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La lutte pour l’indépendance du Québec dans une perspective cosmopolitique
Québec solidaire a un certain nombre d'acquis sur la question nationale. Mais depuis l'adoption de sa position sur cette question, des bouleversements importants se sont produits, sur la scène internationale et au Québec, qui ont transformé radicalement la situation. Les conditions de la lutte pour l'indépendance doivent être de nouveau explicitées et la démarche de souveraineté populaire reconsidérée. Ce texte cherche à amorcer une réflexion face à ces problématiques. Il s'inscrit dans la démarche des débats que nous pensons devoir mener à l'intérieur de Québec solidaire.
1. Retour sur l'histoire nationale au Québec et au Canada
A. Qu'est-ce qu'une nation ?
« Une nation est une construction sociopolitique, un bloc social, c'est-à-dire un système d'alliances entre différentes classes, fractions, couches sociales, généralement sous hégémonie bourgeoise ; alliances nouées autour du projet de conquérir, de maintenir ou de renforcer des avantages relatifs au sein de l'espace mondial de l'accumulation du capital ou si l'on préfère, au sein de la division internationale du travail, sur la base d'un développement plus ou moins autonome du capital mondial ; alliances précisément structurées par l'appareil d'État et prenant appui sur lui. » … Si la nation se construit, n'est construite que dans et par l'érection de l'État, il existe à la fois des états sans nation (exemple type : les états précapitalistes) et des nations sans état propre, soit qu'elles se trouvent englobées dans une structure politique étrangère de type impérial (cas des peuples colonisés ou assujettis) ou de type fédéral (cas des nations serbe, croate, slovène avant l'éclatement de l'État yougoslave), soit qu'elles se trouvent dispersées entre plusieurs États (cas des nations basque ou kurde encore aujourd'hui.) [1] « La nation est l'ensemble des êtres humains liés par la communauté de destin en communauté de caractère… À aucun moment l'histoire d'une nation n'est achevée. Le sort, en se transformant, soumet ce caractère, qui n'est évidemment rien d'autre qu'une condensation du destin passé, à des changements continuels… Par là le caractère national perd aussi son prétendu caractère substantiel, c'est-à-dire l'illusion que c'est lui l'élément durable dans la fuite des événements… Placé au milieu du flux universel, il n'est plus un être persistant, mais un devenir et une disparition continuels. » [2]2 C'est à partir de cette double perspective que va être abordée la question nationale au Québec et dans l'État canadien.
B. De la nation canadienne-française à la nation québécoise
La première nation canadienne (les habitants des rives du fleuve St-Laurent se nommaient Canadiens) a connu une fin tragique. Ce fut la défaite de la révolte des Patriotes en 1838. Cette révolte a été le moment culminant d'un vaste mouvement démocratique où la perspective de l'indépendance comme concrétisation de ces luttes trouvait à s'exprimer. La défaite sous la répression, puis la capitulation de la majorité des élites aux autorités canadiennes-anglaises, leur intégration dans les institutions de l'Union puis de la fédération, l'entrée dans une époque de survivance ont bel et bien installé une impuissance politique pour plus d'un siècle dans laquelle était engoncée la nation qui se décrivait désormais comme canadienne-française.
La nation canadienne-française, dirigée par des élites intégrées dans l'État canadien oppresseur et des élites plus nationalistes défendant un discours autonomiste et libéral, se caractérisa d'abord dans sa volonté de survivance par un retour à la terre pour se protéger contre le développement de l'économie capitaliste, fit de l'agriculturisme, de l'antiétatisme et de sa mission évangélisatrice les axes de son identité. [3] Cette collaboration avec la bourgeoisie canadienne fonda une impuissance qui déboucha sur l'effondrement de la nation canadienne-française suite à une accumulation de défaites : une fédération fondée contre toute volonté populaire, l'assimilation rapide des Canadiens français de l'Ouest canadien qui voient imposer la fermeture des écoles françaises, la conscription forcée en 1917, la nouvelle conscription forcée durant la Deuxième Guerre mondiale,... Cette nation canadienne-française (bloc de classe dirigé par la moyenne bourgeoisie francophone s'appuyant sur la paysannerie, soudé par une alliance avec les cadres de l'Église catholique ) dont le foyer principal était le Québec, mais dont le territoire était le Canada va disparaître et laisser des minorités francophones dans différentes provinces du Canada comme des lambeaux de la nation d'hier.
Au Québec, l'industrialisation capitaliste et l'urbanisation rapide qui vont s'accélérer avec la Deuxième Guerre mondiale, vont créer une nouvelle société, une société dont la majorité est formée de travailleurs et de travailleuses. La part de la population paysanne va être réduite à la portion congrue. La petite bourgeoisie traditionnelle devient une fraction minoritaire alors que de nouvelles couches techniciennes occupent une place de plus en plus importante parmi les couches moyennes. De nouveaux secteurs d'une bourgeoisie québécoise liée au développement d'entreprises de l'État québécois vont prendre une place plus importante dans la société. Le territoire de cette nouvelle nation sera désormais non pas l'État canadien, mais le territoire du Québec. La Révolution tranquille va effectuer un renouvellement des structures étatiques, une rupture avec un libéralisme économique qui plaçait le Québec en retard, par rapport à la politique keynésienne qui s'était imposée au niveau du gouvernement fédéral. Cette révolution tranquille met fin à la définition de la nation majoritaire au Québec comme Canadienne française. Elle se définira désormais de plus en plus comme québécoise.
2. La société québécoise, une société scindée sur une base nationale
La nation québécoise était caractérisée par une structure de classe spécifique, des aspirations nouvelles, par sa sécularisation (l'affaiblissement de l'influence de l'Église catholique) et la nouvelle place faite aux femmes dans cette nation.
La société québécoise est donc d'emblée une société scindée au niveau de la perspective de son destin national entre un bloc fédéraliste et un bloc souverainiste. La société québécoise est composée d'un bloc social multiclassiste fédéraliste (nation canadienne) dirigé par des élites, parties prenantes de la gestion de l'État canadien, la communauté anglophone et un secteur de la population francophone attaché à l'appartenance à l'État canadien ainsi que d'un bloc social (alliant la classe des cadres et experts et la majorité de la classe laborieuse organisée) qui aspire comme destin à faire du Québec un État indépendant. La société québécoise comprend également les nations autochtones soumises à un véritable joug colonial tant par le gouvernement fédéral que par le gouvernement du Québec. Ce sont les couches sociales des expert-es de la culture (enseignant-es, étudiant-es, artistes) qui furent les premières à porter le mouvement indépendantiste.
S'il y avait une sortie possible vers l'indépendance, le secteur nationaliste des nouvelles élites bourgeoises et cadristes, allait rapidement asseoir la direction sur le mouvement indépendantiste, le dévoyer et l'engoncer dans le confédérationnisme, puis dans le provincialisme. La possibilité d'une définition de la nation sous hégémonie de la classe laborieuse aurait pu ouvrir une autre perspective, mais la classe laborieuse du Québec ne parvint pas à s'organiser sur une base politique autonome et à reprendre sur de nouvelles bases le combat indépendantiste.
Tassant les partis indépendantistes issus des couches petites-bourgeoises radicalisées, les secteurs nationalistes de la bourgeoisie d'état et des cadres remplacèrent l'indépendance par la souveraineté-association comme perspective stratégique du mouvement nationalitaire québécois. Ce fut le rôle essentiel du Parti québécois. La stratégie référendaire divisant l'accession au pouvoir provincial de la démarche souverainiste offrit une légitimité à ce qui devait s'avérer un détournement de la perspective indépendantiste. Le maintien de l'association avec la bourgeoisie canadienne et ses institutions était dorénavant réclamé par la direction du mouvement souverainiste-association lui-même.
Durant toute la période où la gestion keynésienne dominait les politiques économiques de la bourgeoisie et où la construction de l'État social était à l'ordre du jour, le renforcement de l'État québécois pouvait apparaître comme la concrétisation de l'affirmation nationale et laisser espérer le transfert des pouvoirs comme l'aboutissement possible d'une politique de la souveraineté-association.
Mais avec le recul de la concentration des richesses vers la fin des années 70 et la chute des taux de profits, l'heure de la fin du keynésianisme avait sonné. Les années 80 furent marquées par la contre-offensive néolibérale : contrôle des salaires, blocage des ouvertures à la syndicalisation, chute des taux de progression des investissements publics et privatisation rampante des services publics, ouverture au libre-échange, etc.
Après avoir embarqué dans l'aventure des négociations constitutionnelles et de la réforme du fédéralisme canadien, après avoir attaqué ses bases sociales par des politiques de coupure des salaires dans les services publics, après avoir joué le jeu qui aurait permis la réintégration du Québec dans le cadre de la fédération canadienne, après l'échec de 1982, le gouvernement péquiste est chassé du pouvoir en 1985 par le bloc social fédéraliste qui voulut se donner comme tâche d'en finir avec le modèle québécois caractérisé par une intervention de l'État dans l'économie dans la perspective du développement du Québec Inc. En 1994, le retour au pouvoir du PQ donna l'occasion d'expérimenter, une nouvelle fois, la stratégie référendaire basée sur la défense de la souveraineté-partenariat et sur des stratégies de communication alors que la majorité populaire ne se voyait pas confier un rôle important dans le processus référendaire lui-même. D'autant, que le PQ s'était fait le héraut du libre-échange et des politiques néolibérales. Le fédéral profita de sa victoire pour délégitimer la tenue d'un autre référendum en adoptant la loi sur la clarté, qui donnait au parlement canadien la possibilité de définir la nature d'un référendum qui pourrait déboucher sur d'éventuelles négociations (référendum sur l'indépendance, restant ouverte la possibilité d'exiger un taux d'acceptation supérieur à 50%+1).
Après leur défaite au référendum de 1995, les leaders nationalistes de la classe des cadres qui dirigeaient de fait le PQ se sont éloignés définitivement de tout projet confédérationniste, jusqu'à rompre pour beaucoup avec le soutien au PQ et à la souveraineté-association. Des secteurs nationalistes de la petite bourgeoisie sont revenus à une version québécoise de l'autonomisme national sous l'étiquette trompeuse de gouvernance souverainiste.
L'échec non seulement provoqua une grande démobilisation, mais le PQ sous la direction de Bouchard, puis de Landry fit de la défense de politiques néolibérales le centre de leur politique. La lutte contre le déficit devint la priorité des gouvernements péquistes. Le bloc social qu'il formait avec les organisations syndicales s'effrita et il fut chassé de nouveau du pouvoir. La prise du pouvoir par Le PLQ de Jean Charest a permis à ce parti de s'imposer sur le Québec pendant plus d'une décennie et de mener des politiques néolibérales et autoritaires, faisant du sous-financement du secteur public et de sa privatisation le centre de son orientation.
Le Parti québécois comme appareil oligarchique nationaliste s'est survécu, par un effet d'autonomie et d'inertie du champ politique, essayant de se proclamer encore porteur du projet de souveraineté-association tout en cherchant à consacrer toutes ses énergies à la gouvernance provinciale.
3. La reconstruction du PQ se fera dans le cadre du nationalisme identitaire et conservateur
Au lendemain de la défaite, le discours de Parizeau sur la responsabilité du vote ethnique dans cette défaite reflétait la division de la société québécoise et révélait la réalité ambiguë du nationalisme québécois. La logique du bouc émissaire s'imposant, les immigrant-es et les communautés culturelles furent présentés comme un danger mortel pour la défense de la nation, de la langue française. Le discours de la CAQ et du PQ incorpora de plus en plus une dimension xénophobe sinon raciste. Le camp nationaliste conservateur rejeta la réalité du racisme systémique.
La défaite du PQ comme alliance de classe dirigée par la classe des cadres et des experts (qui ont rejoint la CAQ) a permis que le PQ fasse de la lutte pour l'indépendance le centre de son combat politique. On pourrait attribuer ce recentrage sur l'indépendance comme une pure manœuvre liée essentiellement au fait que la perspective de la prise du pouvoir et la formation d'un gouvernement demeure pour le moment fort éloignée. Mais en fait, pour le PQ, l'accession du Québec au statut d'État indépendant vise de plus en plus à faire coïncider parfaitement les frontières politiques et culturelles et la défense de la nation québécoise francophone en Amérique du Nord. Pour ce faire, il est nécessaire de baisser les quotas d'immigration, de mener le combat pour l'homogénéité culturelle, de s'opposer au multiculturalisme, de défendre une intégration-assimilation de toute la population migrante au français (et n'accepter en conséquence comme migrant-es) que les seules personnes parlant français avant leur arrivée au Québec. Il ne s'agit pas seulement de faire du français une langue publique commune, mais les nationalistes conservateurs insistent sur le fait que la défense de la nation québécoise et de son intégrité passe par l'utilisation de la langue française à la maison par les minorités culturelles. Tout ceci constitue un ralliement de ce parti à une politique clairement assimilationniste. Le nationalisme québécois, qui a été pendant toute une période un nationalisme civique reprend une dimension ethnique, non qu'il fasse des Québécois-es français-es de souche les seuls membres authentiques de la nation québécoise, mais que le ralliement-intégration-assimilation au tronc commun constitue désormais les voies d'une véritable intégration nationale.
Pour le PQ, l'État québécois actuel doit donc amener la société québécoise à élargir la domination de ce tronc commun du Québec francophone tout en cherchant à vivre harmonieusement avec les minorités nationales anglophones et avec les peuples autochtones, pourvu que ces dernières respectent l'intégrité du territoire national dans un Québec indépendant et ne remettent pas en question l'oppression coloniale encore existante. Telle est la voie choisie par le PQ pour se reconstruire, ce qui exercera une pression constante nourrissant une dérive droitiste.
Le refus de reconnaître la réalité du racisme systémique, contre les Noir-es et les peuples autochtones notamment, et de l'islamophobie, en solidarité avec le positionnement de la CAQ, démontre que le PQ refuse de comprendre les voies de la construction du Québec comme société multinationale et pluriculturelle. En ce sens, la majorité indépendantiste d'émancipation ne passe nullement par une alliance avec ce parti, mais par une lutte conséquente contre ces conceptions étroites et conservatrices de la lutte nationale et par la bataille pour faire de la classe laborieuse et des mouvements antisystémiques les porteurs de la définition d'un nouveau destin national…
4. La politique de Québec solidaire sur la question nationale
Québec solidaire a connu, durant ses premières années, un certain nombre de débats qui lui ont permis de définir sa position sur la question nationale sur un certain nombre de points. Il s'est démarqué de la perspective de souveraineté-association et s'est consacré à définir l'indépendance (ou la souveraineté nationale) comme son objectif stratégique. Il a posé la nécessité d'articuler cette dernière à un projet de société égalitaire, féministe, démocratique et internationaliste afin que l'indépendance soit un projet mobilisateur capable de rallier une majorité populaire. Il a développé une stratégie faisant de la mobilisation autour d'une démarche de souveraineté populaire, la constituante, comme la voie démocratique du ralliement d'une majorité de la population québécoise autour du projet en faisant de cette majorité le sujet de la définition des institutions devant concrétiser le projet de société et d'indépendance que le parti voulait mettre de l'avant. Québec solidaire a compris que les Premières Nations étaient une composante essentielle de la société québécoise. Il a défendu son droit à l'autodétermination et a fait de la lutte contre le racisme systémique qui frappe les Premières Nations un axe de son combat. Il se dit ouvert à les intégrer, sur une base volontaire de leur part, à sa démarche de souveraineté populaire. Récemment, il a fait de la lutte aux changements climatiques et de la rupture avec l'État pétrolier canadien une dimension de son projet national.
Pourtant, Québec solidaire n'a pas replacé la lutte pour l'indépendance dans le cadre de l'État canadien. Il n'a pas compris que l'indépendance avait une dimension clairement anti-impérialiste, car l'indépendance constitue une remise en cause de l'intégrité territoriale d'un important pays impérialiste et d'un allié indéfectible de l'impérialisme américain. Il n'a pas voulu questionner le soutien des États-Unis à l'intégrité de l'État canadien comme cela s'est révélé clairement, particulièrement durant le référendum de 1995. Il découle de la méconnaissance de cette réalité que Québec solidaire n'a jamais posé la nécessité d'une alliance avec les forces ouvrières et populaires du Canada anglais et les mouvements antisystémiques (féministes, antiracistes, écologistes…) du reste du Canada pour qu'ils adoptent une position claire sur le droit à l'autodétermination du Québec et pour faciliter la remise en question de l'État canadien et sa dénégation de son caractère multinational.
Québec solidaire, dans son ensemble et dans toutes ses composantes, n‘a pas rompu avec l'idée de la famille souverainiste, et avec l'idéologie nationaliste. Ceci s'est clairement exprimé par les débats sur les alliances électorales avec le Parti québécois où des secteurs importants de la direction ont défendu, à plusieurs reprises, cette perspective. Cela se reflète également par un refus de clarifier la différence entre l'opposition à toutes les formes d'oppression nationale et la lutte contre l'idéologie nationaliste qui fait prévaloir la solidarité nationale sur la solidarité de classe et avec l'ensemble des opprimé-es dans la société.
Sa politique sur l'immigration et sa défense d'une logique de quotas durant la dernière campagne électorale, a affaibli la solidarité avec le camp populaire et la clarté de la reconnaissance de la réalité de la société québécoise comme société multinationale et tiré toutes les conséquences de cette prise de position. »
Mais c'est sans doute la conception des conditions de l'avènement d'une constituante débouchant sur l'indépendance qui reste marquée par une approche purement institutionnelle qui peut se résumer ainsi : Québec solidaire prend le pouvoir, il adopte une loi sur l'élection d'une assemblée constituante qui a pour mandat d'élaborer une institution d'un Québec indépendant, constitution qui est enfin soumise à un référendum de ratification. En fait, ce qu'il faut questionner maintenant c'est le processus de construction de la volonté de faire prévaloir la souveraineté populaire dans la majorité de la population. L'affirmation de cette souveraineté populaire ne peut être que le produit du renversement du rapport de force des classes subalternes remettant en question le contrôle des gouvernants et le développement de pratiques d'autogouvernement dans différents secteurs de la société. La constituante ne peut donc être réduite à un projet de transformation des institutions politiques découlant de l'élection, mais sera le résultat de l'affirmation du pouvoir de la majorité populaire dans la société.
5. Nouvelle époque, les axes et fondements d'une stratégie indépendantiste
A. La nouvelle période marquée par la convergence des crises économiques, sociales, politiques et climatiques
L'impérialisme a divisé le monde entre nations dominantes et nations dominées (restées précaires et inachevées dans la plupart des régions du monde). Appuyées par les États impérialistes et les institutions internationales à leur service, les multinationales s'accordent le droit de s'emparer des énergies fossiles et des richesses minières partout sur la planète, de détruire l'agriculture d'autosubsistance et de produire à moindre coût en exploitant la main-d'œuvre du Sud en délocalisant ses entreprises manufacturières. Au nom du libre-échange et des ajustements structurels, les institutions comme la Banque mondiale et le FMI contraignent les États du Sud à renoncer à des dépenses vitales en matière de santé, de logement, et d'éducation, ce qui provoque la détérioration radicale de la qualité de vie de vastes secteurs de la population. À cela s'ajoutent les effets du développement de la crise climatique, qui tend à rendre certaines parties du monde de moins en moins habitables. L'immigration (Sud – Sud dans un premier temps, puis Sud – Nord) deviendra de plus en plus importante, stimulée par la recherche de meilleures conditions de vie, ou plus radicalement de conditions de survie. [4]
Les gouvernements des pays capitalistes avancés ont de plus en plus tendance à vouloir bloquer ces migrations en durcissant les règles permettant l'immigration, en dressant des murs physiques ou virtuels, en refusant de plus de reconnaître les droits des réfugié-es, en instrumentalisant des pays pour servir de frontières avancées dans le contrôle des personnes migrantes. Mais les frontières et les murs ne parviennent pas à contrer les flux migratoires.
La fermeture des frontières trouve sa justification dans le développement du racisme et de la xénophobie et le repli des populations du Nord vers une position fermée et défensive, ce qui est un fait majeur de ce début du XXIe siècle. Avec l'intrusion de la périphérie dans le centre se met en place un processus de multiculturalisation qui est à la base d'une réaction défensive et du développement d'un absolutisme ethnique. Cela est vrai tant en Europe qu'en Amérique du Nord. Cette prolifération des diasporas racisées perturbe la conception stable qu'avaient les cultures d'elles-mêmes. La perception de l'étranger comme un danger favorise la montée d'un nationalisme xénophobe et raciste. Si ce phénomène est un phénomène international, il prend des formes particulières dans un contexte canadien et québécois compte tenu de l'histoire récente de la lutte pour l'indépendance dans l'État canadien.
Au Québec, le racisme systémique frappe bien sûr les nations autochtones, mais aussi de nombreuses personnes appartenant à des communautés ethnoculturelles minoritaires et aux secteurs racisés de la population. Ce racisme se manifeste par des discriminations à l'embauche, à la promotion, au logement, mais également dans les rapports aux services publics (santé, éducation, protection de l'enfance) ainsi que dans les rapports au système judiciaire et à la police. Le gouvernement Legault, le PQ et le Bloc québécois refusent de reconnaître la réalité du racisme systémique. Il ne s'agit pas seulement d'une guerre de mots, sinon elle serait surmontée rapidement.
Ces prises de position du nationalisme conservateur se nourrissent du déni enragé de toutes les crises qui nous frappent. « Le refus d'envisager la remise en question de ce qui « nous » fait et qui est la seule chose que nous connaissons, d'envisager quelque deuil que ce soit à l'égard de ce que « nous sommes », et le désir forcené d'identifier des responsables , des coupables et des boucs émissaires, est au cœur de cette montée réactive qui manifeste sur les surfaces politiques massifiées du premier monde. » [5]
B. Pour la construction d'un bloc national populaire, instrument d'une véritable lutte d'émancipation
L'indépendance du peuple québécois, de toutes les personnes qui y vivent et qui y travaillent, doit reprendre et préciser la perspective mise de l'avant par Sol Zanetti dans le livre Ce qui nous lie. « Faire avancer l'humanité en commençant ici. Ce regard nouveau est plurinational. En effet, le pays du Québec auquel nous aspirons sera le fruit d'une quête de souveraineté pour l'ensemble des peuples qui l'habitent : le premier pays fondé, dès le départ, avec les peuples autochtones et non à leurs dépens. Ce pays, nous le voulons affranchi des relations néocoloniales, un pays de peuples souverains travaillant ensemble pour s'épanouir sur un terrain confié à leur protection. »
Dans un tel contexte, l'indépendance conçue dans un sens cosmopolitique signifie que l'indépendance vise à faire du territoire québécois libéré un centre de solidarité avec la lutte des peuples du monde pour leur émancipation et pour faire face ensemble à ces multiples problèmes.
La construction d'un bloc national populaire regroupant la majorité populaire d'une société plurinationale et pluriculturelle qu'est le Québec passera : a) par le rejet d'une vision ethniquement homogène de la nation et par le rejet du projet nationaliste d'homogénéisation culturelle ; b) par une politique de rejet des discriminations et par le refus de l'existence de secteurs de la société privés de droits, et par l'union de toutes les composantes de la majorité populaire dans ce combat ; c) par la liberté de circulation et d'installation de toustes les migrant-es. d) par l'éradication du racisme systémique qui touche tant les nations autochtones que les autres secteurs racisés de la population ; e) par le rejet des discours qui font des minorités les seuls porteuses de l'inégalité des femmes. f) par une politique linguistique qui refuse de faire des personnes immigrantes la cause du manque d'attractivité de la langue française et enfin g) par le rejet d'une laïcité identitaire qui essentialise la réalité de la nation.
a) par le rejet d'une vision ethniquement homogène de la nation, et par le rejet du projet nationaliste d'homogénéisation culturelle
Il faut éviter de diviser le Québec entre un "nous" défini sur une base généalogique et culturelle et un "eux" qui en serait exclus. Partir sur cette base, c'est créer les conditions de l'approfondissement des divisions ethniques au sein de la société québécoise. Plus : c'est jeter ces divisions en pâture aux forces fédéralistes qui sauront bien les instrumentaliser. La société québécoise doit se définir non pas comme un "nous" dont la substance se construit autour de certaines valeurs partagées. Elle se construit par l'apport de tous et de toutes dans un processus reflétant le nouveau contexte dans lequel toutes les personnes de la société sont appelées à vivre.
Cette vision d'une nation ethnique présente les personnes immigrantes et les communautés ethnoculturelles non seulement comme différentes du "nous" québécois, mais comme étant dangereuses, car porteuses d'une possible régression sociale.
Tous les peuples ont dans leurs traditions des acquis qui leur permettent d'élargir la richesse de leur expérience du monde : musique, littérature, architecture, expériences de luttes. La culture que nous serons amené-es à construire doit se baser sur tous ces acquis. Ce que nous sommes aujourd'hui , ce que nous serons demain, est en grande partie lié au processus de métissage culturel que notre ouverture sur le monde nous permet de réaliser. Les principes de solidarité, de coopération, de partage, d'égalité sociale et de genre et de démocratie se définissent par leur opposition aux attitudes de cupidité, de thésaurisation, de prédation et d'accaparement de tous les pouvoirs qui sont le propre des classes exploiteuses des différentes nations. La vaste majorité de la nation québécoise est formée par les classes subalternes.
Il ne s'agit pas non plus d'affirmer que toutes les personnes qui habitent le Québec sont des Québécois-es en niant la réalité plurinationale du Québec. Au Québec, il y a des minorités nationales (grecque, italienne, algérienne, chilienne, etc.) et il y a également les nations autochtones. Ces nations et minorités nationales peuvent se définir comme membres de la nation québécoise, mais ce n'est pas nécessairement le cas. Mais tous les habitant-es du Québec sont des citoyen-nes du Québec (ou du moins devraient l'être et en partager tous les droits) et constituent le peuple québécois. Il faut donc découpler le statut de citoyen de l'appartenance nationale dans un Québec indépendant et lutter pour ce découplage dès maintenant dans l'État canadien. Nous luttons pour l'indépendance du peuple québécois de l'État canadien.
b) par une politique de rejets des discriminations et par le refus de l'existence de secteurs de la société privés de droits et par l'union de toutes les composantes de la majorité populaire dans ce combat
Toutes les personnes vivant au Québec, toutes celles qui y œuvrent et qui participent à la création de la richesse commune font partie de la société et contribuent à son destin national. Pour assurer une véritable inclusion des personnes migrantes « on ne peut accepter que des personnes se trouvant sur un même territoire, dans un même ordre juridique, soient traitées différemment ou discriminées. Le principe d'égalité des droits implique donc la libre circulation, mais aussi une série d'autres droits, dont notamment : le droit de s'installer durablement, le droit au travail, le droit de recevoir un salaire égal, le droit d'acquérir la nationalité, le droit de vivre en famille, le droit de vote, le droit à la sécurité sociale », le droit d'avoir accès aux différents services publics, etc. La lutte pour l'égalité des droits doit être la tâche de tous les mouvements sociaux qui visent l'égalité sociale et la fin des discriminations (mouvement syndical, mouvement des femmes, des jeunes, mouvements populaires, mouvement antiraciste…). Le combat contre les discriminations et pour l'égalité des droits est à la base de la convergence des différentes composantes de la majorité populaire.
c) S'opposer pied à pied à la dynamique anti-migratoire et à la fermeture des frontières
La libre circulation, le droit d'installation et l'égalité dans l'accès aux droits sociaux pour les immigré-es sont des droits fondamentaux pour l'humanité. Les indépendantistes doivent défendre ces droits.
Contrairement à l'approche du nationalisme régressif de Legault, du PQ et cie, les indépendantistes internationalistes doivent en finir avec le nationalisme étroit. Cela ne sera possible qu'en s'engageant avec détermination aux côtés de ceux et celles qui, en franchissant les frontières, revendiquent le droit de mieux vivre, de fuir les situations de survie auxquelles ils et elles sont acculé-es. Il faut savoir accueillir les personnes réfugiées et refuser de limiter l'immigration à la seule utilité économique pour les entreprises capitalistes et en faire des citoyen-nes aussitôt l'installation confirmée.
Il s'agit de mettre fin à l'extension des situations d‘exclusion et de non-droit que recouvre la notion de dualisation de société entre nationaux ayant des droits et étrangers dépourvus de ces droits. Sans cela, on laissera se développer la masse des citoyen-nes de seconde zone, voire l'existence d'individus privés réellement sinon formellement de toute citoyenneté et sans cesse menacés d'exclusion. Cela va se concrétiser par la lutte pour la régulation immédiate de l'ensemble des personnes migrantes du pays sans limite concernant le nombre de personnes admissibles, et sans critères liés au travail. [6] Il ne s'agit pas de défendre les droits des nationalistes conservateurs à avoir des droits que n'ont pas les personnes migrantes, mais d'assurer leur égalité en tant que citoyen-es du pays. Il faut donc mettre fin immédiatement aux déportations et aux détentions.
d) par l'éradication du racisme systémique qui touche tant les Premières Nations que les secteurs racisés de la population
Le gouvernement Legault, le PQ, le Bloc et l'ensemble des nationalistes conservateurs osent prétendre qu'il n'y a pas de racisme systémique au Québec. Les nationalistes conservateurs refusent des mots choisis par ceux et celles qui les ont choisis pour parler de la réalité de ce qu'ils vivent. Et c'est précisément ce refus d'écouter, de croire, auquel il est temps de mettre fin. [7]
C'est une négation du colonialisme qu'ont subi et subissent encore les nations autochtones. « En réalité, une grande portion des territoires sur lesquels les gouvernements québécois ont exercé leur pouvoir au profit explicite de la majorité francophone n'a jamais été cédée au sens entendu par le régime néocolonial british canadian. L'accès au territoire au nord du 49e parallèle, son occupation par les populations nécessaires pour la colonisation, l‘exploitation et l'accaparement des ressources aquifères, hydro-électriques, forestières, minières, marines, touristiques, ont été défendus tant par les tribunaux canadiens que par les gouvernements québécois successifs comme relevant, selon le langage juridique canadien, « d'objectifs publics réels et impérieux. » [8] Un projet internationaliste d'indépendance du Québec doit s'articuler à la dynamique panamérindienne. Il faut éviter de sous-estimer la signification politique des aspirations autochtones et leur portée continentale. [9]
Mais ce racisme systémique ne vise pas seulement les peuples autochtones, il vise également les minorités raciales et ethnoculturelles. La lutte contre le racisme ne peut, on le saisit encore plus aujourd'hui que par le passé, se bâtir sur une base morale et sur le seul champ idéologique. Elle ne peut prendre toute l'ampleur nécessaire que sur la base d'un antiracisme politique s'attaquant au racisme en acte constitué par les discriminations raciales. [10] C'est à partir de l'auto-organisation du mouvement antiraciste que le combat contre les discriminations racistes pourra s'organiser et ainsi faire reculer le racisme systémique.
e) par le rejet des discours qui font des minorités les seuls porteuses de l'inégalité des femmes.
Au Québec, le fémonationalisme est porté par l'organisation Pour le droit des femmes. Elle détourne la mobilisation des idées féministes par les partis nationalistes dans la guerre contre l'islam ou les migrant-es venu-es du tiers-monde. Ce fémonationalisme s'exprime particulièrement par la lutte pour le projet de loi 21 et défend l'idée que l'émancipation des femmes passerait nécessairement par l'absence de foulard. Ce courant refuse de comprendre que le combat pour la liberté de porter le voile dans les pays démocratiques s'accompagne toujours du combat pour la liberté dans les pays non démocratiques où il est imposé. [11] L'alliance du mouvement féministe avec une indépendance dans une optique cosmopolitique implique une rupture avec le fémonationalisme.
f) par une politique linguistique qui fait du français la langue publique commune, mais qui rejette la perspective de défense de la nation par une politique d'assimilation.
Malgré la loi 101 qui a forcé la fréquentation des enfants des communautés culturelles des écoles françaises du primaire et du secondaire, l'anglais demeure la langue la plus attractive au Québec. Le français n'est pas la langue commune de travail dans les grandes entreprises dont les plus importantes sont, pour la plupart, gérées en anglais. Les immigrant-es, comme les francophones, se voient exiger la connaissance de l'anglais pour trouver un emploi. Au lieu de partir d'une analyse matérialiste de la situation de la langue française, les nationalistes identitaires attribuent la situation du français dans la région métropolitaine de Montréal à l'existence d'une immigration trop importante ne connaissant pas le français. C'est à partir d'une telle analyse que le Parti québécois a mis dans son programme la nécessité de la connaissance du français pour avoir accès à l'immigration au Québec. Plus, au lieu de définir le français comme la langue publique commune facilitant la formation de la communauté politique, les nationalistes conservateurs, adoptant un modèle assimilationniste, présentent le fait de ne pas parler français à la maison pour les membres des communautés culturelles comme un recul du français.
La loi 96 ne part pas d'une analyse des fondements économiques, sociaux et culturels de la précarité du français au Québec, mais d'une certaine marginalisation que feraient peser sur elle l'immigration et les communautés culturelles. Tant que le Québec restera subordonné à cet État canadien, comme le propose le gouvernement Legault, les droits nationaux du Québec et le caractère du français comme langue commune de la société québécoise seront constamment remis en question. La volonté majoritaire de la population de vivre dans un Québec français sera constamment frustrée par les attaques de l'État fédéral et du grand capital anglophone, qui ne renoncera pas à imposer sa domination sur le Québec. C'est pourquoi la défense de la langue française passera par l'indépendance du Québec.
Québec solidaire doit s'opposer à la loi 96. Ce n'est certainement pas en ciblant les populations immigrantes ni en forçant la main des populations autochtones qu'on peut voir une possible solution. Au contraire, c'est en construisant la solidarité. En faisant du Québec une société inclusive où toutes les communautés trouvent leur place, où le Québec est une terre qui appartient à ceux et celles qui l'habitent, que les communautés issues de l'immigration seront attirées à parler français. Les autochtones ont le strict droit de décider de leur langue d'usage et notre position doit être celle de respecter leurs décisions. L'inclusion dans la société québécoise ne nécessite aucunement le reniement de leur appartenance nationale d'origine et de leur culture de la part des minorités ethnoculturelles.
g) En finir avec la laïcité identitaire qui essentialise la réalité de la nation
Quelle est donc la place de la laïcité dans cette problématique complexe ? La laïcité est un héritage important. Pour limiter la fermeture communautaire et favoriser l'inclusion et le métissage, s'attaquer à quelques signes vestimentaires distinctifs risque de produire le contraire de l'effet escompté. Comme l'écrit Poulat, la laïcité est une “politique de pacification par le droit”. [12] Elle permet d'assurer la liberté de conscience par la séparation et la neutralité de l'État. Mais la laïcité ne se définit jamais sur un mode qui nie son inscription dans l'histoire d'une société donnée. Et la définition que nous lui donnons aujourd'hui doit favoriser cette unité citoyenne et non exacerber les divisions existantes. Le combat laïque est une dimension du combat pour l'unité citoyenne. Lorsque la laïcité devient un instrument de démarcation identitaire et d'approfondissement des divisions, elle se transforme en son contraire, c'est pourquoi il faut juger la laïcité à ses fins avant de la juger sur ses moyens. [13]
B. mise en place d'une véritable démarche de souveraineté populaire
Le pouvoir constituant ne peut être que le moment final d'une délibération confiée à des représentant-es du peuple sur la réalité que devraient prendre les institutions économiques et politiques de la société. Il se construit par une série de luttes économiques, sociales et politiques pour élargir le contrôle populaire sur les différents éléments de sa vie : la démocratie économique et la représentation de la majorité populaire dans la direction des entreprises ; la place des citoyens, des travailleurs et des travailleuses sur la politique de l'énergie qui tient compte d'une transition véritable ; la démocratisation des contrôles de la majorité populaire sur la production réelle ; la capacité des producteurs et productrices agricoles de faire les choix permettant de concrétiser notre souveraineté alimentaire ; la capacité des travailleuses et des travailleurs de la santé de bloquer la privatisation de la santé ; le poids du contrôle citoyen sur les institutions locales et régionales.
C'est dans la mesure où on aura une convergence de ces mouvements visant à assurer une réelle souveraineté populaire sur les différentes composantes de la société qu'une assemblée constituante, pouvant assurer la convergence des acquis, pourra déboucher sur l'institutionnalisation d'une véritable assemblée constituante.
Si ce n'est la réforme du mode de scrutin et l'introduction du scrutin proportionnel, Québec solidaire n'a jamais mené campagne contre les limites de la démocratie parlementaire et contre la formation d'une oligarchie politique au service de la classe dominante. Ce sont l'ensemble des combats partiels pour développer concrètement la souveraineté populaire, une véritable démocratie qui va au-delà des limites actuelles du parlementarisme, qui pourront réellement préparer concrètement la tenue d'une constituante permettant l'expression de la souveraineté populaire. Si Québec solidaire doit clairement présenter les contours des institutions qu'il veut défendre dans la constituante, il doit maintenant mener des combats qui renforcent la volonté de la majorité populaire d'imposer un véritable contrôle démocratique sur la société.
Voici des revendications pouvant être défendues dès maintenant, qui vont dans le sens du renforcement de la souveraineté populaire et qui visent à bloquer les voies par lesquelles les représentants-es échappent au contrôle des personnes représentées. Ces revendications préparent la mise en place d'une véritable république sociale. Il s'agit :
a) d'imposer un contrôle populaire des représentant-es dans le cadre de la démocratie représentative ;
• en donnant des mandats impératifs aux élu-es par les assemblées devant lesquelles ces élu-es sont redevables ;
• en interdisant la circulation des élu-es entre les responsabilités politiques et les responsabilités économiques dans le secteur privé ;
• en implantant des mécanismes pour en finir avec les sous-représentations des catégories modestes (travailleurs et travailleuses manuelles) ;
• en introduisant une procédure de révocation des élu-es par les circonscriptions ou par les autres instances où il y a des élections.
b) de mettre fin à la consolidation d'une oligarchie politique
• en imposant la parité de genre (hommes/femmes) dans la représentation politique ;
• en abolissant les mandats consécutifs au parlement et dans les municipalités (limiter à deux au maximum) ;
• en introduisant un niveau de rémunération qui place les élu-es au niveau du salaire médian de la population.
c) d'introduire des mécanismes de démocratie participative à tous les niveaux dans les institutions de l'État et de généraliser le principe d'éligibilité
• en introduisant les principes d'éligibilité et de révocabilité des chefs administratifs ;
• en instaurant des budgets participatifs laissant à des assemblées locales (municipalités et MRC) de citoyen-nes de larges pouvoirs de participation et de décision sur la détermination des priorités budgétaires dans les villes et les régions ;
• en introduisant un processus d'autogestion démocratique dans les entreprises et les services publics ;
• en mettant en place des référendums d'initiatives populaires et particulièrement des référendums abrogatifs (abrogation de lois rejetées par la majorité citoyenne) [14].
C. La lutte pour l'indépendance, une lutte pour la destruction de l'État canadien
Québec solidaire n'a pas jusqu'ici intégré dans sa stratégie de lutte pour l'indépendance, la signification de l'indépendance comme une remise en question radicale de l'intégrité de l'État canadienne, de son existence même.
L'État canadien retient les fonctions les plus fondamentales d'un État bourgeois "souverain" : le contrôle militaire, le contrôle de la politique monétaire, le monopole de la représentation du capitalisme canadien vis-à-vis les autres États, le contrôle du Code criminel, et le contrôle sur une série de fonctions juridiques et régulatrices touchant l'économie. Il est absolument clair que l'État central est l'ultime instrument de défense des rapports de production contre toute menace qui pourrait remettre en question cette domination. Ce rapport de force et cette domination se sont construits en mettant au rencart les Métis et les nations autochtones, de même qu'en subordonnant la nation québécoise. L'État fédéral constitue le garant de l'unité canadienne et a utilisé tous les moyens possibles pour affaiblir le mouvement indépendantiste.
Aujourd'hui la lutte de libération nationale au Québec pose toute la question du changement de société et par voie de conséquence des rapports avec la population du reste du Canada. La population québécoise et les forces sociales, syndicales et populaires ne pourront trouver une issue viable qu'en dépassant le cadre uniquement québécois de sa lutte et en construisant des alliances stratégiques avec les Premières Nations et avec la classe ouvrière du reste du Canada. Cela permettra aussi d'asseoir concrètement la lutte de libération nationale de la population du Québec sur des bases de changement social du Québec, mais aussi du reste du Canada.
La lutte pour l'indépendance n'est donc pas une lutte confinée au territoire du Québec. En s'insérant dans une lutte contre l'État fédéral central, elle pose objectivement le problème du pouvoir à l'échelle de tout l'État canadien. Il ne s'agit pas de l'indépendance d'une colonie lointaine, mais d'un État souverain au cœur même du Canada. L'indépendance du Québec diviserait le pays entre un Canada Ouest et un Canada Est faisant de l'État canadien un État tronqué. L'intransigeance de la bourgeoisie canadienne et de son personnel politique découle de cette réalité. Les projets de souveraineté-association ou de souveraineté-partenariat remettaient en question l'unité canadienne et correspondaient à un important transfert des pouvoirs vers la bourgeoisie québécoise. Toutes ces remises en question de l'intégrité du territoire canadien ont donc toujours été rejetées. Même la perspective d'un fédéralisme asymétrique qui accorderait plus de pouvoirs au Québec qu'à d'autres provinces a été repoussée au moment où la centralisation de l'État canadien s'est imposée pour renforcer le pouvoir concurrentiel de l'économie canadienne sur le terrain international.
Le rapport à l'indépendance dans le Reste du Canada (ROC), le soutien au droit à l'autodétermination du Québec signifie pour la gauche et les différents mouvements sociaux du ROC de faire le choix soit d'appuyer leur propre bourgeoisie contre la lutte d'émancipation sociale au Québec, soit d'appuyer la lutte sociale au Québec pour son émancipation. C'est une nécessité objective pour elle-même, mais également pour le succès de la lutte au Québec. Un choix du soutien au droit à l'autodétermination c'est le choix de rompre avec le nationalisme canadien, de l'État qui serait brisé par l'indépendance du Québec. La remise en question d'une forme de l'État bourgeois, l'État fédéral ouvre la voie à la remise en question d'un bloc de classes sous la direction de la bourgeoisie qui forme la nation canadienne. La question des intérêts de classe est donc fondamentale pour le mouvement ouvrier canadien dans la compréhension de la nécessité de son appui à la lutte de la population du Québec pour s'affranchir de la domination de l'État canadien.
C'est cette compréhension mutuelle (basée sur l'autonomie politique de chaque nation de leur direction bourgeoise) qui permettra l'unification dans des dynamiques différentes des forces vives du Québec et du Reste du Canada avec celles des peuples autochtones vers la création d'une nouvelle société égalitaire, une Confédération libre des républiques et des peuples autochtones.
La lutte pour l'indépendance doit dépasser le cadre provincialiste et s'inscrire résolument dans une stratégie pancanadienne. Cette lutte doit sortir du carcan nationaliste bourgeois – l'idée selon laquelle nos intérêts sont plus près des capitalistes d'ici que de ceux des travailleuses et travailleurs d'autres nations. Il n'est pas question non plus d'opposer, comme le font vulgairement les nationalistes identitaires, la nation québécoise aux minorités, mais de rassembler les classes travailleuses, les sans-travail, groupes subalternes et peuples autochtones au sein d'un projet de libération plurinational. Un projet indépendantiste émancipateur doit donner un contenu socialiste, féministe, antiraciste et décolonial à la question nationale, ce qui implique le rejet de tout projet d'alliance avec le Parti Québécois, qui promeut maintenant une conception identitaire de la nation qui a nourri le racisme, l'islamophobie et la xénophobie.
La gauche indépendantiste doit au contraire lier sa lutte à un projet de société socialiste tout en appuyant l'autodétermination des nations autochtones et en développant des solidarités avec les mobilisations populaires partout au Canada. Ainsi, la lutte de la nation québécoise pour l'indépendance et celle des peuples autochtones pour leur autodétermination pourra et devra encourager les travailleuses et travailleurs du Reste du Canada à rompre avec le nationalisme majoritaire qui participe de leur exploitation. Nous appuyons toute démarche visant, d'une part, la décolonisation immédiate des institutions canadiennes et québécoises actuelles, et d'autre part, la constitution d'institutions nouvelles fondées sur le principe d'autodétermination des peuples ainsi que la démocratisation de la vie politique et économique sur le territoire occupé par le Canada. Ainsi, nous voulons contribuer à l'établissement d'un bloc social entre les différentes forces à l'œuvre pour mettre en place des mesures concrètes telles que les réparations envers les peuples autochtones, les assemblées constituantes populaires, l'abolition des paradis fiscaux pour les entreprises minières ainsi que le démantèlement du complexe militaro-industriel canadien. [15]
D. Inscrire l'indépendance dans une démarche cosmopolitique
Tous les problèmes qui sont en cours (crise climatique, montée du militarisme et dangers de guerre, santé humaine face aux épidémies, crise alimentaire, racisme, domination patriarcale, migrations, contraintes, oppression nationale…) doivent être affrontés dans une perspective planétaire où se rejoignent la vision cosmopolitique des intérêts de l'humanité considérée comme un tout et une praxis de mobilisation collective qui traverse les frontières.
On ne peut plus définir les orientations politiques stratégiques à partir du seul niveau national. Car les défis qui sont devant nous sont des problèmes mondiaux. Il est nécessaire de dépasser l'espace national, même si celui-ci demeure un espace stratégique incontournable pour contrer le nationalisme qui réduit les horizons sur un territoire limité. La convergence des résistances aux problèmes posés à l'humanité et à la vie sur la planète doit reposer sur une conscience d'appartenir à une communauté politique universelle. Capable d'exercer un véritable pouvoir sur les plans économiques, écologiques et démocratiques. [16]
La définition de la nation est un enjeu de la lutte des classes. Soit la nation, sa configuration et son idéologie sont le produit de la bourgeoisie et de la place que cette dernière veut occuper dans le système mondial, soit elle est définie par les classes populaires comme une communauté qui vise la déconnexion du système impérialiste et aspire à construire un nouvel internationalisme reposant sur une solidarité de classe internationale.
Une nation déconnectée du système mondial et refusant toute solidarité avec les puissances capitalistes, c'est une nation qui veut assurer la fusion entre la tradition classiste, socialiste et anti-impérialiste et les dimensions féministe, écologique et démocratique des mouvements des nations dominées, et particulièrement, des Nations autochtones. C'est dans une telle nation que la souveraineté populaire peut réellement s'exprimer jusqu'au bout et que l'indépendance peut se réaliser sur une base émancipatrice.
Une nation, dont la majorité populaire a su prendre la direction de sa libération, rejette tout nationalisme identitaire. Une telle nation fait de l'ouverture des frontières et de la liberté d'installation le centre de son combat internationaliste. Il définit son indépendance comme la liberté de nouer des liens avec les peuples du monde qui sont en lutte pour se soustraire à la domination des puissances capitalistes.
[1] Alain Bihr, Le crépuscule des États-nations, transnationalisation et crispations nationalistes, Les Éditions Page deux, 2000.
[2] Otto Bauer, La question des nationalités et la social-démocratie, cité par Michael Lowy, Patries ou planète, Nationalismes et internationalisme de Marx à nos jours, Editions page 2, 1997
[3] Michel Brunet, Histoire du Canada par les textes, Fides, 1963
[4] Stuart Hall, Race, Ethnicité, nation, Le triangle fatal, Éditions Amsterdam 2019
[5] Dalie Giroux, Une civilisation de feu, Mémoire d'encrier, 2023
[6] 28 organisations exigent la régularisation des migrants sans papiers, IWC-CTI, 6 juin 2023
[7] Alain Policar, La haine de l'antiracisme, Textuel, 2023
[8] Dalie Giroux, Les peuples autochtones et le Québec, repenser la décolonisation, NCS, no 24, Automne 2020
[9] On reprend ici la formulation de Rémi Savard, Destins d'Amérique. Les autochtones et nous, Montréal, L'Hexagone, 1978.
[10] Saïd Bouamama, Les discriminations racistes et la construction des frontières intérieures, Presse-toi à gauche !, août 2019
[11] Alain Policar, op.cit.
[12] Émile Poulat, Notre laïcité ou les religions dans l'espace public, Éditions françaises, 2024 Édition Français de ÉMILE POULAT (Author)
[13] Jean Baubérot, Laïcités sans frontières, Seuil 2011, p.308
[14] Ernest Mandel, Libertés démocratiques et institutions de l'État démocratique bourgeois, in Critique de l'eurocommunisme, Maspéro, 1978
[15] Gauche socialiste, Stratégie révolutionnaire dans l'État canadien, Revue Gauche socialiste, 1989
[16] Bernard Rioux, La lutte pour l'émancipation au temps de la crise écologique, NCS, no 24, 2020
Violences extrêmes à Gaza – La LDL et la FIDH appellent le Canada à respecter ses obligations
Opposants russes en liberté sous condition
La neutralité scientifique
Il faut détruire le soldat « capital fossile »

Sommaire du numéro 98
Le numéro 98 (et son dossier « Démasquer la réaction ») peut être commandé via le site des Libraires.
Travail
Syndiquer Amazon : la nouvelle frontière ? / Thomas Collombat
Pour des négociations permanentes / Sébastien Adam
Culture numérique
Internet et la raison d'État / Entretien avec Félix Tréguer
Médias
Couverture médiatique à l'international au Québec : Le parent pauvre de l'information / Fonds québécois en journalisme international
Mémoire des luttes
La grève des fros, Abitibi 1934 / Alexis Lafleur-Paiement
Environnement
Rouyn-Noranda vs. Glencore : « Ça concerne tout le monde » / Gabrielle I. Falardeau
Pour la défense de nos espaces verts / Valérie Beauchamp
Plan fédéral de décarbonation de l'économie : Un échec annoncé / Colin Pratte
Politique municipale
Bruno Marchand et le piège de l'extrême centre / Jackie Smith
Regards féministes
Les œillères des Célèbres cinq / Kharoll-Ann Souffrant
Santé
COVID-19 : Individualisme et solidarité, une fausse opposition / Josiane Cossette et Julien Simard
Analyse du discours
L'anti-wokisme et ses intellectuel·les : Le cas de Nathalie Heinich / Samuel Vallée
Lobby : Halte aux dérapages / ATTAC-Québec
Mini-dossier : les justices transformatrice et réparatrice
Coordonné par Isabelle Bouchard, Arianne Des Rochers et Louise Nachet
La guérison par la justice transformatrice / Johanne Wendy Bariteau
Réparer le tissu social / Entretien avec Estelle Drouvin
Justice réparatrice et privilège de la blanchité / Jade Almeida
Justice hoodistique : Justice réparatrice par et pour les communautés noires / Nancy Zagbayou
Responsabilité, guérison et transformation / Will V. Bourgeois
Dossier : Démasquer la réaction
Coordonné par Nathalie Garceau, Philippe de Grosbois, Samuel-Élie Lesage et Claire Ross
Illustré par Alex Fatta
Les ruses de la réaction / Jean-Pierre Couture
Nation-anxiété / Samuel-Élie Lesage
Comment répondre au tweet de Kevin / Anne Archet
Il n'y a pas de discours anti-réactionnaire / Maxime Fortin-Archambault et Gabriel Lévesque-Toupin
Centre et réaction : Un tango funeste / Philippe de Grosbois
De la diversité libérale à la réaction anti-antiraciste / Entrevue avec Philippe Néméh-Nombré
La gauche transphobe, fer de lance de l'extrême droite / Judith Lefebvre
Les nouvelles tribunes du masculinisme / Nathalie Garceau
Usurpations identitaires : Autochtones à la place des Autochtones / Miriam Hatabi
De la Labatt bleue, pour tout le monde / Élisabeth Béfort-Doucet
L'antifascisme comme pratique quotidienne / Montréal Antifasciste
International
Université des mouvements sociaux à Paris : Le point sur les luttes sociales / Alice Galle et Ronald Cameron
Culture
Chevalier, Barbie… et Richelieu : Le cinéma des bonnes intentions / Claude Vaillancourt
Recensions
À tout prendre ! / Ramon Vitesse
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Couverture : Alex Fatta

Démasquer la réaction
Le numéro 98 (et son dossier « Démasquer la réaction ») peut être commandé via le site des Libraires.
Quand les drag queens dans les bibliothèques et l'éducation à la sexualité dans les écoles sont attaquées par des « familles inquiètes » ; quand des mobilisations antiracistes historiques subissent la riposte de politiciens et de commentateurs soucieux de préserver l'ordre et la culture ; quand la généralisation du discours féministe dans l'espace public a pour corollaire une remontée du masculinisme le plus crasse ; quand les luttes autochtones rencontrent l'obstination de ceux qui s'affirment plus résolument que jamais chez eux – alors il semble tout indiqué de parler d'un backlash, d'une véritable vague réactionnaire qui se dresse devant des mouvements sociaux gagnant en confiance et en visibilité.
La réaction n'est pas n'importe quelle droite : c'en est une qui répond – par la négative et avec violence – aux exigences croissantes de justice qui émergent en période de crise. Pour la saisir, il faut donc voir ce qui la rapproche et ce qui la distingue du simple conservatisme, du néolibéralisme ordinaire ou du fascisme abouti. Il faut aussi s'atteler à comprendre la conjoncture d'instabilité et de tensions qui appelle ce durcissement des rappels à l'ordre : notre système économique et politique n'allant plus de soi, il devient nécessaire d'identifier des boucs émissaires pour détourner l'attention. Enfin, on ne saurait comprendre le moindrement la réaction sans reconnaître qu'elle est aussi le versant négatif d'une montée en puissance, même minime, de celleux qui luttent pour leurs droits.
Reste que sous ses multiples visages, la réaction demeure fuyante : il est parfois pénible de convaincre les sceptiques qu'on fait bel et bien face à une menace dramatique pour toutes les personnes qui croient un tant soit peu en l'égalité. C'est que les réactionnaires sont passés maîtres dans l'art du demi-mot, du double sens et de la langue de bois. Ils aiment se faire passer pour de simples modérés « qui soulèvent des questions légitimes », voire pour les authentiques héritier·ères de la subversion et des combats historiques d'une gauche aujourd'hui dégénérée. Mais c'est justement là qu'il devient impératif d'appeler un chat un chat.
De là, cependant, le plus dur reste à faire. Il s'agit de faire face à la tempête pour espérer non seulement lui résister, mais plus encore renverser la vapeur et faire que la justice et l'égalité ressortent plus fortes. Après tout, l'ordre fragilisé que la réaction veut préserver par la crispation peut aussi offrir des occasions uniques de bouleversements favorables. Encore faut-il savoir les saisir, ce qui exige une capacité d'organisation et une intelligence stratégique. Or, force est d'admettre que si les remous de nos mouvements de libération peuvent susciter l'inquiétude de la réaction, celle-ci peut compter sur une redoutable force de frappe, tandis que nous n'avons sans doute pas encore la solidité qui permettrait d'en triompher. Nous devons affiner nos discours et nos méthodes, observer l'adversaire pour comprendre ses ruses, mais sans nous laisser imposer un terrain et des règles qui nous seraient défavorables.
Ce dossier veut, modestement, contribuer à cette lutte qui ne peut que continuer. Encore une fois
Dossier coordonné par Nathalie Garceau, Philippe de Grosbois, Samuel-Élie Lesage et Claire Ross
Illustré par Alex Fatta
Avec des contributions de Anne Archet, Élisabeth Béfort-Doucet, Jean-Pierre Couture, Philippe de Grosbois, Maxime Fortin-Archambault, Nathalie Garceau, Miriam Hatabi, Judith Lefebvre, Samuel-Élie Lesage, Gabriel Lévesque-Toupin, Montréal antifasciste et Philippe Néméh-Nombré.
Illustration : Alex Fatta
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Pour la survie des services publics
Les difficiles négociations entre le gouvernement et les travailleurs et travailleuses des secteurs public et parapublic du Québec révèlent des enjeux qui vont bien au-delà de relations de travail entre patrons et salarié·es. Ces négociations se font alors que les services publics subissent une importante dégradation, notamment dans le domaine de la santé et de l'éducation.
Les médias le mentionnent régulièrement, nos services publics font face à des problèmes multiples : rareté de main-d'œuvre, manque d'attractivité, conditions de travail difficiles, tâches épuisantes, salaires insuffisants, managérialisation de l'administration des services, incapacité de fournir des services minimaux dont la population a grandement besoin. Tout cela crée un mouvement de spirale vers le bas. Devant le peu d'attention qu'on leur accorde, les services offerts ne peuvent que devenir moins efficaces.
Pourtant, ceux-ci nous semblent plus importants que jamais. Les années d'austérité budgétaire ont montré à quel point leur affaiblissement affecte la population dans ce qui lui est le plus indispensable : la capacité de bien se soigner, de recevoir une éducation de qualité, de répondre aux besoins des personnes marginalisées. La pandémie de COVID-19 a révélé que sans les employé·es de l'État qui ont tenu le fort envers et contre tout, nous n'aurions peut-être pas tenu le coup, en tant que société.
L'attitude du gouvernement du Québec est carrément méprisante pour celles et ceux qui accomplissent ce travail primordial. La CAQ semble très bien intégrer l'idée que tous les individus n'ont pas la même valeur et que certains doivent recevoir de très hauts salaires. Les député·es (avec leur hausse de 30 %), les médecins spécialistes, les entrepreneurs méritent, semble-t-il, ces revenus exceptionnels qui séparent de plus en plus le 1 % des plus riches du reste de la population. Mais celles et ceux qui tiennent en main ce que l'État offre de mieux, qui donnent des services essentiels, peuvent toujours se contenter de beaucoup moins et se débrouiller avec des conditions de travail insatisfaisantes.
Tout cela alors qu'il est de plus en plus difficile de bien gagner sa vie, avec une forte inflation, des loyers de plus en plus inabordables, de fins de mois particulièrement difficiles à boucler. Certes, le gouvernement Legault nous a offert de belles baisses d'impôts, pour lutter contre l'inflation, dit-il. Mais ces dernières ont surtout comme conséquence de réduire le budget de l'État et de rendre encore plus difficile le bon coup de pouce financier dont toute la fonction publique a grandement besoin. En outre, elles ne « profiteront » qu'aux contribuables les plus fortuné·es.
L'extraordinaire mobilisation des syndiqué·es montre bien à quel point leur lutte est essentielle. La grande manifestation du 23 septembre, les votes massifs en faveur de la grève et la solidarité entre les centrales et fédérations syndicales sont des signes évidents d'un attachement à un modèle social qui a fait ses preuves. Le gouvernement semble prêt à le sacrifier, ce modèle, par économies de bouts de chandelle, par ignorance, par son grand attachement à la classe des plus riches.
À À bâbord !, nous soutenons sans réserve le mouvement syndical des salarié·es des secteurs public et parapublic ainsi que le modèle social que celui-ci défend. Nos services publics peuvent et doivent être améliorés : meilleur financement, amélioration des conditions de travail, démocratisation et décentralisation de leur gestion, et les revendications des syndiqué·es s'inscrivent dans cette optique. Mais les négliger, comme le fait actuellement le gouvernement Legault, revient à agir comme un pompier pyromane et à développer considérablement les inégalités sociales.
Dans son immense lucidité, François Legault a attribué sa défaite électorale dans le comté de Jean-Talon à son reniement de la promesse d'un troisième lien à Québec. Aveuglement volontaire, stratégie de diversion ou étroitesse d'esprit ? Peu importe, le propos était offensant. Son refus clair de bien comprendre la situation que vivent tant de Québécois·es révèle à quel point cette administration est de plus en plus inapte à gouverner pour l'ensemble de la population.
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Qui aura droit à une « augmentation salariale différenciée » selon la nouvelle offre gouvernementale du 6 décembre 2023 ? (Texte 6)
Les deux premières offres du gouvernement à ses salarié.es syndiqué.es (décembre 2022 et octobre 2023) prévoyaient une disposition en faveur d'une centaine de milliers de salarié.es syndiqué.es en début de carrière ou dans des emplois payés à moins de 52 000 $ par année. Ces salariés.es se voyaient offrir des majorations en lien avec la structure salariale. Cette bonification à la structure salariale représentait un peu moins de 0,5 % de la masse salariale globale (188 M$). Dans la nouvelle offre du gouvernement Legault (offre du 6 décembre 2023) ce montant est intégré aux augmentations paramétrées qui s'élèvent maintenant à 12,7%.
Pour le moment, la principale augmentation différenciée est la bonification des quarts défavorables qui toucheront pour sa part un maximum de 30 % des infirmièr.es Rappelons que la rémunération des quarts de fin de semaine à 200 % est offerte en échange de l'abandon du calcul du temps supplémentaire à la journée qui est actuellement garanti dans les conventions collectives. C'est donc la totalité des infirmièr.es qui sont susceptibles de voir leurs conditions diminuer en échange d'une bonification pour certain.es
Pour leur part, les psychologues qui acceptent de travailler 2,5 heures de plus par semaine - semaine de 37,5 heures au lieu de la semaine normale de 35 heures - constitueront une bonification de leur rémunération de 7,5 % et une prime de 7,5 %. Cette bonification remplacera la prime de 9,6 % qui est versée à celles qui font 35 heures. Selon des données auxquelles nous avons eu accès pour les fins du présent texte, c'est moins de 2 000 personnes qui pourront profiter de cette nouvelle prime.
Une augmentation salariale différenciée pour uniquement…
La nouvelle offre gouvernementale du 6 décembre vise uniquement à augmenter les revenus d'une infime minorité de salarié.es, environ 5%.
Conclusion
Il ne faut surtout pas confondre, comme le font allègrement François Legault et Sonia Lebel, « augmentation de la masse salariale » avec « augmentation de salaire ». Il ne faut pas non plus généraliser à l'ensemble ce qui est susceptible de s'appliquer à une infime minorité de salarié.es syndiqué.es
Yvan Perrier
12 septembre 2023
9h30
yvan_perrier@hotmail.com
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Négociation dans les secteurs public et parapublic : 3e offre et nouvelles journées de grève en vue
Nous saurons au cours des prochains jours si nous nous dirigeons vers un règlement négocié ou si le face-à-face actuel débordera le temps des fêtes, moment à partir duquel chacune des parties négociantes sera en mesure de déployer ses moyens ultimes de résistance ou de coercition en vue d'imposer sa volonté à l'autre via le recours à la grève générale illimitée ou par l'adoption d'une loi spéciale décrétant les conditions de travail et de rémunération. D'ici là, jetons sur papier, d'une manière un peu pêle-mêle, ce qui mérite minimalement d'être mentionné ou commenté.
1.0 La FAE
Sans fonds de défense professionnel, les 66 000 membres de la FAE poursuivent - avec une courageuse détermination qui mérite toute notre admiration - leur grève générale illimitée, et ce depuis le 23 novembre dernier. Des avancées auraient été enregistrées à la table de négociation. Pas en assez grand nombre et surtout pas suffisamment « marquantes », selon la partie syndicale, pour permettre la finalisation d'une entente de principe ([1]). Le gouvernement du Québec, lire l'État employeur caquiste, réclame de manière persistante des gains en matière d'organisation du travail afin supposément « d'améliorer les services à la population ». (Le Devoir, 4 décembre page A2). Nous reviendrons sur cette formule qui ne cesse d'être présente dans la bouche des ténors gouvernementaux.
Nous laissons aux spécialistes du droit le soin de commenter la décision de la juge de la Cour supérieure, madame Dominique Poulin, qui ordonne aux grévistes membres de l'Alliance des professeur.e.s de Montréal de cesser de faire du piquetage sur les terrains des établissements du Centre de services scolaires de Montréal (CSSDM). Devant un tel jugement se pose au moins deux questions : jusqu'à quel point le droit de grève jouit-il d'une authentique protection constitutionnelle ? Et surtout, que veut dire « faire cesser les activités d'une entreprise » lors d'un conflit de travail ? Ne pas empêcher l'accès des cadres et de certain.e.s salarié.e.s syndiqué.e.s dont la présence est jugée « essentielle » à l'entretien de l'entreprise est une chose, mais permettre la poursuite de certains travaux de construction dans un édifice où les salarié.e.s syndiqué.e.s sont en grève légale en est une autre, selon nous. Il s'agit là de questions pour lesquelles l'auteur des présentes lignes reconnaît ne disposer d'aucune compétence minimalement requise en sciences juridiques pour y répondre.
2.0 La FIQ
Du côté de la FIQ, d'autres journées de grève sont prévues cette semaine. Il n'y a pas vraiment d'avancées à la table de négociation. Avant de déclencher un nouveau débrayage, dans le respect des services essentiels, la FIQ a décidé de déposer, vendredi le 8 décembre, une contre-offre qui comporte minimalement des demandes salariales de 20% étalées sur une période de quatre ans (d'abord un rattrapage de 6% pour 2022 ; ensuite les augmentations procentuelles suivantes : 4% pour 2023 ; 4% pour 2024 ; 3% pour 2025 et 3% pour 2026). Le rythme aux tables de négociation de la FIQ semble à la fois ouvert à la négociation sans être accompagné de véritables avancées significatives ([2]).
3.0 La nouvelle offre « bonifiée » du gouvernement
Plus d'un mois après son offre du 29 octobre dernier, le gouvernement Legault est revenu à la charge, mercredi le 6 décembre, en proposant à ses salarié.e.s syndiqué.e.s une offre salariale de 12,7% sur cinq ans. On se rappellera que le gouvernement Legault a d'abord proposé à ses 600 000 salarié.e.s syndiqué.e.s, en décembre 2022, une augmentation salariale de 9% sur 5 ans. Cette première offre est passée ensuite, en octobre 2023, à 10,3% sur 5 ans. Cette deuxième offre avait été jugée « insultante » par les porte-parole du Front commun intersyndical CSN-CSQ-FTQ-APTS.
Très brièvement et très succinctement, mentionnons ici que le gouvernement du Québec prétend ajouter un milliard en vue d'arriver à une entente avec les organisations syndicales. Son offre dite globale passerait à « 16,7% ». Au total, le gouvernement parle même d'une offre globale de 9 milliards récurrents. Comment s'y retrouver ici ? Pour connaître le détail de cette nouvelle offre, nous avons écrit aux personnes qui accompagnent madame Sonia Lebel dans le cadre de la présente ronde de négociation. Voici le courriel que nous avons acheminé, le 6 décembre dernier, au Secrétariat du Conseil du trésor :
« Bonsoir ou Bonjour,
Dans le communiqué publié par le cabinet de la ministre responsable de l'Administration gouvernementale et présidente du Conseil du trésor il est écrit ceci :
« Le gouvernement du Québec annonce le dépôt d'une nouvelle offre aux tables centrales qui hausse les paramètres salariaux à 12,7 %, sur cinq ans. L'offre globale, quant à elle, passe à 16,7%.
C'est donc plus d'un milliard supplémentaire de l'argent des contribuables que le gouvernement ajoute sur la table, l'offre globale actuelle représentant ainsi plus de 9 milliards récurrents, à terme. »
J'aimerais connaître les données qui ont été utilisées pour arriver aux deux résultats mentionnés dans le dernier paragraphe cité (1 milliard et 9 milliards).
Au plaisir de vous lire,
Cordialement,
Yvan Perrier
Presse-toi à gauche ! »
Voici la réponse obtenue de la Direction des communications du Conseil du trésor :
« Considérant les négociations en cours et par respect pour les parties impliquées, le gouvernement du Québec ne commentera pas, ni ne détaillera, le cadre financier de l'offre actuelle. »
7 décembre 2023, 13h50.
Nous nous proposons de décortiquer cette nouvelle proposition dans un autre article.
4.0 Négocier ou gagner du temps ?
Étonnamment, immédiatement après la présentation de la 3e offre du gouvernement aux syndicats – qui l'ont sur le champ rejetée – François Legault a annoncé qu'il disposait encore d'une certaine marge en vue de la bonifier. En retour de cette bonification, il demande toujours, avec une obsession fatigante à la longue, « des concessions sur l'organisation du travail ».
La nouvelle offre déposée par le gouvernement Legault et surtout le changement de ton du premier ministre à l'endroit de ses vis-à-vis syndicaux peuvent donner l'impression que le premier ministre caquiste souhaite arriver à un règlement négocié dans les délais préalablement annoncés par lui et par la présidente du Conseil du trésor, madame Sonia Lebel, c'est-à-dire d'ici le temps des fêtes. La présente semaine nous donnera la preuve si tel est vraiment le cas. Le gouvernement du Québec négocie-t-il réellement avec les huit organisations syndicales ou cherche-t-il uniquement à gagner du temps en vue de coincer les porte-parole syndicaux dans une situation qui ne leur donnera comme choix que d'accepter ou de refuser ce qui leur sera ultimement présenté comme « une offre globale et finale » ?
5.0 Le nouveau mouvement de grève dans les secteurs public et parapublic
Quoi qu'il en soit, les membres du Front commun CSN-CSQ-FTQ-APTS sont et seront en grève du 8 au 14 décembre (420 000 membres). Pour ce qui est des membres de la FIQ (80 000 membres), elles le seront du 11 au 14 décembre. Ce sera ensuite au tour du personnel professionnel des cégeps qui adhèrent au SPGQ d'exercer leur droit de grève (760 membres). Les membres de la FAE seront toujours, à moins d'une entente avec le gouvernement, en grève générale illimitée (66 000 membres). Ce qui donne au total plus d'un demi-million de salarié.e.s en grève. Il s'agit là d'un très beau record pour François Legault, l'homme qui n'a jamais réellement démontré une véritable attitude d'ouverture à l'endroit des syndicats des secteurs public et parapublic.
6.0 Nouvelle offre du gouvernement, protection du pouvoir d'achat, rattrapage et durée du contrat de travail
La nouvelle récente offre gouvernementale est très loin des demandes syndicales. Le Front commun demande une hausse salariale d'environ 23% sur trois ans pour couvrir l'inflation et permettre aussi un rattrapage avec d'autres secteurs comparables. Le gouvernement propose une offre de 12,7% qui est très en deçà des prévisions de l'inflation qui, pour la même période, s'élèverait à 18,1%. Est-il nécessaire de rappeler que cette troisième offre du gouvernement à ses salarié.e.s syndiqué.e.s est largement inférieure à ce qui a été accordé aux député.e.s de l'Assemblée nationale (30% plus les paramètres des secteurs public et parapublic) et au 21 % sur 5 ans proposé (et rejeté) par le gouvernement du Québec aux policières et aux policiers de la Sûreté du Québec. Que dire maintenant du 49,7% accordé aux juges de paix et magistrats ? Nous sommes réellement en présence ici d'une logique qui se résume dans la formule de deux poids deux mesures. Pourquoi ? Assurément parce que les 600 000 salarié.e.s syndiqué.e.s sont à 75% des femmes.
Depuis le début de la présente ronde de négociation avec le gouvernement, les dirigeant.e.s du Front commun ne cessent de rappeler que sans une clause garantissant la protection du pouvoir d'achat et des dispositions permettant un rattrapage salarial « il ne sera pas possible d'en arriver à une entente ». À quoi ressemblera la nouvelle offre que François Legault annonce comme imminente à venir ? Nous le saurons sous peu. D'ici là les dirigeant.e.s du Front commun se montrent ouvert.e.s à un contrat de travail d'une durée plus longue que 3 ans. Pour celles et ceux qui suivent la présente ronde de négociation depuis le début, il ne s'agit pas là d'une étonnante surprise.
7.0 Eux / nous
En politique, il n'y a pas toujours de la place pour les nuances. Le monde se divise rapidement en deux. Il y a « Eux » et « Nous ». De plus, il doit y avoir un coupable des difficultés du moment. Cela arrive souvent que le gouvernement en place accuse ses prédécesseurs pour les difficultés auxquelles il est confronté. Quand il est impossible de blâmer le précédent gouvernement il lui faut impérativement trouver un nouveau bouc émissaire, bref identifier un groupe ciblé sur qui faire porter la faute et l'odieux des difficultés passagères. Dans la bouche de François Legault, les syndicats servent justement de bouc émissaire. Mais cela fait maintenant plus de cinq ans que François Legault est au pouvoir et qu'il démontre que les solutions prônées par son parti n'ont pas pour effet de redresser quoi que ce soit. Déterminer un bouc émissaire ne suffit pas. Le gouvernement de François Legault commence à être perçu par la population comme n'ayant pas les solutions adéquates aux problèmes et aux difficultés actuelles et aussi de l'avenir.
8.0 Les déclarations de François Legault
La politique occupe un espace important dans les médias. Les médias parviennent à être achetés, lus ou écoutés dans la mesure où ils peuvent tirer de gros titres ou de grosses manchettes avec l'actualité politique. Il ne fait aucun doute que la politique est un jeu parfois sérieux ou (et) parfois distrayant pour les mass media et les réseaux sociaux. François Legault y est allé, au cours de la semaine dernière, d'un certain nombre de sorties dont certaines personnes se sont demandé s'il s'agissait de déclarations improvisées ou planifiées ? N'étant pas dans l'entourage immédiat du premier ministre et n'ayant aucune ressource pour accéder à la pensée intérieure de celui qui occupe provisoirement le poste de premier ministre nous ne nous demanderons pas quand il dit vrai ou quand il dit faux. Observons qu'il est passé d'un ton frondeur et provocateur à un ton plus conciliateur. Il s'est même dit ouvert à bonifier la 3e offre salariale de son gouvernement rejetée unanimement sur le champ en raison du fait qu'elle ne permet pas une pleine protection du pouvoir d'achat ni non plus un rattrapage salarial certain et qu'elle implique un appauvrissement des salarié.e.s syndiqué.e.s. Ces récentes déclarations du premier ministre sont-elles sincères ou s'inscrivent-elles dans une dynamique qui relève de l'hypocrisie et du mensonge ? Nous le saurons sous peu. En attendant, c'est sa popularité auprès de l'opinion publique qui est en chute libre.
9.0 L'appui de la population
Selon les sondages effectués auprès de l'opinion publique, les revendications des salarié.e.s syndiqué.e.s présentement en négociation avec le gouvernement Legault semble largement appuyées par la population. Les promesses électorales de la CAQ lors des deux dernières élections générales n'ont pas été porteuses d'une amélioration palpable et significative de la qualité et de la quantité des services en santé et en éducation. Voilà un peu pourquoi cet appui dans les sondages en faveur des revendications syndicales des enseignant.e.s et du personnel de la santé, persistent toujours. Les exagérations de François Legault en vertu desquelles les réseaux de la santé et de l'éducation seraient sous la coupe d'une dictature syndicale abusive ne parviennent plus à convaincre qui que ce soit, sauf peut-être certain.e.s de ses inconditionnel.le.s électeurs ou électrices. Pendant que l'appui à la cause syndicale gagne des supporteurs et des supportrices, c'est la cote de popularité de François Legault qui en prend pour son rhume. Le premier ministre caquiste ne caracole plus au sommet dans les sondages. La chute de son parti est également spectaculaire. Modeste, François Legault encaisse le coup et prend toute la responsabilité de cette dégringolade et du désenchantement de la population envers son gouvernement. Pense-t-il à sa retraite de la vie politique ?
10. Inflation et projection de la Banque du Canada
Depuis quelques rondes de négociation le gouvernement du Québec appuie et justifie ses offres à ses salarié.e.s syndiqué.e.s à l'aide des projections à long terme de l'Indice des prix à la consommation selon la Banque du Canada. Pire, si ces projections sont en dessous de l'inflation réelle, le gouvernement du Québec ne prévoit aucun mécanisme d'ajustement salarial et c'est ainsi que nous assistons, depuis des décennies, à une dévalorisation de la prestation du travail effectué par les salarié.e.s syndiqué.e.s des secteurs public et parapublic. Prédire l'avenir avec exactitude est une tâche au départ risquée, surtout lorsqu'il est question d'un phénomène économique complexe comme la détermination de la valeur des biens en circulation sur le marché de la consommation. Sans clause de protection de la rémunération en lien avec l'indice des prix à la consommation il ne peut y avoir qu'un perdant : la ou le salarié.e. et un gagnant : en l'occurrence ici le gouvernement. Fixé les hausses salariales paramétriques uniquement en fonction des prévisions de l'inflation, sans aucune garantie face à un taux d'inflation supérieur à l'augmentation négociée ou accordée constitue un marché de dupes pour les salarié.e.s syndiqué.e.s et il commence à y avoir de plus en plus de personnes dans les rangs des syndiqué.e.s qui le comprennent.
11. La sacro-sainte flexibilité dogmatique qui découle du néolibéralisme
Que ce soit en santé ou en éducation le gouvernement Legault est en croisade en vue d'obtenir plus de « flexibilité » et de « souplesse » de la part de ses salarié.e.s syndiqué.e.s. En clair, il souhaite réduire les droits des salarié.e.s en cherchant à amenuiser les droits syndicaux face aux administrateurs locaux pour qui le gouvernement veut accroître leur droit de gérance. Le gouvernement désire une main-d'œuvre salariée plus malléable dans les secteurs public et parapublic. Bref, le gouvernement caquiste dirigé par François Legault entend donner aux gestionnaires des services publics et parapublics les mêmes pouvoirs de gestion que ce qui existe dans les entreprises privées. Et François Legault ne cache même pas qu'il s'agit là de l'objectif qu'il entend atteindre dans le cadre de la présente négociation.
12. Conclusion
Les paroles sont parfois vérités ou parfois mensonges. Elles servent souvent chez certaines personnes à camoufler les intentions véritables et les buts poursuivis. La fin de l'année approche. Le gouvernement Legault a toujours avancé qu'il souhaitait des ententes avant la fin de la présente année. Il ne reste que quelques jours pour conclure sur de nombreux enjeux qui n'ont toujours pas fait l'objet de négociation au cours des douze derniers mois. La preuve : certaines organisations syndicales ont demandé à ce moment-ci la présence de conciliateurs en vue de faire progresser les choses. Si la volonté du gouvernement d'aboutir à un règlement négocié avec les organisations syndicales est réelle, la présente semaine devrait être celle des dénouements aux tables sectorielles et centrale. Sinon, elle sera celle où les masques tomberont et où le gouvernement arrivera avec la version finale de ce qu'il entend offrir (depuis le début du présent processus) à et obtenir de ses salarié.e.s syndiqué.e.s. Ce sera son offre finale et globale. Mais arrêtons ici nos extrapolations et vivons les événements au fur et à mesure qu'ils se produiront. Terminons en mentionnant que nous aurons à examiner éventuellement la portée et les conséquences sur le plan de l'organisation du travail des projets de lois 15 et 23 en santé et en éducation. Il s'agit peut-être là d'un véritable cheval de Troie pour mieux contourner les obligations qui découlent d'une convention collective…
Yvan Perrier
10 décembre 2023
18h
yvan_perrier@hotmail.com
[1] Les revendications syndicales de la FAE portent sur sept sujets : une meilleure reconnaissance sur le plan de la rémunération ; une meilleure conciliation famille-travail-vie personnelle ; une meilleure composition de la classe ; un allègement de la charge de travail ; de nouvelles dispositions concernant les griefs et l'arbitrage ; une amélioration du traitement des enseignantes à statut précaire ; et finalement, un milieu de travail sain.
[2] La FIQ revendique aussi une loi sur les ratios sécuritaires en soins de santé et diverses mesures pour améliorer la conciliation travail-vie personnelle.
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À Gaza, un génocide est en cours et le Canada en est complice
Le 10 décembre 1948, l'Assemblée générale des Nations Unies proclamait la Déclaration universelle des droits de l'Homme en tant qu'« idéal commun à atteindre par tous les peuples et toutes les nations ». La même année, des milices juives avaient chassé environ 750 000 Palestinien.ne.s de leurs foyers, soit plus de 80 % de ceux qui vivaient alors dans les territoires qui allaient devenir l'État d'Israël.
Depuis, ni ces réfugié.e.s ni leur descendance n'ont pu exercer leur droit au retour, tel que stipulé par la résolution 194 de l'Assemblée générale des Nations Unies (11 décembre 1948). C'est ce que les Palestinien.ne.s appellent la Nakba (la catastrophe). Soixante-quinze ans plus tard, « l'idéal commun à atteindre » est toujours aussi illusoire pour le peuple palestinien alors qu'une seconde Nakba s'abat maintenant sur eux.
Une deuxième Nakba
Cette fois-ci, ce sont plus de 1,8 millions de personnes, soit près de 80 % de la population de Gaza, qui ont dû fuir leurs foyers en raison des bombardements et des ordres d'évacuation de l'armée israélienne et qui survivent dans desconditions indescriptibles de surpeuplementet d'insalubrité, manquant de tout par suite du blocus total imposé par Israël.
Après une semaine de trêve ayant permis l'échange de prisonniers, l'armée israélienne intensifie maintenant ses bombardements sur le centre et le sud de la bande de Gaza. Mardi, le 5 décembre, alors que le premier ministre israélien, Benjamin Nétanyahou, s'en félicitait (« Aujourd'hui, nous avons agi avec une puissance immense »), le Dr. Richard Peeperkorn, responsable de l'Organisation mondiale de la santé dans les Territoires occupés, disait que « Beaucoup de gens sont désespérés et presque en état de choc permanent ». « Nous sommes proches de l'heure la plus sombre de l'humanité ». Depuis plusieurs jours, Israël enjoint maintenant les Gazaouis de se déplacer à nouveau, cette fois-ci vers Rafah, tout au sud de la bande de Gaza, à la frontière égyptienne. Avant leur expulsion finale vers l'Égypte ?
Depuis des décennies, l'extrême-droite israélienne aspire à l'expulsion de toute la population palestinienne non seulement des Territoires occupés (bande de Gaza et Cisjordanie), mais aussi d'Israël comme tel. Ce courant idéologique est maintenant au pouvoir en Israël et les attaques du Hamas, le 7 octobre dernier, lui ont fourni le prétexte idéal pour « finir le travail » de 1948. De nombreux dirigeants politiques et militaires israéliens ont multiplié les déclarations assimilant la population palestinienne à des « animaux humains » ou des « nazis » et annonçant une destruction massive (« il n'y aura que de la destruction. Vous vouliez l'enfer, vous l'aurez »). Le 30 octobre 2023, le magazine israélien +972 a rendu public un documentdu Ministère du renseignement qui recommandait d'utiliser la guerre pour expulser toute la population de Gaza vers le Sinaï égyptien de façon permanente.
De nombreux experts parlent de génocide
Dès le 13 octobre 2023, les organisations palestiniennes de défense des droits de l'homme ont lancé un appel aux États tiersà intervenir d'urgence pour protéger le peuple palestinien contre un génocide. Le même jour, Raz Segal, historien israélien et professeur associé en études de l'Holocauste et des génocides a publiéun article dans le revue Jewish Currents intitulé « Le parfait exemple d'un génocide. Puis les mises en garde dans le même sens se sont accumulées. Près de 800 experts et praticiens en droit international, en études des conflits et en études des génocides ont signé un appel intitulé « Des universitaires mettent en garde contre un éventuel génocide à Gaza » (15 octobre). Craig Mokhiber, directeur du bureau new-yorkais du Haut-Commissariat des droits de l'homme à l'ONU, a démissionné de son poste enécrivant « Une fois de plus, nous assistons à un génocide qui se déroule sous nos yeux et nous sommes impuissants à l‘arrêter » (28 octobre). Une quarantaine d'experts universitaires ont publié une « Déclaration d'experts internationaux sur les crimes d'État israéliens » qualifiant la violence infligée actuellement à Gaza de « phase d'anéantissement du génocide » (10 novembre). Plus d'une vingtaine de rapporteurs spéciaux des Nations Unies ont affirmé : « Les graves violations commises par Israël à l'encontre des Palestiniens au lendemain du 7 octobre, en particulier à Gaza, indiquent qu'un génocide est en cours » (16 novembre).
Pendant que le Canada regarde ailleurs
Si prompt à dénoncer toute violation du droit international par la Russie dans sa guerre en Ukraine, le Canada refuse de condamner Israël pour la mort de plus de16 000 civils(40 % sont des enfants), dont 56 journalistes et employé.e.s palestiniens des médias, 250 travailleurs et travailleuses de la santé, 130 employées des Nations Unies, etc.Aucune condamnation non plus, pour les nombreux bombardements d'écoles, d'hôpitaux, de mosquées, d'églises, de quartiers résidentiels entiers, d'abris de l'ONU, ni pour le blocus israélien touchant la nourriture, l'eau potable, les médicaments vitaux, le carburant et les communications.
Alors que de nombreux experts ont lancé l'alerte concernant ce qui se déroule présentement à Gaza, le Canada, en tant qu'État partie à la Convention pour la prévention et la répression du crime de génocide, a la responsabilité de prévenir le génocide et de sanctionner les personnes qui en sont coupables.
Aux antipodes de ce devoir, le Canada pousse plutôt son « amitié » avec Israël jusqu'à la complicité dans le crime ultime. D'abord en invoquant, dans les circonstances, le « droit d'Israël de se défendre » et en continuant à lui vendre des armes ! Ensuite, en favorisant la poursuite du crime par son opposition à tout cessez-le-feu. Tout au plus demande-t-il une « pause humanitaire significative ». Après quoi le génocide se poursuivra ?
Les multiples crimes contre l'humanité et l'entreprise génocidaire actuelle de l'État d'Israël doivent cesser. La honteuse complicité de l'État canadien aussi !
Pour le Collectif Échec à la guerre
Jean Baillargeon
Judith Berlyn
Martine Eloy
Mouloud Idir-Djerroud
Raymond Legault
Suzanne Loiselle
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OPA fossile sur les COP
La présidence de la COP28 par le patron de la compagnie émiratie des pétroles (ADNOC, Abu Dhabi National Oil Company) n'est pas un accident de parcours, imputable uniquement à la rotation des pays accueillant les conférences sur le climat. Elle traduit un repositionnement tactique des principaux producteurs de combustibles fossiles, le pétrole et le gaz en particulier.
Tiré de Gauche anticapitaliste
6 décembre 2023
Par Daniel Tanuro
Qu'ils soient privés ou publics, ces grands groupes fossiles campent depuis des décennies sur une position défensive, imprégnée plus ou moins explicitement de déni climatique. Au fil des années, ils ont contesté successivement le réchauffement lui-même, son origine « anthropique », le rôle du CO2, puis la part des émissions de CO2 imputable au charbon, au pétrole et au gaz.
Un long tabou
Du fait de leur énorme emprise politique, les capitalistes du secteur de l'énergie ont marqué des points significatifs : la responsabilité majeure des combustibles fossiles n'est pas mentionnée dans la Convention cadre des Nations unies sur le Changement climatique (CCNUCC, Rio 1992) ; elle ne l'est pas davantage dans l'Accord de Paris adopté à la COP21 (2015). Ces documents plaident pour réduire les émissions de gaz à effet de serre, pas pour extraire et brûler moins de fossiles.
Il a fallu attendre la COP26 (Glasgow, 2021) pour que l'expression « combustibles fossiles » fasse son apparition dans les textes. Lors de cette COP, une tentative de décider la sortie du charbon a été écartée in extremis, et la résolution adoptée s'est prononcée seulement pour la réduction des fossiles (« phasing down »), pas pour leur abandon (« phasing out »). Entre-temps, l'inventaire par les Nations unies des politiques suivies en application de Paris a livré son verdict : le monde va droit dans le mur, vers une hausse de température de 2,9°C. Le « phasing out » s'imposera-t-il enfin ? Pour tous les fossiles ou pour le seul charbon ? En tout cas, les exploiteurs de la ressource sont soumis à une pression croissante.
La pression monte
Les scientifiques ont démasqué les mensonges des « marchands de doute » et désamorcé les coups montés pour tenter de discréditer leurs conclusions. (1) La pression de la société n'a cessé de croître au fil de catastrophes de plus en plus fréquentes et violentes. Elle a cru aussi au sein de la classe dominante, en particulier auprès des assureurs. Tout cela s'est traduit sur le plan des principaux gouvernements en une volonté d'entamer quelque chose comme une « transition énergétique ». Dans ce contexte, la tactique fossile de l'obstruction à reculons devient difficilement tenable.
Les groupes énergétiques aiment se présenter comme les bienfaiteurs qui offrent à l'humanité la chaleur, la lumière, la mobilité et le développement. S'obstiner à ignorer les enjeux climatiques pourrait dégrader très fortement leur image de marque. Des populations convaincues du fait que ces capitalistes, en pleine connaissance de cause, ont sacrifié délibérément leurs conditions d'existence sur l'autel du profit pourraient exiger réparation des dégâts, crier vengeance, voire revendiquer la socialisation du secteur énergétique avec expropriation des capitalistes.
Profits obscènes
Le risque politique est d'autant plus sérieux que les rendements des fossiles ont explosé, à la faveur principalement de l'agression russe contre l'Ukraine : selon l'Agence Internationale de l'Énergie, les multinationales (dont Shell, ExxonMobil, Chevron, BP, TotalEnergies) ont engrangé 4.000 milliards de dollars de profit en 2022 – plus du double du bénéfice moyen des dernières années. Les compagnies nationales ne sont pas en reste, en particulier Saudi Aramco (161 milliards de dollars, en hausse de 46% par rapport à 2021), sa petite sœur émiratie ADNOC (24,7 milliards de dollars, en hausse de 27%), la norvégienne Equinor (151 milliards de dollars, + 67%) et leurs semblables dans d'autres pays (Qatar, Koweït, etc).
Ces bénéfices astronomiques deviennent carrément obscènes quand on sait que le nombre de personnes dans le monde vivant sans accès à l'électricité a augmenté en 2022 pour la première fois depuis vingt ans. Et ce n'est pas près de changer : à politique constante, selon l'AIE, 660 millions d'êtres humains seront toujours sans courant en 2030, dont 550 millions en Afrique subsaharienne. Tout cela alors que l'engagement pris en 2009 par les pays riches de verser dès 2020 cent milliards de dollars par an au Fonds vert climatique n'est toujours pas respecté. L'injustice climatique est le scandale majeur de notre temps. Elle pourrait nourrir des soulèvements, voire des révolutions.
L'injustice climatique est le scandale majeur de notre temps. Elle pourrait nourrir des soulèvements, voire des révolutions.
Pour les compagnies, mieux vaut anticiper, s'adapter à la pression montante et l'utiliser pour orienter les objectifs, les moyens et les rythmes de la politique climatique en fonction de leurs intérêts. L'objectif stratégique ne change pas – débourser le moins possible et empêcher tout calendrier contraignant de sortie des fossiles, à court, moyen, voire long terme si possible. Mais la tactique s'adapte : il s'agit dorénavant de se positionner au centre du jeu en présentant le secteur comme la partie principale de la solution plutôt que comme la source principale du problème. Lancer une OPA sur les COP, telle est la mission que le président de l'ADNOC prétend incarner.
Ambitions géostratégiques
On verra plus loin les lapins qu'al-Jaber sort de son chapeau à la COP pour tenter de préserver l'empire des fossiles. Auparavant, il convient de se pencher sur le fait que la tentative d'OPA ne vient pas des grandes sociétés étasuniennes et de leurs représentants politiques (au contraire, ceux-ci se recrutent principalement dans les rangs climato-négationnistes ouverts) : elle vient des Emirats Arabes Unis et, derrière elle, de l'Arabie saoudite, à travers leurs compagnies nationales des pétroles et du gaz.
Ceci est sans doute à mettre en relation avec les nouvelles ambitions géostratégiques de ces deux États, qui profitent des rivalités croissantes entre les grands puissances impérialistes pour avancer leurs propres intérêts. L'actualité récente le montre : Saoudiens et Émiratis entendent s'autonomiser de la tutelle de Washington. Dans le dossier climatique, cela s'exprime dans le soin que ces deux pays – le royaume des Saoud en particulier – mettent à se positionner comme des porte-paroles du droit au développement du « Sud global »… dont ils font officiellement partie.
Imaginez Joe Biden prétendant que c'est pour aider au « développement soutenable » du Sud que les USA forent plus de nouveaux puits de pétrole aujourd'hui que sous Trump, personne en Amérique latine ne le croirait. Le même scepticisme règnerait en Afrique si Emmanuel Macron affirmait que les projets de TotalEnergies au Gabon et en Ouganda visent le bien-être des peuples dans le respect de l'environnement… D'une manière générale, l'impérialisme occidental est profondément discrédité dans les pays dominés. Poutine et Xi Jiping l'ont bien compris.
Les sheiks du pétrole aussi. Bien qu'ils nagent dans une fortune insolente, oppriment leurs peuples et pressurent sans pitié les travailleur·euses immigré·e·s (2) leur situation particulière fait d'eux, aux yeux des gouvernements du Sud, des acteurs plus crédibles d'une politique climatique « réaliste », « sérieuse » et « pragmatique », comme dit al-Jaber. En clair : une politique qui dénoue les cordons de la bourse et remet aux Calendes grecques la fin de l'extraction et de la combustion des combustibles fossiles, au nom du « droit au développement » des pays les plus pauvres de la planète.
Démagogie « anti-impérialiste »
Ce n'est pas par hasard que al-Jaber a fait des pieds et des mains pour ouvrir la COP avec une « bonne nouvelle » pour le Sud : contrairement à toute attente, les négociations sur le lancement effectif du fonds pour les « pertes et préjudices » décidé en principe à la COP26, en Égypte, ont abouti. Applaudissements debout des délégué·e·s au sommet. En réalité, cet enthousiasme est déplacé : la Banque Mondiale supervisera le fonds (comme exigé par les États-Unis), les contributions seront volontaires, sous forme de prêts pour la plupart. Quelques centaines de millions de dollars ont été rassemblés immédiatement. Or c'est de milliards, pas de millions, que les peuples du Sud ont besoin, comme l'a dit Rachel Cleetus, de l'Union of Concerned Scientists (UCS) (3)
La manœuvre des pétromonarchies est claire comme de l'eau de roche : utiliser les demandes légitimes des peuples du Sud pour protéger leur empire. Dans ce but, al-Jaber n'hésite pas à déployer une démagogie faussement « anti-impérialiste ». C'est ce qui est apparu dans son échange tendu avec l'ex-présidente de la République d'Irlande, ex-envoyée spéciale de l'ONU sur le climat. Le Président de la COP28 a accusé Mary Robinson de croire aux « mensonges » des médias occidentaux (« vos médias ») qui lancent de « fausses accusations » contre les plans d'investissement de l'ADNOC. Il a accusé son interlocutrice de vouloir « un retour aux cavernes » et l'a mise au défi de proposer un « plan de sortie des fossiles » qui soit compatible avec le développement. À la fin, excédé, al-Jaber a mis bas le masque : « aucune science ne fait de la sortie des fossiles une condition nécessaire pour rester sous 1,5°C de réchauffement », a-t-il déclaré. (4)
Frénésie d'investissements fossiles
En réalité, les plans d'investissements fossiles de l'ADNOC sont bien réels : selon l'Energy Information Administration US, les Émirats prévoient d'augmenter de 25% leur production de pétrole d'ici 2027.(5) Le Président de la COP28 y contribue avec ardeur : selon Climate Reporting, son agenda compterait pas moins de quinze contrats de vente de fossiles (à la Chine, l'Allemagne, le Brésil et l'Égypte, notamment).(6) Ce n'est que le sommet de l'iceberg – toutes les compagnies fossiles font de même. D'ici 2025, les projets d'expansion des dix plus gros pollueurs du secteur fossile ajouteront 20 Gt de CO2, plus de cinq fois les émissions annuelles des pays de l'Union européenne (7).
D'ici 2025, les projets d'expansion des dix plus gros pollueurs du secteur fossile ajouteront 20 Gt de CO2, plus de cinq fois les émissions annuelles des pays de l'Union européenne.
Cette frénésie d'investissements va complètement à l'encontre du consensus scientifique. Même l'Agence Internationale de l'Énergie le dit : le temps presse, la sortie des fossiles doit commencer maintenant. Selon le dernier rapport du Groupe de travail III du GIEC « la réduction des émissions de GES dans l'ensemble du secteur énergétique nécessite (…) une réduction substantielle de la consommation globale de combustibles fossiles ». Le rapport en précise l'ampleur : d'ici 2050, les usages du charbon, du pétrole et du gaz doivent baisser respectivement de 95%, 60% et 45% (comparé à 2019) pour avoir une chance sur deux de rester sous 1,5°C. (8)
Absurdités
Pour éviter le couperet, le CEO de l'ADNOC exploite à fond l'idée que c'est la baisse des émissions qui importe, pas celle de l'utilisation des fossiles – on peut polluer, il suffit de balayer le CO2 sous le tapis. Par exemple, en injectant le CO2 capturé dans les gisements de pétrole… pour augmenter l'extraction. Venu à Dubaï pour appuyer son collègue émirati, le big boss d'ExxonMobil, Darren Woods, l'a dit clairement : on discute trop de « la solution électron ». « La capture du carbone jouera un rôle. L'hydrogène jouera un rôle. Les biocarburants joueront un rôle. Nous sommes bons là-dedans. Nous savons comment faire ». (9)
C'est évidemment absurde. Prenons l'exemple de la capture-séquestration. À part dans le secteur cimentier, elle est particulièrement absurde. Même si toutes les intentions en la matière se concrétisaient et si tous les projets devenaient opérationnels, on ne capturerait en 2030 que 0,25 Gt de CO2, moins de 1% des émissions globales actuelles. (10). Le problème est que cette absurdité n'est pas tout à fait absente des travaux du GIEC.
Responsabilité du GIEC
Dans le 5e rapport, qui a servi de base à l'Accord de Paris, 95% des projections climatiques incluaient le déploiement massif de la bio-énergie avec capture et séquestration du carbone (BECCS). (11) Cette technologie d'apprenti sorcier consommerait tellement de superficie terrestre que l'humanité devrait choisir : manger ou porter le coup final à la biodiversité. Le 6e rapport est moins enthousiaste sur la BECCS, mais reste axé sur la capture-séquestration et autres technologies du même genre. Dans le rapport de synthèse – un document politiquement plus percutant que les milliers de pages noircies par les Groupes de travail I, II et III – on lit ceci :
« Le zéro émissions nettes (en 2050) implique de passer des combustibles fossiles sans captage et stockage du carbone (CSC) à des sources d'énergie sans carbone ou très peu carbonées, telles que les énergies renouvelables ou les combustibles fossiles avec CSC (…) et de retirer du dioxyde de carbone de l'atmosphère (CDR) » (12).
Dans ce texte, 1°) les objectifs chiffrés de réduction des fossiles cités par le GTIII ont disparu ; 2°) la réduction absolue de l'usage de ces combustibles est remplacée par une formule qui amalgame les renouvelables, les fossiles avec capture-séquestration du carbone (CSC) et les technologies pour retirer du carbone de l'atmosphère (CDR) ! Le texte va jusqu'à affirmer que les fossiles avec capture-séquestration (CSC) constituent une « source d'énergie sans carbone ou très peu carbonée », ce qui est une contre-vérité scientifique.
« Unabated emissions »
Une bonne partie des propositions du Président de la COP28 s'articulent sur cette contre-vérité. Al-Jaber a baissé la garde face à Mary Robinson (« aucune science ne fait de la sortie des fossiles, etc »…). Mais c'était un dérapage. D'habitude, il prend bien soin de répéter qu'il faut baisser la consommation des combustibles fossiles « sans abattement » (« unabated »). (13). Jim Skea, le nouveau président du GIEC, lui a même donné quitus : « Je peux dire que le Dr. Sultan a été attentif à la science »… (14)
De fait, « unabated fossil fuels » est la formule employée par le GIEC pour désigner des fossiles exploités sans technologies permettant de retirer du carbone de l'atmosphère. Une note de bas de page du rapport du GTIII en donne la définition suivante :
« Les combustibles fossiles sans abattement désignent les combustibles fossiles produits et utilisés sans des interventions (?) permettant de réduire substantiellement (?) la quantité de gaz à effet de serre émise sur le cycle de vie ; par exemple (sic) en capturant 90% ou plus (du CO2) des centrales électriques, ou 50 à 80% des émissions de méthane de la fourniture d'énergie ». (15)
C'est très imprécis – les « interventions » ne sont pas spécifiées. De plus, « l'exemple » de « 90% de capture ou plus » est incohérent : si l'abattement n'est pas de 100%, on n'est pas au « zéro net ». Même Fatih Birol, le très capitaliste patron de l'AIE, souligne qu'il faut « en priorité faire tout ce qui est possible pour cesser de mettre du carbone dans l'atmosphère ». (16) Sultan al-Jaber fait exactement le contraire.
Poudre aux yeux
Ensemble, l'Arabie saoudite et les Émirats ont profité de la COP28 pour rendre public le « pacte » conclu par 50 compagnies fossiles qui s'engagent a éliminer leurs émissions (« unabated », bien entendu) d'ici 2050. Il s'agit d'une pure opération de poudre aux yeux, montée avec l'aide de McKinsey. Non seulement un engagement à 2050 est une insulte à l'urgence, mais en plus le « pacte » ne porte que sur les émissions « opérationnelles » (directement liées à l'activité d'extraction). Celles-ci représentent à peine 15% des émissions dues à la combustion des combustibles fossiles ! La ficelle est si grosse que même la presse financière se montre critique. (17)
Pour détourner l'attention du « phasing out » des fossiles, al-Jaber profite de sa casquette de Président de la COP pour pousser des gouvernements à conclure des engagements partiels sur de nombreux sujets. Il s'agit de déclarations d'intention, non contraignantes… mais, soigneusement relayées vers les médias, elles donnent l'impression que le sommet accumule les succès.
Tout fait farine au moulin : engagements à produire sous les Tropiques de l'hydrogène vert, bleu ou gris à exporter massivement vers les pays développés (18) ; engagement de 22 pays pour tripler les capacités de l'énergie nucléaire d'ici 2050 ; engagement de 15 autres à sortir du charbon ; engagement de 134 autres encore pour inclure l'agriculture et l'alimentation dans leurs plans climat (une promesse tellement vague qu'elle n'évoque même pas la question de la viande !) ; sans oublier, bien sûr, ce qui coûte le moins cher aux capitalistes : protéger les forêts existantes et planter des arbres pour absorber le CO2.
Néocolonialisme climatique
À cet égard, les Sheiks font très fort puisque la société émiratie Blue Carbon LLC a acquis pour trente ans 10% des superficies totales du Libéria, de la Tanzanie, de la Zambie, et 20% de celle du Zimbabwe, soit 25 millions d'hectares. Blue Carbon a été créée il y a un an à peine en misant sur la concrétisation à la COP28 de l'article 6 de l'Accord de Paris, qui lui permettra de vendre des crédits de carbone en empochant 70% des gains – avec apparemment une clause préférentielle d'achat par les Émirats. Les gouvernements des pays africains n'ont pas consulté les populations. (19) C'est du néocolonialisme sur le dos des peuples, pour une efficacité climatique proche de zéro : selon une enquête récente, 94% des crédits carbone générés dans les forêts équatoriales ne correspondent à rien. (20) Les idéologues néolibéraux introduiront-ils le concept de « crédits carbone notionnels » ? Plus rien ne doit nous étonner dans ce monde de fous où le capital, comme disait Marx, présente tout la tête en bas…
Des contrats, des contrats…
Si Sultan al-Jaber ne suit pas Fatih Birol sur la capture-séquestration, il s'accorde avec lui sur les énergies renouvelables. L'AIE plaide pour tripler les capacités installées d'ici 2030. Le Président de la COP28 l'approuve bruyamment. Mais il y a intérêt, puisqu'il dirige non seulement l'ADNOC mais encore la compagnie émiratie MASDAR, spécialisée dans les énergies vertes. Quelques jours avant l'ouverture du sommet, MASDAR a inauguré aux EAU la plus grande centrale photovoltaïque du monde. (21) Bingo : à la COP, on signe des contrats à tour de bras. (22).
Pour la famille régnante émiratie, la COP28 est une gigantesque opération diplomatico-géostratégico-commerciale. Diplomate du climat, Alex Scott déclare : « Cette COP est encore plus une foire commerciale que celles de Glasgow et de Sharm-el-Sheik. Je ne pense pas que tous ces financiers sont ici pour assister à des heures de négociations climatiques ». (23). En fait, le sommet est complètement gangrené par l'industrie fossile, la finance et leurs lobbyistes, présents par milliers jusque dans les délégations des États. (24)
Passera ? Passera pas ?
L'OPA fossile réussira-t-elle ? Le secrétaire général des Nations Unies a jeté un pavé dans la mare. Vingt-quatre heures après la sortie des propositions d'al-Jaber, Antonio Guterres déclarait à la tribune de la COP que ces propositions « ne sont clairement pas à la hauteur de ce qui est nécessaire » car « elles ne disent rien de l'élimination des émissions résultant de la consommation des combustibles fossiles » (25). Mais les COP prennent leurs décisions au consensus entre gouvernements capitalistes, tous adeptes des politiques néolibérales, tous dévoués corps et âme à la compétitivité d'une économie qui, trente ans après le sommet de Rio, dépend toujours à 80% des énergies fossiles. Une seule chose est certaine : seule la lutte des peuples pour une alternative anticapitaliste peut arrêter la catastrophe.
Daniel Tanuro
6/12/2023
Photo : La présidence de la COP28 à Dubaï (UNclimatechange, UNFCCC_COP28, 5 Dec 23)
Notes
1. Notamment la tentative de discréditer le sérieux de leurs recherches, juste avant Copenhague.
2. On se souvient des milliers de morts sur les chantiers du Mondial de football, au Qatar. Aux Émirats, des travailleurs immigrés ont travaillé par plus de 42°C sur le site de la COP28, au mépris même de la législation locale
3. https://www.rtbf.be/article/cop28-un-premier-accord-pour-creer-un-fonds-pertes-et-dommages-pour-aider-les-pays-vulnerables
4 . Voir la vidéo sur le site du Guardian https://www.theguardian.com/environment/2023/dec/03/back-into-caves-cop28-president-dismisses-phase-out-of-fossil-fuels
5. Le Monde, 30/11/2023
6. https://climate-reporting.org/cop28-president-oil-climate/
7. cité par Corporate Europe Observatory in « COP28 push for Hydrogen »
8. IPCC, AR6, WGIII, SPM, C.3.2
9. Financial Times, 2/12/2023
10. Production Gap Report, https://productiongap.org, cité sur https://www.desmogblog.com
11. Selon le climatologue Kevin Anderson. Cf. son blog http://kevinanderson.info/blog
12. IPCC, AR6, Synthesis report, Summary for Policymakers, B.6.3
13. Il lui arrive même de dire qu'il faut « sortir des fossiles », mais toujours « unabated »
14. BBC, 4/2/2023
15. IPCC, AR6, WGIII, SPM, Footnote 55 – ma traduction
16. https://www.iea.org/news/the-path-to-limiting-global-warming-to-1-5-c-has-narrowed-but-clean-energy-growth-is-keeping-it-open
17. Financial Times, 2/12/2023
18. Voir l'excellente analyse de ces projets trompeurs par Corporate Europe Observatory, op. cit.
19. Le Monde, 29/11/2023
20. The Guardian, 18/1/2023
21. https://www.prnewswire.com/news-releases/deputy-ruler-of-abu-dhabi-inaugurates-worlds-largest-single-site-solar-power-plant-ahead-of-cop28-301992276.html
22. https://www.pv-tech.org/masdar-roundup-uae-sate-owned-developer-makes-flurry-of-deals-during-cop28/
23. Financial Times, 1/12/2023
24. Lire le bon article de la RTBF, qui donne largement la parole à Pascoe Sabido, du Corporate Europe Observatory
25. Financial Times, 3/12/2023
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« On s’affirme » - Lancement des actions et revendications pour 2024 de la campagne CA$$$H (Communautaire autonome en santé et services sociaux - Haussez le financement)
Montréal, le 4 décembre 2023. _La Table des regroupements provinciaux d'organismes communautaires et bénévoles a le plaisir d'annoncer la mise à jour des revendications de sa campagne Communautaire autonome en santé et services sociaux - Haussez le financement CA$$$H, laquelle est accompagnée de nouveaux outils de mobilisation.
Après plusieurs mois de travail, une mise à jour des revendications de la campagne CA$$$H a été effectuée pour 2024. La hauteur du manque à gagner a été revue pour tenir compte de la mise à jour des seuils planchers communs pour les organismes communautaires du domaine de la santé et des services sociaux (OCASSS) et des travaux importants ont permis de proposer une nouvelle formule pour l'indexation des subventions.
Seule campagne qui s'adresse directement au ministère de la Santé et des Services sociaux, la campagne CA$$$H revendique depuis 2017 des améliorations au programme qui subventionne la mission globale de plus de 3000 OCASSS. Les revendications portées par la campagne CA$$$H à l'égard du Programme de soutien aux organismes communautaires (PSOC) sont les suivantes :
• L'ajout de 1,7 G $ à l'enveloppe annuelle du PSO [1]C (mission globale) ;
• L'indexation annuelle des subventions en fonction de l'Indice des coûts de fonctionnement du communautaire (ICFC) pour un taux de 3.6% en 2024 [2] ;
• L'atteinte de l'équité de financement et de traitement partout au Québec, notamment par l'application de seuils planchers communs [3], adaptés aux différents types d'OCASSS.
« Malgré les sommes ajoutés ces dernières années, la mission globale des OCASSS n'est pas suffisamment soutenue par le PSOC, la subvention moyenne n'étant que de 181 038$ . Or, l'ampleur des besoins non comblés par les subventions actuelles est aussi élevée que 1,7G$. [4] Il s'agit d'un gros défi, mais nous devons collectivement revendiquer un montant à la hauteur des vrais besoins des OCASSS » affirme Stéphanie Vallée, présidente de la Table.
Soulignons que le montant de la revendication résulte de l'application de seuils planchers [5] établis selon les balises adoptées par le Réseau québécois de l'action communautaire autonome (RQ-ACA), après soustraction du montant global accordé par le MSSS et les CISSS-CIUSSS. La campagne CA$$$H est ainsi en cohérence avec les revendications de l'ensemble du mouvement de l'action communautaire autonome. « Revendiquer que les OCASSS reçoivent au moins les seuils planchers communs fait voir l'ampleur du sous-financement actuel. C'est le seul constat que l'on peut faire en voyant que 91% des OCASSS ne reçoivent même pas le plus bas des seuils planchers, lequel est fixé à 531 930 $ [6]. Utiliser le seuil plancher pour fixer ses besoins financiers est une revendication légitime, qu'il faut affirmer haut et fort » souligne Loc Cory, du comité de coordination de la campagne CA$$$H.
Depuis plusieurs années, la campagne CA$$$H invite justement les OCASSS à utiliser les seuils planchers communs lors de la transmission du formulaire annuel lié à la subvention à la mission globale. En janvier et février prochain, l'action « On s'affirme » [7] permettra de plus aux OCASSS de mettre leurs besoins financiers en valeur en les affirmant publiquement à l'aide d'une toute nouvelle plateforme.
L'autre grand changement de l'année 2024 sera de demander au MSSS d'indexer les subventions en appliquant l'Indice des coûts de fonctionnement du communautaire (ICFC) [8]. Développée suite à une vaste enquête menée avec la collaboration du Service aux collectivités de l'UQAM et la campagne CA$$$H, cette méthode tient compte de la nature et de la répartition des coûts des OCASSS et s'appuie sur des statistiques solides et facilement accessibles plutôt que sur l'Indice des prix à la consommation (IPC) projeté. En effet, le MSSS indexe actuellement les subventions à la mission globale des OCASSS à partir d'une projection établie par le ministère des Finances, combinant IPC de l'année suivante à celui de l'année écoulée. Alors que le taux du ministère des Finances pourrait équivaloir à 2.7% pour 2024, le taux d'ICFC établi par la campagne CA$$$H est plutôt de 3.6% [9].
« Basée sur des prédictions politiques d'économistes du gouvernement, cette façon de faire est problématique. Bien que l'IPC soit une mesure utile pour indexer des salaires, il réfère au panier de consommation des ménages, alors que les OCASSS n'en sont pas. Indexer des subventions uniquement en fonction de l'IPC cause l'appauvrissement des groupes, ce qui compromet leur capacité d'action auprès de leurs communautés » de dire Mercédez Roberge, coordonnatrice de la Table.
Les OCASSS sont invités à découvrir le plan d'action 2023-2027 de la campagne CA$$$H, ainsi que tous les détails des revendications, lors de deux rassemblements virtuels prévus le 14 décembre 2023 et le 22 janvier 2024 [10]. Les journalistes sont également conviés à ces événements.
Les revendications qui seront portées en 2024 sont ambitieuses, mais elles sont surtout légitimes et incontournables pour le maintien du filet social québécois. Les OCASSS jouent un rôle capital pour la société et la campagne CA$$$H ne manque pas d'idées ni de motivation pour les soutenir.
SOURCE :
Table des regroupements provinciaux d'organismes communautaires et
bénévoles (TRPOCB),
● Stéphanie Vallée est présidente de la Table des regroupements provinciaux d'organismes communautaires et bénévoles. Elle est également co-coordonnatrice de L'R des centres de femmes du Québec [12].
● Loc Croy, est membre du comité de coordination de la campagne CA$$$H et directeur général du Regroupement québécois du parrainage civique [13].
● Mercédez Roberge est coordonnatrice de la Table des regroupements
provinciaux d'organismes communautaires et bénévoles [14].
À propos
Fondée en 1995, la Table des regroupements provinciaux d'organismes communautaires et bénévoles (TRPOCB) est formée de 44 regroupements nationaux, rejoignant plus de 3 000 groupes communautaires autonomes à travers le Québec. Ce sont, par exemple, des maisons de jeunes, des
centres de femmes, des cuisines collectives, des maisons d'hébergement, des groupes d'entraide, des centres communautaires, des groupes qui luttent contre des injustices ayant des répercussions sur la santé.
Ceux-ci représentent les ¾ des organismes communautaires autonomes du Québec. Ceux-ci abordent la santé et les services sociaux sous différentes perspectives (femmes, jeunes, hébergement, famille, personnes handicapées, communautés ethnoculturelles, sécurité alimentaire, santé mentale, violence, périnatalité, toxicomanie, etc.).
La Table coordonne la campagne CA$$$H (Communautaire autonome en santé et services sociaux – Haussez le financement). Lancée le 17 octobre 2017, cette campagne vise l'amélioration substantielle du Programme de soutien aux organismes communautaires (PSOC) du ministère de la Santé et des
Services sociaux (MSSS), au bénéfice de plus de 3 000 organismes communautaires autonomes subventionnés par le MSSS. À compter de 2024, les revendications de la campagne CA$$$H sont : L'ajout de 1,7 G$ à l'enveloppe annuelle du PSOC (mission globale) [15], l'indexation
annuelle des subventions en fonction de l'Indice des coûts de fonctionnement du communautaire (ICFC) [16] et l'atteinte de l'équité de financement et de traitement partout au Québec [17].
Liens utiles :
● https://trpocb.org/campagnecasssh/ [18]
● https://trpocb.org/revendication-financiere-casssh/ [19]
● https://trpocb.org/icfc/ [20]
● https://trpocb.org/seuils-planchers-campagne-casssh/ [21]
● https://trpocb.org/campagnecasssh-onsaffirme/ [22]
● Pour télécharger ce communiqué en word [23]
Éléments visuels de la campagne CA$$$H (Communautaire autonome en santé et services sociaux - Haussez le financement)
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Du jamais vu depuis les États généraux sur l’éducation de 1995-1996 !
Montréal, le 1er décembre 2023. Le collectif Debout pour l'école publie aujourd'hui Des citoyennes et citoyens ont parlé d'éducation. Il faut les écouter !
Synthèse des propos tenus dans les forums citoyens et les ateliers jeunesse de Parlons éducation. Rédigé dans un langage clair et soucieux de communiquer fidèlement les propos entendus lors des forums citoyens de Parlons éducation, le document synthèse présente le plus vaste regard critique jamais posé sur le système d'éducation québécois depuis les États généraux sur l'éducation de 1995-1996. On peut se le procurer gratuitement sur notre site.
Les forums de Parlons éducation ont libéré la parole et permis de très riches échanges sur la mission de l'école, l'iniquité grandissante du système scolaire, les difficiles conditions de travail des personnels et sur le déficit démocratique du système.
Concrètement, il y a consensus sur les aspects suivants. Il faut revoir la mission de l'école et les priorités des programmes d'études. Pour favoriser le développement intégral des élèves, le développement des compétences langagières en français, langue première, devrait être une priorité dans toutes les activités scolaires et la responsabilité de tous les personnels. La mission émancipatrice de l'éducation ne peut être appréhendée par une vision comptable de l'éducation qui place au premier rang les taux de réussite, selon des évaluations réductrices des apprentissages réalisés et qui fait de la réussite individuelle définie par les notes obtenues le but ultime de l'éducation.
Il faut mettre fin à la ségrégation scolaire. Une vision aussi réductrice de l'éducation alimente une ségrégation scolaire réelle, conséquence de l'école privée subventionnée et des projets particuliers sélectifs à l'école publique et de la frénésie de la compétition qui domine entre les élèves et les écoles. Dans une société qui se veut inclusive, le système d'éducation produit des laissés pour compte, pensons aux élèves des Premières Nations et inuits qui fréquentent les écoles québécoises, les nouveaux arrivants, les élèves présentant des difficultés de tous ordres.
La pénurie des personnels scolaires ne cessera pas si on n'améliore pas leurs conditions de travail, aussi est-il urgent de valoriser concrètement les personnels scolaires et de leur offrir des conditions d'exercice qui leur permettent de travailler pour et avec les élèves. Car il a été dit et répété que ce sont les élèves qui doivent être au cœur des préoccupations du système d'éducation.
Les participants sont convaincus que l'on ne peut plus compter sur les pouvoirs publics pour obtenir les changements nécessaires et urgents, il faut donc s'unir et se mobiliser !
Rappelons qu'au printemps 2023, dans le cadre des forums citoyens de Parlons éducation, près d'un millier de citoyennes et de citoyens de 19 villes du Québec, dont Chicoutimi, Gatineau, Laval, Montréal, Québec, Rouyn-Noranda, Sherbrooke et Trois-Rivières, ont pris un vendredi soir et un samedi pour discuter d'éducation parce que c'est un des fondements d'une société qui se veut démocratique et que l'école québécoise leur tient vraiment à cœur.
Parallèlement à ces forums, environ 650 jeunes ont participé à l'un des cinquante ateliers jeunesse de Parlons éducation pour témoigner de leur vécu d'élève et partager leurs espoirs d'un parcours scolaire formateur, épanouissant et en phase avec les défis du monde actuel.
On notera que les participants ont manifesté leur vif désir de se mobiliser pour obtenir des changements substantiels au système scolaire québécois, à court et à moyen terme. Aussi, le collectif Debout pour l'école travaille-il à coaliser le plus grand nombre d'organisations citoyennes et de personnalités québécoises autour de revendications communes qui feront l'objet d'un Rendez-vous national sur l'Éducation, au début de 2025
Ensemble, nous sommes Debout pour l'école !
Pour visionner la conférence de presse
https://fb.watch/oLnN5X7uv3/
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À propos de la place d’Option nationale à Québec solidaire
Nous avons lu avec intérêt la lettre d'une quinzaine d'anciens membres du parti Option nationale (ON) invitant leurs « anciens camarades » à délaisser Québec solidaire (QS) au profit du Parti québécois (PQ). Nous jugeons pertinent de répondre aux arguments qu'on nous a soumis, dans un esprit de discussion constructive entre indépendantistes.
Les auteurs, Nadia Poirier et Jimmy Thibodeau, sont représentants du conseil exécutif d'Option nationale.
5 décembre 2023
Pour les personnes peu familières avec l'histoire récente d'Option nationale, permettez-nous une mise en contexte. Après sa fusion avec Québec solidaire en 2017, ON est devenue un regroupement interne reconnu officiellement par le parti unifié (un « collectif »). Depuis, nous continuons de croître et d'accueillir des membres solidaires désireux de travailler avec nous pour la promotion et la réalisation de l'indépendance. Bien que plusieurs membres du collectif aient effectivement été membres d'Option nationale avant la fusion, ce n'est pas le cas de tous. De plus, contrairement à ce que pourrait laisser entendre le titre « La fin du mirage solidaire », aucun signataire du texte n'était affilié à Québec solidaire au moment de la publication : personne n'a « quitté » le parti.
Revenons au contenu de la lettre. L'argument central des signataires repose sur une statistique longuement discutée, mais souvent mal interprétée. Le sondage cité est loin d'être unique : de nombreux coups de sonde ont déjà montré qu'un peu moins de la moitié des sympathisants de QS se disent souverainistes. Cette situation ne doit pas être minimisée : elle signale un grand défi communicationnel que notre collectif s'évertue de rappeler sans relâche.
Nous rejoignons néanmoins ce que d'autres intervenants du parti ont dit : ces sondages ne visent pas nos membres ou nos militants, mais simplement notre électorat potentiel. Par ailleurs, nous faisons le pari de voir le verre à moitié plein : si plusieurs sympathisants choisissent notre parti malgré son engagement indépendantiste, nous voyons là une occasion d'aller chercher des alliés supplémentaires au mouvement.
Pureté idéologique
À ce sujet, nous déplorons la tendance de nombreux indépendantistes à se lancer dans des concours de pureté idéologique qui nuisent à la cause. Nous saluons l'ardeur souverainiste renouvelée du PQ depuis 2020, mais il n'empêche que QS a fait oeuvre utile en maintenant, depuis sa fondation, sa promesse d'une assemblée constituante dans un premier mandat (et depuis la fusion avec ON en 2017, est garanti un mandat fermé menant à un référendum sur l'indépendance).
On nous assure que le PQ de Paul St-Pierre Plamondon (PSPP) a réussi « à faire avancer concrètement l'indépendance du Québec », et pourtant, lors de sa campagne dans Jean-Talon, « ni son candidat, Pascal Paradis, ni son chef n'ont fait campagne sur la souveraineté. La publication du budget de l'an 1 a même été retardée pour éviter qu'il ne compromette ses chances », comme l'a soulevé le chroniqueur du Devoir Michel David. C'est en 2026 que se situe le vrai test de PSPP : depuis l'échec référendaire de 1995, le PQ n'a promis un référendum dans un premier mandat que lors de deux campagnes électorales (sur huit) celles de 2007 et de 2022.
Nous invitons donc chaleureusement nos anciens camarades à continuer leur travail au PQ. En ce qui nous concerne, notre collectif est fier d'avoir contribué à placer l'indépendance au centre de la dernière course au porte-parolat de QS, notamment par l'organisation d'un débat sur cet enjeu, puis à travers notre appui à la candidature de Ruba Ghazal, dont le message passionnément indépendantiste l'a portée tout près de la victoire, face à une Émilise Lessard-Therrien tout aussi indépendantiste et dont le discours renouvelé nous inspire espoir et optimisme.
Nous nous sommes reconnus dans le projet porté par QS et ON tout en respectant le choix de nos anciens camarades d'aller dans un autre parti indépendantiste. La diversité idéologique de notre mouvement est après tout une richesse, et non un obstacle. Nous avons hâte de travailler avec nos camarades péquistes à la table des OUI-Québec, et un jour dans le camp du Oui.
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Manifestation de solidarité avec la Palestine à Québec
Plus de 200 personnes ont manifesté le 9 décembre dernier à Québec en solidarité avec la Palestine. Cette manifestation a été organisée par le Collectif de Québec pour la paix et le Groupe Québec-Palestine. Cette manifestation exigeait la fin de l'occupation des territoires palestiniens et un cessez-le-feu immédiat et permanent à Gaza.
Des élus et des représentants de mouvements sociaux ont pris la parole. PTAG présente ci-dessous la vidéo de deux interventions qui ont été faites à l'ouverture de la manifestation.
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Histoire des 3 petits cochons...à la sauce gentrification
Vous me demanderez certainement, qu'est-il arrivé aux 3 petits cochons ? Vous avez le choix entre, les coopérants firent un gros méchoui et les bouffèrent ; ou bien, vous l'aurez compris, ce n'était pas vraiment des petits cochons, mais des esties de grosses têtes de cochon qui luttent contre les rénovictions, la gentrification et le profit.
• 3 petits cochons durent partir de chez leur mère, ne pouvant plus les nourrir
• Elle leur dit d'aller en ville et de se construire une maison solide, parce que les loups peuvent détruire des maisons fragiles
• Le premier loua un appartement avec des amis
• Le deuxième acheta un condo avec les économies de son travail et envoya de l'argent à sa mère
• Le troisième réunit des amis et achetèrent un immeuble en coopérative
• Si vous pensez qu'il n'y a pas de loups en ville, détrompez-vous !
• Un loup alla cogner à l'appartement du premier et leur expliqua qu'il devait rénover tout l'immeuble après l'avoir acheté. Tous ses amis durent quitter leur appartement, ainsi que les autres locataires de l'immeuble. Le premier cochon, donc invita tous les locataires à aller dans l'immeuble coopératif.
• Le loup, prenant confiance en lui, alla cogner au condo du deuxième cochon. Puis-je acheter votre condo monsieur le cochon, lui demanda-t-il ? Bien sûr que non, répondit le cochon. Le loup, ne perdant pas contenance, expliqua qu'il avait vu plusieurs défauts de construction du condo, défauts qui pourraient mettre en péril la sécurité des gens. Alors, le cochon lui dit qu'il va vérifier si c'est le cas. Effectivement, défauts importants, il y avait. Le cochon vendit son condo à perte, la garantie de construction ayant expirée depuis longtemps. Et le cochon alla, lui aussi se réfugier dans la coopérative d'habitation du 3è cochon.
• Fier de son pouvoir, le loup imagina un plan pour mettre la main sur l'immeuble coopératif. Il se déguisa en inspecteur de la ville et cogna à la porte du responsable du comité bon voisinage, Dédé le clown. Eh oui, le troisième petit cochon s'était entouré de copains et copines des plus étranges ! Il y avait un cabotin, 2 artistes, un préposé aux bénéficiaires, 2 gars de la construction, un électricien, un inspecteur, une ouvrière déterminée, un komrade, une retraitée bizarre qui rit tout le temps, une spécialiste de l'entraide, un vieux snock, un africain qui lui aussi rit tout le temps, une factrice invisible, un communiste, un ancien étudiant qui parle tout le temps, une jeune avocate en herbe et un journaliste en quête de gloire.
• Le loup, sous son costume d'inspecteur de la ville, expliqua au clown qu'il fallait démolir l'immeuble, devenu dangereux pour ses occupants. Diplomate, le clown, soupçonnant une arnaque, lui demanda d'attendre un petit moment. Rentré chez lui, le clown appela l'ouvrière déterminée, le journaliste en quête de gloire, un des gars de la construction et la factrice invisible. Il leur dit de venir chez lui d'urgence, en passant par la porte arrière ; sauf pour la factrice invisible qui lui demanda de rester cacher près de l'arbre en avant de l'immeuble. Dédé le clown avait un plan !
• Tout le monde étant en place, le clown alla ouvrir la porte avant et salua le supposé inspecteur. L'ouvrière déterminée commença à l'engueuler et le gars de la construction demanda des preuves, pendant que le clown faisait d'amples espargestes autour de tout ce beau monde, faisant un signe convenu à la factrice invisible. Celle-ci se précipita sur l'inspecteur de la ville et lui arracha ses vêtements.
• Ayant entendu tout ce vacarme, la retraitée bizarre qui rit tout le temps et l'africain rieur se joignirent au groupe et lança leur rire à la face du loup démasqué, qui prit la poudre d'escampette.
• Le journaliste en quête de gloire en profita pour prendre plein de photos et vidéos et s'en alla bâtir son article sur les loups de l'immobilier.
• Vous me demanderez certainement, qu'est-il arrivé aux 3 petits cochons ? Vous avez le choix entre, les coopérants firent un gros méchoui et les bouffèrent ; ou bien, vous l'aurez compris, ce n'était pas vraiment des petits cochons, mais des esties de grosses têtes de cochon qui luttent contre les rénovictions, la gentrification et le profit.
Daniel Leduc,
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Lutte à la pauvreté : Pour se nourrir et se loger à l’année
Aujourd'hui, organisée par l'Association de défense des droits sociaux Québec Métropolitain et de la Rive-Sud et ROSE du Nord, s'est tenue une chorale militante composée de personnes assistées sociales de nos groupes ainsi qu'une distribution de tracts pour dénoncer l'inaction du gouvernement quant à l'implantation de mesures structurantes pour lutter contre la pauvreté.
L'objectif de l'action est de mettre en lumière que la société fait face à une crise sociale majeure et que ses conséquences se répercutent tout au long de l'année et non seulement pendant la période de Noël. Pour les groupes de défense des droits des personnes assistées sociales de la région de Québec et de Chaudière-Appalaches bien que la Guignolée des médias ait comme objectif de vouloir aider son prochain, le volontariat et la charité ne suffisent pas. Pour Sarah Pelletier, militante active et femme assistée sociale, il faut voir plus large : « Comprenons-nous bien. Dans notre société actuelle, les banques alimentaires sont absolument essentielles à la survie de plusieurs ménages. Par contre, dans une société digne et équitable, il n'y aurait pas de banques alimentaires, parce que nous serions en mesure de répondre collectivement aux causes de l'insécurité alimentaire. L'aide alimentaire, telle que conçue actuellement, n'est qu'un pansement mis sur une hémorragie. »
Au fil des années, le recours aux banques alimentaires ne cesse d'augmenter. Selon le bilan Faim 2023, une augmentation de 30% des demandes a été observée en 2023, totalisant 872 000 personnes qui ont besoin mensuellement du soutien du réseau des banques alimentaires du Québec. Cette hausse peut s'expliquer par l'augmentation considérable du coût de la vie et des loyers. De ce fait, les personnes doivent consacrer une plus grande part de leur budget au paiement du loyer.
De plus, le fait de recourir à une banque alimentaire peut faire vivre un sentiment de honte et même affecter l'état de santé des utilisateurs et utilisatrices. Comme le mentionne un militant de nos groupes : « j'ai décidé de ne plus avoir recours aux denrées de banques. Étant donné que la date de péremption est parfois outrepassée, cela peut affecter notre santé. C'est bien pouvoir s'alimenter, mais c'est encore mieux de pouvoir le faire en étant certain que la nourriture est encore de bonne qualité. ».
Nous revendiquons la mise en place de mesures structurantes pour lutter efficacement contre la pauvreté, dont l'élargissement du programme de revenu de base à toutes les personnes assistées sociales. Nous demandons au gouvernement de s'engager à garantir et à protéger le droit au logement. Il est primordial que les personnes à faible revenu puissent subvenir à leurs besoins tels que se nourrir convenablement et avoir accès à des logements décents.
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Un projet encore inacceptable pour la rue Saint-Vallier Ouest
Au lendemain de la présentation officielle par la Ville de Québec du projet de réaménagement de la rue Saint-Vallier Ouest en rue verte et à sens unique, Accès transports viables, le Collectif pour un transport abordable et accessible à Québec (TRAAQ), le Comité des citoyens et des citoyennes du quartier Saint-Sauveur (CCCQSS), le Conseil régional de l'environnement de la Capitale-Nationale et Vivre en Ville s'unissent pour demander à la Ville de Québec de corriger les aspects problématiques de son projet.
Un projet lourd de conséquences pour l'efficacité et l'accessibilité du transport en commun
Le projet de la Ville de Québec propose de convertir la rue Saint-Vallier Ouest en sens unique en direction ouest, ce qui entraînerait le déplacement de plusieurs parcours de transport en commun dans les rues résidentielles environnantes. Saint-Vallier Ouest constitue pourtant la meilleure rue pour accueillir des autobus, en raison de sa position centrale dans le secteur et de la présence de nombreux organismes communautaires et commerces qui y ont pignon sur rue.
La Ville de Québec a pris cette décision à l'interne, sans jamais la soumettre à la discussion publique. La modification de la desserte en transport en commun a pourtant des impacts considérables pour les citoyens et citoyennes qui dépendent de ce service public pour se déplacer au quotidien.
« Alors que c'est notamment par une bonne accessibilité au transport en commun et adapté que les personnes en situation de vulnérabilité peuvent remplir leurs besoins de base et avoir accès à des services, la population et le milieu communautaire n'ont jamais été consultés sur cette question. Au printemps, la décision de convertir la rue en sens unique était déjà prise. On se retrouve donc aujourd'hui avec un projet dont on doit multiplier les mesures d'atténuation pour répondre aux nombreuses préoccupations en matière d'accessibilité. » – Émilie Frémont-Cloutier, animatrice sociale, Collectif pour un transport abordable et accessible à Québec
« Verdir nos milieux de vie est une mesure responsable et nécessaire, mais cela ne devrait jamais se faire au détriment du service fondamental que constitue le transport en commun. Le quartier Saint-Sauveur mérite un verdissement adapté au milieu, et c'est tout à fait compatible avec une amélioration, plutôt qu'une détérioration, de la desserte de transport en commun. En révisant les exigences exagérées pour la largeur des voies de circulation et en retirant plus d'espaces entre ces voies et les trottoirs élargis, la Ville réussirait à atteindre davantage les objectifs poursuivis au nom de la santé durable. » – Alexandre Turgeon, directeur général du CRE Capitale-Nationale
« La conversion de Saint-Vallier Ouest en sens unique fragiliserait de manière définitive l'offre de mobilité déjà limitée dans un des quartiers les plus défavorisés de la ville, et où l'offre en matière de transport en commun est déjà insuffisante. Ce n'est pas de ça dont Québec a besoin en ces temps difficiles pour le transport en commun. » – Christian Savard, directeur général de Vivre en Ville
Nos organisations reconnaissent et saluent les efforts de la Ville pour augmenter le verdissement dans le quartier, une priorité citoyenne bien entendue. Nous appelons la Ville à avoir aujourd'hui la même considération pour les préoccupations exprimées quant à la dégradation annoncée du transport en commun. Nous avons confiance qu'en revoyant le projet à la lumière de ces attentes et en collaboration avec le milieu, il est possible d'en arriver à une solution optimale. qui permettra le maintien d'une desserte adéquate en transport en commun, voire qui pourra la bonifier.
Du travail encore à faire pour la sécurité des déplacements actifs
Lors de la présentation du projet, la Ville de Québec a démontré son intention de répondre aux nombreuses préoccupations citoyennes concernant les impacts du projet sur la sécurité des déplacements actifs. Plusieurs mesures d'apaisement de la circulation pour décourager la circulation de transit dans les rues résidentielles ont été promises aux personnes présentes dans la salle. Cependant, il lui faut présenter rapidement et précisément les différentes rues et intersections visées par ces mesures, les interventions souhaitées dans chaque cas, et surtout l'échéancier avec lequel elle compte mettre tout cela en place.
« La transparence et une communication suffisante sur les mesures d'apaisement envisagées est vraiment nécessaire pour atteindre l'acceptabilité sociale. Les gens doivent avoir l'assurance et la confiance que la Ville a une vision d'ensemble de la sécurité des déplacements actifs dans le quartier et qu'elle ne procédera pas à une gestion des problèmes à la pièce. » – Catherine Rainville, animatrice-coordonnatrice au CCCQSS
Par ailleurs, une préoccupation importante demeure quant à la sécurité des cyclistes qui continueront vraisemblablement de circuler dans les deux directions sur la voie structurante qu'est Saint-Vallier pour le quartier, malgré les nouveaux aménagements prévus sur les rues voisines.
« La rue Saint-Vallier Ouest est très fréquentée pour une multitude d'usages, notamment celui du vélo. Le projet tel qu'il est présenté ne permet pas aux cyclistes de circuler de manière sécuritaire dans les deux sens, ce qui vient en inadéquation avec les efforts affichés de l'administration en matière de sécurisation des déplacements cyclables. » – Marie-Soleil Gagné, directrice générale d'Accès transports viables
Nos organisations demeurent convaincues que le réaménagement de la rue Saint-Vallier Ouest peut devenir un projet inspirant et rassembleur sur tous les plans. Pour cela, il doit répondre adéquatement aux préoccupations toujours présentes au sein de la population et aux enjeux de mobilité durable, de résilience environnementale, de santé, d'accessibilité universelle et de sécurité des déplacements des personnes les plus vulnérables.
Organisations signataires
· Accès transports viables
· Collectif pour un transport abordable et accessible à Québec (TRAAQ)
· Comité des citoyens et citoyennes du Quartier Saint-Sauveur
· Conseil régional de l'environnement - Capitale-Nationale
· Vivre en Ville
À propos des organisations signataires
Accès transports viables
Accès transports viables est un organisme à but non lucratif ayant pour mission de défendre les droits des utilisatrices et utilisateurs des transports collectifs (transport en commun, covoiturage, autopartage) et actifs (marche, vélo), ainsi que de promouvoir la mobilité durable dans les régions de la Capitale-Nationale et de la Chaudière-Appalaches.
Collectif pour un transport abordable et accessible à Québec (TRAAQ)
La mission du TRAAQ est de défendre le droit à la mobilité des personnes à faible revenu vivant sur le territoire desservi par le Réseau de transport de la Capitale (RTC) et par le Service de transport adapté de la Capitale (STAC).
Comité des citoyens et citoyennes du Quartier Saint-Sauveur (CCCQSS)
Le Comité des citoyens et citoyennes du quartier Saint-Sauveur est un organisme visant l'amélioration de la qualité et des conditions de vie des résidents et résidentes du quartier Saint-Sauveur, surtout les plus vulnérables. Il défend leurs droits et intérêts en matière de logement, d'aménagement urbain et de vie de quartier. Par divers moyens, il regroupe les personnes autour d'enjeux les concernant, conscientise, informe, mobilise, anime et cherche à susciter réflexions et débats.
Conseil régional de l'environnement – Capitale-Nationale (CRE)
La mission première du CRE Capitale-Nationale consiste à promouvoir l'insertion des valeurs environnementales dans le développement régional en préconisant l'application de la gestion intégrée des ressources et du développement durable, laquelle se traduit par le maintien de l'intégrité de l'environnement, le soutien à l'équité sociale et la recherche d'une efficience économique.
Vivre en Ville
Organisation d'intérêt public, Vivre en Ville contribue, partout au Québec, au développement de collectivités viables, œuvrant tant à l'échelle du bâtiment qu'à celles de la rue, du quartier et de l'agglomération. Par ses actions, Vivre en Ville stimule l'innovation et accompagne les décideurs, les professionnels et les citoyens dans le développement de milieux de vie de qualité, prospères et favorables au bien-être de chacun, dans la recherche de l'intérêt collectif et le respect de la capacité des écosystèmes.
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Pétition : Annulation de l’ouverture d’un bureau du Québec en Israël
Pour signer cette pétition, vous devez compléter 3 étapes :
Étape 1 : remplissez le formulaire sous le texte de la pétition et envoyez-le (vous devez accepter les conditions à respecter pour pouvoir signer la pétition avant d'envoyer le formulaire).
Étape 2 : consultez votre boîte de courriels et ouvrez le message envoyé par l'Assemblée.
Étape 3 : dans ce message, cliquez sur le lien vous permettant d'enregistrer votre signature.
Vous ne pouvez signer la même pétition qu'une seule fois.
tiré du site de l'Assemblée nationale | Photo : Martine Biron est Ministre des Relations internationales et de la Francophonie ...
Texte de la pétition
CONSIDÉRANT QU'Israël est en violation permanente des résolutions des Nations-Unies par son refus d'obtempérer à plus de 50 résolutions depuis 1947 parmi lesquelles, la résolution 2334 du Conseil de sécurité de 2016 exigeant la fin de la politique de colonisation des territoires palestiniens ;
CONSIDÉRANT QU'Israël, en tant que force occupante, déroge au droit international qui lui impose, entre autres, l'obligation d'assurer la protection de la population civile et l'approvisionnement des populations occupées ;
CONSIDÉRANT QUE la politique canadienne sur les aspects clés du conflit israélo-palestinien ne reconnaît pas le contrôle israélien des territoires occupés et souscrit à la création d'un État palestinien ;
CONSIDÉRANT QUE la nation québécoise a souligné à maintes reprises sa solidarité avec le peuple palestinien à travers des pétitions et des manifestations ainsi qu'à travers ses institutions parlementaires et gouvernementales ;
CONSIDÉRANT QUE l'ouverture d'un bureau du Québec en Israël va encourager ce dernier dans son refus de s'engager dans la voie de la paix ;
CONSIDÉRANT QUE le soutien inconditionnel des puissances occidentales procure à Israël une totale impunité lui permettant d'agir en faisant fi de toutes les résolutions des Nations-Unis ;
Nous, signataires, demandons au gouvernement du Québec d'annuler l'ouverture du bureau du Québec à Tel-Aviv tant et aussi longtemps que le gouvernement israélien renie ses obligations imposées par le droit international envers le peuple palestinien et qu'il enfreint les résolutions des Nations-Unies et les accords de paix.
Date limite pour signer : 14 février 2024
Pour signer - cliquez sur ce lien et remplir le formulaire et cliquez sur envoyer.
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Des citoyens et citoyennes se mobilisent pour exiger que le Canada suspende ses exportations d’armes et d’équipements militaires en Israël
Saint-Augustin-de-Desmaures, 5 décembre – Un groupe de citoyens et citoyennes se sont réunis devant l'usine d'armement de la compagnie General Dynamics, à Saint-Augustin-de-Desmaures, pour dénoncer l'envoie d'armement du Canada en Israël. Le groupe a mis en scène une performance dans laquelle des gens couchés au sol recouverts de faux sang symbolisaient le génocide en cours en Palestine
Au moins 15 526 civils tués en Palestine depuis le 7 octobre, et ça continue C'est le 61ieme jour du génocide en Palestine. À l'heure actuelle, au moins 15 526 civils ont été tués,
dont 6 600 sont des enfants, soit le tiers. De plus, 41 316 personnes ont été blessées et 6800 sont portées disparues. Les frappes d'Israël ciblent aussi les infrastructures essentielles à la population palestinienne.
26 des 35 hôpitaux de la bande de Gaza sont hors fonction, 300 000 unités résidentielles ont été détruites1 . Pendant ce temps, le Canada soutient le crime de guerre commis par Israël, en refusant de se prononcer pour un cessez le feu permanent et en exportant des armes.
Le Canada contrevient à ses engagements internationaux et à sa propre loi
En 2019, le Canada s'engage, en signant le traité sur le commerce des armes, à veiller à ce qu'aucune arme canadienne ne soit utilisée pour cibler des personnes civiles. Puis, toujours en 2019, il modifie sa Loi sur les licences d'exportation et d'importation, en y précisant notamment qu'aucune licence ne peut être délivrée s'il existe un risque sérieux que l'exportation serve à commettre une violation grave du droit international humanitaire ou des droits de la personne, ou porter atteinte atteinte à la paix et la sécurité.2
Comme l'exprime Farida Deif, directrice de l'ONG Human Rigths Watch : « Le Canada est obligé, de par ses propres lois et les traités internationaux qu'il a signé, de refuser le transfert d'armes vers des pays où il existe un risque sérieux que ces [équipements] soient utilisés pour commettre de graves crimes » -Farida Deif, HRW
Le support public exprimé par le Canada envers Israël confirme sa posture coloniale historique Le Canada, avec son passé colonial et la réalité actuelle à l'intérieur même du pays, peine à reconnaître ses torts et à employer les vrais mots pour décrire les atrocités qui ont été commises ici même envers les premiers peuples, de même que les injustices qui se perpétuent encore aujourd'hui. En étant complice et en participant au génocide en ce moment en Palestine, il continue de répéter ses actions colonialistes.
General Dynamics profite du massacre
Les actions en bourse de la compagnie General Dynamics ont grimpé en flèche depuis le début du déploiement de l'armée israélienne à Gaza, ce qui démontre la profitabilité économique du massacre de civils palestiniens pour les compagnies canadiennes productrices d'armements. Le Canada est passé en 2015 au 2e rang des pays exportateurs d'armes au Moyen-Orient, avec une augmentation de 430 % en seulement un an3
. Julie, une citoyenne présente au rassemblement devant l'usine de General Dynamics,
s'exprime ainsi : « Aujourd'hui, nous sommes ici pour briser le silence par rapport à la participation du Canada et de compagnies canadiennes dans le génocide en cours en Palestine. Nous ne pouvons rester silencieux quant à la participation de notre pays à une telle atrocité. », -Julie Roy, citoyenne participante au rassemblement
À propos de nous
Nous sommes un groupe de citoyen.nes indépendant.es affilié.es à aucun organisme ou groupe
Notes
1. http://www.aljazeera.com
2.Le Devoir ( 15 avril 2021) Le Canada, incorrigible vendeur d'armes
3.Radio-Canada (2016) : Le Canada au 2e rang des pays exportateurs d'armes au Moyen-Orient
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À quand une réforme de la loi qui pénalise le VIH au Canada ?
Au Canada, selon l'actuel Code criminel, les personnes qui connaissent leur séropositivité au VIH, mais qui « ne divulguent pas leur statut à leur partenaire » peuvent être accusées d'agression sexuelle grave.
Tiré de Fugues
Par Yves Lafontaine
29 novembre 2023
Des organismes de lutte contre le VIH/sida et un nombre important de militant.e.s pressent depuis des années le gouvernement de réformer la loi le plus rapidement possible afin de réduire la discrimination et de faciliter le dépistage.
Rappelons que le Code criminel canadien stipule qu'une personne atteinte du VIH qui n'a pas divulgué sa séropositivité avant d'avoir des relations sexuelles peut être accusée de voies de fait graves ou d'agression sexuelle grave, et ce, même s'il n'y a pas eu de transmission ou que le risque de transmission était nul (CV indétectable) ou négligeable.
La personne accusée est alors inscrite au Registre national des délinquants sexuels et est passible d'emprisonnement à vie. Le VIH, c'est la seule maladie transmissible sexuellement qui est condamnée à ce point sur le plan pénal et criminel. Cela a contaminé et contamine encore l'image des personnes qui vivent avec le VIH. D'autant plus que la criminalisation, ça ne fonctionne pas. D'ailleurs, ces dernières années, des organismes communautaires de lutte contre le sida et des chercheur.euse.s dénoncent l'inadéquation de cette criminalisation visant à endiguer l'épidémie de VIH.
Selon les résultats d'une étude, 7 % des hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes sont moins susceptibles de subir un test de dépistage en raison de préoccupations liées à de possibles poursuites, ce qui pourrait se traduire par une hausse de 18,5 % de la transmission.
La loi canadienne expose donc de façon disproportionnée les personnes vivant avec le VIH à la discrimination, à la violence, ainsi qu'aux abus au sein du couple, et des décisions de la cour font dresser les cheveux sur la tête : deux femmes victimes de viol ont même été accusées d'agression sexuelle grave puisqu'elles n'avaient pas divulgué leur statut séropositif à leurs agresseurs présumés au moment des événements.
La réforme de la loi concernant ce point faisait partie des priorités de l'ancien ministre de la Justice David Lametti, écarté lors du dernier remaniement ministériel. On espère encore un projet de loi au Parlement canadien, mais rien n'indique à l'heure actuelle si cela fait toujours partie des priorités du nouveau ministre de la Justice.
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Message ultime à Mélanie Joly de la part des Artistes pour la Paix Samedi matin le 9 décembre 2023
Dans l'actualité sinistre de 18 000 morts dans la bande de Gaza, à 70% femmes et enfants, les médias mainstream et vous censurez les innombrables appels humanitaires, vous faisant complices de l'extrême-droite militariste et religieuse fanatique israélienne qui contrôle le gouvernement Nétanyahou, ainsi que des réseaux sociaux flirtant comme Poilièvre et Trump avec le racisme, l'interdiction de l'avortement au Texas et les manœuvres perfides militaristes, hostiles aux trop timides mesures de la COP28 contre les compagnies pétrolières responsables des changements climatiques.
Madame la ministre des Affaires étrangères,
1- Les Artistes pour la Paix vous expriment d'abord leur appréciation positive de vos paroles suivantes prononcées lors de l'entrevue d'avant-hier à Radio-Canada :
« Nous vivons en 2023 une crise mondiale, avec une montée des extrêmes, en particulier de l'extrême-droite qui attise les colères » [nous sommes en effet consternés de voir Trump tenter de saboter le processus électoral américain et l'opposition conservatrice de Poilièvre s'adonner à la Chambre des Communes à des jeux d'extrême-droite nihiliste, afin d'enrayer le fonctionnement même de notre démocratie parlementaire].
Nous partageons entièrement « vos craintes exprimées pour la démocratie et le droit des femmes, en recul dans le monde, » ainsi que votre affirmation : « Tous les conflits se terminent à une table de négociations [en bientôt deux ans, nous vous avons envoyé en vain quatorze propositions mondiales raisonnables de cessez-le-feu entre l'Ukraine et la Russie – voir note 1, avec en bonus un ouvrage de référence sur les causes de la guerre]. « Je suis allée discuter en Jordanie, en Israël, aux Émirats arabes unis et en Égypte. Tous les États doivent respecter la loi internationale. Le Canada condamne l'attaque du Hamas du 7 octobre » [nous l'avons fait aussi, en calquant soigneusement notre dénonciation de ces morts et corps profanés sur le discours des Canadiens pour la Justice et la Paix au Moyen-Orient – CJPM-E défendant la vie des habitants de la Bande de Gaza, en s'abstenant de mentionner le Hamas terroriste, sauf pour des négociations afin de libérer les otages qu'il détient et qu'on ne peut libérer si on ne leur parle pas – voir note 2].
« Le Canada a condamné l'invasion russe < » [nous l'avons fait aussi, en republiant aussi nos articles écrits en 2014 sur le Traité de Minsk (ONU) bafoué par des excursions meurtrières nazies au Donbass, que le peuple ukrainien a condamnées en élisant le modéré Zelensky, devenu hélas par la suite otage des ministres ultranationalistes de son gouvernement - nos informations privilégiées provenant d'un professeur juif ukrainien en sciences politiques de l'UQAM qui passait ses vacances d'été au Donbass. Hélas, le Canada a déversé un flot d'armes plus offensives que défensives livrées inconsidérément à l'Ukraine, ouvrant ainsi un chemin possible vers une Troisième Guerre mondiale].
2- Il nous est pénible maintenant de vous avouer que nous avons complètement
décroché de votre entrevue lorsque vous avez déclaré « déplorer le nombre de morts civiles à Gaza » pour affirmer tout de go que « le rôle du Canada est d'avoir des conversations avec Israël » ! Le rôle du Canada, madame la ministre, n'est pas de calquer vos discours sur ceux de l'OTAN et des États-Unis qui ont apposé hier leur veto UNIQUE contre treize pays du Conseil de Sécurité endossant le cessez-le-feu humanitaire exigé par le Secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres : tous nos messages depuis votre entrée en fonction l'ont appuyé, en particulier lors de notre visite du 28 juin à votre ministère. Dans l'actualité sinistre de 18 000 morts dans la bande de Gaza, à 70% femmes et enfants, les médias mainstream et vous censurez les innombrables appels humanitaires, vous faisant complices de l'extrême-droite militariste et religieuse fanatique israélienne qui contrôle le gouvernement Nétanyahou, ainsi que des réseaux sociaux flirtant comme Poilièvre et Trump avec le racisme, l'interdiction de l'avortement au Texas et les manœuvres perfides militaristes, hostiles aux trop timides mesures de la COP28 contre les compagnies pétrolières responsables des changements climatiques – voir note 3.
Vous pouvez difficilement imaginer notre extrême détresse face à un tel délabrement des valeurs de paix et de démocratie par votre gouvernement qui vient hier d'entacher historiquement le Canada d'une tache indélébile de sang palestinien, et c'est pourquoi j'ai qualifié notre message d'ultime, face à leur sort tragique.
Pierre Jasmin
Secrétaire général des Artistes pour la Paix
Note 1 : http://www.artistespourlapaix.org/1-an-1-2-de-souffrances-ukrainiennes-svp-des-negos/
https://www.lautjournal.info/20230830/1-12-de-souffrances-ukrainiennes-svp-des-negos
https://www.pressenza.com/fr/2023/10/un-an-et-demi-de-souffrances-ukrainiennessvp-des-negos/
http://www.entreelibre.info/2023/09/11/un-an-et-demi-de-souffrances-ukrainiennes-svp-des-negos/
https://www.pressegauche.org/Journee-mondiale-humanitaire-Nations-Unies 10 octobre.
Aux Éditions du Renouveau Québécois, Le Québec et la guerre en Ukraine de Pierre
Dubuc, dédié aux AplP, avec préface de Gilles Gagné, 220 pages, novembre 2023.
Note 2 datée du 12 octobre :
Gaza/les Canadiens pour la justice et la paix au Moyen-Orient/ appel au cessez-le-feu
12.10.23 - Les Artistes pour la Paix publiés par PRESSENZA
Les Canadiens pour la justice et la paix au Moyen-Orient (CJPMO) appellent Israël et ses alliés à définir leur objectif final, alors que la reprise des violences entre le Hamas et Israël. Les appels au cessez- le-feu lancés par CJPMO et la trêve appelée par le Secrétaire général des Nations-Unies ont été ignorés.
« Même si, après une offensive massive, Israël porte un coup au Hamas, le statu quo se poursuivra malheureusement », affirme Thomas Woodley, président de CJPMO. Les experts du conflit soulignent que tant que les Palestiniens seront privés de leurs droits de la personne et de leur liberté, leur résistance armée à l'occupation belliqueuse et à l'apartheid d'Israël ne pourra que se poursuivre.
« Dans l'intérêt des Israéliens et des Palestiniens, les dirigeants mondiaux doivent insister sur un plan qui permette d'espérer un avenir différent », a poursuivi M. Woodley.
Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a déclaré que son pays « s'engageait dans une guerre longue et difficile », qui comprendrait probablement une invasion terrestre de la bande de Gaza, ainsi que des frappes continues depuis la terre et la mer. Le ministre israélien de la défense, Yoav Gallant, a annoncé qu'Israël imposait un « siège complet » à Gaza, coupant l'électricité et bloquant l'entrée de nourriture et de carburant, tout en qualifiant les Palestiniens d'« animaux humains ».
La CJPMO rappelle que les Quatrièmes Conventions de Genève exigent que les belligérants – c'est-à-dire Israël et le Hamas – permettent aux civils de fuir les hostilités, et qu'ils autorisent l'aide humanitaire – nourriture et fournitures médicales – à atteindre les civils pris au piège. À cette fin, le Programme alimentaire mondial des Nations unies a appelé à la mise en place de corridors humanitaires pour acheminer des vivres à Gaza à la suite des frappes aériennes israéliennes.
« Il est naturel de réagir avec horreur et colère aux images d'Israéliens morts et profanés », poursuit M. Woodley. CJPMO note que le droit international dicte que les mouvements de résistance armés doivent faire la distinction entre civils et combattants, et que les attaques du Hamas contre les civils et la prise d'otages civils sont illégales et épouvantables. « Mais une attaque prolongée et brutale d'Israël contre Gaza ne fera qu'accroître le nombre de morts et la misère, et ne fera que renforcer l'hostilité entre Palestiniens et Israéliens. »
Les vrais amis d'Israël et des Palestiniens insistent sur une fin de partie qui conduirait à un résultat différent, qui établirait la confiance, la sécurité et la liberté à la fois pour les Israéliens et les Palestiniens.
Le CJPMO est également horrifié par le fait que la réponse militaire d'Israël ait impliqué jusqu'à présent un usage indiscriminé de la violence contre des cibles civiles à Gaza. Au cours des deux dernières nuits, des frappes aériennes ont tué des familles entières dans leurs maisons alors qu'elles dormaient. Plus tôt dans la journée, une attaque contre le centre du camp de réfugiés de Jabalya a tué au moins 50 personnes. Plusieurs
tours résidentielles, des ambulances et même une école des Nations unies accueillant des familles déplacées ont été directement touchées. CJPMO prévient que dans ce contexte, l'expression par le Canada d'un « soutien total » à Israël sera comprise comme un feu vert pour commettre de nouveaux massacres.
CJPMO rappelle qu'en 2008-2009, lors du lancement de l'opération « Plomb durci », Israël a cherché à affaiblir les capacités militaires du Hamas, à mettre un terme aux tirs de roquettes du Hamas et à détruire les tunnels de contrebande du Hamas. Quinze ans plus tard, Israël est confronté exactement aux mêmes menaces, parce qu'il n'a cherché qu'à réprimer et à dominer les Palestiniens dans l'intervalle. CJPMO affirme que le soutien aveugle soit à la partie israélienne – comme l'ont exprimé récemment de nombreux politiciens canadiens – soit aux Palestiniens est une impasse politique et humanitaire.
Des voix nuancées sur le conflit appellent à reconnaître cette réalité et à faire pression sur les deux parties pour qu'elles trouvent un moyen d'aller au-delà de la violence et de trouver une voie vraiment viable.
Les Artistes pour la Paix
Artistes engagés, nous agissons depuis bientôt quarante ans dans l'espoir de changer notre société. Notre cause principale, sauver notre planète que le GIEC et l'assemblée générale de l'ONU déclarent assaillie par un mercantilisme qui élit des gouvernements insensibles au bien commun : menace nucléaire par l'OTAN, menace de la santé par les Big Pharmas, par les pollutions pétrolières, par les armements des États-Unis en 800 bases militaires à travers le monde.
Notre enracin
ement en un Québec français, vert et laïque travaille en vue de l'idéal d'une paix durable, obtenue pacifiquement grâce à · l'Art, vecteur de Paix, l'éducation et la justice sociale ; · l'ouverture aux Premières Nations qui nous enseignent le respect de la nature ; · l'ouverture à l'immigrantE, par le rejet de toute forme de discrimination et par l'appui à leur francisation et leur adhésion aux grandes valeurs féministes non dogmatiques.
Notes 3 – 28 novembre
Déclaration populaire canadienne sur la Justice Climatique et la Paix
Mettre fin aux guerres et aux combustibles fossiles : Décoloniser, Démilitariser, Décarboner
https://www.pressenza.com/fr/2023/11/cop28-dubai-declaration-du-reseau-canadien-justice-paix-sur-la-justice-climatique/
Des groupes de la société civile canadienne lancent « Paix pour la justice (...) - Presse-toi
à gauche ! Une tribune libre pour la gauche québécoise en marche (pressegauche.org)
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