Presse-toi à gauche !

Presse-toi à gauche ! propose à tous ceux et celles qui aspirent à voir grandir l’influence de la gauche au Québec un espace régulier d’échange et de débat, d’interprétation et de lecture de l’actualité de gauche au Québec...

Médias. Les grèves se multiplient dans les journaux américains

6 février 2024, par Courrier international — , ,
Après les journalistes de la presse nationale, comme le “Los Angeles Times”, ou des magazines du groupe Condé Nast, c'est au tour de ceux de la presse régionale américaine de (…)

Après les journalistes de la presse nationale, comme le “Los Angeles Times”, ou des magazines du groupe Condé Nast, c'est au tour de ceux de la presse régionale américaine de se mettre en grève pour dénoncer les coupes claires dans leurs budgets et leurs effectifs, et exiger des hausses de salaires.

01 février 2024 | tiré du Courrier international
https://www.courrierinternational.com/article/medias-les-greves-se-multiplient-dans-les-journaux-americains

Des quotidiens américains en vente dans un kiosque du quartier de Soho, à Manhattan, le 23 janvier 2024.Des quotidiens américains en vente dans un kiosque du quartier de Soho, à Manhattan, le 23 janvier 2024. AHMED GABER/THE NEW YORK TIMES
C'est peu dire que la presse américaine se porte mal. La semaine dernière, c'est l'annonce d'un vaste plan social au sein du plus grand quotidien de la côte ouest américaine, le Los Angeles Times, qui faisait les gros titres.

Cette semaine, c'est au tour des journalistes de la presse régionale de se mettre en grève, et en particulier “ceux des titres appartenant au groupe Tribune Publishing, racheté en 2021 par le fonds spéculatif Alden Global Capital”, rapporte The Washington Post, qui suit de près les mouvements sociaux en cours dans les médias américains et dont la rédaction a été ébranlée par une grève de vingt-quatre heures au début du mois de décembre 2023 ainsi que par de nombreux départs de journalistes.

LIRE AUSSI : Médias. Ces milliardaires qui voulaient sauver la presse américaine, mais perdent des fortunes

Débrayage dans sept rédactions

Ce jeudi 1er février, “les employés de sept rédactions, dont celle du Chicago Tribune, du Orlando Sentinel et du Virginian-Pilot vont débrayer pour protester contre le refus de leur accorder des hausses de salaire indexées sur l'augmentation du coût de la vie et en raison des menaces qui pèsent sur leurs plans d'épargne-retraite par capitalisation”.

Cette mobilisation intervient alors que les rédactions du groupe Tribune Publishing ont connu ces dernières années d'importantes hémorragies de personnel, précise le quotidien de la capitale fédérale américaine. Ainsi, au Chicago Tribune, le nombre de reporters a été divisé par plus de deux depuis 2019, tandis qu'au Orlando Sentinel “la rédaction autrefois composée de 55 journalistes et photographes ne compte désormais plus que 32 salariés syndiqués”.

Vagues de licenciements

Les médias américains ont été confrontés à de nombreux défis ces dernières années, rappelle le Washington Post. Ils ont notamment dû affronter “la baisse de leurs revenus publicitaires, une chute du nombre de leurs abonnés, ainsi que des vagues successives de licenciements”.

Au Los Angeles Times, c'est 115 journalistes qui ont été licenciés la semaine dernière, soit plus de 20 % des effectifs de la rédaction. Le Washington Post, lui, a traversé à la fin de l'année dernière un plan de départs volontaires qui a concerné quelque 240 salariés, soit une réduction de 10 % de ses effectifs.

Et “les médias appartenant au groupe Tribune Publishing ont été encore davantage décimés”, depuis le rachat par Alden Global Capital, souligne le Washington Post. Ce qui vaut à ce fonds spéculatif d'être surnommé la “grande faucheuse des journaux”.

Courrier international

*****

Abonnez-vous à notre lettre hebdomadaire - pour recevoir tous les liens permettant d'avoir accès aux articles publiés chaque semaine.

Chaque semaine, PTAG publie de nouveaux articles dans ses différentes rubriques (économie, environnement, politique, mouvements sociaux, actualités internationales ...). La lettre hebdomadaire vous fait parvenir par courriel les liens qui vous permettent d'avoir accès à ces articles.

Remplir le formulaire ci-dessous et cliquez sur ce bouton pour vous abonner à la lettre de PTAG :

Abonnez-vous à la lettre

La menace climatique est sous-estimée, faute de financements scientifiques

6 février 2024, par Vincent Lucchese — ,
La recherche sur les conséquences climatiques de la fonte des terres gelées du pergélisol, potentiellement dévastatrices, patine, faute de financements suffisants. 29 (…)

La recherche sur les conséquences climatiques de la fonte des terres gelées du pergélisol, potentiellement dévastatrices, patine, faute de financements suffisants.

29 jnavier 2024 | tiré de Reporterre.net
https://reporterre.net/La-menace-climatique-est-sous-estimee-faute-de-financements-scientifiques

Dessin Erwann Richard

Le péril climatique planétaire est peut-être encore plus menaçant qu'on le pensait jusqu'alors. Ou peut-être pas. Pour en être sûr, il y a urgence à améliorer les modèles climatiques pour en résorber les plus grosses lacunes. Mais ce défi patine, faute de financements adéquats. C'est le message qu'ont asséné dans la revue Nature Climat Change, le 18 janvier, une douzaine de chercheurs étasuniens et européens.

Ce qui focalise leurs inquiétudes : le pergélisol. Aussi appelé permafrost, ce terme désigne les terres gelées en permanence. Elles contiennent énormément de matière organique, qui libère de fortes quantités de carbone dans l'atmosphère, à mesure que le changement climatique provoque leur dégel.

Une bombe climatique difficile à évaluer

« De nombreuses études de terrain et de laboratoire ont fourni des résultats solides montrant que les émissions de gaz à effet de serre issues du pergélisol étaient en train d'accélérer », alerte Christina Schädel, chercheuse au Woodwell Climate Research Center, aux États-Unis, et autrice principale de l'article.

Ce dernier rappelle les chiffres vertigineux qui sont en jeu : le pergélisol contiendrait environ deux fois plus de carbone que l'on en trouve actuellement dans l'atmosphère. Et la région arctique se réchauffe extrêmement vite, quatre fois plus rapidement que la moyenne mondiale. L'ennui, c'est que les chercheurs ont énormément de mal à anticiper à quelle vitesse ces territoires complexes pourraient relâcher leur carbone. Les estimations vont de 22 milliards à 524 milliards de tonnes de CO2 qui pourraient passer du pergélisol vers l'atmosphère d'ici la fin du siècle.

À mettre en parallèle avec le budget carbone qu'il nous reste : pour espérer limiter le réchauffement global à 1,5°C, il ne faudrait pas émettre plus de 275 milliards de tonnes de CO2, selon le Global Carbon Project. La large incertitude planant sur la quantité d'émissions à venir via le pergélisol est donc très problématique : selon le chiffre retenu, on passe de moins d'un dixième à près du double de ce budget.

« L'urgence absolue » de meilleurs modèles

La communauté scientifique a bien conscience de cet enjeu, puisqu'elle identifie le pergélisol comme l'une des importantes boucles de rétroaction climatique, qui pourraient accélérer le réchauffement : plus il fait chaud, plus ces terres dégèlent et envoient dans l'atmosphère des gaz à effet de serre, qui accentuent le réchauffement, donc le dégel... et ainsi de suite.

Le dernier rapport du Giec prend d'ailleurs en compte les émissions liées au pergélisol dans ses estimations du budget carbone restant, mais souligne que de grandes incertitudes persistent sur la quantité et la temporalité du relâchement de ce carbone. Surtout, notent les chercheurs dans Nature Climate Change, ces estimations se fondent sur des études solides, mais le carbone du pergélisol est très peu intégré aux modèles globaux, qu'on appelle les modèles du système Terre (ou Earth System Models, ESM).

Le risque est donc de sous-estimer les interactions et rétroactions liées à ces émissions possibles à l'échelle planétaire. D'où « l'urgence absolue », selon eux, d'améliorer les modèles. Or, cette mission prioritaire se trouve entravée par un manque de moyens et par la manière même dont la science est financée. La plupart des grands projets le sont sur la base de contrats de trois ans, ce qui laisse trop peu de temps aux chercheurs pour se former, développer et améliorer des ESM avant de devoir partir vers de nouveaux projets, expliquent-ils.

« Les chercheurs doivent aller chercher des bouts de financements ici et là, ce qui ralentit considérablement le travail »

Une plainte qui rejoint celle des nombreux directeurs de laboratoires de recherche français, qui dénoncent la précarisation de leur travail et l'absence de postes pérennes. « Nous avons des programmes de recherche européens sur cinq ans ou des programmes et équipements prioritaires de recherche qui se développent maintenant sur dix ans, mais la majorité des chercheurs doit tout de même travailler sur des programmes de trois ou quatre ans », confirme Philippe Bousquet, directeur du laboratoire des sciences du climat et de l'environnement à l'université Paris-Saclay.

« Aux États-Unis, ils sont davantage habitués à cette précarité des financements. Que même eux en aient marre, c'est un vrai signal qu'on atteint une limite », ajoute-t-il. Ce que nous confirme également Christina Schädel : « Pour le moment, on n'a pas les financements nécessaires pour répondre à tous les besoins. Les chercheurs doivent aller chercher des bouts de financements ici et là, ce qui ralentit considérablement le travail ».

« Nous avons besoin de projets de recherche plus longs pour pouvoir récolter des données et améliorer les modèles sur le long terme. Avoir des financements plus consistants pour les chercheurs leur permettrait de se concentrer sur leur recherche au lieu de courir après les dollars pour tenter de survivre quelques années de plus », soupire Christina Schädel.

« Il faut environ 10 millions de dollars par modèle »

Développer et améliorer des ESM mobilise en outre de nombreuses compétences et une multitude de domaines de recherches. Il faut des modélisateurs compétents, les ressources informatiques adéquates et l'expertise scientifique. Autant d'éléments qui existent déjà, mais qui nécessitent de trouver plusieurs millions de dollars pour pouvoir embaucher ces chercheurs et leur donner les moyens de développer des modèles, écrivent les auteurs de l'article. « Il faut environ 10 millions de dollars par modèle », compte Christina Schädel.

La fonte du pergélisol peut entraîner des glissements de terrain. Flickr / CC0 1.0 Deed / US Geological Survey

Les moyens nécessaires sont à la hauteur de la complexité de l'objet d'étude. Le pergélisol est constitué de terrains très hétérogènes, difficiles à modéliser. La plupart des modèles actuels prévoient par exemple que les terres s'assèchent après la fonte des glaces qu'ils contiennent, en contradiction avec les observations qui montrent par endroit la survenue d'inondations, voire l'apparition de nouveaux lacs après un dégel. À cette variété de situations s'ajoutent des changements abrupts. La fonte entraîne une érosion, voire des affaissements de terrains, qui ont pour effet d'augmenter de 40 % les émissions de carbone de ce pergélisol, indique l'étude publiée dans Nature Climat Change.

Un sujet majeur pour le prochain rapport du Giec

La structure du pergélisol, la mosaïque de lacs, failles, terrains accidentés, joue sur le gaz qui sort et sur le destin du changement climatique. La plus fine modélisation de ces phénomènes est notamment cruciale pour comprendre en quelle proportion la matière organique de ces sols va se libérer sous forme de CO2 ou de méthane (CH4), gaz au pouvoir réchauffant sur un siècle vingt-huit fois plus important que le CO2.

« On avance pas à pas. Les premiers modèles climatiques, dans les années 1970, représentaient juste l'atmosphère et l'océan, qui était réduit à une sorte de mare profonde. Puis, on a ajouté les surfaces continentales, la végétation… Il manque encore le pergélisol, qui est un sujet majeur pour le prochain rapport du Giec », complète Philippe Bousquet.

De nombreux autres défis attendent d'ici là les modélisateurs. La manière dont les plantes vont davantage pousser avec le dégel du pergélisol ou l'impact des mégafeux sur cette végétation et ces sols font partie des problèmes à ajouter à la liste des interrogations.

*****

Abonnez-vous à notre lettre hebdomadaire - pour recevoir tous les liens permettant d'avoir accès aux articles publiés chaque semaine.

Chaque semaine, PTAG publie de nouveaux articles dans ses différentes rubriques (économie, environnement, politique, mouvements sociaux, actualités internationales ...). La lettre hebdomadaire vous fait parvenir par courriel les liens qui vous permettent d'avoir accès à ces articles.

Remplir le formulaire ci-dessous et cliquez sur ce bouton pour vous abonner à la lettre de PTAG :

Abonnez-vous à la lettre

L’extraction de matières premières augmentera de 60 % d’ici à 2060, selon un rapport des Nations unies

6 février 2024, par The Guardian — ,
L'extraction mondiale de matières premières devrait augmenter de 60 % d'ici à 2060, avec des conséquences désastreuses pour le climat et l'environnement, selon une analyse (…)

L'extraction mondiale de matières premières devrait augmenter de 60 % d'ici à 2060, avec des conséquences désastreuses pour le climat et l'environnement, selon une analyse inédite des Nations unies dont le Guardian a eu connaissance.

Larges extraits de cet article du Guardian.

L'extraction des ressources naturelles a augmenté de près de 400 % depuis 1970 en raison de l'industrialisation, de l'urbanisation et de la croissance démographique, selon une présentation du rapport quinquennal Global Resource Outlook des Nations unies faite aux ministres de l'UE la semaine dernière.

L'exploitation des ressources naturelles de la Terre est déjà responsable de 60 % des effets du réchauffement climatique (NDLR, je souligne), y compris le changement d'affectation des sols, de 40 % des effets de la pollution atmosphérique et de plus de 90 % du stress hydrique mondial et de la perte de biodiversité liée aux terres, indique le rapport, qui doit être publié en février.

[…]

Le rapport donne la priorité aux mesures d'équité et de bien-être humain plutôt qu'à la seule croissance du PIB et propose des mesures visant à réduire la demande globale plutôt que de se contenter d'augmenter la production "verte".

Les véhicules électriques, par exemple, utilisent près de 10 fois plus de "matières premières essentielles" que les voitures classiques, et pour parvenir à des émissions nettes nulles dans les transports d'ici 2050, il faudrait multiplier par six l'extraction de minéraux essentiels en l'espace de 15 ans.

L'augmentation du travail à distance, l'amélioration des services locaux et les options de transport à faible émission de carbone telles que les vélos et les trains pourraient être aussi efficaces que l'augmentation de la production de véhicules pour répondre aux besoins de mobilité des personnes, avec des incidences environnementales moins néfastes, selon le rapport.

"La décarbonisation sans découpler la croissance économique et le bien-être de l'utilisation des ressources et des impacts environnementaux n'est pas une réponse convaincante et l'accent actuellement mis sur l'assainissement de l'offre doit être complété par des mesures du côté de la demande ", a déclaré M. Potočnik.

Une grande partie de la crise du logement en Europe pourrait être résolue en faisant un meilleur usage des logements vides, des espaces sous-utilisés et d'une vie plus axée sur la communauté, plutôt qu'en construisant davantage de maisons sur des terrains vierges, selon le document.

Ce type d'"efficacité systémique des ressources" pourrait accroître l'équité et réduire les émissions de gaz à effet de serre de plus de 80 % d'ici à 2060, par rapport aux niveaux actuels. Selon le rapport, les besoins en matériaux et en énergie pour la mobilité pourraient être réduits de plus de 40 % et ceux pour la construction d'environ 30 %.

[…]

Les initiés affirment que l'UE est le groupe de pays développés le plus susceptible de soutenir une telle politique, les États-Unis, le Japon, l'Australie et le Canada étant tous opposés à un tel objectif.

En moyenne, l'empreinte matérielle annuelle des Européens est de 15 tonnes par personne, la Finlande arrivant en tête avec 46 tonnes par habitant et les Pays-Bas en queue de peloton avec 7 tonnes par habitant.

La Finlande produit également le plus de déchets par personne dans l'UE (20 993 kg), tandis que la Croatie en produit le moins (1 483 kg). En 2020, l'empreinte de déchets du citoyen européen moyen était de 4 815 kg.

*****

Abonnez-vous à notre lettre hebdomadaire - pour recevoir tous les liens permettant d'avoir accès aux articles publiés chaque semaine.

Chaque semaine, PTAG publie de nouveaux articles dans ses différentes rubriques (économie, environnement, politique, mouvements sociaux, actualités internationales ...). La lettre hebdomadaire vous fait parvenir par courriel les liens qui vous permettent d'avoir accès à ces articles.

Remplir le formulaire ci-dessous et cliquez sur ce bouton pour vous abonner à la lettre de PTAG :

Abonnez-vous à la lettre

L’industrie des combustibles fossiles était au courant du danger climatique dès 1954

6 février 2024, par Olivier Milman — ,
31 janvier 2024 | tiré du site alencontre.org https://alencontre.org/ecologie/lindustrie-des-combustibles-fossiles-etait-au-courant-du-danger-climatique-des-1954.html (…)

31 janvier 2024 | tiré du site alencontre.org
https://alencontre.org/ecologie/lindustrie-des-combustibles-fossiles-etait-au-courant-du-danger-climatique-des-1954.html

L'industrie des combustibles fossiles a financé certaines des recherches les plus fondamentales sur le climat dès 1954, selon des documents récemment mis au jour, notamment les premières recherches de Charles Keeling, célèbre pour la « courbe de Keeling » qui a permis de suivre la progression des niveaux de dioxyde de carbone sur la Terre.

Les documents révèlent qu'une coalition d'intérêts pétroliers et automobiles a versé 13 814 dollars (environ 158 000 dollars en valeur actuelle) en décembre 1954 pour financer les premiers travaux de Charles Keeling sur la mesure des niveaux de CO2 dans l'ouest des Etats-Unis.

Charles Keeling a ensuite établi la mesure continue du CO2 mondial depuis l'observatoire de Mauna Loa, à Hawaï. Cette « courbe de Keeling » (voir graphique ci-dessous) a permis de suivre l'augmentation constante du carbone atmosphérique à l'origine de la crise climatique. Elle a été saluée comme l'un des travaux scientifiques les plus importants des temps modernes.

Les compagnies de combustibles fossiles ont soutenu un groupe, connu sous le nom de Air Pollution Foundation, qui a octroyé des fonds à Charles Keeling pour mesurer le CO2 dans le cadre d'un effort conjoint de recherche sur le smog [brouillard grisâtre urbain lié au mélange de particules fines et d'ozone] qui, à l'époque, sévissait régulièrement à Los Angeles. Ces travaux sont antérieurs à tous les travaux de recherche sur le climat financés par des compagnies pétrolières.

Dans la requête de recherche pour le financement – découverte par Rebecca John, chercheuse au Climate Investigations Center, et publiée par le site web sur le climat DeSmog – le directeur de recherche de Charles Keeling, Samuel Epstein, mentionnait une nouvelle analyse des isotopes du carbone qui pourrait identifier les « changements dans l'atmosphère » causés par la combustion du charbon et du pétrole.

« Les possibles conséquences d'un changement de la concentration de CO2 dans l'atmosphère sur le climat, sur les taux de photosynthèse [des plantes] et sur les niveaux de compensation avec le carbonate des océans pourraient finalement s'avérer d'une importance considérable pour la civilisation », a précisé en novembre 1954 Samuel Epstein, chercheur au California Institute of Technology (Caltech), à la Air Pollution Foundation.

Selon les experts, ces documents montrent que l'industrie des combustibles fossiles a été étroitement associée à la création de la science moderne du climat, ainsi qu'à ses mises en garde contre les graves conséquences du changement climatique. Par la suite, elle a rejeté publiquement cette science pendant des décennies et financé des initiatives continues visant à retarder l'adoption de mesures pour lutter contre la crise climatique.

« Ces documents contiennent la preuve irréfutable qu'en 1954 au plus tard l'industrie des combustibles fossiles savait que ses activités pouvaient perturber le climat de la Terre à une échelle significative pour la civilisation humaine », a déclaré Geoffrey Supran, expert en désinformation historique sur le climat à l'Université de Miami. « Ces résultats confirment de manière saisissante que les grandes sociétés pétrolières ont suivi de près la science climatique universitaire pendant 70 ans – soit deux fois plus que ma vie – et rappellent qu'elles continuent de le faire à ce jour. Ce suivi rend ridicule le déni par l'industrie pétrolière, des décennies plus tard, de la science climatique fondamentale. »

Des enquêtes antérieures portant sur des documents publics et privés ont révélé que les grandes compagnies pétrolières ont passé des décennies à mener leurs propres recherches sur les conséquences de la combustion de leurs hydrocarbures, souvent avec une précision surprenante. Une étude réalisée l'année dernière a révélé que les scientifiques d'Exxon avaient fait des prévisions d'une précision « époustouflante » sur le réchauffement de la planète dans les années 1970 et 1980 .

Les documents récemment découverts montrent maintenant que l'industrie connaissait l'impact potentiel du CO2 sur le climat dès 1954 grâce, notamment, aux travaux de Charles Keeling, un chercheur de Caltech alors âgé de 26 ans qui effectuait un travail de recherche en mesurant les niveaux de CO2 en Californie et dans les eaux de l'océan Pacifique. Rien n'indique que le financement de ces recherches par les compagnies du pétrole et du gaz ait faussé ses résultats de quelque manière que ce soit.

Les résultats de ces travaux allaient conduire le scientifique américain à mener d'autres expériences sur le volcan Mauna Loa, à Hawaï, qui allaient permettre de dresser un état des lieux permanent de la composition du dioxyde de carbone, qui augmente dangereusement dans le monde.

Charles Keeling est décédé en 2005, mais ses travaux fondamentaux sont toujours d'actualité. Actuellement, la teneur en CO2 de l'atmosphère terrestre est de 422 parties par million, soit près d'un tiers de plus que lors de la première mesure effectuée en 1958, et un bond de 50% par rapport aux niveaux préindustriels.

Ce relevé essentiel du principal gaz qui retient la chaleur et qui a poussé les températures mondiales à des niveaux jamais atteints par la civilisation humaine est né, en partie, grâce au soutien de l'Air Pollution Foundation.

Au total, 18 entreprises automobiles, dont Ford, Chrysler et General Motors, ont alloué des fonds à la fondation. D'autres entités, dont des banques et des secteurs du négoce, ont également contribué au financement.

Par ailleurs, une note de 1959 identifie l'American Petroleum Institute (API), le principal organisme de lobbying du pétrole et du gaz aux Etats-Unis, et la Western Oil and Gas Association, aujourd'hui connue sous le nom de Western States Petroleum Association, comme des « contributeurs majeurs au financement de l'Air Pollution Foundation (APF) ». On ne sait pas exactement quand l'API a commencé à financer l'APF, mais elle avait un représentant au sein d'un comité de recherche dès la mi-1955.

Une communication de politique générale de l'Air Pollution Foundation datant de 1955 qualifie le problème de la pollution atmosphérique, causée par les émissions des voitures, des camions et des installations industrielles, de « l'un des plus graves auxquels sont confrontées les zones urbaines de Californie et d'ailleurs ». Elle précise que le problème sera traité par « une recherche diligente et honnête des faits, par une action sage et efficace ».

Les documents mis au jour proviennent des archives de Caltech, des archives nationales américaines, de l'Université de Californie à San Diego et de journaux de Los Angeles des années 1950, et représentent ce qui pourrait être le premier cas où l'industrie des combustibles fossiles est informée des conséquences potentiellement désastreuses de son modèle d'affaires.

Selon Carroll Muffett, directeur général du Center for International Environmental Law, l'industrie pétrolière et gazière s'est d'abord intéressée à la recherche sur le smog et d'autres polluants atmosphériques directs avant de s'intéresser aux effets du changement climatique.

« On en revient toujours à l'industrie pétrolière et gazière, qui était omniprésente dans ce milieu », a-t-il déclaré. « L'industrie n'était pas seulement au courant, mais profondément consciente des implications potentielles de ses produits sur le climat depuis près de 70 ans. »

Selon Carroll Muffett, ces documents donnent un nouvel élan aux efforts déployés dans diverses juridictions pour tenir les entreprises pétrolières et gazières légalement responsables des dommages causés par la crise climatique. « Ces documents parlent d'émissions de CO2 ayant des implications planétaires, ce qui signifie que cette industrie a compris très tôt que la combustion de combustibles fossiles avait des conséquences à l'échelle planétaire. Il existe des preuves accablantes que l'industrie pétrolière et gazière a trompé le public et les régulateurs sur les risques climatiques de leurs activités pendant 70 ans. Il est irresponsable de leur faire confiance pour faire partie des solutions. Nous sommes désormais entrés dans une ère de contrôle et d'exigence de rendre des comptes. »

L'API et Ralph Keeling, le fils de Charles Keeling qui est également scientifique, ont été contactés pour commenter les documents mais n'ont pas répondu. (Article publié par The Guardian le 30 janvier 2024 ; traduction rédaction A l'Encontre)

*****

Abonnez-vous à notre lettre hebdomadaire - pour recevoir tous les liens permettant d'avoir accès aux articles publiés chaque semaine.

Chaque semaine, PTAG publie de nouveaux articles dans ses différentes rubriques (économie, environnement, politique, mouvements sociaux, actualités internationales ...). La lettre hebdomadaire vous fait parvenir par courriel les liens qui vous permettent d'avoir accès à ces articles.

Remplir le formulaire ci-dessous et cliquez sur ce bouton pour vous abonner à la lettre de PTAG :

Abonnez-vous à la lettre

Ukraine : « Notre syndicat protège les travailleurs sous la loi martiale »

6 février 2024, par Volodymyr Kozelsky — , ,
Depuis l'agression armée de la Fédération de Russie contre l'Ukraine, « Ukrzaliznytsia » (Chemins de fer ukrainiens), en tant qu'entreprise d'infrastructure essentielle, assure (…)

Depuis l'agression armée de la Fédération de Russie contre l'Ukraine, « Ukrzaliznytsia » (Chemins de fer ukrainiens), en tant qu'entreprise d'infrastructure essentielle, assure le transport des passagers et des marchandises 24 heures sur 24. Les employés des chemins de fer contribuent à la capacité de défense de l'État par leur travail héroïque pendant les hostilités et les bombardements.

Tiré de Entre les lignes et les mots

Avant la guerre, le syndicat VPZU, ainsi que d'autres organisations syndicales opérant dans le secteur ferroviaire ukrainien, négociait constamment avec l'administration d'« Ukrzaliznytsia » pour améliorer les conditions de travail des cheminots et augmenter leurs salaires. En outre, afin de réglementer la protection juridique et sociale des droits du travail des membres du syndicat, les organes élus du VPZU ont formulé des propositions d'actes réglementaires, qui ont ensuite été soumises aux comités compétents du Conseil suprême de l'Ukraine.

La VPZU est membre de l'organe représentatif conjoint des syndicats opérant à « Ukrzaliznytsia » en vue de la signature d'une nouvelle (première) convention collective pour l'entreprise, mais actuellement, en raison de la loi martiale dans le pays, les activités de cet organe ont été suspendues.

De 2014 à 2024, pendant l'agression armée russe, les relations avec un certain nombre d'organisations syndicales de la VPZU dans les régions de Luhansk, Donetsk et Zaporizhzhia et dans la République autonome de Crimée ont été rompues.

Notre syndicat est une organisation indépendante à but non lucratif qui rassemble des citoyens ayant des intérêts communs dans le cadre de leurs activités professionnelles. La VPZU a le statut d'une organisation publique/syndicale à l'échelle de l'Ukraine, organisée sur une base territoriale.

Les unités organisationnelles du syndicat sont les suivantes :
– Les organisations syndicales de base sont des associations volontaires de membres de syndicats qui travaillent dans la même entreprise ;
– les organisations syndicales locales et régionales ;
– les organisations syndicales de base dans les entreprises ferroviaires, les institutions et les organisations avec des subdivisions structurelles distinctes des chemins de fer ;
– les syndicats des entreprises, institutions ou organisations des secteurs du transport, de la construction et du métro ;
– les syndicats de base dans les entreprises, les institutions et les autres secteurs concernés.

La VPZU a confirmé sa représentativité au niveau sectoriel conformément à l'article 5 de la loi ukrainienne sur le dialogue social en Ukraine.

En outre, la VPZU comprend les employés de la société municipale Kyivpastrans (employés du dépôt de trolleybus et du parc d'autobus) à Kyiv, de la société municipale « Zhytomyr Tram et Trolleybus » à Zhytomyr, du « City trolleybus » à Kryvyi Rih, à Kamianske (région de Dnipropetrovsk), de la société municipale « Kharkiv Metro » à Kharkiv, où les travailleurs sont représentés par les organisations syndicales de la VPZU.

La VPZU est une organisation membre de la Confédération des syndicats libres d'Ukraine (KVPU) et coopère par solidarité avec le Syndicat indépendant des mineurs d'Ukraine (IMU), le Syndicat libre de l'éducation et de la science d'Ukraine (VPONU), le Syndicat libre des travailleurs de la santé d'Ukraine (VPMU), et le Syndicat libre des entrepreneurs [petits vendeurs de rue – ndlr] d'Ukraine (VPUU) et d'autres organisations de la confédération KVPU. Cette coopération prend la forme de :

* l'échange d'informations sur l'application de méthodes innovantes
* protection des droits des membres des syndicats en matière d'emploi ;
* des activités syndicales communes pour défendre les droits des membres
* syndicats dont les droits ont été violés par leurs employeurs respectifs ;
* des appels conjoints aux autorités publiques et aux médias sur les relations de travail en Ukraine.

Depuis le 24 février 2022, les organisations syndicales de la VPZU fonctionnent sous la loi martiale, assurant la protection juridique et publique des droits fondamentaux des travailleurs conformément à la législation ukrainienne en vigueur.

La VPZU fournit une assistance humanitaire permanente aux membres du syndicat ou aux citoyens touchés par la loi martiale et la guerre. Les organisations syndicales de la VPZU fournissent également de l'aide aux militaires, notamment de la nourriture, des vêtements chauds, diverses munitions militaires, etc.

C'est actuellement la tâche principale de la VPZU.

À cet égard, la VPZU souhaiterait qu'il soit possible de recevoir toute forme d'aide du mouvement ouvrier international, en fonction de ses ressources et de son budget, pour l'établissement de relations qui pourraient être construites à l'avenir.

Volodymyr Kozelsky, président du syndicat libre des chemins de fer ukrainiens, 12 janvier 2024

https://laboursolidarity.org/fr/europe/n/3021/notre-syndicat-protege-les-travailleurs-sous-la-loi-martiale

*****

Abonnez-vous à notre lettre hebdomadaire - pour recevoir tous les liens permettant d'avoir accès aux articles publiés chaque semaine.

Chaque semaine, PTAG publie de nouveaux articles dans ses différentes rubriques (économie, environnement, politique, mouvements sociaux, actualités internationales ...). La lettre hebdomadaire vous fait parvenir par courriel les liens qui vous permettent d'avoir accès à ces articles.

Remplir le formulaire ci-dessous et cliquez sur ce bouton pour vous abonner à la lettre de PTAG :

Abonnez-vous à la lettre

Droit d’asile : enfin la reconnaissance du groupe social des femmes !

La Cour de Justice de l'Union européenne (CJUE) vient de reconnaître, dans un arrêt du 16 janvier 2024, que la violence à l'encontre des femmes fondée sur le genre est une (…)

La Cour de Justice de l'Union européenne (CJUE) vient de reconnaître, dans un arrêt du 16 janvier 2024, que la violence à l'encontre des femmes fondée sur le genre est une forme de persécution pouvant donner lieu en tant que telle à une protection. Il s'agit d'un pas important dans la reconnaissance du caractère structurel des violences faites aux femmes et de leurs droits à être protégées.

Tiré de Entre les lignes et les mots

À l'origine de cet arrêt de la CJUE, une ressortissante turque d'origine kurde, de confession musulmane et divorcée, explique avoir été mariée de force par sa famille, battue et menacée par son époux. Craignant pour sa vie si elle devait retourner en Turquie, elle a demandé l'asile en Bulgarie. Le juge bulgare, saisi de l'affaire, a décidé de poser des questions à la Cour de justice.

La Cour opère une grande avancée pour les femmes qui demandent l'asile. Selon elle, les textes européens doivent être interprétés dans le respect des conventions internationales relatives à la lutte contre les violences faites aux femmes telles que la convention sur l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes (dite « CEDEF ») et la « Convention d'Istanbul ».

Or, la Convention d'Istanbul stipule que la violence à l'égard des femmes fondée sur le genre doit être reconnue comme une forme de persécution permettant l'octroi du statut de réfugié. La Cour relève par ailleurs que le fait d'être de sexe féminin constitue une caractéristique innée et que « il y a lieu de relever, en particulier, que le fait pour des femmes de s'être soustraites à un mariage forcé ou, pour des femmes mariées, d'avoir quitté leurs foyers, peut être considéré comme une « histoire commune qui ne peut être modifiée ».

La Cour indique par ailleurs que les femmes, dans leur ensemble, peuvent être regardées comme appartenant à un groupe social selon la Convention de Genève et bénéficier du statut de réfugié lorsqu'elles sont persécutées en raison de leur genre. C'est le cas si, dans leur pays d'origine, elles sont exposées, en raison de leur sexe, à des violences physiques ou psychologiques, y compris des violences sexuelles et domestiques. Jusqu'à présent, les femmes devaient démontrer appartenir à des groupes sociaux créés par la jurisprudence en France (personnes victimes de la traite des êtres humains, fillettes et jeunes filles risquant l'excision, personnes persécutées du fait de leur orientation sexuelle ou identité de genre, etc.)

Avec cette nouvelle analyse de la CJUE, les femmes victimes de violences et risquant le féminicide ou d'autres formes de violences devraient pouvoir prétendre à l'octroi d'une protection du seul fait d'être une femme, même en l'absence d'autre motif de persécution.

Les instances de l'asile doivent dès maintenant se saisir de cette décision pour accorder une protection aux femmes qui subissent des actes de persécution y compris des pratiques discriminatoires systématiques. Cette décision pourrait également permettre une harmonisation des protections accordées au niveau européen aux femmes victimes de persécutions parce qu'elles sont des femmes. Nos associations resteront particulièrement vigilantes sur l'interprétation qui sera faite de cet arrêt en France et veilleront au respect des droits et l'amélioration de la protection des femmes exilées.

1er février 2024

Signataires :
Les associations du réseau ADFEM (Actions et droit des femmes exilées et migrantes [1])
ARDHIS (Association pour la reconnaissance des droits des personnes homosexuelles et trans à l'immigration et au séjour)
Centre Primo Levi
GAS (Groupe accueil et solidarité)

[1] La Cimade, Comede (Comité pour la santé des exilés), FASTI (Fédération des associations de solidarité avec tou·te·s les immigré·e·s), Femmes de la Terre, Fédération nationale des CIDFF, FNSF (Fédération nationale solidarité femmes), GISTI (Groupe d'information et de soutien des immigré·e·s), LFID (Ligue des femmes iraniennes pour la démocratie), RAJFIRE (Réseau pour l'autonomie des femmes immigrées et réfugiées)

http://www.gisti.org/spip.php?article7171
https://www.lacimade.org/presse/droit-dasile-enfin-la-reconnaissance-du-groupe-social-des-femmes/

*****

Abonnez-vous à notre lettre hebdomadaire - pour recevoir tous les liens permettant d'avoir accès aux articles publiés chaque semaine.

Chaque semaine, PTAG publie de nouveaux articles dans ses différentes rubriques (économie, environnement, politique, mouvements sociaux, actualités internationales ...). La lettre hebdomadaire vous fait parvenir par courriel les liens qui vous permettent d'avoir accès à ces articles.

Remplir le formulaire ci-dessous et cliquez sur ce bouton pour vous abonner à la lettre de PTAG :

Abonnez-vous à la lettre

Type your email…

Oui à l’inscription du droit à l’IVG dans la constitution mais de façon réellement protectrice !

6 février 2024, par collectif « Avortement Europe : les femmes décident » — , ,
Le 24 janvier prochain le projet de loi constitutionnelle « relatif à la liberté de recourir à une interruption volontaire de grossesse » doit passer en première lecture à (…)

Le 24 janvier prochain le projet de loi constitutionnelle « relatif à la liberté de recourir à une interruption volontaire de grossesse » doit passer en première lecture à l'Assemblée nationale.

Tiré de Entre les lignes et les mots
https://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2024/01/26/oui-a-linscription-du-droit-a-livg-dans-la-constitution-mais-de-facon-reellement-protectrice/

Les féministes demandent depuis bien longtemps l'inscription du droit à l'IVG dans la Constitution française et, en sus, dans la Charte européenne des droits fondamentaux. Nous nous féliciterons de cette inscription. Après les attaques contre le droit à l'IVG dans de nombreux pays, elle doit établir une protection de ce droit qui peut s'avérer très fragile dans certaines circonstances politiques.

Qu'en est-il de la protection qui nous est proposée au travers du texte gouvernemental ?

Le texte qui sera soumis au vote des deux chambres et du congrès, reprenant à quatre mots près le texte voté au Sénat le 1er février 2023, stipule : « La loi détermine les conditions dans lesquelles s'exerce la liberté garantie à la femme d'avoir recours à une interruption volontaire de grossesse. » Nous dénonçons depuis longtemps le glissement sémantique partant de l'inscription d'un droit dans la Constitution vers l'exercice de la liberté déterminée par la loi, même si l'avis du Conseil d'Etat en date du 16 décembre dernier considère que « la consécration d'un droit à recourir à l'interruption volontaire de grossesse n'aurait pas une portée différente de la proclamation d'une liberté ».

Bien plus, ce futur alinéa 14 de l'article 34 de la Constitution (qui explicite ce qui relève de la loi) énonce qu'il y aura obligatoirement une loi sur le droit à l'avortement mais il ne garantit pas ce que sera le contenu de cette loi. Les régressions du droit à l'IVG par modification de la loi ou de textes réglementaires seront possibles, les moyens pour l'application de ce droit pourront être restreints. Un déremboursement ou une diminution des délais serait par exemple plausible par le biais d'une loi ordinaire.

La formulation de l'Assemblée nationale votée le 24 novembre 2022 édictait : « La loi garantit l'effectivité et l'égal accès au droit à l'interruption volontaire de grossesse. »

Elle nous semble bien plus protectrice et surtout elle aurait été placée à l'article 66 de la Constitution (qui protège les libertés individuelles contre l'arbitraire), dont elle aurait constitué l'alinéa 2, ce qui l'aurait située au même niveau que l'interdiction de la peine de mort. Le droit à l'avortement est un droit fondamental. Les droits des femmes sont fondamentaux pour toute démocratie.

Le contexte politique actuel est marqué par une très forte poussée de l'extrême droite en France et à l'international. Plusieurs événements récents concernant le droit à l'avortement nous alertent.

La loi Gaillot du 2 mars 2022, « visant à renforcer le droit à l'avortement », élargit les compétences des sages femmes à la pratique des IVG instrumentales en établissements de santé, favorisant ainsi l'accès aux soins et le choix des femmes aux différentes techniques. Mais le décret d'application, publié au JO le 17 décembre 2023 (près de deux ans après !), vient contredire la loi car les conditions faites aux sages-femmes, imposant la présence de quatre médecins, leur interdit quasiment tout pratique et pourrait remettre en question celle des médecins en centres de santé et même dans certains établissements hospitaliers.

Le 5 janvier 2024, l'ancienne éphémère ministre de la Santé par intérim, Agnès Firmin Le Bodo, visitait l'institut Jérôme Lejeune, lié à la fondation Jérôme Lejeune, fer de lance, entre autres, du combat contre le droit à l'avortement. Elle allait jusqu'à les féliciter pour leur action.

Dernier événement : lors de sa conférence de presse du 16 janvier 2024, le président Macron annonce sa volonté que son gouvernement mène une politique nataliste.

Ces événements sont de très mauvais signaux pour la défense du droit à l'avortement et pour les droits des femmes en général.

En outre, la nomination de Catherine Vautrin, manifestante contre le mariage homosexuel avec la manif pour tous, opposante en 2017 au vote du délit d'entrave numérique à l'IVG, au ministère du Travail, de la Santé et des Solidarités n'est pas pour nous rassurer.

Nous serons très vigilantes et continuerons à nous mobiliser pour toutes les solidarités. Nous refusons ces dérives anti démocratiques alignées sur l'extrême droite.

A la veille des élections européennes, l'inscription protectrice du droit à l'avortement et son effectivité dans la Constitution française et dans la Charte européenne des droits fondamentaux doit rester une priorité pour les droits des femmes.

Le collectif Avortement en Europe, les femmes décident
Paris, le 24 janvier 2024
https://www.ldh-france.org/oui-a-linscription-du-droit-a-livg-dans-la-constitution-mais-de-facon-reellement-protectrice/

*****

Abonnez-vous à notre lettre hebdomadaire - pour recevoir tous les liens permettant d'avoir accès aux articles publiés chaque semaine.

Chaque semaine, PTAG publie de nouveaux articles dans ses différentes rubriques (économie, environnement, politique, mouvements sociaux, actualités internationales ...). La lettre hebdomadaire vous fait parvenir par courriel les liens qui vous permettent d'avoir accès à ces articles.

Remplir le formulaire ci-dessous et cliquez sur ce bouton pour vous abonner à la lettre de PTAG :

Abonnez-vous à la lettre

Adriana Vieira : « Les solutions à la crise climatique sont dans les territoires »

6 février 2024, par Adriana Vieira, Bianca Pessoa — , ,
Une militante de la MMF au Brésil parle de l'exploitation capitaliste de la nature et des solutions féministes à la crise climatique Tiré de Capiré (…)

Une militante de la MMF au Brésil parle de l'exploitation capitaliste de la nature et des solutions féministes à la crise climatique

Tiré de Capiré
https://capiremov.org/fr/entrevue/adriana-vieira-les-solutions-a-la-crise-climatique-sont-dans-les-territoires/
17/01/2024 |
Interview réalisée par Bianca Pessoa

Adriana Vieira est membre de la Marche Mondiale des Femmes à Rio Grande do Norte, au Brésil. Elle a commencé son activisme dans la communauté rurale où elle vivait, dans la ville de Baraúna, en participant aux activités du Conseil communautaire : « J'ai commencé à participer à un groupe de jeunes qui organisaient la bibliothèque de l'école et, plus tard, à participer à l'union rurale. À partir du travail au syndicat, nous avons commencé à participer à la commission des femmes. C'était au moment de la mobilisation pour la première action internationale de la Marche en 2000. » Adriana a participé à toutes les actions depuis lors : « ma trajectoire de lutte est bien mélangée à celle de la Marche Mondiale des Femmes ».

Au cours de l'interview, Adriana parle de l'exploitation capitaliste de la nature, des impacts de cette exploitation sur la vie des femmes et des nombreuses stratégies des femmes pour défendre leurs territoires et leur biodiversité. Vous pouvez écouter l'interview dans son intégralité en portugais ci-dessous :

Comment voyez-vous la crise climatique au Brésil aujourd'hui, compte tenu des revers des six dernières années de coup d'État et de gouvernements d'extrême droite ? Que faut-il pour changer la relation prédatrice avec la nature ?

En fait, ce que nous voyons, ce sont des nomenclatures — « crise climatique », « crise environnementale », « urgence climatique » — pour quelque chose que nous devrions donner d'autres noms : exploitation du capitalisme, exploitation de la nature et exploitation de la vie et des biens communs. En d'autres termes, il est beaucoup plus compréhensible de comprendre ce que signifie cette crise climatique. Cela a à voir avec une crise du capitalisme, qui a besoin de profiter davantage, il a donc besoin de créer des noms et même de créer les crises elles-mêmes.

Au Brésil, au cours des six dernières années, il y a eu une très grande cession de la nature, avec une privatisation des biens communs, qu'il s'agisse de la forêt, de l'eau — y compris celles qui sont souterraines — et des services d'eau et d'énergie. L'énergie solaire et éolienne est considérée comme une énergie propre, renouvelable et écologique, mais si nous allons la considérer du point de vue de la vie des personnes qui se trouvent sur les territoires où elles sont déployées, ce n'est rien de tel. Certaines installations représentent la mort de la biodiversité locale. C'est aussi une destruction de la culture et des connaissances, car il y a une expulsion des populations de ces lieux, y compris avec beaucoup de militarisation. Les gens ne peuvent pas se déplacer librement, ils ne peuvent pas élever des poulets, ils ne peuvent pas élever des moutons. Il y a une très grande destruction dans l'environnement, en particulier dans les environs où ces énergies peintes en vert sont installées.

D'autres problèmes liés au climat sont, par exemple, la création de parcs de conservation, qui perturbent souvent aussi la vie locale. Pendant longtemps, les populations traditionnelles, autochtones, quilombola, riveraines et agricoles familiales ont pris soin de la nature. Même avec la destruction impulsée par le capitalisme, la nature n'est maintenue telle qu'elle est maintenue que parce qu'il y a un très grand soin apporté par ces populations. Elles prennent soin du sol quand elles vont chercher les graines, s'inquiétant de ne pas les prendre toutes, laissant un peu de graines car la forêt a besoin de rajeunir, elle a besoin de renaître. Lorsqu'elles vont chercher le miel des abeilles, les femmes n'emportent pas tout, car elles considèrent que les abeilles ont besoin de se nourrir, et qu'il est important pour elles de perpétuer la biodiversité locale — y compris, à certains endroits, de replanter des plantes que l'énergie éolienne a détruit. Dans certaines plantations de caatinga, les femmes replantent pour que les abeilles puissent polliniser et augmenter la production de miel. Il ne s'agit pas seulement de nourrir les femmes, d'obtenir le miel pour soi-même, mais de garder les abeilles en vie.

Qu'ont enseigné les femmes populaires des mouvements et des territoires sur la coexistence avec la nature et la nécessité d'une transition juste ?

Récemment, nous sommes allées faire une activité dans un groupe de femmes apicultrices, là-bas à Baraúna, qui est ma ville, et nous avons commencé à parler de l'histoire des femmes et des groupes, et aussi de l'histoire des abeilles. Nous avons vu qu'il y a une très grande analogie entre la lutte et la vie des femmes et la vie des abeilles. L'un des compagnes dit que nous sommes comme des abeilles : si l'on dérange une, on dérange toutes. Dans cette analogie, il y a aussi un antagonisme qui est complémentaire, car les abeilles n'aiment pas le bruit, le « vacarme » les rend désorganisées au travail, car elles ont leur propre langage. Les abeilles ont donc besoin de silence pour travailler et maintenir la biodiversité. Nous, les femmes, d'un autre côté, avons besoin de bruit et d'agitation pour que la vie continue, pour nous garder en vie. Nous, les femmes, devons toujours être alertes, toujours bruyantes, toujours faire entendre notre voix.

Nous faisons partie de cette biodiversité et, par conséquent, il est très important que nous restions en vie, protégées de la violence patriarcale et aussi de la violence du capitalisme, qui nous expulse, nous tue, nous impose une charge de travail domestique si importante qu'elle gâche notre santé et raccourcit notre vie.

La nature a la capacité de nous apprendre, que ce soit des abeilles, que ce soit d'une plante, le temps qui se ferme, le soleil qui se lève plus tôt. Il y a aussi la capacité que nous, les femmes, développons en observant la nature et en apprenant d'elle. Cet apprentissage crée une possibilité de prendre soin de la nature, car la nature et la biodiversité prennent soin de nous.

Il existe plusieurs initiatives institutionnelles internationales qui promeuvent de fausses solutions pour le climat et garantissent le protagonisme des grandes entreprises. Comment faire face à cette situation ? Si ce n'est pas de cette façon, alors de quelle manière ?

Nous, dans les mouvements, ne tomberons pas dans cette erreur de croire que les solutions sont dans les grandes entreprises. Il est de notre devoir de faire comprendre à la société que la solution à cette crise climatique ne réside pas dans les grandes entreprises, l'agro-industrie ou le capitalisme. Nous voyons des catastrophes majeures liées à la présence de ces entreprises dans divers endroits : à Brumadinho, à Alagoas, dans le nord-est avec l'énergie éolienne. Les grandes entreprises détruisent parce qu'elles n'habitent pas sur place, elles ne s'inquiètent pas si elles ne vont pas bien respirer, si le bruit de la tour éolienne va vous déranger quand vous allez dormir, ou si la lumière ne va pas vous permettre de vous concentrer.

Les solutions se trouvent en fait dans les territoires, soit avec les femmes qui y produisent du miel à Baraúna, à Mossoró, soit avec les femmes qui organisent les cuisines communautaires – ce qui implique toute la question du jardin communautaire, de la plantation de l'agriculture familiale pour se nourrir, tout en socialisant le travail de soin. Pour nous à la Marche Mondiale des Femmes, la solution est de se concentrer sur les territoires.

Avec quels agendas et stratégies féministes devrions-nous entrer dans 2024 ? Comment pouvons-nous renforcer le féminisme populaire, la justice environnementale et la souveraineté alimentaire dans notre région et dans le monde ?

Nous devons examiner ce que nous avons construit sur la Marche des Margaridas au cours des deux dernières années. Nous avons construit un excellent processus à partir des territoires. Les femmes se sont penchées sur leurs territoires, réalisant ce que signifie vivre sans violence, ce que signifie avoir la souveraineté alimentaire — qu'il ne s'agit pas seulement de sécurité alimentaire, ce n'est pas seulement le droit de manger, mais c'est même le droit de choisir quoi manger et le droit de choisir de manger sans poison. Si nous regardons quel est le programme de la Marche des Margaridas, nous avons un bon indicatif non seulement pour 2024, mais à long terme. Nous discutons de la souveraineté alimentaire, de la protection des territoires contre les énergies renouvelables, de l'exploitation minière, de l'imposition de crédits carbone qui finissent par installer des parcs de conservation qui sont des musées d'arbres pour l'appropriation du carbone. Les femmes ont les réponses qu'elles ont elles-mêmes construites et discutées dans les 27 États du Brésil.

Ce programme indique également des reproductions possibles de ces idées et inspirations dans le monde. Nous avons, par exemple, une production plus proche de chez nous, non pas parce que les femmes doivent s'occuper du travail domestique et en même temps de la production, mais parce que beaucoup n'ont pas de terre à planter sans être autour de la maison. Cette politique d'arrière-cours productives ici au Brésil est une bonne politique à mettre en œuvre dans d'autres endroits où il n'y a pas une grande étendue de terres. Il y a aussi le programme de semences créoles, dont nous nous occupons pour qu'elles s'adaptent au sol et restent vivantes tout au long des cultures.

D'un point de vue économique, certaines initiatives d'approvisionnement des gouvernements locaux qui favorisent l'agroécologie et qui privilégient l'agriculture familiale peuvent être une bonne inspiration pour d'autres endroits dans le monde. Partout, les gouvernements doivent acheter, et il y a de l'agriculture familiale et de l'agroécologie partout aussi. Relier cette demande du gouvernement à ce qui est fait depuis les territoires est un bon programme, qui construit la possibilité d'une bonne vie, de la durabilité de la vie à partir de l'alimentation et de l'agroécologie, et qui doit également être lié au débat sur la protection des femmes contre la violence du capital et du patriarcat.

*****

Abonnez-vous à notre lettre hebdomadaire - pour recevoir tous les liens permettant d'avoir accès aux articles publiés chaque semaine.

Chaque semaine, PTAG publie de nouveaux articles dans ses différentes rubriques (économie, environnement, politique, mouvements sociaux, actualités internationales ...). La lettre hebdomadaire vous fait parvenir par courriel les liens qui vous permettent d'avoir accès à ces articles.

Remplir le formulaire ci-dessous et cliquez sur ce bouton pour vous abonner à la lettre de PTAG :

Abonnez-vous à la lettre

Faisons du sexisme de l’histoire ancienne

Pour la journée nationale officielle contre le sexisme, le Haut Conseil à l'égalité entre les femmes et les hommes (HCE) publie son 6ème rapport annuel sur l'état du sexisme en (…)

Pour la journée nationale officielle contre le sexisme, le Haut Conseil à l'égalité entre les femmes et les hommes (HCE) publie son 6ème rapport annuel sur l'état du sexisme en France et lance une nouvelle campagne de sensibilisation : « Faisons du sexisme de l'histoire ancienne ».

Tiré de Entre les lignes et les mots

70% des femmes estiment ne pas avoir reçu le même traitement que leurs frères dans la vie de famille, près de la moitié des 25-34 ans pense que c'est également le cas à l'école et 92% des vidéos pour enfants contiennent des stéréotypes genrés.

Parallèlement à la publication du rapport annuel, le Haut Conseil à l'égalité entre les femmes et les hommes lance une nouvelle campagne de sensibilisation : « Faisons du sexisme de l'histoire ancienne ».

L'objectif est de sensibiliser l'opinion publique et les pouvoirs publics à la nécessité de lutter contre le sexisme.

Télécharger le rapport 2024 :rapport-hce

https://amicaledunid.org/actualites/le-haut-conseil-a-legalite-entre-les-femmes-et-les-hommes-hce-publie-son-6eme-rapport-annuel-sur-letat-du-sexisme-en-france/

*****

Abonnez-vous à notre lettre hebdomadaire - pour recevoir tous les liens permettant d'avoir accès aux articles publiés chaque semaine.

Chaque semaine, PTAG publie de nouveaux articles dans ses différentes rubriques (économie, environnement, politique, mouvements sociaux, actualités internationales ...). La lettre hebdomadaire vous fait parvenir par courriel les liens qui vous permettent d'avoir accès à ces articles.

Remplir le formulaire ci-dessous et cliquez sur ce bouton pour vous abonner à la lettre de PTAG :

Abonnez-vous à la lettre

Les démocraties à l’épreuve de l’intelligence artificielle

6 février 2024, par Claire Carrard — ,
Chaque semaine, “Courrier international” explique ses choix éditoriaux. Près de 3,7 milliards de personnes sont appelées aux urnes cette année. Dans ce numéro, nous revenons (…)

Chaque semaine, “Courrier international” explique ses choix éditoriaux. Près de 3,7 milliards de personnes sont appelées aux urnes cette année. Dans ce numéro, nous revenons sur les risques qui pèsent sur les élections organisées partout dans le monde en 2024. Vidéos truquées, images manipulées, faux enregistrements… Les deepfakes sont désormais accessibles à tous et pourraient déstabiliser les régimes démocratiques en influençant les votes, s'inquiète la presse étrangère.

32 janvier 2024 | tiré du Courrier international

Un faux enregistrement de Joe Biden appelant les électeurs à ne pas aller voter lors de la primaire du New Hampshire le 23 janvier aux États-Unis ; l'ex-dictateur Suharto ressuscité le temps d'une vidéo pour appeler à voter pour son parti, le Golkar, lors des élections générales du 14 février en Indonésie ; un ministre indien en exercice appelant à voter contre le gouvernement, là encore dans une vidéo contrefaite…

En 2024, la liste des tentatives de manipulation de l'opinion risque de s'allonger chaque jour un peu plus. Près de la moitié de la population mondiale est en effet appelée à voter, soit 3,7 milliards de personnes dans 70 pays, selon le décompte du magazine Foreign Policy, parmi lesquels le plus peuplé (l'Inde), le plus grand bloc commercial (l'Union européenne), le plus grand pays musulman (l'Indonésie), le plus grand pays hispanophone (le Mexique) et la plus grande puissance du monde (les États-Unis).

En 2016, année du Brexit et de l'élection de Donald Trump aux États-Unis, il avait déjà été fortement question de désinformation et d'influence des réseaux sociaux (avec les fermes de trolls russes, notamment) dans les campagnes électorales. Cette fois, les possibilités de manipulation sont démultipliées en raison du développement accéléré de l'intelligence artificielle générative, explique le Financial Times dans l'article qui ouvre notre dossier.

Lire aussi : Élections. IA et désinformation, le cocktail explosif à l'assaut de nos démocraties

“Jusqu'à cette année, les répercussions de l'IA sur les élections suscitaient des inquiétudes exagérées. Mais à présent les choses s'emballent à une vitesse que ¬personne n'aurait imaginée”, explique un expert au quotidien britannique. Pour son article, très complet, Hannah Murphy a interrogé de nombreux experts – en intelligence artificielle, en désinformation –, des responsables d'ONG…, et ses conclusions font frémir.

Pourquoi ? Parce que la manipulation est désormais à la portée de tous. “L'avènement de l'IA générative, écrit la journaliste, avec ses outils multimodaux qui mêlent texte, image, audio et vidéo, change radicalement la donne : il est aujourd'hui à la portée du premier venu, ou presque, de créer de faux contenus et de les faire passer pour vrais.”

Lire aussi : Élections. Au Danemark, un parti politique entièrement piloté par une intelligence artificielle

Et cela alors que les contre-feux technologiques, éthiques et juridiques sont loin d'être au point. En décembre, l'Union européenne avait pourtant marqué les esprits dans sa volonté d'encadrer l'intelligence artificielle : le Parlement européen et le Conseil de l'UE étaient parvenus à s'accorder sur l'AI Act, un texte jugé par The Washington Post comme “le plus ambitieux du monde”.

Vendredi 2 février, les pays membres de l'UE doivent se prononcer sur la ratification du texte. Mais tout porte à croire qu'elle sera retardée, et son application pas envisagée avant 2026. Un constat d'impuissance, selon The New York Times, pour qui “les législateurs et les autorités de régulation à Bruxelles, à Washington et ailleurs sont en train de perdre la bataille pour réglementer l'IA”, car ils ne parviennent pas à suivre l'évolution rapide de la technologie.

Lire aussi : Régulation. L'Europe fait sa loi pour tenter d'exister dans le domaine de l'IA

Les plateformes sociales sont elles aussi dépassées Sous pression, et sommés par les autorités de mettre en place des garde-fous pour lutter contre les deepfakes, Facebook, YouTube, TikTok, X (anciennement Twitter) et consorts “sont souvent moins bien armés que lors des précédentes grandes élections”, explique encore le Financial Times, notamment pour des raisons économiques (avec des réductions des coûts un peu partout dans les équipes chargées de la sécurité et de la modération). Mais pas seulement. Aujourd'hui, “la vérification des contenus et la lutte contre la désinformation se politisent”. Alimentant encore la défiance des citoyens envers les institutions.

À la veille d'une année électorale particulièrement chargée, il nous paraissait important d'apporter un éclairage sur des pratiques que l'on risque de retrouver dans les mois à venir et qui pourraient largement influencer les résultats, brouillant un peu plus le jeu démocratique. “Il existe une lueur d'espoir, veut pourtant croire Hannah Murphy : cette crise pourrait pousser les électeurs à se détourner des réseaux sociaux pour, de nouveau, aller chercher leurs informations auprès des institutions traditionnelles.”

*****

Abonnez-vous à notre lettre hebdomadaire - pour recevoir tous les liens permettant d'avoir accès aux articles publiés chaque semaine.

Chaque semaine, PTAG publie de nouveaux articles dans ses différentes rubriques (économie, environnement, politique, mouvements sociaux, actualités internationales ...). La lettre hebdomadaire vous fait parvenir par courriel les liens qui vous permettent d'avoir accès à ces articles.

Remplir le formulaire ci-dessous et cliquez sur ce bouton pour vous abonner à la lettre de PTAG :

Abonnez-vous à la lettre

Membres