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La réforme Dubé est « tout sauf santé »

5 décembre 2023, par Centrale des syndicats du Québec (CSQ) — , , ,
Des centaines d'organisations s'unissent pour mettre en lumière les dangers du projet de loi no 15 en santé et services sociaux. Composée de syndicats, de groupes (…)

Des centaines d'organisations s'unissent pour mettre en lumière les dangers du projet de loi no 15 en santé et services sociaux. Composée de syndicats, de groupes communautaires et de diverses organisations de la société civile, cette vaste coalition se mobilise sous le slogan « Tout sauf santé ».

Tiré de Ma CSQ cette semaine.

Réitérant leur appel au dialogue, ces organisations demandent au ministre de la Santé et des Services sociaux, Christian Dubé, de prendre un pas de recul et de ne pas imposer aux Québécoises et Québécois une nouvelle réforme centralisatrice qui soulève bien plus de questions qu'elle n'apporte de réponses.

« Ça fait des mois que des groupes, associations et experts de tous les horizons mettent en garde le ministre de la Santé et des Services sociaux contre les conséquences dévastatrices que risque d'engendrer sa réforme si elle est adoptée dans sa mouture actuelle. À quelques jours de la fin des travaux parlementaires, l'heure est à l'unité. C'est pourquoi nous lançons tous ensemble cette campagne qui a été conçue pour que tout le monde puisse se l'approprier afin d'exiger du ministre qu'il revoie impérativement son projet de loi et, par conséquent, son calendrier d'adoption », ont déclaré la présidente et la trésorière de la Coalition Solidarité Santé, Lise Goulet et Nathalie Déziel, dans le cadre d'une conférence de presse organisée le 30 novembre, à l'Assemblée nationale.

« Même si beaucoup de groupes se sont exprimés [lors des consultations parlementaires], beaucoup d'autres n'ont pas encore eu la chance de le faire », a rappelé le porte-parole du troisième groupe d'opposition en matière de santé, de services sociaux et de soins à domicile, Joël Arseneau, lors du point de presse.

« De plus en plus d'organisations et d'individus saisissent les enjeux [du projet de loi no 15] en cause et veulent se faire entendre. On croit aux approches démocratiques et on invite nos élus à respecter les principes démocratiques et à prendre les moyens d'entendre ce que les gens ont à dire. On n'est pas à deux ou trois semaines d'une réforme. C'est l'avenir de nos services publics qui est en jeu », a mentionné Lise Goulet.

Vers un bâillon ?

Les porte-paroles de l'opposition en matière de santé et services sociaux présents à la conférence de presse ont été questionnés à savoir si des indications de la part de Christian Dubé laissent présager une adoption sous bâillon du projet de loi.

« Le ministre a refusé de dire qu'il ne le ferait pas, alors cela me dit que c'est son intention. Il nous rappelle régulièrement qu'il a besoin des prochains mois pour mettre en place [l'agence] Santé Québec. Nous, ce qu'on lui dit, c'est qu'il faut faire l'étude du projet de loi correctement, prendre le temps d'entendre tous les groupes et bien comprendre l'impact que le projet de loi et ses amendements vont avoir sur le réseau », a dit, quant à lui, le porte-parole de l'opposition officielle en matière de santé, André Fortin.

Campagne citoyenne de lettres aux députées et députés

Outre cet appel à la mobilisation, une campagne citoyenne de lettres adressées à l'ensemble des députées et députés de l'Assemblée nationale est également en cours afin de demander aux élues et élus de faire tout en leur pouvoir pour freiner le projet de loi no 15.

Rappelons également qu'en octobre dernier, plus de 250 groupes, associations et organisations issus de différents milieux ont signé une lettre ouverte pour dénoncer l'absence évidente de consensus autour de la réforme du ministre Dubé.

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Construire la souveraineté alimentaire avec le féminisme paysan et populaire

Les femmes de la CLOC-Via Campesina soulignent l'importance politique des espaces internationaux auto-organisés Tiré de Entre les lignes et les mots « Avec conviction, (…)

Les femmes de la CLOC-Via Campesina soulignent l'importance politique des espaces internationaux auto-organisés

Tiré de Entre les lignes et les mots

« Avec conviction, nous ouvrons la voie au féminisme paysan et populaire, nous construisons la souveraineté alimentaire et nous luttons contre les crises et les violences ». Nous nous unissons à cette devise forte et puissante, qui nous représente en tant que femmes de la Via Campesina. Avec elle, nous soulignons un engagement pour les années à venir.

De nos territoires, nous avons fait une histoire de lutte contre le capitalisme, le patriarcat, le racisme et l'avancée du fascisme. Dans notre articulation des femmes, nous avons vécu un processus d'années de coordination de nos revendications, de nos actions et de notre organisation. Nos compagnes sont des femmes qui ont un processus non seulement de théorie, mais de pratique.

Pour parvenir à la souveraineté alimentaire, nous devons parler du rôle et de l'impact des femmes. La préparation de notre 6ème Assemblée des femmes de la Via Campesina est l'occasion de renforcer notre vision commune. En cours de route, nous recherchons de nouvelles solutions aux concepts que nous connaissons, ainsi qu'aux propositions et aux demandes qui surgissent sur les territoires.

L'Assemblée des femmes, un espace d'avancement organisationnel

Lors de l'Assemblée, nous, femmes du monde entier, nous sommes réunies dans la diversité et l'unité. Des compagnes d'autres continents semblent plus proches lorsque nous abordons tous nos problèmes et notre expérience de lutte. Nous faisons l'histoire. Et l'histoire nous amène toujours au présent, afin que nous puissions prédire la prochaine étape que nous franchirons.

Nous avons créé une mystique du travail des femmes et de la vie paysanne qui transcende les barrières et qui pourra être vue dans l'Assemblée. Nous y parlerons de la trajectoire de la Via Campesina, de la relation avec les organisations alliées, de la présence et de la lutte des paysannes dans le contexte international et dans chaque région.

Comment allons-nous promouvoir notre travail à l'Assemblée ? Quelles seront nos contributions et initiatives ? À cet égard, il est important de travailler sur la mémoire. Nous avons accumulé une expérience de plus de 30 ans. Nous étions, par exemple, en 1989, à l'Assemblée pour organiser la réunion sur le 500e anniversaire de l'invasion de l'Amérique. Dans ce document, une voix forte d'Amérique latine s'est élevée pour dire qu'à partir de nos racines, nous devons nous découvrir, non pas pour pouvoir regarder le présent avec optimisme, mais pour y faire face avec une grande détermination.

De nos propositions sont nées d'importantes campagnes dans la Via Campesina : pour les semences, contre la violence envers les femmes, contre les pesticides. Maintenant, cette Conférence et Assemblée à venir doivent être un élan pour nos actions futures, en approfondissant la construction du féminisme paysan et populaire et en stimulant la mobilisation et la solidarité dans le monde entier.

Situation actuelle des femmes

L'une des grandes difficultés qui secoue notre continent et le monde aujourd'hui est la renaissance du fascisme. Nous devons rester vigilantes, poursuivre la lutte et continuer à développer des idées. Le fascisme inonde notre peuple de peur, mais nous continuons sans peur, avec beaucoup d'espoir. Nous devons continuer à réaliser nos rêves.

La Covid-19 est le résultat des formes systémiques de production du capital et a révélé la gravité de la crise mondiale. Nous étions chez nous, mais pas en silence. Durant cette période, nous avons accumulé beaucoup d'expérience et rétabli des liens entre la campagne et la ville.

Nous luttons pour la souveraineté alimentaire non seulement pour que l'agriculture paysanne continue à produire de la nourriture – c'est notre responsabilité –, mais pour garantir un droit humain fondamental, qui est d'assurer la nourriture aux peuples du monde.

En tant que Coordination latino-américaine des organisations rurales (CLOC-Via Campesina), nous contribuons à renforcer la coordination internationale avec des processus régionaux articulés, ainsi qu'à renforcer les agendas féministes auxquels nous sommes appelées, tels que le 8 mars et le 25 novembre.

Nous voulons faire avancer les processus de formation à tous les niveaux de notre mouvement. La formation nous aide à comprendre les fondements de l'oppression et de la violence et à élaborer des stratégies pour les surmonter. Nous voulons former des formatrices, changer le mode de combat et l'organisation régionale, ainsi que renforcer nos outils de communication, indispensables pour diffuser nos processus et nos luttes, notamment avec la participation des jeunes femmes des régions.

Féminisme paysan et populaire

Actuellement, nous avons un nouveau scénario pour le développement du mouvement féministe, qui nous impose des questions. Le féminisme a émergé à cette époque d'une manière très forte et pleine d'espoir. En même temps, également selon une méthodologie décourageante dans certains domaines et secteurs. Notre féminisme, comme nous l'avons dit depuis le début, est un féminisme de classe, qui s'inscrit dans un cadre politique et cherche la construction du socialisme.

En Amérique latine, notre proposition est basée sur les principes de l'histoire de notre mouvement. Nous avions l'habitude de dire que « sans féminisme, il n'y a pas de socialisme ». Mais nous passons par un processus de maturation, pensant que nos défis à chaque instant doivent être constitués en actions positives. En avançant dans ce débat, nous continuons en disant qu' « avec le féminisme, nous construirons le socialisme ».

Cette avancée est l'autonomisation politique des femmes paysannes, autochtones et noires dans nos organisations membres. Nous sommes sûres que des changements ne seront possibles que lorsque nous élèverons le niveau d'organisation et de conscience collective. Nous avons pris des mesures importantes pour souligner que nous nous battons pour le pouvoir. Il est de la plus haute importance que les femmes participent à la prise de décision et à la mise en œuvre d'actions de politique publique plus décisives, transformant ainsi en réalité ce qui est inscrit dans la Déclaration des Nations unies sur les droits des paysans (UNDROP en anglais).

La Déclaration s'inscrit dans une perspective féministe selon laquelle il ne peut y avoir de progrès sans la pleine participation des femmes. Dans notre histoire, nous exigeons la parité des sexes, ce qui n'est pas « moitié-moitié », mais plutôt responsabilité, chemins partagés dans la lutte, construction politique en même temps. Et nous ne sommes pas, chacune de nous, « juste une autre » ; nous sommes la voix de toutes les autres femmes que nous représentons dans ces instances politiques.

Nous, les femmes, montrons notre force : oui, nous sommes une construction politique ; oui, nous sommes une percée dans la lutte paysanne et nous avons été des guides pour l'action de la Via Campesina.

Nous marquons le territoire sur des questions clés. Nous avons dit que la souveraineté alimentaire nous permettait de retrouver notre identité. Et nous avons lutté sans relâche pour la souveraineté alimentaire, en mettant au centre toutes les connaissances, l'expérience et la sagesse des femmes. Nous devons faire une forte offensive des femmes dans les espaces de pouvoir les plus pertinents, en cherchant à utiliser notre principal outil de bataille, qui est la Déclaration.

Nous avons déjà commencé à légitimer un féminisme basé sur notre lutte, notre identité, nos propositions et nos revendications. Ce féminisme doit être largement abordé avec nos semblables, dans chacun de nos territoires. Faisons de notre devise une réalité.

***

Alicia Amarilla vit au Paraguay, Elsa Sánchez en République dominicaine, María Canil au Guatemala et Pancha Rodríguez au Chili. Elles font partie de l'articulation des femmes de la Coordination latino-américaine des organisations rurales (CLOC-Via Campesina). Ce texte est une édition de ses interventions lors de l'atelier virtuel « Construire la souveraineté alimentaire et le féminisme paysan et populaire », organisé en septembre 2023, en préparation de la 6e Assemblée des femmes de la Via Campesina, qui aura lieu le 2 décembre 2023, à Bogotá, en Colombie. La conférence aura ensuite lieu avant la 8e Conférence internationale de LVC, qui se tiendra du 1er au 8 décembre.

Édition par Helena Zelic
Traduit du portugais par Andréia Manfrin Alves
Langue originale : espagnol

https://capiremov.org/fr/analyse/construire-la-souverainete-alimentaire-avec-le-feminisme-paysan-et-populaire/

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Syndicats du Canada à la COP28 : façonner un avenir durable pour les travailleurs et travailleuses

5 décembre 2023, par Congrès du travail du Canada (CTC) — , ,
Bruske : Les dirigeants canadiens et mondiaux doivent s'assurer que les travailleurs et travailleuses soient appuyés dans le virage vers une économie carboneutre. Bea Bruske, (…)

Bruske : Les dirigeants canadiens et mondiaux doivent s'assurer que les travailleurs et travailleuses soient appuyés dans le virage vers une économie carboneutre. Bea Bruske, présidente du Congrès du travail du Canada (CTC), a publié la déclaration suivante.

« Le CTC est fier de se joindre à une délégation syndicale de toutes les parties du Canada au sommet mondial sur le climat, soit la COP28. En ce moment charnière, les syndicats du Canada revendiquent que les décideurs répondent aux inquiétudes des travailleurs et travailleuses. Il est de la plus haute importance que les gouvernements du monde entier prennent rapidement des mesures décisives pour lutter contre les changements climatiques et bâtir une économie durable pour des générations à venir. Puisqu'ils sont le moteur de l'économie, les travailleurs et travailleuses doivent participer à la prise des décisions au sujet de notre avenir collectif.

Pendant tout le sommet, des personnes représentant les syndicats du Canada, y compris Larry Rousseau, vice-président exécutif du CTC, consulteront des collègues syndicaux du monde entier et des dirigeants politiques locaux et mondiaux. Nous lançons un appel à l'action clair : les gouvernements doivent donner la priorité aux bons emplois syndiqués qui assureront la prospérité de la population travailleuse et des collectivités au cours du virage vers la carboneutralité.

Les décisions prises pendant la COP28 influenceront l'avenir du travail ; nous sommes là pour nous assurer que les travailleurs et travailleuses soient au cœur de ces décisions. Une des principales priorités consiste à voir à ce que le programme de travail pour une transition juste qui est en voie de négociation donne la priorité aux travailleurs et travailleuses. Les gouvernements ont pour responsabilité de mettre les outils et le soutien nécessaires à la disposition des travailleurs et travailleuses pour qu'ils puissent nous mener à un avenir durable, et nous sommes prêts à voir à ce qu'ils l'assument.

Au cours de notre événement parallèle à la COP28, placé sous le thème « Les travailleurs et travailleuses et le travail dans le cadre des transitions justes canadienne et mondiale », nous avons présenté des politiques concrètes appuyant et habilitant les travailleurs et travailleuses à l'heure où les pays prennent des mesures pour décarboner leur économie. Nous publierons sous peu un rapport donnant des précisions sur les sujets traités pendant cet événement. Ce rapport exige des investissements appréciables dans les emplois durables et comprend de claires recommandations sur une politique industrielle carboneutre.

Les droits du travail sont des éléments fondamentaux de l'édification d'une économie durable. Cela exige de s'assurer que les travailleurs et travailleuses du Canada et du monde entier puissent avoir des discussions valables avec leurs employeurs et leurs gouvernements pour définir les paramètres d'un bon emploi.

Les travailleurs et travailleuses ont les outils et les solutions nécessaires pour créer une économie durable et un avenir favorable à tous. Que ce soit à la COP28 ou ici au Canada avec le projet de loi C-50, Loi sur les emplois durables, les syndicats du Canada seront une forte voix pour le travail et les travailleurs et travailleuses. »

Le CTC a lancé dernièrement Travailler pour l'avenir, une campagne rassemblant les travailleurs et travailleuses pour dresser un plan axé sur les travailleurs et travailleuses pour de bons emplois durables. Pour obtenir plus d'information, rendez-vous au site www.travaillerpourlavenir.ca/.

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La Cop à Magali

5 décembre 2023, par Jacques Benoit — ,
Tous les médias critiquent et chialent contre la COP28 à cause de « ce que ça coûte » ! On critique Magali Picard (« Aller là-bas pendant que ses membres sont en grève ici, (…)

Tous les médias critiquent et chialent contre la COP28 à cause de « ce que ça coûte » ! On critique Magali Picard (« Aller là-bas pendant que ses membres sont en grève ici, quel manque de jugement !... »). On va même jusqu'à évoquer le fait qu'elle s'en va « se promener à la chaleur de Dubaï aux frais de ses membres qui, eux, se gèlent le cul à faire du piquetage, c'est ben effrayant ! »

Jacques Benoit,
Co-rédacteur du Plan de la DUC
Membre de Gmob

Pis on trouve qu'il y a « ben trop de monde qui va là, ça sert à rien qu'il y ait autant de monde, de toute façon, ça donne jamais rien, ces COP-là », pis gnangnangnan !...
Mais personne ne parle des véritables enjeux derrière cette COP28 : de la situation climatique mondiale, du danger qui nous pend au bout du nez, qu'on se rapproche à vitesse « grand V » de la COP de la fin du monde. (Admettons aussi que Magali a manqué une belle occasion de relever le débat sur ces véritables enjeux quand elle s'est expliquée sur les raisons qui l'avaient motivée à y aller !... Désolé, Magali, mais la « transition juste », ça fait pas très urgent quand, dans les faits, c'est la fin du monde est au bout du tunnel !)

On peut très bien être critique des COPi, on peut même être convaincu que les véritables solutions ne sortiront jamais de là ii, mais pourrait-on d'abord et avant tout parler « des solutions À QUOI » ?

On ne parle pas du problème, on ne parle que du bruit autour. On ne parle pas du cancer de stade 3 dont on est atteint, on cause du personnel, de leurs uniformes, de l'ambulance, de la couleur des murs, du climat de travail, des vacances qu'on a eues ou qu'on n'aura pas, du compte de dépenses, etc., mais du cancer qui va nous tuer ? Pas un mot ! De ce qu'il faudrait faire, rendu à ce stade de la maladie ? Nada ! De comment on se prépare pour y faire face ? Nope ! Du temps qu'il nous reste à vivre ? Hon-hon !...

Et si on inversait les choses ! Si on parlait du problème, de l'éléphant dans la pièce (la pièce étant la Terre parce qu'il n'y a pas d'autre pièce, il n'y a pas de planète B) : le réchauffement climatique qui progresse rapidement et qui est causé par notre utilisation d'énergies fossiles (pétrole, gaz, charbon), et par notre (sur)consommation en général et d'énergie en particulier !

Et si on en parlait à la hauteur de la gravité du problème sur lequel les scientifiques du monde entier tentent de nous alerter depuis si longtemps qu'ils ne savent plus comment s'y prendre pour qu'on s'arrête et qu'on les écoute…

Peut-être aussi que si les médias faisaient leur travail d'information et d'éducation sur les enjeux de survie qui sont déjà à nos portes au lieu de jouer aux perroquets avec nos dirigeant.e.s politiques et économiques, à l'allègement du message et du ton, à la peopolisation de l'information, à la priorisation des chatons et des chiens écrasés, au divertissement, aux cancans et aux rumeurs, peut-être que notre monde aurait une chance de ne pas se terminer comme dans le film « Don't look up ! »

Notes

1. « COP-out : pourquoi le festival de discussions sur le climat organisé par Petrostate échouera dans sa tâche clé de réduction des émissions » (en anglais) https://www.climatecodered.org/2023/11/cop-out-why-petrostate-hosted-climate.html

2.« Les COP sous la loupe : une révélation révoltante » https://www.groupmobilisation.com/_files/ugd/bf4f35_4ec657c79b9e460ba18533525af02ec1.pdf

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La vraie défaite d’Israël sera son dépeuplement.

Israël : Une caserne occidentale d'apartheid (bien cacher) est un état mafieux, raciste et envieux au paroxysme et avec pour sionisme l'unique l'idéologie d'État d'Israël Au (…)

Israël : Une caserne occidentale d'apartheid (bien cacher) est un état mafieux, raciste et envieux au paroxysme et avec pour sionisme l'unique l'idéologie d'État d'Israël
Au lieu de gober le baratin des soi-disant israéliens modérés à l'intention des naïfs, il faut tout simplement consulter un manuel scolaire édité par le sioniste pour ses écoliers en Palestine et regardez la carte de leur futur « Etat Juif » il s'étend du Jourdain à la Méditerranée. Il n'y a pas de Palestine Il n'y en a jamais eu. Alors Il ne faut jamais perdre de vue qu'il s'agit fondamentalement d'un conflit de décolonisation, de lutte de libération d'un Peuple subissant un colonialisme de peuplement depuis plus de 75 ans.

Une solution à deux états n'est qu'une illusion. Le long terme fera que, forcément, les moins nombreux seront absorbés, c'est inévitable. C'est une loi de la nature.
Cette entité sioniste s'est peu à peu transformé en méritocratie extrémiste et religieuse ce qu'elle est aujourd'hui, où il vaut mieux faire partie d'une communauté que d'être un individu atomisé et aliéné par le système religieux en faisant de la suprématie, de l'égoïsme, le raciste le moteur de toute action. On comprend que la plupart des Israéliens soient attachés à cette méritocratie religieuse qui leur a donné des droits d'être raciste.

L'art du contre-pied !

Ainsi les va-t'en guerre, outre qu'ils envoient les autres à la casse, n'ont pas toujours raison. Bien des compromis s'avèrent plus payants que les affrontements dans la Bande de Gaza, mais pour les politiques et les religieux extrémistes c'était le bal des faux-culs. Ces pleutres bien planqués qui font tuer des civils car ils ne savent pas faire la guerre. Tout en lançant à Israël l'ultime estocade qu'ils pensaient définitive : « Israël a le droit de se défendre et même d'appliquer la loi du talion. »

Vraiment ? Cela aurait été risible si cela n'avait été aussi cyniquement pervers. La guerre expliquée aux petits enfants et aux débiles sionistes qui applaudissent les bombardements de Tsahal sur Gaza et une probable purification ethnique comme celle pratiquée par les colons en Cisjordanie !

Y'a pas à dire, le sioniste est vraiment vicieux en humanité, soudain, sur le terrain, son armée découvre qu'elle fut bien nue dans sa peur mais plus signifiante et expressive dans l'image de jouissance du soldat israélien devant son travail de destruction de Gaza. Une nouvelle version plus Nazie-Tsahal conciliable remixée.

Bien sûr en Israël, il y a énormément de politiques médiocres et foireux qui ramènent leurs fraises sur Gaza ils sont même la majorité, cela ne trompe personne, c'est même un peu pathétique, une entité au nazisme que l'Occident intimidé par le passé à propos des pogroms, appelle démocratie et soutient aveuglement. L'Occidental dénonce le terrorisme du Hamas pourtant déclaré comme mouvement de résistance, ne dit mot concernant la colonisation israélienne en Palestine. Les Palestiniens ont accepté le principe de l'existence d'Israël mais avec l'existence à ses côtés d'un état palestinien, pourquoi Israël refuse-t-il ?
Gageons que le monde Occidental dénoncera avec force l'horrible colonisation et l'antisémitisme des affreux palestiniens. Tout le problème est là : le 2 poids 2 mesures. la réalité est bien plus simple : les gouvernants israéliens ne veulent pas d'état palestinien, ils jouent la carte du fait accompli et baladent les occidentaux et les Arabes. Mais les résistants ne lâcheront pas l'affaire et la lutte palestinienne se poursuivra.

Non, il faut le dire clairement et tout haut : Les Israéliens et maintenant leurs extrémistes ne veulent pas la paix. S'ils la voulaient, il y a belle lurette que cette région serait un havre de prospérité. Non, ils l'ont montré depuis 70 ans en prenant comme prétexte la sécurité d'Israël, ils le montrent tous les jours en agression contre les agressions le Palestinien pour provoquer un nouveau carnage. Ils le montrent en férocités contre les enfants palestiniens qui jettent des pierres, Ils le montrent en devenant hystériques dès que le moindre rabbin démagogue leur annonce la fin de l'Entité sioniste.

Non, ils n'ont jamais voulu la paix, ne serait-ce qu'une seule seconde. Par contre, dès qu'ils sentent que leurs « glorieuses » armées sont en train de se faire mettre en déroute, ils viennent jouer les pauvres victimes d'une « agression terroriste, barbare » qu'ils ont eux-mêmes déclenché et voulue, qu'ils puissent crier victoire contre la résistance sur le cadavre encore fumant de Gaza meurtrie, Faute de venir à bout des combattants du Hamas, Israël s'acharne sur les civils (enfants, femmes et également les journalistes.) !
Fouettage de gueule ! Il n'y a qu'avec Israël, avec les Palestiniens que l'on se permet une telle abjection dans les génocides, Les médias internationaux devraient dire au monde qu'ils n'ont pas hésité à massacrer des bébés, des enfants, et même leur propres enfants, Ils pourraient ajouter l'apartheid, l'humiliation, l'impérialisme racisme colonialisme nazisme sans oublier de noter le non-respect des décisions de l'ONU etc.

Ce qui se passe est terrible, mais il ne s'agit pas d'un combat, à moins de pervertir totalement le sens des mots. Il s'agit d'un génocide et crimes contre l'humanité qui vise à l'extermination des Palestiniens en attendant mieux, Ils ont tué des enfants parce qu'ils étaient Palestiniens. Ils sont même allés jusqu'à tuer leurs animaux de compagnie. Ces ordures ont tué femmes, enfants y compris des bébés parce qu'ils étaient Palestiniens, Israël assume commettre un génocide ciblé à Gaza., et qui vient d'assassiner dans des conditions effroyables plus 15 000 morts, dont une majorité de femmes et d'enfants, dont le plus jeune est âgé de neuf mois. Israël assume de mener une politique nazie et d'avoir commis les pires crimes contre les palestiniens, en taxant les Palestiniens "d'animaux" (ministre de la Défense etc.), en les déshumanisant et en les bombardant. La réalité d'une escalade génocidaire
Il y a des évidences qui altèrent les versions arrangées que la presse occidentale sert quotidiennement sans même prendre la précaution de rendre vraisemblable l'histoire ordonnée. Si le journalisme devrait être résumé à cela, point besoin de faire de longues études pour arriver à si vil résultat de mensonges. Israël est forte de ses soutiens médiatiques et plus facile d'avoir une grande gueule avec dans les mains une épée en acier surtout que l'adversaire reste des enfants, des femmes et des personnes âgées, mais nous avons vu que face aux combattants Palestiniens, son armée sioniste n'avait pas tellement de bravoure.

En occidental la simple évocation de cette évidence reste punit médiatiquement par le vocable conspirationniste en vous plaçant au banc de la société. Mais lorsque l'on a compris que le monde de l'occidental reste une société qui vénère le mensonge, conspirationniste, en effet ceci n'est pas une insulte mais la reconnaissance à l'insu de sionistes d'une intelligence qui ne se soumet pas aux mensonges.

Parcourir les partis politiques, on y trouvera de meilleurs spécialistes autant qu'on pourrait en trouver aux seins des bazars politiques.

Les résistants du Hamas ont foi en la victoire et sont conscient des enjeux notamment que la guerre sera terrible pour le peuple Palestinien mais qu'elle le sera également pour les familles des soldats. Aujourd'hui c'est différent le peuple de la Palestine s'est normalisé en terme sociétal et cela faisait partie également de sa politique .Ils fallait faire des jeunes Palestiniens aptes pour que la simulation des valeurs et pour que la solidarité joue à plein Aujourd'hui la jeunesse Palestinienne ne veut plus porter aucun fardeau de la colonisation.
Tout cela n'est pas nouveau, c'est vrai, mais la légalisation de certaines pratiques de génocides du peuple Palestinien ne peut qu'encourager Israël à devenir encore plus performante, en temps de l'Occupation, lorsque les sionistes amélioraient les ordonnances nazies. Des mineurs, dont certains âgés de moins de 12 ans sont embastillés par Israël, certains depuis 2021 pour jets de pierres. Les Palestiniens tués chaque jour par l'armée sioniste Tsahal sont un bonus, parce que c'est creuser plus profondément le fossé entre Israël et Arabes, aujourd'hui les "bouchers de Gaza", font désormais partie de ceux dont on peut dire "J'irai cracher sur vos tombes", et j'espère bien qu'ils brûleront dans les flammes de l'Enfer ad vitam æternam.

Je pense que les résistants Palestiniens doivent créer un service de renseignements secret pour traquer, pourchasser et juger tous les criminels de ce génocide à tous les niveau et appliquer une jugement adéquat vis-à-vis de ses assassins.

Chasser les palestiniens de Gaza et de Palestine comme en 1948, en assassinant des milliers de civils, sans autres considérations, afin de les terroriser, ne signe pas la fin de la lutte palestinienne, mais celle d'un colonialisme nommé Israël, ayant perdu ce qu'il a cru posséder, à savoir une quelconque légitimité à l'exemple de la reconnaissance internationale de l'apartheid sud-africain, ne l'a pas empêché de disparaitre et il en sera de même pour le l'entité sioniste d'Israël.

Comme en Algérie en 1962, l'état unique à terme où les palestiniens pourront jouir de la totalité d'une terre ancestrale totalement décolonisée reste une certitude, car la vraie défaite d'Israël sera le dépeuplement, il y aura encore plus de sionistes en Europe en faillite qui doit néanmoins se préparer à accueillir des millions d'individus, refusant de vivre à égalité de droits avec un Palestinien voisin de palier.

La Palestine est victime, avec la complicité des médias, d'un négationnisme historique et territorial sans précédent. Ce déni de justice au long cours ne se résoudra que par la restitution des terres volées ce qui permettra à la Palestine d'être judenreïn.
Kader Tahri
www.kader.tahri.com

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Le Hamas fait partie de la solution bien plus que du problème

5 décembre 2023, par Jean-François Delisle — , ,
Le Hamas et le Djihad islamique sont classés comme "organisations terroristes" par les États-Unis, le Canada et l'Union européenne, les principaux alliés d'Israël. À ce titre, (…)

Le Hamas et le Djihad islamique sont classés comme "organisations terroristes" par les États-Unis, le Canada et l'Union européenne, les principaux alliés d'Israël. À ce titre, ils sont bannis de ce qu'on appelle "la communauté internationale", en fait le club dirigeant des puissances occidentales. Ils se trouvent donc rejetés par les élites politiques occidentales. Mais en Palestine (Cisjordanie et Gaza), ces groupes recueillent au contraire un appui assez large moins en raison de leur idéologie religieuse rétrograde que de leur résistance à l'oppression israélienne. L'Autorité palestinienne de Mahmoud Abbas pour sa part, plus laïque, autoritaire, corrompue et incompétente souffre d'un discrédit démocratique considérable comme on sait.

Évidemment, la charte des ces groupes prône la restauration de la Palestine arabe "de la mer au Jourdain", ce qui implique le démantèlement de l'État hébreu. C'est ce qui dérange avant tout la plupart des classes politiques occidentales et leur sert de prétexte pour leur refuser toute participation à des futures négociations de paix pour le règlement du conflit israélo-palestinien.

"C'est écrit en toutes lettres", fait-on valoir dans les milieux sionistes et pro-israéliens dont les membres se réfèrent à la position du Hamas et du Djihad islamique à l'endroit d'Israël.
Mais entre les positions de principe et la pratique, il existe une distance. Refuser tout contact et par conséquent d'associer ces organisations aux futures négociations sous prétexte qu'elles ne reconnaissent pas formellement le "droit à l'existence d'Israël" contribue au contraire à les radicaliser davantage et à les convaincre que la lutte armée constitue la seule solution.

Ils ne sont pas politiquement homogènes. Il existe parmi eux une aile pragmatique, plus ouverte aux compromis et une autre, plus intransigeante. La seule manière d'isoler celle-ci est d'entamer le dialogue avec celle-là. Ces organisations se fractionneraient alors entre pragmatiques et jusqu'au-boutistes, ce qui entraînerait sans doute entre eux de sérieux conflits que les modérés auraient des chances de remporter, vu le traumatisme et la lassitude de la population palestinienne devant le sanglant blocage actuel de la situation.
La stratégie la plus équitable et la plus juste serait d'admettre ces groupes aux négociations globales entre Palestiniens et Israéliens qui finiront bien par avoir lieu. On doit donc leur retirer l'étiquette de terroristes.

Surtout, cette ligne de conduite permettrait d'avoir une délégation palestinienne représentative de tous les grands courants idéologiques présents en Cisjordanie et à Gaza, la seule garantie d'obtenir une délégation palestinienne vraiment complète et d'aboutir enfin à une paix durable.

Jean-François Delisle

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Le cas Susan Sarandon, ou les limites du militantisme à Hollywood

5 décembre 2023, par Courrier international — , ,
Contre la guerre en Irak, contre la peine de mort, contre l'incarcération de masse… et pour un cessez-le-feu à Gaza. L'actrice américaine a toujours milité pour de nombreuses (…)

Contre la guerre en Irak, contre la peine de mort, contre l'incarcération de masse… et pour un cessez-le-feu à Gaza. L'actrice américaine a toujours milité pour de nombreuses causes, sans que cela ne nuise à sa carrière, relate “The New York Times”. Jusqu'à sa déclaration à une manifestation propalestinienne, qui lui a valu d'être renvoyée de l'agence United Talent Agency.

Tiré de Courrier international.

Pendant des décennies, la carrière de l'actrice Susan Sarandon est restée florissante, alors qu'elle a toujours montré “un intérêt robuste pour l'activisme” et défendu des causes “qui la plaçait bien à la gauche du petit monde de Hollywood”, souligne The New York Times.

La comédienne à la carrière bien fournie, devenue célèbre pour son rôle dans le road-movie Thelma & Louise, sorti en 1991, et qui a remporté l'Oscar de la meilleure actrice en 1996 pour le film contre la peine de mort La Dernière Marche, s'est de tout temps illustrée “en participant à des manifestations, en prononçant des discours engagés à Hollywood ou pour ses déclarations de soutien en faveur de tel ou tel candidat politique”.

Corde sensible

Mais tous ces engagements n'ont eu que “peu d'effet sur sa carrière”, jusqu'à la semaine dernière quand Susan Sarandon, aujourd'hui âgée de 77 ans, a été virée de United Talent Agency, l'une de plus grosses agences artistiques hollywoodienne, pour avoir déclaré, mégaphone en main, lors d'une manifestation propalestinienne organisée le 17 novembre à New York :

“Il y a beaucoup de gens qui ont peur, qui ont peur aujourd'hui parce qu'ils sont juifs, et qui découvrent ce que vivent tant de musulmans, si souvent victimes de violence, dans notre pays.”

Cette déclaration est venue toucher “une corde sensible, à un moment où Hollywood se retrouve divisé sur la guerre entre Israël et le Hamas”, note le quotidien. Certains, dans l'industrie hollywoodienne, s'alarment de la hausse de l'antisémitisme et du fait que le petit monde du cinéma n'ait pas suffisamment exprimé son soutien à Israël après les attaques du Hamas du 7 octobre.

Mais le débat s'est aussi déplacé sur la question de la liberté d'expression. Le clivage sur la guerre en cours à Gaza va en effet bon train dans le monde des arts et du cinéma américain, où “des professionnels du cinéma et des comédiens ont perdu leur emploi ou un rôle après avoir critiqué Israël pour avoir tué des milliers de civils à Gaza”, rappelle le journal.

Si ses prises de position passées “contre la guerre en Irak, contre la faim dans le monde, contre le trafic d'êtres humains à des fins d'exploitation sexuelle, contre l'incarcération de masse aux États-Unis ou contre la peine de mort” n'ont pas eu de conséquences, le soutien affiché par Susan Sarandon à la candidate du Green Party, Jill Stein, lors de la présidentielle de 2016, et son refus de soutenir la candidate démocrate Hillary Clinton face à Donald Trump lui ont tout de même valu quelques inimitiés.

Au ban du box-office

Mais sa dernière déclaration pourrait bien empoisonner la fin de sa carrière et la mettre au ban du box-office, estime, dans les colonnes du New York Times, Steven J. Ross, professeur à l'université de Californie du Sud.

Pour l'universitaire, Susan Sarandon “comprend qu'il y a un risque. Mais elle croit clairement qu'il est de son devoir de s'exprimer en tant que citoyenne quand elle a la sensation que son pays se fourvoie et qu'une politique ne devrait pas être menée.”

L'actrice a d'ailleurs souligné par le passé que le militantisme était pour elle une obligation morale dérivant de son statut de célébrité, souligne le New York Times. En 2016, elle déclarait déjà à propos de son métier de comédienne qu'il était de nature à “donner au public la possibilité de repenser sa vie et de s'informer”.

Et l'actrice d'enfoncer le clou : “Même si je ne suis vraiment pas experte en rien, cela me donne l'opportunité de faire briller une petite lumière et d'avoir une petite voix au chapitre.”

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Courrier international

En réécoutant « L’Amérique pleure »

5 décembre 2023, par Kaveh Boveiri — , ,
L'écoute de « L'Amérique pleure » dans une salle de cours en sociologie relève des points captivants. Naguère lors de la dernière séance d'un cours en sociologie, nous avons (…)

L'écoute de « L'Amérique pleure » dans une salle de cours en sociologie relève des points captivants. Naguère lors de la dernière séance d'un cours en sociologie, nous avons essayé de voir le nombre des enjeux sociopolitiques discutés dans notre cours que nous pouvons retrouver dans la chanson « L'Amérique pleure » de Les Cowboys Fringants.

Kaveh Boveiri

Voilà le bilan non exhaustif : le travail, l'épuisement professionnel, l'aliénation, la crise climatique, l'inégalité sociale, la survaleur, l'abondance, la solitude, l'hyperindividualisme, l'atomisation, l'automatisation, la surconsommation, l'identité, la violence, et le fétichisme.

Il y a une myriade des livres, des thèses, des recherches et mêmes sous-disciplines qui se trouvent pour chacun de ces enjeux.

Cela dit, tandis que ces derniers majoritairement gardent leur jargon saisissable uniquement pour les gens qui ont déjà maîtrisé un haut niveau d'érudition théorique, le chanteur, Karl Tremblay, l'écrivain de cette chanson, Jean-François Pauzé, et Les Cowboys Fringants relèvent les mêmes enjeux et les mêmes concepts à travers un ensemble des moyens qui touche immédiatement le grand public.

À part ses valeurs musicales dont la répercussion peut être vue en réaction énergétique de la foule, cette mise en lien est créée en deux volets. D'une part, à travers cette compétence unique à pénétrer dans l'âme de personnages de cette « réalité crue », notamment le Québec : un camionneur qui roule sur les routes en Amérique partage ses témoignages et ses réflexions avec nous dans un langage distinct et direct (son accent, son anglicisme, etc.) dans lequel le peuple du Québec se reconnait parfaitement. D'autre part, dans cette médiation, les codes culturels et géographiques de même peuple sont tous mobilisés pour engager l'écouteur ou le spectateur.

Sans une telle médiation qui transmet ces enjeux au grand public, la spéculation purement théorique reste hautement ésotérique et perd son rapport concret avec la vie sociale.

Imaginons un monde dans lequel ce n'est pas « Shape of You » d'Ed Sheeran mais « L'Amérique pleure » qui est vue 6 milliards de fois sur YouTube ! L'image de monde actuel serait sans doute radicalement différente, et cela dans une direction prometteuse. Pour créer ce Nouveau Monde, les artistes comme Karl Tremblay sont incontournables.

Laissons-nous espoir que le monde en général et le Québec en particulier témoigne l'apparition d'un plus grand nombre de Karl Tremblays et ses collègues avant que notre étoile filante ne s'éteigne.

Bonne continuation Les Cowboys Fringants !

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Dulcie, de Benoît Collombat et Grégory Mardon

5 décembre 2023, par Philippe Poutou — , ,
Cela se fait de plus en plus. Voilà une histoire vraie, une enquête menée par Benoît Collombat, et racontée sous la forme d'une bande dessinée, par Grégory Mardon. Cela permet (…)

Cela se fait de plus en plus. Voilà une histoire vraie, une enquête menée par Benoît Collombat, et racontée sous la forme d'une bande dessinée, par Grégory Mardon. Cela permet une lecture plus facile alors qu'il s'agit d'évènements plutôt sordides.

Photo et article tirés de NPA 29

Philippe Poutou Hebdo L'Anticapitaliste (30/11/2023)

Dulcie, de Benoît Collombat et Grégory Mardon Du Cap à Paris, enquête sur l'assassinat d'une militante anti-apartheid, Éditions Futuropolis, 2023, 304 pages, 26 euros

Il est question d'un assassinat politique, celui de Dulcie September, une militante noire sud-africaine contre le régime d'apartheid, le 29 mars 1988 à Paris. Enseignante, Dulcie avait été déjà condamnée à de la prison pour activité militante dans le parti de Nelson Mandela, l'ANC (African National Congress) considéré alors comme terroriste.

Libérée, elle reste sous surveillance et sous menace permanente du pouvoir, alors elle quitte son pays et se retrouve en exil en France. Elle y devient représentante de l'ANC. Elle milite à fond pour soutenir à distance la résistance de son peuple.

À travers le combat de Dulcie, c'est aussi l'histoire des relations de la France et de nombreux pays européens avec le régime sud-africain, qui demeureront plus ou moins officiels et secrets, alors que se développe une mobilisation internationale contre l'apartheid et le racisme, avec une campagne de boycott.

Au fil des pages, les auteurs nous rappellent l'hypocrisie et le cynisme des gouvernants français, notamment celui de Mitterrand, la gauche de l'époque, d'un côté dénonçant le racisme, d'un autre continuant les affaires commerciales avec le régime raciste qui réprime les révoltes noires, qui emprisonne, qui exécute régulièrement les militantEs noirEs.

Parmi ces affaires, il y a la coopération nucléaire et militaire, par la vente importante d'armes, en passant par des intermédiaires européens et le réseau classique de banques. Pas original du tout dans ce monde capitaliste ! Et puis, on retrouve l'État d'Israël (ironie de l'histoire), très impliqué dans l'aide nucléaire et militaire, le trafic passant par là et par l'île de la Réunion (possession française) pour finir en Afrique du Sud.

Cette enquête a le mérite de rappeler toute cette histoire, oubliée ou effacée. Le crime reste impuni trente-cinq ans après, malgré les tentatives de la famille, des militantEs anti-apartheid en France de relancer la justice. Par ce livre, l'hommage est rendu à Dulcie et à toutes celles et ceux qui ont participé au combat anti-apartheid et pro-boycott. Un combat qui en rappelle d'autres.

Vendredi 1 décembre 2023

https://lanticapitaliste.org/

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Quelle caractérisation politique de l’initiative du Hamas du 7 octobre 2023 ?

5 décembre 2023, par Vincent Présumey — , , ,
Nous sommes un mois et demi après le 7 octobre. Au moment où sont écrites ces lignes, les libérations « goutte à goutte » d'otages du Hamas d'une part, de prisonniers (…)

Nous sommes un mois et demi après le 7 octobre. Au moment où sont écrites ces lignes, les libérations « goutte à goutte » d'otages du Hamas d'une part, de prisonniers politiques palestiniens en Israël d'autre part, ont commencé, mais peuvent être stoppées à tout instant, dans le cadre d'une trêve censée durer quatre jours, dont la mise en œuvre a confirmé au grand jour que les contacts officieux entre toutes les parties concernées, du gouvernement Netanyahou au Hamas en passant par le Qatar, l'Égypte, l'Iran, les États-Unis, n'ont jamais été rompus : la collaboration au sommet continue même quand on se fait la guerre, otages et prisonniers, et civils, étant ceux qui trinquent.

25 novembre 2023 | tiré d'aplutsoc
https://aplutsoc.org/2023/11/25/quelle-caracterisation-politique-de-linitiative-du-hamas-du-7-octobre-2023-par-vp/

La « trêve » permet aux gazaouis de revenir dans leurs maisons, souvent détruites, dans un paysage de dévastation. Si la première annonce d'un bombardement d'hôpital par l'armée israélienne avait été un fake (il s'agissait en fait du parking voisin), les atteintes aux hôpitaux et aux structures de santé qui ont eu lieu depuis classent largement les actes de l'armée israélienne dans la même catégorie que ceux des armées de Poutine en Ukraine et de Bachar el Assad en Syrie depuis des années. Une autre ressemblance entre l'orientation ethno-nationaliste du gouvernement Netanyahou et celle de Poutine, qui vient de se manifester, réside dans les attaques contre le grand journal Haaretz, qualifié, en termes tout à fait poutiniens, d'« agent de l'étranger ».

Dans ce moment présent, cet article entend tenter de faire le bilan des conséquences globales de l'« offensive » lancée par le Hamas le 7 octobre – nous verrons d'ailleurs pourquoi le terme « offensive » n'est pas le plus approprié, en reprenant pour terminer la question de la caractérisation de cette opération, après en avoir examiné les conséquences, qui étaient toutes, c'est là un point important, absolument prévisibles, et donc, en un sens, prévues, si ce n'est des exécutants, du moins des commanditaires les plus haut placés.

Il était en effet absolument prévisible, et donc prévu, que cette opération allait momentanément suspendre la crise politique israélienne mettant en cause l'existence même du gouvernement Netanyahou en provoquant une union nationale anti-palestinienne, féroce et vengeresse, union nationale dont l'homme clef, de fait, reste Netanyahou, qui a tout intérêt à la prolonger et donc à prolonger l'écrasement de Gaza et la situation de guerre, car au-delà, c'est la rupture de l'union de façade et la déchéance et la justice qui le cernent.

Pour la nation palestinienne tronçonnée en différents secteurs géographiques sous le contrôle direct ou indirect de l'appareil d'état israélien, situation qu'il est techniquement justifié de qualifier de régime d'apartheid, les conséquences sont catastrophiques. C'est bien sûr le bombardement et l'écrasement de Gaza avec la menace d'une « seconde Nakba ». C'est aussi la violence coloniale en Cisjordanie, avec des centaines de morts palestiniens. C'est une discrimination renforcée et des menaces aggravées contre la population palestinienne ayant la citoyenneté israélienne, et contre les résidents de Jérusalem Est. Tout cela mis bout à bout, avec Gaza comme épicentre, constitue la mise à l'ordre-du-jour de la destruction de la nation palestinienne comme telle, par massacres et/ou déportation de populations. Il ne s'agit pas d'un génocide mais bien d'une dynamique génocidaire, pouvant conduire au génocide, et cela doit être dit.

Naturellement, ce sont des potentialités qui étaient tout à fait à l'œuvre avant le 7 octobre qui se déchaînent ainsi. Mais c'est le 7 octobre qui a créé les conditions socio-politiques du changement d'échelle que constitue leur mise en œuvre. Elles lui sont redevables.

Même un analyste qui entend mordicus conférer à l'opération du 7 octobre le label d'insurrection populaire anticoloniale au point de raconter absolument n'importe quoi, comme nous le verrons plus loin, est bien obligé de reconnaître que « la contre-offensive d'octobre du Hamas a déjà réussi à réunifier une société et un système politique israéliens auparavant profondément divisés. Elle permettra à Benjamin Netanyahu de mettre en œuvre ses plans les plus féroces visant à infliger une terreur massive aux Palestinien.ne.s afin de précipiter leur déplacement forcé. » (Gilbert Achcar, Premiers commentaires sur la contre-offensive d'octobre du Hamas, publié en français dans l'Anticapitaliste le 8 octobre dernier).

Pourrait-on, du point de vue palestinien, envisager à la rigueur que l'unité contre l'adversité coloniale et destructrice, forcée par cette prétendue « contre-offensive », puisse constituer un progrès ?

Cette question appelle une réponse claire : l'unité sous l'égide du Hamas n'est pas possible et elle l'est encore moins après qu'il ait délibérément fourni à Netanyahou les moyens de piéger la nation palestinienne dans la nasse. Juste avant l'opération du 7 octobre, un sondage publié le 25 octobre dans Foreign Affairs indiquait que le soutien des gazaouis au Hamas était au maximum de 20 % des sondés et plus près de 11 %, le Fatah remontant légèrement dans ces conditions mais sans dépasser lui-même les 20 %. Autrement dit, et cela se comprend, 70 % des gazaouis rejettent le Fatah et plus encore le Hamas, qui les gouverne, les flique et les rançonne, et qui a déclaré publiquement depuis l'offensive israélienne que ses tunnels n'avaient jamais eu vocation à servir d'abris aux gens « ordinaires » !

Lors de l'opération du 7 octobre, quelques habitants et quelques jeunes ont suivi les miliciens et nervis entraînés du Hamas qui l'ont réalisée, et il est compréhensible qu'aux toutes premières informations, la masse des Palestiniens ait frémi à l'idée de ce qui semblait s'apparenter au renversement d'un mur, façon mur de Berlin, hé oui. Mais très vite il est apparu qu'il ne s'agissait absolument pas de cela et il n'y a eu aucune levée en masse du peuple palestinien, ce qui n'a d'ailleurs jamais été l'intention du Hamas.

La population de Gaza ne s'implique pas dans les combats. Ce n'est pas pour elle un combat de rue anticolonial, mais un carnage dans lequel il lui est interdit, par les deux forces militaires en présence, d'intervenir. Il n'y a aucune barricade urbaine, aucune foule contre les chars comme en Ukraine en février-mars 2022.

Une nouvelle résistance armée clandestine avait commencé à émerger à Jénine et à Naplouse notamment, avant le 7 octobre, et elle est plus active depuis, en réaction aux agressions coloniales qui s'aggravent bien plus vite. Son avenir militaro-politique dépend de son degré d'indépendance politique, c'est-à-dire avant tout, aujourd'hui, de son degré d'indépendance envers le Hamas. Si, comme y appellent plusieurs organisations de matrice stalino-nationaliste comme le FPLP, elles s'alignent sur lui ou à son service, ce sera pour elles l'impasse et la mort.

Voilà pour ce qui concerne les Palestiniens. Mais une autre conséquence absolument majeure du 7 octobre est une vague antisémite mondiale, grave par elle-même et qui, de plus, parasite la défense nécessaire des Palestiniens et permet parfois de la dénigrer ou de la réprimer. Cet aspect est totalement dénié et tu par tous ceux qui s'accrochent peu ou prou, tel Gilbert Achcar, à la légende campiste d'union sacrée maquillant cette sordide opération en un pseudo-héroïsme désespéré désigné comme « la contre-offensive ». Contre-offensive contre qui ? Contre l'armée israélienne ? Nullement.

Les miliciens islamistes, machistes, fascisants, ont massacré, violé, éventré, égorgé, plus de 1200 personnes, dont une majorité d'israéliens de gauche et pacifistes, comme Vivian Silver, qui rencontrait publiquement Arafat quand c'était interdit, identifiée des jours après par des morceaux de son corps – des morceaux de son corps … Ils s'en sont pris aussi à des Palestiniens et à des travailleurs étrangers, notamment thaïlandais. Ils se sont acharnés sur les jeunes femmes. C'est un pogrom.

Faire passer un pogrom pour un acte de « résistance », fut-ce en dissertant sur son caractère contre-productif ou mal ciblé, c'est cautionner, c'est légitimer, la pire réaction, et c'est, qu'on le veuille ou non, nourrir l'antisémitisme. Moralement, politiquement, et intellectuellement, ce n'est pas mieux que lorsque d'autres légitiment et cautionnent l'écrasement de Gaza et le massacre des gazaouis au nom du « droit d'Israël à se défendre ».

Cette dimension capitale de l'opération du Hamas du 7 octobre est celle qui n'arrive pas à passer parmi les couches militantes qui veulent à tout prix s'en tenir à la rhétorique pro-palestinienne d'antan. Donc ils n'en disent rien ou ils trépignent contre l'indécence des gouvernements occidentaux, et des courants allant de l'extrême-droite à la social-démocratie qui disent dénoncer l'antisémitisme. Mais ce sont eux qui leur laissent, qui leur offrent, ce terrain.

Si l'opération du 7 octobre a mis à l'ordre-du-jour le risque génocidaire menaçant le peuple palestinien, elle a aussi mis mondialement, je dis bien mondialement, à l'ordre-du-jour, l'actualité de la réédition du génocide antisémite comme possibilité historique de la période présente.

On ne combattra ni le capitalisme en général, ni le colonialisme israélien en particulier, si l'on n'intègre pas cette réalité présente et qu'on veut à tout prix continuer à réciter ses petites leçons si faciles sur une Palestine et une bande de Gaza fétichisées, dont l'invocation évite d'avoir à penser non seulement tout le reste, de l'Ukraine au Xinjiang, mais aussi d'avoir à comprendre le présent de Gaza et de la Palestine réelles.

En ce 25 novembre, journée internationale de lutte contre les violences faites aux femmes, c'eut été l'honneur des défenseurs des droits démocratiques et nationaux des Palestiniens de dénoncer les violences machistes pogromistes du Hamas, et cela aurait été un soutien efficace aux Palestiniens, car brisant des obstacles politiques et moraux. Inutile de dire que la « gauche pro-palestinienne » mondiale n'y a pas pensé, ou si on le lui a dit, n'a émis que des hoquets de refus …

Sur le plan des relations internationales, la guerre ouverte depuis le 7 octobre est une bénédiction pour Poutine. Elle a fait se dessiner la menace d'une guerre régionale impliquant le Hezbollah et les Houtis, et finalement l'Iran, Israël et les États-Unis, guerre qui se mène déjà en « basse intensité ». Mais simultanément, et ce n'est pas contradictoire, elle a permis, sinon un rapprochement, du moins une manifestation ostensible de volonté de coopération au sommet, entre Biden et Xi Jinping, suivie d'un sommet du G20 auquel Poutine a participé, en visio.

Les éléments de marche à la guerre mondiale et les éléments de coopération contre-révolutionnaire globale, de « sainte Alliance », se développent de manière combinée, et accélérée, depuis l'opération du 7 octobre.

Dans ce cadre, l'armée ukrainienne est plus que jamais privée des moyens d'avancer et son chef d'état-major, Valery Zaluznhy , a, comme on le sait, « mis les pieds dans le plat » à ce sujet.

Ce sont bien les conditions politiques mises en place par et au moyen de l'opération du 7 octobre qui font maintenant envisager à de larges secteurs de l'impérialisme nord-américain et des puissances européennes la nécessité « inéluctable », qu'ils cherchent en fait à créer en retardant et rationnant les armes et les munitions, d'un armistice qui sauverait le régime poutinien en Russie, et ses zones occupées en Ukraine.

De plus, les faiblesses politiques inévitables de Zelenski apparaissent au grand jour précisément depuis le 7 octobre : voulant s'inscrire dans le sillage de Biden, il a tenté de s'affirmer comme soutien résolu d'Israël et de Netanyahou (qui ne veut pas de lui !), faisant un tête-à-queue par rapport à son orientation diplomatique antérieure. On peut ajouter à cela son approbation à l'élection de Milei en Argentine même si celle-ci n'est pas une conséquence directe du 7 octobre.

Enfin, l'opération du 7 octobre, avec toutes les conséquences que je viens d'énumérer, a mis en branle les réflexes campistes à l'échelle mondiale : exit l'Ukraine, cette gêneuse, place au « camp de la paix » contre « Israël » et contre « Washington », et aux théorisations sur l'union nécessaire du « Sud global » contre
« l'Occident » : ce discours est, aujourd'hui, il faut le dire, un discours d'union sacrée avec la bourgeoisie soi-disant « non-occidentale ».

Nous retombons à nouveau, à ce sujet, sur l'article de Gilbert Achcar mentionné plus haut : non seulement celui-ci s'y livre à un exercice violent d'intimidation visant à paralyser la pensée des jeunes militants en leur serinant que la « contre-offensive du Hamas » était légitime et relevait de l'agentivité propre des Palestiniens, mais il préconise de rejeter avec le plus grand « mépris » toute référence à un rôle clef de l'Iran dans l'opération du 7 octobre. Il est pourtant évident qu'une telle provocation était préparée techniquement de manière minutieuse depuis des mois et ne pouvait qu'avoir l'aval d'une puissance militaire disposant de structures de renseignement plus importante que le seul Hamas …

Que le Hamas ait cru que le Hezbollah et les Houtis, voire l'Iran directement, allaient rapidement courir à la rescousse, et que la guerre régionale appelée à se solder, non pas par l'émancipation des Palestiniens dont il n'a cure, mais par le génocide des judéo-israéliens (faisant suite à la répression contre les kurdes et à l'écrasement des syriens arabes sunnites), c'est bien possible. Il est en tout cas indispensable d'intégrer ces éléments dans toute analyse sérieuse – et donc de rejeter … avec mépris, toute tentative d'interdire l'analyse au nom du « mépris » qu'inspirerait la référence au rôle de l'Iran.

Je viens un peu plus haut d'employer le mot-clef, avec celui de pogrom : les pogroms du 7 octobre ont été une énorme provocation, au sens de la provocation policière, internationale, qui a en grande partie, pour l'instant, réussi, à l'échelle mondiale. Cette opération a été totalement réactionnaire dans ses moyens et dans ses finalités.

Que des jeunes militants, notamment dans les milieux les plus directement concernés par la question palestinienne, s'y soient trompés, aient cru, au moins dans un premier temps, y voir une « Intifada » peut se comprendre. Ce qui est beaucoup plus grave est la mise en branle de l'armada idéologique visant à leur interdire de réfléchir et d'analyser pour gagner.

Sans doute, certains Palestiniens grisés d'avoir franchi la frontière le 7 octobre ont été entraînés. Mais les miliciens du Hamas, qui oppriment Gaza avec la complicité israélienne depuis 2007, n'ont jamais voulu infliger une défaite à l'armée israélienne et ont sciemment organisé des pogroms, viols, tortures, crimes. Que, derrière ces miliciens, des idéologues viennent théoriser le fait qu'il s'agirait là d'une violence d'opprimés qu'expliquerait le « contexte » de décennies d'oppression, ne doit pas leur faire prendre des vessies pour des lanternes.

Nous avons eu Didier Fassin comparant les pogroms du Hamas au massacre d'une centaine de colons par des Hereros en Namibie en 1907, qui furent ensuite exterminés, avec les Nama'a, dans le premier génocide (et double génocide) du XX° siècle. Et le pompon revient, devinez … à Gilbert Achcar qui, dans le même article, ne trouve rien de mieux que de comparer ce massacre au soulèvement du ghetto de Varsovie : il a donc choisi d'être celui qui oserait cela. Nous avons là une insulte aux Hereros et une insulte aux insurgés du ghetto, amalgamés à des miliciens oppresseurs, oppresseurs à Gaza, pogromistes sur les lisières de Gaza. On pourrait, et certains d'ailleurs l'ont fait, avec les mêmes raisonnements, faire passer les SA pour des révoltés plaçant juste un peu mal leur anticapitalisme, et leur accorder la même empathie qu'aux Hereros et aux jeunes insurgés du ghetto de 1943 qui savaient très bien qu'ils périraient et avaient choisi de mourir en combattant …

D'ailleurs, la terreur populaire, celle des opprimés, elle-même, ne doit pas être notre « tasse de thé ». Gracchus Babeuf écrivait à sa femme le 25 juillet 1789 :

« Je comprends que le peuple se fasse justice, j'approuve cette justice lorsqu'elle est satisfaite par l'anéantissement des coupables ; mais pourrait-elle aujourd'hui n'être pas cruelle ? Les supplices de tous genres, l'écartèlement, la torture, la roue, les bûchers, les gibets, les bourreaux multipliés partout, nous ont fait de si mauvaises mœurs ! Les maîtres au lieu de nous policer, nous ont rendus barbares parce qu'ils le sont eux-mêmes. Ils récoltent et récolteront ce qu'ils ont semé ; car tout cela, ma pauvre petite femme, aura des suites terribles : nous ne sommes qu'au début. »

Ce que Jean Jaurès commente ainsi dans son Histoire socialiste de la Révolution française :

« O dirigeants d'aujourd'hui, méditez ces paroles : et mettez dès maintenant dans les mœurs et dans les lois le plus d'humanité qu'il se peut pour la retrouver au jour inévitable des Révolutions ! Et vous, prolétaires, souvenez-vous que la cruauté est un reste de servitude : car elle atteste que la barbarie du régime oppresseur est encore présente en nous. Souvenez-vous qu'en 1789, quand la foule ouvrière et bourgeoise se livrait un moment à une cruelle ivresse de meurtres, c'est le premier des communistes, le premier des grands émancipateurs du prolétariat, qui a senti son cœur se serrer. »

Mais, répétons-le, la provocation du 7 octobre ne relève pas de cette violence-là. Contre-révolutionnaire sur toute la ligne, alignée à 100% sur l'impérialisme multipolaire, elle a placé la nation palestinienne dans la pire situation de toute son histoire, fait surgir des profondeurs une vague antisémite, affaibli la résistance ukrainienne, rapproché le risque de guerre mondiale tout en intensifiant la collaboration de toutes les puissances impérialistes du « Nord » comme du « Sud ». Elle renforce l'urgence de comprendre le monde réel de l'impérialisme multipolaire, si l'on veut, tout simplement, ne pas finir en petits soldats de l'union sacrée et de la réaction sur toute la ligne.

VP, le 25/11/2023.

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