets du siège de Pro Vita, apportant sa solidarité au peuple palestinien, criant haut et fort la nécessité de financer des centres de lutte contre la violence, d'établir des programmes d'éducation sexuelle et relationnelle dans les écoles de tous les niveaux. faire entendre la voix de tant de femmes et de minorités de genre qui luttent quotidiennement contre la violence masculine.
Un jour historique pour le mouvement féministe, qui effraie le gouvernement Meloni, jusqu'ici peu contesté par les mouvements sociaux. Une journée qui donne au mouvement une grande responsabilité : nourrir cette colère, continuer à insister sur la dimension structurelle de la violence patriarcale, identifier des objectifs concrets, construire une véritable grève féministe le 8 mars.
3 décembre 2023
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Notre système institutionnel permet de violer ou de battre une femme en toute impunité dès lors qu’elle est en situation irrégulière
Nos institutions refusent de tenir compte des violences sexistes et sexuelles subies par les femmes étrangères en France estime, dans une tribune au « Monde », un collectif rassemblant plusieurs associations qui s'opposent au choix délibéré de l'inaction.
Tiré de Entre les lignes et les mots
En France, 213 000 femmes ont déclaré en 2019 être victimes de violences physiques ou sexuelles, selon l'Observatoire national des violences faites aux femmes. Certaines subissent aussi des violences psychologiques ou administratives de la part de leur conjoint ou ex-conjoint. Chaque année, 94 000 femmes sont victimes de viol ou tentatives de viol.
Ces violences concernent toutes les femmes, quelles que soient leur catégorie sociale, leur nationalité, leur âge. Elles peuvent prendre différentes formes et être subies au sein de la sphère familiale, mais aussi dans des relations sociales, dans la rue, au travail, n'importe où, tout le temps. La violence de genre est omniprésente, étouffante. Ces violences se déroulent dans l'intimité mais ne sont pas d'ordre privé : c'est l'affaire de tout le monde, à commencer par celle de la puissance publique.
Les femmes étrangères, comme toutes les femmes, peuvent être confrontées à des violences, dont certaines bien spécifiques. Majoritaires, elles représentent 52% de la population migrante, d'après l'Institut national d'études démographiques, et leur condition de femme les expose à des violences systémiques et répétitives, du départ à l'arrivée dans le pays de destination.
Certaines, torturées, emprisonnées, exploitées, violées dans leur pays, d'autres victimes de sévices de toutes sortes pendant leur parcours migratoire ou bien en France. Et une fois en Europe, les violences ne s'arrêtent pas. De récents articles ont mis en lumière tous ces phénomènes. La réponse aux constats, aux alertes, aux dénonciations de l'innommable ? Le silence affligeant des pouvoirs publics.
Excision, mariage forcé, esclavage
Nos organisations reçoivent des femmes qui ont vécu des violences sexuelles et sexistes, des violences conjugales ou familiales, ou encore l'excision, un mariage forcé, l'esclavage en France. Comment améliorer leur protection ? Car c'est bien de cela qu'il s'agit : protéger ces personnes et ne pas s'arrêter au seul fait « qu'elles n'ont pas vocation à rester sur le territoire français », comme on a pu l'entendre en préfecture ou en commissariat. Ne rien « pouvoir faire étant donné leur situation administrative » n'est pas une fatalité, mais le choix délibéré de l'inaction.
En refusant de tenir compte de ces violences, en refusant de les croire, de les accueillir, une autre violence est exercée, et cette fois-ci, émanant de nos institutions.
Un certain nombre de dispositions législatives garantissant des droits à des personnes étrangères victimes de violences ont été obtenues au cours des dernières années : certaines peuvent demander l'asile, d'autres, victimes de traite des êtres humains, doivent bénéficier d'une carte de séjour si elles déposent plainte et prouvent leur distanciation avec l'exploitant.
Les femmes mariées victimes de violences conjugales se voient délivrer et renouveler leur titre de séjour lorsqu'elles rompent la vie commune et apportent la preuve des violences subies.
Interprétation restrictive
Ces textes ont le mérite d'exister. Certes. Reste qu'ils sont lacunaires, ne protègent pas toutes les femmes : leur interprétation s'avère majoritairement restrictive et soumise au pouvoir discrétionnaire de l'autorité préfectorale. En pratique, les femmes concernées n'accèdent pas à la préfecture : les démarches sont kafkaïennes et les auteurs de violences très créatifs pour empêcher les victimes d'entreprendre leurs demandes.
Des documents sont illégalement requis par l'administration, les violences qui ne se voient pas sont ignorées, celles qui se voient sont examinées de façon suspicieuse, sur un ton inquisiteur. Certaines femmes, parce qu'elles sont étrangères, se voient dénier leurs droits fondamentaux.
Souvent, elles ne peuvent pas porter plainte contre les violences subies, des policiers et policières arguant de leur situation administrative ou qu'elles n'ont pas le droit de le faire. Trop fréquemment, il leur est demandé d'apporter un certificat médical en amont du dépôt de plainte. En réalité, est exigé de la personne qu'elle rapporte des traces visibles, des preuves indéniables de la violence subie. C'est de cette preuve que découle la reconnaissance de la qualité de victime et des droits y afférents.
Le fait d'être étrangères ne permet pas à ces femmes d'assurer pleinement la défense de leurs droits devant les tribunaux, d'accéder à certains types d'hébergement. Elles craignent sans cesse de perdre la garde de leurs enfants, leur accès aux soins est détérioré et leur santé mentale oubliée… Des femmes ont osé demander l'aide de la police à la suite de violences et ont été placées dans des centres de rétention où La Cimade intervient.
Appliquer les textes
Quel est ce système institutionnel qui permet aujourd'hui de violer ou de battre un être humain en toute impunité dès lors que la victime est en situation irrégulière ? Cela signifie-t-il que la qualité de victime est fonction de la situation administrative et que la protection dépend d'une autorisation de séjour tamponnée par la bonne autorité ?
Parler de l'intime n'est pas anodin et on ne peut pas attendre de ces femmes qu'elles racontent systématiquement et précisément ces traumatismes, ni avec le vocabulaire ni les codes socioculturels dits occidentaux. C'est pourtant ce qui leur est demandé ! Parler de viols, d'excision, des violences subies dans le cadre d'un mariage forcé ou à la suite de la découverte de son orientation sexuelle. Et toujours devoir convaincre de leur véracité pour ne pas se voir dire « vous vous prétendez victime pour obtenir des papiers et des droits ».
La sanction pour ne pas avoir réussi à convaincre ? Un refus de protection, accompagné bien trop souvent d'une obligation de quitter le territoire. Il est urgent de cesser la suspicion généralisée entourant la parole des victimes, d'en finir avec l'invisibilisation des victimes de nationalité étrangère.
Assez ! Il est temps de décider d'une politique publique forte, de faire appliquer les textes, de créer des places d'hébergement, de soutenir l'accès aux droits et à la santé des femmes victimes de violences, de former les acteurs et d'octroyer les moyens nécessaires à une véritable politique de lutte contre toutes les violences.
Il est essentiel de protéger enfin toutes les victimes, y compris les femmes étrangères sans titre de séjour en France. Pour toutes, sans distinction, réclamons, exigeons plus d'égalité, de justice, de protection !
Liste complète des organisations signataires :
Irène Ansari, coordinatrice, La ligue des femmes iraniennes pour la démocratie
Ana Azaria, présidente, Organisation de Femmes Egalité
Danielle Bousquet, présidente, Fédération nationale des CIDFF (Centres d'information sur les droits des femmes et des familles).
Françoise Brié, directrice générale, Fédération nationales Solidarité Femmes (FNSF)
Fanélie Carrey-Conte, secrétaire générale, La Cimade
Cécile Chaussignand, vice-présidente, Le Comede
Sarah Durocher, présidente, Planning familial
Isabelle Gillette-Faye, présidente, Genre & Cultures
Camille Gourdeau, co-présidente, FASTI (Fédération des Associations de Solidarité avec Tou-te-s les Immigré-e-s)
Evelyne-Aurore Houngbossa Ongong Boulou, présidente, RIFEN NDPC/GAMS Hauts-de-France
Geneviève Jacques, présidente, Femmes de la Terre
Sarah McGrath, directrice Générale, Women for Women France
Priscillia Mutatayi, présidente, GAMS Sciences-Po
Alissata Ndiaye, présidente, Fédération Nationale GAMS
Maëlle Noir, membre de la coordination nationale #NousToutes
Dr Florence Rigal, présidente, Médecins du monde
Vanina Rochiccioli et Christophe Daadouch, co-président⋅es, Gisti
Suzy Rojtman, porte-parole, Collectif national pour les droits des femmes
Jean-Claude Samouiller, président, Amnesty international France
Alice Vaude, secrétaire nationale de l'Organisation de Solidarité Trans (OST)
Marie-Christine Vergiat, vice-présidente, LDH (Ligue des droits de l'Homme)
Tribune publiée initialement dans Le Monde
https://www.lemonde.fr/idees/article/2023/11/25/notre-systeme-institutionnel-permet-de-violer-ou-de-battre-une-femme-en-toute-impunite-des-lors-qu-elle-est-en-situation-irreguliere_6202280_3232.html
https://www.ldh-france.org/25-novembre-2023-notre-systeme-institutionnel-permet-de-violer-ou-de-battre-une-femme-en-toute-impunite-des-lors-quelle-est-en-situation-irreguliere-publiee-dans-le-monde/
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