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Les Montréalaises descendent dans la rue le 8 mars 2024, Journée internationale des droits des femmes, cette année sous le thème " Paix juste, égalité et libération maintenant ! "

12 mars 2024, par Collectif Femmes de diverses origines — , ,
Comme elles le font depuis deux décennies, les membres du collectif Femmes de diverses origines/Women of Diverse Origins, invite toutes les femmes, ami.es et allié.es à se (…)

Comme elles le font depuis deux décennies, les membres du collectif Femmes de diverses origines/Women of Diverse Origins, invite toutes les femmes, ami.es et allié.es à se rassembler et à marcher ensemble ce vendredi soir, à partir de 17h30 au départ du square Dorchester.

Il s'agira d'une marche de protestation et de célébration. Nous souhaitons marquer ensemble les victoires remportées sur le long chemin vers l'égalité des sexes. Nous souhaitons aussi rappeler tout le travail qu'il reste à accomplir, collectivement, pour y parvenir. Nous marchons pour nous-mêmes, nos familles, nos communautés, nos enfants et nos petits-enfants.

Chaque année nous rappelons que nous sommes conscientes que nous sommes sur des terres autochtones, où les femmes et les filles autochtones ne sont pas en sécurité, à ce jour.

En 2024, nous marcherons dans un contexte de crise économique très dure. Au Québec, il y a à peine quelques mois, un demi-million de Québécoi.es, exerçant des professions dominées par les femmes, ont mené.es une grève importante parce que des droits fondamentaux comme l'alimentation, le logement, les soins de santé et
l'éducation sont menacés. De son côté, le gouvernement québécois était davantage préoccupé par la mise en oeuvre de la loi 21 interdisant les signes religieux. Cette loi 21 a incontestablement un impact négatif sur les femmes, les poussant à rester la maison et à la dépendance économique.

Nous sommes également préoccupées cette année par l'augmentation alarmante des féminicides et de la violence transphobe.

Au niveau international, la situation actuelle en Palestine a permis de mettre la lumière sur plus de 75 ans de colonialisme et d'occupation. Les rues montréalaises ont répondu aux appels de plus en plus nombreux lancés dans le monde entier, en faveur d'un cessez-le-feu immédiat et d'une paix juste.

Les personnes migrantes, qui contribuent au bienêtre de tous les Québécois et Québécoises, et qui ont été reconnu.es comme des "anges gardiens" pendant la pandémie du COVID, poursuivent leur lutte pour une régularisation de leur statut migratoire et pour la reconnaissance et l'égalité.

Autour du monde, des nuages de guerre s'amoncèlent, rappelant de manière inquiétante la veille de l'éclatement des deux guerres mondiales. Les grandes puissances ne consultent pas les personnes directement concernées,
qui constitueront la majorité des victimes et des dommages collatéraux. Les immenses dépenses financières utilisées pour l'armement pourraient permettre aux populations de se nourrir, de se loger, de se soigner et de s'éduquer. Le Canada doit se retirer de ces alliances militaires.

Pour toutes ces raisons et bien d'autres encore, nous invitons les Montréalaiseses, Montréalais, et les Québécoises et Québécois à se joindre à nous, en famille, pour une marche de solidarité féministe ce vendredi 8 mars.

Vendredi 8 mars

Rassemblement 17h30 - Square Dorchester (Peel et René Lévesque)

Manifestation 18h

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8 mars : Journée international des droits des femmes

12 mars 2024, par 𝐑𝐨𝐲𝐬𝐞 𝐇𝐞𝐧𝐝𝐞𝐫𝐬𝐨𝐧, Commission nationale des femmes de Québec Solidaire — , ,
𝐍𝐨𝐮𝐬, 𝐥𝐞𝐬 𝐟𝐞𝐦𝐦𝐞𝐬, 𝐞𝐧 𝐚𝐯𝐨𝐧𝐬 𝐚𝐬𝐬𝐞𝐳 𝐝𝐞𝐬 𝐚𝐭𝐭𝐚𝐪𝐮𝐞𝐬 à 𝐧𝐨𝐬 𝐝𝐫𝐨𝐢𝐭𝐬 𝐟𝐨𝐧𝐝𝐚𝐦𝐞𝐧𝐭𝐚𝐮𝐱 𝐞𝐭 𝐡𝐮𝐦𝐚𝐢𝐧𝐬 𝐮𝐧 𝐩𝐞𝐮 𝐩𝐚𝐫𝐭𝐨𝐮𝐭 𝐬𝐮𝐫 𝐥𝐚 𝐩𝐥𝐚𝐧è𝐭𝐞. Ç𝐚 𝐠𝐫𝐨𝐧𝐝𝐞 𝐜𝐨𝐧𝐭𝐫𝐞 𝐥𝐞𝐬 𝐯𝐢𝐨𝐥𝐞𝐧𝐜𝐞𝐬 𝐟𝐚𝐢𝐭𝐞𝐬 𝐚𝐮𝐱 𝐟𝐞𝐦𝐦𝐞𝐬. 𝐐𝐮𝐞 𝐜𝐞 (…)

𝐍𝐨𝐮𝐬, 𝐥𝐞𝐬 𝐟𝐞𝐦𝐦𝐞𝐬, 𝐞𝐧 𝐚𝐯𝐨𝐧𝐬 𝐚𝐬𝐬𝐞𝐳 𝐝𝐞𝐬 𝐚𝐭𝐭𝐚𝐪𝐮𝐞𝐬 à 𝐧𝐨𝐬 𝐝𝐫𝐨𝐢𝐭𝐬 𝐟𝐨𝐧𝐝𝐚𝐦𝐞𝐧𝐭𝐚𝐮𝐱 𝐞𝐭 𝐡𝐮𝐦𝐚𝐢𝐧𝐬 𝐮𝐧 𝐩𝐞𝐮 𝐩𝐚𝐫𝐭𝐨𝐮𝐭 𝐬𝐮𝐫 𝐥𝐚 𝐩𝐥𝐚𝐧è𝐭𝐞.

Ç𝐚 𝐠𝐫𝐨𝐧𝐝𝐞 𝐜𝐨𝐧𝐭𝐫𝐞 𝐥𝐞𝐬 𝐯𝐢𝐨𝐥𝐞𝐧𝐜𝐞𝐬 𝐟𝐚𝐢𝐭𝐞𝐬 𝐚𝐮𝐱 𝐟𝐞𝐦𝐦𝐞𝐬. 𝐐𝐮𝐞 𝐜𝐞 𝐬𝐨𝐢𝐭 à 𝐆𝐚𝐳𝐚, 𝐞𝐧 𝐈𝐫𝐚𝐧, 𝐞𝐧 𝐀𝐟𝐠𝐡𝐚𝐧𝐢𝐬𝐭𝐚𝐧, 𝐚𝐮 𝐌𝐞𝐱𝐢𝐪𝐮𝐞, 𝐨𝐮 𝐚𝐢𝐥𝐥𝐞𝐮𝐫𝐬 𝐝𝐚𝐧𝐬 𝐥𝐞 𝐦𝐨𝐧𝐝𝐞. 𝐀𝐮 𝐐𝐮é𝐛𝐞𝐜, ç𝐚 𝐠𝐫𝐨𝐧𝐝𝐞 𝐜𝐨𝐧𝐭𝐫𝐞 𝐥𝐞𝐬 𝐟é𝐦𝐢𝐧𝐢𝐜𝐢𝐝𝐞𝐬 𝐩𝐞𝐫𝐩é𝐭𝐫é𝐬 𝐜𝐡𝐚𝐪𝐮𝐞 𝐬𝐞𝐦𝐚𝐢𝐧𝐞.

Ç𝐚 𝐠𝐫𝐨𝐧𝐝𝐞 𝐜𝐨𝐧𝐭𝐫𝐞 𝐥𝐞𝐬 𝐝𝐢𝐯𝐞𝐫𝐬𝐞𝐬 𝐟𝐨𝐫𝐦𝐞𝐬 𝐝𝐞 𝐯𝐢𝐨𝐥𝐞𝐧𝐜𝐞𝐬 𝐬𝐮𝐛𝐢𝐞𝐬 𝐩𝐚𝐫 𝐥𝐞𝐬 𝐟𝐞𝐦𝐦𝐞𝐬 𝐝𝐚𝐧𝐬 𝐥𝐞 𝐦𝐨𝐧𝐝𝐞 𝐩𝐨𝐥𝐢𝐭𝐢𝐪𝐮𝐞, 𝐧𝐨𝐭𝐚𝐦𝐦𝐞𝐧𝐭 𝐚𝐮 𝐦𝐮𝐧𝐢𝐜𝐢𝐩𝐚𝐥.

Ç𝐚 𝐠𝐫𝐨𝐧𝐝𝐞 𝐩𝐚𝐫𝐜𝐞 𝐪𝐮𝐞 𝐥'𝐚𝐜𝐜è𝐬 à 𝐥'𝐚𝐯𝐨𝐫𝐭𝐞𝐦𝐞𝐧𝐭 𝐫𝐞𝐬𝐭𝐞 𝐞𝐧 𝐩é𝐫𝐢𝐥.

Ç𝐚 𝐠𝐫𝐨𝐧𝐝𝐞 𝐜𝐡𝐞𝐳 𝐥𝐞𝐬 𝐭𝐫𝐚𝐯𝐚𝐢𝐥𝐥𝐞𝐮𝐬𝐞𝐬 𝐝𝐞 𝐥'é𝐝𝐮𝐜𝐚𝐭𝐢𝐨𝐧, 𝐞𝐧 𝐫é𝐚𝐜𝐭𝐢𝐨𝐧 à 𝐥𝐚 𝐧𝐨𝐧-𝐫𝐞𝐜𝐨𝐧𝐧𝐚𝐢𝐬𝐬𝐚𝐧𝐜𝐞 𝐝𝐞 𝐥𝐞𝐮𝐫 𝐭𝐫𝐚𝐯𝐚𝐢𝐥 𝐬𝐢 𝐜𝐫𝐮𝐜𝐢𝐚𝐥 𝐩𝐨𝐮𝐫 𝐥'𝐚𝐯𝐞𝐧𝐢𝐫 𝐝𝐞 𝐧𝐨𝐭𝐫𝐞 𝐬𝐨𝐜𝐢é𝐭é.

Ç𝐚 𝐠𝐫𝐨𝐧𝐝𝐞 𝐚𝐮𝐬𝐬𝐢 𝐜𝐡𝐞𝐳 𝐥𝐞𝐬 𝐭𝐫𝐚𝐯𝐚𝐢𝐥𝐥𝐞𝐮𝐬𝐞𝐬 𝐝𝐞 𝐥𝐚 𝐬𝐚𝐧𝐭é, 𝐥𝐞𝐮𝐫 « 𝐯𝐨𝐜𝐚𝐭𝐢𝐨𝐧 » 𝐛𝐫𝐢𝐬é𝐞 𝐩𝐚𝐫 𝐥𝐞𝐬 𝐜𝐨𝐧𝐝𝐢𝐭𝐢𝐨𝐧𝐬 𝐝𝐞 𝐭𝐫𝐚𝐯𝐚𝐢𝐥 𝐝𝐞 𝐩𝐥𝐮𝐬 𝐞𝐧 𝐩𝐥𝐮𝐬 𝐢𝐧𝐭𝐨𝐥é𝐫𝐚𝐛𝐥𝐞𝐬 𝐚𝐥𝐨𝐫𝐬 𝐪𝐮'𝐞𝐥𝐥𝐞𝐬 𝐩𝐫𝐨𝐜𝐮𝐫𝐞𝐧𝐭 𝐝𝐞𝐬 𝐬𝐨𝐢𝐧𝐬 𝐚𝐮𝐱 𝐩𝐥𝐮𝐬 𝐟𝐫𝐚𝐠𝐢𝐥𝐞𝐬 𝐝𝐞 𝐥𝐚 𝐬𝐨𝐜𝐢é𝐭é.

Ç𝐚 𝐠𝐫𝐨𝐧𝐝𝐞 𝐝𝐚𝐧𝐬 𝐥𝐚 𝐫𝐮𝐞. 𝐂𝐞 𝐬𝐨𝐧𝐭 𝐥𝐞𝐬 𝐠𝐫𝐨𝐮𝐩𝐞𝐬 𝐝𝐞 𝐟𝐞𝐦𝐦𝐞𝐬 𝐞𝐭 𝐥𝐞𝐬 𝐠𝐫𝐨𝐮𝐩𝐞𝐬 𝐜𝐨𝐦𝐦𝐮𝐧𝐚𝐮𝐭𝐚𝐢𝐫𝐞𝐬 𝐝é𝐛𝐨𝐫𝐝é𝐬 𝐩𝐚𝐫 𝐥𝐞𝐬 𝐦𝐮𝐥𝐭𝐢𝐩𝐥𝐞𝐬 𝐭â𝐜𝐡𝐞𝐬 𝐝é𝐜𝐨𝐮𝐥𝐚𝐧𝐭 𝐝𝐮 𝐝é𝐬𝐞𝐧𝐠𝐚𝐠𝐞𝐦𝐞𝐧𝐭 𝐝𝐞 𝐥'É𝐭𝐚𝐭 𝐭𝐨𝐮𝐭 𝐞𝐧 é𝐭𝐚𝐧𝐭 𝐬𝐨𝐮𝐬-𝐟𝐢𝐧𝐚𝐧𝐜é𝐬.

Ç𝐚 𝐠𝐫𝐨𝐧𝐝𝐞 𝐟𝐚𝐜𝐞 à 𝐥𝐚 𝐦𝐨𝐧𝐭é𝐞 𝐝𝐞 𝐥'𝐞𝐱𝐭𝐫ê𝐦𝐞 𝐝𝐫𝐨𝐢𝐭𝐞 𝐮𝐧 𝐩𝐞𝐮 𝐩𝐚𝐫𝐭𝐨𝐮𝐭 𝐝𝐚𝐧𝐬 𝐥𝐞 𝐦𝐨𝐧𝐝𝐞 𝐪𝐮𝐢 𝐬𝐞 𝐫𝐚𝐩𝐩𝐫𝐨𝐜𝐡𝐞 à 𝐠𝐫𝐚𝐧𝐝 𝐩𝐚𝐬.

Ç𝐚 𝐠𝐫𝐨𝐧𝐝𝐞 𝐩𝐚𝐫𝐜𝐞 𝐪𝐮𝐞 𝐥𝐞 𝐥𝐨𝐠𝐞𝐦𝐞𝐧𝐭 𝐞𝐬𝐭 𝐝𝐞 𝐦𝐨𝐢𝐧𝐬 𝐞𝐧 𝐦𝐨𝐢𝐧𝐬 𝐚𝐜𝐜𝐞𝐬𝐬𝐢𝐛𝐥𝐞 𝐚𝐮𝐱 𝐩𝐞𝐫𝐬𝐨𝐧𝐧𝐞𝐬 𝐩𝐥𝐮𝐬 𝐝é𝐦𝐮𝐧𝐢𝐞𝐬 𝐞𝐭 𝐦ê𝐦𝐞 à 𝐜𝐞𝐥𝐥𝐞𝐬 𝐚𝐯𝐞𝐜 𝐩𝐥𝐮𝐬 𝐝𝐞 𝐫𝐞𝐯𝐞𝐧𝐮𝐬.

Ç𝐚 𝐠𝐫𝐨𝐧𝐝𝐞 ! 𝐂'𝐞𝐬𝐭 𝐧𝐨𝐭𝐫𝐞 𝐜𝐨𝐥è𝐫𝐞 𝐪𝐮𝐞 𝐯𝐨𝐮𝐬 𝐞𝐧𝐭𝐞𝐧𝐝𝐞𝐳. 𝐍𝐨𝐮𝐬 𝐬𝐨𝐦𝐦𝐞𝐬 𝐞𝐧 𝐦𝐚𝐫𝐜𝐡𝐞 𝐩𝐨𝐮𝐫 𝐜𝐡𝐚𝐧𝐠𝐞𝐫 𝐥𝐞 𝐦𝐨𝐧𝐝𝐞 !

𝐑𝐨𝐲𝐬𝐞 𝐇𝐞𝐧𝐝𝐞𝐫𝐬𝐨𝐧 𝐑𝐞𝐬𝐩𝐨𝐧𝐬𝐚𝐛𝐥𝐞 𝐝𝐞 𝐥𝐚 𝐂𝐨𝐦𝐦𝐢𝐬𝐬𝐢𝐨𝐧 𝐧𝐚𝐭𝐢𝐨𝐧𝐚𝐥𝐞 𝐝𝐞𝐬 𝐟𝐞𝐦𝐦𝐞𝐬 (𝐂𝐍𝐅)

𝐄𝐭 𝐥𝐞𝐬 𝐟𝐞𝐦𝐦𝐞𝐬 𝐝𝐞 𝐥𝐚 𝐂𝐍𝐅 𝐝𝐞 𝐐𝐮é𝐛𝐞𝐜 𝐬𝐨𝐥𝐢𝐝𝐚𝐢𝐫𝐞

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Présentation sur la réalité du 8 mars

12 mars 2024, par Emilia Castro — , ,

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Camille Bruneau - Une lecture féministe de la dette

À la veille de la journée internationale des luttes pour les droits des femmes, nous publions cette interview de Camille Bruneau, autrice de Nos vies valent plus que leurs (…)

À la veille de la journée internationale des luttes pour les droits des femmes, nous publions cette interview de Camille Bruneau, autrice de Nos vies valent plus que leurs crédits. Face aux dettes, des réponses féministes par Afrotopiques.

7 mars 2024 | Afrotopiques
https://www.cadtm.org/Camille-Bruneau-Une-lecture-feministe-de-la-dette

Cet épisode a été enregistré a distance, car Camille Bruneau vit en Belgique.

Dans cet entretien, on parle de dette, mais surtout de la réalité matérielle qui découle de ce système politique et économique, et de ses conséquences spécifiques dans la vie des personnes qui expérimentent la condition femme.

On commence l'analyse à partir de l'émergence du capitalisme, on s'arrête sur les dettes coloniales, pour arriver jusqu'aujourd'hui, au cœur des villes mondialisées qui fonctionnent grâce à la chaine globale du care.

Camille Bruneau nous explique comment l'Etat social y est notamment remplacé par la Mère Sociale.

Et elle nous montre aussi comment le féminisme permet de renverser la recevabilité, et propose un autre définition de l'économie et du politique : celle qui met la vie et le prendre soin au centre.

Merci aux sponsors de cette série : l'Ambassade de France au Sénégal et le CCFD Terre Solidaire.

Recherche documentaire, prise de son, réalisation et montage : Marie-Yemta Moussanang

Musique : Amal's game, de Hiba Elgizouli

Graphisme : Akakir Studio 🙏🏽💜

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Agence Santé Québec : Le SPGQ envisage de faire appel aux tribunaux

12 mars 2024, par Syndicat des professionnelLEs du gouvernement du Québec (SPGQ) — , ,
Québec, le 7 mars 2024 — Devant l'indifférence du ministre de la Santé et des Services sociaux (MSSS), Christian Dubé, et l'imminence des premiers transferts de personnel vers (…)

Québec, le 7 mars 2024 — Devant l'indifférence du ministre de la Santé et des Services sociaux (MSSS), Christian Dubé, et l'imminence des premiers transferts de personnel vers Santé Québec, le Syndicat de professionnelles et professionnels du gouvernement du Québec (SPGQ) envisage maintenant tous les recours possibles, y compris de faire appel aux tribunaux, pour faire valoir les droits de ses membres.

7 mars 2024 | SPGQ
https://spgq.qc.ca/2024/03/agence-sante-quebec-le-spgq-envisage-de-faire-appel-aux-tribunaux/

La demande de rencontre urgente faite au ministre le 15 février 2024 est restée lettre morte. « Nous avons reçu un accusé de réception standard, rien de plus. Visiblement, le ministre se moque du fait que son personnel professionnel ne veut pas être transféré sans le maintien de ses conditions de travail actuelles. Nous avons des discussions avec nos avocats actuellement afin de trouver la meilleure façon de défendre les droits de nos membres », indique Guillaume Bouvrette, président du SPGQ.

Rencontré par l'employeur la semaine dernière, le personnel n'a pas été rassuré par l'information offerte et il subsiste un flou important quant au sort de chacun. « Ce qui est clair, c'est que plusieurs de nos membres vont se retrouver hors taux et hors échelle. En effet, les salaires des professionnels et professionnelles sont plus élevés dans la fonction publique que dans le réseau de la santé. Cela signifie qu'ils vont recevoir la moitié des augmentations salariales prévues dans la convention collective du réseau de la santé et l'autre moitié en montants forfaitaires jusqu'à ce que leur salaire soit conforme à leur nouvelle convention. Cette situation a de répercussions négatives importantes sur leur progression salariale et le calcul des rentes de retraite », insiste M. Bouvrette.

Pourtant, une solution simple existe et elle fait consensus, tant auprès des membres que des partenaires syndicaux du SPGQ : permettre aux professionnelles et professionnels de conserver leur convention collective. « Selon un sondage auprès de nos membres, 63 % d'entre eux se disent prêt à aller travailler à Santé Québec s'ils conservent leur convention collective et leurs conditions de travail actuelles. Avec la convention collective du réseau de la santé, à peine 8 % d'entre eux ont l'intention de se porter volontaires. Nos membres veulent contribuer à la réforme, mais pas au détriment de leur progression salariale et de leur retraite », fait valoir M. Bouvrette.

Le SPGQ estime que 400 à 500 professionnelles et professionnelles du ministère de la Santé et des Services sociaux devraient être transférés à Santé Québec. Les premiers transferts devraient avoir lieu en juin, selon l'employeur. Seul le personnel ayant obtenu sa permanence après deux ans de service continu aura un droit de refus et de retour dans la fonction publique. En cas de refus, une personne professionnelle peut néanmoins être transférée malgré elle le temps qu'il y ait un autre poste pour elle dans la fonction publique.

À propos du SPGQ

Le SPGQ est le plus grand syndicat de personnel professionnel du Québec. Créé en 1968, il représente plus de 35 000 spécialistes, dont environ 26 000 dans la fonction publique, 6 000 à Revenu Québec et 3 000 répartis dans les secteurs de la santé, de l'enseignement supérieur et au sein de diverses sociétés d'État.

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Des projets de maisons d’hébergement stoppés – « Arrêtons de mélanger les pommes, les oranges et les bananes. Nous avons besoin d’un financement adapté »

12 mars 2024, par Alliance des maisons d'hébergement de 2e étape pour femmes et enfants victimes de violence conjugale, Fédération des maisons d'hébergement pour femme (FMHF), Regroupement des maisons pour femmes victimes de violence conjugale — , ,
C'est d'une seule voix que l'Alliance des maisons d'hébergement pour femmes et enfants victimes de violence conjugale (Alliance MH2), le Regroupement des maisons pour femmes (…)

C'est d'une seule voix que l'Alliance des maisons d'hébergement pour femmes et enfants victimes de violence conjugale (Alliance MH2), le Regroupement des maisons pour femmes victimes de violence conjugale ainsi que la Fédération des maisons d'hébergement pour femmes demandent au premier ministre François Legault de mettre fin à l'incohérence dans le financement des maisons d'hébergement.

« Notre premier ministre nous dit qu'on ne doit pas mélanger les pommes, les oranges et les bananes. On le prend au mot : nos maisons d'hébergement ont besoin d'un programme de financement adapté à leur réalité », affirme Maud Pontel, coordonnatrice générale de l'Alliance MH2.

Actuellement, la Société d'Habitation du Québec (SHQ) évalue les projets de maisons d'hébergement pour femmes avec les mêmes grilles que pour les projets de logements sociaux. « C'est inadéquat, illogique et incompréhensible », poursuit madame Pontel, « nos projets requièrent des éléments non négociables : sécurité accrue, lieux de vie communs et agiles (espaces d'hébergement et espaces d'intervention, accueil de femmes avec ou sans enfant, durabilité des aménagements, etc.). C'est indéniable que ça a un impact sur le coût des projets ».

Pour un programme adapté à la réalité des femmes

Nous souhaitons que le premier ministre — qui a démontré son engagement envers la lutte contre la violence faite aux femmes et les féminicides en 2021 — s'investisse dans le dossier et crée un programme de financement spécifique pour le développement immobilier des maisons d'hébergement. Le programme actuel, pas adapté, vient de forcer l'arrêt de projets en Abitibi-Témiscamingue (2), à Montréal (2), à Québec et à Thetford Mines. Plusieurs autres projets sont menacés dans les Laurentides notamment. Des subventions fédérales totalisant plusieurs millions de dollars seront perdues si elles ne sont pas utilisées. En décembre dernier, l'Assemblée nationale adoptait d'ailleurs une motion rappelant l'engagement du gouvernement, il y a trois ans, à réaliser des unités additionnelles dans le réseau des maisons d'hébergement.

Des impacts majeurs sur toutes

L'abandon des projets a au premier chef des conséquences inquiétantes pour les femmes et les enfants victimes de violence conjugale, notamment dans le continuum de services qu'elles reçoivent.

« Quand une femme fuit son conjoint violent, c'est tout un parcours de la combattante qui commence pour réorganiser sa vie et faire valoir ses droits. », dit Louise Riendeau, du Regroupement des maisons pour femmes victimes de violence conjugale. « Les impacts de la violence conjugale sur elle et ses enfants sont nombreux, cela requiert du soutien et de l'accompagnement, dans un lieu adapté et sécuritaire. Si elle croit ne pas pouvoir trouver les ressources dans sa communauté pour traverser ces épreuves, elle risque d'hésiter à dénoncer ».

Ensuite, la situation actuelle fragilise l'existence des maisons d'aide et d'hébergement qui portent ces projets. Elles s'en sont fait garantir le financement par les gouvernements. Or, plusieurs assument les intérêts de prêts hypothécaires leur permettant d'amorcer les différents travaux, les frais d'architectes, les frais de décontamination des terrains, etc. Avec des projets stoppés, ils paient… pour rien.

Enfin, l'incohérence actuelle a à la fois un effet négatif sur la mobilisation des équipes qui s'investissent personnellement dans ces projets avortés et un effet sur la crédibilité des maisons d'aide et d'hébergement face à leurs donateurs.

« Plus que jamais, le gouvernement doit poser un geste fort et rapidement afin d'atteindre ses objectifs de développement de nouvelles maisons d'hébergement », martèle Mylène Bigaouette, de la Fédération des maisons d'hébergement pour femmes. « Le développement de nouvelles maisons est essentiel pour répondre aux besoins et assurer la sécurité des femmes victimes de violence et leurs enfants. Les projets qui sont rejetés ou stoppés, ça envoie un très mauvais signal ».

Il est encore temps d'agir, monsieur Legault !

À quelques jours de la Journée internationale du droit des femmes et du dépôt du budget du Québec, nous avons espoir que notre appel sera entendu par le premier ministre Legault. Nous devons aux femmes et à leurs enfants victimes d'hommes violents les bonnes ressources, au bon endroit et au bon moment. Elles ont non seulement droit à un nouveau départ dans la vie. Elles ont aussi le droit de se sentir en sécurité, au Québec.

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La Table de concertation du mouvement des femmes de la Mauricie publie un manifeste à l’occasion du 8 mars

12 mars 2024, par Table de concertation du mouvement des femmes de la Mauricie (TCMFM) — , ,
Nous revendiquons une société égalitaire, où la discrimination n'existe plus, non pas qu'en théorie, mais aussi, et surtout, en pratique ! En cette journée si importante pour (…)

Nous revendiquons une société égalitaire, où la discrimination n'existe plus, non pas qu'en théorie, mais aussi, et surtout, en pratique ! En cette journée si importante pour les droits des femmes, la Table de concertation du mouvement des femmes de la Mauricie (TCMFM) est particulièrement heureuse de présenter, publiquement, son manifeste pour les droits des femmes : 𝑵𝒐𝒖𝒔 𝒂𝒓𝒓𝒊𝒗𝒐𝒏𝒔.

Co-produit avec Liliane Pellerin, artiste, et Bleu forêt, coop de communication responsable, ce manifeste se veut un outil pour porter les voix et défendre les droits des femmes en Mauricie.

Le manifeste

Nous arrivons

Nous arrivons de la survivance
avec le poids des luttes sur nos épaules
mais nos pas moins lourds sur la balance
nous arrivons avec nos espérances millénaires
et
nos fatigues ancestrales
nos abris nécessaires
nos silences
achevés

nous arrivons de la résistance
avec nos peines torrents
nos colères souterraines
car
dans nos archives et dans nos veines
dans nos mémoires et dans nos jours
trainent encore
la peur au ventre les plafonds de verre le vent de face

la trace

du déséquilibre

nous arrivons chargées d'urgence
avec, en bandoulière, notre sororité et nos miracles
nos miracles
d'être encore là chargées de rêves possibles

parce que nous avons le droit d'exister
entières et pleines
vivantes et souveraines
reconnues
soutenues
légitimes et puissantes
et parce que le Monde en a besoin
nous réclamons sa réparation

au cœur de l'intime jusqu'au bout du commun
le réparer toutes et tous Ensemble
des inégalités
de la brutalité
des injustices et des pillages

de la fatalité

des systèmes qui nous oppressent mais dans lesquelles nous avons marché toutes et tous Ensemble
par habitude et par défaut

parce que le passé parle au futur et qu'il lui dit que ça suffit
nous appelons la guérison
reconstruire toutes et tous Ensemble
autrement, autres mœurs

un Monde respect
un Monde nourricier
un Monde digne
des êtres qu'il enfante
à travers nous

Signature : Le mouvement des femmes de la Mauricie

Autrice : Liliane Pellerin

Le communiqué : Nous avançons ! Manifeste pour les droits des femmes !

Trois-Rivières, le 11 mars 2024 – Dans le cadre des actions pour la Journée internationale des droits des femmes, la Table de concertation du mouvement des femmes de la Mauricie (TCMFM) est fière de lancer une campagne de promotion des ressources d'aide en matière de violences faites aux femmes en Mauricie : Violences faites aux femmes, c'est assez !

Réalisée avec la collaboration des agences Éclaté et Éklore, cette campagne promotionnelle a été créée de manière à répondre à certains obstacles identifiés dans le rapport de recherche Les femmes à la croisée des oppressions en contexte de violence conjugale : Obstacles et pistes d'amélioration dans l'accès et l'utilisation des services en Mauricie et dans les communautés Atikamekw, réalisé par la TCMFM et le Centre de recherche sociale appliquée (CRSA). En plus de mieux faire connaître les ressources d'aide en matière de violences faites aux femmes, cette action vise à mieux informer et sensibiliser les femmes aux différents visages que peut prendre la violence conjugale, et à lutter contre les violences faites aux femmes.

La TCMFM invite donc la population mauricienne à porter une attention particulière aux affichages dans certains commerces de la région, sur les abribus et autobus et dans les médias sociaux, ainsi qu'aux messages radio dans certains médias de la région. Pour plus de détails, rendez-vous au https://www.cest-assez.org/

Menaces, jugement, exploitation, contrôle, agressions, silences

Agissons toutes.tous pour éliminer les violences faites aux femmes !

Cette campagne est rendue possible grâce à l'appui financier de Femmes et Égalité des genres Canada (FEGC). La Table de concertation du mouvement des femmes de la Mauricie est un regroupement régional féministe de défense collective des droits qui a pour mission de favoriser la concertation et d'agir sur les questions mettant en jeu les intérêts et les conditions de vie des femmes.

Pour appuyer le Manifeste, rendez-vous ici.

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Northvolt assemblera des produits chimiques avec un impact inconnu sur l’eau du Richelieu

12 mars 2024, par André Noël — , ,
Le gouvernement a donné son feu vert à la construction de la méga-usine de Northvolt, qui assemblera une gamme de produits toxiques pour fabriquer des batteries sur les rives (…)

Le gouvernement a donné son feu vert à la construction de la méga-usine de Northvolt, qui assemblera une gamme de produits toxiques pour fabriquer des batteries sur les rives du Richelieu. Faute d'un examen public, on ignore quel sera l'impact sur la qualité de l'eau de la rivière.

5 mars 2024 tiré de Pivot.quebec | Photo : L'accès au site de la future usine de batteries de Northvolt est interdit. -Francis Hébert-Bernier
https://pivot.quebec/2024/03/05/northvolt-assemblera-des-produits-chimiques-avec-un-impact-inconnu-sur-leau-du-richelieu/

« À cette étape du dossier, je vous dirai qu'il faut surtout faire preuve de vigilance », estime Benoit Barbeau, professeur de génie civil à l'École polytechnique de Montréal, spécialisé dans le traitement des eaux.

« Je serais très surpris que les considérations environnementales aient été en haut des priorités », a-t-il dit au cours d'un entretien avec Pivot.

« Si j'habitais à côté [de la future usine], en raison de mon expertise, je serais curieux de savoir quel type de molécules ils vont rejeter par jour, et en quelle quantité. »

« Notre plus grande préoccupation porte sur l'eau qui va être renvoyée à la rivière [après avoir été utilisée à l'usine] », dit Sylvain Lapointe, directeur général du Comité de conservation et de valorisation du bassin versant de la rivière Richelieu.

« La rivière Richelieu est la source d'eau potable pour environ 80 000 personnes en aval [de la future usine]. Elle est aussi un lieu d'attraction touristique et constitue l'habitat principal du chevalier cuivré. » Ce poisson unique au Québec fait partie des espèces désignées en voie de disparition.

Traitement spécial pour un méga complexe de produits chimiques

Dans la première usine, Northvolt fabriquera des cathodes composées de produits chimiques, soit des oxydes de nickel, de cobalt et de manganèse sous forme de poudre.

Les batteries seront fabriquées dans une deuxième usine. Les cathodes (positives) seront assemblées dans des cellules électrochimiques lithium-ion légèrement pâteuses avec des anodes (négatives) à base de graphite et une solution liquide, appelée électrolyte. Ces centaines de cellules seront contenues dans des boîtes de métal, les batteries comme telles.

À plus long terme, une troisième usine est prévue pour le recyclage.

Le gouvernement Legault a beau parler de batteries « vertes », ces batteries sont des produits chimiques et toxiques. L'énorme complexe qui sera construit par Northvolt sur les rives du Richelieu – le plus gros complexe industriel de l'histoire du Québec – fait en effet partie de l'industrie chimique. Ce n'est pas nous qui l'affirmons, mais bien le ministère de l'Environnement… jusqu'à l'année dernière.

Au départ, le projet de Northvolt était en effet classé par le ministère dans une catégorie intitulée « fabrication de produits chimiques ». Cette catégorie est décrite à l'article 20 d'une annexe du règlement sur l'évaluation des impacts sur l'environnement de divers projets.

L'énorme complexe qui sera construit par Northvolt sur les rives du Richelieu fait partie de l'industrie chimique.

En vertu de cet article, la construction d'une usine de fabrication de produits chimiques produisant plus de 50 000 tonnes par année est soumise à un examen du Bureau d'audiences publiques sur l'environnement (BAPE). Au départ, cela devait s'appliquer au projet d'usine de Northvolt, celle-ci devant produire 56 000 tonnes de produits chimiques par année.

Après que les représentants du ministère de l'Économie aient rencontré en toute discrétion les représentants de Northvolt, le gouvernement Legault a modifié le règlement sans tambour ni trompette. Il a ajouté un article fait sur mesure pour l'entreprise : il s'agit de l'article 39, qui ajoute la catégorie « équipements de stockage d'énergie ». En vertu de ce nouvel article, les usines de batteries ne sont plus classées dans la catégorie des « produits chimiques » et sont soumises au BAPE seulement si elles produisent plus de 60 000 tonnes par année.

Autrement dit, le gouvernement a retiré expressément la construction d'une usine de batteries de la catégorie « produits chimiques » pour créer une nouvelle catégorie spéciale, et faisant en sorte que l'usine de Northvolt ne soit pas soumise à l'examen du BAPE.

La modification du règlement établit en lettres rouges que l'article sur la « fabrication de produits chimiques » ne s'appliquera plus aux projets d'« équipement de stockage d'énergie », pour lesquels est rehaussé le seuil minimal de production pour une évaluation environnementale. Source : « Règlement modifiant le Règlement relatif à l'évaluation et l'examen des impacts sur l'environnement de certains projets », MELCCFP, en vigueur depuis le 20 juillet 2023.

Des produits toxiques

Le nickel, le cobalt et le manganèse, qui entrent dans la fabrication des cathodes, ne font l'objet d'aucune norme dans le règlement sur la qualité de l'eau potable au Québec, contrairement à d'autres substances inorganiques comme l'arsenic, le cuivre ou le plomb. Cela signifie que leur présence éventuelle n'est ni détectée, ni mesurée, ni analysée dans les usines de filtration d'eau potable. Dissouts dans l'eau, ils ne sont pas éliminés.

Selon le professeur Benoit Barbeau, le manganèse, toxique en grande quantité, fera bientôt l'objet d'une norme pour l'eau potable. Mais rien n'est prévu pour le nickel et le cobalt, des métaux également toxiques.

Le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC), une branche de l'Organisation mondiale de la santé, classe les composés de nickel dans le « groupe 1 », regroupant les « cancérigènes sûrs », et le cobalt dans le « groupe 2 », regroupant les cancérigènes probables.
Oxyde noire de nickel. Photo : TheMrBunGee (CC BY-SA 4.0)

Contrairement au Québec, d'autres juridictions ont des normes pour la concentration de nickel dans l'eau potable. C'est le cas de l'Union européenne, et aussi de Taïwan, où les autorités s'inquiètent de la présence de nickel dans l'eau potable distribuée dans des écoles primaires.

Alors que le gouvernement a donné le feu vert pour couper les arbres et aménager le vaste terrain où sera érigé le complexe de Northvolt, les experts du ministère de l'Environnement ignorent encore ce que ses usines rejetteront dans l'eau (et dans l'air). C'est que Northvolt a choisi de déposer ses demandes d'évaluation et d'autorisation une étape à la fois, ce qui ne permet donc pas d'avoir une vue d'ensemble du projet et de ses conséquences à ce stade-ci, même s'il est entamé.

Comment seront traitées les eaux industrielles dites « de procédé » servant à la fabrication des batteries ? Où aboutiront-elles ? Directement dans le Richelieu, après un premier traitement sur place ? Quelles seront les quantités des rejets et leur concentration en contaminants ?

Autant de questions qui sont sans réponse.

Soupçons de délits en Suède

En Suède, la police a été saisie d'une plainte pour « suspicion de délit environnemental » contre Northvolt à la suite d'une inspection de routine effectuée en octobre à ses installations de Västerås, à l'ouest de Stockholm. « Les soupçons reposent sur le fait que Northvolt a stocké des déchets et des produits chimiques de manière dangereuse », relate la presse suédoise. « En outre, l'entreprise est accusée d'avoir dépassé à plusieurs reprises la limite de teneur en métaux dans ses eaux usées. »

Questionnée par Pivot, la responsable des communications de l'entreprise au Québec, Emmanuelle Rouillard-Moreau, s'est faite rassurante. « Depuis l'inspection, nous avons identifié l'ensemble des améliorations nécessaires afin de corriger la situation et nous sommes à les mettre en place », nous a-t-elle écrit. « Nous tenons à être clairs : il n'y a eu aucun déversement de matières. »

Quoiqu'il en soit, plusieurs citoyen·nes se sont montré·es inquiet·es lors des assemblées d'information qui se sont tenues les 28 et 29 février à McMasterville et Saint-Basile-le-Grand, souligne Ariane Labonté, co-porte-parole du Comité d'action citoyenne Northvolt.

Tout comme une coalition d'organisations environnementales, le comité de citoyens réclame que le projet de Northvolt soit examiné par le BAPE. Une revendication qu'appuient 68 % des Québécois·es, selon un récent sondage.

« Les manœuvres modifiant le cadre législatif pour éviter un examen du BAPE et pour empêcher les citoyens d'être bien informés sont une insulte à la population », dit Mme Labonté.

« À ce jour, les fonctionnaires du gouvernement affirment ne pas savoir combien d'eau de la rivière Richelieu sera pompée par l'usine, ni si d'autres milieux naturels seront détruits pour les autres phases du projet, ni combien de trains et de camions circuleront, ni combien de décibels seront émis », s'inquiète-t-elle.

« La tenue d'un BAPE aurait permis de répondre à ces questions concernant la construction d'une des plus grosses usines de produits chimiques au Québec, tant au bénéfice des citoyens que des élus. »

Auteur·e
André Noël

André Noël a été journaliste à La Presse pendant près de 30 ans. Ses nombreuses enquêtes lui ont permis de remporter de nombreux prix de journalisme, dont le prix Judith-Jasmin, le Concours canadien de journalisme, le prix Michener du Gouverneur général et le prix du Centre canadien pour le journalisme d'enquête. Il a aussi été enquêteur et rédacteur à la Commission Charbonneau

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Dotons nos municipalités d’un règlement pour une transition énergétique juste et durable au Québec

12 mars 2024, par Collectif — , ,
Le 7 mars 2024, Saint-Hyacinthe - C'est devant le barrage TD. Bouchard, portant le nom du père-fondateur d'Hydro-Québec, que des citoyens et des citoyennes représentant de (…)

Le 7 mars 2024, Saint-Hyacinthe - C'est devant le barrage TD. Bouchard, portant le nom du père-fondateur d'Hydro-Québec, que des citoyens et des citoyennes représentant de regroupements de plus de douze MRC différentes demandent que les municipalités québécoises adoptent en masse un Règlement concernant la production d'énergie renouvelable pour assurer une transition énergétique juste et durable.

Devant la menace de la dénationalisation de notre électricité et le contournement des mécanismes de consultation publique par le gouvernement provincial, nos municipalités doivent s'assurer que la production d'énergie soit développée dans l'intérêt collectif de leurs citoyennes et citoyens, et non celui des promoteurs privés.

Le juriste et sociologue, Dr. Richard E. Langelier a élaboré un projet de règlement municipal jettent des balises pour encadrer les projets de développement d'énergie renouvelable visant à réaffirmer la compétence des municipalités en matière d'environnement sur leur territoire et son devoir d'assurer la santé, la sécurité, le bien-être, la tranquillité et l'équité de ses citoyennes et citoyens.

Lorsqu'il est adopté, ce règlement protège les élus en mettant la transparence et la représentation fidèle des personnes les ayant élus à l'avant-plan de toute décision. Les communautés locales sont consultées en amont de la création d'un projet de production d'énergie plutôt que devant les faits accomplis comme c'est le cas en ce moment dans plusieurs MRC.

La consultation publique permet de sensibiliser la population aux avantages et inconvénients d'un projet, de réfléchir à minimiser ses impacts et permet aussi d'ouvrir la discussion sur les différentes options disponibles pour la communauté, notamment le type d'énergie (le solaire, l'efficacité énergétique, la masse thermique, etc.) et le modèle d'affaires (par exemple, le Parc éolien Pierre-De Saurel, un projet communautaire de la MRC de Sorel-Tracy).

« Les choix orienteront l'avenir des Québécois et Québécoises tout au long du 21e siècle ; on ne peut se permettre de faire des erreurs. Nous avons besoin d'un débat sur la transition énergétique », Gérard Montpetit, Comité des citoyens et citoyennes pour la protection de l'environnement.

Devant l'accélération des projets d'éolien : des regroupements régionaux s'organisent

Une rencontre des regroupements de citoyens et de citoyennes concerné·e dans la problématique des éoliennes est prévu le 24 mars pour s'organiser à l'échelon provincial.

La façon de faire actuel où des compagnies privées répondent à l'appel d'offres d'Hydro-Québec pour faire signer des contrats de projet éoliens directement avec les propriétaires pose notamment des enjeux de sécurité alimentaire (réduction de l'espace cultivable et perturbation des écosystèmes agricoles), d'impact écosystémique et de division sociale.

« Depuis toujours, la filière éolienne au Québec a été et est encore développée de façon scandaleuse, non seulement de par son grave déficit démocratique où les citoyens sont écartés des décisions mais aussi parce qu'elle satisfait surtout les besoins de l'industrie », Claude Charron, riverains de projet éolien de l'érable.

Des regroupements de douze MRC différentes son derrière la conférence : Mékinac, Arthabaska, de L'Érable, des Chenaux, des Appalaches, des Sources, Drummond, Nicolet-Yamaska, Bécancour, des Maskoutains et des Jardins-de-Napierville. Ils étaient appuyés par des représentants de Vents d'élus et du Regroupement vigilance hydrocarbure Québec (RVHQ).

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LA CAQ doit cesser d’instrumentaliser la transition énergétique pour favoriser les lobbys

12 mars 2024, par Climat Québec — , ,
Québec, le mercredi 6 mars 2024 – Martine Ouellet, cheffe de Climat Québec, présentera, aujourd'hui à 13 :30 au BAPE à Ste-Anne de Beaupré, le mémoire de Climat Québec :Le (…)

Québec, le mercredi 6 mars 2024 – Martine Ouellet, cheffe de Climat Québec, présentera, aujourd'hui à 13 :30 au BAPE à Ste-Anne de Beaupré, le mémoire de Climat Québec :Le Projet Éolien Des Neiges doit être abandonné. Le mémoire met en lumière toute l'instrumentalisation de la transition énergétique par la CAQ qui semble agir pour favoriser les intérêts particuliers de certains lobbys, au détriment du bien des Québécois.

BAPE Éolien Des Neiges

La justification des besoins est trompeuse

Ce mémoire expose les failles béantes de toute la logique qui sous-tend les besoins d'électricité additionnels supposément pour réaliser la transition énergétique.

« Dès l'analyse de la raison d'être du projet, on peut constater qu'il y a anguille sous roche, ou ne devrions-nous pas dire « boa constrictor sous roche ». Le gouvernement de la CAQ crée de toutes pièces une pénurie d'électricité avec sa vente de feu pour ensuite justifier fallacieusement la construction de nouvelles productions », a déclaré Martine Ouellet.

Dans son mémoire, Climat Québec explique en détail comment la CAQ par ses 2 contrats d'exportation d'électricité aux États-Unis et par le rabais de 20 % accordé aux industriels a réussi à dilapider les surplus d'électricité qui auraient dû être précieusement gardés pour notre transition énergétique, c'est-à-dire : sortir le gaz et le pétrole de notre équation énergétique. Cette vente de feu d'un 20 TWh pour l'exportation et estimée à 70 TWh pour le 20 % de rabais représente une perte colossale de 200 millions de dollars par année et de 2.77 milliards de dollars par année, respectivement pour l'ensemble des contribuables québécois.

Il n'est pas trop tard pour rectifier le tir en résiliant les deux contrats d'exportation et en annulant le rabais de 20% consenti aux industriels tout en faisant le grand ménage des projets industriels acceptés.

De plus, Climat Québec propose qu'aucune nouvelle production d'électricité sur le territoire ne soit autorisée tant que les clients industriels commerciaux et institutionnels n'auront pas fait leurs efforts en efficacité énergétique.

Le privé n'a pas sa place.

La privatisation en douce de la production d'électricité lors des premiers projets éoliens par le Parti québécois a ouvert une faille dans le modèle québécois qui a fait le succès économique, environnemental et social du Québec avec le monopole d'Hydro-Québec. De plus, le privé n'a fait que gonfler les coûts des projets éoliens qui ont contribué indument aux hausses de tarifs des 20 dernières années. Il est un intermédiaire coûteux et sans valeur ajoutée. Sa présence ne s'explique que par la faiblesse des élus face aux lobbys.

Si les besoins étaient justifiés, Climat Québec propose de confier à Hydro-Québec la propriété et la gestion des parcs d'éoliennes en collaboration avec les communautés locales. Hydro-Québec est l'entreprise qui possède le plus d'expertise en dynamique des fluides et pour les interconnexions.

Le site est mal choisi

Tout projet de production d'électricité a des impacts sur l'environnement. Même si l'énergie éolienne est une des plus faibles émettrices de GES, il n'en reste pas moins qu'elle génère des impacts pour la qualité de vie : bruit, basses fréquences, impact visuel, ainsi que des impacts sur les écosystèmes, eau souterraine, chemin d'accès qui cicatrise le territoire, énorme dalle de béton, impacts sur les oiseaux, etc. Dans le cas du Projet Éolien Des Neiges, il se construirait dans un secteur particulièrement tranquille où les résidents ont choisi le calme. L'impact du bruit et des basses fréquences s'en trouverait multiplié.

Si les besoins étaient justifiés, Climat Québec propose qu'Hydro-Québec installe les futurs parcs d'éoliennes loin des zones habitées, près des postes de départ de ses barrages par exemple, près des barrages de la Baie James ou de la Manic.

Pour Climat Québec le Projet Éolien des Neiges se doit d'être abandonné. « Il ne passe pas du tout le test du prisme climatique. Il serait totalement aberrant de multiplier les projets éoliens qui détruisent des parties de territoire pour s'appauvrir collectivement afin d'alimenter la surconsommation étatsunienne et les grosses industries. Notre électricité verte et propre doit être utilisée prioritairement chez nous pour maximiser la réduction des GES en mettant fin à la consommation de gaz et de pétrole », conclut la cheffe de Climat Québec.

Pour accéder au mémoire, suivre ce lien :

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Grève chez Tesla : un mouvement de solidarité qui s’étend

12 mars 2024, par Luc Allaire — , ,
Si les grèves sont rares en Suède, celle des employés de Tesla, qui s'étire depuis octobre 2023, marquera certainement l'histoire de ce pays de la Scandinavie. Tiré de Ma (…)

Si les grèves sont rares en Suède, celle des employés de Tesla, qui s'étire depuis octobre 2023, marquera certainement l'histoire de ce pays de la Scandinavie.

Tiré de Ma CSQ cette semaine.

Les employées et employés de Tesla en Suède sont en grève depuis le 27 octobre 2023, ce qui en fait la plus longue grève à avoir eu lieu dans ce pays scandinave depuis 1945. La raison de ce conflit ? L'entreprise refuse de signer des conventions collectives.

Le propriétaire de Tesla, Elon Musk, l'un des hommes les plus riches au monde, refuse de se conformer au modèle suédois où ce sont les négociations collectives, et non la loi, qui régissent les conditions de travail des travailleuses et des travailleurs. Par exemple, il n'y a pas de salaire minimum légal en Suède.

Les grèves sont pourtant rares dans ce pays, car une fois qu'un accord de travail entre en vigueur, le syndicat ne peut pas déclencher de grève. Cette garantie de paix industrielle a contribué à maintenir le nombre de jours de grève à l'un des niveaux les plus bas en Europe. Entre 2010 et 2019, la Suède n'a enregistré qu'environ 2 jours de travail perdus par an en raison de grève ou de lock-out pour 1 000 personnes salariées. À titre de comparaison, la Norvège en a compté 55 et la France, 128.

Une grève qui pourrait se poursuivre longtemps

La grève des salariées et salariés de Tesla en Suède touche environ 130 membres du syndicat IF Metall. Ce dernier dispose d'un fonds de grève bien garni de 15 milliards de couronnes suédoises, soit près de 2 milliards de dollars canadiens, ce qui lui permet d'offrir aux grévistes 130 % de leur salaire.

Tesla se vante d'offrir à ses salariées et salariés « des conditions équitables et un bon environnement de travail ». La réalité est cependant tout autre : le salaire moyen d'un mécanicien ainsi que les contributions patronales aux caisses de retraite y sont inférieurs à la moyenne nationale dans cette branche de l'industrie.

Les travailleuses et travailleurs de Tesla se sentent exploités alors que leur productivité individuelle est soumise à un système de notation de 1 à 5 qui permet de menacer de congédiement celles et ceux qui obtiennent la note de 1.

Une solidarité sans précédent

Les sondages démontrent qu'une majorité de Suédoises et de Suédois soutiennent la grève, considérée comme un moyen de défendre le mode de fonctionnement du pays.

Ce mouvement de solidarité s'est également étendu aux pays voisins, où les syndicats du Danemark, de la Norvège, de la Finlande, tout comme ceux de la Suède, se sont ralliés à IF Metall. Les débardeuses et débardeurs ont cessé de décharger les Tesla arrivées par bateau. Les travailleuses et travailleurs dans les ateliers ont suspendu les réparations de Tesla. Celles et ceux qui travaillent pour la poste ont interrompu la distribution de courrier concernant l'entreprise, y compris les plaques d'immatriculation. Les électriciennes et électriciens, de leur côté, se sont engagés à ne plus réparer les stations de recharge pour ces voitures.

Elon Musk se retrouve donc confronté à une solidarité entre les pays scandinaves qu'il n'avait probablement jamais imaginée. Il reste à voir comment tout cela se terminera.

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Le Canada peut assurer la justice de genre aux femmes en améliorant les soins

12 mars 2024, par Congrès du travail du Canada (CTC) — , ,
Les syndicats du Canada marquent la Journée internationale des femmes en incitant le gouvernement fédéral à mieux aider les femmes à survivre à la crise de l'abordabilité et à (…)

Les syndicats du Canada marquent la Journée internationale des femmes en incitant le gouvernement fédéral à mieux aider les femmes à survivre à la crise de l'abordabilité et à réduire ses effets genrés et intersectionnels.

Le nombre démesurément élevé de femmes qui vivent dans la pauvreté et leur manque d'accès à des services de soins sont profondément interreliés. L'établissement d'une stratégie nationale globale sur l'économie des soins contribuerait grandement à alléger le fardeau que les soins – tant rémunérés que non rémunérés – imposent aux femmes.

À mesure que se poursuit la crise du coût de la vie au Canada, de nombreux travailleurs et travailleuses et leurs familles ont de la difficulté à gérer la montée en flèche des coûts de la nourriture, du logement et d'autres nécessités. Les femmes et d'autres personnes qui sont disproportionnellement pauvres ou à faible revenu sont frappées le plus durement. Ces défis sont aggravés par la surreprésentation des femmes dans les emplois à bas salaire, à temps partiel et précaires, et par les soins qu'elles fournissent sans rémunération aux enfants, à leurs parents vieillissants et à leurs proches en situation de handicap.

« L'enjeu est la justice de genre. Tout le monde sait que les femmes accomplissent le gros du travail de soins non rémunéré et rémunéré, ce qui les oblige à occuper des emplois à temps partiel, précaires, temporaires ou au salaire minimum. La majorité des personnes travaillant au salaire minimum au Canada sont des femmes », déclare Bea Bruske, présidente du Congrès du travail du Canada. « Les répercussions du partage inégal du travail de soins sur la sécurité économique des femmes sont graves, et les actuelles crises de l'abordabilité et du logement rendent la vie encore plus difficile – particulièrement pour les femmes les plus marginalisées. »

Les femmes ont des taux d'insécurité du logement et d'insécurité alimentaire plus élevés que les hommes et sont moins susceptibles d'avoir droit à des prestations d'assurance-emploi. Les statistiques sont encore plus frappantes dans le cas des femmes vivant à l'intersection d'identités marginalisées multiples parce qu'elles sont autochtones, noires, de couleur, 2SLGBTQI, non binaires ou en situation de handicap.

« Il n'est pas étonnant qu'il y ait des crises de la main-d'œuvre dans les soins de santé, les services de garde à l'enfance et d'autres secteurs de soins. Les emplois consistant à fournir des soins aux enfants, aux adultes âgés et aux personnes en situation de handicap ont tendance à être sous-payés et précaires, et les salaires sont mangés par l'inflation dans l'économie des soins. Les emplois en question sont principalement occupés par des femmes, dont bon nombre sont des immigrantes et des femmes de couleur », dit Siobhán Vipond, vice-présidente exécutive du CTC. « Le règlement de la crise des soins aura un impact massif sur les emplois des femmes, leurs revenus et leur participation à la population active, ce qui sera favorable à l'économie canadienne. »

Les syndicats du Canada ont une vision de notre pays où tout le monde a droit aux soins dont il a besoin et les personnes qui fournissent les soins sont visibles, appréciées et appuyées. Le gouvernement fédéral doit établir une stratégie globale et intégrée sur les soins qui consacrerait le droit de toute personne aux soins dont elle a besoin pour vivre une vie pleine et digne, réduirait et redistribuerait la responsabilité disproportionnée qu'assument les femmes en matière de soins, appuierait les personnes fournissant des soins rémunérés et non rémunérés et renforcerait l'économie des soins du Canada dans tous les secteurs.

Le Canada doit créer une commission de l'économie des soins qui serait chargée d'étudier, de mettre au point et de recommander une stratégie nationale sur les soins visant à :

établir une stratégie globale et inclusive sur le marché du travail pour créer des emplois de qualité et équitables dans tous les secteurs des soins ;

examiner le travail de soins rémunéré et non rémunéré et dresser un plan permettant de répondre à la demande croissante de soins ;

réduire et redistribuer le travail de soins non rémunéré qu'accomplissent les femmes en améliorant l'accès à des services publics de soins pour les enfants, les personnes âgées et les personnes ayant un handicap.

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Budget en éducation : la FAE s’attend à un minimum de 7% d’augmentation

12 mars 2024, par Fédération autonome de l'enseignement (FAE) — , , ,
La FAE s'attend à une hausse minimale de 7 % en éducation dans le budget provincial qui sera dévoilé demain à Québec, plus précisément dans les secteurs préscolaire, primaire (…)

La FAE s'attend à une hausse minimale de 7 % en éducation dans le budget provincial qui sera dévoilé demain à Québec, plus précisément dans les secteurs préscolaire, primaire et secondaire, ainsi que dans les secteurs de la formation professionnelle et de l'éducation des adultes.

Un niveau de dépenses en deçà des coûts estimés sera considéré comme des compressions budgétaires, puisque la croissance des dépenses doit minimalement suivre l'augmentation des coûts.

Le 18 février dernier, en conférence de presse, le premier ministre François Legault avertissait la population que « ce choix qu'on a fait d'investir massivement dans les services publics va avoir des conséquences financières ».

Or, pour la FAE, ce choix ne doit pas se faire au détriment des services aux élèves, jeunes et adultes, et le gouvernement caquiste doit investir en éducation pour sortir le réseau scolaire québécois du marasme dans lequel il est plongé depuis des années.

"Les Québécoises et les Québecois ont décidé, il y a longtemps, de se doter de services publics, notamment de système de santé et d'éducation publics. La bonne chose à faire pour le premier ministre Legault est de les financer convenablement afin d'en assurer la qualité, l'accessibilité et la gratuité pour l'ensemble de la population."

« L'on subit encore aujourd'hui les conséquences du sous-financement chronique de nos réseaux publics, alors il serait impensable qu'il n'y ait pas un minimum d'investissements demain dans la part du budget consacrée à l'éducation. D'autant plus que le premier ministre martèle, depuis qu'il est au pouvoir, que l'éducation est sa priorité », déclare Mélanie Hubert, présidente de la FAE.

La FAE s'appuie sur une note de l'IRIS, qui a évalué les coûts de système pour l'année 2024-2025. Cinq facteurs expliquent la hausse de ces coûts, qui oscilleront entre 21 386 millions de dollars et 21 690 millions de dollars. Chacune de ces variables a une contribution différenciée à la croissance des dépenses en 2024-2025 :

Hausse salariale (37 %) ;

Hausse du nombre d'élèves (16 %) ;

Programme Offensive formation en construction (14 %) ;
Inflation (10 %) ;

Mesures récurrentes de soutien à l'enseignement (22 %).

« Assurer un financement pérenne de l'éducation, grâce à un mécanisme garantissant que le gouvernement québécois investit minimalement des sommes équivalentes à la hausse des coûts de système, peu importe qui est au pouvoir, constituerait un geste politique courageux de la part de François Legault, et enverrait surtout le signal que l'éducation serait désormais à l'abri de toute compression budgétaire. Toute somme investie au-delà des coûts témoignerait, à grande ou à petite échelle, de l'importance qu'accorde le gouvernement à l'éducation », déclare Mélanie Hubert, présidente de la FAE.

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Situation économique des femmes : entre améliorations et inégalités

12 mars 2024, par Minh Nguyen — ,
Malgré d'importants progrès, il y a encore beaucoup à faire pour améliorer le sort économique des femmes au Québec. Que reste-t-il à accomplir pour atteindre une économie juste (…)

Malgré d'importants progrès, il y a encore beaucoup à faire pour améliorer le sort économique des femmes au Québec. Que reste-t-il à accomplir pour atteindre une économie juste et équitable ?

Tiré de Ma CSQ cette semaine.

Pendant longtemps, les femmes ont été prises dans un cercle vicieux où les perspectives d'emploi limitées de leurs mères ne les encourageaient pas à poursuivre des études ni à aspirer à des carrières ambitieuses. Les luttes syndicales et celles du mouvement des femmes ont joué un rôle crucial dans l'amélioration de leur sort économique. Elles leur ont permis, entre autres, d'obtenir de meilleures conditions salariales et de travail ainsi que des politiques de congé parental, ce qui a contribué à réduire les inégalités de genre en milieu de travail.

Une disparité salariale encore présente

Au Québec, la Loi sur l'équité salariale (LES), adoptée en 1996 grâce aux revendications de groupes de femmes et d'organisations syndicales (dont la CSQ), a eu des effets positifs sur la rémunération. Au milieu des années 1990, les femmes qui occupaient un emploi à temps complet recevaient, en moyenne, 83 % du salaire des hommes. En 2021, ce ratio était plutôt de 91 %, avec une rémunération horaire moyenne de 27,39 $ pour les femmes, comparativement à 30,16 $ pour les hommes.

Bien que nous constations un progrès notable depuis l'adoption de la LES, le salaire des femmes demeure encore aujourd'hui généralement moins élevé que celui des hommes. L'un des facteurs expliquant cet écart persistant est la présence plus forte des femmes dans des secteurs moins reconnus et moins bien rémunérés.

Le travail invisible et la fiscalité

En début de carrière, les femmes ont tendance à travailler davantage à temps partiel que les hommes et ont un plus faible taux d'emploi permanent que ceux-ci. Ajoutons à cela le temps qu'elles consacrent au travail invisible et nous constatons que l'écart dans la rémunération s'agrandit encore davantage.

Qu'est-ce que le travail invisible ? Ce sont les tâches et les responsabilités non rétribuées, et souvent non reconnues, effectuées dans la sphère domestique. Il comprend les activités, comme les tâches ménagères, les soins aux enfants et aux personnes âgées, la gestion du foyer et les autres travaux qui contribuent au bien-être de la famille et de la communauté, mais qui ne sont pas formellement rémunérés. Selon Statistique Canada, la valeur économique du travail invisible se situait entre 516,9 et 860,2 milliards de dollars en 2019 au Canada, soit entre 25,2 % et 37,2 % du produit intérieur brut (PIB).

Le travail invisible comme activité économique principalement occupée par les femmes est un phénomène bien présent au Québec. En 2015, celles-ci consacraient plus de temps aux activités quotidiennes, soit 3,5 heures par jour comparativement à 2,5 heures par jour pour les hommes.

Cette présence du travail invisible dans la vie des femmes a des conséquences sur leur revenu annuel : en 2021, elles gagnaient en moyenne 37 500 $, soit seulement 82 % du salaire annuel des hommes (45 600 $). En 1996, ce taux était à 61 %. Cette amélioration s'explique en grande partie par l'adoption de la LES, mais aussi par la mise en place des services éducatifs à la petite enfance régis et subventionnés, en 1997, qui a facilité l'arrivée des femmes sur le marché du travail.

Malgré un écart de revenu qui s'amenuise, le patrimoine des femmes demeure moins important que celui de leur conjoint. Les hommes détiennent, en moyenne, 30 % plus de richesse nette. Cet écart est encore plus grand chez les couples non mariés. Du côté des conjoints de fait, par exemple, la richesse des hommes est 80 % supérieure à celle de leur conjointe, s'élevant en moyenne à 271 955 $ contre seulement 151 895 $ pour les femmes.

Le problème d'inégalité dans le patrimoine met en lumière une fiscalité par ménage qui tend à désavantager les femmes, selon plusieurs mouvements féministes. Ces derniers affirment que celle-ci ne prend souvent pas en compte les disparités économiques et les contributions spécifiques des membres du ménage, perpétuant ainsi les inégalités de genre sur le plan financier.

La fiscalité familiale tend à invisibiliser les femmes ainsi que leur contribution au ménage et à la société. En dissimulant la valeur du travail invisible, principalement effectué par les femmes, elle nuit également à la redistribution de la richesse.

Crises économiques et pauvreté

En 2022, les femmes étaient plus susceptibles que les hommes de se retrouver dans une situation de faible revenu (10,6 % d'entre elles contre 9,2 % d'entre eux). C'est mieux qu'en 2005, où le taux de faible revenu des femmes était de 12,4 % comparativement à 9,6 % pour les hommes. La situation tend donc à s'améliorer, mais elle le fait lentement.

Entre 2005 et 2022, les femmes étaient plus nombreuses à travailler au salaire minimum. Jusqu'en 2018, elles occupaient d'ailleurs 60 % de ces emplois. Depuis 2019, cette proportion tend à s'équilibrer. En 2022, les femmes ne représentaient plus que 53 % des effectifs.

La hausse de 0,50 $, qui fera passer le salaire minimum à 15,75 $ de l'heure à partir du 1er mai prochain, n'est cependant pas une bonne nouvelle pour les travailleuses et les travailleurs les plus pauvres. En effet, cette augmentation de 3,28 % demeure en deçà de l'inflation annuelle prévue, qui était de 4,5 % l'an dernier. Autrement dit, celles et ceux qui travaillent au salaire minimum verront leur pouvoir d'achat diminuer de 1,22 %. Leur portefeuille s'en verra d'autant plus affecté que les 2 postes de dépenses les plus importants seront fortement touchés : le logement locatif, avec une hausse de 5,8 %, et l'épicerie, avec augmentation prévue de 8,3 %. Si elle touche l'ensemble de la population, la baisse du pouvoir d'achat nuit particulièrement aux femmes.

Tout ceci se déroule également dans un contexte où l'économie risque de ralentir, le Québec étant techniquement en récession. Il est encore tôt pour savoir si le tout se dégradera en crise économique, mais, si tel est le cas, les femmes encaisseront les conséquences plus durement que les hommes.

Les femmes ont été plus fortement touchées par les crises économiques passées. L'Institut de recherche et d'informations socioéconomiques a d'ailleurs démontré que, historiquement, les réponses aux crises ont souvent favorisé les hommes. Entre 2008 et 2016, seulement 32 % des investissements ont été dirigés vers les femmes. La politique d'austérité budgétaire, instaurée par le gouvernement libéral de Jean Charest après la crise de 2008-2009, avec des compressions totalisant plus de 23 milliards de dollars, a particulièrement touché les secteurs de la santé, de l'éducation et de la fonction publique, où les femmes sont surreprésentées.

L'écart entre les investissements destinés à la relance et les compressions budgétaires imposées s'est élevé à 7 milliards de dollars. Tout cela, sans compter les répercussions économiques négatives de la pandémie, qui ont eu davantage de conséquences pour les femmes que pour les hommes.

En conclusion

En conclusion, la LES, la mise en place des services éducatifs à la petite enfance publics et les gains en matière des droits des femmes ont eu des répercussions positives sur le sort économique des femmes au Québec. Les différentes luttes menées par les syndicats et par le mouvement des femmes ont été payantes, mais il sera important de consolider ces gains.

Simone de Beauvoir disait qu'« il suffira d'une crise politique, économique et religieuse, pour que les droits des femmes, nos droits, soient remis en question. Votre vie durant, vous devrez demeurer vigilante ». La vigilance implique le fait de continuer la lutte pour l'amélioration des conditions économiques des femmes et la consolidation des gains.

Avec la montée d'une droite misogyne, les enjeux économiques qui touchent les femmes nous paraissent d'une actualité brûlante. Le 50e anniversaire du comité d'action féministe nous offre une occasion de réfléchir à ces enjeux et aux façons dont le mouvement syndical peut poursuivre sa contribution à la lutte et à la promotion des changements significatifs pour un avenir juste et équitable pour les travailleuses au Québec.

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Nicolas Latteur : « Critique populaire de l’exploitation. Ce que devient le travail »

12 mars 2024, par Thomas Coutrot — ,
Nicolas Latteur s'est donné pour ambition de porter la voix de « ceux qui ne sont rien », mais qui tiennent notre société à bout de bras. Sa « critique populaire de (…)

Nicolas Latteur s'est donné pour ambition de porter la voix de « ceux qui ne sont rien », mais qui tiennent notre société à bout de bras. Sa « critique populaire de l'exploitation » donne la parole à des dizaines de travailleuses et travailleurs du rang, qui décrivent par le menu leur difficile condition au travail. Mais qui montrent aussi des chemins de résistances et d'alternatives.

Tiré de A l'Encontre
1 mars 2024

Nicolas Latteur : « Critique populaire de l'exploitation. Ce que devient le travail », Ed. Le Bord de l'Eau, 2023.

Par Thomas Coutrot (note de lecture)

Sociologue au Cepag (Centre d'Education Populaire André Genot), un mouvement d'éducation populaire proche de la FGTB (Fédération générale du travail de Belgique) – avec une forte présence syndicale progressiste en Wallonie –, Latteur nous propose ici un kaléidoscope de récits de travail, 27 chapitres fourmillant d'histoires vécues, ordonnées autour de plusieurs thèmes. La première partie décrit les modes de management dans le secteur privé (« dirigés à distance, contrôlés en permanence »). A travers les témoignages d'ouvriers, d'employés, mais aussi de managers, on touche du doigt l'insécurité permanente que font planer les restructurations, les externalisations, les délocalisations. On voit aussi comment les outils numériques servent l'intensification du travail et le travail dans l'urgence permanente. Ainsi Bénédicte, scripte dans le cinéma depuis de nombreuses années, explique qu'avec les caméras numériques, « tout va beaucoup plus vite. Il y a plus de sensibilité – et donc moins d'éclairage. (…) On peut commencer à tourner alors que rien n'est prêt. Cela permet d'engranger de la matière filmée. Il y a une sorte de pression constante. L'éclairage, la mise en place, la répétition, etc…, ont sauté depuis bien longtemps » (p. 35).

Le deuxième partie du livre (« Essentielles et méprisées ») s'intéresse aux services publics et professions essentielles. De façon très concrète, sont démontées les stratégies néolibérales de reconfiguration des services publics, de précarisation et déprofessionnalisation des agent·e·s, de mise à distance et disciplinarisation des usagers et usagères. Mais aussi les tensions internes aux collectifs, entre celles et ceux qui prennent encore à cœur leur tâche, et d'autres qui s'adaptent aux normes du management : « Je mets vingt minutes à faire une toilette au lieu de quinze. De ce fait j'ai des convocations au bureau parce que mes collègues se plaignent (…) Mes collègues que j'adore par ailleurs ne se rendent plus compte qu'elles sont dans la maltraitance et l'infantilisation » (p. 115).

La troisième partie (« Résister en milieu hostile ») rend compte des tentatives de résistance et de la répression féroce ou larvée à laquelle elles se heurtent le plus souvent. Particulièrement saisissant est le témoignage de Carmela (pp. 216-225), ouvrière et déléguée syndicale dans une entreprise de fabrication de sandwichs où les conditions de travail sont épouvantables – des horaires à rallonge, des températures frigorifiques, de lourds sacs à déplacer, l'obligation d'utiliser des produits parfois avariés (« Je suis parfois dégoûtée. Je ne vais pas aller manger ce que je produis »). Elle se heurte aux manipulations de son patron, qui dresse les salarié·e·s les uns contre les autres, réussissant même à susciter une pétition portée par un délégué syndical pour en faire licencier un autre. Parlant de la pression constante de l'employeur, « il souhaite me dégoûter afin que je parte de moi-même », sa santé en est fragilisée, elle ne va pas pouvoir tenir.

Mais Nicolas Latteur met aussi en visibilité des expériences plus encourageantes, où l'action militante permet de reconstruire du rapport de forces. Parfois en contournant des organisations syndicales enfermées dans des structures obsolètes. Ainsi l'association « Cordistes en colère » [spécialistes des travaux en hauteur ou difficiles d'accès équipés de cordes] s'est construite pour défendre spécifiquement les conditions de travail d'une profession risquée mais peu organisée et éclatée entre plusieurs fédérations professionnelles des syndicats « classiques » (CFDT puis CGT) avec lesquels les fondateurs de l'association avaient commencé à s'organiser. Souvent aussi, à partir d'équipes syndicales qui innovent dans la construction des liens avec les salarié·e·s en s'intéressant à leur expérience de travail réel. Ainsi la mise en œuvre d'« enquêtes ouvrières » permet de mobiliser l'intelligence individuelle et collective, comme dans le cas des aides-ménagères de Charleroi où Caroline, déléguée FGTB (pp. 273-274), estime avoir ainsi reconstruit un collectif conscient de sa force, y compris pour demander des améliorations salariales. Ou bien comme le relate Alice, élue CGT dans une grande entreprise de microélectronique proche de Grenoble : son syndicat met en œuvre une enquête sur les violences et discriminations sexistes et sexuelles, qui « construit un cadre où la sensibilité est plus grande. Cela permet de limiter les blagues sexistes et les autres phénomènes de violence, la tolérance devient plus faible » (p. 284).

Nicolas Latteur met en évidence « la légitimité de la délégation syndicale à définir elle-même son périmètre d'intervention », plutôt que de se laisser enfermer dans le « dialogue social » institutionnel : « par sa pratique de l'enquête, elle s'appuie sur les connaissances qu'ont les salarié·e·s de leur propre travail et déploie une dynamique participative. Les collectifs de travail peuvent ainsi être reconstitués – ne fût-ce que partiellement – par un syndicalisme qui se construit sur la base de l'expérience et de la connaissance qu'ont les salariés » (p. 284).

En définitive le travail de Nicolas Latteur est précieux en ce qu'il contribue à « constituer des caisses de résonance d'expériences de mobilisation dans lesquelles loin de se laisser abattre, ces salariés disputent à l'arbitraire sa toute-puissance » (p. 300). Multiplier ces expériences et les mettre en visibilité et en réseau, voici aujourd'hui une tâche centrale pour le mouvement social. Tant il est vrai que « le travail, son organisation et sa finalité apparaissent comme trois éléments centraux d'une perspective de réappropriation démocratique » (p. 306). (Cette note est publiée sur le site des Assises de la santé et de la sécurité des travailleurs–euses qui auront lieu à la Bourse du Travail à Paris les 13 et 14 mars 2024)

Thomas Coutrot est chercheur associé à l'IRES. Il a dirigé, de 2003 à 2022, le département Conditions de Travail et Santé à la Dares (Ministère du travail). Son dernier ouvrage : Redonner du sens au travail, une aspiration révolutionnaire (avec Coralie Perez), Seuil, 2022.

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L’origine du christianisme

12 mars 2024, par Editions Syllepse, Karl Kautsky — ,
Karl Kautsky est probablement le premier marxiste à s'intéresser à la fois au mouvement et à la personnalité énigmatique de l'homme qui fut crucifié par les autorités romaines. (…)

Karl Kautsky est probablement le premier marxiste à s'intéresser à la fois au mouvement et à la personnalité énigmatique de l'homme qui fut crucifié par les autorités romaines. Publié en 1908 et traduit en neuf langues, mais jamais imprimé en français, son livre permet de saisir dans sa matérialité historique l'expansion mondiale du christianisme. Il éclaire l'attrait du christianisme des origines.

Il oppose un récit matérialiste de la nouvelle religion à la mythologie chrétienne et, ce faisant, montre la capacité du marxisme à rendre compte d'un processus historique complexe, en interprétant un phénomène religieux en termes de lutte des classes.

Extrait de la préface :

La détresse religieuse est, pour une part, l'expression de la détresse réelle et, pour une autre, la protestation contre la détresse réelle. La religion est le soupir de la créature opprimée, l'âme d'un monde sans coeur, comme elle est l'esprit de conditions sociales d'où l'esprit est exclu. Elle est l'opium du peuple. La critique de la religion est donc en germe la critique de cette vallée de larmes dont la religion est l'auréole. KARL MARX

L'origine du christianisme de Karl Kautsky est une brillante analyse matérialiste historique et dialectique. Elle est malheureusement trop méconnue.

Publié en 1908, cet essai s'ouvre sur une courte section intitulée « La figure de Jésus », qui est tributaire des sources de l'époque. Lorsque Kautsky a écrit son essai, il n'avait accès à aucune preuve documentaire autre que les quatre Évangiles et les écrits de Flavius Josèphe. Mais au cours des dernières décennies, l'étude du christianisme primitif a été révolutionnée par la découverte des manuscrits de la mer Morte2 et d'autres manuscrits anciens dont la signification n'est que progressivement comprise. Aujourd'hui, grâce à l'archéologie, la figure du Christ et la nature du christianisme primitif peuvent être interprétées sous un jour nouveau et les hypothèses de Kautsky sont devenues éminemment pertinentes pour l'expliquer.

Malgré les parallèles frappants entre la secte chrétienne et la communauté de Qumrân, nulle part les manuscrits ne mentionnent Jésus, Jean-Baptiste ou tout autre personnage du Nouveau Testament. Les parchemins et les fragments de papyrus mettent en lumière le monde dans lequel Jésus était censé avoir vécu et fournissent un puissant soutien à la thèse de Kautsky selon laquelle la figure de Jésus dans les Évangiles ne représente pas un personnage historique, mais une image composite de plusieurs personnages différents. J'y reviendrai plus en détail. Le corps du livre est divisé en trois grandes parties à peu près d'égale longueur : « La société romaine à l'époque impériale », « Le judaïsme » et « Les débuts du christianisme ». Chaque partie est une analyse pénétrante des aspects sociaux, économiques, politiques et culturels des sujets traités. Chacune éclaire de façon remarquable les grandes questions importantes : l'analyse de la montée et du déclin de l'économie politique esclavagiste pour l'Empire romain, la question de la diaspora et du commerce pour les juifs et le communisme confus, mais énergique, des premières communautés chrétiennes pour le christianisme. Mais surtout, c'est une formidable analyse de l'évolution des mentalités. Elle explique les raisons pour lesquelles la secte chrétienne s'est finalement imposée et est devenue une religion « universelle », pourquoi des communautés juives, même celles hors de la Palestine, ont résisté à l'assimilation et quel rôle a joué la déliquescence morale de la société romaine dans le triomphe d'une religion qui promettait le paradis après la mort.

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Noor Hindi, écrivaine américano-palestinienne : “Ce sol me tourmente sans que je l’aie jamais foulé”

12 mars 2024, par Noor Hindi — , ,
Lettres de Palestine - La poétesse américaine d'origine palestinienne Noor Hindi signe un texte intime dans le magazine de gauche “The Nation”. Elle y confie sa difficulté à (…)

Lettres de Palestine - La poétesse américaine d'origine palestinienne Noor Hindi signe un texte intime dans le magazine de gauche “The Nation”. Elle y confie sa difficulté à être palestinienne en Occident et son attachement à une terre qu'elle n'a pourtant jamais foulée. Un sentiment qui se transmet de génération en génération, tout comme la douleur de l'exil.

Tiré de Courrier international. L.égende de la photo : Displacement - Cette toile de 2020, signée du peintre Gazaoui Mohamed Alhaj, a été exposée à Londres dans une exposition consacrée à la Palestine. Lire l'article original.

[Cet article est extrait du dossier publié dans notre hebdomadaire daté du 7 mars 2024 (CI n° 1740). Une sélection de témoignages, de récits et d'images de poètes, d'artistes et d'intellectuels palestiniens, qui donnent à voir la vitalité et la richesse de la culture, de l'histoire et de l'identité palestinienne alors que le conflit entre Israël et le Hamas entre dans son sixième mois.]

Il n'y a pas longtemps, j'ai posé une question très simple à mon père : “Y a-t-il encore de l'espoir ?” J'étais dans notre cuisine, à Dearborn, dans le Michigan, en train de couper des mangues, et je le voyais dans le salon, comme à son habitude, les yeux rivés sur son téléphone, affaissé sur le canapé, les traits tirés. Il était déjà en train de regarder les infos.

Je ne suis jamais allée en Palestine. Mais je ne connais que trop bien le chaos des informations en provenance de notre terre. Ainsi que ce passé qui nous hante. Quand j'étais enfant, je m'endormais sur les genoux de mon père au son d'Al-Jazeera. Lors des réunions de famille, j'écoutais nos histoires : celle de ma grand-mère qui a survécu à la Nakba à 5 ans, l'enfance de mon père dans le camp de réfugiés de Kalandia [village situé en Cisjordanie occupée], les arbres que mon arrière-grand-père avait plantés autour de sa maison à Al-Koubab (aujourd'hui Ramleh), l'un des 418 villages palestiniens détruits entre 1948 et 1949.

Une nuit, l'année dernière, j'ai rêvé de la Palestine. Dans mon rêve, j'étais agenouillée aux côtés de mon père, et j'avais dans la bouche une poignée de terre de Palestine. Je me suis réveillée, tourmentée par une soif brûlante, un manque qui me serrait la gorge et me vidait physiquement.

Une perte insondable

Je connais très bien ce sentiment de perte insondable, le néant du chagrin, son emprise autour de mon cou. J'ai appelé mon père un peu plus tard dans la journée. “Nous irons en Palestine, lui ai-je promis. En octobre 2024.” Il n'a exprimé qu'une seule exigence : il voulait y aller en août “pour la saison des figues”, et je pouvais l'entendre sourire à l'autre bout du fil.

Je veux pouvoir goûter l'amertume de la terre de Palestine. Depuis des années, ce sol me tourmente sans que je l'aie jamais foulé. Je veux trouver le lieu exact de ma souffrance, les coordonnées spatiales de ce manque. Je l'appelle de toutes mes forces. Et dernièrement ce besoin est devenu impérieux.

Récemment, lors d'une manifestation à Dearborn, j'ai dû m'éloigner de la foule et me mettre à l'écart sous un arbre. J'avais du mal à reprendre mon souffle. Mon corps me jouait des tours, je suppliais mes pieds de s'ancrer dans le sol, de trouver du réconfort dans ce pays pour lequel je ne suis pas faite. J'ai vu un père essayer de rattraper son fils. L'enfant était pieds nus. Il riait à gorge déployée. Il avait ramassé une feuille rouge et la lançait dans les airs. Un condensé de joie pure et de vie. J'ignore quel avenir nous allons lui laisser.

Depuis des mois, les Gazaouis s'assurent que les violences que leur inflige Israël sont indiscutables. Bien avant de faire leur deuil, de constater l'étendue de tout ce qu'ils ont perdu, avant même de prendre Allah à témoin, ils sortent leurs téléphones pour tout filmer et tout prendre en photo.

Des images indescriptibles

Je ne veux pas redonner vie à ces images ici. Et décrire l'indescriptible. Mais voilà ce que je peux dire. En octobre, des médecins de Gaza ont tenu une conférence de presse à l'hôpital baptiste Al-Ahli Arabi. Ils étaient entourés d'une mer d'enfants morts, des petits corps enveloppés dans des draps blancs. Pourtant Israël continue d'en tuer des milliers d'autres. Sous les yeux du reste du monde.

En novembre, les enfants de Gaza ont tenu leur propre conférence de presse devant l'hôpital Al-Chifa. Ils s'exprimaient en anglais. Ils nous suppliaient de les protéger. Pourtant Israël continue d'en tuer des milliers d'autres. Sous les yeux du reste du monde.

Le deuil empêché

Sur Instagram, des Gazaouis comme Motaz Azaiza [il a depuis quitté l'enclave palestinienne] et Bisan Owda, armés seulement de leur téléphone et de leurs témoignages, documentent leur propre génocide. Les bombardements incessants, les déplacements de masse, l'eau empoisonnée, la faim imposée, l'inconsolable peine. Pourtant, Israël continue d'en tuer des milliers d'autres. Sous les yeux du reste du monde. Que faut-il de plus ?

Nous, les Palestiniens, ne pouvons pas faire le deuil de nos morts. Nous devons prouver notre humanité, prouver que nos traumatismes sont bien réels, prouver encore et toujours que nous n'avons pas mérité notre sort. Cela fait soixante-quinze ans que ça dure. Telle est la genèse de ma frustration, cette anxiété personnelle qui s'invite dans le moindre de mes gestes du quotidien : nous n'avons rien d'autre que nos histoires à utiliser comme bouclier. Et ce n'est pas suffisant.

Il n'y a rien de plus éprouvant que d'assister impuissant au génocide de son peuple : sur Twitter, sur Instagram, dans les salles d'attente des médecins, à la radio et dans toutes les tâches les plus élémentaires de survie. Il n'y a rien de plus démoralisant que de voir le reste du monde nier cette violence pourtant constatée et diffusée par les gens qui la vivent au quotidien.

Malgré tout, l'espoir

Les titres des journaux m'agacent. Tout comme les “solutions”. Ou encore cette injonction de l'Occident à prendre en compte la “complexité” de la crise – une complexité qui ne vaut que pour les morts palestiniens – ou à forcément commencer toute conversation sur le sujet par le 7 octobre, alors que nous savons bien que cette date ne marque pas le début de la crise, tant s'en faut. Je refuse. Je veux qu'on me rende mon pays. Ce n'est pas compliqué.

J'écris en prévision d'un avenir dont j'ignore s'il est encore possible. Je mets mon art au service d'un avenir dont j'ignore s'il est encore possible. Je rêve d'une Palestine que je ne connaîtrai sans doute jamais. Pourtant je continue de rêver. Quand je demande à mon père s'il y a encore de l'espoir, il n'hésite pas une seconde. “Bien sûr qu'il y a de l'espoir. — Mais où ? — Je n'ai pas perdu espoir.”

C'est cela être palestinien. Dans cette vie, dans la prochaine et la suivante encore, nous choisirons toujours la Palestine. Rien ne peut nous faire renoncer à l'espoir. Face à l'inimaginable, je m'accroche à cette espérance.

Noor Hindi

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Et le massacre se poursuit pendant le Ramadhan !

12 mars 2024, par Omar Haddadou — , , , ,
Le rapport de force conforté par le soutien américain à Netanyahou, accentue le processus d'extermination des Palestiniens dans la bande de Gaza, au premier jour du Ramadhan. (…)

Le rapport de force conforté par le soutien américain à Netanyahou, accentue le processus d'extermination des Palestiniens dans la bande de Gaza, au premier jour du Ramadhan.

Face à l'hécatombe, Jean-Luc Mélenchon a pointé du doigt « les criminels », ce samedi, Place de la République.

photo montage https://www.flickr.com/photos/119524765@N06/albums/72177720315356715
Serge D'IGNAZIO

De Paris, Omar HADDADOU

Pas de trêve pour mettre un terme au génocide à Gaza !

Sous le siège israélien depuis le 7 octobre 2023, la bande de Gaza subit une situation humanitaire catastrophique. Outre le spectre de la mort (31 000 côté palestiniens), des déplacements (90%), des maladies, du déchirement de la cellule familiale et des troubles post-traumatiques, un autre constat fait état de 2, 2millions d'habitants de l'enclave sont menacés de famine.

Chaque jour apporte son lot de linceuls et le devoir d'actualiser la traçabilité du crime impuni sous le regard capitulard de certaines institutions qui se barricadent derrière des verbes et des épithètes pusillanimes. La déclaration, hier 11 mars, du Secrétaire général de l'ONU, traduit le rôle figuratif et ubuesque d'une grande Instance face à l'occupant. Monsieur Guterres se dit « atterré de la poursuite du conflit malgré le Ramadhan et outré que le conflit se poursuive à Gaza ». Son appel à l'arrêt des bombardements, à l'ouverture d'un corridor humanitaire et à libération les otages en ce mois sacré, reste un piteux prêche dans le désert.

Si le chef du Hamas, Ismaïl Haniyeh se dit « ouvert aux négociations » pour une trêve à Gaza en cette période de piété pour les Musulmans, le ministre de la Défense israélien n'a pas écarté l'obligation « de répondre à toute provocation ». En France, Macron a, depuis quelques heures, le bourrichon qui frétille de jubilation. Cela parait paradoxal, je vous l'accorde. Le drame humain offre aux Puissants une brèche, que dis-je ? une manne providentielle où l'on fait de bonnes et juteuses affaires au détriment des vulnérables.

Surclassant la Russie, il y a à peine 24 heures, l'Hexagone est devenue, pour la première fois, le deuxième exportateur d'armement dans le monde, avec une progression de ventes de 47% sur la période 2019-2023. L'avènement du conflit ukrainien le 24 février 2024, a occasionné un bond de 94% dans les importations européennes. Motus et bouche cousue !

L'obtention d'un cessez-le feu entre Israël et le Hamas est conditionné par nombre de prérequis dont l'échange de prisonniers. Conscient de l'ampleur et de l'intensité des atrocités, le Président des Etats-Unis tente une mascarade de médiation au moment où l'espace vital palestiniens, notamment dans la bande de Gaza, en Cisjordanie et Khan Younes, est réduit en cimetière à ciel ouvert.

Point d'intransigeance ni de condamnation à l'égard du protégé, investi dans sa besogne macabre. Joe Biden joue sur le phrasé évasif et complaisant en se fendant de communiqués dénués de toute injonction péremptoire. N'est-ce pas une manière de dire « rase-moi tout ça ! On n'a pas le choix ». D'un ton presque aphone, il déclarait : « qu'un cessez-le feu entre Israël et le Hamas s'annonce difficile ».

Ce positionnement a sorti de ses gonds ce samedi, Place de la République, la France Insoumise, menée par Jean-Luc Mélenchon qui, en tribun révolté, a cloué au pilori Netanyahou, « sa politique d'occupation et d'extermination ». La benne d'un camion en guise de tribune, le Député frondeur s'indignait des atrocités infligées au peuple palestinien en dressant un réquisitoire au Premier ministre israélien digne du procès de Nuremberg : « Crosses en l'air, crosses en l'air ! Cessez- le massacre ! Stop aux livraisons des armes ! Nous sommes le peuple humain qui regarde ses frères et sœurs assassinés et qui pensent qu'aucune représaille, aucune vengeance ne rendent le génocide acceptable ! ».
Devant 60 000 manifestants (es) arborant les symboles de la lutte palestinienne et les slogans dénonçant un « crime contre l'Humanité », le cortège progressait jusqu'à la Place de la bourse dans le 2ème Arr. La foule scandait : « Gaza, Gaza, Paris et avec toi ! ». La participation de la gent féminine est impressionnante. L'élan militant cosmopolite recèle des familles, des jeunes mamans avec leurs bébés. Ici, une famille égyptienne avec une bru palestinienne, là un comorien musulman marié à une française, devant, des étudiants toutes nationalités confondues qui crient à l'unisson : « Netanyahou casse-toi ! la Palestine n'est pas à toi ! » ou « Palestine vivra, Palestine vaincra ! ».

Circonspect sur le drame de Gaza, Macron en perte d'influence et d'ambitions expansionnistes au Sahel, tente présentement une opération séduction au Maghreb, sous couvert de réconciliation et de coopération qui cachent mal l'instinct hégémonique aux relents prédateurs.
O.H

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Le Pen : la torture « républicaine » en colonie et le déni pour « vérité » mémorielle « apaisée »

12 mars 2024, par Fabrice Riceputi, Faris Lounis — , ,
Qui n'a pas vu, lu ou entendu ? Peu de temps avant, pendant et après les commémorations du soixantième anniversaire de l'indépendance de l'Algérie, le cirque (…)

Qui n'a pas vu, lu ou entendu ? Peu de temps avant, pendant et après les commémorations du soixantième anniversaire de l'indépendance de l'Algérie, le cirque politico-académique et sa gueule de bois médiatique de « la guerre des mémoires » a imposé le sentimentalisme de la « réconciliation des deux Rives » comme l'unique grille de lecture du moment colonial en Algérie. A force de mettre l'histoire au service du ressentiment d'Etat français et algérien, on en est même arrivé à oublier ce qu'était la colonisation et l'après-Libération, pour se perdre dans le désastreux mirage d'une histoire antihistorique, dite « apaisée » et contre la « repentance ».

Les premiers laissés pour compte de ce cirque ? La recherche universitaire, les chercheurs, les professeurs d'université et leurs travaux. Des bibliothèques entières réduites aux cendres des manipulations politiciennes de l'extrême droite et de l'autoritarisme. D'un côté, tout ce qui va à l'encontre du « gros bon sens commun » des « bienfaits de la colonisation » est taxé d'« autoflagellation », de « haine de la France », de « soumission aux minorités revanchardes », d' « islamo- gauchisme », de « wokisme » et, dans certains cas, d' « apologie du terrorisme du FLN » ; de l'autre, la roue de l'histoire doit se contenter de ressasser les pieuses légendes de l'avant-1962. Tout ce qui va au-delà risquerait de nuire, selon une certaine « vérité » pour d'aucuns irréfutable, à l' « intégrité de la nation et sa sécurité »…

Le temps est au confusionnisme chez nombre de politiques et d'« intellectuels » de plateaux de télévision, dans les médias (privés surtout) mensonges plus généralement. Marine Le Pen est désormais la pierre angulaire de « l'arc républicain » et il ne faut pas s'étonner d'écouter sur une radio publique une certaine musique révisionniste selon laquelle Le Pen n'aurait sans doute pas torturé en Algérie.

A l'occasion de la récente parution de Le Pen et la torture. Alger 1957, l'histoire contre l'oubli, Le Matin d'Algérie s'entretient avec Fabrice Riceputi, historien et chercheur associé à l'Institut d'histoire du temps présent, autour de ce déni colonial qui va à l'encontre de la vérité solidement établie par des faits historiques depuis plusieurs décennies.
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Le Matin d'Algérie : Pourquoi avez-vous décidé d'écrire un livre sur le passé tortionnaire et criminel de Le Pen ? Est-ce le manque d'études consacrées à ce sujet qui a déterminé un tel choix, leur dispersion ou le contexte politique délétère dans lequel évolue la France actuellement ?

Fabrice Riceputi : Personne n'avait jamais songé à réunir l'ensemble du dossier historique relatif au passé tortionnaire de Jean-Marie Le Pen. Jusqu'aux années 2000, lorsqu'étaient publiées les dernières révélations à ce sujet, l'affaire paraissait suffisamment entendue. Et si quelques historiens ont travaillé sur la terreur militaro-policière à laquelle il a participé, aucun n'a logiquement jugé utile de s'intéresser à son cas particulier, qui est celui d'un tortionnaire mais parmi beaucoup d'autres, même s'il était député.

Mais plus de 20 années ont passé, les années de la « dédiabolisation » des Le Pen et du lepénisme. Et en février 2023, on a pu très sérieusement affirmer sur France Inter que « le soldat Le Pen n'a sans doute pas torturé » à Alger et qu'on n'aurait en tout cas « pas de preuves ». C'est là que j'ai réalisé la nécessité de faire ce travail, qui est aussi une manière de raconter au travers du cas Le Pen les premiers mois de ce qu'on appelle « la bataille d'Alger ». Désormais, ce dossier est à la disposition de tous et je suis heureux qu'il soit aussi publié en Algérie.

Le Matin d'Algérie : A quand remontent les premières accusations et revendications de la torture par Le Pen ?

Fabrice Riceputi : Les premières accusations remontent à juin 1957, c'est-à-dire deux mois après son départ d'Alger le 31 mars. Le périodique du FLN Résistance algérienne raconte le supplice infligé par le député parachutiste Le Pen à un certain « Dahman », à la Villa Les Roses sur les hauteurs d'El Biar, où cantonnait effectivement la compagnie de Le Pen. Puis, en 1962, Pierre Vidal-Naquet rend public le rapport du commissaire principal René Gille exposant deux plaintes pour torture déposées par deux Algériens contre Le Pen. L'un des deux a été conduit par Le Pen à la Villa Sésini parce qu'il refusait de lui ouvrir le bar de l'Hôtel Albert 1er à 2 heures du matin…Ensuite, plus rien jusqu'à ce que la presse française s'intéresse au passé d'un Le Pen devenu leader d'un parti à succès : le Front National.

Durant la guerre, Le Pen a fait l'apologie de la torture et, en 1962, a fièrement confirmé avoir lui-même torturé. Mais à partir des années 1980, face à des accusations très circonstanciées de plusieurs de ses victimes directes dans la presse, il doit réagir, alors qu'il brigue les plus hautes fonctions politiques : il attaque systématiquement en diffamation, nie avoir torturé lui-même, tout en jugeant totalement justifiée la torture « anti-terroriste ». L'impunité lui étant garantie par l'amnistie depuis 1962 et les faits eux-mêmes ne pouvant être jugés, il peut gagner ses premiers procès, avant d'en perdre trois autour de 2000, dont celui contre Le Monde, avec un jugement particulièrement définitif.

Le Matin d'Algérie : Pouvez-vous revenir sur le parcours de Le Pen durant « la grande répression d'Alger » (selon la formule de Gilbert Meynier pour parler de « la bataille d'Alger) ? Durant quelle période de l'année 1957 le « lieutenant Marco » a-t-il intensifié ses pratiques inhumaines sur les corps des colonisés ?

Fabrice Riceputi : Ce jeune militant nationaliste et anticommuniste s'engage d'abord en Indochine, où il reste un an. C'est là qu'il apprend comme beaucoup d'autres militaires français les méthodes de la guerre contre-insurrectionnelle qui vont être appliquées ensuite en Algérie. Notamment, l'usage de la torture. Elu député poujadiste en 1956, il s'engage à nouveau pour l'Algérie où il arrive comme lieutenant dans le 1er Régiment Etranger Parachutiste à la fin décembre 1956. Le 7 janvier 1957, le gouvernement du socialiste Guy Mollet lance près de 10 000 parachutistes sur Alger avec le projet d'en finir avec le nationalisme algérien dans la ville-vitrine de l'Algérie française. Leur première tâche est d'écraser la grève des 8 jours appelée par le FLN, dont le succès démontrerait au monde l'audience de ce dernier. Le mode opératoire mis au point est celui qu'on appellera plus tard, en Argentine, la disparition forcée. Les militaires enlèvent, détiennent, interrogent, exécutent parfois qui leur paraît « suspect », sans rendre de comptes à quiconque. Le Pen est des officiers qui font « du renseignement ». Dans la quinzaine de témoignages de ses victimes, on le voit traquer des « suspects », la nuit, dans tout Alger, et torturer, à domicile ou dans certains des très nombreux centres de torture dont Alger et sa région sont couverts : villa Les Roses, Villa Sésini, Fort-L'Empereur notamment. Il utilise surtout les méthodes très normées et enseignées alors aux officiers de renseignement que sont la torture par ingestion forcée d'eau souillée et celle à l'électricité, la « gégène », censées ne pas laisser trop de traces sur les corps des suppliciés. Certains témoins mentionnent aussi des exécutions sommaires. L'un d'eux le relie directement à Paul Aussaresses, qui dirigeait clandestinement les escadrons de la mort de l'armée française. Il est très possible que Le Pen ait agi sous les ordres de ce dernier. Au total, plusieurs dizaines de victimes lui sont imputées, en deux mois et demi de présence effective à Alger.

Le Matin d'Algérie : Que disent les victimes de la torture à propos de Le Pen ? L'historiographie de l'Algérie coloniale, quelle légitimité accorde-t-elle aujourd'hui à leurs témoignages

Fabrice Riceputi : Dans une sorte de prolongement de l'idéologie colonialiste, on a longtemps refusé en France de prendre en compte la parole algérienne sur ces questions. C'est ce que font certains commentateurs quand ils disent qu'il n'y a pas de preuves que Le Pen a torturé. Ils s'assoient sur les témoignages. Or, dans les contextes de crimes d'Etat niés et dissimulés, qu'il s'agisse de la torture en Algérie ou par exemple du génocide des Arméniens, l'historien doit avoir recours aux témoignages des victimes, qui sont la source quasi-unique dont on dispose. Il n'y a par définition rien ou presque dans les archives et les acteurs des répressions les avouent très rarement. Il faut bien sûr soumettre ces témoignages à la critique. C'est ce que j'ai fait avec les victimes de Le Pen, fort notamment de ma connaissance du contexte algérois en 1957, sur lequel je travaille depuis plusieurs années avec Malika Rahal. Et ma conclusion est qu'ils sont parfaitement crédibles.

Le Matin d'Algérie : Quand certains médias, politiques et « intellectuels » de plateaux de télévision critiquent Le Pen en France, ils parlent souvent de collaborationnisme, de nazisme et de racisme, mais jamais de colonialisme. Selon vous, qu'est-ce qui explique le déni de la matrice coloniale du lepénisme ? Ce déni, a-t-il un rapport avec le refus de l'Etat français de reconnaître officiellement, d'abord pour ses propres citoyens, le caractère inhumain de ses différentes entreprises coloniales et de rompre définitivement avec ses ambivalences vis-à-vis du mythe des supposés « aspects positifs de la colonisation » ?

Fabrice Riceputi : En France, il n'est pas jugé particulièrement infâmant d'avoir trempé dans les crimes coloniaux. Car c'est la chose la mieux partagée par tous les courants politiques ou presque. L'extrême droite, mais aussi les socialistes et les gaullistes. Aucun n'a fait le moindre inventaire critique de ce passé honteux. Les initiatives mémorielles de Macron évitent soigneusement cette question et perpétuent en réalité le légendaire déni français des crimes commis durant l'époque coloniale.
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Propos recueillis par Faris LOUNIS
Journaliste indépendant

Bibliographie sélective :

Ici on noya les Algériens, Lorient, Le passager clandestin, 2021.
Le Pen et la torture. Alger 1957, l'histoire contre l'oubli, Lorient, Le passager clandestin, 2023.
Fabrice Riceputi coanime le site « histoirecoloniale.net » et mène avec l'historienne Malika Rahal le projet « Mille autres » sur les enlèvements, la torture et les exécutions sommaires d'Algériens durant la grande répression d'Alger (la « bataille d'Alger »). Leurs publications sont consultables sur le site éponyme « 1000autres.org ».
Crédit : Serge d'Ignazio.
*Cet entretien a été publié pour la première fois, le 3 mars 2024, dans Le Matin d'Algérie.

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États-Unis. En 2023, les grèves importantes ont augmenté de 280%. Toutefois, la protection du droit de grève est très insuffisante

12 mars 2024, par Jennifer Sherer, Margaret Poydock — , ,
L'année dernière a vu une relance de l'action collective parmi les travailleurs et travailleuses. Plus de 16,2 millions d'entre eux et elles étaient représentés par des (…)

L'année dernière a vu une relance de l'action collective parmi les travailleurs et travailleuses. Plus de 16,2 millions d'entre eux et elles étaient représentés par des syndicats en 2023, soit 191 000 de plus qu'en 2022. Les travailleurs ont déposé des pétitions et votes pour établir des sections syndicales en nombre record. Ils ont obtenu des gains salariaux significatifs grâce à des débrayages, grèves et arrêts de travail et grâce à des négociations contractuelles. En outre, les efforts de syndicalisation se sont poursuivis dans divers secteurs, notamment les soins de santé, les organisations à but non lucratif, l'enseignement supérieur, les musées, le commerce de détail et l'industrie manufacturière (Shierholz et al. 2024).

1 mars 2024 | tiré du site alencontre.org

Les grèves ont été l'une des principales formes d'action collective en 2023. On parle de grève lorsque des travailleurs refusent de travailler pour leur employeur dans le cadre d'un conflit du travail. En refusant leur travail – travail dont les employeurs dépendent pour produire des biens et fournir des services – les travailleurs et travailleuses peuvent contrecarrer l'asymétrie de rapports de pouvoir existant entre eux et leur employeur. Les grèves constituent un moyen de pression essentiel pour les travailleurs lorsqu'ils négocient avec leurs employeurs des salaires et des conditions de travail correctes, lorsque les employeurs enfreignent le droit du travail ou lorsqu'ils refusent de reconnaître volontairement les syndicats.

Les données du Bureau of Labor Statistics (BLS) montrent que 458 900 travailleurs et travailleuses ont été impliqués dans des « arrêts de travail significatifs » en 2023. Le nombre de travailleurs impliqués dans des arrêts de travail significatifs a augmenté de 280% en 2023, retrouvant les niveaux observés avant la pandémie de Covid-19. Ces grèves ont touché des salarié·e·s de tout le pays, des ouvriers de l'automobile aux scénaristes et acteurs d'Hollywood, en passant par les infirmières et les enseignants des écoles publiques.

Un thème commun aux grèves de 2023 était la revendication d'une augmentation des salaires dans un contexte de chocs inflationnistes résultant de la relance après la pandémie, de crises mondiales, de bénéfices records pour de nombreuses entreprises et de rémunérations stratosphériques pour les PDG. Parmi les autres motifs de grève, citons des décennies de stagnation des salaires, l'érosion des soins de santé et des prestations de retraite [les deux liés à l'emploi], les longues heures de travail et les conditions de travail dangereuses (Bivens et al. 2023 ; Dickler 2023). Il n'est pas surprenant que les travailleurs et travailleuses entreprennent des actions collectives pour améliorer leurs salaires et leurs conditions de travail, mais nous devrions nous demander pourquoi cela se produit maintenant. Depuis plusieurs décennies, l'économie des Etats-Unis se caractérise par une croissance inégale des revenus et une stagnation des salaires. Les recherches montrent que les syndicats et la négociation collective sont des outils essentiels pour lutter contre l'inégalité des revenus et améliorer les salaires, les avantages et les conditions de travail des travailleurs syndiqués et non syndiqués (Bivens et al. 2023). Toutefois, l'augmentation continue de l'action collective n'est pas susceptible d'accroître sensiblement le taux de syndicalisation, à moins que des changements politiques significatifs ne soient adoptés pour garantir à tous les travailleurs et travailleuses le droit de former des syndicats, de négocier collectivement et de faire grève.

Dans cette note, nous mettons en évidence les arrêts de travail survenus en 2023 et discutons des politiques nécessaires pour renforcer le droit de grève aux Etats-Unis.

Données sur les arrêts de travail « majeurs »

Le Bureau of Labor Statistics (BLS) définit les « arrêts de travail majeurs » comme ceux qui impliquent au moins 1000 travailleurs et durent un quart de durée de travail complète entre le lundi et le vendredi, à l'exclusion des jours fériés fédéraux. Les données du BLS montrent que 458 900 travailleurs ont été impliqués dans 33 arrêts de travail majeurs qui ont débuté et pris fin en 2023 (BLS 2024c). Il s'agit d'une augmentation de plus de 280% par rapport au nombre de travailleurs impliqués dans des arrêts de travail majeurs en 2022, qui était de 120 600. En outre, elle est comparable à l'augmentation observée dans les niveaux prépandémiques en 2018 et 2019, comme le montre le graphique A.

Notes : Le Bureau of Labor Statistics ne fait pas de distinction entre les grèves et les lock-out dans ses données sur les arrêts de travail. Toutefois, les lock-out (qui sont lancés par l'employeur) sont rares par rapport aux grèves, de sorte qu'il est raisonnable de considérer les données sur les arrêts de travail majeurs comme une approximation des données sur les grèves significatives. Les données concernent les travailleurs des secteurs public et privé.
Source : Bureau of Labor Statistics : Bureau of Labor Statistics, « Work Stoppages Summary » (communiqué de presse), 21 février 2024, et tableau connexe, « Annual Work Stoppages Involving 1,000 or More Workers, 1947-Present ».

Environ 75% des arrêts de travail majeurs en 2023 (25) ont eu lieu dans le secteur privé, dont plus de la moitié (14) dans le secteur de la santé. Les administrations publiques ont été à l'origine de cinq arrêts de travail majeurs, la majorité d'entre eux concernant des collèges et des universités publics. Les collectivités locales ont été à l'origine de trois arrêts de travail importants, qui concernaient des écoles primaires publiques.

Exemples d'arrêts de travail importants (majeurs) en 2023

Les données sur les arrêts de travail du Bureau of Labor Statistics comprennent une ventilation des organisations dans lesquelles se sont produits les principaux arrêts de travail. Ces données, combinées à un examen par l'EPI (Economic Policy Institute) des sources accessibles au public, suggèrent un éventail d'activités de grève en 2023. Les thèmes récurrents des principaux arrêts de travail survenus en 2023 sont les suivants : les travailleurs et travailleuses citent des décennies de stagnation des salaires réels (corrigés de l'inflation), l'érosion de l'assurance maladie ou des prestations de retraite, les longues heures de travail et les conditions de travail dangereuses ou stressantes comme motivation pour obtenir des améliorations significatives des salaires, des prestations et des conditions de travail. Voici quelques exemples d'arrêts de travail importants couverts par les données du BLS.

Grève « Debout » des United Auto Workers (UAW)

Le 15 septembre 2023, plus de 12 000 travailleurs se sont mis en grève chez General Motors, Ford et Stellantis après l'expiration de leur contrat [par grève debout, « Stand Up », on entend le choix des secteurs entrant en grève, à l'opposé de grèves mobilisant tous les travailleurs d'une entreprise]. Les travailleurs, représentés par le syndicat United Auto Workers, se sont mis en grève pour obtenir de meilleurs salaires et avantages sociaux après les concessions contractuelles accordées à la suite de la grande récession. Entre 2013 et 2023, les trois constructeurs automobiles ont vu leurs bénéfices augmenter de 250 milliards de dollars, alors que les membres de l'UAW n'ont pas bénéficié d'un ajustement du coût de la vie depuis 2009 (Hersh 2023).

Pendant l'arrêt de travail, l'UAW a appliqué une stratégie de « grève debout ». Au lieu de mettre les 150 000 membres en grève en même temps, ils ont choisi des sites spécifiques pour faire grève, d'autres sites étant prêts à « se lever » et à rejoindre la grève à mesure que les négociations se poursuivaient avec les trois constructeurs automobiles (UAW 2024). Au total, environ 53 000 travailleurs ont participé aux arrêts de travail. C'était la première fois que l'UAW se mettait en grève simultanément chez les trois constructeurs automobiles.

La grève a pris fin au bout de deux mois, lorsque les United Auto Workers et General Motors, Ford et Stellantis ont conclu des accords prévoyant des augmentations d'au moins 33% pour tous les travailleurs, l'élimination d'un système salarial à deux vitesses [avec des salaires d'entrée pouvant durer plus bas que la moyenne], la réouverture d'une usine Stellantis précédemment fermée, un engagement en faveur d'une transition équitable avec les véhicules électriques et des primes annuelles pour les retraités (UAW 2023). En outre, les travailleurs non syndiqués ont bénéficié des retombées des avancées de l'UAW. Par exemple, Toyota, Honda, Hyundai et Tesla ont augmenté les salaires de leurs travailleurs et travailleuses aux Etats-Unis (dont aucun n'est syndiqué) peu après que l'UAW a conclu un accord de principe avec General Motors, Ford et Stellantis (Brooks 2023 ; Kolodny 2024).

Grève des travailleurs de la santé de Kaiser Permanente

En octobre 2023, plus de 75 000 travailleurs de la santé de Kaiser Permanente, représentés par une coalition de plusieurs syndicats, ont entamé la plus grande grève de l'histoire des Etats-Unis dans le secteur de la santé (Isidore et Delouya 2023). La grève de trois jours a concerné des infirmières, des techniciens médicaux et du personnel de soutien dans des centaines d'établissements Kaiser dans sept Etats et dans le district de Columbia, les plus grands groupes de salarié·e·s (agents de santé) de Kaiser étant en grève en Californie (Reuters 2023).

Comme de nombreuses grèves dans le secteur de la santé ces dernières années, la grève des employé·e·s de Kaiser a attiré l'attention sur les propositions syndicales visant à remédier aux retards de salaires et à la crise du personnel. A l'issue de la grève de trois jours, les salarié·e·s ont conclu avec Kaiser un accord de principe prévoyant une augmentation générale des salaires de 21% sur quatre ans, des primes supplémentaires et une rétribution collective des objectifs fixés, ainsi que de nouvelles initiatives en matière de formation, d'éducation et d'embauche afin d'accroître les niveaux de personnel. L'accord qui en a résulté, ratifié par plus de 98% des membres en novembre 2023, a également fixé un nouveau salaire minimum pour les salarié·e·s de la santé de Kaiser à 23 dollars (qui sera fixé à 25 dollars d'ici 2026) en Californie et à 21 dollars (qui sera fixé à 23 dollars d'ici 2026) dans tous les autres Etats couverts par le contrat (Coalition of Kaiser Permanente Unions 2023).

Grève des employés diplômés de l'Université du Michigan

En mars 2023, environ 2200 employé·e·s de l'Université du Michigan se sont mis en grève. Représentés par la section locale 3550 de la Graduate Employees' Organization (GEO), ils comprennent des étudiants assistants et des assistants de troisième cycle répartis sur trois campus. Les employés ont voté en faveur de la grève afin d'améliorer leurs salaires et leurs avantages sociaux et d'obtenir des protections contre le harcèlement et des conditions de travail plus sûres (P. Lucas 2023).

La grève a été controversée, ce qui a conduit le GEO et l'Université du Michigan à porter plainte l'un contre l'autre pour pratiques déloyales de travail. Les accusations ont finalement été réglées entre les deux parties (Anderson 2023).

La grève de cinq mois a pris fin lorsque la Graduate Employees' Organization (GEO) et l'Université du Michigan ont convenu d'un nouveau contrat de trois ans qui prévoyait d'importantes augmentations de salaire sur les trois campus, des mesures de protection contre le harcèlement, un congé maternité rémunéré, une couverture d'assurance maladie pour les soins liés à l'affirmation du genre et une prime de 1000 dollars à l'embauche (Bruckner, 2023 ; Mackay, 2023). La grève a été le plus long arrêt de travail majeur en 2023 et la plus longue grève dans l'histoire du syndicat et de l'université (Bruckner, 2023). La grève de l'Université du Michigan est un exemple de la vague croissante d'actions syndicales parmi les étudiants diplômés ces dernières années (Bivens et al. 2023).

Grèves des travailleurs de Starbucks United lors de la « Journée de la tasse rouge » (Starbucks Workers United Red Cup Day)

Le 16 novembre 2023, plus de 5000 travailleurs de Starbucks se sont mis en grève pour protester contre le refus de l'entreprise de négocier de bonne foi un premier contrat. Cette grève d'une journée a été organisée pour coïncider avec la promotion « Red Cup Day » de Starbucks, qui est historiquement l'une des journées les plus chargées de l'entreprise. La grève du Red Cup Day de 2023 a été le plus grand arrêt de travail de Starbucks Workers United à ce jour, impliquant plus de 5000 salarié·e·s dans 200 magasins (Durbin 2023).

Depuis décembre 2021, les travailleurs de 43 Etats, dans 391 des magasins appartenant à Starbucks aux Etats-Unis, ont voté en faveur de la syndicalisation (More Perfect Union 2024). Depuis plus de deux ans, Starbucks refuse de négocier de bonne foi et n'a signé aucun contrat collectif avec ses magasins syndiqués. Au cours de cette période, les fonctionnaires du National Labor Relations Board ont déposé 105 plaintes alléguant que l'entreprise avait violé le droit du travail, y compris une procédure nationale accusant Starbucks de ne pas avoir négocié avec les travailleurs syndiqués dans les magasins à travers le pays (Saxena 2023). Peu après la grève du Red Cup Day de 2023, Starbucks a annoncé qu'elle souhaitait reprendre les négociations avec Starbucks Workers United afin de conclure un premier contrat en 2024 (A. Lucas, 2023).

Les arrêts de travail qui n'apparaissent pas dans les données du BLS

Les données du Bureau of Labor Statistics sur les arrêts de travail, bien qu'utiles, présentent une limitation majeure. Elles ne comprennent que des informations sur les arrêts de travail (grèves et lock-out) impliquant au moins 1000 travailleurs et durant une durée de travail complète entre le lundi et le vendredi, à l'exclusion des jours fériés fédéraux. En restreignant ainsi les données, on passe à côté d'une énorme quantité d'informations. Selon les données du BLS sur la taille des entreprises, près des trois cinquièmes (58%) des travailleurs du secteur privé sont employés par des entreprises de moins de 1000 salariés (BLS 2024b). Pourtant, toute activité de grève de ces travailleurs ne serait pas prise en compte dans les données du Bureau of Labor Statistics sur les arrêts de travail. Par exemple, une grève de six semaines impliquant 750 étudiants diplômés de l'Université Temple (située à Philadelphie en Pennsylvanie) n'a pas été prise en compte dans les données de 2023, car elle ne répondait pas aux limites de taille du BLS (AP 2023).

Ces limites de taille et de durée signifient que les données du Bureau of Labor Statistics ne tiennent pas compte des nombreux salarié·e·s qui ont débrayé en 2023 pour réclamer des salaires équitables et des conditions de travail sûres. Alors que les données du BLS font état de 33 arrêts de travail majeurs en 2023, l'ILR Labor Action Tracker de Cornell University montre que 470 arrêts de travail – 466 grèves et 4 lock-out – ont eu lieu en 2023 (Ritchie, Kallas, Iyer 2024).

Conclusion. Une action du pouvoir fédéral et des Etats est nécessaire pour garantir le droit de grève

Les données du BLS de 2023 sur les principaux arrêts de travail montrent que plus de 450 000 travailleurs ont exercé leur droit de grève pour obtenir des augmentations de salaire, de meilleurs avantages et des conditions de travail plus sûres. Il n'en reste pas moins que le droit du travail actuel ne protège pas de manière adéquate le droit fondamental de grève des travailleurs et travailleuses. Les politiques fédérales suivantes renforceraient le droit des travailleurs à se syndiquer et à négocier collectivement.

La loi Richard L. Trumka sur la protection du droit d'organisation (PRO) comprend des réformes essentielles qui renforceraient le droit de grève des salarié·e·s du secteur privé. La loi PRO élargirait le champ d'application des grèves en supprimant l'interdiction des grèves de solidarité et en autorisant le recours aux grèves intermittentes [elles sont sans protection légale]. Elle renforcerait également le droit de grève des salarié·e·s en interdisant aux employeurs de remplacer de manière permanente les salarié·e·s en grève.

  • La loi sur la protection des soins de santé des salarié·e·s en grève et subissant un lock-out empêcherait les employeurs d'interrompre la couverture médicale des travailleurs et des membres de leur famille en guise de représailles contre les grévistes.
  • La loi sur la sécurité alimentaire des grévistes (Food Secure Strikers Act) permettrait aux grévistes de bénéficier des prestations du programme d'aide à l'alimentation (Supplemental Nutrition Assistance Program – SNAP).
  • Le Congrès devrait également mettre en œuvre des politiques visant à étendre un droit de grève pleinement protégé aux salarié·e·s des chemins de fer, des compagnies aériennes, du secteur public, de l'agriculture et de l'économie domestique. Aucun de ces travailleurs n'a le droit fondamental de faire grève en vertu de la législation fédérale actuelle.

L'exclusion des salarié·e·s du secteur public, des employé·e·s de maison et des agriculteurs de la couverture du droit du travail fédéral signifie que les droits syndicaux fondamentaux de millions de travailleurs de ces professions sont laissés à l'appréciation des Etats. Pour remédier à une grande partie de ces exclusions, le Congrès devrait, dans un premier temps, adopter la loi sur la liberté de négociation dans la fonction publique (Public Service Freedom to Negotiate Act), établissant une norme minimale en matière de droits de négociation collective que tous les Etats et toutes les localités doivent accorder aux employés du secteur public.

En l'absence d'action du Congrès, les Etats devraient garantir les droits de négociation collective et protéger le droit de grève pour tous les travailleurs et travailleuses du secteur public, de l'agriculture et de l'économie domestique. A l'heure actuelle, seule une douzaine d'Etats accordent des droits de grève limités à certains travailleurs du secteur public. Les Etats devraient également rejoindre l'Etat de New York et du New Jersey en rendant les travailleurs et travailleuses en grève éligibles aux allocations de chômage (Perez 2024). (Article publié sur le site Economic Policy Institute le 21 février 2024 ; traduction rédaction A l'Encontre)

Références

Anderson, Miles. 2023. “UMich and GEO Reach Settlement on Unfair Labor Practices and Lawsuit.” Michigan Daily, June 8, 2023.

Associated Press (AP). 2023. “Temple Graduate Students Ratify New Pact, End 6-Week Strike.” March 13, 2023.

Bivens, Josh, Celine McNicholas, Margaret Poydock, Jennifer Sherer, and Monica Leon. 2023. What to Know About This Summer's Strike Activity : What's Spurring the Rise in Labor Actions ? Economic Policy Institute, August 2023.

Brooks, Khristopher J. 2023. “Hyundai, Honda and Toyota Have All Raised Worker Pay Since UAW Strike Ended.” CBS News, November 13, 2023.

Bruckner, Meredith. 2023. “University of Michigan Grad Student Employees Ratify New Deal After Historic Strike.” CBS News, August 25, 2023.

Bureau of Labor Statistics (BLS). 2024a. “Annual Work Stoppages Involving 1,000 or More Workers, 1947–Present” (table). Major Work Stoppages. Accessed on February 16, 2024.

Bureau of Labor Statistics (BLS). 2024b. “Table F. Distribution of Private Sector Employment by Firm Size Class : 1993/Q1 Through 2023/Q1, Not Seasonally Adjusted” (table). National Business Employment Dynamics Data by Firm Size Class. Accessed on February 7, 2024.

Bureau of Labor Statistics (BLS). 2024c. “Work Stoppages Summary” (press release). February 21, 2024.

Coalition of Kaiser Permanente Unions. 2023. “98.5% Yes Vote Ratifies 2023 National Agreement.” November 9, 2023.

Dickler, Jessica. 2023. “Why So Many Workers Are Striking in 2023 : ‘Strikes Can Often Be Contagious,' Says Expert.” CNBC, October 9, 2023.

Durbin, Dee-Ann. 2023. “Thousands of Starbucks Workers Go on a One-Day Strike on One of Chain's Busiest Days.” Associated Press, November 16, 2023.

Hersh, Adam. 2023. “UAW-Automakers Negotiations Pit Falling Wages Against Skyrocketing CEO Pay.” Working Economics Blog (Economic Policy Institute), September 12, 2023.

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Kolodny, Lora. 2024. “Tesla Raising Factory Worker Pay in U.S. Following UAW Victories in Detroit.” CNBC, January 11, 2024.

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Lucas, Peter. 2023. “Graduate Workers at the University of Michigan Have Been on Strike for over a Month.” Jacobin, May 14, 2023.

Mackay, Hannah. 2023. “Striking UM Grad Student Instructors Begin Voting to Ratify New 3-Year Deal.” Detroit Free Press, August 22, 2023.

More Perfect Union. 2024. “Map : Where Are Starbucks Workers Unionizing ?” (web page). Last updated February 14, 2024.

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Le huit mars a vu l’émergence de la grève féministe dans maints pays

Empêcher l'humanité de glisser sur la pente raide du déboulement vers la terre- étuve alors qu'elle marche en funambule sur son étroite bordure exige dès maintenant la mise en (…)

Empêcher l'humanité de glisser sur la pente raide du déboulement vers la terre- étuve alors qu'elle marche en funambule sur son étroite bordure exige dès maintenant la mise en branle d'un mouvement de masse mondial.

La mobilisation de la journée des femmes du 8 mars à travers le monde, de par intersectionnalité, y contribue. D'autant plus que depuis quelques années, inspirées de la première grève féministe en Islande en 1975, ces manifestations se sont doublées de grèves dans maints pays, notamment en Espagne et en Argentine mais aussi en Suisse et cette année en Italie et en France. Reprenant son souffle après la Marche mondiale des femmes du tournant du siècle, « [l]a déflagration du mouvement #MeToo en 2017 (grâce aussi aux flammes courageusement allumées et entretenues par les féministes les années précédentes) a réussi à réintégrer le féminisme comme un cadre d'action acceptable dans l'espace public. »

Mais #MeToo a également eu lieu à une époque où les mouvements anti-genre gagnaient lentement et sûrement du terrain, s'attaquant souvent aux droits des femmes sous prétexte de les défendre contre ce qu'ils considéraient comme les aberrations du féminisme radical. […] [L'héritage féministe] a été réinventé et réinterprété dans ce que l'auteure américaine Susan Faludi a appelé le "fémonationalisme" pour cibler le féminisme progressiste, les droits reproductifs et les migrants. C'est ce qu'a résumé de manière frappante Giorgia Meloni [Première ministre d'Italie] lorsqu'elle s'est adressée à une foule de partisans du parti d'extrême droite espagnol Vox en 2022 : « Oui à la famille naturelle, non au lobby LGBT ! Oui à l'identité sexuelle, non à l'idéologie du genre ! Oui à la culture de la vie, non à l'abîme de la mort ! Oui aux valeurs universelles de la Croix, non à la violence islamiste ! Oui à la sécurité des frontières, non à l'immigration de masse ! »

L'intégration de l'activisme antiféministe et antigenre dans un mouvement conservateur plus large à travers le monde est devenue évidente pendant la présidence de Trump. […] Ces réseaux transnationaux sont puissants et efficaces. Issus de l'extrême droite, ils sont non seulement européens mais aussi mondiaux. […] Ils visent également les droits des personnes LGBTQIA+ et, dans le même ordre d'idées, la Convention d'Istanbul, l'instrument juridique le plus solide pour les droits des femmes en termes de violence sexuelle et sexiste, et en particulier de violence domestique et intrafamiliale", explique le rapport [Rapport 2023 de la Fondation Jean-Jaurès et de l'ONG Equipop].

Malgré des contextes politiques et sociétaux souvent défavorables, l'espoir continue de germer. […] L'un des principaux triomphes de ces dernières décennies a été le référendum irlandais sur l'avortement en 2018, lors duquel près de 70 % des électeurs se sont prononcés en faveur de la légalisation de l'avortement [mais contrebalancée par ladéfaite du référendum visant l'égalité des genres, NDLR] […] La force de la mobilisation féministe contre l'interdiction de l'avortement en Pologne est un autre exemple frappant. En 2016, plus de 100 000 femmes sont descendues dans la rue lors des « manifestations noires ». Le mouvement s'est transformé en grève des femmes en 2020, lorsque le gouvernement a proposé d'adopter la législation la plus restrictive d'Europe en matière d'avortement. L'impact des manifestations a ensuite atteint le parlement, le parti conservateur Droit et Justice (PiS) perdant sa majorité en octobre 2023. […]

Des changements positifs sont également intervenus au sein des gouvernements. Dans le paysage politique européen actuel, c'est l'Espagne qui place la barre très haut en matière de droits de la femme. […] La mobilisation de l'équipe espagnole de football féminin (et de la société dans son ensemble) à la suite du baiser forcé sur la bouche d'une des joueuses lors de la célébration de leur victoire à la Coupe du monde cet été montre que ces lois ont changé les termes du débat, même si les tentatives d'ignorer ces changements se sont avérées puissantes.

Les progrès réalisés dans un pays - en particulier lorsque ce pays est perçu comme catholique et conservateur, comme l'Irlande ou l'Espagne - stimulent les mouvements féministes au-delà des frontières. […] La solidarité internationale a alimenté des manifestations dans le monde entier, telles que les manifestations noires polonaises depuis 2016, les mouvements de femmes iraniennes et le mouvement argentin contre la violence fondée sur le genre Ni Una Menos, qui a débuté en 2015 et s'est depuis étendu à des pays tels que l'Espagne et l'Italie.

Les étudiantes de McGill pour la Palestine et Mères au front contre Northvolt

Cette montée de l'extrême droite qui menace les États-Unis et le Canada, si l'on en croit les sondages électoraux, est de plus en plus portée au Québec par le parti au gouvernement. Que ça soit la droite globaliste néolibérale aux ÉU, au Canada, dans l'Union européenne ou l'extrême-droite nativiste tout aussi néolibérale en Russie ou en Israël, elles deviennent des va-t'en-guerre génocidaires ou leurs complices. Tant leur sexisme militariste et répressif en découlant que la mobilisation des ressources vers la guerre désarçonnent autant le mouvement féministe que celui écologique. Dans un tel contexte il ne faut pas se surprendre que les femmes prennent à bras-le-corps la lutte contre la guerre comme cesétudiantes de McGill qui jeûnent pour la Palestine et qu'elles animent celles écologiques comme les Mères au front contre l'usine de batteries Northvolt et contre la pollution du dépotoir Stablex à Blainville sans oublier la direction femme de Mob6600 pour un parc nature dans Hochelaga-Maisonneuve. Les femmes étaient bien sûr au cœur de la grève du secteur public pour l'école publique. Cette lutte comme le disait le tract des Travailleuses et travailleurs pour la justice climatique était aussi une lutte climatique par son « aspect de « prendre soin », aspect qu'on oublie trop souvent ».

Une intersectionnalité gréviste à l'origine ouvrière et inspirée du marxisme

Cette intersectionnalité de la lutte des femmes était déjà à l'origine de la journée internationale des femmes car elle fut d'abord « une histoire d'ouvrières » et même « à l'origine de la Révolution russe ». La journée internationale des femmes renaquit au Québec « le 8 mars 1971 pour l'avortement libre et gratuit » inséré en France dans la Constitution, non sans arrière-pensée électoraliste par un gouvernement carrément droitiste, et renié aux ÉU par sa réactionnaire Cour suprême. Les tentacules tous azimuts du féminisme opposent au « capital [qui] épuise les deux seules sources de toute richesse : la Terre et le travailleur », dixit Karl Marx dans le Capital, le prendre soin des gens et de la terre-mère. Comme le dit un article de The Conversation,

Cette organisation [pour la grève féministe] s'appuie aussi sur la mobilisation d'un corpus féministe-marxiste des théories de la reproduction sociale. Celles-ci reprennent les analyses de Marx, « étendues au travail reproductif des femmes et à leur rôle dans les rapports de (re)production capitaliste ». Ces théories mettent en lumière le travail reproductif principalement pris en charge par les femmes, consistant à « produire l'être humain », c'est-à-dire l'ensemble des activités nécessaires à produire le travailleur, à faire en sorte qu'il/elle soit apte au travail dit productif au quotidien (travail domestique, prise en charge des enfants, mais aussi santé publique, éducation, etc.).

Au Québec, mais aussi au Canada anglais et aux ÉU malgré la mobilisation pour le droit à l'avortement, côté grève féministe « ça gronde » mais on n'y est pas encore. Les manifestations du huit mars sont restées confidentielles. Le mouvement féministe québécois, à l'avant-garde de la Marche mondiale des femmes en 2000, n'a pas encore repris son souffle. N'en reste pas moins que dans cette conjoncture adverse, les acquis des femmes dans le monde se maintiennent même s'ils n'avancent pas. Modestement, ici et là se tissent des liens intersectoriels pour la convergence des lutte. S'en sont inspirées les jeunes femmes du mouvement Fridays for Future de Greta Thunberg qui ont tendu la main aux grévistes surtout hommes du syndicat des chauffeurs de transport collectif d'Allemagne. C'est une telle intersectionnalité mondialisée qui requinquera le mouvement climatique pour qu'il reparte à l'offensive.

Marc Bonhomme, 10 mars 2024
www.marcbonhomme.com ; bonmarc@videotron.ca

8 mars : Les femmes, surtout certaines, sont les premières victimes des guerres, de l’extrême droite et du système financier international. Toutes en grèves et vivent les luttes féministes intersectionnelles !

12 mars 2024, par CADTM international — ,
Dans le contexte de la crise multidimensionnelle du capitalisme, de la gravité de la crise écologique, de la montée en puissance de l'extrême-droite partout dans le monde et de (…)

Dans le contexte de la crise multidimensionnelle du capitalisme, de la gravité de la crise écologique, de la montée en puissance de l'extrême-droite partout dans le monde et de viols et assassinats de femmes [1] au cours de guerres de plus en plus nombreuses, il est plus qu'urgent de rester mobilisé·es et d'amplifier les luttes féministes intersectionnelles.

Tiré de CADTM infolettre , le 2024-03-08
par CADTM International
Photo : Womin

25 000 femmes et enfants ont été tué·es à Gaza depuis le début de la guerre génocidaire menée par le gouvernement sioniste d'Israël le 8 octobre 2023. Depuis le début de l'invasion de l'Ukraine par la Russie, environ 3.238 femmes et filles ont été tuées et 4.872 ont été blessées, et la guerre a déplacé quelque 4 millions de personnes en Ukraine, dont 56 % sont des femmes. Médecins Sans Frontières a recensé 18 000 cas de violences sexuelles entre janvier et octobre 2023 [2] dans la province du Nord Kivu, en République démocratique du Congo (RDC). Victimes des conséquences directes des bombardements comme toute la population (la faim, manque de soins …), les femmes, leurs corps, leur dignité, sont spécifiquement ciblés par la violence patriarcale et guerrière.

De plus, la crise migratoire touche particulièrement les femmes et accroît leur oppression et leur exploitation. Cette violence n'est qu'une des nombreuses raisons derrière la migration qui, contrairement à la guerre, la destruction et les viols de masse, est criminalisée, générant elles aussi de nombreuses violences économiques, physiques, sexuelles, symboliques... Dans un contexte où de nombreux métiers dévalorisés sont toujours assignés aux femmes, l'exploitation des femmes migrantes dans ceux-ci ne fait que croître, amplifiant ainsi les oppressions croisées qu'elles subissent, y compris entre femmes.

Parallèlement, l'extrême-droite monte partout dans le monde. Avec elle, des revendications réactionnaires mettent en péril des droits qui nous semblaient inébranlables, comme celui de l'avortement. Aux États-Unis, par exemple, l'arrêt Roe v. Wade a été abrogé par la Cour suprême en juin 2022, supprimant le droit fédéral à l'avortement et laissant la liberté à chaque État de statuer individuellement sur la question. Depuis lors, 14 États ont interdit l'accès à l'avortement [3]. Autre exemple, Javier Milei, élu Président de l'Argentine en novembre 2023, s'attaque très durement aux droits des femmes. Il souhaite également abroger la loi qui légalise l'avortement.

Par ailleurs, le capitalisme néolibéral touche les femmes de manière spécifique. Les institutions financières internationales comme le Fonds monétaire international (FMI) ou la Banque mondiale imposent, au nom du remboursement de la dette publique, des politiques d'austérité et d'ajustement budgétaire dans le monde entier. Ces politiques impactent spécifiquement les femmes, surtout certaines (femmes migrantes, pauvres, mères célibataires, personne LGBTQIA+). Elles subissent la fermeture des services publics, dont elles sont les travailleuses et bénéficiaires majoritaires, pour elles (maternités, planning familiaux, centres d'accueils,…) et les personnes qu'elles ont à charge (crèches...) , et compensent le retrait de l'État providence. Leur travail gratuit (activités de soin envers leurs proches), mais aussi leurs dépenses (suppression de subsides, augmentation des prix sans augmentation de revenus, endettement…), augmentent considérablement.

Aux Suds, notamment en Afrique et en Asie du Sud, les institutions de microfinance ne cessent de se développer. Elles imposent souvent des taux d'intérêt démentiels aux femmes (jusqu'à 200% au Sri Lanka). Les débitrices subissent les pressions des créanciers qui les poussent parfois au suicide. De plus, l'influence de ces institutions donne lieu, dans certains pays comme le Sri Lanka, à l'interdiction des pratiques de prêts communautaires et solidaires entre femmes.

Les femmes sont également les principales productrices des produits de base dans les pays du Sud. Elles sont très impactées par le changement climatique et l'agrobusiness destructeur.

Les femmes sont clairement au premier plan dans de vastes mouvements de protestation de masse et dans des soulèvements populaires ces dernières années contre l'ordre établi, contre l'exploitation, les violences, le racisme et un ordre économique qui ne fait que renforcer les inégalités de genre, et ce en pleine conscience. Elles sont aussi au devant des batailles environnementales, paysannes, pour la défense de la terre et de l'eau, des droits humains et contre la répression.

Dans ce contexte d'attaques très claires sur les droits des femmes, le réseau CADTM International est plus que jamais mobilisé. Récemment, la coordination féministe du CADTM Afrique a organisé un séminaire de renforcement des capacités des femmes, à Yaoundé, au Cameroun. Parmi les revendications exprimées par les 38 participantes :

Fédérer et organiser des actions autour de la lutte pour l'annulation des dettes illégitimes et contre l'extractivisme, en insistant sur leurs impacts sur les femmes
Lutter pour la mise en place d'audits féministes de la dette et des mégaprojets financés par les institutions financières internationales
Au sein des luttes, donner la parole aux femmes des communautés et prendre en compte leurs besoins
Exiger des réparations pour les dommages causés aux populations et aux femmes en particulier, suite à l'implantation de projets de développement aux impacts négatifs sur les conditions de vie des communautés locales
Dénoncer la microfinance abusive qui accentue la pauvreté et le harcèlement des institutions de microfinance envers les femmes et développer des alternatives : Des crédits sans intérêt ou à taux très bas pour les populations marginalisées.
La lutte continue !

Notes
[1] Lorsque nous faisons référence aux femmes, il s'agit de toute personne identifiée et/ou s'identifiant comme femme. Le terme « femme » est ici utilisé comme catégorie politique pour dénoncer des rapports de domination qui ont lieu dans l'ordre genré et patriarcal dans lequel nous vivons. Les rapports de genre et les luttes qui y sont liées ne se limitent évidemment pas à deux genres ; les vécus et les identités de genre sont multiples.

[2] Bastien Massa, « RDC : à l'ombre du conflit, les femmes en proie à une hausse des viols », Mediapart, 20/02/2024, https://www.mediapart.fr/journal/international/200224/rdc-l-ombre-du-conflit-les-femmes-en-proie-une-hausse-des-viols.

[3] Fatoumata Sillah, « Etats-Unis : un an après Roe vs Wade, le droit à l'IVG Etat par Etat », Le monde, 24 juin 2023, https://www.lemonde.fr/international/article/2023/06/24/etats-unis-un-an-apres-roe-vs-wade-le-droit-a-l-ivg-etat-par-etat_6179041_3210.html

Auteur.e

CADTM International

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Solidarité avec les femmes en lutte du monde entier

12 mars 2024, par Commission d'intervention féministe du NPA — , ,
Par sa dimension internationale, la journée du 8 mars constitue une occasion pour exprimer notre solidarité avec les femmes en lutte dans le monde entier, d'autant plus dans un (…)

Par sa dimension internationale, la journée du 8 mars constitue une occasion pour exprimer notre solidarité avec les femmes en lutte dans le monde entier, d'autant plus dans un contexte marqué par l'émergence de nouveaux conflits inter-impérialistes et la présence insupportable de la guerre sur différents continents.

Tiré de Inprecor 718 - mars 2024
10 mars 2024

Par Commission d'intervention féministe du NPA

Photothèque Rouge / Martin Noda / Hans Lucas

photo montage manif 8 mars Paris de Serge D'ignazio
https://www.flickr.com/photos/119524765@N06/albums/72177720315358049/

En Palestine, au Soudan, en Ukraine, au Rojava, en Iran comme au Chiapas, les femmes sont en première ligne dans la défense du droit des peuples à l'autodétermination et dans les combats contre les agressions impérialistes. Mais elles sont aussi les premières victimes des conflits armés et leurs conditions de vie peuvent atteindre un seuil dramatique.

Les femmes et la guerre

Dans les guerres contre les populations civiles, les femmes « ne sont plus des victimes occasionnelles, dont l'agression représente une sorte de sous-produit de la guerre, elles sont devenues des adversaires désignées ».

D'une façon générale, les conflits armés augmentent la violence contre les femmes et les personnes LGBTI. L'utilisation du viol comme arme de guerre s'associe à une amplification des violences sexuelles ainsi qu'à une très forte exposition des femmes aux risques de pauvreté.

C'est le cas notamment à l'est de la République démocratique du Congo, dans le contexte d'un conflit entre les différentes milices militaires. En Ukraine, selon Amnesty international, la guerre d'invasion russe a un effet néfaste sur la santé mentale, physique et reproductive des femmes.

Le contexte de la guerre entraîne partout une amplification des actions visant à contrôler les corps des femmes, soit dans le sens d'une atteinte à la production de la vie, soit dans le sens d'une injonction à engendrer de la chair à canon. Le projet de « réarmement démographique » de Macron s'inscrit dans cette logique de bio­pouvoir, c'est-à-dire d'un pouvoir patriarcal et capitaliste qui soumet la vie aux règles de compétition, d'optimisation et de mise en concurrence du marché.

Les guerres impérialistes apparaissent alors pour ce qu'elles sont, le stade suprême du capitalisme, la façon trouvée par les puissances du monde pour essayer de dépasser les crises d'approvisionnement et ­d'accumulation du capital.

En Palestine, les femmes accouchent dans des conditions inhumaines et endurent d'innombrables souffrances en raison de l'absence d'anesthésie et d'accès aux soins. Cette atteinte à la vie et à la mise au monde s'inscrit dans une volonté plus globale de destruction du peuple palestinien. La démolition des principales infrastructures de Gaza, les déplacements forcés, les maladies et l'impossibilité d'accéder aux biens essentiels pour la vie entraînent une crise humanitaire sans précédent.

En faisant face aux agressions brutales de l'armée, en préservant les enfants et les liens sociaux et familiaux dans une situation de deuil permanent, les femmes palestiniennes s'illustrent par leur courage et leur détermination dans la résistance depuis plus de 75 ans d'occupation coloniale par l'État d'Israël.

Grève féministe contre l'impérialisme et le patriarcat

Le 8 mars, nous appelons à une grève féministe internationale pour dénoncer la barbarie des guerres impérialistes entraînant une exacerbation des oppressions et des inégalités de genre. Nous construisons des actions unitaires et de solidarité envers les femmes et les minorités de genre confrontées aux privations et aux abus de la guerre, en Palestine, en Ukraine, au Soudan, au Congo et dans le monde entier.

Les femmes refusent d'être réduites au rôle de victimes collatérales de la guerre ou de cibles désignées. Nous revendiquons la place des femmes dans les prises de décision dans le cadre des conflits mondiaux. Nous réaffirmons l'importance d'un mouvement des femmes international et autonome qui s'oppose à l'ordre social capitaliste, impérialiste et patriarcal.

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Pourquoi le 25 novembre et le 8 mars sont-ils les deux faces d’une même médaille ?

Cette note a été rédigée par le groupe anti-sexisme d'Attac, avec la précieuse relecture de Youlie Yamamoto et Lou Chesné, autrices du Manifeste des Rosies (2024). Tiré de (…)

Cette note a été rédigée par le groupe anti-sexisme d'Attac, avec la précieuse relecture de Youlie Yamamoto et Lou Chesné, autrices du Manifeste des Rosies (2024).

Tiré de Entre les lignes et les mots
https://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2024/03/07/violences-sexistes-et-sexuelles-violences-sociales/

En ce début d'année 2024, le président Emmanuel Macron a par deux fois réaffirmé son soutien à l'ordre patriarcal. Alors qu'il prétendait en 2017 faire de l'égalité de genre la « grande cause du quinquennat », ses actions n'ont cessé de démentir ses déclarations. C'est qu'on ne lutte pas contre le patriarcat et la domination masculine par la promotion de quelques femmes dans un système socio-économique globalement inchangé. Lorsqu'on prend en compte sérieusement l'intersectionnalité, on sait qu'on ne pourra transformer profondément les rapports de pouvoir entre les genres qu'en transformant tout aussi profondément les autres rapports de pouvoir, de domination et d'exploitation : capitalisme, suprématie blanche, validisme, hétéropatriarcat…

Dans cette note, nous invitons à un double déplacement de perspective. Tout d'abord, nous suggérons d'envisager les violences faites aux femmes non seulement comme la conséquence de leur domination par les hommes mais aussi des autres oppressions qu'elles subissent. Il s'agit de prendre au sérieux l'idée selon laquelle chaque expérience sociale est spécifique en fonction des rapports sociaux à l'intersection desquels elle se situe. Toutes les femmes sont ainsi exposées à des violences sexistes et sexuelles mais pas de la même manière en fonction de la place qu'elles occupent dans l'espace social. Ensuite, nous proposons de faire des violences faites aux femmes un levier pour penser et combattre les autres violences sociales, comme nous invite à le faire le slogan suivant : « Le féminisme sans lutte des classes, c'est du développement personnel ».

En somme, il s'agit de construire des ponts entre le 8 mars, journée internationale de lutte pour les droits des femmes, et le 25 novembre, journée internationale contre les violences faites aux femmes, car c'est bien parce que les femmes sont dominées à la fois dans l'ordre du genre et dans l'ordre économique que des violences s'exercent sur elles. Les violences sont toujours l'une des expressions du pouvoir (sauf quand il s'agit de la retourner contre l'oppresseur, consciemment ou inconsciemment). Exercer des violences psychologiques ou physiques sur une personne est une manière de la rappeler à l'ordre social, de lui rappeler quelle est sa place et provoquer de la sidération pour s'assurer qu'elle n'aura aucune prétention ni velléité à quitter cette place, ce qui subvertirait l'ordre social et bousculerait les rapports sociaux qui garantissent à certains de jouir de leurs privilèges.

Lire la note complète sur le site d'ATTAC
https://france.attac.org/se-mobiliser/le-8-mars-toutes-et-tous-en-greve/article/violences-sexistes-et-sexuelles-violences-sociales

Et voici la conclusion de ce texte d'Attac

Conclusion

Ces différents éléments dessinent un tableau éclairant des violences de genre et des violences faites aux femmes. Les vio-lences faites aux femmes sont une manière pour les hommes de perpétuer l'oppression patriarcale. Elles sont l'expression d'une contrainte et traduisent sur le corps des femmes toute la violence symbolique qui leur est par ailleurs faite. Dans la sphère professionnelle, la domination masculine s'appuie sur les autres rapports de pouvoir qui font des salarié·es les subor- donné·es de leurs employeurs et de leurs responsables hiérar- chiques et de la relation de service un support d'abus. Tout ceci est décuplé par la place subalterne que les femmes occupent dans le monde du travail du fait des postes qui leur sont ac-cessibles et des secteurs vers lesquels elles s'orientent. Les vio-lences de genre sanctionnent quant à elles la subversion des rapports de genre et visent à remettre les femmes à leur place.
C'est d'autant plus visible lorsqu'elles visent les femmes dans les espaces publics. Aussi, si le 25 novembre a pour vocation de lutter contre les violences faites aux femmes et les violences de genre, le 8 mars ne peut en faire abstraction puisqu'il s'at- taque à la racine du problème. Pour que cessent les violences, il faut délégitimer le pouvoir de ceux qui en usent.

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France : Pourquoi des Assises de la santé et la sécurité des travailleur⋅ses ?

Si les médias se saisissent de plus en plus de la question des dégâts du travail, force est de constater que la situation reste catastrophique. On recense pour chaque jour (…)

Si les médias se saisissent de plus en plus de la question des dégâts du travail, force est de constater que la situation reste catastrophique. On recense pour chaque jour travaillé plus de 3 000 accidents du travail et maladies professionnelles déclarés en 2022. Le bilan que vient de publier la Caisse Accidents du travail .

Maladies professionnelles est sans appel : 1 227 salarié⋅es sont décédées en 2022 du travail dont 738 par accident du travail, 286 durant leur trajet et 203 à la suite de maladies professionnelles. A cela se rajoutent les accidents et maladies concernant les agents de la fonction publique dont les chiffres sont toujours occultés. Ces milliers de morts au travail sont en grande partie le résultat de politiques d'entreprise sacrifiant la santé et la sécurité pour réduire les coûts !

Le bilan du Ministre du travail sortant est accablant : le nombre de morts est identique à celui de 2019. A part une vague campagne médiatique, rien n'a été fait, ne serait-ce que vis-à-vis du travail par forte chaleur !

Sur le terrain, nous sommes nombreux⋅ses à agir quotidiennement dans des conditions difficiles. Nous avons besoin de partager ces expériences, d'unifier nos luttes tant au niveau local que national pour créer un véritable rapport de force sur ces questions. Les employeurs responsables doivent être sévèrement sanctionnés personnellement au pénal pour les infractions commises et au civil dans l'objectif d'une réparation intégrale des préjudices pour les victimes. Il faut les obliger à prendre des mesures de prévention. Des instances spécifiques de protection de la santé et la sécurité des travailleuses et travailleurs (CHSCT renforcés) doivent être recréées partout et dotées de pouvoirs d'intervention. Il faut partout reconstruire les collectifs de travail et le rapport de force pour obtenir des mesures de prévention.

Pourquoi des Assises de la santé et la sécurité des travailleur⋅ses ?

• Pour mettre en commun ces combats divers et les rendre visibles,

• Pour aider chacun·e à s'investir davantage en s'appuyant sur les connaissances et expériences des autres, mettre en œuvre un réseau de soutien permanent,

• Pour faire converger ces luttes afin que les pouvoirs publics en fassent un sujet prioritaire.

Les 13 et 14 mars, participez aux Assises de la santé et la sécurité des travailleurs·ses !
Je m'inscris :https://www.billetweb.fr/assises-de-la-sante-et-securite-des-travailleurs-ses.

La présence aux assisses peut se faire dans le cadre de journées de formation syndicale. Contactez votre organisation qui peut aussi participer aux frais de transport et d'hébergement.

Les organisations signataires suivantes vous invitent à participer aux Assises de la Santé au Travail, premier rendez-vous d'une rencontre annuelle, et aux mobilisations qui se tiendront autour du 28 avril, journée mondiale de la santé et la sécurité au travail : CGT, FSU, Solidaires, Andeva, ASD-Pro, Association des experts intervenant en santé au travail, ATTAC, Ateliers Travail et Démocratie, Cordistes en colère, réseau féministe « Ruptures », Association-Santé-Médecine-Travail.

Pour tout contact : mobilisation28avril@gmail.com. Site : http://assises-sante-travail.ouvaton.org/

Dès maintenant, préparons les Assises de mars !

Appel à témoignages

Lors des Assises, nous souhaitons mettre en commun nos expériences, dans leurs succès et leurs échecs, pour apprendre ensemble à reconstruire du rapport de forces et mieux défendre la santé de nos collègues et l'environnement. Nos réflexions, notre élaboration commune sont d'autant plus riches qu'elles se nourrissent de récits concrets, d'expériences vécues qui parlent à chacun⋅e d'entre nous.

Vous avez sûrement mené des actions, enquêtes et mobilisations collectives pour : faire reconnaître un accident ou une maladie professionnelle, résister à une dégradation des conditions de travail, soutenir une victime d'agissements sexistes, inventer des manières de travailler autrement…

Comment résister aux ordonnances Macron, et garder le lien avec les problématiques du terrain malgré la suppression des délégué⋅es du personnel et CHSCT ? Comment utiliser au mieux nos droits pour résister et agir ?

Comment partir des souffrances mais aussi des aspirations des salarié⋅es pour reconstruire de l'action collective ?

Comment surmonter les divisions statutaires, la sous-traitance des risques, l'éparpillement des collectifs ? Comment rendre visibles les atteintes à la santé et contraindre les employeurs à vraiment agir en prévention ? etc.

Partant de vos expériences, nous vous invitons à envoyer un texte, un tract, un enregistrement audio ou vidéo, et/ou à préparer une courte intervention orale : lors des ateliers qui se tiendront tout au long des Assises, vous aurez la possibilité de présenter ce témoignage.

Vous pouvez envoyer ces témoignages à l'adresse suivante
:mobilisation28avril@gmail.com.

Comment s'organisent les Assises ? Une salle de 450 places et quatre salles de réunion nous accueillent le mercredi de 9h à 19h et le jeudi de 9h à 17h à la Bourse du travail de Paris, 29 Bd du Temple. Une large place sera laissée à vos interventions.

Les débats seront organisés autour de quatre grandes thématiques avec des ateliers en commun(programme définitif à venir sur le site http://assises-sante-travail.ouvaton.org/)

• Thème 1 : Femmes, Santé, Travail : Violences sexistes et sexuelles au travail – milieu professionnel, syndical, associatif ; Cancers des femmes au travail ; Santé invisibilisée, travail invisibilisé, salariées invisibles ; Risques invisibilisés dans les métiers du soin, le syndicalisme, etc.

• Thème 2 : Accidents du travail – Maladies professionnelles : Quelle reconnaissance des troubles psychiques dus au travail ? Statuts multiples, sous-traitance : comment agir ? Jeunes, chair à canon du capitalisme ? Vers la réparation intégrale ? Comment agir dans les services et entreprises après la disparition des CHSCT ?

• Thème 3 : Santé au travail et environnement : De l'amiante au chlordécone, lutter contre une réglementation qui autorise les industriels à tuer les travailleur⋅ses ! ; Construire des mobilisations collectives entre travailleur⋅ses/ riverains, entre expositions professionnelles et environnementales ; Construire les collaborations entre les équipes syndicales, les institutions (Inspection du travail, CARSAT, médecine du travail…), les avocat⋅es, la recherche…

• Thème 4 : Organisation du travail, souffrance au travail : des situations individuelles à la mobilisation collective ; enquêter sur le travail pour le transformer.

Les Assises se concluront par une table-ronde réunissant Sophie Binet (CGT), Murielle Guilbert (Solidaires) et Benoît Teste (FSU)

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Suisse. Après le OUI à la 13e rente amplifier la mobilisation sociale et syndicale pour les retraites et l’assurance maladie !

12 mars 2024, par Benoit Blanc — , ,
L'initiative pour une 13e rente AVS a été largement acceptée en votation populaire le 3 mars. Elle garantit une augmentation de toutes les rentes AVS de 8,3% dès 2026. C'est la (…)

L'initiative pour une 13e rente AVS a été largement acceptée en votation populaire le 3 mars. Elle garantit une augmentation de toutes les rentes AVS de 8,3% dès 2026. C'est la première fois depuis les années 1970 que les rentes AVS sont augmentées pour toutes et tous [1]. C'est la première fois, depuis que le droit d'initiative existe, qu'une proposition des syndicats pour un renforcement d'une assurance sociale passe la rampe. Le OUI à la 13e rente le 3 mars 2024 constitue donc réellement un succès d'importance.


Un vote socialement motivé

« Une victoire des pauvres sur les riches » (Tages Anzeiger du 4 mars 2024), « Les aînés s'offrent une 13e rente contre l'avis des jeunes » (24 heures du 4 mars 2024). Voilà les titres de deux médias, appartenant tous deux au groupe Tamedia, basés sur le même sondage « sortie des urnes » et introduisant un article censé analyser les résultats de la votation. Un bel exemple de la manière dont l'opinion est construite… et tordue.

Sans vouloir abonder la littérature « journalistique » qui ne manquera pas d'interpréter et déformer ce vote, trois constats :

selon le sondage Tamedia, le Oui est très majoritaire dans les classes de revenus inférieures à 10 000 francs par mois et il reste majoritaire jusqu'à 13 000 francs, avec un gradient social régulier : plus le revenu est bas, plus la part de Oui est élevée. Pour repère : en 2015-2017 (dernières données disponibles de l'Enquête sur le revenu des ménages de l'Office fédéral de la statistique), le revenu brut moyen des ménages était de 9 349 francs par mois ; 60% des ménages avaient un revenu mensuel inférieur à 9 288 francs, 80% un revenu inférieur à 12 855 francs. Le OUI à la 13e rente est donc socialement ancré et il a convaincu non seulement parmi les salarié·e·s, les indépendants et les retraités avec des revenus très bas, mais également parmi les familles disposant de ce qu'il est convenu d'appeler des revenus « moyens » [2]. L'idée que seuls les « pauvres » auraient « vraiment » besoin d'un « coup de pouce » n'a pas passé.

L'opposition entre « classes d'âges » est construite et alimentée depuis des années par les milieux patronaux et les partis de droite : elle constitue le bras de levier dont ils usent pour diviser les salarié·e·s sur ce thème et imposer leurs choix. Cette argumentation rencontre un écho. Et elle se retrouve, à peine la votation passée, de nouveau au cœur des argumentaires revanchards de droite. Il est probable que sa résonance médiatique est sans rapport avec son écho réel. On ne prend pas grand risque en supposant que le taux de participation aux débats politiques et aux votations, bas chez les jeunes, l'est encore davantage parmi celles et ceux faisant partie du salariat le plus exploité, et que cette différence n'est pas entièrement « corrigée » par les calages du sondage [3]. Il n'en demeure pas moins que la surreprésentation du non parmi les plus jeunes renvoie aussi à la difficulté, jusqu'à maintenant, du mouvement syndical et social à entrer en contact et en échanges avec ces couches, qui seront au cœur du salariat de demain. Un défi à relever.

Il ne faut pas se lasser de répéter qu'un tiers environ de la population active et 26% de la population résidante est de nationalité étrangère, privée de droit de vote. Ces hommes et ces femmes vivent ici, travaillent ici, contribuent à financer les assurances sociales comme l'AVS et sont directement concernés par les prestations qu'ils garantissent. Cela devrait relever de l'évidence qu'ils et elles ont aussi le droit de se prononcer sur ces questions. Il ne fait pas de doute que le OUI en serait encore plus massif. Le combat démocratique pour la reconnaissance des droits de citoyenneté à toutes les personnes résidant durablement dans le pays reste crucial. Il est important – et concret socialement – pour combattre le climat xénophobe systématiquement entretenu par l'UDC, sous l'œil souvent fort bienveillant du reste de la droite.

L'émergence d'une dynamique

Plus qu'un bilan « sociologique », un bilan politique a son intérêt. La revendication d'une 13e rente AVS et la mobilisation croissante en sa faveur trouvent leurs origines au milieu des années 2010, avec le projet de réforme des retraites PV2020 et les positionnements opposés qu'il a suscités au sein du mouvement syndical et de la gauche. La dynamique qui s'est déployée est digne d'intérêt.

Le paquet PV2020, cuisiné sous la houlette du chef Alain Berset, alors conseiller fédéral « socialiste », prévoyait, pour faire simple : une hausse de l'âge de la retraite des femmes à 65 ans, une baisse du taux de conversion dans le 2e pilier réduisant ainsi les rentes versées par les caisses de pension et, prétendument pour « compenser » cela, une augmentation de 70 francs par mois des rentes AVS versées aux seuls nouveaux retraités.
La majorité du mouvement syndical, de même que le PS et les Verts, soutinrent ce projet avec l'argument, grand classique de la politique helvétique, que c'était le « meilleur compromis possible ». Emportée par cette orientation et pour se justifier, cette majorité se retrouva implacablement amenée à reprendre à son compte de larges pans de l'argumentaire bourgeois et du Conseil fédéral sur le vieillissement de la population, les finances de l'AVS courant soi-disant à leur perte, etc.

La résistance à ce positionnement, emmenée en particulier par des syndicalistes féministes, fit aboutir le référendum, a contré cet argumentaire trompeur et a contribué de manière décisive au refus du paquet lors de la votation populaire en 2017. L'impact de ce combat minoritaire mais plus que justifié, par la solidité de son argumentaire et l'ampleur de l'écho social rencontré, combiné avec la défaite du projet en votation, a ouvert l'espace pour rediscuter et redéfinir les positions syndicales sur la question des retraites.

Il en a résulté la deuxième bataille contre l'élévation de l'âge de la retraite des femmes, réunissant l'ensemble du mouvement syndical cette fois mais malheureusement perdue de peu en 2022, la proposition de revaloriser les retraites avec une 13e rente, et le refus de cautionner à n'importe quel prix la baisse du taux de conversion du 2e pilier.

Tout aussi important, ce repositionnement et l'intransigeance de classe des milieux bourgeois ont conduit à remettre en valeur les fondements de l'argumentaire en faveur d'une AVS renforcée : son puissant mécanisme de solidarité, sa solidité grâce au mécanisme de la répartition, sa place centrale dans les revenus des personnes retraitées.

Cette dynamique, où se sont succédé et combinées des batailles, minoritaires s'il le fallait, pour la défense des fondements d'une retraite sociale, unitaires chaque fois que cela est possible, a joué un rôle clé pour rendre possible la victoire sur la 13e rente. L'enjeu est désormais de construire son prolongement.

Transformer l'essai

Deux enjeux majeurs pour l'avenir des assurances sociales se profilent ces prochains mois :

Cet automne, la réforme du 2e pilier, combattue par les syndicats et les partis de gauche, sera probablement soumise au vote. Elle impose la baisse du taux de conversion, qui détermine la rente obtenue à partir du capital accumulé dans la partie obligatoire du 2e pilier. Le recul de ce taux de 6,8% à 6% correspond à une diminution de plus de 12%, qui s'ajoute à l'érosion constante des rentes du 2e pilier depuis deux décennies. Elle propose également d'augmenter fortement les cotisations des très bas revenus, avec l'argument de garantir ainsi des rentes meilleures aux salarié·e·s, des femmes travaillant à temps partiel en premier lieu, qui n'ont (presque) pas de deuxième pilier pour le moment. En réalité, l'amélioration ainsi obtenue sera extrêmement réduite et elle se paiera au prix d'une forte baisse du salaire disponible pour les personnes concernées.

L'enjeu de cette votation est crucial. Un OUI équivaudrait à consolider et étendre encore le système du 2e pilier, dont les rentes ne cessent, proportionnellement, de baisser, qui est profondément inégalitaire et très rentable pour les assurances et les banques impliquées dans sa gestion, et qui sert de rempart contre l'extension de l'AVS comme assurance solidaire garantissant à toutes et à tous des retraites suffisantes.

Un NON créerait au contraire des conditions plus favorables pour poser l'exigence d'un renforcement conséquent de l'AVS et un redimensionnement progressif du 2e pilier.

En juin 2024 aura lieu la votation sur l'initiative du Parti socialiste voulant plafonner à 10% du revenu disponible les montants que les ménages doivent consacrer au paiement de leurs cotisations à l'assurance maladie, le reste étant financé par la Confédération ou les cantons. La proposition est modeste : elle n'aborde pas la question d'une caisse unique publique, ni celle d'un financement sur le modèle de l'AVS. Pour mémoire, les cotisations versées par les ménages à l'assurance maladie en 2021 (25,4 milliards de francs) correspondent à 6,3% de cotisations salariales de type AVS, c'est-à-dire 3,15% déduits du salaire et 3,15% versés « directement » par l'employeur. Malgré cela, un plafond de 10% du revenu disponible améliorerait la situation financière d'une partie de la population avec des bas et moyens revenus. Une victoire permettrait aussi de relancer la question de changements plus profonds de l'assurance maladie et de mettre en lumière le combat initié par le Syndicat des services publics (SSP) contre la réforme EFAS, qui veut donner tout le contrôle du financement du système de santé aux assurances maladie.

Une des forces de la mobilisation pour la 13e rente est qu'elle a combiné une campagne syndicale dynamique, qui a rencontré un écho chez un grand nombre de personnes ayant répondu en contribuant activement, à leur échelle, à soutenir la 13e rente, et des mobilisations militantes diverses, popularisant de manière argumentée la défense de cette revendication et, plus généralement, du mécanisme social au cœur de l'AVS. La poursuite et l'amplification de cette dynamique seront déterminantes pour transformer l'essai du 3 mars lors de ces deux prochaines votations.

La poursuite de cette mobilisation sera aussi nécessaire face à un camp bourgeois qui n'a pas encore renoncé au sujet de la 13e rente. « Une AVS plus élevée à coup sûr dès 2026 – ou finalement non ? », titre la Neue Zürcher Zeitung (NZZ) du 5 mars 2024. Elle s'interroge avec intérêt sur la possibilité que la loi d'application de l'article constitutionnel accepté en votation puisse contenir des « mesures impopulaires, comme une augmentation des impôts, des cotisations ou de l'âge de la retraite ». « Il va de soi, poursuit-elle réjouie, qu'une telle réforme pourrait échouer en votation ». Le respect de la « volonté populaire », lorsqu'elle contredit les intérêts des dominants, n'a jamais étouffé la droite et le patronat. On vient encore de le voir avec le fiasco de la loi d'application de l'initiative « Jeunes sans tabac ». Le combat sur ce terrain est donc loin d'être terminé. Sans même parler des projets de suppression de la rente de veuve et d'orphelin portés par le Conseil fédéral et la droite parlementaire…

Prendre la mesure des affrontements à venir

Le 2 mars, la veille de la votation sur la 13e rente donc, la NZZ encore elle, quotidien qui se pense comme l'orienteur de larges secteurs bourgeois, titrait en une, sur toute la largeur de la page : « Plus de sécurité, moins d'Etat social ». L'argument est simple et direct. La guerre en Ukraine et le nouveau contexte géostratégique « obligent » à un effort massif de réarmement. Pour le financer, il faut réduire les dépenses sociales. L'autre option, qui serait une augmentation durable et très progressiste des impôts (entre autres sur la fortune), est « une alternative plus mauvaise ».

Cette perspective, combinée avec le mécanisme du frein à l'endettement qui corsète la politique budgétaire fédérale, annonce un affrontement de classe, avec son expression politique, au sujet des priorités d'allocation des ressources et de distribution des revenus dans les années à venir. Et aussi, par ailleurs, une pression certaine sur les droits démocratiques, à l'image des restrictions au droit de manifestation adoptées dans le canton de Zurich. On peut faire confiance à la conseillère fédérale responsable des Finances, la radicale Karin Keller-Sutter, pour porter avec brutalité cette perspective de « moins d'Etat social ».

Le frein à l'endettement et la baisse de fait des contributions fiscales des entreprises et des personnes les plus riches aux budgets des services publics comme des assurances sociales ne sont pas la résultante de « lois économiques » immuables. Ils concrétisent les intérêts bourgeois dans leur lutte constante pour s'approprier une part accrue des richesses produites par le travail. Et ce sont les mêmes milieux, qui ont fait durant des décennies d'excellentes affaires avec les oligarques soutenant le régime de Poutine – qui traînent les pieds depuis le début de la guerre d'invasion de l'Ukraine dans la mise en œuvre de sanctions qui léseraient leurs affaires ainsi que leur liberté de faire des affaires – qui voudraient aujourd'hui que la population sacrifie les assurances sociales, comme l'AVS, à une course aux armements débridée… et n'augurant rien de bon. Qu'on le veuille ou non, ces combats aussi feront partie de la bataille engagée autour de l'avenir de l'AVS et des assurances sociales en Suisse.

[1] Les rentes des femmes ont considérablement augmenté avec l'introduction du bonus éducatif dans le cadre de la 10e révision de l'AVS entrée en vigueur en 1997, mais avec l'élévation de leur âge de la retraite de deux ans.
[2] De manière réaliste, avec une formule marquée par la victoire du OUI, le correspondant parlementaire du quotidien La Liberté écrivait le 4 mars : « C'est un pays qui se redécouvre un vote de classes avec, ici, la combinaison gagnante de l'électorat populaire et de la classe moyenne. »
[3] Il faut le flair populaire d'un ancien gendarme, positionné à droite, Roger Golay du MCG/GE, pour souligner deux données d'évidence (24 heures, 5 mars 2024) : « Quand on n'a pas encore 50 ans, la retraite ça paraît lointain. Et je pense que cette génération s'est laissé entraîner dans la propagande de la droite libérale qui fait de l'alarmisme sur les finances de l'AVS. »

Benoit Blanc, 6 mars 2024

http://alencontre.org/suisse/suisse-apres-le-oui-a-la-13e-rente-amplifier-la-mobilisation-sociale-et-syndicale-pour-les-retraites-et-lassurance-maladie.html

Suiza : ampliar la movilización social y sindical por las pensiones y el seguro de enfermedad
https://vientosur.info/suiza-ampliar-la-movilizacion-social-y-sindical-por-las-pensiones-y-el-seguro-de-enfermedad/

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Appel unitaire : Citoyens et citoyennes, paysannes et paysans, nous voulons une alimentation saine, au juste prix, pour toutes et tous !

12 mars 2024, par bioconsomacteurs.org — , ,
Le modèle alimentaire et agricole actuel détruit les humains autant que la nature : burn-out, suicides, maladies professionnelles non reconnues, endettement, maladies (…)

Le modèle alimentaire et agricole actuel détruit les humains autant que la nature : burn-out, suicides, maladies professionnelles non reconnues, endettement, maladies chroniques, cancers, faim et insécurité alimentaire en quantité et en qualité, perte d'emplois agricoles, épuisement des sols, pollution des eaux, effondrement vertigineux de la biodiversité…

Photo et article tirés de NPA 29

Profitant de leur quasi-monopole, de l'inflation et de l'opacité de leurs marges pour augmenter leurs profits, la grande distribution, les géants de l'industrie agroalimentaire et les firmes de l'agrochimie spolient les agricultrices et agriculteurs et la pêche artisanale en mer. Ils rendent inaccessible à toutes et tous une alimentation saine. Ces acteurs favorisent une offre de produits alimentaires orientée vers la malbouffe et une agriculture productiviste mortifère au détriment de la juste rémunération des productrices et producteurs, de notre santé et de la planète. Le système est malade. Pourtant, le gouvernement, poussé par la fraction la plus productiviste du monde agricole, décide d'aggraver l'empoisonnement alimentaire par un recul sans précédent des politiques publiques menées depuis le Grenelle de l'environnement qui visaient notamment à réduire significativement l'usage des pesticides – même si elles n'y arrivaient pas encore.

Nous voulons des paysannes et paysans nombreux dans nos campagnes. Dans le pays dont la gastronomie est classée au patrimoine immatériel de l'humanité, nous voulons de la “bonne bouffe”, pour toutes et pour tous. Le droit à une alimentation favorable à la santé, durable, choisie et accessible est fondamental.

Citoyennes et citoyens, agricultrices et agriculteurs, scientifiques, consommatrices et consommateurs, associations, syndicats, mouvements divers, ensemble nous appelons la France à se réapproprier son alimentation et ses modes de productions. Là est la conquête d'une réelle souveraineté alimentaire.

Loin d'apporter des solutions durables à la crise agricole et au système alimentaire à la dérive, le gouvernement s'engage dans une fuite en avant. Il déroule le tapis rouge à toujours plus de dépendance aux pesticides, aux OGM, laisse l'agriculture biologique et la pêche artisanale s'enfoncer dans la crise et passe à côté de l'enjeu central : une alimentation favorable à la santé à prix juste pour toutes et tous. Nous voulons faire entendre la voix du plus grand nombre qui aspire à un autre quotidien alimentaire et agricole.

Nous voulons :

• La juste rémunération des agricultrices et agriculteurs, des pêcheuses et des pêcheurs
• Le droit et l'accès pour toutes et tous à une alimentation favorable à la santé et choisie
• La sortie des pesticides
• La transparence totale sur les marges de l'industrie agroalimentaire et de la grande distribution et une modération de leurs marges sur les produits les plus sains et durables
• La sortie et l'arrêt des négociations des accords de commerce (UE-Mercosur, UE Nouvelle Zélande, etc.), pour une refonte de la politique commerciale de l'Europe
• La généralisation de l'agriculture biologique et paysanne à échelle humaine qui n'empoisonne ni notre alimentation, ni celles et ceux qui la produisent, ni les sols, ni les eaux, ni la biodiversité, plus résiliente face au changement climatique et qui respecte le bien-être animal
• Une politique publique de formation et d'installation massive de paysans et paysannes.

Un autre modèle alimentaire et agricole est possible. Les solutions existent. À ce jour, c'est clairement la volonté politique du gouvernement actuel qui fait cruellement défaut et nous amène collectivement dans le mur d'une fracture sociale et environnementale intolérable, et dangereuse.

C'est pourquoi, ensemble, partout dans les territoires et sous toutes les formes possibles, nous appelons à prendre en main notre alimentation et nos modes de productions. C'est à nous de décider ce que nous voulons dans nos assiettes et dans nos champs. Organisons-nous localement partout où nous le pouvons et mobilisons-nous.

Première étape de notre action commune, le samedi 30 mars nous invitons la population à partager le repas de la grande bonne bouffe avec des centaines de banquets populaires autour des productions bio et locales dans toute la France.

>> Pour signer l'appel, pour lire la liste des signataires, pour enregistrer un banquet, pour nous contacter, voici un lien unique :linktr.ee/agrialimsante

mer. 06/03/2024

https://www.bioconsomacteurs.org/

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Un « passeport climatique » pour les migrants : l’idée fait son chemin

12 mars 2024, par Vincent Lucchese — , ,
Face aux migrations vouées à exploser avec le réchauffement, l'idée d'un « passeport climatique » refait surface. Une « citoyenneté mondiale » à laquelle se heurtent des (…)

Face aux migrations vouées à exploser avec le réchauffement, l'idée d'un « passeport climatique » refait surface. Une « citoyenneté mondiale » à laquelle se heurtent des intérêts politiques.

1er mars 2024 | tiré de reporterre.net

Face aux fortes tensions générées par l'immigration à Mayotte, Gérald Darmanin a annoncé le 11 février vouloir supprimer le droit du sol dans ce département français de l'océan Indien. Le projet du ministre de l'Intérieur, qui nécessiterait une révision de la Constitution, suscite de vives inquiétudes de dérives politiques vers l'extrême droite.

Il interroge également notre capacité politique à nous adapter à ce type de crises à plus long terme. Nous ne sommes en effet qu'aux prémices des flux migratoires voués à exploser à cause des catastrophes engendrées par le changement climatique. Plusieurs dizaines de millions de personnes sont d'ores et déjà contraintes chaque année de se déplacer en raison des catastrophes naturelles. La Banque mondiale évoque 216 millions de migrants climatiques intérieurs potentiels en 2050, et l'Institut pour l'économie et la paix livre l'estimation la plus haute (et controversée) de 1,2 milliard de migrants climatiques en 2050.

Gérer de tels déplacements massifs de personnes sans entraîner de crispations politiques extrêmes s'avère plus que délicat. À rebours des tentations sécuritaires et de fermetures de frontières, une proposition audacieuse a toutefois refait surface ces derniers mois : la création d'un « passeport climatique » qui faciliterait les déplacements et l'accueil de ces personnes fuyant les sécheresses, inondations, processus de désertification et autres catastrophes engendrées par le réchauffement global.

« Citoyenneté mondiale » pour apatrides climatiques

En octobre 2023, le Conseil d'experts sur la migration et l'intégration, un organe indépendant chargé de conseiller le gouvernement allemand, a proposé dans son rapport annuel d'instaurer un « passeport climatique », ainsi qu'une « carte climatique » et un « visa climatique », avec des durées d'accueil différentes. Trois instruments qui permettraient à l'Allemagne de montrer l'exemple à l'international pour « répondre au défi des migrations engendrées par le changement climatique », estime le conseil.

Dès 2018, on retrouvait l'idée d'accorder un passeport climatique pour les citoyens d'îles du Pacifique risquant de disparaître. L'idée était alors promue par l'université des Nations unies de Bonn, en Allemagne.

Depuis, l'idée s'est également épanouie dans la fiction. On la retrouve parmi la myriade d'utopies plus ou moins réalistes portées par le best-seller mondial Le Ministère du futur, paru en 2020 et traduit en français fin 2023. L'auteur, Kim Stanley Robinson, imagine que les États finissent par s'entendre pour mettre en place un passeport climatique. Une « sorte de citoyenneté mondiale » validée par les signataires de l'Accord de Paris pour accueillir les réfugiés, « afin que la charge humaine et financière soit répartie équitablement », selon les responsabilités historiques dans le changement climatique.

Selon les acteurs qui le convoquent, le concept de passeport climatique peut recouvrir différentes réalités. La source d'inspiration première remonte au passeport Nansen. Imaginé par Fridtjof Nansen dans les années 1920, il avait permis aux réfugiés apatrides, notamment russes après la révolution soviétique, de passer les frontières.

Sur cette base, le passeport climatique pourrait a minima être imaginé pour les populations dont les États vont totalement disparaître, à l'instar de certaines nations du Pacifique condamnées, à terme, par la montée des eaux. Les choses évoluent déjà sur le sujet : l'Australie et les Tuvalu, dans l'archipel polynésien, ont ainsi signé en novembre 2023 un traité accordant des « droits spéciaux » à des citoyens de Tuvalu, ouvrant la voie à l'asile climatique pour les habitants de cet archipel particulièrement menacé d'être englouti par les eaux.

« Les données montrent que les gens partent déjà de ces îles, vers l'Australie notamment. À la fin, il ne restera que ceux qui ne voulaient pas ou n'avaient pas les moyens de partir : ça ne concernera pas tant de gens et ça restera gérable pour les pays d'accueil », estime Antoine Pécoud, professeur de sociologie à l'université Paris 13, et codirecteur de l'ouvrage collectif Migrations sans frontières (éd. Unesco, 2009).

Des quotas d'accueil pour les pays riches ?

Mais peut-on imaginer une application plus large de ce mécanisme d'accueil, intégrant comme l'imagine Kim Stanley Robinson des dizaines de millions de réfugiés climatiques, y compris lorsque leur pays ravagé n'a pas formellement disparu ? Juridiquement, l'affaire semble complexe : « Parler de “réfugiés climatiques” n'a pas de sens juridique, car le terme de réfugié, selon la Convention de Genève, implique une persécution, qui ne s'applique pas au climat », nous dit Samuel Lietaer, chercheur en sciences sociales et environnementales, spécialiste des migrations à l'université libre de Bruxelles. Sans compter qu'il est presque impossible d'identifier une cause unique aux migrations, les raisons économiques, sociales et climatiques étant souvent imbriquées les unes aux autres.

Politiquement, cependant, les choses évoluent ostensiblement. Au début des années 2010, l'Initiative Nansen, portée par des États, a abouti à un « Agenda de protection » approuvé par plus de 100 États en 2015 puis la mise en place d'une Plateforme sur les déplacements liés aux catastrophes, qui vise à faire avancer ce sujet dans les différentes instances de négociations internationales, sans trop proposer de mesures concrètes.

Rien de contraignant donc, mais une reconnaissance internationale qui progresse, les migrations étant de plus en plus reconnues comme un volet essentiel des stratégies d'adaptation au changement climatique. L'Accord de Paris de 2015 entérine ainsi le lien entre le changement climatique et la nécessité pour les États signataires de « respecter, promouvoir et prendre en considération leurs obligations » concernant les droits des migrants. « Les COP ont reconnu que les migrations faisaient partie des enjeux liés aux “pertes et dommages” dans les négociations climatiques. Cela ouvre la voie à l'idée de compensations financières et même de droit d'accès au territoire », analyse Samuel Lietaer.

« Cela reviendrait à ce que l'Europe et les États-Unis accueillent l'essentiel des migrants »

Problème : la compensation pour les « pertes et dommages » dans les négociations climatiques achoppe généralement sur la reconnaissance de la responsabilité historique de l'Occident dans la catastrophe climatique. Les pays riches rechignant à payer leur dette. Appliquée à l'enjeu migratoire, cette responsabilité différenciée pourrait se traduire par la répartition de quotas d'accueil pour les migrants climatiques, qui recevraient des passeports climatiques fléchés vers des pays historiquement responsables du désastre.

« Cette idée est évidemment politiquement très sensible et a vite été mise sous le tapis. Cela reviendrait à ce que l'Europe et les États-Unis accueillent l'essentiel des migrants », commente Antoine Pécoud. Le chercheur rappelle, en outre, qu'un système de répartition très précis par quotas serait probablement contre-productif : « Des réfugiés arrivant en Europe n'auront aucune envie d'être redirigés vers la Lituanie si leurs réseaux ou leurs proches sont à Londres ou Francfort. Et ils auront raison : c'est grâce à ces réseaux qu'ils auraient des chances de trouver du travail, des ressources et de s'intégrer. Imaginer redistribuer les gens de manière rationnelle n'est qu'un fantasme. »

Un passeport climatique très libéral, qui permettrait à ses bénéficiaires de se déplacer où bon leur semble, comme l'imagine Robinson, reviendrait dans les faits à supprimer les frontières pour ces personnes, ainsi que le propose Antoine Pécoud dans son ouvrage. « Il s'agit de faire confiance aux individus : ils vont là où il y a du travail et là où ils ont les meilleures chances de s'intégrer. C'est l'idée que la liberté est le meilleur allié du développement, comme l'a théorisé Amartya Sen [un économiste et philosophe indien] », dit-il.

Un telle définition ambitieuse du passeport climatique se heurte frontalement aux tensions et peurs identitaires. Mais l'idée « d'invasion » ou « d'appel d'air » que provoquerait une ouverture des frontières est contredite par les données historiques. La grande majorité des gens qui se déplacent migrent à l'intérieur de leurs frontières ou dans des pays limitrophes. La pauvreté limite énormément les capacités de migration lointaine. En Afrique subsaharienne par exemple, 70 % des migrations se font dans la région et seulement 15 % en Europe, illustre Gilles Pison, professeur au Muséum national d'histoire naturelle.

L'exemple de l'ouverture des frontières en Europe est également révélateur : « On a oublié les discours médiatiques et politiques lors de l'ouverture de l'Union européenne à l'Espagne. La presse était terrorisée par une invasion incontrôlable d'Espagnols en France. Idem avec l'Europe de l'Est, on les disait trop éloignés culturellement pour s'intégrer à nos valeurs démocratiques, on redoutait la concurrence du plombier polonais, etc. Rien de tout cela ne s'est produit », raconte Antoine Pécoud.

Le problème, souligne le chercheur, ne serait pas celui d'une invasion, mais bien au contraire celui de l'incapacité des populations victimes de ravages climatiques à se déplacer. « Les populations les plus vulnérables resteront coincées chez elles, sans moyens financiers ni compétences linguistiques et techniques pour fuir à l'étranger. Pour ces personnes-là, sans aide, un passeport climatique sera inutile. »

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Sénégal : Un projet d’amnistie controversé franchit une première étape à l’Assemblée

12 mars 2024, par El-Watan — , ,
Un projet de loi d'amnistie au Sénégal a franchi hier une première étape à l'Assemblée nationale, avec l'adoption en commission de ce texte critiqué par l'opposition, en pleine (…)

Un projet de loi d'amnistie au Sénégal a franchi hier une première étape à l'Assemblée nationale, avec l'adoption en commission de ce texte critiqué par l'opposition, en pleine crise autour du report de l'élection présidentielle, rapporte l'AFP.

Tiré d'El-Watan.

L'amnistie des faits liés aux manifestations politiques meurtrières entre 2021 et 2024 est un des éléments de la réponse du président Macky Sall à la crise provoquée par l'ajournement surprise du scrutin, initialement prévu le 25 février.

Ce report décidé par le chef de l'Etat a causé un choc dans ce pays de l'Afrique de l'Ouest, qui attend depuis une nouvelle date. On ignore si Ousmane Sonko, principal opposant actuellement détenu et dont la candidature a été invalidée en raison d'une condamnation définitive pour « diffamation », et si le candidat à qui il a depuis apporté son soutien Bassirou Diomaye Faye, lui aussi détenu pour des « actes de nature à troubler l'ordre public », seraient concernés par l'amnistie.

Le texte, initié par le Président et approuvé en Conseil des ministres il y a une semaine, a été adopté hier par la commission des lois, ont indiqué le président de la commission, Moussa Diakhaté, et une députée de l'opposition.

Selon un document authentifié de source parlementaire, seraient amnistiés « tous les faits susceptibles de revêtir la qualification d'infraction criminelle ou correctionnelle commis entre le 1er février 2021 et le 25 février 2024, tant au Sénégal qu'à l'étranger, se rapportant à des manifestations ou ayant des motivations politiques ».

Ces manifestations, liées aux déboires judiciaires d'Ousmane Sonko et au report du scrutin, ont donné lieu à des centaines d'arrestations d'opposants, fait des dizaines de morts et provoqué d'importantes dégradations matérielles, comme le saccage de l'université de Dakar. Le projet de loi est élaboré, selon la Présidence, dans un but « d'apaisement du climat politique et social ». Selon Moussa Sarr, un avocat qui suit les dossiers de plusieurs dizaines d'opposants emprisonnés, les personnes arrêtées dans le cadre des manifestations seraient libérées dès la publication de la loi au Journal officiel, et les poursuites seraient abandonnées.

De fait, plusieurs centaines d'opposants ont été remis en liberté provisoire depuis mi-février par les autorités, dans le but, selon elles, de « pacifier l'espace public ».

Une grande partie de l'opposition s'est prononcée contre le projet d'amnistie, dénonçant un « déni de justice » et une manœuvre pour assurer l'impunité aux forces de sécurité impliquées dans la répression, ainsi que celle de leurs responsables, y compris gouvernementaux. Le projet ne fait pas non plus l'unanimité au sein du camp présidentiel, qui dispose d'une majorité précaire à l'Assemblée.

Le président Sall a reçu lundi les conclusions d'un « dialogue national » préconisant d'organiser la présidentielle le 2 juin et suggérant que ce dernier reste en fonction jusqu'à l'investiture de son successeur, soit plus de deux mois après l'expiration de son mandat. Le chef de l'Etat, élu en 2012 et réélu en 2019 mais non candidat en 2024, a indiqué qu'il compte demander l'avis du Conseil constitutionnel sur ces deux points, alors que l'opposition réclame toujours une élection avant le 2 avril.

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Bruxelles s’inquiète...

12 mars 2024, par Michel Rogalski — ,
Bruxelles s'inquiète parce que l'instrument favori des bourgeoisies européennes pourrait bien vite ne plus remplir le rôle que peu à peu il a été amené à jouer, à savoir celui (…)

Bruxelles s'inquiète parce que l'instrument favori des bourgeoisies européennes pourrait bien vite ne plus remplir le rôle que peu à peu il a été amené à jouer, à savoir celui de réducteur d'incertitude contrariant l'amplitude de l'oscillation du balancier politique dans les États membres.

Tiré de : La chronique de Recherches internationales

MICHEL ROGALSKI
Directeur de la revue Recherches internationales

Au départ simple marché commun favorisant les grands groupes économiques et financiers l'Union européenne s'est vite transformée sous l'empilement de Traités successifs, dont la portée était supérieure aux lois nationales, en gangue engluante interdisant toute mise en œuvre de politiques s'écartant du « cercle de la raison ». Les bourgeoisies européennes avaient trouvé là une nouvelle « Sainte alliance » de nature à les protéger de toute secousse politique à même de les menacer. Tout était verrouillé pour que les programmes progressistes et socialement avancés viennent se fracasser sur le mur de l'Europe remplaçant le « Mur d'argent » d'il y a un siècle. Les deux dernières présidentielles françaises ont révélé des questionnements sur la possibilité d'appliquer un programme dans le cadre d'une Union européenne hostile et capable de résister à des changements internes dans un quelconque État-membre. Chaque fois la question du rapport à l'Europe fut posée. La mise en œuvre d'une véritable alternative de gauche porte en elle les germes d'un affrontement avec le carcan européen constitutionnalisé. Elle est lourde de désobéissances, de résistances, de confrontations, de renégociations. Faut-il plier ou désobéir ? Aucun programme politique de gauche ne sera crédible s'il n'explore pas cette dimension.

Des précédents avaient de quoi faire réfléchir.

La construction européenne n'a jamais rimé avec démocratie. La campagne sur le Traité constitutionnel européen en 2005 avait déjà désilé les regards. Il ne fut tout simplement pas tenu compte du refus exprimé par referendum par le peuple français auquel on imposa par un vote du Congrès l'adoption du Traité de Lisbonne qui reprenait l'essentiel de ce qui avait été rejeté deux ans plus tôt. L'enjeu était alors clair. Il s'agissait de constitutionnaliser, c'est à dire de graver dans le marbre l'ensemble des traités qui s'étaient empilés au cours de la construction européenne. C'est au refus de ce quitus qu'il convenait de s'attaquer. Quand dix années plus tard, la Grèce s'avise de refuser par referendum les mesures austéritaires proposées par la Troïka (Banque centrale européenne, la Commission européenne, le FMI) il lui fut répondu par Jean-Claude Juncker, alors président de la Commission européenne « qu'il ne pouvait y avoir de choix démocratique contre les traités européens déjà ratifiés » sans qu'aucun chef d'État ne s'en émeuve.

Tout ceci a contribué une dépolitisation portée par l'illusion de la politique unique entrainant nombre d'électeurs dans la conviction que certes on pouvait changer de Gouvernements mais pas des politiques menées. À cela s'ajoute la multiplication des affaires de corruption ayant touché lors de la dernière mandature nombre de députés européens. Sur ce terreau un nationalisme d'extrême droite s'est mis à prospérer à travers le continent et menace désormais les grands équilibres politiques de l'institution européenne. Les sondages prédisent une montée de ces forces permettant aux deux formations qui les représentent – l'ECR et l'ID – d'atteindre chacune une centaine de députés. Si ces deux groupes fusionnaient malgré leurs divergences quant au rapport à la Russie, principal point de discorde, ils formeraient le premier groupe du Parlement européen et pourraient ainsi peser sur la candidature au poste de Commissaire européen dont on connaît l'importance des attributions. Une autre hypothèse fréquemment évoquée envisage la fin de l'actuelle cogestion entre le groupe PPE et le groupe des sociaux-démocrates au profit d'une grande coalition des droites dans laquelle l'extrême droite prendrait une large place, réalisant ce qui s'est déjà produit dans 5 ou 6 États européens. Le débat reste ouvert de savoir pourquoi ce sont ces forces qui ont su labourer les travers de la construction européenne et non pas les forces progressistes.

Bruxelles devrait s'inquiéter car les deux piliers qui ont servi à vendre l'Union européenne ne font plus recette. Il y a longtemps que les discours sur l'Europe censée protéger de la mondialisation ou sur celle devant instiller une dimension sociale font sourire.

La construction européenne présente un cas particulier de la mondialisation. C'est un espace continental où ses formes ont été les plus accentuées et où les traités se sont empilés entrainant chaque fois des délégations de souveraineté : Acte unique, Traité de Maastricht, Pacte de stabilité, le tout repris et rassemblé dans le corset du Traité de Lisbonne et complétés et aggravés par ceux découlant des critères de la gestion de la monnaie unique allant jusqu'à faire obligation aux parlement nationaux à faire viser par la Commission européenne les projets de budgets de chaque pays. La construction européenne est ainsi devenue le laboratoire de la mondialisation, sa forme la plus avancée et ne peut être considérée comme potentiellement lui être porteuse de résistance. Car elle en réunit tous les ingrédients : marché unique, libre circulation des marchandises, des services, des capitaux et des travailleurs dans un espace où les écarts de salaires s'échelonnent de 1 à 9 et où les normes sociales, fiscales et environnementales sont différentes. Dans un tel espace ce qui s'échange ce ne sont pas des marchandises mais les conditions contextuelles dans lesquelles elles sont produites. Il est vain alors de parler de concurrence libre et non faussée. Les dérives délétères de la mondialisation y ont été multipliées rendant problématiques les conditions de l'exercice de la souveraineté dans cet ensemble européen. On comprend ainsi pourquoi prétendre construire l'Europe pour s'opposer à la mondialisation qu'on n'a pas hésité à présenter comme « heureuse » relève de l'escroquerie et combien il est vain d'espérer que l'Europe sociale vendue dès 1986 par Martine Aubry puisse se réaliser. Il ne s'agissait guère d'autre chose que d'un contre-feu allumé pour sauver l'idée de construction européenne en panne à l'époque. Ce serait l'amplification des « concurrences » qui tirerait les droits sociaux vers le bas et aggraverait les écarts de développement et les nombreuses inégalités sociales et territoriales.

On comprend comment dans un tel contexte les projets d'élargissement de l'UE à 5-6 nouveaux pays membres inquiètent au moment même où l'Europe affiche sa division sur maints problèmes. À l'ancienne division Nord-Sud qui la travaillait vient s'ajouter une opposition Est-Ouest au moment où le couple franco-allemand affiche publiquement ses désaccords sur la conduite de l'assistance à l'Ukraine et où les pays européens se divisent à l'ONU sur le conflit israélo-palestinien. Si l'on ajoute à cela les approches souvent opposées sur le Pacte migratoire en voie d'adoption, la notion d'autonomie stratégique ou la lecture de l'atlantisme, l'élargissement risque de rimer avec ingouvernabilité ou avec dislocation. Conscient de ces obstacles le Rapport rédigé par le député Jean-Louis Bourlanges sur les conditions de l'élargissement de l'Europe pose la question des conséquences institutionnelles, c'est à dire du mode de gouvernance. La formule d'une « union sans cesse plus étroite entre les peuples européens », reste son mantra. Pour piloter cet élargissement, il propose « d'étendre le champ d'application du vote à la majorité qualifiée », saut supplémentaire vers une Europe fédérale.

L'Europe ne doit pas être perçue comme une mécanique d'où partiraient oukases et interdits mais bien au contraire comme une structure permissive à même d'accompagner les trajectoires singulières librement choisies de ses États membres. Faute d'une telle orientation l'Europe ne sera plus la solution mais le problème. Bruxelles devrait s'inquièter.

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