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Négos du secteur public et crise climatique : la mauvaise foi de la CAQ

Cette semaine, les 420 000 employé-es du secteur public seront de nouveau en grève. Ces 420 000 personnes renoncent à une semaine de salaire, juste avant les Fêtes. Elles se mobilisent pour leur avenir, mais aussi pour le nôtre. Elles le font chaque jour de leur vie en nous soignant, en nous éduquant. Elles ont bâti toute leur carrière en étant au service d'un projet collectif, de la construction d'un avenir meilleur pour les générations présentes comme pour celles qui nous suivront.
Les professeur-es de cégep, qui forment la relève du Québec et qui cherchent à lui offrir un milieu d'études cohérent, ont choisi de profiter de cette négociation pour demander qu'une clause environnementale apparaisse dans leur convention collective. Ils et elles veulent s'assurer que l'objectif de carboneutralité est atteint rapidement, souhaitent participer pleinement aux décisions environnementales et désirent que leur employeur rende des comptes au syndicat quant aux progrès réalisés.
Que dit la CAQ ? Hors de question. Le gouvernement Legault veut faire du Québec un “leader de l'économie verte”, mais compte y arriver sans les travailleur-ses concerné-es. Il estime encore, en 2023, que l'environnement n'a pas sa place dans un contrat de travail.
La mesure demandée par les professeur-es pourrait pourtant être acceptée à coût nul puisque l'objectif a déjà été endossé, rappelons-le, autant par le fédéral que par le provincial, et que les sommes nécessaires à sa mise en oeuvre sont déjà disponibles : le Fonds d'Électrification et de Changements Climatique déborde d'argent prêt à être utilisé. En fait, la mesure que demandent les professeur-es de cégep serait d'abord une occasion de renforcer un engagement de l'État et de mettre cet engagement à l'abri des pressions politiques ou des changements de gouvernements. Elle constituerait aussi une occasion idéale pour expérimenter, dans un secteur à faibles émissions, un partenariat avec des travailleur-ses qui veulent faire partie de la solution mais qui se braqueront (avec raison !) si on applique sans leur consentement des moyens qui auront inévitablement des répercussions sur leur quotidien au travail.
Face à la crise climatique, la position des Québécois et des Québécoises est claire : 85% estiment que nous devrons repenser notre mode de vieet 68% veulent un gouvernement qui fait preuve de leadership à cet égard. La négociation du secteur public offre au gouvernement l'occasion de répondre à ce que le Québec demande tout en créant, dans le monde du travail, un précédent indispensable pour nous permettre de nous engager collectivement pour un avenir meilleur. Les professeur-es de cégep sont prêt-es et ne demandent qu'à contribuer. Après la saison des feux de forêt que nous venons de connaître, alors que l'objectif de l'Accord de Paris est à la veille d'être hors d'atteinte, la CAQ peut-elle vraiment se permettre de leur tourner le dos ?
Signataires (en date du 6 décembre, 20h)
Organisations syndicales ou étudiantes
Syndicat des professeures et professeurs du Cégep Édouard-Montpetit
Syndicat des professeur-e-s du Collège François-Xavier-Garneau
Syndicat du personnel enseignant du Cégep de Sherbrooke
Syndicat des Enseignantes et Enseignants du Cégep Montmorency
Syndicat du personnel enseignant du Cégep de la Gaspésie et des Îles à Gaspé
Syndicat des professeures et professeurs du Cégep de Saint-Jérôme
Syndicat des professeur-es du Cégep de Saint-Laurent
Syndicat des enseignantes et des enseignants du Cégep de Granby-Haute-Yamaska
Syndicat des professeures et professeurs du Cégep Gérald-Godin
John Abbott College Faculty Association
Syndicat des Enseignantes et Enseignants du Collège de Valleyfield
Association des Étudiant.e.s Diplomé-es du Département d'Histoire de l'Université de Montréal (AEDDHUM)
AÉCS - Association étudiante du Cégep de Sherbrooke
Association Étudiante d'Anthropologie de l'Université de Montréal
Soléa - Club Social de l'Université de Montréal
Organismes (écologiques, communautaires ou autres)
Travailleuses et travailleurs pour la justice climatique
Front commun pour la transition énergétique
Réseau québécois des groupes écologistes
Front d'action populaire en réaménagement urbain (FRAPRU)
Coalition Sortons la Caisse du carbone
Regroupement Vigilance Hydrocarbures Québec
Greenpeace Canada
Association pour la santé publique du Québec
Mouvement d'éducation populaire autonome de Lanaudière
Mobilisation 6600 Parc-Nature
Rage Climatique
L'écothèque
Environnement Vert Plus
L'environnement, c'est intersectionnel
La Convergence populaire
Foire ÉCOSPHÈRE
Le HUB de mobilisation pour la justice climatique
Journal des Alternatives - Plateforme altermondialiste
Propre.org
Les Amis du Boisé Neilson
Les Editions du Pissenlit
Ferme La Vallée du Tilleul
Coopérative Incita
Individus
Guillaume Couture, Enseignant, Cégep de St-Laurent
Mathieu Cayer, Enseignant , Syndicat de l'enseignement de l'Estrie
Frédérique Godefroid, professeure, Syndicat des enseignantes et des enseignants du Cégep de l'Abitibi-Témiscamingue
Francis Waddell, éducateur spécialisé, SEPB-Québec, section 579
Vanessa Gordon, enseignante Collège Dawson
Shannon Ikebe, professeur de cégep, JACFA, FNEEQ-CSN
Odette Sarrazin , APRFAE
Béranger Enselme, programmeur, SERUM
Mélissa C., éducatrice en milieu communautaire, STTIC CSN
Ian Segers, éco-conseiller, UQAC, SCCC-UQAC
Roger Rashi, Retraité FEESP-CSN
Alexis Desgagnés, artiste et enseignant en histoire de l'art, SPPCEM
Mélissa Grégoire, professeure de littérature, FNEEQ
Sarah Côté-Delisle, SPCFXG
Coralie Dubeau (enseignante en adaptation scolaire au secondaire), SERM
Frédéric Legault, enseignant, SPECA
Charles-Antoine Bachand, professeur en fondements de l'éducation, Université du Québec en Outaouais
Kathrin Luthi, Retraitée, C.S. Lester B. Pearson
Isabelle Marcotte, enseignante, cegep marie-victorin
Vincent Greason, retraité, SIEPB (autrefois)
Anik Ste-Marie - Intervenante périnatale - Suppléante, La Mèreveille - CSSHL
Emily gervais, agente de projet, Secupa
Olivier Rousseau (enseignant), Cégep de l'Outaouais
Dany Lavigne, professeur de philosophie, Syndicat des enseignantes et des enseignants du Cégep de Lanaudière à Terrebonne
Ariane Beaudin, chargé.e de projet en transfert des apprentissages , Front commun pour la transition énergétique
Marc Bonhomme, économiste, Québec solidaire
Jean-Luc Filion, enseignant en philosophie, specs-csn
Isabel Sauvé, enseignante en Technique du génie civil au Collège Montmorency, Syndicats des enseignantes et enseignants du Collège Montmorency (SEECM)
Isabelle Bisson-Carpentier (professeure d'histoire), Syndicat du personnel enseignant du cégep de la Gaspésie et des Îles à Gaspé (SPECGIG-FEC-CSQ)
Marie-Lou Beaudin, enseignante au collégial, SPECGIG (Syndicat du Personnel Enseignant du Cégep de la Gaspésie et des Îles à Gaspé)
Ève Dubois-Bergeron, enseignante, SEECM (Collège Montmorency)
Stéphane Thellen, professeur de sociologie au Cégep du Vieux Montréal, Syndicat des professeur.e.s du Cégep du Vieux Montréal
Rafaëlle Sinave, SPCVM
Lylou Sehili (coordonnatrice des relations avec les milieux), Transition en Commun
Sébastien Dodge, UDA
Benoit D'amours, professeur en philosophie au cégep de Lévis, FNEEQ
Chloé Van Uytfanck, TS, APTS
Alain Savard, CSN
Roxane Fortier, enseignante en science politique, Cégep de Thetford, Syndicat des enseignantes et enseignants du Cégep de Thetford (SEECT)
Marie-Claude Therrien, enseignante au primaire, Alliance des professeures et professeurs de Montréal - FAE
Laurie Gagnon-Bouchard, chargée de cours IREF-UQAM, Iref, institut de recherches et d'études féministes
Martin Pinault, SPGQ
Florence Bourdeau - Coordonnatrice, Front commun pour la transition énergétique
Benoit Tellier, prof de sociologie, cégep, Syndicat des professeur.es du cégeo de saint-jérôme
Rali Jamali : travailleur dans le milieu communautaire , Katalizo
Lucie Mayer, artiste lyrique, traductrice, Union des Artistes
Olivier Pelletier Professeur, SPPCEM
Bruno Detuncq, citoyen
Félix Pigeon, professeur de littérature, SPPCEM
Lauran Ayotte, Enseigant en philosophie, SPCSTJ
Michèle Lavoie, chargée de mobilisation chez Mères au Front
Zachary Robert, préposée à l'entretien, SQEES
Élyse Dupras, professeure, SPCSTJ (syndicat des professeur-e-s du cégep de St-Jérôme)
Marie Hamel, Coordo construction en développement durable
Matthieu Daugan (Chercheur), Nexelis
Sophie Thiébaut, ex conseillère municipale
Carolle Soulières, Retraitée
Claude Geoffroy, Retraité
Andrée Deveault, professeur à la retraite
Joaquin Sabat, enseignant de sociologie, SPCFXG
Geneviève East, agente syndicale et professeure de droit au Cégep Garneau
Alain Mignault (chercheur indépendant), Collectif scientifique sur les enjeux énergétiques au Québec
Stéphanie Thibodeau, professeure de biologie, SEECM
Florence Lorimier-Dugas (étudiante), Association facultaire des étudiant·es en art de l'UQAM (AFEA)
Tommy Girouard-Belhumeur, citoyen, STT-CSN
Magalie Lapointe, enseignante au primaire public, FAE (L'Alliance de professeures et professeurs de Montréal)
Brigitte Robert, Présidente du Syndicat de l'enseignement du Collège Champlain de Lennoxville, Syndicat de l'enseignement du Collège Champlain de Lennoxville
Marc-Antoine Lecompte, La planète s'invite au parlement
Alexandre Courtois enseignant, FEC-CSQ (Institut maritime du Québec)
Jonathan Durand Folco, Université Saint-Paul
Simon Leduc, prof, SEECM (cégep Montmorency)
Hugo Chavarie, professeur, SEECV (Syndicat des enseignantes et enseignants du Cégep de Victoriaville)
Louise Morand, enseignante retraitée, SERM
Marc Sanchez
Dalie Lauzon-Vallieres (organisatrice en engagement du public), Fondation David Suzuki
Lise Harel, retraitée de l'enseignement
Louis R, militant
Lucie Massé - retraitée, Groupe citoyen en environnement
Safa Chebbi, coordination, Troisième Avenue
Yvonne Dolbec. Retraitée de l'ACIA, SO
Lourdenie Jean, fondatrice de l'Environnement, c'est intersectionnel
Luis Gini - Gestionnaire retraité
Arnaud Theurillat-Cloutier, enseignant de philosophie, Collège Brébeuf
Jupiter Nakhla enseignant/physiothérapeute, cégep de Sherbrooke, SPECS-CSN
Michel Ares - technologue professionnel, Cree First Nation of Waswanipi
Sylvie Boyer (professeure de français et littérature), Collège Montmorency
Isabelle Côté, professeure de philosophie, Cégep de St-Jérôme
Claude couture, citoyen artiste
Marie-Eve Boucher, Front commun pour la transition énergétique
Emilie Robert, Biologiste Enseignante Chercheuse, Cégep de l'Abitibi-Témiscamingue
Simon Blouin, enseignant, Cégep de Granby
Sara Adams, Coordinatrice, HUB de mobilisation pour la justice climatique
Mélissa Comtois professeure, Cégep de Valleyfield
Denise D'Anjou, membre, Québec Solidaire
Bruno Apari Lauzier, Québec Solidaire
Zahur Ashrafuzzaman, étudiante, Université McGill
Jennifer Beaudry, Professeure et Présidente du Syndicat des professeur.e.s du Cégep de Saint-Laurent, Syndicat des professeur.e.s du Cégep de Saint-Laurent
Sylvie Béland, Cégep de Valleyfield
Nathalie Roy, professeure, Collège Montmorency
Camille Nepveu, étudiante de l'UQÀM
Philippe Langlois, enseignant, Cégep de Sherbrooke
Virginie Chagnon, APPR Littératie en santé, Direction régionale de santé publique de Montréal
Léonard Leclerc - membre, Coalition étudiante pour un virage environnemental et social
Marilou Ferlandt, artiste, Les Editions du Pissenlit
Daphnée Leroux-Maurais (étudiante), Katalizo
Larissa Roussel (préposé au bénéficiaire), CSN
André-Yanne Parent
Tom Liacas, Fondateur du HUB de mobilisation pour la justice climatique
Jean-Martin Synnott, infirmier clinicien et enseignant, Syndicat du Cegep de la Gaspésie et des Iles
Giorgio Bartolucci, professeur à la retraite, JACFA (John Abbott College)
Nova Doyon, membre du comité de coordination de Travailleuses et travailleurs pour la justice climatique
Simon Leclerc, Chargé de cours , SPPEUQAM (Syndicat des professeures et professeurs enseignants de l'UQAM)
Jasmine Leger permanence, Association générale étudiante cégep Saint-Jérôme
Laurent Montreuil, Chargé de projet, Ahuntsic-Cartierville en transition
Claude Vaillancourt, écrivain, Attac Québec
Valérie Boisvert, Enseignante, Cégep de Sherbrooke
Fabien Burnotte, enseignant, cégep de Sherbrooke
Mylène Benoit, Cégep de St-Jérôme
V. Julien, Professeur de français, Cégep de Saint-Jérôme
Andréas Tosser - Enseignant, Cégep de Sherbrooke
Mariève Desjardins, enseignante en littérature, Cégep de Saint-Jérôme
Shirley Barnea - étudiante, Réalité climatique Canada
Marie-Pier Arsenault Babin - Professeure de psychologie, Cégep de la Gaspésie et des Îles - Syndicat du personnel enseignant du Cégep de la Gaspésie et des îles à Gaspé
Julien Bosco enseignant au collégial, Cégep de Sherbrooke
François Geoffroy, professeur, Syndicat des Enseignantes et Enseignants du Cégep Montmorency
Isabelle Provencher, enseignante, cégep de gaspé
Alexandre Brizard, Enseignant, Cégep de Sherbrooke
Korinne Le Blanc- enseignante, Cégep de la Gaspésie et des Iles
Pierre-Olivier Dugas, enseignant, Cégep de Sherbrooke
Jean Guy Bélisle, Syndicat enseignants du Collège Montmorency
Mélanie L'Heureux Lapalme, enseignante, collège Montmorency
Marie-Pierre Tremblay professeure TEÉB, SEECM - Collège Montmorency
Christine Beaulieu, enseignante au CEGEP, Enseignants, Collège Montmorency
Pierre-David Gendron-Bouchard, professeur, Collège Montmorency
Pierre Mondor, cégep Montmorency
Karine Cellard, Cégep de l'Outaouais
Catherine Pouliot coordonnatrice, Mouvement d'éducation populaire autonome de Lanaudière
Sophie Lavigne, professeure, Collège Montmorency
Nicolas Beauclair, professeur, Collège Montmorency
Karine Hubert, professeure, Collège Montmorency
Patrick Aura, enseignant, Collège de Montmorency
Antoine Bourgeois, enseignant
Sylvie Martin, professeure de sociologie, Collège Montmorency
Viviane Gauthier, professeure, Collège Montmorency
Virginie Lambert-Pellerin, professeure, Collège Montmorency
François Pepin, Collège Montmorency
Geneviève Ouellet, prof de géographie, Collège Montmorency
Hélène Brisebois, Professeure et chercheuse au département de psychologie, Collège Montmorency
Jean-Francois Cartier - Enseignant au régulier, Collège Montmorency
Annabel Carignan, enseignante, Collège Montmorency
Philippe Lang professeur science politique, Collège Montmorency
Véronique Gagnon, enseignante au Collège Montmorency, Collège Montmorency
Patrick Poulin, professeur, SEECM
MC Vallerand, Enseignante, Collège Montmorency
Jessica Millette, professeure, Collège Montmorency
Karine Morin, professeure, CSN
Valérie Lafrance, professeure de science politique, Collège Montmorency
Julie Lapierre, Gouvernement du Canada
Myriam Reeves, enseignante, Syndicat des enseignantes et enseignants du cégep Montmorency
Chantale Lagacé, professeure de sociologie, Collège Montmorency
Jérôme Cotte, professeur, Collège Montmorency
Jolianne Gaudreault-Bourgeois, enseignante en français, Collège Montmorency
Alexandre Tremblay, Collège Montmorency
Frédéric Côté-Boudreau, enseignant, Collège Montmorency
Marie-France Lesage, coordonnatrice et enseignante au département de TÉE, Collège Montmorency
Issa Lizon, professeur, Collège Montmorency
Guillaume Bellehumeur, enseignant, Collège Montmorency
Bianca Abbandonato professeure, Collège Montmorency
Camille Anctil-Raymond, professeure, Collège Montmorency
Julien Rheault, enseignant au Cegep, Cegep de Sherbrooke
Nadine Mongeon, professeure au Collège Montmorency, Collège Montmorency
Michelle Baker - Enseignante au cégep, Collège Montmorency
Timothy Hine, professeur, Collège Montmorency
Pascal Chevalier, Enseignant en technologie du génie civil, Collège Montmorency
Mohand Moulla, enseignant, Collège Montmorency
Odierna Mélanie professeur, Collège Montmorency
Isabelle Sauvageau, enseignante, Collège Montmorency
Clara Genois, professeure au département de Lettres, Cégep Garneau
Walter-Olivier Rottmann-Aubé, enseignant en sociologie à Gaspé, Cégep de la Gaspésie et des Îles, campus de Gaspé
Jacky Vallée, enseignant collégial, Vanier College
Maïa Aubry-Pigeon, Enseignante, Collège Montmorency
Ariane Boivin, Professeure, Cégep Garneau
Karine Rathle, artiste
Gabriel Bouchard, enseignant, Cégep Garneau
C. Savard, Enseignante de littérature au collégial, Cégep de Saint-Jérôme
Philippe Lefrançois-Gauvreau, enseignant, SEECM (Collège Montmorency)
Dimitri Zuchowski, professeur, Cégep de Saint-Laurent
Ariane Lavoie, SEECM
Hugo L. Casanova, Vanier College Teachers Association
Caron, Valerie, Cégep Garneau
Genevieve Guay, enseignante, SEECM
Judith Bouchard, professeure de biologie, Cégep Garneau
Julie Drolet, professeure, SEECM
Marc-Élie Lapointe, enseignant, Syndicat des enseignants et enseignantes du Collège Montmorency
Manijeh Ali, John Abbott College
Marie-Gervaise Pilon, professeur, College Montmorency
Maude Blouin, Entrepreneure, Travailleur autonome
Olivier Lalonde, enseignant, Collège Montmorency
Carole Anne Potter - Professeure, College Montmorency
Dias Dimitri, enseignent au collège Montmorency, Collège Montmorency
Marc Francoeur, professeur, Collège Montmorency
Jessy Gravel enseignante, Collège Montmorency
Martin Lesco, Enseignant orthèses et prothèse cégep Montmorency
Karine Cliche, professeure (cégep), Syndicat des enseignantes et enseignants du Collège Montmorency
Ariane Gagnon, travailleuse du milieu culturel, SODEP
Daryl Hubert, professeur
Élise Dubé, professeure d'art visuel, Gaspé, Cégep de la Gaspésie et des îles
Manon Plante, enseignante, Cégep de Saint-Laurent
Isabelle Pontbriand, professeure, Collège Lionel-Groulx
Olivier Sauriol, élève, Collège montmorency
Sylvain Benoit, Enseignant en sciences politiques, SPPCGG
Noémie Bernier, directrice, Pôle d'économie sociale Gaspésie-Îles-de-la-Madeleine
Gabriel Deschênes, étudiant, Collège Montmorency
Monique Guimond, Collège Montmorency
Jean-Christophe G.-Fortier - Architecte, enseignant, Syndicat des enseignantes et enseignants du cégep Montmorency
Aysha Ased, SEECM
France Payment, enseignante, Collège Montmorency
Isabelle Côté, enseignante, Cégep de Sherbrooke
Jonathan Leblond, enseignant, Collège Montmorency
Raphaël Fortin, enseignant, cégep montmorency, syndicat csn
Renato Mauricio enseignant en technique du génie électrique, Collège Montmorency
Danielle Richard, militante pour l'environnement
Danielle France Joubert
Michel Bélanger, enseignant, Collège Montmorency
Stephen Coderre, professeur, SEECM
François Perreault, enseignant
François Fournier, professeur chercheur en biologie, Collège Montmorency
Julie Beauchemin, professeure, Cégep Montmorency
Julie McDermott, enseignante en techniques de travail social, Cegep de Rimouski
Dorsaf Haouari (enseignante), collège Montmorency
Rosalie Bent-Moffet, professeure , SEECT
Ricardo Peñafiel, Vice-président, Relations intersyndicales, Syndicat des professeures et professeurs enseignants de l'UQAM (SPPEUQAM/FNEEQ-CSN)
Marc-André Caron, Cegep Montmorency
Louis-Philippe Gauthier, Enseignant, Cégep de Sherbrooke
Jolyane Michaud professeure, Cegep Montmorency
Mélisande Fortin Boisvert, professeure, Collège de Maisonneuve
Carmen Perron, Enseignante, Collège Montmorency
Caroline Caza (enseignante), Cégep de Valleyfield
Thomas Fredericks, Professeur, Collège Montmorency
Michel Milot, professeur de mathématiques, Collège Lionel-Groulx
Julia Boulianne, professeure de littérature, Collège Montmorency
Ronald Cameron, responsable de la rédaction, Journal des Alternatives - Plateforme altermondialiste
Stéphane Pisani, Doctorant chercheur, Université Laval
Nicolas Roy, professeur, Collège Montmorency
Omar Bakri. Professeur, Collège Montmorency
David Pominville, professeur, Cégep de St-Jérôme
Tracy Burns, enseignante, Cegep Garneau
Julie Brillant-Picard, Enseignante et mère au front
Stéphanie Thibodeau professeure de biologie au collège Montmorency, Collège Montmorency
Charles Charpentier/menuisier, CSN
Josée Morais (enseignante), Cégep de Sherbrooke et SPECS
Julie Demanche, enseignante, Collège Montmorency
Elza Kephart, réalisatrice, Director's Guild of Canada
Steve Mckay, Cégep de sherbrooke
Véronique Lépine, Enseignante, Fédération nationale des enseignantes et enseignants du Québec
Isabelle Catafard, aide-bibliothécaire, Ville de Longueuil
Dante Cicchillitti, Délégué CSN Groupe Compass Centre Bell
Alex Filiatrault, Mont Tremblant
Guillaume Vézina, conseiller syndical, CSN
Evelyn Ginzburg, Incredible Edibles NDG
Daniel Langevin, enseignant et coordonnateur, Arts visuels, Collège Montmorency
Zoey Gauld (enseignante), Collège Montmorency
Elizabeth Plaxton, enseignante, Cégep du Vieux-Montréal
Marc Chénier, agroéconomiste retraité écologiste, Les ami-es de la Forêt du lac Jérôme
Geneviève Fournier-Goulet, enseignante en littérature, Cégep régional de Lanaudière
Emilie S.Caravecchia, professeure de littérature, Collège Montmorency
Geneviève Chagnon, agente de développement, CS Riverside
Marie Gauthier, enseignante, Collège Montmorency
Gabriel Dumas Enseignant-e de sociologie au Cégep de Valleyfield, Cégep de Valleyfield
Alexandre Gorchkov, acteur, travailleur autonome
Isabelle Johnston, professeure, Syndicat des enseignantes et enseignants du Collège Montmorency
Alexandre Viviers, électromécanicien, STM
Eric Gagné, conseiller d'orientation, Collège Montmorency
Mireille Viau, Intervenante au CISSSL
Sophie Lallemand, formatrice de la Fresque du Climat
Geneviève Lambert, éducatrice spécialisé, CISSS de Lanaudière
Mireille Bériault, enseignante, Cégep de Saint-Laurent
Robert Langevin Fonctionnaire retraité
Miriam Bolduc, enseignante, SEECM
C. Tatlock, retraitée
Zoé Dumais, musicienne et enseignante, Cégep Saint-Laurent
Phyllis Katrapani, Professeure et présidente du Syndicat des professeures et professeurs du Cégep Édouard-Montpetit
Geneviève Normandeau, Professeure de philosophie, Cégep Édouard-Montpetit
Selma Vorobief, citoyenne, Contractuelle
Jérémie Dion, Enseignant, Collège Ahuntsic
Monique Lefebvre, Université d'Ottawa
Geneviève Blais, enseignante littérature, Collège Montmorency
Jean-Philippe Boudreau, enseignant de littérature, Collège Montmorency
Samuel Faucher, enseignant, Cegep de Sherbrooke
Francois Veillette, professeur de biologie, Cégep Édouard-Montpetit
Maya de Cardenas, conseillère en environnement, Cégep Édouard-Montpetit
Roxane Millette, enseignante au collégial, cégep John Abbott College
Catherine Babin, enseignante, Personnel
Mélissa de La Fontaine, Présidente - Coopérative Incita, Coopérative Incita
Félix-Étienne Caron (Professeur), Collège Montmorency
Josiane Nadeau (enseignante), Collège Montmorency
Sylvain Losier, enseignant, SEECM
Catherine Vallée, Coalition Terrains de golf en transition
Jean-François Lemieux - Enseignant de philosophie, Cégep de Lanaudière à Terrebonne
Alexis Dumais, enseignant au Cégep, Collège Lionel-Groulx
Charlotte Durocher, comité environnement du cégep montmorency
Ariane Longpré-Lauzon, COSME* Cégep Saint-Laurent (*comité syndical de mobilisation environnementale)
Mélissa Lavergne, professeure de percussions latines, Cégep de Saint-Laurent
Jean Provencher, Agent de changement social
Catherine Le Saunier, professeure de violoncelle, Cegep de Saint-Laurent
Jean-François Roy, enseignant, cégep de Saint-Laurent
Jenny-Ann Gagnon, enseignante, SPCSL
Anne Dupuis, enseignante, Cégep de Saint-Laurent
Alex Provost, professeur de mathématiques, Cégep de Saint-Laurent
Sébastien Beaumont - Enseignant, SPCSL
Kristen Drummond, enseignante, Cégep de Saint-Laurent
Olivier Moses - Professeur - Cégep de St-Laurent
Diane Boisvert enseignante, Cégep Saint-Laurent
Lavoie Liette, professeure de français, cégep de st-Laurent
Lyne Duhaime, professeure, Cégep de Saint-Laurent
Sophie Horth, professeure, Cégep de Saint-Laurent
Véronique Dupuis, Enseignante en Danse, Cégep de Saint-Laurent
Enseignante en littérature, Syndicat des professeurs du Cégep Saint-Laurent
Nicolas Bertrand professeur, Collège Montmorency
Enseignante, Cégep Saint-Lanrent
Victor Alibert - enseignant, Cégep st Laurent
Pascale Rafie, professeure, Cégep de Saint-Laurent
Selena Bergeron, Enseignante , Cégep de Saint-Laurent
Fanny Godin, cégep de Saint-Laurent
Bruno Lamarche, professeur, Cégep de St-Laurent, Syndicat
Philip Wickham, enseignant, Cégep Saint-Laurent
Marc Conti (enseignant de mathématiques), SPCSL
Guillaume Dostie, professeur de biologie, Syndicat des professeur.es du cégep de Saint-Laurent
Christophe Gauthier, enseignant en orgue, clavecin, formation auditive et littérature musicale - Département de musique, Syndicat des professeurs du Cégep de Saint-Laurent
Tom Young – professeur, John Abbott College
David Hill - teacher, John Abbott College - JACFA
Myriam Genest-Denis, enseignante, Cégep de Saint-Laurent
Viviane Marcotte-Lheureux / enseignante en éducation physique au cégep de saint-laurent,
C. Dupuis-Giomi, Professeur, Cégep de saint-laurent
Magdy Meimari, Professeur, John Abbott College
Yannick Delbecque, Enseignant, Syndicat des professeurs et professeures du cégep de Saint-Laurent
Jessica Burpee, professeur en géographie, John Abbott College
MJ Lévesque, Enseignante en cinéma, Cégep Gérald-Godin
Hélène Chabot, enseignante, Syndicat des professeures et professeurs du Cégep Gérald-Godin
Kelly McKinney, Prof, John Abbott College
Chantal Brunet, enseignante, SPCSL
Véronique Nadon, enseignante soins infirmiers, Cégep Gérald-Godin
Pierre Dumont Gauthier, Cégep de Saint Laurent
Nidal Srouji, Cégep Gérald-Godin
Jasmin Felx, enseignant, Syndicat des professeurs du cégep de Saint-Laurent
Avery Larose, Teacher, John Abbott College
Sophie Noël, professeur, Cégep Gérald-Godin
Anna Lepine, English Teacher, JACFA
Herman Tumurcuoglu, John Abbott College
Mathieu Provencher (enseignant), CSSDN
Lysanne Denicourt, enseignante, Cégep Gérald-Godin
Etienne Portelance professeur de physique, Cegep John Abbott
John Gilbert - enseignant, CEGEP Saint-Laurent
Antoine Herlin, professeur, Cégep John Abbott
Daniel Desroches, co-fondateur, Les Amis du Boisé Neilson
Brian Mitchell Peters, Professor non-perm, FNEEQ
Richard Leveille, professeur, Cegep John Abbott
Maria Mamfredis CEGEP teacher, John Abbott CEGEP
Arlene Marsh-Hackett (Technicienne en documentation), CEGEP John Abbott College
Simon Daoust, Prof de Biologie, John Abbott College
Nicolas Hugo Chebin, professeur d'histoire, Cégep Gérald-Godin
Martin Chicoine, enseignant, cégep Gérald-Godin
Louis Charbonneau, enseignant, Cégep de Saint-Laurent
Julien Morency-Laflamme, enseignant au Cégep, Cégep John Abbott
Melissa Tomecz (Bibliothécaire), Cégep John Abbott
Elaine Caron, enseignante, Cégep Gérald-Godin
Isabelle Tardif, enseignante, Cégep de Saint-Laurent
Audrey Baker professeur, John Abbott College
Caroline Crépeau enseignante, Cégep Édouard Montpetit
Hélène St-Jean, professeure
Annie Martineau, Enseignante, Cégep Édouard-Montpetit
Nathalie Ménard, Syndicat-Cégep Édouard-Montpetit
Bianka Ménard, enseignante, Sppcem Cégep Édouard montepetit
Marie Dauverné, Cégep de Saint-Laurent
Marie Labbé, Professeure, Cégep Édouard-Montpetit
Nathalie Malo, enseignante, Cégep Édouard-Montpetit
Andrew Cuk, professeur, JACFA
Frédéric Lagacé Enseignant, Cégep Édouard-Montpetit
Mélissa Henri professeure, SPCSL
François Godin, professeur de littérature , Cégep Édouard-Montpetit
Manuel Sepúlveda Professeur, Cégep Édouard Montpetit
Guillaume Villeneuve, Cégep de saint Laurent
Julie B Côté enseignante, Cégep Édouard Montpetit
Jean-Pascal Larin, professeur Cégep Édouard-Montpetit, FNEEQ-CSN
Eve-Lyne Bélair, enseignante, Cégep
Joëlle Shaw, enseignante, Cégep Édouard-Montpetit
Patrick Létourneau - professeur de biologie, Cégep Édouard-Montpetit
Mariannick Archambault, Professeure, Cégep Édouard-Montpetit
Maude Cournoyer-Gendron, professeure de géographie, Cégep Édouard-Montpetit
Maggie Dubé, enseignante au collégial, SPPCEM
Mathieu Dupont, professeur, Cégep Édouard-Montpetit
Ed Hudson, professeur, John Abbott College
Angelo dos Santos - professeur, JAC
Alexandre Donato, enseignant, Cégep Édouard-Montpetit
Alain Bouchard, Professeur, Sppcem
François Harvey, professeur de littérature, Cégep Édouard-Montpetit
Daniel Coutu, Enseignant
Esther Szeben, Instructrice, CEGEP John Abbott College
Thierry Gendron-Dugré, professeur de philosophie, Collège Montmorency
Yves Sabourin, professeur, cégep Édouard-Montpetit
Mathieu David Brossard, enseignant de physique, Cégep Édouard Montpetit
Charles Fortin, professeur, Cégep Édouard-Montpetit
Céline-Michelle Cacchia enseignante soins infirmiers, Cégep Édouard Montpetit
Lisa Szabo-Jones, John Abbott College/JACFA
Olivier Huot-Beaulieu, professeur de philosophie, Cégep Édouard-Montpetit
Denis Courville, professeur, Cégep Édouard-Montpetit
Frédéric Julien, enseignant, Cégep Édouard-Montpetit
Isabelle Paquet, Professeure de littérature, Cégep Édouard-Montpetit
Bettina Hoffmann, teacher, John Abbott College
Darren Millar, professeur, John Abbott College
Simon Goyette - Enseignant, Collège Montmorency
Annie Nantel, professeure, Cegep Édouard-Montpetit
Sébastien Bage, enseignant, Cégep Édouard-Montpetit
Mathieu Teasdale, professeur de littérature, Cégep de Saint-Laurent
Alexandre Côté - Enseignant, Cégep Saint-Laurent
Nathalie Éthier, Professeure, Cégep Édouard-Montpetit
Julien Beauregard, professeur de français , Cégep Saint-Laurent
Christian Levesque, professeur, Cegep John Abbott College
Thomas Boucher, enseignant, APPM-FAE
Colby Gillette (Enseignant), John Abbott College
Jean-Philippe Martel, professeur, Collège Montmorency
Etienne Legault, Cégep de Saint-Laurent
Mathilde Brodeur
Béatrice Berland, enseignante MIFI, Cégep Montmorency
Bérubé F Sophie, professeure, FNEEQ
Karine Belliard enseignante, Cégep Edouard-Montpetit
Ivan Bendwell, Enseignant, cégep de Saint-Laurent
François Lareau, enseignant, Collège Montmorency
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Mobilisation du Front commun : les appuis de l’extérieur du Québec se multiplient

Le mouvement de grève historique initié par les 420 000 membres du Front commun a trouvé écho à l'extérieur du Québec au cours de la dernière semaine. Après la Fédération du travail de l'Ontario, qui nous exprimait son soutien à la suite de son congrès, c'est au tour des 32 millions de collègues de l'Internationale de l'éducation et des 30 millions de membres de l'Internationale des services publics de lancer une campagne d'appui aux travailleuses et aux travailleurs des services publics du Québec dans leur négociation auprès de Québec.
Tiré de CSQ cette semaine.
L'appel vise à inciter le gouvernement du Québec à négocier de bonne foi et à respecter le droit de grève des travailleuses et des travailleurs du secteur public.
- « Le gouvernement du Québec doit respecter le dialogue social et doit négocier avec les syndicats des fonctionnaires de la province. L'offre précédente du gouvernement n'est pas acceptable et a été massivement rejetée par les fonctionnaires. Il est regrettable que votre gouvernement montre une incapacité à comprendre les difficultés rencontrées dans le secteur public et le besoin urgent de soutenir et de motiver les personnels des services publics. »
- – Texte de la lettre d'appui.
Au moment d'écrire ces lignes, déjà près de 3100 personnes et organisations ont participé à la campagne d'appui.
Les organisations suivantes nous ont également fait parvenir des lettres d'appui :
– Comité Organisateur, Coalition Tri-nationale pour la Défense de l'Education Publique (coalition d'organisations de travailleurs de l'éducation, d'étudiants et d'organisations communautaires du Mexique, des États-Unis et du Canada)
– South African Democratic Teachers' Union (SADTU)
– Fédération des enseignants du Nouveau-Brunswick
– Sindicato Nacional de Trabajadores de la Educación de México
– Syndicat général des professeurs et professeures de l'Université de Montréal
– Japan Teachers' Union
– Alliance of Concerned Teachers – Philippines

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Des retraités en soutien au Front Commun

Nous sommes des retraité.e.s du secteur public. Parce que nous ne sommes pas indifférent.e.s au destin des services publics dans lesquels nous avons œuvrés pendant de nombreuses années, parce que nous sommes inquiètes et inquiets de la tournure que prennent actuellement les négociations et parce que nous n'avons pas oublié ce que nous avons vu de l'intérieur, nous souhaitons exprimer notre solidarité à l'égard des centaines de milliers de grévistes qui luttent actuellement pour faire reconnaitre leur dignité.
En arrière-plan de la négociation
Les employé.e.s du secteur public ont subi diverses formes de régime d'austérité depuis 1982. Sous prétexte de couper dans le gras, de diminuer les impôts ou d'effectuer des réformes toujours plus centralisatrices, le gouvernement du Québec malmène les services offerts à la population autant que les personnes qui y travaillent. Depuis la monstrueuse coupure de 20% de René Lévesque, les salaires ont rarement augmenté à un taux qui suit le cours de l'inflation.
Depuis la fin de la Révolution Tranquille, les sommes d'argent versées en santé, en éducation et dans les autres domaines de la sphère publique ont permis d'ajouter des services ici et là mais ils n'ont pu empêcher une dégradation lente et permanente tant des édifices que des conditions de travail. Les uns après les autres, les gouvernements ont choisi de remodeler des structures plutôt que d'écouter les travailleuses et travailleurs qui vivent les problèmes au quotidien et qui auraient des solutions à proposer.
Les travailleuses et travailleurs du secteur public se rappellent que juste avant la pandémie, le gouvernement nageait dans les surplus. Qu'a-t-il fait de tous ces surplus ? Il a décidé d'envoyer des chèques à toutes et à tous sans égard à leur situation dans le but de se faire réélire.
Pendant la pandémie, le premier ministre et son gouvernement n'avait pas de mots trop forts pour remercier celles et ceux qui tenaient le système à bout de bras dans des conditions impossibles.
Actuellement le Québec vit une situation invraisemblable : malgré un taux de chômage relativement bas, le nombre de personnes qui ont recours à des banques alimentaires brise des records.
Dans ce contexte, on pouvait espérer que les négociations prennent un tour différent. Hélas ce n'est pas le cas. Diverses annonces ont montré que le gouvernement n'avait pas les mêmes priorités que les centaines de milliers de personnes qui font fonctionner le système. Les services publics sont en péril. Il est temps que le gouvernement considère ceux-ci comme un investissement nécessaire et non comme une dépense.
Nous dénonçons
Nous dénonçons le fait que le gouvernement négocie sur la place publique comme aucun ne l'a fait avant. Des négociations, c'est bien autre chose qu'une stratégie de communication.
Nous trouvons scandaleuses les offres salariales qui sont sous la barre de l'inflation pour le plus grand nombre. Personne ne souhaite s'appauvrir par son travail.
Nous sommes outré.e.s qu'en 2023, le gouvernement fasse des offres indignes à du personnel de milieux de travail constitués en majorité de femmes.
Nous déplorons le manque de vision du gouvernement. On savait depuis des mois que la ronde de négociation s'approchait. Or le gouvernement semble avoir procédé avec désinvolture en laissant traîner les choses, en attendant l'annonce de grèves avant de faire des propositions plus sérieuses. Les grèves étaient évitables.
Enfin, nous protestons contre le désinvestissement dans les services publics. Dans de nombreux corps d'emplois, en santé, en éducation, dans les services sociaux, non seulement les candidatures se raréfient, mais en plus il est de plus en plus difficile d'y retenir les personnes qui s'y risquent. Les offres actuelles ne nous semblent pas être de nature à améliorer la situation.
Notre appui
Nous, ex-employé.e.s des services publics, exprimons donc aujourd'hui notre solidarité à l'égards des revendications des travailleuses et travailleurs du secteur public et nous appuyons leur mouvement de grève.
Signatures
Martin Godon, retraité de l'enseignement collégial.
France Demers, retraitée de l'enseignement collégial.
Sylvain Chamberland, retraité de l'enseignement collégial.
Nathalie Cloutier, retraitée de l'enseignement collégial.
Sylvie Taillon, infirmière clinicienne cadre retraitée.
Danielle Carbonneau, retraitée de l'enseignement collégial.
Guido Conti, retraité de l'enseignement collégial.
Manon Ann Blanchard, retraitée.
Denis Payette, retraité de l'enseignement collégial.
Jean-Claude St-Pierre, retraité de l'enseignement collégial.
Ronald Cameron, retraité de l'enseignement collégial.
Michel Lalonde, retraité de l'enseignement collégial.
Hélène F. Lepage, technicienne en travaux pratique, retraitée.
Monique Nadon, retraitée de l'enseignement collégial.
Gilbert Lachaine, retraité.
Christiane Mignault, retraitée du cégep Édouard-Montpetit.
Francine Gravel, retraitée de l'enseignement collégial.
Jean-Guy Lacroix, retraité de l'enseignement collégial.
Gaétanne Beauchesne, enseignante retraitée.
Flavie Achard, retraitée de l'enseignement collégial.
Guy Ferland, retraité de l'enseignement collégial.
Pierre Després, retraité de l'enseignement collégial.
Louise Corriveau, retraitée.
Wedad Antonius, retraité du collège Édouard-Montpetit.
Marie Brosseau, retraitée de l'enseignement collégial.
Janice Paquette, retraitée de l'enseignement collégial.
Jean-Marie-Dion, retraité du personnel de soutien du collégial.
Charles de Mestral, retraité de l'enseignement collégial.
Marie-Josée Rhéaume, retraitée de l'enseignement collégial.
Magda Sayad, retraitée.
Claire-Andrée Leclerc, retraitée de l'enseignement collégial.
Raymond Gravel, retraité de l'enseignement collégial.
Réjean Larouche, retraitée de l'enseignement collégial.
Annette Beauvais, retraitée.
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La CSN dénonce l’usage du bâillon pour l’adoption de la réforme Dubé

« Le Québec est pris dans une relation toxique avec le privé, particulièrement dans le domaine de la santé et des services sociaux. » La Confédération des syndicats nationaux (CSN) dénonce l'usage du bâillon pour forcer l'adoption de la réforme Dubé, la plus vaste réforme que le réseau de la santé et des services sociaux n'a jamais vue.
Tiré du site CSN
« S'il y a une chose que je peux vous assurer, c'est que la CSN va se battre pour que les travailleuses et les travailleurs du réseau ne fassent pas les frais des réformes nocives du gouvernement », a expliqué Caroline Senneville, présidente de la CSN.
Le projet de loi, vivement critiqué par la CSN, ouvre la porte toute grande à l'usage du privé en santé, de même qu'à la centralisation du réseau. La centrale syndicale craint notamment que ces transformations n'exacerbent les problèmes criants de pénurie de main-d'œuvre dans le milieu.
« Le Québec est pris dans une relation toxique avec le privé, particulièrement dans le domaine de la santé et des services sociaux. Plus on va donner de la marge de manœuvre aux cliniques privées, plus on va créer des fuites de personnel vers ce secteur, plus on va augmenter la pression sur le public et surtout, sur les travailleuses qui le tiennent à bout de bras », a ajouté Caroline Senneville.
En plus d'un rebrassage inutile des structures syndicales, la réforme verra aussi la création d'un employeur unique pour les 310 000 travailleuses et travailleurs du réseau de la santé et des services sociaux. À plusieurs reprises, le ministre Dubé a présenté sa réforme comme l'achèvement des transformations entamées par les ministres Couillard et Barrette. Ces réformes ont d'ailleurs elles aussi été adoptées sous bâillon.
Récemment, une coalition de plus de 300 organisations syndicales, communautaires et médicales, dont la CSN fait partie, remettait en question l'adoption précipitée et antidémocratique de la réforme.
« Pour un gouvernement qui gouverne à coups de sondages, je trouve qu'il ignore pas mal ce que la société civile pense de sa réforme. Une chose est certaine, les Québécoises et les Québécois ne veulent pas d'une américanisation du réseau », a conclu Mme Senneville.
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Adoption précipitée de la réforme Dubé sous bâillon | La santé et le filet social des Québécois·es en péril

L'Alliance du personnel professionnel et technique de la santé et des services sociaux (APTS) réagit à l'adoption sauvage sous bâillon du projet de loi n° 15, marquant l'avènement de l'agence Santé Québec. Cette dernière constituera le plus gros employeur au Canada, avec plus de 300 000 employé·e·s.
La « plus grande opération de centralisation en santé de l'histoire du Québec »
« Encore aujourd'hui, j'ai du mal à m'expliquer une telle orientation alors que les expériences passées devraient nous pousser dans la direction diamétralement opposée. La réforme Barrette est connue aujourd'hui comme un échec retentissant, en majeure partie parce que la concentration des pouvoirs a pavé la voie à une bureaucratie centrale lourde et inefficace, qui ralentit les décisions sur le terrain de façon significative et mine par conséquent l'efficacité des soins et services offerts. Ça dépasse l'entendement qu'on renchérisse là-dessus », a déclaré Robert Comeau, président de l'APTS.
La démocratie en berne dans le réseau
« L'APTS a voulu collaborer dès le début pour bonifier ce projet de loi. Nous nous sommes prêté·e·s à l'exercice de bonne foi, mais nous avons constaté que cela donnait des résultats mitigés. Pour qu'une réforme fonctionne, elle doit être acceptée par le milieu dans lequel elle doit être implantée. Je trouve inconcevable que la finalité soit l'adoption sous bâillon alors que l'objectif même est d'améliorer le réseau de la santé et des services sociaux. Le seul consensus qui émane de la réforme Dubé, c'est qu'il n'y en n'a pas ! », a dénoncé Émilie Charbonneau, vice-présidente de l'APTS.
Une période de transition cruciale
« Il faut absolument que des forums soient mis en place durant la transition. Il en va de la survie de notre réseau. Légiférer dans son coin et n'en faire qu'à sa tête, surtout quand il s'agit de la santé de la population et du filet social dont dépend la très grande majorité des Québécois·es, c'est irresponsable et irrespectueux. Personne ne sait encore quelles seront les véritables conséquences de la réforme en question. M. Dubé est en train de retirer de l'oxygène à un réseau qui est déjà sur le respirateur artificiel », a conclu Robert Comeau.
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Les syndicats du Canada : affronter la haine est une responsabilité partagée

En cette Journée internationale des droits de la personne, les syndicats du Canada incitent les gouvernements et les individus à affronter collectivement la montée de la haine.
Le Canada fait face à une crise : selon des données de Statistique Canada publiées plus tôt cette année, les crimes haineux contre des personnes 2SLGBTQI+, musulmanes et juives ont atteint un nombre record en 2021. Ce nombre continue d'augmenter. Il comprend une augmentation alarmante des incidents et des crimes haineux, des idéologies clivantes et des actes racistes, empreint de préjugés et discriminatoires, tant en ligne que hors ligne. Il est d'une importance cruciale que tous les Canadiens et Canadiennes s'unissent pour luter de front contre cette haine.
Les syndicats du Canada incitent le gouvernement fédéral à agir sur-le-champ pour freiner la montée de la haine dans notre pays. Il doit notamment publier son Plan d'action national de lutte contre le haine, outil très nécessaire pour aider à combattre l'augmentation et la propagation rapides de la haine.
Les discours haineux continuent de se répandre en ligne. Cela permet aux groupes fascistes, d'extrême droite et militant pour le suprémacisme blanc de s'organiser et de diffuser les discours et les idéologies fondées sur la haine rapidement et efficacement. Le gouvernement fédéral doit déposer le projet de loi sur les méfaits en ligne qu'il promet depuis longtemps pour contrer la très inquiétante tendance de la haine, du harcèlement et de la violence en ligne.
Pour lutter contre la flambée des campagnes anti-2SLGBTQI+, anti-inclusion et pro-violence dans l'ensemble du pays, les syndicats du Canada appellent à la mise en œuvre des 29 recommandations sur les politiques que comprend le Livre blanc sur le statut des personnes trans et de diverses identités de genre.
« Cette année marque le 75e anniversaire de la Déclaration universelle des droits de la personne et, pendant que nous réfléchissons à cet important fait, nous devons nous unir contre la haine sous toutes ses formes. La haine – qu'elle soit fondée sur le racisme, la xénophobie, l'homophobie, la transphobie ou une autre forme de préjugés et de discrimination – n'a pas sa place dans notre société. Elle compromet les principes des droits de la personne et menace l'étoffe même de notre société », déclare Larry Rousseau, vice-président exécutif du Congrès du travail du Canada (CTC).
Les syndicats du Canada sont depuis longtemps à l'avant-garde des dossiers des droits de la personne et continueront à lutter pour un avenir plus juste et plus équitable pour tous.
« Nous ne laisserons personne réduire les droits humains que nous avons obtenus de haute lutte. Chaque travailleur ou travailleuse mérite de vivre sans peur, préjugés et fanatisme. Nous demeurons fermement résolus à affronter la haine dans nos lieux de travail, nos syndicats et nos collectivités », affirme Bea Bruske, présidente du CTC. « La montée de la haine qui se poursuit exige une réponse urgente, et nous incitons le gouvernement fédéral à prendre des mesures concrètes pour défendre et préserver les droits de la personne au Canada. Mais nous avons en outre un rôle collectif à jouer pour dénoncer et combattre la haine. Il revient à chacune et à chacun d'entre nous de dénoncer la haine quand nous la voyons et l'entendons. Ce n'est qu'ensemble que nous pourrons rendre nos lieux de travail et nos collectivités plus sécuritaires pour tous. »
Tous les membres de la population canadienne doivent faire leur part pour affronter et éliminer la haine. Joignez-vous à la lutte en :
– téléchargeant notre guide intitulé Travailleuses et travailleurs en transition pour en savoir plus sur les moyens d'appuyer les personnes trans dans votre lieu de travail.
– téléchargeant notre rapport sur l'élimination de l'islamophobie dans nos lieux de travail et nos collectivités intitulé L'islamophobie au travail : défis et occasions.
– vous renseignant sur la propagation de l'extrémisme de droite et du populisme en ligne et dans les collectivités de tout le Canada.
– signant la pétition de #TransEqualityNow pour faire savoir au gouvernement fédéral qu'il doit agir sans tarder.
* Certains des liens ne sont disponibles qu'en anglais
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À propos de la poésie de Lenous Guillaume-Suprice (Nounous)

La poésie n'est pas forcément du vers et des rimes (…). Un poème est une tentative de nous ouvrir les yeux pour voir ce qu'on ne regarde plus. - Jean Cocteau
Il y a une mémoire d'au-delà de la mémoire : c'est ce qui remonte à la surface grâce à ces grands coups de sonde que constituent l'acte poétique. Aimé Césaire
Un jour, alors que je faisais part à Nounous de ma difficulté à comprendre la poésie, il m'a tout simplement répondu d'un air ponctué d'une franche candeur : « Laisse-toi aller ! »
Ce « Laisser-aller », je l'ai appliqué non sans difficulté et sans risques en lisant et relisant son dernier recueil de poèmes Nuit Rhapsodie (1).
Inutile de chercher une versification qui laisse transparaitre à ciel ouvert et dans sa totalité le sens du poème. Tel est l'écrit de Nounous, et dès Alcool d'une nuit et d'autrefois l'on se trouve plongé dans l'histoire qui semble celle d'une payse encastrée dans la mémoire peut-être d'un voyageur cherchant sa route, peut-être dans la conscience d'un aventurier en quête de liberté, mais en bute à de multiples obstacles :
« À l'inverse du rapprochement
sa solitude son ennui laissés
sans épanchement
À l'échelle du quotidien
ses nuits ses heures passées
à craindre des complots
Au tableau des attentes
sa fougue sa passion émasculées
à grands coups de mépris »
Ainsi se suivent plusieurs strophes où le poète passe en revue à l'aide de puissantes métaphores les turpitudes et affres d'une conscience éclaboussée :
« Assez souvent
on doit éteindre la clarté des oreilles
pour ne pas entendre la cacophonie des maitres
d'hier et d'aujourd'hui
en leur démoniaque huis clos
au démantèlement de son édifice à distinction »
Le poète trace et cherche sa voie dans la tourmente : avant de se (re)trouver, il doit briser les chaines de toutes « ces nuits d'angoisse » et se débarrasser « des chiennes de puces ». Le chemin est long et les strophes ne se suivent pas, pourtant l'idée d'une quête de soi (et peut-être sur soi) les traverse, et cette quête prend vie grâce à ce puissant souffle poétique, mais elle n'est pas simplement repli sur soi, elle est surtout constat d'un monde en quête de « survivance » où
« il y aura des voix ignées, d'autres
indignées, et certains, malgré tout le ramdam
autour, se réveilleront longtemps après la chouette
de Minerve, tout juste le temps d'être bien au fait
des largesses du malheur… »
Sartre dans son Mallarmé voyait les poètes de la génération de l'après 1848 comme des « orphelins de Dieu »(2) Dieu étant mort, « ils ont ressenti le Grand Naufrage comme une mutilation. Tout étourdis d'être sur terre, ils ne savent pourquoi ils sont nés et ils détestent leur contingence. » La Poésie est devenue seul repère, force créatrice, dans un monde vide, dépourvu de sens. Mais les événements de 1848 ne consacraient pas uniquement la mort de Dieu, la bourgeoisie triomphante n'avait cure de cette quête d'une nouvelle « spiritualité » et n'offraient aucun repère à ces poètes, dont certains se sont assumés « maudits ».
Pour Nounous, la question est tout autre : la poésie est ancrage dans un monde réel, sans une quelconque « nostalgie divine ». Elle exprime de part et d'autre un désir d'émancipation de soi. Mais aussi à l'égard d'une certaine emprise sociale :
« Il n'y a peut-être pas pire asservissement
que celui que l'on réserve à soi-même
et le malheur est dans le vide
autour de soi provoqué par agacement
non dans la verdure de l'accomplissement
au fond de la joliesse des mains en marche par jonction
non plus dans le territoire des souvenirs
quand l'humour se fait en largesse
car en riant l'on s'enrichit d'un peu d'amnésie
face à l'intransigeance des tourments »
Nuit Rhapsodie termine par un message d'espérance, qui ne relève pas de l'optimisme, mais plutôt de la conscience de l'importance du combat à mener
« …pour ouvrir une aire d'opiniâtreté, d'apprentissage du bonheur
dans la plus ancienne et les nouvelles écoles du faubourg, où
cœurs qui s'y activent s'engagent à polir la pierre d'un idéal… »
Selon moi, il ne fait aucun doute que la poésie de Nounous s'inscrit dans le grand courant littéraire qui depuis Maïakovski en passant, près de chez nous, par Magloire-Saut-Aude, Davertige, Cavé, bouleverse « les valeurs d'ordre » (Barthes).
Notes
1- Lenous Guillaume-Suprice, Nuit Rhapsodie (Poésie). Les Éditions du CIDHICA, Montréal 2023
2- Jean-Paul Sartre, Mallarmé. La lucidité et sa face d'ombre. Éditions Galimard, 1986
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Nouveau numéro de la revue Relations : La transmission au Québec : entre désir et refus

Thème anthropologique et sociologique fondamental, au cœur de la culture comme de la vie humaine, la transmission ne va pourtant pas de soi. Elle peut se faire de manière consciente ou inconsciente, elle peut être recherchée ou fuie. Elle peut aussi se rompre, lorsque le refus d'un héritage est si fort qu'il conduit au rejet des institutions par lesquelles il se transmet, ou encore lorsque celles-ci sont affaiblies, voire détruites, par la colonisation ou les guerres, par exemple. Néanmoins, le besoin, sinon le désir de transmettre demeure toujours au centre du lien entre les générations et les époques. Regard sur un Québec où la transmission se pose entre désir et refus.
Sommaire
La transmission au Québec : entre désir et refus 📖
Julie Perreault
L'horizon long de la transmission
Gilles Bibeau
Le sacrifice des cultures religieuses en éducation
Louis Rousseau et Georges Leroux
De la transmission naturelle
à la réappropriation de la culture
Table ronde avec Stacy Bossum et Alice Germain
Transmettre l'élan
Jean-Philippe Pleau
L'engagement social en héritage
Suzanne-G. Chartrand
Transmettre ce qui fait vivre. Rencontre avec Caroline Dawson
Emiliano Arpin-Simonetti
Artiste invitée : Nathalie Ampleman
À découvrir aussi
Édito
Garder audible l'espérance 📖
Catherine Caron
Débat
L'électrification au Québec : piège ou priorité ? 📖
Normand Mousseau et Éric Pineault
Grand entretien avec Lucie Lamarche
Près de 50 ans dans l'aventure du droit social
La Série sur les domaines émergents du droit
Le droit, un outil pour la transition écologique
Camille Cloutier
Aux frontières
Danaëlle : une liberté radicale
Jean-Lou David
Et retrouvez : le Carnet de Nathalie Plaat et la chronique poétique de Emné Nasereddine

Pour le temps des fêtes, offrez-vous du temps pour lire !
C'est l'autrice et psychologue Nathalie Plaat qui tient le Carnet dans nos pages cette année, dans lequel elle déploie une réflexion en quatre volets sur la famille, la filiation et la quête des origines. Si vous aimez sa prose, ne manquez pas les prochaines livraisons de sa chronique : abonnez-vous !
Vous pourriez en plus gagner un exemplaire dédicacé de son plus récent livre, Chroniques d'une main tendue, paru aux Éditions Somme toute (2023).
ABONNEZ-VOUS AVANT LE 15 DÉCEMBRE (9H) POUR PARTICIPER AU TIRAGE
Code promo : NOËL
Dans la prochaine année, nos dossiers porteront sur des sujets aussi variés que la guerre et la paix, les arbres, la nation et les imaginaires politiques, ainsi que les nouvelles réalités amoureuses et familiales. Le tout, toujours avec la même rigueur et le même engagement solidaire qui caractérisent le travail de Relations.
Pour nous soutenir, la meilleure façon reste de s'abonner ou de vous réabonner !
Joyeuses fêtes 2023 !

Livre : Critique du « colonialisme vert »

Un stimulant ouvrage collectif questionne les impasses des politiques de transition énergétique en Afrique du Nord. Ses chapitres successifs illustrent, études de cas à l'appui, combien le discours sur l'environnement est fréquemment corrélé à des logiques d'accaparement des terres et des ressources par les économies occidentales. Il se trouve alors à l'origine d'un véritable « colonialisme vert ».
Tiré d'Orient XXI.
L'unanimisme apparent des discours internationaux sur le dérèglement climatique et la nécessité d'y faire face occulte bien des enjeux. Il néglige notamment d'interroger les mécanismes de domination que les politiques de transition à l'œuvre préservent largement, voire réinventent. Depuis la COP 27, et au cours de la préparation de la COP 28 de Dubaï, la question de la justice climatique à travers la mise en place de mécanismes de compensation (liés aux dites « pertes et dommages ») pour les pays du Sud a pu être discutée, mais manque indéniablement d'ambition.
LES IMPENSÉS DE LA TRANSITION
À point nommé, l'intérêt de l'ouvrage collectif dirigé par Hamza Hamouchene, chercheur et militant rattaché au Transnational Institute, et Katie Sandwell, chargée de programme dans ce même centre basé à Londres, est d'éclairer les angles morts des politiques de transition climatique, apparemment généreuses, progressistes et « justes ». À travers neuf études de cas du Maroc au Soudan, les autrices et auteurs, quasiment tous issus des sociétés concernées, invitent en quelque sorte leur lectorat à penser contre lui-même, c'est-à-dire à considérer les limites de politiques dites « vertes » telles que développées en Afrique du Nord. Ils déploient ainsi une approche volontiers critique qui remet en question l'eurocentrisme de récits écologistes souvent simplificateurs.
Prendre au sérieux l'urgence de la justice climatique et souligner les effets pervers de la transition énergétique sur les sociétés de cette région du monde est un impératif autant moral que pratique. Les chapitres successifs de l'ouvrage illustrent en particulier combien les discours portés par les gouvernements et multinationales sur ces sujets servent aussi en réalité à entretenir, parfois même à relégitimer, la domination néocoloniale. Ils justifient par exemple en Algérie les logiques extractivistes de pillage des ressources naturelles aux dépens des populations, et en particulier des agriculteurs, tout en alimentant les politiques autoritaires qui servent surtout les intérêts des plus riches.
Un « orientalisme environnemental »
Le procès du « greenwashing » qui est mis en œuvre par les programmes d'énergies renouvelables, qu'ils soient solaires ou axés sur l'hydrogène, est ici fort convaincant. Les cas d'études s'appuient sur des données concrètes et incarnent un souci remarquable pour les expériences quotidiennes des « premiers concernés » : usagers des services publics de l'électricité au Soudan, anciens travailleurs d'une mine au Maroc ou militants œuvrant pour la justice. Par-delà ces cas individuels se dessinent des politiques climatiques marquées par un « orientalisme environnemental », c'est-à-dire la construction d'un environnement nord-africain perçu comme dégradé et vide qu'il conviendrait de corriger en l'exploitant convenablement. Cette logique, comme l'expliquent Hamza Hamouchene et Katie Sandwell dans leur introduction, sert à légitimer les structures de domination et de dépossession qui se trouvent toujours à l'œuvre dans les projets énergétiques. À cet égard, que l'énergie soit dite « verte » ne change rien à l'affaire. L'exemple le plus éloquent est celui de la Tunisie où la transition s'inscrit dans des logiques de privatisation faisant intervenir des capitaux étrangers qui accroissent la dépendance, sans réduire la consommation de CO2 ni les atteintes à l'environnement.
La réflexion transversale sur la justice climatique est ici stimulante dans la mesure où elle fait appel à des voix militantes actives dans les sociétés nord-africaines. Mais le discours qui a valeur de programme apparait parfois marqué par une certaine abstraction. On regrettera que la construction et l'isolation des bâtiments, essentielle aussi dans les pays où la climatisation se répand, soit ici ignorée. La question des aspirations variées des populations d'Afrique du Nord, et l'attrait exercé auprès d'un nombre significatif d'entre eux par des modèles de développement peu sobres, tel celui de Dubaï où se tient la COP 28, reste une aporie. L'enjeu dépasse certes l'ouvrage lui-même et vient interroger la nécessité, parallèlement à la justice, de construire un imaginaire écologiste réellement désirable pour toutes et tous.
Hamza Hamouchene et Katie Sandwell (dir.)
Face au colonialisme vert. Transition énergétique et justice climatique en Afrique du Nord
Syllepse/Transnational Institute, 2023
245 p.

Poly

Elles sont quatorze
Nous sommes chacune.
Elles ont reçu une balle
Sans avoir le temps de réaliser, d'avoir mal.
Nous, nous avons reçu insultes, gifles,
Avec trop de temps pour sentir le vide.
Paralysées par la peur ou mortes
C'est la main, c'est la balle.
C'est le mépris de la même sorte
Du père, du mari ou de l'amant jaloux qu'importe.
Mais surtout pas simple acte de malade.
Non la semence a été longtemps cultivée
La haine en est le fruit rouge sang.
La violence : cette sève goutant amèrement
Et le pouvoir : ces racines si entremêlées.
Et vous voulez par vos mains, par vos balles
Lentement ou rapidement
Sournoisement, subitement, ou violemment
Nous faire goûter ce mal ;
Implanté dans nos cœurs cette obéissance ?
Mais notre silence et notre consentement
À toutes fins et pour longtemps
Vous ne l'aurez
Et de la société et de nos vies
Déraciner, couper, brûler
À jamais cet arbre maudit.
Et avec nos bras, nos cœurs solidarité
Nos sifflets, notre ardeur solidarité
Nos clés, nos pieds
Riposter comme collectivité solidarité
Elles ont été quatorze
Nous serons toutes
11-12-89
Noisette, une sorcière comme les autres
*****
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ᑕᐅᑐᒃᑕᕗᒃ Tautuktavuk (Sous nos yeux) sur la liste des 10 meilleurs longs métrages canadiens de 2023

MONTRÉAL le 6 décembre 2023 – Après avoir remporté la semaine dernière *le prix Rödspoven* au *Festival du film d'Umeå (UEFF)* en Suède, ainsi que *le prix Amplify Voices BIPOC & Canadian First Feature Award* présenté par Canada Goose au *Festival international du film de Toronto (TIFF)* en septembre 2023 et le *Sun Jury Award* au festival *ImagineNATIVE* en octobre 2023, le producteur *Jonathan Frantz* de *Kingulliit Productions* et d'*Isuma Productions*, en collaboration avec *Uvagut TV* et *Isuma
Distribution International*, a le plaisir d'annoncer que *TAUTUKTAVUK (SOUS NOS YEUX)*, coréalisé par *Lucy Tulugarjuk* (*Tia and Piujuq*, *One Day in the Life of Noah Piugattuk*, *Atanarjuat : la légende de l'homme rapide*) et *Carol Kunnuk* (*Welcome to my Qammaq*, *Being Prepared*, *Attagatuluk*), a été sélectionné dans la liste *Canada's Top Ten 2023*
<https://tiff.net/press/news/tiff-un...>
des 10 meilleurs films canadiens de l'année du *TIFF*.
« Avec tant de gratitude, d'appréciation, d'amour et de respect, merci
beaucoup du soutien continu - Uyarak ! », a déclaré *Lucy Tulugarjuk* en
recevant la nouvelle à Montréal.
*PREMIÈRE QUÉBÉCOISE + EN SALLE À MONTRÉAL*
*Isuma Productions*, *Isuma Distribution International* et *Kingulliit
Productions*, en collaboration avec *Cinema Politica, *présentent en *première
québécoise *le long métrage primé *TAUTUKTAVUK (SOUS NOS YEUX)*, coréalisé
par *Lucy Tulugarjuk* et *Carol Kunnuk*, comme film de clôture de la saison
d'automne de Cinema Politica Concordia* le lundi 11 décembre 2023 à 19h à
l'Université Concordia (salle H-110)*.
La première québécoise sera suivie d'une *séance de questions et réponses et d'une conversation avec Lucy Tulugarjuk* et la documentariste *Alanis Obomsawin* (*Incident at Restigouche, Kanehsatake : 270 Years of Resistance*, *Our People Will Be Healed*). La table ronde sera animée par l'artiste multidisciplinaire, cinéaste et conservateur d'art *Asinnajaq* ( *Upinnaqusittik*, *Three Thousand*). Tous les détails sont disponibles ici
<https://www.cinemapolitica.org/fr/s...>
.
Après sa première québécoise au Cinema Politica, *TAUTUKTAVUK (SOUS NOS
YEUX) **sortira en salle à Montréal le 12 janvier 2024*, avec des projections du film sous-titré en français et en anglais au *Cinéma Moderne*
.
Ce film inuit contemplatif, à la fois provocateur et subtilement intersectionnel, explore les points de convergence entre les mesures pandémiques, la violence domestique, la famille et les traumatismes intergénérationnels. Brouillant la frontière entre fiction et non-fiction,
après un événement traumatisant, Uyarak et sa sœur aînée Saqpinak entreprennent un difficile voyage de guérison qui leur rappelle l'importance de la communauté, de la culture et de la famille. *TAUTUKTAVUK (SOUS NOS YEUX)* explore les questions de violence domestique et de toxicomanie du point de vue de deux femmes inuites.
« *C'était l'occasion pour nous de créer quelque chose qui montrait la vie des femmes inuites comme on ne l'avait jamais fait auparavant. Nos mères n'avaient pas la possibilité de s'exprimer comme nous l'avons aujourd'hui.
Nous prenons toutes deux très au sérieux le fait que nous sommes des messagères de nos familles et de nos communautés, que c'est nous qui avons les outils pour réaliser des films de femmes parlant de leurs expériences - des outils pour faire évoluer certaines des terribles injustices dont nous sommes victimes.* » *— Lucy Tulugarjuk*
« *Je vois ce film comme un événement qui se déroule au présent, dans la vie des Inuits de deux communautés - moi à Igloolik et Lucy à Montréal. La Covid-19 a été très dure et a eu un impact sur beaucoup d'Inuits. Je suis très enthousiaste à propos de ce nouveau film et de l'opportunité de raconter une histoire sur notre réalité contemporaine avec des personnages
féminins forts dans le rôle principal. C'est ce qui m'inspire, de mettre en avant le point de vue des femmes, y compris la violence de genre et les femmes indigènes disparues et assassinées.* » *— Carol Kunnuk*
*TAUTUKTAVUK (SOUS NOS YEUX)* met en scène *Lucy Tulugarjuk*, *Carol Kunnuk*,
*Benjamin Kunuk* (*Un jour dans la vie de Noah Piugattuk*,
*Searchers*) et *Madeline Ivalu* (*Angakusajaujuq - The Shaman's Apprentice*, *The Grizzlies*, *Atanarjuat : The Fast Runner*). Le scénario était écrit par *Lucy Tulugarjuk*, *Carol Kunnuk*, *Samuel Cohn-Cousineau* (*Tia and Piujuq*), *Gillian Robinson* (*The
Journals of Knud Rasmussen*) et *Norman Cohn* (*One Day in the Life of Noah
Piugattuk*, *Atanarjuat : The Fast Runner*).
Le film est produit par *Lucy Tulugarjuk* et *Jonathan Frantz* (*Angakusajaujuq
– The Shaman's Apprentice*, *Edge of the Knife*, *One Day in the Life of
Noah Piugattuk*) et est produite par *Zacharias Kunuk* (*Angakusajaujuq -
The Shaman's Apprentice*, *One Day in the Life of Noah Piugattuk*, *Atanarjuat
: The Fast Runner*), *Mandeline Ivalu*, *Susan Avingaq* (*SOL*, *Tia et
Piujuq*) et *Norman Cohn*.
*TAUTUKTAVUK (SOUS NOS YEUX)* a été tourné pendant le COVID à Montréal, au
Québec, et à Igloolik, au Nunavut. Le film sortira en salle à l'hiver / au printemps 2024 et fera l'objet d'une tournée communautaire au printemps 2024. *TAUTUKTAVUK (SOUS NOS YEUX)* est distribué au Canada par *Isuma Distribution International* et *Uvagut TV* est le diffuseur canadien (non exclusif). Tous les droits disponibles à l'extérieur du Canada sont gérés par *Isuma Distribution International*.
*SYNOPSIS*
Après avoir vécu un évènement traumatisant à Igloolik (un hameau inuit du bassin Foxe, dans la région de Qikiqtaaluk au Nunavut), Uyarak quitte sa communauté et sa famille au Nunavut pour s'installer à Montréal. Lorsque la pandémie Covid-19 ferme l'Arctique canadien au reste du monde, Uyarak est encore plus séparée de son amie la plus proche, sa sœur aînée, Saqpinak.
Cette situation extrême brouille les frontières entre la vie fictive des sœurs et la vie non fictive des réalisatrices du film, *Lucy Tulugarjuk* et *Carol Kunnuk*, qui interprètent les sœurs.
Le film devient une série de vignettes sur le chagrin et la guérison - à la fois dans le récit dramatique basé sur des évènements réels et dans la réalité vécue par ces personnages et créateurs.
Uyarak ne se souvient pas d'une terrible nuit de violence domestique, mais Saqpinak, elle, s'en souvient. Par le biais d'appels Zoom, Uyarak lui parle de sa guérison après des années de traumatisme et d'abus, et de la façon dont les séances de conseil qu'elle suit, ainsi que d'autres reconnexions culturelles, l'aident à guérir.
Parallèlement, Saqpinak élève une famille et anime des émissions en direct sur sa communauté. Les choses sont difficiles à la maison - Saqpinak elle-même subit des violences domestiques, mais elle attend de pouvoir en parler à Uyarak lorsqu'elle pourra rentrer chez elle.
Lorsque les restrictions imposées par Covid-19 s'assouplissent, Uyarak peut enfin rentrer chez elle à Igloolik. De retour chez elle, elle entreprend un voyage de guérison plus approfondi en rendant visite à sa famille et aux aînés, en ville et sur le terrain. Uyarak et Saqpinak partagent d'autres histoires et se soutiennent mutuellement pendant le peu de temps qu'ils passent ensemble avant qu'Uyarak retourne à Montréal.
*Prononciation : Tao-tuk-ta-vuk Tautuktavuk (Sous nos yeux) : le "K” à la
fin signifie le point de vue de deux personnes*
*CRÉDITS*
AVEC
*Carol KUNNUK* - Saqpinak
*Lucy TULUGARJUK* - Uyarak
*Benjamin KUNUK* - Ben
*Mark TAQQAUGAQ* - Mark
RÉALISATRICES *Lucy TULUGARJUK / Carol KUNNUK*
PRODUCTEURS *Jonathan FRANTZ / Lucy TULUGARJUK*
DIRECTION ARTISTIQUE *Susan AVINGAQ*
DIRECTION PHOTO *Jonathan FRANTZ*
SCÉNARIO *Lucy TULUGARJUK / Carol KUNNUK / Gillian ROBINSON / Samuel
COHN-COUSINEAU*
MUSIQUE ORIGINALE *Beatrice DEER / LUCY TULUGARJUK / Mark WHEATON*
MONTAGE *Jeremiah HAYES*
82 Minutes
DCP – Dolby 5.1
Produit avec la participation du *Fonds des médias du Canada *et *Téléfilm
Canada*, avec l'assistance du *Gouvernement du Nunavut* et le *Nunavut Film
Development Corporation*, en collaboration avec *NITV/UvagutTV* et *Isuma
Distribution International*
<
*À PROPOS DES RÉALISATRICES*
*LUCY TULUGARJUK*
Lucy Tulugarjuk est une actrice reconnue, performeuse de la scène, et
directrice générale du réseau de télévision indépendant Nunavut Independent
Television Network (NITV), qui a fondé Uvagut TV, la première chaîne de
télévision entièrement dans la langue inuktitute. Elle est reconnue pour
ses performances dans de tels films que *Atanarjuat : la légende de l'homme
rapide* (2001), qui a remporté la Caméra d'Or à Cannes et le Meilleur film
aux prix Génie, et *Maïna* (2013). Elle était assistante réalisatrice sur
plusieurs films de Zacharias Kunuk. Elle est co-scénariste et réalisatrice
du long métrage pour enfants *Tia et Piujuq* (2018) qui a fait sa première
au Festival Carrousel des enfants à Rimouski, et qui a remporté le prix
Jean Malaurie au Festival du film canadien de Dieppe. Outre son travail
dans le domaine du cinéma et de la télévision, Lucy est une traductrice
d'inuktitut compétente. Originaire d'Igloolik, elle vit à Montréal.
*CAROL KUNNUK*
Carol Kunnuk travaille dans le domaine de la télévision et du cinéma
indépendants depuis plus de 25 ans, en tant que scénariste, cadreuse,
superviseure de production, assistante réalisatrice, actrice et monteuse. Elle
était impliquée dans plusieurs projets avec Arnait Video Productions, le
collectif vidéo des femmes d'Igloolik, incluant *Le jour avant le lendemain*
(2008) et *Uvanga* (2013), en plus de travailler sur plusieurs
longs-métrages d'Isuma en tant que directrice de production. Son travail
personnel inclut le documentaire expérimental *Attagutaluk*, et le court
métrage *Being Prepared*, produit par l'ONF. Carol réalise et produit
actuellement *Welcome to my Qammaq*, une émission de télévision
hebdomadaire diffusée en direct d'Igloolik sur Uvagut TV.
*À PROPOS D'ISUMA
*
Isuma, qui signifie "penser", est un collectif d'entreprises inuites basé
depuis 1990 à Igloolik, au Nunavut, avec un bureau à Montréal. Quatre
partenaires : Zacharias Kunuk, Paul Apak, Pauloosie Qulitalik et Norman
Cohn, se sont associés pour produire et distribuer des films indépendants
en langue inuit et des œuvres d'art médiatique d'un point de vue inuit,
mettant en scène des acteurs locaux qui recréent la vie inuite dans la
région d'Igloolik dans les années 1930 et 1940. En 2001, le *Festival de
Cannes* a reconnu l'action d'Isuma en décernant *le prix de la Caméra d'Or*
au premier film en langue inuit : *Atanarjuat - the Fast Runner*. Ce film a
été suivi par *The Journals of Knud Rasmussen* et *Before Tomorrow*. Ce fut
un moment décisif pour les cinéastes du Nord, qui ont désormais la
possibilité de raconter des histoires d'une manière différente. Isuma a une
façon de raconter des histoires dans un certain niveau de réalité - une
méthode authentique de raconter des histoires.
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Les héritiers (re)

Pauvres ils étaient.
A la même tablée ils bectaient.
Gorges déployées.
De leurs rires à longueur d'année.
La nuit, dans les bras de Morphée.
A l'abri de toute pensée.
Bonheur et Félicité.
Puisés dans la frugalité.
Cossus advenus (es).
Ils ne se parlent plus.
Se disputent l'héritage.
Echafaudent des Empires sur des nuages.
S'abreuvent de vengeance pourrie.
Contre les mains qui les ont nourris (es).
Les Héritiers ont la rancœur qui porte.
Quand la richesse frappe à leur porte.
Une mémoire traitresse.
Oublieuse de sa misère et sa détresse.
Les Héritiers cultivent la Hogra*.
Quand la fortune leur tombe sur les bras.
Se délectent du coup porté.
A la mouise et la vulnérabilité.
Les Héritiers jurent par la succession.
Ejectant la Dévotion.
Se forgent une postérité.
De Puissance et d'Inclémence affutées.
Les Héritiers font le deuil de la réalité.
Que le temps, ici-bas, nous est compté !
Texte et dessin : Omar HADDADOU Décembre 2023.
* Terme d'actualité très employé en Afrique du nord, en particulier en Algérie, et aujourd'hui en France, signifie : Oppression, humiliation, injustice.
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16,7% ou 12,7% sur cinq ans ? (Texte 5)
Quand le premier ministre le premier ministre François Legault affirme que le gouvernement a déposé des offres qui représentent des augmentations moyennes de 16,7% sur cinq ans, le chef de la CAQ mélange volontairement les données.
Il est vrai que l'offre globale, à la table centrale et aux tables sectorielles représente potentiellement des coûts allant jusqu'à 16,7 % de la masse salariale. Cependant, une bonne part de ce montant ne représente pas des augmentations de salaire. Le chiffre avancé mélange les augmentations de salaire générales (12,7 %), les quelques offres différenciées et les priorités du gouvernement en organisation du travail (2,5 %) ainsi que le forfaitaire unique versé à la signature (1,5 % non récurrent).
Le cadre financier publié en décembre 2022 n'est que très légèrement modifié par ce troisième dépôt.
023 2024 2025 2026 2027 TOTAL Paramètres salariaux
(augmentations générales)
4,3 % 2,3 % 2,1 % 2 % 2 % 12,7 %
Montant
forfaitaire
de 1000 $ 1000 $
1,5 % non récurrent
Priorités
gouvernementales
et mesures sectorielles 0,5 % 1 % 0,5 % 0,5 % 0,5 % 2,5 %
Augmentation de la masse
salariale selon le
gouvernement 16,7 %
Le gouvernement reconnaît qu'il offre des augmentations paramétriques, qui touchent l'ensemble des 600 000 travailleuses et travailleurs, de 12,7 %. Il affirme, cependant, que le 4 % de plus représente des augmentations différenciées qui font grimper la moyenne à 16,7 %. Dans les faits, de ce 4%, il n'y a qu'une très faible proportion de ce montant qui représente des augmentations de salaire pour les salari.é.s syndiqué.e.s des secteurs public et parapublic. Le montant forfaitaire de 1000,00$ ne dure qu'un an et n'a aucunement pour effet d'augmenter les échelles salariales. Les priorités gouvernementales représentent souvent de l'ajout de personnel ou des ajouts d'heures de travail (ex. : l'ajout de 4 000 aides à la classe).
Les offres différenciées sur la table ne représentent que 160 M$ soit moins que l'équivalent de la moitié d'un point de pourcentage de la masse salariale (470 M$).
Conclusion
En scrutant les chiffres de plus près, nous en venons à comprendre qu'au moins 95 % des quelque 600 000 travailleuses et travailleurs des secteurs public et parapublic ne toucheront aucune augmentation différenciée et devraient donc se contenter de 12,7 % d'augmentation face à une inflation prévue de 18,1 % pour la durée de la convention collective.
4,3% (pour 2023-2024) + 2,3% (pour 2024-2025) + 2,1% (pour 2025-2026) + 2% (pour 2026-2027) + 2,)% (pour 2027-2028) = 12,7% pas plus !
Il y a des limites aux exagérations autour des chiffres.
Yvan Perrier
11 décembre 2023
17h15
yvan_perrier@hotmail.com
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Noël ! Noël ! Joyeux Noël à tous, Vraiment ?
Je suis assis devant mon thé, dans ce café sur la rue Masson.
Et à cette approche de ce "Temps des Fêtes", je réfléchis.
Et je réfléchis !
Et je réfléchis sur 2 réalités totalement différentes.
La réalité d'ici au Québec versus celle de la Palestine où pour les palestiniens la vie de chaque jour équivaut à "Survivre en Enfer" où les démons ont remplacé leur fourche par le "Uzi Pistol Model B" (pistolet automatique israélien) assassin et le souffre par le phosphore blanc.
Pendant qu'ici on se demande comment on décora notre maison pour Noël, en Palestine, à Gaza une famille palestinienne se demande où réussiront-ils à se trouver un toit à se mettre sur leur tête.
Pendant qu'ici on se demande qu'est-ce qu'on servira au invités pour le réveillon, à Gaza une famille palestinienne se demande s'ils pourront manger au moins un repas cette semaine ?
Pendant qu'ici on se questionne sur quoi leur acheter comme cadeaux, à Gaza plusieurs gazaouis se demande, s'interrogent si leur famille sera encore en vie demain matin ou si elle aura été assassinée.
Pendant qu'ici au Québec on se demande quels jouets acheter pour Noël pour les enfants, à Gaza des parents craignent pour la vie de leurs enfants.
Pendant qu'ici qu'on se demande avec qui nous passerons Noël, à Gaza autour de 2 Millions de palestiniens se demandent s'ils seront encore vivant à la fin de la semaine ou auront été assassinées.
Pendant qu'à Tel Aviv ce gouvernement d'extrême-droite israélien se félicite pour sa barbarie, partout sur notre planète, des millions de juifs ne reconnaissent pas l'État d'Israël comme représentant de leur peuple.
Israël, un envahisseur colonisateur, voleur de territoire, agresseur qui prétend se défendre.
Trop souvent on perçoit sur les médias la question :
Est-ce qu'Israël a le droit de se défendre ?
Non, la question devrait être
Est-ce que le peuple palestinien a le droit de se défendre contre un envahisseur ?
Oui hélas, il y a bien des questions à se poser sur l'honnêteté d'Israël !
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Le conflit israélo-palestinien : un débat aussi redondant que faussé et usé à la corde
On ne peut discuter du conflit israélo-palestinien sans que les passions ne s'enflamment de part et d'autre. Nous sommes en présence d'un sujet hypersensible qui fige les positions des deux camps en présence, le pro-israélien d'une part et le propalestinien de l'autre. Le soutien inconditionnel de la direction américaine à l'État hébreu y contribue pour beaucoup. C'est aussi le cas de la plupart des classes politiques occidentales à divers degrés.
Même si des divisions apparaissent (enfin !) dans le camp du Parti démocrate aux États-Unis à ce sujet, la présidence américaine ne dévie pas de l'appui sans failles qu'elle a toujours apporté à Israël, comme en témoigne son récent véto au Conseil de sécurité à une résolution réclamant un cessez-le-feu à Gaza, et ce en dépit de nombre élevé de victimes civiles gazaouies provoqué par les bombardements aériens israéliens. De là à en conclure qu'une vie palestinienne vaut moins que son équivalent israélien...
Pour l'essentiel, la direction américaine suit la position du gouvernement de Tel-Aviv : la priorité va à l'élimination du Hamas même au détriment de la vie et de la sécurité des Gazaouis, et ce malgré des plaidoyers assez faiblards en faveur de "pauses humanitaires" et de "respect aussi poussé que possible de la population civile". C'est assez pareil du côté des autres gouvernements occidentaux en dépit d'une évidente émotion de plusieurs de leurs politiciens et politiciennes devant l'ampleur de la boucherie infligée par l'armée israélienne aux Gazaouis.
Tous et toutes invoquent pour justifier leur position pro-israélienne le "droit à l'autodéfense" du gouvernement israélien mais sans jamais faire référence à celui à la résistance des Palestiniens et Palestiniennes. Quand ces derniers l'exercent, il est immédiatement stigmatisé et qualifié de "terrorisme" (un terme passe-partout, à géométrie variable).
L'antijudaïsme qui a longtemps sévi dans plusieurs pays d'Occident et le fait que l'État d'Israël a été fondé par des Juifs européens pour la plupart, expliquent en bonne partie le soutien à Israël par les classes politiques occidentales. Il s'y ajoute aux États-Unis le grand nombre de Juifs et de Juives (dont tous ne sont pas sionistes, il importe de le préciser) et un puissant et très influent lobby sioniste dont fait partie un courant évangélique protestant qui vénère Israël pour des motifs religieux.
Par contraste, les Arabes en général et les Palestiniens en particulier sont implicitement considérés comme des peuples inférieurs en raison de leur culture politique. Aussi présente-t-on souvent le conflit israélo-palestinien comme une lutte ente la démocratie et le libéralisme présumés d'Israël d'un côté, et l'autoritarisme arabe de l'autre. On refuse de tenir compte du fait que les Juifs ont édifié leur État en 1947-1948 sur les ruines de l'ancienne Palestine arabe et qu'ils occupent la Cisjordanie et Jérusalem-Est depuis 1967 ni non plus qu'ils y poursuivent leur colonisation au mépris du droit à l'autodétermination du peuple palestinien et du droit international.
Sionistes et pro-israéliens font de l'urticaire quand les propalestiniens critiquent cette politique et que certains d'entre eux refusent d'adhérer au principe du "droit à l'existence" d'Israël. Il s'ensuit donc une pluie d'accusations à leur endroit, s'étendant de "l'antisémitisme" à la collusion intellectuelle avec le "terrorisme" palestinien. Il en résulte des polémiques hargneuses et brouillées.
Poser la question dans les termes adéquats s'impose donc. Fondamentalement, il s'agit d'un conflit territorial et politique, non d'une lutte entre le droit israélien et la violence palestinienne. Ce qu'on qualifie "d'antisémitisme" n'a rien à y voir. Évidemment, les anti-judaïques détestent Juifs et Israéliens confondus, mais les partisans et partisanes de la cause palestinienne ne sont pas tous anti-judaïques, loin de là.
On remarque aussi beaucoup de mauvaise foi (consciente ou non) chez plusieurs pro-israéliens. Ils dissimulent leur haine à l'égard des Palestiniens et Palestiniennes derrière les habituels alibis de "défense de la démocratie israélienne et de lutte contre l'antisémitisme". Ils sont trop hypocrites pour admettre qu'ils défendent avant tout le nationalisme israélien plutôt que le régime politique de ce pays.
Par bonheur, devant l'urgence de la situation, les "plaques tectoniques" partisanes face à ce conflit commencent à bouger. Plusieurs politiciens occidentaux veulent remettre à l'ordre du jour le projet d'une solution à deux États. La Maison-Blanche s'y ralliera-t-elle cette fois pour de vrai ? Les actions suivront-elles les belles paroles ? On le saura plus tard. Les opinions publiques occidentales deviennent aussi beaucoup plus critiques à l'endroit d'Israël, même aux États-Unis où un mouvement grandit en faveur de la cause palestinienne.
En politique comme en géologie, rien n'est fixé pour toujours.
Jean-François Delisle
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Un débat pour aller vers une grève générale dans le mouvement ouvrier américain.

Nous donnons ici la traduction d'un article de la journaliste indépendante américaine Kim Kelly, largement diffusé sur les réseaux sociaux par le syndicat UAW, United Automobile Workers.
26 novembre 2023 | aplutsoc2
Ce printemps, un « caucus » réformateur, l'UAWD, Unite All Workers for Democracy, a imposé l'élection directe de plusieurs dirigeants de ce syndicat clef du mouvement ouvrier américain, totalement bureaucratisé et ankylosé depuis des années, aboutissant à promouvoir un nouveau dirigeant, Shawn Fain, qui a proposé l'organisation d'une grève ciblée touchant les points clefs de production des trois majors de l'automobile. Cette grève retentissante a été un vrai succès revendicatif (hausses de salaires de 25 % voire plus en 4 ans, fort recul des statuts les plus précaires) et une victoire morale de tout premier ordre.
L'article de Tim Kelly défend et illustre, en la présentant comme potentiellement révolutionnaire, tout en étant pragmatique, la nouvelle tactique syndicale mise en œuvre. Il reconnaît lui-même que la principale faiblesse du lancement d'un mouvement allant vers la « grève générale » pour le renouvellement d'un maximum de contrats de travail en 2028, c'est que c'est en 2028 !
Il serait erroné de hausser les épaules : il faut au contraire saisir tout ce que signifie le fait que la Working class, comme le dit S. Fain (à la différence de Jo Biden qui parle de Middle class !), annonce et impose son propre calendrier, comme acte en fait politique, visant à étendre la lutte des classes à l'échelle de tous les États-Unis.
Rappelons qu'en France, un moment essentiel de la constitution de la classe ouvrière comme classe organisée s'affirmant comme telle, fut le lancement par la CGT en 1902 du mot-d'ordre « A partir du 1° mai 1906 nous ne travaillerons plus que 8 heures par jour » (en fait la loi des 8 heures date de 1919).
La vraie faiblesse n'est pas le délai, mais elle se combine à la force de cette affirmation d'indépendance : c'est la question du pouvoir politique national puisque les présidentielles ont lieu l'année prochaine, ce que nos syndicalistes se gardent bien d'évoquer directement.
Or, comme l'écrit d'ailleurs Tim Kelly, les stand up strikes de la nouvelle UAW et leur issue se situant dans la perspective « 2028 » sont en fait la seconde étape d'un débat naissant sur l'action de classe généralisée, et donc sur la grève générale, aux États-Unis. La première étape en effet, avait été suscitée par le danger de coup d'État de Trump lors des dernières présidentielles : le syndicat des Hôtesses de l'air et l'union locale AFL-CIO du Vermont, notamment, avaient envisagé la grève générale dans ce cas là, ce qui avait été dénoncé par la direction de l'AFL-CIO. L'UAWD et les courants similaires dans l'AFL-CIO, comme celui des Hôtesses de l'air et comme les plus anciens Teamsters for Democratic Action, sont donc en train de passer à la seconde phase, concrète et pragmatique, de ce débat.
C'est un passage obligé. Mais concret et pragmatique ne veut pas dire moins politique, bien au contraire. Il est nécessaire que les militants nord-américains mobilisés sur les questions internationalistes (Ukraine, Palestine) et sur la question du pouvoir aux États-Unis et le danger Trump, fassent le lien avec ce qui a commencé à se produire là !
La traduction, les photos illustrant le texte et les notes sont de la rédaction.

La grève de l'UAW pourrait enfin nous faire préparer une grève générale.
Shawn Fain n'a pas vraiment la mine d'un fauteur de troubles. Né et élevé à Kokomo, dans l'Indiana, ce père de famille à lunettes aurait pu passer toute sa vie à travailler comme électricien, à jouer avec ses petits-fils les week-ends et à aspirer paisiblement à sa retraite. Mais au cours des derniers mois, il est devenu l'un des dirigeants syndicaux les plus apprécié – et les plus redoutés – du pays. Après des décennies de service à différents niveaux au sein de son syndicat, le célèbre United Auto Workers, Fain a triomphé lors de la toute première élection directe du syndicat et a pris ses fonctions dirigeantes le 26 mars dernier.
Dès lors, il a commencé à causer beaucoup de problèmes aux PDG de l'industrie automobile, lançant ses membres dans une grève innovante de six semaines, « Stand up strike » qui rendait hommage au passé du syndicat tout en s'efforçant de promouvoir son avenir. (1)
Fain, avec son franc-parler, s'est révélé être un leader extrêmement loquace, qu'il cite les Écritures ou qu'il s'en prenne à la classe capitaliste. Pour lui, la cupidité des entreprises est l'ennemi contre lequel toute la classe ouvrière est confrontée, et l'appel à « manger les riches » est bien plus qu'un slogan sur un T-shirt : c'est un appel à l'action. « On nous accuse de mener une guerre de classes », a-t-il déclaré lors d'un livestream le 13 septembre. « Il y a une guerre de classes dans ce pays depuis 40 ans. La classe des milliardaires a tout pris et a laissé tous les autres se battre pour les restes. »
En identifiant ces vampires corporatifs avides d'argent comme les coupables de l'immense inégalité qui définit désormais la vie aux États-Unis, Fain a souligné que c'est vraiment nous contre eux. Si nous voulons survivre, nous devons nous organiser et travailler ensemble pour gagner notre juste part de ce qui reste du rêve américain.
Ce désir d'amélioration est ce qui a poussé des milliers de membres de l'UAW à arrêter le travail dans cette grève désormais historique de six semaines. Leurs actions ont forcé les PDG du secteur automobile à revenir à la table des négociations pour aboutir à des victoires importantes – et inattendues – pour le syndicat. Des accords provisoires ont été conclus par les Trois Grands le 28 octobre, et deux semaines plus tard, les membres de Ford, GM (General Motors) et Stellantis (2) ont voté à 64 % pour ratifier les nouveaux contrats.
Après la fin de la grève, Fain s'est montré exubérant quant à ce qui avait été réalisé, les qualifiant de « contrats records » et de « victoire majeure pour notre mouvement ». Et surtout il dit n'avoir pas fini. « Lorsque nous reviendrons à la table des négociations en 2028, ce ne sera pas seulement les Big Three, mais avec les Big Five ou Big Six », a-t-il déclaré.
L'UAW a connu une croissance à pas de géant au cours des dernières années, grâce à une solide organisation parmi les étudiants diplômés et d'autres travailleurs universitaires ; seul un quart environ de ses membres actuels travaillent désormais à la fabrication de voitures (3). Le syndicat a annoncé son intention d'intensifier ses efforts de syndicalisation dans l'industrie automobile et d'intégrer les travailleurs d'entreprises non syndiquées, comme Tesla et Toyota. Cette décision sert à la fois d'invitation aux travailleurs non syndiqués de l'automobile qui ont besoin d'être représentés et d'avertissement aux PDG qui profitent de leur travail (4) : nous arrivons !
L'UAW ne mènera pas non plus seule sa prochaine bataille. L'un des aspects les plus intéressants des nouveaux accords de principe de l'UAW chez Ford, GM et Stellantis est qu'ils expireront tous le 30 avril 2028. Si ces contrats expirent sans parvenir à un nouvel accord satisfaisant, l'UAW sera prête à grève le 1er mai, autrement connu sous le nom de Journée internationale des travailleurs.

Shawn Fain et Sara Nelson.
C'est une date très importante pour le Labor (5). Cette fête est célébrée dans le monde entier par des millions de travailleurs, de syndicats et de mouvements sociaux, et a débuté ici lorsque la militante anarchiste noire Lucy Parsons a dirigé le premier défilé de la Fête du Travail à Chicago le 1er mai 1886 (ce contre quoi, aux États-Unis, le 1er janvier a depuis été déclaré « Jour de la Fidélité », et la Fête du Travail reste une arnaque gouvernementale.)
De plus, l'UAW espère qu'il ne sera pas seul sur les piquets de grève. Fain a appelé les autres syndicats à programmer l'expiration de leurs contrats dans les mêmes délais et à « faire preuve de force collective ». Non, vous ne rêvez pas : le chef d'un important syndicat américain appelle le reste du mouvement à se rassembler et à commencer à planifier une grève générale !
Comme je l'ai écrit en 2019, la présidente de l'Association of Flight Attendants-CWA, Sara Nelson (6), a électrisé le mouvement syndical en évoquant simplement l'idée d'une grève générale, et alors qu'un arrêt maladie massif des travailleurs de la TSA (7) immobilisait les principaux hubs aériens : la menace combinée a contribué à éviter une fermeture du gouvernement.
Depuis lors, de nombreux appels à la grève générale ont été lancés, principalement par des individus et des groupes sur les réseaux sociaux, ce qui a souvent semé la confusion quant à la forme réelle d'une grève générale. Pour être clair, une grève générale n'est pas une protestation, ni un rassemblement, ni un simple piquet de grève, ni un boycott. Il s'agit, comme je l'ai déjà défini, « d'une action syndicale dans laquelle un nombre important de travailleurs d'un certain nombre d'industries différentes, qui constituent la majorité de la main-d'œuvre totale d'une ville, d'une région ou d'un pays donné, se réunissent pour prendre des mesures collectives d'action. » Tout au long de l'histoire, les travailleurs ont utilisé cette tactique comme arme nucléaire pour fermer des villes entières en cas de besoin, notamment Philadelphie en 1835, Seattle en 1919 et au-delà.
Nous avons vu ce qu'une ligne de piquets de grève peut faire à un lieu de travail, comme la fermeture de la SAG-AFTRA (8) et de la WGA (9) à Hollywood et la grève nationale de Starbucks lors du Red Cup Day(10),et nous savons, par les précédents historiques, que des milliers de travailleurs ont lancé une grève générale dans toute une ville. Cela peut paralyser tout une région. Imaginez alors ce qui pourrait arriver si des centaines de milliers, voire des millions de travailleurs de différentes entreprises débrayaient tous en même temps ? Travailleurs de l'automobile, infirmières, agents de bord, mineurs de charbon, Teamsters, étudiants diplômés, débardeurs, postiers, pilotes, ouvriers agricoles, électriciens, agents sanitaires, enseignants, cheminots … Les possibilités sont illimitées, tout comme le potentiel de perturbation.
Si seulement quatre ou cinq des syndicats représentant les travailleurs mentionnés ci-dessus s'unissaient dans une grève générale nationale, le pays tout entier s'arrêterait. Lorsque Shawn Fain demande à ses collègues syndicaux de fixer le délai à mai 2028, ce qu'il dit en réalité, c'est de se préparer à fermer les portes et à uniformiser les règles du jeu entre patrons et travailleurs à l'échelle nationale une bonne fois pour toutes.
La question est cependant de savoir s'il est réellement possible d'avoir une grève générale aux États-Unis en 2028 ?
Mai 2028 est dans environ quatre ans et demi. Cela peut sembler éternel vu d'aujourd'hui, mais cela arrivera beaucoup plus tôt que nous le pensons, et nécessitera une planification sérieuse. Il faudra renforcer les fonds de grève des syndicats afin que les grévistes ne souffrent pas de la faim ou ne perdent pas leurs soins de santé. Il faudra organiser les personnes qui ne font pas partie des syndicats en grève pour les impliquer et prendre en charge ceux qui n'ont pas accès aux ressources syndicales.
Il est également essentiel de se rappeler exactement pourquoi Fain appelle les syndicats à faire grève dans le cadre des négociations contractuelles : parce que les grèves de solidarité (dans lesquelles les travailleurs se joignent à une grève en solidarité avec les grévistes d'un autre lieu de travail) sont, dans la plupart des cas, illégales aux États-Unis. En raison de la loi Taft-Hartley de 1947, adoptée à la suite de la grève générale d'Oakland menée par les femmes en 1946, les grèves générales sont également illégales(11). Ce piétinement du droit des travailleurs à faire preuve de solidarité est une source de frustration depuis des décennies, mais a également incité les syndicalistes et les dirigeants syndicaux à faire preuve de créativité lorsque cela est nécessaire.
Ainsi, si, comme Fain l'a suggéré, un certain nombre de syndicats distincts fixent l'expiration de leurs contrats au même moment et se mettent en grève en conséquence, aucune loi n'est enfreinte. C'est juste le bon timing. Et puis, par exemple, si des milliers d'autres travailleurs, syndiqués ou non, sympathisants de la cause, tombaient tous malades en même temps et devaient cesser de travailler pendant la grève générale… eh bien, c'est tout simplement grave.
Les arrêts de travail sont une tactique séculaire avec un historique de succès récent (et il n'existe pas de lois antisyndicales contre le fait d'« attraper un vilain rhume »). En 2019, alors que la fermeture partielle des agences fédérales a privé les travailleurs de la TSA(12)de leurs chèques de paie, des centaines d'entre eux se sont déclarés malades (à un moment donné, le taux d'intervention a chuté à 10 %). Cela a effrayé les représentants du gouvernement et les PDG des compagnies aériennes, contribuant ainsi à mettre fin à la fermeture. En bref, cela a fonctionné – et cela peut fonctionner à nouveau, si nécessaire.
l est encourageant de voir autant de personnes exprimer leur enthousiasme à l'idée d'une grève générale. Pour être tout à fait honnête, cependant, nous n'aurons probablement qu'une seule chance d'y parvenir avant que le gouvernement n'invente un nouvel ensemble de lois pour rendre les choses encore plus difficiles à faire. Le fait d'avoir créé des syndicats dotés de ressources financières considérables et de services juridiques chevronnés menant la charge dans ce domaine n'est peut-être pas la démarche d'avant-garde révolutionnaire que certains espéraient ; avec suffisamment de temps, cependant, cela pourrait le devenir.
À l'heure actuelle, les syndicalistes de base ont quatre ans et demi pour rallier leurs dirigeants à la proposition de Fain. Ce n'est pas une tâche facile.
Ce n'est un secret pour personne qu'une grande partie de l'establishment syndical est allergique à la moindre bouffée de militantisme et bien trop à l'aise avec les Démocrates du monde des affaires. L'AFL-CIO a la décevante habitude de museler la dissidence dans ses rangs, depuis son refus d'expulser les policiers de la fédération au niveau national (13) jusqu'à son habitude de punir les conseils locaux et nationaux allant à l'encontre des positions officielles de la fédération. En 2020, l'AFL-CIO du Vermont a adopté une résolution plutôt prémonitoire envisageant une grève générale dans tout l'État au cas où Trump refuserait de quitter ses fonctions. En réponse, l'AFL-CIO nationale a ouvert une enquête contre le conseil AFL-CIO de l'Etat et l'a formellement réprimandé.
On ne sait pas si les trois dernières années ont eu un impact sur l'appétit de l'AFL-CIO pour une grève générale, mais étant donné le bilan de l'organisation, les chances ne sont peut-être pas en notre faveur. Heureusement, les responsables syndicaux ont une durée de vie et les élections sont un excellent moyen de bouleverser le positionnement politique de votre syndicat. Prenez le cas de Fain, qui occupe son poste actuel grâce, en partie, au travail du caucus réformateur Unite All Workers for Democracy.
Si les adhérents de votre syndicat sont impatients de partir en 2028 mais que vos dirigeants ne sont pas à la hauteur du défi, dirigez vos propres listes réformatrices et remplacez-les ! Si vous n'êtes pas encore membre d'un syndicat, adhérez ! Si votre lieu de travail n'est pas organisé, organisez-le ! Si vous ne pouvez pas faire l'un ou l'autre en raison du secteur dans lequel vous travaillez, de votre santé, de vos capacités ou de vos obligations familiales, prenez contacts avec des syndicalistes et trouvez la tache qui vous convient le mieux. Nous avons du temps – faites-en bon usage !
Comme l'a dit Fain : « Si nous voulons vraiment nous attaquer à la classe des milliardaires et reconstruire l'économie afin qu'elle commence à fonctionner dans l'intérêt du plus grand nombre et non de quelques-uns, alors il est important non seulement de faire grève, mais aussi de faire grève ensemble. »
Avec une planification minutieuse, nous pouvons vraiment faire passer cette grève générale de 2028 d'une chimère à une réalité réalisable, réalisable et bouleversante. Nous devons juste commencer maintenant.
KIM KELLY :
NOTES.
1. La formule « Stand up strike » désigne des piquets mobiles popularisant la grève et bloquant l'accès à certains site de production, pour assurer les arrêts ciblés sur les lieux clef, demandant un niveau élevé d'organisation. Elle fait référence au moment fondateur de l'UAW, à savoir les « Sit down strikes » (grèves avec occupations, ce que ne sont pas les « Stand up strikes ») de 1937.
2. Anciennement Chrysler.
3. D'après Dianne Feeley, ouvrière de l'automobile de Detroit à la retraite et rédactrice en chef de Against the Current, dans un article paru en français dans Inprecor de novembre 2023, le « coût du travail » (capital variable dans les termes de Marx) ne représente que 4 % à 5 % du prix des véhicules et était de 7 % à 8 % avant la crise de 2008. La productivité du travail est donc très forte, mais cela n'enlève rien au fait que la survaleur en quoi consiste le capital vient du travail : d'où l'efficacité de la grève. Les « réformateurs » de l'UAW nous montrent qu'une technicité plus élevée peut renforcer, et non pas diminuer, la force de frappe du travail humain dans la lutte des classes. Ce pari sur la hausse des qualifications ne doit cependant pas nous faire négliger l'autre fait flagrant dans la campagnes des piquets : la présence massive des femmes, des noirs et des latinos.
4. Tesla notamment, dont le patron est le prophète-escroc du capital Elon Musk, est à la tête du passage à la voiture électrique et ne veut pas de syndicat « chez lui ». Certains médias annoncent même un duel Fain-Musk. En fait, la stratégie de Fain consiste ici à faire du travail ultra-qualifié dans des industries ultra-automatisées une arme sociale de choc, et ce n'est pas en 2028 mais dès maintenant que la bataille de la syndicalisation chez Tesla vient de commencer, avec des adhésions « clandestines » dans les usines de Californie.
5. Nous ne traduisons pas le terme typiquement américain « Labor » (et non « Labour », à l'anglaise), qui figure depuis le début (1886) dans le sigle de l'AFL : la meilleure traduction serait « classe des travailleurs ». Il s'agit des producteurs du capital, potentiellement tous organisables en syndicats.
6. Syndicat des Hôtesses de l'Air. Sara Nelson, membre du Parti démocrate mais qui a refusé des fonctions gouvernementales proposées par Biden, a parlé de grève générale contre un éventuel coup d'État de Trump, et a commencé à former un caucus (alliance) avec le courant réformateur de l'UAW de Shawn Fain.
7. Transportation Security Administration.
8. Screen Actors Guild-American Federation of Television and Radio Artists, qui a, contre les producteurs groupés dans l'Alliance of Motion Picture and Television Producers (AMPTP), et en alliance avec le WGA (note suivante) lancé la grève d'Hollywood cet été.
9. Writers Guild of America, syndicat des scénaristes.
10. Le Red Cup Day, 16 novembre, est une journée de promotion des magasins Starbucks avec comme emblème un gobelet rouge. Le 16 novembre 2023 a été détourné en « rébellion de la coupe rouge » par des milliers d'employés qui ont fait grève pour exiger le droit syndical.
11. La grève générale d'Oakland en 1946 a entraîné toute la ville à l'initiative des femmes employées de commerce auxquelles le droit syndical était refusé. La loi anti-grève Taft-Hartley a été votée par le Congrès après l'élection de Truman en 1948, pour lequel AFL et CIO (qui fusionneront en 1955) avaient appelé à voter, et avec l'aval de Truman.
12. Transportation Security Administration : agents de sécurité des aéroports.
13. L'exigence de chasser les flics des syndicats s'est exprimée en 2020 lors de la vague de manifestations et d'émeutes faisant suite à l'assassinat raciste de George Floyd, vague qui a conduit à la défaite électorale de Trump à la fin de l'année.
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Débats du Comité international de la IVe Internationale

La réunion du Comité international de la IVe Internationale s'est tenue du 21 au 25 octobre. Elle a rassemblé plus de 80 camarades de plus de 30 pays des différents continents. C'était la première réunion en présence physique depuis l'épidémie de Covid. Les deux dernières années, les réunions avaient eu lieu en visioconférence, ce qui avait permis de rassembler un très grand nombre de camarades, puisqu'il n'y avait pas l'obstacle des visas et des coûts de transport, mais il faut reconnaître que les réunions physiques sont d'une qualité humaine et politique bien supérieure.
Tiré de Quatrième internationale
2 décembre 2023
Par Léon Crémieux et Antoine Larrache
Nous avons pu accueillir de nouvelles organisations observatrices, du Brésil, d'Irlande, des États-Unis. Une vingtaine d'organisations n'ont pas pu participer, notamment en raison des politiques de restriction de visas.
La réunion s'est tenue dans le contexte d'une situation internationale particulièrement complexe, celle d'une crise multidimensionnelle dont les guerres en Ukraine et en Palestine, mais aussi au Myanmar et les situations aux Philippines, en Indonésie, en Inde, moins connues en Europe, montrent l'ampleur de la violence.
Mais la rencontre de militant·es de tant de pays qui mènent les batailles pour un autre monde, discutant des moyens de faire évoluer le rapport de forces, produit des dynamiques humaines et militantes qui permettent d'envisager une contre-offensive.
La discussion a été structurée par quatre grands débats, dans la perspective du congrès mondial qui doit avoir lieu en 2025. Le premier concernait le manifeste écosocialiste qui propose un programme révolutionnaire adapté à la période actuelle, le second l'analyse de la situation mondiale, le troisième la construction des mouvements de masse et le quatrième les tâches de construction de l'Internationale.
Vers un programme actualisé pour le renversement du capitalisme
La réunion a débuté par une discussion concernant la préparation d'un manifeste écosocialiste de la IVe Internationale que nous souhaitons adopter lors du prochain congrès. Il s'agit, à partir de l'analyse de la situation mondiale, de formuler des perspectives révolutionnaires adaptées à la période. Le texte est un outil pour discuter au sein de l'Internationale, entre ses sections mais aussi à l'intérieur de chaque section, puis de se tourner vers l'extérieur, de redonner de la force à un projet alternatif au capitalisme. En effet, malgré la crise profonde et multidimensionnelle du système, malgré les grandes mobilisations qui existent dans le monde, il n'y a pas aujourd'hui d'alternative positive, de projet qui rassemble le prolétariat. Nous voulons contribuer à reconstruire une telle perspective, en donnant des éléments sur la société que nous voulons.
Le manifeste rappelle la démarche transitoire qui a prévalu dans notre tradition, faisant le lien entre d'un côté les revendications immédiates, les préoccupations des masses, et de l'autre la remise en cause du capitalisme, de la propriété privée des moyens de production et de l'État, par le biais d'une série de mots d'ordre, de projets concrets qui tracent la voie vers une autre société. Pour chaque élément, il s'agit de réfléchir à une démarche permettant la mobilisation, l'auto-activité du prolétariat, son émancipation, une démarche de réappropriation sur le plan politique et culturel autant que matérielle.
C'est le cas pour ce qui concerne les mots d'ordre sociaux, des salaires à la protection sociale, et dans tous les domaines.
Le document en cours de rédaction a détaillé les mots d'ordre concernant la nécessité d'un programme mondial de décroissance juste, écosocialiste, la réorganisation du travail et de la production, l'égalité ; un programme de développement anti-impérialiste dans les pays dominés ; ainsi qu'une actualisation de la stratégie de prise du pouvoir, faisant le lien entre les résistances sociales, les expériences alternatives à Mindanao, au Rojava, au Chiapas, et la nécessité d'une stratégie de renversement de l'ordre établi, d'une prise du pouvoir par le prolétariat, basée sur l'auto-organisation, l'auto-émancipation comme but mais aussi comme stratégie pour permettre les changements sociaux.
Une situation de crise profonde du système
Après une journée de réunions continentales et l'habituelle réunion non mixte des femmes, la plénière a redémarré avec un échange liant les différents éléments de la situation : pandémie et crise écologique, crise économique et ses conséquences sur les luttes sociales, montée de l'extrême droite et des courants néofascistes ou ultra-autoritaires dans différents pays, et bien sûr les guerres. La montée de l'autoritarisme est analysée dans ce cadre : « les fractions de la bourgeoisie du monde entier ont émergé et se sont développées pour soutenir le néofascisme en tant que solution politico-idéologique capable de durcir les régimes, de contrôler les mouvements de masse d'une main de fer, d'imposer des ajustements brutaux et des dépossessions afin de récupérer le taux de profit. » Tandis que la crise économique constitue potentiellement les prémices de nouvelles crises de paiement de la dette au niveau régional, voire mondial, avec les conséquences que cela aurait sur les classes populaires.
Les guerres actuelles sont un signe de la « reconfiguration de l'ordre géopolitique mondial » en cours. Celle-ci tend à se structurer autour de l'affrontement entre le bloc dirigé par les États-Unis et celui en construction autour de la Chine. D'autres puissances impérialistes jouent un rôle important, en particulier l'Union européenne, et la Russie avec la guerre en Ukraine. Mais l'élément clé est la capacité de la Chine à contester la domination des impérialistes occidentaux dans leurs sphères d'influence historiques. Le CI écarte les orientations campistes qui peuvent exister dans certains courants, qui prétendent que la Russie ou la Chine joueraient un rôle objectivement progressiste face au bloc occidental. En réalité, les affrontements entre les impérialistes n'apportent que des malheurs aux peuples et, tout en nous opposant à l'OTAN et à tous les accords impérialistes, nous soutenons les luttes des peuples opprimés en Ukraine, au Soudan, en Palestine, etc.
Quelques semaines après l'offensive du 7 octobre, le CI a voté une motion faisant le lien entre Ukraine et Palestine, parce que nous dénonçons aussi bien les offensives militaires de la Russie que d'Israël, et nous défendons le droit des peuples à se libérer, les armes à la main, même si nous ne partageons pas l'orientation politique du gouvernement ukrainien et du Hamas.
Reconstruire les mouvements sociaux face à l'exploitation et aux oppressions
Le débat suivant concernait l'intervention dans les mouvements sociaux. Pour l'essentiel il s'agissait, dans la période actuelle de crise du mouvement ouvrier à l'échelle internationale, de discuter de la nécessité pour les révolutionnaires de contribuer à la reconstruction de la conscience de classe et de ses organisations. Ce qui signifie construire les organisations pour elles-mêmes, pour ce qu'elles apportent au rapport de forces et à la structuration du prolétariat, notamment en s'aidant mutuellement, en étant le creuset des revendications anticapitalistes transitoires et de l'auto-organisation.
L'introduction et la discussion ont également mis en garde contre les dangers d'institutionnalisation – c'est-à-dire d'intégration à l'appareil d'État ou aux compromis avec la bourgeoisie – et de bureaucratisation.
Il s'agissait aussi de définir des principes pour notre intervention dans ces mouvements sociaux. En plus de contribuer à les construire sincèrement, d'aider à ce qu'ils se coordonnent, nous intervenons pour défendre des principes démocratiques, pour combattre la fragmentation et le gauchisme et pour avancer, dans le respect des rythmes de débats, des mots d'ordre politiques remettant en cause le système. Les syndicats sont le principal outil d'organisation du prolétariat, mais nous avons également discuté de l'intervention dans les mouvements féministes – particulièrement dynamiques depuis quelques années –, les mouvements paysans, indigènes, écologistes, antiracistes, LGBTQI, des personnes handicapées, et devons poursuivre d'ici le congrès la discussion, notamment sur les mouvements de jeunes, pour les services publics, contre la dette et contre la guerre.
Renforcer l'Internationale et ses sections
La dernière discussion abordait les tâches de construction de l'Internationale. Il s'agit, partant du contexte politique mondial, de la nécessité comme de la possibilité de faire apparaître un projet alternatif à l'échelle internationale, de renforcer la visibilité de l'Internationale et de ses positions. Nous avons franchi quelques étapes avec la mise en place du site fourth.international, principalement en anglais, en français et en castillan, mais aussi une actualisation très régulière en arabe notamment. Nos sites d'actualité Punto de vista international, International Viewpoint, Inprecor, notre participation à différentes autres revues en ligne, ainsi que l'édition de livres, nous permettent de promouvoir des prises de position et des analyses sur différents sujets. Nous avons décidé de renforcer notre présence avec la mise en place d'équipes de travail plus régulières.
Enfin, le document et le débat ont fait état du travail de renforcement des instances comme le Bureau exécutif, le secrétariat – désormais largement international grâce à la visioconférence –, les coordinations régionales, les commissions thématiques. Il rappelle aussi les efforts nécessaires dans la formation, avec les écoles construites autour des instituts d'Amsterdam, de Manille et d'Islamabad, dans le travail jeune et dans la reconstruction de campagnes d'action internationales, en retrait depuis le recul du mouvement altermondialiste.
Enfin, nous avons repris les discussions sur la nécessité d'actions positives pour les femmes – et les autres personnes souffrant de l'oppression patriarcale – avec les réunions non mixtes, la lutte contre les violences sexistes et sexuelles, la préoccupation de renforcer la présence des femmes dans les instances. Ces discussions ne sont pas simplement théoriques, elles lient les questions de principes avec des discussions concrètes sur les problèmes que nous rencontrons et comment les résoudre. Avec la volonté également d'étendre ces préoccupations à l'ensemble des sphères opprimées.
On peut dire ainsi que, après la pandémie qui a, de fait, freiné une série d'activités de l'Internationale, ce Comité international a été l'occasion de reprendre le chemin d'une adaptation de l'Internationale aux évolutions de la crise du capitalisme, aux acquis des luttes sociales et à l'actualisation de son projet politique et militant. Il est maintenant de notre responsabilité collective, en tant qu'instances de direction et comme militant·es de base, de faire fructifier ces débats, les alimenter, les percuter de nos expériences, pour renforcer le rôle de notre organisation dans le combat pour l'émancipation humaine.
Le 22 novembre 2023
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Génocide en Palestine : anatomie d’un débat français sabordé

Le 18 octobre 2023, le quotidien Le Monde publiait une tribune de Didier Fassin dans laquelle il s'inquiétait du double standard des autorités françaises au regard des victimes palestiniennes1 et des discours déshumanisants à propos des Palestiniens, « prélude aux pires violences ».
Yazid Ben Hounet, anthropologue
Le mot génocide y était utilisé en reprise du « plaidoyer juif » de la directrice exécutive de Jewish Voice for Peace appelant à « se dresser contre l'acte de génocide d'Israël ». Il est, quelques jours plus tard, mis en titre de son texte paru dans A.O.C (« Le spectre d'un génocide à Gaza », 1er novembre 2023). Au moment où Didier Fassin introduisit, dans le débat public français, la question du génocide à propos de la Palestine, et de Gaza en particulier, celle-ci circulait déjà largement en dehors de l'hexagone. Avant même le 18 octobre, le mot était en effet déjà employé par des chercheurs dans des publications sérieuses : notamment dans Foreign Policy (9 octobre), Jewish Currents (13 octobre), ainsi que dans la revue Third World Approaches to International Law (TWAIL), où 880 universitaires, dont de nombreux spécialistes éminents des droits humains, du droit international et des génocides, avertissaient quant à un potentiel génocide à Gaza (17 octobre 2023). On saura donc gré à Didier Fassin d'avoir amené le débat dans la sphère publique française.
Dans ce texte, nous expliquerons comment et pourquoi le concept de génocide a été utilisé par de si nombreux spécialistes pour alerter sur la situation à Gaza, et plus largement en Palestine, et pour appeler les États à leur devoir de protection. Nous discuterons ensuite de la manière dont ce sujet légitime a été sabordé dans la presse française. Nous présenterons enfin les mobilisations des experts du droit international et des droits humains, ainsi que les plaintes déposées au niveau de la Cour pénale internationale, lesquelles plaident en faveur des positions de Didier Fassin.
Du génocide en Palestine avant le 18 octobre 2023
Le terme génocide a été utilisé par différents universitaires depuis bien longtemps. Il n'est pas inutile ici de remonter à une figure majeure de la philosophie française, Gilles Deleuze qui, déjà en 1983, laissant tomber la forme interrogative, contrairement à Fassin, n'hésitait pas, lui, à utiliser l'affirmative :
« On dit que ce n'est pas un génocide. Et pourtant c'est une histoire qui comporte beaucoup d'Oradour, depuis le début..[…] C'est un génocide, mais où l'extermination physique reste subordonnée à l'évacuation géographique : n'étant que des Arabes en général, les Palestiniens survivants doivent aller se fondre avec les autres Arabes. L'extermination physique, qu'elle soit ou non confiée à des mercenaires, est parfaitement présente. Mais ce n'est pas un génocide, dit-on, puisqu'elle n'est pas le « but final » : en effet, c'est un moyen parmi d'autres »2.
Autre temps, autre mœurs : le texte de Gilles Deleuze avait l'avantage de pointer déjà du doigt l'archéologie et la logique de la violence annihilatrice israélienne et ses justifications religieuses et mystiques.
Plus proche de nous, et avant même le 7 octobre 2023, c'est Michael Barnett, professeur à l'Université de Washington, qui, s'inquiétant à la fois de l'ampleur des violences perpétrées par les colons israéliens dans le village palestinien d'Hawara, du parcours et des discours du ministre des finance israéliens, Bezalel Smotrich, et de l'opinion publique israélienne3, se demandait, le 6 mars 2023, si Israël n'était pas au bord du génocide4. Rappelant les conditions pré-génocidaires (lequel demeure toutefois impossible à prédire), il estimait déjà à cette date qu'Israël remplissait toutes les cases.
Le 9 octobre, Yousef Munayyer, politiste et chef du programme Palestine/Israël au Arab Center Washington DC. s'alarmait, dans Foreign Policy, du fait que le gouvernement des Etats Unis ne se contentait pas d'abdiquer sa responsabilité officielle et morale, mais permettait des atrocités de masse à un moment où tous les signaux d'alarme d'un génocide étaient allumés5.
Quatre jours plus tard, Raz Segal, professeur associé à Stockton University, spécialiste des études sur l'holocauste et les génocides, publiait un texte dans Jewish Currents au titre et au sous-titre plus qu'explicite, où l'interrogation n'est pas placée sur le terme de génocide mais sur la surdité de la communauté internationale : « Un cas d'école de génocide. Israël a été explicite sur ce qu'il fait à Gaza. Pourquoi le monde n'écoute-t-il pas ? »6
Il n'est pas inutile de citer ici un passage du texte de Raz Segal qui argumente les raisons pour lesquelles l'usage du terme de génocide lui parait évident :
« Mais l'assaut sur Gaza peut également être compris en d'autres termes : comme un cas d'école de génocide se déroulant sous nos yeux. Je dis cela en tant que spécialiste des génocides, qui a passé de nombreuses années à écrire sur la violence de masse israélienne contre les Palestiniens. J'ai écrit sur le colonialisme de peuplement et la suprématie juive en Israël, sur la déformation de l'Holocauste pour stimuler l'industrie israélienne de l'armement, sur la militarisation des accusations d'antisémitisme pour justifier la violence israélienne contre les Palestiniens, et sur le régime raciste de l'apartheid israélien. Aujourd'hui, après l'attaque du Hamas samedi et le meurtre de masse de plus de 1 000 civils israéliens, le pire du pire est en train de se produire.
Raz Segal faisait également lui-même la comparaison avec le massacre des Herero et Nama (Namibie), qualifié de premier génocide du 20ème siècle, par la similitude d'un fait plutôt rare à déceler : la clarté de l'expression publique de l'intention génocidaire de la part des responsables militaires. Il mettait ainsi en parallèle les ordres explicites du général allemand, Lothar von Trotha (1904), et ceux du ministre israélien de la défense, Yoav Gallant (9 octobre 2023) : « Nous imposons un siège complet à Gaza. Pas d'électricité, pas de nourriture, pas d'eau, pas de carburant. Tout est fermé. Nous combattons des animaux humains et nous agirons en conséquence ». Cette rhétorique déshumanisante serait par ailleurs renforcée par les propos des dirigeants occidentaux – Joe Biden parlant d'‘un acte purement diabolique', à propos des massacres du 7 octobre, et Ursula von der Leyen de ‘mal ancien' – permettant ainsi « la destruction à grande échelle de vies palestiniennes », selon Raz Segal. Il ajoutait notamment que : « l'affirmation du ‘mal', dans son absolutisme, élude les distinctions entre les militants du Hamas et les civils de Gaza, et occulte le contexte plus large de la colonisation et de l'occupation ».
Quatre jours plus tard, le 17 octobre 2023, la revue Third World Approaches to International Law (TWAIL) publiait une Déclaration d'universitaires mettant en garde contre un potentiel génocide à Gaza7. Elle est signée par 880 universitaires, dont Didier Fassin et Raz Segal. Parmi les signataires, on trouve principalement des spécialistes du droit international, des droits humains et des études sur les génocides, de surcroit exerçant un peu partout, au Nord comme dans le Sud Global.
Dans cette déclaration, les signataires lançaient un appel urgent aux États pour qu'ils prennent des mesures concrètes et significatives afin de prévenir individuellement et collectivement les actes génocidaires, conformément à leur obligation légale de prévenir le crime de génocide.
Le lendemain, le réseau décolonial d'Afrique du Nord publiait une lettre ouverte intitulée « Pas de paix sans décolonisation ! » et signée par plus de 400 universitaires8. On pouvait notamment y lire ceci :
« Au moment où nous rédigeons ce texte, Israël a sommé 1.1 millions d'habitants d'évacuer sous 24h la bande de Gaza Nord et de se réfugier vers le Sud. Tout habitant non évacué sera présumé membre du Hamas et menacé d'être éliminé par les forces armées israéliennes. Ce vendredi 13 octobre 2023, l'humanité a assisté, pour la première fois dans son histoire récente, à l'annonce en direct d'un génocide programmé. En soutenant le massacre, que ce soit de manière tacite ou manifeste, les puissances occidentales ont perdu toute légitimité à intervenir dans un processus de paix durable. Exposant au monde son système de valeurs à géométrie variable, l'Occident a montré une nouvelle fois son mépris pour les « valeurs universelles » qu'il claironne.[…] Le silence assourdissant de la communauté internationale sur les crimes de guerre commis aujourd'hui en Palestine sont une preuve de plus que l'inégalité raciale a toujours été au cœur des projets coloniaux, puis impériaux de l'Occident. En réalité, c'est sur fond de cette inégalité raciale que se sont toujours justifié les plus grands massacres et génocides perpétrés à l'encontre des populations racisés. »
Un triste débat français
L'attaque et le massacre du 7 octobre avaient déjà braqué les projecteurs sur la région. Les « préconditions génocidaires » apparaissant toutes remplies, « l'expression publique de l'intention génocidaire » de la part des responsables militaires étant actée, et ayant assisté à « l'annonce en direct d'un génocide programmé », il demeurait impossible pour de nombreux universitaires de rester silencieux. Ajoutons à cela le fait qu'Israël avait déjà commencé à tapisser de bombes Gaza, un territoire surpeuplé, une prison à ciel ouvert, d'une manière rarement inégalée dans tout autre conflit de l'histoire récente – en date du 2 novembre, Israël avait déjà frappé la bande de Gaza avec l'équivalent de deux bombes nucléaires9 – ; rappelons également qu'une telle punition collective à l'égard d'une population occupée – illégale au regard du droit international (cf. infra) – reçue l'aval des alliés d'Israël (USA et pays européens en tête) au nom d'un effarant « droit de se défendre » ; on comprendra ainsi mieux l'émoi et le niveau d'alerte de la part de nombreux chercheurs.
Le texte de Didier Fassin, paru dans AOC, a donné lieu à plusieurs critiques, dans la presse française, pour l'essentiel négatives. Par-delà les différences, on décèle d'emblée un point commun aux différentes réponses : toutes (celles de Karsenti et al., Illouz, Kotek, etc.) ne font nullement mention des textes précédemment cités, qui pourtant expliquent en partie le positionnement de Didier Fassin. Ce simple fait interroge sur la capacité de leurs auteurs à s'extraire des polémiques franco-francaises du moment, à prendre du recul, et à voir un peu plus loin, que ce soit dans le temps (cf. Deleuze) ou dans l'espace (textes publiés en dehors du microcosme français).
La première réponse au texte de Fassin a été rédigée par Karsenti, Ehrenfreund, Christ, Heurtin, Boltanski et Trom et publiée également dans A.O.C (13 novembre 2023). L'analyse des deux premiers paragraphes suffit pour discréditer cette réponse et leurs auteurs. Il y a d'abord une belle mystification suggérant la conformité d'Israël au droit international, lorsque ceux-ci mentionnent la « communauté internationale » et le « partage de la Palestine mandataire décidé à l'ONU le 29 novembre 1947 »10. Une telle formulation n'est pas anodine. Il convient d'abord de préciser ici que la « communauté internationale » – c'est-à-dire les Etats membres de l'ONU – ne comprenait que 57 pays (soit près du quart des Etats membres actuels - 193), pour l'essentiel des pays occidentaux, dont des puissances coloniales. Le processus de décolonisation permettra l'élargissement des Etats membres et donc la reconnaissance progressive d'une véritable « communauté internationale ». Par ailleurs, seule une petite trentaine de ces pays – dont des pays satellites des grandes puissances, sous pressions de ces dernières (comme Haïti et les Philippines) – votèrent positivement le plan de partage. On rappellera également que ce dernier n'a pas été accepté par de nombreux promoteurs de l'Etat d'Israël qui déclarèrent unilatéralement l'établissement de cet État le 14 mai 1948. C'est notamment dans cet intervalle, entre novembre 1947 et mai 1948 que survint le massacre de Deir Yassin (9 avril 1948) ; ignoble massacre, dénoncé dans le New York Times (4 décembre 1948)11 par des intellectuels juifs de renom, dont Hannah Arendt et Albert Einstein, et perpétré par ceux – Menahem Begin en tête – qui allaient devenir des hauts responsables de l'Etat d'Israël et qui fondèrent le Likoud – parti de Netanyahou, actuellement au pouvoir. Une telle mystification permet ainsi d'éluder « une histoire qui comporte beaucoup d'Oradour, depuis le début », la Nakba de 1948, les multiples violences et enfreintes au droit international commises par l'Etat d'Israël.
Ces auteurs plaident par la suite la légitimité du soutien à la guerre d'Israël12. Explicite apologie de la guerre qui, bien sûr, ne fera l'objet d'aucune poursuite ou sanction disciplinaire en France (au contraire de la simple suspicion d'« apologie du terrorisme » pour celles et ceux qui se sont efforcés de resituer les massacres du 7 octobre dans leur contexte historique), mais qui pose néanmoins de graves problèmes. Ethiquement d'abord : peut-on légitimer le soutien à la guerre, de surcroit quand on est chercheur en sciences sociales, ou doit-on au contraire appeler à la paix ? Ensuite, ces propos sont illégaux. Depuis le code de Hammurabi (1750 av J. C.) et l'invention des premiers droits écrits (cf. H.S. Maine, Ancient Law, 1861) le mouvement de l'Humanité a été de restreindre la vengeance indiscriminée au profit de sanctions ciblées. Rien ne justifie, en droit (national et international), le bombardement de populations civiles et a fortiori le siège total privant les civils d'eau, de nourriture, d'électricité et de soins, à Gaza ou ailleurs, en représailles à une action armée. Une puissance occupante – comme cela est le cas d'Israël – a par ailleurs le devoir de protection des populations civiles en vertu des conventions de Genève. Enfin, les populations occupées ont le droit de se soustraire de l'emprise étrangère par tous les moyens en leur pouvoir, y compris la lutte armée (résolution 37/43 des nations unies, point 2).
De ces arrangements avec l'histoire, l'éthique professionnelle et le droit (fondamental et international) – par des auteurs apparemment incapables de se corriger entre eux – découlent fatalement un texte malsain et malhonnête visant uniquement à ternir l'image de Didier Fassin, lequel réactiverait « un geste antisémite classique qui procède toujours par inversion ».
Le texte d'Eva Illouz, dans Philosophie Magazine (13 novembre 2023) pose également quelques problèmes. Dès le départ, une formule vise à susciter l'émotion et à stigmatiser sur la base d'une allégation qui suscite le malaise : « Mais nous ne savions pas qu'un massacre barbare de bébés, femmes enceintes, vieillards, civils pour la plupart dévoués à la cause de la paix, serait accueilli avec exultation ou indifférence par des musulmans au travers du monde et par des universitaires, artistes et intellectuels des démocraties occidentales ». Des universitaires, des hommes et des femmes dans le monde musulman et au-delà, qui exultent en raison d'un massacre de bébés, de femmes enceintes… ? Vraiment ? Choisir les mots justes est un devoir moral et intellectuel, nous explique-t-elle, pourtant. On voit ensuite dans ce texte deux problèmes majeurs.
Il y a d'une part la reprise sans distance de la propagande israélienne : « opération à Gaza », « Le 13 octobre 2023, l'armée israélienne appelle les civils à évacuer pour aller au sud du Wadi Gaza. 900 000 Gazaouis sont évacués malgré les tentatives du Hamas de les empêcher de bouger afin qu'ils leur servent de bouclier humain. Israël crée des couloirs humanitaires » ; « Une riposte militaire, même féroce, contre un ennemi qui a enfreint les frontières et le droit international [cf. supra sur le droit international], et qui met en œuvre beaucoup de moyens pour éviter des pertes civiles, n'est pas un génocide ».
Il y a d'autre part le refus de considérer la dimension coloniale s'agissant d'Israël : « Il est impossible de trouver des parallèles et des similitudes entre le colonialisme impérial d'une nation puissante et le nationalisme de va-nu-pieds se battant pour leur survie et recevant l'approbation légale et morale de la communauté internationale ». C'est pourtant là une grille de lecture de nombreux analystes. En outre, elle oublie ici de mentionner que le colonialisme le plus dur pour les autochtones comporte une bonne part de colonisation de peuplement « de va-nu-pieds se battant pour leur survie » et recevant l'approbation politique des puissances impériales.
L'essentiel de sa démonstration consiste à reprocher « la méthode peu rigoureuse » de Didier Fassin, en s'appuyant sur une figure d'autorité, l'anthropologue Philippe Descola, et sur son approche du comparatisme structural. Or, Philippe Descola l'explique lui-même, il s'agit là d'une méthode parmi d'autres qui a sa faveur, après avoir comme de nombreux anthropologues pratiqué d'autres formes de comparatisme – « ethnographique » ; « ethnologique »13. Didier Fassin – usant de la formule « comparaison n'est pas raison » – avait déjà honnêtement signalé dans son article dans AOC que son objectif était de tenter d'établir des parallèles et de repérer des similitudes avec les génocide des Herero – et non pas de faire du comparatisme structural. Raz Segal avait déjà pointé le 13 octobre une similitude entre ces deux événements (cf. supra). Du reste la comparaison heuristique (en référence à Paule Veyne) que propose Didier Fassin se rapproche également du comparatisme promu par Marcel Detienne (autre figure importante des sciences sociales) qui, dans Comparer l'incomparable (2000), dénonçait les mensonges et les dangers mortels de l'incommensurable, de l'incomparable des nationaux de tout poil ; tout en plaidant pour un comparer à la fois expérimental et constructif.
L'historien Joel Kotek réfute, pour sa part, totalement la comparaison entre « l'offensive israélienne » et le génocide des Herero (L'express, 22 novembre 2023). Il met en exergue les notions d'intention et de décision et nous explique : « Contrairement à ce que pense Didier Fassin, l'extermination des Herero n'est pas due à un engrenage fatal mais à la décision mûrement réfléchie, mieux encore, proclamée du général en chef du corps expéditionnaire allemand, Lothar von Trotha, d'en terminer une fois pour toutes avec le peuple Herero ». Il semble bien ici que Joel Kotek n'ait nullement connaissance des textes de Michael Barnett et de Raz Segal, cités plus haut, qui justement alertent des préconditions et de la décision proclamée. S'il voit une « séquence génocidaire » dans les massacres du 7 octobre, il semble rester sourd et aveugle aux dimensions génocidaires des représailles israéliennes, telles que pointées par de nombreux auteurs.
Par ailleurs, comme dans le texte d'Eva Illouz, on retrouve chez Joel Kotek des reprises de la propagande israélienne, mettant par exemple en avant les efforts « du commandement militaire israélien d'épargner au maximum les femmes, les enfants et les malades palestiniens » sans même mentionner que factuellement ce sont bien ces catégories qui sont les plus massivement touchées par l'armée israélienne et les bombardement israéliens. Au 4 décembre, l'UNICEF dénombrait 15 523 personnes tuées dans la bande de Gaza. Femmes et enfants représentaient 70% des victimes14. Le 30 novembre 2023, le site indépendant +972, publiait un long article intitulé « ‘A mass assassination factory' : Inside Israel's calculated bombing of Gaza » documentant la dimension massive, intentionnelle – y compris à l'égard des civils – et froide des représailles de l'armée israélienne, et ce à l'aide du système d'intelligence artificielle Habsora. Il en expliquait également la généalogie15.
Comme Eva Illouz, Joel Kotek refuse enfin de voir la question coloniale en réfutant tout lien entre Israël et le colonialisme. On comprend ainsi pourquoi, pour lui, le génocide des Hereros n'est entendable que lorsqu'il est rapporté à la Shoah. C'est d'ailleurs sa thèse puisqu'il le présente avant tout comme un Sonderwelg allemand16. Dès lors qu'il est mis dans son contexte colonial et qu'il est comparé à un autre contexte colonial – celui de la Palestine (en dépit du déni sur ce sujet) – transparait chez Kotek (et d'autres personnes) une forme de dissonance cognitive. Du massacre de Deir Yassine à celui de Gaza, en passant entres autres par celui de Sabra et Chatila, et 75 années de violence à l'encontre des Palestiniens, peut-on parler également de Sonderweg israélien ?
La discussion la plus intéressante a été, jusqu'à présent, celle engagée par le politiste Pierre Natnaël Bussière, dans L'Obs (28 novembre 2023)17. S'attardant sur la formule de Fassin – « il y a en effet une responsabilité historique à prévenir ce qui pourrait devenir le premier génocide du XXIe siècle » - cet auteur s'interroge légitimement et avec beaucoup de sincérité sur ce que la formule « premier » peut contenir d'invisibilisation des autres massacres récents et/ou en cours dont ceux contre les Ouïgours en Chine ou les Tigréens en Ethiopie. Ce texte a par ailleurs l'intérêt d'éclairer le lecteur sur la guerre à huis clos en Ethiopie et sur les massacres perpétrés contre les Tigréens, faits plutôt méconnus du grand public français. Il est vrai que la question palestinienne, qui est posée depuis des décennies, la soudaine polarisation médiatique sur le Proche-Orient, suite à l'attaque et au massacre du 7 octobre, ainsi que « l'annonce en direct d'un génocide programmé » ont interpellé davantage l'opinion et, bien entendu, les universitaires.
Il reste ici que la comparaison avec le génocide des Herero et Nama a une vertu heuristique qui n'a pas été suffisamment soulignée et qu'il est possible (« ce qui pourrait » pour reprendre la formule de Fassin) que le massacre de Gaza devienne le premier génocide du XXIe siècle jugé en tant que tel par la juridiction la plus habilitée à le faire : la Cour Pénale Internationale (CPI).
Colonialisme, mobilisations et plaintes déposées auprès de la CPI
On a pas assez attiré l'attention sur le fait que le massacre des Herero et Nama est non seulement reconnu comme le premier génocide du XXe siècle, mais il est également le seul en contexte colonial. C'est là un fait à interroger. Ni la traite transatlantique des esclaves, ni les massacres des Indiens d'Amérique, que Deleuze comparait aux Palestiniens18, ni ceux de l'Etat indépendant du Congo, sous tutelle belge (1885-1908), ni les massacres à Madagascar (1947), ni ceux, en Algérie, à Setif, Guelma et Kherrata (1948) – pour ne citer quelques exemples – ne sont reconnus internationalement comme des génocides (bien que localement, dans les pays directement concernés, citoyens, chercheurs et responsables politiques n'hésitent pas à employer le terme).
Plusieurs des auteurs, ainsi que les tribunes, précédemment cités pointent du doigt la dimension coloniale et son lien avec le sort subi – massacres, nettoyage ethnique, génocide, etc. – par les Palestiniens. C'est également cette dimension que pointe Craig Mokhiber, directeur du Bureau de New York du Haut-Commissariat aux droits de l'homme, dans sa lettre de démission adressée le 28 octobre 2023 au Haut-commissaire des droits de l'homme, Volker Turk. Il y expliquait notamment ceci :
« En tant qu'avocat spécialisé dans les droits de l'homme, avec plus de trente ans d'expérience dans ce domaine, je sais bien que le concept de génocide a souvent fait l'objet d'abus politiques. Mais le massacre actuel du peuple palestinien, ancré dans une idéologie coloniale ethno-nationaliste, dans la continuité de décennies de persécution et d'épuration systématiques, entièrement fondées sur leur statut d'Arabes, et associé à des déclarations d'intention explicites de la part des dirigeants du gouvernement et de l'armée israéliens, ne laisse aucune place au doute ou au débat. […]Il s'agit d'un cas d'école de génocide. Le projet colonial européen, ethno-nationaliste, de colonisation en Palestine est entré dans sa phase finale, vers la destruction accélérée des derniers vestiges de la vie palestinienne indigène en Palestine. Qui plus est, les gouvernements des États-Unis, du Royaume-Uni et d'une grande partie de l'Europe sont totalement complices de cet horrible assaut. Non seulement ces gouvernements refusent de remplir leurs obligations conventionnelles ‘d'assurer le respect des conventions de Genève, mais ils arment activement l'offensive, fournissent un soutien économique, des renseignements, et couvrent politiquement et diplomatiquement les atrocités commises par Israël »19
On remarquera également que les plaintes déposées auprès de la CPI ont été portées surtout par des pays anciennement colonisés et par des avocats et collectifs attentifs à la situation palestinienne mais aussi à la question coloniale.
La première plainte pour « génocide » a, en effet, été déposée le 10 novembre 2023 à La Haye devant la Cour pénale internationale par le pénaliste français Gilles Devers, accompagné de trois autres avocats de Belgique, de Jordanie et du Maroc. Elle a été signée par quelque 280 avocats et une centaine d'ONG (le nombre a augmenté depuis) et couvre également les crimes perpétrés par le Hamas lors de l'assaut sur le sud d'Israël le 7 octobre 2023. Gilles Devers est l'avocat représentant les Palestiniens devant la CPI, mais il est aussi celui Front Polisario, représentant légitime du peuple sahraoui, toujours en proie au dernier conflit de décolonisation d'Afrique (Sahara Occidental).
Le 13 novembre, le Center for Constitutional Rights déposait une plainte fédérale aux États Unis, au nom de Children International-Palestine, et d'autres organisations. Les plaignants poursuivent le président Biden, le secrétaire d'État Blinken et le secrétaire à la défense Austin pour leur incapacité à prévenir, et leur complicité dans, le génocide en cours du gouvernement israélien contre eux, leurs familles et les 2,2 millions de Palestiniens de Gaza. La plainte déposée contre les trois hauts fonctionnaires américains fait valoir qu'ils violent le droit international, notamment les dispositions codifiées dans la convention sur le génocide de 1948 et la loi correspondante sur la mise en œuvre de la convention sur le génocide (18 U.S.C. § 1091) adoptée par le Congrès des États-Unis en 198820.
Le 16 novembre 2023, le site du Haut-Commissariat des Nations Unies aux Droits de l'Homme nous informait du fait que près de 40 experts de l'ONU, spécialistes du droit international et des droits humains, alertaient sur le risque de génocide. On pouvait lire que « les graves violations commises par Israël à l'encontre des Palestiniens à la suite du 7 octobre, en particulier à Gaza, indiquent qu'un génocide est en cours »21.
Le 17 novembre, des Etats du Sud ayant ratifiés le Statut de Rome – l'Afrique du Sud, le Bangladesh, la Bolivie, les Comores et Djibouti – déposaient conjointement plainte auprès de Karim Khan, procureur général de la CPI. Celle-ci inclue notamment la qualification de génocide.
Le 17 novembre également, la Commission Internationale des Juristes22 appelait les États qui ont une position d'influence auprès du gouvernement d'Israël - en particulier les États-Unis - à prendre toutes les mesures raisonnables en leur pouvoir pour prévenir le génocide à Gaza, notamment en appelant à un cessez-le-feu, en prenant des mesures pour assurer la levée du siège et en empêchant le déplacement des Palestiniens en dehors de la bande de Gaza, et à cesser toute assistance militaire, y compris les ventes d'armes, qui permettrait ou faciliterait le génocide, et d'autres crimes en vertu du droit international. Elle exhortait les autres États à agir immédiatement en vertu de l'article VIII de la Convention sur le génocide, en demandant aux organes compétents des Nations unies, y compris le Conseil de sécurité des Nations unies, et en particulier l'Assemblée générale des Nations unies, de prendre des mesures urgentes en vertu de la Charte des Nations unies pour prévenir et réprimer tout acte de génocide à Gaza, notamment en appelant à un cessez-le-feu immédiat. Elle demandait également à la Commission internationale indépendante d'enquête sur le territoire palestinien occupé, y compris Jérusalem-Est, et Israël, ainsi qu'au Bureau du Procureur de la CPI, d'étendre rapidement leurs enquêtes sur la situation en Palestine afin d'y inclure le génocide.
Le 30 novembre et le 1er décembre 2023 se tenait à Alger, autrefois Mecque des révolutionnaires, un grand rassemblement de juristes en soutien à la Palestine, juristes émanant de plusieurs pays du Monde Arabe, de l'Afrique, mais aussi d'Europe23. L'un des objectifs de cette rencontre était de constituer un Comité permanent pour la poursuite de l'Etat d'Israël devant la Cour pénale internationale (CPI) et d'autres cours compétentes.
***
Au moment où nous achevons ce texte – 6 décembre 2023 – les attaques sur Gaza ont déjà repris depuis cinq jours, après une trêve d'une semaine. Les morts – enfants et femmes en premier lieux – s'amoncellent. La partie sud de Gaza, où se concentre maintenant l'essentiel de la population, sur ordre d'Israël et en raison de ses bombardements dans le Nord de Gaza, est maintenant celle qui est bombardée. Les Palestiniens sont aujourd'hui, plus qu'avant, pris au piège.
Beaucoup de chercheurs en France et en Europe se refusent à parler de génocide et évoquent, au mieux, le terme de nettoyage ethnique. Faut-il leur rappeler que de nombreux génocides ont été perpétrés dans la continuation du nettoyage ethnique et lorsque celui-ci a été rendu impossible ? Combien de cases faudra-il cocher avant que les puissances occidentales se décident à réagir fermement et que les intellectuels se saisissent vraiment de ce sujet ?
Notes
1. « Certaines victimes méritent-elles plus que d'autres la compassion ? Faut-il considérer comme une nouvelle norme le ratio des tués côté palestinien et côté israélien de la guerre de 2014 à Gaza : 32 fois plus de morts, 228 fois plus parmi les civils et 548 fois plus parmi les enfants ? » (Fassin, 18 octobre)
2. Gilles Deleuze, 2003 (1983), « Grandeur de Yasser Arafat », dans Deux régimes de fous, éditions de minuit, Paris, pp. 221-223. Texte initialement paru en 1984, daté de 1983, dans la revue d'études palestiniennes.
3.Près de 50% des juifs israéliens appuient l'idée d'expulsion des Palestiniens, selon M. Barnett (référence à la suite).
4.M. Barnett, “Is Israel on the Precipice of Genocide ?”, Political Violence @ A Glance, 6 mars 2023 : https://politicalviolenceataglance.org/2023/03/06/is-israel-on-the-precipice-of-genocide/
5.Yousef Munayyer, “Laying Siege to Gaza Is No Solution. U.S. support for Israel's incursion could enable mass atrocities”, Foreign Policy, 9 octobre 2023 : https://foreignpolicy.com/2023/10/09/israel-palestine-gaza-hamas-invasion-genocide-united-states/
6.Raz Segal, “A Textbook Case of Genocide. Israel has been explicit about what it's carrying out in Gaza. Why isn't the world listening ? », Jewish Currents, 13 octobre 2023 : https://jewishcurrents.org/a-textbook-case-of-genocide
7.Public Statement : Scholars Warn of Potential Genocide in Gaza, 17 octobre 2023 : https://twailr.com/public-statement-scholars-warn-of-potential-genocide-in-gaza/
8.https://www.tsa-algerie.com/pas-de-paix-sans-decolonisation/ ; https://www.middleeasteye.net/fr/opinion-fr/guerre-israel-palestine-pas-paix-sans-decolonisation-reseau-decolonial-afrique-nord
9.https://euromedmonitor.org/en/article/5908/Israel-hit-Gaza-Strip-with-the-equivalent-of-two-nuclear-bombs
10. « Le 7 octobre 2023, l'État d'Israël a été attaqué sur son territoire souverain, celui qu'à la suite de ce que Raul Hilberg a appelé « la destruction des Juifs d'Europe » par l'Allemagne et ses complices, la communauté internationale lui avait reconnu lors du partage de la Palestine mandataire décidé à l'ONU le 29 novembre 1947 » (Karsenti et al.).
11.« New Palestine Party : Visit of Menachem Begin and Aims of Political Movement Discussed » : https://www.marxists.org/reference/archive/einstein/1948/12/02.htm
12.« Le soutien à la guerre qu'Israël mène actuellement contre le Hamas à Gaza est légitime, dans les limites posées par le droit international humanitaire » (Karsenti et al.).
13.https://www.college-de-france.fr/fr/agenda/cours/qu-est-ce-que-comparer
14.https://www.unicef.fr/article/israel-palestine-les-enfants-paient-le-prix-de-la-guerre/
15. https://www.972mag.com/mass-assassination-factory-israel-calculated-bombing-gaza/
16. Kotek, J. (2008). Le génocide des Herero, symptôme d'un Sonderweg allemand ?. Revue d'Histoire de la Shoah, 189, 177-197. https://doi.org/10.3917/rhsho.189.0177
17.https://www.nouvelobs.com/opinions/20231128.OBS81439/les-ethiopiens-et-les-ouigours-existent-ils-m-didier-fassin.html
18. « La complicité des Etats-Unis avec Israël ne vient pas seulement de la puissance d'un lobby sioniste. Elias Sanbar a bien montré comment les Etats-Unis retrouvaient dans Israël un aspect de leur histoire : l'extermination des Indiens, qui, là aussi, ne fut qu'en partie directement physique. Il s'agissait de faire le vide, et comme s'il n'y avait jamais eu d'Indiens, sauf dans des ghettos qui en feraient autant d'immigrés du dedans. A beaucoup d'égards, les Palestiniens sont les nouveaux Indiens, les Indiens d'Israël », Gilles Deleuze, 2003 (1983), « Grandeur de Yasser Arafat », p. 223.
19.https://www.democracynow.org/2023/11/1/craig_mokhiber_un_resignation_israel_gaza
20.https://ccrjustice.org/stop-the-genocide
21. https://www.ohchr.org/en/press-releases/2023/11/gaza-un-experts-call-international-community-prevent-genocide-against
22.ONG internationale de défense des droits de l'homme créée en 1952. Elle est composée d'un groupe permanent de 60 éminents juristes. https://www.icj.org/gaza-occupied-palestinian-territory-states-have-a-duty-to-prevent-genocide/
23.« Fin de la Conférence internationale "Justice pour le peuple palestinien" par l'adoption de la "La Déclaration d'Alger" », Radio algérienne, 1er décembre 2023 : https://news.radioalgerie.dz/fr/node/36441 Entretien de Gilles Devers : https://www.youtube.com/watch?v=cZGj3HisZ6U ;
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Appel aux travailleurs du monde : Bloquez les navires du génocide israélien !

Le Masar Badil, le Mouvement palestinien pour une voie révolutionnaire alternative, appelle tous les militants syndicaux, syndicalistes et organisations de travailleurs à prendre des mesures pour bloquer les navires israéliens, refuser de les charger ou les décharger, et refuser de transporter des armes de guerre vers l'occupation israélienne actuelle. perpétrer un génocide contre le peuple palestinien dans la bande de Gaza assiégée.
Nous avons déjà assisté à plusieurs actions importantes à travers le monde, en premier lieu les actions de l'armée et du peuple yéménites visant à bloquer l'utilisation des mers yéménites pour le transport et le passage des navires et des marchandises sionistes.
Les travailleurs des transports en Belgique, à Barcelone et au Japon ont déclaré qu'ils refuseraient de charger des armes destinées à l'occupation israélienne, tandis que les dockers en Italie ont mené une grève d'une journée contre le génocide en cours. De l'Inde aux Philippines en passant par l'Afrique du Sud, le mouvement syndical a clairement exprimé sa position, exigeant l'expulsion des ambassadeurs sionistes et rejetant le recours à la main-d'œuvre migrante pour soutenir le régime d'occupation israélien en remplacement des travailleurs palestiniens.
Nous constatons également une volonté croissante des mouvements populaires de prendre des mesures sérieuses et significatives pour arrêter la machine de guerre sioniste, illustrée par les actions directes de Palestine Action visant à fermer Elbit Systems, le plus grand fabricant d'armes israélien, et à extraire un coût financier et matériel important de Elbit en Grande-Bretagne et aux États-Unis.
Les travailleurs palestiniens, les organisations syndicales et les syndicats ont déjà lancé un appel aux travailleurs du monde entier pour qu'ils refusent de fabriquer et de transporter des armes pour le régime d'occupation, et de nombreuses organisations et militants participent au blocus des usines d'armement, des chemins de fer et des ports transportant des armes et des fournitures. à l'occupation, représentée par la campagne Block the Boat.
Il est extrêmement important qu'il ne s'agisse pas d'actions symboliques, de déclarations de solidarité ou de messages de soutien. Refuser les navires israéliens des ports du monde est, en s'appuyant sur l'exemple yéménite, un moyen matériel d'assiéger l'occupation et de soutenir le peuple colonisé et occupé de Palestine. Il s'agit d'une contribution matérielle pour faire face et mettre fin à l'escalade du génocide perpétré par le régime israélien depuis plus de 75 ans, avec une escalade intense et sanglante au cours des 57 derniers jours qui a déjà coûté la vie à près de 20 000 Palestiniens.
Israël ne commet pas seul son génocide. Il est soutenu, armé et financé par les puissances impérialistes – en premier lieu les États-Unis, ainsi que leurs partenaires au Canada, en France, en Allemagne et en Grande-Bretagne. Chaque port et chaque entreprise qui autorise des navires israéliens de toute sorte à accoster dans son port est un partenaire à part entière des crimes de guerre et du génocide avec le sang du peuple palestinien sur les mains et doit être tenu pour responsable.
Nous savons que nous ne pouvons pas attendre que ces mêmes États criminels ou agences internationales tiennent ces parties responsables de leurs crimes en cours ou mettent fin au génocide. Le peuple palestinien et sa Résistance luttent quotidiennement pour y parvenir. Nous vous appelons, travailleurs du monde, à exercer votre immense pouvoir, le pouvoir des travailleurs, sans lequel rien ne fonctionne.
Nous, à Masar Badil, avons été invités par les travailleurs de Gaza à vous adresser cet appel, à vous, notre classe ouvrière internationale, à exploiter votre pouvoir et à contribuer matériellement à mettre fin au génocide. Nous vous invitons à :
1. Bloquer et rejeter l'apparition ou l'accostage de tout navire israélien dans n'importe quel port mondial ; de refuser de charger ou décharger un navire israélien. Tous les États devraient suivre l'exemple yéménite et interdire l'utilisation de leurs ports et de leurs mers pour armer ce régime génocidaire !
2. Refuser de charger, décharger ou permettre de naviguer sur tout navire de quelque pays que ce soit apportant des armes, du matériel et des fournitures au régime sioniste génocidaire. Les mains des travailleurs ne doivent pas être souillées par le fardeau du génocide !
Nous, travailleurs palestiniens en exil et dans la diaspora, faisons partie intégrante des travailleurs du monde. Il est grand temps d'intensifier notre participation à cette lutte jusqu'à un niveau matériel capable de fermer les routes commerciales du génocide, de l'occupation et du colonialisme, en coupant le flux d'armes, de bombes et d'artillerie qui permet au régime israélien de massacrer des hommes palestiniens. les femmes et les enfants. Nous appelons vous tous aujourd'hui, nos collègues travailleurs, à nous rejoindre dans l'action pour mettre fin au génocide, pour la justice, la victoire et la libération des travailleurs et du peuple de Palestine !
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Face aux violences d’extrême droite, un nouveau guide de riposte à l’attention des associations et des syndicats

L'année se termine, et c'est déjà l'heure des bilans : 2023 a été marquée par les violences d'extrême droite en France, et dans le monde, contre les associations et syndicats, ainsi que les personnes racisées ou LGBTQIA+.
Tiré de Entre les lignes et les mots
VoxPublic présente aujourd'hui un nouveau guide pratique à l'attention des militant·es et des personnes exposé·es à cette menace. Il s'organise selon le triptyque « identifier, anticiper, riposter aux menaces » :
* Identifier les différents groupuscules et partis d'extrême droite et leurs méthodes ;
* Anticiper et prévenir les attaques ;
* Organiser la riposte juridique, médiatique et militante.
A partir de nombreux témoignages recueillis par VoxPublic, le guide propose une mise en commun de recommandations et de « bonnes pratiques » afin d'être en capacité de riposter collectivement pour défendre les droits de toutes et tous, l'égalité et la démocratie.
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VoxPublic publie un nouveau guide pratique à l'attention des militant·es associatifs et syndicalistes exposé·es à des menaces et violences d'extrême droite. Il s'organise selon le triptyque « identifier, anticiper, riposter aux menaces » : identifier les différents groupuscules et partis d'extrême droite et leurs méthodes ; anticiper et prévenir les attaques ; organiser la riposte juridique, médiatique et militante.
En janvier2023, le projet Horizon visant à accueillir des personnes réfugiées dans le village de Callac (Côtes-d'Armor) est abandonné par des élus locaux effrayés après des mois d'intimidations et de violences perpétrées par l'extrême droite. Premier coup de tonnerre dans cette année 2023 marquée par les violences d'extrême droite à l'encontre des associations et des syndicats, mais aussi d'élu·es.
À Bordeaux, les locaux de plusieurs associations, dont le Planning Familial, ainsi que des lieux de culte (mosquées), ont été vandalisés, des tags néonazis et des messages d'intimidation y sont laissés. À Tours, le centre LGBTQIA+ a été attaqué six fois en six mois. En mai, à Nîmes, un incendie s'est déclaré dans l'immeuble accueillant le siège local du syndicat Solidaires alors qu'une réunion s'y tenait, et en juillet le local CGT de Brest est également vandalisé. Lors des manifestations de révolte contre la mort du jeune Nahel Merzouk en juin 2023, dans plusieurs villes, des « milices » d'extrême droite attaquent les manifestant·es. Ce sont ces mêmes groupuscules identitaires et nationaliste-révolutionnaires que l'on retrouve en train de mener une ratonnade à Romans-sur-Isère (Drôme) samedi 25 novembre…
Qui sont ces groupes divers et dispersés sur tout le territoire français ? Quelles sont leurs méthodes et leurs liens avec les partis politiques ? Ce guide tente d'apporter un éclairage à ces questions pour les militant·es associatifs et syndicaux confronté·es aux menaces et violences d'extrême droite.
A partir de nombreux témoignages recueillis par VoxPublic, ce guide propose une mise en commun des recommandations et des « bonnes pratiques » afin de mieux anticiper ces menaces et d'être en capacité de riposter collectivement. Nous y abordons les stratégies juridiques, celles de communication et de riposte médiatique, ainsi que des mesures de sécurité essentielles pour prévenir les risques encourus par les militant·es et toutes les personnes ciblées par l'extrême droite.
Guide au format PdF :
les_associations_et_syndicats_face_aux_menaces_et_violences_extreme_droite_voxpublic-2
https://entreleslignesentrelesmots.files.wordpress.com/2023/12/les_associations_et_syndicats_face_aux_menaces_et_violences_extreme_droite_voxpublic-2.pdf
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Appel pour une initiative parlementaire sur la prévention et la réparation de la souffrance psychique au travail

La sortie du film de Jean-Pierre Bloc « Par la fenêtre ou par la porte » sur « l'affaire » des suicides chez France Télécom et le succès d'audience qu'il rencontre, sont l'occasion de réfléchir et de débattre sur un phénomène marquant de l'évolution des rapports sociaux au travail, celui de la souffrance psychique professionnelle. Et aussi celui de la Justice. Souvenons-nous.
Tiré de Entre les lignes et les mots
https://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2023/12/08/appel-pour-une-initiative-parlementaire-sur-la-prevention-et-la-reparation-de-la-souffrance-psychique-au-travail/
En 2004, la privatisation de l'opérateur public de téléphone doit s'accompagner d'une réduction à marche forcée des effectifs et de la transformation en profondeur de ses métiers. Sous la férule de son PDG, Didier Lombard, l'entreprise va passer d'une logique de service public à celle d'un leader du CAC 40 et 22 000 agents doivent partir… de gré ou de force. Ce sera le plan Next, un management brutal et agressif qui doit déstabiliser les fonctionnaires de l'opérateur et dégrader leurs conditions de travail pour les pousser vers la porte ou la fenêtre selon les mots même du PDG devant ses cadres dirigeants. 35 agents se suicideront entre 2008 et 2009 et, suite à la plainte de Sud, rejointe par les autres syndicats, et à une enquête de l'Inspection du travail, un procès se tiendra en correctionnel à Paris, en 2019, puis en appel en 2022 et débouchera sur des condamnations historiques des principaux dirigeants à un an de prison de prison assorti du sursis et 15 000 euros d'amende pour harcèlement moral institutionnel. Une première dans le monde feutré et très sélectif des grandes entreprises mondialisées.
Certes, cette condamnation et ce qualificatif de harcèlement moral institutionnel, parfois appelé harcèlement managérial, ont eu un fort retentissement médiatique et politique, notamment dans les cercles de dirigeants et du management. Mais sans doute pas suffisamment puissant pour inverser des tendances de fond sur les organisations du travail et les pratiques managériales délétères.
Au-delà de la question du suicide, c'est bien celle de la souffrance psychique au travail qui caractérise l'évolution des modes de management et d'organisation du travail ces 30 dernières années. Avec des conséquences délétères massives. Qu'il s'agisse des données statistiques du Réseau national de vigilance et de prévention des maladies professionnelles (RNV3P) ou de celles de la surveillance des maladies à caractère professionnel de Santé publique France, les pathologies psychiques arrivent en seconde position – juste après les troubles musculo-squelettiques (TMS) – des maladies liées au travail depuis plusieurs années. « Le « management », la « relation au travail et violence » et les « exigences inhérentes à l'activité » représentaient plus de neuf FORE (facteurs organisationnels, relationnels et éthiques ) sur dix en lien avec des TMS ou de la souffrance psychique. », peut-on lire dans l'étude de Santé publique France publiée en avril 2023.
Même constat du côté des inaptitudes médicales déclenchées par le médecin du travail et qui entrainent souvent des licenciements (plus de 100 000 par an selon les données administratives) et des sorties précoces de l'emploi. Du coté des chiffres officiels, on notera que 1600 maladies professionnelles de la sphère psychique sont reconnues et indemnisées chaque année par le régime général de la Sécurité sociale et plus de 28 000 accidents du travail d'origine psychique. Mais ces chiffres ne sont que la partie émergée de l'iceberg. Selon la commission (1) chargée d'évaluer la sous-déclaration des maladies professionnelles pour déterminer dans le cadre du PLFSS le montant que la branche AT-MP doit reverser à l'Assurance maladie, 108 000 cas de pathologies professionnelles d'origine psychique devraient être reconnues. Cela montre tout à la fois l'ampleur du phénomène et le décalage existant entre la réalité et la reconnaissance de celle-ci. Cet écart ne facilite ni la prise de conscience ni la prévention. Et dans ce domaine de la prévention, les marges de progrès sont importantes comme le soulignait la Cour des comptes dans un rapport daté de décembre 2022 (2). Malgré les plans santé travail (PST) successifs, malgré les dernières réformes des services de santé au travail, malgré les priorités affichées des pouvoirs publics sur ces questions, et notamment celles relatives aux risques psychosociaux et à la prévention des facteurs de risques organisationnels, les résultats ne sont pas au rendez-vous. Et pour en revenir au début de notre propos, à l'affaire France Télécom, toutes les leçons n'ont pas été tirées.
Tout d'abord, parmi les origines probables de cette difficulté à faire entrer la prévention dans les entreprises, il y en a une qui apparait culturellement persistante. Dans le monde du travail, les règles qui organisent la vie en société et qui régulent les rapports entre les individus, ne sont jamais la simple transposition des règles communes de la « vie civile ». Elles sont systématiquement « adoucies », adaptées, ceci afin de ne pas entraver l'efficacité économique. Les procès France Télécom, devant le tribunal correctionnel puis devant la Cour d'appel, en donnent une illustration saisissante. Au regard de la gravité des faits et des conséquences, les condamnations apparaissent relativement clémentes. Elles sont pourtant le strict reflet du Code pénal. En effet, l'article L222-33-2 du Code pénal prévoit une peine de 2 ans d'emprisonnement 3 et de 30 000 euros d'amende en cas de harcèlement moral au travail.
Dans le même Code pénal, les mêmes faits relevés dans la sphère privée du couple, prévoit des peines s'échelonnant de 3 ans d'emprisonnement à 10 ans et de 45 000 euros d'amende à 150 000. En milieu scolaire, les peines prévues sont les mêmes que celles prévues pour un couple.
Dans tous les cas prévus par le législateur, la répression est la moins punitive dans le domaine du travail. Rien ne justifie cette clémence, d'autant que, lorsqu'elle est systémique comme dans le cas de France Télécom, les dégâts humains peuvent être considérables quant au nombre de personnes affectées. Nous demandons donc un alignement des peines encourues et une adaptation en ce sens du Code pénal, en son article L2226-33-2.
En matière civile, il devient absolument nécessaire de simplifier la réparation des maladies professionnelle d'origine psychique. Cela faciliterait la prise en charge des victimes mais aussi cela inciterait davantage les entreprises à engager des politiques de prévention plus efficaces, visant en priorité la transformation de l'organisation du travail, l'adaptation du travail à l'homme et l'adoption de méthodes de management moins délétères.
La priorité nous semble être de créer des tableaux de maladie professionnelle qui éviteraient ainsi le recours aux comités régionaux de reconnaissance des pathologies professionnelles (C2RMP) qui sont surchargés et dont les conditions d'accès sont relativement complexes dans le cas des pathologies psychiques et donnent lieu à de grandes inégalités de traitement des dossiers. Nous proposons qu'une mission d'information parlementaire se penche sur les conditions de reconnaissance des maladies professionnelles d'origine psychique.
Un autre aspect fondamental nous semble résider dans la prévention insuffisante des RPS. De nombreux leviers ont déjà été actionnés par les 3 un an de prison et 15 000 euros à la période de l'affaire France-Télécom pouvoirs publics, sans que cela ne permette véritablement des progrès significatifs de ce fléau.
Deux voies nous semblent devoir être explorées pour redonner du sens au travail et redynamiser le dialogue social dans l'entreprise sur ces questions de santé au travail et de prévention des RPS.
La première est celle recommandée par les Assises du travail qui se sont déroulées au début de l'année 2023 dans le cadre du Conseil national de la Refondation souhaité par le président de la République. Le rapport remis le 18 avril par Sophie Thierry, présidente de la commission travail et emploi du Conseil économique social et environnemental (Cese) et Jean-Dominique Senard, président du groupe Renault, tous les deux garant des assises, comporte 17 recommandations dont celle (N°14) d'« Ajouter un 10ème principe général de prévention à l'article L.4121-2 du code du travail : écouter les travailleurs sur la technique, l'organisation du travail, les conditions de travail et les relations sociales. » Cette proposition s'inscrit dans l'axe n°4 des Assises : Préserver la santé physique et mentale des travailleurs, un enjeu de performance et de responsabilité pour les organisations. Ajoutons qu'ainsi, des traces seraient laissées des problèmes débattus et de la façon dont ils ont été réglés ou non par le dialogue social.
La seconde voie consiste à remettre la prévention des risques professionnels au cœur du dialogue social dans les entreprises. Aujourd'hui, un constat s'impose : la suppression des CHSCT par les ordonnances Travail de 2017 a cassé la dynamique de prise en charge de la santé au travail et de la prévention des risques professionnels dans les entreprises. Cette analyse est partagée par de nombreux observateurs, qu'ils soient professionnels de la prévention, chercheurs, voire experts des relations sociales comme le sont Jean-François Pillard, ex-négociateur du Medef ou Marcel Grignard, ancien numéro 2 de la CFDT, qui ont piloté avec France Stratégie le Comité d'évaluation des ordonnances. Leur note conclusive parle d'elle-même, qui montre que le bouleversement opéré par la fusion des trois instances représentatives du personnel a chamboulé le dialogue social dans les entreprises, créé de la difficulté des nouveaux CSE à s'emparer des questions du travail, et rend compte de la « lassitude des élus devant une mission de plus en plus difficile », avec les risques pour la « démocratie de représentation ». Dans leur rapport de 2021, les experts concluent qu'il « convient de se reposer la question » sur la manière d'appréhender la santé au travail dans les entreprises. Il nous semble donc qu'il revient au parlement, à travers là encore une mission d'information, de lancer une réflexion approfondie sur la nécessité de corriger les défauts des ordonnances de 2017 et sur la meilleure façon de relancer une dynamique de prévention dans les entreprises à partir d'un rôle régénéré des instances représentatives du personnel.
Patrick Ackermann, syndicaliste
Jean-Pierre Bloc, réalisateur
Thomas Coutrot, statisticien et économiste
François Desriaux, rédacteur en chef Santé et Travail
Emmanuel Dockès, professeur de droit, université Lyon 2
Daniela Garcia, syndicaliste
Jean-Paul Teissonnière, avocat
Sophie Taillé-Polian, députée Ecologiste
(1) Rapport_commission%20sous-d%C3%A9claration%20AT-MP%202021.pdf
(2) Les politiques publiques de prévention en santé au travail dans les entreprises | Cour des comptes (ccomptes.fr)
Je me permets de vous faire suivre l'appel que nous lançons en faveur d'une initiative parlementaire sur la prévention et la réparation de la souffrance psychique au travail, à l'occasion de la projection du film « Par la fenêtre ou par la porte » sur l'affaire des suicides à France Telecom, le 14 déc à 20heures à l'AN.
N'hésitez pas à vous inscrire.
https://docs.google.com/forms/d/e/1FAIpQLSfRY0480JyV80K8fsqGwWVlPKzbR9AskXuqJVbaMQZHkAEIZQ/viewform
François Desriaux
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Dilemmes de l’humanité : avancer vers la construction d’un socialisme féministe

Tiré de capiremov
https://capiremov.org/en/experience/dilemmas-of-humanity-advancing-towards-building-a-feminist-socialism/
27/11/2023 |
Écrit par Bianca Pessoa et Ana Priscila Alves
Les débats de la conférenceDilemmes de l'humanitéportent sur le féminisme et la lutte antipatriarcale pour construire le socialisme dans le monde
La 3e Conférence internationale sur les dilemmes de l'humanité s'est tenue à Johannesburg, en Afrique du Sud, en octobre 2023. C'est une démonstration que l'organisation autour de la lutte socialiste internationaliste est un mouvement fort, des membres d'organisations politiques, de mouvements sociaux, de partis et de syndicats du monde entier se sont réunis pour débattre et construire un programme de luttes communes pour construire le socialisme, organiser la classe ouvrière, défendre la vie et la nature, construire la démocratie populaire et mener la lutte anti-impérialiste pour la souveraineté des peuples et des territoires.
Dans une vidéo produite par Capire pendant la conférence, des femmes de différentes parties du monde parlent de ce qui est nécessaire pour construire un socialisme féministe.
La lutte socialiste et internationaliste est construite par de nombreuses mains et ne peut avancer que si les femmes sont présentes et actives. Afin d'articuler cette lutte comme un axe central et transversal dans la construction de la société que nous voulons, le séminaire « Féminismes et lutte contre le patriarcat », qui s'est tenu le 16 octobre, faisait partie du programme de la conférence. Ce fut un moment de débat et de réflexion sur l'importance cruciale des organisations de femmes et des organisations de personnes dissidentes dans l'élaboration d'un projet socialiste, internationaliste et solidaire. La conférence internationale a été le résultat de l'accumulation d'éditions de conférences régionales, où les luttes féministes et la lutte contre le patriarcatsont apparues comme un thème central de la lutte des classes dans les continents.
Les participants suivants ont participé au séminaire : la professeure, chercheuse et militante Akua Opokua Britwum, du Ghana ; la militante thaïlandaise pour la démocratie Kunlanat Jirawong-Aram ; Olfa Baazaoui, membre du Parti des travailleurs tunisiens ; María Inés Davalos, militante de la Coordination nationale des organisations de femmes travailleuses, rurales et indigènes (Coordinadora Nacional de Organización de Mujeres Trabajadoras, Rurales e Indígenas – Conamuri) du Paraguay ; Maite Mola, originaire du Pays basque et membre du Parti de la gauche européenne ; et Maisa Bascuas, chercheuse à l'Institut tricontinental de recherche sociale en Argentine, en charge de la médiation. Le débat a commencé par la projection du documentaire indien Kudumbashree : When Millions of Women Organize, produit par Peoples Dispatch et NewsClick. Le documentaire raconte l'histoire de plus de quatre millions de femmes organisées dans la lutte pour l'autonomie dans l'État du Kerala, dans le sud de l'Inde.
Construire un socialisme féministe
Selon Akua Opokua, le patriarcat précède le capitalisme. Mais depuis que le capitalisme a pris forme, la structure patriarcale a été repensée pour permettre une exploitation encore plus grande du travail des femmes. Au Ghana, explique-t-elle, les femmes ont joué un rôle important dans la lutte contre le colonialisme et vers l'indépendance du pays. Après l'indépendance, la lutte a été organisée sur la base de l'anti-impérialisme, dans la lignée des luttes menées sur tout le continent africain contre l'apartheid et l'exploitation du travail et de la nature par les pays européens. Les groupes organisés de femmes se sont développés au fil des ans, confrontant et dénonçant l'appropriation du féminisme par l'agenda néolibéral. « Dans le mouvement socialiste au Ghana, nous recherchons des jeunes qui veulent une société différente pour apporter des changements, car il existe un lien entre le patriarcat et le système capitaliste », déclare-t-elle.
En Thaïlande, le journal de gauche Dindengcouvre la lutte pour la démocratie dans le pays et le féminisme socialiste façonné par les femmes thaïlandaises. Le journal se concentre sur la production de textes, de podcasts et de traductions en thaï sur les débats de la gauche mondiale. Ils visent à rendre l'information accessible à la population. Kunlanat Jirawong-Aram explique que les femmes thaïlandaises sont confrontées à l'un des taux d'incarcération les plus élevés au monde. « Une de nos camarades qui était en prison nous a dit que presque toutes les femmes qu'elle a rencontrées en prison étaient là à cause des hommes dans leur vie », explique-t-elle. De plus, ils sont victimes du militarisme et de l'impérialisme américains, qui continuent d'opérer dans le pays. Malgré les défis auxquels elles sont confrontées, à Dindeng, les femmes s'organisent pour partager leur programme féministe dans des articles publiés sur le site web et aussi dans des mobilisations de rue.
En Tunisie, les femmes ont joué un rôle central dans le mouvement de libération nationale. Olfa Baazaoui explique que même si les lois les plus progressistes récemment promulguées ont été attribuées au président, ces lois sont le résultat du travail du mouvement des femmes. En 2021, il y a eu un coup d'État en Tunisie, lorsque le président Kaïs Saïed a dissous le parlement. À ce jour, il gouverne en tant que seul souverain avec les pleins pouvoirs. « Nous nous battons pour essayer de préserver les acquis démocratiques que nous avons obtenus, car c'est la seule façon d'aider les femmes à s'organiser et à lutter pour la démocratie et plus de droits », explique Olfa.
Au Paraguay, les camarades de Conamuri, membres du CLOC-Via Campesina, ont façonné le féminisme paysan et populaire comme un engagement politique pour la défense de la vie. Ils sont fondés sur les expériences vécues dans les territoires. Le féminisme implique la défense de la terre, des semences et de la lutte contre la violence. « Les luttes sont vivantes et nous savons que la lutte pour l'émancipation des femmes doit aller de pair avec la fin de la propriété privée », déclare María Inés Davalos. En Amérique latine, l'occupation massive des terres par les entreprises transnationales et l'agrobusiness est l'un des principaux défis. Cependant, sur le même territoire, il y a des femmes qui vivent de leurs terres et de leurs produits, et qui se battent pour la souveraineté alimentaire : « c'est notre façon de communiquer avec les autres, de lutter contre les multinationales et de nous protéger des semences génétiquement modifiées ».
En Europe, les femmes luttent contre la montée de l'extrême droite et du conservatisme et contre l'augmentation de la violence, en particuliercontre les femmes migrantes des pays du Sud. Pour Maite Mola, bien que le problème de l'immigration ne soit pas spécifique aux femmes, ce sont elles qui souffrent le plus aux frontières et des vulnérabilités qu'elles rencontrent en arrivant dans les pays où elles se sont installées. Dans cette partie du monde, il y a également des progrès en ce qui concerne les plaintes des femmes contre la pornographie et les formes de cyberviolence de plus en plus récentes, telles que la création de deep fakes pornographiques, en utilisant des images de toute femme ayant déjà publié des photos en ligne. « De plus, la question de l'avortement est centrale. Nous devons nous battre pour ce droit. C'est aussi une lutte des classes, pas une question de caprices. Même si c'est illégal, les femmes qui ont de l'argent peuvent avorter, et celles qui n'en ont pas meurent », a déclaré Maite.
Pour Kunlanat, la construction féministe passe aussi par le décloisonnement entre la rationalité, perçue comme masculine et appréciée, et la sensibilité, perçue comme féminine et inutile dans la lutte : « les espaces politiques sont normalisés pour être dominés par les hommes, et les femmes ne sont pas perçues comme politiques. Même aujourd'hui, les femmes sont considérées comme des personnes qui n'ont pas de pensées et d'idées propres dans un monde qui essaie de faire passer la logique avant les émotions. Mais les émotions ne doivent pas être inférieures. Nous devons considérer les émotions comme des émotions politiques. À propos du féminisme et de la lutte socialiste, María Inés partage que « pour nous, le féminisme est basé sur la classe parce qu'il cherche à construire le socialisme. Nous avions l'habitude de dire « pas de féminisme, pas de socialisme », mais nous devons aller de l'avant avec une vision positive. Aujourd'hui, nous disons 'avec le féminisme, nous construisons le socialisme' ».
Traduit de l'anglais par Rane Souza
Sous la direction de Helena Zelic
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France - Communiqué commun : Stop aux attaques contre le mouvement féministe ! Nous refusons l’instrumentalisation de nos luttes

Les manifestations du 25 Novembre contre les violences faites aux femmes et minorités de genre ont été un franc succès populaire avec près de 100 000 participantes partout en France. Cela montre une fois de plus la force de la mobilisation pour en finir avec les violences.
Tiré de Europe Solidaire Sans Frontières
28 novembre 2023
Par GrèveFéministe , NousToutes
Cependant, nous, associations et collectifs féministes, membres des collectifs de l'organisation de la manifestation parisienne du 25 novembre, sommes aujourd'hui accusées sur les réseaux sociaux et par certains médias de nier les violences sexuelles et féminicides perpétrés contre des femmes juives en Israël par le Hamas le 7 octobre, et d'avoir empêché de manifester à Paris ce samedi un collectif venu dénoncer ces violences.
Nous tenons en premier lieu à re-affirmer que nous combattons collectivement toutes les violences, les exactions, les féminicides commis contre toutes les femmes et minorités de genre quels qu'en soient les auteurs et ce, partout dans le monde. En tant que féministes, nous combattons fermement toutes formes d'antisémitisme, de racisme, d'islamophobie et de discrimination. C'est pourquoi nous condamnons sans ambiguïté les crimes sexuels et sexistes, viols et féminicides commis par le Hamas, qui ont particulièrement visé les femmes, les personnes LGBTQIA+ et les enfants. Nous apportons tout notre soutien aux victimes et à leurs proches. Les violences sexuelles en temps de conflit, bien souvent systématiques et massives, sont des armes de guerre qui visent à détruire les personnes victimes et plus largement tout un peuple. Selon l'ONU, elles constituent des crimes de guerre et des crimes contre l'humanité.
Dans la manifestation parisienne du 25 novembre, des organisations et des personnes juives féministes étaient présentes aux côtés des autres organisations et collectifs féministes. Il avait été annoncé que la manifestation porterait aussi cette lutte.
Malgré cela, une campagne de dénigrement poussée par certains médias et des réseaux d'extrême droite, des tribunes mensongères et des campagnes de fake news sur les réseaux sociaux ont réussi à convaincre de nombreuses personnes du contraire, y compris des femmes et des féministes juives. Nous le déplorons.
Ces fake news se sont accompagnées d'alertes et de menaces d'actions violentes de groupuscules d'extrême droite pendant la manifestation. C'est pourquoi celle-ci était sous haute surveillance et haute tension.
Le 25 novembre, un collectif dénonçant les viols et féminicides du 7 octobre et accusant les féministes d'être silencieuses sur le sujet était présent place de la Nation. Ses membres, hommes et femmes, ont défilé autour de la place avec des pancartes attaquant une partie des associations organisatrices de la manifestation comme « Féminicide de masse, féministes à la Hamas » ou « #Metoo unless you are jew ». Beaucoup d'hommes portaient des gants coqués ce qui a inquiété les organisations présentes et la police qui y ont reconnu des personnes d'extrême-droite. Les CRS ont décidé de les encadrer sur la place de la Nation.
Depuis samedi, sur les réseaux sociaux, des individus ont mis en cause des féministes et organisé un dénigrement collectif de la manifestation et de ses organisatrices. Ces attaques ne sont pas seulement diffamatoires, elles sont dangereuses. Plusieurs appels au cyberharcèlement à l'encontre du collectif #NousToutes ont été émis. Les militantes bénévoles se retrouvent exposées à des centaines de messages et mails d'insultes, de menaces de viol et de mort y compris sur leur téléphone ou mail personnel. Nous rappelons que le cyber harcèlement est une forme de violence grave parmi celles que nous dénoncions en manifestant samedi et est punie par la loi.
Nous sommes aux côtés de toutes les victimes et de leurs proches. La lutte contre les violences sexistes et sexuelles est une longue marche qui ne devrait jamais être instrumentalisée. Elle appelle au contraire l'union et le rassemblement de toutes et tous. Nos organisations féministes sont diverses, elles sont unies dans la dénonciation des violences faites aux femmes et aux minorités de genre, d'où qu'elles viennent et quels qu'en soient les auteurs.
GrèveFéministe et NousToutes
Membres des collectifs de l'organisation de la manifestation parisienne du 25 novembre
P.-S.
• CGT. PUBLIÉ LE 28 NOV. 2023 :
https://www.cgt.fr/comm-de-presse/stop-aux-attaques-contre-le-mouvement-feministe-nous-refusons-linstrumentalisation-de-nos-luttes
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Jeunes femmes journalistes en formation, nous dénonçons le sexisme qui règne dans la profession

« Toi, tu vas l'avoir ton stage… » Cette phrase, on voudrait l'entendre après une présentation réussie. Pas lors d'une soirée, de la bouche d'un homme de l'âge de notre père qui nous la glisse à l'oreille d'un ton chargé de sous-entendus.
Tiré de Entre les lignes et les mots
Chaque année, le congrès de la Presse Hebdomadaire Régionale (PHR) rassemble de nombreux éditeurs de presse locale. Les étudiants de la licence professionnelle « Presse de proximité » de l'École supérieure de journalisme de Lille (ESJ Lille) sont traditionnellement conviés. Mi-juin, à Laval, nous y avons donc présenté notre travail de l'année, un magazine thématique et deux quotidiens édités durant le congrès.
Si nous avons été félicitées pour notre travail, nous nous sommes également senties humiliées, parfois considérées comme des proies. « J'informais les personnes présentes qu'elles pouvaient participer à un quiz avec un panier garni à la clé, un homme m'a répondu avec un sourire : “C'est vous, le lot à gagner ?” »
Scénario similaire en distribuant les journaux à l'entrée. « Un homme s'est approché. Je lui ai tendu un journal. Il m'a dit qu'il aimerait me présenter à plein de collègues en me reluquant. Je lui avais juste dit bonjour. » Ce n'est pas nouveau, la promotion d'il y a vingt-trois ans faisait déjà état de « propositions douteuses et de blagues graveleuses ».
Une fois la journée de conférences terminée, mettez des éditeurs, employeurs potentiels, face à de jeunes femmes journalistes en pleine construction professionnelle, arrosez le tout d'alcool et vous obtiendrez une atmosphère malsaine. Regards insistants, remarques déplacées et gestes malvenus, le congrès a été un concentré de ces violences que nous pouvons subir dans l'exercice de notre profession. Ces actes, signalés dès le lendemain aux organisateurs de l'événement, répondent à la définition de l'outrage sexiste ou sexuel aggravé, un délit puni d'une amende de 3750 €.
Nous relayons l'actualité locale et nationale. C'est notre métier. Nous décrivons des réalités. Nous témoignons aujourd'hui de cette atmosphère étouffante, non sans difficulté face aux pressions dont nous avons pu faire l'objet.
Ce malaise, nous le vivons aussi dans nos rédactions locales, isolées, où nous n'avons parfois qu'une poignée de collègues et pas toujours de syndicats sur place à qui nous adresser. Nous sommes fatiguées de ne pas être écoutées. Quand la profession changera-t-elle ? Combien d'écoles devront faire attention à ne pas envoyer de jeunes femmes dans certains journaux, dans certaines rédactions ? Combien d'entre nous renonceront à leur rêve par peur de violences ? Les mentalités doivent profondément évoluer. Le journalisme est, aussi, un métier de femmes. Nous y avons toute notre place. Nous ne tolérerons pas ces violences.
Les femmes de la 28e promotion de la licence Presse de proximité de l'ESJ Lille
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Les femmes ukrainiennes luttent contre l’escalade de la violence sexiste dans le contexte de la guerre

Note de la rédaction : cet article a été parrainé par les organisations à but non lucratif HIAS et VOICE qui travaillent ensemble pour résoudre le problème de la violence contre les femmes et les filles en Ukraine, dans le cadre du projet « Partnering for Change : A Project Partnership Centering Women and Girls in the Ukraine Regional Response ». Les femmes présentées par leur nom complet dans le reportage ont accepté de révéler leur identité.
Tiré de Entre les lignes et les mots
AVERTISSEMENT : Cet article contient des descriptions qui peuvent heurter la sensibilité.
Elle avait un sac sur la tête et ses mains étaient menottées. Elle était horrifiée au plus haut point et n'avait aucune idée de l'endroit où elle se trouvait.
Plus tôt dans la journée, des militants russes s'étaient emparés de Mme Huseinova à son domicile de Novoazovsk, dans la partie occupée de l'oblast de Donetsk. Ses positions pro-ukrainiennes ont été à l'origine de la perquisition et de la détention.
Dans certains locaux froids, elle a été placée face au mur.
« Vous savez que vous êtes impuissante et que vous ne pouvez rien faire », a déclaré Mme Huseinova, aujourd'hui âgée de 61 ans, au Kyiv Independent. « Vous vous tenez là, un sac sur la tête, les mains menottées. On vous déshabille et on vous touche. Ils se moquent de vous, vous pincent et vous frappent ».
Pour Mme Huseinova, ce fut le début de trois années de captivité en Russie, au cours desquelles elle a été témoin de nombreuses violations des droits des êtres humains, notamment des agressions sexuelles et des coups portés à des femmes ukrainiennes.
Mme Huseinova fait partie des 108 femmes libérées le 17 octobre 2022. Des expériences comme la sienne sont courantes parmi les femmes en Ukraine, mais seules quelques-unes choisissent d'en parler.
En ce sens, l'Ukraine ressemble beaucoup au reste du monde, où la violence à l'égard des femmes et des filles est monnaie courante et où les guerres ne font qu'aggraver la situation, selon le Haut-Commissariat des Nations unies aux droits des êtres humains. Même pour les non-captives, le stress, l'anxiété, l'instabilité économique et sociale causés par la guerre créent des conditions propices à l'augmentation de la violence domestique et d'autres abus.
En octobre 2022, l'Organisation mondiale de la santé (OMS) a déclaré que l'invasion à grande échelle avait déjà « augmenté la violence sexuelle et sexiste, y compris la violence sexuelle liée au conflit » en Ukraine – « pourtant, la plupart des cas ne sont jamais signalés ».
« Celles qui ont souffert de la violence restent souvent silencieuses parce qu'elles craignent les regards critiques, les ragots et la condamnation. Nous sommes une société d'individus libres qui se battent pour la justice ». a déclaré la première dame Olena Zelenska lors de la conférence « Uni·es pour la justice » en mars.
« Notre tâche principale est de rendre cette justice aux survivantes des crimes horribles de cette guerre épouvantable. Nous devons avant tout leur fournir un traitement équitable, un soutien, du respect et de l'aide. »
La violence sexuelle comme arme
À son retour en Ukraine, Huseinova a pris une longue douche chaude, essayant de se débarrasser de l'odeur insupportable de la prison russe.
Elle a dû passer 50 jours à Izoliatsia, un centre de torture situé dans la partie occupée de Donetsk, qui serait géré par les services de sécurité fédéraux russes, puis environ trois ans dans un centre de détention provisoire de Donetsk. À l'intérieur, Mme Huseinova savait que si elle sortait un jour, elle continuerait à se battre pour la liberté et la justice des autres femmes ukrainiennes.
Selon le ministère de la réintégration des territoires temporairement occupés, au moins 126 Ukrainiennes, dont 80 civiles, étaient en captivité en Russie en juin 2023.
« Elles sont toujours là. Je sais quels risques elles courent, dans quelles conditions elles se trouvent et à quel point c'est difficile pour elles, physiquement et psychologiquement », explique Mme Huseinova.
À cette fin, elle a rejoint Sema Ukraine, une organisation à but non lucratif qui réunit et soutient les femmes qui ont survécu à des violences sexuelles liées au conflit, ou CRSV. L'organisation a été fondée en 2019 et, après 2022, elle est passée de moins de 20 à plus de 50 femmes, toutes survivantes.
La responsable du groupe, Iryna Dovhan, a subi des tortures en public. Des photos d'elle attachée à un poteau et battue dans une rue de Donetsk ont horrifié le monde entier en 2014.
Depuis, les violences sexuelles sont monnaie courante dans les territoires occupés, mais elles ont véritablement pris de l'ampleur après l'invasion totale.
« En 2022, ils ont reçu un mandat pour se comporter sans retenue. Ils ont gagné encore plus de confiance dans l'impunité », a déclaré Dovhan au Kyiv Independent.
Le bureau du procureur général de l'Ukraine a enregistré 235 cas de violence sexuelle et sexiste, principalement à l'encontre de femmes, depuis le 24 février 2022.
« En fait, il y a beaucoup plus de crimes de ce type, ce qui est également confirmé par nos partenaires internationaux. Les survivantes ont le plus souvent honte et peur de signaler ces crimes », a déclaré en mars la vice-première ministre chargée de l'intégration européenne, Olha Stefanishyna.
Un rapport récent de la commission d'enquête internationale indépendante des Nations unies sur l'Ukraine fait état d'un certain nombre de cas où « les soldats russes ont fait irruption dans les maisons des villages qu'ils occupaient, ont violé des femmes et une jeune fille, et ont commis d'autres crimes de guerre contre les victimes et les membres de leur famille ».
Parmi les cas étudiés dans les oblasts de Kherson et de Zaporizhzhia, les victimes de viol comprenaient une jeune fille de 16 ans et des femmes âgées de 19 à 83 ans. Parmi elles, une jeune fille enceinte de 16 ans et trois femmes plus âgées vivant seules, ou avec de jeunes enfants, ou avec des membres de leur famille souffrant d'un handicap.
Pramila Patten, représentante du secrétaire général des Nations unies pour les violences sexuelles en période de conflit, a déclaré en octobre dernier que le viol faisait partie de la « stratégie militaire » de la Russie et qu'il s'agissait d'une « tactique délibérée pour déshumaniser les victimes ».
« L'utilisation systématique de la violence sexuelle comme arme de guerre est l'une des caractéristiques des crimes de masse contre les civiles commis par les troupes russes en Ukraine », déclare le procureur général Andrii Kostin. « Nous considérons également les violences sexuelles liées aux conflits comme un élément de génocide ».
Dovhan est d'accord : « La violence sexuelle liée aux conflits est très traumatisante. Elle a des conséquences à long terme qui détruisent non seulement la vie de la personne qui l'a subie, mais aussi tout son cercle social, sa famille et sa descendance. »
Mais même lorsque les Russes ne peuvent pas atteindre les femmes, la violence sexiste, elle, peut les atteindre. Les cas de violence domestique sont de plus en plus nombreux.
« Nous ne pouvons pas dire que les femmes (ukrainiennes) sont protégées contre la violence sexiste et la violence domestique », déclare Halyna Iegorova, responsable du groupe de protection contre la violence sexiste au bureau de représentation ukrainien de l'organisation à but non lucratif HIAS, basée aux États-Unis.
« Mais la grande différence est que dans le territoire occupé, il n'y a pas d'accès aux services d'aide, contrairement aux zones contrôlées par l'Ukraine, où de telles opportunités existent ».
Aucun endroit n'est sûr
En Ukraine, deux femmes sur trois subissent des violences psychologiques, physiques ou sexuelles au cours de leur vie, et 18% des femmes et des filles âgées de 15 à 49ans ont subi des violences de la part de leur partenaire intime, selon l'OMS.
Valentyna, 56 ans, résidente de l'oblast de Vinnytsia, a été témoin de cette situation : sa famille a subi des années de violence de la part de son neveu, âgé de 36 ans. La situation a empiré après le début de l'invasion à grande échelle.
« En mai et juin seulement, j'ai dû appeler la police à quatre reprises », a déclaré Valentyna au Kyiv Independent.
Alors que l'invasion dure depuis près de deux ans, la violence domestique dans le pays s'aggrave. En août, le responsable de la police nationale, Serhii Aloshkin, a déclaré que le nombre de cas avait augmenté de 40% par rapport à l'année dernière.
En octobre 2023, la police a enregistré près de 244 000 appels pour violence domestique, soit autant que pendant toute l'année 2022, selon le ministre de l'intérieur Ihor Klymenko.
« Le stress psychologique, la pression émotionnelle, la séparation des familles, le chômage et d'autres facteurs aggravent la situation de la violence domestique dans le pays », a déclaré Klymenko.
La psychanalyste Iryna Kuratchenko partage cet avis, ajoutant que de nombreux soldats sont psychologiquement traumatisés lorsqu'ils rentrent du front.
« Il y a eu une augmentation du nombre de cas dans lesquels des militaires masculins commettent des violences domestiques », a déclaré au Kyiv Independent Mm Kuratchenko, qui dirige également l'association de psychologues et de psychanalystes Vzayemodiya, une ONG basée à Zaporizhzhia, qui soutient les survivantes de violences basées sur le genre (VBG).
Elle raconte par exemple l'histoire d'une femme qui s'est retrouvée piégée et incapable de fuir son mari violent lorsque l'invasion à grande échelle a commencé.
Certaines femmes se sont retrouvées coincées dans les zones occupées, à la fois avec leurs partenaires violents et avec les Russes rapaces.
Même lorsqu'elles fuient la guerre, les femmes ukrainiennes sont toujours en danger. Une étude réalisée en 2022 par l'université de Birmingham, comportant 32 entretiens avec des femmes ukrainiennes réfugiées ou déplacées à l'intérieur du pays, a révélé que toutes avaient été victimes de violences de guerre.
« Certaines avaient subi des violences sexuelles et sexistes avant la guerre, tandis que d'autres avaient été exposées à différentes formes d'abus qui s'étaient poursuivis pendant le conflit, en transit, puis une fois qu'elles avaient trouvé refuge. »
Les femmes qui fuient laissent derrière elles tout leur système de soutien, y compris leurs amis, leur famille et les professionnel·les de santé en qui elles ont confiance, explique Mme Iegorova. Il est beaucoup plus difficile de trouver de l'aide dans un endroit inconnu, ce qui décourage les femmes d'essayer.
Les survivantes choisissent souvent de ne pas signaler les violences sexistes, par manque de confiance dans le système judiciaire ou par crainte de l'agresseur.
Les organisations ukrainiennes et internationales se sont mobilisées pour faire évoluer cette perception.
S'exprimer, demander justice
Selon Mme Kuratchenko, l'Ukraine a réalisé des progrès significatifs en matière de traitement et de réaction à la violence liée au sexe ces dernières années.
Le parlement a finalement ratifié la Convention d'Istanbul, dont les signataires collaborent pour protéger les victimes et poursuivre les auteurs.
« Cela signifie également que chaque année, le pays doit rendre compte de la manière dont il respecte la convention d'Istanbul. C'est une grande responsabilité » explique M. Kuratchenko. « L'État, les organismes d'application de la loi et d'autres structures font beaucoup, mais la guerre… prévaut. »
La police nationale compte plus de 60 unités chargées d'intervenir en cas de violence domestique, de conseiller les victimes et d'essayer de prévenir ces crimes, selon son rapport du 23 novembre.
L'éducation est un élément essentiel de la prévention.
Mme Iegorova explique que de nombreuses personnes en Ukraine « vivent sans se rendre compte que la violence fait partie de leur vie », car elles ne peuvent pas l'identifier.
« C'est pourquoi notre organisation, ainsi que d'autres organisations travaillant dans le domaine de la santé et de la sécurité publiques, a pour tâche principale de sensibiliser la population à ces questions afin qu'elle puisse les reconnaître », explique-t-elle.
« Ce n'est que lorsqu'une personne reconnaît qu'elle vit dans une situation de violence et qu'elle comprend qu'elle est victime de violence qu'elle peut chercher de l'aide par elle-même. »
Selon Mme Iegorova, HIAS a récemment organisé un programme éducatif de huit semaines à l'intention des femmes, leur apprenant à identifier la violence liée au sexe et à savoir où chercher de l'aide.
« Nous nous efforçons également de faire en sorte que des informations sur les organisations travaillant dans le domaine de la violence liée au sexe soient disponibles dans chaque conseil rural ou urbain », dit-elle. « Nous nous efforçons de les distribuer même dans les hôpitaux ou les cliniques pour femmes, afin que les personnes qui viennent les consulter puissent voir les brochures.
Basée dans la région partiellement occupée de Zaporizhzhia, Vzayemodiya organise notamment des formations pour les forces de l'ordre locales et d'autres spécialistes, leur apprenant à identifier les CRSV, à communiquer avec les survivantes et à savoir où les orienter pour qu'elles obtiennent l'aide dont elles ont besoin, y compris un soutien psychologique.
En plus d'informer les Ukrainien·nes et le monde entier sur les actes de violence sexuelle commis par les troupes russes, Sema Ukraine contribue également à documenter ces cas, afin de traduire les auteurs en justice.
L'organisation aide également les survivantes à obtenir une assistance médicale, sociale et juridique et soutient leurs familles, en particulier les enfants.
« Ce qui rend notre organisation remarquable, c'est que nous avons plus d'une douzaine de femmes qui ont réussi à transformer leur traumatisme en capacité post-traumatique au sein de l'organisation », explique Dovhan.
« Elles sont actives, elles aident les autres et elles servent d'exemple aux nouvelles femmes qui rejoignent l'organisation. »
Plusieurs autres organisations dirigées par des femmes soutiennent les survivantes de violences basées sur le genre dans toute l'Ukraine.
L'organisation Green Landia, basée à Kharkiv, a par exemple récemment créé des « espaces de soutien pour les femmes et les filles » dans la capitale régionale et dans l'oblast, proposant des sessions éducatives et psychologiques, des ateliers d'art et d'autres activités.
À Kherson, l'organisation Uspishna Zhinka (Successful Woman en anglais) éduque les femmes sur les « relations saines et malsaines », les stéréotypes de genre et l'égalité. Elle travaille également à l'autonomisation économique des femmes pour les aider à échapper à la violence domestique.
Pour avoir un impact encore plus important, ces organisations ont également besoin de soutien.
En collaboration avec l'organisation féministe mondiale Voice, HIAS soutient de petites organisations ukrainiennes dirigées par des femmes, telles que Sema Ukraine, Uspishna Zhinka, Green Landia et Vzayemodiya. Les subventions leur permettent de fournir des conseils individuels et collectifs ainsi que des biens de première nécessité aux survivantes de la violence liée au sexe et de la violence sexuelle et sexiste.
« Les groupes de soutien pour les femmes qui ont subi des violences domestiques sont très efficaces, surtout lorsque celles-ci partagent leurs propres expériences. C'est le moyen le plus efficace pour elles d'entrer en contact et de guérir », explique Mme Kuratchenko.
Le financement de ces organisations est important car, comme le souligne Mme Iegorova, elles « apportent un soutien solide à la population locale ».
« Sans elles, il serait beaucoup plus difficile pour l'État de répondre aux besoins de la population. »
Toutefois, pour recevoir une aide cruciale et entamer une action en justice, les victimes de violences sexistes doivent commencer par signaler ce qui leur est arrivé.
Le médiateur ukrainien, Dmytro Lubinets, affirme que les récits des victimes de la violence sexuelle et sexiste sont « leurs armes dans la lutte contre l'agresseur et servent d'outils dans les mains des forces de l'ordre sur le champ de bataille juridique ».
« N'ayez pas peur de vous exprimer. N'ayez pas peur d'exiger que les auteurs soient punis », ajoute Mme Huseinova.
Bonjour, ici Daria Shulzhenko. J'ai écrit cet article pour vous. Depuis le premier jour de la guerre totale menée par la Russie, je travaille presque sans relâche pour raconter les histoires des personnes touchées par l'agression brutale de la Russie. En racontant toutes ces histoires douloureuses, nous contribuons à tenir le monde informé de la réalité de la guerre menée par la Russie contre l'Ukraine. En devenant membre du Kyiv Independent, vous pouvez nous aider à continuer à dire au monde la vérité sur cette guerre.
Daria Shulzhenko, Journaliste
Daria Shulzhenko est journaliste au Kyiv Independent. Elle a été journaliste au Kyiv Post jusqu'en novembre 2021. Elle est titulaire d'une licence en linguistique de l'Université internationale de Kiev, avec une spécialisation en traduction de l'anglais et de l'allemand. Elle a auparavant travaillé comme rédactrice et chercheuse indépendante.
https://kyivindependent.com/ukrainian-women-fight-escalated-gender-based-violence-amid-war-2/
Traduit avec DeepL.com (version gratuite)
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Sehjo Singh : « Le système des castes a besoin du patriarcat pour rester fort »

En Inde, la déforestation et le patriarcat vont de pair ; par conséquent, le féminisme et l'écologie doivent également se construire ensemble. Sehjo Singh fait partie de la Confluence des alternatives (en hindou, Vikalp de Sangam), une articulation d'organisations et de mouvements de défense de la nature, des communautés et de la souveraineté alimentaire en Inde. Sehjo a accordé cette interview lors de la 13e Rencontre internationale de la Marche mondiale des femmes, à Ankara, Turquie. Lors de la rencontre, la présence de délégations de pays asiatiques parmi les militantes du mouvement et les organisations alliées était significative.
À l'occasion, Capire a parlé avec Sehjo de l'histoire de la construction du féminisme en Inde et des résistances et alternatives actuelles proposées par les femmes de la région. Selon Sehjo, les confrontations anti-patriarcales impliquent une critique du système des castes et de la lutte pour la terre, basée sur la réalité et les besoins des femmes populaires. Pour elle, la première bataille à mener est de reconnaître la centralité des agricultrices dans la production alimentaire et dans la garantie de la biodiversité : « Cela ne veut pas dire que les femmes contribuent – je dirais que ce sont les femmes qui la soutiennent ».
*
Tout d'abord, pourriez-vous vous présenter et parler de votre trajectoire politique ?
J'ai eu la chance d'avoir une éducation avec des parents qui faisaient partie d'une chose appelée le mouvement soufi en Inde, alors j'ai aussi eu une éducation progressiste. J'ai grandi après l'émergence et la montée de forts mouvements de gauche dans le pays ; il était donc naturel pour moi d'avoir une vision qui va au-delà et un désir de vie guidé par la Justice. Ce sont les principales circonstances responsables de la personne que je suis.
Quand j'étais encore à l'université, il y a eu une percée majeure du mouvement des droits humains et du mouvement des droits des femmes. Des droits humains, en raison de l'expérience de suppression des droits que notre pays a eue. Et les droits des femmes, probablement à cause de l'époque où cela s'est produit : dans les années 1970, lorsque de nombreuses nouvelles et études sur les droits des femmes ont été publiées dans le monde entier. C'était quelque chose qui a uni de nombreuses femmes en Inde. Bien sûr, c'était au départ les femmes privilégiées, mais leur propre perspective est née pour se connecter avec les mouvements populaires.
Il est intéressant de noter que l'une des premières mobilisations des femmes dans le pays portait sur l'écologie. Cela s'appelait le « Mouvement Chipko ». « Chipko » signifie embrasser, enfoncer, et le mouvement a embrassé des arbres dans une vallée de la chaîne de montagnes himalayenne pour arrêter la déforestation. Plus tard, il y a eu des mouvements et des lois liés au droit des femmes à la propriété, pour changer la façon dont la justice traitait le viol… De nombreuses lois ont changé, mais il y a aussi eu beaucoup de mobilisation dans les territoires.
C'était une époque où les femmes étaient encore battues et même tuées pour une chose appelée « dot ». C'est un concept très étrange au sein des sociétés de castes hindoues. Cela signifie que si vous donnez votre fille à quelqu'un, vous devez également payer une compensation, ce qui est très contre-intuitif et illogique. C'est comme si la femme était un fardeau qui est transféré, avec une attente qui ne peut être satisfaite. À l'époque, cela a commencé à être rendu public et les médias ont commencé à en parler. Je me souviens, quand j'étais jeune fille, j'allais avec d'autres filles chez des gens qui avaient exigé une dot et je peignais la clôture ou la maison en noir.
Il existe un lien profond entre le féminisme et l'écologie. L'inégalité et l'injustice commencent à la maison. C'est en elle que nous posons les bases de la façon dont les êtres humains peuvent se traiter les uns les autres de manière inégale, comment les êtres humains peuvent s'opprimer les uns les autres. Le patriarcat est un système auquel tout le monde participe. En Inde, sur le patriarcat repose la chose la plus ingénieuse et perverse que l'on puisse concevoir : le système des castes, qui refuse de disparaître.
« Le système des castes a besoin du patriarcat pour rester fort »
– Sehjo Singh
Si les femmes avaient leurs propres choix et droits, la caste serait rapidement démolie, car les femmes se marieraient, s'aimeraient et se reproduiraient comme elles le souhaitent – ce que le système des castes ne peut admettre. Le traitement entre humains a des liens profonds avec la façon dont les gens traitent la nature.
Comment se passe la participation des femmes aux mouvements agroécologiques et pour la protection des forêts ? Quelles sont les contributions des femmes dans ces processus ?
Je le dirais autrement : ce n'est pas que « les femmes contribuent » – je dirais que ce sont « les femmes qui soutiennent ». Les femmes sont de petites agricultrices, ce sont elles qui restent à la maison lorsque les hommes migrent. Ce sont les femmes qui soignent et cultivent. Et ce ne sont pas seulement les femmes, ce sont les femmes les plus pauvres.
« Ce sont les femmes les plus pauvres, avec moins de privilèges, qui soutiennent et défendent l'agroécologie. » – Sehjo Singh
Ce sont des agricultrices avec toutes sortes de talents. L'existence à la fois d'Adivasis (peuple originaire d'Inde) et de Dalits (terme pour « intouchables ») est ce qui garantit en fait la défense des forêts, le sauvetage des semences et la coopération dont toute agriculture naturelle a besoin.
De plus en plus, tout finit par entrer dans le secteur commercial. Lorsque l'agriculture biologique devient une proposition d'élite, quelqu'un d'autre est crédité pour le travail des femmes. Le standard de ces femmes est déjà l'agriculture biologique. La chose la plus importante pour les femmes est et devrait être leur reconnaissance en tant qu'agricultrices. C'est la première bataille : la lutte pour l'idée que les femmes sont des agricultrices. Le concept patriarcal est que la femme appartient à la famille d'agriculteurs et que leur travail fait partie de la famille. Elle est la chef de famille et elle n'est même pas payée pour cela.
C'est une bataille non seulement avec le gouvernement, avec le milieu universitaire, avec les chercheurs, les personnes qui comptent les statistiques, et même pas seulement avec les femmes elles-mêmes. Le terme « femme agricultrice » est devenu connu. Je me souviens avoir eu des difficultés avec ce terme au début des années 1990 et personne ne le connaissait. À l'époque, Internet était une nouveauté. Je voulais créer un site Web pour les agricultrices, et personne ne comprenait de quoi je parlais.
Parlons de la lutte féministe en Inde aujourd'hui. Quel est le rôle des femmes dans les immenses mobilisations politiques d'aujourd'hui ?
Il est très intéressant de voir que la mobilisation des femmes aujourd'hui ne se fait pas avec des personnes qui « connaissent les termes ». Elles ne sont pas la « classe cool ». Je vais vous donner un exemple : la mobilisation récente la plus impressionnante a été faite par des sportives d'Inde qui avaient subi des abus sexuels et du harcèlement de la part du président de la Fédération de lutte libre. Il avait des liens politiques profonds et, dans le système judiciaire, personne ne pouvait rien faire à son sujet. Alors ces femmes sont descendues dans la rue pour parler de harcèlement sexuel. Ce ne sont pas des femmes avec une éducation qui leur permettrait de parler de ces choses, mais elles ont réussi à résoudre le problème. Cela se reflète également dans les médias aujourd'hui, car il n'est plus possible d'ignorer les problèmes des femmes de cette manière.
Cependant, le climat général n'est propice aux droits de personne. Il y a une profonde préoccupation avec les récits de « femmes déesses », « femmes sur un piédestal », « femmes qui devraient être vénérées », par opposition aux « femmes égales ». La droite déclare : « Bien sûr, nous vénérons les femmes, mais bien sûr, nous ne leur permettrons pas d'être égales – et dans le cas des femmes Dalits, nous nous en fichons vraiment ». Il y a eu des cas troublants de viols et de meurtres de femmes Dalits qui ont été réduits au silence.
« Ce n'est pas le meilleur moment, mais il est peu probable que ce type de mobilisation soit freiné. C'est un long processus qui est là pour durer. »
– Sehjo Singh
Vous participez maintenant à la 13ème Rencontre internationale de la Marche Mondiale des Femmes, dans le cadre de la délégation de la région asiatique. Quels défis régionaux voyez-vous ?
La Marche Mondiale des Femmes me plaît beaucoup car c'est un mouvement politique. La chose la plus importante pour connecter les femmes asiatiques est de se connecter à ce dont elles discutent et à ce qui les intéresse. Il y a sans aucun doute une préoccupation pour les forêts, les semences, l'éducation des filles, la sécurité alimentaire et nutritionnelle pour toute la famille. Ils s'inquiètent de l'eau et de la durée pendant laquelle ils disposeront encore d'eaux souterraines et d'autres ressources.
Le meilleur moyen est de se connecter, de voir comment gagner dans leurs luttes et d'offrir des exemples de mobilisations bonnes et réussies d'autres régions du monde, faites par des femmes comme elles. Le moment est difficile, et je crois que nous ne trouverons de la force que dans les territoires, dans les gens qui sont unis, et non dans un leader charismatique ou une sorte de Messie que certaines personnes recherchent peut-être. Il faut regarder le territoire, ceux et celles qui marchent sur le sol, et non pas vers le haut.
Traduit du portugais par Andréia Manfrin Alves
Langue originale : anglais
Édition par Helena Zelic
https://capiremov.org/fr/entrevue/sehjo-singh-le-systeme-des-castes-a-besoin-du-patriarcat-pour-rester-fort/
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2023, année la plus chaude de l’histoire

C'est officiel : 2023 est « l'année la plus chaude de l'histoire », rapporte Copernicus. Cette annonce du service européen d'observation de la Terre a été faite le 6 décembre alors même que l'année n'est pas terminée et elle confirme les prévisions publiées en octobre dernier.
6 décembre 2023 | tiré de reporterre.net
https://reporterre.net/2023-annee-plus-chaude-histoire
La température moyenne mondiale est de 1,46 °C au-dessus de la moyenne de l'ère pré-industrielle, correspondant à la période 1850-1900. Elle est « 0,13 °C plus élevée que la moyenne sur onze mois pour 2016, actuellement l'année civile la plus chaude jamais enregistrée », précise Copernicus. À l'instar de cinq autres mois de l'année, novembre 2023 n'échappe pas aux records : il a été le mois le plus chaud jamais enregistré dans le monde, avec une température moyenne de l'air de surface de 14,22 °C, soit 0,85 °C au-dessus de la moyenne 1991-2020. Novembre 2023 a également été hors norme pour la température à la surface des océans qui a été en moyenne la plus élevée de tous les mois de novembre.
« Tant que les concentrations de gaz à effet de serre continueront d'augmenter, nous ne pouvons pas nous attendre à des résultats différents de ceux observés cette année, a résumé Carlo Buontempo, directeur de Copernicus. La température continuera d'augmenter, de même que les effets des vagues de chaleur et des sécheresses. »
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« Nous sommes au cœur du sixième effondrement du système terrestre »

« Cinq seuils naturels importants risquent déjà d'être franchis, selon le rapport Global Tipping Points, et trois autres pourraient l'être au cours de la prochaine décennie si la planète se réchauffe de 1,5 °C (2,7 °F) par rapport aux températures préindustrielles » nous apprend The Guardian du 6 décembre au moment où le Québec commémore le drame féminicide de Polytechnique qui fut peut-être à sa façon un point de bascule social. Quels sont ces points de bascule climatiques ? « L'effondrement des grandes nappes glaciaires du Groenland et de l'Antarctique occidental, le dégel généralisé du pergélisol, la mort des récifs coralliens dans les eaux chaudes et l'effondrement d'un courant océanique dans l'Atlantique Nord. […] Les chercheurs ont déclaré que les systèmes étaient si étroitement liés qu'ils ne pouvaient pas exclure des "cascades de basculement". La désintégration de la calotte glaciaire du Groenland, par exemple, pourrait entraîner un changement brutal de la circulation méridienne de retournement de l'Atlantique, un courant important qui fournit la majeure partie de la chaleur au Gulf Stream. Cela pourrait à son tour intensifier l'oscillation australe El Niño, l'un des phénomènes météorologiques les plus puissants de la planète. […] [L]e rapport indique que trois autres pourraient bientôt rejoindre la liste. Il s'agit des mangroves et des prairies marines, qui devraient disparaître dans certaines régions si les températures augmentent de 1,5 à 2 °C, et des forêts boréales, qui pourraient basculer dès 1,4 °C de réchauffement ou jusqu'à 5 °C. » (Ajit Naranjan, Earth on verge of five catastrophic climate tipping points, scientists warn, The Guardian, 6/12/23).
tiré du Guardian
Ce nouvel avertissement met la table à un puissant message du commentateur renommé George Monbiot, aussi publié aujourd'hui, destiné aux personnes abonnées au Guardian affirmant que « [n]ous sommes au cœur du sixième effondrement du système terrestre ». Ce n'est pas le moment de céder à la « fatigue climatique » mais d'organiser la contre-offensive dont la grèves dans les services publics est partie prenante comme puissant message collectif pour une société de prendre soin des gens et de la terre-mère. Voici ce message :
L'un des problèmes auxquels nous sommes confrontés pour persuader les gens d'aimer et de protéger le monde vivant est le langage dans lequel cet amour est exprimé. Peu de termes que nous utilisons décrivent de manière vivante la planète que nous essayons de défendre ou les menaces qui pèsent sur elle. Prenons l'exemple de "l'environnement" : un terme froid, abstrait et distancié qui ne fait naître aucune image dans l'esprit. Avez-vous déjà vu un "environnement" ? Ou encore "changement climatique", un terme si doux et si neutre pour décrire une catastrophe existentielle. C'est comme appeler une armée d'invasion des "visiteurs inattendus".
Cela fait longtemps que je réclame un langage plus efficace, et j'ai été ravie quand, en 2019, le Guardian a commencé à changer sa façon de parler de notre crise, en utilisant des termes tels que "planète vivante" ou "monde naturel" au lieu d'"environnement", et en remplaçant "changement climatique" par "effondrement du climat". Je suis d'autant plus heureux de constater que le changement opéré par le Guardian a déclenché un changement plus large.
Mais il y a un terme en particulier qui me gêne encore. Il peut sembler étrange de le contester, car il est assez explicite : extinction de masse.
Il est utilisé pour décrire les événements catastrophiques (il y en a eu cinq depuis l'apparition des animaux à corps dur) qui ont anéanti de nombreuses formes de vie sur la planète. Nous sommes actuellement au milieu du sixième de ces événements. Quel est donc mon problème ?
Je pense que ce terme reflète ce que les paléontologues appellent le "biais taphonomique" : une vision erronée du passé causée par ce qui se trouve, ou ne se trouve pas, à être préservé. Nous appelons ces événements "extinctions massives" parce qu'il est facile de voir la disparition d'un grand nombre d'espèces dans les archives fossiles. Les roches révèlent également un problème plus profond, mais qui est moins immédiatement visible. Les extinctions massives, aussi horribles soient-elles, ne sont que l'une des conséquences d'un phénomène encore plus important : L'effondrement des systèmes terrestres. Je pense que c'est ainsi que nous devrions appeler la situation à laquelle nous sommes confrontés. Nous sommes au milieu du sixième effondrement des systèmes terrestres.
En d'autres termes, les activités humaines ne provoquent pas une crise de la biodiversité, ni une crise du climat, ni une crise de l'eau douce, ni une crise des forêts, ni une crise des sols, ni une crise des océans. Nous sommes en train de créer une crise globale. Si la compartimentation de cette crise globale nous aide à l'étudier et à en rendre compte, la nature, elle, ne connaît pas de telles cases. Tous ces systèmes sont intimement liés et mutuellement dépendants. Il n'y a pas de limites strictes entre eux. Si l'un d'entre eux tombe en panne, il menace d'entraîner les autres dans sa chute. C'est ce qui s'est produit lors des cinq derniers effondrements des systèmes terrestres.
Nous devons, dans la mesure du possible, comprendre l'ensemble.
Notre omni-crise est également une crise politique et économique. Elle est avant tout le fait d'un petit nombre d'oligarques et d'entreprises immensément puissants : les polluocrates. Il s'agit d'une crise de pouvoir : le pouvoir qu'ils exercent sur nous et sur les systèmes terrestres, leur capacité à bloquer le changement progressif dont nous avons besoin, à faire en sorte que le statu quo, qui leur a conféré leur pouvoir, perdure.
Pour eux aussi, il s'agit d'une crise existentielle. Alors que les signes de l'effondrement des écosystèmes sont de moins en moins niables, leurs industries — combustibles fossiles, production de viande, voitures, routes, avions, mines, exploitation forestière, pêche — sont plus que jamais soumises à l'examen du public. Ils doivent donc se battre plus que jamais.
Ils injectent de l'argent dans la politique, en finançant et en dirigeant des partis politiques, en exigeant des lois toujours plus draconiennes contre les manifestations, en payant des groupes de pression (appelés thinktanks) pour qu'ils publient des déclarations trompeuses, et en finançant des fermes à trolls pour inonder les médias sociaux. Les médias milliardaires, qui représentent les mêmes intérêts, diffusent des informations erronées de plus en plus farfelues sur les politiques les plus légères (net zéro, zones à faibles émissions, villes de 15 minutes) qui pourraient contribuer à freiner le glissement vers la destruction. Leurs stratégies sont omnicides.
Notre survie dépend désormais de la défense et de l'expansion d'îlots de résistance : des lieux à partir desquels nous pouvons expliquer et débattre de la crise des systèmes terrestres à laquelle nous sommes confrontés. Le Guardian est l'un de ces îlots. En refusant de succomber à l'assaut généralisé des polluocrates contre les populations et la planète, en enquêtant sur les stratégies qu'ils utilisent et le pouvoir qu'ils exercent, en demandant des comptes aux gouvernements qu'ils ont capturés et en cherchant obstinément à dire la vérité sur les crises auxquelles nous sommes confrontés, il développe certains des outils nécessaires à la riposte.
Rien n'est facile ici. Le temps est compté, les puissances qui s'opposent à nous sont immenses. Mais nous savons que, tout comme les écosystèmes, les systèmes sociaux ont des points de basculement, et l'histoire montre que ceux-ci se révèlent souvent beaucoup plus proches que nous ne l'imaginons. Il s'agit maintenant d'atteindre les points de basculement sociaux avant les points de basculement écologiques.
George Monbiot
Chroniqueur au Guardian
The Guardian
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2023 : les émissions mondiales de carbone provenant des combustibles fossiles atteindront un niveau record

Les émissions mondiales de carbone provenant des combustibles fossiles ont de nouveau atteint des niveaux record en 2023, alors que les spécialistes avertissent que le rythme de réchauffement prévu ne s'est pas atténué au cours des deux dernières années.
Tiré de A l'Encontre
5 décembre 2023
Par Ajit Niranjan
Selon un rapport du Global Carbon Project, le monde est en passe d'avoir brûlé plus de charbon, de pétrole et de gaz en 2023 qu'en 2022, rejetant dans l'atmosphère 1,1% de dioxyde de carbone supplémentaire qui contribue à réchauffer la planète. Et ce à un moment où les émissions doivent chuter si l'on veut éviter que les événements climatiques extrêmes ne deviennent plus violents.
Cette conclusion intervient alors que les dirigeants mondiaux se réunissent à Dubaï à l'occasion du difficile sommet (COP28) sur le climat. Dans un rapport distinct publié mardi, Climate Action Tracker (CAT ) a légèrement revu à la hausse ses projections concernant le réchauffement futur par rapport aux estimations qu'il avait faites lors d'une conférence à Glasgow il y a deux ans.
Pour maintenir le réchauffement en dessous de 1,5 °C, il faudrait parvenir à « zéro émission nette » de CO2 » avant 2040
« Deux ans après Glasgow, notre rapport est pratiquement pareil », a déclaré Claire Stockwell, analyste chez Climate Analytics et auteure principale du rapport du CAT. « On pourrait penser que les événements extrêmes qui se produisent dans le monde entier incitent à l'action, mais les gouvernements semblent inconscients et pensent que le fait de faire du sur-place permettra de gérer le flot de répercussions. »
A mesure que le carbone encrasse l'atmosphère, piégeant la lumière du soleil et brûlant la planète, le climat devient de plus en plus hostile à la vie humaine. Le Global Carbon Project a constaté que le taux de croissance des émissions de CO2 avait sensiblement ralenti au cours de la dernière décennie, mais que la quantité émise chaque année avait continué d'augmenter. Le CAT prévoit que les émissions totales de CO2 en 2023 atteindront le niveau record de 40,9 gigatonnes.
Selon cette équipe internationale composée de plus de 120 scientifiques, si le monde continuait à émettre du CO2 à ce rythme, il épuiserait le budget carbone [1] restant pour avoir une chance infime de maintenir, au cours des sept ans à venir, le réchauffement de la planète à 1,5 °C au-dessus des températures de l'ère préindustrielle. Dans 15 ans, les scientifiques ont estimé que le budget pour 1,7 °C serait également épuisé.
Les chercheurs ont constaté d'importantes différences régionales en matière d'émissions. Ils s'attendaient à ce que les émissions de combustibles fossiles augmentent cette année en Inde et en Chine, les deux plus grands pollueurs, et qu'elles diminuent aux Etats-Unis et dans l'Union européenne, les deux plus grands pollueurs en termes historiques. De plus, la moyenne des émissions du reste du monde aurait dû également légèrement diminuer.
Les émissions provenant de l'utilisation de combustibles fossiles devraient croître en 2023 et atteindre le chiffre record de 36,8 milliards de tonnes de CO2 (GtCO2)
Les chercheurs ont constaté que les émissions dues à la déforestation et à d'autres changements d'affectation des sols étaient également censées avoir légèrement diminué, mais pas suffisamment pour que les volumes actuels de plantation d'arbres puissent compenser cette baisse.
Pour la première fois, les scientifiques ont également mis en évidence la croissance des émissions provenant des transports aériens et maritimes internationaux. Ensemble, ces deux types d'émissions devraient avoir augmenté de 11,9%, sous l'effet de la montée en flèche des émissions dues à la navigation aérienne.
Pierre Friedlingstein, climatologue au Global Systems Institute de l'université d'Exeter et auteur principal de l'étude, a déclaré : « Les effets du changement climatique sont évidents tout autour de nous, mais les mesures prises pour réduire les émissions de carbone provenant des combustibles fossiles restent terriblement lentes. Il semble désormais inévitable que nous dépassions l'objectif de 1,5 °C de l'accord de Paris. Les dirigeants réunis à la COP28 devraient convenir de réductions rapides des émissions de combustibles fossiles même pour conserver l'objectif de 2°C. »
Samedi 2 décembre, plus de 117 gouvernements présents au sommet de Dubaï ont décidé de tripler la capacité mondiale en matière d'énergies renouvelables et de doubler le taux d'amélioration de l'efficacité énergétique d'ici à 2030.
Certains dirigeants ont également approuvé des efforts visant à éliminer progressivement les combustibles fossiles, bien que seule une poignée d'entre eux ait exprimé un soutien au traité de non-prolifération [des énergies fossiles].
Selon Glen Peters, directeur de recherche à l'institut de recherche sur le climat Cicero [Norvège], qui a coécrit le rapport, les gouvernements sont disposés à promouvoir les énergies propres, mais n'ont pas fait grand-chose pour contrecarrer les combustibles fossiles. « Il ne suffit pas de soutenir les énergies propres. Des politiques sont également nécessaires pour éliminer les combustibles fossiles du système énergétique », a-t-il ajouté.
Le rapport indique également que la technologie permettant d'extraire le dioxyde de carbone de l'atmosphère n'aurait, cette année, pratiquement rien fait pour arrêter le réchauffement de la planète. Les chercheurs ont constaté que les niveaux actuels d'élimination basés sur cette technologie – qui n'incluent pas le carbone absorbé par les arbres – sont plus d'un million de fois inférieurs aux émissions actuelles de CO2 d'origine fossile.
Corinne Le Quéré, professeure à l'Ecole des sciences de l'environnement de l'université d'East Anglia, a déclaré : « Tous les pays doivent décarboniser leurs économies plus rapidement qu'ils ne le font actuellement afin d'éviter les pires impacts du changement climatique. » (Article publié par The Guardian, le 5 décembre 2023 ; traduction rédaction A l'Encontre)
[1] Un budget carbone ou quota d'émissions représente la limite supérieure des émissions de CO2 permettant de rester en dessous d'une moyenne mondiale donnée, en l'occurrence 1,5°C comme défini lors de l'Accord de Paris – COP21 en 2015. (Réd.)
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Climat : les COP peuvent-elles organiser la sortie des énergies fossiles ?

Voilà un progrès : longtemps restées dans l'ombre, les énergies fossiles sont désormais au cœur du débat public autour de la COP28 sur le climat qui se tient à Dubai. La COP28 sera même évaluée à l'aune de la formulation qui sera retenue à ce sujet. Néanmoins, même dans le cas où cette formulation serait ambitieuse, elle restera non contraignante et de portée symbolique. Explications.
Tiré du blogue de l'auteur.
"COP28 : lever le tabou sur les énergies fossiles" titrait Le Monde en ouverture de COP. Puisqu'un débat public s'organise autour de la capacité de la COP28 à nous faire avancer sur une sortie programmée et organisée des énergies fossiles, je voudrais dans ce post expliquer pourquoi c'est à la fois un progrès, mais qu'il ne faut pas trop se faire d'illusions sur le résultat, même s'il devait être positif, de la COP28 en la matière. En plus de l'inertie historique, du rôle des lobbys pétro-gaziers et du manque volonté des Etats, il existe des raisons structurelles expliquant pourquoi les COP n'ont jamais su / pu s'emparer pleinement de la question des énergies fossiles. Ainsi que des raisons économiques et financières structurantes qui rendent toute évolution en la matière extrêmement difficile.
Ce qui suit est pour partie extrait et retravaillé d'une note publiée en 2021.
Quel que soit le résultat de la COP28 sur le climat organisée à Dubai (Emirats arabes unis), cette COP a fait éclater au grand jour l'un des points aveugles des négociations sur le réchauffement climatique menées depuis trente ans : l'urgence de sortir des énergies fossiles pour conserver une chance de ne pas dépasser les 1,5°C ou 2°C de réchauffement climatique.
Pour qui a passé des années à expliquer, malgré un intérêt médiatique limitée, qu'il était totalement aberrant de parler des symptômes, les gaz à effet de serre relâchés dans l'atmosphère, sans traiter les causes, ces quantités astronomiques d'énergies fossiles (charbon, gaz et pétrole) nécessaires pour alimenter la formidable machine à réchauffer la planète qu'est l'économie mondiale, il est heureux de lire des édito de grands médias et d'entendre des reportages radios-TV grand public évoquer cette question : lorsque j'ai publié « Sortons de l'âge des fossiles » en octobre 2015, avant la COP21 à Paris, combien de fois ai-je entendu des ONG (pas toutes), des journalistes (pas tous) et des négociateurs (pas tous) me rétorquer qu'il n'était pas opportun de poser les questions ainsi. Réjouissons-nous donc que le sujet soit désormais dans le débat public. Mais rien n'est réglé. Explications.
Bref historique des énergies fossiles dans les COP
Jusqu'à la COP26 de Glasgow, les énergies fossiles, responsables de plus de 80% des émissions mondiales de gaz à effet de serre n'avaient jamais été mentionnées dans les décisions de COP, pas plus que dans les accords internationaux qui en sont issus (Protocole de Kyoto, Accord de Paris etc). Par exemple, dès le début des COP, au milieu des années1990, une proposition de moratoire sur de nouvelles explorations et exploitations d'énergies fossiles, avait déjà été portée par des ONG de pays du Sud confrontés à l'exploitation pétrolière (Nigéria, Equateur). Elle avait été largement ignorée, tant par les ONG du Nord que par les Etats et négociateurs, ainsi que des médias.
Plus récemment, malgré les propositions de chercheurs et d'une partie de la société civile, l'Accord de Paris ne dit rien sur les énergies fossiles : il ne les mentionne même pas, pas plus qu'il ne prévoit de programme de travail afin de s'accorder sur des restrictions, des contraintes ou des interdictions à l'exploration et l'exploitation de nouveaux gisements. Ainsi, il n'a jamais été possible de mettre sur la table des négociations ne serait-ce que l'idée d'un moratoire international sur toute nouvelle exploration et mise en exploitation d'hydrocarbures non conventionnels comme les hydrocarbures de schiste. Cela n'est malheureusement pas prêt de changer.
Pourquoi ces oeillères ? Lobbys, déni, inertie et neutralité des négociations.
Lobbys - Alors que nous apprenons que la COP28 détient désormais le nombre record de lobbyistes du pétrole, du gaz et du charbon présents au sein d'une COP, avec près de 2500 personnes, soit 4 fois plus qu'à la COP27, il est aisé et justifié d'évoquer le rôle néfaste joué par les lobbys des énergies fossiles depuis des décennies. En effet, depuis trente ans, les multinationales des énergies fossiles ont tour à tour nié 1) le réchauffement climatique alors qu'elles en connaissent l'existence et les risques depuis les années 1950-60, puis 2) son origine anthropique et/ou l'urgence à agir et enfin 3) le fait d'en être pour une grande partie les responsables.
Déni - Il est également juste et approprié de rappeler combien les Etats, et les pouvoirs publics en général, se complaisent dans l'idée qu'il serait possible de résoudre la crise climatique par des dispositifs techno-scientifiques ne nécessitant pas de transformer de fond en comble leurs mix énergétiques. De fait, en trente ans de négociations et de déni, aucun Etat n'a jamais mis sur la table de proposition concrète pour limiter, conditionner ou interdire l'exploration et/ou la mise en production de nouveaux gisements d'énergies fossiles. Pas plus hier qu'aujourd'hui : ce qui est proposé pour la COP28 se limite à faire mention des énergies fossiles dans le texte de décision finale, sans dispositifs juridiques précis.
Inertie - Il est enfin pertinent de faire remarquer qu'obtenir une limitation ou une interdiction de l'exploration et/ou la mise en production de nouveaux gisements d'énergies fossiles ne faisait pas partie du mandat de négociations que les Etats de la planète se sont collectivement donnés au Sommet de la Terre en 1992 à Rio de Janeiro en créant la Convention cadre sur le réchauffement climatique (CCNUCC). Puisque ce document est toujours celui qui encadre les négociations climatiques internationales à l'oeuvre, il paraît dès lors difficile d'obtenir d'Etats souverains qu'ils négocient et prennent des engagements sur des sujets sur lesquels ils ne se sont pas engagés à en prendre.
Neutralité - La réduction de la production d'énergies fossiles ne fait donc pas légalement partie du mandat des négociations sur le changement climatique. Celles-ci fonctionnent comme si elles étaient « neutres » du point de vue des sources d'énergie et du mix énergétique de l'économie mondiale, tout en faisant une place de choix aux avis de l'Agence internationale de l'énergie atomique et en reconnaissant la situation spécifique des pays dont « l'économie est fortement tributaire (...) des revenus de la production, de la transformation et de l'exportation des énergies fossiles » (article 4.10 de la CCNUCC).
De bonnes raisons expliquent l'absence de négociations sur les énergies fossiles
Parler d'Etats souverains conduit à toucher du doigt l'une des raisons fondamentales pour lesquelles les « énergies fossiles » ne sont pas à l'ordre du jour des négociations sur le réchauffement climatique. En effet, les mix énergétiques nationaux font partie des compétences nationales les mieux protégées par les Etats, une dimension intangible de leur souveraineté. Pour deux raisons. D'abord parce que les chefs d'Etat et de gouvernement sont redevables devant les populations des choix énergétiques qu'ils effectuent, et ces dernières doivent pouvoir avoir prise, dans un cadre démocratique, sur ces décisions.
De plus, disposer de ressources fossiles en son sol est un gage d'indépendance et de souveraineté, notamment vis-à-vis des anciens pays colonisateurs. Après la décolonisation et l'indépendance de bon nombre d'entre eux, les Etats du Sud ont cherché à ce que le principe de souveraineté permanente d'un Etat sur ses ressources naturelles soit entériné par l'Assemblée générale des Nations unies et progressivement introduit dans le droit international. Comme un moyen d'assurer la pleine souveraineté des Etats et la pleine autodétermination des peuples. Par cette reconnaissance légitime, le droit international existant est donc plutôt un frein et, en tout cas, ne donne pas d'outil pour contraindre les Etats à ne pas exploiter leurs ressources fossiles.
La « non-négociabilité » des choix énergétiques nationaux dans un cadre multilatéral est le résultat de cette histoire. Il en découle une tension inévitable entre des politiques énergétiques nationales (ou régionales) qui déterminent grandement le mix énergétique mondial, et donc l'accélération du réchauffement climatique, et l'impossibilité de débattre directement de ces politiques nationales dans un cadre multilatéral onusien. L'accord de Paris ne prévoit en effet aucune obligation à transcrire les engagements pris en matière de réduction d'émissions de gaz à effet de serre en baisse de production d'hydrocarbures. Ainsi, aucun des grands producteurs mondiaux de pétrole et de gaz n'a inclus dans sa contribution nationale (NDC) un plan organisant précisément la décroissance de l'exploitation d'énergies fossiles sur son territoire.
Inflexions internationales à l'AIE et à la COP26
Au printemps 2021, l'Agence internationale de l'énergie a publié un rapport en forme de déflagration dans l'industrie pétro-gazière, habituée à se considérer comme un secteur aux perspectives de croissance infinie. L'AIE conclut son rapport – qui peut être critiqué par ailleurs – en indiquant que limiter le réchauffement à 1,5°C implique de ne plus développer de nouveaux champs de pétrole, de gaz ou de charbon dès 2021. Cette prise de position est venue à la fois légitimer les propos de celles et ceux qui alertent depuis des années sur la nécessité de ne plus programmer de nouveaux investissements et nouvelles infrastructures dans les énergies fossiles, et d'autre part clairement indiquer qu'il n'est plus possible d'envisager la lutte contre les dérèglements climatiques sans envisager la fin des énergies fossiles. Un progrès.
Ce rapport a notamment permis de faire évoluer les positions de nombreuses institutions internationales, à commencer par le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, qui ne cesse désormais d'affirmer qu'il faut « sonner le glas du charbon et des énergies fossiles, avant qu'ils ne détruisent la planète ». Des propos qui étaient ceux de quelques chercheurs et ONG il y a vingt ans, et qui sont désormais repris, et légitimés, par le secrétaire général de l'ONU.
Néanmoins, une prise de position aussi claire ne s'est pas encore traduite précisément dans les décisions de COP. Une légère avancée a eu lieu lors de la COP26 à Glasgow mais la formulation choisie est plus dilatoire que transformatrice : « réduction progressive de l'électricité produite à partir du charbon non adossée à des dispositifs de captage ou de stockage de carbone (« unabated ») et des subventions inefficaces aux énergies fossiles ». Cette mention, certes première historique, qui n'engage finalement aucun Etat de la planète à changer ses priorités en la matière. Le seul principe que les Etats appliquent consciencieusement en 30 ans de négociations persiste : « notre mix énergétique national est non négociable ».
Qu'attendre de la COP28 à ce sujet ? Cet engagement sera-t-il contraignant ?
Evitons de nous bercer d'illusions. Le plus probable est que la décision finale de la COP28 reste assez proche des formules de la décision de la COP26. Au mieux avec une formulation plus explicite et élargie, marquant la reconnaissance de la Communauté internationale qu'il ne saurait y avoir de lutte contre le réchauffement climatique sans réduction de la consommation et de la production d'énergies fossiles. Cela constituerait une avancée diplomatique. Tant sur le plan du symbole que de nature à continuer à faire évoluer le débat dans les institutions internationales.
A l'heure de la rédaction de ce texte (mercredi 6 décembre), la première version de la décision de COP qui circule dans les négociations comporte trois options de formulation à ce sujet :
– la première, la plus volontariste, indique « une élimination progressive et planifiée des combustibles fossiles » : c'est la plus improbable ;
– la deuxième propose d' « accélérer les efforts visant à éliminer progressivement les combustibles fossiles ‘unabated' », objectif donc qui ne vaudrait que pour les énergies fossiles dont l'extraction ou le raffinage ne serait pas associé à des systèmes de captage du CO2 ;
– la troisième consisterait à ce qu'il n'y ait aucune mention de cet objectif.
Visiblement, le pays hôte et les pays producteurs de pétrole et de gaz optent pour la deuxième formulation qui soulève tout un tas de questions insolubles : opérationalité technique, intérêt climatique réel, coût monstrueux ; vitesse de déploiement ; garanties de séquestration sur le temps long, etc.
Quelle que soit la formulation retenue, il faut immédiatement en mesurer la portée. Les décisions de COP ne sont pas de la même nature qu'un traité international (Protocole de Kyoto ou Accord de Paris) et n'impliquent rien d'immédiat dans les politiques publiques des Etats. Si la COP a certainement le pouvoir d'émettre des recommandations sur les énergies fossiles, notamment parce que les objectifs de l'Accord de Paris de rester en deçà de 1,5 ou 2°C sont en danger, il ne s'ensuit pas qu'une décision de la COP impose une obligation aux États. Si la formulation finale devait être ambitieuse – ce qui est loin d'être gagné – elle n'obligera aucun Etat à réduire, limiter ou interdire l'exploration ou l'exploitation des énergies fossiles sur leur territoire national. Au contraire, tous les projets annoncés ces dernier mois, au mépris des recommandations de l'AIE, pourront perdurer.
Le plus intéressant serait que la décision de la COP28 soit composée d'une recommandation générale sur les énergies fossiles et de la constitution d'un programme de travail interne aux COP afin qu'il y ait désormais une négociation permanente entre les Etats-membres sur l'exploration et l'exploitation des énergies fossiles. C'est dans le cadre d'une négociation permanente qu'il pourrait y avoir une avancée tangible dans les années à venir. A titre de comparaison, cela a pris près de 30 ans pour la reconnaissance des pertes et dommages et la création d'un fonds pour les pays pauvres. Un tel cadre permanent de négociations sur les énergies fossiles n'est à ce stade pas prévu.
Compliquons les choses : les énergies fossiles alimentent l'économie mondiale
Si les Etats voulaient vraiment limiter à 1,5°C le réchauffement climatique mondial, il faudrait qu'ils s'engagent à organiser et planifier une baisse de la production mondiale de gaz et de pétrole de 3 % par an jusqu'en 2050 et de 7% pour le charbon, comme le recommandent les scientifiques. Les trois ont pourtant continué à augmenter rapidement depuis trente ans. Notamment parce que les énergies fossiles sont indissociablement liées au mode d'organisation de la mondialisation capitaliste, principal moteur de la croissance mondiale de ces trente dernières années : sevrer l'économie mondiale des énergies fossiles ne saurait se faire sans réorganisation complète de cette économie mondiale complètement accro aux énergies fossiles.
Ce n'est pas l'objet de ce papier de prétendre résoudre cet immense défi en quelques paragraphes, mais notons néanmoins quelques points :
– il a été montré que les grandes bourses mondiales, et plus largement le système financier international, sont totalement dépendants de l'industrie fossile (valorisations boursières, flux financiers et physiques, etc)
– de nombreuses entreprises multinationales ne peuvent pas sortir des énergies fossiles seules et le droit existant (international et national) ne dispose de quasiment aucun outil pour les y forcer ;
– le régime de croissance mondial est structurellement dépendant d'énergies fossiles disponibles en grande quantité et à prix modérés et ne saurait perdurer tel qu'il existe sans elles ;
Or, tous ces sujets ne sont pas l'objet des négociations climatiques internationales et sont même exclus du cadre de négociation par le texte fondateur de la CCNUCC (art. 3.5).
Quelles pistes pour avancer plus vite ?
Puisque le droit international et les droits nationaux sont aujourd'hui trop faiblement dotés d'outils en mesure d'organiser le sevrage de l'économique mondiale et des économies nationales accros aux énergies fossiles, il faut faire feu de tout bois :
– accueillir positivement d'éventuelles avancées au sein de la COP28 en indiquant immédiatement quelles en sont les limites ;
– tenter de faire évoluer la CCNUCC et les négociations climatiques internationales pour ouvrir des négociations sur les choix énergétiques des pays ;
– pousser pour que l'AIE, suite à son rapport, s'empare pleinement de ces enjeux et devienne prescripteur international, mandaté pour évaluer les scenarii énergétiques nationaux des pays riches et établir des recommandations / normes internationales en la matière ;
– soutenir toutes les coalitions plurilatérales ad hoc lancées à ce sujet en marge des négociations climatiques internationales (BOGA, etc-, en les arrimant le plus fortement possible à la CCNUCC (redevabilité, NDC sur les mix énergétiques, etc) ;
– proposer que la COP commande au GIEC un rapport d'analyse de la cohérence des mix énergétiques nationaux avec les engagements climatiques mondiaux ;
– soutenir à la mise en oeuvre de protocoles additionnels au titre de la CCNUCC sur des sujets touchant les énergies fossiles (fuites méthane, etc), obligeant les Etats à une forme de redevabilité ;
– appuyer la mise en œuvre d'un Traité de non-prolifération des énergies fossiles tel que le proposent des organisations de la société civile.
– exiger une refonte de l'OMC et de ses principes à l'aune des objectifs climatiques ; pareil au FMI et à la BM ;
– etc.
Quel que soit le résultat de la COP28, laisser les énergies fossiles dans le sol n'est plus perçu comme une idée farfelue, mais comme la condition sine qua non d'une possible « neutralité carbone » en 2050. Il est donc urgent d'essayer de trouver comment progresser sur ce terrain.
En refusant de substituer une politique drastique de sobriété énergétique à leur dépendance russe, les pays européens sont en train de nous faire perdre de nombreuses années de lutte contre le changement climatique en Europe, mais également à l'échelle mondiale. Nous allons payer très cher le fait de ne pas avoir profité de la pandémie de COVID puis de la guerre en Ukraine pour mettre sur pied des plans de relance puis des plans de sobriété 100% climato-compatibles en mesure de réduire notre dépendance aux énergies fossiles. Mais l'histoire n'est pas finie.
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